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Restauration des canons Restauring the canons SAINT-MARTIN SINT-MAARTEN N o 5 février 2010 FORT LOUIS Récolte du sel Picking salt

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La revue du patrimoine de Saint Martin/Sint Maarten

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Page 1: HERITAGE 5

Restauration des canonsRestauring the canons

SAINT-MARTIN

SINT-MAARTEN

No 5 février 2010

FORT LOUISRécolte du sel

Picking salt

Page 2: HERITAGE 5

ethnik tendancycollection de vêtements

en vente exclusive au Musée de Saint-Martin

new fashion wearavailable only

at Saint-Martin Museum

Page 3: HERITAGE 5

We’re already in the month of February and the Carnival celebrations are almost over. February is also the yearly peak of the tourist season and we can once again welcome our visitors with pride on the most visible heritage site of Saint Martin, that is to say Fort Louis, overlooking Marigot bay. The 221 year old monument has been cleaned up. The whole site was cleared of excess vegetation and its upkeep should be regular in the future, thanks to the cooperation of the A.C.E.D. integration association and to the Collectivity Environment Department. The wrecked information boards have been renewed and all the canons placed on brand new carriages. We are thus naturally devoting a long article to the history of the most often visited monument of Saint Martin. On Soualiga, earth of salt, the white gold was collected as of the start of colonisation and we skim over this vast subject in an article devoted to the end of the pond operations in the 1960s. The writing of this article and the description of this work on the salt ponds were only made possible thanks to the oral testimony of our elders who are often the sole sources of information enabling us to relive daily life during the 20th century. Once again, many of you have been encouraging us in our will to make the History of Saint Martin/Sint Maarten free and accessible to all. We thank you for this and once more recall minding that our sponsors are the people who enable Heritage to exist. Let us thank them again warmly for contributing to the highlighting of our common heritage.

C. Henocq

SOMMAIRELe Fort LouisThe Fort Louis Pages 2 à 9Les étangs salinsThe salt ponds Pages 10 à 12

HERITAGESaint-Martin/Sint Maarten

Editeur : Association Archéologique

Hope EstateBP 507, Marigot,

97150 Saint Martin0690 56 78 92

E-mail : [email protected]

Directeur de publication/rédaction : Christophe Hénocq

Photographies : Hervé Baïs / A.A.H.E.

Service commercial : 0690 50 14 12

Maquette et Graphisme :

Traduction : I. Fenoll

Impression : PRIM Caraïbes05 90 29 44 87

www.museesaintmartin.e-monsite.com

La reproduction même partielle de tout article, photo et publicité parus dans HERITAGE est interdite sauf accord. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou repro-duction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur est illicite (article L.122-4 du code de la propriété intellec-tuelle).

EDITO

Le mois de février est déjà là et les festivités du carnaval touchent à leur fi n. Février c’est aussi le pic annuel de la saison touristique et nous pouvons aujourd’hui accueillir avec fi erté nos visiteurs sur le site patrimonial le plus visible de Saint Martin, à savoir le Fort Louis qui domine la baie de Marigot. Le monument vieux de 221 ans s’est refait une beauté. Tout le site a été débroussaillé et son entretien devrait être maintenu à l’avenir, grâce à la coopération de l’association d’insertion A.C.E.D. et du Service d’Environnement de la collectivité. La signalé-tique vandalisée a été réparée et tous les canons ont été placés sur des affûts fl ambant neufs. Nous consacrons donc naturellement un long article dédié à l’histoire du monument le plus visité de Saint Martin. A Soualiga, terre de sel, l’or blanc a été exploité dès le début de la colonisation et nous effl eurons ce vaste sujet dans un article consacré à la fi n de l’exploitation des étangs salins dans les années 1960. La rédaction de cet article et la description du travail dans les salines n’ont été possibles que grâce au témoignage oral de nos aînés qui sont souvent les seules sources d’information permettant de retracer la vie quotidienne au XXème siècle. Une fois en-core, vous avez été nombreux à nous transmettre vos encouragements dans note volonté de rendre accessible à tous, et gratuitement, la connaissance de l’Histoire de Saint Martin /Sint Maarten. Nous vous en remercions et rappelons une fois de plus que ce sont nos sponsors qui permettent à Heritage d’exister. Remercions-les encore de contribuer à la mise en valeur de notre patrimoine commun.

Distribue par:CARIBBEAN LIQUORS

& TOBACCO B.V.8 Buncamper Road - Phillipsburg - St. Maarten

Tel: (599) 542 2140 - Fax: (599) 542 2241Email: [email protected]

Page 4: HERITAGE 5

As of their settlement on the is-land of Saint Martin during the fi rst quarter of the 17th century, the French and Dutch colons had to organise the defence of their

territory by setting up batteries of artillery and fortifi cations. If the Dutch erected their fi rst fort in the Americas on Great Bay on the site of Fort Amsterdam in 1631, the French only started to protect the town of Marigot once the island sharing treaty had been signed on March 23rd, 1648.

First defences of the town of Marigot

In a report dated June 23rd, 1689 made by knight Guitaud, gover-nor of the island of Saint Christopher of which Saint-Martin was a de-pendency, one can read: « At the end of the King’s district (today known as Colombier) and at the beginning of that of Ma-rigot there is another entrenchment with its barrier. In that of the said Marigot, there is a square recess approximately forty-fi ve paces across in which fi ve loopholes are located and two mounted 8-pound pieces of ordnance and on the facade of the said recess there is a stockade on each side of the door. There are also, near the said recess, 3 other

pieces of ordnance, one being a 2-pounder and two 1-pounders wi-thout carriages. A little above the said recess, there is another en-trenchment in which the three said

pieces of ordnance will be positio-ned. There is a long entrenchment at the said Marigot with a loo-phole in which there is a mounted 8-pound piece of ordnance ready to fi re and on both sides of the said entrenchment, there are two

small recesses that are not enti-rely closed… All these recesses and entrenchments have been built using dry rock made by the

1700

2

FORT LOUIS LE FORT LOUIS

Dès leur implantation sur l’île de Saint Martin pendant le premier quart du 17ème siècle, les colons français et hollandais durent orga-niser la défense de leur territoire en installant des batteries de ca-nons et des fortifi cations. Si les hollandais érigent leur première place forte d’Amérique à Great Bay en 1631, en lieu et place du fort Amsterdam, ce n’est qu’après la signature du traité de partage de l’île le 23 mars 1648 que les fran-çais commenceront à protéger le bourg du Marigot.

