hausa housing design in ader

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Hausa villages and houses in Ader region of Niger

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    L'HABITAT TRADITIONNEL DANS L'ADER (Pays hausa, Rpublique du Niger)Author(s): NICOLE ECHARDSource: L'Homme, T. 7, No. 3 (JUILLET-SEPTEMBRE 1967), pp. 48-77Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/40589771 .Accessed: 02/04/2013 20:50

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  • L'HABITAT TRADITIONNEL DANS L'ADER (Pays hausa, Rpublique du Niger)

    par

    NICOLE ECHARD

    Dans 1* Ader, frange nord du pays hausa formant zone de contact entre nomades et sdentaires, on rencontre trois types d'habitat. Le premier est celui des nomades : les Twareg vivent soit sous des tentes de peau, soit dans des huttes faites de lgres armatures de bois sur lesquelles sont fixes des nattes, les Peul ne couvrant jamais d'aucun abri leurs installations domestiques. Le second, semi- permanent, est constitu par les campements des Twareg ou de leurs anciens captifs semi-sdentariss : ceux-ci quittent annuellement les habitations de type sdentaire qu'ils occupent, pendant la saison des pluies, au voisinage de leurs champs pour se fixer, en saison sche, dans des huttes de nattes ou de tiges de mil aux abords de points d'eau et de pturages pour leurs animaux. Le troisime, enfin, permanent, est celui des cultivateurs sdentaires haoussaphones. C'est la forme d'habitat de ces derniers qui fait l'objet de cette tude, l'espace tant peru et amnag par trop diffremment dans les autres groupes voqus pour qu'on puisse en tenir compte ici.

    Les sdentaires de l'Ader, o la densit humaine peut atteindre quarante habi- tants au kilomtre carr dans certaines valles, vivent groups dans de gros villages dont la population est parfois infrieure mille individus mais descend rarement au-dessous de six cents. Leur culture matrielle, dans l'ensemble assez fruste, connat deux techniques plus labores : l'une est celle de la forge qui est dtenue par un groupe caste, l'autre est celle de l'habitat qui est le fait de tous, chacun tant capable de btir sa maison ou son grenier et ne faisant appel un maon spcialis que pour le faonnage de dcorations ou la construction d'architectures plus complexes. Il ne semble pas que l'art de la forge subisse une quelconque volution : d'aprs les tmoignages, rien n'y a chang depuis les origines du groupe en dehors de l'utilisation, au lieu du mtal obtenu jadis par fusion du minerai, de la ferraille provenant de vhicules automobiles hors d'usage. Par contre,

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  • Ph. . - Village de Buza (Ader, Cercle de Madawa). Greniers ( dr.), enclos familial ( g.). (Clich H. Raulin.) Ph. 2. - Construction d'une case bangoo.

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  • Ph. 3. - Case kudndn. (Clich H. Raulin.)

    Ph. 4. - Toit hausa guga.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 49

    l'habitat a subi et subit encore une lente volution au cours de laquelle la maison de terre remplace peu peu la paillote. L'architecture en terre argileuse se serait, d'aprs Urvoy1, d'abord rpandue dans tout le Soudan avant de gagner l'est. Longtemps, elle ne fut qu'une architecture de luxe rserve aux chefs et aux notables, mais elle connut un dveloppement particulirement important dans le pays hausa proprement dit (nord de la Nigeria actuelle) o, peu peu, elle prit le pas sur les habitations de paille. Dans l'Ader, il semblerait que cette forme architecturale ait t rserve, jusqu'au dbut du sicle, aux couches privilgies de la socit et qu'elle n'aurait pris son extension actuelle que depuis cinquante ans environ. Toujours est-il que s'est rapidement rpandu un modle simple d'habi- tation d'une pice pilier central qui est devenu une norme de construction. Les autres modles ainsi que les ides d'amnagements secondaires sont gnra- lement imports de la Nigeria par les voyageurs qui, nombreux, s'y rendent chaque anne soit des fins commerciales, soit pour y amasser en saison sche un modeste pcule grce l'exercice d'une quelconque activit. Les initiatives sont donc souvent individuelles mais le got, trs socialis, conduit l'ensemble des populations au choix et la rptition d'un certain nombre d'lments qui semblent porteurs du prestige inhrent un tel type d'habitation.

    D'une manire gnrale, les demeures architecturalement les plus labores, qui comportent un tage ouvrant sur une terrasse borde d'une balustrade ajoure ainsi qu'un vestibule encadrement de porte dcor, sont des rsidences de commerants, de marabouts ou de chefs politiques traditionnels. Ces groupes sociaux, qui correspondent respectivement la bourgeoisie, la prtrise musul- mane et l'aristocratie locale, ne tirent pas l'essentiel de leurs revenus de l'agri- culture comme c'est le cas pour la quasi-totalit de la population. Tout en possdant du cheptel ainsi qu'un domaine foncier qu'ils font mettre en valeur par de la main-d'uvre salarie ou par des parents loigns, ils se situent l'cart des contraintes lies la pratique de l'agriculture et occupent de ce fait une place particulire au sommet de la hirarchie sociale telle qu'elle est conue actuelle- ment. Par ailleurs, tous les membres de ces groupes sont musulmans et il est intressant de noter que l'volution de l'habitat vers l'adoption de la maison de terre va de pair avec le processus d'islamisation. Celui-ci ne date dans l'Ader que d'un sicle environ, bien que la chefferie traditionnelle, issue du Sultanat d'Agads, ait toujours t musulmane. Actuellement, on rencontre encore de nombreux groupes animistes, mais le prestige social s'attache l'islam. Cette religion est pratique dans ses formes les plus extrieures et les plus voyantes. Elle donne lieu, de la part de certains de ses adeptes, des dpenses somptuaires, telle l'dification d'une mosque.

    i. Cf. Y. Urvoy, L'art dans le territoire du Niger , IFAN, tudes nigriennes II, 1955 PP 27-30.

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  • 50 NICOLE ECHARD

    La diffusion de l'architecture de terre s'est donc faite partir des petits centres urbains, lieux de rsidence des chefs, des commerants et des marabouts, et a gagn peu peu les villages de moindre importance o, dj, dans la plupart des cas, elle est prdominante.

    Technologie de l'habitat1

    Les gros bourgs sont actuellement construits en terre, mais dans les menus villages de brousse se rencontrent la fois des habitations de paille, des maisons de pis et, surtout, des constructions mixtes dont les murs sont de terre et la toiture de paille. Les habitations relvent de deux types principaux : les unes sont circulaires et comportent gnralement un toit de paille, les autres sont qua- drangulaires et totalement construites en terre gche.

    i) Les habitations circulaires (cf. planche I) au toit conique sont de taille exigu, leur diamtre et leur hauteur n'excdant jamais 2,50 3 m. Elles ne reposent sur aucune fondation, les piquets tant enfoncs dans la terre ou les murs prenant directement appui sur le sol. Elles ne comportent que trs rarement un poteau central qui, alors qu'il pourrait permettre la construction de cases plus vastes, n'est utilis que comme soutien ventuel d'un toit menaant de s'effondrer prmaturment.

    Le premier type d'habitation circulaire est la case dite bukk2 (pluriel : bukkookii), qui est entirement constitue de paille fixe sur une armature de bois. Des piquets rigides d'un diamtre de 3 5 cm, nomms Slkaaslkai, sont fichs dans le sol, espacs de 50 cm environ, sur le pourtour d'un cercle dessin au pralable qui figure l'emplacement de la case. A leur extrmit, on attache l'aide de liens vgtaux de minces branches qui, runies et lies ensemble au sommet, donnent au toit futur une forme plus ou moins conique. Souvent, pour que la cohsion de l'armature soit plus grande, on dispose des branchages souples qui, lis aux montants, forment deux ou trois tores rpartis sur la hauteur totale du toit. Cette armature lgre est ensuite recouverte de paille (hak) dont les brins sont lis du ct de leur extrmit paisse de manire former des bandes de 2 m de longueur environ. Celles-ci sont d'abord disposes sur les montants

    1. Nous remercions ici M. Planacassagne, architecte de la SEURA, qui a bien voulu nous aider de ses conseils.

    2. Ou Daak (pluriel : Daakun). - Tous les termes vernaculaires donns ici sont ceux en usage dans Ader et peuvent prsenter des diffrences phonologiques et smantiques assez fortes avec les formes du hausa standard. Dans le systme de transcription phonolo- gique adopt, le redoublement de la voyelle indique sa longueur. Le hausa ayant deux tons, seul le ton bas est not par un accent grave. Les consonnes glottalises (injectives : B, D ; jectives : K, S, C) ainsi que le R roul (R) sont indiqus par des majuscules.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 51

    des parois. Puis, on recouvre le toit en droulant la premire bande partir du fate de la case et en allant ainsi jusqu'aux parois, de telle manire que le toit soit lgrement dbordant. On attache solidement chaque bande l'armature en plu- sieurs points et on lie avec soin le fatage. Quand l'ensemble est achev, on adjoint un rseau de cordes qui, partant du fate, courent sur la partie extrieure du toit et sont fixes aux piquets, assurant au tout une plus grande rsistance. Il faut environ trois journes de travail pour prparer, agencer les matriaux et construire une telle case dont la dure n'excde pas trois quatre ans.

