h mintzberg
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ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DE
MANAGEMENT ENSM
ALGER
CONCEPTION ET ANALYSE DES
STRUCTURES ORGANISATIONNELLES
« Une explication de la dynamique
organisationnelle à travers l’ancrage théorique
d’Henry Mintzberg»
Préparé par :
Amine OUSSEDIK, Doctorant en science de gestion à l’école nationale
superieure de management, Alger.
SOMMAIRE
INTRODUCTION………………………………………………………………. 1
SECTION 1 : LE FONCTIONNEMENT DE L’ORGANISATION………… 2
1.1. Structure organisationnelle et mécanismes de coordination………………… 2
1.2. Les cinq éléments de base de l’organisation………………………………… 7
1. 3. L’organisation comme un système de flux…………………………………. 12
SECTION 2: ANALYSE DES PARAMETRES DE CONCEPTION
DE LA STRUCTURE………………………………………………………….. 14
2.1. La conception des postes …………………………………………………….. 14
2.2. La conception de la superstructure ………………………………………….. 16
2.3. Conception des liens latéraux ……………………………………………….. 17
2.4. Conception du système de prise de décision………………………………… 19
SECTION 3 : LES FACTEURS DE CONTINGENCE……………………… 20
3.1. Le système technique ………………………………………………………. 21
3.2. L’age et la taille …………………………………………………………….. 21
3.3. L’environnement……………………………………………………………. 21
3.4. Le pouvoir ………………………………………………………………….. 22
SECTION 4 : LES DIFFERENTES CONFIGURATIONS
STRUCTURELLES ……………………………………………………………. 23
4.1. La structure simple…………………………………………………………… 23
4.2. La bureaucratie mécaniste…………………………………………………… 24
4.3. La bureaucratie professionnelle……………………………………………… 25
4.4. La structure divisionnalisée …………………………………………………. 26
4.5. L’adhocratie………………………………………………………………….. 27
4.6. L’organisation missionnaire …………………………………………………. 28
4.7. L’organisation politisée……………………………………………………… 28
CONCLUSION …………………………………………………………………. 30
BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………………… 31
1
INTRODUCTION
Sur le plan des connaissances, les chercheurs en management des années soixante sont de
moins en moins préoccupés par l’action des individus. Ce sont maintenant les questions
d’ordre structurel qui retiennent leur attention (la taille, la technologie, les niveaux
hiérarchiques, l’éventail de contrôle, le pouvoir…. etc.). Dans cette décennie, les chercheurs
centrent leurs travaux sur la compréhension des dynamiques et des relations entre
l’organisation et son environnement. Dans, la tourmente des anciens apports théorique en
matière d’organisation, ces chercheurs essayeront par la suite de contester les hypothèses
prescriptives de l’approche classique qui se manifeste souvent sous la forme d’une phrase
célèbre, à savoir le « one best way ».
Donc, ils fournissent des outils conceptuels et méthodologiques pour réfléchir sur les
structures organisationnelles. Pour résoudre les problèmes d’incertitude, ils sont à la
recherche de modèles d’explication simplifiés en vue de formaliser et de systématiser les
traits essentiels des organisations qui sont de plus en plus complexes. Cette période est
principalement marquée par l’essor d’un ancrage théorique qui s’est intéressé aux problèmes
d’ordre structurel à savoir les théories de la contingence.
Les théories de la contingence résultent de travaux de recherche empirique se réclamant d’une
démarche formelle, systémique et comparative sans précédent. Jusque-là, les théories des
organisations reposaient principalement sur des études de cas exploratoires et cliniques. Les
théories de la contingence introduisent les enquêtes statistiques et consacrent le triomphe des
analyses quantitatives. Les théories de la contingence reconnaissent que toutes les
organisations sont différentes et qu’il n’y a pas de structures formelles qui soient idéales.
Cependant, elles postulent qu’il y a des éléments du contexte qui influencent de manière
déterminante les structures et les processus internes de l’organisation. La performance des
entreprises dépend donc de leur capacité à faire en sorte qu’il y ait adéquation entre ces
éléments. Les théories de la contingence se développent sur trois décennies et prennent de
multiples formes : la contingence technologique (années 1950), la contingence structurelle
(années 1960) et la contingence stratégique (années 1970).
A cet effet, la perspective des configurations a constitué une autre étape dans le
développement des théories de la contingence dans les années 1980. Elle prend forme avec le
célèbre ouvrage de Henry Mintzberg paru en 1978 et traduit en langue française aux Éditions
d’Organisation à Paris et intitulé Structure et dynamique des organisations. Dans cet ouvrage,
Mintzberg défend l’idée de base des théories de la contingence, à savoir que la structure d’une
organisation est largement déterminée par la complexité de son environnement et sa capacité à
s’y adapter.
Apres avoir consulté les ouvrages de Henry Mintzberg qui s’intéressent aux structures
organisationnelles, nous avons repris les apports théoriques de cet auteur pour constituer ce
document. Ce dernier est scindé en quatre sections. La première section sera consacrée au
2
fonctionnement de l’organisation, dans laquelle on évoquera les mécanismes de coordination
au sein de l’organisation, les éléments de base qui la constituent (sommet stratégique, ligne
hiérarchique, technostructure, fonctions de support et centre opérationnel) mais aussi les
systèmes de flux qui l’anime.
La deuxième section sera dédiée au paramètre de conception des structures organisationnelles
où on va décliner quatre paramètres distincts à savoir la conception des postes de travail La
conception de la superstructure, les mécanismes de liaison et la décentralisation.
Lors de la troisième section, on s’intéressera aux facteurs de contingence suivants : âge, taille,
environnement, système technique, pouvoir. Ces derniers orientent la structuration de
l’organisation à travers l’influence qu’ils exercent sur le fonctionnement de l’organisation,
les paramètres de conception et les mécanismes de coordination qui la compose.
La quatrième et dernière section sera consacrée aux sept configurations théoriques identifiées
par Mintzberg. En outre, on mettra en évidence lors de cette section les caractéristiques qui
permettent à chaque configuration de se démarquer par rapport à une autre, et cela en
évoquant les particularités inhérentes aux mécanismes de coordination, aux paramètres de
conception et de structuration qui sont déterminés par certains facteurs de contingence.
SECTION 1 : LE FONCTIONNEMENT DE L’ORGANISATION
Mintzberg (1978) définie la structure d’une organisation comme étant « tous les moyens mis
en œuvre afin de diviser le travail entre des tâches indépendantes et dont la finalité est
d’assurer la coordination entre ces tâches ». Chaque organisation doit immanquablement
rencontrer une double nécessité: la division/répartition des tâches et la
coordination/intégration de cet ensemble.
A travers les apports de Mintzberg (1978), nous allons consacrer de cette section aux
mécanismes de coordination, et aux éléments de base qui constituent une organisation. Ces
principaux composants sont indispensables pour décrire et analyser le fonctionnement de
l’organisation.
1.1. Structure organisationnelle et mécanismes de coordination
Dans la définition de la structure, il existe deux concepts fondamentaux qui sont à l’origine de
la dynamique organisationnelle à savoir, la division du travail et la coordination. La division
et la répartition des tâches, se distingue notamment par la division horizontale et la division
verticale du travail au sein de l’organisation. Chacune de ces formes de divisions du travail
peut être qualifiée de faible ou de forte. Une division horizontale faible décrit une situation
où chaque travailleur est susceptible de réaliser un nombre élevé de tâches différentes, cette
caractéristique s’attache à ce qu’on communément la polyvalence. Par contre, si la division
horizontale nous semble forte, cela nous conduit à une caractéristique inhérente à la
spécialisation. Quant à la division verticale, elle décrit la mesure de la séparation entre les
tâches de conception et d'exécution.
3
En ce qui concerne le second concept, celui de la coordination (et de l'intégration de
l'ensemble des taches et activités), Mintzberg (1978) identifie, dans son modèle, six
mécanismes de coordination. Ces derniers paraissent suffisants pour expliquer les moyens
fondamentaux par lesquels les organisations coordonnent leur travail : l’ajustement mutuel, la
supervision directe, la standardisation des qualifications, la standardisation des procédés, la
standardisation des résultats et par les normes. On peut considérer ces mécanismes comme
étant les éléments fondamentaux de la structure, la colle qui maintient ensemble les parties
qui forment l’organisation.
Nous allons maintenant présenter brièvement les caractéristiques et les spécificités de chaque
mécanisme de coordination1 afin de mieux comprendre la dynamique organisationnelle et les
différentes configurations structurelles qui peuvent en découler en suite.