Premières défenses du bourg du Marigot

Dans un rapport du 23 juin 1689 du chevalier de Guitaud, gouver-neur de l’île de Saint Christophe dont Saint-Martin dépendait, on peut lire:« Dans le bout du quartier du Roy (aujourd’hui Colombier) et dans le

commencement de celui du Mari-got il y a un autre retranchement avec sa barrière. Dans celui dudit Marigot, il y a un réduit d’environ quarante cinq pas en carré où il y a cinq embrasures et deux pièces de canons de 8 livres chacune mon-tée et dans la face dudit réduit il y a une palissade aux deux côtés de la porte. Il y a aussi, proche dudit réduit, 3 autres pièces de canon, une de 2 livres et deux d’1 livre sans affûts. Il y a un autre retran-chement plus haut que le dit réduit où les trois dites pièces de canon seront placées. Il y a un long re-tranchement audit Marigot avec une embrasure où il y a une pièce de canon de 8 livres montée et en état de servir et aux deux côtés du-dit retranchement, il y a deux petits réduits qui ne sont pas tout à fait clos ... Tous ces réduits et retran-chements sont bâtis à pierre sèche qui ont été faits par les esclaves des habitants et par les ordres

Plein essor de la traite négrière.Full impact of the slave trade.

Le Fort LouisFort Louis

forty-fi ve paces across in which Marigot vu du Fort Louis

Marigot seen from Fort Louis

La Batterie N°4Battery number 4

1703

Vauban est fait chevalier des ordres du Roi Louis XIV.Vauban is made « Knight of the Orders » by King Louis 14th.

Le gouverneur de Saint-Eustache chasse les Français de Saint Martin (guerre de succession d’Espagne).The Governor of Statia drives the French out of Saint Martin (Spain’s war over who will rule the country).

1710

Acte d’union entre l’Angleterre et l’Ecosse, formation de la Grande-Bretagne.Deed establishing England and Scotland’s alliance, constitu-tion of Great Britain.

Page 5: HERITAGE 5

inhabitants’ slaves and under the orders and care of the said Knight de Rionville (commander of Saint-Martin) which seem suffi ciently well built to oppose enemy des-cents and stop the enemy from going inland… ). These few short range pieces of ordnance and other entrenchments were not suf-fi cient to protect the colony. As of the early 18th century, Spain’s war of succession opposes France and Spain to England and to the United Provinces of Holland. In

1703, the governor of Statia, Jan Burggraeff, organised an expedi-tion and drove all the French from Saint Martin. The island was only re-conquered 14 years later by a French expeditionary corps.

Fortifi cation projects

In the mid 18th century, during the Austrian war of succession, then during the 7-year war France was once again at war against Great Britain and the United Pro-

vinces of Holland. Saint Martin was then consistently the target of plunderers and buccaneers from Anguilla. After the total defeat of the French in Northern America, the British concentrated on the Caribbean. The conquest of Gua-deloupe in 1759 was the starting point of a series of attacks on the French islands. The British offen-sive led to the taking of the island of Dominica whilst preparing a major attack for the year 1762. Coming up through the Carib-

bean, the British fl eet took hold of Martinique and of numerous French islands reaching Hava-na on June 6th. Its siege resul-ted in its surren-der August 10th. All the Carib-bean was now controlled by the British. After the signature of the Paris treaty February 10th, 1763, France could only re-

cover Martinique, Guadeloupe, Saint Martin, Marie-Galante and Saint Lucia. That same year Com-mander Auguste Descoudrelles took up his post on Saint Martin. The island’s population already comprised a non-negligible per-centage of British having come from Anguilla to settle down there. In a note dated 1763, President Peinier, general quartermaster of Guadeloupe was worried of Saint Martin’s defence against the English or Dutch enemy during

et soins dudit sieur chevalier de Rionville (commandant de Saint-Martin) qui me paraissent assez bien construits pour s’opposer à la descente des ennemis et pour les empêcher d’entrer dans les terres ...» Ces quelques batte-ries de canons de faible portée et autres retranchements ne suffi ront pas pour protéger la colonie. Dès le début du 18ème siècle, la guerre de succession d’Espagne oppose la France et l’Espagne à l’Angle-terre et aux Province Unies de hollande. En 1703, le gouverneur de Saint Eustache Jan Burggraeff organise une expédition et chasse tous les français de Saint Martin. L’île ne sera reconquise que 14 ans plus tard par un corps expédi-tionnaire français.

Projets de fortifi cations

Au milieu du 18ème siècle, pen-dant la guerre de succession d’Au-triche, puis la guerre de 7 ans la France est à nouveau en guerre contre la Grande Bretagne et les Provinces Unies de Hollande. Saint Martin est alors régulièrement la cible de pillards et de fl ibustiers ve-nus d’Anguilla. Après la défaite to-tale des Français en Amérique du

Nord, les Britanniques se concen-trent désormais sur les Caraïbes. La conquête de la Guadeloupe en 1759 est le point de départ d’une succession d’attaques sur les îles françaises. L’offensive bri-

tannique amène à la prise de l’île de la Dominique tout en préparant une grande offensive pour l’année 1762. Remontant les Caraïbes, la fl otte britannique prend possession de la Martinique et de nombreuses