    Les paillotes ne sont plus trs courantes actuellement, car on leur prfre la case dite bangoo dont le mur circulaire est construit en torchis et dont la toiture est faite de paille. Le terme bangoo dsigne le mur circulaire lui-mme et s'est peu peu trouv appliqu l'ensemble dans lequel il entrait en composition.

    On rige le mur mme le sol en lui donnant une paisseur de 5 10 cm environ et on y incorpore, ds qu'il est suffisamment mont, les piquets souples dits s'utnooji qui formeront l'armature du toit. On mnage une porte et, souvent, on faonne, avant mme de commencer la construction, un grenier de petite taille qui constituera dans la case une rserve de grains ou de haricots. Le toit est fait de la mme faon que celui de la paillote bukk et dborde sur le mur. Ce changement de matriau de la paroi donne davantage de solidit une telle habitation qui, construite en sept ou dix jours, peut durer de six sept ans condition que l'entretien de la toiture soit assur rgulirement. Par ailleurs, le foyer de cuisine, situ l'extrieur de la paillote de manire permanente, peut tre install sans risque dans la case. Sa place y est fixe gauche de la porte d'entre, alors qu' droite voisinent le grenier de petite taille et une grande poterie contenant la rserve d'eau.

    Quand on veut donner l'habitation une rsistance plus grande, on construit un type mixte de case dnomm indiffremment bukk ou bangoo, o on utilise les lments de ces deux manires. Cette habitation prsente la fois le mur circulaire de pis et, extrieure et indpendante, une armature de bois comme celle de la paillote, sur laquelle on fixe la couverture de paille et parfois des parois galement de paille qui protgent le mur et prolongent sa dure. Une telle case peut, si elle est entretenue, rester habitable pendant dix annes. Comme dans le bangoo, on y trouve un grenier intrieur et le foyer domestique y est install. Techniquement, il semble que ce type ait prcd le bangoo dont la construction correspond une laboration plus complexe.

    La terre gche tendant remplacer la paille, on rencontre des cases entire- ment construites de terre sur le modle formel de la paillote (cf. planche I, types IV et V). Deux types de ce genre d'habitation ont t relevs dans Ader. Le premier est dnomm kudndn, mot qui, gnralement, dsigne des cases de trs petites dimensions (1,60 m de hauteur, 1,60 m 1,80 m de diamtre), plus ou moins circulaires, et dont le toit est d'argile monte la faon d'une paroi de grenier.

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  • 52 NICOLE ECHARD

    I

    -^^v^V* * sooroo (fate) ' ' "

    ^tifT^^^ - _^ E.N.E.

    TYPE I - BUKK

    TYPE II -BANGOO

    TYPE II! - TYPE MIXTE

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 53

    Ces cases sont riges par les jeunes gens qui s'y retirent le soir deux ou trois pour y converser entre eux et y passer la nuit. L'emploi du terme kudndn s'est tendu des cases de dimensions normales (diamtre et hauteur de 2,50 m 3 m environ), prvues pour l'habitation d'adultes, et qu'on ne rencontre gure qu' l'est de l'Ader (rgion de Bouza) dans deux ou trois villages1. On rige un mur semblable celui du bangoo et le toit est faonn la manire du grenier, deux ou trois tores de branches souples tant insrs dans l'argile pour amliorer la cohsion de l'ensemble. Le toit est frquemment recouvert de paille qui le protge et donne la construction l'aspect extrieur du bangoo. L'aration n'est assure que par la porte, ce qui rend ces cases trs chaudes et peu agrables habiter. Le deuxime type d'habitation circulaire de torchis, nomm tfarfraa2, est un difice de taille plus vaste dont la hauteur totale peut atteindre 3,50 m. Il comporte un pilier central de terre gche et le toit est construit de la mme faon que celui d'une maison en terre de forme quadrangulaire. De telles cases ne se rencontrent que dans un seul village situ au centre de l'Ader (Tadupta, valle de Badguichry) o ce modle aurait t import de la rgion de Kano vers 1964, date de la premire construction de ce type. La paille a totalement disparu, le toit est peu surlev et seule la forme circulaire du mur rappelle encore la paillote.

    Ainsi, la paille, d'abord matriau unique, devient dans le kudndn un lment superflu mais encore efficace dans son rle protecteur, et disparat totalement de la construction du tfarfraa. La cration et la diffusion, mme une chelle trs restreinte, de nouveaux types maintenant un plan circulaire longtemps aprs l'apparition de la forme quadrangulaire dans l'habitat local, montrent bien la persistance de l'attachement la forme premire.

    2) Les habitations quadt 'angulaires (cf. planche II) sont de dimensions plus vastes et entirement construites en terre gche arme de bois et de pierres.

    La terre utilise est une argile latritique dite laakaa dont la qualit est variable selon les lieux d'o elle est extraite. Plus ou moins plastique et propre tre travaille, elle est souvent infeste de termites qui diminuent de manire consi- drable la longvit de la btisse. La construction cessant aprs le dbut des pre- mires pluies saisonnires, l'argile est transporte sche sur le lieu d'utilisation. L, on en extirpe les cailloux, les brindilles et toutes les impurets volumineuses qui s'y trouvent. On la mouille et on y ajoute ensuite, pour augmenter son homo- gnit, une paille blanche et lgre, nomme ramnoo (Andropogon Exilis), qui

    1. A Niamey, des habitations de ce type se sont rpandues, depuis 1965 environ, dans le quartier Boukoki ( paillotes ), en grande partie peupl de Hausa, la suite de Tinter- diction des paillotes qui s'enflamment trop facilement.

    2. En hausa standard, ce mot dsigne une construction de paille deux portes faisant office de vestibule (R. C. Abraham, Dictionary of the hausa language).

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    a t au pralable pile soigneusement dans un mortier domestique. Pour les constructions autres que le bangoo et les greniers, on incorpore de la bouse de vache et Ton ptrit le tout l'aide de pilons et par pitinement. On laisse reposer le mlange obtenu, nomm kwaaBi, pendant plusieurs jours et parfois une semaine, en le mouillant quotidiennement afin qu'il pourrisse et devienne pais.

    La qualit du rsultat obtenu dpend de la nature de la terre et du soin apport sa prparation. Un mur peut prsenter une surface aussi lisse que celle du ciment, comme il peut s'orner de craquelures et de lzardes occasionnes par le retrait de schage d'une terre mal gche.

    Depuis quelques annes, la plupart des constructions dans les villages de quelque importance sont faites l'aide de briques crues moules, composes d'argile mlange de paille, qu'on laisse scher au soleil avant de les utiliser. Ces briques sont gnralement fabriques la hte avec de la terre qui n'a pas repos et la construction ne durera gure.

    Les murs sont difis directement sur le sol. Quand ils sont constitus de briques, on ajuste ces dernires avec de la terre gche et on effectue ensuite un crpissage. Plus gnralement, on les monte par faonnage de la terre la main en y incorporant de petites pierres de dimensions gales que l'on aligne, un rang inclin sur la droite, le suivant sur la gauche. Cette technique assure une trs grande rsistance, la construction l'aide des briques crues, plus rapide, consti- tuant une rgression par rapport la manire traditionnelle.

    Le toit le plus rpandu et le plus facile raliser est celui qui repose sur un pilier central nomm gimSiki, rig en mme temps que les murs et qui rduit la porte de moiti. Ce pilier fait d'argile laquelle on incorpore des pierres, est lgrement plus lev que les parois, la norme tant 3 m de hauteur pour les murs et 3,40 m pour le gltnSikl. On construit alors des demi-arcs de bois que l'on recouvre de terre, nomms kwoongl, qui partent mi-hauteur des parois dans lesquelles ils sont encastrs en chacun des quatre angles pour prendre appui sur le pilier central. Si la pice a une superficie plus importante, on ajoute quatre autres demi-arcs ayant leur dpart au milieu de chacun des murs.

    Le toit, dnomm guga, est beaucoup plus rare et seuls les maons spcia- liss originaires de la Nigeria savent le construire. Aussi ne le rencontre-t-on gure que dans des habitations de chefs et de riches commerants. C'est ce qu'im- proprement on a appel vote haoussa et que dfinit ainsi Urvoy1 : Pour remdier au manque de longues poutres, et pour viter nanmoins d'avoir trop resserrer les pices, les Haoussa ont constitu des arcs en pis arm de bois, qui divisent le plafond en caissons aussi petits qu'il est ncessaire pour pouvoir utiliser pour les coursons des branches d'arbres. Des arcs complets, au lieu de demi-arcs prenant appui sur un pilier central, supportent donc la couverture. Ces arcs

    1. Cf. Urvoy, op. cit., p. 30,

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 55

    ou demi-arcs sont nomms dawaakin Siguf les chevaux de la maison , Siguf tant le terme le plus gnralement employ pour dsigner une habitation de terre.