1.1.1. L'ajustement mutuel
L’ajustement mutuel réalise la coordination du travail par simple communication informelle
entre les agents qui composent l’organisation; Par ce mécanisme, les personnes s’entendent
entre eux sur le travail à accomplir ainsi que sur le moment et la façon de faire le travail. A cet
effet le contrôle du travail reste entre les mains de l’operateur, comme indiqué dans le
schéma 1. Chacun des operateurs doit alors s’ajuster aux idées, aux préférences et aux
contraintes des autres.
Schema1 : Ajustement Mutuelle
Source : H.Mintzberg (1989)
1.1.2. La supervision directe
A mesure qu’une organisation croît et quitte l’état simplicité primitive dans lequel elle se
trouvait au départ, on voit apparaitre un second mécanisme de coordination. La supervision
directe est le mécanisme de coordination par lequel une personne se trouve investie de la
1 Les mécanismes de coordination et leur identification graphique seront illustrer d’après « Management, voyage
au centre des organisations »d’ Henry Mintzberg. 1989, éditions d’Organisation
Opérateur Opérateur
Analyste
Cadre
4
responsabilité du travail des autres. Le responsable leur donne des instructions et contrôle leur
travail, comme l’indique le schéma 2.
Ainsi, la supervision directe s’exerce souvent dans le cadre de la délimitation du pouvoir
décisionnel accordé par la délégation des pouvoirs et dans l’examen des décisions prises. Ce
comportement opérationnel met en évidence les principes d’autorité, de hiérarchie d’unité de
commandement et de supervision, tout en évoquant la nécessité de répartir le travail et sur les
conditions de son contrôle.
Donc, ce mécanisme de coordination correspond à l’autorité traditionnelle du patron qui
donne des ordres. Le supérieur hiérarchique décide ce qu’il faut faire et dicte à ses
subordonnés ce qu’ils doivent faire à travers le suivie de l’atteinte des objectifs de
l’organisation en question. Le travail est coordonné par le supérieur hiérarchique qui surveille
le déroulement des activités de ces subordonnés.
Schéma 2 : La supervision directe
Source : H.Mintzberg (1989)
1.1.3. La standardisation des procédés de travail
Selon Simon et March (1958), la standardisation représente « La coordination des diverses
parties est incorporée dans le programme (de travail) dès la conception, et le besoin de
communication continue s’en trouve réduit ». Quelque soit le métier exercé au sein de
l’entreprise, nul n’a besoin de se préoccuper de la coordination avec leurs collègues dans la
plupart des circonstances, car ils savent exactement à quoi ils peuvent s’attendre de la part des
autres et font leur travail en tenant compte de cette connaissance.
Lorsque les tâches sont précisément formalisées2; la standardisation des procédés de travail
correspond à une gestion par des normes, des procédures, des règlements formels. Le travail
de tous les employés est décrit sous la forme de marches à suivre très détaillées. En principe,
2 Les concepteurs de ces procédures standardisées sont appelées les "analystes de la technostructure"
Cadre
Opérateur Opérateur
5
si tout toutes les personnes appliquent ces directives formelles, la production des biens et des
services suivront le chemin qui mènera vers la réalisation des objectifs assignés.
Schéma 3 : La standardisation des procédés
Source : H.Mintzberg (1989)
1.1.4. La standardisation des résultats
Il est également possible de standardiser les résultats du travail, ce qui implique
l’uniformisation des résultats à obtenir, des objectifs à atteindre pour chaque département de
l’organisation. Ces résultats sont fixés par le sommet stratégique et les cadres fonctionnels se
charge de les faire appliquer.
Lorsque les résultats sont standardisés, les interfaces entre taches sont prédéterminées à
travers des objectifs qui sont précisément décrits; Ce mécanisme de coordination correspond
à une gestion par objectifs ou résultats à atteindre. Par exemple dans une entreprise
comportant plusieurs divisions, le siège social peut fixer des objectifs de vente et de
rentabilité, mais laisser à la division le choix des moyens à prendre pour arriver à ces
résultats.
Schéma 4 : la standardisation par les résultats
Source : H.Mintzberg (1989)
Cadre
Analyste
Opérateur Opérateur
Opérateur Opérateur
Cadre
Analyste
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1.1.5. La standardisation des qualifications
Il arrive que ni le procédé ni les résultats ne puissent être standardisés et qu’une certaine
coordination néanmoins nécessaire. La qualification et le savoir sont standardisés et
uniformes lorsqu’est spécifiée la formation de celui qui exécute le travail.
Si chacun apprend en utilisant les mêmes méthodes, les mêmes raisonnements, les mêmes
façons de travailler alors les membres de l’organisation peuvent utiliser des références
communes (langage, méthode de raisonnements, procédures de base) pour coordonner leur
travail. Le plus souvent, la standardisation des qualifications se fait au niveau du recrutement
et de la formation interne.
H.Mintzberg (1978) cite un exemple marquant, qui concerne le phénomène de coordination
qui se déroule lors d’une intervention chirurgicale. Dans une salle d’opération, chacun sait, de
par sa formation et son expérience, quoi faire et quoi attendre des autres spécialistes de la
santé et, du coup, la coordination de l’ensemble s’en trouve facilitée.
Schéma 4 : la standardisation des qualifications
Source : H.Mintzberg (1989)
Les deux premières formes de coordination ressortissent des relations interindividuelles, les
deux suivantes de la formalisation et la dernière concerne le jeu des représentations.
1.1.6. La standardisation des normes
La standardisation des normes (ou par les normes) se fonde sur des règles normatives, des
valeurs établies pour l'organisation dans sa globalité dans le but d’aligner les représentations
de chaque membre de l’organisation par rapport aux activités de cette dernière. Ces règles
normatives dictent le travail et auxquelles les membres adhèrent en uniformisant les modes de
fonctionnement et de réflexion de chacun. Culture et valeur commune à l’entreprise, croyance
des membres de l’organisation qui constituent pour Mintzberg (1989) « le ciment qui tient
toutes les pierres de la bâtisse de l’organisation ».
Opérateur
Institution de formation :
Qualifications standards
7
Schéma 4 : la standardisation des normes (par les valeurs communes)
Source : H.Mintzberg (1989)
Cependant, il existe une solution de continuité entre nos six mécanismes de coordination (le
continuum entre les mécanismes de coordination). Selon Mintzberg (1978), A mesure que le
travail d’organisation devient plus difficile, les moyens de coordination employés de façon
préférentielle semblent passer successivement d’un stade à un autre, c’est-à-dire en passant
par les six mécanismes de coordination qu’on a évoqué préalablement.
1.2. Les cinq éléments de base de l’organisation
Pour comprendre comment les organisations se structurent, il faut d’abord savoir comment
elles fonctionnent : connaitre les parties dont elles sont faites, les fonctions qu’elles
remplissent et la façon dont ces fonctions sont reliées les unes aux autres ; de façon précise, il
faut savoir comment les flux de travail d’autorité, d’information et de décisions irriguent les
organisations.
Mintzberg (1978) décrit cinq éléments de l’organisation, dans le but de comprendre ces flux
qui parcourent l’organisation et le fonctionnement réel des organisations. Ces cinq éléments
de base se présentent ainsi: le centre opérationnel, le sommet hiérarchique, la ligne
hiérarchique, la technostructure et le support logistique ; auxquels s’ajoutent deux
composantes supplémentaires que Mintzberg (1989) évoquera plus tard dans son ouvrage «
Management, voyage au centre des organisations », à savoir : l’idéologie et les hommes.
1.1.2. Le Sommet Stratégique
Le rôle principal de cet élément organisationnel est de concevoir, développer, et assurer la
déclinaison de la stratégie de l’organisation. Le sommet stratégique est constitué de un ou
plusieurs managers (le directeur, le comité de direction, les conseillers, etc.) qui dirigent
l’organisation et jouent un rôle primordiale dans la prise de décisions stratégiques. Ces
dirigeants ont une vision globale sur les activités de l’organisation et leurs responsabilités
sont très larges et n’entrent pas dans la technicité des activités quotidiennes (la production
directe). Les managers qui constituent le sommet stratégique exercent aussi des fonctions de
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supervision directe, en ce sens ils provisionnent les ressources, règle les conflits, contrôle, et
diffuse l’information à travers les canaux de communication dont dispose l’organisation.
La fonction du sommet stratégique est de faire en sorte que l’organisation remplisse sa
mission de façon efficace et qu’elle satisfait les besoins de ceux qui la contrôlent ou qui ont
sur elle un pouvoir légitime (propriétaires, administrations, etc. ...).
