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2 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

4 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

TABLE DES MATIERES

AVANT- PROPOS……………………………………………………………………..……...Préface …………………………………………………………..……………………..........L’IMPORTANCE DU DÉSARMEMENT DANS LE CONTEXTEINTERNATIONAL ET AFRICAIN.....................................................................................................................

PARTIE I : LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE………………………….……………….......

CHAPITRE I : LES ARMES NUCLEAIRES…………………………………………….......I. Présentation générale……………………………………………………………………..A. Rappel historique………………………………………………..…………………….......a. Prolégomènes scientifiques et techniques.........................…………………..............b. L’entrée dans l’ère nucléaire…………………………………………............................B. Présentation des traités internationaux à vocation universelle………………………...1. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires……………………................2. Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires……………………................C. Présentation des organisations internationales à vocation universelle (AIEA et Commission Préparatoire)…………………………………………………….....................1. L’Agence internationale de l’énergie atomique…………………………………….......2. La Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais………………………………………………………...........................................II. Focus sur l’Afrique…………………………………………………………………..........A. Historique des armes nucléaires appliqué à l’Afrique………………………………….1. Contribution de l’uranium africain aux programmes nucléaires militaires……...........2. Les essais nucléaires sur le continent africain…………………………………….........3. Le programme nucléaire militaire de l’Afrique du Sud et son démantèlement….....B. Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et Traité d’interdiction complète des essais : état des lieux sur le continent…………………….........................................1. Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires……………………………...........2. Traité d’interdiction complète des essais nucléaires……………………………….......C. Le Traité de Pelindaba……………………………………………………………….........1. Obligations à la charge des Etats parties…………………………………………......2. Mise en place de la Commission africaine de l’énergie nucléaire……………….....3. Protocoles ouverts à la signature d’Etats extérieurs à la Zone………....................

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4. Etat des lieux du Traité et de ses Protocoles……………………………………….........

CHAPITRE II : LES ARMES CHIMIQUES…………………………………………….........I. Présentation générale……………………………………………………………………....A. Rappel historique………………………………………………………………………........B. Présentation des instruments juridiques internationaux à vocation universelle………1. Le Protocole de Genève de 1925……......................................................................2. La Convention d’interdiction des armes chimiques……………………………………...C. Présentation de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.....................II. Focus sur l’Afrique……………………………………...………………………………......A. Historique des armes chimiques appliquée à l’Afrique………………………………....B. Etat des lieux des traités…………………………………………………………………...C. Textes régionaux sur les armes chimiques……………………………………..................

CHAPITRE III : LES ARMES BIOLOGIQUES………………………………………..............I. Présentation générale…………………………………………………………………..........A. Rappel historique…………………………………………................................................B. Présentation des instruments juridiques internationaux à vocation universell...........1. Le Protocole de Genève de 1925……………………………………………………........2. La Convention d’interdiction des armes biologiques……………………………............3. La Convention d’interdiction des armes chimiques………………………………...........II. Présentation de l’Unité d’appui à l’application et autres organisations internationales pertinentes…………………………………………………..................................................1. Unité d’appui à l’application……………………………………………………….............2. Autres organisations internationales pertinentes…….................................................a. Organisation Mondiale de la Santé……………………...................................................b. Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE)………………………………...........c. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture…………..............III. Focus sur l’Afrique……………………………………...................................................A. Historique des armes biologiques appliqué à l’Afrique…………………………...........B. Etat des lieux des traités sur le continent africain…………………………………........C. Textes régionaux sur les armes biologiques………………………………...................

CHAPITRE IV : LA RESOLUTION 1540……………………………………………….........I- Présentation générale………………………………………………………........................A. Rappel historique…………………………………………………....................................B. Présentation de la résolution 1540………………………………...................................C. Présentation de la machinerie de la résolution 1540……………………………….......1. Focus sur l’Afrique........................................................................................................a. Accompagnement institutionnel aux efforts de mise en oeuvre de la résolution 1540...b. Statut de la mise en oeuvre de la résolution 1540 sur le continent..............................

6 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

PARTIE II :LES ARMESCONVENTIONNELLES……………………………..……………………........

CHAPITRE 1 : LES ARMES CLASSIQUES……………………………………………......I. Enjeux Identitaires : La Notion D’armes Classiques…………………………………....A. La relativité des critères définitionnels…………………………………………………..1. Le critère de « maux superflus » ou de « souffrances inutiles »………………………..2. Le critère d’armes « frappant sans discrimination »…………………………………....B. LA DIVERSITE DES CATEGORIES D’ARMES CLASSIQUES................................1. Les armes soumises à limitation………………………………………………………….2. Les armes faisant l’objet d’interdiction......................................................................II. ENJEUX STATUTAIRES : LE DESARMEMENT « CLASSIQUE »………………......A. L’APPORT DE L’AFRIQUE AU DESARMEMENT CLASSIQUE………………..........1. La participation à une dynamique mondiale…………………………………………….2. Les initiatives aux plans régional et sous régional……………………………………....B. L’IMPACT DU DESARMEMENT CLASSIQUE EN AFRIQUE…………………..........1. Un vecteur de paix et de sécurité………………………………………………………..2. Un facteur de développement………………………………………………………….....CONCLUSION……………………………………………………………………………......

CHAPITRE 2 : LA LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE (ALPC) EN AFRIQUE…….....................................................Section 1- Étude du phénomène de la prolifération des ALPC en Afrique……………...A- Précisions conceptuelles………………………………………….................................1- Qu’entend-on par ALPC ?........................................................................................2- Qu’entend-on par prolifération des ALPC ?............................................................B- État des lieux de la prolifération des ALPC en Afrique……………………………....1- Les sources de la prolifération des ALPC en Afrique………………………………....2- La prolifération des ALPC provenant des stocks officiels………………………….....a)- Les transferts d’armes entre États……………………………………………………....b)- Les armes non rendues par les anciens combattants………………………………....3- Les sources illicites de la prolifération des ALPC……………………………………....a)- Les armes dérobées dans les casernes militaires………………………………….....b)- Les armes frauduleusement commercialisées par les réseaux de trafiquants…………c)- La fabrication artisanale d’armes à feu……………………………………………….....d)- Les opérations de maintien de la paix…………………………………………….........4- Les raisons de la prolifération des ALPC en Afrique………………………………......a)- Les raisons politiques………………………………....................................................b)- Les raisons socio-économiques : la chasse et le braconnage…………………........5- Les conséquences de la prolifération des ALPC en Afrique……………....................

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a)- Propagation des conflits………………………….......................................................b)- Développement de la criminalité transfrontière en Afrique………………………......c)- Accentuation de la pauvreté…………………………………………………………......d)- Prolifération des ALPC et développement du terrorisme en Afrique……………......6- Les détenteurs d’ALPC en Afrique…………………………………………………........a)- La possession d’armes par les acteurs étatiques……………………………………....b)- La possession d’armes par les acteurs non étatiques………………………………....

Section 2 : Exposé du cadre réglementaire encadrant les ALPC en Afrique…………...A- Les instruments universels………………………………………..................................1- Le Protocole sur les Armes à Feu……………………………………………………......2- Le programme d’action sur les ALPC………………………………………...................3- L’instrument international de traçage………………………………………………........4- Le traité sur le commerce des armes………………………………………………........B- Les instruments continentaux relatifs aux ALPC en Afrique……………………….....1- La Déclaration de Bamako……………………………………………………………......2- La Déclaration de Windhoek………………………………………………………….......3- L’Agenda 2063……………………………………………………………………….........C- Les instruments sous régionaux de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique.......................................................................................................................1-Les instruments de l’Afrique australe………………………………………………...........2- Les instruments de l’Afrique de l’Ouest……………………………………………….....3- Les instruments de la région des grands lacs et de la corne de l’Afrique……………...4- Les instruments de l’Afrique centrale…………………………………………………....a)- Le parcours de la Convention de Kinshasa………………………………………….....b)- La Convention de Kinshasa………………………………………………………….......D- Les instruments nationaux…………………………………………………………….....1- Sur l’importation, la vente et la détention des ALPC………………………………......2- Sur la vente des munitions……………………………………………………………......3- Sur la fabrication des ALPC……………………………………………………………....

Section 3 : Du cadre institutionnel de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique……………………………………………........................................................A-Les institutions internationales de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique…………………….....................................................................1- Au niveau Africain…………………………………………………………………….........2- Au niveau régional………………………………………………………………………....a)- Au niveau de la CEDEAO…………………………………………………………….......b)- Au niveau de la SADEC………………………………………………………………......c)- Au niveau de la région des Grand Lacs…………………………………………..........

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d)- Au niveau de la CEEAC……………………………………………………………..........B- Les institutions nationales de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique………………………………………………………………..........1- Les Commissions Nationales sur les armes…………………………………………….a)- L’assistance aux gouvernements……………………………………….......................b)- la sensibilisation des populations……………………………………….......................c)- La destruction des ALPC illégales saisies……………………………………………....2- Rôle des acteurs non gouvernementaux…………………………...............................

Section 4 : Défis à relever…………………………………………………………………....A- Par rapport au cadre législatif……………………………………………………….........B- Par rapport aux mesures pratiques……..……………………………………................C- Par rapport à l’échange d’informations…………………………………………….........D- Par rapport à la Coopération avec la Société civile et les ONG………………….......E- Le respect des embargos sur les armes…………………………………………….....Conclusion………………………………………………………………………………….....

CHAPITRE 3 : LES MINES ANTIPERSONNEL ET LES ARMES A SOUS-MUNITIONS…………………………………………………...................................I. LA CONSOLIDATION D’UNE DIPLOMATIE DU DESARMEMENT EN MATIERE DE MINES ANTIPERSONNEL ET DES ARMES A SOUS-MUNITIONS………………………A. Les progrès de la mobilisation contre les MAP………………………………………...B. Le difficile recul de l’utilisation des Armes à sous-munitions………………………....II. DES FACTEURS DE FRAGILISATION A CANALISER………………………….........A. L’effectivité du dispositif conventionnel mise à mal par un manque de financement………........................................................................................................B. Les motivations stratégiques sous-jacentes aux difficultés de désarmement..........................................................................................................Conclusion…………………………………………………………………………................

PARTIE III : LES ANNEXES…………………………………………………….………..Annexe A : Les principaux instruments pertinents de désarmement en lien avec l’Afrique………………………………………………………….......................I- LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE………………….……………………......1- Les armes nucléaires…………………………….………………..................................A- Les traités……………………………………………………..........................................a- Le traité de l’Afrique………………………………………………………………............b- Les traités et les conventions universelles………………..………………………….....B- Les résolutions………………………………………………………………....................a- Les résolutions du conseil de sécurité et de l’AG des Nations Unies ……….……….b- Les résolutions du Conseil de Paix et Sécurité de l’Union africaine……………….....

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2- Les armes chimiques et biologiques…………………………………………………......A- Les conventions……………………………………………………………......................B- Les protocoles………………………………………………….......................................II- LES ARMES CONVENTIONELLES………………………………………………..........1- LES ARMES CLASSIQUES ET LES ALPC…………………………………………......A- Les conventions…………………………………………………………………...............1- Les conventions dans le cadre onusien………………………………..........................2- Les conventions dans le cadre africain………………………………………………......B- Les traités……………………………………………………………………………..........C- Les protocoles………………………………………………...........................................D- Les déclarations…………………………………………………………..........................E- Les registres et les codes de conduite des Nations Unies………………………….....

LES MINES ANTI ANTIPERSONNEL ET LES ARMES A SOUS-MUNITION

ANNEXE B : LES ORGANISATIONS INTERVENANT DANS LES DOMAINES DE SECURITE ET DE DESARMEMENT EN AFRIQUE…………………………....................1- Organisations onusienne…………………………………………....................................a- Les organes des Nations Unies……………………………….........................................b- Les programmes, fonds, institutions et agences spécialisées des Nations Unies......c- Les Comités contre le terrorisme et la non-prolifération……………………………......d- Organisations et institutions internationales de coopération, d’appui et de soutien...ORGANISATIONS A VOCATION REGIONALE..............................................................1- Organismes régionaux de l’ONU………………………………………………………....2- Organisations africaines……………………………………………................................

CENTRES ET INSTITUTS DE RECHERCHE ET DE FORMATION, RESEAUX ET ORGANISATIONS..........................................................................................................1- Centre de formations et de recherches onusiens Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR)…………..........................................................2-Centre de recherche et de formation au niveau africain……………………………........a-Centre de recherche africain.........................................................................................b-Centres de recherches internationaux intervenant en Afrique………………………......c-Centres de formation……………………………………..................................................d-Les réseaux d’organisations sur le désarmement en Afrique…………………….........e-Autres organisations internationales et non gouvernementales……………................LES INTERVENANTS SUR LE GUIDE.........................................................................A-INSTITUTIONS PARTENAIRES……………………………………………………...........B-CONSULTANTS……………………………………………………………………….........C-COORDONNATEURS DU GUIDE……………………………………………………......LA LISTE DES ACRONYMES…………………………………………………………..........

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AVANT- PROPOS

Les questions de maintien de la paix ou de prévention des conflits font, de plus en plus, l’objet de publications francophones.

Au même moment, d’autres sujets comme la lutte contre la prolifération des Armes Légères et de Petit Calibre (ALPC) ou les instruments internationaux sur les armes de destruction massive sont encore peu abordés par les chercheurs et les praticiens francophones. De ce fait les diplomates, les praticiens des organisations régionales et sous régionales et les acteurs de la société civile de l’Afrique Francophone éprouvent parfois des difficultés à se positionner et à trouver des informations précises en langue française dans ce vaste écheveau d’organisations, conventions, traités et déclarations sur le désarmement.

Pour répondre à ce besoin, le Centre Régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique a élaboré, par le biais des consultants experts de la région qui connaissent l’Afrique, un guide pratique sur le désarmement en Afrique. Ce guide, le premier du genre spécialement dédié au continent africain, prend en compte les spécificités africaines notamment francophones dans la lutte mondiale pour le contrôle des armes en abordant les instruments, les organisations, les centres et instituts de formation et de recherche qui agissent dans le domaine du désarmement en Afrique dans le but d’améliorer leur impact et mieux faire connaître leurs mandats et leurs structures.

Ce guide a vocation de constituer un outil de sensibilisation et de formation des praticiens francophones sur les thématiques moins connues telles que celles liées aux armes de destruction massive en Afrique. Il permettra aussi de tisser des liens entre les praticiens francophones du désarmement dans les Etats, les organisations régionales et sous régionales et les organisations de la société civile. Il vient en complément à la version française du site internet du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies.

Ce guide comporte trois grandes sections. La première traite des armes de destruction massive et la seconde des armes conventionnelles. Ces deux sections sont complétées par des annexes qui compilent les instruments et les organisations africaines ou institutions intervenant dans le désarmement en Afrique

Mme IGE Olatokunbo,

Directrice de l’UNREC

11GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Préface

Préface - Guide pratique sur le Désarmement en Afrique Centre régional des Nations unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique – UNREC

Dans un monde en pleine mutation, marqué par l’émergence et la récurrence de crises et de conflits, ainsi que par l’augmentation sans précédent d’activités liées au terrorisme et à la criminalité transnationale organisée, la question du désarmement revêt, pour la Francophonie, une importance cruciale.

En effet, la menace à la paix et à la sécurité à laquelle le monde est confrontée, et encore plus avec la montée du terrorisme, expose davantage les pays ou les régions où la stabilité est déjà fragile. L’espace francophone n’est pas épargné. En témoigne la situation de nombre de ces Etats en Afrique où se développe la prolifération des armes, que ce soit les armes légères et de petit calibre ou encore les mines antipersonnel et à sous-munition. Leur utilisation contribue de façon dramatique à alimenter la violence sur un continent où les populations n’ont que trop souffert des répercussions des crises et des conflits. Le faible coût de ces armes, la facilité avec laquelle il est possible de s’en procurer, ainsi que les ravages qu’elles produisent, constituent de véritables facteurs de déstabilisation, qui prennent une ampleur toute particulière.

La lutte contre la prolifération des armes est une préoccupation de longue date pour la Francophonie, qui, conformément à sa Charte (2005), s’engage à « utiliser les liens que crée entre ses membres le partage de la langue française et des valeurs universelles, au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable ».

Ainsi, dès 2006, les représentants des Etats et gouvernements membres de la Francophonie ont inscrit cette question parmi leurs priorités, dans le cadre de la Déclaration de Saint-Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité humaine. En adoptant cette Déclaration, ils se sont ainsi engagés, entre autres, à renforcer leur coopération dans les domaines de la mise en œuvre complète et de l’harmonisation de leurs législations nationales en ce qui concerne la prévention et la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Les Etats et gouvernements membres de la Francophonie ont également exprimé leur engagement à poursuivre leur mobilisation et à renforcer leur coopération pour l’élimination des mines antipersonnel; ainsi qu’à faciliter, dans les pays sortant de crises et de conflits, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR) de tous les combattants et particulièrement des enfants soldats.

12 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

C’est sur la base de ces engagements que la Francophonie mène des actions en coopération avec ses partenaires, afin de mettre en œuvre les résolutions adoptées par ses Chefs d’Etat et de gouvernement en faveur de la prévention des crises et des conflits, de la lutte contre la criminalité transnationale organisée ou encore contre le terrorisme.

L’appui de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Centre régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC), en vue de l’élaboration de ce Guide pratique sur le Désarmement en Afrique, s’inscrit dans cette démarche. Il est en effet essentiel que l’Afrique, et en particulier l’espace francophone de ce continent, dans toutes ses composantes, puisse être dotée d’informations et d’outils, en langue française, permettant de faire face efficacement à ce fléau.

Il est également crucial que l’ensemble de ces Etats ratifient les principaux instruments internationaux, régionaux et sous régionaux pertinents dans le domaine du commerce des armes et du désarmement, et qu’ils mettent en œuvre leurs dispositions, ainsi que celles de la Résolution 1540 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui vise à prévenir la prolifération d’armes de destruction massive du fait d’acteurs non étatiques.

Le présent Guide se doit d’être un outil de mobilisation afin d’aider à réaliser notre objectif commun de vivre en paix et en sécurité, dans un environnement sain et respectueux des droits de tous.

Georges NAKSEU NGUEFANG

Directeur des Affaires politiques et de la gouvernance démocratique

Organisation internationale de la Francophonie

13GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

L’importance du désarmement dans le contexte international et africain

« Il ne peut y avoir de développement sans paix et il ne peut y avoir de paix sans développement. Le désarmement peut fournir les moyens pour les deux »1 .Ces propos du Secrétaire général des Nations Unies et chef de l’administration onusienne contrastent avec la réalité du monde contemporain qui reste préoccupé par les menaces persistantes à la paix, à la sécurité et à la stabilité sur les continents, que posent la prolifération des armes légères et de petit calibre, l’existence persistante de mines et de restes explosifs de guerre, ainsi que par les différents défis posés par les armes de destruction massive et les éléments connexes à la sécurité internationale et régionale. Cette déclaration de Ban Ki-moon, qui s’inscrit dans une constante onusienne2 est plus d’actualité et démontre l’urgence des questions de sécurité, de paix et de désarmement. La circulation illicite des armes et autres matériels de guerre a toujours alimenté les conflits, l’instabilité régionale, aidé les violations des embargos du Conseil de Sécurité sur les armes et, sapé les efforts pour promouvoir le développement socio-économique. Elle a en outre posé des défis à la fourniture de l’assistance humanitaire, aux opérations de maintien et de consolidation de la paix ainsi qu’une menace pour le développement durable. Ce qui engendre des situations de vulnérabilité et d’instabilité à long terme dans certaines régions du

monde et soulève des problématiques émergentes qui interpellent les acteurs à une prise de mesures adéquates et coordonnées.

Le désarmement et la non-prolifération ont fait l’objet au plan universel de discussions et négociations dans le cadre de la Société des Nations (SDN) puis de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et autres institutions multilatérales (aussi bien internationales que régionales) depuis des années. Ces rencontres ont conduit à l’adoption de résolutions3 , de traités et conventions qui servent de base à l’action internationale sur le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires, biologiques, chimiques et conventionnelles. Au plan universel, on peut citer le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le traité d’interdiction complète des essais nucléaires, le traité interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extraatmosphérique et sous l’eau, la convention sur la protection physique des matériels nucléaires, la convention sur l’interdiction des armes chimiques, le protocole de Genève de 1925 sur les armes chimiques et biologiques, le traité sur le commerce des armes, la résolution 1540 du conseil de sécurité, le plan d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibres etc.

1 Ban Ki-moon, extrait du discours d’ouverture de la conférence : « Pour la paix et le désarmement : désarmer maintenant », 9 septembre 2009.

2« Il n’y a pas de développement sans sécurité, il n’y a pas de sécurité sans développement et il ne peut y avoir ni sécurité ni développement si les droits de l’homme ne sont pas respectés », Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations des Nations-Unies, rapport sur les activités de l’organisation, soixantième session, 2005, supplément n°1 (A/60/1). 3A/RES/1(I), « Création d’une commission chargée d’étudier les problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique », fut la première résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies dans le cadre du désarmement nucléaire, 24 janvier 1946, première session.

14 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Au plan régional, les regroupements politiques et économiques ont adopté des instruments leur permettant de circonscrire le problème. Ainsi, le continent africain s’est doté d’un arsenal juridique à travers essentiellement ses institutions sous régionales même si l’exclusivité des mesures sur les armes de destruction massive est donnée à l’Union Africaine. Les Etats africains ont initié, des changements institutionnels et normatifs, au rang desquels on peut noter la mutation de l’Organisation de l’Unité Africaine en Union Africaine avec la création d’un département paix et sécurité, l’institutionnalisation des forces en attente et le renforcement de la dynamique de son adhésion aux traités et conventions en matière de paix, de sécurité et de désarmement et l’adoption du Pacte du non-agression. Aussi, ils ont adopté en ce qui concerne les armes de destruction massive, le traité de Pelindaba ouvert à la signature en avril 1996 au Caire et entré en vigueur le 15 juillet 2009 avec pour l’objectif principal de créer une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Afrique, la Convention de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les Armes Légères et de Petit Calibre, leurs minutions et autres matériels connexes4 la Convention de Kinshasa sur les Armes Légères5, le protocole de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Australe (SADC) sur le contrôle des armes à feu et leurs munitions, la déclaration de Nairobi sur le contrôle des Armes légères et de petit calibre dans la région des grands lacs et de la corne de l’Afrique et la déclaration de Khartoum. La quasi-totalité des Etats Africains ont accéléré leur adhésion aux instruments internationaux et leurs représentants, au cours des discussions à la fois politiques et techniques, ont montré qu’ils sont porteurs d’idées novatrices.Dans les législations nationales, des efforts ont été

faits pour mettre en œuvre ces instruments ; ce qui passe essentiellement par l’établissement des Commissions Nationales pour le contrôle des armes, le développement des arsenaux juridiques nationaux de lutte contre la prolifération des armes et le renforcement des systèmes de sécurité.

Aujourd’hui, le monde entier dispose d’un traité sur le commerce des armes (TCA) adopté le 2 avril 2013 par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Il est l’un des instruments juridiquement contraignants dans le désarmement depuis le traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Il poursuit un double objectif6 : réguler le commerce licite et lutter contre le commerce illicite des armes classiques7 .

Malgré les initiatives susmentionnées, qui sont basées sur les différentes stratégies et programmes des Nations Unies, de l’Union Africaine et des partenaires multilatéraux relatives à la réforme du secteur de la sécurité (RSS), au désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), à l’agenda 2063 « l’Afrique que nous voulons », à l’éducation à la paix, aux objectifs du développement durable (ODD), qui allient désarmement et développement, d’énormes défis restent à relever.En réalité, l’Afrique est confrontée depuis de nombreuses décennies à des conflits et tensions internes d’ordre politique, ethnique, économique etc. Ces conflits déteignirent sur la sécurité des Etats, la jouissance des droits de l’homme en particulier ceux des femmes et des enfants dans les zones de conflit surtout, la question des réfugiés et l’émergence du terrorisme.

Sur le plan sécuritaire, les conflits, alimentés par une circulation incontrôlée d’armes de tous types ont un

4Cette convention est signée par les quinze pays de la CEDEAO et est en vigueur.5Cette convention n’est pas encore entrée en vigueur. Elle le sera trente jours après le dépôt du sixième instrument de ratification, d’acceptation ou d’adhésion. https://treaties.un.org6Article premier : les buts et les objets du TCA7Article 2 : Champs d’application du TCA.

15GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

8Les définitions des crimes de génocides, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, diffèrent entre le statut de Rome et les conventions de Genève. Dans le cadre de cette partie, les définitions retenues sont celles des articles 5, 6, 7 et 8.du statut de Rome du 1er juillet 2002, des conventions de Genève de 1949.

effet déstabilisateur sur les Etats et les sous-régions, les rendant fragiles et vulnérables. Ils empêchent tout exercice réel de la souveraineté sur l’ensemble de leur territoire. L’instabilité et la fragilité que connaissent les Etats de la zone du Sahel d’une part et ceux de l’Afrique des Grands Lacs d’autre part, ne sont que la conséquence de ce phénomène.

Parfois, la circulation illicite d’armes la plupart du temps non marquées résulte tant de la perte de tout contrôle des gestionnaires des stocks d’armes licites, des forces régulières que des porteurs desdites armes. De la Libye au Mali, de la République Démocratique du Congo au Soudan, le constat est réel. En effet, les zones de conflit créent un environnement propice à de diverses violations des droits de l’Homme : crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de génocide8 . Les conflits en RDC, en Côte d’Ivoire, en Sierra Léone et au Libéria, en Lybie, au Mali, en République Centrafricaine ou en Somalie constituent des exemples de cette réalité affligeante. L’enracinement de ces conflits dans le temps et dans l’espace est rendu possible grâce à une accessibilité sans précédent aux armes, dont les conséquences directes sont des pertes humaines, des flux massifs des réfugiés et déplacés internes, la dégradation de l’état de droit et la détérioration des conditions de vie des populations vulnérables.

De nos jours, il n’est plus surprenant d’affirmer qu’il est plus facile d’avoir une arme de tout type que de la nourriture. L’accessibilité de la technologie, des matières premières et les difficultés de contrôle aux différentes frontières font de la fabrication illicite d’armes, des activités dangereuses et non maîtrisables. Ce cercle vicieux formé par la vente

illégale des matières premières de l’Afrique sur des marchés noirs qui sert en retour à l’achat d’armes illicites, favorise l’émergence de groupes rebelles et des mouvements terroristes radicaux. D’Al-Chabab dans l’est à Boko Haram dans l’ouest, d’Al-Qaida au Maghreb islamique dans le nord aux groupes rebelles dans le centre de l’Afrique, les groupes extrémistes et les entités terroristes ont durci leur présence dans plusieurs régions du continent. Avec un accès facile aux armes, la menace représentée par ces groupes et mouvements est démultipliée.

Sur le plan environnemental, les déchets radioactifs et chimiques produisent un impact irréversible et indéniable sur l’ensemble des composantes environnementales alors que les mines anti personnel et les armes à sous munition rendent dangereuses les activités humaines où elles sont posées. Ces dernières provoquent des amputations de membres et d’autres dommages corporels.

Au vu de la souffrance humaine engendrée par les conflits, les problèmes sécuritaires avec le développement des rebellions et du terrorisme, la menace nucléaire qui pourrait être à la portée des acteurs non étatiques, les questions environnementales, les obligations relatives au respect des droits de l’homme et les préoccupations de développement ; le désarmement apparaît comme l’alternative crédible non seulement pour le maintien et la consolidation de la paix, le renforcement des processus de paix et de réconciliation mais aussi pour l’amorce d’un développement sain, harmonieux en Afrique avec des actions concertées entre diverses acteurs et sur la base des instruments internationaux. Pour ce faire, tous les acteurs impliqués doivent prendre la mesure des problèmes et connaître les risques

16 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

potentiels qui y sont liés. Ils doivent par conséquent, renforcer leur capacité de réflexion et d’action en vue de contribuer efficacement à sa lutte. Pour ces raisons, le présent guide serait d’un secours précieux.

Son but est d’inclure toute la panoplie des sujets liés au désarmement et de les présenter de manière claire et synthétique. Il se veut être un guide pratique pour un lecteur qui cherche des informations, des références sur les instruments internationaux, régionaux ou des informations sur les organisations partenaires. Pour atteindre ce but fixé, le guide se donne six ambitions :

• Renforcer la capacité des Etats africains à participer aux discussions et négociations internationales ;

• Prendre en compte les spécificités du continent africain, dans la lutte mondiale pour le contrôle des armes ;

• Faire connaître les mandats et les structures des organisations internationales, régionales et sous régionales qui agissent dans le domaine du désarmement en Afrique ;

• Améliorer l’impact des instruments existants en explicitant leur fonctionnement ;

• Sensibiliser les praticiens aux thématiques de désarmement moins connues, telles que celles liées aux armes nucléaires, biologiques, et chimiques ;

• Tisser des liens entre praticiens africains du désarmement dans les Etats, les organisations régionales et sous régionales et les organisations de la société civile.

Les contributions émanent à la fois d’universitaires, de juristes et de praticiens du désarmement dans des approches complémentaires. Les sept chapitres qui composent ce guide traitent des armes de destruction massive (armes nucléaires, chimiques et biologiques), les armes classiques, les armes légères et de petit calibre, les armes à sous munitions, les mines anti personnel.

Il se conclut par une compilation des organisations internationales, régionales et sous régionales, des centres de recherches et de formations et des ONG et réseaux qui interviennent dans le désarmement en Afrique. Cette compilation permettra aux diplomates nationaux, aux praticiens et aux organisations des sociétés civiles africaines désireux de travailler dans le domaine de la paix et du désarmement d’avoir un accès précis aux informations nécessaires et crédibles portant sur des recherches approfondies, pluridisciplinaires et sectorielles.

17GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

18 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

PARTIE ILES ARMES DE DESTRUCTION

MASSIVE

19GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE I : LES ARMES NUCLEAIRES

I. Présentation générale

A. Rappel historiqueDe toutes les armes conçues par l’Homme, l’arme nucléaire est sans aucun doute celle qui frappe le plus l’imagination, par sa terrifiante capacité de destruction, d’une puissance inégalée. Aucun autre système déployé dans les arsenaux ne peut entraîner de manière instantanée autant de pertes humaines et de dégâts matériels que l’arme nucléaire, ce qui lui confère un poids militaire et une dimension symbolique propres. Comme le souligne l’Etude d’ensemble des armes nucléaires présentée par le Secrétaire général9 à la 35ème Assemblée générale , « L’aube de l’ère nucléaire

a fait prendre conscience de l’énorme potentiel de l’énergie nucléaire et de son effrayante capacité de destruction universelle. L’anéantissement d’Hiroshima et de Nagasaki, dans son horreur soudaine et durable, a fourni la démonstration concrète et atroce de ce qui, aujourd’hui, n’est même plus considéré comme « la puissance de destruction minimale ».

a. Prolégomènesscientifiques et techniques

Le développement de l’arme nucléaire a été rendu possible par les progrès dans le domaine de la physique et de la chimie survenus dans la première moitié du XXème siècle, initiés en particulier avec les travaux du couple Curie sur le thorium, le radium et le polonium et la mise au jour de la radioactivité et de certaines propriétés de l’atome.

Pierre(1859-1906)etMarieSkłodowska-Curie(1867-1934)

• 12 mars 1898 : Marie met en évidence la radioactivité naturelle du thorium• 12 juillet 1898 : Pierre et Marie annoncent la découverte d’un nouvel élément radioactif, le polonium• 10 décembre 1903 : Pierre et Marie, associés à Henri Becquerel, reçoivent le prix Nobel de physique

pour leurs travaux sur la radioactivité naturelle• 10 décembre 1911 : Marie obtient le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur les propriétés du

radium métallique

Source : Musée Curie, Paris, France (www.musee.curie.fr)

9Etude d’ensemble des armes nucléaires, rapport du Secrétaire général, 12 septembre 1980, A/ 35/392

20 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les travaux d’Ernest Rutherford sur la fission de l’atome à partir de 1919 et les recherches menées par Marie Skłodowska-Curie et Frédéric Joliot qui débouchent en 1934 sur la production artificielle d’un isotope radioactif du phosphore représentent également des avancées significatives vers la maîtrise des mécanismes de physique nécessaires à la mise au point de l’arme nucléaire. Par la suite, la mise au jour en 1938 du caractère fissile de l’uranium10 ouvre la voie à la recherche de l’utilisation de la fission nucléaire à des fins militaires.

b. L’entrée dans l’ère nucléaire

Le projet Manhattan11 , lancé par les Etats-Unis, aboutit au premier essai d’une arme nucléaire, réalisé le 16

juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique, à proximité d’Alamogordo. Baptisé « Trinity » (en Français, « trinité »), l’essai est un succès ; l’énergie libérée par l’engin nucléaire explosif est évaluée à l’équivalent de 21 tonnes de TNT12 , qui était jusqu’alors l’explosif le plus puissant connu.

Le 6 août 1945, l’arme nucléaire est utilisée à Hiroshima : « little boy » (en Français, « petit garçon »), un engin à uranium, libère une énergie équivalent à 15 tonnes de TNT. Trois jours plus tard, « fat man » (en Français, « homme obèse ») est largué sur Nagasaki ; il s’agit cette fois d’un engin à plutonium, comme celui utilisé dans le cadre de l’essai « Trinity », qui libère une énergie équivalent à 21 tonnes de TNT.

Lesruinesd’Hiroshima,le7août1945,à450mètresdupointzéroCrédit photo : Nations Unies/Mitsugu Kishida

10Un noyau d’atome est dit « fissile » s’il est susceptible de subir une fission, c’est-à-dire d’éclater d’un atome lourd en atomes plus légers, quelle que soit l’énergie des neutrons qui le percutent. Le noyau fissile se différencie du noyau dit « fertile », qui lui n’est susceptible de subir une fission qu’au contact d’un neutron ayant une énergie suffisante. La fission produit des neutrons qui à leur tour sont susceptibles d’entrer en collision avec d’autres atomes et de produire de nouvelles fissions; une réaction en chaîne se produit, entretenant le phénomène, lorsqu’un neutron provoque la fission d’un noyau fissile produisant un plus grand nombre de neutrons qui à leur tour provoquent d’autres fissions. Une réaction en chaîne peut être contrôlée, par exemple en réacteur nucléaire pour produire de l’énergie à des fins pacifiques. Elle peut aussi être volontairement non contrôlée, en employant une quantité suffisante de matière fissile, par exemple pour créer une explosion nucléaire.

11Sur le projet Manhattan et les efforts en vue du développer une arme nucléaire qui pourrait être utilisée sur le champ de bataille, se référer à : Leslie Groves, Now it Can be Told : The Story of the Manhattan Project, New York, Harper, 1962

12Sur l’essai Trinité, se référer à la page dédiée au Département à l’Energie américain : https://www.osti.gov/opennet/manhattan-project-history/Events/1945/trinity.htm

21GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

13Pour un aperçu historique des essais nucléaires de 1945 à ce jour : www.ctbto.org/nuclear-testing/history-of-nuclear-testing/world-overview/

Avec Hiroshima et Nagasaki, une page de l’Histoire de l’Humanité se tourne. L’emploi de l’arme nucléaire dans un conflit comporte trois conséquences immédiates qui structureront l’ordre international et le débat stratégique de manière durable :

• L’établissement du fait nucléaire

A partir du 6 août 1945, le fait nucléaire s’impose comme une réalité, qui ne cessera de peser dans les relations entre les Etats ; qu’ils soient dotés ou non d’armes nucléaires, qu’ils fassent partie ou non d’une alliance nucléaire, tous les Etats doivent désormais compter avec l’existence d’une arme qui modifie profondément les rapports de force, et devient un élément structurant de l’ordre international. Rapidement, le fait nucléaire se traduit par l’adaptation des doctrines de sécurité des Etats dotés de l’arme nucléaire et la formulation, sous des formes variées, du principe de la dissuasion.

La dissuasion nucléaire peut s’apparenter à un paradoxe : le détenteur de l’arme nucléaire doit apparaitre comme suffisamment crédible dans sa volonté de recourir à l’arme nucléaire face à une agression majeure, et dans sa capacité à le faire, pour que l’agresseur potentiel soit dissuadé de mener ladite agression et que l’arme nucléaire n’ait ainsi pas à être utilisée. La mise en place de logiques de dissuasion est l’une des conséquences les plus tangibles du fait nucléaire.

La question de l’apport de la dissuasion nucléaire à la paix et la sécurité internationale fait l’objet d’un débat dans lequel deux thèses s’affrontent ; les partisans de la dissuasion nucléaire – au premier rang desquels les Etats dotés d’armes nucléaires mais également les

Etats placés sous « parapluie nucléaire » – considèrent que l’arme nucléaire renforce la sécurité internationale, en réduisant le risque de conflit impliquant un ou plusieurs détenteurs d’armes nucléaires ou leurs alliés. Quant aux détracteurs de la dissuasion nucléaire, ils considèrent que l’arme nucléaire fait naître un risque de par sa seule existence et que, de surcroît, des erreurs d’appréciation et de jugement peuvent conduire à des montées aux extrêmes hors de tout contrôle.

• Le « club nucléaire » et la prolifération.

Les propriétés exceptionnelles de l’arme nucléaire lui confèrent un attrait qui a amené plusieurs Etats à en rechercher la possession. Cinq Etats ont procédé à au moins un essai nucléaire avant le 1er juillet 1967, le critère retenu par le Traité sur la Non-Prolifération nucléaire (TNP) pour déterminer la qualité d’Etat doté d’armes nucléaires, également appelés Etats nucléaires de jure13 :

- Etats-Unis (premier essai en 1945) ;- Union des républiques socialistes soviétiques, à

laquelle a succédé la Fédération de Russie (1949) ;- Royaume Uni (1952) ;- France (1960) ;- Chine (1962).

Trois autres Etats ont annoncé avoir procédé à des essais nucléaires après la date du 1er janvier 1967, et sont ainsi parfois qualifiés d’Etats nucléaires de facto, c’est-à-dire en-dehors du cadre fixé par le TNP :

- Inde (un premier essai, présenté comme étant à des fins pacifiques, a été mené en 1974, suivi de deux essais en 1998) ;

22 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

- Pakistan (deux essais en 1998) ;- République populaire démocratique de Corée (des

essais ont été annoncés en 2006, 2009, 2013 et 2016).

Israël est parfois considéré comme détenant une capacité nucléaire militaire. Israël n’a cependant jamais annoncé avoir réalisé un essai nucléaire. Le Premier Ministre Levi Eshkol a déclaré14 qu’Israël ne serait « jamais le premier pays à introduire l’arme nucléaire au Moyen-Orient », posant les bases d’une posture d’ambiguïté nucléaire, maintenue depuis avec constance.

Plusieurs autres Etats ont mené, à des niveaux divers, des activités visant à développer une capacité nucléaire militaire. Parmi eux, l’Afrique du Sud, qui est parvenue à se doter de quelques têtes nucléaires, avant d’annoncer en 1993 y avoir renoncé.

• La quête du désarmement.

L’utilisation de l’arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki a brutalement conduit l’Humanité à prendre conscience de sa fragilité, et à immédiatement rechercher l’abolition de cette arme15 . A cet égard, il est significatif que la première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies fût consacrée à la question des « problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique », décidant de créer une Commission chargée de présenter des propositions en vue « d’éliminer, des armements nationaux, les armes atomiques et toutes autres armes importantes permettant des destructions massives16 » . Depuis lors, les initiatives se sont multipliées, sous différentes formes, et à travers différents forums, pour

prévenir la dissémination et la prolifération de l’arme nucléaire, et promouvoir sa limitation, sa réduction et à terme son élimination. Les efforts ont été, et continuent d’être menés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système des Nations Unies. Plusieurs axes ont été poursuivis, qui se complètent et se renforcent :

- Restrictions à la possession d’armesnucléaires. Deux approches ont émergé, pour prévenir l’acquisition d’armes nucléaires par les Etats non dotés:

o L’approche poursuivie à travers le TNP, à vocation universelle, limite le nombre d’Etats légitimement considérés comme détenant des armes nucléaires, en retenant comme critère la réalisation d’un essai nucléaire avant le 1er janvier 1967.

o Une approche géographique, poursuivie à travers la mise en place par les Etats concernés de Zones Exemptes d’Armes Nucléaires (ZEAN), engage les Etats des zones en question à ne pas acquérir d’armes nucléaires. Les Etats dotés d’armes nucléaires, de leur côté, s’engagent à respecter le statut dénucléarisé de ces zones, en s’interdisant d’y déployer des armes nucléaires et en s’engageant à ne pas utiliser leurs armes nucléaires contre les Etats de ces zones, dès lors qu’ils respectent leurs engagements de non-prolifération. Plusieurs ZEAN ont été constituées : en Amérique latine et dans les Caraïbes (traité de Tlatelolco, entré en vigueur le 22 avril 1969), dans le Pacifique Sud (traité de Rarotonga, entré en vigueur le 11 décembre 1986), en Asie du Sud-Est (traité de Bangkok, entré en vigueur le 27 mars 1997), en Asie centrale (traité de Semipalatinsk, entré en vigueur le 21 mars 2009). L’Afrique s’est

14Intervention du Premier Ministre Levi Eshkol devant la Knesset, 18 mai 1966 : http://mfa.gov.il/MFA/ForeignPolicy/MFADocuments/Yearbook1/Pages/20%20Statement%20to%20the%20Knesset%20by%20Prime%20Minister%20Eshk.aspx15Le récit de John Hersey, paru dans le New Yorker à son retour d’Hiroshima, a profondément marqué l’opinion publique, faisant prendre conscience du caractère épouvantable de l’utilisation de l’arme nucléaire. John Hersey, Hiroshima, the New Yorker, 31 août 194616A/RES/1(I), Création d’une commission chargée d’étudier les problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique

23GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

également constituée en ZEAN, à travers le traité de Pelindaba, conclu au Caire le 11 avril 1996 et entré en vigueur le 15 juillet 200917 . En plus des ZEAN au sens strict du terme, la Mongolie a annoncé en 1992 être une zone mono-étatique exempte d’armes nucléaires.

- Restrictions géographiques au stationnement d’armes nucléaires. Par voies de traités, des limites géographiques ont été fixées au stationnement d’armes nucléaires. Cela concerne en particulier :

o l’Antarctique (Traité sur l’Antarctique, entré en vigueur le 23 juin 1961);

o l’espace extra-atmosphérique (Traité sur les principes régissant les activités en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, entré en vigueur le 10 octobre 1967);

o les fonds marins (Traité interdisant de placer des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive sur le fond des mers et des océans ainsi que dans leur sous-sol, entré en vigueur le 18 mai 1972).

- Limitations et réductions des armements nucléaires décidées dans un cadre bilatéral. Les limitations et réductions ont été menées principalement dans un cadre bilatéral, d’abord entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, puis entre les Etats-Unis et la Russie. Elles ont mené à des avancées significatives :

o Le traité SALT 118 , signé le 26 mai 1972, a plafonné le nombre de vecteurs d’armes nucléaires stratégiques pouvant être déployés par les deux puissances aux niveaux de 1972. Pour la première fois, des Etats dotés d’armes nucléaires acceptaient ainsi qu’une limite soit posée à leurs arsenaux nucléaires.

o Le traité SALT 2, signé le 17 juin 1979, a limité à 2250 le nombre de vecteurs d’armes nucléaires pouvant être déployés par chacune des deux puissances, et fixe certaines restrictions concernant les forces nucléaires stratégiques déployées19 .

o Le traité START 1, signé le 31 juillet 1991 et entré en vigueur le 5 décembre 199420 , a réduit à 6000 le nombre de têtes nucléaires stratégiques pouvant être déployées par chacune des deux parties et à 1600 le nombre maximum de missiles et de bombardiers stratégiques. Alors que les accords SALT avaient uniquement fixé des plafonds, un pas supplémentaire était ainsi franchi avec le traité START 1, qui imposait des réductions par rapport aux niveaux d’armements existants au moment où il a été conclu.

o Le traité START 2, signé le 3 janvier 1993 et entré en vigueur le 19 avril 200021 , a engagé chacune des deux parties à ramener le total de ses têtes nucléaires stratégiques déployées à un nombre compris entre 3000 et 3500, en tenant compte de sous-limites par type de vecteur.

o Le traité de Moscou, signé le 24 mai 2002 et entré en vigueur en juin 2003, prévoit que les Etats-Unis et de la Russie ramènent chacun le nombre de têtes nucléaires stratégiques déployées à un nombre compris entre 1700 et 220022 .

17www.disarmament.un.org/treaties/t/pelindaba18SALT : Strategic Arms Limitation Talks (discussions sur la limitation des armements stratégiques)19Sur les accords SALT : https://history.state.gov/milestones/1969-1976/salt 20START: Strategic Arms Reduction Treaty (Traité de réduction des armements stratégiques). Voir www.un.org/fr/disarmament/instruments/start1.shtml 21www.un.org/fr/disarmament/instruments/start2t.shtml22Pour une présentation du Traité de Moscou, se référer à la Déclaration commune faite par les Etats-Unis et la Fédération de Russie lors de la deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP : NPT/CONF.2005/PC.II/21, 30 avril 2003

24 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

o Le traité Nouveau START, signé à Prague le 8 avril 2010 et entré en vigueur le 5 février 201123 , réduit à 1550 pour chacune des deux parties le nombre de têtes nucléaires stratégiques déployées. Le traité vise ainsi à amener les forces nucléaires stratégiques des Etats-Unis et de la Fédération de Russie à leur niveau le plus bas depuis les années 1950.

- Mesures de désarmement décidées sur une base unilatérale. D’importantes mesures de désarmement ont été prises par plusieurs des Etats possesseurs d’armes nucléaires, sur une base strictement unilatérale. Par exemple :

o L’Afrique du Sud, qui en mars 1993 a annoncé avoir entièrement démantelé le programme nucléaire militaire qu’elle avait mené clandestinement ;

o Le Royaume-Uni, qui poursuit l’objectif de réduire son arsenal nucléaire à au maximum 180 têtes nucléaires d’ici 202524 ;

o La France, qui a décidé la fermeture et le démantèlement de ses installations de production de matières fissiles pour les armes nucléaires25 .

- Limitation et interdiction des essais d’armes nucléaires. La conduite d’essais nucléaires faisant partie du processus de mise au point d’armes nucléaires, des efforts importants ont été menés, d’abord vers leur limitation puis vers leur interdiction :

o Limitation des essais d’armes nucléaires. Le Traité interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique

et sous l’eau, signé le 5 août 1963 et entré en vigueur le 10 octobre de la même année26 , interdit les essais nucléaires autres que souterrains. Une importante limitation a ainsi été posée quant aux milieux dans lesquels les Etats Parties au traité pouvaient mener, ou accueillir, des essais nucléaires. Le Traité entre les Etats-Unis et l’Union soviétique sur la limitation des essais souterrains d’armes nucléaires, signé le 3 juillet 1974, limite à 150 kilotonnes la puissance des essais souterrains d’armes nucléaires . Le Traité entre les Etats-Unis et l’Union soviétique sur les explosions souterraines à des fins pacifiques, signé le 28 mai 1976, fixe la même limite de 150 kilotonnes aux essais nucléaires menés à des fins pacifiques28 .

o Interdiction des essais nucléaires. Le Traité d’Interdiction Complète des Essais (TICE), ouvert à la signature le 24 septembre 1996, parachève les efforts visant à mettre un terme aux essais nucléaires. Il prévoit que les Etats parties s’engagent à ne pas effectuer d’explosion expérimentale d’arme nucléaire ou d’autres explosions nucléaires, et de s’abstenir de provoquer ou d’encourager l’exécution – ou de participer de quelque manière que ce soit à l’exécution - de toute explosion expérimentale d’arme nucléaire ou de toute autre explosion nucléaire29 . L’entrée en vigueur du TICE, qui continue d’être recherchée, représentera une avancée de désarmement et de non-prolifération majeure.

- Restrictions à l’utilisation des armesnucléaires. Plusieurs initiatives ont été lancées en vue de limiter, ou d’interdire, l’utilisation des armes

23Voir le document de travail présenté par les Etats-Unis lors de la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP de 2015 : NPT/CONF.2015/PC.I/WP20 24 Sur les efforts de désarmement du Royaume Uni : https://www.gov.uk/government/publications/uk-nuclear-deterrence-factsheet/uk-nuclear-deterrence-what-you-need-to-know 25http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/desarmement-et-non-proliferation/la-france-et-le-desarmement/article/desarmement-nucleaire 26http://disarmament.un.org/treaties/t/test_ban 27http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/ttbt.shtml 28Dans les années 1950, 1960 et 1970, plusieurs pays ont exploré la possibilité d’utiliser l’énergie nucléaire explosive à des fins pacifiques. Différents types d’applications ont été envisagées comme par exemple le creusement de canaux et de lacs artificiels. Rapidement, la conclusion tirée est que les bénéfices obtenus seraient inférieurs aux coûts, y compris environnementaux. Pour un aperçu des travaux menés dans ce domaine : http://www.iaea.org/inis/collection/NCLCollectionStore/_Public/01/003/1003804.pdf29www.ctbto.org

25GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

nucléaires. Comme le relève l’Etude d’ensemble des armes nucléaires présentée à l’Assemblée générale par le Secrétaire général en 1990, « différentes approches ont émergé, allant de l’interdiction inconditionnelle de l’utilisation des armes nucléaires à l’interdiction d’en faire usage en premier, en passant par différentes interdictions assorties de conditions »30 . L’approche qui a rencontré le plus grand succès est celle de la recherche de garanties négatives de sécurité, c’est-à-dire de garanties offertes par les Etats dotés d’armes nucléaires qu’ils n’utiliseront pas leurs armes nucléaires contre les Etats qui n’en sont pas dotés. De telles garanties ont été offertes par chacun des cinq Etats dotés d’armes nucléaires dans le contexte du processus d’examen du TNP31 , et à travers les protocoles additionnels aux traités constitutifs de ZEAN. Cependant, elles sont assorties de conditions et d’interprétations qui en réduisent la portée.

- Mesures de confiance et dialogue entre Etatsdotés d’armes nucléaires. Le dialogue entre les puissances nucléaires sur les questions de dissuasion est essentiel, pour éviter les erreurs de jugement et d’appréciation. Le mémorandum d’accord relatif à la mise en place d’une ligne de communication directe entre les Etats-Unis et l’Union soviétique (1963) a été une première réponse à cette nécessité. Par la suite, différentes mesures de confiance ont été mises en place, par exemple à travers les mécanismes de vérification adossés à certains des traités de désarmements conclus sur une base bilatérale. Le processus de concertation et de dialogue entre les cinq Etats dotés d’armes nucléaires initié par le Royaume-Uni en 2009 et consacré dans le Plan d’Action adopté

par les Etats parties au TNP lors de la Conférence d’Examen de 2010 s’inscrit dans cette logique ; la concertation entre les cinq Etats dotés permet de renforcer la transparence et la confiance mutuelle et de réunir les conditions propices à plus de désarmement nucléaire32 . Le Glossaire commun des termes nucléaires33 , présenté en 2015, témoigne des échanges substantiels entre les cinq puissances nucléaires et représente un pas important vers une compréhension commune des concepts de la dissuasion et du désarmement.

- Contestation de la légalité des armes nucléaires. En 1996, la Cour internationale de Justice, la plus haute cour du système des Nations Unies, a rendu à l’unanimité un avis consultatif selon lequel, en vertu de l’article VI du TNP, les États parties au Traité dotés d’armes nucléaires ont l’obligation « de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire ». La Cour internationale de Justice a également conclu que la menace ou l’emploi d’armes nucléaires serait généralement contraire aux règles du droit international applicable notamment dans les conflits armés. L’emploi des armes nucléaires, quel qu’il soit, pourrait avoir des conséquences humanitaires catastrophiques, du fait notamment que les effets de ces armes sont foncièrement aveugles (en raison de leur énorme potentiel) et incontrôlables (en raison du caractère persistant de leur rayonnement). Cependant, la Cour a indiqué également ne pouvoir conclure « de façon définitive que la menace ou l’emploi d’armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d’un Etat serait en cause ».

30A/45/37331Déclarations unilatérales concertées le 6 avril 1995 par la Fédération de Russie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France et la Chine en amont de la Conférence d’examen et de prorogation indéfinie du TNP de 1995 : S/1995/261, S/1995/262, S/1995/263, S/1995/264, S/1995/265 32Pour un état des lieux en 2015 du processus de concertation P5 : http://www.un.org/en/conf/npt/2015/statements/pdf/P5_en.pdf 33http://www.pircenter.org/media/content/files/13/14313989580.pdf

26 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Etat des forces nucléaires dans le monde en 2015(source : à partir du Bulletin of the Atomic Scientists et du SIPRI)

Pays Nombre total de têtes nucléaires estimées (déployées ou non déployées, stratégiques ou non stratégiques)

Etats-Unis +- 4670Russie +- 7300 Royaume-Uni +- 215France +- 300Chine +- 260Inde 110-120Pakistan 110-130Israël +- 80République populaire démocratique de Corée

6-8

Arme nucléaire : système d’arme en mesure de produire une explosion ainsi qu’une destruction et des dommages massifs résultant de la libération soudaine de l’énergie dégagée instantanément par une fission et/ou une fusion nucléaire (s) – autoentretenue (s) contrôlée (s).

Effets nucléaires : effets qu’une explosion nucléaire peut avoir sur les personnes, les structures, les équipements et l’environnement. L’explosion nucléaire produit un souffle, un rayonnement thermique, des rayons X et des rayons gamma, des neutrons, des particules chargées, une ionisation atmosphérique et

Quelques termes essentiels(source: Glossaire commun des termes nucléaires34 )

34http://www.pircenter.org/media/content/files/13/14313989580.pdf

27GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

une impulsion électromagnétique (IEM).

Essai nucléaire atmosphérique : essai nucléaire réalisé au-dessus du sol ou de l’eau, c’est-à-dire à l’air libre.

Essai nucléaire souterrain : essai nucléaire réalisé sous la surface du sol.

Maîtrise des armements nucléaires : limites ou restrictions concernant les armes nucléaires, leurs vecteurs, ou les deux ayant fait l’objet d’un accord entre Etats.

Réduction des armements nucléaires : diminution du nombre de têtes et/ou de lanceurs et de vecteurs

d’armes nucléaires déployés et/ou non déployés, stratégiques et/ou non stratégiques d’un Etat.

Désarmement nucléaire : le processus conduisant à la réalisation de l’objectif ultime d’un monde sans armes nucléaires, ainsi que toute mesure y contribuant. Le désarmement nucléaire peut aussi faire référence à l’état final consécutif à l’élimination des armes nucléaires.

Parité nucléaire : situation dans laquelle la quantité, la qualité et l’efficacité des forces nucléaires d’une nation sont considérées comme étant approximativement égales à celles d’une autre nation.

B. Présentation des traitésinternationauxàvocation universelle1. Le Traité sur la non-prolifération

des armes nucléaires

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a été ouvert à la signature le 1er juillet 1968. Il est entré en vigueur le 5 mars 1970, pour une durée initiale de 25 ans. Conformément à son article X.2, une Conférence a été convoquée pour décider de son avenir et préciser que le traité serait prorogé pour une durée indéfinie.

Le TNP opère une distinction entre les Etats dotés

d’armes nucléaires (EDAN) et les Etats non dotés d’armes nucléaires (ENDAN). Un EDAN est « un Etat qui a fabriqué et a fait exploser une arme nucléaire ou un autre dispositif nucléaire explosif avant le 1er janvier 1967 ». Les EDAN, par ordre de première détonation d’un engin nucléaire, sont les Etats-Unis, l’Union soviétiques (à laquelle a succédé la Fédération de Russie), le Royaume-Uni, la France et la Chine. Le TNP met en place une série d’obligations à la charge de ses Etats Parties, qui ont trait à la non-prolifération, à la promotion des applications pacifiques de l’atome, et au désarmement. Ces trois thèmes sont couramment appelés « les trois piliers du TNP » :

- Non-prolifération :

o Tout EDAN partie au Traité « s’engage à ne

28 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ; et à n’aider, n’encourager ni inciter d’aucune façon un EDAN, quel qu’il soit, à fabriquer ou acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs » (Article I)

o Tout ENDAN partie au Traité « s’engage à n’accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ; à ne fabriquer ni acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs ; et à ne rechercher ni recevoir une aide quelconque pour la fabrication d’armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs » (Article II)

o Les ENDAN s’engagent à placer leurs matières nucléaires et produits fissiles spéciaux sous garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour empêcher qu’ils ne soient détournés de leur utilisation pacifique vers des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires (Article III).

- Promotion des applications pacifiques del’atome :

o Les dispositions du TNP ne peuvent être interprétées « comme portant atteinte au droit

inaliénable de toutes les Parties au Traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination » et conformément aux obligations de non-prolifération fixées par le traité (Article IV.1)

o « Toutes les Parties au Traité s’engagent à faciliter un échange aussi large que possible d’équipement, de matières et de renseignements scientifiques et technologiques en vue des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, et ont le droit d’y participer. Les Parties au Traité en mesure de le faire devront aussi coopérer en contribuant, à titre individuel ou conjointement avec d’autres Etats ou des organisations internationales, au développement plus poussé des applications de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, en particulier sur les territoires des EDAN qui sont Parties au Traité, compte tenu des besoins des régions du monde qui sont en voie de développement » (Article IV.2)

- Désarmement : « Chacune des Parties s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace » (Article VI)

Le TNP a atteint la quasi-universalité, seuls quatre Etats membres des Nations Unies ne l’ayant pas rejoint : l’Inde, Israël, le Pakistan et le Soudan du Sud35.

La Corée du Nord est dans une situation singulière

35http://disarmament.un.org/treaties/t/npt

29GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

: en janvier 2003, elle a annoncé son retrait du TNP. Cette décision n’a néanmoins pas été formellement reconnue par les Etats Parties au Traité, alors que certains doutes ont été formulés quant au bon respect par la Corée du Nord des conditions de forme et de fond prévues par les dispositions du Traité relatives au droit de retrait.

Des conférences des Etats Parties se tiennent tous les cinq ans, pour examiner le fonctionnement du Traité afin de s’assurer que ses objectifs sont en voie de réalisation. Des comités préparatoires se tiennent en amont de ces conférences d’examen. Depuis 1997, ils se tiennent pendant 10 jours, chacune des trois années précédant une conférence d’examen. Les conférences d’examen sont des événements majeurs, qui permettent de confronter les points de vue pour faire le bilan sur la mise en œuvre du Traité, et sur les lacunes à combler.

La conférence d’examen et de prorogation de 1995 revêt une importance particulière puisqu’elle a consacré la permanence du TNP, décidant de sa prorogation indéfinie. De plus, elle résulté dans l’adoption d’une Résolution, qui appelle à des étapes pratiques, dans les enceintes appropriées, vers la mise en place d’une Zone exempte d’armes de destruction massive (armes nucléaires, biologiques, chimiques) et de leurs vecteurs au Moyen-Orient36 .

2. Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires

Ouvert à la signature le 24 septembre 1996, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE)

entrera en vigueur lorsqu’il aura été signé et ratifié par les 44 Etats listés dans son Annexe 2.

Au 1er mars 2016, 164 Etats ont signé et ratifié le Traité, et 19 Etats l’ont uniquement signé.

Parmi les 44 Etats listés dans l’Annexe 2, 36 Etats ont signé et ratifié. Trois Etats ne l’ont pas signé : l’Inde, la République populaire démocratique de Corée et le Pakistan. Cinq Etats l’ont signé, mais ne l’ont pas ratifié : la Chine, l’Egypte, les Etats-Unis, l’Iran et Israël37.

En vertu du TICE, chaque Etat partie, sans distinction de son statut nucléaire, s’engage à :• « ne pas effectuer d’explosion expérimentale

d’arme nucléaire ou d’autre explosion nucléaire et à interdire et empêcher toute explosion de cette nature en tout lieu placé sous sa juridiction ou son contrôle » (Article Premier, paragraphe 1);

• « s’abstenir de provoquer ou d’encourager l’exécution – ou de participer de quelque manière que ce soit à l’exécution – de toute explosion expérimentale d’arme nucléaire ou de toute autre explosion nucléaire. » (Article Premier, paragraphe 2)

Le TICE met en place un important régime de vérification, destiné à détecter toute explosion nucléaire, qu’elle soit atmosphérique, souterraine ou sous-marine, et à apporter les clarifications nécessaires. Le régime de vérification s’appuie notamment sur un système de surveillance international, la consultation et la clarification, les inspections sur place et des mesures de confiance.

36http://www.un.org/disarmament/WMD/Nuclear/1995-NPT/pdf/Resolution_MiddleEast.pdf37http://www.ctbto.org/the-treaty/status-of-signature-and-ratification/

30 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le système de surveillance international consiste en 321 installations de surveillance et en 16 laboratoires déployés dans 89 pays. Quatre méthodes de surveillance sont utilisées, en mobilisant les technologies les plus

modernes : surveillance sismologique, surveillance hydroacoustique, surveillance par détection des infrasons et surveillance des radionucléides.

La station de surveillance sismologique de Torodi, Nigercrédit photo : Commission préparatoire de l’OTICE

Après l’entrée en vigueur du TICE, l’inspection sur place (ISP) sera la mesure de vérification finale de ce traité38. Elle vise à clarifier si une explosion expérimentale d’arme nucléaire ou si toute autre explosion nucléaire a été réalisée et, dans la mesure du possible, à recueillir toutes les données factuelles susceptibles de contribuer à l’identification d’un éventuel contrevenant.

La consultation et la clarification sont encouragées par le Traité, qui dispose que « sans préjudice du droit de tout Etat partie de demander une inspection sur place, les Etats parties devraient, chaque fois que possible, commencer par tout mettre en œuvre pour clarifier et régler entre eux ou avec l’Organisation ou encore par l’intermédiaire de celle-ci toute question qui susciterait

des préoccupations au sujet d’une inexécution possible des obligations fondamentales établies par le Traité ». Des procédures de consultation et clarification sont fixées par le Traité.

Le Traité définit les modalités selon lesquelles une inspection peut être déclenchée, préparée et conduite, les techniques et procédures qui peuvent être appliquées, les informations qui doivent figurer dans le rapport d’inspection, ainsi que les étapes qui peuvent faire suite à l’analyse du rapport d’inspection par le principal organe exécutif de l’Organisation du TICE (OTICE), le Conseil

Lorsque le TICE sera entré en vigueur, une ISP pourra être demandée par tout Etat partie suspectant la

38Se référer au portail électronique de formation et de gestion de connaissances du TICE : https://ktp.ctbto.org/

31GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

détonation d’un engin nucléaire, sur la base des données du système de surveillance international ou d’informations recueillies par des moyens techniques nationaux. Trente membres sur les 51 que compte le Conseil exécutif doivent approuver la demande d’ISP pour qu’elle puisse être déclenchée et pour qu’une équipe d’inspection soit envoyée sur place. A la fin de l’inspection, un rapport est soumis au Conseil exécutif pour procéder à une évaluation finale visant à confirmer l’existence ou non d’une explosion nucléaire et décider si le Traité a été violé. Le Conseil exécutif peut décider de porter la question devant l’Organisation des Nations Unies.

Au titre des mesures de confiance prévues par le TICE, les Etats parties s’engagent à notifier au Secrétariat technique de l’Organisation toute explosion chimique utilisant 300 tonnes d’explosifs ou plus, en équivalent TNP, effectuée en un tir unique, qui serait réalisée en quelque endroit de son territoire ou en un lieu placé sous sa juridiction ou son contrôle.

C. Présentation des organisations internationalesàvocation universelle (AIEA et Commission Préparatoire)

1. L’Agence internationale de l’énergie atomique

L’Agence a été créée en 1957, à l’entrée en vigueur du

statut approuvé le 23 octobre 1956 par la Conférence sur le Statut de l’Agence Internationale de l’énergie atomique, qui s’est tenue au siège de l’Organisation des Nations Unies. Elle a son siège à Vienne en Autriche.