    Maison pilier centrai (siguf mai glmsiki)

    Maison tage et terrasse Vestibule d'entre (zaurfc)

    (LA J ^^^*' V f

    ma'aji

    Planche II. - Habitations quadrangulaires.

    Sur cet agencement d'arcs ou de demi-arcs de terre arme, sont poses, les unes ct des autres, de courtes solives qui seront par la suite recouvertes de terre gche. Parfois, pour avoir un plafond plus propre, on dispose de vieilles nattes entre les arcs et les solives.

    Cette technique de construction permet de n'avoir utiliser pour les solives,

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  • 56 NICOLE ECHARD

    ainsi que pour l'armature des arcs qui est constitue de branches souples lies les unes aux autres, que des bois courts, aiss trouver dans la savane voisine. On recherche de prfrence des bois robustes et non cassants, peu facilement attaqus par les termites, pourvus de qualits occultes et ne faisant l'objet d'aucun interdit. Les bois les plus frquemment utiliss sont les suivants :

    bgaRuuwaa, Acacia arabica bauS, Terminalia ciciwaa, Maerua angolensis DunDuu, Dichrostachys nutans 'isklcii, Balsamodendron africanum markee, Anogneissus leiocarpus traakaDii, ? tunfafiy, Caotropis procera

    Le mode de construction donne ces toits une forme de dme plus ou moins accentue. Dans les petits centres urbains se rpand, sous l'influence occidentale, l'utilisation de poutres de traverse prenant appui sur les murs1. Le toit est alors plat et lgrement inclin pour permettre l'coulement des eaux de pluie.

    Souvent, les murs forment acrotre. On mnage alors dans le rebord des ouvertures o l'on insre des gargouilles de poterie qui font retomber l'eau des pluies quelques dizaines de centimtres des murs. Chaque anne, aprs les premires tornades, les fuites du toit sont colmates avec de la terre gche.

    Dans le cas d'habitations simples, ces toits ne sont jamais transforms en terrasses utiles dont l'emploi est quasiment inconnu dans la rgion. Toutefois la construction d'un tage, effectue par des maons spcialiss, par super- position d'lments d'habitation tels qu'ils ont t dfinis plus haut, fait souvent ouvrir la chambre suprieure, de dimensions plus exigus, sur une terrasse consti- tue par une partie du toit de la chambre infrieure. Celle-ci est borde d'une balustrade ajoure selon des motifs gomtriques construits en terre arme de bois. L'tage et sa terrasse adjacente, dont la construction chez les chefs et les notables ne semble pas remonter plus de quatre-vingts ans, n'ont jamais t utiliss comme lieu d'habitation ou de dtente. La chambre suprieure tait jadis destine au rangement des biens les plus prcieux de la maison dont on redoutait le vol. Tout au plus, actuellement, servira-t-elle de chambre coucher supplmentaire. Quant la terrasse, elle n'est jamais utilise comme cela se fait systmatiquement en Afrique du Nord.

    Plan inclin dans lequel sont tailles des marches, l'escalier qui monte l'tage est toujours intrieur, qu'il soit pris sur la chambre dont il est spar par un mur ou qu'il soit construit dans une trs petite pice adjacente pouvant se conti- nuer, au-del du premier tage, pour finir en tourelle dominant l'ensemble de la

    i. Le manque de bois et le cot des poutres mtalliques rduisent considrablement l'emploi et le dveloppement d'une telle technique dans Ader,

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 57

    construction. La plate-forme terminale est comme la terrasse borde d'une balustrade ajoure.

    Ces lments - tage, terrasse, tourelle - , qui ne peuvent tre rigs que par un maon spcialis et sont dpourvus de toute fonction, signalent au passant la richesse du propritaire dont ils renforcent considrablement le prestige social.

    De la mme faon, un vestibule d'entre, dit zaur y est un lment de prestige. C'est l que le matre de maison se tient pour recevoir ses visiteurs. Le zaur est muni de deux portes, l'une donnant sur la rue, l'autre ouvrant sur l'intrieur de l'enclos, qui assurent une aration constante. Il est construit soit sur le modle de la Sguf mai glmSikl, la maison pilier, soit sur celui de la Sguf mai guga, la maison plafond dit hausa. A l'intrieur est parfois rig un sige quadran- gulaire en terre sur lequel s'asseoit le matre de maison. Dans les murs, ont t mnages des niches (ma'aji), encadres ou non de dcorations en relief en forme d'entrelacs. Le principal lment de prestige du zaur est certes la fuskn zaur, la figure du zaur , encadrement de porte extrieur, toujours plus ou moins orn (cf. planche III). La figure du vestibule est surmonte d'lments de terre arme troits et pointus que l'on retrouve chaque angle de toute habitation. Ils sont nomms s'oorayee (au singulier s'ooroo), du terme qui dsigne gnrale- ment une tresse ou une touffe de cheveux partant du sommet de la tte. L'enca- drement de porte est faonn la main avec de la terre gche. Parfois, on utilise pour le modeler de l'argile blanche, ou bien on applique de la chaux sur l'argile latritique, ce qui le fait ressortir sur l'ensemble de la faade. Ce sont des maons spcialistes de ces dcorations qui effectuent le travail, chacun d'eux connaissant trois ou quatre manires diffrentes qui lui sont personnelles et qu'il a labores partir d'un certain nombre de motifs traditionnels, d'origine inconnue, et aux- quels ils ne semblent attribuer aucune signification particulire1. Ainsi, le maon Mahaman fils de Djibo, habitant la rgion (Tahwa) mais dont le pre est origi- naire de la Nigeria, est capable d'excuter quatre types diffrents d'encadrements de portes (cf. planche III, encadrements nos 2, 4, 6, et dessin excut par le maon lui-mme). Son pre ne savait effectuer ce travail mais difiait par contre des tages et des toits guga dont le fils ignore la technique. Un tel encadrement est ralis en deux ou trois jours de travail et, par la suite, un entretien annuel est ncessaire, sans quoi la dcoration disparat, efface par le ruissellement des eaux de pluie. L'encadrement plaqu sur le mur et lgrement dbordant autour de la porte est le plus courant. Toutefois mais trs rarement, on rencontre un autre type, constitu d'une construction avance en arc abritant l'entre de l'ha- bitation (cf. planche III, encadrement de porte d'Angoaldenya, valle de Badguichry).

    Dans toutes ces habitations, la porte (koof, pluriel : koofaafii) est la seule

    1. Cf. ce sujet J. Gabus, Au Sahara, arts et symboles, Neuchtel, 1958, pp. 373-390.

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  • 58 NICOLE ECHARD

    Tahwa: dessins de Aboubakar Anoni

    b^i in - b - 4 - A FT g S s

    1. quartier mareda 2. quartier mareda

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    LJuLJ LJii 3. quartier zulanke 4. quartier zulanke

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 59

    j ^ jj) ty^y J -- 7. quartier sabongari

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    ^ ') "j Vv>' ^' ^ 7 Tahwa: dessin de Aboubakar Anoni

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    f- - -:. .-.J^" ^ ^ l>' , ^ 8. Angoaldenya '&::-y '^'*% (f0^: v^/v

    , (valle de Badguichry) lor '&::-y '^'*% IL (f0^: v^/v

    ^ y ' V-.V 9. Tahwa: dessin du maon Mahaman: 5v |.: : ' 4me manire d'encadrement de porte Hic jL lii J (dessin excut le 12 mai 1966 Tahwa)

    Planche III. - Encadrements de portes (suite).

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  • 60 NICOLE ECHARD

    ouverture importante. Elle est mnage pendant la construction et un linteau de bois soutient la paroi. Parfois on lve un seuil de quelque 20 cm de hauteur pour faire obstacle au ruissellement des eaux de pluie et aux animaux divagants, la prsence de ces derniers commandant galement, dans le cas des habitations circulaires de terre, un rtrcissement de l'ouverture en son milieu (cf. planche I, schma du bangoo). Des trous (taagoogii, singulier : taag), comportant gale- ment un linteau de bois, sont mnags dans le haut des murs, faisant office de fentres, groups par deux dans un souci dcoratif. En milieu urbain, on fabrique des portes de tle ondule encadres de bois, mais en milieu rural on s'en tient un dispositif de tiges de mil lies entre elles que l'on pose contre l'ouverture pour la fermer (cik, cf. planche V, fig. 3).