Les membres de cet élément organisationnel poussent à la centralisation par laquelle ils
peuvent conserver le contrôle sur les décisions importantes qui peuvent donner lieu à des
répercutions négative ou positive dans la réalisation des objectifs de l’organisation. Dans la
mesure où les conditions favorisent cette poussée drastique, la configuration qui en résulte est
représenté par Mintzberg (1978) par la structure simple.
La discipline rentre aussi dans le cadre des missions du sommet stratégique, elle peut être
exercée au niveau de l’organisation, mais aussi à travers ses relations avec l’environnement
(contacts à haut niveau avec les pouvoirs publics, négociation avec les banques et les
fournisseurs, etc.).
1.2.2. La ligne hiérarchique
La ligne hiérarchique constitue le lien formel, hiérarchisé d’autorité entre le centre
opérationnel et le sommet stratégique. Chaque membre de la chaîne hiérarchique accomplit, à
son niveau, le travail du sommet hiérarchique.
Cet élément organisationnel est représenté par les cadres intermédiaires, entre le sommet
stratégique et les opérateurs, d’ailleurs ils assurent la relation professionnelle entre ces deux
éléments de la structure. Ainsi, dans le cadre de cette relation, ces cadre acheminent dans le
sens descendant les orientations politiques et/ou les directives stratégiques définies au
sommet de la pyramide dans le sens ascendant, et ils formalisent les rapports et les
réclamations qui rentre dans le périmètre de leurs missions.
Donc, il est clair que les cadres de la ligne hiérarchie doivent tendre à faire descendre le
pouvoir du sommet stratégique, ainsi qu’a le faire remonter du centre opérationnel. Ce sens
d’irrigation de l’information au sein de la structure favorise une tendance à la balkanisation de
cette dernière, cela d’exercer un contrôle sur les décisions prises par les cadres. Dans la
mesure où les conditions favorisent cette poussée, la configuration qui en résulte est la
divisionnalisation.
1.2.3. Le centre opérationnel
Le centre opérationnel constitue le socle de base de la structure organisationnelle. Sans cette
entité, la structure n’a pas de raison d’être puisqu’elle permet à l’organisation de produire le
bien ou service. A cet effet, cet élément de la structure rassemble les membres de
9
l’organisation (opérateurs) dont le travail est directement lié à la production des biens et des
services. En fonction de l’activité de l’organisation, ces operateurs peuvent être des opérateurs
qualifiés ou non qualifiés qui prennent des décisions d’ordre opérationnel.
Les membres de cette entité cherchent à minimiser l’influence des dirigeants et celle des
analystes sur leur travail (technostructure). Donc, ils encouragent une décentralisation à la fois
horizontale et verticale. Dans certains cas, ils travaillent de façon relativement autonome à
travers la coordination par la standardisation des qualifications. Dans la mesure où les
conditions favorisent cette poussée, la configuration qui en résulte est la bureaucratie
professionnelle.
1.2.4. Les analystes de la technostructure
Sont les agents qui ont pour fonction d'analyser, de réformer les procédés de travail, les
modalités de planifications et de contrôle, les qualifications du personnel, ainsi que le
système de croyance et de valeurs. Ils agissent sur le flux de travail et les standardisations.
La technostructure est composée d’analystes spécialisés, d’experts qui on pour fonction
d'analyser et de réformer les procédés de travail des autres en le planifiant suite à
l’établissement de normes et de contrats implicites (Budget et indicateurs de performance). Ils
contrôlent la bonne réalisation des objectifs fixés par le sommet stratégique.
Cette entité est chargée de la conception et de l’adaptation de la structure. Ces membres
agissent sur le flux de travail par le biais de la standardisation. En ce sens, les agents chargés
des méthodes standardisent le travail, ceux délégués à la planification et au contrôle
standardisent les résultats (contrôle de gestion) et les agents intervenant dans la GRH
standardisent les qualifications.
Les analystes de la technostructure poussent à la standardisation et produisent des normes
formelles, en particulier celle des procédés de travail, cette standardisation étant sa raison
d’être. Dans la mesure où les conditions favorisent cette poussée, la configuration qui en
résulte est la bureaucratie mécanique
1.2.5. Fonction de support logistique
Cet ensemble de support logistique peut se concevoir en unités d’experts ou d’unités
spécialisées qui ont une fonction particulière à remplir : recherche, contentieux, relations
publiques, etc. Il constitue un soutien et véhicule les informations nécessaires aux activités de
l’organisation (exemple : le courrier). Ces différents pôles interviennent indirectement dans
le flux du travail.
Cette entité est composée de tous les services qui fournissent un soutien indirect au reste de
l’organisation. En fonction de la situation et de l’activité de l’organisation, le support
logistique pourra se trouver, en tout ou partie, extérieur aux frontières de l’organisation.
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Par ailleurs, le personnel de cette part de l’organisation peut gagner de l’influence dans
l’organisation non pas quand il reste autonome mais quand il détient une compétence
spécifique et parfois inimitable. Dans ce cas de figure on fait appel à sa collaboration, à son
expertise. Ce phénomène survient généralement quand l’organisation se structure en
constellations de travail dont le pouvoir est décentralisé sélectivement et demeurent libres de
se coordonner elles-mêmes et entre elles par ajustement mutuelle. Cette mesure engendre une
configuration organisationnelle dite « adhocratique ».
Schéma 5 : Les composants fondamentaux de l’organisation
Source : Mintzberg H (1978), structure et dynamique des organisations.
1.2.6. Les éléments de base supplémentaires : La culture et les Hommes (jeu de pouvoir)
La structure de l’organisation se schématise à travers les cinq éléments de base qu’on a
illustré précédemment.
Néanmoins, ces cinq éléments de base ne donne aucun dynamisme ni vitalité à l’organisation.
Ce qui lui insuffle la vie, ce sont « l’idéologie » et « les Hommes » qui la véhiculent. Ces
éléments sont observables suivant deux principaux socle théorique, d’une part à travers la
prise en compte des travaux relatifs à la culture organisationnelle, (les normes, valeurs et
croyances) qui oriente la structuration et le fonctionnement des organisations, et d’autre part
11
la mise en valeur du rôle des acteurs de l’organisation en suivant les travaux de Crozier et
Friedberg (l’acteur et le système).
L’idéologie peut être considérée comme la culture qui se sustente de traditions et des
croyances d’une organisation. Mais, les hommes, eux, sont détenteurs d’influence et en lutte
pour le pouvoir en suivant des stratégies distincte, en fonction de leurs intérêts.
1.2.6.1. La culture organisationnelle (l’idiologie)
Selon H. Mintzberg, par idéologie, il faut entendre « un système riche développé et
profondément enraciné de valeurs et de croyances qui distingue une organisation particulière
de toutes les autres. » Certains lui consacrent le terme de culture.
La culture implique l’invention de règles et la création de valeurs communes permettant
l’identification. De ce fait, L’organisation n’échappe pas à ce principe. Entourée par un
environnement qui s’impose à elle, elle doit réagir pour elle-même imposer son existence et
donc créer sa propre identité qui la distinguera des autres organisations.
Selon Mintzberg ( 1978) , l’organisation d’un groupe est caractériser par certaines valeurs et
s’active autour d’un projet et but commun. Le projet commun, le partage des valeurs
communes et la socialisation vont, au fil du temps, créer une identité propre et installer une
tradition et une façon d’agir qui sera transmise aux nouveaux entrants qui intégreront
l’organisation (sans pour autant rester figée).
Ainsi la culture ou idéologie de l’organisation construit un système de représentation
cognitive commun qui permet de voir, de comprendre et de réagir aux différentes situations
que les membres de l’organisation rencontrent.
1.2.6.2. Les Hommes : détenteurs d’influence et en lutte pour le pouvoir
Selon Minzberg (1989) les organisations sont composées de personnes (ou acteurs au sens de
M.Crozier) engagés dans des relations d’échange dans cadre de la réalisation des taches ou
des objectifs qui leurs sont assignés. Chaque personne qui compose l’organisation dispose de
ressources en pouvoir, met en œuvre des stratégies et peut avoir des intérêts convergents ou
divergents par rapport à d’autres personnes. A cet effet, ces personnes sont guidées par la
logique de coopération, du conflit ou de coopération/conflit.