îles françaises pour arriver en vue de La Havane le 6 juin. Le siège aboutit à la capitulation de la ville le 10 août. L’ensemble des Ca-raïbes est maintenant contrôlé par les britanniques. Après la signa-ture du traité de Paris le 10 février 1763, la France ne peut récupérer

que la Martinique, la Guadeloupe, Saint Martin, Marie-Galante et Sainte-Lucie. C’est cette même année que le commandant Au-guste Descoudrelles prend ses fonctions à Saint Martin. L’île est déjà peuplée par une proportion non négligeable de britanniques ve-nus s’établir à partir

de l’Anguille. Dans une note datée de

1763, le président Peinier, inten-dant général de la Guadeloupe s’inquiète de la défense de Saint Martin contre les ennemis anglais ou hollandais pour les années à venir. Il envisage même la vente

bean, the British fl eet took hold of Martinique and of numerous French islands reaching Hava-na on June 6th. Its siege resul-ted in its surren-der August 10th. All the Carib-bean was now controlled by the British. After the signature of the Paris treaty February 10th, 1763, France Vue du bourg du Marigot vers 1930

View of the town of Marigot around 1930

que la Martinique, la Guadeloupe, Saint Martin, Marie-Galante et Sainte-Lucie. C’est cette même année que le commandant Au-guste Descoudrelles prend ses fonctions à Saint Martin. L’île est déjà peuplée par une proportion non négligeable de britanniques ve-nus s’établir à partir

de l’Anguille. Dans La Batterie N°4Battery number 4

1er sept. 1715

Mort de Louis XIV à Versailles.Death of Louis 14th at Versailles.

Pillages et spoliations par les troupes britanniques d’Anguilla (guerre de succession d’Autriche). Plundering and despoilment by the British troops of Anguilla (Austrian war as to who will rule the country).

1740 / 1748 1748

Guerre de Sept Ans aboutissant à la perte du Canada et des Indes.Seven year War ending up in the loss of Canada and India.

1750

Début de l’ère industrielle, 800 millions d’habitants sur terre.Beginning of the Industrial Era, 800 million people on Earth.

3Raids des Britanniques d’An-guilla (guerre de Sept Ans).Raids by the British troops of Anguilla (Seven Year war).

1756 / 1763

Page 6: HERITAGE 5

forthcoming years. He even envi-saged the sale of the French side of Saint Martin: « … Furthermore

it is appropriate to avoid, as much as possible that these islands fall into the hands of the British, due to the proximity of Statia and the resources that this Dutch colony supplies the windward islands during the war, but we see no harm in the sale which could be made of it to the General Assessments, in the context of an even exchange, or ano-ther compensation whichever it be. Should France wish to keep its ownership of it, it must refrain from increasing the expenses it has made on it up to now, which expenses were limited to paying a com-manding offi cer on Saint-Mar-tin wages of 4,000 Pounds …. and 2,000 Pounds of wages for another commander on Saint-Barthelemy. It might be possible to fi nd a prominent and honest member of the population on site, as we had done on the island of Desirada, who we would appoint as com-mander, without it being of any cost to the King. It is up to the head of the military in charge of the Windward Islands’ de-fence to determine if it is ap-propriate to build fortifi cations

on Saint-Martin and on Saint-Bar-thelemy, and which sort must be erected. It is not unlikely, taking

into consideration the small po-pulation, the nature and origin of the inhabitants, to think of establishing a militia there…» In 1764, Francois Gabriel de Fenelon, viscount of Salignac was sent to Saint-Martin on a mission by his brother, gover-nor of Martinique. De Fenelon arrived aboard the frigate « La Folle » facing the town of Mari-gaud and established a map of the bay indicating the position of the housing, of the landing, of the existing capes and for-tifi cations.

Setting up of the town of Marigot and of the Fort

January 13th, 1766, President Peinier, quartermaster of Guade-loupe, wrote up a report concer-ning Marigot harbour indicating that the « projected artillery on

de la partie française de Saint Mar-tin: «...Il convient au reste d’éviter, autant qu’on pourra que ces isles deviennent sous la puissance de l’Angleterre, à cause du voisinage de St-Eustache et des ressources

que cette colonie hollandaise four-nit aux isles du vent pendant la guerre, mais on n’aperçoit aucun inconvénient dans la cession qui pourrait en être faite aux Etats gé-néraux, moyennant un échange proportionné, ou autre indemnité quelconque. Si la France veut s’en maintenir la propriété, elle doit se dispenser d’augmenter les dé-

penses qu’elle y a faites jusqu’à présent, lesquelles se bornaient à l’entretien d’un offi cier comman-dant à St-Martin avec un traite-

ment de 4,000 Livres tournois, et d’un autre commandant à St-Bar-thélémy avec 2,000 Livres. Peut-être même pourrait-on trouver sur les lieux, ainsi qu’on l’avait fait à la Désirade, un habitant notable et honnête que l’on revêtirait du ca-ractère de commandant, sans qu’il en coutât d’ailleurs rien au Roy. C’est au chef militaire chargé de la défense des isles du vent à déter-miner s’il est convenable de faire des fortifi cations à St-Martin et à St-Barthélémy, et quelle doit en être l’espèce. Il n’est pas possible, attendu le petit nombre, le carac-tère et l’origine des habitants, de songer à y établir une milice... » En 1764, François Gabriel de Fénelon, vicomte de Salignac est envoyé en mission à Saint Martin par son frère, gouverneur de la Martinique. De Fénelon arrive à bord de la fré-gate « La Folle » face au bourg du Marigaud et établit une carte de la baie indiquant la position des ha-bitations, du débarquement, des pointes et bastions existants.