    3) D'autres constructions compltent l'habitation proprement parler. Le grenier (cf. planche IV), dit rlheewaa, mot dsignant tout contenant de

    forme plus ou moins conique en terre - par exemple le haut fourneau destin la fusion du minerai de fer - , serait, d'aprs les informateurs, construit depuis toujours en terre gche. On peut supposer que ce type a t adopt de longue date dans l'Ader o la qualit de la terre se prte son dification dlicate. A l'est et l'ouest, les greniers sont faits de paille, mais on constate une diffusion de plus en plus importante du grenier de terre qui tend, dans les rgions voisines1, remplacer peu peu le grenier de paille. Ce dernier, en effet, est moins rsistant que le grenier de terre et protge moins bien les crales qui y sont engranges. Par ailleurs, un grenier difi soigneusement avec une terre bien travaille peut durer de vingt trente ans et parfois plus, alors que la durabilit de la paille excde rarement quelques annes.

    Les petits greniers destins emmagasiner les crales en grain (cf. planche IV, type I), les haricots et parfois d'autres menues provisions telles que des criquets cuits, sont de forme ovode et n'excdent pas 2 m de hauteur. Faonns comme une grande poterie, ils reposent sur un socle de quelques pierres et l'ouverture, situe leur extrmit suprieure, est couverte d'une sorte de chapeau de paille.

    Les greniers o l'on engrange les crales en pis (cf. planche IV, type II) ont une hauteur de 2,50 m 4 m et un diamtre de 1,50 2,50 m environ. Ils sont rigs gnralement sur un socle de pierres sur lequel on dispose des schistes plats qui forment le fond. Parfois, partir d'un appui central de pierres entasses, rayonnent des branches qui, rejoignant la circonfrence, supporteront une couche de pierres recouverte d'argile. Quand le sol est une roche compacte et que la terre utilise est de bonne qualit, les greniers peuvent tre dpourvus de tout socle et reposent alors directement sur le sol (cf. planche IV, type III).

    1. Cf. H. Raulin, La dynamique des techniques agraires en Afrique tropicale du Nord, tudes et Documents de l'Institut d'Ethnologie, Paris, CNRS, 1966, chap, m, 3 : Cons- quences du changement technique .

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 6i

    ^ ^ pierres

    TYPE I - PETITS GRENIERS (haricot, rail et sorgho en grains)

    / ' fy1^ de schiste II

    socle de pierres TYPE II - GRENIERS A SOCLE (mil et sorgho en pis)

    TYPE III- GRENIERS SANS SOCLE

    Planche IV. - Greniers.

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  • 62 NICOLE ECHARD

    Les parois n'ont que 5 7 cm d'paisseur. Aussi, ne faonne-t-on qu'un anneau concentrique la fois, de 10 20 cm de hauteur, dont on attend le schage pour continuer. Une ouverture latrale, hauteur d'homme, est mnage pendant l'dification des grands greniers dont elle rend plus ais l'accs. La forme du haut du grenier varie : elle peut tre ovode comme elle peut emprunter le modle d'un col de cruche. La moiti suprieure est ensuite couverte de paille qui la protge et l'ouverture situe au sommet est ferme, comme celle des petits gre- niers, par une sorte de chapeau de paille. L'accs au grenier se fait au moyen d'une chelle forme d'une solide branche fourchue aux deux montants de laquelle on lie un ou deux chelons de bois avec des cordes vgtales (cf. planche V, fig. 2).

    La technique d'dification du grenier est la mme que celle de la poterie monte par modelage de la terre entre le pouce et les autres doigts, selon un mou- vement circulaire. Le passage de la poterie, fond toujours arrondi, au petit grenier, fond galement arrondi, puis au grenier de grande taille, fond plat, se fait d'une part par une modification du matriau (incorporation de paille) et, d'autre part, par un lger changement technique qui est celui du schage nces- saire des anneaux concentriques successifs avant la continuation du travail. On a vu que le kudndn, case circulaire d'argile dont le toit peut avoir une porte de 3 m, est difi de la mme faon. De par l'utilisation maximum des qualits statiques du matriau employ, ce type de construction - le plus remarquable de la rgion d'un point de vue architectural - est analogue la vote en voile mince construite en bton l'aide d'un coffrage. Par ailleurs, la technique de mise en uvre est, jusqu' l'achvement, comparable celle des planchers anda- lous et des maisons de pierres plates des Causses (France).

    Une construction rudimentaire, atteignant au plus 90 cm de hauteur, dite akuRkli, sert d'abri la volaille et parfois aux jeunes chevreaux (cf. planche V, fig. 1). Elle est faite d'argile, en forme de cne tronqu dont la grande base repose sur le sol, et on y installe des poteries brises servant de logement aux animaux.

    Les ensembles d'habitation sont gnralement entours de cltures. Certaines sont constitues de branches pineuses mortes plantes dans le sol ou de tiges de mil lies les unes aux autres et fixes des piquets enfoncs en terre. Ces cltures de paille sont dites drnii. Le plus frquemment, on rige un mur d'argile, katangaa, dans lequel on insre des pierres, et, plus rarement, on monte un mur de pierres sches. La hauteur des cltures, qui n'excde pas 1,60 m, permet d'avoir des rela- tions de voisinage par-dessus le mur : changes d'ingrdients domestiques, de nourriture et, surtout, conversations. Cependant, les murs d'enceinte peuvent atteindre 2 m 2,50 m de hauteur lorsque le matre de maison exige de ses pouses qu'elles soient recluses, ne sortent ni n'aperoivent aucun homme.

    L'entre est mnage dans la clture et ferme par une branche transversale ou un bouchon d'pines qui empchera le btail tranger de divaguer dans la cour.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 63

    Dans les villages de quelque importance, c'est par le vestibule, zaur, que Ton pntre dans l'intrieur de l'enclos.

    Devant l'entre de l'habitation de type bangoo est parfois construit un muret de quelque 30 cm de hauteur, qui dlimite un cercle couvert d'un auvent rectan- gulaire form de piquets fixs dans le sol supportant une lgre couverture de tiges de mil. C'est l que l'on s'abrite du soleil et que les femmes vaquent quelques-unes de leurs occupations domestiques. Souvent, une cloison de paille ou de terre, situe dans un coin loign de la cour, isole le lieu d'ablutions.

    C^ ^y lK*f V>u l Fig. 1. akuRki : abri pour la volaille, les jeunes chevreaux et p,g 2 Echelle

    les jeunes agneaux

    il u

    Fig. 3. cik : porte de Fig. 4. Tabouret Fig. 5.Support de nattes tiges de mil

    Planche V

    4) U amnagement intrieur de la maison dpend de la richesse de la femme qui l'occupe, car c'est elle qu'appartiennent les diverses pices de mobilier avec lesquelles elle est venue et qu'elle emportera en cas de divorce.

    L'influence de la culture twareg, trs importante dans cette rgion domine dans le courant du xixe sicle par plusieurs groupes tamacheq qui s'y sont parfois sdentariss, se fait considrablement sentir dans l'ameublement. L'adoption des formes twareg procde de l'imitation du conqurant et constitue, par ailleurs, la reconnaissance d'une qualit artisanale suprieure des productions. C'est ainsi

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  • 64 NICOLE ECHARD

    que s'est rpandu l'usage du lit twareg, dont l'armature de bois et les traverses suprieures sont souvent dcores par incision au fer rouge, ainsi que des supports de nattes, pices de bois en Y (cf. planche V, fig. 5), galement pyrogravs et parfois incrusts de petits lments de mtal repouss. Ce sont les forgerons d'origine tamacheq, dits forgerons blancs , tablis dans les villages, qui fabri- quent ces pices. Le lit est recouvert d'une natte chane de cuir et entour d'une longue natte galement chane de cuir mais beaucoup plus fine, de fabrication twareg.

    Un lit dont l'introduction ne semble pas trs ancienne est fabriqu par les Hausa avec des tiges de zmarkee1 lies entre elles. C'est le type de couche le plus courant. Il est recouvert d'une natte de lit et surmont d'une sorte de dais en vannerie trs serre. La longue natte twareg chane de cuir l'entoure et le ferme totalement (cf. photo n 9). C'est l que l'on dort pendant la saison froide et o se retire la femme en couches. Plus gnralement, on droule le soir une natte range sur les supports l'endroit de son choix et l'on s'y tend plat, enroul dans un pagne ou dans une couverture.

    Les siges font dfaut, l'exception d'un petit tabouret trs bas, taill dans la masse du bois par les forgerons hausa et parfois dcor au feu de motifs gom- triques inspirs de l'artisanat twareg (cf. planche V, fig. 4). Il sert surtout donner au corps une position plus confortable pendant la traite des vaches. On rencontre galement des tabourets bas faits, comme les lits, de tiges de zmarkee lies entre elles.

    Les calebasses dcores par incision sont suspendues au plafond par des supports de cordes, empiles les unes dans les autres et fermes par des couvercles circulaires de vannerie. Les cuvettes mailles aux couleurs vives importes de Hong-Kong ou du Japon sont accroches les unes ct des autres sur les parois qu'elles dcorent.

    Pour les conserver, on suspend au plafond les vtements enrouls ou, en milieu urbain, on les entasse dans de rudimentaires coffres de planches d'intro- duction rcente, dcors la peinture europenne.

