front libertaire des luttes de classes n°8

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des luttes de classes Bdité par :- ORGANISATION REVOLUTIONNAIRE ANARClflSTE CONTRE'" apitall.m .. bourgeol. et ~ et .... Itnp6rlaI ....... ~ POUR la gestion directe ouvrI6re et l'Internationale. NUMERO 8 MAI 1971 Prix : 1,50 F LA VE·RM 1N E CAPITALISTE

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Journal de l’Organisation révolutionnaire anarchiste puis de l’Organisation communiste libertaire. Il est remplacé par Courant Alternatif à partir de 1979-1980.

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des luttes de classesBdité par : -ORGANISATIONREVOLUTIONNAIREANARClflSTE

CONTRE'" apitall.m .. bourgeol. et ~ et ....Itnp6rlaI ....... ~

POUR la gestion directe ouvrI6re et l'Internationale.

NUMERO 8MAI 1971

Prix : 1,50 F

LA VE·RM 1N E

CAPITALISTE

. .

UNE NOUVELLE ÉTAPEDANS NOTRE ÉVOLUTION

La dernière rencontre Nationale de 'l'O.R.A. a décidé - aprèsexamen de la situation financière, de l'état des ventes et du dévelop-pement des cercles - d'augmenter le nombre de pages..de « FRONTLIBERTAIRE des Luttes de Classes », de le faire distribuer par lesN.M.P.P., ce qui nécessite une augmentation de tirage. Enfin dès que

. possible de le sortir tous Ies quinze jours. Tout cela nous oblige évi-demment à augmenter le prix du journal, mais nous pensons quechacun comprendra cette nécessité : 1,50 F par mois, ce n'est .pasexcessif.

Mais au moment où Iles éléments les plus réactionnaires de la ma-jorité - Tomasini, Debré, Marcellin - influent de plus en plus dans lesdécisions du pouvoir et semblent prêts à accaparer complètementcelui-ci; s'appuyant sur la peur des gens, peur du désordre, de ta vio-lence, 'peur créée et montée en épingle par le pouvoir 'lui-même (cf lebattage fait autour de la fermeture de Nermale Sup' et autres exem-pies de la mêm e veine), nous ne pouvons pas nous permettre le moin-dre répit dans notre action révolutionaire. Il faut développer unecontre-information face à celle mensongère et partisane du pouvoir, ilfaut s'en donner les moyens : « FRONT LIBERTAIRE des Luttesde Classes» doit en être un. Parallèlement, il faut accentuer la radica-lisation des luttes qui favorisera l'élargissement des terrains de lutte.Ainsi donc 12 pages, 15.000 exemplaires, diffusion N. M. P. P.,

« FRONT LIBERTAIRE des 'Luttes de Classes » confirme son rôlede cristllisateur et doit tendre, dès maintenant, grâce à cette nouvelleévolution en cours, à dépasser le « milieu révolutionnaire » pour tou-cher les travailleurs dans la vie quotidienne, par d~ les vieuxconcepts de propagande groupusculaire, sur tous les fronts de lutteen fonction des stratégies adéquates.

Plus que jamais les mjlitants révolutionnaires doivent être sur labrèche, L'Organisation Révolutionnaire Anarchiste et 'les CerclesFront Libertaire sont les moyens de lutte qui doivent nous permettred'être partie prenante du processus révolutionnaire avec la classe ou-vrière, en son sein.

Pour cela i'l faut que nos sympathisants accentuent leur effort fi-nancier pour le journal en développant les campagnes d'abonnement,en diffusant « FRONT LIBERTAIRE des Luttes de .Classes » aumaximum, en collectant des souscriptions autour de soi, en participantà sa rédaction.

Lutter individuellement et isdlément c'est, objectivement, laisserlibre jeux aux mouvements autoritaires et à la bourgeisie, Nous de-vons nous organiser localement, nationalement et internatioalement.Nous devons examiner les divergences stratégiques qui peuvent mo-mentanément séparer des communistes-libertaires.

La tendance anti-autoritaire des travailleurs s'affirme de jour enjour à travers les luttes quotidiennes et les idées communistes liber-taires - loin d'être cette utopie dépassée et figée dans (l'histoire, commela bourgeoisie le dit bien rapidement, et comme pourrait le fairecroire l'attitude du mouvement anarchiste traditionnel - trouvent uneréali té dans la lutte des classes actuelle.

n est grand temps de couper définitivement le cordon O!ft1biUcalqui peut encore nous relier avec 'le monde superficiel du folldore anar-chiste et nous placer de plein pied dans la réalité d'aujourd'hui,

Tel est notre objectif. Tous, nous devons le gagner.

lettre de Fabrice Cagliovient de paraître:• OCCITANIE LlBERTAIRE

(brochure) .................. 1 F

• ACTION DIRECTE P.T.T.(bulletin de liaison P.T.T.) .. .. 1 F

• CHIEN DE GARDE(bulletin Cercle F.L. Educateurs). 1 F

• LA COMMUNE DE KRONSTADT .. 5 F

Nous reproduisons ci-dessous la lettre d'un camarade militant du cerele Front Libertaire,

Paris-1S·, qui vient de sortir de prison. " a été arrêté lors de la manifestation du Secours

Rouge pour le statut de prtsonnlers polltfquea des grévistes de la faim, à la placeClichy.

lution pour eux doit être libertaire ou font-Ils con-fiance à toutes -les petites ou grandes chapelles' po-litiques qui ne recherchent qu'une éventuelle clien-tèle électorale?

D'après ce que j'ai pu voir, ils sont fondamenta-lement libertaires, et ce pour deux raisons :

La première : c'est que subissant l'autorité dansce qu'elle a de plus abject, ils détestent celle-cl d'unehaine profonde.

La seconde, touche au fond même de la théorieanarchiste : le peuple quand il fait la révolutiontrouve spontanément des formes de luttes et desstructures d'action libertaires. L'histoire l'a prouvé(Commune, Soviets, conseils). Ce n'est qu'une fols larévolution en marche que les autoritaires peuventécraser les aspirations. Mais il est important de direque les idées anarchistes sont celles qui naissentspontanément dans le peuple en lutte. La tâche desanarchistes n'est et ne saurait être qu'un essai declartftcatton des aspirations des masses afin de lesrediffuser, d'en faire la propagande.

Je sors de prison de Fleury.. C'est la prison mo-dèle française. Kafka il n'aurait pas fait mieux. C'estpropre ça oui! Tout est automatique, ça oui! Maisc'est encore moins' humain que les autres. On estabruti toute la journée par les hauts-parleurs qui in-terpellent les détenus dans leurs cellules. Jamais onn'a la paix avec ces hauts-parleurs, De toute façon,comme la prison est le dernier recours contre ceuxqui bougent et par la peur qu'elle inspire le' premiersoubassement du système répressif, celui sur quoitout repose, de même à l'intérieur, le mitard est lapunition suprême, mitard qui peut même être agré-menté de chaînes, aux pieds, aux mains, au cou...

..'LA COMMUNE DE .PARIS

LA COMMUNE DE KRONSTADT

LE SOCIALISME DANS LA LIBERTE

Edité par le ·te Comité Commune »

Prix: 7 F

L'état d'esprit des détenus (d'abord qui sont-ils,qu'ont-ils fait, quelle ou serait leur attitude face àla révolution.?) Ce sont en majorité des ouvriers, desgens qui viennent. des banlieues ou des quartierspopulaires de Paris. Pas mal d'Espagnols, arabes, noirs,etc ... Les délits? Vols de voitures, mobylettes, fauchesdans les magasins, quelques « casses ", quelques" broyages ".

Front Libertairedoit devenir un outil révolutionnaire

De toute façon, par leur place dans la société. c'estpar ennui. par habitude, parce que les copains lefont, parce que le boulot est emmerdant, parce qu'onn'est pas assez payé, etc ... Donc, ce sont des vic-times de la société, des laissés pour compte. Ilssont révoltés mais ils sont également révoltés parle système de la prison qui est vraiment, mais vrai-ment AUTORITAIRE!

Les détenus pourraient donc être des gens favo-rable à une éventuelle révolution ...

Mais quelle révolution? Bien sûr ils comprennentplus ou moins que le capitalisme est responsable dufait qu'II existe des prisons, mais, est-ce que la révo-

FORGEONS LE,C'est en cela que nous ne somme pas. à la tête

des masses ., les « quldos lt éclairés du prolétariat.C'est le prolétariat, le peuple qui fait la révolution,nous sommes à l'intérieur et après la révolution noustout prolétaire qui se révolte et veut faire la révo-lution devient spontanément anarchiste.

tous ensembleen écrivant, en critiquant,en souscrivant, en le vendant,en s'abonnant.

Quant aux détenus de droit commun, ils seront dansla bagarre. Ils ne fuieront pas comme le font hélasles étudiants actuellement et refuseront de se laisserembrigader, diriger par les autoritaires.Le nerf de la guerre, c'est l'argent

Mart. COMTE, C.C.P. 31 695 35 - La Source Fabrice CAGLIO.

. . :

le trafic de l'enlbaucheLe 25 M~rs, 0 l'appel de la C.G.T., un mot d'ordre

de grève était lancé pour l'après-midi 1S h 30, en faitla grève dura toute la journée à la demande du per-sonnel.

Les deux tracts ci-après et le mots d'ordre sui-vants étaient distribués et placardés dans le hall del'A.N.P.E. de la rue Javel (Paris 15).

il Y a trois ansétait créée

l'agence nationalepour l'emploi

DANS QUEL BUT ?

le gouvernement, dans le cadre de sa poli.tique .. sociale », désirait faire coincider l'offredu patronat et la demande des travailleurs.

Vous êtes en droit d'attendre certains ser-vices de cette institution au service du public.

L'Agence, c'est pour chacun la possibilité derechercher un emploi selon ses désirs et sesqualités. Or, actuellement, l'A.N.P.E.-bouche destrous » dans les entreprises.

,C)loiSjl s~n ~étier, ;te~t pg,µvoir~p~ndre,c ~ pouvOlr/l'exerçé'r, c e~ po~ir --éfi chan-J'A.N.P.E.sont astreints à des impératifs - sta-tistiques » et pour cela doivent recevoir un maxi-mum de gens dans un minimum de temps.

Choisir son métier, c'est pouvoir l'aprendre,c'est pouvoir l'exercer, c'est pouvoir en chan-ger. Actuellement, il faut attendre jusqu'à 2 ou 3ans pour entrer dans certains trages de forma-tion.

POURQUOI CES CONTRADICTIONS ?

Parce que le gouvernement ne veut pas sedonner los moyens de sa politique - sociale -.C'est-à-dire que les responsables déclarent sou-haiter que les travailleurs se qualifient, que leplein-emploi se réalise, que le pouvoir d'achataugmente, mais en réalité ils subordonnentJ'amélioration des salaires à la conservation desprofits d'une minorité, la qualification et lerecyclage à la production immédiate, la promo-tion des services publics aux investissementsprivés.

le personnel de l'AN.P.E. s'efforce de trou-ver un poste au demandeur qui se présente.

Mais cela prend du temps; le temps néces-saire à chacun d'exprimer son désir, celui né-cessaire au personnel de rechercher, un em-ploi en fonction de ce désir. Cela fait partie descritères de qualité du travail du personnel del'A.N.P.E.

Mais cela est contraire à la politique del'A.N.P.E. qui demande au personnel de donnerun maximum de - cartes de présentation - enpartant du principe que plus il y a d'essajs,plus il y aura de résultats.

Pour répondre à la fois aux critères de qua-. lité de son personnel et aux exigences dequantité de la direction, le personnel de l'A.N.P.E.doit -prendre sur IUi-, quitte à être épuiséet écœuré par tant de compromisions et decautions pour une politique dite • sociale -.qui en réalité nous trompe et nous abuse tous.

Prenant conscience de cet état, et afin d'as-surer avant tout l'intégrité du service que ledemandeur attend ·de lui, le personnel reven-dique le temps et les moyens nécessaires pourfaire un travail de qualité.

C'est dans votre intérêt, dans notre intérêt àtous, car nous sommes face aux mêmes abus,que nous faisons grève aujourd'hui.

le Personnel des Agences localespour l'Emploi de Paris

- Respect de l'individu;- Refus des offres d'emplois portant la mention

- pas de noirs - ;- Respect des ordonnances du 25 Mai 1945 qui

donne à l'Etat le monopole des placements- A bas l'action psychologique de culpabilisa-

tion du demandeur tendant à faire croire que lesallocations d'aide ne sont pas des droits mais uneespèce de charité.

- A bas l'idée reçue du chômeur professionnel.Il n'existe que le gaspillage des compétences dequalification, le mauvais emploi.