Implantation de la ville du Marigot et du Fort Le 13 janvier 1766, le président de Peinier, intendant de la Gua-deloupe, rédige un rapport sur la

rade du Marigot et signale les « batte-ries projetées sur le morne Marigot et la pointe à Burgaux ». Il ajoute: « On peut faire, sur le morne du Marigot, un ré-duit assez grand pour contenir 20 ou 30 hommes. Avec peu de dépenses on en ferait un en-droit qui pourrait servir à obtenir une capitulation hono-

rable. Ce morne peut avoir 60 toises

de perpendiculaire sur la cime, il y a un plateau où les Anglais avaient mis une batterie de petits canons. On y trouve une défense

Le chevalier Descoudrelles, comman-dant de Saint Martin en 1770

Knight Descoudrelles, commander of Saint Martin in 1770

naturelle du côté de la terre, le ro-cher s’élève en mer, ce qui mettrait parfaitement à couvert le petit éta-blissement qu’on y pourrait faire». Dix ans plus tard, Auguste Des-coudrelles dans une description de l’Isle de Saint Martin datée de 1776 regrette que le projet de forti-fi cation soit toujours au point mort: «…Enfi n on aurait tiré parti de St Martin dont l’établissement eut été porté au plus haut point où il eut pu aller; il y aurait maintenant une

Le chevalier Descoudrelles, comman-

into consideration the small po-pulation, the nature and origin of the inhabitants, to think of establishing a militia there…» In 1764, Francois Gabriel de Fenelon, viscount of Salignac was sent to Saint-Martin on a mission by his brother, gover-nor of Martinique. De Fenelon arrived aboard the frigate « La Folle » facing the town of Mari-gaud and established a map of the bay indicating the position of the housing, of the landing, of the existing capes and for-tifi cations.

Setting up of the town of Marigot and of the Setting up of the town of Marigot and of the Setting up of the town

L’entrée du Fort protégée par un sasThe Fort entrance protected by a double,

security clearance door

rade du Marigot et signale les « batte-ries projetées sur le morne Marigot et la pointe à Burgaux ». Il ajoute: « On peut faire, sur le morne du Marigot, un ré-duit assez grand pour contenir 20 ou 30 hommes. Avec peu de dépenses on en ferait un en-droit qui pourrait servir à obtenir une capitulation hono-Une meurtrière

A loophole

Plan de Marigaud en 1764, la frégate La Folle inspectant la rade du Marigot pour l’implanta-tion de la ville.

A. Le débarquement où était le corps de garde français en 1764.B. Le bastion situé au milieu de la baie.D. La pointe St-Martin.X. Le mouillage de la Folle.F. La pointe de l’Anguille.

4

1759

Occupation anglaise de la Guadeloupe.English occupation of Guadeloupe.

1760

Achèvement de la conquête du Canada par la Grande-Bretagne. Création de Pointe à Pître en Guadeloupe.End of Great Britain’s conquest of Canada. Creation of enclosed Hill (Pointe à Pître) on Guadeloupe.

Auguste Descoudrelles Commandant de Saint Martin.Auguste Descoudrelles Commander of Saint Martin.

19 avril/april 1775

Début de la Révolution aux Etats-Unis (Guerre d’indépendance).Start of the Revolution in the United States of America (War of Independence).

1763

Plan of Marigaud in 1764, with the frigate La Folle inspecting the bay of Marigot for the construc-tion of a settlement.

A. Landing site where were installed the French guards in 1764.B. The bastion, located in the middle of the bay.D. Point St-Martin.X. La Folle at anchor.F. Point Anguilla.

Page 7: HERITAGE 5

Marigot hill and Burgaux cape ». He added: « One can establish, on Marigot hill, a recess large enough to contain 20 or 30 men. At little cost it could be made a place used to obtain an honou-rable surren-der. This hill could provide 50 metres of perpendicular space at its peak; there is a plateau on which the English had set a battery of small ord-nances. Na-tural defence is provided on the side facing inland, the rock rises above the sea, which would per-fectly shel-ter the small building we could erect t h e r e . » Ten years

later, Auguste Descoudrelles

in a description of the island of Saint Martin dated 1776 regretted the fortifi cation project was yet at a standstill: « …Finally we would have ta-ken advantage of Saint Martin, the establishment of which could have been brought to its most advanced level; there could now have been a city of major size in the Marigot, and without it being of any cost at all. This small colony could at least have held its rank

amongst the French possessions. In order to obtain all these ad-vantages a single closed shelter could have been built on Marigot hill, equipped with a few canons and holding approximately 20 men during war time only. This hill is steep, almost inaccessible and can be made entirely so at little cost, and the colony could have borne this expense. This shelter could have protected the entire bay and harbour of the Marigot, its communication by the pond with Simson’s Bay port, and the greater part of the Marigot inland areas; it could have ensured the long-lasting of the settlement of Saint-Martin, and we would not have had to worry about the En-glish making great efforts to des-troy it, since most of it would have sheltered their merchants. It only required protection from the pi-rates…». In a note dated Februa-ry 26th, 1784, Claude-Charles de Marillac, viscount of Damas refers again to the hill overlooking the Marigot, ideal for the town’s de-fence: « …In spite of the inland mountains, the French side hills are all adapted to cultivation and li-kely to give way to sugar factories,

for their aspect and the nearness to the sea presenting easy landing stages all along the coast. As in

naturelle du côté de la terre, le ro-cher s’élève en mer, ce qui mettrait parfaitement à couvert le petit éta-blissement qu’on y pourrait faire». Dix ans plus tard, Auguste Des-coudrelles dans une description de l’Isle de Saint Martin datée de 1776 regrette que le projet de forti-fi cation soit toujours au point mort: «…Enfi n on aurait tiré parti de St Martin dont l’établissement eut été porté au plus haut point où il eut pu aller; il y aurait maintenant une

ville considérable au Marigot, et sans qu’il en eut rien couté, cette petite colonie eut pu au moins te-nir quelque rang parmi les posses-sions françaises. Il n’eut fallu pour assurer tous ces avantages qu’une redoute fermée sur le morne du Marigot, montée de quelques ca-nons et d’environ 20 hommes en temps de guerre seulement. Ce morne est escarpée presque inac-cessible et peut le devenir entière-ment à peu de frais, et la colonie

Marigot hill and Burgaux cape ». He added: « One can establish, on Marigot hill, a recess large enough to contain 20 or 30 men. At little cost it could be made a place used to obtain an honou-rable surren-der. This hill could provide 50 metres of perpendicular space at its peak; there is a plateau on which the English had set a battery of small ord-nances. Na-tural defence is provided on the side facing inland, the rock rises above the sea, which would per-fectly shel-ter the small building we could erect t h e r e . » Ten years Carte montrant l’emplacement des batteries projetées en 1766

Map showing the position of the projected ordnances in 1766

La table d’orientation du Fort LouisThe orientation table at Fort Louis

5

4 juillet/july1776

Les députés de 13 colonies américaines, réunis à Philadelphie, proclament leur indépendance.The deputies of 13 American colonies, gathered in Philadel-phia, proclaim their independence.