    Les marmites servant la prparation culinaire sont poses mme le sol auprs du foyer domestique. Celui-ci est install soit dans la maison, gauche de l'entre, soit l'extrieur, en plein air, dans une ruine de construction protgeant le feu du vent ou dans une btisse annexe de petites dimensions.

    Une grande poterie contenant la provision d'eau est installe poste fixe, souvent droite de l'entre, et voisine avec des vases plus petits, d'une conte- nance de 15 1 environ, qui servent aller chercher l'eau au puits.

    Le mobilier se complte enfin par un pilon et un mortier, de bois tous deux, qui restent gnralement l'extrieur.

    1. Sesbania punctata.

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  • Ph. 5. - Habitation tage et tou- relle d'un commerant (Kaora Abdu).

    Ph. 6. - Faade de vestibule (Tahwa).

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  • Ph. 7. - Construction de la base d'un grand grenier. Ph. 8. - Intrieur de case : supports de nattes et

    calebasses suspendues au plafond. Ph. 9. - Intrieur de case : lit couvert d'un dais de

    vannerie et entour d'une natte.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 65

    Le sol de la case, laiss nu la construction, est recouvert de sable fin, rouge ou blanc, balay quotidiennement et renouvel chaque fois que le besoin s'en fait sentir.

    Organisation de l'espace habit

    1. Le gidaa. Les diverses btisses sont runies l'intrieur d'une clture d'enceinte en

    un ensemble d'habitations dnomm gidaa (pluriel : gidaje). Celui-ci peut ne comporter qu'une seule case et un grenier, comme il peut comprendre aussi, selon le nombre de ses habitants - masgidaa - , plusieurs chambres d'habi- tation, divers silos, un vestibule, un emplacement de prire pour les musulmans, un lieu de sacrifice. Ainsi, la rsidence d'un chef local traditionnel ou d'un riche commerant sera-t-elle constitue d'un vestibule luxueux, d'une maison tage, d'un nombre de pices gal celui des pouses (quatre au plus selon la loi cora- nique), des concubines et des parents qui y rsident, de trs vastes greniers situs souvent, dans ce cas, l'extrieur de l'enclos, aux abords de la place laisse libre devant une telle demeure.

    En plus des habitations destines abriter les membres de la famille, on trouve frquemment dans les enclos une case qui n'est occupe que temporairement par des voyageurs de passage.

    Voici, titre d'exemple, la composition de quelques gidaje, releve dans un village de la rgion1 :

    Chambres ~, , Chambre Chambre ~ Vestibule des dhomme

    amhre ~, , des des Cuisine d'hommes* ^mers

    de Greniers ~

    femmes dhomme

    parents trangers d'hommes* de femmes

    1 -h 3 - 1 - - 1 - 2 -f~ 2 I I 3+ 2 _____ j i _

    4 -|- 1 - 1 1 - 1 -

    5+2 I I I 2 I 6 + 1 - - - 1 1 - 7 + 1 - - 1 - - 23 8 + 1 - 1 - - 2 - 94 - - 1 - - - 1 -

    10 - 1 - - - - 1 - 11 -f I I 2 12+2 - - I 13+1 - 1 - - 1 1 14 + 1 - - - 1 1 -

    1. Kaora Acha, valle de Badguichry, aot 1063. 2. Seuls les greniers mil et sorgho ont t considrs ici. 3. Enclos d'une femme dont le mari est dcd rcemment. 4. Homme non mari au moment de l'enqute.

    5

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  • 66 NICOLE ECHARD

    La taille moyenne d'un gidaa est de 7,7 personnes1, le nombre de rsidents variant, pour l'chantillon considr, de 1 20 individus. Plus de la moiti de ces enclos ne sont occups que par une seule famille compose d'un homme, de son pouse (ou de ses pouses) et des enfants issus de son ou de ses mariages successifs ou simultans2. Autrefois, les enclos taient rarement de taille aussi rduite, car ils abritaient ce qu'il est convenu d'appeler la famille tendue.

    De fait, le gidaa comporte souvent deux ou plusieurs foyers dont les hommes appartiennent tous au mme lignage patrilinaire et ont une troite et directe relation de parent entre eux : pre-fils ou frres. Il advient parfois qu'un neveu en ligne patrilinaire soit amen rsider dans l'enclos, mais ce n'est gnralement qu' titre temporaire, sauf si, orphelin avant l'adolescence, il a t adopt par son oncle paternel, c'est--dire son pre classificatoire. Le plus g des hommes de l'enclos - le migidaa (de mai, prfixe indiquant une ide de possession, de matrise) - a autorit sur l'ensemble. Toutefois, il en va frquemment autre- ment, soit qu'un vieillard ait renonc cette charge au profit d'un cadet, soit que l'homme devant normalement assumer ces fonctions en ait t reconnu incapable.

    Les femmes du gidaa viennent d'autres enclos. De nos jours, elles sont souvent issues d'un village de la rgion et d'un groupe n'ayant aucune relation avec celui du mari. Il n'en tait pas de mme autrefois et toutes appartenaient soit au mme groupe, que le degr de parent puisse tre donn avec exactitude ou non, soit un autre groupement de caractre clanique avec lequel on pratiquait des alliances matrimoniales. Quoi qu'il en soit, elles demeurent totalement tran- gres au lignage dtenteur de l'enclos o elles se sont maries jusqu'au moment o elles donnent une descendance leur mari. La premire pouse de l'homme le plus g de la communaut familiale est dnomme 'uuwargidaa, la mre de la maison , et a autorit sur les autres femmes.

    Ne peuvent rsider titre permanent dans l'enclos que les parents directs - hommes ou femmes seules - des hommes qui y habitent. On accueillera aussi, mais seulement temporairement, des parents d'une femme ayant dj mis au monde au moins un enfant la suite de son union avec l'un des hommes du gidaa. Parfois, des captifs aux statuts particuliers ainsi que des serviteurs habitent avec les mas gidaa. La chambre rserve aux trangers pourra abriter des annes de suite un voyageur fix l, qui n'a pas encore difi son propre enclos, ou une personne ge sans descendance et trangre au lignage.

    Toutefois, le gidaa n'a pas de contours aussi nets qu'on pourrait le penser et prsente des ramifications nombreuses, soit que l'un des hommes de l'enclos

    1. D'aprs un chantillon de 586 enclos familiaux, reprsentant la population de quatre villages de Ader.

    2. En cas de divorce, les enfants sont laisss la mre jusqu' leur sixime anne environ, poque laquelle ils vont vivre chez le pre.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 67

    ait des enfants en bas ge vivant dans le nouveau gidaa de Tune de ses pouses divorce, soit qu'il ait une pouse dans un autre quartier ou dans un autre village, ce qui se rencontre assez frquemment.

    Seul le mobilier est proprit fminine ; l'ensemble des constructions de l'enclos appartient aux hommes. Cet espace amnag est l'image du gaad, l'hritage, qui comporte en outre certaines fonctions sociales et religieuses ainsi qu'un domaine foncier, transmis en ligne paternelle et dont le migidaa doit assurer la gestion. Mme dans le cas d'un enclos rcemment rig en une nouvelle place, cette ide demeure. C'est peut-tre l qu'il faut chercher les racines du prestige attach la possession d'une habitation tage, flanque de terrasses, de balus- trades ajoures, de tourelles et d'un encadrement de porte particulirement dcor. Une telle demeure montre comment les hommes du lignage ont su faire fructifier leur hritage par une bonne administration et une succession toujours assure.

    2. La gaRkaa.

    Plusieurs gidaje (de deux dix gnralement) forment une gaRkaa (pluriel : gaRkuukii). Ce mot, qui, en hausa standard, dsigne un espace cltur destin la culture du coton ou du tabac, s'applique dans l'Ader d'abord au gidaa au sens restreint, migidaa tant alors synonyme de tnalgaRkaa, et ensuite au gidaa pris dans le sens plus large d'un ensemble d'enclos dont les hommes appartien- nent au mme lignage patrilinaire et se trouvent dans l'espace en situation de voisinage.

    Les habitants d'une gaRkaa sont maKwbtaa (singulier : tnaKwabCi), voisins les uns des autres, ce terme ayant le plus souvent une connotation familiale. C'est entre les maKwbtaa que s'change, par-dessus les murs de clture, la Dagiyaa, cadeau quasiment obligatoire de nourriture autre que les crales constituant la base de l'alimentation. Ces dons se font entre femmes, c'est--dire entre des lments trangers au lignage dtenteur de l'espace qu'ils habitent, et symbolisent en quelque sorte les relations de voisinage.

    Il peut advenir, surtout dans un petit centre urbain, que s'installe dans le primtre de la gaRkaa un homme apparent au lignage par le lait , c'est--dire par les femmes, ou un tranger auquel le migaRkaa aura donn l'autorisation de s'installer et lui aura dsign un emplacement. Les nouveaux arrivs seront dits non pas maKwbtaa mais 'bookan zamaa, de 'bookii ami , et zamaa tre assis . Aprs deux gnrations environ et l'change de femmes qui est susceptible de se produire entre un tel gidaa et les autres, une relation s'tablira avec les membres du lignage occupant la gaRkaa qui, traduite en terme de parent, fera oublier les origines trangres de V'bookan zamaa.