Le système social peut être appréhendé comme un ensemble où chacun a des enjeux
spécifiques, des ressources, sources de pouvoir, et qui mettent en œuvre des stratégies pour
atteindre leurs objectifs, satisfaire leurs intérêts. Cependant, les personnes qui ont les mêmes
objectifs peuvent former des coalisions (par fois provisoire) pour agir efficacement contre
d’autres personnes pour réaliser leurs objectifs, et parfois au détriment de la continuité
d’exploitation de l’organisation.
12
Donc, des personnes faisant partie de l’organisation sont parfois contraints de s’entendre au
moins provisoirement, même si des conflits existent entre eux. Ce raisonnement véhicule le
concept de « conflit/coopération »
1.3. L’organisation comme un système de flux
Les cinq éléments de base de la structure sont reliés entre eux par des flux variés et
complexes. A cet effet, Mintzberg (1978) considère l'organisation comme étant un système
d'autorité formelle, un système de flux régulés, un système de communications informelles,
un système de constellations de travaux, un système de processus de décision ad hoc.
1.3.1 Les système d’autorité formelle
Le système d’autorité formelle prend un chemin descendant, l’organigramme correspond à la
représentation courante de ce système. On définit l'organigramme comme une représentation
schématique et synoptique des liens fonctionnels, organisationnels et hiérarchiques d'un
organisme. Evidemment, Il n’en propose qu’une vision parcellaire et apparaît sous une
référence documentaire et formelle qui est appelée à être modifiée à chaque modification de
nature organisationnelle sous peine d’inexactitude.
L’organigramme est réalisé sous différentes formes graphique, la représentation la plus
classique est celle du « râteau », sous contrainte de la complexité des échanges interne à
l’organisation, il ne décrit pas les relations informelles, il donne juste une image exacte de la
division du travail, des postes existent dans l’organisation, les unités ou divisons
fonctionnelles et le mode de circulation de l’autorité formelle entre les postes. Il permet ainsi
de représenter les relations de commandement ainsi que les statuts des membres de
l’organisation et les rapports de subordination.
Les définitions de fonctions et la répartition des tâches ne figurent pas dans l'organigramme
afin de facilité la compréhension du phénomène qui illustre fonctionnement du système
d’autorité formelle, mais ces dernières sont référencées dans des annexes documentaires
soumises à révision. Ce système met en évidence la supervision directe comme mécanisme de
coordination.
1.3.2. Le système de flux régulé
A travers le système de flux régulé, l’organisation est vue comme un ensemble de flux de
travail, de contrôle et d’informations fonctionnant sans heurts. Trois flux standardisés
correspondent à ce système à savoir, le flux de travail opérationnel, le flux de travail des
informations verticales et le flux horizontal d’informations fonctionnelles.
Le flux du travail opérationnel représente les mouvements de matière (entrées ou réception,
transformations, sorties ou expédition) et d’informations (bon de travaux, normes de
production, gammes de fabrication)
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Le flux des informations et des décisions de contrôle schématisé sous forme de circulation
verticale des informations. Le contrôle ascendant s’organise par le recueil des informations
sur l’exécution du travail. Le contrôle descendant s’exerce par la diffusion des décisions
(ordres et instructions).
Le flux horizontal d’informations fonctionnelles illustre les relations entre opérationnels et
fonctionnels tels que le soutien de l’activité de production, la circulation des conseils et la
transmission des aides pour soutenir la production.
1.3.3. Le système de communication informelle
Ce système de flux induit la prise en considération des informations externes aux flux de
communication formelle et aux flux régulés. Le système de communication informelle est
toujours présent dans les organisations où il existe des « centres de pouvoir », des « processus
de décision indépendants » qui côtoient le système régulé. Ces échanges informationnels
représentent la face cachée de l’iceberg au sein des organisations
Dans ce type de système, les réseaux de communications informelles sont important et
complètent ou parfois court-circuitent les canaux régulés d’information et de décision. Ce
système est décrit par ce qu’on appelle communément le « sociogramme ». ce dernier,
permet d’analyser les interactions repérées au sein d’un groupe, à partir des réponses données
par les membres qui le composent.
Les critères d’identification des liens informels sont divers. Il peut s’agir de relations
personnelles, de relations professionnelles, ou canaux de communication considérés comme
source de destruction de canaux régulés, etc.
Donc, le sociogramme représente un outil sociométrique favorise l’amélioration de la
perception réelle de la dynamique organisationnelle. Il permet d’observer la position
qu’occupent les différents individus au sein de l’organisation.
1.3.4. Le système de constellation des travaux
Selon Mintzberg (1978), l’organisation est considérée comme un ensemble aléatoire de
canaux de communication, et dans ce réseau informel, certaines structures sont reliées au
système d’autorité formelle. Dans l’organisation, les individus ont tendance à travailler au
sein de petits groupes de pairs ou coteries, souvent constituées en coalition sur des bases
horizontales.
Un nombre important de relations informelles peuvent aussi se constituer entre personnes de
fonctions et niveau hiérarchique différents. Ces personnes utilisent et/ou ont accès à des
informations spécifiques et communes, ce qui favorise la formation de constellations de
14
travaux, coteries quasi-indépendantes d’individus qui travaillent sur des tâches qui sont de
leur ressort.
1.3.5. Le système de décision ad hoc
Différents processus de décision peuvent être mis en exergue au sein de l'organisation, en
particulier les processus programmés qui correspondent d’une part à des décisions régulières
et très standardisées qui caractérise les décisions opérationnelles routinières et d’autre part
aux processus non programmés (ad hoc), mis en œuvre ponctuellement ou même «
factuellement », pour résoudre des problèmes qui se présentent inopinément. Les décisions ad
hoc sont alors prises à la suite de la réunion d’un ensemble d’informations formelles et
informelles.
En terme de flux, l’autorité et la communication ne sont pas des objectifs. Ces systèmes de
flux ainsi identifiés ont pour objectif de faciliter d’autres flux tel que la prise de décision
nécessaire à la conception, fabrication et diffusion de biens et services.
Chacun des cinq systèmes évoqués donne une image partielle du fonctionnement d’une
organisation. Par conséquent, il est indispensable de considérer l'ensemble de ces flux pour
commencer à comprendre le fonctionnement d’une organisation.
SECTION 2: ANALYSE DES PARAMETRES DE CONCEPTION DE LA
STRUCTURE
H. Mintzberg (1978) répartit neuf paramètres de conception d’une structure en quatre
groupes. La spécialisation du travail, la formalisation du comportement, la formation et la
socialisation ou intégration seront regroupés sous l’item de la conception des postes de travail.
La conception de la superstructure englobera la taille des unités et les systèmes de
planification et de contrôle. Les mécanismes de liaison seront envisagés dans l’environnement
des liens latéraux.
Quant aux décentralisations verticales et horizontales, elles seront comprises dans la
conception du système de décision.
2.1. La conception des postes
Un poste de travail est le lieu dans lequel un employé dispose des ressources matérielles et
financières lui permettant d'effectuer son travail. Selon H. Mintzberg (1978), trois paramètres
interviennent dans la conception des postes de travail individuels d’une organisation :
-La spécialisation du travail
-La formalisation du comportement nécessaire à l’accomplissement de ce travail (règles,
procédures, codes de conduite)
-La formation et l’éducation qui sont les moyens de standardiser les connaissances et les
qualifications.
15
2.2.1. La spécialisation des tâches
La spécialisation des tâches représente le paramètre principal qui permet de déterminer la
division du travail. Le nombre des tâches ou/et leur ampleur définie, caractérisent la
spécialisation horizontale du travail. Le contrôle que l’opérateur exerce sur les tâches définit
la spécialisation verticale du travail.
Ainsi, le mode de spécialisation permet de définir le nombre de tâches nécessaires à la
réalisation d’une activité et le contrôle de celle-ci. Ces modes de spécialisation peuvent être
déclinés par fonction, par domaine ou par zone géographique.
L’enrichissement du travail correspond à son élargissement horizontalement et/ou
verticalement par la voie du développement des compétences et la formation.
2.1.2. La formalisation du comportement
H.Mintzberg définie la formalisation comme étant «le mécanisme de contrôle des processus
qui consiste à présenter par écrit les politiques, procédures et directives de l’organisation. »
Par conséquent, la formalisation du comportement renvoie donc à la standardisation des
procédés de travail au moyen de règles, de procédures, de codes de conduite, de description
d’emplois, de fiches d’instructions qu’il est impératif de respecter. La formalisation permet
de rendre les comportements prévisibles et de réduire leur variabilité et donc concourt à la
stabilité de l’organisation.