1778

La France rentre en guerre directement aux côtés des colonies anglaises d’Amérique révoltées contre l’Angleterre.France, alongside the rebellious English colonies of America, declares war against England.

1781 / 1783

Occupation britannique de Saint Martin.British occupation of Saint Martin.

1782Bataille navale de Chesapeake, les Américains alliés aux Français (De Grasse) battent les Anglais.Naval battle of Chesapeake, the Americans allied to the French (de Grasse) defeat the English.

Page 8: HERITAGE 5

the greater part of the island of Guadeloupe, droughts are frequent there, the soil is very light and this qua-lity provides, during the rainy years, very abundant harvests and especially a very fi ne quality of sugar. The French district is divided into four quarters. The main one is the Marigot in which the town of this name is lo-

cated, the Governor’s residence, defended by a hill, sole possible base for the island’s defence… »

Construction of Fort Louis

A report dated 1833, titled « To-pography of Saint Martin, with remarks » written by D.C. Van Ro-mondt Jr. describes the construc-tion of the fort by Jean Sebastien de Durat, owner of the Saint Jean plantation and commander of the

eut été en état de supporter cette dépense. Cette redoute eut pro-tégé toute la baye et rade du Ma-rigot, sa communication par l’étang avec le port de Simson’s Bay, et la plus grande partie de l’intérieur des terres du Marigot; elle eut assuré la consistance de l’établissement de St-Martin, et il n’eut point été à craindre que les anglais eus-sent fait de grands efforts pour le détruire, puisqu’il se serait trouvé composé en plus grande partie de leurs négociants. Il eut suffi qu’il eut été seulement à l’abri des cor-saires ... ». Dans une note datée du 26 février 1784, Claude-Charles de Marillac, vicomte de Damas fait à nouveau référence au morne sur-plombant le Marigot, idéal pour la défense de la ville : «…Malgré les montagnes de l’intérieur, les terres de la partie française sont partout propres à une culture utile et sus-ceptibles d’établissements à sucre, pour leur exposition et la proximité de la mer qui présente, sur toute

la côte des embarcadères faciles. On y éprouve, comme à la grande terre, Guadeloupe, de fréquentes sècheresses, le sol y est très léger

et cette qualité pro-cure, dans les an-nées pluvieuses, de très abondantes récoltes et surtout un très beau sucre. Le district français est divisé en quatre quartiers ou pa-roisses. Le principal est le Marigot où est situé le bourg de ce nom, séjour du Gou-

verneur, défendu par un morne, seul établissement pour la défense de l’isle... »

Construction du Fort Louis

C’est un rapport daté de 1833, in-titulé « Topographie de Saint Mar-tin, avec observations » rédigé par D.C. Van Romondt Jr qui décrit la construction du fort par Jean Sé-bastien de Durat, propriétaire de la plantation Saint Jean et comman-dant de l’île : « Une autre circons-tance que je ne dois pas passer sous silence et qui a grandement contribué à la prospérité de la colonie est l’exemption de toute espèce de contribution; les habi-tants n’étaient sujets à aucune; cependant en 1787 et 1788 M. de Durat, qui n’a cessé de chercher des moyens d’amélioration pour cette petite colonie, avait formé le projet de faire construire une geôle, un pont, et le petit fort, fi t as-sembler les habitants leur proposa l’exécution de son plan et leur en demanda les moyens. Après cinq minutes de délibération et d’une voix unanime, les habitants fourni-rent et souscrirent volontairement à tout ce que leur avait proposé M de Durat; pour qui ils avaient et ont

et cette qualité pro-cure, dans les an-nées pluvieuses, de très abondantes récoltes et surtout un très beau sucre. Le district français est divisé en quatre quartiers ou pa-roisses. Le principal est le Marigot où est situé le bourg de ce nom, séjour du Gou-Nettoyage du Fort

par le Club Patrimoine JuniorCleaning up of the Fort

by the Heritage Junior Club

Jean Sébastien de Durat, comman-dant de Saint Martin en 1785

Jean Sebastien de Durat, commander of Saint Martin in 1785

Le magasin à poudre du fortThe fort’s gun powder stock room

base for the island’s defence… »

A report dated 1833, titled « To-pography of Saint Martin, with remarks » written by D.C. Van Ro-mondt Jr. describes the construc-

plantation and commander of the

Plan du Magasin à poudreDrawing of the gun powder stock room

6

17891782

Terrible défaite de l’amiral de Grasse au large de l’archipel des Saintes. Terrible defeat of Admiral de Grasse off the coast of the Saintes archipelago.

3 sept. 1783

L’Angleterre doit reconnaître l’indépendance des 13 colonies américaines et évacue le pays. Elle rend la Floride à l’Espagne.England must acknowledge the indepen-dence of the 13 American colonies and leave the country. It restitutes Florida to Spain.

1785

Jean Sébastien de Durat Commandant de Saint Martin.Jean Sebastien de Durat, Commander of Saint Martin.

23 dec.1787

Départ du Bounty qui va chercher de l’arbre à pin à Tahiti pour le ramener en Jamaïque pour nourrir les esclaves.The Bounty sets off to fi nd breadfruit trees on Tahiti to bring them back to Jamaica to feed the slaves.