L’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) est au cœur de la coopération internationale dans le domaine des applications pacifiques de l’atome. L’Agence « s’efforce de hâter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier. Elle s’assure, dans la mesure de ses moyens, que l’aide fournie par elle-même ou à sa demande ou sous sa direction ou sous son contrôle n’est pas utilisée de manière à servir à des fins militaires »39 .

Au 1er mars 2016, l’Agence compte 168 Etats Membres40 , dont 47 Etats africains : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cabo Verde, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Lesotho, Libéria, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe.

Les grandes missions de l’Agence portent sur41 :

• Lapromotiondel’énergienucléaireàdesfinspacifiques. L’Agence promeut l’énergie nucléaire à des fins pacifiques en aidant les Etats Membres qui envisagent de se doter d’un programme électronucléaire à planifier et mettre en place une infrastructure nationale. Elle fournit un appui intégré aux Etats Membres possédant des programmes

39Statut de l’Agence approuvé le 23 octobre 1956 par la Conférence sur le Statut de l’Agence Internationale de l’énergie atomique. https://www.iaea.org/sites/default/files/statute_fr.pdf 40https://www.iaea.org/about/memberstates 41Pour un point exhaustif sur les activités de l’Agence, se référer aux rapports annuels. https://www.iaea.org/publications

32 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

électronucléaires et à ceux qui envisagent de construire de nouvelles centrales nucléaires pour les aider à améliorer la performance et la sûreté d’exploitation à long terme en mettant en œuvre de bonnes pratiques.

• La sûreté et la sécurité nucléaires. L’Agence appuie les Etats Membres dans leurs efforts visant à protéger les populations et l’environnement contre une exposition nuisible aux radiations.

• La vérification nucléaire. L’Agence appuie les efforts de non-prolifération nucléaire, en permettant la détection à un stade précoce de l’utilisation abusive de matières ou de techniques nucléaires. Le système des garanties placées sous contrôle de l’Agence permet de donner des assurances crédibles quant au respect par les Etats de leurs obligations.

• La coopération technique. L’Agence favorise les applications pacifiques de la technologie nucléaire dans les domaines de la santé et de la nutrition, de l’alimentation et de l’agriculture, de l’eau et de l’environnement, des applications industrielles, ainsi que du développement et de la gestion des connaissances nucléaires. Ce faisant, l’Agence appuie les Etats dans leurs efforts de développement.

En 2014, le budget ordinaire de l’Agence était de 342 millions d’euros, et ses dépenses extrabudgétaires de 68 millions d’euros. Environ 2500 fonctionnaires travaillent à l’Agence42 .

Le Conseil des gouverneurs supervise les activités de l’Agence. Il comprend 35 Etats Membres, dont cinq Etats d’Afrique, et se réunit en général cinq fois par an, ou plus fréquemment si les circonstances l’exigent. Il adopte le programme de l’Agence pour la biennie suivante, et fait des recommandations à la Conférence

générale sur le budget de l’Agence.

Une Conférence générale, composée de représentants de tous les membres de l’Agence, se réunit chaque année en session ordinaire et tient les sessions extraordinaires que le Directeur général peut convoquer à la demande du Conseil des gouverneurs ou de la majorité des membres. La Conférence générale approuve l’admission de nouveaux membres, étudie le rapport annuel du Conseil, adopte le budget de l’Agence, approuve les rapports à adresser aux Nations Unies, élit les membres du Conseil des gouverneurs et donne des orientations générales.

Le Directeur général est nommé par le Conseil des gouverneurs, avec l’approbation de la Conférence générale. Plus haut fonctionnaire de l’Agence, il dirige le Secrétariat exécutif. Le Secrétariat exécutif comprend notamment :

• Le département de la coopération technique, qui inclut 4 bureaux à compétence géographique dont un est dédié à l’Afrique ;

• Le département de l’énergie nucléaire ;• Le département de la sûreté et la sécurité

nucléaires ;• Le département des garanties.

2. La Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais

Dans l’attente de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais (TICE), et de la création de l’Organisation que l’entrée en vigueur entraînera, une Commission préparatoire a été mise

42Rapport annuel pour 2014 : https://www.iaea.org/sites/default/files/gc59-7_fr.pdf

33GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

en place en 1996, à titre intérimaire.

La Commission préparatoire de l’OTICE est chargée de mettre en place le régime de vérification prévu par le Traité, et de promouvoir son universalité. Elle est composée de deux organes principaux :

• Un organe plénier (également appelé « Commission préparatoire »), au sein duquel sont rassemblés l’ensemble des Etats signataires, qui est appuyé par trois groupes de travail : un groupe de travail sur les questions administratives et financières ; un groupe de travail sur les questions relatives à la vérification ; et un groupe consultatif.

• Un Secrétariat Technique Provisoire (STP) qui, placé sous l’autorité de l’organe plénier, est chargé

de l’appuyer dans l’exercice de ses activités. Le STP a trois directions techniques : la direction du système de surveillance international ; la direction du centre international de données ; et la direction de l’inspection sur place. Ils sont soutenus par un département des affaires juridiques et des relations extérieures et par un département de l’administration.

Le STP est composé d’environ 300 fonctionnaires internationaux. Son responsable, le Secrétaire exécutif, a rang de Secrétaire général adjoint des Nations-Unies. Les deux premiers secrétaires exécutifs ont été élus chacun pour deux mandats de 4 ans. Depuis le 1er août 2013, le Secrétaire exécutif est M. Lassina Zerbo, du Burkina Faso.

L’ancien Secrétaire général des Nations Unies M. Koffi Annan et leSecrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’OTICE M. Lassina Zerbo,enentretienle13février2016crédit photo : Commission préparatoire de l’OTICE

34 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

II. Focus sur l’AfriqueA . Historique des armes nucléairesappliquéàl’Afrique

La course aux armements dans laquelle s’est engagé l’hémisphère Nord dans la seconde moitié du vingtième siècle n’a pas épargné le continent africain ; en plus de voir l’uranium extrait de son sol servir à des programmes nucléaires militaires, le continent a été le théâtre d’essais nucléaires. De plus, un pays africain, l’Afrique du Sud, a développé une capacité nucléaire militaire limitée avant d’y renoncer.

1. Contribution de l’uranium africain aux programmes nucléaires militaires

La question de la quantité d’uranium extrait en Afrique qui a été affecté à des programmes d’armes nucléaires n’a pas fait l’objet d’une étude exhaustive qui fasse référence. Plusieurs cas ont été documentés, sans néanmoins permettre de dégager une vue d’ensemble. Il est généralement admis qu’une partie de l’uranium utilisé dans le cadre du projet Manhattan et de la mise au point des premières armes nucléaires de l’arsenal américain, dont en particulier celles utilisées à Hiroshima et à Nagasaki, provenait du Congo belge43 .

Il est généralement admis également que l’extraction d’uranium en Afrique du Sud a été développée dans un premier temps pour faire face aux besoins découlant des programmes nucléaires militaires américain et britannique44 .

Lorsque l’Afrique du Sud a poursuivi de manière clandestine un programme nucléaire militaire, elle a acquis de l’uranium extrait en Namibie45 .

Ces différents exemples, qui datent d’une période révolue, illustrent la nécessité pour les Etats producteurs d’uranium de mettre en œuvre les mesures qui s’imposent pour que l’uranium extrait et exporté ne serve pas à des programmes militaires, en violation des engagements de non-prolifération.

Comme le dispose l’article III.2 du TNP, « Tout Etat Partie au traité s’engage à ne pas fournir : (a) de matières brutes ou de produits fissiles spéciaux, ou (b) d’équipements ou de matières spécialement conçus ou préparés pour le traitement, l’utilisation ou la production de produits fissiles spéciaux, à un Etat doté, non doté d’armes nucléaires, quel qu’il soit, à des fins pacifiques, à moins que lesdites matières brutes ou lesdits produits fissiles spéciaux ne soient soumis aux garanties requises par le présent article ».

Le statut de l’AIEA définit la « matière brute » comme suit : « par « matière brute », il faut entendre l’uranium contenant le mélange d’isotopes qui se trouve dans la nature ; l’uranium dont la teneur en U 235 est inférieure à la normale ; le thorium ; toutes les matières mentionnées ci-dessus sous forme de métal, d’alliage, de composés chimiques ou de concentrés ; toute autre matière contenant une ou plusieurs des matières mentionnées ci-dessus à des concentrations que le Conseil des gouverneurs fixera de temps à autre ; et telles autres matières que le Conseil des gouverneurs désignera de temps à autre »46 .

Les Etats Parties au TNP sont dès lors tenus juridiquement de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que leurs exportations, y compris de minerai d’uranium brut ou de minerai d’uranium produit

43https://www.iaea.org/OurWork/ST/NE/NEFW/documents/RawMaterials/RTC-Ghana-2010/11.DRCongo.pdf 44http://www.iaea.org/inis/collection/NCLCollectionStore/_Public/33/003/33003344.pdf 45https://www.iaea.org/About/Policy/GC/GC28/GC28Resolutions/English/gc28res-423_en.pdf46https://www.iaea.org/sites/default/files/statute_fr.pdf

35GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

et transformé en oxyde d’uranium (le « yellow cake ») ne sont pas destinées à un programme militaire d’un Etat non doté d’armes nucléaires. Le système des garanties de l’AIEA répond à cette finalité.

2. Les essais nucléaires sur le continent africain

Plus de 2050 essais nucléaires ont été réalisés depuis 194547. Parmi eux, 17 essais ont été réalisés par la France en Algérie. Le 1er de ces 17 essais est le tout premier essai nucléaire conduit par la France ; dénommé « Gerboise bleue », l’engin testé le 13

février 1960 marque l’entrée de la France dans le club nucléaire. Il a été réalisé alors que l’Algérie était considérée comme un département français, de même que les 5 essais suivants. Les 11 derniers essais ont été menés après l’indépendance de l’Algérie obtenue le 5 juillet 1962.

Les quatre premiers essais en Algérie ont été des essais atmosphériques, réalisés sur les sites de Reggane, dans le désert du Sahara. Les treize essais suivants ont été des essais souterrains, réalisés sur les sites d’In Ecker, situé sur la bordure occidentale du massif du Hoggar, également dans le désert du Sahara.

Liste des essais nucléaires réalisés en Algérie(sur la base de données compilées par le SIPRI48 )

47Pour un aperçu des essais réalisés de 1945 à 2006 par année et par pays : https://www.ctbto.org/fileadmin/user_upload/pdf/Sipri_table12b.pdf48http://www.iaea.org/inis/collection/NCLCollectionStore/_Public/31/060/31060372.pdf

Date Site Dénomination Type d’essai

13 février 1960 Reggane Gerboise bleue Atmosphérique

1er avril 1960 Reggane Gerboise blanche Atmosphérique

27 décembre 1960 Reggane Gerboise rouge Atmosphérique

25 avril 1961 Reggane Gerboise verte Atmosphérique

7 novembre 1961 In Ecker Agathe Souterrain

1er mai 1962 In Ecker Béryl Souterrain

18 mars 1963 In Ecker Emeraude Souterrain

30 mars 1963 In Ecker Améthyste Souterrain

2 octobre 1963 In Ecker Rubis Souterrain

14 février 1964 In Ecker Opale Souterrain

15 juin 1964 In Ecker Topaze Souterrain

28 novembre 1964 In Ecker Turquoise Souterrain

27 février 1965 In Ecker Saphir Souterrain

3 mai 1965 In Ecker Jade Souterrain

1er octobre 1965 In Ecker Corindon Souterrain

1er décembre 1965 In Ecker Tourmaline Souterrain

16 février 1966 In Ecker Grenat Souterrain

36 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Malgré le nombre relativement faible d’essais réalisés en Algérie, cette question a suscité une émotion importante dans l’opinion publique internationale.

A la demande de l’Algérie, l’AIEA a mené une mission sur les anciens sites d’essais nucléaires, pour en évaluer la situation radiologique. Le rapport de l’AIEA, publié en 2005, conclut que « la plupart des zones sur les sites d’essais comportent peu de matières résiduelles à l’exception : des points zéro des essais atmosphériques Gerboise blanche et Gerboise bleue sur le site de Reggane ; à Taourit Tan Affella à proximité du tunnel E2 ». Le rapport conclut également que « des actions de remédiation de l’environnement ne sont pas nécessaires pour réduire les doses en dessous des normes de sûreté établies, et l’exposition potentielle peut être contrôlée, comme c’est le cas dans le Taourit Tan Affella. Cependant, les autorités algériennes pourraient décider des mesures de remédiation ou de limitation de l’accès au public, si les conditions économiques changent dans la région et qu’une présence plus permanente des populations y est constatée »49 .

3. Le programme nucléaire militaire de l’Afrique du Sud et son démantèlement

L’Afrique du Sud, qui a accédé au TNP le 10 juillet 1991, est le seul pays d’Afrique à avoir mené un programme nucléaire militaire à terme, c’est-à-dire

jusqu’à l’assemblage d’engins nucléaires explosifs. L’Afrique du Sud a entièrement renoncé et démantelé son programme nucléaire militaire.

Suite à la signature d’un accord de garanties généralisées entre l’Afrique du Sud et l’AIEA le 16 septembre 1991, la Conférence générale de l’Agence a adopté le 20 septembre 1991 une résolution visant à la mise en œuvre de l’accord dans les meilleurs délais et à la vérification du caractère complet de l’inventaire des matières et installations nucléaires soumis par l’Afrique du Sud. Les premières inspections ont été conduites en Afrique du Sud par l’Agence en novembre 1991.

Le 24 mars 1993, le Président de Klerk annonça que l’Afrique du Sud avait développé, et démantelé, « une capacité limitée de dissuasion nucléaire » impliquant la conception et la production de sept engins nucléaires. L’annonce du Président sud-africain amena l’Agence à étendre le mandat de l’équipe d’inspecteurs, chargée dès lors de faire la lumière sur l’ancien programme d’armements et de s’assurer que toute la matière nucléaire utilisée dans le cadre de ce programme était désormais placée sous garanties. Au terme de son travail, l’équipe d’inspection conclut à l’absence d’indications suggérant que l’inventaire initial était incomplet ou que le programme d’armes nucléaires de l’Afrique du Sud n’avait pas été entièrement arrêté et démantelé.

49http://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/Pub1215_web_new.pdf

37GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

1970 : lancement du projet d’enrichissement d’uranium

1971 : décision de lancer un programme de recherche et développement en vue de la conduite d’explosions nucléaires à des fins pacifiques

1974 : le Premier Ministre autorise un programme limité pour le développement d’armes nucléaires comme outil de dissuasion

1975 : lancement de travaux de préparation d’un site d’essai nucléaire dans le Kalahari

1976 : les Etats-Unis mettent un terme à l’exportation de matière nucléaire pour le réacteur de recherche SAFARI-I

1977 : le site du Kalahari est abandonné

Mise en fonctionnement de l’installation pilote d’enrichissement de l’uranium

1978 : de l’uranium hautement enrichi est extrait de l’installation pilote d’enrichissement

1979 : le premier engin nucléaire est achevé

1982 : le deuxième engin nucléaire est achevé1985 : le Gouvernement décide de limiter à 7 le nombre d’engins nucléaires et d’initier des

recherches sur des concepts plus avancés

1987-1989 : quatre engins nucléaires supplémentaires sont achevés

1989 : décision d’achever le programme nucléaire militaire

1990 (26 février) : décision du Président de démanteler les 6 engins nucléaires assemblés et le septième engin nucléaire inachevé

1991 (10 juillet) : accession au TNP comme Etat non doté d’armes nucléaires

1991 (16 septembre) : signature et entrée en vigueur de l’accord de garanties généralisées

1991 (novembre) : premières inspections de l’AIEA

1993 (23 mars) : achèvement de la destruction de la documentation relative au programme d’armes nucléaires, sur décision du Président

1993 (24 mars) : devant le Parlement, le Président déclare que l’Afrique du Sud a développé, et démantelé, un programme d’armements nucléaires

1993 (avril - août) : les inspecteurs de l’AIEA font le point sur l’ancien programme d’armements nucléaires

Programme d’armes nucléaires de l’Afrique du Sud : principales dates

(source: adaptation de Adolf von Baeckmann, Garry Dillon and Demetrius Perricos, Nuclear verification in South Africa, IAEA Bulletin, 1/1995)50

50https://www.iaea.org/sites/default/files/publications/magazines/bulletin/bull37-1/37105394248.pdf

38 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

B. Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et Traité d’interdiction complète des essais : état des lieux sur le continent

1. Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires

Le TNP a atteint la quasi-universalité sur le continent africain ; à l’exception du Soudan du Sud, l’ensemble des Etats africains Membres de l’Organisation des Nations Unies sont parties au Traité, en tant qu’Etats non dotés d’armes nucléaires.

Comme le dispose le TNP, « tout Etat non doté d’armes nucléaires qui est Partie au Traité s’engage à accepter les garanties stipulées dans un accord qui sera négocié et conclu avec l’Agence internationale de l’énergie atomique […] à seule fin de vérifier

l’exécution des obligations assumées par ledit Etat aux termes du présent Traité en vue d’empêcher que l’énergie nucléaire ne soit détournée de ses utilisations pacifiques vers des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires » (article III.1).

Au 1er mars 2016, 44 Etats du continent africain ont signé un accord de garanties avec l’AIEA. Parmi eux, 33 Etats ont signé le modèle de protocole additionnel, qui permet à l’AIEA de mobiliser de meilleurs outils pour donner une assurance concernant à la fois les activités nucléaires déclarées et les éventuelles activités nucléaires non déclarées51 .

Au 1er mars 2016, 4 Etats du continent africain ont signé un accord de garanties et le protocole additionnel, sans qu’ils soient entrés en vigueur à ce stade ; Bénin, Cabo Verde, Guinée et Guinée-Bissau.

Un Etat du continent africain a approuvé l’accord de garanties, sans qu’il soit entré en vigueur à ce stade : la Guinée-Bissau.

Quatre Etats du continent africain n’ont pas signé d’accord de garanties : l’Erythrée, le Liberia, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie.

Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires52,Accords de garanties avec l’AIEA et protocole additionnel

Etat Signature Ratification (R)/ Accession (A)

Accord de garanties avec l’AIEA

Protocole additionnel

Afrique du Sud 10 juillet 1991 (A) En vigueur 16 septembre 1991

En vigueur 13 septembre 2002

Algérie 12 janvier 1995 (A) En vigueur 7 janvier 1997

Approuvé 14 septembre 2004

52Tableau préparé à partir des informations de la base de données du Bureau des Affaires de Désarmement de l’ONU (http://disarmament.un.org/treaties/t/npt) et des informations de l’AIEA (https://www.iaea.org/sites/default/files/sg_-agreements-status-list-20-july-2015.pdf). Lorsqu’un Etat a signé le TNP et/ou déposé son instrument de ratification ou d’ac-cession plusieurs fois, seule la première date de signature ou de dépôt est reportée dans le tableau

39GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Angola 14 octobre 1996 (A)

En vigueur 28 avril 2010

En vigueur 28 avril 2010

Bénin 1er juillet 1968 31 octobre 1972 (R)

Signé juin 2005 Signé 7 juin 2005

Botswana 1er juillet 1968 28 avril 1969 (R) En vigueur 24 août 2006

En vigueur 24 août 2006

Burkina Faso 25 novembre 1968

3 mars 1970 (R) En vigueur 17 avril 2003

En vigueur 17 avril 2003

Burundi 19 mars 1971 (A) En vigueur 27 septembre 2007

En vigueur 27 septembre 2007

Cabo Verde 24 octobre 1979 (A)

Signé 28 juin 2005 Signé 28 juin 2005

Cameroun 17 juillet 1968 8 janvier 1969 (R) En vigueur 17 décembre 2004

Signé 16 décembre 2004

Comores 4 octobre 1995 (A)

En vigueur 20 janvier 2009

En vigueur 20 janvier 2009

Congo 26 juillet 1968 23 octobre 1978 (R)

En vigueur 28 octobre 2011

En vigueur 28 octobre 2011

Côte d’Ivoire 1er juillet 1968 6 mars 1973 (R) En vigueur 8 septembre 1983

Signé 22 octobre 2008

Djibouti 16 octobre 1996 (A)

En vigueur 26 mai 2015

En vigueur 26 mai 2015

Egypte 1er juillet 1968 26 février 1981 (R)

En vigueur 30 juin 1982

Erythrée 16 mars 1995 (A)Ethiopie 5 septembre

19685 février 1970 (R) En vigueur 2

décembre 1977Gabon 19 février 1974

(A)En vigueur 25 mars 2010

En vigueur 25 mars 2010

Gambie 4 septembre 1968

12 mai 1975 (R) En vigueur 8 août 1978

En vigueur 18 octobre 2011

Ghana 1er juillet 1968 4 mai 1970 (R) En vigueur 17 février 1975

En vigueur 11 juin 2004

Guinée 29 avril 1985 (A) Signé 13 décembre 2011

Signé 13 décembre 2011

Guinée Bissau

20 août 1976 (A) Signé 21 juin 2013 Signé 21 juin 2013

Guinée équatoriale

1er novembre 1984 (A)

Approuvé 13 juin 1986

Kenya 1er juillet 1968 11 juin 1970 (R) En vigueur 18 septembre 2009

En vigueur 18 septembre 2009

40 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Lesotho 9 juillet 1968 20 mai 1970 (R) En vigueur 12 juin 1973

En vigueur 26 avril 2010

Liberia 1er juillet 1968 5 mars 1970 (R)Libye 18 juillet 1968 26 mai 1975 (R) En vigueur 8 juin

1980En vigueur 8 août 2006

Madagascar 22 août 1968 8 octobre 1970 (R)

En vigueur 14 juin 1973

En vigueur 18 septembre 2003

Malawi 18 février 1986 (A)

En vigueur 3 août 1992

En vigueur 26 juin 2007

Mali 14 juillet 1969 10 février 1970 (R)

En vigueur 12 septembre 2002

En vigueur 12 septembre 2002

Maroc 1er juillet 1968 27 novembre 1970 (R)

En vigueur 18 février 1975

En vigueur 21 avril 2011

Maurice 1er juillet 1968 8 avril 1969 (R) En vigueur 31 janvier 1973

En vigueur 17 décembre 2007

Mauritanie 26 octobre 1993 (A)

En vigueur 10 décembre 2009

En vigueur 10 décembre 2009

Mozambique 4 septembre 1990 (A)

En vigueur 1er mars 2011

En vigueur 1er mars 2011

Namibie 2 octobre 1992 (A)

En vigueur 15 avril 1998

En vigueur 20 février 2012

Niger 9 octobre 1992 (A)

En vigueur 16 février 2005

En vigueur 2 mai 2007

Nigeria 1er juillet 1968 27 septembre 1968 (R)

En vigueur 29 février 1988

En vigueur 4 avril 2007

Ouganda 20 octobre 1982 (A)

En vigueur 14 février 2006

En vigueur 14 février 2006

République centrafricaine

25 octobre 1970 (A)

En vigueur 7 septembre 2009

En vigueur 7 septembre 2009

République démocratique du Congo

22 juillet 1968 4 août 1970 (R) En vigueur 9 novembre 1972

En vigueur 9 avril 2003

Rwanda 20 mai 1975 (A) En vigueur 17 mai 2010

En vigueur 17 mai 2010

Sao Tomé-et-Principe

20 juillet 1983 (A)

Sénégal 1er juillet 1968 17 décembre 1970 (R)

En vigueur 14 janvier 1980

Signé 15 décembre 2006

Seychelles 12 mars 1985 (A) En vigueur 19 juillet 2004

En vigueur 13 octobre 2004

Sierra Leone 26 février 1975 (A)

En vigueur 4 décembre 2009

41GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Somalie 1er juillet 1968 5 mars 1970 (R)Soudan 24 décembre

196831 octobre 1973

(R)En vigueur 7 janvier

1977Soudan du SudSwaziland 24 juin 1969 11 décembre

1969 (R)En vigueur 28 janvier 1975

En vigueur 8 septembre 2010

Tanzanie 31 mai 1991 (A) En vigueur 7 février 2005

En vigueur 7 février 2005

Tchad 1er juillet 1968 10 mars 1971 (R) En vigueur 13 mai 2010

En vigueur 13 mai 2010

Togo 1er juillet 1968 27 février 1970 (R)

En vigueur 18 juillet 2012

En vigueur 18 juillet 2012

2. Traité d’interdiction complète des essais nucléaires

Au 1er mars 2016, 44 Etats du continent africain ont signé et ratifié le TICE. Parmi eux l’Afrique du Sud, l’Algérie et la République démocratique du Congo, comptent parmi les Etats listés en Annexe 2 du Traité dont la signature et la ratification est une condition à l’entrée en vigueur du Traité.

Au 1er mars 2016, 7 Etats du continent africain ont signé le Traité, mais ne l’ont pas ratifié : les Comores, l’Egypte, la Gambie, la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe, le Swaziland et le Zimbabwe. L’Egypte compte parmi les Etats listés en Annexe 2 du Traité dont la signature et la ratification est une condition à l’entrée en vigueur du Traité.

Trois Etats du continent africain n’ont ni signé ni ratifié : Maurice, la Somalie et le Soudan du Sud.

Etat Signature Ratification

Etat dont la signature et la ratificationsontrequises pour l’entrée en vigueur du Traité au titre de son Annexe 2

Afrique du Sud 24 septembre 1996 30 mars 1999 OuiAlgérie 15 octobre 1996 11 juillet 2003 OuiAngola 27 septembre 1996 20 mars 2015 NonBénin 27 septembre 1996 6 mars 2001 NonBotswana 16 septembre 2002 28 octobre 2002 NonBurkina Faso 27 septembre 1996 17 avril 2002 NonBurundi 24 septembre 1996 24 septembre 2008 NonCabo Verde 1er octobre 1996 1er mars 2006 Non

42 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Cameroun 16 novembre 2001 6 février 2006 NonComores 12 décembre 1996 NonCongo 11 février 1997 2 septembre 2014 NonCôte d’Ivoire 25 septembre 1996 11 mars 2003 NonDjibouti 21 octobre 1996 15 juillet 2005 NonEgypte 14 octobre 1996 OuiErythrée 11 novembre 2003 11 novembre 2003 NonEthiopie 25 septembre 1996 8 août 2006 NonGabon 7 octobre 1996 20 septembre 2000 NonGambie 9 avril 2003 NonGhana 3 octobre 1996 14 juin 2011 NonGuinée 3 octobre 1996 20 septembre 201 NonGuinée Bissau 11 avril 1997 24 septembre 2013 NonGuinée équatoriale 9 octobre 1996 NonKenya 14 novembre 1996 30 novembre 2000 NonLesotho 30 septembre 1996 14 septembre 1999 NonLiberia 1er octobre 1996 17 août 2009 NonLibye 13 novembre 2001 6 janvier 2004 NonMadagascar 9 octobre 1996 15 septembre 2005 NonMalawi 9 octobre 1996 21 novembre 2008 NonMali 18 février 1997 4 août 1999 NonMaroc 24 septembre 1996 17 avril 2000 NonMaurice NonMauritanie 24 septembre 1996 30 avril 2003 NonMozambique 26 septembre 1996 4 novembre 2008 NonNamibie 24 septembre 1996 29 juin 2001 NonNiger 3 octobre 1996 9 septembre 2002 NonNigeria 8 septembre 2000 27 septembre 2001 NonOuganda 7 novembre 1996 14 mars 2001 NonRépublique centrafricaine

19 décembre 2001 26 mai 2010 Non

République démocratique du Congo

4 octobre 1996 28 septembre 2004 Oui

Rwanda 30 novembre 2004 30 novembre 2004 NonSao Tomé-et-Principe 26 septembre 1996 NonSénégal 26 septembre 1996 9 juin 1999 NonSeychelles 24 septembre 1996 13 avril 2004 NonSierra Leone 8 septembre 2000 17 septembre 2001 Non

43GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Somalie NonSoudan 10 juin 2004 10 juin 2004 NonSoudan du Sud NonSwaziland 24 septembre 1996 NonTanzanie 30 septembre 2004 30 septembre 2004 NonTchad 8 octobre 1996 8 février 2013 NonTogo 2 octobre 1996 2 juillet 2004 NonTunisie 16 octobre 1996 23 septembre 2004 NonZambie 3 décembre 1996 23 février 2006 NonZimbabwe 13 octobre 1999 Non

C. Le Traité de Pelindaba Le Traité sur la zone Exempte d’Armes Nucléaires en Afrique (Traité de Pelindaba) a été signé au Caire le 11 avril 1996 par 47 Etats du continent africain. Il est entré en vigueur le 15 juillet 2009.

Le Traité de Pelindaba constitue le point d’orgue d’efforts menés de longue date par les Etats africains, pour aboutir à la dénucléarisation de l’Afrique. Le Traité s’inscrit en droite ligne de la Déclaration sur la Dénucléarisation de l’Afrique adoptée lors du premier Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine, au Caire en 196453 .

Le Traité de Pelindaba met en place une Zone Exempte d’Armes Nucléaires (ZEAN) en Afrique qui est définie comme « le territoire du continent africain, les Etats insulaires membres de [l’Union Africaine] et toutes les îles que [l’Union Africaine], dans ses résolutions, considère comme faisant partie de l’Afrique » (Article premier, paragraphe a).

1. ObligationsàlachargedesEtatsparties

Le Traité fixe des obligations de non-prolifération nucléaire, les Etats parties s’engageant à :

• « ne pas entreprendre de recherche, à ne pas mettre au point, fabriquer, stocker ni acquérir d’une autre manière, posséder ou exercer un contrôle sur tout dispositif explosif nucléaire par quelque moyen ou en quelque lieu que ce soit » (Article 3, paragraphe a) ;

• « ne pas chercher ni recevoir une aide quelconque pour la recherche, la mise au point, la fabrication, le stockage, l’acquisition ou la possession de tout dispositif explosif nucléaire » (Article 3, paragraphe b);

• « s’abstenir de tout acte visant à aider ou encourager la recherche, la mise au point, la fabrication, le stockage, l’acquisition ou la possession de tout dispositif explosif nucléaire » (Article 3, paragraphe c).

53AHG/Res.11, http://www.peaceau.org/uploads/ahg-res-11-i-fr.pdf

44 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les Etats parties s’engagent également à interdire sur leur territoire le stationnement de tout dispositif explosif nucléaire (article 4, paragraphe 1). Ils s’engagent à ne pas mener d’essai nucléaire, à interdire l’essai sur leur territoire de dispositifs explosifs nucléaires et à s’abstenir de tout acte visant à aider ou encourager l’essai de tout dispositif explosif nucléaire par tout Etat quel qu’il soit ou où qu’il soit (article 5, paragraphes a, b et c).

Ces obligations de non-prolifération nucléaire sont accompagnées d’un encouragement à la promotion des applications pacifiques de l’atome : « dans le cadre des efforts qu’elles déploient pour renforcer leur sécurité, leur stabilité et leur développement, les Parties s’engagent à promouvoir, individuellement et collectivement, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour le développement économique et social. A cette fin, elles s’engagent à créer et renforcer des mécanismes de coopération aux niveaux bilatéral, sous régional et régional » (Article 8, paragraphe 2).

Les Parties s’engagent « à mener toutes les activités d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire dans le respect de mesures rigoureuses de non-prolifération, de manière à garantir que les matières seront utilisées exclusivement à des fins pacifiques » (Article 9, paragraphe a). Dans ce contexte, elles s’engagent à conclure avec l’AIEA un accord de garanties généralisées (Article 9, paragraphe b).

Le Traité engage également les Etats parties à respecter les plus hautes normes de sécurité et de protection physique des matières, installations et équipements nucléaires (Article 10) et à prendre, faciliter ou encourager aucune mesure contre des installations nucléaires situées à l’intérieur de la ZEAN (Article 11).

2. Mise en place de la Commission africaine de l’énergie nucléaire

Pour assurer le respect des engagements pris par les Etats parties, le Traité met en place la Commission africaine de l’énergie nucléaire. Les modalités de fonctionnement de la Commission, fixées dans l’Annexe III, prévoient qu’elle compte 12 membres, élus par les Parties au Traité pour une période de trois ans. Les 12 sont des Etats Parties au Traité, qui se font représenter par des Commissaires, qui rassemblent les plus hautes compétences dans le domaine des sciences et technologies nucléaires, la diplomatie et la sécurité. Le bureau de la Commission est composé du Président, du Vice-Président et du Secrétaire exécutif. La Commission élit son Président et son Vice-Président. Le Secrétaire exécutif est désigné par le Secrétaire général de l’Union Africaine.

Lors de la première Conférence des Etats Parties, en novembre 2010, les 12 membres élus pour siéger à la Commission ont été : l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Burkina Faso, le Cameroun, l’Ethiopie, le Kenya, la Libye, le Mali, Maurice, le Sénégal, le Togo et la Tunisie.Lors de la troisième Conférence des Etats Parties, en mai 2014, les 12 membres élus pour siéger à la Commission ont été : l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Cameroun, l’Ethiopie, le Kenya, la Libye, le Mali, Maurice, le Sénégal, le Togo, la Tunisie et le Zimbabwe.En novembre 2015, la Commission de l’Union Africaine a signé un accord de siège avec l’Afrique du Sud, pour installer à Pretoria le Secrétariat de la Commission africaine de l’énergie africaine54 . Une étape importante a ainsi été franchie, en direction du plus grand fonctionnement de la Commission.

54http://au.int/en/newsevents/11764/au-and-south-africa-sign-nuclear-energy-commission-host-agreement

45GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

3. Protocolesouvertsàlasignatured’EtatsextérieursàlaZone

Deux protocoles attachés au Traité de Pelindaba sont ouverts à la signature de la Chine, des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de la France et du Royaume-Uni.

Le Protocole I vise en particulier à offrir des garanties négatives de sécurité aux Etats de la ZEAN. Chaque Partie au Protocole I « s’engage à ne pas utiliser ou menacer d’utiliser un dispositif explosif nucléaire contre : a) les Parties au Traité; ou b) tout territoire situé à l’intérieur de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Afrique » (Article premier).

Le Protocole II vise à préserver la Zone de tout essai nucléaire : « chaque Partie au Protocole s’engage à ne procéder à l’essai d’aucun dispositif explosif nucléaire en aucun lieu de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Afrique, et à ne pas aider ni encourager de tels essais » (Article premier).

Un protocole, le Protocole III, est ouvert à la signature de la France et de l’Espagne, pour les engager à appliquer les dispositions du Traité à l’égard des territoires dont elles sont internationalement responsables et qui sont situés à l’intérieur de la Zone.

4. Etat des lieux du Traité et de ses Protocoles

Au 1er mars 2016, 39 Etats africains membres de l’Organisation des Nations Unies sont Parties au Traité, et 12 Etats africains membres de l’Organisation des Nations Unies sont signataires.

Les protocoles I (garanties négatives de sécurité) et II (essais nucléaires) ont été signés par chacun des cinq Etats dotés d’armes nucléaires au sens du TNP. Tous les ont ratifiés, à l’exception des Etats-Unis.

Le protocole III, ouvert à la signature de la France et de l’Espagne, a été signé et ratifié par la France.

55 Sur la base des informations du Bureau des Affaires de Désarmement : www.disarmament.un.org/treaties/t/pelindaba

Traitésurlazoneexempted’armesnucléairesenAfrique55

Etat Signature Ratification/AccessionAfrique du Sud 11 avril 1996 27 mars 1998Algérie 11 avril 1996 11 février 1998 (R)Angola 11 avril 1996 20 juin 2014 (R)Bénin 11 avril 1996 4 septembre 2007 (R)Botswana 9 juin 1998 16 juin 1999 (R)Burkina Faso 11 avril 1996 27 août 1998 (R)Burundi 11 avril 1996 15 juillet 2009 (R)Cabo VerdeCameroun ? 11 avril 1996 28 septembre 2010 (R)

46 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Comores 11 avril 1996 24 juillet 2012 (R)Congo 27 janvier 1997 26 novembre 2013 (R)Côte d’Ivoire 11 avril 1996 28 juillet 1999 (R)Djibouti 11 avril 1996Egypte 11 avril 1996Erythrée 11 avril 1996Ethiopie 11 avril 1996 13 mars 2008 (R)Gabon 11 avril 1996 12 juin 2007 (R)Gambie 11 avril 1996 16 octobre 1996 (R)Ghana 11 avril 1996 27 juin 2011 (R)Guinée 11 avril 1996 21 janvier 2000 (R)Guinée Bissau 11 avril 1996 4 janvier 2012 (R)Guinée équatoriale 19 février 2003 (A)Kenya 11 avril 1996 9 janvier 2001 (R)Lesotho 11 avril 1996 14 mars 2002 (R)Liberia 9 juillet 1996Libye 11 avril 1996 11 mai 2005 (R)Madagascar 23 décembre 2003 (A)Malawi 11 avril 1996 23 avril 2009 (R)Mali 11 avril 1996 22 juillet 1999 (R)MarocMaurice 11 avril 1996 24 avril 1996 (R)Mauritanie 11 avril 1996 24 février 1998 (R)Mozambique 11 avril 1996 28 août 2008 (R)Namibie 11 avril 1996 1er mars 2012 (R)Niger 11 avril 1996Nigeria 11 avril 1996 18 juin 2001 (R)Ouganda 11 avril 1996

République centrafricaine 11 avril 1996République démocratique du Congo

11 avril 1996

Rwanda 11 avril 1996 1er février 2007 (R)Sao Tomé-et-Principe 9 juillet 1996Sénégal 11 avril 1996 25 octobre 2006 (R)Seychelles 9 juillet 1996 23 mai 2014 (R)

47GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Sierra Leone 11 avril 1996Somalie 23 février 2006Soudan 11 avril 1996Soudan du SudSwaziland 11 avril 1996 17 juillet 2000 (R)Togo 11 avril 1996 18 juillet 2000 (R)Tunisie 11 avril 1996 7 octobre 2009 (R)Tanzanie 11 avril 1996 19 juin 1998 (R)Tchad 11 avril 1996 18 janvier 2012 (R)Zambie 11 avril 1996 18 août 2010 (R)Zimbabwe 11 avril 1996 6 avril 1998 (R)

ProtocolesIetIIauTraitésurlazoneexempted’armes nucléaires en Afrique

Etat Protocole I (garanties négatives de sécurité)

Protocole II (essais nucléaires)

Chine Signé le 11 avril 1996. Dépôt de l’instrument de ratification le 10 octobre 1997

Signé le 11 avril 1996. Dépôt de l’instrument de ratification le 10 octobre 1997

Etats-Unis Signé le 11 avril 1996. Signé le 11 avril 1996. Fédération de Russie Signé le 5 novembre 1996(*).

Dépôt de l’instrument de ratification le 5 avril 2011(*)

Signé le 5 novembre 1996 (*). Dépôt de l’instrument de ratification le 5 avril 2011 (*)

France Signé le 11 avril 1996(*). Dépôt de l’instrument de ratification le 20 septembre 1996

Signé le 11 avril 1996 (*). Dépôt de l’instrument de ratification le 20 septembre 1996

Royaume-Uni Signé le 11 avril 1996(*). Dépôt de l’instrument de ratification le 12 mars 2001(*)

Signé le 11 avril 1996 (*). Dépôt de l’instrument de ratification le 12 mars 2001 (*)

(*) la signature et/ou dépôt de l’instrument de ratification a été assortie d’une note, intervention, déclaration ou réserve. Se référer à la base de données de traités du Bureau des Affaires de Désarmement : www.disarmament.un.org/treaties

48 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ProtocoleIIIauTraitésurlazoneexempted’armes nucléaires en Afrique

Etat Protocole III EspagneFrance Signé le 11 avril 1996(*). Dépôt de l’instrument de ratification le 20 septembre

1996(*) la signature et/ou dépôt de l’instrument de ratification a été assortie d’une note, intervention, déclaration ou réserve. Se référer à la base de données de traités du Bureau des Affaires de Désarmement : www.disarmament.un.org/treaties/t/pelindaba_3

49GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE II : LES ARMES CHIMIQUES

I. Présentation générale

A. Rappel historiqueLa Déclaration de Bruxelles de 1874 et les Conventions de la Haye de 1899 et 1907 ont prohibé l’emploi de poisons et d’armes empoisonnées et une déclaration annexée à la Convention de la Haye de 1899 a interdit « l’emploi des projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères56 » , formulant sous une forme codifiée des règles qui s’étaient développées de manière coutumière.

Des armes chimiques, sous la forme de gaz, ont été employées de manière massive pendant la première guerre mondiale. La première utilisation d’armes chimiques pendant ce conflit a eu lieu en 1914 et la première utilisation de grande ampleur en 1915.

On estime que, entre 1914 et la fin de la guerre en

1918, 125 000 tonnes de produits chimiques ont été employées, causant 1 300 000 victimes dont environ 100 000 morts57 .

Les conséquences dramatiques de l’emploi d’armes chimiques pendant la première guerre mondiale ont fait naître la volonté d’adopter des mesures pour interdire les armes chimiques et bactériologiques (biologiques). Cela a conduit à l’adoption du Protocole de Genève, signé le 17 juin 1925 et entré en vigueur le 8 février 1928, qui interdit l’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, aussi bien que des moyens de guerre bactériologique. S’il interdit l’emploi, le Protocole de Genève n’interdit ni la possession, ni l’utilisation dans des situations autres que de guerre.

Malgré l’adoption du Protocole de Genève, des armes chimiques, principalement de l’ypérite (communément appelée « gaz moutarde »), ont été utilisées par l’Italie en Abyssinie en 1935-1936, dans le cadre de la seconde guerre italo-éthiopienne. Certaines sources font état d’un nombre de victimes compris entre 15 000 et 50 00058 . Des armes chimiques ont également été utilisées par le Japon lorsqu’il a envahi la Chine59 .

56Déclaration (IV,2) concernant l’interdiction de l’emploi de projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères. La Haye, 29 juillet 189957Rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, S/9292, 1er juillet 196958The use of chemical weapons in the 1935-36 Italo-Ethiopian War, Lina Grip and John Hart, SIPRI, 200959http://www.un.org/fr/disarmament/wmd/chemical/background.shtml

50 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Caractéristiques générales des agents létaux60

Type Mécanisme Délai d’apparition des effets

Exemples

Neurotoxiques G Perturbent la transmission de l’influx nerveux

Très rapide par inhalation (quelques secondes)

Tabun, sarin, soman

Neurotoxiques V Perturbent la transmission de l’influx nerveux

Très rapide par inhalation (quelques secondes) ; relativement rapide par l’intermédiaire de la peau (de quelques minutes à quelques heures)

VX

Vésicants Par empoisonnement cellulaire

Apparition de vésicules dans un délai variant entre plusieurs heures et plusieurs jours ; effets oculaires plus rapides

Ypérite

Ypérite à l’azote

Suffocants Lésions pulmonaires Action immédiate ou après trois heures et plus

Phosgène

Toxiques du sang (hémotoxiques)

Perturbent la respiration cellulaire

Rapide (quelques seconds ou quelques minutes)

Acide cyanhydrique

Toxines Paralysie neuromusculaire Variable (heures ou jours) Toxine botulique

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la toute première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de créer une Commission chargée de présenter des propositions en vue « d’éliminer, des armements nationaux, les armes atomiques et toutes autres armes importantes permettant des destructions massives61» , ce qui englobait les armes chimiques. Cependant, les avancées vers l’interdiction des armes chimiques sont longtemps restées modestes alors que, dans le

contexte de la Guerre froide, plusieurs Etats ont doté leurs arsenaux d’une composante chimique.

Le rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, préparé à la demande de l’Assemblée générale62 et présenté le 1er juillet 196963 a apporté les éléments techniques permettant une compréhension commune des enjeux liés aux armes chimiques. Il a permis aussi de faire

60Source: Rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, S/9292, 1er juillet 1969 61A/RES/1(I), Création d’une commission chargée d’étudier les problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique62Résolution 2454 (XXIII) du 20 décembre 196863S/9292

51GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ressortir les éléments de différenciation entre les armes chimiques d’une part et les armes bactériologiques (biologiques) d’autre part alors que, jusqu’alors, la communauté internationale abordait ces différents

types d’armements de manière indistincte.

La Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques

64https://www.opcw.org/chemical-weapons-convention/genesis-and-historical-development/

Première session du groupe d’experts consultants désignés par le Secrétaire général pour l’assister dans la préparation du rapport sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle (Genève, 20-24janvier1969)Crédit photographique : Nations Unies

(biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, signée le 10 avril 1972 et entrée en vigueur le 26 mars 1975, a représenté une étape importante vers l’abolition des armes chimiques. Aux termes de son article IX, les parties s’engagent « à poursuivre, dans un esprit de bonne volonté, des négociations afin de parvenir, à une date rapprochée, à un accord sur des mesures efficaces en vue d’une interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes chimiques et en vue de leur destruction ».

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées dans les années 1970, en vue de l’interdiction des armes chimiques. Un groupe de travail américano-

soviétique a été mis sur pied, qui a exploré plusieurs aspects de la question, posant les jalons de la future Convention d’interdiction des armes chimiques. Ce groupe de travail a notamment fait ressortir la nécessité de contrôler les précurseurs d’armes chimiques, de mettre en place une organisation chargée du suivi de la mise en œuvre et de l’adosser à une conférence des Etats parties, et de prévoir des mécanismes d’inspection et de vérification64.

En 1978, la Conférence du Comité du désarmement – qui a été renommée Conférence du Désarmement en 1980 – a mis en place un groupe de travail spécial sur les armes chimiques chargé de préparer la négociation

52 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

d’une convention d’interdiction des armes chimiques. Un premier projet de convention a vu le jour en 1984, qui a ensuite fait l’objet de plusieurs itérations et amendements. L’industrie chimique a été activement associée à la négociation, garantissant son soutien continu au régime de vérification mis en place.

L’émotion internationale suscitée par l’emploi d’armes chimiques par l’armée irakienne pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), en particulier contre les populations kurdes du nord de l’Irak à Halabja en mars 1988, a contribué à accélérer les négociations.

La Conférence du Désarmement a adopté le projet de Convention le 3 septembre 1992, et l’a transmis à l’Assemblée générale. En tant que dépositaire de la Convention, le Secrétaire général l’a ouverte à la signature à Paris le 13 janvier 1993. Elle est entrée en vigueur après avoir été ratifiée par 65 Etats, le 29 avril 1997.

L’entrée en vigueur de la Convention et la mise en

place de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ont représenté une avancée majeure vers l’élimination des armes chimiques.

Les armes chimiques restent néanmoins un objet de préoccupation internationale. Il est probable que certains Etats, qui ne sont pas parties à la Convention, conservent un arsenal chimique.

Il est avéré que des armes chimiques ont été employées en Syrie à plusieurs reprises, de 2013 à 201665, confirmant la crainte que ce type d’armement continue de susciter l’intérêt. Dans ce contexte, le Mécanisme permettant au Secrétaire général d’enquêter sur les allégations d’emploi d’armes chimiques, biologiques et à toxines est particulièrement pertinent. En permettant au Secrétaire général de diligenter une enquête pour faire la lumière sur toute allégation d’emploi de ce type d’armement en violation du Protocole de Genève de 1925 et d’en communiquer le résultat aux Etats membres, ce

mécanisme a une importante fonction dissuasive.

Agent hémotoxiqueBloque l’absorption de l’oxygène dans le sang, entraînant une mort par asphyxie. Les agents hémotoxiques entrent généralement dans l’organisme par les voies respiratoires ou la peau. Ils agissent très rapidement. Comme ils sont très instables, ils sont généralement considérés comme n’étant pas adaptés pour des opérations militaires de grande envergure. Les agents hémotoxiques

les plus connus sont le cyanure d’hydrogène et le chlorure de cyanogène.

Agent incapacitantProvoque des effets temporaires et peut entraîner une incapacité physique ou mentale temporaire. Le plus connu est le benzilate de 3-quinuclidinyle, un agent anticholinergique qui peut affecter l’organisme de l’être humain pour plusieurs jours.

65 Voir le Rapport de la Mission d’enquête des Nations Unies concernant les allégations d’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne sur l’utilisation qui aurait été faite d’armes chimiques dans la Ghouta, faubourg de Damas le 21 août 2013 (16 septembre 2013, S/2013/553) et le Rapport du mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies (12 février 2016, S/2016/142)

Terminologie(source: Les termes de la sécurité : un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement

et l’instauration de la confiance www.un.org/fr/disarmament/wmd/chemical/glossary.shtml)

53GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

De manière générale, les agents incapacitants ne sont pas considérés comme ayant une efficacité sur le plan militaire.

Agent neurotoxiqueIl s’agit d’un liquide incolore, insipide et inodore qui perturbe le fonctionnement normal des muscles et du système nerveux. Les agents neurotoxiques figurent parmi les agents d’armes chimiques les plus mortels. Il en existe deux catégories : les agents G et les agents V. Ils regroupent plusieurs centaines de composés organophosphorés qui sont stables et très toxiques, et qui ont des effets rapides lorsqu’ils sont inhalés ou absorbés par la peau. Les principaux agents neurotoxiques sont le sarin (GB), le soman (GD), le tabun (GA) et le VX.

Agent vésicantIrritant. Il s’agit généralement de liquides huileux qui provoquent des brûlures ou des cloques sur la peau quelques heures après l’exposition. Le contact avec les yeux entraîne des lésions rapides et peut provoquer une inflammation, voire la cécité. Les lésions des voies respiratoires ressemblent à celles provoquées par les suffocants. Les agents vésicants les plus connus sont l’ypérite, les moutardes à l’azote, les lewisites et l’oxime de phosgène.

ArmechimiqueàcomposantsmultiplesConstituée de plusieurs produits chimiques non toxiques maintenus séparés jusqu’à l’utilisation de l’arme. Une fois mélangés, ils constituent un produit chimique toxique.

Arme chimique binaireArme qui contient deux produits chimiques non toxiques stockés séparément et qui sont mélangés pendant le tir du projectile, ou juste avant, pour

former un produit chimique toxique.

Destruction des armes chimiquesProcessus par lequel les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs sont transformés d’une façon irréversible en une forme qui ne se prête pas à la fabrication d’armes chimiques, et qui rend d’une manière irréversible les munitions et autres dispositifs de guerre chimique inutilisables.

SuffocantIl s’agit généralement d’un gaz ou d’un liquide très volatil qui, lorsqu’il est inhalé, provoque une irritation et de graves lésions au niveau des bronches et des poumons. Ces derniers se remplissent progressivement de liquide provenant de la circulation du sang. Ce mécanisme bloque l’arrivée d’oxygène dans l’organisme et entraîne une mort par asphyxie. Les suffocants les plus courants sont le chlore, la chloropicrine et le phosgène.

ToxineSous-produit toxique de plante, d’animal ou de micro-organisme, ou issu d’une synthèse chimique artificielle. À la différence d’autres agents biologiques, les toxines ne peuvent se reproduire et ne peuvent produire de maladies transmissibles; elles ne touchent que les organismes exposés. Une exposition à des toxines peut entraîner chez l’être humain une incapacité temporaire de quelques heures à plusieurs jours, voire conduire à la mort. Les toxines n’étant pas des organismes vivants, elles sont plus stables et donc plus faciles à manipuler que d’autres agents biologiques. Différentes toxines peuvent être utilisées comme agents biologiques : aflatoxines, toxines botuliques, ricine, entérotoxines (Staphylococcus aureus) et saxitoxines.

54 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

B. Présentation des instrumentsjuridiquesinternationauxàvocation universelle

1. Le Protocole de Genève de 1925

Le Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques a été signé le 17 juin 1925 et il est entré en vigueur le 8 février 1928. La France en est le dépositaire.

Le Protocole interdit l’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que de tous liquides, matières ou procédés analogues, et de moyens de guerre bactériologique. L’interdiction porte uniquement sur l’emploi. Elle ne s’étend pas à des activités telles que par exemple l’acquisition, le développement, la mise au point, l’essai, ou le stockage.

Au 10 mars 2016, 140 Etats sont parties au Protocole, et 40 sont signataires.

2. La Convention d’interdiction des armes chimiques

Ouverte à la signature le 13 janvier 1993 et entrée en vigueur le 29 avril, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction est le premier instrument international à vocation universelle qui interdit toute une catégorie d’armes de destruction massive et prévoit la vérification internationale de la destruction de celles-ci. Au 3 mars 2016, la Convention compte 192 Etats parties. L’accession la plus récente d’un Etat africain est celle

de l’Angola, qui a déposé son instrument d’adhésion le 16 septembre 2015.

La Convention prévoit l’inspection des installations de l’industrie, dans le but de garantir que les produits chimiques utilisés dans le cadre d’activités industrielles légitimes ne soient pas détournés à des fins contraires aux objectifs de la Convention. La Convention favorise la coopération internationale entre les Etats parties dans l’utilisation pacifique de la chimie. De plus, elle met en place un mécanisme d’assistance et de protection au bénéfice des Etats qui seraient attaqués ou menacés d’être attaqués au moyen d’armes chimiques.

Aux termes de la Convention, « chaque Etat partie s’engage à ne jamais, en aucun circonstance :

a) Mettre au point, fabriquer, acquérir d’une autres manière, stocker ou conserver d’armes chimiques, ou transférer, directement ou indirectement, d’armes chimiques à qui que ce soit ;

b) Employer d’armes chimiques ;c) Entreprendre de préparatifs militaires quels qu’ils

soient en vue d’un emploi d’armes chimiques ;d) Aider, encourager ou inciter quiconque, de quelque

manière que ce soit, à entreprendre quelque activité que ce soit qui est interdite à un Etat en vertu de la présente Convention. » (article I.1)

De surcroît, chaque Etat partie s’engage à détruire les armes chimiques dont il est le propriétaire ou le détenteur (article I.2) ainsi que les armes chimiques qu’il a abandonnées sur le territoire d’un autre Etat partie (article I.3) et toute installation de fabrication d’armes chimiques dont il est le propriétaire ou le détenteur (article I.4).

La Convention d’interdiction des armes chimiques n’interdit pas les agents de lutte antiémeute. Elle interdit néanmoins que de tels agents soient employés en tant que moyens de guerre (article I.5).

55GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Arme chimiqueLes éléments ci-après, pris ensemble ou séparément :a) Les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs, à l’exception de ceux qui sont destinés à des fins non interdites par la présente Convention, aussi longtemps que les types et quantités en jeu sont compatibles avec de telles fins; b) Les munitions et dispositifs spécifiquement conçus pour provoquer la mort ou d’autres dommages par l’action toxique des produits chimiques toxiques définis à l’alinéa a), qui seraient libérés du fait de l’emploi de ces munitions et dispositifs; c) Tout matériel spécifiquement conçu pour être utilisé en liaison directe avec l’emploi des munitions et dispositifs définis à l’alinéa b).

Produit chimique toxiqueTout produit chimique qui, par son action chimique sur des processus biologiques, peut provoquer chez les êtres humains ou les animaux la mort, une incapacité temporaire ou des dommages permanents. Cela comprend tous les produits chimiques de ce type, quels qu’en soient l’origine ou le mode de fabrication, qu’ils soient obtenus dans des installations, dans des munitions ou ailleurs.

PrécurseurTout réactif chimique qui entre à un stade quelconque dans la fabrication d’un produit chimique toxique, quel que soit le procédé utilisé. Cela comprend tout

composant clé d’un système chimique binaire ou à composants multiples.

Composant clé d’un système chimique binaire ouàcomposantsmultiplesLe précurseur qui joue le rôle le plus important dans la détermination des propriétés toxiques du produit final et qui réagit rapidement avec d’autres produits chimiques dans le système binaire ou à composants multiples.

Armes chimiques anciennesa) Les armes chimiques qui ont été fabriquées avant 1925; ou b) Les armes chimiques fabriquées entre 1925 et 1946 qui se sont détériorées au point de ne plus pouvoir être employées en tant qu’armes chimiques.

Armes chimiques abandonnéesLes armes chimiques, y compris les armes chimiques anciennes, qui ont été abandonnées par un Etat après le 1er janvier 1925 sur le territoire d’un autre Etat sans le consentement de ce dernier

Agent de lutte antiémeuteTout produit chimique qui n’est pas inscrit à un tableau et qui peut provoquer rapidement chez les êtres humains une irritation sensorielle ou une incapacité physique disparaissant à bref délai après qu’a cessé l’exposition

DéfinitionsapportéesparlaConventiond’interdictiondes armes chimiques

56 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Dans les 30 jours qui suivent l’entrée en vigueur de la Convention à son égard, chaque Etat partie est tenu de présenter à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) des déclarations qui renseignent de manière précise sur sa situation au regard notamment des armes chimiques, des armes chimiques anciennes, des armes chimiques abandonnées, et des installations de fabrication d’armes chimiques. Un Etat qui déclare la propriété ou la détention d’armes chimiques ou d’installations de fabrication d’armes chimiques, ou la présence de telles armes ou installations sur son territoire, doit présenter un plan général de destruction desdites armes ou de destruction ou conversion desdites installations (article III).

Huit Etats parties ont déclaré des armes chimiques : l’Albanie, les Etats-Unis d’Amérique, l’Inde, l’Irak, la Libye, la Fédération de Russie, la Syrie et un Etat qui a souhaité rester anonyme. Près de 9 millions d’engins ont été déclarés qui doivent être détruits66 .

Au 31 août 2014, quatre Etats (Albanie, Inde, Libye et un Etat qui a souhaité rester anonyme) ont achevé la destruction de leurs armes chimiques, le processus de destruction se poursuivant dans les autres Etats concernés. Au 31 août 2014, près de 85% des armes chimiques déclarées ont été détruites de manière vérifiable67.

Quatorze Etats ont déclaré des installations de fabrication d’armes chimiques : la Bosnie-Herzégovine, la Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la France, l’Inde, l’Iran, l’Iraq, le Japon, la Libye, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni, la Serbie, la Syrie et un Etat qui a souhaité rester anonyme. Au total, 96 installations de fabrication d’armes chimiques ont été déclarées. Elles ont toutes été mises hors de service et, au 31 août 2014, 79 d’entre elles ont déjà été soit détruites soit converties à des fins pacifiques. Chaque Etat partie a le droit de produire, de conserver, d’utiliser et de transférer des produits chimiques toxiques et leurs précurseurs, dès lors que la finalité n’est pas contraire aux objectifs de la Convention.

Les activités de recherche, par exemple, ou certaines activités industrielles, supposent en effet de manipuler de tels produits. Pour s’assurer que ces activités ne contreviennent pas aux objectifs de la Convention, chaque Etat partie soumet au système de vérification et de contrôle des données de l’Organisation les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs qui sont inscrits aux tableaux 1, 2 et 3 de l’Annexe sur les produits chimiques, ainsi que les installations liées à ces produits chimiques. Chaque Etat partie fait des déclarations annuelles concernant les produits chimiques et les installations pertinents.

66https://www.opcw.org/fileadmin/OPCW/Fact_Sheets/Fact_Sheet_6_-_destruction.pdf67https://www.opcw.org/fileadmin/OPCW/Fact_Sheets/Fact_Sheet_6_-_destruction.pdf

57GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les tableaux de produits chimiques68

Numéro du tableau Principes directeurs pris en considération lorsqu’il s’agit de savoir s’il convient d’inscrire un produit chimique ou un précurseur au tableau

Exemples

Tableau 1 a) Il a été mis au point, fabriqué, stocké ou employé en tant qu’arme chimique; b) Il constitue par ailleurs un risque important pour l’objet et le but de la présente Convention en raison de ses possibilités élevées d’utilisation dans le cadre d’activités interdites par la Convention, dans la mesure où seraient remplies une ou plusieurs des conditions suivantes : i) Il possède une composition chimique étroitement apparentée à celle d’autres produits chimiques toxiques inscrits au tableau 1 et a, ou pourrait avoir, des propriétés comparables; ii) Il possède une toxicité létale ou incapacitante ainsi que d’autres propriétés qui permettraient de l’employer en tant qu’arme chimique; iii) Il peut être utilisé comme précurseur au stade technologique final de la fabrication pour obtenir en une seule étape un produit chimique toxique inscrit au tableau 1, où que se déroule cette étape (installation, munition ou ailleurs); c) Il n’a guère ou pas d’utilisation à des fins non interdites par la présente Convention.

Sarin

Tabun

Gaz moutarde

Agent neurotoxique VX

Ricine

Saxitoxine

68Se référer à la Convention et à ses annexes pour les définitions complètes et pour les tableaux dans leur ensemble

58 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Tableau 2 a) Il constitue un risque sérieux pour l’objet et le but de la présente Convention du fait qu’il possède une toxicité létale ou incapacitante ainsi que d’autres propriétés qui permettraient de l’employer en tant qu’arme chimique; b) Il peut être utilisé en tant que précurseur dans l’une des réactions chimiques au stade final de l’obtention d’un produit chimique inscrit au tableau 1 ou dans la partie A du tableau 2; c) Il constitue un risque sérieux pour l’objet et le but de la présente Convention en raison de son importance dans la fabrication d’un produit chimique inscrit au tableau 1 ou dans la partie A du tableau 2; d) Il n’est pas fabriqué en grandes quantités industrielles à des fins non interdites par la présente Convention.

Amiton

Trichlorure d’arsenic

Dichlorure de méthylphosphonyle

Tableau 3 a) Il a été fabriqué, stocké ou employé en tant qu’arme chimique; b) Il constitue par ailleurs un risque pour l’objet et le but de la présente Convention du fait qu’il possède une toxicité létale ou incapacitante ainsi que d’autres propriétés qui permettraient de l’employer en tant qu’arme chimique; c) Il constitue un risque pour l’objet et le but de la présente Convention en raison de son importance dans la fabrication d’un ou de plusieurs produits chimiques inscrits au tableau 1 ou dans la partie B du tableau 2; d) Il peut être fabriqué en grandes quantités industrielles à des fins non interdites par la présente Convention

Cyanure d’hydrogène

Chloropicrine

Phosphite de triéthyle

Aux fins de la vérification sur place, chaque Etat partie donne accès aux inspecteurs de l’OIAC à ses installations. En exécutant ses activités de vérification, le Secrétariat technique évite toute intrusion injustifiée

dans les activités chimiques que mène l’Etat partie à des fins non interdites par la Convention et il veille à la protection de l’information confidentielle.

59GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

La Convention sur les armes chimiques met en place différents mécanismes d’établissement des faits, pour dissiper les doutes qui pourraient naître quant au bon respect de la Convention par un Etat partie. Les Etats parties sont invités à se consulter et à coopérer, directement entre eux ou par l’intermédiaire de l’Organisation ou en suivant d’autres procédures internationales appropriées. Les Etats parties peuvent saisir le Conseil exécutif de l’Organisation, selon différentes modalités, pour éclaircir toute situation qui serait jugée ambiguë ou qui suscite une préoccupation. Si le doute ou la préoccupation subsiste, tout Etat partie peut demander la convocation d’une session extraordinaire de la Conférence des Etat parties [?]. Enfin, tout Etat partie peut demander une inspection sur place par mise en demeure de toute installation ou de tout emplacement se trouvant sur le territoire d’un autre Etat ou en tout autre lieu placé sous la juridiction ou le contrôle de cet Etat, pour élucider et résoudre toute question liée au non-respect éventuel de la Convention.

L’article X de la Convention met en place un mécanisme d’assistance qui vise à coordonner et à fournir aux Etats parties une protection contre les armes chimiques. Dans le cadre de ce mécanisme, chaque Etat partie peut demander de recevoir une assistance et une protection contre l’emploi ou la menace d’armes chimiques, s’il estime que des armes chimiques – ou des agents antiémeutes en tant que moyens de guerre – ont été employés contre lui, ou qu’il est menacé par des actes ou des activités d’un Etat quel qu’il soit, qui sont interdits aux Etats parties en vertu de la Convention.

La Convention est appliquée « de manière à éviter d’entraver le développement économique ou technologique des Etats parties et la coopération internationale dans le domaine des activités chimiques à des fins non interdites par la Convention, y compris l’échange international d’informations scientifiques et techniques, de produits chimiques et de matériel pour la fabrication, le traitement ou l’utilisation de produits chimiques à des fins non interdites par la Convention » (article XI.1).