- Pour l'anonymat du demandeur d'emploi.Extrait du manifeste du 12 (Novembre 1940).Respect de la personne humaine.En aucun cas, sous aucun prétexte et sous au-

cune forme, le syndicalisme français ne peut ad-mettre entre les personnes des distinctions fGndéessur la race, la religion, la naissance, les opinions

Chaque personne humaine est égal~ment res-l'"r.pt.pectable : elle a droit à son libre et complet épa-nouissement dans toute la mesure ou celui-cl nes'oppose pas à l'intérêt de la colecttvltë. Le syn-dicalisme ne peut admettre en particulier:

- Le racisme- les persécutions religieuses- les délits d'opinions- le privilège de l'argentIl réprouve en outre tout régime qui fait de

l 'homme une machine inconsciente, Incapable depensée en d'action personnelle.

mots d'ordre apposés dans le hall de l'A.I.P.E.de la rue de Javel - Paris 15e

quelques precisions sur les A.I.P.E.Statistiques: demandes, offres, placement (sources:

ministère du Travail, I.N.S.E.E.).Pour les personnes recherchant un emploi durable

à plein temps, 146,7 demandes pour 79,6 offres et42,4 placements.

Pour les p~rsonnes recherchant un emploi non du-rable, 2.5 demandes pour 9,9 offres et 1,3 placements.Dans ce cas les offres sont supérieures aux demandeset malgré tout, toutes ne sont pas satisfaites.

Ceci est du au fait que les patrons n'ont qu'uneconfiance limitée dans les personnes envoyées parl'agence. De plus, ils s'adressent très souvent en mê-me temps aux petites annonces, beaucoup plus rapi-des et donnant plus de réponses, permettant de triersur le volet son personnel.

maison, avoir été licencIé pour toucher l'A.S.S.E.O.f.C.l'aide sociale est parfOiS accordée, le personnel del'AN.P.E. et de l'aide sociale étant assez compréhen-sif).

De plus un chômeur sur deux a moins de 25 anset n'y a pas droit n'ayant jamais travaillé parce querevenant de l'armée. les enquêtes de 1't.N.S.E.E.netiennent pas compte des personnes occupant un tra-vail d'attente, ceux qui sont obligés d'accepter n'im-porte quel emploi sans rapport avec leur qualification'ils ne tiennent pas compte non plus des chômeursabandonnant les recherches devant j'impossibilité detrouver un travail (assez fréquent).

La déqualification profeSSionnelle e.at très ia la modedans le patronat actuellement (la base de ca.cul des

Ce procédé met les travailleurs en concurrence, lesdivise et les oblige à aligner leurs exigences sur ceuxqui demandent le moins.

En ce qui concerne les personnes recherchant unemploi temporaire, elles préfèrent s'adresser auxagences d'intérim (comme celles-ci sont très souventspécialisées dans le personnel de bureaux, elles nesouffrent pas comme à l'A.N.P.E. du complexe du chô-meur et du - cotjement - d'ouvriers manuels souventimigrés .

les A.P.l.E. ne peuvent absolument pas soutenir laconcurrence avec les négriers des intérims, exploi-teurs du marché du travail, l'intérim ne faisant l'objetd'eucune réglementation (ainsi n'importe qui à n'im-porte quel moment peut ouvrir sa boite d'intérim).

là chômage:Citer des chiffres sur le chômage ne sert à rien.

toutes les statistiques officielles sont fausses. outout au moins toujours incomplètes. Afin d'éviter des• remous - il faut éviter que le chômage ne se voit.Les estimations de II.N.S.E.E.participent à ce camou-flage.

" y a toujours plus de chômeurs que de deman-deurs d'emplois inscrits dans les bureaux de maind'œuvre.

Très souvent ne s'inscrivent que ceux qui veulentsauvegarder leurs droits à la Sécurité Sociale et rem-plissent les conditions pour toucher les allocations dechômage. (II faut trois mois de présence dans une

allocations chômage en cas de réinscription se faitsur le dernier emploi).

l'A.N.P.E. propose au demandeur trois emplois. Sile demandeur les refuse il est radié du chômage etde la sécurité sociale. Nous ne saurions trop ,'en-courager (s'il en a la possibilité d'attendre) ~ fairel'imbécile devant le chef du personnel ~devant qUi ilse présente afin que ce soit le chef du personnel lui-même qui refuse le demandeur.

Il est inutile d'insister sur le chômage comme moyende répression. La menace de licenciement pour un me-neur gauchiste n'est pas vaine. " sere tout de suiteremplacé.

Inutile également d'insister sur l'orlentetion profes-sionnelle à l'AN.P.E. Si vous avez un après-midi à per-dre, faites l'expérience. Vous êtes immédiatement en-voyé dans le battrnent ou dans l'industrie. Quant à laformation professionnelle pour adultes, elle ne pro-pose rien de plus que les boulots les plus demand6sdans l'industrie.

Ceci étant dit les revendications du personnel desA.N.P.E. se fondent sur le respect des indivrdus.. Biensouvent le personnel aide et • tuyaute • le demandeurd'emploi: que ce sojt pour les F.P.A.• pour les allo-cations chômage et A.S.S_E.D.I.C.le rappel du mani-feste des 12 n'a pas valeur de propagande syndi~lemais rappelle les grands principes de liberté des In-dividus.

Groupe F.l. du 15·

. . - : ;.

Lille - Annspcsr

MANIFESTATION DE SOUTIEN A Michel ABDEL M-ASSIHétudiant palestinien menacé d'expulsion par arrêt préfectoral

MANIF DE SOUTIEN...En soutien au camarade palestinien menacé d'ex-

pulsion "Isans raisons valables} le comité de coordi-nation étudiant d'Annapes :avait organisé une mani-festation pour le 11 Mars. Le préfet l'avait interdite.les forces de police quadrillaient, dès 16 h 15, le quar-tier où devait avoir lieu le rassemblement (17 h PlacePhtllppe-Le-Bon). Vu l'importance du dispositif poli-cier, il paraissait évident que la manifestation ne pou-vait démarrer de l'endroit prévu, aussi le regroupementse fit-il. sur un boulevard proche (Boulevard des Eco-les) où 'Ies personnes solidaires de Michel se rendi-rent par petits groupes.

17 h 30. le défilé avait à peine parcouru 3 à 400 mque déjà des cars déversaient plusieurs centaines deflics en tenue antl-rnanlf (casques et visières. bou-cliers plexiglass, mousquetons, fusils lance-grenades,matraques. etc). le cornrnissalre chargé de ce sec-teur, refusant toute discussion avec les organisateursde la' manlfestatlon, procéda immédiatement et· trèsrapidement aux sommations d'usage (Il eut d'ailleursété parfaitement impossible aux manifestants d'ob-tempérer vue la rapidité de ces sommations), puisdonna l'ordre de charger. Les brigades d'interventionfoncèrent donc en hurlant et en frappant violemmentà coups de crosses et de matraques, visant plus par-ticulièrement les filles, les projetant à terre et les plé-tlnant .sauvagement. '.

Pendant ce temps,. divers regroupements avaientlleu en d'autres points de la ville (Fac. de Lettres,Gare,..Opéra. etc).

19 heures. Après s'être dispersés· dans le vieuxLille, les', manifestants 'se regroupent face aux Nou-velles galeries et· remontent vers la grand place enlaissant passer les voitures sur le côté pour se pro-téger des charges éventuelles. Il y a'Ià 500 personnes

Groupe Anarchiste Toulonnais.

NONàI'armée

Samedi 27 Mars à l'appel du groupe anar·chiste toulonnais, 80 persones (ouvriers lycéens)

· Ile regroupaient place de la Liberté' (Toulon}.

Li 5 anarchistes enchainés faisaient un sit-in en la"...t des slogans « l'armée hors duTchad; libérez Puttemana; nOn à l'armée ». Surles trottoirs les manifestants distribuaient untract d'infOl'fhation tout en agitant des drapeaux;,offs' et .des' pancartes.

Certes la police ne se fit pas attendre, maisson attitude étonna quelque peu. Les représen-tants de l'ordre !I! firent usage de matraques,tabassant les enchaînés jusque dans' re car etinterpellèrent, non sans douceur un manifes.tant ..

Face au matraquage (qui ne s'était pas manI-festé ~~Is 68) il faut conclure que le8 décla-ra.tlon$de Toma~lnl et de Debré ne sont pas res.tées sans réponse •

.L'impact s:ur .Ia population a été positif •

. La vue du sang (les policiers matraquèrentdans !e tas faisant 2 blessésl, de la FURIE desflics ·sur· les nOn-violents {pour l'occasion) a

.- ébranlé la conscience des badaux en notre.foveu,..

A la suite de cette action nous lançons un· appel à tous les libertaires pour qu'ils la géné.· rarisent IMMEDIATEMENT.

_.NON à. l'armée imperialiste du Tchad !--NON à l'armée casseur de grève !NON aux', régimes militari5t~ avilissants

environ qui remontent faire la jonction avec une autremanifestation qui se trouve alors aux abords de lagrand place, tout en expliquant pourquoi la rue estoccupée aux nombreux passants présents. Arrivés surla place, les manifestants sont à plusieurs repriseschargés très violemment par les brigades de la policeurbaine qui matraquent indistinctement passants, ba-dauds et manifestants jusque dans l'entrée des cafés.

plusieurs vols de matériel. Pour légaliser leurs in~trusions dans certains bâtiments de la cité universi-taire, des civils exhibèrent un mandat qui ne pouvaitêtre qu'un faux, car jamais le doyen de la faculté n'asigné d'autorisation de pénétrer dans les limites ducampus à la police.

Il est 20 heures environ quand la manif se disperse.Le bilan de ces ratonnades est de 77 arrestations(chiffre officiel) et de plusieurs. dizaines de bléssésdont certains en état grave.

Dès 6 heures le matin, une cinquantaine de cars depolice envahissaient le campus, encerclant le bâtimentd'enseignement de mathématiques ou ils savaient trou-ver des éléments de diverses organisations révolu-tionnaires. Les flics appréhendèrent les personnes quifaisaient un tour de veille destiné à éviter que lesflics puissent se saisir du camarade palestinien me-nacé d'expulsion. A peine entrés dans le M1, les gar-des mobiles arrachent les affiches rageusement, aprèsque les civils les aient photographiées. Vers 7 h 30ont lieu les premiers affrontements. Les cars qui re-partent vers Lille par Annappes village, sont attaquésà coup de pierres. Les forces policières descendentdes cars et ·contre attaquent à la grenade Ilacrimo-gène et O.F.), les étudiants ont alors plusieurs blessés,le campus est noyé par les nuages de gaz divers. Lespersonnes embraquées subiront un contrôle d'identitéet l'établisement d'une fiche anthropométrique.

Il est à noter que jamais à Lille la répression poli-cière n'avait été aussi violente; même en mai et juin68 Lille n'avait guère connu de charges pollcièresaussiv irulentes. les scènes de matraquages systéma-tiques furent des plus fréquents, les flics s'acharnantà piétiner les filles qui étaient tombées pendant lescharges, les frappaient à coups de crosses jusqu'à cequ'elles ne bougent plus. Il était tout aussi fréquentde voir 3 ou 4 Gendrames mobiles acculer un mani-festant pour lui taper au ventre avec le bout de leurmatraque jusqu'à ce que celui-ci s'écroule, de plus,les gars embarqués dans les cars n'avaient absolumentpas à élever de protestations car ils étaient alors vio-lemment matraqués. Dès la première charge, une jeunefille dut être transportée, dans un état grave à lacité hospitalière, ainsi que plusieurs autres personnesmoins gravement atteintes.

Les flics ont emporté une ronéo, une machine àécrire qui loin de faire partie d'un matériel clandes-tin, appartenaient tout bonnement à la fac de scienceset plus précisémment à l'unité de mathématique, celasans bien sûr laisser de récépissé ou autre papierlégal.

Sur le plan tactique, les regroupements s'opérèrenttoujours très rapidement malgré les mots d'ordre .ecu-vent contradictoires, c'est ainsi que cette manifesta-tion 'a obligé les diverses brigades pollclères à setransporter à travers toute la ville, jamais il ne s'estécoulé plus de 5 à 15 minutes sans que tous lesgroupes formés après les charges ne se rejoignentpour reformer la manifestation.

De plus, le prétexte de la perquisition pour matérieldérobé ne tient absolument pas, vu qu'un étudiantSyrien qui ne voulait pas indiquer où se trouvait Mi-chel Abdel Massih fut tabassé dans le car qui l'emme-nait vers le commissariat central de Lille.

Bilan : une trentaine de blessés dont quatre griève-ment (une fille a reçu une qrenade dans le ventre ensortant du bus, une autre dans le pied, qui est déchi-queté). ::_:-_

C'est la première fois qu'un réel mouvement demasse se développe sur un campus qui était jus-qu'alors .. amorphe ". Des milliers d'étudiants li nonpolitisés " ont été sensibilisés. .'

D'autre part, ce mouvement a eu comme particula-rité de rejeter les groupuscules en refusant leur di-rection. Le mouvement s'est organisé par lui-même,en complète autonomie par rapport aux directions lé-nlntstes qui auraient bien voulu le récupérer. Ce faitexplique peut-être le succès de cette rnoblllsatlon.