Page 9: HERITAGE 5

island : « Another circumstance that I must not forget to mention and which greatly contributed to the prosperity of the colony is the

exemption of any type of tax; the inhabitants were not subject to any tax ; however in 1787 and 1788, Mr de Durat, who was always loo-

king for means of improving this small colony, had projected to build a jail, a bridge, and the small fort, assembled the inhabitants, proposed to them the execution of his plan and asked them to supply the means for this. After fi ve mi-nutes of deliberation and unani-mously, the inhabitants voluntarily supplied and subscribed to all that had been proposed to them by Mr de Durat; for whom they had and have as much love as respect un-til his dying day. All of them alike set themselves to work and seve-ral of them even supplied a larger number of dutiable Negroes than had been requested. It is natural to believe that with such a reac-tion on the part of the inhabitants which are not the same today, these three buildings which still exist today were soon comple-ted. Mr de Durat named the Fort « Fort Louis », and the inhabi-tants wished the bridge to bear his name throughout History and named it Bridge de Durat. The Republicans in their outbursts re-moved and destroyed this stone;

eu jusqu’à sa mort autant d’amour que de respect. Tous à l’envi mi-rent la main à l’œuvre et plusieurs d’entre eux fournirent une plus grande quantité de nègres de corvée que celle qu’on exigeait. Il est naturel de croire qu’avec de pareilles dispositions de la part des habitants qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui, ces trois édi-fi ces qui existent encore furent bientôt achevés. M. de Durat don-na au fort le nom de Fort Louis, et les habitants voulurent que le pont transmit le sien à la postérité et le nommèrent pont de Durat. Ces derniers mots étaient gravés sur une belle pierre de taille placée au centre du parapet dudit pont. Les républicains dans leurs délires ont enlevé et détruit cette pierre; mais la colonie étant restituée à Louis le Désiré, il secondera nos vues en faisant remettre la pierre et réparer notre temple et le presbytère pour exercer notre Sainte Religion...». Ainsi, en 1789, furent construits le fort Louis, la prison de Saint Martin (abritant aujourd’hui le Musée) et

le pont de Durat situé a la sortie de Marigot vers Grand-Case, après Howell Center.

Bataille au Fort Louis

« Les anglais, habitués à des suc-cès faciles, étaient arrivés à croire que rien ne pouvait leur résister

aux Antilles…. les chefs ennemis, pensant faire la conquête de Saint

Martin, dirigèrent vers cette île la corvette « Le Wanderer » ca-pitaine Cafton et les goélettes « L’Elisa-beth », « La Subtile » capitaine Spearing et « Le Balahou » Capi-taine Mills. A bord de cette division avaient été embarqués cent trente soldats de ma-rine. Le 4 juillet 1808, au point du jour, elle était sur les côtes de Saint Martin. Jetant à terre, au lieu dit Ga-lisbaie, les soldats de marine à la tête des-quels avait été placé le lieutenant de vais-seau Spearing, capi-taine de la goélette « La Subtile », elle entra dans la baie du Marigot et vint à por-tée de fusil canonner le fortin qui défend le bourg. Dans le

même moment, les hommes mis à terre s’avançaient, en tournant le morne, pour emporter d’assaut notre petite fortifi cation. Mais le

capitaine Preuilh, commandant de la partie française de Saint Martin, était sur ses gardes. S’attendant à une attaque, il avait concerté la dé-

his plan and asked them to supply

nutes of deliberation and unani-mously, the inhabitants voluntarily

had been proposed to them by Mr

have as much love as respect un-

ral of them even supplied a larger number of dutiable Negroes than had been requested. It is natural

Plan du Fort Louis en 1806Plan of Fort Louis in 1806

Martin, dirigèrent vers cette île la corvette « Le Wanderer » ca-pitaine Cafton et les goélettes « L’Elisa-beth », « La Subtile » capitaine Spearing et « Le Balahou » Capi-taine Mills. A bord de cette division avaient été embarqués cent trente soldats de ma-rine. Le 4 juillet 1808, au point du jour, elle était sur les côtes de Saint Martin. Jetant à terre, au lieu dit Ga-lisbaie, les soldats de marine à la tête des-quels avait été placé le lieutenant de vais-seau Spearing, capi-taine de la goélette « La Subtile », elle entra dans la baie du Marigot et vint à por-tée de fusil canonner le fortin qui défend le bourg. Dans le

même moment, les hommes mis Plan de la case de garde du fortPlan of the Fort guard house

1789George Washington, premier président des Etats-Unis, prête serment.George Washington, fi rst president of the United States, takes the oath.

Construction de la prison de Saint Martin, construction du Fort Louis.Construction of the prison on Saint Martin, construction of Fort Louis.

7

26 août /august1789

Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen en France.Declaration of Humans’ and Citizens’ Rights in France.

15 mars/march1790

Abolition du servage en France.Abolishment of bondage in France.

20 juin1791

Fuite de Louis XVI, arrêté à Varennes en Argonne.Louis 16th fl ees Versailles, arrested at Varennes in Argonne.

Page 10: HERITAGE 5

but the colony being restored to Louis le Desire, he seconded our views by restoring this stone and repairing our temple and the presbytery to carry out our Holy Religion… ». Thus, in 1789, Fort Louis, the prison of Saint Martin (now sheltering the Museum) and the de Durat Bridge located at the exit of Marigot on the road to Grand-Case, after Howell Centre, were built.

Battle at Fort Louis

The English, used to easy vic-tories, had reached the point of believing that nothing could re-sist them in the C a r i b b e a n … the enemy lea-ders, thinking of conquering Saint Martin, headed the corvette « The Wande-rer », captain Crafton and the schooners « the Elizabeth », « the Subtile », captain Spearing and « the Balahou » captain Mills, to-wards this island. Aboard this di-vision, one hun-dred and thirty marines had been embarked. July 4th, 1808, at dawn, it reached the coasts of Saint Martin. Landing its marines at Galisbay, these marines being headed by vessel lieutenant Spearing, cap-tain of the schooner «the Subtile», the ship entered Marigot bay and came within rifl e fi ring distance to pound the fort defending the town. At the same time, the landed men progressed, going around the hill, to attack our small fort. But cap-tain Preuilh, commander of the French part of Saint Martin, was alert. Looking out for an attack, he had discussed the defence with Verveer, governor of the Dutch side. As soon as the enemy was sighted, he had communicated this to the Dutch leader, and had shut himself inside the fort with all the militia he had been able to gather and forty-three men consti-