Pour garantir l’application de la Convention, les États membres doivent mettre en place une «autorité nationale». L’autorité nationale accompagne les équipes d’inspecteurs de l’OIAC. Elle présente les déclarations initiales et annuelles. Elle donne suite aux demandes d’assistance et de protection d’États membres menacés ou victimes d’une attaque chimique. L’autorité nationale sert de point focal dans le dialogue avec l’Organisation et les autres Etats parties69 .

C. Présentation de l’Organisation pour l’interdiction des

armes chimiquesL’Organisation pour l’interdiction des armes chimique est chargée de veiller à l’application des dispositions de la Convention, y compris celles qui ont trait à la vérification, et de ménager un cadre dans lequel les Etats puissent se consulter et coopérer entre eux.

69https://www.opcw.org/fr/nouvelles-et-publications/publications/faits-et-chiffres/

60 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Mise en place en 1997, à l’entrée en vigueur de la Convention, elle a son siège à la Haye. Ses membres sont les Etats parties à la Convention. Aucun Etat partie ne peut être privé de son statut de membre. La Convention d’interdiction des armes chimiques a mis en place les organes suivants :

- La Conférence des Etats parties ;- Le Conseil exécutif ; et,- Le Secrétariat technique.

La Conférence des Etats parties se compose de tous les membres de l’Organisation. Chaque membre a un représentant à la Conférence, qui peut se faire accompagner de suppléants et de conseillers. La Conférence tient des sessions ordinaires, qui ont lieu chaque année sauf si elle en décide autrement. Des sessions extraordinaires peuvent se tenir notamment: sur décision de la Conférence ; à la demande du Conseil exécutif ; à la demande de tout membre appuyé par un tiers des membres. La Conférence est le principal organe de l’Organisation. Elle supervise l’application de la Convention. Elle supervise également les activités du Conseil exécutif et du Secrétariat technique, et peut adresser des directives à l’un ou l’autre de ces organes. Entre autres fonctions, la Conférence : examine et adopte le rapport et le budget-programme de l’Organisation ; élit les membres du Conseil exécutif ; nomme le Directeur général du Secrétariat technique ; et, passe en revue les innovations scientifiques et techniques qui pourraient avoir des répercussions sur le fonctionnement de la Convention, en bénéficiant des avis du conseil scientifique consultatif créé par le Directeur général.

Le Conseil exécutif se compose de 41 membres, élus par la Conférence pour deux ans. Chaque Etat a le droit de siéger au Conseil exécutif suivant le principe

de la rotation. Le Conseil exécutif comprend :

- Neuf Etats parties d’Afrique ;- Neuf Etats parties d’Asie ;- Cinq Etats parties d’Europe orientale ;- Sept Etats parties d’Amérique latine et des

Caraïbes ;- Dix Etats parties du groupe des Etats d’Europe

occidentale et autres Etats ;- Un autre Etat partie que désignent à tour de rôle

les Etats parties de la région de l’Asie et de celle de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Pour chacun des groupes géographiques, un nombre déterminé d’Etats doivent avoir été choisis en leur qualité d’Etats parties « dont l’industrie chimique nationale compte parmi les plus importantes de la région », en prenant en considération « d’autres facteurs régionaux ». Dans le cas de l’Afrique, trois des neuf membres du Conseil exécutif doivent avoir été désignés sur cette base70 .

Le Conseil exécutif, qui relève de la Conférence, est l’organe exécutif de l’Organisation. Il supervise les activités du Secrétariat technique, coopère avec l’Autorité nationale de chaque Etat partie et facilite la consultation et la coopération entre Etats parties. Le Conseil exécutif est chargé notamment d’examiner et présenter à la Conférence le projet de budget-programme et de conclure des accords ou prendre des arrangements avec les Etats et les organisations internationales au nom de l’Organisation. Le Conseil exécutif examine les doutes ou préoccupations quant au respect de la Convention et des cas de non-respect et prend les mesures adéquates. En cas de situation grave et urgente, le Conseil exécutif porte le problème ou la question à l’attention de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies.

70Article VIII de la Convention d’interdiction des armes chimiques

61GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le Secrétariat technique aide la Conférence et le Conseil exécutif dans l’exercice de leurs fonctions. Il exécute les mesures de vérification prévues par la Convention. Il établit et présente au Conseil exécutif le projet de budget-programme. Il fournit un appui administratif et technique à la Conférence, au Conseil exécutif et aux organes subsidiaires. Il fournit une assistance technique aux Etats parties en vue de l’application de la Convention. Il coordonne l’établissement et le maintien de stocks permanents pour l’assistance d’urgence et humanitaire. Le Secrétariat technique compte environ 500 personnels71. Il est organisé sur la base de neuf divisions, chacune relevant d’un directeur :

- Administration ;- Relations extérieures ;- Inspectorat ;- Coopération internationale et assistance ;- Bureau du contrôle interne ;- Cabinet du Conseiller juridique ;- Bureau des projets spéciaux ;- Secrétariat des organes directeurs ;- Vérification.

La division chargée de la coopération internationale et de l’assistance gère le « Programme Afrique ». Initié en 2007 par le Directeur général, le Programme Afrique vise à répondre aux besoins spécifiques des Etats parties du continent et à favoriser la mise en œuvre efficace de la Convention sur les armes chimiques, de manière non discriminatoire. Le Programme Afrique est financé par le budget régulier de l’Organisation et par des contributions volontaires en provenance des Etats Membres et de l’Union européenne. Il est mené en partenariat avec l’Union Africaine, le Parlement Pan-Africain, l’Assemblée législative d’Afrique de l’est, l’Union Inter-Parlementaire, l’Association des Parlementaires Africains pour l’Afrique (AWEPA), les Etats membres, les donateurs et les institutions africaines72. Le Programme Afrique est à l’origine d’un nombre important d’activités qui ont permis de renforcer la capacité des Etats africains à mettre en œuvre la Convention sur les armes chimiques. Le tableau ci-dessous offre un aperçu des programmes de coopération internationale gérés par l’OIAC qui ont eu pour bénéficiaires les partenaires africains.

71https://www.opcw.org/fileadmin/OPCW/Fact_Sheets/Fact_Sheet_3_-_OPCW_Structure.pdf72https://www.opcw.org/our-work/international-cooperation/capacity-building-programmes/programme-to-strengthen-cooperation-with-africa/

Programmes de coopération internationale gérés par l’OIACSituation pour le continent africain (*)

Programme Description Bénéficiaires

Programme des scientifiques associés

Lancé en 2000, il facilite le renforcement des capacités ainsi que la mise en œuvre nationale de la CIAC dans le domaine de l’industrie et encourage les bonnes pratiques de fabrication de produits chimiques et de sécurité.

135 scientifiques associés d’Afrique

62 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Cours de développement des capacités analytiques

Lancé en 2004, il aide des analystes chimistes qualifiés à développer leur expérience pratique de l’analyse de produits chimiques en rapport avec la mise en œuvre au plan national de la CIAC.

218 chimistes d’Afrique

Programme d’appui aux conférences

Lancé en 1997, il facilite l’échange d’informations scientifiques et techniques, offre un appui financier pour l’organisation de conférences, d’ateliers et de séminaires sur des sujets précis touchant la CIAC et facilite la participation à de tels événements.

641 participants d’Afrique. De plus, l’OIAC a parrainé 60 événements en Afrique,

Programme d’appui aux projets de recherche

Lancé en 1997, il appuie des projets de recherche à petite échelle dans des pays ciblés, afin de développer les connaissances scientifiques et techniques dans le domaine de la chimie à des fins industrielles, agricoles, médicales, de recherche et autres fins pacifiques pertinentes à la CIAC

179 projets en Afrique ont bénéficié de ce programme.

Programme d’appui aux stages Des scientifiques et des ingénieurs de pays en développement effectuent des recherches avancées dans des laboratoires de pays industrialisés.

79 stagiaires d’Afrique ont été parrainés par l’OIAC.

Programme d’aide aux laboratoires Lancé en 1997, il vise à améliorer les compétences techniques des laboratoires d’analyse et de surveillance des produits chimiques.

48 laboratoires en Afrique ont bénéficié de ce programme.

Programme de transfert de matériel Ce programme facilite le transfert de matériel usagé et fonctionnel à des laboratoires bénéficiant d’un financement public et à d’autres établissements universitaires de pays en développement à partir d’institutions de pays industrialisés.

32 transferts ont été effectués en Afrique

(*) Libre adaptation sur la base de données de l’OIAC arrêtées au 31 décembre 2013 : https://www.opcw.org/fr/nouvelles-et-publications/publications/faits-et-chiffres/

63GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

II. Focus sur l’Afrique

A. Historique des armes chimiques appliquéesàl’AfriqueAvant la seconde guerre mondiale, sur le continent africain, des armes chimiques, principalement de l’ypérite (communément appelée « gaz moutarde »), ont été utilisées par l’Italie en Abyssinie en 1935-36, dans le cadre de la seconde guerre italo-éthiopienne. Certaines sources font état d’un nombre de victimes compris entre 15000 et 5000073.

Après la seconde guerre mondiale, il a été fait état, sans que cela soit officiellement confirmé, de l’emploi d’armes chimiques par l’Egypte au nord-Yémen, durant la guerre civile de 1963-1967. Du phosgène et du gaz moutarde en particulier pourraient avoir été employés. Selon certaines analyses74, l’Egypte continuerait de posséder un arsenal chimique. Cela n’a cependant jamais été confirmé officiellement par le gouvernement égyptien. L’Egypte, qui n’est pas partie à la Convention sur les armes chimiques, a en plusieurs occasions, lié son éventuelle accession à la Convention à la question du Moyen-Orient, et en particulier à l’accession d’Israël au Traité sur la non-

prolifération des armes nucléaires en tant qu’Etat non doté d’armes nucléaires75.

La Libye a annoncé en 2003 renoncer à tout programme d’armes de destruction massive. Elle a rejoint la Convention sur les armes chimiques comme Etat partie le 5 février 2004, en déclarant des armes chimiques et des installations de fabrication d’armes chimiques, soumises à un plan de destruction. En mai 2014, le Secrétariat technique de l’OIAC a vérifié et confirmé l’achèvement de la destruction de toutes les armes chimiques libyennes déclarées inscrites de catégorie 1. La Libye a également achevé la destruction de toutes les armes déclarées de catégorie 3. La destruction des armes chimiques de catégorie 2 se poursuit76.

Il est généralement admis que des recherches sur l’arme chimique ont été menées en Afrique du Sud, dans le cadre du projet Coast, qui a été entièrement abandonné avant la chute du régime de l’apartheid. L’Afrique du Sud a déposé son instrument de ratification de la Convention d’interdiction des armes chimiques le 13 septembre 1995. Le Non-Proliferation Council, mis en place par la Loi No 87 du 23 juin 199377, organise et veille au bon respect par l’Afrique du Sud de ses engagements de non-prolifération, y compris dans le domaine chimique.

Dans la période récente, il a été observé que la propagande djihadiste appelle à l’acquisition et à l’utilisation d’armes chimiques et biologiques,

73The use of chemical weapons in the 1935-36 Italo-Ethiopian War, Lina Grip and John Hart, SIPRI, 200974Voir par exemple http://www.nti.org/learn/countries/egypt/chemical/75Voir par exemple l’intervention devant l’Assemblée générale des Nations des Nations Unies de S.E.M. Nabil Fahmy, ministre des Affaires étrangères, 28 septembre 2013 : https://gadebate.un.org/sites/default/files/gastatements/68/EG_en.pdf 76Rapport sur l’ensemble des progrès accomplis dans la destruction des stocks restants d’armes chimiques, C-19/DG.14, 3 octobre 201477https://www.thedti.gov.za/nonproliferation/pdf/20050520NPAct.pdf

64 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

faisant craindre un regain d’intérêt par des acteurs non-étatiques pour ce type d’armes, y compris sur le continent africain. L’état exact de la menace est difficile à évaluer, et susceptible d’évolutions rapides. Sur le continent africain, l’industrie chimique a vocation à continuer de se renforcer, en appui des objectifs de développement socio-économiques des Etats. L’apport important de l’industrie chimique par exemple dans les domaines de l’agriculture et de la santé constitue une ressource précieuse. L’implication de l’industrie chimique dans la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques permet de s’assurer de l’absence de diversion de matières et équipements à des fins d’armes chimiques, sans contraindre inutilement les activités industrielles

menées de manière légitime.

B. Etat des lieux des traitésLa Convention sur les armes chimiques a atteint la quasi-universalité sur le continent africain ; au 15 mars 2016, tous les Etats africains membres de l’ONU sont parties à la Convention, à l’exception de l’Egypte et du Soudan du Sud.

La majorité des Etats africains parties à la Convention ont mis en place une Autorité nationale. Au 15 mars 2016, seuls l’Angola, les Comores, le Mali, la Mauritanie et la Somalie n’ont pas mis en place une telle structure.

Convention d’interdiction des armes chimiques : situation sur le continent africain (*)

Source : www.opcw.org

Etat Signature Dépôt de l’instrument de ratification,accessionou succession

Autorité nationale

Afrique du Sud 14 janvier 1993 13 septembre 1995 OuiAlgérie 13 janvier 1993 14 août 1995 OuiAngola 16 septembre 2015 NonBénin 14 janvier 1993 14 mai 1998 OuiBotswana 31 août 1998 OuiBurkina Faso 14 janvier 1993 8 juillet 1997 OuiBurundi 15janvier 1993 4 septembre 1998 OuiCabo Verde 15 janvier 1993 10 octobre 2003 OuiCameroun 14 janvier 1993 16 septembre 1996 OuiComores 13 janvier 1993 18 août 2006 NonCongo 15 janvier 1993 4 décembre 2007 OuiCôte d’Ivoire 13 janvier 1993 18 décembre 1995 OuiDjibouti 28 septembre 1993 25 janvier 2006 OuiEgypte Non Non NonErythrée 14 février 2000 OuiEthiopie 14 janvier 1993 13 mai 1996 OuiGabon 13 janvier 1993 8 septembre 2000 Oui

65GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Gambie 13 janvier 1993 19 mai 1998 OuiGhana 14 janvier 1993 9 juillet 1997 OuiGuinée 14 janvier 1993 9 juin 1997 OuiGuinée équatoriale 14 janvier 1993 25 avril 1997 OuiGuinée-Bissau 14 janvier 1993 20 mai 2008 OuiKenya 15 janvier 1993 25 avril 1997 OuiLesotho 7 décembre 1994 7 décembre 1994 OuiLiberia 15 janvier 1993 23 février 2006 OuiLibye 6 janvier 2004 OuiMadagascar 15 janvier 1993 20 octobre 2004 OuiMalawi 14 janvier 1993 11 juin 1998 OuiMali 13 janvier 1993 28 avril 1997 NonMaroc 13 janvier 1993 28 décembre 1995 OuiMaurice 14 janvier 1993 9 février 1993 OuiMauritanie 13 janvier 1993 9 février 1998 NonMozambique 15 août 2000 OuiNamibie 13 janvier 1993 27 novembre 1995 OuiNiger 14 janvier 1993 9 avril 1997 OuiNigeria 13 janvier 1993 20 mai 1999 OuiOuganda 14 janvier 1993 30 novembre 2001 OuiRépublique centrafricaine 14 janvier 1993 20 septembre 2006 OuiRépublique démocratique du Congo

14 janvier 1993 12 octobre 2005 Oui

Rwanda 17 mai 1993 31 mars 2004 OuiSao Tomé-et-Principe 9 septembre 2003 OuiSénégal 13 janvier 1993 20 juillet 1998 OuiSeychelles 15 janvier 1993 7 avril 1993 OuiSierra Leone 15 janvier 1993 30 septembre 2004 OuiSomalie 29 mai 2013 NonSoudan 24 mai 1999 OuiSoudan du Sud Non Non NonSwaziland 23 septembre 1993 20 novembre 1996 OuiTanzanie 25 février 1994 25 juin 1998 OuiTchad 11 octobre 1994 13 février 2004 OuiTogo 13 janvier 1993 23 avril 1997 OuiTunisie 13 janvier 1993 15 avril 1997 OuiZambie 13 janvier 1993 9 février 2001 OuiZimbabwe 13 janvier 1993 25 avril 1997 Oui

(*) La Convention est entrée en vigueur le 29 avril 1997 pour les Etats qui l’ont signée et ratifiée avant cette date. Pour les autres Etats parties, la Convention est devenue juridiquement contraignante 30 jours après le dépôt de l’instrument d’accession, ratification ou succession.

66 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le Protocole de Genève de 1925 est loin d’avoir atteint l’universalité sur le continent africain. Au 20 mars 2016, 34 Etats africains membres de l’ONU sont parties au Protocole.

Protocole de Genève de 1925 (*)Source : base des traités du Bureau des Affaires de Désarmement (http://disarmament.un.org/treaties/t/1925)

Etat Signature Dépôtdel’instrumentderatification,accession ou succession

Afrique du Sud 24 mai 1930

Algérie 27 janvier 1992

Angola 8 novembre 1990

Bénin 9 décembre 1986

Botswana

Burkina Faso 3 mars 1971

Burundi

Cabo Verde 16 mai 1991

Cameroun 20 juillet 1989

Comores

Congo

Côte d’Ivoire 27 juillet 1970

Djibouti

Egypte 17 juin 1925 6 décembre 1928

Erythrée

Ethiopie 17 juin 1925 7 octobre 1935

Gabon

Gambie 11 novembre 1966

Ghana 3 mai 1967

Guinée

Guinée équatoriale 20 mai 1989

Guinée-Bissau 20 mai 1989

Kenya 6 juillet 1970

Lesotho 15 mars 1973

Liberia 2 avril 1927

Libye 29 décembre 1971

67GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Madagascar 21 juin 1967

Malawi 14 septembre 1970

Mali

Maroc 13 octobre 1970

Maurice 23 décembre 1970MauritanieMozambiqueNamibieNiger 18 mars 1967Nigeria 15 octobre 1968Ouganda 2 avril 1965République centrafricaine

30 juillet 1970

République démocratique du CongoRwanda 21mars 1964Sao Tomé-et-PrincipeSénégal 20 juillet 1977SeychellesSierra Leone 20 mars 1967SomalieSoudan 17 décembre 1980Soudan du SudSwaziland 23 juillet 1991Tanzanie 28 février 1963TchadTogo 5 avril 1971Tunisie 12 juillet 1967ZambieZimbabwe

(*) Le Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, est entré en vigueur le 8 février 1928 pour les Etats qui l’ont signé et ratifié avant cette date. Pour les autres Etats parties, le Protocole est devenu juridiquement contraignant dès le dépôt de l’instrument d’accession, de ratification ou de succession.

68 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

C. Textes régionaux sur les armes chimiques Lors de son Sommet inaugural, à Durban les 9 et 10 juillet 2002, l’Union Africaine a adopté la Décision AHG/Dec.181 (XXXVIII) sur la Mise en Œuvre et l’Universalité de la Convention d’Interdiction des Armes Chimiques. Cette décision prend note de la Convention d’interdiction des armes chimiques et appelle à son universalité.

Depuis lors, l’Union Africaine n’a cessé d’apporter son appui à la Convention, en coordination étroite avec

l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Un mémorandum d’accord a été signé à Khartoum le 24 janvier 2006 par le Président de la Commission de l’Union Africaine et le Directeur général de l’OIAC, qui renforce la coopération entre les deux institutions. Les objectifs principaux du mémorandum sont l’universalisation de la Convention, la mise en œuvre effective de ses dispositions et une participation accrue des Etats africains aux programmes de coopération internationale de l’Organisation. La coopération entre l’Union Africaine et l’OIAC contribue aux efforts de développement socio-économique et technologique des Etats du continent.

69GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE III : LES ARMES BIOLOGIQUES

I. Présentation générale

A. Rappel historiqueLa notion d’arme biologique n’est apparue que tardivement, les mécanismes sous-tendant la propagation des maladies n’étant véritablement appréhendés par la science qu’à partir de la fin du XIXème siècle. Il est néanmoins possible de considérer que les armes biologiques ont fait l’objet d’une interdiction ancienne, à travers l’interdiction de l’emploi de poisons. Comme le rappelle le rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle78, les juristes romains avaient posé le principe que la guerre est faite « avec des armes, pas avec du poison » (« Armis bella non venenis geri »).

Tout au long de son histoire, l’humanité a été frappée par de grandes pandémies d’origine naturelle, ne laissant aucun doute sur la vulnérabilité des

populations aux agents pathogènes. C’est notamment le cas de la « grande peste » du XIVème siècle, induite par la peste bubonique, qui a décimé l’Europe, y provoquant plusieurs dizaines de millions de morts. Il faudrait noter que l’Afrique n’a pas été épargnée ; la peste serait apparue en Egypte en moyenne tous les deux ou trois ans entre 1347 et 151779 , frappant durement sa population.

Même si elles auraient été utilisées de manière sporadique dans le cadre d’actions de sabotage80, les armes biologiques n’ont pas été utilisées sur le champ de bataille pendant la première mondiale. L’emploi massif d’armes chimiques, combiné aux progrès de la science et de la technique, a néanmoins contribué à faire prendre conscience de la nécessité de se prémunir contre l’emploi d’agents chimiques et biologiques à des fins d’armes. Un encouragement supplémentaire à avancer dans cette direction a été provoqué par la « grippe espagnole » de 1918-1919, qui aurait causé 2,64 millions de morts81 et a frappé durement d’autres régions du monde.

L’origine de l’interdiction des armes biologiques peut être attribuée à la Déclaration de la Haye de 1899 (IV, 2) sur les gaz asphyxiants, précurseur du Protocole

78S/9292, 1er juillet 196979Boaz Shoshan, « Notes sur les épidémies de peste en Egypte », Annales de démographie historique, volume 1981/1, pp. 387-40480http://www.un.org/fr/disarmament/wmd/biological/background.shtml81Ansart et alii, Mortality burden of the 1918-1919 influenza pandemic in Europe, in Influenza and other respiratory viruses, 2009: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19453486

70 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

de Genève de 1925. Le Protocole de Genève, signé le 17 juin 1925 et entré en vigueur le 8 février 1928, a interdit l’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, aussi bien que des moyens de guerre bactériologique. Un instrument international juridiquement contraignant posait ainsi le principe d’interdiction d’emploi d’armes biologiques. S’il interdit l’emploi à la guerre, le Protocole de Genève n’interdit cependant ni l’acquisition ni la possession, ni même l’emploi dans des situations autres que de guerre.

Plusieurs Etats sont réputés avoir mené des programmes d’armements biologiques entre les deux guerres et pendant la seconde guerre mondiale82 :

• Allemagne. Une initiative limitée visant la mise au point d’armements biologiques a été lancée en 1943, avec la création d’un centre de recherche à Posen. Cette installation fonctionna jusqu’en 1945, lorsqu’elle fut prise par l’armée soviétique. Les recherches ont porté sur des agents antipersonnel et anticulture, et sur la dissémination par pulvérisation.

• Etats-Unis. En 1943, un centre de recherche a été créé et, en 1944, une installation d’essai sur site est entrée en phase opérationnelle. A la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis avaient étudié un grand nombre d’agents biologiques, et testé un modèle de bombe à sous-munitions pour la dispersion d’agents biologiques.

• France. Une Commission de bactériologie fut créée en 1921, pour établir une politique de guerre biologique. Au milieu des années 1930,

des recherches ont été menées sur des agents antipersonnels et sur d’autres agents contre les animaux, au Laboratoire du Bouchet. Les activités de recherche se sont poursuivies jusqu’à ce que les Allemands découvrent le laboratoire, en 1940.

• -Japon. Un programme d’armement biologique offensif a été lancé au milieu des années 1930. Pendant la seconde guerre mondiale, les Japonais travaillèrent sur plusieurs projets de bombes pour une dissémination de bactéries à grande échelle, ainsi que sur un dispositif aéroporté de pulvérisation. Des agents biologiques auraient été utilisés contre les Soviétiques en Mongolie en 1939, contre les troupes chinoises en 1942, et contre des civils chinois entre 1940 et 1944.

• Royaume-Uni. Le Comité de défense impériale créa, en 1936, un sous-comité chargé de prévoir des mesures en cas d’attaque biologique. Une unité spéciale sur les armes biologiques fut créée à Porton Down en 1940, marquant le début du programme britannique d’armements biologiques, et portant en particulier sur la toxine botulique et sur la maladie du charbon. Le charbon fit l’objet d’un épandage sur l’île de Gruinard, en Ecosse. En 1942, le Royaume-Uni associa ses efforts à ceux du Canada et ceux des Etats-Unis.

• Union soviétique. Un programme d’armement biologique aurait commencé vers 1927, portant sur un grand nombre d’agents pathogènes. L’Union soviétique aurait été en mesure, au début de la seconde guerre mondiale, de militariser plusieurs agents pathogènes, dont ceux responsables de la tularémie et du typhus.

82Source : http://www.un.org/fr/disarmament/wmd/biological/background.shtml

71GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Agent biologique : matière contaminante dont les effets pathogènes entraînent la mort ou une incapacité. Les agents biologiques comprennent généralement les bactéries, les virus, les rickettsies, les champignons et les toxines.

Arme biologique : engin ou vecteur qui emporte des agents biologiques vers une cible. Au début du XXème siècle, les armes biologiques étaient appelées armes bactériologiques.

Bactérie : micro-organisme unicellulaire constitué de cytoplasme et de membrane cellulaire. Les bactéries sont plus grandes que les virus. Leur taille varie entre 0,3 et plusieurs microns. La réplication des bactéries s’effectue par simple division. Bien que de nombreuses bactéries pathogènes soient vulnérables aux antibiotiques, des souches résistantes se rencontrent. Exemples de bactéries : bacille du charbon, vibrion du choléra, bacille de Yersin.

Champignon : groupe de micro-organisme se nourrissant de matière organique. Ils ne sont généralement pas nocifs pour les êtres humains et les animaux, mais ils peuvent être nuisibles pour les plantes. Exemples de champignons :

colletotrichum kahawae, Microcyclus ulei.

Rickettsie : micro-organisme intracellulaire ayant une forme et une structure similaires à celles des bactéries. Comme les virus, elles ne se reproduisent qu’à l’intérieur de cellules vivantes. Exemples de rickettsies : coxiella burnetii (fièvre Q), bartonella quintana.

Toxine : sous-produit toxique de plante, d’animal ou de micro-organisme, ou issu d’une synthèse chimique artificielle. A la différence d’autres agents biologiques, les toxines ne peuvent se reproduire et ne peuvent produire de maladies transmissibles. Exemples de toxines : aflatoxines, toxines botuliques, ricine, staphylocoques dorés, saxitoxines.

Virus : micro-organisme contaminant qui consiste en une molécule d’acide nucléique entourée d’une coque protéique. Les virus se reproduisent dans des cellules vivantes. Leurs effets peuvent être amplifiés par une mutation naturelle ou par une modification génétique. Exemples de virus : virus de la fièvre jaune, virus de l’encéphalite équine de l’est des Etats-Unis, virus de l’encéphalite transmise par les tiques, virus de Hantaan, virus d’Ebola.

Notions et terminologie83

83Sur la base du rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, S/9292, 1er juillet 1969 et de S. Tulliu et T. Schmalberger, Les termes de la sécurité : un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement et l’instauration de la confiance, UNIDIR, 2007

72 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Certains agents biologiques peuvent exercer des effets sur les animaux, tels que par exemple la fièvre aphteuse ou le charbon. En décimant les populations domestiques, ces agents peuvent entraîner de graves conséquences alimentaires et économiques.

Certains agents biologiques peuvent exercer des

effets sur les plantes, tels que par exemple le mildiou de la pomme de terre observé en Irlande en 1845, la rouille du café observée à Ceylan dans les années 1870, l’endothia du châtaigner observée aux Etats-Unis en 1904 ou la rouille de céréales. En réduisant les productions agricoles, ces agents peuvent entraîner de graves conséquences alimentaires et économiques.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il était ainsi techniquement établi que des agents biologiques pouvaient être utilisés à des fins d’armes.

La toute première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de créer une Commission chargée de présenter des propositions en vue « d’éliminer, des armements nationaux, les armes atomiques et toutes autres armes importantes permettant des destructions massives »84 , ce qui englobait les armes biologiques. Cependant, les avancées vers l’interdiction des armes biologiques sont longtemps restées modestes alors que, dans le contexte de la Guerre froide, plusieurs Etats, dont en particulier les Etats-Unis et l’Union soviétique,

ont mené des programmes de recherche et de développement sur les armes biologiques.

Le rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, préparé à la demande de l’Assemblée générale85 et présenté le 1er juillet 196986 a apporté les éléments techniques permettant une compréhension commune des enjeux liés aux armes biologiques. Il a permis aussi de faire ressortir les éléments de différenciation entre les armes chimiques d’une part et les armes biologiques d’autre part alors que, jusqu’alors, la communauté internationale abordait ces différents types d’armements de manière indistincte.

84A/RES/1(I), Création d’une commission chargée d’étudier les problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique85Résolution 2454 (XXIII) du 20 décembre 196886S/9292

73GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Effets des agents biologiques sur les animaux (exemples)87

Maladies Animaux attaqués

Viroses :Rouget du porcEncéphalites équinesFièvre aphteusePeste aviairePeste porcineMaladie de NewcastleFièvre de la vallée du RiftPeste bovineStomatite vésiculeuse

Rickettsioses :CharbonBrucelloseMorve

Mycoses :Actinomycose du bétailAspergillose

PorcsChevauxBovins, moutons, porcsPoulets, dindesPorcsPoulets, dindesBovins, chèvres, moutonsOvins, moutons, bovins, chèvres, bufflesBovins, chevaux, mulets, porcs

Bovins, moutons, chevaux, muletsBovins, moutons, chèvres, porcs, chevauxChevaux, mulets

Bovins, chevaux, porcsAnimaux de basses-cours, bovins

87(source : sur la base du rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, S/9292, 1er juillet 1969)

Le programme américain d’armement biologique a pris fin le 25 novembre 1969, lorsque le Président Richard Nixon a annoncé le renoncement des Etats-Unis à toute forme de guerre biologique. Cette annonce a été accompagnée d’une décision de fermer toutes les installations impliquées dans la fabrication d’agents biologiques, et

de détruire les stocks existants. Le 20 février 1970, cette décision unilatérale a été étendue aux toxines.

L’Union soviétique est réputée avoir mené pendant la guerre froide un programme d’armements biologiques de grande ampleur. En avril 1979, de nombreux

74 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

cas de charbon pulmonaire furent observés autour d’une installation militaire à Sverdlovsk, l’actuelle Ekaterinbourg. Le 29 janvier 1992, le Président Boris Eltsine a reconnu que ces cas étaient dus à la diffusion

accidentelle de spores de charbon, et ordonna l’arrêt de toutes les activités d’armements biologiques, et la destruction des stocks existants.

88(Source: sur la base du rapport du Secrétaire général sur les armes chimiques et bactériologiques (biologiques) et les effets de leur utilisation éventuelle, S/9292, 1er juillet 1969)

Effets des agents biologiques sur les plantes (exemples)88

Maladies Potentiel de transmission

Viroses :

Rabougrissement du maïs

Hoja blanca (riz)

Maladie de Fidji (canne à sucre)

Cercosporiose de la betterave

Menisme jaune de la pomme de terre

Mycoses :

Mildiou (pomme de terre)

Rouilles des céréales

Piriculariose du riz

Rouille du maïs

Rouille du caféier

Elevé

Elevé

Elevé

Elevé

Elevé

Très élevé

Très élevé

Très élevé

Elevé

Très élevé

Signée le 10 avril 1972 et entrée en vigueur le 26 mars 1975, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction marque la volonté de la communauté

internationale d’interdire tout emploi d’armes biologiques Pendant les années qui ont suivi l’entrée en vigueur de la Convention, les suspicions de violation par

75GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

l’Union soviétique des obligations découlant de la Convention ont fait ressortir la principale faiblesse de la Convention : l’absence de mécanisme de vérification. La Convention conserve néanmoins une puissance normative considérable, fixant des obligations juridiquement contraignantes à la charge des Etats qui y sont parties.

B. Présentation des instrumentsjuridiquesinternationauxàvocationuniverselle

1. Le Protocole de Genève de 1925

Le Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques a été signé le 17 juin 1925 et il est entré en vigueur le 8 février 1928. La France en est le dépositaire.

Le Protocole interdit l’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que de tous liquides, matières ou procédés analogues, et de moyens de guerre bactériologique. L’interdiction porte uniquement sur l’emploi des agents concernés comme moyens de guerre. Elle ne s’étend pas à des activités telles que par exemple l’acquisition, le développement, la mise au point, l’essai, ou le stockage, ou encore l’emploi dans des situations autres que celle de guerre. Au 10 mars 2016, 140 Etats sont parties au Protocole, et 40 sont signataires.

2. La Convention d’interdiction des armes biologiques

Ouverte à la signature le 10 avril 1972, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (CIAB) est entrée en vigueur le 26 mars 1975. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie (comme successeur à l’Union soviétique) en sont les dépositaires. La Convention a été conclue pour une durée illimitée.

Au 15 avril 2016, la Convention compte 174 Etats parties, et 8 signataires. Quatorze Etats ne l’ont ni signée ni ratifiée89.

Les Etats parties s’engagent à ne pas mettre au point, fabriquer, stocker ni acquérir d’une manière ou d’une autre ni conserver des agents microbiologiques ou autres agents biologiques, ainsi que des toxines quels qu’en soient l’origine ou le mode de production, de types et en quantités qui ne sont pas destinés à des fins prophylactiques, de protection ou à d’autres fins pacifiques, ainsi que des armes, de l’équipement ou des vecteurs destinés à l’emploi de tels agents ou toxines à des fins hostiles ou dans des conflits armés (Article Premier).

Les Etats parties s’engagent également à détruire ou à convertir à des fins pacifiques tous les agents, toxines, armes, équipements et vecteurs dont il est question (Article II).

Les Etats parties s’engagent à ne transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, l’un quelconque des agents, toxines, armes, équipements ou vecteurs

89Source : site internet de l’Unité d’appui à l’application de la CIAB

76 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

en question, et à ne pas aider, encourager ou inciter de quelque manière que ce soit un Etat, un groupe d’Etats ou une organisation internationale à fabriquer ou acquérir de toute autre façon l’un quelconque desdits agents, toxines, armes, équipements ou vecteurs (Article III).

Enfin, les Etats parties s’engagent à prendre les mesures nécessaires pour interdire et empêcher la mise au point, la fabrication, le stockage, l’acquisition ou la conservation des agents, des toxines, des armes, de l’équipement et des vecteurs dont il est question (Article IV).

Les dispositions de l’article III (interdiction de transfert « à qui que ce soit ») et de l’article IV (obligation de mise en place de mesures de contrôle) consacrent la CIAB comme outil de prévention du terrorisme biologique. Cette dimension de la Convention, relativement occultée au moment de son adoption, a gagné en importance au cours de la période récente. La Convention met en place un mécanisme de consultation et de coopération entre les Etats parties, pour résoudre tout problème lié à la mise en œuvre de la Convention (Article V). Cependant, la Convention ne prévoit pas de mécanisme de vérification. Si un Etat constate qu’une autre partie agit en violation des obligations découlant des dispositions de la Convention, il peut déposer une plainte auprès du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies (Article VI). En 1994, une Conférence spéciale a mis en place le Groupe spécial (VEREX), chargé d’élaborer un projet de protocole définissant des mesures de vérification pour la Convention. Le projet de protocole préparé dans ce cadre n’a pu obtenir le soutien de l’ensemble des Etats parties. L’échec de cette initiative a été constaté en 2001.

Les Etats parties s’engagent à fournir une assistance à toute Partie qui en fait la demande, si le Conseil de Sécurité décide que cette Partie a été exposée à un danger par suite d’une violation de la Convention, ou à faciliter l’assistance fournie à ladite Partie (Article VII). La Convention promeut les échanges scientifiques et techniques. Les Etats parties s’engagent à faciliter un échange aussi large que possible d’équipement, de matières et de renseignements scientifiques ayant un rapport avec l’emploi d’agents biologiques et de toxines à des fins pacifiques. Les Etats parties en mesure de la faire s’engagent à coopérer également en apportant, individuellement ou en commun, avec d’autres Etats ou des organisations internationales, leur concours à l’extension future et à l’application des découvertes scientifiques dans le domaine de la biologie, en vue de la prévention des maladies ou à d’autres fins pacifiques (Article X).

Le fonctionnement de la Convention est soumis à un mécanisme d’examen, qui prévoit des conférences quinquennales. Les conférences quinquennales, dont la première a eu lieu en 1981, se tiennent à Genève. Le processus d’examen de la Convention a amené à d’importants renforcements de la Convention.

Mécanismedemesuresdeconfiance

Lors de la deuxième conférence d’examen, en 1986, les Etats parties se sont entendus sur un mécanisme de mesures de transparences destinées à renforcer la confiance dans la mise en œuvre de la Convention. Dans le cadre de ce mécanisme, qui a fait l’objet d’améliorations successives, dont la plus récente en 2011, les Etats parties procèdent à des échanges d’information sur une base annuelle. Les mesures de confiance sont soumises par les Etats à l’Unité d’appui à l’application de la CIAB, chaque année avant le 15

77GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

avril. Elles recouvrent les champs suivants :

• Echange de données sur les centres de recherche et laboratoires (formulaire MDC A partie 1) ;

• Echange d’informations sur les programmes nationaux de recherche et développement en matière de défense biologique (formulaire MDC A partie 2) ;

• Echange d’informations sur toute apparition de maladie contagieuse ou autre accident causé par des toxines (formulaire MDC B);

• Encouragement à la publication des résultats et promotion de l’utilisation des connaissances (formulaire MDC C);

• Déclaration des mesures législatives, réglementaires et autres (formulaire MDC E) ;

• Déclaration d’activités menées par le passé dans le cadre de programmes de recherche et développement biologique de caractère offensif et/ou défensif (formulaire MDC F);

• Déclaration des installations de fabrication de vaccins (formulaire MDC G).

La participation au mécanisme de mesures de transparence est inégale. Ainsi, en 2015, l’Unité d’appui à l’application de la CIAB a reçu une déclaration au titre des mesures de confiance portant sur l’année civile 2014 de seulement 72 Etats parties, soit 41% des Etats parties à la Convention. Au 30 octobre 2015, un nombre total de 55 Etats parties n’avaient jamais soumis de déclaration au titre des mesures de confiance90 .

Système de bases de données sur l’assistance

Afin de favoriser la coopération et l’assistance,

dans le cadre de l’article X de la Convention, la septième Conférence d’examen, en 2011, a décidé de mettre en place un système de base de données destiné à faciliter l’échange des demandes et offres d’assistance et de coopération entre Etats parties. La Conférence a invité les Etats parties « à soumettre, individuellement ou conjointement avec d’autres Etats parties ou des organisations internationales, à l’Unité d’appui à l’application, à titre volontaire, leurs demandes, leurs besoins et leurs offres d’assistance, notamment en termes d’équipements, de matières et de renseignements scientifiques et techniques concernant l’utilisation à des fins pacifiques d’agents biologiques ou de toxines ». Les offres d’assistance sont consultables dans la partie publique de la base de données91. Les demandes d’assistance sont consultables uniquement dans la partie restreinte, dont l’accès est réservé aux Etats parties.

Le rapport de l’Unité d’appui à l’application de la CIAB pour l’année 201592 fait ressortir que, au 30 octobre 2015, la base de données contient : vingt-neuf offres d’assistance émanant de cinq Etats parties et d’un groupe d’Etats parties; quatre demandes d’assistance émanant de 4 Etats parties et une mise à jour de demande d’assistance.

Programme de parrainage

La septième Conférence d’examen a mis en place un programme de parrainage, destiné à « soutenir et favoriser la participation des Etats parties en développement aux réunions de programmes intersessions ». Ce programme de parrainage est soutenu par des contributions volontaires, et par des arrangements bilatéraux.

90Rapport BWC/MSP/2015/391http://www.unog.ch/80256EDD006B8954/%28httpAssets%29/267791D1D5FFFF46C1257E4C0054B901/$file/Table+-+offers+to+provide+assistance+-+Feb2015+-+public+area.pdf 92Rapport BWC/MSP/2015/3

78 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

3. La Convention d’interdiction des armes chimiques.

Le champ de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, ouverte à la signature le 13 janvier 1993 et entrée en vigueur le 29 avril 1997, recouvre les armes à toxines. Sous-produit

toxique de plante, d’animal ou de micro-organisme, ou issu d’une synthèse chimique artificielle, les toxines peuvent être considérées comme armes biologiques au regard de leur mode de production, ou comme armes chimiques au regard de leurs propriétés. Pour plus d’informations sur la Convention d’interdiction des armes chimiques, se référer aux pages 52 du présent document.

I I. Présentation de l’Unité d’appui à l’application et autres organisations internationales pertinentes

1. Unitéd’appuiàl’application

L’Unité d’appui à l’application de la CIAB a été créée en 2006 par la sixième Conférence d’examen, qui a ainsi apporté une réponse, partielle, au déficit institutionnel de la Convention. Fonctionnellement, l’Unité d’appui rend compte au Président de la Conférence des Etats parties. Institutionnellement, elle dépend du Bureau des Affaires de Désarmement de l’Organisation des Nations unies.

L’Unité d’appui forme le noyau du Secrétariat des réunions de la Convention d’interdiction des armes biologiques. Elle élabore et administre le site internet de la Convention, communique avec les organisations pertinentes et assiste aux réunions et événements en rapport avec la Convention.

L’Unité d’appui administre le mécanisme de mesures

de confiance. Elle reçoit et relaie les déclarations soumises par les Etats, compile et diffuse les données recueillies dans ce cadre. Elle facilite les activités visant à promouvoir la participation au processus des mesures de confiance.

L’Unité d’appui encourage les efforts de mise en œuvre au niveau national, en facilitant les échanges d’informations dans ce domaine. Elle compile les informations sur les mesures nationales de mise en œuvre, rassemblées dans une base de données accessible aux Etats parties. Elle aide les Etats parties à répondre à l’obligation de transposer la Convention en mesures nationales de mise en œuvre.

L’Unité d’appui promeut l’universalité de la Convention. Elle soutient le Président de la Conférence des Etats parties dans la conduite des activités pour lesquelles il a été mandaté93 .

L’Unité d’appui est composée de trois personnels, dont

93Pour plus d’informations sur l’Unité d’appui à l’application de la Convention d’interdiction des armes biologiques: http://www.unog.ch/80256EE600585943/%28httpPages%29/F8521A510F455706C12573A6003F49F2?OpenDocument&cntxt=BD509&cookielang=fr

79GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

l’efficacité est renforcée par un travail en synergie avec d’autres organisations internationales.

2. Autres organisations internationales pertinentes

Parmi les nombreuses organisations internationales dont l’action soutient les objectifs de la Convention d’interdiction des armes biologiques, trois revêtent une importance singulière : l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, et

l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

a. Organisation Mondiale de la Santé

Créée en 1948, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dirige et coordonne la santé mondiale au sein du système des Nations unies. Elle soutient les pays dans leurs objectifs sanitaires. Parmi ses principaux domaines d’activité, plusieurs coïncident avec les objectifs de la CIAB, dont en particulier ceux liés aux maladies transmissibles, et à la préparation, surveillance et réponse aux crises.

CoordinationtechniqueenréponseàlacriseEbola

(crédit photo: OMS)

Le règlement sanitaire international, signé par l’ensemble des Etats membres de l’OMS, vise à renforcer leurs capacités en matière de détection, d’évaluation et de notification des événements de santé publique. L’OMS assure un rôle de coordination, et aide les pays à renforcer leurs capacités.

b. Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE)

L’Office international des épizooties, rebaptisé Organisation Mondiale de la Santé Animale en 2003, a été

80 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

créé en 1924. L’organisation a conservé son acronyme historique. Chargé d’améliorer la santé animale, l’OIE établit des normes reconnues comme référence mondiale par l’Organisation Mondiale du Commerce.

L’OIE promeut la transparence de la situation des maladies animales dans le monde, et fournit un appui technique aux pays membres pour soutenir les opérations de contrôle et d’éradication des maladies animales, y compris celles transmissibles à l’homme. Plusieurs de ses principaux domaines d’activité coïncident ainsi avec les objectifs de la CIAB.

c. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est une organisation spécialisée du

système des Nations unies, créée en 1945, dont l’objectif est « d’aider à construire un monde libéré de la faim ».Parmi les principaux domaines d’activité de l’OIE, plusieurs coïncident avec les objectifs de la CIAB. L’amélioration de la résilience des moyens d’existence face aux catastrophes compte parmi les priorités stratégiques de la FAO. A ce titre, elle appuie les stratégies d’atténuation des risques et de gestion des crises, et élabore et met à la disposition des pays des mécanismes de suivi et d’alerte pour les risques multiples et les menaces pesant sur l’agriculture.

Au-delà de ces trois organisations, l’Unité d’appui à l’application de la CIAB travaille en synergie avec d’autres organisations internationales telles que par exemple INTERPOL dans le domaine de la coopération policière, le Comité 1540, le Groupe d’action financière (GAFI) et l’Organisation Mondiale des Douanes.

BétailaffectéparlafièvredelavalléeduRift(crédit photo: FAO)

La rouille du blé, au potentiel de transmission très élevé

81GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

III. Focus sur l’Afrique

A. Historique des armes biologiquesappliquéàl’Afrique

Aucun Etat du continent africain n’a reconnu officiellement avoir poursuivi un programme d’armes biologiques. Plusieurs Etats du continent sont néanmoins suspectés d’avoir mené de telles activités.

Selon des informations non confirmées officiellement, l’Egypte aurait mené un programme d’armes biologiques94. La Libye aurait mené un programme d’armes biologiques de faible ampleur, avant d’annoncer en 2003 renoncer à toute activité d’armes de destruction massive.

De plus, des armes biologiques auraient néanmoins été utilisées sur le continent africain, de manière sporadique ;• Lors de leur révolte contre les Britanniques, les

Mau Mau du Kenya auraient empoisonné des bovins au moyen d’une toxine produite par une plante (synadenium grantii)95 ;

• Le project Coast, mené en Afrique du Sud pendant l’apartheid, aurait mené à la mise au point d’armes biologiques et à leur utilisation contre des opposants au régime. Le Président F. W. De Klerk a annoncé en 1993 la cessation du programme, la destruction des stocks existants et

le démantèlement des installations concernées.

L’acquisition d’agents biologiques aurait également été recherchée sur le continent africain par des acteurs non-étatiques. Ainsi, des membres de la secte Aum se seraient rendus en Afrique centrale en 1993, pour essayer, en vain, de recueillir des souches du virus Ebola96 .

Dans la période récente, il a été observé que la propagande djihadiste appelle à l’acquisition et à l’utilisation d’armes chimiques et biologiques, faisant craindre un regain d’intérêt par des acteurs non-étatiques pour ce type d’armes, y compris sur le continent africain.

B. Etat des lieux des traités sur le continent africain

La majorité des Etats africains sont parties à la Convention d’interdiction des armes biologiques ; au 15 mars 2016, 41 Etats africains membres de l’ONU sont parties à la CIAB.

Le continent africain compte le plus grand nombre d’Etats qui ont signé la Convention, mais ne l’ont pas ratifiée. Cinq Etats sont dans cette situation : Egypte, Liberia, République centrafricaine, Somalie et Tanzanie.L’Afrique est aussi la région du monde qui compte le plus grand nombre d’Etats non parties à la CIAB. Huit Etats du continent n’ont ni signé, ni ratifié la Convention d’interdiction des armes biologiques : Angola, Chad, Comores, Djibouti, Erythrée, Guinée, Namibie et Soudan du Sud.

94P. Kerr, Nuclear, Biological, and Chemical Weapons and Missiles: Status and Trends, CRS Report for Congress, 200895Sharad Chauhan, Biological Weapons, APH Publishing, 2004, p. 17896http://wwwnc.cdc.gov/eid/article/5/4/99-0409_article

82 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

La majorité des Etats africains parties à la Convention n’ont pas encore soumis de point focal national à l’Unité d’appui à l’application. Deux Etats signataires et deux Etats non parties du continent ont désigné un tel point focal.

Pendant le programme de l’intersession 2012-2015,

9 Etats africains ont soumis des déclarations au titre des mesures de confiance; l’Afrique du Sud (en 2012, 2013, 2014 et 2015), l’Algérie (en 2014 et 2015), le Botswana (en 2015), le Kenya (en 2012, 2014 et 2015), la Libye (en 2012, 2013 et 2014), Madagascar (en 2012), le Maroc (en 2012, 2013, 2014 et 2015), la Mauritanie (en 2015) et le Zimbabwe (en 2012).

Convention d’interdiction des armes biologiques : situation sur le continent africain (*)

Source : sur la base des informations de l’Unité d’appui à l’application93

Etat Signature Dépôt de l’instrument de ratificationoud’adhésion

Point de contact

Afrique du Sud 10 avril 1972 3 novembre 1975 OuiAlgérie 28 septembre 2001 OuiAngola Non Non NonBénin 10 avril 1972 25 avril 1975 NonBotswana 10 avril 1972 5 février 1992 NonBurkina Faso 17 avril 1991 OuiBurundi 10 avril 1972 18 octobre 2011 OuiCabo Verde 20 octobre 1977 NonCameroun 18 janvier 2013 OuiComores Non Non NonCongo 23 octobre 1978 NonCôte d’Ivoire 23 mai 1972 23 mars 2016 NonDjibouti Non Non NonEgypte 10 avril 1972 Non NonErythrée Non Non NonEthiopie 10 avril 1972 26 mai 1975 NonGabon 10 avril 1972 16 août 2007 NonGambie 2 juin 1972 7 mai 1997 NonGhana 10 avril 1972 6 juin 1975 OuiGuinée Non Non Oui

97Rapport annuel de l’Unité d’appui à l’application, 3 novembre 2015, BWC/MSP/2015/3

83GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Guinée équatoriale 16 janvier 1989 NonGuinée-Bissau 20 août 1976 NonKenya 7 janvier 1976 OuiLesotho 10 avril 1972 6 septembre 1977 NonLiberia 10 avril 1972 Non OuiLibye 10 avril 1972 19 janvier 1982 OuiMadagascar 13 octobre 1972 7 mars 2008 OuiMalawi 10 avril 1972 2 avril 2013 OuiMali 10 avril 1972 25 novembre 2002 NonMaroc 2 mai 1972 21 mars 2002 OuiMaurice 10 avril 1972 7 août 1972 OuiMauritanie 28 janvier 2015 NonMozambique 29 mars 2011 OuiNamibie Non Non Oui Niger 21 avril 1972 23 juin 1972 OuiNigeria 3 juillet 1972 3 juillet 1973 OuiOuganda 12 mai 1992 OuiRépublique centrafricaine

10 avril 1972 Non Non

République démocratique du Congo

10 avril 1972 16 septembre 1975 Non

Rwanda 10 avril 1972 20 mai 1975 NonSao Tomé-et-Principe 24 août 1979 NonSénégal 10 avril 1972 26 mars 1975 NonSeychelles 11 octobre 1979 NonSierra Leone 7 novembre 1972 29 juin 1976 NonSomalie 3 juillet 1972 Non NonSoudan 17 octobre 2003 OuiSoudan du Sud Non Non NonSwaziland 18 juin 1991 NonTanzanie 16 août 1972 Non OuiTchad Non Non NonTogo 10 avril 1972 10 novembre 1976 NonTunisie 10 avril 1972 18 mai 1973 NonZambie 15 janvier 2008 OuiZimbabwe 5 novembre 1990 Non

(*) La Convention est entrée en vigueur le 26 mars 1975 pour les Etats qui l’ont signée et ratifiée avant cette date. Pour les autres Etats parties, la Convention est devenue juridiquement contraignante le jour du dépôt de l’instrument de ratification ou d’adhésion. En cas de signature/dépôt en plusieurs dates, seule la première date est reportée dans le tableau.

84 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le Protocole de Genève de 1925 est loin d’avoir atteint l’universalité sur le continent africain. Au 20 mars 2016, 34 Etats africains membres de l’ONU sont parties au Protocole.

Protocole de Genève de 1925 (*)Source : base des traités du Bureau des Affaires de Désarmement (http://disarmament.un.org/treaties/t/1925)

Etat Signature Dépôtdel’instrumentderatification,accession ou succession

Afrique du Sud 24 mai 1930Algérie 27 janvier 1992 Angola 8 novembre 1990Bénin 9 décembre 1986BotswanaBurkina Faso 3 mars 1971BurundiCabo Verde 16 mai 1991Cameroun 20 juillet 1989ComoresCongoCôte d’Ivoire 27 juillet 1970DjiboutiEgypte 17 juin 1925 6 décembre 1928ErythréeEthiopie 17 juin 1925 7 octobre 1935GabonGambie 11 novembre 1966Ghana 3 mai 1967GuinéeGuinée équatoriale 20 mai 1989Guinée-Bissau 20 mai 1989Kenya 6 juillet 1970Lesotho 15 mars 1973Liberia 2 avril 1927Libye 29 décembre 1971Madagascar 21 juin 1967Malawi 14 septembre 1970Mali

85GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Maroc 13 octobre 1970Maurice 23 décembre 1970MauritanieMozambiqueNamibieNiger 18 mars 1967Nigeria 15 octobre 1968Ouganda 2 avril 1965République centrafri-caine

30 juillet 1970

République démocra-tique du CongoRwanda 21mars 1964Sao Tomé-et-PrincipeSénégal 20 juillet 1977SeychellesSierra Leone 20 mars 1967SomalieSoudan 17 décembre 1980Soudan du SudSwaziland 23 juillet 1991Tanzanie 28 février 1963TchadTogo 5 avril 1971Tunisie 12 juillet 1967ZambieZimbabwe

(*) Le Protocole concernant la prohibition d’emploi pendant la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou simi-laires et de moyens bactériologiques, est entré en vigueur le 8 février 1928, pour les Etats qui l’ont signé et ratifié avant cette date. Pour les autres Etats parties, le Protocole est devenu juridiquement contraignant dès le dépôt de l’instrument d’accession, de ratification ou de succession.

C. Textes régionaux sur les armes biologiquesLa Déclaration Solennelle sur la Politique Africaine

Commune de Défense et de Sécurité, adoptée à Syrte, en Libye, le 28 février 2004, identifie les armes de destruction massive, y compris les armes biologiques, comme une menace commune contre la sécurité du continent, qui nécessite une réponse collective de

86 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

la part de l’ensemble des Etats Membres de l’Union Africaine98 .

Dans ce contexte, la Commission de l’Union Africaine, et en particulier son Département Paix et Sécurité, appuie les efforts de non-prolifération des armes biologiques, y compris dans le contexte de la CIAB.

Le 26 mars 2015, à l’occasion du 40ème anniversaire de l’entrée en vigueur de la CIAB, l’Union Africaine a adopté un communiqué de presse appelant à l’universalisation et à la mise en œuvre intégrale de la Convention. Aux termes du communiqué, « la Présidente de la Commission, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, souligne l’importance que revêtent, pour le renforcement de la santé publique, les mesures nationales d’application prévues par la Convention, en particulier celles relatives à la formation et au développement institutionnel, à l’amélioration de la bio-sûreté et de la bio-sécurité, ainsi qu’au renforcement des capacités de surveillance et de détection des épidémies. Elle souligne que de telles mesures contribuent à l’accroissement de l’efficacité de la réponse aux épidémies. A cet égard, la Présidente de la Commission souligne l’importance du renforcement de la coopération internationale, de l’assistance et de l’échange dans le domaine des sciences et de la technologie biologiques à des fins pacifiques, appelant les Etats membres et les partenaires internationaux à promouvoir le renforcement des capacités dans les domaines de la formation et de l’éducation, de la surveillance des maladies, de la détection, du diagnostic et du contrôle des maladies transmissibles. » Dans le communiqué, la Présidente de la Commission appelle les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention ou à y accéder dans le délai99 .

Depuis lors, l’Union Africaine n’a cessé d’apporter son appui à la Convention, en coordination étroite avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Un mémorandum d’accord a été signé à Khartoum le 24 janvier 2006 par le Président de la Commission de l’Union Africaine et le Directeur général de l’OIAC, qui renforce la coopération entre les deux institutions. Les objectifs principaux du mémorandum sont l’universalisation de la Convention, la mise en œuvre effective de ses dispositions et une participation accrue des Etats africains aux programmes de coopération internationale de l’Organisation. La coopération entre l’Union Africaine et l’OIAC contribue aux efforts de développement socio-économique et technologique des Etats du continent.

Le premier atelier entièrement dédié à la CIAB organisé par l’Union Africaine s’est tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, les 29 et 30 octobre 2015. Dans son allocation d’ouverture, le Chef du Département Paix et Sécurité, Dr. Tarek Sharif, a rappelé le principe selon lequel la participation universelle aux régimes de désarmement et non-prolifération renforce leur efficacité et leur autorité, et assure la transparence et les mesures de confiance nécessaires100 .

Le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD), adopté à la 37ème session de l’Assemblée de l’Union Africaine à Lusaka, en Zambie, en juillet 2001, contribue au renforcement des capacités des Etats africains dans le domaine de la bio-sécurité et la bio-sûreté. Son réseau d’expertise dans le domaine de la bio-sécurité (African Biosafety Network of Expertise) contribue à la formation, à l’éducation, au partage d’expérience

98http://www.peaceau.org/uploads/declaration-cadsp-en.pdf99Communiqué de presse du 26 mars 2015 : http://www.peaceau.org/uploads/auc.com.40th.anniv.conv.bio.-26.03.2015.pdf100http://www.peaceau.org/uploads/opening-statement-bwc-mtng-oct2015.pdf

87GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

et à l’identification des bonnes pratiques101.

D’autres organisations du continent jouent un rôle important dans le développement des capacités en matière de bio-sûreté et bio-sécurité, comme par exemple :

• l’Association africaine de sécurité biologique (AfBSA – African Biosafety Association)102 ;

• le consortium GET (Global Emerging Pathogens Treatment Consortium)103 ;

• le centre international pour l’ingénierie génétique et la biotechnologie de l’Université du Cap104 .

101 http://nepad-abne.net/fr/ 102http://afbsa.org/ 103http://getafrica.org 104http://icgeb.org

88 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

I- Présentation générale

A. Rappel historiqueLa résolution 1540, adoptée par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 28 avril 2004, vise à prévenir la prolifération des armes de destruction massive du fait d’acteurs non étatiques. Adoptée sous le chapitre VII de la Charte de l’Organisation, elle fixe des obligations à la charge de chacun des Etats membres, de manière juridiquement contraignante.

La résolution 1540 (2004) constitue une réponse au rôle possible d’acteurs non étatiques dans la prolifération des armes de destruction massive, révélée en particulier par la mise au jour du « réseau Abdoul Qadeer Khan », du nom du scientifique pakistanais, qui a mis en place et organisé un vaste système d’acquisition et de transfert de technologies, équipements et matières destinés à des fins d’armes de destruction massive.

Ingénieur métallurgiste, diplômé d’un doctorat obtenu en 1972 en Belgique, à l’université de Louvain, Abdoul

Qadeer Khan est considéré comme le père de la bombe nucléaire pakistanaise, en raison du rôle-clé qu’il a joué dans le développement par le Pakistan d’une capacité nucléaire militaire, qui s’est concrétisée par la détonation de cinq engins nucléaires explosifs les 28 et 30 mai 1998. Si ces essais ont été condamnés par le Conseil de Sécurité105, ils n’en sont pas moins restés un motif de fierté pour le Pakistan, dont le crédit a été attribué en grande partie à Abdoul Qadeer Khan.

Parallèlement à ses activités en soutien du programme nucléaire et balistique du Pakistan, Abdoul Qadeer Khan a mis sur pied un réseau proliférant, qui de manière clandestine a alimenté les programmes nucléaires de pays tels que la Corée du Nord, l’Iran et la Libye106 . La particularité de ce réseau, mis en place avant l’adoption de la résolution 1540 (2004), est qu’il a mobilisé une chaîne complexe d’acteurs, pour l’essentiel du secteur privé, en opérant dans plus de 30 pays107.

En octobre 2003, l’interception du BBC China, bâteau allemand qui transportait des éléments de centrifugeuses produits en Malaisie et destinés à la Libye a conduit la Libye en décembre 2003 au renoncement à tout programme d’armes de destruction massive et à la mise au jour du réseau d’Abdoul Qadeer Khan. Les révélations qui ont suivi, et les excuses

CHAPITREIV:LARESOLUTION1540

105Résolution 1172 adoptée par le Conseil de Sécurité le 6 juin 1998106https://www.iaea.org/safeguards/symposium/2010/Documents/PapersRepository/2012749789382198030766.pdf 107https://www.iaea.org/newscenter/news/iaea-helps-south-african-government-dismantle-illicit-nuclear-network

89GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

publiques présentées par le scientifique à la télévision nationale pakistanaise en février 2004, ont contribué à faire prendre conscience de la nécessité de mieux prévenir la prolifération des armes de destruction massive du fait d’acteurs non étatiques. Ceci a amené à l’adoption le 28 avril 2004 de la résolution 1540, dont la négociation avait été initiée en octobre 2003.

B. Présentation de la résolution1540

Adoptée sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, la résolution 1540 fixe trois séries d’obligations à la charge des Etats. Aux termes de la résolution, les Etats doivent:• «s’abstenir d’apporter un appui, quelle qu’en soit la

forme, à des acteurs non étatiques qui tenteraient de mettre au point, de se procurer, de fabriquer, de posséder, de transporter, de transférer ou d’utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou leurs vecteurs » (paragraphe 1);

• «adopter et appliquer, conformément à leurs procédures internes, une législation appropriée et efficace, interdisant à tout acteur non étatique de fabriquer, se procurer, mettre au point, posséder, transporter, transférer ou d’utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou leurs vecteurs, en particulier à des fins terroristes, réprimant toutes les tentatives de l’une quelconque de ces activités, le fait d’y participer en tant que complice et le fait d’y fournir assistance ou de la financer » (paragraphe 2);

• « prendre et appliquer des mesures efficaces afin de mettre en place des dispositifs internes de contrôle destinés à prévenir la prolifération des

armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou de leurs vecteurs, y compris en mettant en place des dispositifs de contrôle appropriées pour les éléments connexes, et qu’à cette fin ils doivent :

a) Arrêter et instituer des mesures appropriées et efficaces leur permettant de suivre la localisation de ces produits et d’en garantir la sécurité pendant leur fabrication, leur utilisation, leur stockage ou leur transport ;

b) Arrêter et instituer des mesures de protection physique appropriées et efficaces ;

c) Arrêter et instituer des activités appropriées et efficaces de contrôle aux frontières et de police afin de détecter, dissuader, prévenir et combattre, y compris, si nécessaire, en faisant appel à la coopération internationale, le trafic et le courtage illicite de ces produits, en accord avec les autorités judiciaires du pays, conformément à sa législation et dans le respect du droit international ;

d) Mettre en place, perfectionner, évaluer et instituer dans le pays des dispositifs appropriés et efficaces de contrôle de l’exportation et du transbordement de ces produits, y compris des lois et règlements appropriés permettant de contrôler leur exportation, leur transit, leur transbordement et leur réexportation et des contrôles portant sur la fourniture de fonds ou de services – financement ou transport, par exemple - se rapportant aux opérations d’exportation ou de transbordement qui contribueraient à la prolifération, et mettre en place des dispositifs de contrôle des utilisateurs finaux; instituer et appliquer des sanctions pénales ou civiles appropriées aux infractions à ces législations et réglementations de contrôle des exportations » (paragraphe 3).

Les trois obligations pour les Etats qui découlent de

CHAPITREIV:LARESOLUTION1540

90 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

la résolution 1540 (2004) sont ainsi : une obligation d’absence de soutien aux acteurs non étatiques impliqués dans des activités de prolifération ; une obligation d’adaptation du cadre législatif pour criminaliser certaines activités de prolifération ; et, une obligation de mise en place de mesures de contrôle sur les équipements, matières et technologies sensibles, dont en particulier des mesures de comptabilisation et protection physique, des mesures de contrôle des frontières et de contrôle des exportations.