Une autre manifestation, elle aussi organisée parle comité de ccordlnatlon d'Annappes, lréuplssant1500à 2000 personnes) s'est déroulée le mardi 16 marsen agissant de même, c'est-à-dire en se regroupantaprès chaque charge. Les charges des diverses bri-gades, bien que moins violentes que celles du mardicausèrent tout de même quelques blessures parmi lesmanifestants et notamment pour l'un d'eux qui fut pro-jeté par dessus la balustrade du péron de la SalleSalengro( lui causant une fracture -du poignet droitseulement, alors qu'il avait de fortes chances d'êtretué) .. Cercle Front Libertaire de Lille.

'Faisant suite à 'ces' manifestations en faveur deMichel, les flics (environ 1500 à 2000) envahirent lecampus universitaire d'Annapes sous I~ prétexte d'uneperquisition qui permette de découvrir les auteurs de

Motif officiel : .. activités politiques incompatiblesavec le 'statut de résident étranger ", ce qui est faux,Michel ne s'occupant pas des affaires françaises maisde l'Union des -Etudiants Palestiniens !

.. S'Ils veulent Michel, qu'ils viennent le chercher »

~ ',.. . .,'. . . ,. .. - .

Dès le lycée, L'UNIVERS CONCENTRATIONNAIRENous passons trente heure par semaine

dans un bahut, fabriqué il y a maintenant50 ans environ. Ce bahut est en brique rougeset construit de telle sorte que, lorsqu'on estdans la petite cour (maintenant mixte), nene voit que des murs gris éclairés seulementde fenêtres éparses. Au fond de la cour, ondistingue des bâtiments préfabriqués : là setrouvent les classes pratiques, isolées, par-quées. Voici donc la présentation de notresoi-disant lieu « d'éducation ».

Les élèves du lycée en on marre !Grève de la faim, projet de pétitions contre

les conseils de classe, etc ... ont été organisées.Mais ces actions ont été rapidement écraséespar un manque de solidarité de la part deslycéens ..

Comment s'est formé le comité :Le bilan de la lutte du C.E.T. d.'EPERNAY

nous a montré une fois de plus, que seul, dansun lycée, un Comité est la seule force lycé-enne capable de dénoncer puis d'anéantir lechantage permanent du 'pouvoir administra-tif. C'est ainsi que les élèves écœurés ont puse regrouper et agir. Notre première actiona été de dénoncer par affiches un « escalierd'honneur » (oui, cal' dans notre lycee, il ya un escalier dont l'accès est strictement in-terdit aux garçons ! Seules les files et lesprofs peuvent y passer! Voici comment.l'administration répond aux «revendications»des élèves :

~< Si tous les élèves (1 300) passaient parl'escalier d'honneur, celui-ci pourrait s'écrou-ler sous leur poids » (et cet escalier est enbéton !).

Voyez-vous même à <lui nous avons à faire!Le Comité divulgue un canard 'qui se nom-

me « LUTTONS ». Ce journal a pour but defaire participer, de réveiller les élèves. Lesarticles du journal sont écrits, en grandeLie, par par les lycéens qui désirent s'exprimersans censure (dans notre lycée il y a un pan-neau « libres opinions », mais celui-ci est

contrôlé pal' l'administration !). Malheureu-sement, les lycéens sont beaucoup moinsactifs que les élèves de classes pratiques, quieux sont véritablement brimés (on les traitesd'abrutis, les pions leur tapent dessus, lescollent sans 'cesse, etc ...). Enragés, ils ne selaissent pas faire !

(7 élèves ont passé au conseil de disciplinedurant ces 2 trimestres.).

Au début de l'année, ils menaient un com-bat isolé, inorganisé, puis nous avons été les

trouver, on leur a proposé le Comité; ils ontété d'accord et maintenant, ils luttent avecnous (c'est seulement par leurs articles dansle journal, que les lycéens se sont apperçus deleur présence !).

Pour le moment on lance une action sur5 gars de pratiques, qui passent en conseilde discipline pour des motifs-bidons ! Cen'est qu'un début ...

LE COMITE.

LA LIBERTE CA--Il n'y a pas longtemps, les élèves des lycées et

C.E.T. se mettaient en grève pour l'affaire Guiot. Unramassis de politicars, de proviseurs de .. gôche »,de professeurs " progressistes -. de bureaucratesP. -C.» F. ou gauchistes s'associaient et dirigeaient

. les évènements.

Ce grand front démocratique des réformistes pro-testait contre une .. erreur » de la justice, chacun in-sistant. à sa façon sur le fait que Gulot n'avait pascassé la gueule d'un flic (ce qui veut dire que S'ill'avait fait, la punition aurait été .. justifiée •... ) La li-bération de Guiot fut saluée comme une grande vic-toire.

Victoire, mon cul! Il fallait que les gauchistes orien-tent la révolte des élèves sur d'autres os à ronger,comme si les Enragés du C.E.T. et des lycées avaientbesoin de ..prétextes- pour se révolter ! Comme sileur VOLONTE DE VIVRE et de TRANSFORMER RADI-CALEMENT CETTE SOCIETE D'ENNUI, DE FRIC ET DEFLICS ne leur suffisait pas ! Profitant du fait que lesélèves ont encore peur de paser pour des ..fumtstes-.des ..fous-, des ..fainéants .. et de faire simplementgrève pour le plaisir, parce qu'ils en ont marre des'emmerder, les poljtlcars gauchistes leur imposentdes objectifs ..sérieux», ..réalistes», ..raisonnables», ..ce qui ne fait qu'entretenir des illusions sur la na-ture de la répression et de la société répressive :

- Un panneau d'affichage (comme ça, on n'écriraplus n'importe ou et les murs de la caserne serontpropres ...) Mais nom de Dieu, la liberté ça ne se de-mande pas : ça s'arrache !

- Plus de travail noir (nous voulons du vrai travail)au lieu d'envisager un sabotage systématique despièces, _ . /) \l~ ~~ V~~--t:-~ ._ - - . 1

'ARRACHE ,•

- Plus de colles .. injustes» (que les colles soient" justifiées ») au lieu d'organiser l'abolition pure etsimple des collee et de la discipline.

Et tout cela orchestré par l'héroique opéra de Pékinallant du service d'ordre " lycée -assuré par l'état-major maoiste, jusqu'aux talentueuses réparties desprofesseurs, en passant par les interventions de l'ex-étudiant devenu le " camarade ouvrier » parlant au nomde la classe ouvrière, .. Qu'est-ce que cela sinon. unesubstitution et auz élèves, et à la classe ouvrière ?Cet état d'esprit est extrêmement révélateur et endit long sur la pratique que ces gens-là peuvent avoir,Pourquoi crier « à bas les patrons » si c'est pour lesremplacer par l'Etat des bureaucrat ? Les révolution-naires ne tarderont pas à leur apprendre dans les faitsqu'il ne faut pas confondre la cause de Mao aveccelle des travailleurs ...

Ceux de la Métare ont commencé à leur faire voir.Ils ont été ceux qui ont le mieux senti le noyautoge,ils l'ont dit mais n'ont pas pu l'expliquer. Ce qui estimportant, c'est que c'était la première fois que LaMétare se mettait en grève : la magouille a pu seproduire parce qu'il manquait une première expériencede lutte. Mais l'autre jour, pour avoir compris tout ce-la La Métare s'est trouvée à la pointe du mouvementlycéen et s'est aperçu que les autres lycées, encoresous le coup des réformistes et bureaucrates, necomprenaient rien aux aspirations révolutionnairesréelles.

" faut maintenant que les élèves continuent à s'or-ganiser eux-mêmes, sur des bases réellement révolu-tionnaires, pour avancer dans leur lutte, déjouer lesmagouilles, assurer leur auto-défense contre les me-sures d'intimidation. Le C.E.T. étant la CASERNE OUL'ON APPREND L'ESCLAVAGE SALARAIL, les bases

de la lutte des élèves, futurs ouvriers, doivent êtrecelles du nouveau prolétariat révolutionnaire :

- Lutte ANTI-POLlTlOUE, parce que les partis poli-tiques, ~Is qu'ils soi~, sont des instruments demanipulation ayant leurs intérêts propres, qu'Ils visentla prise u pouvoir politique - la prise de l'Etat - et queies intérêts de classe du prolétariat sont l'abolitionde l'Etat. la Révolution Sociale et 1. construction d'unevie nouvelle débarassée de tout pouvoir hiérarchisé,

- Lutte ANTI-CAPITALISTE qui n'est pas différentede "attaque de la socjété répresive régnant sur lemonde entier : dans les démocraties bourgeoisescomme dans celles dites cc populaires », les hommesn'ont aucun pouvoir sur leur vie et sont dépossédés deleur produits. Les bourgeois et bureaucrates y perpé-tuent leur dictature sur le prolétariat : salariat, pro-fit hiérarchie. exploitation.

- POUR LA GESTION DIRECTE OUVRIERE, pour quenous devenions les maîtres de notre vie, que nous gé-rions nous-même l'économie, que nous organisions etdécidions nous-même du rythme de la production se-lon nos besoins réels. Pour la fin du salariat, du pro-fit, des hiérarchies, de la propriété privée ou étatique;de l'exploltatton et de la société de classes.

CAMARADES,

SACHONS GERER NOS PROPRES LUTTES CONTRELES BOURGEOIS BUREAUCRATES !

LA LIBERATION NE VIENDRA QUE DE NOUS-MEMESREJOIGNEZ LES CAMARADES DU CERCLE FRONTLIBERTAIRE DE LA METARE.

Cercle Front Libertaire,

tront, l"iberiaire --------------------------------- .. --

NESTOR MAKHNO ••

la lutte cOlnnluniste-libertaire

L~ nom de Nestor Ivanovitch Makhno (1889-1934)est ;devenu familier à tous ceux qui s'intére.sent àla Révolution Russe, dqnt on connait l'influence déci-stve sur I~évolution du mouvement révolutionnair, dece "siècle. Nestor MakhnO e..t surt"t cc;mnuen tantqu'i!,itia.eur et inspirateur du fOrmidable mouvementdes ... ae.:s payqnnes laborieuses insurgées enUkraine de 1918 .. 1921. C'est pour remlre hommageà son action militant, exe",plair. que le mouvementinsurrectJ(\»nnel cies. pay.ans r6vohationnaires prit sonnom : Makhnovtchina. . . .

Désor.".is, il n'est plus possible de nier l'impor-tance historique d. ce m(\»Uftment (1) et son actionprépondérant. dans ta défaite de toutes tes offen-sjvesréactionnaire$ en Ukraine : l'occupation austro-hongroise, le hetnam Skoropadsky, kornilov, Dénikine,Wrangel, PétUoura, Gri90riev et _uttas défenseurs del'or~te· INtriotique .et ~pitaliste de toutes les Russles.Signa~on•. simplem,nt la bataiU. de Pé,égonovka du26 Septembre 1919, où les makhnovist,s culbutèrentet sabrèrent les meilleurs régiments dénikiens; cequi décida du sort d. l'oH.nslve Dénékine, dont l'.vant garde se trouvait à 200 km de Moscou, Lénineet les dirigeal\t •. bolcheviks s. préparant alors à seréfugier en Finlande.

Pour beaucoup .cet engagement rest.,.. 1. plus haut"lit d'armes d. la Révolu'ion Russe. Lu bolchévikssurent récompenser leurs sauveurs ; s'.lIiant ttoisfois- aux maKhnovistea pour lutter contre les blancs,trahlQant cta.que fols .près la victoire. La dernièrefois fut pour eux la rép'tition de ce qu'if firent plustard il Kronstadt.

C'était il Pérekop, istbme de l'Ile d. Crimée, lesdétach.ments makhnovistes. v"* ....t de combattre aupremier rang .-tJt de défaire 1. dernier sUrsaut desblancs : "oHensive du baron généra' Wrangel. Dans lanuit du 26 Novembre 1920, le. makhnovistes furenttraitreusement 3.ltaqués par les unités de la Tchéka

et des troupes induites en erreur ; des 20.000 ko",meadu détachement makhnoviste. seuls quelques centai-nes purent en réchapper.

Cet acte ignominieux méritait d'être rappelé.

Makhno combattit alors contre les « nouveaux· sei·~neurs rouges » jusqu'en Aout 1921, l(\»rsqu'iI fut bles-sé grièvement et évacué en Roumani.. Pendant deuxans il erra de prison en prison, de Roamani. en Polo-gDe et à Berlin : puis il regagna 'Paris où il vécutjusqu'à sa mort.

Pendant cette dernière périO:de, malgré les suitesde ses blesures et des conditions de vie très péni-bles, il prit une part très active il la for.".tion dugroupe Diélo Trouda (avec, entre autres; P. Àrchinovet Ida MeU), qui édita la revue Anarchiste-Communist.du même nom. C'est de cette revue que sont extraitsles trois articles ci-dessous (2).