tuting the island’s garrison. Spea-ring leading his men in the attack was welcomed with a very warm musket fi re, killing him and fi ve of his party. Many soldiers were wounded. The men having re-mained valid promptly retreated. But, while, followed by Preuilh, they were hastening their march to Galisbay in order to re-embark, Governor Verveer showed up where they were fl eeing, at the head of column of a Dutch mili-tia. The enemy’s retreat of any sort being closed off, it was obli-ged to surrender. Only a few men were able to get to the sloops; the others, numbering ninety-

one, were made prisoner. » Van Romondt is adding: « Within an hour after their landing, the great and intrepid commander Preuilh disposed of them in the following manner 7 were killed, amongst whom, Captain Spearing, 15 were seriously injured amongst whom, midshipman Galloways. 140 were made prisoner, amongst whom, 3 offi cers, quarter Duncan, Mr Mil-ley, frigate captain, and Captain Mills. Amongst the besieged, only one soldier was wounded, and his wound was only a light one and healed in 6 days. Not one canon shot was fi red during this encoun-ter: it began and ended in musket

fense avec Verveer, gouverneur de la partie hollandaise. Dès que la di-vision ennemie eût été signalée, il en avait donné avis au chef hollan-dais, et s’était enfermé dans le for-tin, avec toute la milice qu’il avait

pu réunir et quarante trois hommes qui formaient la garnison de l’île. Spearing marchant à l’assaut à la tête de sa troupe, fut accueilli par un feu très-vif de mousqueterie, qui l’étendit mort ainsi que cinq des siens. Bon nombre de soldats fu-rent blessés. Les hommes restés valides battirent précipitamment en retraite. Mais tandis que, suivis par Preuilh, ils hâtaient leur marche sur Galisbaie afi n de se rembarquer, se montra, du côté où ils fuyaient, le gouverneur Verveer à la tête d’une colonne de milice hollandaise. Toute retraite étant fermée aux en-nemis, ils n’avaient plus qu’à dépo-ser les armes. Quelques hommes seulement purent gagner les cha-loupes ; les autres, au nombre de quatre-vingt-onze, furent faits pri-sonniers. » Van Romondt ajoute : « Dans l’espace d’une heure après leur débarquement, le grand et intrépide commandant Preuilh en disposa de la manière suivante 7 parmi lesquels, le Capitaine Spea-ring, furent tués. 15 parmi lesquels, l’aspirant Galloways furent griève-ment blessés. 140, parmi lesquels, 3 offi ciers, Duncan quartier, Mr. Milley, lieutenant de la frégate, et le Capitaine Mills furent fait prison-niers. Parmi les assiégés, il n’y eut qu’un soldat de blessé, et encore

sa blessure fut légère et guérit en 6 jours. Pas un coup de ca-non de tiré dans cette affaire: elle fut commencée et terminée par la mousqueterie. L’ennemi était venu pour enlever une grande quantité

de café provenant des prises, et qu’il savait être en magasin, mais certes, il n’en eut pas un seul grain. »

Dégradation du fort et travaux

Pendant les années troubles de l’empire, Saint Martin connut régulièrement des at-taques britanniques et malgré l’importance du Fort Louis pour la dé-

fense de Marigot, celui-ci ne ces-sera de se dégrader. Un rapport de Saint-Juéry, commandant de Saint Martin, en donne l’état en 1815 : «... La seule fortifi cation qui existe est un petit fortin placé sur un morne très élevé s’avançant vers la mer, mais il est commandé par d’autres montagnes qui n’en sont éloignées que d’une portée de fu-sil ; les murs qui entourent ce fort sont dégradés pour qu’on puisse le défendre avec avantage en temps de guerre, il serait nécessaire de construire une redoute sur un des mornes qui le dominent. Les batte-ries sont dans le plus mauvais état possible; elles n’ont ni parapets, ni épaulements ni fossés. Nous ne manquons pas de canons, mais il y en a peu de bons. Tous les affûts sans exception sont pourris. Les écouvillons, refouloirs, cuillères etc. sont hors de service. Les boites à mitraille ne valent rien, il n’y a ni poudre, ni gargousses, ni cartouches d’infanterie, ni pierres à feu, ni mèches, ni lames à feu, enfi n tout manque. Il n’y a pas un seul canonnier et pas un fantassin en état de tirer un coup de canon. Il serait urgent qu’un offi cier du génie ou d’artillerie vint constater l’état du fort et des batteries afi n de faire réparer la dégradation et rem-

placer les objets qui manquent. .. » En 1819, le sous-directeur des for-tifi cations de la Guadeloupe, Phili-bert, dresse le projet d’un bâtiment à poudre et d’une salle d’artifi ce. En 1829 le capitaine du génie Ni-sot établit le projet d’une baraque en bois puis, en 1830, le colonel Teissier dresse le plan d’une ca-serne projetée. Les bâtiments qui existaient encore en 1886, étaient une caserne d’infanterie en bois, pour 50 hommes et 4 sous-offi ciers (alors inoccupée et affermée), une salle de police pour 6 hommes, une cuisine et une citerne pour 52.800 litres. Ces quatre bâtiments avaient été construits par l’armée en 1851.

Depuis, ces bâtiments n’ont cessé de se dégrader et le Fort Louis est tombé à l’abandon. Toutes les structures en bois ont disparu. Les premiers travaux de restau-ration ont débuté en 1989, à l’ini-tiative de l’association Fondation Historique et Culturelle de Saint Martin, lors de l’organisation d’un spectacle commémorant le bicen-tenaire de la prise de la Bastille. En 1993, l’association archéolo-gique Hope Estate organise en collaboration avec la DRAC, Le Conseil général de Guadeloupe, la Mairie de Saint Martin et le SMA de Guadeloupe un programme de mise en valeur du site avec la restauration des enduis de chaux de l’enceinte, des portes d’entrée, du magasin à poudre, l’installation de panneaux signalétiques et le débroussaillage du monument. En 2002, une table d’orientation est installée au dessus du parapet de la batterie N°3 par l’offi ce du tou-risme de Saint Martin. En 2005, l’association Action Patrimoine ter-mine la restauration du four à pain

de café provenant des prises, et qu’il savait être en magasin, mais certes, il n’en eut pas un seul grain. »

Dégradation du fort et travauxDégradation du fort et travauxDégradation

Pendant les années troubles de l’empire, Saint Martin connut régulièrement des at-taques britanniques et malgré l’importance du La batterie N°1

Battery number 1

Vue intérieure du Fort LouisInterior view of Fort Louis

10 aout/august 1792

Emeute des sans-culottes, fi n de l’Ancien Régime.Revolt of the poorer classes, end of the previous form of government resulting from the fall of the monarchy.