    Voici la composition de deux gaRkuukii prises dans deux quartiers de Tahwa, centre urbain du nord de l'Ader :

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  • 68 NICOLE ECHARD

    - GaRkan Kaba, plus frquemment dnomme Gidan Kaba, comprenant sept gidaje (quartier Mallamawa) :

    A. MaKwbtaa. 1. Hilli, appartenant au groupe Madobawa fondateur de Tahwa ; 2. Sergent, frre cadet classificatoire de ; 3. Dolo, dont la mre tait la sur ane classificatoire du pre de 1 ; 4. Baidu, frre cadet classificatoire de 1 ; 5. Tawey, frre an classificatoire de 1.

    B. 'Abookan zamaa. 1. Maidaji, apparent 1 par sa mre ; 2. Adamou, tranger venu de l'ouest.

    L'exemple de Dolo (A, 3) montre l'intgration d'un tranger dans le lignage patrilinaire de la gaRkaa.

    - GaRkan Isufu, dite aussi gaRkaa maKeRaa {gaRkaa des forgerons), comprenant vingt-trois gidaje (quartier Tugulawa) :

    A. MaKwbtaa. 1. Huseini, forgeron ; 2. Kaptini, frre cadet propre de 1 ; 3. Abuba, homme originaire de Zinder rintgr par les femmes dans le lignage

    de la gaRkaa; 4. Mahamadu, frre cadet classificatoire de 1 ; 5. Malam Abuba, dont la mre est la sur classificatoire de 2 ; 6. Hadu, dont le pre tait le frre an du pre de 1 ; 7. Marae, id. ; 8. Andilo, issu du pre du pre de 1 ; 9. Ada, frre cadet classificatoire de 1.

    B. * Abookan zamaa. 1. Chefu, fonctionnaire tranger de passage ; 2. Issa, frre cadet de Chefifu ; 3. Ibini, id. ; 4. Chaibu, ancien captif des parents de A4 ; 5. Iyale, fils de Chaibu ; 6. Kurma, frre cadet de Iyale ; 7. Tagwema, ancien captif de Ai ; 8. Illa, fils du prcdent; 9. Suleymane, ancien captif de Ai ; 10. Moussa, id. ; 11. Abdusala, id. ; 12. Maloza, id. ; 13. Mahamidu, id. ; 14. Attahiru, id.

    C'est en examinant la composition de ces gaRkuukii que l'on constate l'hiatus entre la thorie, qui voudrait que tous les hommes des gidaje concerns appar- tiennent au mme segment lignager, et la ralit, qui montre un regroupement

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 69

    d'individus entre lesquels on ne peut dfinir avec prcision un degr de parent patrilinaire, aucune gnalogie n'ayant pu tre tablie pour ces gaRkuukii, ou qui ont t intgrs dans le lignage d'origine par le biais d'une rinterprta- tion en termes de parent des relations que le voisinage rendait obligatoires.

    3. Z/'ngwaa.

    Un ensemble de gaRkuukii constitue une 'ngwaa (pluriel : 'ngwooyii), terme que l'on peut traduire approximativement par quartier, et qui se prsente sou- vent nettement dlimit par un espace vide l'entourant. La ralit territoriale toutefois est mise en chec par la ralit sociale qui peut inclure, dans 'ngwaa, des gidaje situs dans l'espace d'un autre quartier mais appartenant au groupe lignager d'origine du premier.

    Plusieurs lignages d'un mme groupement caractre clanique coexistent au sein de Ve ngwaa, l'autorit politique sur l'ensemble tant dtenue par le lignage an. A la suite d'alliances ou d'migrations, d'autres segments lignagers peuvent s'installer l'intrieur des limites d'une 'ngwaa. De la mme faon, les forgerons, jamais assez nombreux pour former plus d'une gaRkaa, se trouveront englobs dans l" ngwaa du groupe auquel ils sont allis de longue date. Ainsi, le village de Kolloma (Canton de Kalfu, Cercle de Tahwa) comporte trois 'ngwooyii dont la plus ancienne, du nom de Tsagana, est forme par les gaRkuukii suivantes :

    - Gidan Asna1, fonde par les Anuankarawa, abritant le lignage dtenteur de la prtrise du sol ;

    - Gidan Adwa, gaRkaa fonde par les Kambarawa ; - Gidan Mahalba, le gida des chasseurs , habite par les descendants des

    anciens chasseurs Anuankarawa ; - GaRkan MaKcRaa, la garka des forgerons , o rsident des forgerons

    considrs comme appartenant au groupe des Anuankarawa du fait qu'ils sont leurs forgerons.

    Deux groupes claniques se partagent donc le quartier Tsagana. La premier, le plus important et le plus ancien, est celui des Anuankarawa qui se dcompose en trois lignages, tous reprsents dans ce quartier : le lignage des Anuankarawa proprement dits auquel appartient le segment lignager des chasseurs ; le lignage, cadet du prcdent, dit des Kuriyawa, et le lignage des Asna Matsafa, dtenteur de la prtrise du sol qui, l'origine, n'tait pas Anuankarawa et, actuellement, l'est sans l'tre, se reconnaissant et tant reconnu sous ce nom2. A ces trois lignages

    1. gidaa est pris ici dans le sens de gaRkaa. 2. L'histoire du groupe tient dans la rencontre et l'alliance des chasseurs Anuankarawa

    avec les Asna, qui ne possdaient alors que des divinits ; ceux-ci, par le jeu de l'assimi- lation, se sont peu peu trouvs identifis ceux-l.

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  • 70 NICOLE ECHARD

    s'ajoute le groupe des forgerons, caste, alli aux Anuankarawa depuis les origines. Le second groupe clanique, celui des Kambarawa, est plus restreint l'intrieur de Y'ngwaa. Seul un de ses lignages est reprsent alors qu'il en existe d'autres dans la rgion, descendant des anctres qui seraient venus de la Nigeria s'installer auprs des Anuankarawa avec lesquels ils conclurent, ds leur arrive, des alliances matrimoniales.

    Vngwaa jouit au sein du village d'une certaine autonomie. Elle s'organise en ruelles troites convergeant vers de petites places aux formes irrgulires qui sont les nuds de la vie publique. C'est l que se situent les mosques devant lesquelles les vieux passent une partie du jour converser entre eux. C'est l que s'installent le boucher, qui prpare sur place ses brochettes, et le petit commer- ant local qui dbite, sur une table rudimentaire, cigarettes, tabac, savon et autres menues denres de colportage. C'est l que s'changent les nouvelles villageoises et celles, plus lointaines, apportes par le voyageur de passage.

    Le mi'ngwaa, matre du quartier, appartient en principe au lignage fonda- teur et est parfois reconnu chef de quartier par l'Administration. Il veille la propret des ruelles, est appel pour rgler, au premier degr, les litiges survenant l'intrieur des gidaje et fait partie du conseil dont est entour le chef de village.

    4. Le gRii.

    Le village, gRii (pluriel : gaRuRuw) tait jadis toujours install sur les pla- teaux en un site dfensif lui permettant de faire face aux attaques ventuelles. Certains bourgs, dits biranee (singulier : birnii) taient de vritables places fortes, entoures de murs hauteur d'homme dont on voit encore les restes, et o taient mnages de une quatre ouvertures donnant accs l'agglomration.

    Depuis un demi-sicle nombreux sont les villages qui se sont dplacs totale- ment ou en partie vers les valles, aux abords des terres argileuses qui ont t mises en valeur depuis lors. Actuellement, on distingue quatre types de groupe- ments : le birnii, petit centre urbain ; le gRii, village ayant un chef ; le zango lieu de campement , et le tungaa, qui sont des hameaux sans chefferie ; le gRin goonaa ou gidan goonaa village de culture , hameau habit temporairement en saison des pluies par des agriculteurs dont les champs sont trs loigns de leur rsidence habituelle.

    Le village est de plus ou moins grande taille, ne comportant que quelques enclos familiaux ou rassemblant au contraire plusieurs 'ngwooyii. Souvent, un village de l'Ader, rgion o le peuplement est assez dense, est compos de deux 'ngwooyii dont les membres appartiennent des lignages de deux groupes diffrents aux noms distincts, spcialiss socialement et religieusement dans cer- taines fonctions. Il est rare de rencontrer une communaut villageoise au sein de laquelle tous les hommes appartiennent un mme groupe clanique dcompos

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 71

    en deux lignages, Tun an, l'autre cadet, s'intermariant entre eux selon un schma traditionnel antrieur, semble-t-il, l'islamisation. C'est nanmoins le cas du village de Bakin Dabagi (Canton de Tahwa, Cercle deTahwa), cr par les Anuan- karawa qui, autrefois, habitaient le quartier Nazamna de Kolloma, bourg voqu plus haut. Bakin Dabagi ne comporte qu'un seul quartier o coexistent les deux lignages principaux des Anuankarawa. On constate trs frquemment, par contre, un enchevtrement complexe de segments lignagers de divers groupes, rpartis en plusieurs quartiers d'un mme village.