Ainsi Makhno ne fut pas seulement un emaordi-naire stratège militaire, '"inventeur de la guerre departisans (à différencier de la guérilla) comm. typede lutte armée, mais aussi un militant ·anardMst.communiste exceptionnel, apportant ainsi une précieuse contribution au combat émancipateur du ......létariat.

(1) Voir les ouvrages de Voline • la Révolution in-connue (Ed. Be!fond} de P. Archinov • l'Histoire duMouvement Makhnoviste (Ed. Béllbaste l et d'autresouvrages en anqluis, malheureusement peu accessl-bles.

(2) Makhno participa à la rédaction de la Plateforme ,d'Archlnov. Par ailleurs il écrivit trois tomes sur l'his- .orqanisanonnelle du Groupe Diélo Trouda, dite. à tortd'Archinov Par ailleurs, il écrivit trois tomes sur l'his-taire de la Makhnovtchlna (de 1918 à 1919). Une édi-tion da tous ses autres textes, restés inédits, 6Sten cours.

LE PREMIER MAI ee

dL est indi.spen.snùLe dt: l-ier l'nctwn des forces(ITm~eS de La rél)oltltion ai..'ec les unité-s socialeeer économiques 1'>.

symbole d'une ère nouvelle dans la vieet la lutte des travailleurs

la journée du 10r Mai est considérée dans le mondesocialiste comme la fête du travail. C'est une faussedéfinition du 1er Mai qui a tellement pénétré la viedes travailleurs, qu'effectivement, dans beaucoup depays, ils le célébrent ainsi. En fait, le 1ir Mai n'estpas du tout un jour de fête pour les travailleurs. Oui,les travailleurs ne dotvent pas rester ce jour-là dansles ateliers ou dans les champs. Ce [our-là, les tra-vailleurs de tous les pays doivent se réunir danschaque village, dans chaque ville, organiser des réu-nions de masse, non pour fêter ce jour ainsi que leconçoivent les sociallstes étatiques et en particulierles bolchéviks, mais pour faire le compte de leursforces, pour déterminer les pOSSibilités d'une luttearmée directe contre l'ordre pourri. lâche. esclava-giste, fondé sur la violence et le mensonge. En cejour historique déjà institué, il est plus facile à tousles travailleurs de se rassembler, et lors de ces ras-semblements, il est plus facile et plus commode demanifester sa volonté collective, et .de discuter col-lectivement de tout ce qui concerne les questionsessentlelles du présent et de l'avenir.

Il y a plus de 40 ans, les travallleurs américctns deChicago et des environs, se rassemblèrent le 1·r Mai.Ils écoutèrent, là, les discours de nombreux orateurssocialistes, et plus particulièrement ceux des orateursanarchistes, car ils assimilaient parfaitement les idéeslibertaires, et se mettaient franchement du côté desanarchistes.

Les travailleurs américains tentèrent ce jour-la, ens'organisant, d'exprimer leur protestation contre l'in-fâme orare de l'Etat et du Capital des possédants.C'est sur cela qu'intervinrent les libertaires améri-cains Spiess, Parsons et d'autres. C'est alors que cemeeting de protestation fut interrompu par des pro-vocations de mercenaires du Capital et s'acheva parle massacre de travailleurs désarmés, suivi de l'arres-tation et de l'assassinat de Spies, Parsons et d'autrescamarades.

Les travailleurs de Chicago et des environs, ne serassemblaient pas pour fêter la journée du 1er Mai.Ils s'étaient rassemblés pour résoudre en communles problèmes de leur vie et de leurs luttes.

Actuellement aussi, partout où les travailleurs sesont libérés de la tutelle de la bourgeoisie et de lasocial-démocratie liée à elle (indifféremment men.·chéviks ou bolchévicks) ou bien tentent de le faire,et considèrent le 1H Mai comme l'occaslon d'unerencontre pour s'occuper de leurs affaires directeset se préoccuper de leur émancipation, ils exprimentainsi,. dans ces aspirations, leur solidarité et leurestime ~ l'égard de la mémoire des martyrs de Chi-cago. Ils sentent donc que cela ne peut être pour euxun jour de fête. Ainsi, le 1er Mai, en dépit des affir-rnatlons des • socialistes professionnels .• , tendant àle présenter comme la fête du travail, ne peut pasl'être pour les travailleurs conscients.

Le 1tr Mai, c'est le symbole d'une ère nouvelle dansla vie et la lutte des travailleurs, une ère qui présehtechaque année pour les travailleurs. de nouvelles, deplus en plus difficiles et décisives batailles contrela bourgeoisie, pour la liberté et l'indépendance quileur sont arrachées, pour leur idéal soctal.

(1) Paru dans Diélo Trouda n° 36. 1928.

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dans la révolution russe (textes inédits)

sur la disciplinerévolutionnaire

Des camarades n'ont posé la question sui-vante : comment est-ce que je conçois la disci-pline révolutionnaire ? Je vais. y' répondre.

Je comprends la discipline révclutionnelre commeune auto-discipline de l'individu, instaurée dans uncollectif ~gissant, d'une taçon égal-e pour tous, etstrictement élaborée.

Elle doit être la ligne de conduite responsabledes membres de cc collectif, menant à un accordstrict entre sa pratique et sa théorie.

Sans discipline dans . l'organisation, il est im-possible d'entreprendre quelque action révolution-naire sérieuse que ce soit. Sans discipline, l'avant-

· garde révolutionnaire ne peut exister car alors ellese trouverait en complète désunion pratique, et se-rait incapable de formuler les tâches du moment.de remplir le rôle d'initiateur qu'attendent d'elleles masses.. Je fais reposer cette question sur j'observation

·et l'expérience d'une pratique révolutionnalre consé-quente. Pour ma part, je me fonde sur l'expériencede I~ Révolution Russe, qui ~i porté en elle uncontenu typiquement libertaire à beaucoup d'égards.

Si les anarchistes avaient été étroitement liésorqaruaationnellemcnt et avaient observé 'dans leursactions uned iscipline bien déterminée. il n'auraientjamais subi une telle défaite. Mais' parce que lesanarchistes c de tous bords et de toutes tendan-ces • ne représentaient pas, même dans leursgroupes spécifiques. un collectif homogène ayantune discipline d'action bien définie : pour cetteraison ces anarchistes ne purent supporter l'exa-men politique et stratégique que leur imposèrentles Circonstances révolutlormaires. La désorqantsa-tion les amena à une impuissance politique.. lesdivisant en deux catéqories : la première, f· t cam-posée de ceux qui se lancèrent dons l'occupation

· systématique des maisons bourgeoises, dans les-quel es ils se logeaient et vivaient pour "leur bien-être. C'était les mêmes que ceux que ['appeleralsles " touristes ", les divers anarchistes qui vontde ville en ville, dans l'espoir 'de trouver en routeun endroit pour y demeurer quelque temps, pares-sant et y r-estant le plus longtemps possible' pourvivre dans le confort et le bon plaisir.

L'autre catégorie se compose de ceux qui ontrompu tous les liens honnêtes avec I'anarchlsme(b+en que certains d'entre eux, en U·:R.S.S., se fas-sent passer pour les seuls représentants de l'anar-chisme rèvoluttormalre) et se sont jetés sur lesresponsabilités offertes par les bolchéviks, mêmelorsque le pouvoir -fueillait les anarchistes, restésfidèles à leur poste de révolutionnaires en dénon-çant la trahlson des bolchévjks. .

Etant donné ces faits', on peut comprendre aisé:· ment pourquoi je ne peux rester indifférent fil'état d'insouciance et"" de négligence qui" existeactuellement dans nos milieux. . .

D'une part cela empêche "la création d'un collec-tif libertaite cohérent, qui permettrait aux· anar-chistes d'occuper la place qui leur revient 'dans larévolution, et d'autre art cela permet de se conten-ter de belles phrases et de grandes pensées, toutn se dérobant lorsqu'il faut passer à l'action.

Voilà pourquoi Je parle d'une organisation liber-taire reposant sur le principe d'une discipHne. fra-ternelle. Une telle organisation améneralt à l'en-

· tente indispensable de toutes" les forces vives de'l'Anarchisme Révolutionnaire, et alderalt- l'Anar-chisme il occuper sa place dans la lutte 'du Labeurcontre le Capi tal.

Par cemo yen les. idées libertaires. ne peuventque gagner les masses, et non s'appauvrir. Il n'ya que des bavards creux et irresponsables qui peu-

. vent fuir devant une telle structuration organisa-tionnelle.

la responsabilité et la discipline organisation-'nelles ne doivent pas effrayer, elles sont les cornoa-

'flnes de routes de la pratique de l'AnarchismeSocial.

Article paru dans Diélo Trouda numéro' 7-8, 1926.

LA LUTTECONTRE LE JOUGDE L'tTAT

L ~ fart que l'Et~t moderne soit le type d'organisa-tion d'un pouvoir fondé sur l'arbitraire et la violencedans la vie sociale des travailleurs, est indépendantde. son caractère • bourgeois - ou c prolétaire -. Ilrepose sur le centralisme oppressjf. découlant de lavloleoce directe d'une minorité contre la majorité.Chaque état utilise pour affirmer et imposer la léga-lité de son système, outre le fusil et l'or, des moyenspuissants ce pression morale. A l'aide de ces moyensun petit groupe de politiciens réprime psychologique-ment toute la société, et en particuUe.r les masseslaborieuses, les conditionnant de façon à détournerleur attention du servaqe instauré par l'état.

Aio~ il est clair que pour combattre la violenceorganisée de ,'Etat moderne, il faut employer desmoyens puissants, cor.respondants à l'importance dela tâche.

.Jusqu'ici. les moyens d'actlon sociale employéspar la classe laborieuse révolutionnaire contre le pou-voir des' oppresseurs et exploiteurs : l'Etat et le Ca-pital, conformément aux idées libertaires, ne suffi-saient pas pour mener à la victoire complète des tra-vailleurs.

Il est arrivé dans l'histoire, que les travailleursvainquent le Capital: mais la victoire leur échappaitensuite. parce qu'un pouvoir étatique se créait, unis-sant les intérêts du capital privé et ceux du capita-lisme d'Etat. pour triompher des travailleurs.

L'expérlence Je la Révolution russe nous a montré

ainsi, il l'évidence, nos insuffisances dans ce do-maine. Nous ne devons pas l'oublier, et nous appli-quer à les discerner distinctement.

Nous pouvons reconnaitre que notre lutte contrel'Etat dans la Révolution russe était remarquable,malgré I~ désorganisation qui régnait dans nos rangs;remarquable surtout en ce qui concerne la destructionde cette hideuse institution.

Mais notre lutte fut insignifiante dans le domainede t'édification de la société libre des travailleurset de ses structures sociales, ce qui aurait pu ga-rantir son développement en dehors de' la tutelle del'Etat et de ses institutions répressives.

le fait que nous, anarchistes-communistes ou anar-chistes-syndicalistes, n'avions pas prévu le lendemainde la Révolution russe, et que nous ne nous étionspas hâtés de formuler à temps les nouvelles formesde l'activité sociale, a amené beaucoup de nos grou-pes ou organisations à hésiter plus d'une fois dansleur orientation poHtique et socio-stratégique sur lefront combattant de la Bévolutlon.

Afin d'éviter de retomber, à l'avenir, dans les mêmeserreurs, lors d'une situation révolutionnaire, et pourconserver la cohésion et la cohérence de notre ligneorganisationnelle, nous devont fondre d'abord toutesnos forces en un collectif aqissant, puis définir dès

maintenant notre conception constructive des unitéséconomiques et sociales, locales et territoriales, aubesoin les dénommer d'une façon déterminée, et enparticulier, 'définir les grandes lignes, leurs fonctionsrévolutionnaires fondamentales dans la lutte' contre'l'Etat. L'époque actuelle et les leçons-ide ~a, R~(r·lution Russe l'exigent.

Ceux qui se sont mêlés au cœur même de lamasse ouvrière et paysanne, en prenant port active-ment aux victoires et aux défaites de leur combat;ceux-là :~oivent sans aucun doute arriver à nos con-clusions, et plus précisément à comprendre que notrelutte contre l'Etat doit se mener jusqu'à la liquida-tion complète de celui-ci: ceux-là reconnaîtront parailleurs, que le rôle le plus difficile dans cette lutte,est celui de la force armée révolutionnaire.

Il est indtepensable de lier l'action des forcesarmées de la Révolution avec les unités sociales etéconomiques, dans laquelles la population laborieuses'organisera dès les premiers jours de la révolution,afin d'instaurer une autogestion totale de la vie, endehors de toutes structures étatiques.

Les anarchlsres doivent concentrer, dès maintenant.leur attention sur cet aspect de la Révolution. Ilsdoivent être persuadés que les forces armées de larévolution, organisées en armées importantes ou ende nombreux détachements armés locaux. ne peuventque vaincre les tenants et les défenseurs de l'êta-tisrne. et par-là même de créer les conditions néces-saires pour la population laborieuse soutenant la ré-volution, de rompre tous ses liens avec le passé etmettre au point le processus d'édification d'une nou?velle vie soclo-économtque.