La résolution 1540 (2004) complète et renforce les autres instruments internationaux existants, tels que le Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP), la Convention d’interdiction des armes chimiques (CIAC), la Convention d’interdiction des armes biologiques ou à toxines (CIAB) et les conventions internationales pertinentes de lutte contre le terrorisme telles que la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et son Amendement de 2005, la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et la Convention de Beijing sur la répression des actes dirigés contre l’aviation civile.

La résolution 1540 (2004) est un instrument unique, en ce que les obligations qu’elle met en place visent les trois types d’armes de destruction massive (armes nucléaires, chimiques et biologiques ou à toxines) et leurs vecteurs, alors que la plupart des instruments internationaux de désarmement et non-prolifération se focalisent uniquement sur un type d’armes de destruction massive.

En plus de fixer les obligations présentées ci-dessus, la résolution 1540 (2004), et les résolutions subséquentes du Conseil de Sécurité – en particulier les résolutions 1673 (2006), 1810 (2008), 1977 (2011) et 2055 (2012) – mettent en place plusieurs mécanismes destinés à

faciliter la mise en œuvre et son suivi :• RapportsauComité1540. Le Conseil de Sécurité

a demandé aux Etats de soumettre au Comité, dans les six mois après l’adoption de la résolution 1540 (2004), un rapport sur les mesures qu’ils ont prises ou qu’ils envisageraient de prendre, pour mettre en application la résolution. Les résolutions subséquentes ont demandé aux Etats n’ayant pas soumis un premier rapport de le faire dans les meilleurs délais. Les Etats qui ont déjà soumis un rapport au Comité 1540 sont par ailleurs invités à soumettre des rapports additionnels autant que de besoin, ou sur demande du Comité 1540.

• Assistance et création de capacités. L’article 7 de la résolution 1540 (2004) reconnaît que « certains Etats pourront avoir besoin d’aide pour appliquer les dispositions de la présente résolution sur leur territoire, et invite les Etats qui en ont les moyens à offrir leur concours […] en réponse aux différentes demandes des Etats qui ne disposeront pas de l’infrastructure juridique et réglementaire, de l’expérience pratique ou des ressources nécessaires pour se conformer aux dispositions [de la résolution] ». En adoptant la résolution, le Conseil de Sécurité a créé un mécanisme de « chambre de compensation », mis en œuvre par le Comité 1540, qui facilite la mise en rencontre entre les demandes et les offres d’assistances. Les demandes d’assistance sont relayées par le Comité aux Etats et organisations internationales, régionales et sous régionales qui se sont identifiés comme fournisseurs d’assistance. Elles sont également présentées dans le cadre de forums spécialisés tels que celui du Partenariat Mondial du G-7, qui regroupe les principaux fournisseurs d’assistance.

• Coopération internationale. Le Comité 1540 coordonne son action avec celle des organisations

91GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

internationales, régionales et sous régionales pertinentes, pour mettre à profit leur expertise et ressources propres, dans le but d’une pleine mise en œuvre de la résolution 1540. Cela concerne les organisations spécialisées telles que l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, l’Unité d’appui à la mise en œuvre de la Convention d’interdiction des armes biologiques ou à toxines, le Groupe d’Action Financière, l’Organisation Mondiale des Douanes, l’Office international des épizooties, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, ou encore l’Organisation internationale de coopération policière INTERPOL. Sur le continent africain, des organisations régionales et sous régionales telles que l’Union Africaine et les communautés économiques régionales, jouent un rôle essentiel dans la facilitation de la mise en œuvre de la résolution 1540 par les Etats. La résolution 1977 (2011) demande aux organisations internationales, régionales et sous régionales concernées de désigner un point de contact et de l’indiquer au Comité 1540. Au 15 avril 2016, l’Union Africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sont, des organisations du continent, celles qui ont désigné un point de contact.

• Listes de contrôle. Sans que cela constitue une obligation à la charge des Etats, le Conseil de Sécurité « apprécie l’utilité, aux fins de l’application de [la résolution 1540], de listes de contrôle bien tenues, et demande à tous les Etats Membres de s’employer dès que possible, si nécessaire, à établir de telles listes » (résolution 1540, paragraphe opératif 6). En effet, la mise en œuvre des obligations posées par la résolution 1540 (2004), par exemple dans le domaine du contrôle des exportations, du contrôle des frontières

ou encore de la comptabilisation et protection physiques des matières et équipements sensibles, est facilitée par l’existence de listes de référence.

• Collaboration avec l’industrie et le public. Le Conseil de Sécurité demande aux Etats « d’élaborer des moyens appropriés de collaborer avec l’industrie et le public et de les informer des obligations que leur imposent les lois en question » (résolution 1540, paragraphe opératif 8 d)). L’implication du secteur privé est essentielle, compte tenu du fait qu’il détient, utilise ou transporte la plus grande partie des équipements, matières et technologies concernés par la résolution 1540 (2004). Un objectif primordial est dès lors de s’assurer du plein soutien du secteur privé aux mesures adoptées pour prévenir la diversion de ces équipements, matières et technologies à des fins d’armes de destruction massive.

La résolution 1977 (2011) met en place un mécanisme d’examen de la mise en oeuvre de la résolution 1540 (2004), sur une base quinquennale, qui peut s’apparenter à celui qui gouverne la mise en œuvre des traités de non-prolifération et de désarmement tels que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Convention d’interdiction des armes biologiques, ou la Convention d’interdiction des armes chimiques. La résolution 1977 (2011) décide que le Comité 1540 procédera à un premier examen approfondi de l’état d’avancement de la résolution 1540 (2004) avant décembre 2016, et à un second examen approfondi avant la fin de son mandat en avril 2021. En plus des examens approfondis qui se tiennent sur une base quinquennale, la résolution 1977 (2011) a institué le principe de rapports annuels du Comité 1540 au Conseil de Sécurité.

92 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

C. Présentation de la machinerie de la résolution1540

En adoptant la résolution 1540 (2004), le Conseil de Sécurité a créé le Comité 1540, chargé de lui faire rapport sur la mise en œuvre de la résolution. Le mandat du Comité 1540, initialement de deux ans, a fait l’objet de prorogations successives, à travers les résolutions 1673 (2006), 1810 (2008) et 1977 (2011). La résolution 1977 (2011) a consacré la quasi-permanence du Comité 1540, en étendant son mandat de dix ans, jusqu’en 2021.

Le Comité 1540 est composé de 15 membres ; les 5 membres permanents et les 10 membres non permanents du Conseil de Sécurité, dont il est un organe subsidiaire. De 2004 à 2016, les Etats africains ci-après ont siégé au Comité 1540: Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Congo, Egypte, Gabon, Ghana, Libye, Maroc, Nigéria, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Tchad et Togo.

Le Comité 1540 prend ses décisions par consensus. Il est dirigé par un Président, auquel sont adjoints trois vice-Présidents. Depuis la création du Comité 1540, la présidence a toujours été assurée par un membre non-permanent du Conseil de Sécurité, et l’une des vice-présidences par le Royaume-Uni. La présidence a été assurée par un Sud-africain, l’Ambassadeur Baso Sangqu, en 2011-2012. Le 8ème programme de travail du Comité, adopté en mars 2009, a mis en place un système de groupes de travail. Quatre groupes de travail ont été constitués, sur les thèmes suivants :• Suivi et mise en œuvre au niveau national;• Assistance;

• Coopération avec les organisations internationales et autres organismes compétents des Nations Unies, notamment le Comité du Conseil de Sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’Etat islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises en entités qui leur sont associés et le Comité du Conseil de Sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste;

• Transparence et relations avec les médias.

Chacun des groupes de travail est animé par un coordonnateur désigné par le Comité. Depuis la mise en place de ce système, les coordonnateurs des groupes de travail sur l’assistance et sur la transparence ont systématiquement été, respectivement, la France et les Etats-Unis.

Le Comité 1540 est soutenu par un groupe d’experts et par le Secrétariat des Nations Unies :• Groupe d’experts. Depuis la résolution 2055

(2012), le groupe d’experts comprend jusqu’à neuf membres, désignés par le Secrétaire général sur recommandation du Comité 1540. Les membres du groupe sont choisis sur la base de leur expertise, en tenant compte d’autres critères tels que celui de la représentation géographique. Depuis 2012, le coordonnateur du groupe d’experts est désigné par le Secrétaire général. Il est chargé de synchroniser les travaux du groupe d’experts, d’établir les priorités et de faciliter le consensus au sein du groupe.

• Secrétariat. Le Bureau des Affaires de Désarmement apporte au Comité 1540 et à son groupe d’experts un soutien de substance, logistique et matériel. Le Bureau des Affaires de Désarmement assure la gestion du fonds fiduciaire mis en place pour rassembler les contributions

93GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

volontaires des Etats pour soutenir matériellement les activités liées à la résolution 1540. Au 15 mars 2016, le fonds fiduciaire a bénéficié de contributions volontaires de l’Andorre, de la République de Corée, du Kazakhstan, de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ainsi que de l’Union européenne et de la Carnegie Corporation108 . Au Bureau des Affaires de Désarmement, des personnels de la Branche Armes de Destruction Massive sont directement affectés au soutien du Comité 1540 et de son groupe d’experts. La Branche du Désarmement Régional, qui supervise les centres régionaux de désarmement, est également mobilisée. De ce fait, le Centre Régional pour la Paix et le Désarmement en Afrique, basé à Lomé, contribue au soutien du Comité 1540 et de son groupe d’experts, et facilite la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) par les Etats. Au sein du Secrétariat des Nations Unies, le Département des Affaires Politiques apporte également un soutien au Comité 1540. Le Département des Affaires Politiques est chargé notamment d’assurer le secrétariat du Comité.

1. Focus sur l’Afrique

A. Accompagnement institutionnel aux efforts de mise en œuvre de la résolution 1540.

Plusieurs étapes significatives ont été franchies, vers la mise en place d’une solide architecture institutionnelle en soutien de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), à l’échelle du continent.

En 2011, l’Union Africaine a désigné et soumis

au Comité 1540 un point focal pour la résolution 1540. L’Union Africaine a été l’une des premières organisations internationales à procéder de la sorte. La désignation d’un point focal a permis de faciliter et renforcer le dialogue avec le Comité 1540 et les différents partenaires, sur les sujets liés à la résolution 1540 (2004).

En novembre 2012, le premier atelier sur la résolution 1540 (2004) pour les Etats africains a été accueilli par le gouvernement sud-africain à Pretoria, en collaboration avec l’Union Africaine et avec le soutien du Bureau des Affaires de Désarmement de l’ONU et de l’Institut d’Etudes de Sécurité. Cet atelier a identifié des recommandations en vue notamment d’un rôle accru de l’Union Africaine et des Communautés Economiques Régionales109 .

En janvier 2013, l’Assemblée de l’Union Africaine a adopté une décision donnant instruction à la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les propositions et recommandations de l’atelier de Pretoria de novembre 2012. Depuis, l’Union Africaine n’a cessé de redoubler d’efforts pour faciliter la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) sur le continent africain. Ces efforts se sont traduits notamment par un atelier régional en décembre 2013, un atelier de formation des points focaux nationaux pour la résolution 1540 (2004) du continent africain en novembre 2014, une conférence sur l’assistance et la création de capacités et sur la mise en œuvre de la résolution en avril 2016. D’autres activités significatives ont été organisées également par exemple pour renforcer le rôle des Communautés Economiques Régionales en soutien de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004).

108http://www.un.org/disarmament/WMD/1540/?lang=fr109http://www.un.org/en/sc/1540/pdf/Chair%20Summary%20Report%20Pretoria.pdf

94 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

B. Statut de la mise en œuvre de la résolution 1540 sur le continent

L’examen des Matrices produites par le Comité 1540 110 pour refléter les mesures de mise en œuvre et postées sur son site internet fait apparaître d’importants progrès dans la mise en œuvre de la résolution. Il fait aussi apparaître la persistance de lacunes qui restent à combler.

Au 15 avril 2016, 41 Etats africains ont soumis au moins un rapport au Comité 1540 sur les mesures de mise en œuvre qu’ils ont prises ou qu’ils envisagent de prendre. Treize Etats du continent n’ont pas encore soumis de rapport. Six Etats du continent ont accueilli une visite du Comité 1540, et 4 Etats du continent ont élaboré et soumis au Comité un plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004).

En conformité avec la résolution 1977 (2011), le Comité 1540 a initié le processus d’examen approfondi de la résolution 1540 (2004). Le premier examen approfondi doit avoir été mené avant décembre 2016, et le deuxième avant avril 2021. Les modalités de l’examen approfondi de 2016 prévoient notamment une réunion ouverte du Comité 1540 en juin 2016, et des réunions avec les organisations intergouvernementales et avec les secteurs pertinents de la société civile111 .

Des activités significatives ont été menées sur le continent africain, en préparation de l’examen approfondi de 2016, y compris :

• La première réunion des anciens experts auprès du Comité 1540, au Cap, en Afrique du Sud, les 28 et 29 mai 2015. Organisée par l’Institut d’Etudes de Sécurité, avec le soutien du Bureau des Affaires de Désarmement, la réunion a permis de faire le point sur la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) et d’identifier des recommandations dans la perspective de l’examen approfondi. Rassemblées dans une monographie112 , ces recommandations ont été présentées aux membres du Comité 1540 le 23 octobre 2015113 ;

• La Conférence sur l’assistance et l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), à Addis-Abeba, les 6 et 7 avril 2016. Organisée par l’Union Africaine, en lien avec le Comité 1540 et avec le soutien du Bureau des Affaires de Désarmement, la Conférence a permis de faire le point en particulier sur le mécanisme d’assistance et de création de capacité.

110http://www.un.org/en/sc/1540/national-implementation/1540-matrix/committee-approved-matrices.shtml111http://www.un.org/en/sc/1540/comprehensive-review/pdf/2016%20CR%20Modalities%20Paper.pdf112https://www.issafrica.org/publications/monographs/towards-the-2016-comprehensive-review-former-experts-assess-unsc-resolution-1540113http://www.un.org/en/sc/1540/transparency-and-outreach/outreach-events/events.shtml

95GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Miseenœuvredelarésolution1540(*)

Etat Rapport au Comité1540

Assistance (offre ou

demande)

Visite du Comité1540

Plan d’action national sur la mise

en œuvre de la résolution1540

Point focal national

Afrique du Sud Oui Offre Oui

Algérie Oui Non

Angola Oui Non

Bénin Oui Non

Botswana Oui Oui

Burkina Faso Oui 11-15 novembre

2013

Oui

Burundi Oui Oui

Cabo Verde Oui Demande Oui

Cameroun Oui Oui

Comores Non Non

Congo Oui Demande 18-21 juin 2012

Oui

Côte d’Ivoire Oui Non

Djibouti Oui Non

Egypte Oui Non

Erythrée Oui Non

Ethiopie Oui Demande Non

Gabon Oui Oui

Gambie Non Non

Ghana Oui Demande Oui

Guinée Non Non

Guinée équatoriale Non Non

Guinée-Bissau Non Non

Kenya Oui Oui

Lesotho Oui Oui

Liberia Oui Oui

96 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Libye Oui Non

Madagascar Oui 22-24 mai 2012

Oui

Malawi Oui Demande 4-8 août 2014

3 février 2016 Oui

Mali Non Non

Maroc Oui Oui

Maurice Oui Oui

Mauritanie Non Non

Mozambique Non Non

Namibie Oui Oui

Niger Oui Demande 13-17 janvier 2014

14 mars 2014 Oui

Nigeria Oui Non

Ouganda Oui Non

République centrafri-caine

Non Non

République démocra-tique du Congo

Oui Oui

Rwanda Oui Non

Sao Tomé-et-Principe Oui Oui

Sénégal Oui 25 septembre 2015 Oui

Seychelles Oui Non

Sierra Leone Oui Non

Somalie Non Non

Soudan Oui Non

Soudan du Sud Oui Oui

Swaziland Non Non

Tanzanie Oui Non

Tchad Non Non

Togo Oui Demande 6 juillet 2015 Oui

Tunisie Oui Non

Zambie Oui Demande 14-17 avril 2016

Oui

Zimbabwe Non Oui

(*) sur la base des informations disponibles sur le site internet du Comité 1540 au 15 avril 2016

97GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

98 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

PARTIE IILES ARMES

CONVENTIONNELLES

99GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE 1 : LES ARMES CLASSIQUES

Si dans sa forme contemporaine le désarmement s’attache à toutes les catégories d’armes, il a d’abord concerné les armes qualifiées aujourd’hui de classiques. Celles-ci sont difficiles à définir précisément. Elles sont plutôt caractérisées négativement comme toutes les armes qui ne présentent pas de capacité de destruction massive, ces dernières comprenant les armes nucléaires, biologiques, chimiques et bactériologiques. Ainsi, les envisage-t-on plus largement comme des « engins conçus pour tuer, blesser ou provoquer des dégâts et […] leurs vecteurs »114 . De même, la notion de désarmement est sujette à plusieurs acceptions. Il s’agit d’une question assez complexe qui fait intervenir divers facteurs, tant quantitatifs que qualitatifs, géographiques et géostratégiques.

Dans sa conception intellectuelle actuelle, le désarmement est étroitement lié à l’interdiction du recours à la force dans les relations internationales. Norme impérative du droit international ou de jus

cogens, ce principe est la résultante d’un processus à la fois long et lent.

En effet, jusqu’au début du XXe siècle, le recours à la force constituait un mode normal de régulation des rapports interétatiques115, l’usage de la guerre constituant un attribut de la souveraineté de l’État. Il faudra attendre le début du siècle dernier116 pour qu’interviennent des mesures tendant à mettre la guerre hors-la-loi117. Ainsi, dans les années 1920, plusieurs tentatives furent-elles engagées118. Mais, le pas décisif en ce sens a été marqué par le Pacte général de renonciation à la guerre comme instrument de politique nationale, signé à Paris le 27 août 1928, et communément appelé Pacte Briand-Kellog. Cependant, si le Pacte Briand-Kellog mettait fin à la règle de la compétence discrétionnaire de guerre des États, il n’interdisait pas pour autant de manière générale et absolue le recours à la force. Il faudra attendre 1945 et la Charte des Nations Unies pour qu’il soit complètement prohibé119 . Les affres de la

114S. TULLIU et Th. SCHMALBERGER, Les termes de la sécurité. Un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement et l’instauration de la confiance, Genève, UNIDIR, 2007, 297 p., p. 38.115G. SCELLE, « Quelques réflexions sur l’abolition de la compétence de guerre », RGDIP, 1954, p. 5 22, p. 5.116On en doit la première tentative à la Convention concernant la limitation de l’emploi de la force pour le recouvrement de dettes contractuelles, dite « Convention Drago-Porter », adoptée à La Haye le 18 octobre 1907. Une autre limitation du droit de recourir à la force est issue du Pacte de la Société des Nations (SDN) du 28 juin 1919, qui distinguait les guerres illicites des guerres licites. Mais, s’il apportait des restrictions à la compétence de guerre, le Pacte ne comportait pas pour autant une interdiction générale de l’emploi de la force.117R. ARON, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1984, 794 p., p. 121.118Celles-ci se concrétisèrent, avec plus ou moins de succès, à travers d’autres instruments comme le Protocole de Genève du 2 octobre 1924 sur le règlement pacifique des conflits, ou le Pacte de Locarno du 16 octobre 1925 sur la sécurité collective en Europe.119L’article 2, § 4 de la Charte pose que : « Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Et, conformément à l’article 11, § 1, « l’Assemblée générale peut étudier les principes généraux de coopération pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris les principes régissant le désarmement et la réglementation des armements, et faire, sur ces principes, des recommandations soit aux Membres de l’Organisation, soit au Conseil de sécurité, soit aux Membres de l’Organisation et au Conseil de sécurité ».

100 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Seconde Guerre Mondiale ont, en effet, convaincu la communauté internationale d’aller plus loin dans le processus de pacification des relations internationales. On ne devait plus se contenter d’encadrer juridiquement la guerre, mais celle-ci devait purement et simplement être prohibée.

Le désarmement est alors apparu comme l’un des moyens d’y parvenir. C’est aussi précisément à ce moment qu’apparut la différence entre les armes de destruction massive — notamment les armes nucléaires employées dans le cadre de la Seconde Guerre Mondiale — et les autres. Ces dernières, qui avaient existé jusque-là, prirent alors la dénomination d’armes classiques.

De fait, si le désarmement « classique » est, dans toute la force du terme, un problème actuel, on s’y méprendrait si l’on y voyait un problème nouveau.

Une problématique sans cesse renouvelée

Le désarmement conventionnel est une problématique très ancienne, l’une des plus vieilles aspirations humaines sans doute, aussi ancienne que la guerre elle-même120. On estime que « les anciennes lois de la guerre » interdisaient déjà les moyens et méthodes de combat jugés barbares, perfides ou inhumains. C’est ainsi, par exemple, que dans l’antiquité grecque et romaine, le poison et les armes empoisonnées étaient prohibés, de même que les « Lois de Manou » proscrivaient l’usage de flèches empoisonnées ou enflammées, dans l’Inde

ancienne121 . Ces expériences antiques de restriction de l’emploi de certains types d’armes dans les conflits armés ont toujours coexisté avec l’entreprise du désarmement proprement dit, lorsque les vainqueurs cherchaient à imposer une supériorité militaire durable aux vaincus.

Néanmoins, les premières initiatives de réglementation des armements à l’échelle internationale, remontent à la fin du XIXe siècle. Celles-ci ont pris plusieurs formes au fil du temps.

Ainsi, dans le prolongement de la Déclaration de Saint-Pétersbourg122 du 11 décembre 1868, la Déclaration de La Haye123 du 29 juillet 1899 interdit les projectiles explosifs et les balles à effet d’expansion. Le préambule de la première déclaration affirmait que « le seul but légitime de la guerre est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi ; […] ce but serait dépassé par l’emploi d’armes qui aggraveraient inutilement les souffrances […]. L’emploi de pareilles armes serait, dès lors, contraire aux lois de l’humanité ». L’article 22 de la IIIe Convention adoptée dans le cadre de la seconde déclaration pose que « les belligérants n’ont pas un droit illimité quant au choix des moyens de nuire à l’ennemi ». Cette disposition fut reprise par le Règlement annexé à la IVe Convention de La Haye du 18 octobre 1907, relative aux lois et coutumes de la guerre sur terre. Sont ainsi condamnées les armes causant des « maux superflus » aux victimes.

Ces initiatives s’intensifièrent à la suite de la Première Guerre Mondiale. Elles prirent alors la forme de

120L. DE BROUCKERE, « Les travaux de la Société des Nations en matière de désarmement », RCADI, 1928/V, p. 365 450, p. 369.121J. KELLENBERGER, « Préface », in Comité international de la Croix-Rouge, « Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination. Texte de la convention avec amendements et les protocoles adoptés jusqu’au 28 novembre 2003 », Publication du CICR, juin 2006, disponible sur https://www.icrc.org/fre/assets/files/other/icrc_001_0811.pdf.122Déclaration à l’effet d’interdire l’usage de certains projectiles en temps de guerre, Saint-Pétersbourg, 29 novembre 11 décembre 1868.123Déclaration concernant l’interdiction de l’emploi de projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères, La Haye, 29 juillet 1899.

101GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

réduction des armements, le Traité de Versailles de 1919 ayant prescrit des mesures de désarmement pour certains États et pour certains types d’armements. Sous l’égide de la SDN, la première conférence mondiale sur le désarmement fut organisée de 1932 à 1937. L’objectif était, cette fois-ci, de parvenir à une réduction des armements pour toutes les catégories d’armes et pour tous les membres de la SDN ainsi que les États-Unis et l’Union soviétique d’alors. Cependant, cette conférence se solda par un échec en raison notamment du retrait de l’Allemagne ; ce qui, entre autres facteurs, rendit possible la survenance de la Seconde Guerre Mondiale. Au lendemain de celle-ci, l’entreprise du désarmement prit une nouvelle dimension. Les initiatives se concentrèrent néanmoins sur les armes nucléaires, à tel point que le désarmement conventionnel a, un temps, pu faire « figure de parent pauvre »124 .

Toutefois, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années en ce domaine, à la suite de l’adoption en 1980 de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination125 (ci-après : « Convention sur certaines armes classiques »). Adoptée dans le cadre des Nations Unies, cette convention se situe dans le prolongement des règles coutumières codifiées par les conférences de La Haye précitées. Il s’agit néanmoins d’une convention-cadre en matière d’armes classiques, comportant des dispositions d’ordre général. D’où la nécessité de préciser son champ d’application à travers des protocoles additionnels. Ceux-ci, au

nombre de cinq actuellement, prescrivent, d’une part, l’obligation d’établir, en tout temps, une distinction entre les civils et les combattants et, d’autre part, l’interdiction d’employer des armes qui infligent des « maux superflus » aux combattants, ou rendent leur mort inévitable.

Mais les efforts menés ces dernières années en matière de désarmement conventionnel ont aussi débouché sur l’adoption d’autres instruments juridiques, réglementant des types d’armes classiques. Tel est notamment le cas de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction de 1997, couramment appelée Convention d’Ottawa126. Il en est de même des armes légères et de petit calibre pour la réglementation desquelles l’Afrique a joué un rôle déterminant, si l’on en juge par les multiples actions et instruments qui y sont consacrés127. En outre, l’adoption le 2 avril 2013 du Traité sur le commerce des armes, entré en vigueur le 24 décembre 2014, marque une étape fondamentale pour le désarmement conventionnel. Ce traité est en effet le premier instrument global juridiquement contraignant réglementant le commerce des armes classiques sur la base de normes internationales communes.

Une nomenclature en quête de précisions

On a souvent recours aux différentes notions telles que « le désarmement », « la maîtrise des armements », « la réduction des armements » ou encore « la limitation des armements » pour désigner l’entreprise

124E. DECAUX et O. DE FROUVILLE, Droit international public, Paris, Dalloz, 9e 2014, p. 481.125Adoptée le 10 octobre 1980, ouverte à la signature des États le 10 avril 1981 et entrée en vigueur le 2 décembre 1983 (à la date du 4 avril 2016, 122 États y étaient parties).126Adoptée le 18 septembre 1997 à Ottawa, ouverte à signature les 3 et 4 décembre de la même année, et entrée en vigueur le 1er mars 1999.127Cf. infra, II, A, 2.

102 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

visant à appréhender juridiquement le phénomène des armements et des activités militaires. Ce faisant, on en vient parfois à les assimiler aux mesures de désarmement. Si, dans une conception extensive, ces notions se recoupent et peuvent effectivement être considérées comme des mesures de désarmement, elles n’en gardent pas moins des spécificités.

Le « désarmement » et la « maîtrise des armements » sont considérés comme les deux types de mesures au service de la « limitation » des armements et des activités militaires. Mais, si le désarmement peut consister en une « réduction » partielle ou totale, les mesures de maîtrise ne visent pas nécessairement à réduire les capacités militaires d’un État, « elles cherchent à les redéfinir »128. En d’autres termes, « limitation » et « réduction » sont des modalités de mise en œuvre soit du désarmement, soit de la maîtrise des armements.

D’une part, les mesures de maîtrise des armements (arms control) se présentent comme des restrictions politiques ou juridiques aux capacités et aux techniques militaires. Concrètement, ces restrictions peuvent se présenter sous plusieurs formes : fixer des limites quantitatives ou qualitatives aux équipements militaires mis en service ; donner lieu à des accords de non-prolifération et à des contrôles des exportations pour réglementer ou interdire la mise au point ou le transfert de certaines armes et de leurs composants ; prévoir des mesures de confiance et de sécurité visant à limiter les activités militaires, à améliorer les connaissances des uns et des autres sur l’utilisation de leurs forces militaires respectives, et à renforcer la

capacité des parties à communiquer entre elles129.

D’autre part, le désarmement vise à réduire le niveau des capacités militaires nationales ou à interdire complètement certaines catégories d’armes déjà existantes. Les mesures de désarmement peuvent revêtir un caractère unilatéral ou consensuel. Dans le premier cas de figure, elles peuvent être décidées par un pays qui veut manifester ses intentions bienveillantes, de la même façon qu’elles peuvent être imposées à la suite d’un conflit armé ; elles prendront alors la forme de sanctions. Dans le second, le désarmement résultera de négociations destinées à instaurer un équilibre militaire plus stable (désarmement partiel) ou à éliminer purement et simplement le rapport de force militaire (désarmement complet)139.

En définitive, si une distinction semble devoir être opérée entre le « désarmement » et la « maîtrise des armements », il convient toutefois de préciser que les frontières entre les deux notions sont loin d’être hermétiques. Du reste, dans le cadre de la présente analyse, elles seront utilisées indifféremment pour désigner la réglementation des armes classiques en Afrique.

De fait, l’étude de cette catégorie d’armes pose un double défi : celui de leur définition et celui de leur réglementation. Ainsi, aux enjeux identitaires (I), s’ajoutent des enjeux statutaires (II) lorsqu’on envisage les armes conventionnelles.

128S. TULLIU et Th. SCHMALBERGER, Les termes de la sécurité. Un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement et l’instauration de la confiance, op. cit., p. 8.129Idem.130Ibidem, p. 8 9.

103GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

I. ENJEUX IDENTITAIRES : LA NOTION D’ARMES CLASSIQUESL’une des difficultés soulevées par la notion d’armes classiques réside dans la diversité de ses substituts langagiers : « armes classiques », « armes conventionnelles », « armes traditionnelles », « armes dépourvues de capacité de destruction massive ». Ce foisonnement terminologique s’explique, lui-même, par l’extrême diversité des armements concernés et leur caractère évolutif. Dès lors toute ambition de définition homogène ne semble pouvoir s’opérer autrement que par une classification (B), ce qui suppose que l’on en dégage d’abord les critères. Des principaux instruments juridiques en ce domaine, se dégagent deux grands critères ou, plus précisément, deux règles qui ne caractérisent toutefois qu’imparfaitement les armes classiques (A).

A. LA RELATIVITE DES CRITERES DEFINITIONNELSL’ensemble du corpus juridique relatif aux armes classiques repose sur le substrat de base posé à Saint-

Pétersbourg et à La Haye : « les belligérants n’ont pas un droit illimité quant au choix des moyens de nuire à l’ennemi ». De ce principe, découlent deux règles explicitées par la Résolution 32/152 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 19 décembre 1977131 convoquant la conférence internationale qui a adopté la Convention sur certaines armes classiques. Celles visant, d’une part, à interdire l’emploi d’armes de nature à causer des « maux superflus » ou des « souffrances inutiles » (1), et, de l’autre, à proscrire les armes « frappant sans discrimination » ou ayant des effets non sélectifs (2).

1. Lecritèrede«mauxsuperflus»ou de « souffrances inutiles »

En l’absence de définition précise et universellement acceptée, les armes classiques semblent devoir être déterminées essentiellement par certaines de leurs caractéristiques. Il en est ainsi du critère de « maux superflus » ou de « souffrances inutiles ». Posé à Saint-Pétersbourg et à La Haye, ce critère a été réaffirmé par le Protocole I de 1977132 additionnel aux Conventions de Genève de 1949, puis confirmé par le préambule de la Convention sur certaines armes classiques. Mais en réalité, ce principe se présente davantage comme un critère d’interdiction de certaines armes classiques que celui de leur définition. Sa portée s’en trouve dès lors limitée, cependant que sa substance peut se révéler dynamique.

D’une part, du point de vue de son contenu, ce critère doit être entendu comme s’appliquant « aux armes

131Résolution 32/152 sur « les armes incendiaires et autres armes classiques qui peuvent être l’objet de mesures d’interdiction ou de limitation pour des raisons humanitaires », adoptée le 19 décembre 1977, convoquant la conférence qui a permis l’adoption de la Convention-cadre de 1980. La conférence avait pour mandat « de parvenir à des accords sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, y compris celles qui, compte tenu des considérations humanitaires et militaires, peuvent être considérées comme frappant sans discrimination ».132Protocole I additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949, relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux, 8 juin 1977, article 35.

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qui n’offrent pas d’avantages militaires par rapport à d’autres armes utilisables, tout en causant de plus grandes souffrances ou de plus grands maux »133. On fait ainsi appel à la responsabilité et au sens du discernement des belligérants dans le choix des armes et la conduite des hostilités : si l’on peut mettre l’ennemi hors de combat en le maîtrisant (en le blessant par exemple), il conviendra alors de ne pas le tuer ; et si une légère blessure peut permettre d’y parvenir, il faudra alors s’abstenir de lui en causer de graves.

Toutefois, la mise hors de combat de l’adversaire peut recouvrir plusieurs situations, allant de la « destruction ou la neutralisation de son matériel, la restriction de sa capacité de mouvement [à] l’amoindrissement de ses ressources »134. De plus, cette notion est susceptible de s’étendre encore, en raison notamment de l’évolution des techniques militaires. En effet, dans «l’art» de faire la guerre, on est passé de la carabine aux drones et des tranchées aux algorithmes !

D’autre part, le critère de « maux superflus » ou de « souffrances inutiles », qui doit s’entendre « indépendamment des intentions des belligérants135» , a une portée limitée en ce sens qu’il ne trouvera à s’appliquer qu’aux armes mobilisées dans le cadre d’un conflit armé conventionnel. Et les préconisations tendant à substituer l’expression « effets traumatiques » à celle de « souffrances inutiles » ou de « maux superflus136 » n’y changent rien. De surcroît, il ne s’applique qu’aux personnes participant aux hostilités, à l’exception donc des populations civiles. D’où un second critère s’appliquant aux armes à effets non sélectifs.

2. Le critère d’armes « frappant sans discrimination »

Si la notion d’armes frappant sans discrimination n’apparaît pas expressément dans la Déclaration de Saint-Pétersbourg, elle doit toutefois être regardée comme nécessairement impliquée par cet instrument. Car si le seul but légitime de la guerre est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi, les attaques contre les populations civiles en tant que telles sont prohibées. En tout état de cause, ce critère qui permet de déterminer plusieurs types d’armes classiques, bénéficie aujourd’hui d’une consécration normative déployée.

Ainsi, ce sont les effets indiscriminés de certaines armes qui fondent l’interdiction portée par la VIIIe Convention de La Haye du 18 octobre 1907 sur la pose des mines sous-marines automatiques et les torpilles qui ne seraient pas devenues inoffensives sitôt que leur but est atteint. C’est aussi en partie l’objectif que poursuit le Protocole de Genève du 17 juin 1925 concernant l’interdiction d’utiliser à des fins de guerre des gaz, asphyxiants, toxiques ou similaires et les moyens bactériologiques. Il en est de même de la Résolution XXVIII adoptée par la XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge en 1965. La Résolution 32/152 de l’Assemblée générale de 1977, précitée, visait expressément cet objectif dans le mandat qu’elle a confié aux rédacteurs de la Convention sur certaines armes classiques. Cette dernière prohibe les armes frappant sans discrimination dans son titre même.

133Rapport du groupe d’experts du CICR sur « les armes de nature à causer des maux superflus ou à frapper sans discrimination », Genève, 1973, p. 13, § 23.134Ph. BRETON, « Principes humanitaires et impératifs militaires dans le domaine des armes classiques à travers le droit international actuel », in SFDI, Le droit international et les armes, Paris, Pedone, 1983, p. 39.135Rapport du groupe d’experts du CICR sur « les armes de nature à causer des maux superflus ou à frapper sans discrimination », Genève, 1973, p. 12.136Acte final de la Conférence des Nations Unies sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination, Genève du 10 au 28 septembre 1979 et du 15 septembre au 10 octobre 1980 (https://www.icrc.org/dih.nsf/INTRO/495?OpenDocument).

105GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le critère de la non-discrimination s’attache soit à la nature même des armes, soit à la manière dont celles-ci sont employées137. Dans le premier cas de figure, on estime qu’en raison de la nature même de certaines armes, celles-ci ne peuvent pas être dirigées avec certitude sur des objectifs militaires déterminés. En revanche, dans la deuxième hypothèse, l’absence de discrimination découlera de la méthode de combat adoptée, indépendamment des caractères propres des armes utilisées.

Néanmoins, une telle distinction ne semble pas fondamentalement pertinente dans la mesure où il est quasiment impossible de caractériser des armes comme spécialement conçues pour tirer des projectiles suivant une trajectoire indéterminée et frappant finalement n’importe quel objet qu’ils viendraient à rencontrer. En conséquence, comme l’a préconisé la Conférence d’experts gouvernementaux sur l’emploi de certaines armes conventionnelles en 1975, plutôt que les propriétés d’une arme, seul le mode d’utilisation de celle-ci semble devoir constituer « l’élément décisif qui permettrait de déterminer en général si l’obligation relative à la discrimination a été violée »138 . Du reste, c’est cet élément qui est retenu par le droit international positif, comme en témoigne l’article 3, § 8 du Protocole II à la Convention sur certaines armes classiques, tel qu’il a été modifié le 3 mai 1996 : l’emploi sans discrimination des armes auxquelles

s’applique le présent article est interdit. Par emploi sans discrimination, on entend toute mise en place de ces armes : a) ailleurs que sur un objectif militaire, ou tel que ces armes ne sont pas dirigées contre un tel objectif. En cas de doute sur le point de savoir si un bien, qui est normalement consacré

à des usages civils, par exemple un lieu de culte, une maison ou un autre logement ou une école, est utilisé pour apporter une contribution effective à une action militaire, ce bien est présumé ne pas être utilisé à cette fin ; ou b) qui implique une méthode ou un moyen de transport sur l’objectif tel que ces armes ne peuvent pas être dirigées contre un objectif militaire spécifique ; ou c) dont on peut attendre qu’elle cause incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil ou une combinaison de ces pertes et dommages, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.

En tout état de cause, ni le critère d’effets indiscriminés, ni celui de « maux superflus » (ou de « souffrances inutiles ») ne suffisent pour définir la notion d’armes classiques, tant celles-ci sont diverses et variées.

B. LA DIVERSITE DES CATEGORIES D’ARMES CLASSIQUES

Moins destructrices que les armes de destruction massive, les armes classiques n’en sont pas moins dangereuses. Elles sont d’ailleurs présentées comme comprenant « les engins capables de tuer, de neutraliser ou de blesser une cible militaire essentiellement au moyen d’explosifs brisants, d’explosifs combustible-air, d’énergie cinétique ou de dispositifs incendiaires »139 .

137Rapport du groupe d’experts du CICR sur « les armes de nature à causer des maux superflus ou à frapper sans discrimination », Genève, 1973, p. 14, § 27. Conférence d’experts gouvernementaux sur l’emploi de certaines armes conventionnelles, Rapport du CICR, Genève 1975, p. 10, § 29 30.138Conférence d’experts gouvernementaux sur l’emploi de certaines armes conventionnelles, Rapport du CICR, Genève 1975, p. 10, § 29 30.139S. TULLIU et Th. SCHMALBERGER, Les termes de la sécurité. Un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement et l’instauration de la confiance, op. cit., p. 15

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Elles sont nettement plus nombreuses, ce qui en fait la catégorie la plus courante. Néanmoins, en prenant en compte le but attaché au désarmement et en conjurant toute prétention à l’exhaustivité, il est possible de les regrouper selon que leur usage est limité (1) ou selon qu’elles sont purement et simplement interdites (2).

1. Lesarmessoumisesàlimitation

Eu égard à l’objet même du Traité sur le commerce des armes de 2013, on peut estimer que toutes les catégories d’armes classiques visées par celui-ci relèvent de celles dont l’usage est davantage limité qu’il n’est interdit. Non que cet instrument ne prévoie pas des mesures d’interdiction, mais celles-ci s’attachent au transfert140 illicite des armes concernées (article 1er), l’illicéité découlant de la réalisation des situations prévues à l’article 6141.

Aux termes de son article 2, le TCA s’applique à toutes les armes classiques relevant des catégories suivantes : chars de combat ; véhicules blindés de combat ; systèmes d’artillerie de gros calibre ; avions de combat ; hélicoptères de combat ; navires de guerre ; missiles et lanceurs de missiles ; armes légères et armes de petit calibre. Sauf que le traité ne définit pas ces différentes catégories d’armes classiques. Néanmoins, en s’appuyant sur le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (Traité FCE) signé à Paris le 19 novembre 1990142 et sur le Registre des armes classiques établi par les Nations Unies, dans sa version de 2001143, on peut en donner les définitions suivantes.Ainsi, un char de combat ou de bataille est un véhicule à chenilles ou à roues pesant au moins 16,5 tonnes et armé

d’un canon d’un calibre d’au moins 75 millimètres pouvant tourner sur 360 degrés (Traité FCE, article II, 1, C).

Un véhicule blindé de combat est un véhicule automoteur doté d’une protection blindée et d’une capacité tout terrain. Les véhicules blindés de combat incluent les véhicules blindés de transport de troupe, les véhicules blindés de combat d’infanterie et les véhicules de combat à armement lourd (Traité FCE, article II, 1, D).

Les systèmes d’artillerie de gros calibre sont des systèmes capables de prendre à partie des cibles au sol, essentiellement par des tirs indirects. De tels systèmes d’artillerie fournissent l’appui-feu indirect essentiel aux formations interarmes. Au nombre de ces systèmes, on a les canons, les obusiers, les systèmes d’artillerie associant les caractéristiques des canons et des obusiers, les mortiers et les lance-roquettes multiples d’un calibre de 100 millimètres et plus (Traité FCE, article II, 1, F).

Un avion de combat est un aéronef à voilure fixe ou à géométrie variable armé et équipé pour prendre à partie des cibles au moyen de missiles guidés, de roquettes non guidées, de bombes, de mitrailleuses, de canons ou d’autres armes de destruction, ainsi que tout modèle ou version de tels avions qui remplit d’autres fonctions militaires, comme la reconnaissance ou la guerre électronique. Toutefois, le terme « avion de combat » n’inclut pas les avions d’entraînement de base (Traité FCE, article II, 1, K).

Un hélicoptère de combat est armé et équipé pour

140Aux termes de l’article 2, § 2, le terme transfert est considéré comme synonyme de commerce, et désigne l’exportation, l’importation, le transit, le transbordement et le courtage.141Lire l’article 6 du TCA.142Ce traité ne réglemente toutefois que les cinq premières catégories d’armes classiques.143Registre des armes classiques établi par l’Organisation des Nations Unies, Livret d’information 2001, p. 5 (http://www.un.org/disarmament/HomePage/ODAPublications/AdhocPu-blications/PDF/UNRCA_BK_2001_F.pdf).

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prendre à partie des cibles au sol ou dans l’air, ou pour remplir d’autres fonctions militaires. Les hélicoptères de combat comprennent les hélicoptères d’attaque et les hélicoptères d’appui au combat, mais pas les hélicoptères de transport non armés (Traité FCE, article II, 1, L).

En outre, les navires de guerre sont des navires ou sous-marins armés et équipés à des fins militaires d’un tonnage normal de 750 tonnes métriques ou plus, et ceux d’un tonnage normal inférieur à 750 tonnes métriques, équipés pour lancer des missiles ayant une portée d’au moins 25 kilomètres ou des

torpilles de portée identique144 .

Les missiles et lanceurs de missiles se réfèrent aux roquettes guidées ou non guidées, missiles balistiques ou de croisière capables de transporter une ogive ou une arme de destruction dans un rayon d’au moins 25 kilomètres, et moyens conçus ou modifiés spécifiquement pour lancer de tels missiles ou roquettes, s’ils n’appartiennent à aucune des cinq premières catégories. On associe également à la catégorie des missiles et lanceurs de missiles certains engins télépilotés. En sont, en revanche, exclus les missiles sol-air145 .

144Idem.145Idem.

Lanceur quadruple de missiles sol-air S-125 (code OTAN : SA-3 Goa) deconceptionsoviétiquedel’arméefinlandaise.

Il y a lieu de préciser que les missiles balistiques forment une catégorie très sensible en raison de ce qu’ils sont capables de transporter des armes de destruction massive. Ils contribuent ainsi à rendre encore plus

destructrices ces armes. Pourtant il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’instrument juridique international multilatéral réglementant ces missiles. Les initiatives en ce sens sont d’ordre informel et interviennent le

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plus souvent sur une base volontaire. Il en est ainsi du Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM) et du Code de conduite international contre la prolifération des missiles balistiques.

Créé en 1987, le RCTM regroupe aujourd’hui 34 pays, qui ont pour ambition d’empêcher la prolifération des vecteurs non pilotés d’armes de destruction massive que sont les missiles, et s’efforcent de coordonner les efforts de prévention à cet égard par le biais des régimes nationaux de licences d’exportation146 .

Encore appelé Code de conduite de La Haye, le second instrument a été initié en 2002. Il a pour objectif notamment d’enrayer la prolifération des missiles balistiques capables de transporter des armes de destruction massive, de définir des normes adaptées et de promouvoir la confiance s’agissant des activités liées aux missiles et aux lanceurs spatiaux147. Actuellement, 137 États en sont signataires148.

Enfin, les armes légères et de petit calibre149 , se réfèrent à plusieurs types d’armes de petit calibre tels que les revolvers et pistolets à chargement automatique, les fusils et carabines, les pistolets mitrailleurs, les fusils d’assaut et les mitrailleuses légères. Cette expression est parfois utilisée comme un générique englobant à la fois les armes légères et les armes portatives, ces dernières s’entendant d’armes qui nécessitent plusieurs personnes pour être mises en œuvre150. Les armes légères et de petit calibre sont celles qui sont le plus employées dans les conflits armés non internationaux. Elles concernent particulièrement l’Afrique, dans la mesure où la plupart

des conflits sur ce continent sont intraétatiques ou des guerres civiles. Elles ont de ce fait une incidence sur la paix et la sécurité, mais aussi sur le développement des États africains, en particulier ceux en proie à des conflits internes . Elles font l’objet d’une réglementation sectorielle, à défaut d’être purement et simplement interdites, comme le sont certaines autres catégories d’armes classiques.

2. Lesarmesfaisantl’objetd’interdiction

Dans le sillage de la Convention sur certaines armes classiques, l’emploi de plusieurs catégories d’armes classiques a été progressivement interdit. Les cinq protocoles additionnels à cette convention ont été

146Sur cet instrument, se référer au http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/rctm.shtml.147Cf. http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/icoc.shtml.148Cf. http://www.delegfrance-onu-vienne.org/Code-de-Conduite-de-La-Haye.149Sur la réglementation des armes légères et de petit calibre, voir le Chapitre 2.150S. TULLIU et Th. SCHMALBERGER, Les termes de la sécurité. Un lexique pour la maîtrise des armements, le désarmement et l’instauration de la confiance, op. cit., p. 38.

109GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

adoptés essentiellement à cet effet. Ils concernent des armes aussi variées que les mines, les armes blessant par éclats non localisables, les armes incendiaires, les armes à laser aveuglantes ou encore les restes explosifs de guerre. Dans certains cas, l’interdiction est totale alors que dans d’autres elle ne porte que sur certains aspects des armes concernées.

Ainsi, le Protocole I, adopté en même temps que la Convention sur certaines armes classiques152, est relatif aux éclats non localisables. Sa disposition unique interdit l’utilisation de toute arme conçue pour causer des blessures par des éclats non localisables par radiographie dans le corps humain. À la date du 6 juin 2016, 114 États étaient liés par cet instrument.

Adopté aussi en 1980, mais modifié le 3 mai 1996 pour pouvoir s’appliquer aux situations de conflits armés ne revêtant pas un caractère international, le Protocole II réglemente l’usage des mines et pièges. 97 États y étaient partis le 6 juin 2016.

Par « mine », on désigne « un engin placé sous ou sur le sol ou une autre surface, ou à proximité, et conçu pour exploser du fait de la présence, de la proximité ou du contact d’une personne ou d’un véhicule » (article 2, § 1). Cette catégorie vise aussi bien les mines antipersonnel153 que celles mises en place à distance154. En revanche, les pièges se réfèrent à tous dispositifs ou matériels conçus, construits ou adaptés pour tuer ou blesser et qui fonctionnent à l’improviste quand on déplace un objet en apparence inoffensif ou qu’on s’en approche, ou qu’on se livre à un acte

apparemment sans danger (article 2, § 4).

Ainsi, le Protocole II amendé interdit non pas ces catégories d’armes classiques, mais leur usage indiscriminé. En d’autres termes, il définit comment ces armes peuvent et ne peuvent pas être employées. Par exemple, elles ne peuvent pas être dirigées contre certaines cibles, en l’occurrence les populations et les biens civils155. Au demeurant, l’article 3 qui prévoit les cas d’interdiction, est intitulé : « Restrictions générales à l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs ». Par voie de conséquence, le Protocole interdit les transferts des mines dont l’emploi est interdit ou lorsque les transferts s’opèrent au profit d’un destinataire autre qu’un État ou un organisme d’État habilité à en recevoir (article 8) ; ce qui revient à les autoriser, ou tout au moins, à ne pas les interdire lorsqu’il est satisfait à ces conditions.

Pour ce qui est des armes incendiaires, celles-ci sont définies par le Protocole III comme des armes ou munitions « essentiellement conçues pour mettre le feu à des objets ou pour infliger des brûlures à des personnes par l’action des flammes, de la chaleur ou d’une combinaison des flammes et de la chaleur, que dégage une réaction chimique d’une substance lancée sur la cible » (article 1er, § 1). L’emploi de cette catégorie d’armes n’est interdit que dans l’hypothèse où il porterait sur les populations civiles ainsi que les biens de caractère civil (article 2). D’où il suit qu’en dehors de ces cas de figure, l’usage des armes incendiaires ne fait l’objet d’aucune restriction. Au 6 juin 2016, 114 États étaient parties au Protocole III.

151Cf. infra, II, B, 2.152Dans sa version initiale, cette convention ne s’appliquait qu’aux situations de conflits armés internationaux. Cependant, prenant en compte le fait que la plupart des conflits se déroulent aujourd’hui à l’intérieur des frontières, les États parties ont décidé de modifier la Convention afin de rendre aussi applicables ses protocoles aux situations de conflits armés ne revêtant pas un caractère international. Cette extension est intervenue lors de la deuxième conférence d’examen de la Convention tenue à Genève en 2001. À la même occasion, le champ d’application des Protocoles I, III et IV (ce dernier ayant été adopté en 1996) a aussi été élargi en ce sens.153Sur la réglementation des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, voir Chapitre 3.154Il est entendu par « mine mise en place à distance », une mine qui n’est pas directement mise en place, mais qui est lancée par une pièce d’artillerie, un missile, un lance-roquettes, un mortier ou un engin similaire, ou larguée d’un aéronef. Les mines lancées à moins de 500 mètres par un système basé à terre ne sont pas considérées comme étant « mises en place à distance », à condition qu’elles soient utilisées conformément à l’article 5 et aux autres articles pertinents du présent Protocole » (article 2, § 2).155Lire l’article 3 du Protocole II.

110 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

En outre, lors de la première conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques, tenue à Vienne et à Genève respectivement en 1995 et 1996, un quatrième protocole a été adopté. Liant 100 États au 6 juin 2016, cet instrument interdit l’emploi et le transfert des armes à laser aveuglantes. Il s’agit d’armes à laser spécifiquement conçues de telle façon que leur seule fonction de combat ou une de leurs fonctions de combat soit de provoquer la cécité permanente chez des personnes dont la vision est non améliorée, c’est-à-dire qui regardent à l’œil nu ou qui portent des verres correcteurs (article 1er).

Enfin, le Protocole V, adopté en 2003 et entré en vigueur le 12 novembre 2006, régit les restes explosifs de guerre. Ceux-ci concernent les munitions non explosées et les munitions explosives abandonnées. Plutôt qu’une interdiction, le Protocole impose aux États parties (76 au 6 juin 2016) l’obligation de procéder à l’enlèvement desdits restes. Cet enlèvement doit être suivi de leur destruction156.

Le corpus juridique relatif aux armes conventionnelles ainsi étoffé permet de mieux envisager le champ de désarmement en Afrique.

II. ENJEUX STATUTAIRES : LE DESARMEMENT « CLASSIQUE »Le désarmement conventionnel présente un double enjeu. Il est une préoccupation mondiale tout en

paraissant s’attacher particulièrement à l’Afrique. D’une part, de par leur nature même, les armes conventionnelles intéressent tous les États, quelle que soient leur taille et leur puissance. D’autre part, la quasi-totalité des conflits armés qui se sont déroulés depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’ont été avec des armes classiques. Or l’Afrique y a payé et paie encore un lourd tribut. L’engagement du continent en faveur du désarment conventionnel (A) ne peut dès lors que lui être bénéfique (B).

A. L’APPORT DE L’AFRIQUE AU DESARMEMENT CLASSIQUEMultiforme, l’engagement de l’Afrique en faveur du désarmement conventionnel s’inscrit naturellement dans les initiatives menées au plan international en ce domaine (1). Mais cela n’exclut pas des actions à l’échelle régionale ou sous régionale (2).

1. Laparticipationàunedynamiquemondiale

L’Afrique a activement participé à la formation du cadre juridique international du désarmement conventionnel, dans sa dimension tant institutionnelle que normative.Au plan institutionnel d’abord, l’Assemblée générale des Nations Unies est le cadre de référence. C’est en effet à celle-ci que l’article 11 de la Charte donne compétence pour « étudier les principes généraux de

156Cf. Chapitre 3 sur les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions

111GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

coopération pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris les principes régissant le désarment et la réglementation des armements ». Il lui est alors loisible de faire à ce sujet des recommandations aux États ou au Conseil de sécurité, ce dernier ayant reçu mission « d’établir un système de réglementation des armements » « afin de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde » (article 26 de la Charte).

Pour mener à bien cette mission, qualifiée de « question

la plus importante à laquelle le monde ait à faire face aujourd’hui »157 , il a été créé des organes subsidiaires, tels la Commission du désarmement158, la Conférence du désarmement159 et le Bureau des affaires de désarmement160 , ce dernier étant partie intégrante du Secrétariat des Nations unies. L’importance de ces organes dans l’organisation des travaux qui ont permis l’adoption des différents instruments juridiques précédemment évoqués, sur certaines armes classiques, n’est pas négligeable. C’est précisément à l’occasion de l’adoption de ces différents textes que l’apport de l’Afrique a été le plus manifeste.

157Résolution 1378 (XIV) du 20 novembre 1959.158Créée en 1952, la Commission du désarmement n’a pu se réunir qu’occasionnellement avant de sombrer dans l’oubli. Toutefois, à l’initiative des pays du tiers-monde, notamment d’Afrique, celle-ci a pu être réactivée en 1978. Elle est chargée de formuler des principes, adopter des lignes directrices et faire des recommandations à l’attention de l’Assemblée générale en matière de désarmement, et est ouverte à tous les États membres.159La Conférence du désarmement est le cadre multilatéral dans lequel sont négociés des accords sur le désarmement. Sur cet organe, voir http://www.un.org/fr/disarmament/unsystem.shtml.160Le Bureau des affaires de désarmement a été créé en 1998. Il encourage notamment les efforts de désarmement dans le secteur des armes conventionnelles, notamment les mines terrestres et les armes légères. Il réalise en quelque sorte une synthèse des travaux de l’AG, de la Commission du désarmement et de la Conférence du désarmement pour proposer des normes dans le domaine du désarmement. Il œuvre en faveur des mesures préventives de désarmement telles que le dialogue, la transparence et le renforcement de la confiance sur les questions militaires, ainsi que les efforts de désarmement régionaux, tels que le Registre des armes conventionnelles ou les forums régionaux. Enfin, il fournit des informations sur les efforts de désarmement des Nations Unies. Les informations sur cet organe sont disponibles ici : http://www.un.org/fr/disarmament/unoda.shtml.

Photo de la 69ème session de la Commission désarmement sécurité internationaledesNationsUniesle5novembre2014

112 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

En effet, comme précédemment indiqué, le cadre normatif du désarmement conventionnel s’est considérablement renforcé avec l’adoption de la Convention sur certaines armes classiques et ses protocoles additionnels subséquents. La plupart de ces instruments portent la marque des contributions de plusieurs pays africains lors de leur négociation.

Déjà, en 1974, alors que certaines grandes puissances (USA, URSS d’alors, France) y étaient opposées, c’est en partie grâce à certains pays africains (notamment l’Algérie, l’Égypte, le Mali, la Mauritanie et le Soudan) que la question des armes classiques avait pu être discutée lors de la conférence diplomatique pour la réaffirmation et le développement du droit international humanitaire, applicable dans les conflits armés, qui s’est tenue à Genève de 1974 à 1977. À la demande de ce groupe d’États161, la conférence162 avait alors dû créer en son sein une commission ad hoc des armes classiques. Celle-ci avait ainsi pu aborder les principales catégories d’armes conventionnelles qui, quelques années plus tard, ont fait l’objet de la Convention sur certaines armes classiques et ses protocoles.

En l’occurrence, les négociations qui ont permis l’adoption de ces textes ont aussi été marquées par une participation active de l’Afrique représentée par certains de ses États. Au demeurant, la conférence internationale convoquée à cet effet par la résolution 32/152 précitée de l’Assemblée générale de 1977, avait été présidée par le délégué du Nigéria. Aussi,

doit-on le contenu de l’article 10 du Protocole II163, sur la coopération pour l’enlèvement des mines et pièges, à une initiative du Maroc faisant suite à une proposition de la Libye164 faite lors de la conférence préparatoire165. De même, l’article 2 du Protocole III166 sur l’interdiction des armes incendiaires porte la marque de la mobilisation active du Maroc, aux côtés d’autres États comme les États-Unis. Néanmoins, cette disposition n’avait pas obtenu l’adhésion de tous les États africains participants à la Conférence, en tant qu’elle limite la protection contre l’usage des armes concernées aux populations civiles167. Plusieurs États africains souhaitaient en effet que cette protection fût étendue aux combattants.

Plus récemment, dans une « Position Africaine Commune sur un Traité sur le Commerce des Armes »168, l’Union africaine (UA) avait réaffirmé son attachement au désarmement. Elle avait par conséquent rappelé la nécessité pour les États impliqués dans un transfert d’armes de respecter les instruments juridiques pertinents sur le contrôle ou le désarmement des armes légères et de petit calibre, qu’il s’agisse d’instruments régionaux ou sous régionaux.

2. Les initiatives aux plans régional et sous régional

Les initiatives locales africaines en matière de réglementation des armes classiques interviennent

161Sur la contribution de ces États, voir notamment H. DOGO-BERY, L’Afrique et le désarmement, Thèse, Droit, Université de Nice, 1988, pp. 305 307. Et en particulier sur celle des États africains, voir F. WODIE, « L’Afrique et le droit humanitaire », RICR, n° 761, 1986, p. 259.162Sur les travaux de cette conférence, voir Ph. BRETON, « Remarques générales sur les travaux de la Conférence de Genève sur la réaffirmation et le développement du droit international humanitaire applicable dans les conflits armés », AFDI, 1977, p. 197 et s.163Lire l’article 10 du Protocole II sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs164Sur cette proposition, voir H. DOGO-BERY, L’Afrique et le désarmement, op. cit., p. 320 323.165La conférence internationale de 1979 avait, en effet, été précédée d’une conférence préparatoire. Celle-ci avait tenu deux sessions du 28 août au 15 septembre 1978, et du 19 mars au 12 avril 1979.166Lire l’article 2 du Protocole III sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires.167Sur les discussions autour de la position marocaine, voir H. DOGO-BERY, L’Afrique et le désarmement, op. cit, p. 324 327.168UNION AFRICAINE, « Position Africaine Commune sur un Traité sur le Commerce des Armes », disponible ici : http://unrec.org/docs/ATT/positions/AU_fr.pdf.

113GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

au plan régional. Mais c’est surtout dans le cadre sous régional que des actions ont le plus été menées. Dans tous les cas, les armes légères et de petit calibre (ALPC) se présentent comme le terreau fertile des efforts en faveur du désarmement. Ceci se comprend dans la mesure où la plupart des conflits auxquels fait face le continent sont menés essentiellement avec cette catégorie d’armes classiques. Par conséquent, c’est pour l’essentiel la réglementation de ces armes, sujet qui occupe l’attention de la communauté internationale169, qui servira d’illustration ici.

Ainsi, dans la perspective de la Conférence des Nations Unies qui devait se tenir à New York les 9 - 20 juillet 2001 sur le commerce des ALPC170, l’UA avait adopté une déclaration sur le sujet. Cette déclaration dite de Bamako, adoptée le 1er décembre 2000, exprimait une position africaine commune sur la prolifération, la circulation et le trafic illicites de ces armes. Nonobstant, son absence de caractère contraignant, la Déclaration de Bamako avait constitué une avancée importante en ce qu’elle traduisait une volonté forte d’endiguer le problème grave que constitue la prolifération des armes légères en Afrique. Dans le même ordre d’idées, les pays de la région des Grands Lacs africains et de la corne de l’Afrique ont adopté, le 21 avril 2004, le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères dans la région concernée. À la différence de la Déclaration de Bamako, le Protocole de Nairobi est un instrument juridiquement contraignant. En revanche, son champ d’application spatial est restreint en tant qu’il s’agit d’un texte sous régional, comme il en existe plusieurs autres.

L’on peut en effet mentionner le Protocole de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur le contrôle des armes légères, adopté le 14 août 2001 dans la foulée de la Conférence de New York de 2001 sur le commerce des ALPC. Ce protocole, entré en vigueur le 8 novembre 2004, fut le premier accord régional sur les armes légères ayant force contraignante sur le continent africain.

Certes, en Afrique de l’Ouest, les États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient, dès 1998, adopté un Moratoire sur les armes légères, qui réglementait l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères dans cette région. Le souci clairement affiché était d’enrayer les flux croissants d’armes légères qui commençaient à menacer la stabilité de la région. Cependant, ce texte portait un handicap : il était juridiquement non contraignant et n’était, en plus, valable que pour des périodes renouvelables de trois ans. En outre, sa mise en œuvre sur le terrain s’était révélée difficile. Un rapport d’évaluation établi par des experts indépendants en 2002 avait montré plusieurs lacunes171. Les États concernés en ont tiré les conséquences et décidé de transformer le moratoire en un instrument juridiquement contraignant. D’où l’adoption le 14 juin 2006 de la Convention sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes. Celle-ci est entrée en vigueur le 29 septembre 2009.

Plus récemment, le 30 avril 2010, a été adoptée la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des

169P. DAHAN, « La Conférence du désarmement : fin de l’histoire ou histoire d’une fin ? », AFDI, 2002, p. 196 213, p. 206.170Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects, tenue à New York du 9 au 20 juillet 2001.171I. BERKOL, « La convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre. Analyse et recommandations pour un plan d’action », GRIP, Bruxelles, 2007/2, p. 4.

114 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage (dite Convention de Kinshasa).

Au total, ces différents accords régionaux ont en commun l’objectif de contrôler le transfert et la circulation des ALPC en Afrique. C’est que, entre-temps, le phénomène avait pris des proportions très inquiétantes. En 2004, on estimait à huit millions les armes légères qui circulaient illégalement rien qu’en Afrique de l’Ouest172. Elles sont actuellement estimées à quelque cent millions à l’échelle du continent173. Elles sont le plus souvent détenues par des mercenaires et des groupes armés qui profitent de la porosité de certaines frontières. En juillet 2003, l’on avait recensé quelque dix mille mercenaires à l’échelle du continent174. C’est peu de dire qu’il s’agit d’un phénomène inquiétant. Autant son existence fait peser une grave menace sur l’Afrique, autant son éradication par le moyen de la réglementation sera salutaire pour le continent.

B. L’IMPACT DU DESARMEMENT CLASSIQUE EN AFRIQUELa réglementation des armes conventionnelles, en

particulier les armes légères et de petit calibre, aura pour conséquence logique de conjurer la menace que la circulation et l’emploi de ces armes font peser sur la paix et la sécurité en Afrique (1). Ce faisant, l’on créera nécessairement les conditions du développement dont l’Afrique a tant besoin (2).