En outre, ce sont généralement les travaux et les activités non spécialisés qui sont le plus
fortement formalisés. Les structures comptant sur la standardisation pour réaliser la
coordination sont généralement qualifiées de mécaniques (ou bureaucratiques), alors que
celles qui comptent sur la supervision directe ou l’adaptation mutuelle sont dites organiques.
2.1.3. La formation et l’éducation
Les programmes de formation constituent un moyen efficace pour standardiser les
connaissances et les qualifications3, car ils débouchent sur des règles standard de
fonctionnement et de réalisation du travail. Cet élément représente le point clé de la structure
qualifiée de professionnelle.
La formation, acquise à l’intérieur ou à l’extérieur de l’organisation, exige toujours
l’intervention de personnes ayant des compétences particulières. La formation est donc un
outil de standardisation et de bureaucratisation.
3 Le passage de la logique de qualification à celle de compétences véhicule l’idée selon laquelle l’individu peut
aussi se former pour lui-même. A priori ce type de formation ne rentre pas dans une logique de standardisation
des qualifications
16
La formation est un extraordinaire moyen de changement organisationnel (la remise en cause
de la mission, de la structure, de la stratégie de l’entreprise) et de transformation en
permettant la standardisation des connaissances.
La formation s’inscrit aussi dans le courant du développement organisationnel et contribue à
l’amélioration de l’organisation afin qu’elle s’adapte à son environnement. Elle constitue un
outil d’apprentissage organisationnel dans le sens où elle permet l’acquisition des savoirs, leur
diffusion pour augmenter le niveau de standardisation des comportements.
2.2. La conception de la superstructure
Le contour et le périmètre de la superstructure sont constitués par le regroupement des postes
en unités et par la taille de ces unités. Dans cet environnement, les activités et les unités sont
coordonnées dans le but d’homogénéiser la structure. Les modes de coordination sont définis
en fonction des caractéristiques de la superstructure.
2.2.1. Le regroupement en unités
Le regroupement en unités favorise une meilleure supervision directe. Il renvoie aux critères
à partir desquels on regroupe des éléments de l’organisation selon différents niveau
d’abstraction, c’est à dire, les postes en unités, les unités en unités plus importantes et ainsi
de suite jusqu’à ce que tout soit regroupé sous un même sommet stratégique.
On distingue habituellement deux types de fondamentaux de regroupements, par fonction et
par marché.
Le regroupement par fonction prend comme unité de conception, les compétences, les
processus de travail et les fonctions. Il s’agit des structures traditionnelles classiquement
adoptées et la tendance de ce modèle de conception sera de nature bureaucratique.
Dans le regroupement par marché, les unités sont généralement autonomes. Leur l'objectif
consiste à mieux adapter l'organisation aux impératifs du marché.
2.2.2. La taille des unités
C’est le nombre de postes pouvant être regroupés pour former l’unité élémentaire, En ce sens
le nombre maximum de personnes pouvant être supervisées directement par une seule et
même personne. Ainsi, la taille de l’unité pose donc la question du nombre optimal de
subordonnés.
La littérature affirme que plus les tâches sont standardisées plus la taille des unités est grande.
Elle affirme aussi que les personnes qui ont une grande confiance dans l’adaptation mutuelle
17
ont tendance à maintenir la taille des unités petites4, en effet la communication informelle
exige de petits groupes de travail (Ouchi et Dowling 1974).
Lorsque le système technique exige des interdépendances complexes entre les tâches
nombreuses et difficiles à réaliser, le contrôle et la supervision exercés sur l’activité des
agents sont lourds. Dans ce cas, Mintzberg (1978) préconise une taille réduite des unités et
privilégie un mode de coordination axé sur l’ajustement mutuel. Cette configuration
caractérise généralement les structures dites « aplaties » qui détient peu de niveaux
hiérarchiques.
La standardisation engendre une faible supervision du travail à travers le formalisme et la
similarité des tâches à réaliser. Ce mode de coordination permet le développement d’unités
importantes qui caractérisent les structures dites « pointues » à la ligne stratégique longue.
La taille est donc dépendante du degré de complexité du processus technique, des modes de
production et de coordination au sein la structure organisationnelle. La conception de
l’organisation n’est pas réduite à un regroupement en superstructure, car il est nécessaire de
déterminer les liens latéraux qui facilitent les échanges entre les unités qui la composent.
2.3. Conception des liens latéraux
Deux groupes de liens latéraux vont être analysés :
Les systèmes de planification et de contrôle (éléments structurels qui permettent la
standardisation de la production) ;
Les mécanismes de liaisons entre les unités qui facilitent l’ajustement mutuel.
2.3.1. Les systèmes de planification et de contrôle
Cet élément structurel permet la standardisation des résultats à atteindre sous forme de
contrat implicite qui se matérialise selon deux variantes, d’une part à travers le contrôle de la
performance, qui sont des mesures d’évaluation des actions et décisions faites par
l’organisation, et d’autre part en planifiant les actions qui tendent à déterminer le résultat des
actions ou des décisions avant même leur réalisation.
Le contrôle des performances s’intéresse au résultat des actions et constitue l’acte
d’évaluation. Les dispositifs de contrôle trouvent une légitimité aux yeux de tous les
membres de l’organisation en introduisant un système de normes, de standards, élaborés lors
de la planification. Ces normes ainsi fixées sont les critères de mesure de la performance de
l’organisation et des différentes unités qui la composent, ils se présentent souvent sous forme
d’indicateurs de performance ou de budgets préétablie. Le contrôle peut avoir comme objectif
4 Mintzberg H, (1978), Structure et dynamique des organisations
18
de mesurer, mais aussi de motiver quand on l’intègre dans les paramètres de rétribution au
sein de l’organisation.
Prévoir l’ensemble des actions à réaliser en vue d’atteindre des objectifs bien précis constitue
la planification. Cette action prévisionnelle intervient avant la mise en œuvre des actions qui
fondent l’activité de l’organisation. Elle définit chronologiquement l’ensemble des décisions à
prendre et des actions à mener pour atteindre un objectif.
2.3.2. Les mécanismes de liaison
Constitue le moyen selon lequel l’adaptation mutuelle est encouragée comme mode de liaison
entre les unités qui fondent l’organisation. Il existe des niveaux de gradation quant à
l’utilisation de concepts qui vont des postes de liaison, aux gestionnaires intégrateurs ayant
une autorité formelle limitée, jusqu’aux structures matricielles.
Ces mécanismes représentent les modalités de liaisons, plus ou moins formalisées, dans et
entre les unités. Certains d’entre eux sont maintenant développés pour encourager les contacts
entre les individus.
Lorsque les unités ont des activités distinctes, leur coordination exige la mise en place de
liaisons. Pour cela, chaque unité doit être correctement intégrée dans la structure. Les modes
d’intégration résultent des liens entre les unités qui doivent unir leurs efforts et leurs actions
pour répondre aux demandes de l’environnement et aux objectifs fixés par l’organisation.
Les moyens et procédures qui permettent de développer les liens latéraux entre les différentes
unités sont nombreux.
Un système formel puissant assure l’institutionnalisation des liens latéraux au sein de la
structure. Les postes de liaison sont aussi des éléments qui encouragent la construction de
liens latéraux. Ces derniers sont représentés par un membre de l’organisation qui a pour
mission d’assurer les contacts entre membres des différentes unités, passant au-delà de la
hiérarchie.
Le succès de ce médiateur dépend de sa compétence, reconnue par les différentes unités qu’il
doit relier. Il doit se situer à égale distance de chacun des unités, et ne doit pas être un
spécialiste d’une unité particulière.
Des liens latéraux peuvent aussi se tisser en formant des groupes de projets. Ces derniers sont
constitués par des membres de l’organisation issus d’unités différentes rassemblés pour
accomplir une tâche ou une activité particulière, voir ponctuelle qui demande une action de
nature multidisciplinaire. Le groupe se dissout lorsque la tâche est accomplie, c’est ce qu’on
appelle « une constitution ad hoc ».
Le cadre intégrateur, c’est un homme de liaison à qui on a confié une autorité formelle pour
construire des relations qui traverse l’organisation d’une manière transversale.
19
Dans la construction de la structure, notre progression nous a permis de voir la conception des
postes, de la superstructure, d’envisager les liens qui unissent les unités de travail, pour en
arriver au système de prise de décision de la structure.