L'état pourra conserver quelques survivances lo-cales et tenter d'entraver de multiples façons la nou-velle vie des travailleurs, freiner la croissance et ledéveloppement des nouveaux rapports basées surl'ernancipatlon totale de l'homme.

la liquidation décisive et totale de l'Etat ne pourraavoir lieu, que lorsque l'orientation des travaHteurssera la plus libertaire possible, et lorsque les travail-leurs révolutionnaires des villes et des campagnesélaboreront eux-mêmes leurs formes d'action sociale.

Ces structures doivent prendre la forme de sovietslibres, organes d'autogestion économique et sociale;fi faut analyser et propager les structures et le fon-dement de ces soviets parmi les ouvriers et paysansrévolutionnaires. C'est de cela que dépend principa-lement l'évolution positive et le développement desidées anarchistes parmi ceux qui accompliront pourleur propre compte la liquidation de l'Etat et qui édi-fieront la société libre des travailleurs.

(1) Diéto Trovda n° 17 - Octobre 1926.

• ...... '.., '. ·:>·4t.~

• les travailleurs de Harry WaIkerBARCELONE •

Il nous a semblé intéressant de publierdans nos colonnes une partie des documentsélaborés par les Assemblées de Travailleursen grève de HARRY-WALKER, tant ces do-cuments, d'un radicalisme qui étonne lorsquel'on connaît la structure de l'état fasciste Es-pagnol, qui s'est développée depuis la fin dumois de déc.embre 1970 et s'est poursuiviedurant le début de l'année 1971, fait aujour-d'hui tache d'huile dans toute la MétallurgteBarcelonnaise, .

Dans cette lutte, les ouvriers des usinesMAQUINISTA, TUESSA et FAESSA sontaujourd'hui à l'avant-garde. Une répressionpatronale et policière féroce a été organiséedans l'ensemble de la métallurgie barcelon-naise : on compte déjà 200 licenciements et47 arrestations. Les mots d'ordre de luttes seportent partout contre le contrôle des ca-dences (chronométrage), l'augmentation dessalaires, les mauvaises conditions de travail,les brimades, etc... Ainsi, à la F.A.ES.S.A.(Fabrique d'accessoires d'automobiles), fi-liale de FERODO en Espagne pendant 3 joursles 942 ouvriers de la boîte se sont mis engrève pour leurs revendications et CONTREle contrôle des cadences. (nous reproduironsci-après un des tracts approuvé par l'ensembledes travailleurs, décrivant cette lutte).

Ces luttes (comme en témoignent les do-cuments sur HARRY-WALKER sont richesd'enseignement à plus d'un titre: .

1°) Elles se déroulent dans une région(Barcelone) où l'influence du parti Commun-niste et des commissions ouvrières ( à nepas confondre avec les Commissions Ouvri-ères Autonomes) est pratiquement nulle (voirDOCUMENT). Par contre, celle de la nou-velle extrême-gauche y est, prépondérante(présence notamment des anarchistes).

2°) Ce qui a eu pour effet de radicaliser lalutte au niveau des mots d'ordre, ainsi quedans l'organisation démocratique de cettelutte : la pratique des Assemblées Généralessouveraines qui contrôlent et prennent toutesles décisions s'est aujourd'hui généralisée.

3°) Cette lutte a partout, étant donné la lé-gislation répressive existant en Espagne quiinterdit la. grève, le droit de réunion, d'ex-pression, etc.. et la répression syndicale duSyndicat Vertialo, un caractère ouvertementILLEGALISTE (ce qui bat en brèche la po-litique du parti Communiste Ibérique, desJ-ésuites et des Sociaux Démocrates).

4W) Ilfaut enfin noter la volonté de vouloir

internationnaliser le conflit et de faire jouer2. plein la solidarité prolétarienne, sentimentet arme de classe que le Stalinisme a depuislongtemps refoulé dans les musées de l'his-toire ouvrière. Celle-ci s'est manifestée lo~de la grève de Harry-Walker par l'organisa-

MANIFEST}1~ DE L'A-SSEMBI~ÉE .. DES TRA VAILLErJRS\

45 jours de grève - 45 jours de lutte - 45 jours d'uni~. - 45 jours de solidarité

PROCESSUS DE NOTRE LUTTE

Harry Walker a commencé par être un petit atelierde peu de travailleurs, et s'est développé peu à peugrâce à notre exploitation, jusqu'à ses dimensionsactuelles, quelques 470 travailleurs des deux sexes. Amesure qu'elle se développait l'entreprtse augmentaitson exploitation et son oppression. Notre réponse acommencé par de petites protestations, la plupart dutemps individuelles, de peu d'efficacité.

Mais dernièrement la situation était devenue inte-nable : un régime intérieur semblable à celui d'uncamp de concentration ; des salaires de misère quinous obligeaient à travailler douze heures pour pou-voir vivre ; les conditions de sécurité et d'hygiènepratiquement inexistantes dans certains bâtiments ;le quota minimum de production s'élevant sans arrêtétait impossible à atteindre ; les sanctions constantesnombreuses et arbitraires ; les employés du bâtimentSOLEX composés d'une majorité de temporaires, etc

Devant cette situation intolérable, les ouvriers deHarry Walker, nous nous organisons autour de noscamarades les plus conscients et les plus combatifs,et, réunis en assemblées à la mi-décembre dernier,nous avons discuté des problèmes et présenté nostrois premières revendications :

- Supression de toutes les sanctions ;- Augmentation salariale de 3.000 Ptas par mois

pour tous;- Suppression des contrats temporaires.

Et nous avons commencé à effectuer des arrêts detravail partiels, en augmentation progressive, les 14,15, et 16 décembre, pour appuyer nos revendications.La réponse de l'entreprise fut 13 licenciements. Immé-diatement, nous avons arrêté la production et occupét'usine les 17 et 18 en ajoutant une nouvelle reven-dication :

READMISSION DES L1CENCIES_OU TOUS OU

PERSONNE !

Notre union et notre ferme volonté de combat ren-dirent inefficaces les méthodes ordinaires d'oppres-sion de l'entreprise qui dut recourir à la police. Cettepolice, qui est celle des capitalistes, nous jeta à larue le 18 à 13 heures. 150 • gris », plus quelques au-tres à cheval nous expulsèrent et nous dispersèrent.

Depuis lors, voilà maintenant 45 jours, nous sommesen majorité restés unis autour des assemblées.

L'entreprise a utilisé toutes sortes de coercitions etde menaces (lettres, visites personnelles, sanctions.etc.l, et a obtenu des contremaîtres, chefs d'équipes,techniciens, quelques employés et de .rares ouvriersqu'ils reprennent le travail.

NOTRE LUTTE SE SITUE DANS LE CADREDE LA SOCIETE CAPITALISTE

Notre lutte a été provoquée par la brutale exploi-tation et l'oppression à laquelle nous sommes sou-mis par les capitalistes de l'entreprise. C'est grâceà la constante exploitation de notre effort que HarryWalker s'est développée. Devant la constante' aug-mentation du coût de la vie, nos salaires étaient in-suffisants pour faire face à nos besoins vitaux. Aussinous nous sommes vus obligés d'effectuer des jour-nées de travail épuisantes, qui augmentaient les bé-néfices de l'entreprise et notre exploitation. Afin quenous ne nous révoltions pas, l'entreprise nous opprimeau maximum: chefs et sous-chefs, système de primes,rythmes de production, sanctions et coercitions de tousordres, contrats temporaires pour beaucoup d'entrenous.

Chez Harry Walker beaucoup d'ouvriers avaientl'expérience d'autres luttes. Mais beaucoup étaientsans expérience et sans formation politique ; Usétaient seulement résolus et avaient leur cons-cience "et leur dignité d'ouvriers. Ainsi s'est forméun groupe capable d'allumer l'étincelle et de diri-ger la lutte.

CE FUT NOTRE PREMIERE VICTOIRE

Mais peu à peu nous avons compris que ce n'estpas seulement l'entreprise qui nous exploite mais quec'est tout le système qui nous opprime à tout momentde notre vie. Aussi affirmons-nous que notre lutteest une lutte de classe, de la classe opprimée - lesouvriers - contre les oppresseurs, les capitalistes.

Ces derniers ont de nombreux instruments de ré-pression ; l'état, les lois, le syndicat officiel, la ma-gistrature, la presse bourgeoise, les moyens de pro-pagande - TV., radio -, la police. etc.

Nous les ouvriers nous avons notre conscience declasse, nos organisations. notre union et notre soli-darité. .

Tout ça nous J'avons apprjs à travers la lutte, quinous a fait découvrir des valeurs nouvelles, inconnues.Dans l'entreprise, mêlés aux mouchards et aux petitschefs, parlo"" il n'est pas facile de nous sentir de lamême classe que tous les travailleurs. M..is la luttes'est chargée de la sélection naturelle. Ici, dans J'as-semblée, le lien qui m'unit au camarade s'est faitextraordinairement fort parce que c'est le tissus demêmes souffrances, d'un même courage, d'un mêmerisque, ayant surgi de la même injustice.

Dans cette assemblée, qui lutte pour la classe ou-vrière toute entière, ce lien me fait passer au-dessusdes divisions artificielles, et je me reconnais dans toutce qui lutte contre J'exploitation capitaliste.

NOTRE LUnE CONTRE LA REPRESSION

Il n'est donc pas étonnant que lorsque nous nouslevons contre l'exploitation et que nous commençonsà lutter d'une manière organisée pour faire triomphernos revendications, nous devons faire face à toutJ'appareil de répression de J'état capitaliste.

La police nous expulsa de J'usine, monte à pré-sent la garde à l'intérieur et à l'extérieur tous lesjours, défend et protège les jaunes et les traitres,et nous oblige à nous réunir dans des conditionsdlfficjles en des lieux contraires à nos droits.

Ainsi notre lutte est une lutte contre la répressionet pour la liberté pour exiger nos droits les plus élé-mentaires. Droits arrachés à notre peuple comme :le droit de réunion, d'organisation, de presse ouvrière,etc. Ainsi notre lutte dépasse le cadre de l'entre-prise. C'est celle de tous les peuples opprimés dumonde.

NOTRE ORGANISATION DE CLASSE

les capitalistes de Harry Walker s'enrichissent dé-jà depuis de nombreuses années sur notre dos. Plu-sieurs fois déjà nous avons protesté individuellementet collectivement. Pourquoi avons-nous eu recours àla grève seulement à présent ?

Dans toutes les entreprises d'Espagne, nous, lesouvriers, nous sommes soumis à la même exploitationbeaucoup ont montré par leur combat le chemin àsuivre. POU~1uoiparvinrent-ils à se soulever contreJ'exploitation ?

.~ .

ont montré la voiede la luttetion, d'une part, d'une collecte fonds (inter-nationale, pour pousuivre la grève), et d'autrepart, par la tentative de coordonner la lutteentre les différentes entreprises du trust in-ternational. Voici à cet égard ce qu'écrivaitun camarade d'ACTION COMMUNISTE :

« Voici maintenant l'autre point faible: larésistance de la direction se prolongerait dif-ficilement si elle ne pouvait satisfaire lescommandes dans les délais prévus. Mais, l'u-sine Espagnole qui exploite des brevets étran-gers est liée à des entreprises Françaises(Solex) et Italiennes qui fabriquent selon lemême brevet. Elle peut donc faire face "à sesengagements grâce au matériel fourni par lesmaisons sœurs à l'étranger. Le Comité degrève en a très vite été conscient et a étéamené à réclamer l'aide et l'appui des syndi-cats et des organisations politiques Fran-çaises. Sans une étroite ·liaison au niveau Eu-ropéen, la situation des travailleurs Espa-gnols est d'autant plus difficile que les usinesEspagnoles sont très souvent des filiales pou-vant résister très bien du fait que les fron-tières divisent le mouvement ouvrier sansfaire obstacle à la « solidarité capitaliste ».

L'usine HARRY-WALKER de Barceloneest la seule usine en Espagne d'un groupequi a des accords avec la Société Française

. SOLEX. Les carburateurs Harry-Walket etSolex sont conçus de manière identique (bre-vet Solex), et servent indifféremment à l'é-quipement des même modèles automobiles ...Il faut noter que les principaux clients Es-pagnoles de Harry-Walker sont C.E.A.T. (fi-liale de FIAT), F.A.S.A. (filiale de RE-NAULT» et BARREIROS (filiale de CHRIS-LER, comme SIMCA).