1. Un vecteur de paix et de sécurité

La relation entre, d’une part, le désarmement et, de l’autre, la paix et la sécurité internationales est établie de longue date. L’Assemblée générale des Nations Unies l’affirma dès 1950 à travers la résolution 380 (V) dont le titre était à cet égard évocateur : « La paix par les actes ». Se fondant sur l’article 26 de la Charte, l’Assemblée générale affirma en effet que « pour réaliser une paix et une sécurité durables, il est indispensable […] de réduire au minimum le détournement des ressources humaines et économiques au profit des armements et de s’efforcer de développer ces ressources en vue du bien commun […] »175. Ce lien étroit entre désarmement et paix n’a jamais véritablement été contesté. Cependant, les efforts entrepris en ce sens ont longtemps privilégié le désarmement applicable aux armes de destruction massive176.

La prise de conscience de la réalité de la menace, à la paix et à la sécurité internationales que représente l’usage des armes conventionnelles, est relativement récente. Le progrès en la matière semble avoir été initié dans le cadre régional européen, avec l’adoption du Traité de Paris du 19 novembre 1990 sur les forces

172http://www.operationspaix.net/DATA/DOCUMENT/5846~v~Les_armes_legeres_en_Afrique.pdf, p. 17.173Cf. http://www.grip.org/fr/node/948.174Nations Unies, Couverture des réunions et communiqués de presse, « La prolifération des armes légères et leur impact sur les conflits armés en Afrique au cœur des préoccupa-tions de la réunion biennale », disponible ici : http://www.un.org/press/fr/2003/CD270.doc.htm175Résolution 380 (V) du 17 novembre 1950, § 2.176Au demeurant, la tendance ces dernières années semble réserver la notion de désarmement aux armes de destruction massive, à en juger par la substance des développements qu’on y consacre dans des manuels juridiques, dans les revues spécialisées, dans la presse écrite ou encore dans le discours politique officiel. Bien sûr, l’actualité internationale s’y prête. Les négociations sur le programme nucléaire iranien, qui ont abouti à un accord qualifié d’« historique » le 14 juillet 2015, les actions de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), les sorties belliqueuses quasi quotidiennes de la Corée du Nord qui menace le monde d’une attaque nucléaire « à tout moment », sont autant d’éléments qui vont dans ce sens. Pour une illustration récente sur ce dernier exemple, http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/20930-coreedunord-coree-menace-etats-frappe-nucleaire-moment.html, 4 avril 2016.

115GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

armées conventionnelles en Europe (FCE) précité. L’incidence de la prolifération des armes classiques, en particulier les ALPC, sur la paix et la sécurité internationales a été reconnue à partir du moment où il a été admis que des situations de conflits armés ne présentant pas de caractère international pouvaient aussi être constitutives de menace à la paix et à la sécurité internationales. Les armes légères et de petit calibre sont celles qui sont le plus souvent employées dans ce type de conflits armés. C’est le cas en Afrique.La prolifération de ces armes ne cesse, en effet, d’alimenter de nombreux conflits sur le continent, de favoriser le crime organisé et d’encourager le terrorisme. Elle explique aussi l’extension géographique de plusieurs groupes armés, notamment terroristes, tels qu’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ou Boko Haram. Ce dernier a ainsi pu étendre son activité criminelle au-delà du Nigéria, son bastion historique, pour toucher des pays limitrophes comme le Niger le Tchad et le Cameroun. De même, AQMI a élargi son champ d’action terroriste, qui s’étend de l’Afrique du nord à l’Afrique de l’ouest, touchant des pays comme la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire177 . C’est aussi le trafic illicite des armes légères et de petit calibre qui alimente la guerre civile en Libye, depuis 2011178, en Somalie depuis le début des années 1990179.

À l’évidence, cette prolifération des armes légères et de petit calibre constitue une menace pour la stabilité du continent. Il apparaît dès lors qu’en agissant sur le transfert et la circulation de ces armes, en d’autres

termes en les réglementant, on posera des actes en faveur de la paix et de la sécurité.

Dans son rapport du 17 avril 2008 sur les causes des conflits en Afrique, le Secrétaire général des Nations Unies avait clairement reconnu que la question des armes légères était « intrinsèquement liée aux conditions préalables au développement durable que sont la sécurité, le développement et la protection des droits de l’homme »180 . D’où il suit qu’en réalisant la paix et la sécurité au moyen du désarmement, on posera également les conditions propices au développement, tant ces facteurs sont liés.

2. Un facteur de développement

L’idée qu’il existe un lien entre le désarmement et le développement est aussi admise depuis la résolution 380 (V) de l’Assemblée générale précitée. Réaffirmée à maintes reprises181, elle part du postulat que les dépenses militaires, étant improductives et constitutives d’un détournement des ressources, leur transfert vers les activités civiles ne pourrait avoir que des effets positifs sur le développement. En d’autres termes, il n’est pas juste de produire des armes de destruction alors que les besoins fondamentaux des hommes ne sont pas satisfaits. L’enjeu est multidimensionnel, mais dans le contexte africain, on pourrait envisager deux hypothèses pour l’illustrer : celle où le désarmement intervient en dehors de tout contexte de crise (désarmement préventif) et celle

177Ce groupe est à l’origine de plusieurs attentats terroristes qui ont connu une recrudescence ces derniers mois, avec des attaques perpétrées à Bamako (Mali), le 20 novembre 2015, à Ouagadougou (Burkina Faso) le 15 janvier 2016 et à Grand Bassam (Côte d’Ivoire), le 13 mars 2016.178Cela a aussi permis au groupe terroriste Daech de s’implanter dans certaines localités du pays, comme Syrte.179Le groupe terroriste dit des Chebab qui sévit dans ce pays, a même étendu ses attaques ces dernières années à certains pays de la région comme le Kenya. La dernière en date dans ce pays remonte au 2 avril 2015. Voir en ce sens http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/04/02/97001-20150402FILWWW00402-kenya-147-morts-dans-un-attentat.php.180Rapport du Secrétaire général, « Armes légères », 17 avril 2008, S/2008/258, § 22.181Voir la liste des instruments dans J. COLARD, J. FONTANEL et J.-F. GUIHAUDIS, Le désarmement pour le développement : dossier d’un pari difficile, Paris, Les Cahiers de la Fondation pour les études de défense nationales, 1981, p. 11.

116 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

dans laquelle il s’applique à la suite d’un conflit armé (désarmement réparateur).

D’une part, l’impact du désarmement préventif sur le développement en Afrique s’attache aux politiques nationales en matière d’armements, plus précisément l’attitude que devraient adopter les États africains à l’égard du transfert et de la circulation des armes classiques. Certes, les dépenses d’armement constituent une charge pesante pour tous les pays, mais elles le sont davantage pour les États africains qui sont dans leur quasi-totalité des pays en développement. S’il est vrai qu’il existe des différences de situation entre ces pays en ce domaine, il n’en demeure pas moins que certaines caractéristiques communes, telle la faiblesse de leurs structures économiques, les rendent particulièrement vulnérables aux conséquences nuisibles des dépenses militaires. Celles-ci constituent alors un obstacle à leur développement182 . Or en rendant disponibles les ressources actuellement consacrées aux armements, celles-ci pourraient servir à leur développement économique et social.

Dès lors, le désarmement prendra plusieurs formes : soit la réduction substantielle des dépenses militaires, soit la limitation de celles-ci à un certain seuil, soit la suppression de certaines de ces dépenses. Pour le dire autrement, il s’agira pour les États africains de rationaliser leurs transferts d’armements. Ils devront parallèlement donner pleinement application aux instruments juridiques réglementant la circulation des armes afin d’en neutraliser les circuits illicites. À cet égard, il convient de les encourager à participer activement au Registre des armes classiques des

Nations Unies. Consignant annuellement les données relatives aux importations et aux exportations d’armes des États membres, cet instrument est un outil essentiel dans la réglementation des armes classiques.

D’autre part, le désarment peut également être un facteur de développement en revêtant un caractère réparateur. C’est l’hypothèse où il est mis en œuvre à la suite d’un conflit armé. À défaut d’avoir pu empêcher la survenance d’une guerre civile, dont les effets sur le développement du ou des États concernés sont nécessairement dévastateurs, on prend les mesures pour en prévenir d’autres. Dans ce cas, le désarmement s’inscrit généralement dans les programmes dits : « Désarmement-Démobilisation-Réintégration » (DDR). Ces programmes ont été initiés par les Nations Unies au début des années 1990 dans le cadre des mandats confiés aux opérations de maintien de la paix. Ils se présentent aujourd’hui comme un volet capital aussi bien pour la stabilisation immédiate d’un pays touché par un conflit armé que pour son développement à plus long terme.

Dans ce cadre, le désarmement consiste à rassembler, enregistrer, contrôler et éliminer les armes de petit calibre, les munitions, explosifs, les armes légères et lourdes détenues par les combattants, mais souvent aussi par la population civile. En revanche, la démobilisation consiste à libérer officiellement, de façon contrôlée, les membres des forces et des groupes armés. Ce processus comporte notamment une phase de « réinsertion » pendant laquelle une assistance de courte durée est fournie aux anciens combattants. Enfin, la réintégration se réfère au processus consistant

182Sur les conséquences des dépenses d’armement sur les pays africains, voir notamment H. DOGO-BERY, L’Afrique et le désarmement, op. cit., p. 483 487.

117GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

à restituer aux anciens combattants leur statut de civil et à les aider à obtenir un emploi et des revenus réguliers. Il s’agit d’un processus politique, social et économique de durée indéterminée qui se déroule essentiellement au sein des communautés, au niveau local183.

Ces processus DDR se déroulent actuellement dans plusieurs pays d’Afrique ayant été (ou étant encore) en proie à une guerre civile. C’est notamment le cas en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et au Kenya. La Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA) a commencé à désarmer des combattants dans le cadre d’un programme dit de « pré-DDR »184. Ceci témoigne de l’intérêt de ces processus destinés à canaliser la circulation de certaines armes classiques.

CONCLUSION

Loin de constituer une source de difficultés insurmontables, le double défi posé par les armes classiques révèle tout l’intérêt qui s’attache à celles-ci. L’extrême diversité de ces armes, qui rend difficile toute tentative de définition uniforme, dévoile l’étendue de leur champ de désarmement. L’Afrique semble faire figure de laboratoire pour le processus de désarmement applicable à cette catégorie d’armes aux contours mouvants.

Le processus de désarmement conventionnel en Afrique emprunte des schémas définis à la fois au plan universel et à l’échelle régionale et sous régionale. Il s’agit d’une exigence dans la mesure où le continent continue d’être une forme de creuset où circulent plusieurs catégories d’armes classiques. Il en est ainsi en particulier des armes légères et de petit calibre dont le régime de désarmement est en passe d’être consolidé, grâce aux différentes initiatives régionales et sous régionales en ce domaine. Ces solutions régionales aux problèmes des armes légères sont d’autant plus importantes qu’elles ont contribué à ouvrir la voie à d’autres actions au niveau mondial. C’est notamment le cas du Programme d’action des Nations Unies de 2001 sur les armes légères.

Toutefois, la relation entre les actions internationales et régionales fonctionne aussi dans l’autre sens. C’est ainsi que l’adoption d’un accord international sur le commerce illicite des armes légères a pu ouvrir la voie à d’autres initiatives régionales et sous régionales. Ceci montre que le processus de désarmement conventionnel en Afrique est à la fois dynamique et ouvert. Reste à espérer qu’il connaisse un terme un jour, parce qu’il aura atteint son objectif : débarrasser le berceau de l’humanité du fléau de l’armement, au-delà des armes classiques.

183Cf. http://www.un.org/fr/peacekeeping/issues/ddr.shtml.184Pour plus d’informations, voir : http://www.rfi.fr/afrique/20160304-rca-est-programme-desarmement-demobilisation-reintegration-ddr.

118 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE 2 : LA LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE (ALPC) EN AFRIQUE

Les Armes Légères et de Petit Calibre (ALPC) sont considérées à juste titre en Afrique comme, une des principales causes d’insécurité et d’instabilité socio politique du continent185. En effet, une quantité non négligeable de ce type d’armes est présente et circule illégalement en Afrique, d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre du continent, recyclant les conflits, et alimentant la criminalité organisée transfrontalière et le banditisme. Elles contribuent également à l’émergence ou à la persistance de groupes armés non étatiques, qui se révèlent comme une véritable menace contre la paix, la sécurité et la stabilité du continent.

Phénomène saisi par le droit international et interne, la prolifération des ALPC fait depuis la fin de la guerre froide, l’objet d’une attention grandissante partout dans le monde en général, et plus particulièrement en Afrique186 . L’émergence des groupes armés non étatiques, doublée de l’affaiblissement des systèmes de sécurité des États africains, sont autant de facteurs

qui encouragent et dynamisent la prolifération des ALPC en Afrique. En effet, peu coûteuses, faciles à dissimuler, à utiliser et à entretenir, les ALPC restent le choix favori des utilisateurs et des vendeurs loin devant les autres types d’armement187 .

Certes, faut-il le rappeler, le transfert des ALPC, n’est pas nécessairement une activité illégale188. Elle le devient lorsque les raisons d’une acquisition et les procédures d’acquisition par un État ou un organisme privé, n’est pas conforme au droit interne et international encadrant le transfert des ALPC en particulier. La construction des mécanismes de contrôle des ALPC, concerne alors les situations de prolifération ou de dissémination illégale de ce type d’armes du fait des États ou des organismes privés. Il apparaît alors légitime de s’interroger sur les capacités africaines à répondre aux problèmes et défis posés par la prolifération des ALPC sur le continent.

185On le sait bien, si les ALPC ne sont pas, à proprement parler, les causes directes des conflits en Afrique, il ne fait aucun doute qu’elles restent les premières « conseillères » de leurs acteurs. Cette situation objective entraîne de profondes conséquences sur les choix normatifs effectués par les organisations internationales régionales africaines pour prendre le mal à la racine afin d’y apporter des solutions idoines.186En effet, au moins 500 mille morts par an sont directement imputables aux ALPC, dont 200 mille hors situation de conflit. Ainsi, en dehors des atteintes directes à l’intégrité physique des personnes, les ALPC favorisent et soutiennent une violence dont les conséquences sont considérables aux plans social, politique et économique.187Les armes ont une forte valeur symbolique et réelle pour les groupes armés non étatiques. Le recours à la force et à la violence pour atteindre leurs objectifs requiert généralement armes, munitions, explosifs et ressources financières. Les ALPC sont un type d’armes privilégié par les acteurs non étatiques vu leur disponibilité, leur moindre coût et la facilité d’usage et de transport. FARHAT (L.) et SENIORA (J.), « Acquisitions d’armes par les acteurs non étatiques, pour une régulation plus stricte ? », Note d’Analyse du GRIP, octobre 2011, Bruxelles, p.4. Sur les 875 millions d’ALPC disséminées dans le monde, 650 millions seraient aux mains de civils ; KARP (A.), « Completing the count : civilian firearms », in Small arms survey, Guns and the city, Genève, Cambridge university press, 2007, p. 39.188En effet, plus de 1000 sociétés installées dans environ 100 pays produisent des ALPC pour approvisionner les différents acteurs du marché. Le commerce autorisé des ALPC représente pour les pays fabricants et exportateurs une source importante de revenus. Il dépasse aujourd’hui 6 milliards de dollars US par an, et celui illégal, bien que très difficile à évaluer, est estimé à environ 1 milliard de dollars US par an.

119GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

On peut ainsi espérer que les réponses apportées au niveau international et africain permettront une meilleure mise en œuvre des mécanismes encadrant le transfert de ces types d’armes et par conséquent, un retour de la paix et de la sécurité sur le continent. Ainsi, avant d’évoquer les efforts visant à mieux réguler la circulation et le contrôle des ALPC sur le continent, il est important de préciser les concepts clés de la thématique. Ceci passe par un état des lieux de la situation de la prolifération des ALPC sur le continent, et la mention des efforts institutionnels développés pour la mise en œuvre effective des différents engagements à tous les niveaux sur le continent.

Section 1- Étude du phénomène de la prolifération des ALPC en Afrique

A- Précisions conceptuelles1. Qu’entend-on par ALPC ?

La classification de certaines armes faisant l’objet

d’un consensus, d’autres pas. Les ALPC constituent de manière générale, une sous-catégorie d’armes dites classiques. Ce sont des armes létales portables, destinées à être utilisées par une personne, s’il s’agit d’une arme de petit calibre, ou plusieurs individus travaillant en équipe, s’il s’agit d’une arme légère.

Bien qu’aucune définition ne soit universellement acceptée189, celle fournie par les Nations Unies (NU), reprise pour l’essentiel par le Traité sur le Commerce des Armes (TCA) et la Convention de la CEDEAO sur les ALPC190 reste l’une des plus complètes et la plus employée. En effet, le groupe d’experts gouvernementaux sur les armes de petits calibres, a proposé dans son Rapport d’août 1997191 de distinguer trois catégories d’équipements susceptibles d’entrer dans la catégorie d’ALPC à savoir : les « armes de petit calibre », les « armes légères » et les « munitions et explosifs ».

Ainsi, les armes de petit calibre désignent, toute arme meurtrière portable à dos d’homme qui est conçu pour un usage individuel et qui propulse ou lance des plombs, une balle ou un projectile par l’action d’un explosif, ou qui est conçue pour ce faire ou peut être aisément transformée à cette fin192. Cette catégorie comprend, entre autres, les revolvers et les pistolets à chargement automatique ; les fusils et les carabines ; les mitraillettes ; les fusils d’assaut ; et les mitrailleuses légères, ainsi que leurs parties, éléments et munitions.

189Chaque convention ou protocole retenant une définition plus ou moins étendue en fonction de la conjoncture qui prévaut dans l’espace de son adoption.190Convention de la CEDEAO. http://www.ecosap.ecowas.int/index.php?option=com_jotloader, voir l’article 1er de la convention.191Voir le Rapport du groupe d’experts gouvernementaux sur les armes légères et de petit calibre, A/52/298, ONU/AG, 27 août 1997, §26. 192http://www.smallarmsstandards.org/isacs/0120-fr.pdf

120 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

La catégorie des armes légères quant à elle concerne ; toutes les armes meurtrières portable à dos d’homme qui sont conçues pour être utilisées par deux ou trois personnes travaillant en équipe (quoique certaines puissent être transportées et utilisées par une seule personne) et qui propulsent ou lancent des plombs, des balles ou des projectiles par l’action d’un explosif, ou qui sont conçues pour ce faire ou peuvent être aisément transformées à cette fin193. Elle englobe, les mitrailleuses lourdes194, les lance-grenades portatifs amovibles ou montés sur un véhicule ; les canons anti-aérien portatifs ; les canons antichars portatifs, les fusils sans recules, les lance-missiles et lance-roquettes anti-char portatifs ; les lance-missiles anti-aérien portatifs ;

les mortiers de calibre inférieur à 100 millimètres, ainsi que leurs parties, éléments et munitions.

Pour les Nations Unies, sont aussi concernés par la législation sur les ALPC, les «minutions et explosifs». Le groupe d’experts mentionne alors comme ALPC les cartouches et minutions pour armes de petits calibres, les projectiles et missiles pour armes légères, les conteneurs mobiles avec missiles ou projectiles pour système anti-aérien ou antichar à simple action195 . On y inclut aussi, les grenades, les mines antipersonnel et antichars, les mines terrestres et enfin les explosifs. En somme une définition globale et exhaustive des ALPC n’est pas simple à formuler. Toutefois, en

193http://www.smallarmsstandards.org/isacs/0120-fr.pdf194Les mitrailleuses lourdes, à la différence des mitrailleuses légères qui peuvent être portées par un seul homme et qui sont généralement posées sur un bipied, nécessitent d’être fixées sur un trépied ou un véhicule. L’ensemble des armes de petits calibres énoncés par le groupe d’experts ainsi que les mitrailleuses lourdes sont des armes à feu.195Cette inclusion se justifie du fait qu’à l’exception des mines terrestres et des explosifs, les quatre premières catégories sont les munitions nécessaires aux armes légères et de petit calibre précitées. Aussi, à partir du moment où celle-ci ne peuvent fonctionner sans leurs munitions, il aurait été beaucoup plus juste de les inclure dans leur définition respective, plutôt que de les faire figurer dans une catégorie séparée. Il est également plus juste de faire figurer les mines terrestres qui regroupent les mines antipersonnel, et les mines antichars dans les armes légères.

121GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

s’inspirant de la définition onusienne, on entendra par ALPC : en plus des mines, des munitions ou projectiles nécessaires à leur fonctionnement, toutes les armes meurtrières, portables par une ou plusieurs personnes, qui propulsent ou lancent des plombs, des balles, des projectiles par l’action d’un explosif, ou qui sont conçus pour ce faire ou peuvent être aisément transformés à cette fin.

Il faut noter qu’en général, les armes blanches (matraques, couteaux, machettes), sont de manière extensive, parfois prises en compte dans la catégorie des ALPC. Cela ne sera toutefois pas le cas dans cette étude, car les instruments internationaux n’étendent pas leur définition à cette catégorie d’armes.

2. Qu’entend-on par prolifération des ALPC ?

La notion de prolifération des ALPC dans le sens où elle est employée ici, voudrait dire qu’il y a un grand nombre d’ALPC illégalement en circulation dans un État ou une région donnée.

Plus généralement, la prolifération désigne l’augmentation incontrôlée du nombre d’ALPC en circulation sur le territoire d’un État en dehors des canaux officiels. C’est dans cette acception que la prolifération des ALPC est en droit international, une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité des États sortant ainsi du domaine exclusivement réservé des États196.

B- État des lieux de la prolifération des ALPC en Afrique

Les enquêtes généralement réalisées par les ComNat sur l’état de la prolifération des ALPC en Afrique, montrent que le phénomène concerne l’ensemble du continent et touche indifféremment toutes les couches sociales, et toutes les régions en particulier celles qui sont le théâtre des crises violentes ou la criminalité transfrontalière organisée197 .

Bien qu’il soit difficile d’évaluer précisément le nombre d’ALPC qui circulent sur le continent, l’on estime de 7 à 10 millions les armes qui circulent illégalement en Afrique de l’ouest par exemple198 . Au même moment, les chiffres provenant de l’Afrique australe font état d’environ plus de 3,7 millions d’armes légalement détenues par les populations civiles199. Ce qui amène certains observateurs à estimer à environ 100 millions200, les ALPC supposés circuler en Afrique subsaharienne.

Dans ce même registre, pour Small Arms Survey, organisation non gouvernementale basée à Genève, le nombre des ALPC en circulation dans l’ensemble des 44 États de l’Afrique subsaharienne tournerait autour de 30 millions201. Elle estime que de cette quantité d’armes, les civils détiennent 79%, les militaires 16%, les policiers 3% et les groupes non étatiques 2%202 . Ces chiffres illustrent l’ampleur de la prolifération des

196SALMON (J.) (dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruylant Bruxelles, 2001, p. 356. Selon l’auteur, le domaine réservé renvoie au « domaine d’activité dans lequel l’État, n’étant pas lié par le droit international, jouit d’une compétence totalement discrétionnaire et, en conséquence, ne peut subir aucune immixtion de la part des autres États ou des organisations internationales ».197En dehors de la Libye et du Mali, d’autres sources d’approvisionnement en ALPC ont été évoquées, à partir de pays ayant connu ou connaissant des guerres civiles et, en conséquence, une importante prolifération d’armes, en particulier le Tchad, la République centrafricaine et le Soudan ; voir Arms smuggling to Boko Haram threatens Cameroon, IRIN, 21 février 2014.198Small Arms Control in Nigeria (MISAC), London, International Alert, 2005, p.2.199GOULD (Ch.), LAMB (G.), (ed.), Hide and Seek:Taking Account of Small Arms in Southern Africa, Pretoria, ISS, 2004, p.202.200AYISSI (A.), La prolifération des armes légères et de petit calibre un défi majeur de paix et de sécurité, Revue Africaine d’Études Politiques et Stratégiques, n° 1, 2001, p. 192.201Annuaire sur les armes légères 2003, Impasse sur le développement, Bruxelles GRIP, 2003, p.57.202Idem, p.57.

122 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ALPC sur le continent africain.

1. Les sources de la prolifération des ALPC en Afrique

Les armes illicites qui circulent en Afrique proviennent de plusieurs sources. Il faut noter que le continent africain n’est pas un important producteur d’armes : les entreprises produisant des ALPC et des munitions situées sur le sol africain ne représentent que 3 % des 1 200 producteurs mondiaux estimés203. Au lendemain de la Guerre froide, les pays de l’ancienne URSS et de son bloc, se sont retrouvés en possession d’importants surplus d’armes et les zones de conflits en Afrique se sont alors avérées constituer d’excellents débouchés commerciaux pour écouler ces surplus204 .

2. La prolifération des ALPC provenantdesstocksofficiels

Si 95% des armes présentes sur le continent sont importées205, il ressort des principales saisies d’armes en Afrique de l’Ouest et des études portant sur l’Afrique Centrale que la majorité des flux illicites sont intrarégionales. Il s’agit notamment, des armes

appartenant aux stocks officiels des forces de défense et de sécurité206 des États de ces sous-régions.

En 2001, relativement à ce phénomène, Small Arms Survey estimait que 80 à 90% du commerce d’ALPC est licite, et près de 80% des transferts illicites dérivent de ce commerce licite207 . Ce constat illustre bien les origines officielles de la prolifération des ALPC en Afrique.

a)- Les transferts d’armes entre États

Actuellement, la prolifération est principalement alimentée par des transferts208 autorisés par les États. Sur les dix-sept milliards d’achats d’armes en 2002 par exemple, deux tiers ont été effectués par les pays du tiers-monde en général et ceux de l’Afrique en particulier. Notons que les grands exportateurs de ces armes en direction de l’Afrique sont les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité209.

Il faut toutefois, distinguer les transferts licites des transferts illicites. Sont licites d’une part, les transactions entre gouvernements qui consistent, sur le fondement du droit intangible à se doter de moyens nécessaires à la défense de sa souveraineté210 bien entendu dans le respect du droit international en vigueur.

203Dans l’Annuaire sur les armes légères de 2009, Small Arms Survey fait la liste des plus importants importateurs d’ALPC pour l’année 2006, on y retrouve pour le continent africain ; l’Égypte (62 millions au moins), l’Ethiopie (14 million au moins), le Soudan (plus de 11 millions), le Botswana (plus de 10 millions).204DE TESSIERES (S.), « Rapport spécial, Les défis du contrôle des armes et de la lutte contre la violence armée avant la crise post-électorale en Côte d’Ivoire », Small Arms Survey, Genève 2012, p.105. 205STOHL (R.), « Putting the ATT into Context: Perspectives on the Global Arms Trade, Existing Arms Trade Initiatives and the role of the United States », American Society of Law, Vol. 103, March 2009, pp. 25-28.206D’après une enquête réalisée en 2008 par la ComNat de lutte contre la prolifération des armes légères du Burkina Faso, près de 50% des armes saisies dans le pays provenaient des stocks des forces de sécurité nationales, contre à peine plus de 10% provenant en contrebande de l’étranger.207Rapport Small Arms Survey, 2014208Le terme de transfert a l’avantage d’inclure les ventes, les dons mais également l’assistance militaire et les armes fournies dans le cadre d’une opération de maintien de la paix.209Le top 5 des plus gros vendeurs d’armes au monde selon Amnesty international sont : les États-Unis d’Amérique avec 30% des transferts d’arme classiques, suivis de la Russie, 10%, la Chine 5%, ensuite vient la France et le Royaume uni. www.m.amnesty.fr; selon le classement de Jeune Afrique 2014, la première place revient toujours aux entreprises américaines qui détiennent 54,4% du marché des transactions d’armes vers l’Afrique. Ils sont suivis par la Grande Bretagne 10,4%, la Russie 10,2%, avec une croissance de 50% entre 2013 et 2014, www.jeuneafrique.com, 15 décembre 2015.210Des contrats pour approvisionner les forces armées d’un pays donné sont accordés par le gouvernement ; ceci fait des contrats sur les armes une question politique importante. L’autorisation de vente par le gouvernement peut être influencée par l’importance économique ou géopolitique du contrat plus que par un souci quelconque de l’impact subséquent des armes, comme lorsque l’Europe, la Russie, la Chine et les États-Unis ont fourni des armes pour le régime de Kadhafi.

123GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

D’autre part, les transactions licites constituent des transactions commerciales même non étatiques respectant les systèmes de contrôle. Elles désignent par exemple, le transfert d’armes d’une entreprise privée siégeant dans un État A, vers un État B pour lequel l’État A donne son accord par le biais d’une licence ou d’un permis d’exportation. Bien souvent l’État A exige aussi de l’État B, la transmission d’un certificat d’utilisateur final des armes, garantissant ainsi son engagement à ne pas les réexporter vers d’autres acteurs étatiques ou non étatiques211 .

A côté de ces transactions commerciales interétatiques licites du fait de, l’observation intégrale des procédures de transfère, il existe deux types de transactions illicites qualifiés de « marché noir » et « marché gris » en fonction du degré d’illégalité.

• « Le marché gris » est une transaction qui s’effectue en violation du droit interne et international avec néanmoins l’accord informel des États212. En clair le « marché gris » désigne les transactions qui consisteraient à réexporter du matériel précédemment acheté légitimement, à destination d’une tierce partie en contravention des certificats d’utilisateur final, ou à commercialiser des armes à travers un intermédiaire dans le but de contourner un embargo213.

• « Le marché noir » quant à lui est présenté comme

l’ensemble des transactions qui s’effectuent en violation du droit interne et international en dehors de tout contrôle étatique. Il est toutefois difficile de faire la distinction entre « marché gris » et « marché noir » surtout dans le cadre des transferts effectués vers des pays sous embargo. Ces différents types de transfert214 qui dans une certaine mesure proviennent des sources légales, alimentent, si on en croit les statistiques en la matière, la prolifération des ALPC sur le continent215 .

b)- Les armes non rendues par les anciens combattants

Une autre source de trafic illicite d’ALPC sur le continent est l’absence ou l’inefficacité du désarmement des anciens combattants à l’issue des conflits. En effet, l’absence ou l’insuffisance des programmes de démobilisation et de désarmement des combattants à la fin des guerres civiles, laisse la porte ouverte au trafic illicite d’ALPC.

Le désir de recyclage d’importante quantité d’armes aux mains des anciens combattants permet le développement du trafic des ALPC, qui généralement, migrent d’un conflit à l’autre pour alimenter les groupes armés ou les réseaux criminels216 . Voir à titre illustratif le tableau ci-dessous217.

211Voir pour plus de détails la page des Nations unies consacrée au projet de traité international sur le commerce des armes : http://disarmament.un.org/CAB/ATT/index.html. 212MARSH (N.), « Two Sides of the same coin? The Legal and Illegal Trade in Small Arms », Brown Journal of World Affairs, vol. 9, n°1, Spring 2002, p.221.213Voir le Rapport du Groupe d’experts gouvernementaux créé par la résolution 54/54 V de l’Assemblée Générale, en date du 15 décembre 1999, intitulé « Armes légères », A/CONF. 192/2, 11MAI 2001, Annexe I, p. 26-27. 214Le transfert regroupe les activités d’importation, d’exportation, de transit, de transbordement et de transport ou autre mouvement quel qu’il soit, à partir du ou à travers le territoire d’un État d’ALPC, de leurs munitions et autres matériels connexes. 215Une étude menée en 2005 par le Small Arms Survey en Afrique de l’Ouest montre que plus que les acteurs internationaux, ce sont les gouvernements africains qui se sont avérés être les sources principales des armes utilisées par les groupes armés de la région. En effet, nombre d’États africains font un « commerce triangulaire ». Ils achètent des armes pour leur propre usage, mais ils les détournent illégalement vers d’autres États sous embargo. Le Burkina Faso, le Niger et le Libéria ont fourni des armes au RUF de Charles Taylor pendant la guerre ; le Libéria à la Côte d’Ivoire ; le Rwanda à des groupes rebelles en RD Congo ; Djibouti à la Somalie. Des rebelles libériens ont traversé la frontière de la Côte d’Ivoire pour échanger leurs armes contre des cyclomoteurs. L’Ethiopie, l’Érythrée et Djibouti ont contourné l’embargo contre la Somalie, et Djibouti a fourni des armes au groupe Somalien d’opposition, «Islamic Court Union ». Ces transferts jouent un rôle important dans l’interruption de la sécurité régionale et du développement socioéconomique. Voir, Manuel d’AEFJN, Prolifération des armes légères, Volume 2, Chapitre 5, p.16216Voir, Focus sur les armes légères en Afrique, volume 3, n°1, 2004, p.10. 217http://www.unodc.org.toc.Reports

124 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Pays enquêté Période concernée Nombre de combattants démobilisés

Nombre d’armes récupérées

Mali 1996 - 2003 12 000 3 850Niger 1999 - 2003 7 014 5 000Mali 2009 550 550Niger 2009 3000 3000

3. Les sources illicites de la prolifération des ALPC

Il s’agit en général, des armes appartenant aux stocks officiels des forces de défense et de sécurité dérobées, et vendues par des membres indélicats des forces armées, d’armes transférées à des mouvements rebelles par des gouvernements sympathisants ou des trafiquants, ou encore d’armes illégalement produites et revendues à des fins criminelles.

a)- Les armes dérobées dans les casernes militaires

Le pillage des arsenaux nationaux, généralement opéré avec la complicité de certains membres indélicats des forces de sécurité, alimente également le trafic illicite d’ALPC en Afrique218. En effet, parfois, des groupes de bandits armés lancent des assauts surprise dans les commissariats, et postes de gendarmerie ou tout autre endroit où sont gardées les armes et récupèrent tous les arsenaux qui s’y trouvent y compris leurs munitions. Plusieurs fois au Cameroun et au Nigeria par exemple, les postes de police ou de gendarmerie ont été

cambriolés ou attaqués par des combattants de Boko Haram ou des bandes de criminels fortement armés219 .

Les armes et les munitions volées par ces bandits ne sont pas souvent toutes récupérées par les autorités locales. Ces armes, emportées par les malfrats, se retrouvent dans la nature au profit des braquages, des crimes ou du terrorisme.

Selon Small Arms Survey, les groupes armés posséderaient entre 0,4 et 1,3% des ALPC disponibles dans le monde, et utiliseraient des armes de plus en plus puissantes et sophistiquées. En effet, une étude sur les groupes armés en Afrique de l’Ouest, confirme leur possession d’ALPC telles que les lance-grenades, missiles sol-air et sol-sol, artillerie de défense antiaérienne, mortiers, lance-grenades à propulsion par fusée, etc. Tout cet arsenal proviendrait sans doute des pillages et de la contrebande de l’arsenal libyen. On estime à 12 000 armes dont 9 000 fusils d’assaut, l’arsenal libyen passé en contrebande depuis le début de la crise dans ce pays. Ces armes ont incontestablement renforcé les capacités des groupes terroristes et criminels de la région du sahel.

218Dans son ouvrage intitulé La république Centrafricaine : une étude de cas sur les armes légères et les conflits, Genève, Small Arms Survey, 2006, p.40 ; BERMAN E. G., soulignait que les « diverses mutineries ont (…) représenté une importante source d’armement au niveau du pays. Le cas le plus notable de saisie et de redistribution d’armes est sans doute celui qui a eu lieu en 1996 lorsque les soldats centrafricains ont vidé le dépôt d’armes de la caserne de Kassaï. D’après le gouvernement de l’époque, plus de 2500 armes légères et de petit calibre auraient alors été emportées ».219BERGHEZAN (G.), « Boko Haram, fiche documentaire », Note d’Analyse du GRIP, 8 janvier 2016, Bruxelles. http://www.grip.org/fr/node/1903.

125GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

b)- Les armes frauduleusement commercialisées par les réseaux de trafiquants

Il existe de plus en plus des réseaux de trafic d’armes dissimulés mais très actifs, qui amplifient le volume d’ALPC en circulation de manière illicite sur le continent 220.

Cette situation est sans doute favorisée, par la faiblesse des États africains à assurer la sécurité humaine sur l’ensemble de leurs territoires et la surveillance efficace des frontières. En effet, la porosité des frontières et la largesse des agents publics221 sont les causes fondamentales du développement du trafic des ALPC sur le continent. Ainsi, bénéficiant de ses bonnes relations avec les groupes armés qui ont contrôlé la plus grande partie du Mali pendant presque toute l’année 2012, et profitant de frontières poreuses, de douaniers indélicats, puis de la complicité de commerçants, Boko Haram n’a guère eu de difficultés à acquérir des grenades, roquettes et missiles, ainsi que leurs lanceurs et autres fusils d’assaut et munitions, rendus disponibles par la désagrégation de l’État libyen222 .

c)-Lafabricationartisanaled’armesàfeu

Le secteur de la fabrication artisanale des armes est ancien et dynamique. Dans les pays où il existe une tradition d’usage rituel ou culturel des armes à feu tel que le Ghana, la Guinée, le Sénégal, le Bénin, le Mali, le Togo et le Nigeria, la fabrication artisanale d’armes de petit calibre figure en bonne place parmi les sources

de prolifération des ALPC sur le continent.

La fabrication artisanale, contrairement à la fabrication

industrielle, est plus répandue sur le continent et échappe, dans la plupart des cas à tout contrôle étatique. Elle alimente le marché local et favorise le développement du grand banditisme et les violences armées223. Au Ghana par exemple la production locale qui avoisine selon les sources officielles les 100 000 armes à feu par an, constitue la principale source de prolifération des ALPC du pays224. En définitive, la production locale semble rivaliser avec les armes perfectionnées comme le montre le digramme ci-après qui répertorie les deux dimensions en Afrique de l’Ouest :

220Les acquisitions illicites d’armes sont le propre des structures non étatiques (milices, bandes armées, rebellions, insurgés, etc.) ou de simples particuliers non autorisés. Ces trafiquants et bandes criminelles passent par divers moyens pour obtenir les armes. Ainsi, ils peuvent détourner les armes légalement achetées par l’État. Plusieurs fois les rebelles ont détourné du matériel militaire destiné aux forces armées de RDC.221De toutes les études, il ressort toujours que la porosité des frontières constitue, l’un des principaux facteurs de la prolifération des ALPC en Afrique.222MUSA (S.) « How al-Qaeda, Boko Haram smuggle arms into Nigeria », Vanguard (Lagos), 11 mai 2013; ABBA (S.), CARAYOL (R.), DUHEM (V.), TILOUINE (J.), « Libye, Mali, Cameroun, Centrafrique... l’effet domino du terrorisme », Jeune Afrique, 4 juin 2014.223En effet, à l’origine, voués à la fabrication des armes pour la chasse, les forgerons ont progressivement fait face à une demande de plus en plus importante et exigeante, allant jusqu’à produire des répliques de l’AK47, INTERNATIONAL ALERT, Small Arms Control in Ghana (MISCA), op. cit., p.3.224GNA, Gvt to consolidate laws on arms and ammunition, Accra, may 5th, 2005.

Fusils de fabrication artisanale

126 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ALP= Armes Légères PerfectionnéesAFL= Armes de Fabrication Locale

Ce diagramme bien que présentant des statistiques de plus de 18 ans, reste d’actualité comme le témoigne les chiffres plus récents du phénomène au sein d’un État de la même région. En prenant l’exemple de la Côte d’Ivoire, des études ont permis d’établir qu’en milieu rural, les armes les plus répandues seraient les fusils de chasse225 (70 % des armes en circulation), suivis des fusils de fabrication locale évalués à 12 %. En milieu urbain les statistiques montrent que les armes les plus répandues sont les armes de poing (41 %), suivi des fusils de chasse (32 %), des fusils d’assaut (17 %) et du fusil de fabrication locale (8 %)226

d)- Les opérations de maintien de la paix

Les opérations de maintien de la paix drainent dans leur

sillage une importante quantité de matériel militaire vers les États et les régions qui les accueillent. Les bataillons de maintien de la paix peuvent représenter des sources potentielles de prolifération des armes et de munitions dans les pays hôtes, pendant leur mission parfois de leur fait ou non227. En janvier 2006 par exemple, le BANBAT 2 (bataillon bangladais) posté à Guiglo en Côte d’Ivoire, est évacué après des affrontements avec la population de Guiglo ayant entraîné cinq morts. Quittant leur base, le BANBAT 2 laissa derrière lui du matériel militaire. Quelques heures après leur départ, les bâtiments des différents programmes de l’ONU ont été pillés228.

Malgré les efforts de récupération, un certain nombre de munitions et d’armes n’ont pas été retrouvées (voir tableau suivant).

225Les armes de fabrication locale étant, le plus souvent, des fusils de chasse, on peut se demander si un certain nombre de fusils de chasse mentionnés par les répondants ne sont pas des armes de fabrication artisanale.226BERGHEZAN (G.), « Armes artisanales en Côte d’Ivoire : entre tradition et exigences légales », Note d’Analyse du GRIP, 11 juillet 2014, Bruxelles, p. 5.227On citera à titre d’exemple, le cas d’une prise d’otage de certains soldats de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone qui a permis au RUF de se procurer plus de 500 fusils d’assaut ; The ECOWAS Moratorium on the impotation, Exportation and Manifacture of Light Waepons. evaluation Study (1998-2001), Bamako, PCASED/ECOWAS, 2002.228DE TESSIERES (S.), Rapport spécial, Les défis du contrôle des armes et de la lutte contre la violence armée avant la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, Small Arms Survey, Genève 2012, p.114.

127GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

De même au Mali par exemple, les insurgés ont constitué leur arsenal principalement grâce à l’armement qu’ils ont récupéré sur les théâtres d’opération et à celui qu’ils ont volé ou détourné d’une manière ou d’une autre. En mai 2014, les insurgés ont mis l’armée malienne en déroute dans la ville de Kidal, au Nord du Mali. À cette occasion, ils ont, selon certaines sources, pris possession de 50 véhicules neufs de type 4×4 et de plusieurs tonnes d’armes et de munitions qui avaient

été fournis par l’Union Européenne dans le cadre du soutien qu’elle apporte à la formation des troupes maliennes230.

4. Les raisons de la prolifération des ALPC en Afrique.

La mondialisation a transformé les armes en

Intitulé du matériel Quantités

Balles de pistolets 7,62 x 39 mm 1136

Barrettes de munitions 7,62 x 39 mm (Yougoslavie) 720

Munitions perforantes incendiaires 7,62 x 39 mm pour fusil ou mitrailleuse légère T-56

262

Munitions perforantes incendiaires 7,62 x 54 mm pour mitrailleuse lourde 120

Munitions traçantes pour mitrailleuse lourde de 7,62 x 54 mm 120

Munitions incendiaires pour mitrailleuse lourde 12,7 x 107 mm 148

Obus de mortier fumigène de 82 mm 2

Pistolets de détresse 47

Grenades type Arges-84 20

Tableau Les munitions et armes perdues parleBANBAT2enjanvier2006229

229Idem.230« Inflation des arsenaux. L’armement des insurgés dans le nord du Mali », Annuaire sur les armes légères, Small Arms Survey, 2015.

128 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

marchandises ordinaires, facilitant leur trafic illégal. Des marchés informels se sont développés aux côtés de ceux qui sont encouragés par l’entreprise de l’État. En effet, selon Small Arms Survey, 80 à 90% du commerce des ALPC serait illicite231.

On note à l’analyse plusieurs raisons qui expliquent la prolifération des ALPC en Afrique.

a)- Les raisons politiques.

L’utilisation d’armes à feu pour des raisons politiques existait en Afrique bien avant le début de la colonisation, et s’est poursuivie au-delà des indépendances. Cependant, le réel essor de la prolifération et de la circulation illicite des ALPC a eu lieu avec la transformation en rébellion armée des revendications politiques suite à la chute du mur de Berlin.

Les tensions liées au processus électoral perceptibles tout au long de la période pré-électorale qui coïncide assez souvent avec le rééquipement en armes de l’ensemble des acteurs constituent des raisons qui expliquent la prolifération des ALPC en Afrique232. On l’a vu dans la crise ivoirienne. La détention illicite d’armes a augmenté considérablement pendant la crise, principalement en raison de l’effondrement des unités militaires, qui ont permis le pillage des magasins d’armes et la fourniture d’armes aux milices civiles et aux groupes d’autodéfense233.

Aussi à ce niveau il faut relever comme facteur

aggravant de la prolifération des ALPC, les milices privées entretenues par des hommes politiques et des personnalités fortunées, pour des raisons officiel de sécurité.

b)- Les raisons socio-économiques : la chasse et le braconnage

La prolifération des ALPC trouve également ses raisons d’être dans des activités socioéconomiques telles que la chasse et le braconnage qui, restent pertinentes dans le contexte africain. La chasse, tout comme le braconnage, sont des pratiques contribuant à la prolifération des ALPC surtout d’origine artisanale en milieu rural234 .

Toutefois, si ces activités étaient jadis pratiquées avec des armes traditionnelles de fabrication artisanale, il faut constater que la contrebande des produits de chasse a, de nos jours, poussé les acteurs à recourir de plus en plus aux armes sophistiquées, accentuant la prolifération des ALPC surtout dans le milieu rural.

5. Les conséquences de la prolifération des ALPC en Afrique

Le fait de pouvoir se procurer et utiliser facilement des ALPC a des conséquences tragiques non seulement pour les combattants mais surtout pour les civils, qui représentent la majorité des victimes235. La poursuite

231Small Arms Survey, Annuaire sur les armes légère 2001, Gros plan sur la problématique, Bruxelles, GRIP, 2001, p. 158. 232DE TESSIERES (S.), Rapport spécial, Les défis du contrôle des armes et de la lutte contre la violence armée avant la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, Small Arms Survey, Genève 2012, p.114.233De nombreux rapports traitent de l’essor de la violence interpersonnelle, en grande partie à des fins de représailles, dans la Côte d’Ivoire d’après crise, Amnesty International, 2011 ; HRW, 2011a ; ICG, 2011234La possession d’armes à feu en Côte d’Ivoire par exemple, est répandue et presque « traditionnelle », notamment en zone rurale où ces instruments contribuent à la subsistance des habitants. Voir, DE TESSIERES (S.), Op cit., p.115 et s.235Les gens perdent la vie, leur santé, leur famille, leur maison ou leurs moyens de subsistance à cause de l’utilisation criminelle des ALPC

129GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD)236, notamment, promouvoir l’avènement d’une société pacifique, ouverte à la justice aux fins du développement durable, est sans doute un moyen efficace pour atténuer les conséquences de la prolifération des ALPC.

a)-Propagationdesconflits

Les ALPC ont accru l’intensité et l’impact des conflits armés intraétatiques en Afrique237. Elles sont responsables de la majorité des morts directement liées à un conflit sur le continent comme le montre les conflits en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Libéria, en Libye, au Mali et au Soudan.

Elles jouent aussi un rôle important dans les milliers de morts indirectement dus aux déplacements forcés, aux violences liées au genre et à l’impossibilité d’accéder aux services de santé238. Ainsi, l’approvisionnement continu en armes et en munitions sur le continent, contribue à la prolongation des conflits en Afrique.

b)- Développement de la criminalité transfrontière en Afrique

Les armes légères sont reliées de manière étroite à la criminalité et à la violence sur le continent. L’alliance entre les seigneurs de guerre et les trafiquants de tout genre, surtout dans les zones de conflits, favorise

le développement de la criminalité par la mise à disposition au profit de ces derniers des armes et minutions souhaitées.

Cette alliance et ces conséquences dramatiques sont bien illustrées par l’actualité récente de la situation sécuritaire dans le Sahel239.

c)- Accentuation de la pauvreté

La violence armée liée à la prolifération des ALPC dans les milieux urbains et surtout ruraux, empêche le développement des activités de production et favorise la paupérisation des communautés concernées. En effet, les campagnes et les zones rurales où règne l’insécurité sont désertées et les activités agricoles abandonnées240.

d)- Prolifération des ALPC et développement du terrorisme en Afrique

Le développement du terrorisme en Afrique est incontestablement lié à la facilité d’acquisition des ALPC sur le continent. En effet, profitant de la prolifération des ALPC241 dans leur zone d’influence242, les organisations terroristes les plus actives sur le continent ont acquis d’importants lots d’armes et de minutions, leur permettant de renforcer leur capacité opérationnelle et leur activité destructrice.

236Les ODD viennent remplacer les Objectifs du Millénaire pour le Développement.237Les ALPC furent le principal instrument de violence pendant la guerre civile en Sierra Leone qui fit plus de 50 000 morts, 30 000 amputés et au cours de laquelle entre 215 000 et 257 000 femmes furent victimes de violences sexuelles ; voir, Le Forum du désarmement, La dynamique complexe des armes légères en Afrique de l’Ouest, UNIDIR, Genève, Janvier 2009, p.9 238Il ne faut pas négliger non plus la détresse des réfugiés : obligés de vivre dans des camps, les réfugiés dépendent de l’aide humanitaire et ne produisent plus rien. Cette situation représente un traumatisme psychologique incommensurable ; voir Le Forum du désarmement, idem.239Entre le 31 octobre 2008 et le 22 avril 2014, les groupes armés terroristes opérant dans la région du sahel auraient enlevés et détenus 64 occidentaux et tués 17 autres. www.vilain.com240C’est le cas de la Casamance au Sénégal et de nombreuses régions en Côte d’Ivoire, au Libéria et en Sierra Leone.241BERGHEZAN (G.), « Boko Haram, fiche documentaire », Note d’Analyse du GRIP, 8 janvier 2016, Bruxelles. http://www.grip.org/fr/node/1903242De façon générale ; Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad, pour Boko haram ; région du sahel pour AQMI ; Somalie et corne de l’Afrique pour Al Shebab.

130 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Le plus en vue des groupes terroristes en Afrique actuellement est sans doute le groupe « Boko Haram » qui sévit dans le nord du Nigeria, sur une portion du territoire du Cameroun, du Tchad, du Niger comme le montre la carte ci-haut243. Aussi ce phénomène, comme le montre la carte, se développe considérablement dans le sahel où, les groupes terroristes et les trafiquants de tout genre, profitent de la faiblesse des États de la région pour prospérer. Cette situation s’est renforcée d’autant que la guerre civile libyenne de 2011, offrant à ces différents groupes armes et combattants, a été un catalyseur puissant de l’emprise de ces deniers sur le territoire des États de la zone saharienne.

6. Les détenteurs d’ALPC en Afrique

Il existe une grande diversité d’utilisateurs, de détenteurs et propriétaires civils d’armes à feu.

a)- La possession d’armes par les acteurs étatiques

Les exigences de sécurité de l’État autorisent une catégorie d’agents et fonctionnaires à détenir, porter et utiliser les ALPC dans le cadre de leurs missions.

Il s’agit en principe des forces de l’ordre et de défense,

243Le groupe Boko Haram a selon Amnesty International opéré près de 38 enlèvements de masse, de filles dont la plus célèbre reste l’enlèvement le 14 avril 2014, des 276 adolescentes du lycée de Chibok. Aussi plus de 4000 personnes ont été tuées par le groupe en 2014 et au moins plus de 1500 personnes auraient été tuées au cours du premier trimestre 2015.

131GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

notamment les policiers, gendarmes, douaniers et les autres corps des forces armées de chaque État.

b)- La possession d’armes par les acteurs non étatiques

Le concept d’acteurs non étatiques englobe plusieurs groupes dont la composition, le niveau d’organisation et de discipline, la durée de vie, les objectifs à court, à moyen ou à long terme, la relation avec le gouvernement et la communauté, et la capacité à se livrer à la violence, sont très disparates244. Toutefois, le point commun entre ces divers groupes est le choix de l’usage ou de la menace d’usage de la violence armée comme moyen essentiel pour atteindre leurs objectifs respectifs245. Les groupes armés non étatiques couvrent ainsi une diversité d’acteurs : les mouvements rebelles, les organisations paramilitaires, des groupes d’auto-défense, les chasseurs professionnels, les terroristes, les milices privées …246. Cette diversité d’acteurs privés explique l’accroissement de la circulation des ALPC en Afrique.

L’Afrique du Sud, avec 5 millions d’armes à feu

autorisées et environ 1 million de fusils illégaux, est la nation la plus lourdement armée du continent, suivie par la région d’Afrique centrale247. En tout, on estime que 75 % des ALPC en circulation dans le monde sont détenues par des groupes armés et les civils248.

L’éloignement des postes des forces de défense et de sécurité (FDS), le manque d’efficacité de ces services et l’insécurité ambiante poussent les populations à vouloir assurer elles-mêmes leur protection. Ils forment donc des groupes d’auto-défense assurant la sécurité des villages ou des quartiers249 surtout en période de crise. Ces groupes sont souvent équipés d’armes à feu, mais ce n’est pas toujours le cas250. Les chefs de milices insistent sur le fait que les armes détenues par leurs groupes sont issues de saisies effectuées à la suite des affrontements avec les agresseurs251. Bien qu’il soit possible que ce type de saisie ait renforcé leur arsenal, de nombreuses analyses soutiennent que ces milices sont de véritables réservoirs d’ALPC et finissent à la longue par devenir de véritables menaces pour les gouvernements eux-mêmes252.

244Small Arms Survey, « Force multiplier: pro-government armed groups », Small Arms Survey 2010: Gangs, groups, and guns, Cambridge University Press, Cambridge, 2010, p. 257.245L’usage de la force armée est, de ce fait, une dimension intrinsèque de leur modus operandi. FARHAT (L.) et SENIORA (J.), « Acquisitions d’armes par les acteurs non étatiques, Pour une régulation plus stricte ? », Note d’Analyse du GRIP, octobre 2011, Bruxelles.246Voir MEKDOUR (M.) et MAMPAEY (L.), La guerre en sous-traitance: L’urgence d’un cadre régulateur pour les sociétés militaires et de sécurité privées, Rapport du GRIP, 2010/3. 247Où la possession des ALPC par les civiles est estimée à près de 1,1% et 1,4% d’armes à feu par personnes respectivement au Tchad et en RDC, à 14% ; 17,3% et 19,9% au Gabon, en Angola et en Guinée équatoriale Manuel d’AEFJN, Volume 2, Chapitre 5, Op cit., p.16.248Rapport, Small Arms Survey, 2007, p. 39. 249Voir l’exemple des milices Dozos en Côte d’Ivoire, les Anti-Balaka en Centrafrique.250Même s’il est difficile d’estimer le nombre des miliciens et les capacités militaires réelles des groupes, le Conseil de sécurité des Nations unies estimait en 2010 que les activités de saisie et de désarmement effectuées depuis 2005 donnent des indications quant au matériel qu’ils possèdent. En 2005, l’ONUCI par exemple, a saisi des armes auprès d’un groupe armé dans la région de Duékoué dont plusieurs AK47, des fusils de chasse de calibre 12 et des pistolets de fabrication artisanale, apparemment de fabrication ghanéenne et guinéenne, ainsi que des munitions de diverses origines. 251Entretien avec l’expert en armement du Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire, Résolution du Conseil de sécurité, § 112, 2009, Abidjan, février 2010.252NICOLAS (F.), BERMAN (E.), Armés mais désœuvrés : Groupes armés, armes légères et sécurité humaine dans la région de la CEDEAO, Genève : Small Arms Survey, éd. 2006, p. 249.

132 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Section 2 : Exposé du cadre réglementaire encadrant les ALPC en Afrique

Les stratégies pour freiner ou réprimer le trafic illicite des ALPC sont variées et incluent des mesures permettant de réglementer et contrôler la fourniture, le mauvais usage et le retrait des armes existantes de la circulation.

Pour ce faire dans le cadre africain, des instruments universels ont été ratifiés, des mécanismes continentaux, régionaux et nationaux adoptés.

A- Les instruments universelsAu niveau des Nations Unies, il existe plusieurs instruments de contrôle des ALPC notamment, le Protocole sur les Armes à Feu, le Programme d’Action sur les armes légères, l’Instrument International visant à permettre aux États de procéder à l’identification et au traçage rapide et fiables des ALPC illicites (IIT) et le Traité sur le Commerce des Armes (TCA).

1. LeProtocolesurlesArmesàFeu

Adopté en 2001, il est resté pendant longtemps l’unique instrument juridiquement contraignant à l’échelle universelle. Il a été élaboré dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Il ne concerne donc pas, les transferts d’États à États ou licites. Cependant, de par les mesures qu’il prévoit, il touche une grande partie du système de contrôle national et concerne aussi les armes appartenant aux États.

En effet, les dispositions relatives à la fabrication, au marquage, à l’enregistrement, aux autorisations et aux sanctions s’appliquent autant aux sociétés commercialisant les ALPC qu’aux États eux-mêmes quand ils se retrouvent dans les mêmes conditions d’activité.

2. Le programme d’action sur les ALPC

Cet instrument quant à lui a été adopté en 2001 et s’est renforcé avec les différentes conférences d’examen et leurs déclarations finales253. Il est un instrument politiquement contraignant, qui aborde l’ensemble de la problématique des ALPC aux trois niveaux : national, régional et international. Il souligne notamment l’importance de mettre en place des législations, des règlements et des procédures administratives afin d’exercer un contrôle effectif sur la production, l’importation, l’exportation, le transit

253 Voir notamment les déclarations finaux des conférences de 2006, 2012, http //www.un.org/presse/CD3384.doc.htm.

133GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ou la réexportation des ALPC. La « déclaration de 2012 » par exemple vient marquer la réaffirmation de la volonté politique des États membres dans le renforcement de l’application des réglementations internationales visant la lutte contre la prolifération des ALPC. Elle réaffirme en effet, l’appui des États membres à toutes les dispositions du programme d’action et des instruments internationaux visant au renforcement des capacités des États dans le traçage rapide et fiable des armes légères illicites. Elle prévoit également un plan d’exécution du programme d’action pour une période allant de 2012 à 2018.

D’autres mesures y sont également recommandées, comme la mise en place de mécanismes ou organes de coordination pour élaborer les directives et suivre les efforts visant à prévenir le commerce illicite des ALPC ou encore l’harmonisation des législations et la coopération au niveau régional et sous régional.

3. L’instrument international de traçage

Adopté en 2005, il est aussi un instrument politiquement contraignant, pris en application d’une recommandation contenue dans le Programme d’Action sur les armes légères.

Il vise à renforcer les normes internationales en matière de marquage, d’enregistrement et établit un mécanisme de traçage au niveau global.

4. Le traité sur le commerce des armes

Depuis son adoption en avril 2013 et son entrée en vigueur en décembre 2014, le Traité sur le commerce des armes (TCA) s’est ajouté aux instruments existants. Ce traité est un outil à caractère unique : c’est le premier instrument global juridiquement contraignant, réglementant le commerce des armes classiques, donc au-delà des seuls ALPC, sur la base de normes internationales communes.

Ratifié par 67 États parties à ce jour, dont 17 États africains254, son champ d’application couvre l’exportation des armes et munitions ainsi que l’importation, le transit, transbordement et le courtage des armes. Ses deux objectifs sont de réglementer le commerce international d’armes classiques selon des normes communes strictes et prévenir et éliminer le commerce illicite des armes classiques et leur détournement.

B- Les instruments continentaux relatifs aux ALPC en Afrique

L’UA a depuis quelques décennies déjà entrepris des initiatives en faveur de la lutte contre la prolifération des ALPC sur le continent. De la déclaration de Bamako, de Windhoek, à l’Agenda 2063, plusieurs

254A savoir : l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, l’Ile Maurice, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Libéria, la République Centrafricaine, le Sénégal, les Seychelles, la Sierra Léone, le Tchad, le Togo, la Zambie. D’autres comme le Bénin, le Burundi, Madagascar, la Mozambique, la République de Djibouti, la Tanzanie, ont déjà signé le TCA, sans toutefois achever la procédure de ratification.

134 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

actions ont été menées par l’UA pour renforcer la lutte contre la prolifération des ALPC.

Toutefois, l’on peut relever pour le compte de l’organisation continentale deux initiatives importantes en faveur du contrôle des transferts des ALPC sur le continent.

1. La Déclaration de Bamako

En juillet 1999, la 35e session ordinaire de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’OUA, a demandé que soit élaborée une « approche africaine des problèmes posés par la prolifération, la circulation et le trafic illicite des ALPC » en Afrique.

Dans la foulée s’est tenue, du 30 novembre au 1er

décembre 2000, la première conférence ministérielle de l’OUA sur les ALPC qui adopta la Déclaration dite de Bamako255. Ce document recommande qu’un certain nombre de mesures soient prises à différents niveaux (national, régional et international) afin, de faire face au problème de la prolifération des ALPC sur le continent.

La Déclaration de Bamako fait ainsi la promotion de mesures visant à restaurer la paix, la sécurité, et la confiance au sein et entre les États membres de l’OUA. Elle vise également comme mesure aidant à la lutte contre la prolifération des ALPC, la recherche de solutions négociées aux conflits. Elle insiste sur l’importance de promouvoir une culture de la paix par

le biais de programmes de sensibilisation du public aux problèmes posés par les ALPC256 .

2. La Déclaration de Windhoek

Au-delà de la Déclaration de Bamako, l’UA a réuni à Windhoek en Namibie, en décembre 2005, la seconde conférence continentale d’experts gouvernementaux sur le commerce illicite des ALPC.

Cette conférence adopta, la Position commune de Windhoek, qui réactualisait les dispositions formulées dans la Déclaration de Bamako. Elle demandait ensuite, à la Commission de l’UA d’organiser et d’assurer le suivi des propositions formulées dans la Position, notamment : de « convoquer un atelier technique et juridique afin de développer un instrument légalement contraignant en vue de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des ALPC » sur le continent.

3. L’Agenda2063

Dans le cadre de son aspiration 4, l’Agenda 2063 de l’UA prévoit dans la perspective de réalisation de la sécurité et de la prévention des crises sur le continent, de réduire à l’horizon 2020 les armes au silence sur l’ensemble du continent. L’Afrique de 2063 sera un continent pacifique et sûr, débarrassé du fléau de la prolifération des ALPC, où régnera l’harmonie au sein des communautés à la base.

255Cette Déclaration est connue sous la dénomination officielle de : Déclaration sur la position africaine commune sur la prolifération, la circulation et le trafic illicites des armes légères et de petit calibre. Elle est le fruit de plusieurs décisions du Conseil des ministres et de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement depuis 1996. En effet, 1996 est l’année de la première mention de la question des ALPC dans un acte de haute politique africaine notamment la Déclaration de Yaoundé, qui sera suivie en juin 1998 plus précisément du 4 au 7 de la décision de Ouagadougou prise au niveau du Conseil des ministres et en juillet 1999 de la Déclaration d’Alger prise au niveau des Chefs d’État et de gouvernement.256La Déclaration de Bamako, a réellement permis aux États africains d’avoir une vision claire de la problématique de la prolifération des armes légères en Afrique et de la façon la plus efficace de résoudre le problème.

135GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

C- Les instruments sous régionaux de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique

Depuis le milieu des années 1990, les États africains ont pris conscience au niveau sous régional du danger que représente la circulation incontrôlée des ALPC. Des mesures politiques et juridiques ont dès lors, été engagées au sein des organismes économiques régionaux pour endiguer ce phénomène.

Aujourd’hui, quatre organisations sous régionales, bénéficient chacune d’un instrument juridiquement contraignant de contrôle des ALPC.

1. Les instruments de l’Afrique australe

La Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) est la première région du continent à avoir adopté un instrument juridique contraignant sur les ALPC. Il s’agit du Protocole de la SADC qui a été signé par les États de la région257, le 9 mars 2001 et est entré en vigueur le 8 novembre 2004. Ce texte affiche comme objectifs principaux de : • prévenir, combattre et éradiquer la fabrication

illicite des ALPC et de leurs munitions dans la sous-région ;

• encadrer les transferts légaux des ALPC au sein de la région et entre les États membres de la région ;

• harmoniser les différentes législations nationales en matière de lutte contre la prolifération des ALPC.

Afin d’assurer la mise en œuvre du Protocole dans les pays de la SADC, celle-ci travaille actuellement en collaboration avec les institutions nationales chargées de la mise en œuvre des législations relatives au contrôle et l’élimination de la prolifération des ALPC. Aussi, une étroite collaboration est mise en place avec la Southern African Police Chiefs Cooperation Organisation (SARPCCO), organisation sous régionale de coopération policière dans la lutte contre la prolifération des ALPC.