2.4. Conception du système de prise de décision
Selon H. Mintzberg (1978) , « la structure est centralisée quand tous les pouvoirs de décision
se situent à un seul point dans l’organisation, à la limite dans les mains d’un seul individu ;
nous dirons que la structure est décentralisée lorsque le pouvoir est dispersé entre de
nombreuses personnes5. » Deux systèmes s’offrent donc à nous : centralisation ou
décentralisation.
Mintzberg (1978), ne s’intéresse pas beaucoup à la centralisation dans le cadre de la
conception de la structure, il justifie du fait que l’individu ne peut traiter l’information étant
seul, car il est victime de sa rationalité qui est limitée. A cet effet, le pouvoir de décider ne
confère ni l’information, ni la capacité cognitive nécessaire à la prise de décision.
Partant de là, « un processus de décision est décentralisé au maximum lorsque le décideur ne
contrôle que le choix (c’est le moins qu’il puisse faire pour être appelé décideur) dans la
hiérarchie de l’organisation, il perd du pouvoir au profit de ceux qui, à côté de lui, autorisent
la décision ; et au profit de ceux qui, au dessous de lui, l’exécutent. »6
La décentralisation pure assure une répartition égale du pouvoir dans toute l’entreprise. Elle
prend une forme consensuelle et donne naissance à l’organisation démocratique.
Décentraliser c’est aussi la capacité de déterminer jusqu’à quel niveau le pouvoir formel est
délégué le long de la ligne hiérarchique (décentralisation verticale) et indiquer les limites de
circulation informelle du pouvoir hors de cette ligne hiérarchique (décentralisation
horizontale). Dans le cadre de ce paramètre de conception nous allons évoquer ces deux
modes de décentralisation.
2.4.1. La décentralisation verticale
La décentralisation verticale est descendante. Dans la ligne hiérarchique, elle part du sommet
stratégique qui délègue ses pouvoirs de décision à ses subalternes. Elle se réalise dans le cadre
de délégations formalisées par des règles. La délégation ne se présume pas. Elle est formelle
et prise dans un cadre et un contexte précis et bien défini.
5 In « Structure et dynamique des organisations », p. 173, 1994, les Editions d’Organisation.
6 H. Mintzberg in « structure et dynamique des organisations » p. 180, 1994, les Editions d’Organisation.
20
2.4.2. La décentralisation horizontale
C’est l’élément qui permet d’indiquer jusqu’à quel point le pouvoir circule informellement
hors de cette chaîne d’autorité hiérarchique, c’est à dire au niveau de la technostructure ou des
fonctions de support logistique.
La décentralisation horizontale sélective permet le partage du pouvoir de décision entre le
sommet stratégique et le centre opérationnelle (ou les unités fonctionnelles). Si la
technostructure est chargée de la standardisation, elle reçoit un pouvoir décisionnel pour ce
qui concerne son domaine de prédilection.
La décentralisation horizontale et verticale peuvent être associés. Ce qui provoque des
déformations de la structure présentée précédemment au niveau de la section 1(les cinq
composantes fondamentales de l’organisation).
La décentralisation verticale et horizontale par laquelle le pouvoir est en partie resitué au
niveau du centre opérationnel qui trouve une certaine autonomie dans le cadre de son activité
principale. La décentralisation verticale et horizontale sélective provoque une dispersion du
pouvoir décisionnel aux personnes compétentes ou des experts qui réalisent des choix et
conseillent le sommet stratégique ;
Les structures des organisations résultent de la combinaison des paramètres de conception que
nous venons de décrire : la spécialisation du travail, la formalisation du comportement, la
formation, le regroupement en unités, la taille des unités, les systèmes de planification et de
contrôle, les mécanismes de liaison, la centralisation et la décentralisation.
Certains éléments poussent l’organisation à se modifier, à s’adapter, à changer ou même
disparaître. Ils sont nommés facteurs de contingence et agissent aussi sur les paramètres de
conception de la structure organisationnelle. C’est ce que nous allons parcourir dans section
qui va suivre.
SECTION 3 : LES FACTEURS DE CONTINGENCE
Dans la littérature relative à la période des années 1950 à 1970 la recherche dans le domaine
de la structure organisationnelle a mis l’accent sur les divers effets de facteurs contextuels des
éléments structuraux mentionnés précédemment. Ces recherches sont fondées sur une
hypothèse de congruence selon laquelle une structuration efficace implique que le facteur
contextuel et l’élément structurel concordent. Mintzberg(1978) attire notre attention par
rapport aux quatre facteurs contextuels qu'ils nomment « facteurs de contingence ». Ces
derniers sont représentés par les éléments suivants : l’âge et la taille de l’organisation, le
système technique, l’environnement et les relations de pouvoir. On notera que Mintzberg
(1978) s'oppose ainsi au « One Best Way » taylorien qui part du principe qu’il existe une seule
manière de structurer une organisation.
21
3.1. Le système technique
Il est apparu que des systèmes de production semblables tendaient à avoir des structures
d’organisation semblables7.
L’étude empirique de Woodward (1965), démontra que les entreprises qui obtenaient les
meilleurs résultats financiers étaient celles qui tendaient à avoir des caractéristiques
organisationnelles apparentées aux systèmes techniques auxquelles elles appartenaient. C’est
ce qui a amené Woodward à conclure qu’il existait un type de structure organisationnelle
convenant mieux à chaque système technique8. D’autres études empiriques
9 ont trouvé que le
système technique influence les éléments structuraux de façon à modifier le comportement
organisationnel.
Lorsque le facteur « technologie » joue un rôle régulateur le travail tend à se formaliser et
plus la structure du centre opérationnel se bureaucratise. Ainsi plus un système technique est
sophistiqué et plus la structure administrative est élaborée, plus la décentralisation sélective
est grande et plus l’emploi de mécanismes de liaison devient important Pour terminer, il a été
montré comment l’automatisation du travail du centre opérationnel tend à transformer une
structure bureaucratique en structure organique (Woodward 1965).
3.2. L’age et la taille
Dans la littérature il à été mis en évidence que ces deux facteurs ont d’importants effets sur la
configuration des structures organisationnels. Des chercheurs concluent que plus une
organisation est ancienne ou imposante et plus son comportement est formalisé, voir
bureaucratique (Inkson et al. 1970, Samuel et Mannhein 1970, Pugh et al. 1968, Udy 1965).
Il a aussi été observé que plus l’organisation est grande et plus la taille de son unité moyenne
est importante et plus sa structure est élaborée avec un degré de décentralisation assez
important (Dale 1952, Blau et Schoenherr 1971). Enfin, il a également été montré que la
structure d’une organisation reflète souvent l’époque à laquelle a été fondée cette industrie
(Stinchcombe 1965).
3.3. L’environnement
L’étude de Burn et Stalker (1966) où ils mesurent l’incertitude de l’environnement, les conduits
à montrer qu’il existe deux types d’organisation ayant des environnements différents : le type
7 Woodward distingue trois types de technologie : la production unitaire ou par petits lots, la production en
grande série et la production en continu. Par exemple, dans une usine de production en continu, l’équipement est
défini en fonction de résultats précis, la hiérarchie est longue et il existe une proportion faible de personnel de
production et une proportion forte de personnel administratif. Il en va autrement des caractéristiques
organisationnelles des autres systèmes techniques de production. 8 Rouleau L, (2007), Théories des organisations: approches classiques, contemporaines et de l'avant-garde,
Presses de l'Université du Québec. p 48. 9 Pugh et al. 1968, Hickson et al. 1969 et 1970, Child et Mansfield 1972.
22
mécanique convenant à des conditions stables (p. ex., les entreprises du textile) et le type
organique dont l’environnement peut être qualifié d’instable (p. ex., les entreprises du secteur
des appareils électroniques)
Des chercheurs tels que Hage et Aiken (1967) ou Pennings (1975) ont constaté qu’il existe
des environnements complexes avec des structures décentralisées et des environnements
simples dont la structure est caractérisée par une centralisation accrue. Il est à noter que
certaines données de la recherche suggèrent que des environnements hostiles puissent
conduire certaines organisations à centraliser temporairement leurs structures (Hamblin
1958).
Des différences marquées dans l’environnement semblent également encourager la
décentralisation sélective jusqu’à conduire à des constellations de travail différenciées.
D’ailleurs, Lawrence et Lorsch constatent que les organisations s’adaptent à leur
environnement par un double mécanisme de différenciation et d’intégration de leurs
structures. C’est en effet en se fractionnant en différentes fonctions pour se spécialiser que les
organisations s’adaptent à leur environnement. Toutefois, cette différenciation peut avoir des
effets néfastes sur l’atteinte des buts communs de l’organisation ; il convient alors d’intégrer
les fonctions par différents mécanismes de coordination10
.