SOLEX est installé à Nanterre (92) où elleemploie environ 700 ouvriers. En outre, ellepossède des filiales dans la région parisienne,à Evreux et à Argenton. SOLEX est majo-ritaire dans les sociétés suivantes : SOLEX-ZENITH - S'PA (Italie - SOLEX Ltd(Grande-Bretagne) - BROSSOL Ltda (Bré-sil). SOLEX contrôle également (officielle-ment, elle détient une participation de 27 %)la Sté des Carburateurs ZENITH (siège "àLevallois-Perret (92), dont les usines, aprèsavoir été à Lyon sont à Troye et à Luc-St--Claude, et qui, elle, détient 99, 50 % du ca-pital de deux sociétés : la Sté Troyenne d'ap-plication mécaniques, et le Groupement del'Equipement Automobile (G.E.A.).

G.E.A. est en outre liée à S.E.V. MAR-CHALL (Groupe FERODO, les entrepriseEspagnoles SINESA, FAESSA et TUESSAétant directement liées à FEROOO.

La réponse à ces questions est la mêmeNOUS NOUS SOMMES UNIS ET ORGANISESAUTOURDE NOS CAMARADES LES PLUS COMBATIFS ET LESPLUS CONSCIENTS, C'EST-A-DIRE NOTRE AVANT-GARDE, ET NOUS AVONS DISCUTE DE TOUS NOSPROBLEMESEN ASSEMBLEE,FORGEANTAINSI NOTREINDESTRUCTIBLEUNITE.

Notre lutte a mis en évidence que n'est pasavant-garde qui veut, ou qui se prétend lui-mêmetel. la lutte se charge de sélectionner l'authen-tique avant-garde capable de recueillir et d'exprI-mer les aspirations de l'immense majorité, ou derepousser la fausse avant-garde dont les intérêtsne sont pas ceux de la classe ouvrière. le docu-ment (e Analyse critique de quelques actions »

publié par le Comité le 11 janvier relève cela con-crêtement.

Notre lutte a été posslble parce que s'est créée uneavant-garde consciente de notre situation réelle et denos intérêts, qui a su élever notre conscience, proposerdes formes d'organisation permettant d'établir, jouraprès jour le chemin à suivre.

Dans les conditions actuelles de dictature, nous nepouvons pas élire publiquement. en assemblée, lesmembres de notre avant-garde que nous livrerons ainsiaux mains de la police. A ce niveau notre organisa-tion doit être clandestine.LES CAMARADES DU COMITE QUI MENENT NOTRELUTTE ONT NOTRE ENTIERECONFIANCE, NON PASA TRAVERS DES ELECTIONSPUBLICS, MAIS A TRA-VERS LEUR DEVOUEMENTQUOTIDIEN AU SERVICEDE NOS INTERETS,TOUT CELA ETANT CONTROLEPAR L'ASSEMBLEE.

ENSEIGNEMENT DE NOTRE LUTTE

Notre grève devient pour tous une vivante école duMouvement ouvrier. Expliquons brièvement les prin-cipales leçons qu'elle nous a apportées pour quetoute la classe ouvrière puisse profiter de notre ex-périence.

1. - Nous avons débordé la légalité capitaliste.

Nous avons commencé notre lutte en faisant desAssemblées, malgré leur interdiction par l'entreprise,et nous les avons continuées au-dehors malgré larépression.

Nous avons passé, dès le premier moment, par-dessus le " Syndicat " et la Justice. Nous avons vuclairement que le « Syndicat » est un instrument d'in-tégration et de répression aux mains des capitalistes.

Nous sommes allés devant la Magistrature (Prud-hommes). conscients que c'est aussi un instrumentau service des patrons, puisque les lois sont faitespar eux, pour défendre leurs intérêts.

Finalement nous avons appuyé nos revendicationsavec nos armes authentiques: arrêts de travail, occu-pation d'usine, et - la principale - la GREVE.Si nousavons utilisé quelque moyen légal, nous ne noussommes pas laissés paralyser par eux.

2 - Nous avons forgé nos formes d'organisation

A travers les assemblées ont surgi des comités etdes commissions qui développent nos initiatives. No-tre union s'est forgée dans les assemblées. Nous avonsdéjà indiqué le rôle qu'ont joués dans notre lutte lescamarades les plus conscients et les plus combattifs.CETTEAVANT-GARDEA ETE A TOUT MOMENT LIEEET ENGAGEE AVEC LES AUTRES TRAVAILLEURS.

ITALIE:les complots fascistescontre lesluttes sociales

Le 25 avril 1969, deux bombes explosent à Milan.l'une à la gare centrale, l'autre au pavillon Flat d.la foire-exposltton à Milan. Il y a 19 blessés.

Dans la nuit du 8 au 9 août 1969, 9 bombes ex·plosent à nouveau dans des trains de grandes Ugnea.Il y aura, cette fois, 12 blessés.

Enfin, le 12 décembre 1969, à 16 h 30, une bombeexplose dans le salon de la banque de l'Agriculture •Milan faisant 16 morts et 80 blessés plus 0\1 moinsgraves. Une autre bombe fut découverte ava.ntqu:eUen'explose dans le couloir d'une autre banque mila-naise (La Commerciale) par les employés qui aler-tèrent la police qui après l'avoir fait enlevée la fitexploser contre l'avis des experts qui préféraient 1.faire désamorcer afin d'en connaître le mode de f.brication.

Deux autres bombes furent encore découvertea àMilan dans des bâtiments publies et la police lmpoa.ale silence à toute publicité. Le même jour et presqueen même temps à Rome, deux bombes identiques •celles de Milan explosent, l'une près du monumentau soldat inconnu, J'autre dans les souterraine de labanque • Crédito Ambrosrano "> faisant toutes deuxplusieurs blessés.

Ces attentats arrivaient dans un moment de ten-sion sociale très aigüe, qui avait commencée en 1968.et avait atteint son paroxisme vers la fin 1969. Larévolte des étudiants était en pleine vigueur et s"-tait répandue dans le milieu lycéen. Toute propositionréformiste avancée par le gouvernement déclenchaitl'opposition la plus radicale de la part du mouvementétudiant-lycéen. le mécontentement de I~ populationimmigrée, obligée de s'entasser d,na les' bidonvi.llesde la banlieue des grands centres industriels du nord(Milan et Turin) augmentait de jQur· ~n jQur: et met-tait en pratique l'action directe en occupent de .forcedes appartements vides (400) de zones r6sjdenti~les,avec la crainte pour ·les proprtétaues de voir ~'ttva·nouir leurs sources de profit.

Les.catégorjes les plus Importantes des travaHle-ura(bâtiment, caoutchouc, chimie, métallurgie) étalent engrève depuis 4 mols pour le renOuvellement de teu.rscontrats et les travailleurs, dans 'certains cas, enta-maient des grèves sauvages. Les syndicats perdaientchaque jour davantage le contrôle des ouvriers, ee quicausait de grosses préoccupations aux bonzes syn-dicaux, dans un premier temps, et au parti CornmunleteItalien qui les manipulait et craignait d'être débordéà gauche par de nouvelles formations anti-syndl~leset extra-parlernentalres: Enfin. même une fraction descapitalistes craignait de voir se perturber le co-exts.tence syndicat-patronat à laquelle ils ét ..ient depuislongtemps habitués au nom de la producnvttë.

A tout cela, il faut ajouter l'affrontement direct entrele néo-capitalisme avancé (Agnelli-Pirelll). partisan" del'entrée du parti communiste au pouvoir en élargis-sant la coalition dite de • centre gauche" Idëmocrates-chrétiens, partis' républicains, parti soctaljste, partisocial-démocrate) au nom de la • paix socialè • d'unepart, et le capitalisme arriéré des petits industrielsqui craignent la concurrence des gran~s trusts' (Flat,pirelli, etc ...) et sont prêts à utiliser I~s méthodes·.tra-ditionnelles d'intimidation fasciste dans le but 'évidentd'arrêter la lutte rél__dicaledu prolétariat ..et d'annulerses conquêtes économiques, insupportables' pour euxalors qu'elles sont très bien récupérées par '8 poli-tique des grands trusts. .

Deux faits très Importants sont ég4dement il consi-dérer :

1) Les manœuvres de la C.I.A. opposé.e li .l'entréedu parti communiste dans le gouvernem~t ..

2) la présence, en Italie, de nombreux agents descolonels' grecs qui cherchaient à produlre de. troublesvisant à rompre l'isolement dans lequel se trouvaitla grèce face à' l'Europe, éléments qui comptaient detrès forts appuis chez les offtelera de l'armëe et' chezles carabiniers ainsi que dans les milieux de droite(le chef des services secrets grecs, Constantine Pie-vris, était à Rome chargé de la question Italienne dansles jours précédant les attentats).

G.I.s:Depuis 1967 est apparu au sein même de l'armée

U.S. une forte opposition à la guerre du Viet-Nam quis'est matérialisée par la création d'un syndicat de sol-dats 4: L'Union Syndicale des soldats "f> (A.S.U.).

L'A.S.U. s'est d'abord consacrée à la défense dessoldats emprisonnés pour refus d'aller au Viet-Namà l'organisation de noyaux « syndicaux » dans lesbases et à la liaison entre ces noyaux. Actuellement,le mouvement va en s'amplifiant et il existe plus d'unecentaine de journaux, bulletins renéotipés avec un ti-rage de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.« BOND », organe mensuel de l'A.S.U. circule à luiseul à plus de 60000 exemplaires grâce à un vasteréseau qui va des U.S.A. au Viet-Nam, comme d'Eu-rope en Amérique Latine.

Ce qui est important, c'est que l'A.S.U. a su dépas-ser le cadre purement « corporatif », pour axer lalutte sur un 'terrain politique : aux revendications desalaire minimum garanti ou de droit à une conventioncollective, sont adjoints des points qui mettent en

.cause l'institution répressive qu'est l'armée :_ Refus d'obéir aux ordres illégaux;_ Election directe des officiers par les soldats;

_ Refus d'intervenir contre les ouvriers grévisteset 'les 'manifestations. (cf. la Plateforme de l'A.S.U. ci-

· dessous).D'une stratégie purement défensive à ses débuts,

l'A.S.U., 'par' la voie de l'action directe et l'alliance'avec .les ·'groupes révolu.tionnaires (Panthers Noirs,Young Lords, porto-ricains, Panthers blanches ...) estmaintenant passée à l'offensive :

_ Refus collectif de partir au Viet-Nam (septembre"1970, au Fort Lewis, Washington;

_ Partlcipation active des soldats aux manifestationscontre la guerre (Japon, Allemagne, U.S.A.) ;

_ Refus de mettre les tenues spéciales anti-émeuteslors des dernières rnanifestatlons aux U.S.A.;

_ Désertion collective (il y a actuellement 500 dé-sertions par semaine dans l'ensemble de l'armée11.S,)' ;

_:_Rebellion dans les prisons militaires;- Àcti<;m directe: à Krailshein (Allemagne) un G.r.

noir arrêté par la police milltalre et libéré par trente

PLATEFORME DE L'A.S.U.

--: Nous. voulons :1. Le droit de refuser d'obéir aux ordres illégaux

comme celui d'aller se battre dans la guerre impéria-liste et illégale au sud-est asiatique;

2. L'élection directe des officiers par les soldats;

Nos balles seront pour nos1 1propres generaux

3. La suppression du salut aux officiers;de ses camarades qui prennent d'assaut la jeep de po-lice et désarment les gardes; près de Qui-Nhom (Viet-Nam), une grenade « malencontreusement » dégou-pillée fait sauter le sergent fasciste Reed dans sonbunker (octobre 1970) ;

- Collectes de solidarité au profit des grévistes dela Général Motors.

Il faut maintenant que l'A.S.U. franchisse un nou-veau pas dans la lutte : il faut qu'elle prôôône la fra-ternisation entre soldats U.S. et guer illos viet-namiensdu sud-américains; il faut qu'elle remette en causel'existence des bases américaines à l'étranger, chiende garde de l'impérialisme; il faut qu'elle développeencore davantage l'alliance entre les soldats et laclasse ouvrière américaine.

4. Le droit pour les soldats de couleur de détermi-ner eux-mêmes leurs modes de vie, sans qu'ils aientà subir les brimades de racistes blancs; pas d'envoisde troupes dans les quartiers noirs ou de langue es-pagnole;

5. Pas d'envoi de troupes contre les manifestationspacifistes;

6. Pas d'envoi de troupe contre les ouvriers engrève;

7. Le contrôle des soldats sur les cours martiales;8. Le droit d'association politique;9. Un salaire minimum garanti;

10. Le droit à une convention collective .

A la suite des attentats du 25 avril 1969, huit anar-· chistes sont donc arrêtés : Eliane Vincileone, et son

mari l'architecte Coradini, Paolo Braschi, Paok> Fac-cioli, Angelo Della Savia, Tito Pulsinelli, Elara Mazzan-ti, Guiseppe Norscia. On leur reproche 18 attentats,commis entre le 30 avril 1968 et le 25 avril 1969. Despreuves et des faits précis, il n'yen a pas. En dehors

· des racontars. d'une désiquilibrée manipulée par lapolice, Rosema Zublema. Les seuls éléments à 'charge

.ne concernent pas les événements du 25 avril.