2. Les instruments de l’Afrique de l’Ouest

L’Afrique de l’Ouest dispose depuis le 14 juin 2006 d’une Convention sur les ALPC258, qui remplace le Moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères en Afrique de l’Ouest 259. Cet instrument est entré en vigueur le 19 septembre 2009, contient plusieurs dispositions originales, parmi lesquelles l’interdiction pour les États membres d’importer ou d’exporter des armes légères dans la sous-région sauf en cas d’exemption délivrée par la Commission de la Communauté économique des

257L’Angola, L’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, la République de Maurice, le Mozambique, la Namibie, la République Démocratique du Congo, les Seychelles, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.258Convention de la CEDEAO. http://www.ecosap.ecowas.int/index.php?option.com_jotloader. Le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo ont ratifié la Convention.259Moratoire de la CEDEAO signé le 31 octobre 1998 à Abuja au Nigeria. http://www.wcc-coe.org/wcc/what/international/ecowas.html. Le moratoire est l’initiative internationale la plus ancienne en ce qui concerne les ALPC en Afrique.

136 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Il renforce également les contrôles de la fabrication des ALPC ainsi que les mesures de transparence et d’échange d’informations entre les États membres. Mais ces directives n’ont pas toujours été respectées comme le montre la situation de la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011, qui a continué à s’équiper en ALPC malgré la présence des textes260.

3. Les instruments de la région des grands lacs et de la corne de l’Afrique

La réglementation relative à la lutte contre la prolifération des ALPC dans la région des Grands Lacs, débute avec l’adoption à la conférence de Nairobi du 12 au 15 mars 2000 de la Déclaration de Nairobi sur le problème de la prolifération des ALPC illégales dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique.

Les onze États qui composent cette région261 se sont alors mis d’accord pour développer un instrument sensiblement identique au Protocole de la SADC sur les ALPC. Il s’agit du Protocole de Nairobi262 qui a été ouvert à la signature le 21 avril 2004 et est entré en vigueur le 5 mai 2006.

4. Les instruments de l’Afrique centrale

a)- Le parcours de la Convention de Kinshasa

Prenant exemple sur les autres organisations régionales, la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a décidé de se doter d’un instrument juridique de lutte contre la prolifération des ALPC. Cette décision a été entérinée dès mai 2007 lors de la 25e réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC).

A Luanda en mai 2008, lors de la 27e réunion ministérielle du Comité, un Rapport d’expertise a été adopté, mandatant le Secrétariat de la CEEAC en collaboration avec l’UNREC (Centre Régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique) de développer un instrument régional de lutte contre les ALPC dans la région. En mai 2009, lors de la 28e réunion ministérielle du Comité à Libreville, un avant-projet d’instrument juridique a été présenté par le Secrétariat de la CEEAC aux membres du Comité. En parallèle, la République du Congo avait remis au Secrétariat un projet d’instrument juridique fortement inspiré du texte de la Convention de la CEDEAO sur les ALPC.

En vertu des décisions prises par les membres de l’UNSAC, le Secrétariat de la CEEAC a présenté à la réunion ministérielle prévue à Ndjamena courant 2009, deux documents : • un projet d’instrument juridique de lutte contre les

ALPC en Afrique centrale • un plan d’action pour la mise en œuvre du futur

instrument juridique.

260BERGHEZAN (G.), « Côte d’Ivoire et Mali, au cœur des trafics d’armes en Afrique de l’Ouest », Les Rapports du GRIP, 2013.261Les signataires d’origine de la Déclaration de Nairobi sont : Burundi, Djibouti, Ethiopie, Érythrée, Kenya, Rwanda, Seychelles, Soudan, Tanzanie et Ouganda. Se sont ensuite rajoutés, le Sud Soudan, la République Démocratique du Congo et la République du Congo. 262Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la Région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique, 21 avril 2004, Nairobi. URL : http://www.grip.org/bdg/g4553.html

137GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

b)- La Convention de Kinshasa

La Convention d’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, leurs munitions, parties et composants qui peuvent être utilisés pour leur fabrication, leur réparation et leur assemblage, connue comme la Convention de Kinshasa, est signée le 19 novembre 2010 à Kinshasa en République Démocratique du Congo263. Le plan de mise en œuvre a été adopté plus tard par les États signataires de la Convention de Kinshasa en novembre 2010 à Brazzaville.

La Déclaration de Khartoum quant à elle comprend des engagements pris par les États signataires concernant les mesures de contrôle des armes légères suivantes, qui constituent des mesures de prévention de détournement des ALPC. Il s’agit essentiellement du renforcement des capacités et des institutions nationales pour développer et mettre en œuvre des stratégies globales de contrôle des armes légères, comprenant des plans d’action nationaux et la gestion des stocks264.

Elle prévoit également, la promotion d’initiatives conjointes en matière de sécurité aux frontières et le renforcement de la coopération entre les agences d’application de la loi sur la lutte contre les ALPC265. La création et le développement des structures organisationnelles pour le contrôle des armes légères, telles que les commissions DDR266, le soutien aux efforts d’information et de sensibilisation du public entre autres sont également des acquis de ce mécanisme.

D- Les instruments nationaux

Quelles que soient leur exhaustivité et leur efficacité, les initiatives régionales et internationales ne peuvent qu’orienter les politiques nationales pour un renforcement de la lutte contre la prolifération des ALPC. Il incombe in fine aux gouvernements de chaque État, de prendre les mesures légales nécessaires pour contrer la prolifération des ALPC en Afrique.

Au niveau national, de nombreuses mesures législatives et réglementaires, ont été prises pour lutter contre la prolifération, la circulation et le trafic illicites des ALPC.

Ceci tient à la création, au sein de ces États, de Commissions Nationales ou de point focal de lutte contre la prolifération des ALPC. En effet, ces mécanismes viennent renforcer le cadre juridique de traitement de la question des ALPC sur le continent.Divers textes législatifs ou réglementaires comme souligné plus haut, permettent d’exercer un contrôle effectif sur les transactions des ALPC dans les domaines de fabrication, d’exportation, d’importation, de transit et de réexpédition des armes.

1. Sur l’importation, la vente et la détention des ALPC

Il est indéniable et légitime que les organes chargés

263Les signataires sont l’Angola, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République de Centrafrique, la République Démocratique du Congo, la République du Congo, Sao Tomé et Principe, et le Tchad. Les gouvernements du Burundi et du Rwanda n’ont pas encore signé la convention qui entrera en vigueur une fois ratifiée par six signataires.264Voir § 2 de la déclaration de Khartoum.265Voir § 7 idem. 266Voir § 11 idem.

138 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

du maintien de l’ordre public et quelquefois des civils achètent et détiennent des ALPC pour un meilleur accomplissement de leur mission.

En effet, afin de permettre aux États de suivre et tracer efficacement toutes les ALPC en circulation sur leurs territoires respectifs, les législations au sein de la majorité des États africains, en s’inspirant du modèle de législation de l’UNODC, prévoient l’obligation d’enregistrement des armes à feu sur leur territoire. Des standards internationaux de contrôle des armes légères (ISACS) ont ainsi été mis en place par les Nations Unies pour fournir aux États des orientations claires, pratiques et complètes pour faciliter l’application et la prise de décisions sur les aspects fondamentaux du contrôle de la vente ou de l’importation des ALPC. Ces standards tournent autour des trois piliers que sont les contrôles nationaux sur l’utilisateur final et l’utilisation finale des transferts internationaux d’ALPC, le marquage et l’enregistrement des ALPC pour finir le traçage des ALPC267.

Dans cette dynamique, les instruments Africains empruntant les dispositions de l’Instrument International de Traçage (IIT), adopté en 2005, assurent par le traçage et le marquage des ALPC, un meilleur contrôle et une meilleure conservation des informations268 relatives aux ALPC circulant sur leur territoire.

2. Sur la vente des munitions

La plupart des États, réglementent aussi la vente des munitions en définissant les conditions pouvant justifier la détention et la vente de ce matériel. Pour l’essentiel, cette réglementation concerne exclusivement les pays producteurs, ou les États dans lesquels il existe un droit de posséder une arme269. Des mesures législatives et réglementaires sur le stockage et la vente de ces munitions sont prises par les différents pays concernés sur la base des Directives techniques internationales sur les munitions (IATG). Ainsi, des critères de stockage et de transports des munitions sont proposés aux différents acteurs en vue d’améliorer les transactions et la conservation des munitions270. Les transactions et transferts des munitions sont donc subordonnés au respect des standards définis aussi bien par les ISACS que les AITG.

La législation Sud-africaine par exemple, dans cette dynamique limite la quantité et le type de munitions qu’un particulier a le droit d’acheter ou de posséder. De plus, les distributeurs ont l’obligation d’enregistrer les coordonnées des acheteurs et la quantité de munitions achetée271.

Le Botswana quant à lui, en la matière possède, la législation la plus stricte. Il y est en effet, interdit tout simplement les transactions de munitions entre les personnes privées. Le monopole étant réservé à l’État, dans le respect des standards internationaux afin d’assurer un meilleur contrôle des échanges de cette catégorie de marchandise.

267www.grip.org268Le marquage est en effet un aspect majeur dans le contrôle du commerce des armes, mais il est également un élément essentiel de coopération. Le Bureau des Affaires du désarmement, avec le soutien de l’Union européenne, appuie les États, notamment en Afrique, pour mettre en œuvre cet Instrument facilitant le traçage des armes qui, à long terme, devrait contribuer à une élimination du trafic illicite.269Le Togo par exemple ne dispose pas de législation en la matière de même que sur la fabrication, l’exportation, le transit et la réexportation des armes légères ; lire le Rapport 2013 de la CNLPAL- Togo, p.10.270Programme pilote de sécurité physique et gestion de stocks du service de lutte anti-mines des Nations Unies (SLAM), Côte d’Ivoire, Étude de cas, septembre 2012.271Focus sur les armes légères en Afrique, vol.3, n°1, 2004, p.3.

139GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

3. Sur la fabrication des ALPC

En règle générale, il est mis en place dans les États africains un régime de contrôle de la fabrication des ALPC ou de leurs pièces de rechange. En effet, afin d’empêcher le trafic illicite d’ALPC, les différents États producteurs en Afrique prennent des règles pour encadrer cette activité.

En Afrique du Sud par exemple, une nouvelle législation est entrée en vigueur le 1er juillet 2004 (la South African Firearms Control Act). Cette nouvelle législation met en place des contrôles plus stricts sur la propriété d’armes que ne le faisait la législation qu’elle remplace. La nouvelle législation devrait avoir un effet bénéfique sur le reste du continent, et permettre naturellement de garantir une meilleure transparence dans le stockage et les transferts aussi bien nationaux qu’internationaux de ces armes272 .

Malgré l’ampleur de la prolifération des armes de fabrication artisanale sur le continent273, l’essentiel des États qui connaissent ce phénomène ont mis en place des institutions en charge de lutter efficacement contre cette prolifération.

Section 3 : Du cadre institutionnel de

lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique

L’objectif global de la stratégie africaine en matière de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des ALPC sur le continent, est de prévenir, combattre et éliminer la prolifération, la circulation et le trafic illicites des ALPC, de manière intégrée dans toutes les régions, et États du continent.

Pour ce faire, diverses institutions ont été mises en place au niveau international, régional ou étatique.

A- Les institutions internationales de lutte contre la prolifératio des ALPC en AfriqueLa volonté politique de lutter contre les ALPC dans l’espace africain a été fortement exprimée par les chefs d’État et de gouvernement, comme en attestent les différents instruments susmentionnés.

Le défi de la mise en application de cette volonté reste

272Focus sur les armes légères en Afrique, vol.3, n°1, 2004, p.3 s.273Environ 75 000 armes artisanales illégales circuleraient au Ghana. Elles représentent la grande majorité des 125 000 armes non enregistrées dans le pays. Près de 80% des armes saisies par la police et les forces de sécurité ghanéennes sont fabriquées localement.

140 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

à surmonter. Des institutions plus ou moins élaborées ont alors été mises en place pour y parvenir.

1. Au niveau Africain

Au plan africain, divers mécanismes ont été mis en place pour aider à l’application des différentes conventions adoptées par les États. On citera le Comité directeur UA-Régions chargé des questions d’ALPC274, mis en place par la Commission de l’UA, avec pour mandat, de :

• coordonner et faciliter la mise en œuvre des accords continentaux relatifs à la lutte contre la prolifération, la circulation et le trafic illicites des ALPC;

• promouvoir l’échange d’expériences et dispenser des sessions de formation, afin de renforcer les capacités des hauts responsables et d’autres parties prenantes essentielles des États membres, des Communautés Économiques Régionales (CER), des organismes régionaux et de la société civile;

• promouvoir l’échange d’informations et coopérer sur toutes les questions relatives à la prolifération, la circulation et au trafic illicites des ALPC ;

• promouvoir la recherche et la collecte de données sur les ALPC dans les régions, ainsi que d’instaurer le dialogue et la coopération entre les gouvernements, les CER, les organismes régionaux et la société civile.

2. Au niveau régional

a)- Au niveau de la CEDEAO

La CEDEAO fait incontestablement beaucoup d’efforts dans le domaine de la mise en place d’institutions consacrées à la lutte contre la prolifération des ALPC. La création de structures de lutte contre la prolifération des ALPC au sein de la CEDEAO s’est faite de manière progressive. Conformément à la décision du Conseil des ministres adoptée en 2003 à Accra (Ghana), il a été créé en septembre 2005, une Unité, aujourd’hui division des armes légères au sein de la Commission de la CEDEAO. Elle est chargée de la mise en œuvre, du suivi et de la coordination de la politique de la CEDEAO en matière de lutte contre la prolifération des ALPC.

Ce premier instrument, pour plus d’efficacité a été remplacé par le Mécanisme Ouest-Africain d’Évaluation entre Pairs en Matière de Contrôle des ALPC (MOAEPCA)275. Les missions du MOAEPCA consistent alors à encourager l’adoption de politiques, de normes et pratiques en vue de promouvoir le contrôle des ALPC dans la sous-région. Il est chargé également d’informer et de sensibiliser sur les conséquences de la prolifération des ALPC, tout en renforçant les capacités des États membres par le partage d’expériences et le renforcement des meilleures pratiques et acquis.

Le MOAEPCA est enfin chargé de diagnostiquer les

274Le Comité directeur de l’Union africaine chargé des questions d’armes légères et de petit calibre (UA-Régions) a été créé en 2008, sur décision de la Commission de l’UA.275Le MOAEPCA est un instrument juridiquement non contraignant, auquel adhérent volontairement les États membres de la CEDEAO en tant que mécanisme Ouest-Africain d’auto-évaluation. Il a ainsi pour mandat de s’assurer que les politiques et pratiques des États parties sont conformes non seulement à la gouvernance du secteur de la sécurité mais surtout, au domaine de contrôle des ALPC en particulier.

141GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

lacunes et d’évaluer les besoins des États de la région dans le domaine du renforcement des capacités.

b)- Au niveau de la SADEC

Au niveau de la SADEC, la mise en application du Protocole dans les pays de la région, est confiée à la Southern African Police Chiefs Cooperation Organisation (SARPCCO)276. Cet organisme qui n’est autre chose que l’organisation sous-régionale de coopération policière est mandaté par les États pour assurer au quotidien, la collaboration et la coordination de la lutte contre les ALPC dans la sous-région.

Elle développe alors pour ce faire des activités d’échange d’information et de renseignement pour contrer le trafic des ALPC.

c)- Au niveau de la région des Grand Lacs

Dans la région des Grands Lacs, la mise en application du Protocole de Nairobi est assurée par : le Regional Centre on Small Arms (RECSA)277. Le RECSA est une organisation intergouvernementale mise en place spécialement pour coordonner l’action des Points focaux nationaux des États membres de la sous-région en vue d’appliquer le Protocole et de mettre en place des Plans d’actions nationaux.

Ce mécanisme permet aux États membres de créer un cadre de rencontre et d’échange d’informations en vue d’améliorer la lutte contre la prolifération et la circulation illicites des ALPC en Afrique centrale.

Aussi la Conférence Internationale de la Région des Grand Lacs (ICGLR) a été mise en place par les États de la région des Grands Lacs à savoir ; l’Angola, le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie ; pour faire face à l’exploitation illégale des ressources naturelles278.

Ce mécanisme qui vise au final la sécurité et la stabilité de la région reconnaît formellement les liens entre la prolifération des ALPC et l’exploitation illégale des ressources naturelles. En 2010, lors du sommet de Lusaka, des engagements ont été pris par les États membres pour contribuer efficacement à la lutte contre la prolifération des ALPC et par conséquent de l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région279.

d)- Au niveau de la CEEAC

La CEEAC a rejeté l’option consistant à suivre la CEDEAO en interdisant tout transfert d’armes sur le territoire de ses États membres. La convention de Kinshasa a donc opté pour la mise en place d’un mécanisme d’autorisation, conditionnée par le respect de certains critères particulièrement exigeants. La convention a tout d’abord rappelé que chaque État devait mettre en place un système de licence d’autorisation de transfert, absent des législations nationales dans nombre d’États d’Afrique centrale280. Une fois cette obligation du contrôle des flux d’armes posée, la convention exige que les autorisations

276Site du SARPCCO : http://www.interpol.int/public/Region/Africa/Committees/SARPCCO.asp277Site du RECSA : http://www.recsasec.org/278http://www. Briefing_Note_on_the_ICGLR_Regional_Certification_Mechanism_June_2012.pdf279http://www. 49111368. pdf280Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage, art. 3 – 1.

142 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

sollicitées soient dûment justifiées. C’est en cela que ce système se distingue du mécanisme mis en place au niveau européen, et que l’on identifie une législation internationale mise en place par un groupe d’États davantage importateurs qu’exportateurs d’armes.

Pour pouvoir bénéficier d’une autorisation de transfert, la demande doit être justifiée par des nécessités de « maintien de l’ordre ou de défense et de sécurité nationales » ou de « participation à des opérations de paix » menées par des organisations internationales déterminées281. Par cette prescription, les États membres de la CEEAC entendent prohiber les opérations à visée strictement commerciale. Cette prohibition se justifie par l’objectif initial de la convention : lutter contre les effets néfastes de la prolifération engendrée, notamment par un commerce incontrôlé.

Une fois le mécanisme général institué, la convention définit avec exhaustivité les exigences procédurales qui devront être mises en place au niveau national et notamment l’ensemble des informations qui devront être contenues dans la demande de licence et dans la licence accordée par l’autorité compétente282.

B- Les institutions nationales de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique

1. Les Commissions Nationales sur les armes

Les actions de lutte contre la prolifération illicite des ALPC, en réalité, se développent essentiellement dans le cadre national. En effet, outre les ministères techniques en charge des questions des ALPC au niveau national, la majorité des États africains ont manifesté leur volonté de dynamiser la lutte contre la prolifération des ALPC en créant des institutions spécialement affectées à cette mission283. Ces institutions sont connues sous la dénomination de Commission Nationale sur les armes en Afrique de l’Ouest et de Point Focal en Afrique de l’Est et Australe284 . Ils sont chargés de la mise en œuvre des nombreuses initiatives des États dans le cadre de la lutte contre la prolifération des ALPC notamment :

a)- L’assistance aux gouvernements

Les Commissions nationales sur les armes dans le cadre de leurs missions, assistent les gouvernements des États qui les ont mis en place, dans la conception et la mise en œuvre des politiques nationales de lutte contre la prolifération des ALPC. Elles émettent dans cette dynamique, des avis et /ou propositions, en vue de favoriser toute action concourant à la lutte contre la prolifération et la circulation illicites des ALPC.

Elles favorisent ainsi pour ce faire, la collaboration entre les ministères techniques et les autres organisations concernées, afin de réaliser une approche inclusive de la lutte contre le fléau des ALPC.

281Idem., art. 3 – 2., a et b.282Idem., art. 5 – 3. Parmi ces formalités, on remarquera notamment que les États exigeront le marquage des armes faisant l’objet de la demande (a.) ou encore le certificat d’utilisateur final (e.).283Ainsi, des agences nationales de coordination de la lutte contre la prolifération des ALPC et des mécanismes de banque de données nationales ont été créées dans la majorité des États pour favoriser les échanges d’informations en vue du renforcement de la capacité des États à faire face à la problématique de la prolifération des ALPC.284A cet effet, le 10 décembre 1999 peut être considéré comme une date historique en la matière au niveau de la CEDEAO. En effet, en adoptant, ce jour-là, le Code de conduite pour la mise en œuvre du Moratoire et la Décision A/DEC. 13/12/99 portant création des Commissions nationales de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des armes légères, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO posait les jalons d’une institutionnalisation qui se consolide au fil des années.

143GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

b)- la sensibilisation des populations

Centralisant et exploitant tous les renseignements et informations relatifs à la fabrication et au trafic des ALPC, les Commissions nationales sur les armes prennent activement part à la mission de sensibilisation des populations sur les problèmes liés à la prolifération des ALPC.

Les Commissions nationales sur les armes s’appuient alors sur les pouvoirs publics locaux et les autres groupes non gouvernementaux comme les journalistes, les associations, pour mobiliser et sensibiliser sur les questions relatives à la prolifération illicite des ALPC.

c)- La destruction des ALPC illégales saisies La destruction des ALPC illicites constitue sans doute un élément important d’un programme complet sur le contrôle des ALPC. En effet, elle est une méthode efficace pour réduire le nombre des ALPC sur le marché noir ainsi que le potentiel d’approvisionnement de ce dernier.

L’amélioration de la gestion des armes et munitions est devenue primordiale pour beaucoup d’États africains, qui en ont accumulé d’importants stocks, du fait de conflit, d’insécurité transfrontalière et de la présence de groupes armés non étatiques. La destruction des armes saisies, collectées, ou en excédent devient alors le seul impératif qui garantit que ces armes ne vont pas à terme se retrouver encore sur le marché noir.

L’essentiel des États africains ont donc fait le choix d’une destruction pure et simple de cette catégorie d’armes. C’est le cas par exemple au Togo où, depuis sa création, la ComNat a procédé cinq fois (2003, 2004, 2005, 2007 et 2009) à la destruction des armes illégales saisies par les forces de l’ordre et de sécurité. Cette destruction se fait publiquement en présence des autorités civiles et militaires, ainsi que des experts et représentants de la communauté internationale285

conformément aux standards internationaux. Au total, 9909 ALPC de divers calibres, et 699228 munitions de différente nature ont été détruites par les autorités togolaises.

En Côte d’Ivoire aussi, les autorités procèdent régulièrement à ces types d’opérations. A titre illustratif, elles ont procédé entre juillet 2012 et février 2013 grâce aux efforts et concours de la ComNat de Côte d’Ivoire et les Nations Unies à travers l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), à la destruction de 4122 ALPC.

La RDC quant à elle a détruit pour le compte de l’année 2013, à Bukavu, avec le concours de la MONUSCO 114 ALPC et 6000 munitions récupérées auprès des ex-combattants et autres groupes armés286. En 2014, une vaste opération de collecte volontaire a permis de reprendre des mains des civils 774 armes et 820 munitions. 142 de ces armes déclarées obsolètes, 21589 munitions d’ALPC et 444 engins non explosés ont été détruits287 .

285Voir ISACS 05.40.286Journal international de destruction des armes, mercredi 9, juillet, 2014, www.rrssjrdc.org287www.reliefweb.int, lutte contre la prolifération d’armes et de munition illicite, pour la sécurité des populations et la restauration de l’État de droit.

144 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Il faut observer que cette pratique prévaut dans la majorité des États du continent qui depuis 2001, saisissent l’occasion de la journée internationale de la destruction des ALPC, pour procéder à la destruction des armes saisies ou des armes en surplus dans leurs stocks.

2. Rôle des acteurs non gouvernementaux

Les acteurs non gouvernementaux288 jouent également un rôle important en matière de lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique, soit en collaboration avec les entités nationales ou internationales, soit de manière indépendante. En général leurs contributions prennent la forme des expertises, des actions de renforcement des capacités de structures étatiques, de sensibilisation ou encore des enquêtes de terrain289.

Le parcours des divers instruments normatifs et institutionnels relatif à la lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique, laisse transparaître des failles, qui imposent des défis à relever.

Section 4 : Défis à relever

Les défis à relever sont de plusieurs ordres, mais de façon principale figurent en bonne place les questions de l’application effective du traité sur les armes, et le contrôle des transferts d’armes et des munitions en direction du continent. Certes, beaucoup d’acquis ont été réalisés sous l’impulsion des différentes organisations

288Ces acteurs sont de deux types : soit des centres de recherche comme le GRIP (Bruxelles), Safer world (Londres), Small Arms Survey (Genève), UNIDIR (Genève) ou l’Institute for Security Studies (Johannesburg) d’une part, soit des ONG et des réseaux d’action sur les ALPC comme l’International Action on Small Arms (IANSA) et le Réseau africain francophone sur les armes légères (RAFAL), coordonné par le GRIP d’autre part. Voir sur http://www.reseau-rafal.org/ 289Les organisations de la société civile et organisations non gouvernementales de la CEDEAO, ont très tôt créé en mai 2002, une structure de coordination au niveau sous régional, le RASALAO exclusivement consacré aux ALPC.

145GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

qui agissent dans le domaine de la prolifération des ALPC. Mais des efforts sont encore nécessaires soit pour les consolider soit pour les améliorer.

A- Par rapport au cadre législatif Les États africains doivent encore renforcer l’harmonisation des mesures réglementaires et procédés administratifs nécessaires au contrôle des transactions portant sur les ALPC, leurs pièces de rechange et leurs munitions.

Ils doivent aussi renforcer, avec le concours des partenaires internationaux, la formation des forces de l’ordre, des agents de l’immigration, les agents chargés de la délivrance des permis de détention d’armes à feu, les agents de douane et des eaux et forêts chargés de la mise en œuvre des mesures de lutte contre les ALPC.

B- Par rapport aux mesures pratiquesAu plan pratique, la levée de certaines contraintes permettra une meilleure lutte contre la prolifération des ALPC. Il s’agit en effet, des contraintes politiques

et logistiques en vue du démarrage effectif des opérations de marquage des armes dans toutes les régions du continent290 .

Il faut également lever les contraintes financières pour mettre en œuvre la politique d’amélioration des stocks d’armes existants avec l’idée de délocalisation des soutes à munitions et magasins d’armes à des endroits loin des habitations. L’appel du Secrétaire général des Nations Unies dans le rapport sur l’Afrique et les ALPC, vient à point nommé pour permettre de renforcer les capacités financières des différents acteurs de la lutte contre la prolifération des ALPC291 .

L’informatisation des registres d’armes des Etats reste également un défi à relever pour faciliter la gestion et les contrôles nécessaires des différentes transactions ou transferts dont les ALPC peuvent faire l’objet.

C-Par rapport à l’échanged’informations

En ce qui concerne l’échange d’informations, les États Africains devront mettre en place et renforcer les mécanismes institutionnels, pour faciliter la collecte et l’accès aux informations de toute nature, utiles à la lutte contre la prolifération des ALPC. Des centres de regroupement et de partage des informations peuvent ainsi être créés pour faciliter l’accès à l’information.

290Cela passe par la mise à la disposition des acteurs du matériel roulant, du carburant, de la prise en charge du personnel sur le terrain pour optimiser les opérations de collecte, d’enregistrement et de marquage des ALPC. 291Voir, Rapport, A/68/50, du SG, du 26 juin 2013.

146 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

D-Parrapportàla Coopération avec la Société civile et les ONGLa lutte contre les ALPC a besoin du concours de toutes les composantes de la société. Elle requiert notamment la participation de la société civile, pour être efficace. Certes plusieurs organismes de la société civile sont déjà engagés et associés à la lutte contre la prolifération des ALPC. L’effort doit donc être poursuivi et amélioré afin d’accroître l’efficacité de la lutte contre la prolifération des ALPC.

L’Afrique doit pouvoir travailler en synergie avec les réseaux d’organisation de la société civile au niveau national comme international292 pour mieux faire face au fléau de la prolifération illicite des ALPC.

Le défi de la recherche sur les thématiques des ALPC doit également être levé. Pour renforcer et développer l’expertise africaine en la matière, des efforts doivent être fait dans le sens de la création des centres de formation, de recherche de haut niveau sur les questions des ALPC. Aussi les États et les organisations régionales africaines doivent avec le concours des partenaires techniques et financiers, aider à la mise en place des financements au profit de la recherche en la matière.

E- Le respect des embargos sur les armes

Plusieurs mesures d’embargo, total ou partiel, sur les transferts d’armes ont été prises ces dernières années en Afrique, que ce soit par l’ONU ou par les organisations régionales (UA, CEDEAO, UE, …). Les États africains exportateurs et réexportateurs d’armes devraient s’engager à respecter et à faire respecter ces mesures. Cela les engage à une meilleure surveillance des frontières et des flux d’ALPC transitant par leurs territoires respectifs. En effet, la porosité des frontières, l’inexistence, l’inefficacité ou la faiblesse des dispositifs nationaux de contrôle facilitent significativement cette prolifération et le trafic d’armes malgré l’existence des embargos.

Conclusion

L’analyse des droits internationaux régionaux africains a permis de constater que «désarmement» et «développement» pouvaient aller de concert. Cette relation s’est matérialisée par des dispositifs normatifs assez ambitieux et novateurs. Pour autant, leur réalisation pratique n’est pas toujours efficace. Le constat commun de la porosité des frontières africaines et de la nécessité vitale d’apporter une réponse internationale à la problématique de la prolifération des

292Comme le Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest (RASALAO), qui regroupe les quinze (15) pays membres de la CEDEAO et dont le siège est à Accra (Ghana).

147GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

ALPC a produit un ensemble de dispositifs normatifs sophistiqués. Atteindre la paix et le développement humain en luttant contre la prolifération des ALPC n’est pas une tâche aisée, et suppose le déploiement de réflexions conceptuelles et d’initiatives normatives complexes.

L’Afrique a depuis le début de ce millénaire pris la mesure des problèmes causés par la prolifération des ALPC et, une volonté politique de lutter contre ce phénomène sous tous ses aspects s’est clairement affichée293.

Toutefois, les programmes de désarmement294, de démobilisation et de réinsertion engagés et soutenus

par les diverses institutions susmentionnées, ne pourront à eux seuls permettre la réduction de la prolifération des ALPC sur le continent295. La prévention et la lutte contre le trafic des ALPC doit donc engager, toute une série d’acteurs, aux savoir-faire divers et complémentaires.

En effet, au-delà des États, et des organisations internationales, les ONG, les entreprises privées, les centres de recherche et même les citoyens doivent s’impliquer davantage pour mobiliser une expertise suffisamment étendue afin de faire face à l’ingénierie des trafiquants296. Cette large collaboration permettra sans doute de rendre plus efficace, la lutte contre la prolifération des ALPC sur le continent.

293Le soutien à l’organisation d’événements tels que les séminaires, qui favorisent le dialogue entre experts issus de différentes organisations internationales et régionales, de l’administration ainsi que de la société civile, favorisera le partage d’expériences et le renforcement des capacités opérationnelles dans la lutte contre la prolifération des ALPC. Les réunions du Groupe d’experts sont devenues un moteur de discussions et de recherche de solutions internationales, régionales et nationales pour prévenir et éliminer, sur le long terme, le commerce illicite des ALPC.294Le désarmement doit être considéré comme un processus résultant de toute mesure prise en vertu d’une obligation juridique contractée entraînant une réduction du niveau d’armement existant. Le désarmement constitue aussi une contribution à la sécurité internationale et à la prévention des conflits par une restriction des armements, mutuellement acceptée par les États.295Le peu d’armes récolté pour le moment implique que d’autres initiatives devront être mises en place pour lutter efficacement contre la prolifération des armes et la violence armée qui l’accompagne.296On peut citer le réseau interparlementaire ouest-africain sur les armes légères et de petit calibre, créé le 23 mai 2014 à Lomé suite aux recommandations de Bamako et de Monrovia en 2010. Même si son fonctionnement est difficile en raison d’un manque de financements, ce jeune réseau est composé de parlementaires de l’espace CEDEAO, tous membres du forum parlementaire sur les ALPC. Premier réseau sous régional, il est d’ailleurs encouragé et soutenu par les instances internationales.

148 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

CHAPITRE3:LESMINESANTIPERSONNELET LES ARMES A SOUS-MUNITIONS

« Les belligérants n’ont pas un droit illimité quant aux choix des moyens de nuire à l’ennemi »297.

Tous les conflits armés ont comme dénominateur commun le devoir de protection des populations civiles de l’utilisation des moyens de guerre. À l’égard des combattants, ces moyens doivent être utilisés avec loyauté, conformément aux lois et coutumes de la guerre298. La réalité des conflits armés est malheureusement aux antipodes des objectifs de désarmement, en ceci qu’elle est caractérisée par toutes sortes d’excès, avec l’utilisation, parmi de nombreux moyens illicites, des mines antipersonnel, des armes à sous-munition et d’autres armes particulières299.

Classiquement, le combat contre les mines antipersonnel a été construit sur la base d’un droit international humanitaire coutumier300. Il s’agit donc d’un mélange de droit de la conduite des hostilités (droit de La Haye) et des règles de protection des victimes de la guerre (droit de Genève)301. Ce corpus

est destiné à éradiquer une catégorie d’armes qui cause des maux superflus à l’homme. Mais la valeur des principes généraux du droit international, même issus du droit coutumier est considérée comme ayant des contours vagues et naturellement sujette à des controverses dans leur interprétation302.

Il était dès lors nécessaire d’asseoir l’interdiction des mines antipersonnel sur un fondement conventionnel. Cette consécration débute avec la Convention du 10 octobre 1980 sur certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme ayant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination303. Son Protocole II, amendé en 1996, réglementait déjà les mines terrestres avant de déboucher, plus de 15 ans plus tard, sur le processus d’Ottawa304.

Le processus a été initié par une coalition d’Organisations non gouvernementales305. Sur le plan étatique, le mérite revient au Canada d’avoir, au nom de la théorie de la sécurité humaine306, porté et

297Convention (IV) de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, 18 oct. 1907, Annexe, art. 22.298Convention de La Haye du octobre 1907.299P. DAHAN, « Au-delà de l’arms control ? A la recherche du paradigme perdu », Annuaire français de relations internationales, vol. 3, 2002, p. 553-560.300I. MARQUES-GROSS, « Le dilemme des mines antipersonnel. Le retour vers le futur », Annuaire français de relations internationales, vol. 5, 2004, p. 783 et s.301Idem.302Pour une approche générale sur l’opposabilité de la norme coutumière, voir : J. COMBACAU, « Ouverture : De la régularité à la règle », Droits, 1986, n°3, p. 3 ; B. STERN, « La coutume au cœur du droit international. Quelques réflexions », Droits, n° 3, 1986, p. 479.303La Convention est beaucoup plus connue sous sa dénomination anglaise « Convention on Certain Conventional Weapons » (CCW) ; pour une présentation de ladite Convention, voir : www.icrc.org/Web/fre/sitefre0.nsf/section_ihl_conventional_weapons?OpenDocument.304Y. SANDOZ, « Le demi-siècle des Conventions de Genève », Revue internationale de la Croix-Rouge, n° 834, 1999, p. 241-263.305Voir dans ce sens : Comité International de la Croix Rouge, Anti-personnel Landmines. Friend or Foe ? Genève, CICR, 1996, p. 11.306Sur la position canadienne, voir à titre indicatif : A. MORISSON, « Canada and Landmines : A Leading Position », Peacekeeping & International Relations, vol. 27, n° 2, 1998, p. 2-4. Pour une analyse critique du concept, voir : F. Ramel, « La sécurité humaine : une valeur de rupture dans les cultures stratégiques au Nord ? », Études internationales, vol. 34, n° 1, p. 79-107.

149GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

structuré la dynamique qui aboutit à la Convention d’Ottawa du 4 décembre 1997307 , entrée en vigueur le 1er mars 1999. Elle est aujourd’hui ratifiée par 162 États et marque le basculement de ceux-ci d’une logique de la réglementation à celle de l’interdiction308 .

Les mines antipersonnel se définissent comme des « engins disposés sur ou sous le sol et conçus pour exploser du fait de la présence, de la proximité ou du contact d’une personne. (…) Les mines peuvent également être maritimes. Sur le plan stratégique, elles permettent d’interdire l’accès à une portion de territoire et d’empêcher l’avancée de l’ennemi. »309. Les mines antipersonnel sont généralement des armes de défense de zone, mises en place généralement et dissimulées. Il s’agit de dangers délibérément cachés dont la seule existence soupçonnée entretient la peur chez les populations civiles.

S’agissant des armes à sous-munitions, le processus de leur règlementation a connu, à quelques différences près, le même essor avec la Convention d’Oslo du 3 décembre 2008. En moins de deux ans, la dynamique enclenchée à Dublin en 2007 a abouti à un complément

majeur du corpus de droit international humanitaire en matière de désarmement310. Il faut relever que la conclusion du processus a été précipitée par les failles de la Convention du 10 octobre 1980 précitée et par leur utilisation dans la Guerre du Kosovo en 2006.

Les armes à sous-munitions englobent une grande variété d’armes terrestres ou aéroportées. Ainsi, les obus d’artillerie, les roquettes, les bombes, les missiles sont considérés comme tels dès lors qu’ils comportent quelques unités ou plusieurs centaines de sous-munitions indépendantes. Les armes à sous-munitions peuvent être tirées depuis un avion, un navire ou depuis le sol par un char311 . Elles sont, pour ainsi dire, destinées à couvrir des périmètres d’opérations assez vastes312. Les ASM sont, dès lors, qualifiées d’armes de saturation de zone. À la différence des MAP, les sous-munitions sont mises en place à distance et n’explosent pas. Elles sont en principe visibles et restent en surface selon la configuration des sols. La Convention est entrée en vigueur le 1er août 2010 et compte aujourd’hui 162 États313.

307CICR, Interdiction des mines antipersonnel : Le Traité d’Ottawa expliqué aux non-spécialistes, Genève, 1998.308P. DAHAN, « Du désarmement-développement au développement-désarmement ? La révélation des contraire », Annuaire français de relations internationales, vol. 4, 2003, p. 705.309F. BOUCHET-SAULNIER, Dictionnaire pratique du droit humanitaire, Paris, La Découverte, 2013, p. 344.310C. GRAND, « La Convention sur les armes à sous-munitions et le processus d’Oslo. Une négociation atypique », Annuaire français de relations internationales, vol. X, 2009, p. 1 et s.311J.-P. PLANCADE et J. GARRIAUD-MAYLAM, Rapport d’information fait au nom de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées sur les armes à sous-munitions, 13 décembre 2006, disponible sur www.senat.fr/rap/r06-118/r06-1181.pdf, consulté le 4 mars 2016, p. 8 et s.312C. POITEVIN, « La convention sur les armes à sous-munitions est née. Quand le désarmement va de pair avec l’action humanitaire », Note d’analyse du GRIP, Bruxelles, 5 juin 2008, p. 5.313https://treaties.un.org/pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXVI-5&chapter=26&lang=fr, consulté le 5 juin 2016.

150 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les processus initiés à Ottawa pour les mines antipersonnel et à Dublin pour les armes à sous-munitions sont significatifs à plus d’un titre. La mobilisation des ONG à vocation humanitaire a incité les États à adopter ces Conventions qui combinent à la fois préoccupations humanitaires et objectifs de désarmement. Outre l’encadrement de la production et de l’utilisation de ces armes, la communauté internationale avait pour objectif l’intégration d’une réelle politique de désarmement au sein du corpus juridique international.

L’effectivité de tels processus reposait sur la large représentativité des initiatives mais aussi de discussions et négociations en dehors forums onusiens. Là où certaines initiatives universelles avaient échoué, des démarches ad hoc plus restreintes ont apporté des résultats probants314. On observe notamment qu’en raison de mode de conception de la Convention d’Ottawa, les États-Unis par exemple, État non partie, fournissent pourtant une contribution opérationnelle significative à l’effectivité de ses principaux objectifs315. Ainsi, à l’épreuve du contexte stratégique multilatéral actuel, quel est le résultat de cette mobilisation internationale et régionale, notamment en Afrique ? Est-il possible d’en induire des améliorations quantitatives et qualitatives permettant d’envisager un désarmement intégral dans un délai prévisible ?

La réponse à ces questionnements appelle des analyses statistiques. Elle impose une démarche qui part des données quantitatives du recours

aux armes prohibées ou conventionnelles pour les confronter aux objectifs de désarmement sur une période donnée. Il est également possible de proposer une analyse historique et militaire : elle exige nécessairement une connaissance des différents types de mines antipersonnel ainsi que des armes à sous-munitions. L’objectif ultime est de vérifier si les évolutions technologiques ont pu permettre, faute d’un désarmement intégral, de concevoir des armes moins nuisibles que d’autres.

Quoiqu’intéressantes, ces démarches n’épousent pas nécessairement une approche juridique globale. En effet, l’analyse du cadre juridique de la lutte contre les armes concernées est appelée à mettre en balance les objectifs assignés aux instruments juridiques internationaux avec les résultats obtenus. Il s’agit d’un schéma de réflexion qui invite à examiner les perspectives juridiques et géopolitiques afin d’améliorer l’effectivité des politiques internationales de désarmement à des échéances envisageables.

À partir de ce postulat méthodologique, l’on peut observer que les conventions internationales précitées ont consacré des mesures destinées à réagir à l’existence, au recours aux armes prohibées ainsi qu’à leurs conséquences. Presque deux décennies après la conclusion de la Convention d’Ottawa et moins d’une après l’adoption de celle d’Oslo, tout indique que la communauté internationale s’est approprié le débat relatif au désarmement des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions (I). Toutefois certains facteurs interpellent quant à la fragilité des processus engagés (II).

314J. ANCELIN, La lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre en droit international, Thèse, Université de Bordeaux, 2014, p. 297.315H. ZIPPER de FABIANI, « Le ‘‘processus d’Ottawa’’, dix ans de ‘‘désarmement humanitaire’’ », AFRI, vol. 9, 2008, p. 639.

151GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

La diplomatie du désarmement est basée sur la légitime préoccupation humanitaire, à savoir l’élimination ou la réduction des risques pour les populations civiles. L’Afrique s’inscrit dans cette perspective finaliste incontournable. En son sein comme ailleurs dans le monde, la mobilisation contre les MAP est en progrès (A). À rebours, le bilan de la lutte contre les ASM est plutôt contrasté (B).

A. Les progrès de la mobilisation contre les MAP

Aux premières heures du processus d’Ottawa, l’action des ONG et des sphères politiques africaines a permis l’essor d’une dynamique continentale et régionale considérable en matière de désarmement. Elle s’est cristallisée, sous l’égide de l’Organisation continentale, par la conférence d’experts africains sur les mines tenue à Kempton Park, en Afrique du Sud, du 19 au 21 mai 1997316. Ce fut l’occasion pour une quarantaine de représentants d’États membres de l’ex-OUA et des

Nations Unies d’adopter un plan d’action sur les MAP. L’idée de transformer l’Afrique en une zone exempte de mines antipersonnel, sur le modèle des résolutions de l’Organisation des États Américains, avait déjà été avancée. Entre 2004 et 2009, deux autres conférences du genre ont été organisées317. C’est également l’Afrique, et plus précisément le Mali, qui a accueilli le Séminaire sur l’universalisation et la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa en février 2001318. Entre 2004 et 2009, deux autres conférences ont été organisées319.

Sur le fond, la Convention d’Ottawa impose la double obligation, à l’égard de l’ensemble des États parties y compris africains, de détruire les stocks de mines antipersonnel et celle de déminer les zones minées320. La destruction des stocks suppose d’en opérer préalablement un inventaire précis. Elle oblige subséquemment à éviter la revente des mines antipersonnel par le biais de circuits parallèles illégaux. La destruction présente l’avantage de l’efficacité. Non seulement le risque de faire des victimes est limité mais elle présente l’avantage d’être peu coûteuse.

Le déminage pose la question des technologies et des procédés utilisables. D’une manière générale,

I. LA CONSOLIDATION D’UNE DIPLOMATIE DU DESARMEMENT EN MATIERE DE MINES ANTIPERSONNEL ET DES ARMES A SOUS-MUNITIONS

316http://www.bibliomines.org/fileadmin/tx_bibliodocs/KEMPPLAF.pdf317http://www.bibliomines.org/seminaires/conferences-des-experts-africains-sur-les-mines-terrestres/ 318http://www.apminebanconvention.org/fileadmin/APMBC/IWP/SC_may01/speeches_gs/04_Mali_Geneve.pdf.319http://www.bibliomines.org/seminaires/conferences-des-experts-africains-sur-les-mines-terrestres/. 320Lire respectivement les articles 4 et 5 de la Convention d’Ottawa.

152 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

il est tenu compte des facteurs climatiques mais aussi de la nature des terrains concernés ainsi que des infrastructures présentes. Il s’accompagne nécessairement de la sensibilisation des populations à adopter des comportements moins risqués en évitant de fréquenter des endroits identifiés comme pouvant comporter des mines antipersonnel.

Sur les 50 pays qui produisaient des mines antipersonnel en 1999, 11 sont encore recensés pour en produire au rang desquels se trouvent la Corée du Sud, l’Inde, le Pakistan et le Myanmar (Birmanie). Aucun pays africain n’est producteur de mines antipersonnel. Les États-Unis ont cessé d’en produire depuis 1997, leur dernière utilisation et exportation remontant respectivement à 1991 et 1992. Les statistiques indiquent que seul le gouvernement de la Birmanie les a utilisées de manière continue entre 1999 et 2013321.

Historiquement, l’Afrique comptait encore beaucoup d’États affectés par les mines antipersonnel, dont certains sont parties à la Convention. Il s’agit de l’Algérie, de l’Angola, de la République Démocratique du Congo, de Djibouti, de l’Érythrée, de l’Éthiopie, de la Mauritanie, du Mozambique, de la Namibie, du Niger, du Sénégal, de la Somalie, du Soudan, du Sud-

Soudan, du Tchad et du Zimbabwe. Concernant les États ou territoires non parties touchés par les MAP, on cite : l’Égypte, la Lybie, le Maroc, le Sahara Occidental et le Somaliland.

Les rapports récents indiquent que l’Afrique du Sud, le Mali et le Zimbabwe avaient assez vite terminé la destruction de leurs stocks. Des expériences de déminage ont eu lieu au Mozambique, en Angola, au Tchad et, dans une moindre mesure, en Mauritanie. Ainsi par exemple au Mozambique, le nombre de

321 Handicap International, « Mines antipersonnel : chiffres et infos clés », disponible sur http://www.handicap-international.fr/system/files/documents/files/factsheet_mines_02042015_fr.pdf, mars 2015, consulté le 14 mars 2016.

153GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

victimes des mines antipersonnel est passé de 55 par mois en 1995 à 7 par mois en 1998322 . Le Mozambique est considéré de nos jours comme un État exemplaire, pour avoir pratiquement achevé son programme déminage et de destruction des MAP323.

Il reste que le calendrier de la destruction ne suit pas toujours la célérité requise. En Afrique, depuis 1999, l’utilisation des MAP est confirmée pour l’Érythrée avant son adhésion à la Convention en 2001. Il en est de même pour l’Éthiopie, à ceci près que l’utilisation a été poursuivie après la signature du Traité. Depuis 2009, la Lybie est le seul pays africain dans lequel des mines ont pu être utilisées, étant rappelé qu’elle n’est pas partie à la Convention et que leur utilisation serait imputable aux groupes armés non étatiques. Au titre des nombreux États parties africains324, il a été objecté au Sud-Soudan, adhérant depuis 2011, d’avoir fait recours aux mines antipersonnel à Nasir dans l’État du Haut Nil.

L’Afrique fait partie des continents encore touchés par les mines antipersonnel325, en raison de la prolifération des conflits armés internes. Il en résulte que l’acceptation des obligations de la Convention ne s’est pas accompagnée d’une éradication intégrale de l’utilisation des mines antipersonnel. Néanmoins, l’on ne peut ignorer que la persistance des MAP en Afrique – et ailleurs dans le monde – est en net recul.

La Convention d’Ottawa continue d’ailleurs de guider l’Afrique dans les processus régionaux de désarmement. L’on ne peut manquer de mentionner, à cet égard, que l’Afrique a accueilli la troisième Conférence d’examen de la Convention d’Ottawa en

juin 2014 à Maputo au Mozambique. Au cours de celle-ci, les États parties se sont engagés à tout mettre en œuvre pour procéder au déminage et à la destruction des mines antipersonnel à l’horizon 2025.

Les États-Unis, non parties à la Convention, ont pris l’engagement historique de ne plus produire ni importer les mines antipersonnel. Il s’agit, selon la puissance américaine, d’un préalable à l’adhésion à la Convention d’Ottawa. De même, la Chine, également État non partie, a indiqué avoir détruit d’importants stocks. Ceux-ci seraient passés de 100 millions à 5 millions. La Grèce a également pris des engagements similaires de destruction pour la fin de l’année 2015.

La lutte contre les MAP connaît ainsi des avancées politiques d’envergure qui appellent néanmoins une vigilance toujours soutenue de la communauté internationale. Les acquis cumulés de ces deux dernières décennies permettent d’envisager de nouvelles perspectives. Il n’en est pas exactement ainsi pour les armes à sous-munitions.

B.Ledifficilereculde l’utilisation des Armesàsous-munitionsLe processus d’Oslo se démarque de celui de la Convention d’Ottawa. Celle-ci a été lancée en réponse à la déception à l’approche minimaliste de la Convention CCW de 1980 qui n’envisageait qu’une

323Gouvernement du Canada, À pas mesurés : Évaluation des progrès en matière d’action contre les mines, Ottawa, 1999, p. 5.324Handicap International, « Conférence de Maputo sur les mines antipersonnel ; Un tournant très positif de la politique américaine », Communiqué de presse, disponible sur : http://www.handicap-international.fr/system/files/documents/files/2014-maputo_0.pdf, consulté le 20/02/2016.325P. DAHAN, « La conférence du désarmement : fin de l’histoire ou histoire d’une fin ? », AFDI, 2002, vol. 48, p. 196-213. S. CARRIERE, « La Convention d’Ottawa comme réponse au problème des mines antipersonnel. … », op. cit., p. 535.

154 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

interdiction partielle des mines antipersonnel.

De ce point de vue, l’objectif de la Convention d’Oslo était plus ambitieux. Il s’agissait d’adopter un instrument juridique contraignant interdisant l’emploi, la production, le transfert et le stockage des sous-munitions qui causent des maux inacceptables aux populations civiles326. En particulier, la neutralisation des munitions non explosées a toujours posé des difficultés humanitaires du fait des dommages dits collatéraux à l’égard des populations civiles et des démineurs. La Convention était dès lors empreinte de la prise en compte des nécessités militaires et de la préservation des objectifs humanitaires.

La lutte contre les ASM s’est essentiellement construite sur la possible survenance d’une catastrophe. Le combat préventif contre les armes à sous-munition était justifié à plusieurs titres. En premier lieu, le caractère d’armes de saturation de zones des ASM exigeait que les conséquences de leur emploi dans une zone urbaine soient anticipées327. En deuxième lieu, elles sont considérées comme génératrices de pollution en raison des restes explosifs de guerre. Les cas du Laos et du Liban ont pu illustrer cette situation.

Les armes les plus anciennes ont été considérées comme les moins fiables tout en étant les plus répandues. Sur cette base, l’interdiction des roquettes M26 n’a pas fait débat. L’ensemble des ASM utilisées dans les conflits passés tout autant que la totalité des armes à dispersion de zones indiscriminées appartiennent à cette catégorie. Il en va tout autrement

des munitions récentes pourvues de mécanismes de sécurité et des obus intelligents de dernière génération. C’est le cas notamment des obus M85 britanniques ou des OGR français ou encore des obus intelligents de type Smart allemand ou du bonus franco-suédois. La question persistante est celle de leur réel degré de fiabilité sur un théâtre d’opération.

La lecture de la Convention est révélatrice de ce régime juridique à différencié. En effet, aux termes de l’article 2, seules les armes dites non conventionnelles sont prohibées à savoir les missiles nucléaires mirvés. C’est dire que les armes contenant des sous-munitions d’une masse supérieure à 20 kg et les armes modernes précitées demeurent autorisées. L’interdiction de telles armes est assortie d’un délai de huit ans au cours duquel les États signataires doivent détruire leurs stocks d’armes prohibées328. Dans l’esprit de la Convention d’Oslo, les États ont l’obligation de dépollution et de destruction des restes explosifs de guerre, d’assistance aux victimes et de coopération internationale.

Dans les grands conflits de notre ère, et notamment depuis la Seconde Guerre mondiale329, le recours aux armes à sous-munitions a été permanent. À la différence des mines antipersonnel dont l’effet dévastateur est décrié depuis longtemps, l’appréhension de l’impact des ASM est marquée par l’inexistence de données fiables sur le plan humanitaire, sous réserve des données disponibles sur la Seconde Guerre mondiale330.

326Déclaration adoptée à Oslo du 23 fév. 2007 ; voir également l’art. 2 de la Convention.327S. CONWAY, “Cluster Munitions: historical overview of use and human impacts”, in CICR, Humanitarian, Military, Technical and Legal Challenges of Cluster Munitions, avril 2007, p. 13 et s.; Handicap International, Fatal Footprint: The Global Human Impact of Clusters Munitions, nov. 2006, p. 17 et s. Les deux rapports sont consultables sur www.stopclustermunitions.org/take-action/campaign-resources/#section4. 328Article 3.329K. BRYANT, « Réflexions personnelles sur les armes à sous-munitions », Forum du désarmement, 2006, n° 4, p. 49. 330Ibid, p. 50.

155GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Au cours des dernières décennies, il a été fait recours aux ASM au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, au Kosovo, au Liban, en Érythrée ou encore Tchétchénie. Au Kosovo en particulier : « 1765 armes à sous-munitions contenant plus de 295 000 sous-munitions furent utilisées. Avec un taux d’échec compris entre 50% et 30%, ces bombardements ont laissé dans la région entre 14750 et 88500 sous-munitions non explosées »331.

Entre 2010 et 2015, les ONG spécialisées révèlent une utilisation avérée des armes à sous-munitions par au moins sept pays. En Afrique, l’utilisation des ASM a pu être identifiée dans deux pays. En effet, en avril 2011, au déclenchement du conflit libyen, les forces régulières de Mouammar Kadhafi avaient effectué des tirs de mortiers à sous-munitions vers les positions rebelles. Plus récemment, des bombes à sous-munitions ont été larguées en Libye au début de l’année 2015. Dans le conflit que connaît ce pays depuis plusieurs années, l’identification des auteurs des attaques est fortement compromise332. Au Sud Soudan, des bombes à sous-munitions ont été larguées en 2014 près de la ville de Bor. Le largage des mêmes bombes dans la province du Kordofan du Sud a été attribué aux forces armées soudanaises en 2012 et en 2015.

En dehors du continent africain, la Thaïlande a tiré des roquettes à sous-munitions en direction du Cambodge au cours d’affrontements frontaliers en février 2011. Il est également avéré que les forces gouvernementales

syriennes ont fait usage de bombes et roquettes à sous-munitions contre Daesh entre 2012 et 2014 en particulier. Il en est de même dans le conflit ukrainien où les forces gouvernementales et les forces rebelles, appuyées par la Russie, ont eu recours aux ASM de 2014 à 2015. Par ailleurs, la coalition menée par l’Arabie Saoudite a fait usage d’armes à sous-munitions tirées depuis le sol contre les forces houthistes dans le Nord du Yémen.

Il y a lieu de constater que la République Arabe Syrienne, l’Ukraine, le Yémen, la Libye, le Soudan, la Russie et l’Arabie Saoudite n’ont pas ratifié la Convention d’Oslo333. Il est donc loisible de constater que la Convention n’est pas opposable à ces États334.

La Convention a été également mise à mal par des États parties. En effet, dans la perspective de la Convention de la première Conférence d’examen tenue en septembre 2015 en Croatie, des États parties comme l’Australie, le Canada et le Royaume Uni se sont positionnés contre l’adoption d’un document condamnant les nouvelles utilisations des armes à sous-munitions.

En tout état de cause, le Convention d’Oslo ne fait pas l’objet d’une application à la hauteur des progrès résultant de la Convention d’Ottawa. Il s’agit d’un traité clairement maltraité. Entre optimisme d’un côté et résistance de l’autre, la diplomatie du désarmement semble marquée par plusieurs facteurs qui la fragilisent.

331Ibid, p. 50-51.332Observatoire des sous-munitions, Cluster Munition Monitor, Special five-year Report, 2015, p. 11.333Ibid., p. 10 et s.334Cf. infra, II-B.

156 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

II. DES FACTEURS DE FRAGILISATION A CANALISER

Le bilan de l’utilisation récente ou actuelle des MAP et des ASM en Afrique traduit la fragilité persistante des règles et mécanismes mondiaux subséquents. L’éducation des populations des pays affectés et l’aide aux victimes demeure une priorité de la lutte contre les mines antipersonnel et autres armes prohibées335. Dans ces efforts politiques de désarmement, la volonté des pays africains touchés se voit affaiblie par l’absence d’un cadre juridique effectif (A) et par les motivations stratégiques sous-jacentes aux conflits un prétexte de stratégies liées aux conflits (B).

A. L’effectivité du dispositif conventionnelmiseàmal par un manque de financement

Les dispositions de la Convention d’Ottawa imposent une obligation de transparence aux États dans la gestion notamment des MAP. Les États parties sont astreints à l’obligation d’adopter des mesures législatives et réglementaires nationales nécessaires à l’effectivité des dispositions conventionnelles, en vue

de l’élimination définitive des mines antipersonnel336. Les États ont également l’obligation de soumettre au Secrétaire général de l’ONU un rapport sur le progrès de la situation des mines antipersonnel, au plus tard le 30 avril de chaque année337. Il s’agit de l’élément d’information de base destiné à favoriser l’opérationnalisation du financement de la lutte contre ces armes ainsi que la coopération internationale. La Convention d’Ottawa prescrit, à son article 8, l’existence de facto d’un mécanisme de surveillance mutuelle entre les États parties.

L’observation globale de ces obligations n’empêche pas de relever que le mécanisme de surveillance n’a jamais fait l’objet d’une institutionnalisation notamment par la création d’un organe. Par ailleurs, la question du transfert illicite en Afrique est aujourd’hui posée avec l’apparition soudaine des mines au Soudan en 2013. Alors que les autorités iraniennes indiquent avoir cessé d’exporter les mines, il a été constaté que ces mines comportaient des inscriptions en farsi, ce qui fragilise la thèse de l’Iran. On comprend aisément que la liberté du commerce sur le plan international semble passer entre les mailles des interdictions fixées en matière de désarmement par le droit international.

Le droit international du désarmement n’a de portée que pour autant que les conventions soient accompagnées d’un dispositif conséquent de financement de la mise en œuvre des obligations. Les États-Unis sont les premiers bailleurs de l’action contre les mines et les restes explosifs de guerre. De même, le Fonds canadien contre les mines terrestres338 constitue l’un des plus importants du genre.

335S. CARRIERE, « La Convention d’Ottawa comme réponse au problème des mines antipersonnel … », op. cit., p. 534.336Article 9 de la Convention d’Ottawa.337Article 7 de la Convention d’Ottawa.338www.mines.gc.ca

157GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les conclusions résultant du Séminaire de Bamako sur les opérations menées en pratique, conféraient déjà, en 2001, une place centrale à l’augmentation du soutien des pays donateurs à tous les secteurs de l’action contre les mines en Afrique339. Une telle dynamique est plus qu’indispensable étant donné que les États africains affectés ne figurent pas parmi les plus importants bénéficiaires du financement international des MAP. La mise en œuvre effective des engagements de financement est à la merci d’appels à des contributions financières volontaires, présentées pour suppléer la défaillance d’un ou de plusieurs contractants essentiels. En 2014, les contributions ont été évaluées à 610 millions de dollars US, soit une diminution de 5% par rapport à 2013.

En raison du manque de moyens, même si la prévalence des MAP recule dans le monde, le nombre de victimes a augmenté au cours des dernières années. En effet, le dernier Rapport de l’Observatoire des mines a fait état d’un total de 3678 victimes en 2014, soit une augmentation de 12% comparativement aux 3308 personnes touchées en 2013. Ces victimes se répartissent sur 54 États et quatre autres territoires, dont 37 sont parties à la convention d’Ottawa340.

La fragilité de l’arsenal juridique est un facteur davantage bloquant à l’égard de la Convention d’Oslo. Comme il en a été débattu plus haut, le droit souverain des États à s’engager ou non vis-à-vis du Traité est la principale cause de la persistance du recours aux armes sous-munitions. En effet, les pays utilisateurs sont systématiquement non parties à la Convention. Or, en l’état actuel du droit international, il n’existe aucun mécanisme qui permettrait d’obliger la Syrie ou

le Soudan à exprimer le consentement à être lié par la Convention d’Oslo.

Les seules possibilités demeurent l’incitation diplomatique et la pression des ONG internationales. La seconde est plutôt efficace en raison des Rapports réguliers et détaillés de la société civile internationale sur l’effectivité des Conventions. La pression diplomatique est moins prégnante car elle touche à l’orgueil souverainiste des États qui résistent au nom de leurs intérêts stratégiques.

B. Les motivations stratégiques sousjacentesauxdifficult de désarmement

L’évocation contemporaine des armes à sous-munitions est souvent accompagnée de la question de leur utilité et leur efficacité pour contrer une offensive militaire de grande ampleur des forces ennemies. Les ASM sont ainsi vantées comme le meilleur moyen d’engager le combat contre un ennemi dont les capacités sont dispersées sur une zone. Les évolutions technologiques auraient ainsi permis de basculer de l’ère des grenades aveugles et rudimentaires à celle des obus « intelligents » de dernière génération341. On fait ainsi valoir de plus en plus leur capacité d’autodestruction, d’auto-neutralisation ou de leur utilisation avec des dispositifs plus précis aujourd’hui qu’hier.

339www.mines.gc.ca/VII_A_xxxviii-f.asp. 340Observatoire des sous-munitions, Cluster Munitions Monitor, Special five-year Report, 2015, p. 10 et s.341C. GRAND, « La Convention sur les armes à sous-munitions et le processus d’Oslo. Une négociation atypique », op. cit., p. 3.

158 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Les mécanismes de sécurité et de sûreté actuels confèrent la possibilité de contenir les munitions non explosées, limitant ainsi les risques humanitaires d’envergure. La particularité de la Convention d’Oslo est d’avoir retenu la notion d’armes présentant des garanties humanitaires. Ce choix a été critiqué par certains pays du Sud tel le Brésil mais aussi la Russie. Ceux-ci ont objecté aux puissances du Nord de s’être réservé des exceptions reposant sur des technologies très coûteuses et dont ils sont les seuls à avoir le monopole.

Par ailleurs, les armes à sous-munitions restent particulièrement destructrices pour les populations civiles dans les conflits armés. D’après les États fabricants, les nouveaux types d’armes à sous-munitions peuvent atteindre un taux d’échec d’environ 1% lors de leur utilisation dans les conflits. On indique que, pour y arriver, il a fallu accroître la sensibilité des dispositifs d’amorçage. Les sous-munitions de nos jours ont ainsi des détonateurs plus sensibles et sont plus dangereuses que les 5 à 30% de munitions non explosées des armes plus vieilles342. Par conséquent, la sophistication des sous-munitions n’a pas généré une absolue sécurisation de celles-ci. Les ASM peuvent également être sensibles aux conditions météorologiques, lesquelles peuvent provoquer leur explosion soudaine.

C’est également au nom du prétexte stratégique et de la souveraineté militaire que les gros détenteurs et les utilisateurs majeurs des ASM ne sont pas parties à la Convention. Il s’agit de la Russie, des États-Unis,

de la Chine, d’Israël et de nombre de pays arabes343. Il résulte que 90% des stocks mondiaux échappent encore au régime d’interdiction de la Convention d’Oslo.