Il existe un grand nombre d’informations selon lesquelles la diversification des marchés
d’une organisation encourage l’utilisation d’une structure segmentée par marché que l’on
retrouve aux échelons supérieurs pour réaliser des économies d’échelle (Chandler 1962)
Suite à une analyse de la littérature qui considère l’environnement comme facteur de
contingence, Mintzberg (1978) affirme que les entreprises les plus efficaces sont celles qui
s’adaptent aux caractéristiques chacun des types d’environnement.
3.4. Le pouvoir
Ce dernier facteur n’est pas non plus sans effet sur la structure. Le contrôle extérieur semble
accroître la formalisation et la centralisation (Samuel et Mannheim 1970, Heydebrand 1973,
Holdaway et al. 1975, Reimann 1973).
L’aspiration au pouvoir des membres de l’organisation, en particulier si le chef d’entreprise a
un profond besoin de pouvoir, il tend à accroître la centralisation (Dill 1965). Mais la mode
exerce également une influence sur la structure, poussant même parfois une organisation au
choix d’une structure totalement inappropriée (Woodward 1965, Lawrence et Lorsch 1967,
Rumelt 1974, Child et Keiser 1978).
10 Rouleau L, (2007), Op.cit, p50.
23
SECTION 4 : LES DIFFERENTES CONFIGURATIONS STRUCTURELLES
Cinq configurations structurelles sont mises en évidence par Mintzberg en 1978 lors de la
publication de son livre « Structure et dynamique des organisations ». ces structures
représentent les cinq types purs d’organisation constituant « une combinaison théoriquement
cohérente des paramètres de contingence et de structure11
». Pour les présenter, Mintzberg
(1978) a délibérément recours à des expressions imagées qui permettent de condenser une
situation complexe en une formule unique, qui renvoie à un état déterminé d'un ensemble des
variables précédemment décrites12
.
Dans son livre « Management, voyage au centre des organisations » publié en 1989, il a
identifié deux formes supplémentaires de structure, politique et missionnaire à la suite de
l’introduction de deux autres variable dans son cadre d’analyse à savoir, la culture et des
hommes.
A cet effet, la combinaison des composantes fondamentales, des mécanismes de coordination
et des paramètres de conception conduit à l’émergence des sept configurations structurelles
suivantes : la structure simple, la bureaucratie mécaniste, la bureaucratie professionnelle, la
structure en divisions, l’adhocratie, la structure missionnaire, et la structure politique.
Chacune de ces configurations marque la domination de l’une des composantes
fondamentales sur l’ensemble de l’organisation et la prédominance d’un des mécanismes de
coordination.
4.1. La structure simple
La configuration simple peut très bien ne pas avoir de structure formelle. La personnalité et la
vision du dirigeant – qui est aussi la plupart du temps le propriétaire – guident toutes les
évolutions, grâce à la supervision directe et aux relations personnelles.
Donc, cette configuration structurelle est caractérisée par un sommet stratégique dominant.
Les hauts dirigeants centralisent les décisions de l’entreprise et coordonnent le travail de
manière directe, en dictant quoi faire aux employés. La centralisation présente l’avantage
important de garantir que les décisions stratégiques sont prises avec un parfait connaissance
du centre opérationnel. Elle favorise également la flexibilité et l’adaptation de la réponse
stratégique.
Cette configuration peut se révéler extrêmement efficace dans les petites organisations
entrepreneuriales où la capacité d’adaptation à un contexte changeant est essentielle. En effet,
11
H. Mintzberg, Structure et dynamique des organisations, op. cit., p. 272. 12
Nizet J., Pichault F., Comprendre les organisations, Mintzberg à l'épreuve des faits, Gaëtan Morin, Paris, 1995.
Pages 215-234
24
une structure simple s’adapte facilement aux conditions changeantes des environnements
dynamiques.
Dans la structure simple, la technostructure est inexistante, les services de soutien sont
relativement embryonnaires et il y a très peu de cadres intermédiaires, l’encadrement est
réduit, et elle fait un usage minimal de la planification, de la formation ou des mécanismes de
liaison, la division du travail y est imprécise et la différenciation entre les unités minimales.
La structure simple est représentée par le schéma 6.
Schéma 6 : Structure simple
Source : H.Mintzberg (1978)
4.2. La bureaucratie mécaniste
La bureaucratie mécaniste prend généralement la forme d’une structure fonctionnelle
centralisée. Elle se caractérise par le poids des systèmes bureaucratiques visant à standardiser
et à planifier les tâches. Les analystes de la technostructure (les planificateurs, les ingénieurs,
les analystes des méthodes de travail, les comptables, les spécialistes en contrôle de gestion,
etc.) y jouent un rôle de premier plan.
En effet, ces derniers standardisent les processus de travail, formalisent les relations et
développent les techniques formelles de planification, d’organisation et de contrôle, ainsi leur
travail assure la coordination de l’organisation.
Ce qui émerge le plus clairement dans la bureaucratie mécaniste se sont les tâches fortement
spécialisées, les taches opérationnelles routinières, les procédures très formalisées, les unités
de grande taille au niveau du centre opérationnel, la confiance dans la base fonctionnelle.
quant au regroupement des tâches au sein de la structure, le faible usage des mécanismes de
liaison ainsi que de la formation, le pouvoir décisionnel relativement centralisé avec un
certain usage des systèmes de planification, et la structure administrative élaborée qui
conserve une distinction très forte entre "line" et "staff".
Cette configuration est tout à fait appropriée pour des organisations qui évoluent dans des
environnements simples et stables et qui proposent des produits de base ou des services
banalisés pour lesquels la réduction des coûts est essentielle à la performance concurrentielle
25
(très grande entreprise industrielle). La bureaucratie mécaniste est représentée par le
schéma 7.
Schéma 7 : La bureaucratie mécaniste
Source : H.Mintzberg (1978)
4.3. La bureaucratie professionnelle
La bureaucratie professionnelle est également bureaucratique dans le sens où ses
connaissances et ses compétences fondamentales sont standardisées, mais elle est nettement
moins centralisée que la bureaucratie mécaniste.
L’élément clé de la bureaucratie professionnelle est le centre opérationnel. Les professionnels
y sont maîtres de leur propre travail en relative indépendance de leur ligne hiérarchique, de
leurs collègues en ne restant proche que de leur client. Cette relative indépendance est
possible car pour coordonner ses activités, la bureaucratie professionnelle s’appuie sur la
standardisation des qualifications et sur le paramètre de conception qui y correspond : la
formation et la socialisation.
La bureaucratie professionnelle est une structure plus au moins rigide, bien adaptée à sa
production standardisée mais pas à l’innovation. Dans une bureaucratie professionnelle, non
seulement les professionnels du centre opérationnel contrôlent leur propre travail mais ils
cherchent aussi à avoir le contrôle des décisions administratives qui les affectent.
Schéma 8 : la bureaucratie professionnelle
Source : H.Mintzberg (1978)
26
Ceux qui font le travail sont ceux qui décident quoi faire et comment le faire. Il n’y a pas de
patron au sens traditionnel du terme, ce sont les experts qui assurent la mission de
l’organisation et, de manière générale, sa gestion. C’est dire que cette configuration
structurelle est très largement décentralisée. La bureaucratie professionnelle est représentée
par le schéma 8.
4.4. La structure divisionnalisée
La structure divisionnalisée combine une structure divisionnelle avec des interactions entre
des responsables opérationnels autonomes. Les divisions sont contrôlées au travers d’objectifs
de performance, et le style stratégique adopté est généralement le contrôle stratégique ou le
contrôle financier. Des mécanismes de marché peuvent être utilisés entre les divisions
lorsqu’elles entretiennent des relations clients/fournisseurs. Cette configuration fonctionne
mieux dans les grandes organisations (grands conglomérats ou des grandes entreprises
constituées de plusieurs divisions.)
Les cadres intermédiaires qui gèrent le fonctionnement des divisions ou des entreprises du
groupe, y jouent un rôle important. Ce sont eux qui se chargent de l’atteinte des objectifs que
fixe le sommet stratégique. Le principal mécanisme de coordination qu’utilise le sommet
stratégique est la standardisation des résultats, puisque dans la structure en divisions, chaque
unité est plus au moins autonome.