.. l'illégalité de l'enquête est totale :al L'arrestation' d'Angelo Della Savia en Suisse a

eu lieu à la suite de J'action d'Interpol, alors que lesstatuts de cette organisation, précisent qu'elle ne

· doit pas s'occuper d'affaires à caractère politique....: b) Le chef du bureau politique de la questure mila-

~.naise,. ,t\ntonio Alleqro. assistait aux interrogatoiresd'Angelo Della Savia, menés par le juge d'[nstructlonSuls,se alors que la présence d'un fonctionnaire depolice lors de l'instruction est interdite par la loi.

cl Aucune confrontation n'a eu lieu entre les in-culpés et le • super-témoin -. Rosemma Zublena, selon

· les dires de laquelle, ils auraient été mêlés à cesattentats (alors que la dite Zublena est allée de con-tradiction en contradiction au cours de l'enquête).

dl Aucune notification des éléments retenus contre. eu)( n'a été faite aux inculpés.· e) Les chefs d'inculpation n'ont été précisés que

plusieurs mois après le .début de l'enquête (ces deuxderniers points sont contraires à la fois à la loi ita-lienne et à la déclaration européennes des drojts del'homme, à laquelle adhère l'Italie).

f) Une demi-douzaine de témoins qui répondent ca-téqortquement de l'emploi du temps de Coradini etde sa femme Eliane Vincileone sont inculpés de fauxtémoignages et il faudra de nombreux mouvements deprotestation en Italie, en France et en Allemagne(grève de' la faim, occupation de consulats) pour quenos deux camarades soient libérés par un arrêt de lacour de cassation pour manque d'éléments à charge,malgré l'opposition du juge d'instruction.

g) Le 7 'décembre. les hebdomadaires anglais l'Ob-server et le Guardian, publiaient un document secret

·0' signé du chef du bureau diplomatique des affaires· étrangères d'Athènes qui entre autres, apportait la

preuve que les attentats du 25 avril 1969 étaientl'œuvre des agents des colonels grecs : • Il n'a pasété possible' de réaliser avant le 25 avril les actionsqu'II avait été prévu de réaliser antérieurement. Cette

modification de nos pians' nous a été imposée par la

difficulté de pénétrer dans la pavillon Fiat -. l'Instruc-tion refusera de tenir compte de cette pièce en fa-veur des accusés.

Deux heures après les attentats du 12 décembre1969, la police faisait irruption au siège du groupeanarchiste milanais et arrêtait deux camarades pré-sents : A. Valpreda et Guiseppe Pinelli. lils étaientconduits à la Préfecture de Police où ils étaient sou-mis à des interrogatoires continuels qui avaient pourbut de leur faire avouer la responsabilité des anar-chistes en général dans tous les attentats commis enItalie et plus particulièrement celle de Valpreda dé-noncé comme coupable par le fasciste Mario Mer-lino. Dans la nuit, pendant un interrogatoire les poli-ciers tentèrent de faire toucher par A. Valpreda unmorceau de la bombe qu'ils avaient fait exploser afinqu'il y appose ses empreintes digitales. Dans lesnuits qui suivirent, on réserva à Pinelli un traitementtout à fait particulier en l'empêchant de dormir et enl'interrogeant sans interruption jour et nuit.

C'est ainsi que, six jours après, dans la nuit du 15au 16 décembre, Pinelli se suicide en se jetant d'unefenêtre du 4· étage (celle du bureau du commissaireCalabres!) en criant selon la version pollcière : " c'estla fin du mouvement anarchiste international -, ceciaprès que Calabresi lui eut révélé que Valpreda avaitavoué. La police continue à affirmer que le brigadierPanessa au moment où Pinelli se f( sulclda -. essayade le retenir sans y parvenir et qu'il lui resta dansla main une chaussure de Pinelli. Seulement les jour-nalistes présents dans la cour virent et photographiè-rent le corps de Pinelli les deux pieds chaussés. Lepréfet de police, Marcelo Guida, (ancien directeurd'une prison de détenus politiques sous le régime deMussolini) donna sa version personnelle : il déclaraqu'il aurait fait la même chose que Pinelli lorsqu'ilaurait vu son alibi s'écrouler. Sa version fut pourtantcontredite puisque trois témoins. dont un policier enretraite et un autre en service actif, confirmèrent l'ali-bi de Pinelli. Un camarade qui était dans le couloir,en face de la chambre où se trouvait Pinelli, entenditvers minuit des cris étouffés, des bruits de chaisesrenversées et après quelques minutes il vit Calabresiet le lieutenant de carabiniers, Sabino Lograno, suivispar les brigadiers, sortir tous ensemble de la chambreen criant: " ce sale criminel, il s'est jeté par la fe-nêtre, il avait compris que pour lui, c'était fini -. Lecommissaire Calabresi nia avoir été présent dansla salle quand Pinelli se " suicida " et affirma s'en

être allé un quart d'heure avant. Les journalistes pré-sents dans la cour virent le corps de Pinelli tomberle long du mur en heurtant deux corniches l'une aprèsl'autre, sans entendre un cri. En faisant un contrôlesur J'horaire de l'arrivée de l'ambulance on s'aperçutqu'elle avait été appelée un peu avant que Pinelli netombe de la fenêtre. Les deux brancardiers qui trans-portèrent le corps furent peu après transférés dansune autre ville et l'infirmière qui assista à l'autopsiefut licenciée. La plupart des médecins qui procédèrentà l'autopsie furent très étonnés parce que les mainset les bras du mort ne présentaient aucune blessureet qu'il ne perdait pas de sang par les oreilles et parla bouche comme c'est le cas dans un suicide. Ils re-marquèrent aussi la présence d'un hématome au couqui n'avait rien à voir avec la chute .• L'Avanti -, quo-tidien du parti socialiste, faisant partie de la coalitiongouvernementale, affirma en première page que lacause de la mort de Pinelli était due à un coup dekaraté et fit allusion à l'expérience de Calabresi,comme champion de karaté.

La magistrature en la personne du juge Amati, igno-ra tous ces témoignages et 5 mois après casse l'en-quête par un non lieu, sans donner aucune explica-tion à l'opinion publique.

Toutes ces accusations et tous ces attentats dontles véritables auteurs courent encore, nous démontrentque face à la montée révolutionnaire et face à la criseéconomique, la fraction la plus autoritaire du capita-lisme, qui a su utiliser les nervis fascistes pour ac-croitre " les perturbations politiques -, cherche àcréer les conditions d'une évolution autoritaire de ladémocratie italienne : " contre les extrêmes oppo-sées, il faut assurer l'ordre dans la stabilité _.

Les procès de Milan qui se sont rouverts le 22Mars 1971 ne peuvent être compris que dans cetteoptique et présentent d'autant plus d'importance quela tactique qui se développe en Italie a également com-mencé à se développer en F~nce (VOir déclaration deMarcellin après le meeting d'Ordre Nouveau). Les dé·clarations de la presse italienne et française conver-gent vers le même processus de répression.

" Corriere della Sierra " au sujet des attentats deMilan dénonce" l'état de chaos dans lequel se trouvela nation, l'impuissance et l'excessjve tolérance dontfait preuve le gouvernement de centre gauche - etdemande un gouvernement fort, capable de mainte-nir l'ordre et d'empêcher le terrorisme anarchiste etla subversion.

. . : .. : :

..

unt 'société aliénantene peut produire

d 1·"que 1 es «a lentS »

Ce tract n'a rien à voir avec la .. Politique • =On veut parler un peu des malades ·mentaux. C'est un sujet

que les gens n'aiment pas aborder. La folie est une maladlehonteuse. On ee débarrasse des • fous ., -de tous C8_UX quigênent, en les entassant d.errière des murs, des grilles, desportes et toutes sortes de barrières administratives et poli-cières. Tout est organisé pour que nous puissions les oublier.On ne veut pas voir ce qu'on pourrait être, ce qu'on pourraitdevenir ... jusqu'au jour où ça vous tombe sur la gueule à vousaussi.

C'est ce silence complice, gêné , ob$ène que nous refufOM 1On peut, tout d'abord, dire comment ça se passe à l'hôpital

psychiatrique de Mayenne qui' ressemble à des tas d'autres. Laplupart des malades ont été contraints à y entrer, Ils deviennentalors des objets livrés à l'arbitraire du psychiatre. On leur ad-minlstr-e : 'inJections de drogues,' électro-chocs, séjours en cel-lules d'Isolement. .

~ L'emploi continu et à doses massives des drogues psy-chochiml·ques paralyse réflexe et esprit du • melade .» quidevient obèse, léthargique, engourdi. Et puis, il y a les rlsquesd'accoutumance : combien de malades quittent' l'asile pour yrevenir chercher leurs injections quotidiennes.

- Le pire, c'est l'électrochoc. On fait passer un courant. électrique dans -le crâne, ce qui détermine une crise d'épllepsle:

suivie de. troubles de la mémoire et d'altérations caracté-rielles. On soigne le mal par le mal et Jes eff-ets sont souventeffroyables.

Ces • remèdes ,. présentent des dangers si graves que cer-tains psychiatres (ils deviennent de plus en plus nombreux)en proscrivent absolument l'usage et vont jusqu'à les quatlfier• d'Instruments de torture ., de méthodes dignes des campsde concentrations nazis, et. à la place, pratiquent la psychoté-rapie; les autres, pires que des assassins, tuent les raisonsde vivre, détruisent la personnalité et rendent leurs clientsvraiment malades. Quant aux ivrognes, on les force à boirejusqu'à la nausée, ils .vomlssent. se vautrent dans la souillure,boivent encore... On prétend ainsi les .dégoûter de boire. Enréalité, de plus en plus déchus, ils reviennent continuellementà Mayenne.

les • fous » sont récupérés pour être réintégrés dans le cir-cuit formé par les « gens normaux ., producteurs et consomma-teurs utilisables et exploitables dans la société actuelle. Il existemême des usines pour handicapés, où les salaires sont encoreplus bas qu'ailleurs.

L'asile est bien utile aussi 'comme lieu clos où la sociétépeut se débarrasser des révoltés, des. assoclaux ., de ceuxqui • causent du désordre •. Des exemples :

Un père dont l'enfant est tué par une automobile, à caused'un carrefour mal aménagé, ce père, fou de douleur, - c'estle contraire qui serait anormal - gueule sur. le maire. Celui-cile fait enfermer à l'hôpital psychiatrique d'où Il ne sortira qu'au

. bout de deux ans.

Un jeune, en mai 1968, un peu excité, casse la gueule à unflle : il est toujours à l'hôpital psychiatrique, heu-reux (qui n'apas eu envie de casser la gueule à un flic ?).

Une société se définit à la façon dont elle considère sesinadaptés et au nombre de ceux-ci. Véritable police d'adaptationmentale, des services de • dépistage lt et • d'aide psycholo-gique • sont>mis en place dès l'école, à l'usine, dans les dis-pensaires, dans les H.l.M. à l'ospice. Cette action préventIves'attaque aux symptômes économiques et politiques de notresociété. .

Comité d'Action Antipsychiatrique

Organisation Révolutionnaire Anarchiste

1789,au Théâtre du Sole'illa rencontredu théâtre populaireet de la Révolution

A un moment ou nous tentons et de compren-dre la Commune de 1871, et de la .rendre acces-sible, où nous pouvons montrer qu'il n'y a pasde révolution mais « la révolution » avec àchaque moment un contexte différent et bienprécis, Ariane Mnouchkine et sa troupe nousaident par leur vision du théâtre et de la révo-lution de 1789 à saisir ce que fut cette granderévolution française, la seule - dit Marx - qui,de 1729 à 1794 connut un mouvement ascendant,pasant des minorités nobles puis riches, à descouches de plus en plus larges de la moyenne,puis petite bourgeoisie, pour en ariver à la ten-tative de démocratie directe et de contrôle éco-nomique des sans-culottes, ouvriers et petitsbourgeois parisiens.

Si le Théâtre. du Soleil sait provoquer chez lespectateur, qu'il veut aussi actif, l'émotion et lajoie, c'est parce que cette troupe a renoué avecle théâtre populaire, retrouvant le sens du théâtre grec mêlé à la nuture et aux hommes, oùcelui du théâtre du moyen-âge qui fut la re-présentation des valeurs les plus profondes desindividus.

C'est à la cartoucherie de Vincennes, ensemblequelque peu délabré au fronton duquel le pan-neau tricolore délavé prend d'emblée une autrevaleur dans une immense salle type gymnaseque le' décor est posé. Quelques gradins, au dosdesquels se préparent les acteurs, sans cérémoniela scène formée d'un vaste ensemble de trétauxen forme de rectangle sur quatre plateau qui sefont face, au centre desquels, debout, évoluentles spectateurs ; tout se pase sur les trétaux, lesplateaux, dans le public.