Si la faculté pour ces États de ne pas s’engager vis-à-vis de la Convention d’Oslo est un attribut de leur souveraineté, celle pour les États parties de maintenir des relations de coopération avec les non parties l’est tout autant. Ainsi, en vue de préserver leurs relations de coopération militaire avec notamment les États-Unis d’Amérique, des États comme l’Australie, la France, le Japon, le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Italie et les Philippines ont œuvré pour l’insertion de dispositions accréditant le concept de l’interopérabilité.

Ainsi, outre l’encouragement aux États non parties d’adhérer à la Convention, la clause d’interopérabilité est formulée de la manière suivante :

« 3. Nonobstant les dispositions de l’article 1 de la présente Convention et en conformité avec le droit international, les États parties, leur personnel militaire ou leurs ressortissants peuvent s’engager dans une coopération et des opérations militaires avec des États non parties à la présente Convention, qui pourraient être engagés dans des activités interdites à un État partie ; ».

À l’évidence, l’interopérabilité ne va pas sans poser avec acuité toute particulière la question des antinomies du droit international conventionnel. Elle peut s’analyser comme un dispositif de contournement

342K. BRYANT, « Réflexions personnelles sur les armes à sous-munitions », op. cit., p. 52.343À titre indicatif : Arabie Saoudite, Égypte, Jordanie, Syrie etc.

159GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

et de fragilisation de l’objectif de lutte contre la production et l’utilisation des armes à sous-munitions. C’est une logique de préservation des intérêts des puissances militaires qui contraste avec la nécessité du désarmement.

Conclusion

Le bilan du désarmement en Afrique et dans le monde est marqué par des avancées substantielles s’agissant des mines antipersonnel. Au demeurant, le continent africain n’a pas achevé le processus d’éradication des mines antipersonnel. La situation des armes à sous-munitions est encore plus problématique. Malgré l’adoption de la Convention d’Oslo, la communauté

internationale ne s’est pas réellement inscrite dans une réglementation structurelle aux résultats probants en matière d’armes à sous-munitions.

Les insuffisances sont aussi nombreuses que les avancées. Il reste encore à définir des éléments d’une véritable convergence continentale. Les recettes immédiates d’un changement radical d’époque se trouvent dans l’amélioration de la coordination des plans d’action, le renforcement des financements ainsi qu’une adhésion franche et transparente des États à l’idée d’un monde sans guerre et donc sans armes superflus. On est manifestement aux confins de l’utopie. C’est tout de même le souhaitable pour le meilleur des mondes.

160 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

PARTIE IIILES ANNEXES

161GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Indications pour la lecturePour bien lire et comprendre ces annexes, il convient de prendre la mesure des indications ci-dessous.

Les présentes annexes regroupent les instruments internationaux (ouverts à tous les pays et qui ont une envergure universelle), régionaux (ouverts aux seuls pays d’Afrique), sous régionaux (il s’agit des instruments ouverts aux pays dans le cadre des regroupements régionaux notamment l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, l’Afrique des grands lacs et de la Corne de l’Afrique, l’Afrique Australe). A cela, s’ajoute un répertoire non exhaustif de législations nationales de tout ordre qui traitent du désarmement, de la limitation des armements et de contrôle sur les armes à feu. Bref, les instruments figurants dans ces annexes traitent non seulement du désarmement, de la limitation des armements et du contrôle sur les armes à feu, mais aussi ont un lien direct avec le continent africain ou un pays africain ou est l’œuvre des instances de l’UA (ex OUA).

Sur la structure : Ces annexes sont structurées en deux (2) grandes parties en fonction des catégories d’armes (les armes de destructions massives (I) et les armes conventionnelles (II)). Chacune des parties est divisée en sous-catégories d’armes. Par exemple, la première partie est divisée en armes nucléaires (A) et en armes chimique et biologique (B).

Chaque sous-catégorie d’armes regroupe les différents types d’instruments y afférents (conventions, traités, protocoles, résolutions etc.). Ces instruments sont classés en fonction de leur champ de couverture/application (universel, africain et sous régionale).

Sur la présentation des instruments : Les instruments sont présentés en trois (3) parties dans la mesure du possible. Une première partie en italique consacrée aux dates d’adoption ou de signature, la date d’entrée en vigueur et le dépositaire de l’instrument. Une deuxième partie faite d’un mini résumé sur l’historique, le but et les objectifs de l’instrument. Une troisième partie en italique, portant sur l’état de l’instrument (Etats parties et signataires, les adhésions, acceptation, les réserves etc.) et les liens utiles pour accéder au texte de l’instrument et d’autres commentaires pour cerner l’instrument et son évolution. Seuls les pays africains concernés sont cités dans ces annexes.

Sur les originalités des noms des Etats : Dans le cadre de certains instruments, il y a eu des successions d’Etas. Les noms mentionnés dans ces annexes sont ceux dont ils disposent actuellement (Par exemple, Dahomey qui devient Benin, Zaïre qui devient République Démocratique du Congo, Haute-Volta qui devient Burkina-Faso, ou l’Union Soviétique qui est appelée aujourd’hui la Russie).

La plupart des instruments de cette annexe se

ANNEXE A :

LES PRINCIPAUX INSTRUMENTS PERTINENTS DE DÉSARMEMENT EN LIEN AVEC L’AFRIQUE

162 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

trouvent sur les sites internet des différents organes et organismes de l’ONU (Conseil de Sécurité, AG, UNODA, l’ONUDC etc), l’AIEA, l’OIAC, du CICR, UA, des organisations régionales de l’Afrique, ISS Afrique, GRIP, SIPRI, Small Arms Survey etc.

I- LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

1- Les armes nucléairesA- Les traités

a- Le traité de l’Afrique

Traité de Pelindaba

Adopté en juin 1996 ; entré en vigueur le 15 juillet 2009 ; dépositaire : l’Union Africaine (UA)

Signé au Caire (Egypte), en juin 1996 par les Etats africains, le traité de Pelindaba est entré en vigueur le 15 juillet 2009. Il vise la création d’une zone exempte d’arme nucléaire en Afrique (ZENA) en application de la résolution des Nations Unies sur la zone dénucléarisée du continent africain. D’une durée illimitée, ce traité comporte 3 protocoles (I, II, III).

Etat des lieux du traité : Se référer au tableau du II, C du chapitre armes nucléaires relatif au Traité de Pelindaba.

Liens : Pelindaba http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/tpdb.shtml

www.disarmament.un.org/treaties/t/pélindaba

b- Les traités et les conventions universelles

Traité d’interdiction complète des essaisnucléaires (TICE)

Adopté le 10 septembre 1996 ; ouvert à signature le 24 septembre 1996 ; pas encore entré en vigueur ; le dépositaire : le Secrétaire général des Nations Unies

Adopté le 24 Septembre 1996 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, ce traité dispose d’un important régime de vérification, de création, d’un système de surveillance international et d’inspections sur place ainsi que de mesures de confiance. Les États parties s’engagent à ne pas effectuer d’explosion de nature expérimentale, de tout type d’explosion nucléaire. Ils ont pour obligation de s’abstenir de provoquer ou d’encourager l’exécution d’une expérimentation, de participer de quelque manière que ce soit à l’exécution de toute explosion expérimentale d’arme nucléaire ou de toute autre explosion nucléaire. Les dispositions du Traité s’appliquent à tous les États parties, quel que soit leur statut nucléaire.

Etats parties : Afrique du sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cabo Verde, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, , Kenya, Lesotho, Libéria, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie

Etats signataires : Comores, Egypte, Gambie,

163GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Guinée Equatoriale, Sao-Tomé et Principe, Swaziland, Zimbabwe

Liens : Traité : http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/ctbt.shtml - https://www.ctbto.org/the-treaty/status-of-signature-and-ratification/

Traité sur la non-prolifération des armesnucléaires (TNP)

Signé le 1er juillet 1968 ; entré en vigueur le 5 mars 1970 ; dépositaires : Etats Unis d’Amérique, Royaume-Uni et la Russie.

Le TNP est ouvert à signature le 1er Juillet 1968 à Londres, Moscou et Washington. Il est entré en vigueur le 5 mars 1970 pour une durée initiale de 25 ans, puis fut prorogé pour une durée indéfinie. Le TNP engage les Etats dotés d’armes nucléaires à ne pas transférer ni d’armes nucléaires ni à aider un État non doté d’armes nucléaires à acquérir d’armes nucléaires, de technologies connexes, ou le contrôle de telles armes et dispositifs. Le TNP exhorte également les Etats parties à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, reconnaissant le droit à la recherche, la production et l’utilisation sans marginaliser la nécessité de poursuivre les négociations sur des mesures relatives au désarmement nucléaire. Comme le dispose le TNP : « tout Etat non doté d’armes nucléaires qui est partie au Traité, s’engage à accepter les garanties stipulées dans un accord qui sera négocié et conclu avec l’AIEA à seule fin de vérifier l’exécution des obligations assumées par ledit Etat aux termes du présent Traité en vue d’empêcher que l’énergie nucléaire ne soit détournée de ses utilisations vers des armes nucléaires ou des d’autres dispositifs nucléaires » .

Etats parties : Tous les Etats africains sont parties

au TNP sauf le Soudan du Sud

Liens : http://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%20729/volume-729-I-10485- French.pdfhttp://www.unidir.org/pdf/articles/pdf-art2618.pdf http://www.disarmament.un.org/treaties/t/npt https://www.iaea.org/sites/default/files/sg

Traité interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique et sous l’eau

Signé par les trois dépositaires le 5 août 1963, ouverture à signature le 8 août 1963, entré en vigueur le 10 octobre 1963 ; dépositaire : les gouvernements Américain, Britannique et Russe.

Le Traité interdisant les essais d’armes ou toute explosion nucléaire dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique, sous l’eau y compris la mer territoriale et la haute mer, et dans tout autre environnement est entré en vigueur le 10 octobre 1963 après son ouverture à signature les 5 et 8 août de la même année à Moscow et à Washington. Son objectif est d’obliger les États parties à ne pas réaliser d’explosion nucléaire dans l’atmosphère, sous l’eau, ni dans l’espace extra-atmosphérique. 32 Etats africains ont participé à sa discussion.

Etats parties : Afrique du sud, Bénin, Botswana, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Egypte, Gabon, Ghana, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Libéria, Lybie, Madagascar, Malawi, Mauritanie, Ouganda, Rwanda, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Sénégal, Seychelles, Sierra Léone, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie

Etats Signataires : Algérie, Burkina Faso, Burundi,

164 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Cameroun, Ethiopie, Mali, Somalie.

Liens : http://disarmament.un.org/treaties/

Traité des fonds des mers et des océans

Signature le 11 février 1971 ; entré en vigueur le 18 mai 1972 ; dépositaires : les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume Uni, la Russie.

Au travers de ce traité, les Etats se sont engagés à ne pas placer ou installer dans les fonds des mers, des océans ou dans leurs sous-sols aucune arme nucléaire, aucune installation de lancement ou d’entrepôt de stocks d’armes en vue de leur utilisation. 15 Etats africains, sont parties à ce traité.

Etats parties : Afrique du Sud, Bénin, Botswana, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Lesotho, Maroc, Maurice, Niger, Rwanda, Seychelles, Swaziland, Togo, Tunisie, Zambie

Liens : http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/tsea.shtml

Protocole de Genève de 1925 sur lesarmes chimiques et biologiques Ouvert à signature le 17 juin 1925 ; entré en vigueur le 8 février 1928 ; dépositaire : le gouvernement français.

Premier texte à interdire l’usage des armes chimiques et biologiques, sa portée reste limitée car il n’interdit pas la production de telles armes et ne dispose d’aucun régime de vérification des dispositions. Mais le Secrétaire Général des Nations Unies peut mener une enquête en cas de soupçon de non-respect des dispositions. Le Protocole interdit l’emploi à la guerre,

de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que de tous liquides, matières ou procédés analogues, et l’emploi de moyens de guerre bactériologiques. Au moment de l’adhésion au traité, un certain nombre d’Etats ont émis des réserves leur permettant de se réserver le droit de riposter à armes égales contre toute attaque chimique lancée contre eux, contre les Etats parties au protocole ou même les Etats non membres.

34 pays africains sont parties : Afrique du Sud (1930), Algérie (1992), Angola (1990), Bénin (1986), Burkina Faso (1971), Cabo Verde (1991), Cameroun (1989) Côte d’Ivoire (1970), Egypte (1928), Ethiopie (1935), Gambie (1966), Ghana (1967), Guinée-Bissau (1989), Guinée équatoriale (1989), Kenya (1970), Lesotho (1972), Libéria (1927), Libye (1971), Madagascar (1967), Malawi (1970), Maroc (1970), Maurice (1968), Niger (1967) Nigéria (1968), Ouganda (1965), République centrafricaine (1970), Tanzanie (1963), Rwanda (1964), Sénégal (1977), Sierra Leone (1967), Soudan (1980), Swaziland (1991), Togo (1971), Tunisie (1967) et ).

Liens : Protocole de Genève : http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/geneva.shtml https://www.icrc.org/dih/INTRO/280?OpenDocument

Convention sur la protection physique des matières nucléaires

Ouvert à signature le 3 mars 1980 à New York et à Vienne ; entré en vigueur le 8 février 1987 et amendé en 2005 ; dépositaire : le Directeur Général de l’AIEACe traité signé à Vienne, est le seul concernant la sécurité physique des matériels nucléaires qui soit de nature juridiquement contraignante. Il prévoit des mesures de prévention, détection de matériels nucléaires et établit des sanctions à l’encontre de leur mauvais usage. Il a été amendé lors de la conférence

165GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

de juillet 2005 afin de renforcer les mesures qu’il prévoit. Ce qui en a fait un traité juridiquement contraignant. Cet amendement oblige les États à protéger, pendant le transport international et conformément aux niveaux convenus, les matières nucléaires utilisées à des fins pacifiques. Il est interdit aux États parties d’exporter, d’importer ou d’autoriser le transit sur leur territoire de matières nucléaires à moins qu’ils n’aient reçu la garantie que ces matières seraient protégées conformément aux dispositions de la Convention. Les États parties sont aussi tenus d’informer les autres États parties en cas de vol simple, de vol qualifié ou de détournement de matières nucléaires. 13 Etats africains ont ratifié le traité amendé.

Ratification africaine du traité amendé (13) : Algérie, Botswana, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Ghana, Kenya, Lesotho, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigéria, Seychelles, Tunisie

Liens : Texte de la Convention sur : https://www.iaea.org/publications/Documents/Conventions/convention-physical-protection-nuclear-material - https://www.iaea.org/Publications/Documents/Conventions/cppnm_amend_status.pdfSite officiel de l’AIEA, INFCIRC/274/Rev.1, May 1980.

B- Les résolutions

a- Les résolutions du conseil de sécurité et de l’AG des Nations Unies

Résolution A/RES/68/42 du 5 décembre 2003 relative à la suite donnée à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires

Cette résolution rappelle l’obligation qu’ont les Etats

de poursuivre de bonne foi et de mener à terme, des négociations en vue du désarmement nucléaire de tous sous un contrôle international qui se veut strict et efficace. Les Etats sont priés de satisfaire au plus vite à cette obligation afin de conclure une convention dans le but d’interdire la mise au point, la fabrication, l’essai, le déploiement, le stockage, le transfert, la menace ou l’emploi des armes nucléaires tout en prévoyant leur élimination et de tenir informer le Secrétaire Général des Nations Unies de leurs efforts.

Texte de la résolution : http://www.un.org/fr/ga/68/resolutions.shtml http://http://www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/

Résolution A/RES/68/68 du 5 décembre 2003relative au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires

Cette résolution prie vivement tous les Etats de rester saisis de la question au plus haut niveau politique et, ces derniers doivent s’ils le peuvent, œuvrer en faveur de l’adhésion au Traité, par les moyens de sensibilisation bilatérale ou conjointe, de colloques et d’autres moyens. Il est sollicité du Secrétaire Général d’établir un rapport exposant les efforts effectués par les États qui ont ratifié le traité dans le cadre de l’universalisation de ce dernier, et de proposer assistance aux Etats dans le processus de ratification si besoin est.

Texte de la résolution : http://www.un.org/fr/ga/68/resolutions.shtml http://www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/

Résolution A/RES/1(I) sur la « Création d’une commission chargée d’étudier les problèmes

166 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

soulevés par la découverte de l’énergie atomique »du24janvier1946

La Commission a pour rôle d’examiner en profondeur le problème qui lui a été soumis et émet des recommandations à la suite de ses constatations. Les recommandations qu’elle formule ont pour but de favoriser les échanges scientifiques entre les Etats en vue d’un usage pacifique, le contrôle de l’énergie atomique pour un usage pacifique, l’élimination des armements nationaux atomiques responsables de destruction massive, la prise de mesures de sauvegarde par des inspections qui pourront protéger les Etats respectueux des engagements qu’ils ont pris afin de les protéger d’éventuelles violations ou de détournements. La Commission a pour devoir de soumettre ses recommandations aux autres organes des Nations Unies afin que ces derniers les examinent.

Liens :http://research.un.org/en/docs/ga/quick/regular/1 http://www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/

Résolution 1887 du Conseil de Sécurité desNationsUniesdu24Septembre2009

Cette résolution engage les Etats à échanger leurs pratiques les plus efficaces afin d’augmenter la sécurité nucléaire dans le but d’éviter les risques de terrorisme nucléaire, demande aux Etats de réduire au mieux possible l’emploi de l’uranium hautement enrichies à des fins civiles ainsi que la production de radio-isotopes. Les Etats sont exhortés à mettre en œuvre les meilleurs moyens afin d’empêcher le trafic illicite de matière nucléaire et renforcer les capacités dans ce domaine. Il est expressément stipulé qu’il faut combattre le financement de la prolifération nucléaire, renforcer les contrôles à l’exportation et sécuriser les matières dites sensibles.

Liens :http://www.un.org/press/en/2009/sc9746.doc.shtml http://www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/

Résolution1540adoptéeparleConseildesécuritéle28avril2004 La résolution 1540 (2004) vise à prévenir la prolifération des armes de destruction massive du fait d’acteurs non étatiques. Adoptée sous le chapitre VII de la Charte de l’Organisation, elle fixe des obligations à la charge de chacun des Etats membres, de manière juridiquement contraignante. Elle met en place le Comité 1540, chargé du suivi et de la facilitation de l’application de la résolution par les Etats.

Liens : Comité 1540 : http://www.un.org/fr/sc/1540/ PV http://www.un.org/fr/sc/1540/resolutions-and-presidential-statements/sc-resolutions.shtml

LaRésolutionA/RES/65/45adoptéele8décembre2010

Cette résolution souligne que des efforts soutenus sont nécessaires dans le cadre de la Conférence du désarmement et que les approches mondiales et régionales du désarmement sont complémentaires. Les Etats sont invités à conclure des accords de non-prolifération des armes nucléaires. Sont encouragés les efforts visant à la promotion des mesures de confiance sur le plan régional. La question du désarmement régional est inscrite à l’ordre du jour provisoire. La résolution a été adoptée sans avoir été mise aux voix, tel que le mentionne le procès-verbal A/65/PV.60.

Liens : Résolution 65/45 : http://www.un.org/fr/ga/65/resolutions.shtml ; http://www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/

167GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

b- Les résolutions du Conseil de Paix et Sécurité de l’Union africaine

Résolution 1395 (LVI) sur l’application de larésolution sur la dénucléarisation de l’Afrique (CM/RES.1395((LVI))

Le groupe intergouvernemental d’experts composés de l’Algérie, le Cameroun, l’Egypte, l’Ethiopie, Maurice, la Namibie, le Nigéria, , la RDC, le Sénégal, le Soudan, le Togo, et le Zimbabwe, est chargé d’examiner les rapports des Experts de Nations Unies dans le cadre de la préparation d’une convention ou traité sur la dénucléarisation de l’Afrique pour laquelle une réunion sera convoquée. L’assistance du Secrétaire général des Nations Unies est vivement sollicitée dans le cadre de cette réunion. Il a donc été demandé à la suite de cela au Secrétaire de l’OUA (actuellement UA), de prendre les mesures nécessaires afin de mettre en œuvre la résolution.

Liens : http://www.peaceau.org/fr/resource/documents?idtype=16

Résolution sur la mise en œuvre du traité instituant l’Afriquecommezoneexempted’armesnucléairesdu23juin1995(CM/RES.1529(LXII))

Dans cette résolution, est adopté le rapport de réunion conjointe du groupe intergouvernemental de l’Union Africaine et du groupe d’experts OUA/ONU, et il a été décidé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires ne portait pas atteinte à la souveraineté des Etats. Ainsi il est considéré dans cette résolution que la création de cette zone renforcerait la sécurité de l’Afrique. Le projet du Traité de Pélindaba est soumis. Les Etats détenant des armes nucléaires sont sollicités afin d’apporter leur appui en adhérant aux trois protocoles qui le complètent.

Liens : http://www.peaceau.org/fr/resource/documents?idtype=16

Résolution sur l’accélération du processus de ratificationdutraitésurlazoneafricaineexempted’armes nucléaires (CM/RES.1660(LXIV)) du 5juillet1996

Cette résolution invite expressément les Etats qui n’ont pas encore signé le traité sur la Zone africaine exempte d’armes nucléaires à le faire le plus vite possible. Elle demande aux Etats qui l’ont signé de le ratifier. La viabilité de cette zone sera encore plus renforcée par la création d’une zone de la même nature au Moyen-Orient. En dernier lieu, les Etats membres sont invités à respecter le continent africain comme une zone exempte d’armes nucléaires.

Liens : http://www.peaceau.org/fr/resource/documents?idtype=16

Résolution sur la révision de la convention des Nations Unies de 1980 sur certaines armes chimiques et sur les problèmes par la prolifération des mines antipersonnel en Afrique (CM/RES.1628 (LXIII))du28février1996

Les Etats qui ne le sont pas encore, sont exhortés à devenir parties à la Convention des Nations Unies de 1980 sur certaines armes classiques et surtout à son protocole II, à participer à la session de conférence d’examen, à Genève du 22 avril au 3 mai 1996. Les organisations sous régionales africaines et leurs présidents sont invités à prendre des mesures efficaces afin d’œuvrer à l’éradication des mines antipersonnel. L’appui de la communauté internationale est vivement sollicité dans le cadre de l’assistance aux victimes de ces mines et dans le cadre des opérations

168 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

de déminage. Les pays concernés fourniront les informations nécessaires quant à l’emplacement de ces mines. Le renforcement de l’autosuffisance dans les domaines visés est vivement souhaité.

Liens : http://www.peaceau.org/fr/resource/documents?idtype=16

2- Les armes chimiques et biologiques

A- Les conventions

Convention pour l’interdiction des armes chimiques (CIAC)

Signé le 13 janvier 1993 à Paris; entrée en vigueur le 29 avril, 1997; dépositaire : le dépositaire est le Secrétaire général des Nations Unies.

La CIAC est un traité multilatéral interdisant de mettre au point, de fabriquer, d’acquérir, de stocker, de conserver, de transférer ou d’employer des armes chimique. Les Etats s’engagent donc à détruire les armes chimiques et les installations relatives à leur fabrication en leur possession ou qu’ils ont pu abandonner sur le territoire d’un autre Etat partie. Elle se base sur trois principes majeurs : l’interdiction complète des armes chimiques, la destruction des arsenaux existants, un régime de vérification des engagements pris dans le cadre de la Convention. La CIAC comporte un régime de vérification important avec des inspections initiales, des inspections régulières et des inspections sur place et est gérée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) qui a été créée en vertu de la Convention

Etats parties : Tous les Etas africains membres de l’ONU sauf l’Egypte et le Soudan du sud

Etats non signataires : Egypte et Soudan du Sud.

Liens : http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/cwc.shtml

Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination

Ouverte à la signature le 10 Octobre 1980 ; entrée en vigueur, le 2 décembre 1983 à New York (et les protocoles I, II et III) ; dépositaire : le Secrétaire général des Nations Unies

La Convention elle-même est un accord-cadre complété par ses Protocoles, et elle ne contient que des dispositions générales. Elle n’inclut pas de dispositions interdisant directement l’emploi de certaines armes particulières. Les dispositions concernant les interdictions ou les limitations de l’emploi des armes particulières se trouvent dans les Protocoles annexés à la Convention. Selon l’article 4, paragraphe 3 de la Convention, « un Etat ne pourra devenir Partie à la Convention qu’à condition que, au moment du dépôt de son instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion, il notifie au Dépositaire son consentement d’être lié par au moins deux de ces Protocoles ».

Ratification : Afrique du Sud (1995), Algérie (2015), Bénin (1989), Burkina-Faso (2003), Burundi (2012), Cap Vert (1997), Cameroun (2006), Djibouti (1996), Gabon (2007), Guinée Bissau (2008), Lesotho (2000), Liberia (2005), Madagascar (2008), Mali

169GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

(2001), Maroc (2002), Maurice (1996), Niger (1992), Ouganda (1995), Sénégal (1999), Seychelles (2000), Sierra Léone (2004), Togo (1995), Tunisie (1987), Zambie (2013).

Signature : Egypte (1981), Nigéria (1982) et Soudan (1981)

Lien : https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/States

Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques(biologiques)ouàtoxinesetsurleur destruction

Ouverture à la signature le 10 avril 1972 à Londres, Moscou et Washington ; entrée en vigueur le 23 mars 1975, dépositaires : Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie.

Rédigée par la Conférence du Comité du désarmement, la Convention sur les armes biologiques et à toxine est limitée aux armes biologiques. Elle n’inclut pas les armes chimiques car un accord sur le contrôle international ne pouvait pas être atteint. La fabrication, la mise au point, le stockage et l’acquisition d’armes bactériologiques ou toxines à des fins non prophylactiques, ou non pacifiques est interdite. Les substances visées devaient être détruites ou converties à des fins pacifiques au plus tard neuf mois après l’entrée en vigueur de la Convention. Un examen du fonctionnement de la convention est effectué tous les 5 ans. La présente convention traite du désarment et a un rapport étroit avec le Protocole de Genève de 1925. Elle impose aux Etats l’obligation de coopérer afin de régler les problèmes découlant de l’application de ces dispositions et en cas de soupçon de violation par un Etat, une plainte peut être déposée à son encontre.

Etats parties : Afrique du Sud, Algérie, Bénin,

Botswana, Congo, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gabon, Ghana, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Lybie, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Maroc, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, Rwanda, République Démocratique du Congo, Sao-Tome-et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Swaziland, Soudan, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe

Etats signataires : Egypte, Liberia, République centrafricaine, Somalie et Tanzanie.

Etats ni parties ni signataires : Angola, Comores, Djibouti, Erythrée, Guinée, Namibie et Soudan du Sud, Tchad

Liens : Texte de la convention http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/btwc.shtml

B- Les protocoles

Protocolesadditionnels(IetII)àlaConventiondeGenèvede1949relatifàlaprotectiondesvictimesdesconflitsarmés.

Les principaux instruments du droit humanitaire sont les Conventions de Genève du 12 août 1949 pour la protection des victimes de la guerre. Ces traités protègent les combattants blessés et malades, les naufragés, les prisonniers de guerre, les personnes civiles, les missions médicales, le personnel sanitaire, les unités et installations sanitaires ainsi que les moyens de transports sanitaires. Toutefois, elles présentent des lacunes dans des domaines importants, tels que le comportement des combattants et la protection de la population civile contre les effets des hostilités. Pour

170 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

y remédier, deux protocoles ont été adoptés en 1977 qui complètent, les Conventions de Genève de 1949.Le Protocole I est relatif à la protection des victimes de conflits armés internationaux. Ce protocole est né de l’apparition de nouvelles méthodes de combat, ainsi qu’en raison du caractère désuet des règles applicables à la conduite des hostilités. Les populations civiles sont désormais protégées contre les effets de la guerre.

Ratifications/Adhésions (36) : Afrique du Sud, Angola, Bénin, Burundi, Cap Vert, Cameroun, Congo, Djibouti, Ethiopie, Gabon, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Libye, Mali, Maurice, Mozambique, Namibie, Nigéria, Ouganda, République unie de Tanzanie, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Tchad, Zambie et Zimbabwe

Signatures et ratifications/Adhésions (9) : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Egypte, Ghana, Madagascar, Maroc, Sénégal, et Togo

Liens : https://www.icrc.org/dih/INTRO/470

Le Protocole II est relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux: L’objectif était de rendre applicables les règles principales du droit des conflits armés au contexte des conflits internes. Mais cela fut sans compter l’existence d’un certain nombre d’obstacles non négligeables et les efforts déployés se sont notamment heurtés à la crainte que le Protocole puisse porter une quelconque atteinte à la souveraineté des Etats, c’est-à-dire d’empêcher les gouvernements d’assurer le respect du droit et le maintien de l’ordre à l’intérieur de leurs frontières, ou que le protocole soit invoqué dans le but de justifier une intervention étrangère sur leur territoire. 48 états africains ont participé.

Etas parties : Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Botswana, Burkina Faso Burundi, Cap-Vert, Cameroun, Congo, Djibouti, Egypte, Ethiopie, Gabon, Ghana, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Libye, Malawi, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, République unie de Tanzanie, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe

Liens : https://www.icrc.org/dih/INTRO/475?OpenDocument

II- LES ARMES CONVENTIONELLES

1- LES ARMES CLASSIQUES ET LES ALPC

A- Les conventions

1- Les conventions dans le cadre onusien

Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression des crimes de génocide

Ouverte à la signature le 9 décembre 1948 ; entrée en vigueur le 12 janvier 1951, dépositaire : Le Secrétaire Général des Nations Unies.

171GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Elle est adoptée en réponse aux atrocités commises durant la période de la seconde guerre mondiale, et fait aussi suite à la résolution 180(II) de l’Assemblée générale du 21 décembre 1947, dans laquelle les Nations Unies reconnaissaient que «le crime de génocide est un crime international qui comporte des responsabilités d’ordre national et international pour les individus et pour les États». Cette convention donne une définition du crime de génocide notamment en ce qui concerne l’intention requise et les actes prohibés (article II) et précise qu’il peut s’opérer en temps de paix comme en temps de guerre.

Adhésions (28) : Afrique du Sud, Algérie, Burkina Faso, Burundi, Cap Vert, Comores, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Lesotho, Libye, Mali, Maroc, Mozambique, Namibie, Nigéria, Ouganda, République unie de Tanzanie, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Soudan, Togo, Tunisie et Zimbabwe.Signatures et ratifications (3) : Egypte, Ethiopie et LibériaSuccessions (1) : République démocratique du Congo.

Liens : https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=IND&mtdsg_no=IV-1&chapter=4&lang=fr https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/States.xsp?xp_viewStates=XPages_NORMStatesParties&xp_treatySelected=357

Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination

Ouverture à la signature le 10 octobre 1980 à Genève ; entrée en vigueur le 2 Décembre 1983 ; dépositaire : le Secrétaire Général de l’ONU

Cette Convention est un accord-cadre complété par trois Protocoles (I, II, III), et elle contient des dispositions générales. Elle ne contient pas de directives particulières interdisant directement l’emploi de certaines armes particulières. Les dispositions concernant les interdictions ou les limitations de l’emploi de ces armes se trouvent essentiellement dans les Protocoles annexés. Un Etat ne pourra devenir Partie à la Convention qu’à condition de signifier, au moment du dépôt de son instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion, lors de la notification au dépositaire, de son consentement à être lié par au moins deux de ces Protocoles.

Signatures (3) : Nigéria et Soudan, Egypte, Signatures et Ratifications (2) : Maroc et Sierra LéoneAdhésions (21) : Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap Vert, Cameroun, Djibouti, Gabon, Guinée Bissau, Lesotho, Libéria, Madagascar, Mali, Maurice, Niger, Ouganda, Sénégal, Seychelles, Tunisie et ZambieSignatures et Acceptations (1) : Togo

Liens : https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXVI-2&chapter=26&lang=fr

2- Les conventions dans le cadre africain

Convention de la CEDEAO sur les Armes Légères de Petit Calibre et leurs munitions et autres matériels connexes

Adoptée le 14 juin 2006 et entrée en vigueur en 2009 ; dépositaire : Le Secrétaire exécutif de la CEDEAO

Cette Convention qui est un instrument juridiquement

172 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

contraignant a été adoptée le 14 juin 2006 à Abuja (Nigéria) et est entrée en vigueur le 29 septembre 2009 après avoir été ratifiée par dix Etats membres. Cette convention tire sa force de l’article 58 du Traité révisé de la CEDEAO relatif à la Sécurité régionale.

Elle est le résultat du processus de transformation du Moratoire de la CEDEAO signé le 31 octobre 1998 sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères en une convention juridiquement contraignante. Le moratoire présentait des lacunes et sa mise en œuvre fut difficile. Elle contient plusieurs dispositions originales, parmi lesquelles l’interdiction pour les États membres d’importer ou d’exporter des armes légères dans la sous-région sauf en cas d’exemption délivrée par la Commission de la CEDEAO. Les objectifs de cette convention sont de combattre l’accumulation excessive et déstabilisatrice des armes, pérenniser la lutte pour le contrôle des armes légères, consolider les acquis du moratoire sur l’exportation, l’importation et la fabrication de ces armes, promouvoir la confiance entre les Etats membres, renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles du Secrétariat exécutif de la CEDEAO et des Etats Membres dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et autres matériels connexes et promouvoir l’échange d’information importantes entre Etats.

Signatures (13) : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo

Ratifications (11) : Bénin, Burkina Faso, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo

Liens : http://www.poa-iss.org/RegionalOrganizations/7.aspx

Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation etassemblage

Adoptée le 30 avril 2010 à Kinshasa; pas encore en vigueur ; dépositaire : le Secrétaire général de l’ONU

La Convention sera ouverte à la signature de tous les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la République du Rwanda, États membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, à Brazzaville, le 19 novembre 2010, et, par la suite, au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, jusqu’à son entrée en vigueur, conformément au paragraphe 1 de son article 35.

Cette convention porte sur le renforcement du contrôle des armes légères et de petit calibre et lutte contre leur commerce et trafic illicites en Afrique Centrale. Il est question des transferts d’armes, de l’autorisation de la détention d’armes à feu par les civils et des modalité qui sont imposés en la matière, de la fabrication, détention et réparation des armes, des mécanismes opérationnels tels que le courtage à la sécurisation et à la gestion des stocks, la transparence et l’échange d’informations, l’harmonisation des législations nationales, les arrangements institutionnels. Il est précisé dans les dispositions de cette convention que les obligations liant les Etats, ne doivent pas être interprétées comme étant en contradiction avec l’esprit d’accords liant les Etats parties à un Etat tiers et en cas de différents entre Etats, en matière d’interprétation, ils sont vivement invités à se concerter afin de le régler.

Signatures (11) : Angola, Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Gabon, Guinée

173GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

équatoriale, République du Congo, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et Tchad

Ratifications (4) : Cameroun, Congo, République centrafricaine et TchadAcceptation (1) : Gabon

Liens : https://treaties.un.org/pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXVI-7&chapter=26&lang=fr

B- Les traités

Le Traité sur le Commerce des Armes

Adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 2 avril 2013 ; ouvert à la signature le 3 juin 2013 ; entrée en vigueur le 24 décembre 2014 ; dépositaire : le Secrétaire général de l’ONU

Entré en vigueur moins de deux ans après son adoption, les négociations pour l’adoption de ce traité avaient été lancées en 2009 par l’adoption de la résolution 64/48 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Il est le fruit de la mobilisation des ONG et de plusieurs États. Le Traité sur le Commerce des Armes (TCA) est le premier instrument universel juridiquement contraignant qui prévoit des standards internationaux de règlementation du commerce des armes classiques. Le but de ce traité est de veiller à la régulation du commerce licite des armes et par conséquent de lutter contre le commerce illicite d’armes à feu. Ce traité se veut contraignant en imposant plus de transparence en matière de transfert d’armement.

Signatures et ratifications (17) : l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la

Guinée, Lesotho, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, l’Île Maurice, le Niger, le Nigeria, la République Centrafricaine, le Sénégal, les Seychelles, le Sierra Leone, le Tchad, et le Togo.

Liens : https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=IND&mtdsg_no=XXVI-8&chapter=26&lang=fr Département des Nations Unies aux affaires de désarmement : https://www.un.org/disarmement/ATT/ ; http://disarmament.un.org/treaties/t/att

C- Les protocoles

ProtocoledelaSADCsurlecontrôledesarmesàfeu et de leurs munitions

Signé le 9 mars 2001 ; entrée en vigueur le 8 novembre 2004 ; dépositaire : le Secrétaire exécutif de la SADC

De sa dénomination complète « Protocole de la SADC sur le contrôle des armes à feu, des munitions et d’autres matériels connexes », ledit protocole réunit les quatorze pays de l’Afrique Australe et a pour but de trouver et de mettre en place les moyens nécessaires afin de répondre à l’urgence de la lutte contre la fabrication illicite d’armes et de leurs munitions ainsi que d’autres éléments qui s’y rattachent, le trafic, la possession et l’usage illicite de ses armes. Il poursuit trois objectifs principaux à savoir : prévenir, combattre et éradiquer la fabrication illicite des ALPC et de leurs munitions; encadrer les transferts légaux de ces armes; et harmoniser les différentes législations nationales. Ce protocole expose la problématique de la capacité à être opérationnel quant au traçage et à l’enregistrement des armes à feu, la transparence de l’échange et de la communication d’informations, la prise de conscience des populations sur la question

174 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

du trafic illicite et d’armes et le réaménagement institutionnel afin de garantir une meilleure mise en application des mesures nécessaires. Ce protocole mentionne aussi la question relative à la détention d’armes à feu par les civils et des dispositions qui s’y rattachent.

Signatures :(14): Angola, Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Seychelles, Swaziland, RDC, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.Ratifications (10) : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Tanzanie.

Liens : Protocole de la SADC sur les armes à feu et leurs munitions : www.sadc.int/ ; http://www.poa-iss.org/RegionalOrganizations/SADC/Instruments/SADC%20Protocol.pdf

Le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la Région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique

Ouvert à signature le 21 avril 2004 ; entrée en vigueur en le 5 mai 2006 ; dépositaire : Secrétariat de NairobiPrécédemment Déclaration de Nairobi, cet instrument devient un protocole le 21 avril 2004, il est le premier accord contraignant sur les armes légères dans la région des grands lacs et dans la corne de l’Afrique. Sensiblement identique à celui de la SADC, le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la Région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique a pour but de favoriser la sécurité des populations, la mise en place par tous les Etats de normes légales adéquates, ayant force obligatoire dans le but d’exercer un contrôle plus efficace sur la possession et le transfert des Armes

Légères de petit calibre. Il réunit 11 pays des régions mentionnées.

Signatures (11) : Burundi, RD Congo, Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie et Ouganda. Les Seychelles se sont ajoutées à la liste en 2004 et la Somalie en 2005Ratification (9) : Burundi, Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Kenya, République démocratique du Congo, Rwanda, Uganda, Soudan.

Liens : Déclaration de Nairobi : http://www.poa-iss.org/RegionalOrganizations/8.aspx

D - Les déclarations

La Déclaration de Bamako sur la position africaine commune sur la prolifération, la circulation et le traficillicitesdesALPCadoptéele3novembre2000

Elle est issue de la première réunion des Ministres des États membres de l’organisation de l’Union Africaine, qui s’est tenue du 30 Novembre au 1er décembre 2008. Elle fait état de la nécessité de résoudre les problèmes de prolifération des Armes Légères de Petit Calibre afin de promouvoir la paix, la sécurité et le développement en Afrique et ce, dans le cadre de la préparation de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects, prévue à New York du 9 au 20 juillet 2001. Cette déclaration a permis l’adoption en décembre 2005 lors de la seconde conférence continentale d’experts gouvernementaux sur le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre, de la position commune de Windhoek qui réactualise les recommandations aux États formulées dans la Déclaration de Bamako et demande à la Commission de l’UA d’organiser et d’assurer le suivi des propositions formulées dans la Position, et notamment de «convoquer un atelier

175GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

technique et juridique afin de développer un instrument légalement contraignant en vue de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre». Y ont participé tous les états membres de l’Organisation de l’Unité Africaine.

Liens : Déclaration de Bamako: http://www.peaceau.org/uploads/bamako-declaration-fr.pdf;http://www.poa-iss.org/RegionalOrganizations/AU/Windhoek%20Common%20Position.pdf

Déclaration de Khartoum

Signée le 23 mai 2012 ; pas encore entrée en vigueur ; dépositaire : Commission nationale soudanaise pour l’UNESCO.

Elle porte sur le contrôle des Armes Légères de Petit Calibre dans le Soudan Ouest. Cette déclaration vise à favoriser la coopération et la coordination des efforts entre les pays susmentionnés dans le but de lutter contre la prolifération des Armes Légères. Les Etats signataires se mettent d’accord pour maintenir leurs efforts dans le cadre de la résolution pacifique des conflits exacerbés par la prolifération d’Armes Légères de Petit Calibre. Cette déclaration fait aussi état de la possibilité de prendre des initiatives conjointes en matière de contrôle aux frontières, de programmes d’entraînement de partage de données et d’harmonisation des législations nationales.

Signatures(5) : Centrafrique, Lybie, République Démocratique du Congo, Soudan et Tchad

Liens : Texte de la déclaration de Khartoum http://www.undp.org/content/dam/undp/library/crisis%20prevention/UNDP_SD_CPR_Khartoum_Declaration_SALW.pdf

E- Les registres et les codes de conduite des Nations Unies

Registre des Nations Unies pour les armes conventionnelles

L’Assemblée générale des Nations Unies a créé en 1992, un registre des armes classiques dans le but de renforcer la confiance entre les Etats. Il est prévu que les gouvernements communiquent des informations sur les exportations et importations de sept types d’armes bien ciblés que sont : que les navires de guerre ainsi que les sous-marins, les chars d’assaut, les véhicules blindés de combat, les avions de combat, les hélicoptères d’attaque, les pièces d’artillerie de gros calibre et les missiles et lanceurs de missiles, et les systèmes portables de défense aérienne à courte portée. 160 États ont communiqué des données à inclure dans le registre une ou plusieurs fois et ce registre est consultable par le public.

Liens : h t t p : / / w w w . u n . o r g / f r / d i s a r m a m e n t /conventionalarms/register.shtml

Registre de contrôle des exportations de missiles (MTCR)

C’est un regroupement informel et volontaire de pays qui ont pour objectif d’empêcher la prolifération des vecteurs non pilotés d’armes de destruction massive. Ils cherchent aussi à coordonner les efforts de prévention par le biais des régimes nationaux de licences d’exportation. Le MTCR a été créé en 1987 à l’initiative de 7 pays que sont le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis et compte depuis sa création 34 pays disposant de droits égaux. La naissance du MTCR

176 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

est en partie due, à la prolifération grandissante des armes de destruction massive. Les décisions du RCTM sont prises par consensus et ses partenaires échangent régulièrement des renseignements sur les questions concernant les régimes nationaux de licences d’exportation.

Pays africain partenaire (1) : Afrique du Sud

Liens : MTCR http://mtcr.info/french/index.html

Le Code conduite de la Haye sur la prolifération des missiles HCoC

Le Code est le résultat d’efforts concertés de la communauté internationale pour réguler les activités dans le domaine des missiles balistiques. Signé le 25 novembre 2002, le Code est le seul instrument multilatéral à vocation universelle qui traite spécifiquement des missiles balistiques. Les Etats qui y souscrivent s’engagent à la retenue dans le développement, l’essai et le déploiement de missiles balistiques ayant la capacité de vectoriser des armes de destruction massive. Les Etats s’engagent à fournir une déclaration annuelle sur leur politique en matière de missiles balistiques, et à pré notifier d’éventuels tirs de missiles balistiques, ou d’éventuels lancements de lanceurs spatiaux. Le Code vise à établir la confiance à travers des mesures de transparence, sans interdire les activités liées aux missiles balistiques. Tous les Etats, qu’ils soient ou non dotés de missiles balistiques, peuvent utilement souscrire au Code.

Le Code vise à : prévenir et lutter contre la prolifération des missiles balistiques pouvant emporter des armes de destruction massive (ADM) ; contribuer à renforcer et augmenter l’adhésion aux mécanismes multilatéraux de désarmement et de non-prolifération ; renforcer la sécurité et stabilité internationales et régionales ;

construire et renforcer la confiance et la transparence ainsi qu’assurer la communauté internationales sur les intentions pacifiques des Etats.

Etats africains signataires (35) : Afrique du Sud, Benin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Libéria, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maroc, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Léone, Soudan, Tchad, Tanzanie, Turquie, et Zambie.

Liens : http://www.hcoc.at/Pour plus d’information sur le code de conduite de la Haye sur la prolifération des missiles HCoC : Consulter https://www,nonproliferation.eu/hcoc/

Le Programme d’action des Nations Unies, sur les ALPC (PoA)

Le problème de l’accumulation et les transferts illicites des armes légères et de petit calibre ont conduit à la réalisation de deux études consacrées à ces questions par des experts en 1997 et en 1999 respectivement. Par la suite, la première Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères de toute nature s’est tenue à New York en 2001. Elle a adopté un programme d’action assorti de recommandations aux échelles nationales, régionales et mondiales. Des effets ont pu être constatés d’où l’ouverture en 2004 de négociations sur un instrument international permettant l’identification et le traçage rapides et fiables des armes de petit calibre et légères illicites. Les progrès dans la mise en œuvre du PA en Afrique concernent le marquage et le traçage des armes légères ainsi que les discussions sur le courtage. Avec le TCA, d’autres domaines ont été identifiés, nécessitant une collaboration entre Etats africains.

177GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Liens : http://www.un.org/fr/disarmament/conventionalarms/

LES MINES ANTI ANTIPERSONNEL ET LES ARMES A SOUS-MUNITION

Traité d’Ottawa sur l’interdiction des minesantipersonnel

Ouvert à la signature le 18 Septembre 1997 ; entrée en vigueur le 1 mars 1999 ; dépositaire : le Secrétaire Général de l’ONU

Ce traité international de désarmement interdit l’acquisition, la production, le stockage et l’utilisation des mines antipersonnel. Cette convention a pour but de pallier les insuffisances du Protocole II de la Convention sur certaines armes classiques dont certaines dispositions ont été jugées inadaptées pour répondre efficacement au défi de l’interdiction totale des mines antipersonnel. Ce traité dit d’Ottawa a eu un succès mitigé puisqu’il n’y a pas eu d’adhésion massive de la part d’Etats faisant usage de mines antipersonnel ou étant producteurs de mines antipersonnel.

Etats parties : : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burundi, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Tanzanie, Rwanda, Sao Tome et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Léone, Soudan, Soudan du sud,

Somalie, Swaziland, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie et Zimbabwe

Liens : https://treaties.un.org/pages/ViewDetails.aspx?src=IND&mtdsg_no=XXVI-5&chapter=26&lang=fr&clang=_fr

Conventiond’Oslosurlesarmesàsous-munitions

Adoptée et ouverte à la signature le 30 mai 2008 ; entrée en vigueur le 1 août 2010 ; dépositaire : Le Secrétaire général de l’ONU

Cette convention est le résultat du processus d’Oslo qui comprenait l’ONU, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et la société civile représentée par la Coalition contre les armes à sous-munitions. A la suite des progrès significatifs notés lors des conférences qui se sont déroulées à Lima (mai 2007), à Vienne (décembre 2007) et à Wellington (février 2008), à la conférence diplomatique de Dublin en mai 2008, 107 états se sont mis d’accord sur le texte d’une nouvelle convention. Il a été mis en place, un instrument international juridiquement contraignant qui interdit l’emploi, la production, le transfert et le stockage des armes à sous-munitions qui entraînent des dommages aux populations civiles. Elle établit un cadre de coopération et d’assistance pour les soins et la réadaptation des victimes ainsi que leurs communautés affectées, pour le nettoyage des régions affectées et pour la destruction des stocks d’armes interdites.

Signatures et Ratifications (25) : Afrique du Sud, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Cameroun, Congo, Cote d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Lesotho, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Tchad, Togo, Tunisie et Zambie

178 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Signatures (13) : Angola, Bénin, Djibouti, Gambie, Kenya, Libéria, Madagascar, Namibie, Nigéria, Ouganda, République Centrafricaine, République démocratique du Congo, République unie de Tanzanie, Sao Tome et Principe, Adhésion (2): Maurice et Swaziland

Liens: https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXVI-6&chapter=26&lang=fr - https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/States.xsp?xp_viewStates=XPages_NORMStatesParties&xp_treatySelected=620

Dans le cadre de cette deuxième partie des annexes du présent guide, il est fait mention des organisations (africaines ou non), des centres et instituts de formation et de recherches et des réseaux pertinents qui interviennent dans le désarmement et la sécurité en Afrique. Ils sont classés en trois catégories : les organisations internationales, les organisations régionales et les centres et réseaux. Chaque catégorie est subdivisée en organisations onusiennes et africaines. Chaque subdivision comporte des précisions fondées sur la nature juridique de l’organisation et la spécificité de leur travail sur le continent africain.

LES ORGANISATIONS D’ENVERGURE UNIVERSELLE

1- Organisations onusienne

ANNEXE B :

LES ORGANISATIONS INTERVENANT DANS LES DOMAINES DE SECURITE ET DE DESARMEMENT EN AFRIQUE

179GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

a- les organes des Nations Unies

L’Assemblée Générale de l’ONU (AG)Siège : New York (Etats-Unis) Site web : https://www.un.org Principal organe délibérant, décisionnaire et représentatif de l’Organisation des Nations Unies, l’Assemblée Générale, établie en 1945, est composée de 193 Etats. Elle offre un forum multilatéral de discussion unique sur toutes les questions internationales abordées dans la Charte. Elle dispose de six grandes commissions dont la première traite des questions de désarmement et des questions connexes de sécurité internationale.

Les actions de l’ONU sont coordonnées par un Secrétaire général qui a sous sa responsabilité un grand nombre d’institutions spécialisées et autres organismes autonomes actifs dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale.

Les pays africains membres de l’ONU et leur date d’adhésion : Afrique du Sud (1945), Algérie (1962), Angola (1976), Bénin (1960), Botswana (1966), Burkina Faso (1960), Burundi (1962), Cabo Verde1975), Cameroun (1960), Comores (1975), Côte d’Ivoire (1960), Djibouti (1977), Egypte (1945), Guinée Conakry (1958) Guinée Equatoriale(1968), Erythrée (1993), Ethiopie (1945), Gabon (1960), Gambie (1965), Ghana (1957), , Guinée Bissau (1974), Kenya (1963), Lesotho (1966), Libéria (1945), Libye (1955), Madagascar (1960), Malawi (1964), Mali (1960), Maroc (1956), Mauritanie (1961), Mozambique (1975), Namibie (1990), Niger (1960), Nigéria (1960), République Centrafricaine (1960), République du Congo (1960), République démocratique du Congo (1960),Rwanda (1962), Sao Tomé et Principe (1975), Sénégal (1960), Seychelles (1976), Sierra Leone (1961), Somalie (1960), Soudan (1956), Soudan du Sud (2011), Swaziland (1975), Tanzanie (1961), Tchad

(1960), Togo (1960), Tunisie (1956), Ouganda (1962), Zambie (1964), Zimbabwe (1980).

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies (CS)Siège : New York (Etats Unis) Site web : http://www.un.org/en/sc La Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Le Conseil compte 15 membres dont cinq (5) permanents et dix (10) non permanents. Le Conseil de sécurité est compétent au premier chef pour constater l’existence d’une menace contre la paix ou d’un acte d’agression. Il invite les parties ayant un différend à le régler par des moyens pacifiques et recommande les méthodes d’ajustement et les termes de règlement qu’il juge appropriés. Dans certains cas, il peut imposer des sanctions, voire autoriser l’emploi de la force pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. Aux termes de la Charte, tous les États Membres sont tenus d’appliquer les décisions du Conseil.

Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies (UNODA)Siège : New York (Etats Unies) Site web: http://www.un.org/fr/disarmament/

Initialement établi en 1982, le département a été renommé « Bureau des Affaires de Désarmement des Nations Unies » en 2007. L’UNODA promeut : le désarmement nucléaire et la non-prolifération ; renforce les régimes de désarmement concernant les armes de destruction massive, et les armes chimiques et biologiques ; et les efforts de désarmement dans le domaine des armes conventionnelles, spécialement les mines terrestres et armes légères. Faisant partie intégrante du Secrétariat Général des Nations Unies, le bureau soutient le développement et la mise en

180 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

œuvre des processus DDR des anciens combattants, gère plusieurs bases de données comprenant des informations sur le désarmement comme les dépenses militaires, les traités relatifs au désarmement, le rapport global du commerce sur les armes, etc. Il anime le Programme de bourses d’études des Nations Unies sur le désarmement visant à entraîner et à construire les capacités des officiels d’Etats membres en leur permettant de participer plus efficacement aux forums et négociations sur le désarmement international.

Aussi, il fournit un soutient conséquent et organisationnel pour la prise de décision politique dans le domaine du désarmement au travers du travail de l’Assemblée Générale et de son premier Comité, la Commission du désarmement, la Conférence du Désarmement et autres organes. Il encourage les mesures de désarmement à travers l’instauration du dialogue, de la transparence et de la confiance, et les efforts régionaux. Son centre régional en Afrique est situé au Togo.

Le Département des Opérations de Maintien de la Paix des Nations Unies (DOMP)Siège : New York (Etats Unis)Site Web: http://www.un.org/en/peacekeeping/

Le Département des Opérations de Maintien de la Paix des NU (DOMP) est dédié au maintien de la sécurité et de la paix internationales. Officiellement créé en 1992, l’origine du département est liée aux premières opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Moyen-Orient en 1948. En application des décisions du Conseil de Sécurité, il fournit une direction politique et exécutive aux opérations de maintien de la paix en cours et en préparation, maintient le contact avec les troupes et donateurs, ainsi qu’avec les parties au conflit.Mis en place en 2007, le Bureau des Institutions de l’Etat de Droit et de Sécurité du DOMP coordonne les activités du Département dans les domaines du déminage, du

désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de la réforme du secteur de la sécurité.

Les opérations du maintien de la paix des Nations Unies en Afrique: Angola, Erythrée, Ethiopie, Guinée Bissau, , Tchad, Libéria, Ouganda, Burundi, Côte d’Ivoire, Mozambique, Namibie, Sierra Leone, Somalie, Soudan, République Centrafricaine, République du Congo, Rwanda, République démocratique du Congo, Sahara Occidental, Mali, Soudan du Sud.

La Conférence du DésarmementSiège : Palais des Nations (Genève) Site web : https:// www.unog.ch/cd/

La Conférence du Désarmement est la seule instance multilatérale permanente chargée de négociations dans le domaine du désarmement. Elle a été instituée en 1979 et a succédé, depuis 1960, à d’autres instances de négociations notamment le Comité des dix puissances sur le désarmement, le Comité des dix-huit puissances sur le désarmement et la Conférence du Comité du désarmement. Malgré son rapprochement avec l’Assemblée Générale des Nations Unies, à laquelle, elle présente des rapports, la Conférence pour le Désarmement ne fait pas partie du système des Nations Unies. Son mandat couvre pratiquement tous les problèmes qui se posent à l’échelon multilatéral en matière de limitation des armements et de désarmement. La Conférence et les organes qui l’ont précédée ont négocié plusieurs accords multilatéraux de premier plan sur des questions de limitation des armements et de désarmement notamment le TNP, la convention sur l’interdiction d’utiliser les techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles, les traités relatifs au fond des mers, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes

181GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, ainsi que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Pays africains membres de la CD : Afrique du Sud, Algérie, Cameroun, République démocratique du Congo, Ethiopie, Egypte, Kenya, Maroc, Nigéria, Sénégal, Tunisie, Zimbabwe.

b- Les programmes, fonds, institutions et agences spécialisées des Nations Unies

OfficedesNationsUniescontreladrogueet le crime (ONUDC)Siège: New York (Etats Unis) Site-Web: http://www.unodc.org/

Mis en place en 1997 par la fusion entre le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) et du Centre pour la prévention internationale du crime des Nations Unies (CPIC), l’ONUDC lutte contre les drogues illicites et le crime international. Actuellement il opère dans toutes les régions du monde à travers un réseau étendu de bureaux extérieurs. Il possède quatre bureaux régionaux en Afrique localisés au Sénégal, en Afrique du Sud, au Kenya et en Egypte.

L’ONUDC s’attaque à des problématiques telles que la corruption, les armes à feu, le crime organisé, le crime et la piraterie maritime, le terrorisme, les crimes à caractères sexuels et sexistes, le trafic d’êtres humains etc. En traitant des questions associées à la criminalité et aux armes à feu, l’ONUDC a créé le programme global sur les armes à feu afin d’assister les Etats dans la construction de systèmes de justice criminelle pour

répondre efficacement aux défis posés par la criminalité organisée spécifiquement liée au trafic d’armes, de ses parties et composantes.

Service d’action anti-mines des Nations Unies (UNMAS)Site Web: http://www.mineaction.org/

Mis en place en 1997 par l’Assemblée Générale, l’UNMAS est localisé dans le Bureau des Institutions de l’Etat de Droit et de Sécurité du DOMP. Il est le point focal pour les actions anti mines dans le système des Nations Unies. Il s’assure de la mise en place d’une réponse efficace, proactive et coordonnée des Nations Unies au regard des mines terrestres et résidus de guerre explosifs.

Dans le cadre des opérations de maintien de la paix et des urgences ou crises humanitaires, l’UNMAS a installé des centres de coordination de la lutte anti mines qui développent des systèmes nationaux de gestion de l’information, de liaisons communautaires, des initiatives d’assistance aux victimes, la collecte des données en matière de mines terrestres. Ce service met aussi à disposition des conseils techniques sur la destruction de stocks de mines terrestres ; les opérations de gestion de la qualité des actions de déminage ; et la destruction et retrait des résidus de guerre explosifs, qui incluent des engins non explosés (bombes, mortiers et autres explosifs qui n’ont pas explosé à l’impact mais demeurent volatiles et dangereux) et des engins explosifs abandonnés, qui sont des explosifs inutilisés et laissés derrière par les forces armées.

ONU FemmesSiège: (New York) Etats-Unis Site Web: http://www.unwomen.org/

En juillet 2010, l’Assemblée Générale des Nations Unies

182 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

a créé ONU Femmes, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. A cet effet, les Etats Membres des Nations Unies ont franchi un pas historique en accélérant les buts de l’Organisation sur l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.

La création de ONU Femmes s’est produite dans le cadre du programme de réforme des Nations Unies. Elle est le fruit de la fusion de quatre entités distinctes du système des Nations Unies, et s’est appuyé sur leurs travaux focalisés exclusivement sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Depuis ses bureaux régionaux de Dakar et de Nairobi, et les bureaux nationaux et multinationaux, ONU Femmes met en œuvre des programmes adaptés aux pays, en collaboration étroite avec les gouvernements, le système des Nations Unies et la société civile en Afrique. Ses programmes sur les femmes, la paix et la sécurité sont guidés par une série d’engagements liés aux droits des femmes, le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes. Elle a mené d’importantes activités liées au désarmement et au soutien aux femmes au Libéria, au Mali et en Libye.

C- Les Comités contre le terrorisme et la non- prolifération

LeComité1540Siège : New York (Etats-Unis)Site Web: http://www.un.org/en/sc/1540/

Le Comité 1540 mis en place par la résolution 1540 (2004) est un organe subsidiaire du Conseil de sécurité, chargé de suivre et faciliter l’application de la résolution

par les Etats, afin de prévenir la prolifération des armes de destruction massive du fait d’acteurs non-étatiques. Le Comité 1540 rend compte au Conseil de sécurité. Le mandat du Comité 1540, initialement de deux ans, a fait l’objet de prorogations successives, à travers les résolutions 1673 (2006), 1810 (2008) et 1977 (2011). La résolution 1977 (2011) a consacré la quasi-permanence du Comité 1540, en étendant son mandat de dix ans, jusqu’en 2021. Il est composé des 15 membres du Conseil de sécurité.

Il est dirigé par un Président, auquel sont adjoints trois vice-Présidents. Depuis la création du Comité 1540, la présidence a toujours été assurée par un membre non-permanent du Conseil de sécurité, et l’une des vice-présidences par le Royaume-Uni.

Le Comité 1540 s’appuie sur quatre groupes de travail:• Suivi et mise en œuvre au niveau national;• Assistance;• Coopération avec les organisations internationales

et autres organismes compétents des Nations Unies, notamment le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’Etat islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises en entités qui leur sont associés et le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste;

• Transparence et relations avec les médias. • Le Comité 1540 est soutenu par un groupe

d’experts et par le Secrétariat des Nations Unies :• Groupe d’experts. Depuis la résolution 2055

(2012), le groupe d’experts comprend jusqu’à neuf membres, désignés par le Secrétaire général sur recommandation du Comité 1540.

• Secrétariat. Le Bureau des Affaires de Désarmement apporte au Comité 1540 et à son groupe d’experts un soutien de substance,

183GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

logistique et matériel. Le Département des Affaires Politiques assure le secrétariat du Comité.

Le Comité contre le terrorismeSiège : New York (Etats-Unis) Site web: www.un.org/fr/sc/ctc/

Le Comité contre le terrorisme est créé par le Conseil de Sécurité en vertu de la résolution 1373(2001) à la suite des attaques terrorisme du 11 septembre aux Etats-Unis. Il s’emploie à renforcer l’aptitude des Etats membres des Nations Unies à empêcher les actes terroristes à l’intérieur de leurs territoires et dans l’ensemble des régions.

Le Comité appelle les Etats à mettre en œuvre un certain nombre de mesures conçues pour renforcer leur capacité juridique et institutionnelle de lutte contre les activités terroristes. Avec l’aide des experts, il évalue la situation de chaque pays et facilite l’apport aux pays de l’assistance technique.

Pour renforcer le Comité, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1624(2005) qui appelle les Etats à interdire en droit, l’empêcher et refuser l’asile à toute personne « au sujet de laquelle on dispose d’informations crédibles et pertinentes selon lesquelles il existe des raisons sérieuses de penser qu’elle est coupable de l’incitation au terrorisme ».

Le Comité est composé des quinze membres du Conseil de Sécurité et est dirigé par une Direction Exécutive.

D- organisations et institutions internationales de coopération, d’appui et de soutien

Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC)Siège : La Haye (Pays Bas) Site Web : https://www.opcw.org

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques est chargée de veiller à l’application des dispositions de la Convention, y compris celles qui ont trait à la vérification, et de ménager un cadre dans lequel les Etats puissent se consulter et coopérer entre eux. Organisation internationale indépendante ayant des relations de travail avec le système des Nations Unies, elle est mise en place en 1997, à l’entrée en vigueur de la Convention. Ses membres sont les Etats parties à la Convention. Aucun Etat partie ne peut être privé de son statut de membre. L’OIAC compte actuellement 192 Etats Membres travaillant ensemble afin de construire un monde sans armes chimiques.

L’OIAC axe son travail sur les 4 dispositions clés de la Convention, à savoir : la destruction de toutes les armes chimiques existantes sous vérification internationale, la surveillance de l’industrie chimique afin de prévenir l’émergence de nouvelles armes, apporter assistance et protection aux Etats parties contre les menaces chimiques et encourager la coopération internationale afin de renforcer la mise en application de la Convention et de promouvoir un usage pacifique de la chimie.

Etats africains parties : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cabo Verde, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Jamahiriya arabe libyenne, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, , Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone,

184 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe

Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA)Siège : Vienne (Autriche) Site Web: https://www.iaea.org/ https://www.UNVienna.org/

L’agence Internationale de l’Energie Atomique est créée le 29 juillet 1957 par l’Assemblée générale des Nations Unies pour encourager et faciliter, dans le monde entier, le développement et l’utilisation pratique de l’énergie atomique à des fins pacifiques, et la recherche dans ce domaine. Elle encourage la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération (TNP) et d’autres traités internationaux qui prévoient l’application de garanties généralisées pour les États non dotés d’armes nucléaires qui sont parties à ces traités. Elle a quatre missions à savoir la promotion de l’énergie nucléaire, les Garanties et la Vérification, la promotion de l’utilisation pacifique des sciences et technologies nucléaires pour la promotion du développement économique et humain et la sûreté et sécurité nucléaires. Ses publications scientifiques et techniques comprennent des normes internationales de sécurité, des guides techniques, des travaux de conférence et des rapports scientifiques. Elle soutient des projets et offre des formations aux spécialistes nationaux, aux experts et aux stagiaires. En novembre 2015, l’Agence comptait 167 Etats Membres.