    D'une 'ngwaa l'autre, on peut tre dans les rapports suivants :

    zurnai, parents par le sang ou par alliance ; 'bokai, amis, allis ; maKwbtaa, voisins, le terme n'ayant pas cette fois de connotation familiale et

    n'impliquant qu'une juxtaposition dans l'espace villageois sans qu'aucune autre relation particulire ait t tablie ;

    'bangijl, propritaire de captifs ; baayuu ou baayi, captifs des habitants d'une autre 'ngwaa.

    Par exemple, le village de Keta (Canton de Keta, Cercle de Tahwa) comprend trois 'ngwooyii : celle des Twareg Lisawan sdentariss, dite Lisawan, celle de leurs anciens captifs, dite Bayu, et celle des Asna Keitawa, dite Asna, qui sont respectivement dans les relations suivantes :

    f Lisawan j ^ * ( ^sna Keitawa 7

    'bangiji baayuu ^^

    ^X^maKwbtaa

    Un tel schma implique ncessairement l'existence d'un groupe prdominant, sinon unique, dans chacune des 'ngwooyii considres et, donc, une rpartition systmatique de l'espace entre divers groupes et divers lignages. Aussi, n'en est-il que rarement ainsi. Le village de Kolloma comporte trois 'ngwooyii composes de la faon suivante :

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  • 72 NICOLE ECHARD

    A. Tsagana. . Anuankarawa, lignage an dont la spcialisation d'origine tait la chasse,

    dans lequel se recrutent les griots rituels du culte des divinits du sol (Ai); 2. Anuankarawa, lignage des Asna Matsafa, dtenteur du culte des divinits

    du sol (A 2) ; 3. Forgerons noirs Asna Anuankarawa1 (FNA) ; 4. Kambarawa (K).

    B. Baban angwa. 1. Gobirawa, dtenteurs de la chefferie de village (G) ; 2. Kambarawa (K) ; 3. Anuankarawa, lignage des Kuriyawa, dtenteur du culte du bori (possession)

    et de la connaissance des plantes mdicinales (A 3) ; 4. Anuankarawa, lignage an, dans lequel se transmet la fonction de griot rituel

    du culte de la possession (Ai); 5. Anuankarawa, lignage des Asna Matsafa (A 2) ; 6. Forgerons noirs Asna Anuankarawa (FNA) ; 7. Forgerons blancs, descendants d'anciens captifs (FB).

    C. Nazamna. 1. Forgerons noirs (FN) ; 2. Maidawa, venus de la rgion de Keta dans le courant du xixe sicle (M).

    Ce quartier tait autrefois beaucoup plus vaste mais s'est vid de ses habitants Anuankarawa (lignage an et lignage des Kuriyawa), partis fonder un autre village (Bakin Dabagi) la suite de querelles avec le lignage Asna Matsafa des Anuankarawa.

    Voici le schma de leur rpartition dans l'espace villageois :

    t Est

    ^^*~

    -s^ Piste

    ^^^f^0^mm^^^^^ ^r^ ' Tahwa-Keita

    /FNA ' / A3 Culte du bori I / / (possession) / A2 '

    Cultedesdivinits | ]/ ai

    / ^

    ' FB / ; J / FN >v / Mo ' F6 chefferie de / l

    '. ^^ ^^ ./ temporaire ' Village G / ' ^^ ^^ '^ musulmane / ' '^ ^ - y v_y

    TSAGANA BABAN ANGWA | NAZAMNA

    1. On distingue dans Ader trois groupes de forgerons : a) Les forgerons noirs Asna, dits

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 73

    Ces groupes sont entre eux dans les relations suivantes :

    M alli avec G, voisin avec le reste du village ; FN alli avec M, voisin avec le reste du village ; G alli avec l'ensemble du village, sauf et F, groupes dont il est voisin ; , 2, A3, parents entre eux, allis avec K, G, FNA ; FB, voisin par rapport tous les autres.

    Ce schma, qui montre la situation de ces groupes dans l'espace et la suc- cincte dtermination de leurs relations principales, fait apparatre trois grou- pements d'une importance particulire rpartis entre deux quartiers (Tsagana et Baban angwa), en mme temps qu'il indique les tensions intrieures au village. Ainsi tout le jeu social, politique et religieux de la communaut villageoise se fait-il entre les trois ples suivants :

    a) Groupe de la chefferie de village, musulman, n'ayant de parent avec aucun autre, isol et en tat de tension constante avec les habitants du quartier Tsagana ;

    b) Groupe des Anuankarawa dtenant la prtrise des divinits du sol, noyau animiste, parent avec une partie des habitants de Bagan angwa, mais en litige permanent avec les membres de son propre lignage et hostile la chefferie politique ;

    c) Groupe des Anuankarawa Kuriyawa, animistes plus ou moins islamiss, dtenteur de la prtrise du bori (possession), en tat de tension avec les Anuan- karawa du quartier de Tsagana.

    Cet exemple montre bien que la rpartition du sol entre les divers lignages et les divers groupements dtermine la physionomie propre du village, le rle des ples religieux tant toujours de premier ordre.

    D'une manire gnrale et en dpit, dans ce dernier demi-sicle, de l'clate- ment des gros villages qui, du fait de la paix que n'avait jamais connue la rgion, ont essaim dans la brousse environnante, il est rare de rencontrer des agglom- rations dans lesquelles la division de l'espace ne se fasse pas selon une formali- sation trs grande des relations existant entre les divers segments lignagers, lignages et groupes claniques en prsence.

    Protection magique de l'espace habit

    L'espace, rendu habitable par des moyens techniques et par une forte socia- lisation qui, en quelque sorte, inscrit au sol les schmas relationnels, est aussi l'objet, de la part de ses occupants, d'une constante proccupation de protection,

    forgerons des hommes, qui savent fondre le minerai de fer et dtiennent une technique d'envotement qui leur sert de moyen de coercition sociale ; b) Les forgerons noirs, non-Asna, galement fondeurs ; c) Les forgerons blancs, dits forgerons des femmes, souvent descendants d'anciens captifs de Twareg, qui ne fondent pas mais forgent en particulier des bijoux fminins.

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  • 74 NICOLE ECHARD

    de mise l'abri aussi efficace que possible des forces supra-naturelles et souvent hostiles qui constituent l'autre part, insaisissable et invisible, de l'univers. Il s'agit de faire respecter un ordre o chaque chose ayant un lieu doit s'y tenir. Que les gnies inconnus de brousse restent en brousse, que ceux avec qui l'on s'est alli rpondent ce qui est attendu d'eux et apportent leur aide. Que les sorciers uvrent de nuit dans la campagne. Qu'aucune force mauvaise et nuisible ne s'insinue en milieu humain o elle ne saurait qu'engendrer des troubles, maladies physiques ou mentales, strilit, ruine.

    Les prcautions prises pour assurer cet ordre dbutent avec la construction de l'habitation, au cours de laquelle on utilise de faon systmatique certains bois aux qualits occultes reconnues. C'est ainsi que l'on fait en sorte qu'une branche de l'arbuste tunfafiy1 touche, dans chaque case, le sol et soit aussi insre dans le toit. S'il s'agit d'une maison de terre, la branche sera encastre verticalement dans l'un des murs et quelques solives seront constitues de ce bois. Dans le cas d'une case circulaire, l'un des piquets fichs dans le sol et l'un des bois soutenant la toiture de paille seront de tunfafiy. Cet arbuste est cens loigner les sorciers qui deviendraient visibles ds qu'ils s'en approchent. Toutes les euphorbaces et les asclpiadaces jouissent divers degrs de cette mme rputation mais, parmi toutes, le tunfafiy serait la plus efficace.