Certes, la structure pour l’ensemble de l’organisation est divisionnalisée, mais la forme
décomposée en division est destiné pour un fonctionnement avec n’importe quel genre de
structure, celle-ci sont poussées à fonctionner comme des bureaucratiques mécaniste. Ainsi,
une pression de la part du siège social (du sommet stratégique) à l’établissement pour chaque
division de normes de performance clairement définies qui sont représentés par les budgets et
les indicateurs de performance financière et non financière . La structure en divisions est
représentée par le schéma 9.
Schéma 9 : la structure divisionnalisée
Source : H.Mintzberg (1978)
27
4.5. L’adhocratie
L’adhocratie correspond aux organisations dont la stratégie repose essentiellement sur
l’innovation et le changement. Elle permet de trouver des solutions ad hoc à des problèmes
spécifiques. Les adhocraties reposent sur des structures par projets et utilisent beaucoup
d’interactions internes et externes à l’organisation. Souvent, les unités de gestion sont formées
autour d’un projet et dissoutes dès qu’il est réalisé.
Par ailleurs, dans cette configuration, la technostructure est à peu près inexistante et le groupe
des cadres intermédiaires est réduit à sa plus simple expression. L’importance du centre
opérationnel varie selon le type d’adhocratie. Dans l’adhocratie administrative, les services de
support dominent et le travail du centre opérationnel est souvent standardisé ou sous-traité.
Par contre, dans l’adhocratie opérationnelle, le centre opérationnel joue un rôle de premier
plan. Dans ce type d’organisation, il y a peu de division entre le travail administratif et le
travail opérationnel. C’est ce type d’adhocratie qui est représenté par le schéma 10.
Schéma 9 : l’adhocratie
Source : H.Mintzberg (1978)
Les principales caractéristiques de l’adhocratie sont très nombreuses, parmi eux on cite les
principaux éléments qui constituent cette structure, à savoir :
Une spécialisation des tâches horizontales extensive basée sur une formation bien établie ;
une tendance à regrouper les professionnels dans des unités fonctionnelles pour atteindre les
objectifs fixés et une tendance à les disperser en petites équipes selon des critères de marché
pour réaliser leur projet. Le mécanisme de coordination clé, à l’intérieur et entre les équipes,
est l’ajustement mutuel.
28
4.6. L’organisation missionnaire
Les organisations missionnaires reposent plus sur des processus culturels que sur des
structures formelles. Cette structure véhicule un pouvoir unificateur de l’idéologie qui donne
une mission aux membres de l’organisation. Beaucoup d’associations de bénévoles
fonctionnent de cette manière : elles attirent des individus qui partagent la même idéologie et
qui constituent des réseaux internes et externes.
Bien que très peu d’organisations correspondent exactement à une seule de ces
configurations, celles-ci sont très utiles à la réflexion sur l’adéquation entre l’organisation et
son contexte, ainsi que sur la cohérence entre la structure, les mécanismes de coordination et
les interactions. Un déficit de performance peut être le résultat d’une configuration inadaptée
à la situation ou d’une incohérence entre la structure, les processus de coordination et les
interactions.
Ainsi, l’élément clé de cette structure est « l’idéologie » qui fait que les membres de
l’entreprise « agissent ensemble dans le même sens » La structure est très informelle et son
fonctionnement repose sur des croyances, une culture, une idéologie communes. L’idéologie
peut représenter un système riche développé et profondément enraciné de valeurs et croyances
qui distinguent une organisation particulière des autres. Contrôle des membres de
l’organisation s’effectue par l’idéologie et la standardisation des normes. La coordination se
pratique par identification au leader et à l’idéologie crée et diffusée par des mythes et
l’endoctrinement.
Schéma 10 : L’organisation missionnaire
Source : H.Mintzberg (1989)
4.7. L’organisation politisée
L’élément clé se fonde sur la politique comme mode de coordination et fait que chacun des
membres tente d’imposer son point de vue en usant du pouvoir dont il dispose. Il n’y a pas de
hiérarchie spécifique.
Elle est formée de coalitions et/ou tensions entre les membres de l’organisation, ce qui
renforce les mécanismes qui relèvent de la politique dans le cadre de la coordination. Pour
autant, chaque organisation possède une activité politique qui ne peut être évincée de la
29
réflexion. Cette structure correspond parfaitement aux organismes qui militent pour une cause
politique comme l’illustre parfaitement « L’assemblée nationale ».
Schéma 10 : l’organisation politisée
Source : H.Mintzberg (1978)
Le modèle de Mintzberg prévoit également le cas d’organisations qualifiées d’hybrides, soit
qu’elles voient coexister deux modèles, dans deux services distincts par exemple, -on parlera
alors de « juxtaposition »- soit qu’on relève, dans un même ensemble, des traits
caractéristiques de deux configurations –on parlera alors de « superposition ». Les
organisations ainsi qualifiées d’hybrides posent des questions théoriques, entre autres celle du
pouvoir. Ce que Mintzberg qualifie de jeux politiques y sont particulièrement abondants13
.
L’exercice du pouvoir y est intense.
Un exemple d’organisation hybride est celui de l’hôpital, au sein duquel la haute qualification
des opérateurs (les médecins) qui composent aussi le sommet stratégique est structurellement
en conflit avec le pôle administratif, lui-même encadré par les règles contraignantes de
l’autorité publique, quant au financement des soins de santé.
Les exigences de rigueur dans la gestion sont en permanence en conflit avec la recherche
d’autonomie et de perfectionnement technique et professionnel. Dans un cas de ce type, la
configuration dominante qui peut être identifiée dans cette organisation dépendra de ce qu’est
le rapport des forces entre groupes antagonistes, à un moment donné. Au gré des évolutions
de ce rapport, au gré des modifications de l’environnement et de la capacité des uns et des
autres de rapatrier ces modifications dans l’organisation en fonction de leurs intérêts, la
configuration principale pourra changer.
13
Par ces mots, Mintzberg désigne de façon péjorative l’usage de moyens illégitimes et clandestins. De manière
plus descriptive toutefois, on désignera la poursuite d’objectifs particuliers, qui peuvent venir à l’encontre des
buts de l’organisation dans son ensemble, ce qui se manifeste par de fréquents conflits entre certains acteurs.
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Cependant, le caractère hybride d’une configuration organisationnelle peut aussi se penser
dans une perspective diachronique. L’identification de traits caractéristiques relevant de deux
configurations théoriquement distinctes peut rencontrer le cas où une organisation se
transforme, passant progressivement d’une configuration à une autre. Dans ce cas, elle peut
conserver des traits caractéristiques d’une configuration qui déclinent tandis que se
développent les traits caractéristiques d’une autre configuration.
CONCLUSION
Dans ces deux principaux ouvrages, « Structure et dynamique des organisations » et
« Management, voyage au centre des organisations » H. Mintzberg s’interroge sur l’existence
de configurations structurelles telles qu’on les a décrites durant ce document.
La théorisation de la dynamique organisationnelle de Mintzberg propose de grands repères,
quatre grandes variables qui sont autant de regards privilégiés portés sur l'organisation et qui
permettent de l'analyser: la structure et le mode de coordination; l'état de l'environnement de
l'organisation et les facteurs de contingence structurelle; le pouvoir des acteurs ; et les
systèmes de flux décisionnelle et informationnelle entre les composantes de l’organisation.
La typologie des organisations de Mintzberg montre que les engagements, les responsabilités
et les modes de gestion sont différents selon que nous nous trouvons dans une organisation
simple (entrepreneuriale), mécaniste, divisionnalisée, professionnelle, adhocratique,
missionnaire et organisation politisée.
Certains modes de gestion se développent mieux dans certains contextes que d’autres. Ainsi,
les organisations doivent s’adapter du mieux qu’elles peuvent à leur environnement mouvant
lié à un contexte humain, social et économique instable et en interaction permanente.
A cet effet, nous constatons que la configuration des paramètres qui constituent les structures
organisationnelles est appelée à se modifier sans cesse, par le fait même des organes qui la
constituent.
Mintzberg fait état de cinq forces qui joue un rôle primordial dans la définition des
configurations organisationnelles. Ces forces -le sommet stratégique, le centre opérationnel,
l’élément médian, la technostructure et le domaine fonctionnel- revendiquent et agissent aux
fins de dominer sur l’ensemble de la structure. Cet engagement n’est pas forcément
conflictuel, mais en adaptation avec les mouvements internes et externes à l’organisation qui
subie les pressions des facteurs de contingence.
De fait, nous en arrivons au constat qu’il n’existe pas d’archétype de configuration
organisationnelle mais des structures qui s’adaptent en fonction des éléments que nous avons
abordés dans le développement de ce travail.
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