Etats Membres africains : Afrique du Sud, Algérie, Angola, ,Bénin, Burkina Faso, Burundi, Botswana, Cap Vert, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti Egypte, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Lesotho, Libéria, , Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Maroc, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, , République Centrafricaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Rwanda, , Sénégal, Seychelles, ,Sierra

Leone, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe,Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) Siège : Vienne (Autriche) Site Web : https://www.ctbto.org

L’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires deviendra opérationnelle lorsque le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires de 1996 entrera en vigueur. L’OTICE doit assurer l’application des dispositions du Traité et ménager un cadre de consultation et de coopération entre les Etats parties.

Pour assurer la transition jusqu’à l’entrée en vigueur du TICE, une Commission préparatoire de fut créée le 19 novembre 1996 à New York par les États signataires et a pour tâche principale de mettre en place le régime de vérification prévu par le traité pour qu’il soit opérationnel au moment de son entrée en vigueur. Cette Commission préparatoire travaillera à l’effectivité d’un système de surveillance international qui sera exploité par les pays hôtes en coopération avec le Secrétariat technique provisoire.

Pays africains membres : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cap vert, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Lesotho, Liberia, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Tanzanie, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie.

Le groupe des fournisseurs nucléaires Le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN) est

185GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

un groupe de pays fournissant d’articles nucléaires, créé en 1974, qui s’efforce de contribuer à la non-prolifération des armes nucléaires en mettant en œuvre des directives comportant le principe de « non-prolifération », adopté en 1994, en vertu duquel un fournisseur, nonobstant les dispositions des autres directives, n’autorise un transfert que s’il a l’assurance que celui-ci ne contribuera pas à la prolifération de armes nucléaires. Son objectif est d’appuyer la mise en œuvre efficace du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en établissant des règles claires sur le transfert d’articles à caractère nucléaire. Les Directives adoptées par le GFN sont compatibles avec les divers instruments régionaux, juridiquement contraignants, dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, qu’elles complètent. En Afrique, seul l’Afrique du Sud est membre.

Site web: http://www.nuclearsuppliersgroup.org/fr

Groupe d’Action Financière (GAFI)Siège : Paris (France) Site web: http://www.fatf-gafi.org/

Le Groupe d’action financière (GAFI) est un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’’argent et le financement du terrorisme. Il est créé en 1989 par le G7 en réponse à des préoccupations croissantes au niveau international concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux.

Les objectifs du GAFI sont l’examen et l’élaboration des normes non impératives, sous la forme de recommandation, qui sont des lignes de conduite que les gouvernements doivent suivre afin de promouvoir la lutte contre le blanchiment de capitaux. Son mandat a été, successivement élargi en 2001 après les attentats du 11 septembre à New York, pour intégrer la lutte contre le financement du terrorisme et 2008 pour

inclure la lutte contre le financement de la prolifération des armes de destruction massive.

Sur le continent africain, l’Afrique du Sud et la Banque Africaine de Développement en sont membres.

Organisation internationale de la francophonie (OIF)Siège : (Paris) France Site Web : http://www.francophonie.org/ L’organisation internationale de la francophonie (OIF) a été fondée en 1970 sur la base du traité de Niamey (Niger) avec pour mission de mener des actions politiques et de coopération multilatérale pour donner corps à une solidarité active au bénéfice des populations de ses Etats et gouvernements membres. Elle rassemble les pays ayant en partage l’usage de la langue française et le respect des valeurs universelles. L’OIF porte une attention toute particulière aux questions de la paix et de la sécurité. A partir de ses deux bureaux régionaux en Afrique (TOGO et GABON), elle travaille avec des partenaires et d’autres organisations internationales dans les zones de prévention de conflit, de maintien de la paix, de soutien aux processus électoraux etc. sur le continent.

Etats membres africains et observateurs (31): Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Comores, Congo, Djibouti, Egypte, Gabon, **Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, ***Mozambique, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, *République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo et Tunisie.*Suspendu** Membre associé (depuis 2006)*** Membre observateur (depuis 2006)

186 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Organisation de la Coopération Islamique (OCI)Siège : Jeddah (Arabie Saoudite) Site web : http://www.oic-oci.org L’OCI (autrefois Organisation de la Conférence Islamique) est fondée en 1969 par les Etats islamiques pour promouvoir la coopération entre les membres et soutenir la paix, la sécurité et la lutte du peuple palestinien et de tous les peuples musulmans. D’autres pays dont une partie de la population est musulmane, y ont adhéré plus tard.

Etats membres africains : Algérie, Benin, Burkina-Faso, Cameroun, Tchad, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Gabon, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Libye, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Togo, Tunisie.

Le Mouvement des Non-AlignésSiège : Lusaka (Zambie) Site web : htpp://www.namiran.org Le Mouvement des Non-Alignés a été formé en 1961 par les Etats qui se définissent comme n’étant alignés ni avec ni contre aucune grande puissance mondiale. C’est une organisation internationale de consultation et de coordination des positions politiques, économiques, et de contrôle des armes entre les pays non alignés. Son dernier sommet s’est tenu au Vénézuela en 2015.

Etats africains membres : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cap vert, Cameroun, République Centrafricaine, Comores, Congo, République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, , Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Equatoriale, Guinée-Bissau, Kenya, Lesotho, Liberia, Lybie, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc,

Mauritanie, , Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe.

Organisation mondiale des Douanes (OMD)Siège : Bruxelles (Belgique) Site Web : http://www.wcoomd.org/fr/ Créée le 26 janvier 1953 en tant que Conseil de Coopération Douanière (CCD), l’organisation mondiale des Douanes est un organe intergouvernemental indépendant dont la mission générale est d’améliorer l’efficacité et l’efficience des administrations douanières. Dans un environnement international caractérisé par l’instabilité et l’omniprésence de la menace terroriste, la mission de l’OMD tend à améliorer la protection de la société et du territoire national en sécurisant et en facilitant le commerce international. En collaboration avec INTERPOL et l’ONUDC, l’OMD participe à la formation des administrations douanières à détecter des produits dangereux, y compris ceux pouvant concourir à la fabrication des armes de destruction massive.

INTERPOLSiège: Lyon (France)Site-web: http://www.interpol.int/fr/

INTERPOL est l’organisation internationale de police la plus importante au monde avec 190 pays membres. Créée en 1923, elle permet aux polices du monde entier de travailler ensemble pour rendre le monde plus sûr en relevant les défis, de plus en plus nombreux, de lutte contre la criminalité. Elle intervient dans plusieurs domaines notamment, le renseignement dans la lutte contre la circulation illicite des armes (avec le système INTERPOL de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes (IARMS), le tableau

187GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

de référence INTERPOL des armes à feu (IFRT), et le réseau d’information balistique d’INTERPOL (IBIN), la prolifération des armes de destruction massive et la lutte contre la piraterie maritime. Elle est présente dans les 54 pays africains.

Unité d’appui à l’application de la Convention surlesarmesàsous-minutions(CCM-ISU)

La CCM-ISU est un outil essentiel pour la mise en place sur le terrain de politiques de lutte contre les mines et les restes explosifs de guerre. Ses activités-clés sont l’interdiction de leur utilisation, la destruction des stocks d’armes à sous-munitions, la dépollution des zones contaminées et l’assistance aux victimes. Elle promeut la coopération et l’assistance entre les Etats pour atteindre l’universalité de la convention sur les armes à sous-munition.

Etats membres africains : Se référer à la convention sur les armes à sous munitions. Annexe A, page …XXXX

Comité international de la Croix-Rouge (CICR)Lieu : Genève (Suisse) Site Web : http://www.icrc.org/fr

Créé en 1863, le CICR est une organisation humanitaire chargée de fournir assistance et protection aux victimes de conflits armés et de prévenir la souffrance humaine par la promotion et le renforcement du droit international humanitaire, également connu sous le nom de droit des conflits armés ou droit de la guerre. Organisation indépendante et neutre, le mandat du CICR prend essentiellement racine dans les Conventions de Genève de 1949. Il s’emploie à promouvoir le respect du droit international humanitaire et son intégration dans les législations nationales. Le CICR considère le désarmement nucléaire comme un impératif

humanitaire. Il mène des actions anti-mines et fait la promotion du TCA.

Les initiatives de désarmement internationales

Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaireL’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire est un effort multilatéral visant à renforcer les cadres juridiques internationaux pour parer au terrorisme nucléaire et radiologique. Le but est de concentrer les efforts sur une collaboration au niveau opérationnel fondée sur une déclaration de principes. Plus de 70 pays ont souscrit aux principes de l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme. En outre, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’UNODC y participent à titre d’observateurs et jouent un rôle important en fournissant des ressources et des connaissances techniques.

Initiative de Sécurité contre la Prolifération (PSI)

L’Initiative de sécurité contre la prolifération (Proliferation Security Initiative -PSI) a été lancée le 31 mai 2003. C’est une « activité » et non une organisation dont l’action est centrée sur l’interdiction des trafics illicites d’armes de destruction massive, de leurs vecteurs et des matériels connexes en mer, sur terre et dans les airs: Elle se caractérise par sa souplesse (absence de structure permanente) et son pragmatisme (réunion entre experts et professionnels). Au début de l’année 2016, 105 Etats soutiennent volontairement cette initiative et ont adhéré à ses objectifs, élaborés à Paris en 2003. Parmi eux, l’Angola, Djibouti, le Maroc, le Libéria, la Lybie et la Tunisie. L’adhésion est volontaire. Elle est complémentaire aux instruments de lutte contre la prolifération.

188 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

1- Organismes régionaux de l’ONU

Le Centre régional de Nations Unies pour la paix et le développement en Afrique (UNREC)Lieu: Lomé (Togo) Site Web: http://www.unrec.org

L’assemblée Générale des Nations Unies a adopté la résolution A/Res/40/151/G du 16 décembre 1985 créant le Centre Régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC). L’UNREC a été mis sur pied dans le cadre du Secrétariat des Nations Unies le 1er juillet 1986 et fait partie intégrante du Bureau des Nations Unies pour les Affaires de désarmement. L’Assemblée Générale a mandaté l’UNREC pour fournir aux Etats membres de la région africaine, sur leur demande, un appui fonctionnel pour les initiatives qu’ils prendront et les autres efforts qu’ils feront en vue de mener dans la région une action de paix, de limitation des armements et de désarmement. En outre, l’UNREC a été mandaté pour travailler en coopération avec l’Union Africaine, ainsi que pour coordonner la mise en œuvre d’activités régionales en Afrique pouvant mener à la paix, au contrôle des armements et au désarmement. Durant ses trois décennies d’existence, l’UNREC a pu apporter une assistance technique et juridique à plusieurs états africains sur la question du désarmement et du contrôle des armes.

Bureau des Nations Unies pour l’Union Africaine (UNOAU)Localisation: Addis-Abeba (Ethiopie) Site Web : http://unoau.unmissions.org/

Le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, a en 2006, dans la Déclaration d’Addis-Abeba intitulé « Déclaration sur le renforcement de la coopération ONU-UA: Cadre pour le Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine a promis le soutien des Nations Unies pour le développement et le renforcement de la Commission de l’Union Africaine en se concentrant sur la prévention des conflits, la médiation, le maintien et la consolidation de la paix. Le Bureau des Nations Unies pour l’Union Africaine a été créé par la résolution 64/288 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. L’objectif de la déclaration est d’accroître la coopération entre les deux organisations et de renforcer l’interaction entre le système des Nations Unies dans son ensemble, d’une part, l’UA, ses organisations régionales et sous régionales et le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD),de l’autre, afin de mieux contribuer au relèvement des défis auxquels le continent africain est confronté. Ce programme concerne le contre-terrorisme, la lutte antimines, la protection de l’enfance et de la femme, les armes légères et de petit calibre, le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR).

Bureau de Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA)Localisation: Dakar (Sénégal) Site Web: http://unowa.unmissions.org

Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest est le premier Bureau régional des Nations Unies chargé de la prévention des conflits et de consolidation de la paix. Il a été créé en 2002 par le Conseil de sécurité des Nations Unies avec comme objectif général le renforcement des contributions onusiennes concernant

ORGANISATIONS A VOCATION REGIONALE

189GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

l’établissement de la paix et de la sécurité dans la partie ouest du continent. Les trois premières années de mandat ont été renouvelées en 2005, en 2010 et en 2013. L’UNOWA réalise des activités spécialement axées sur le renforcement de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée ; la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé ; la garantie des réformes du secteur de sécurité ; l’établissement du lien entre le genre, les femmes, la paix et la sécurité.

Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA)Localisation : Libreville (Gabon) Site Web : www.unoca.unmissions.org

Officiellement lancé le 2 mars 2011, l’UNOCA est mandaté pour assister les Etats membres de la Communauté économiques des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) ainsi que d’autres organisations dans la consolidation de la paix et la prévention de conflits potentiels. Le mandat initial de deux ans de l’UNOCA a été renouvelé par le Conseil de Sécurité le 21 août 2012 jusqu’en février 2014. Les priorités majeures de l’UNOCA incluent : la fourniture d’une assistance technique et un soutien au renforcement des capacités à la CEEAC; un soutien aux efforts à la médiation dans la région pour renforcer la gestion pacifique des crises, la coordination des efforts régionaux et ceux des Nations Unies contre l’armée de résistance du seigneur (déclaré comme étant un groupe terroriste par l’Union africaine) ; la lutte contre la piraterie maritime et l’insécurité dans le Golfe de Guinée, etc.

Faisant partie intégrante de ses activités, l’UNOCA propose des fonctions de secrétariat au Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC). Ses membres se rencontrent deux fois par an à l’échelon ministériel dans le but de revoir la situation

géopolitique et sécuritaire dans la sous-région. Ils discutent également de problématiques liées à la mise en œuvre de programmes sur le désarmement, le contrôle des armes et la non-prolifération. L’UNOCA étend ses activités à tous les pays de la CEEAC

2- Organisations africaines

Union Africaine (UA)Lieu: Addis-Abeba (Ethiopie) Site Web: http://www.au.int/

L’Organisation de l’Union Africaine (OUA) a été créée le 25 Mai 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie, par 32 états africains indépendants; principalement dans le but de promouvoir l’unité et la solidarité entre les Etats Africains. En 2002, elle a connu une mutation institutionnelle pour devenir l’Union Africaine (UA) en vue de s’adapter aux défis actuels du continent. Depuis, le nombre de ses membres est passé à 54 avec l’adhésion du Soudan du Sud en 2011. A travers plusieurs programmes et campagnes notamment « Silencing the Guns by 2020 », et l’agenda 2063, l’UA affiche son attention à la problématique de la sécurité ; ceci par le biais de son conseil de paix et sécurité (CPS).

Le CPS est l’organe permanent de l’UA pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits en concordance avec le concept architectural de la paix et de la sécurité sur le continent. Il entreprend de maintenir et consolider la paix, de réaliser des missions de maintien de paix. Il a le pouvoir d’intervenir dans un Etat Membre dans certaines circonstances graves tels que les crimes de guerre, les génocides, les crimes contre l’humanité ; de prendre des sanctions ; de mettre en exécution la politique de défense commune de l’UA ; d’assurer la mise en application des conventions et instruments de lutte contre le terrorisme international ;

190 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

d’examiner et de prendre des mesures lors de situations durant lesquelles l’indépendance et la souveraineté d’un Etat membre sont menacées par des actes d’agression y compris par des mercenaires.

Le CPS est constitué de 15 membres, élus par le Conseil exécutif de l’UA, en rotation entre les groupes régionaux.

La Commission de l’Union Africaine pour l’énergie atomique (CEAN)Siège : Afrique du Sud Site web : www.peaceau.org/

La Commission africaine de l’énergie atomique (CAEN) est l’organe créé en vertu du traité de Pelindaba afin de contrôler le respect des engagements des Etats parties. Selon l’article XII du traité, la CAEN est, entre autres, chargée : de réunir des conférences des Etats parties, d’examiner l’application des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique aux activités nucléaires pacifiques, d’engager les procédures de plainte qu’un Etat partie pourrait formuler à l’encontre d’un autre Etat partie qu’il soupçonne de ne pas respecter ses engagements, d’encourager les programmes régionaux de coopération dans le domaine du nucléaire civil et de promouvoir la coopération avec des pays extérieurs à la zone exempte d’arme nucléaire (ZEAN).

Organisations régionales policières

Force de Police Africaine contre le terrorisme (AFRIPOL)

Mécanisme africain de coopération policière soutenu par l’Union Africaine (UA), le processus de création d’AFRIPOL a commencé le 13 décembre 2015 à Alger, avec pour objectif de créer une force de police africaine pour une action collective. Sa mission principale est de

lutter contre le terrorisme, le trafic d’armes et le trafic de drogue étant donné qu’il existe un lien entre les trois domaines. Elle est fondée sur trois principes : la mise en commun des capacités techniques, la coopération opérationnelle et l’assistance mutuelle. Son siège se situe à Alger et sera opérationnel en 2016. Il est prévu une interaction avec les bureaux régionaux d’INTERPOL en Afrique.

Organisations sous régionales africaines

Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)Secrétariat : Lagos (Nigeria) Site Web : http://www.ecowas.int/

Consacré le 28 mai 1975 via le traité de Lagos, l’objectif de la CEDEAO est de promouvoir l’intégration économique dans tous les secteurs d’activités des pays membres. Ce développement ne peut se faire qu’en lien avec la sécurité des populations. Ainsi la CEDEAO a créé en 2005 une unité des armes légères chargée de la mise en œuvre du suivi et de la coordination de la politique de l’organisation en matière de lutte contre la prolifération des ALPC. Cette unité a été remplacée par le Mécanisme Ouest africain d’évaluation entre pairs en matière de contrôle des ALPC qui a pour missions d’encourager l’adoption de politiques, de normes et pratiques en vue de promouvoir le contrôle des ALPC dans la sous-région, d’informer et de sensibiliser sur les conséquences de la prolifération des ALPC, en renforçant les capacités des États membres par le partage d’expériences et le renforcement des meilleures pratiques et acquis et de diagnostiquer les lacunes et d’évaluer les besoins des États de la région dans le domaine du renforcement des capacités. Il s’agit d’un instrument juridiquement non contraignant auquel adhèrent volontairement les Etats membres. Puis en 2006, elle adopte la Convention sur les armes légères de petit calibre, de leurs munitions et autres matériaux connexes.

191GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Nigeria, Sierra Leone, Sénégal, et Togo.

La Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC)Secrétariat : Libreville (Gabon) Site Web : http://www.ceeac-eccas.org/

Créée en octobre 1983, la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) a pour but de promouvoir et de renforcer une coopération harmonieuse et un développement équilibré dans les domaines de l’activité économique et sociale et de contribuer au progrès et au développement du continent africain.

Après une période d’inactivité de 1992 à 1998 du fait des troubles sociopolitiques et des conflits armés qui ont entrainé la rupture de la paix dans la majorité des Etats membres, les questions de paix et de stabilité ont commencé à prendre une place prépondérante dans la communauté. A cet égard, la CEEAC a mis sur pied le Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (COPAX) pour œuvrer à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans la région. Elle a aussi adopté la convention de Kinshasa en avril 2010 qui n’est pas encore rentrée en vigueur.

Etats membres (11) : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et Tchad.

Communauté de développement d’Afrique australe (SADC)Secrétariat: Gaborone (Botswana) Site Web: http://www.sadc.int/

Créée en 1980 à Lusaka (Zambie), en tant que

Conférence de Coordination du développement d’Afrique australe (SADCC), les chefs de gouvernement de la région ont accepté de transformer la SADCC en Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en 1992. Dès lors, la coopération en matière de sécurité a été incluse dans le traité fondateur en tant que l’un des piliers de la future coopération régionale. Ce qui a permis en septembre 1995, la mise en place du comité interrégional destiné à traiter de l’ensemble des questions relatives à la sécurité dans la sous-région avec l’institution d’un Organe pour la politique, la défense et la coopération en matière de sécurité (SIPO). En 2003, l’approche commune des questions de sécurité à nécessiter la mise sur pied d’une force régionale (la brigade en attente de l’Afrique australe) mobilisable sur les zones de tensions. Aussi, le Pacte de défense mutuelle, a été signé et un système d’alerte précoce régional (REWS), destiné à faciliter une action rapide et à prévenir le déclenchement ou la montée en puissance des conflits a été installé.

Etats membres : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

Communauté Est africaine (CAE)Secrétariat : Tanzanie Site Web : http://www.eac.int/

La CEA est une organisation régionale intergouvernementale qui s’appuie sur son Traité entré en vigueur le 7 juillet 2000. Elle cherche à élargir et à approfondir la coopération parmi ses Etats partenaires non seulement dans les politiques socio-économiques mais aussi en matière de paix et de sécurité.

La CEA reconnaît que la paix et la sécurité sont cruciales pour la création d’un environnement favorable dans lequel l’intégration régionale dans tous ses aspects,

192 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

peut être encouragée. Elle a par conséquent adopté une stratégie régionale en novembre 2006, afin d’être guidée dans son niveau d’interventions dans le domaine de la paix et de la sécurité. Ladite stratégie couvre la collaboration en matière de crimes transfrontaliers, de vol de véhicule, de trafic de drogue, de terrorisme, de blanchiment d’argent, et d’autres crimes. Elle a également adopté un protocole sur le trafic de drogues illicites, la gestion des armes légères et de petit calibre, la coopération policière, et établit le Conseil sectoriel sur la sécurité Inter-Etats tel qu’élaboré par la stratégie régionale de paix et de sécurité

Etats partenaires : Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda

Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD)Secrétariat : Djibouti (Djibouti) Site Web : http://www.igad.int/ http://www.igad.com

L’Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD), a été créée en 1996 pour succéder à l’Autorité intergouvernementale, sur la sécheresse et le développement (IGADD) qui a été fondé en 1986 à la suite d’une famine générale, d’une dégradation écologique et d’une précarité économique dans la région de l’est de l’Afrique, causées par de sévères sécheresses et d’autres désastres naturels entre 1974 et 1984. Elle est surtout engagée dans la promotion de la paix et de la stabilité dans la sous-région. Elle tente de créer des mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits entre les Etats et à l’intérieur des Etats par le dialogue.

Sa division chargée de la paix et de la sécurité est mandaté pour traiter de questions en rapports avec la paix, la sécurité et les affaires humanitaires. A travers

les composantes de son programme en matière de prévention, gestion et résolution de conflit (CPMR), les affaires politiques et les affaires humanitaires, la division est impliquée dans des activités telles que : le « Sudan Peace Process », la Brigade d’intervention de l’Afrique de l’Est (EASBRIG), le contrôle d’armes légères de petit calibre illicites dans la région couverte par l’IGAD.

L’IGAD dirige aussi deux instituts spécialisés dans le domaine de la sécurité, à savoir ; le mécanisme d’alerte précoce et de réaction aux conflits (CEWARN) et le « Security Sector Program » (ISSP), tous deux basés en Ethiopie.

Etats membres : Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Kenya, Somalie, Soudan, Soudan du sud Ouganda.

Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL)Secrétariat : Bujumbura (Burundi) Site Web : http://www.icglr.org/

La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est une organisation intergouvernementale des Etats de la région des Grands Lacs. Il est le fruit des résolutions 1291 (2000) et 1304 (2000) du Conseil de sécurité des Nations Unies qui ont fait la demande d’une conférence internationale sur la paix et la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs en 2000.

Les divisions principales du CIRGL sont : la paix et la sécurité, la démocratie et la bonne gouvernance, le développement économique et l’intégration régionale, aussi bien que les questions humanitaires et sociales. En matière de paix et de Sécurité, le CIRGL conduit des interventions notables au travers du Programme d’Action régionale pour la Paix et la Sécurité et le Comité national du CIRGL pour la prévention des crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre

193GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

l’humanité et toutes formes de discrimination.

Etats membres: Angola, Burundi, Congo, Kenya, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo Rwanda, Soudan du Sud, Soudan, Tanzanie, et Zambie.

Commission du bassin du lac Tchad (CBLT)Secrétariat permanent : Niamey (Niger) La Commission du bassin du lac Tchad est une structure permanente de concertation mise en place en Afrique afin de coordonner les actions de différents états pouvant affecter les eaux du bassin du Tchad et régler pacifiquement les problèmes et différents affectant cette zone.

La CBLT a vu le jour le 22 mai 1964, lorsque les chefs d’État des pays riverains du lac Tchad ont décidé de mettre en place une structure permanente de concertation appelée « Commission du bassin du lac Tchad » par l’adoption de la Convention de Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena). Initialement affectée à la sécurité des activités économiques autour du lac Tchad avec des troupes et des postes de commandement aux différentes frontières, la CBLT, depuis quelques années, accentue ses efforts sur la lutte contre le terrorisme et la circulation des armes dans la zone. Ainsi, le 7 octobre 2014, en collaboration avec le Bénin, cette force régionale a été renforcée dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Etats membres : Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun, République centrafricaine.

G5 SahelSecrétariat permanent : Nouakchott (Mauritanie)

Le G5 Sahel ou « G5S » est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité. Il est créé lors d’un sommet en février 2014 par cinq États du Sahel et s’est doté d’une Convention signée le 19 Décembre 2014. Ce cadre allie étroitement développement économique et sécurité. Sur le volet militaire, et au vu de la menace des différents groupes terroristes de la région du sahel, le G5 Sahel se réunit au niveau des chefs d’État-major des armées pour coordonner les activités de lutte contre les groupes terroristes.

Etats membres : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad.

Le Centre régional sur les armes légères dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les pays limitrophes (RECSA)Siege: Kenya Site Web: http://www.recsasec.org/

Le RECSA est une organisation intergouvernementale créée en juin 2005 et dont la mission est de coordonner les actions contre la prolifération des armes légères de petit calibre dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique.

Initialement connu comme le Secrétariat de Nairobi, le RECSA a été mis en place pour coordonner la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi sur la prolifération illicite des armes légères de petits calibres dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique, signée en 2000. La RECSA est le seul organisme de la région dont l’unique mandat est de lutter contre la prolifération des armes légères de petit calibre. Sa spécificité réside dans la capacité à coordonner, à appuyer, à rassembler des fonds, suivre et évaluer les activités tournées vers la réalisation des aspirations politiquement contraignantes

194 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

de la Déclaration de Nairobi et celles juridiquement contraignantes du Protocole de Nairobi sur les armes légères de petit calibre.

Etats membres (15) : Burundi, République centrafricaine, Congo, République Démocratique du Congo, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Rwanda, Seychelles, Somalie, Soudan, Sud-Soudan, Tanzanie, Ouganda.

1- Centre de formations et de recherches onusiens

Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR)Localisation : Genève (Suisse) Site Web : www.unidir.org

L’UNIDIR est un institut spécialisé au sein du système des Nations Unies. Il est chargé de fournir à la communauté internationale des données plus diversifiées et plus complètes sur les problèmes relatifs à la sécurité internationale, à la course aux armements et au désarmement dans tous les domaines. Il est aussi chargé d’entreprendre, dans le domaine du désarmement, des recherches plus approfondies, davantage axées sur l’avenir et à plus long terme, qui aident à mieux comprendre les problèmes qui se posent et encourager de nouvelles initiatives en vue de nouvelles négociations. Par ses conférences et ses publications sur le désarmement et les questions associées, l’UNIDIR met à disposition les résultats

des recherches menées. Son financement est essentiellement constitué de contributions volontaires.

Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR)Localisation : New York (Etats Unis) Site Web: http://www.unitar.org/

BureaurégionalàGenève(Suisse) L’UNITAR est un institut autonome au sein du système des Nations Unies chargé de la formation et de la recherche. Il est né en 1963 suite à la recommandation du conseil économique et social faite à l’AG des Nations Unies, afin de développer les capacités pour améliorer la prise de décision à l’échelon mondial et soutenir l’action au niveau des pays en vue de façonner un avenir meilleur. Il conçoit et met en place des programmes de formation dans des domaines pointus et variés à l’intention des Etats membres, des institutions régionales et sous régionales et non gouvernementales. Les plus grands programmes de formation de l’institut varient du développement économique et l’intégration

CENTRES ET INSTITUTS DE RECHERCHE ET DE FORMATION, RESEAUX ET ORGANISATIONS

195GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

sociale à la paix durable, la recherche, les applications de la technologie etc. Plusieurs Etas africains en sont bénéficiaires.

2- Centre de recherche et de formation au niveau africain

a- Centre de recherche africain

Institut panafricain de stratégie (IPS)Lieu : Dakar (Sénégal) Site Web : http://www.panafstratégies.com

L’Institut panafricain de stratégies est un centre de recherche et de formation dédié à la promotion de la paix, la sécurité, la bonne gouvernance et de la solidarité africaine. Il est composé de cinq départements clés correspondant à ces domaines d’intervention. De plus il dirige 3 programmes spéciaux sur la promotion du leadership des femmes dans la quête de la paix, de la sécurité, de la bonne gouvernance en Afrique ; la mise en application du « Comité des Anciens » pour des médiations préventives en Afrique ; l’éducation et la formation de la jeunesse africaine à la culture de la paix, de la sécurité, aux questions de bonne gouvernance, des droits de l’homme et de la solidarité.

L’institut en collaboration avec d’autres groupes de réflexion africains, le gouvernement sénégalais ainsi que d’autres partenaires conduisent la mise en œuvre du Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité en Afrique, une initiative réunissant les chefs d’Etats avec d’autres hautes autorités pour échanger les idées sur les questions liées à la défense et développer des contacts directs entre les acteurs concernés afin

d’intensifier le dialogue stratégique entre les africains et leurs partenaires internationaux.

Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA)Centres régionaux : Addis-Abeba (Ethiopie) et Dakar (Sénégal) Site web : http://africacenter.org

Le CESA est le principal département d’études stratégiques sur la sécurité, la recherche et la collaboration en Afrique. Le centre travaille avec les institutions et les Etats partenaires d’Afrique dans des programmes académiques rigoureux qui leur confèrent une excellente capacité stratégique et qui cultivent des relations de bonne collaboration à long terme. Il dispose d’une gamme variée de programmes notamment ceux relatifs au contre-terrorisme, l’économie de la défense et les relations civilo-militaires.

L’Institut d’études de sécurité (ISS)Siège : Pretoria (Afrique du Sud) Site Web : https://www.issafrica.org

Fondé en 1991 en tant qu’institut pour la politique de défense, l’organisation a été renommée Institut d’études de sécurité (ISS) en 1996. L’ISS est une organisation africaine ayant pour but de renforcer la sécurité des hommes sur le continent à travers des recherches indépendantes et reconnues, une expertise et conseil en politique, des renforcements de capacités et des formations pratiques ainsi qu’une assistance technique.L’Institut fonctionne par le biais de ses diverses divisions et projets à savoir : la gouvernance, le crime et la justice ; la prévention du conflit et l’analyse du risque ; la gestion du conflit et la consolidation de la paix ; les menaces transfrontalières et le crime international ; les innovations et l’avenir africain, et le centre africain de formation pour la paix et la sécurité.

196 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Ses activités sont connues à travers les publications et les rapports couvrant des sujets tels que le contre-terrorisme, la justice pénale internationale, le crime organisé, la corruption et la gouvernance, le maintien de la paix et la gestion du conflit, le contrôle des armes et le désarmement.

L’ISS couvre les questions de désarmement et non-prolifération, dans les domaines conventionnels et non-conventionnels.

En plus de son siège de Pretoria, l’ISS a des bureaux régionaux au Kenya, en Ethiopie et au Sénégal.

b- Centres de recherches internationaux intervenant en Afrique

Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI)Localisation : Stockholm (Suède) Site Web: http://www.sipri.org/

Le SIPRI est un institut international indépendant consacré à la recherche sur les conflits, l’armement, le contrôle des armes et le désarmement. Créé en 1966, le SIPRI fournit des données, analyses et recommandations, fondées sur des sources ouvertes à l’endroit des hommes politiques, des chercheurs, des médias et du public intéressé.

Le SIPRI a été créé sur la base d’une décision du parlement suédois et reçoit une part substantielle de ses subventions annuelles du gouvernement suédois.SIPRI est reconnu pour son livre annuel, ses rapports de recherches et autres publications. Ses publications traitent de sujets tels que les conflits armés, les dépenses militaires, la production des armes, le contrôle des armes, la non-prolifération des armes et le désarmement.

Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP)Localisation : Bruxelles (Belgique) Site Web : http://www.grip.org/fr

Fondé en 1979, le GRIP est un centre de recherche indépendant qui étudie notamment les mécanismes de la prolifération des armements en fonction des besoins légitimes de la sécurité et de la défense. Selon ses options fondamentales, «le GRIP a notamment pour objet l’étude, la recherche, l’information et la formation sur les problèmes de paix, de défense et de désarmement dans la perspective de l’amélioration de la sécurité internationale en Europe et dans le monde». Actuellement, les travaux du GRIP portent sur plusieurs thèmes : les transferts internationaux d’armements et les trafics d’armes ; l’économie de l’armement ; les armes légères et de petit calibre ; l’armement non conventionnel (nucléaire, biologique et chimique) et les biens et technologies à double usage ; la prévention des conflits armés. En Afrique, les travaux de GRIP sont essentiellement orientés sur la prévention et la gestion des conflits. Ainsi, le groupe réalise en matière de publication, des notes d’analyse, des rapports et des livres.

Small Arms Survey (SAS)Localisation : Genève (Suisse) Site Web : http://www.smallarmssurvey.org/

Le projet Small Arms Survey a été établi en 1999 conjointement par la Confédération Suisse en partenariat avec d’autres gouvernements. C’est un centre d’excellence mondial dont le mandat est de produire des bases de données impartiales et des politiques pertinentes sur tous les aspects des armes légères et la violence armée. Il est la principale source internationale d’expertise, d’information et d’analyse et constitue une ressource pour les gouvernements, les décisionnaires, les chercheurs, et les sociétés

197GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

civiles. Le centre fonctionne sur divers domaines et programmes. Les programmes de sécurité de Small Arms Survey incluent : le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (DDR), réforme du secteur de sécurité, ainsi que la prévention et la réduction de la violence armée. A cet égard, le Centre collabore avec divers partenaires, les bureaux des Nations Unies, les organisations internationales, les ONG et des chercheurs indépendants dans le monde. En Afrique, le centre conduit le programme d’évaluation des violences armées en développant des outils utiles pour le traçage des munitions, l’exportation des armes, l’identification des armes.

Il rend compte de ses recherches à travers son rapport annuel, ses publications périodiques, les documents de travail et les notes de recherches sur les armes légères et les violences armées ainsi que des projets précis.

Verification Research, Training and InformationCentre (VERTIC)Localisation : Londres (Royaume Uni) Site Web: http://www.vertic.org/

«Le programme NIM (mesures nationales pour la mise en oeuvre) de VERTIC fournit de l’assistance juridique gratuite aux États dans l’élaboration et l’adoption des mesures nécessaires à l’échelon national pour être en conformité avec les interdictions et les mesures préventives de la Convention sur les Armes Biologiques, la Convention sur les Armes Chimiques, la Résolution 1540 du Conseil de Sécurité de l’ONU, ainsi que d’autre instruments internationaux visant à sécuriser toute matière nucléaires et autres matières radioactives. L’assistance de VERTIC peut inclure l’examen et commentaire de tout projet de loi existant ainsi que l’assistance à la rédaction de nouveaux instruments juridiques.»

c- Centres de formation

Centre d’entrainement aux opérations de maintien de la paix de Lomé (CEOMP)

Le CEOMP est un centre de formation généraliste à vocation policière, militaire et civile. Il est situé à Lomé (TOGO) et a pour mission de : servir de base commune d’entraînement et de mise en condition opérationnelle (MCO), pour les contingents destinés aux opérations de maintien de la paix (OMP) et pour la compagnie togolaise de la Force africaine en attente de la CEDEAO; renforcer les capacités opérationnelles des Forces Armées Togolaises (FAT), par une amélioration du niveau tactique et technique « de base » des unités des FAT et lors de MCO ou par un système de rotation d’unités; permettre une certification plus rapide des contingents par l’ONU et/ou la CEDEAO.

Pour plus d’informations, consulter : http://reffop.francophonie.org/structures-de-formation/centre-dentrainement-aux-operations-de-maintien-de-la-paix-ceomp#sthash.ayfBm7cX.dpuf

L’Ecole de Maintien de la paix Alioune Blondin Bèye de Bamako (EMP ABB)Localisation : Bamako (Mali) Site Web : http://www.empbamako.org/

Créé en 1999 en Côte d’Ivoire puis transféré à Bamako (Mali) en 2002, l’École de Maintien de la Paix (EMP) a été baptisée à la mémoire d’Alioune Blondin Béye, juriste malien en 2007.

Elle a pour objectif de promouvoir la paix sur l’ensemble du continent en renforçant les capacités africaines de soutien aux opérations de paix et en diffusant la culture de paix. Elle poursuit sa mission à travers un

198 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

enseignement pluridisciplinaire de qualité, adapté aux réalités africaines. Ces enseignements qui sont adressés aux militaires, policiers et civils, sont orientés notamment vers la Consolidation de la paix en Afrique, Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), Réforme du Secteur de Sécurité (RSS), la Coordination Civilo-militaire (CIMIC). Centre d’Excellence de l’Union Africaine et de la CEDEAO, l’EMP Alioune Bèye contribue au renforcement de la Force en Attente de la CEDEAO et des capacités des Etats africains en matière de soutien à la paix.

CentreinternationalKofiAnnandeformationau maintien de la paix (KAIPTC)Localisation : Accra, Teshi (Ghana) Site Web : http://www.kaiptc.org/

Du nom de l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies Kofi Anna, le KAIPTC ouvert en 2004 est un centre de recherches et de formation dans l’accroissement des performances d’intégration du soutien aux opérations de maintien de la paix. Ces activités couvrent un large éventail de participants (la communauté de maintien de la paix, les secteurs de la sécurité, les civils, les fonctionnaires et représentants des Etats, les diplomates, les ONG etc.) qui viennent des cinq continents.

En plus de la recherche et des programmes de formation pratiques, le KAIPTC est reconnu comme une institution académique accréditée et dispense des programmes diplômant en Conflit, Paix et Sécurité, ainsi qu’en femmes paix et sécurité. Sur ce dernier domaine, le centre abrite en partenariat avec les Nations Unies, l’Institut Femmes, Paix et Sécurité (WPSI) une initiative des Nations Unies (PNUD, UNIFEM et FNUAP) afin de soutenir une mise en œuvre effective des résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sur les femmes, la paix et la sécurité.

CentreduCairepourlarésolutiondesconflitset le maintien de la paix en Afrique (CCCPA)Localisation : Caire (Egypte) Site Web : http://www.cairopeacekeeping.org

Fondé en 1994 par le Ministère des affaires étrangères égyptien, le Centre du Caire pour la résolution des conflits et pour le maintien de la paix en Afrique (CCCPA) est un centre de formation indépendant, d’éducation et de renforcement des capacités dans le domaine de la résolution des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix. C’est aussi un lieu de réflexion incontournable du pays dans les domaines de la paix et de la sécurité en Afrique. Il vise également à prévenir, atténuer, et résoudre les conflits violents en Afrique en facilitant et en soutenant les efforts de la diplomatie préventive, de résolution des conflits, de soutien aux pacificateurs, aux bâtisseurs de paix, en dotant les organisations nationales, régionales et continentales qui travaillent dans le domaine de la paix et de la sécurité, de capacités et en analysant l’origine et les tendances des conflits.

Le CCCPA offre des cours axés sur la formation de pré déploiement, le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (DDR), la protection des civils, la parité hommes/femmes dans les opérations de paix, le contrôle des frontières etc.

Centre de perfectionnement aux actions de déminage et de dépollution de Ouidah (CPADD)Localisation : Ouidah (Benin) Site web : http://www.cpadd.org/

Pour la mise en œuvre des engagements pris par les Etats parties à la convention d’Ottawa au travers d’une coopération régionale, le CPADD fut créé en 2002. C’est une Ecole Nationale à vocation régionale spécialisée dans la formation au déminage humanitaire. Il apporte

199GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

conseil et assistance aux pays africains touchés par le problème des mines terrestres et munitions non explosées, en proposant des formations répondant aux besoins des programmes de déminage humanitaire et des opérations de maintien de la paix engagés sur le continent africain.

Institut de formation aux opérations de paix/Peace Operations Training Institut (POTI)Localisation : Etats Unis Site web : http://www.peaceopstraining.org/fr/poti/

L’Institut de formation aux opérations de la paix est une organisation non gouvernementale internationale, indépendante et à but non lucratif, basée aux États Unis et reconnue par le Gouvernement américain comme étant un organisme de charité public de type 501(c)(3).Elle vise à offrir des cours de formation à distance sur les opérations de maintien de la paix, l’assistance humanitaire et les opérations de sécurité aux hommes et femmes travaillant à promouvoir la paix dans le monde. Les formations à distance de POTI touchent plusieurs catégories de cibles notamment des soldats de la paix sur le terrain au sein des missions, des professeurs enseignant les futures générations, des diplomates, des officiels de haut niveau. Le format téléchargeable et autonome de ces cours permet une accessibilité partout et à tout moment aux étudiants.

d- Les réseaux d’organisations sur le désarmement en Afrique

Réseau international d’action contreles armes légères (IANSA)Site Web: www.iansa.org/

L’IANSA est un réseau international d’organisations de volontaires travaillant dans le but de mettre fin à la violence armée. Il relie les organisations des sociétés civiles dont le travail inclue des mesures afin de stopper la prolifération et l’abus des armes à feu. A travers les recherches, le plaidoyer, les campagnes, les membres de l’IANSA promeuvent des mesures au niveau local, national, régional, et international pour renforcer la sécurité humaine, soutenir les efforts pour assurer un monde plus sûr en demandant une baisse de la demande d’armes, améliorer la régulation des armes à feu et renforcer le contrôle des transferts d’armes.

L’IANSA a pour objectif de réduire la violence causée par les armes légères en augmentant la prise de conscience parmi les décisionnaires, le public, les médias à propos de la menace globale à l’encontre de droits de l’homme et de la sécurité humaine. Il vise à promouvoir les efforts des sociétés civiles dans leurs actions de prévention de la prolifération des armes et de la violence armée par le développement de politiques, l’éducation publique et la recherche en facilitant la participation de la société civile aux processus régional et international.

Réseau d’Action sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest (RASALAO)/ WAANSAASite web: http://www.rasalao.org

Le RASALAO est un réseau sous régional des organisations de la société civile œuvrant sur la problématique des armes légères et de petit calibre (ALPC). Il est constitué d’une coalition d’organisations travaillant d’ordinaire dans les domaines de la paix, des droits de l’homme, de la sécurité humaine et du développement dans les quinze pays de la sous-région ouest africaine. Réparti en section dans chaque pays, son siège est situé à Accra au Ghana.

200 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Réseau Africain Francophone sur les ArmesLégères (RAFAL)

Le « RAFAL » est un instrument d’échange d’information, de recherche, de formation, de publication et de diffusion en vue de renforcer les capacités de la société civile africaine francophone. Le but poursuivi est d’améliorer les connaissances communes en matière de prolifération d’armes légères dans une perspective de prévention des conflits et de construction de la paix en Afrique. Basé à Bruxelles, le GRIP coordonne et entretient des relations de partenariat avec les membres de ce réseau, notamment sur le plan de l’échange d’informations. L’objectif du réseau est de montrer que, si la violence armée et le sous-développement ravagent le continent africain, les initiatives locales et citoyennes visant à lutter contre ces fléaux se multiplient et méritent notre entier soutien.

e- Autres organisations internationales et non gouvernementales

Centre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève (DCAF)Localisation : Genève (Suisse) Site web : http://www.dcaf.ch

Le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées – Genève (DCAF) est une fondation internationale qui a pour mission d’aider la communauté internationale à appliquer les principes de bonne gouvernance et à mettre en œuvre la réforme du secteur de la sécurité. A cet effet, le centre élabore les normes internationales ou nationales appropriées, en assure la promotion, définit les bonnes pratiques ainsi que les recommandations pertinentes qui permettront de mettre en place une gouvernance efficace du

secteur de la sécurité. Sur le terrain, il apporte son soutien en donnant son avis consultatif et propose des programmes d’assistance technique à toutes les parties intéressées.

Handicap InternationalSiège : Lyon (France) Site Web : http://www.handicap-international.fr/

Créée en 1982, Handicap International est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale. Elle est organisée en réseau fédéral depuis 2010 et œuvre dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflit et de désastres.

Avec des partenaires locaux, Handicap International travaille aux côtés des personnes handicapées et vulnérables, prend des mesures en étant témoin afin de répondre aux besoins essentiels de ces personnes, améliore leurs conditions de vie et promeut le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.

Les programmes principaux de Handicap International abordent la défense des droits des handicapés (appareillage et rééducation), les mines et les bombes à fragmentation (déminage et prévention des accidents) la prévention des maladies, la santé, la gestion des camps de réfugiés (insertion scolaire des enfants), insertion économique et sociale, préparation aux catastrophes etc.

Pays africains bénéficiaires de programmes de Handicap International : Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap Vert, Egypte Ethiopie, Guinée Bissau, Kenya, Libéria, Libye, Madagascar, Mali, Mauritanie, Maroc, Mozambique, Niger, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan du Sud, Tanzanie, Togo, Tunisie.

201GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Mines Advisory Group (MAG)Siège : Royaume Uni Site Web : http://maginternational.org

MAG est une organisation dont la vision est celle d’un futur sûr pour les hommes, les femmes et les enfants touchés par la violence et les conflits armés. Depuis sa création en 1989, MAG aide à la récupération des terres contaminées par les vestiges de conflits (tels que les mines, les munitions à fragmentation, les bombes, les obus et les mortiers) et à la création de conditions sûres et stables pour le développement.

Les programmes de MAG sont axés sur la gestion des armes de destruction massive, l’apurement des zones minées, les interventions d’urgence, la liaison communautaire etc. En Afrique, MAG, en partenariat avec d’autres organisations, travaille avec les Etats en apportant une assistance technique sur des questions comme la destruction du surplus et/ou des armes obsolètes et leurs munitions, le marquage des armes, la mise en œuvre de la législation sur les armes etc.

Pays Africains impactés (31) : Angola, Botswana, Burundi, Congo, Erythrée, Ethiopie, Ghana, Kenya, Lesotho, Libye, Mali, Mauritanie, Maurice, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Tunisie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe.

Centre international de Genève pour le déminage humanitaireLocalisation : Genève (Suisse) Site web : http://www.gichd.org

Dans un monde où la sécurité humaine continue d’être menacée par des risques d’explosion, le Centre international de déminage humanitaire de Genève

(GICHD) œuvre à l’élimination des mines, des armes à sous-munitions et d’autres restes explosifs de guerre. Pour atteindre cet objectif, le Centre offre son expertise aux autorités nationales, aux organisations internationales et à la société civile pour améliorer la performance de l’action contre les mines.

http://www.geneve-int.ch/fr/centre-international-de-deminage-humanitaire-cidhg-0

Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF)Secrétariat international : Genève (Suisse) Site Web: http://wilpf.org/

Fondé en 1915, WILPF a été mis en place afin d’être une organisation non gouvernementale ; avec des sections nationales couvrant tous les continents ; à travers laquelle les femmes pourraient œuvrer pour la paix et la liberté en revendiquant par des moyens non-violents et en utilisant les cadres juridiques existants, leurs droits et leur responsabilité dans la participation des prises de décisions sur tous les aspects de la paix et de la sécurité. Elle s’est assigné comme mission de changer la façon dont les États conceptualisent et abordent les questions de genre, le militarisme, la paix et la sécurité. Afin de remplir sa mission, WILPF conduit des programmes dans quatre domaines qui sont : le désarmement, les Droits de l’Homme, les réponses aux crises et la paix et la sécurité des femmes. En tant qu’objectif de la ligue depuis 1915, son travail en matière de désarmement sur le plan international est coordonné par le Reaching Critical Will programme.

Reaching Critical Will (RCW)http://www.reachingcriticalwill.org/

Reaching Critical Will (RCW) est le programme de

202 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

désarmement de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF). RCW a été créé en 1999 pour mener l’analyse et le plaidoyer de l’organisation pour le désarmement, la réduction des dépenses mondiales militaires et le militarisme, et l’enquête sur les aspects sexospécifiques de l’impact des armes et des processus de désarmement. L’objectif poursuivi est de consolider ses efforts sur le désarmement et le contrôle des armes. Le programme œuvre pour la prohibition, le contrôle et le désarmement de tout type de système d’armement ; la réduction des dépenses militaires globales et le militarisme ; et l’analyse de l’aspect genre dans les conflits.

A travers le suivi des rapports, des analyses et de la sensibilisation, le RCW a sollicité la promotion de la transparence, de la responsabilité, de la discussion et des actions de lutte contre les armes nucléaires, les armes légères, les drones armés, les armes autonomes et l’usage d’armes explosives dans les zones peuplées aussi bien que les dépenses militaires, le commerce des armes et les questions de cyber espace et plus.

Halo TrustSiège : Royaume Uni Site web : http://www.halotrust.org/

Halo Trust est une organisation constituée le 9 mars 1988 spécialisée dans le déminage humanitaire. Elle est constituée le 9 mars 1988.

Le travail de l’organisation recoupe le déminage manuel et mécanique, la destruction des armes et des munitions, la formation des démineurs locaux, la sécurité physique et la gestion des stocks, l’éducation liée aux mines (ERM), la création de la capacité nationale en travaillant avec les autorités policières et militaire, l’amélioration des dispositions de sécurité aussi bien que la conduite des missions d’évaluation dans différents pays touchés par les mines.

Etats africains impactés: Angola, Côte d’Ivoire, Mozambique, République centrafricaine Somalie.

LES INTERVENANTS SUR LE GUIDE

A- INSTITUTIONS PARTENAIRES

LE CENTRE REGIONAL DES NATIONS UNIES POURLAPAIXETLEDESARMEMENTENAFRIQUE(UNREC)

L’idée de mettre en place un tel centre a été exprimée pour la première fois par les Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) lors de sa 21ème Session Ordinaire à Addis-Abeba du 16 au 20 juillet 1985.

A cet effet, les chefs d’Etats et de Gouvernements de

l’OUA par la résolution (AHG/Rés. 138 XXI) adoptée à Addis-Abéba en juillet 1985 ont demandé aux Nations unies de prendre les mesures nécessaires pour la création d’un bureau régional en Afrique pour effectuer des études approfondies dans le but de promouvoir la paix, le désarmement et le développement sur le continent.

Cette volonté manifeste des Chefs d’Etats et de Gouvernements a été concrétisée par la création dudit centre à Lomé, au Togo, suite à la résolution 40/151 de l’Assemblé Générale du 16 décembre 1985. Le Centre a été officiellement inauguré le 24 octobre 1986.

203GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

L’Assemblée Générale des Nations Unies a confié au Centre le mandat de fournir aux Etats membres de la région africaine, à leur demande, un soutien technique et fonctionnel pour les initiatives qu’ils prennent dans le domaine de la promotion de la paix, de la limitation des armes et du désarmement et de la réforme du secteur de l’armée. Le Centre est rattaché au Département pour les Affaires de Désarmement.

L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF)

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a pour mission de donner corps à une solidarité active entre les 80 États et gouvernements qui la composent (57 membres et 23 observateurs). Une communauté de destin consciente des liens et du potentiel qui procèdent du partage d’une langue, le français, et des valeurs universelles. L’OIF a pour objectif de contribuer à améliorer le niveau de vie de ses populations en les aidant à devenir les acteurs de leur propre développement. Elle apporte à ses États membres un appui dans l’élaboration ou la consolidation de leurs politiques et mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale, conformément aux 4 grandes missions tracées par le Sommet de la Francophonie : Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ; développer la coopération au service du développement durable. Une attention particulière est portée aux jeunes et aux femmes ainsi qu’à l’accès aux technologies de l’information et de la communication dans l’ensemble des actions de l’OIF.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est une personne morale de droit international public et possède une personnalité juridique, dont le siège est à

Paris (France). Elle a été créée par la Convention de Niamey du 20 mars 1970 sous l’appellation d’»Agence de coopération culturelle et technique» (ACCT).

B- CONSULTANTS

- Monsieur Nicolas KASPRZYKNicolas Kasprzyk est diplômé en droit, avec une spécialisation (diplôme d’études supérieures spécialisées) en maîtrise des armements, désarmement et vérification. De 1999 à 2002, il a travaillé comme chercheur au Centre d’Etudes de Sécurité Internationale et de Maîtrise des armements (CESIM), détaché dans le département d’analyses stratégiques d’Aerospatiale-Matra. De 2002 à 2009, il a été chargé de mission, puis expert de haut niveau, sur les questions de non-prolifération, désarmement et dissuasion à la Délégation aux Affaires Stratégiques du ministère français de la Défense. Sur désignation du Secrétaire général des Nations Unies, il a servi comme expert auprès du Comité 1540, au siège de l’Organisation, de 2009 à 2014. En 2014, il a rejoint l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS), basé à Pretoria, pour y diriger un projet visant au renforcement des capacités de prévention de la prolifération des armes de destruction massive sur le continent. A l’ISS, il est également impliqué dans différentes activités portant sur la maîtrise des armements conventionnels (armes légères et de petit calibre, traité sur le commerce des armes). Nicolas Kasprzyk a été boursier du programme d’études du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU (promotion 2005).

- Le Professeur Dodzi Komla KOKORKO,représentant le Centre de droit public de l’Université de Lomé (CDP).

Directeur du Centre de Droit Public depuis sa création

204 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

en 2009, le Professeur Dodzi Komla KOKOROKO, est Agrégé des Facultés de Droit et Professeur Titulaire de Droit Public et de Science Politique. Ses champs de recherche sont le Droit constitutionnel, le Droit international et le droit du contentieux. Vice-Doyen de la Faculté de droit de 2012 à 2016 et membre du Conseil Scientifique et Pédagogique de l’Université de Lomé, il est depuis le 31 mai 2016, le Président de l’Université de Lomé.

Le Professeur KOKOROKO est associé aux Universités d’Abomey-Calavi (Bénin), de Kara, Marien-Ngouabi, du Niger, de Bamako et de l’Université Omar Bongo du Gabon. Il a été professeur invité aux Universités Montesquieu Bordeaux IV, de Poitiers, de Gent, à l’Institut International des Droits de l’Homme et à la Cour de Justice de la CEDEAO et au Centre d’Etudes de Sécurité et de Défense de Dakar.

Le Professeur KOKOROKO intervient en qualité d’expert national et international en droit de la gouvernance politique et auteur de publications.

C- COORDONNATEURS DU GUIDEDocteur Dable Botre, Diplomate de carrière de la République togolaise, il est titulaire d’un Doctorat en Sciences Humaines (sciences politiques) et d’un diplôme de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) Cycle III option Diplomatie et Relations internationales.Il a travaillé de décembre 2008 à mars 2014 au Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine. En qualité de Conseiller des Affaires Etrangères, il a servi successivement dans les directions du Protocole d’Etat et des Affaires de Défense, de Sécurité et de Survol. Il était chargé des dossiers relatifs à : Rédaction et gestion du courrier diplomatique, affaires politiques, coopération

multilatérale, organisation de réunions et conférences, dossiers de désarmement et de non-prolifération.

Depuis mars 2014, il travaille comme Responsable de Programme au Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC). Il a coordonné trois projets en Afrique relatifs notamment à la mise œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité des Nations Unies dans 17 pays, à l’enquête sur la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) dans 09 pays du Sahel et les pays environnants et à la mise en œuvre de la Convention sur les Armes Biologiques (CAB) dans 03 pays. Les bénéficiaires de ces programmes sont les institutions étatiques, les Organisations de la Société Civile et les parlementaires. Pour ce faire, il a effectué des missions sur le terrain dans plus de 20 pays pour organiser des ateliers. Pour y parvenir, il collabore avec les gouvernements et les agences sœurs du Système des Nations Unies des pays où les activités ont lieu pour organiser les activités. Docteur Botre a été boursier de plusieurs programmes de formation et d’études notamment du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU (promotion 2011), du Centre International Kofi Annan pour le maintien de la Paix sur le développement de la diplomation pour la paix et la sécurité en Afrique (Promotion 2013) et de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) sur le Droit nucléaire ; formation accélérée (promotion 2013).

Point focal de l’UNREC sur les questions liées aux armes de destruction massive, il est également Enseignant Chercheur des Universités du Togo et auteur de plusieurs publications.

Monsieur Komlavi SIABI est diplômé en droit international, avec une spécialisation en droit international à l’Université de Lomé. De 2009 à 2014, il a été assistant du Directeur de la section togolaise d’Amnesty International chargé du monitoring des droits de l’Homme. D’octobre 2014 à décembre 2015, il

205GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

a occupé le poste de chargé de programme au Conseil Episcopal Justice et Paix Togo (CEJP TOGO). Il rejoint le Centre Régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) en janvier 2016 en qualité de volontaire national des Nations Unies jusqu’en juin 2016. Il a été chargé de coordonner la rédaction du présent guide et d’écrire les annexes.

Monsieur Komlavi SIABI est aussi formé en observation des droits de l’Homme en période électorale, en droits des refugiés, sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) et en coordination civilo-militaire (CIMIC).

206 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Armes Légères et de Petit Calibrele Désarmement, la Démobilisation et la RéinsertionOrganisation Internationale de la FrancophonieCentre régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en AfriqueSociété des NationsOrganisation des Nations UniesZone exempte d’armes nucléairesCommunauté Economique des Etats de l’Afrique de l’OuestCommunauté de Développement de l’Afrique australe Traité sur le Commerce des Armes Réforme du Secteur de la SécuritéDésarmement, Démobilisation et RéintégrationObjectifs du développement durableRépublique Démocratique du CongoTraité d’Interdiction Complète des Essaisterme utilisé à la page 11 mais sans définition préalableTraité sur la non-prolifération des armes nucléaires terme utilisé à la page 14 mais sans définition préalableStrategic Arms Reduction Treaty/Traité de réduction des armements stratégiquesStockholm International Peace Research Institute Impulsion Electromagnétique Etats dotés d’armes nucléairesEtats non dotés d’armes nucléairesInspection sur placeOrganisation du Traité d’Interdiction Complète des EssaisAgence internationale pour l’énergie atomiqueSecrétariat Technique ProvisoireConvention d’interdiction des armes biologiquesOrganisation Mondiale de la SantéOrganisation Mondiale de la Santé Animale (revoir)Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agricultureOrganisation internationale de coopération policière

ALPC :DDR :OIF :

UNREC : SDN :ONU :

ZEAN : CEDEAO :

SADC : TCA : RSS : DDR : ODD : RDC : TICE : TNT : TNP :

SALT : START :

SIPRI: IEM :

EDAN : ENDAN :

ISP :OTICE :

AIEA : STP :

CIAB :OMS : OIE :

FAO :INTERPOL:

Liste des Acronymes et Sigles

207GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Groupe d’action financièreConvention d’interdiction des armes chimiquesNouveau Partenariat pour le Développement en Afrique African Biosafety Association/Association africaine de sécurité biologiqueGlobal Emerging Pathogens TreatmentForces armées conventionnelles en Europe Régime de contrôle de la technologie des missiles Al Qaeda au Maghreb IslamiqueMission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique Nations UniesArmes Légères PerfectionnéesArmes de Fabrication Locale Forces de Défense et de Sécurité Instrument International de Traçage Southern African Police Chiefs Cooperation OrganizationCommunauté Economique des Etats d’Afrique CentraleComité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centraleStandards internationaux de contrôle des armes légères United Nations Office on Drugs and Crime Directives techniques internationales sur les munitionsProgramme pilote de sécurité physique et gestion de stocks du service de lutte anti-mines des Nations Unies Communautés Economiques Régionales Mécanisme Ouest-Africain d’Évaluation entre Pairs en Matière de Contrôle des ALPCCentre régional sur les armes légères dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les pays limitrophes Conférence Internationale de la Région des Grand LacsOpération des Nations Unies en Côte d’IvoireProgramme des Nations Unies pour le DéveloppementRéseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest terme utilisé à la page 140 sans définition préalable…( ?)Zone Exempte d’arme Nucléaire en AfriqueComité International de la Croix RougeRegistre de contrôle des exportations de missilesArmes de Destruction MassiveConseil de Sécurité des Nations Unies

GAFI : CIAC :

NEPAD : AFBSA :

GET:FCE :

RCTM :AQMI :

MINUSCA : NU :

ALP : AFL : FDS :

IIT: SARPCCO:

CEEAC :UNSAC :

ISACS :UNODC :

IATG : SLAM :

CER :

MOAEPCA : RECSA :

ICGLR : ONUCI : PNUD :

RASALAO :ASM :MAP :

ZENA :CICR :

MTCR : ADM :

CS :

208 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Bureau des affaires de désarmement des Nations UniesDépartement des Opérations de Maintien de la Paix des Nations UniesOffice des Nations Unies contre la drogue et le crimeService d’action anti-mines des Nations UniesOrganisation pour l’Interdiction des Armes ChimiquesAgence Internationale de l’Energie AtomiqueOrganisation du Traité d’Interdiction Complète des essais nucléairesGroupe des Fournisseurs NucléairesOrganisation Internationale de la FrancophonieOrganisation de la Coopération IslamiqueOrganisation mondiale des DouanesUnité d’appui à l’application de la Convention sur les armes à sous-minutionsInitiative de Sécurité contre la ProliférationBureau des Nations Unies pour l’Union AfricaineBureau de Nations Unies pour l’Afrique de l’OuestBureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centraleUnion AfricaineConseil de Paix et SécuritéCommission de l’Union Africaine pour l’énergie atomiqueForce de Police Africaine contre le terrorismeCommunauté Est AfricaineAutorité intergouvernementale sur le développement Programme en matière de prévention, gestion et résolution de conflit Brigade d’intervention de l’Afrique de l’Est Mécanisme d’alerte précoce et de réaction aux conflitsSecurity Sector Program Conférence internationale sur la région des Grands Lacs Commission du bassin du lac Tchad Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmementInstitut des Nations Unies pour la formation et la rechercheInstitut Panafricain de Stratégie Centre d’études stratégiques de l’Afrique Institut d’études de sécurité Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécuritéSmall Arms Survey Verification Research, Training and Information Centre Centre d’Entraînement aux Opérations de Maintien de la PaixÉcole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye de Bamako

UNODA :DOMP :

ONUDC : UNMAS :

OIAC : AIEA :

OTICE : GFN : OIF : OCI :

OMD : CCM-ISU :

PSI : UNOAU :UNOWA :UNOCA :

UA : CPS :

CEAN : AFRIPOL :

CAE : IGAD :

CPMR :EASBRIG : CEWARN :

ISSP: CIRGL :CBLT :

UNIDIR : UNITAR :

IPS :CESA :

ISS : GRIP :SAS :

VERTIC :CEOMP :

EMP ABB :

209GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

Coordination Civilo-militaireCentre international Kofi Annan de formation au maintien de la paix Fonds des Nations Unies pour la populationFonds de Développement des Nations Unies pour la FemmeCentre du Caire pour la résolution des conflits et le maintien de la paix en Afrique Centre de perfectionnement aux actions de déminage et de dépollution d’OuidahPeace Operations Training Institute/ Institut de formation aux opérations de paixRéseau international d’action contre les armes légères Réseau d’Action sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest Réseau Africain Francophone sur les Armes LégèresCentre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève Mines Advisory Group Centre international de déminage humanitaire de Genève Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté Reaching Critical Will Ecole Nationale d’Administration Convention sur les Armes BiologiquesConseil Episcopal Justice et Paix Togo

CIMIC :KAIPTC :FNUAP :

UNIFEM : CCCPA : CPADD :

POTI : IANSA :

RASALAO/WAANSAA :RAFAL : DCAF : MAG :

GICHD : WILPF :

RCW: ENA :CAB :

CEJP TOGO :

210 GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE

211GUIDE PRATIQUE SUR LE DESARMEMENT EN AFRIQUE