    L'habitation acheve ne saurait tre habite avant que le propritaire ait fait emplette d'une mdecine qu'il dispose en sept endroits diffrents selon le schma suivant :

    E.N.E. _- I

    V *6

    ' /4 s''

    A la rigueur cinq suffisent (celles numrotes de 5 des quatre angles et du seuil). Cependant, souvent, non seulement on en utilise sept, mais encore on en ajoute deux autres correspondant la tte et au pied du lit. Selon qu'elles sont enterres dans le sol ou suspendues au plafond - le rsultat tant qui- valent - les mdecines sont soit disposes dans des poteries de petite taille, soit ficeles dans un chiffon. Selon les croyances du propritaire de l'habitation,

    1. Calotropis procera, une asclpiadace.

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 75

    elles sont prpares par des marabouts musulmans ou par des bookayee (au sin- gulier : bookaa), hommes dtenant la connaissance traditionnelle des lments minraux, vgtaux et animaux. Voici un exemple de la composition d'une mdecine de ce deuxime type, considr dans beaucoup de groupes comme le plus efficace1 :

    A. lments vgtaux. corce de farin moro Racine extrieure de 'nzaa* (contre l'action des sorciers) Racine de yarandai (en relation avec les gnies) Racine de gwadaa* (en relation avec les gnies) Racine de DunDuu* (contre les blessures par le fer) Racine d'un arbre ayant pouss

    sur une fourmilire (les fourmilires sont censes tre l'habitat de cer- tains gnies)

    corce de madoobiiyaa5 (en relation avec les gnies qui se tiennent volontiers dans son voisinage)

    corce de s'aa Herbe busa Herbe kaa - bookaa* (en relation avec la circulation du sang) Herbe 'afooys (contre les mauvais rves) Grains de yaakwaa7 (renforce le pouvoir de l'herbe prcdente)

    B. Autres lments. Excrments de porc-pic ; Sable recueilli sous les ordures domestiques ; Scorie rsultant de la fusion du minerai de fer (contre les malfices des forgerons).

    Il est difficile qu'un tel charme soit bris et, gnralement, une fois la mdecine loge dans les sept emplacements, la maison sera dfinitivement habitable sans risque et sans qu'il soit jamais besoin d'en renouveler les ingrdients. L'impor- tance de la chambre o l'on dort est telle que c'est le lieu de prdilection pour dposer des mdecines malfaisantes destines atteindre la sant de l'occupant. Ainsi, tel mari dont la femme a commis un adultre, enterrera-t-il sous le lit de celle-ci un charme destin la rendre strile. S'il advient qu'il se spare de cette pouse, force lui sera de faire briser le malfice sans quoi la nouvelle occupante du lit serait elle aussi menace de strilit.

    Chaque matre de maison hritant gnralement d'un ou de plusieurs gnies,

    i. Mdecine en usage dans les groupes anuankarawa de Ader. (Information Sarkin Bori Ihela du village de Toro, Kolloma, 2-1 -1966.)

    2. Ou hnz : Boscia angustifolia. 3. Sorte de mimosa gyptien sans pines. 4. Dichrostachys nutans, une acace. 5. Andira inermis. 6. Convolvulus lomaea areentaurata. 7. Sorte d'oseille rouge cultive dont les feuilles sont utilises pour la prparation des

    sauces.

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  • 76 NICOLE ECHARD

    il rserve un emplacement de sa chambre leurs effets, pagnes, parfums, objets. Il vite par ailleurs de faire sjourner le btail dans certain coin de la cour afin qu'il ne soit pas souill, et c'est l qu'il effectue annuellement le sacrifice rclam par ses divinits. Parmi celles-ci, il s'en trouve dont le devoir est de garder la maison et qui y demeurent. C'est elles qu'il demande la paix et la sant des individus habitant son enclos.

    L'ensemble des prcautions individuelles destines assurer la scurit de l'habitat est renforc par des dispositions collectives. Ainsi, les gnies communs un lignage sont-ils honors chaque anne d'un sacrifice au cours duquel on leur demande qu'aucun trouble ne survienne au village. Mais surtout une cr- monie annuelle a lieu, cense marquer le dbut de l'anne bien que se droulant rarement cette poque, et qui vise, ainsi que l'indique son nom - koraa borii chasser les gnies , ou koraa s'oos'yii chasser les malheurs - , dbarrasser le village des gnies inconnus et malfiques qui auraient pu s'y introduire. C'est par l'intermdiaire des gnies allis possdant les chevaux qu' l'issue d'une danse de possession cette opration est mene. Le village est partag en deux zones nettoyes simultanment ou successivement par un ou deux groupes. Dans ce dernier cas, le premier s'occupe de l'intrieur et de visiter les enclos, rue aprs rue de chaque quartier, ainsi que les places, tandis que le second contourne le village par l'extrieur s'arrtant chaque fourmilire, chaque termitire, chaque arbre pineux pouvant servir d'habitat aux forces combattues. Les deux groupes se retrouvent l'ouest pour expulser dans cette direction les gnies trangers qu'ils ont dlogs et qu'ils poussent devant eux.

    Espace habit, espace inhabit

    L'espace habit, grii le village , s'oppose celui, inhabit, daaji la brousse . Le premier est strictement dfini par l'implantation des habitations. Au-del des ultimes cltures commence une zone gnralement dbrousse aurolant en quelque sorte le village ; elle est redoute et mieux vaut ne pas s'y aventurer de nuit. Au-del de cette zone commence le daaji, tous gards inhabitable.

    La meilleure situation pour un enclos est le cur du village, les plus mauvaises sont les confins. Les habitations installes l, pour peu qu'elles soient isoles, ont une rputation douteuse : c'est l qu'errent la nuit tombe sorciers mal- intentionns et gnies de brousse attirs par la proximit des hommes et dsireux d'en tirer un parti qui ne saurait tre que nuisible. Quand un tel habitat se trouve condamn par les faits, telle la mort des membres de la famille qui y rsidait, on rige sur la place, et avec les pierres ayant servi la construction, des monticules pyramidaux. Ceux-ci, ainsi que les murs extrieurs que l'on entretient sous la forme d'un entassement de pierres sches, marquent l'endroit, rappelant au passant

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  • l'habitat traditionnel dans l'ader 77

    son caractre malfique. Pourtant, cette peur de l'isolement n'apparat pas comme tant de nature individuelle. Nombreux sont les voyageurs qui se dplacent pied travers la brousse et qui, le soir venu, jettent leur natte au pied d'un arbre pour s'y assoupir jusqu' l'aube. Nombreux sont les cultivateurs qui, du fait de l'loignement de leur champ, sont tenus d'y passer deux ou trois jours cons- cutifs pour en achever la culture, en une saison o les tornades menaantes amnent avec elles les sorciers qui profitent de la foudre pour frapper. Cette proccupation quant au lieu d'habitat ne concerne nullement, semble-t-il, une installation temporaire mais seulement celle, permanente, qui inclut l'individu dans un systme relationnel. Cette rpulsion pour l'habitat isol apparat bien plutt comme tant de caractre social. Elle exprime la ncessit absolue d'une telle organisation de l'espace pour que se maintienne de faon optimale la cohsion des relations tablies divers niveaux entre les membres d'une communaut donne, comme si le moindre cart allait compromettre le fonctionnement mme de l'ensemble. Les nomades Peul qui vivent disperss par familles dans la brousse sont cet gard qualifis d'animaux sauvages, alors que dj sont mieux accepts les groupements twareg : un campement o se trouvent runis la fois une famille de Twareg et ses captifs prsente l'image d'un embryon d'organisation sociale.

    De la mme faon, les jugements esthtiques semblent constamment faire rfrence ce mode de penser. Tel village sera considr comme beau parce qu'install sur un plateau horizontal, les alentours de l'implantation humaine tant dbrousss de longue date par les hommes d'abord, les animaux ayant ensuite rogn le reste d'une maigre vgtation ; parce qu'il est pourvu de nom- breuses habitations serres autour de places exigus o aboutissent d'troites ruelles n'offrant aucune prise au vent. Sera considr comme laid un village plus ar, petit, aux rues et aux enclos plus vastes. On en dira qu'il est sem- blable la brousse. Cela ne signifie pas pour autant que la brousse soit inesth- tique, mais que les critres vgtaux qu'on lui applique (une belle brousse devant abriter un certain nombre d'espces) ne sont pas valables pour un tablissement humain.

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    Article Contentsp. [48][unnumbered][unnumbered]p. 49p. 50p. 51p. 52p. 53p. 54p. 55p. 56p. 57p. 58p. 59p. 60p. 61p. 62p. 63p. 64[unnumbered][unnumbered]p. 65p. 66p. 67p. 68p. 69p. 70p. 71p. 72p. 73p. 74p. 75p. 76p. 77

    Issue Table of ContentsL'Homme, T. 7, No. 3 (JUILLET-SEPTEMBRE 1967), pp. 1-126Front MatterLA PANEMA UN ESSAI D'ANALYSE STRUCTURALE [pp. 5-24]SYSTMES DE SUCCESSION ET DE DOTATION EN YOUGOSLAVIE ET EN TURQUIE [pp. 25-47]L'HABITAT TRADITIONNEL DANS L'ADER (Pays hausa, Rpublique du Niger) [pp. 48-77]NOTES ET COMMENTAIRESA PROPOS DE DEUX TEXTES D'ANTHROPOLOGIE CONOMIQUE [pp. 78-91]Mise au point [pp. 91-97]INVESTISSEMENT ET AGRICULTURE DITE VOLUE [pp. 98-100]UN PROBLME DE VOCABULAIRE (Discussion) [pp. 101-105]

    COMPTES RENDUSAfriqueReview: untitled [pp. 106-109]Review: untitled [pp. 109-109]Review: untitled [pp. 109-112]

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