Tout d'abord des tableaux, à peine mobiles,signifiant, la misère du peuple, de ces paysansqui las de ne pouvoir trouver travail et nourri-ture, sans avenir, tuent leurs nouveaux-nés, del'omnipotence des aristocrates pour lesquels lavie de leurs sujets n'a même pas de valeur mar-chande, et du clergé qui ne pense qu'à la dîme,de la veulerie du roi et de son entourage ; ta-bleaux qui évoquent peintures populaires del'époque.

. Des caricatures célèbres sont mimées : lepaysan-peuple. portant sur son dos le roi-noblesseaux griffes acérées, l'évêque-clergé corbeau-accaparateur, Parfois le mouvement s'intercalepour symboliser l'écrasement du peuple sous lagabelle, l'impôt le plus impopulaire.

Des procédés plus classiques, de représenta-tion théâtrale servent à expliquer les différentessituations.

_. de la cour de l'entourage du roi, qui pourésoudre la crise financière pour lui et non po-

.itique et sociale doit convoquer les Etats Gé-aéraux ; mais même dans ce cadre-là se. mê-rent des scènes de danse, de femmes hisurtes ethystériques représentant les intrigues de lacour ;

- des populations rurales et urbaines, où paran jeu habile, la hiérarchie de la paysannerieet de la bourgeoisie montre comment l'exploitérencontre toujours un explotieur à son tuorexploité ...

- de la bourgeoisie de la haute finance et del'industrie, détonateur révolutionnaire dans lepeuple avant d'en devenir très vite le frein. Le

. 21 octobre 1789, avec la loi martiale, au signal dudrapeau rouge, la bourgeoisie peut réprimertout mouvement populaire.

Le théâtre de marionnettes est aussi utilisépour représenter les Etats Généraux ou encore,avec une note romantique et poétique, pour évo-quer le retour du roi et de la reine à Parisaprès les journées d'octobre 1789.

Enfin, il n'y a pas une foule anonyme de spec-tateurs pour la troupe du Théâtre du Soleil et,aux événements les plus importants, c'est à despetits groupes de spectateurs que s'adressentles acteurs dispersés dans la. foule qui. s'J.ndivi-dualise : là on fait, à voix basse .d'abord, lé ré-cit des journées qui ont précédé le 14 juilletpour aboutir à la prise de la Bastille, à la gi-andefête populaire où la joie que nous partageonsest celle de la libération des forces d'oppressionde l'absolutisme royal, de l'espoir qui nait de-vant la chute de l'ancien régime, même si noussavons que derrière la foule veille, l'œil bril-lant, la bourgeoisie.

Nous sommes alors plus en mesure d'écouteret de comprendre les discours des bourgeois quidéfendent leur nouveau pouvoir et ceux destribuns populaires et surtout de Marat qui dé-nonce toutes les manœuvres et mets en gardele peuple contre les menées de la bourgeoisie.

Déjà se dessinent les deux possibilités :

- Celle d'une révolution strictement politiqueou-la-r-éaHté du p()-tiv-oir:-ée~nomif.J:ue-etpolitiquerevient à la bourgeoisie, la liberté économique ...enfin obtenue, étant celle de l'exploitateur.

- Celle d'une révolution sociale à contrôleéconomique en faveur des classes pop~ires . li.limitation très stricte du droit· de -propriété: àdémocratie directe avec contrôle des élus, ré-vocables à tout moment.

Le théâtre du Soleil a réussi à montrer commele pouvoir se transmet à l'aristocratie de nais-sance (noblesse) à l'aristocratie de l'argent(bourgeoisie) .

Des personnages bien campés sont les portes-paroles de leur c-lasse : tel La Fayette. A laveille du 14 juillet, 11 dit aux grands bourgeoisassemblés : « Il faut lâcher le peuple », Lesbourgeois consternés se regardent la minelongue; mais reprend le "futé La Fayette : « Jen'ai pas dit armer le peuple! J'ai dit lâcher .1epeuple ». Et chez les spectateurs:' c On n'arme-pas le peuple, il s'arme tout' seul » •

Quand la trahison de La Fayette est évidente:«La Fayette, salaud, le peuple aura ta peau ».

Cependant nous pouvons regretter que l'élé-ment le' plus avancé .de cette révolution ait étélaissé de côté; bien sûr le peuple apparaît cons-tamment mais toujours assez inf<lnne ou enca-dré par ses leaders; encore aurait-on .pu expli-quer que la violence verbale de Marat, toujourshonni aujourd'hui, n'est que le signe de leurdifficulté à régler les problèmes économiques.Or, il y avait à Paris, 48 soutiens de sans-cu-

.lottes, organisés, actifs, armés -théeriquement,et militants contrôlant toute l'activité politique,créant la première Commune insurrectionnellede Paris en Août 1972; sans-culottes décapitéspar les Montagnards (Robespierre, Saint-Just ...qui moururent de n'avoir pas choisi. entre lessans-culottes et les bourgeois libéraux) , em-prisonnés, _guillottinés, envoyés loin de Parisau nom de la défense nationale.

Il n'en reste pas moins vrai que la .tentatlvedu théâtre du Soleil s'inscrit dans une veinepopulaire, sans démagogie, et qu'il sait nOusfaire partager .les sentiments. des m&Slt4!srévo-lutionnaires de 1789 et notamment tout le po-tentiel d'espoir et de joie.

(1) «1789 » au Théâtre du Soleil à 1â èartou-cherie de Vincennes du mercredi ..u· dimanchesoir (20 h 30). Il est possible d'aller à 19 h re-tirer les places avant Ia séance.

front libertaire 1---------------------POUR UN MAI

1 e e classeChloromormés par le travail aliénant et

l'idéologie dominante, maintenus dans l'igno-rance de leurs intérêts de classe par les bu-reaucraties syndicales, les travailleurs redé-couvrent par la radica.lisation de leurs luttes(grèves sauvages, séquestrations de pa-trons), le véritable processus d'action directedu jeune prolétariat du siècle dernier pourarracher un des premiers jalons de l'émanci-pation ouvrière : la limitation des heures detravail.

Ce· qui est devenu aujourd'hui une fête lé-gale était au siècle dernier un jour de lutteoriginelle de classe des travailleurs contrele travail aliéné. C'est en effet le principedes trois huit - huit heures de travail, huitheures de loisirs, huit heurs de sommeil -qui est à l'origine de la démonstration du t"Mai.

La lutte commença en Angleterre, puis enFrance, premier pays industrialisés d'Europe,où la misère ouvrière était grande, contre lesconditions de travail dés femmes et des en-fants et pour la diminution des heures detravail. Mais c'est en Amérique qu'elle connutla répression la plus sanglante, créant ainsiune prise de conscience à l'échelle mondialedu prolétariat contre le système capitaliste.La grève des 200000 travailleurs américainstrouva, en 1886, une fin tragique à Chicagooù le massacre des ouvriers grévistes se ter-mina par le procès de 8 anarchistes accusésinjustement d'avoir lancé une bombe sur lespoliciers.

C'était chaque année une preuve de soli-darité entre les travailleurs et une affirma-

tion de leur volonté de provoquer le caplta-lisme en abattant les frontières. A chaquecoup porté par la classe ouvrière, le pouvoirrépondait: la police chargeait ( en 1891, mas-sacre à Fourmies de jeunes gens qui reve-naient joyeusement des champs pour fêterle 1er Mai), les patrons fermaient leurs portesaux grévistes, les jaunes étaient ouvertementencouragés dans leur rôle de provocateurs.

Avec la première guerre mondiale, les es-poirs d'émancipation se sont évanouis. Aunom du pacifisme, de la paix, et de la défensede la patrie, les politicards de tous bords ontfait revêtir aux prolétaires l'uniforme deschairs à canons, les transformant ainsi en dé-fenseurs des intérêts d'une bourgeoisie qu'ilsauraient dV continuer à combattre.

Les mascarades, les défilés militaires. lesmesses du travail à la Pétain, ont fini par

.détourner définitivement cette journée delutte de classe sur une voie de garage.

Les journées de revendications bidons neservent qu'à détourner les travailleurs desvéritables revendications qui, elles, peuventmettre le pouvoir en danger.

Le t" Mal n'a jamais été une fête, ni unejournée de fraternité des classes jusqu'en1968. Il a été la grande victoire de la bour-geoisie puisque les travailleurs chapottéspar leurs organisations syndicales (ou le Par-ti tout-puissant dans les pays de l'Est), défi-laient sagement comme des anciens combat-tants.

Mals le peuple en a marre.

Les étudiants démasquent le faux libéra-lisme de la société bourgeoise. les ouvriersdénoncent les cadences infernales et l'auto-rité patronale, les paysans ressentent avecforce leur condition d'exploités. Partout oùl'injustice économique et politique se faitsentir, le sentiment de révolte nait.

En réponse à la politique d'intimidation deta bourgeoisie. te peuple doit répondre parsa propre pratique qui n'a rien à foutre avecles conseils de modération de tous les poli-ticards qui ont définitivement choisis la colla-boration de classes.

Quand Je peuple s'occupe de' ses affairespersonnelles les gouvernants et les bourgeoisn'ont plus qu'à bien se tenir 1

le 1U Mal, c'est tous les jours.

J'ai 46 ans; je suÏl chauffeur routier interna-tionat et je suis l'Uhutration vivante du produitde t'in,truction primaire dispensée à ceux d'ori-gine ouvrière : Charlemagne, ta victoire deBouvines et de Marignan et puis au boulot à14 ans, tout fier et tout heureux de se retrou-ver à 22 ans au votant d'un poids lourd à con-duire bien souvent pendant seize heures d'affi-lée sans compter les dimanches paués la plu-part du temps sur les routes. Tout Ça pour lecompte des patrons qui à la fin du mois tri-chaient sur mes heures et sur mes frais et,comme c'était te méme lot pour mes cama-rades de métier que je croisais dans les relaisou aux postes-frontières, j'en étais arrivé àcroire bien que j'en ressentais l'injustice, quecela ne pouvait cha.nger ayant simplement man-qué de chance à ta naissance.

Puis il y cinq ans, j'ai fait ta connaissance decamarades syndicalistes révolutionnaires; pourmoi qui était cotisant depuis 18 ans dans uneorganisation syndicale, plus soudeuse de ré-pandre la bonne parole de l'amicalisme que dusllndicalisme, ;e me TendÏl compte que, depuis18 au, cette organisa.tion qui prenait mon argentPTo1Ü4it de ma" aclavage au volant pour me

VIVE LA PROCHAINE COMMU Eleurrer et me trahir. Ators ma colère et mon dé-goût furent sans bornes. Aprè, de nomb'teuH'lectures, arrivé à 42 ans, je pris conscience despossibilités révolutionnaires, criant mq colèTe àceux qui m'avaient roulé et du.pé si longtem~.

A qui faut-il m'adresser pour remercier dem'avoir si longtemps taissé dam l'ignorance? Demême que je découvrais le combat syndical, demême je viens de découvrir le combat de laCommune de 1871.

Alors là je me doute de la fête qui dû êtrela leur à tous ces esclaves de la veiHe en se sen-tant maîtres d'eux-mêmes, bon dieu moi j'enaurais été saoûl de joie. Et je suis ~r que cetavaut le coup de se retrouver avec un f'lUil dansles mains pour défendre un truc comme ça. Etpuis leurs représentents qui décrétaient la jour-née de huit heures et l'Interdiction du travailde nuit pour les boutangers, que n'auraient-il,pas fait pour des routiers comme moi, et bienmerde, ça valait le coup de faire des barricadespour défendre tout ce changement!

Alors maintenant, je comprends pourquoi onne me l'a jamais appris à l'école, l'histoire dela Commune; on avait peur que connaissant lemoyen de me faire rendre justice j'apprenne

TRAVAILLEURSaUlli ci obtenir la. part qui m'était due, quej'avaù te droit de vivre comme ceux que j'en-ricMnail; que favail droit à une vie familialecomme tout le monde, que le. gendarmes et lapolice qui m'emmenlaient mT les route. cm lieud'aTTlter le. V1W. voleu,., ne repré,mtaientpas ta -vraie ;1Utice; qu'cm m'a1Hlit volé ainsiqu'à. beaucoup de me. camaradu vingt an•. Oui,j'ai compris pourquoi on ne me l'avait pas ap-pris, l'hi8toire de ta Commune; que l'on avaiteu peur qu'avec tous le. forçats du trœ-vaitcomme moi, on se mette un jour to1u emembleà botter les fe$le. de ceux qui profitent de notrepeine et de notre ignorance pour que jamaisplus on ne vole les vingt ans à personne; pourque l'on enseigne aux enfants à être des homme.,plutôt que de bons citoyens disciplinés et sou-mis : continuant à trimer saM avenir pour tegrand bien du capital.

Et puis, ils ont encore plus peur que tous lesvolés, tous tes soumis, tous les brimés la re-commencent la Commune, et pourquoi pas?Pour ta vie que j'ai eue et que beaucoup de mescamarade, ont eu. à l'ombre du dra.peau bleu-blanc-1'ouge, je .ens que je m'accommoderaiaussi bien du dTapeau rouge que du dmpeaunoir.

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