1794

Occupation néerlandaise de Saint Martin (guerre de la Révolution française).Dutch occupation of Saint Martin (war of the French Revolution).

8

1792

Les droits des mulâtres sont reconnus à St Domingue.The rights of mulattos are ac-knowledged on Santo Domingo.

1795

Charles Dormoy Commis-saire de la République à Saint Martin.Charles Dormoy Commissio-ner of the Republic on Saint Martin.

1796Victor Hugues arrive de Guade-loupe, refoule les Néerlandais et occupe la zone néerlandaise.Victor Hugues arrives from Guadeloupe, drives out the Dutch and occupies the Dutch side of the island.

Page 11: HERITAGE 5

fi re. The enemy had come to take a large quantity of coffee coming from spoils of war, and that it knew to be located in storerooms, but assuredly, it did not get a single grain of it. »

Deterioration of the Fort and works

During the troubled years of the empire, Saint Martin often met with British attacks and in spite of the importance of Fort Louis for the defence of Marigot, it did not cease to deteriorate. A report by Saint-Juery, commander of Saint Martin, supplied a description of it in 1815: « ...The only existing fortifi cation is a small fort located on a very high hill reaching out towards the sea, but it is over-looked by other mountains which are only separated from it by rifl e range; the walls surrounding this fort are deteriorating so that it in order to defend it to an advantage

during war time, it would be neces-sary to build a shel-ter on one of the hills overlooking it. The batteries are in the worst possible state; they have neither parapets, nor shouldering walls nor trenches. We are not lac-king cannons, but there are very few good ones. All the carriages without exception are rot-ten. The cannon brushes, cannon-ball pushing rods, and gouges, etc. are in pieces. The grapeshot boxes are worthless, there is neither gun powder, nor fi ring pouches, nor

infantry cartridges, nor fl ints, nor fuses, nor fi ring blades, really everything is lacking. There is not a single gunner and not an infantryman capable of fi ring can-non shot. It is urgent that an offi cer of the Engineers’ Service or Artil-lery come to inspect the state of the fort and of the artillery in order to have the deteriorated elements repaired and replace the missing objects… » In 1819, the assistant

director of fortifi cations of Gua-deloupe, Philibert, drew up the project of a powder room and a gunnery room. In 1829 Engineers captain Nisot set up the project of a wooden shed, then in 1830, Co-lonel Teissier drew up the plan for projected barracks. The buildings still existing in 1886 were wooden infantry barracks for 50 men and 4 non-commissioned offi cers (then unoccupied and leased out), a po-lice hall for 6 men, a kitchen and a 52,800 litres cistern. These four buildings had been built by the army in 1851.

Since then, these buildings have constantly been deteriorating and Fort Louis was left to waste. All the wooden structures disappeared. The fi rst restoration works star-ted in 1989, on the initiative of the Saint Martin Historical and Cultu-ral Foundation, for the organisa-tion of a show commemorating the bicentennial of the taking of the Bastille. In 1993, the Hope Estate Archaeological Associa-tion, with the DRAC (Regional Direction of Cultural Affairs), the General Council of Guadeloupe, the Saint Martin Town Hall, and the Guadeloupe Adapted Military Service, set up a programme hi-ghlighting the site, restoring the whitewash screeds of the fort, the gunpowder room, the entrance doors, setting up information no-tice boards, and clearing the mo-nument of excess vegetation. In 2002, an orientation table was set up above the parapet of battery number 3 by the Tourism Offi ce of Saint Martin. In 2005, the Asso-ciation Action Patrimoine fi nished the restoration of the bread oven (kitchens) located below the Fort near the parking alongside the prefecture. Nowadays, approxi-mately 50,000 visitors visit Fort Louis each year. Since the month of January 2009, thanks to joint fi nancing by the DRAC and the Economic Development Depart-ment of the Saint Martin Municipa-lity, the cannon carriages and the Fort Louis notice boards have all been restored. Today, the silhouette of Fort Louis still seems to protect the old city of Marigot from the top of «Maillard» hill. Access to Fort Louis is free. Guided visits can also be obtained at the Saint Martin Museum.

placer les objets qui manquent. .. » En 1819, le sous-directeur des for-tifi cations de la Guadeloupe, Phili-bert, dresse le projet d’un bâtiment à poudre et d’une salle d’artifi ce. En 1829 le capitaine du génie Ni-sot établit le projet d’une baraque en bois puis, en 1830, le colonel Teissier dresse le plan d’une ca-serne projetée. Les bâtiments qui existaient encore en 1886, étaient une caserne d’infanterie en bois, pour 50 hommes et 4 sous-offi ciers (alors inoccupée et affermée), une salle de police pour 6 hommes, une cuisine et une citerne pour 52.800 litres. Ces quatre bâtiments avaient été construits par l’armée en 1851.

Depuis, ces bâtiments n’ont cessé de se dégrader et le Fort Louis est tombé à l’abandon. Toutes les structures en bois ont disparu. Les premiers travaux de restau-ration ont débuté en 1989, à l’ini-tiative de l’association Fondation Historique et Culturelle de Saint Martin, lors de l’organisation d’un spectacle commémorant le bicen-tenaire de la prise de la Bastille. En 1993, l’association archéolo-gique Hope Estate organise en collaboration avec la DRAC, Le Conseil général de Guadeloupe, la Mairie de Saint Martin et le SMA de Guadeloupe un programme de mise en valeur du site avec la restauration des enduis de chaux de l’enceinte, des portes d’entrée, du magasin à poudre, l’installation de panneaux signalétiques et le débroussaillage du monument. En 2002, une table d’orientation est installée au dessus du parapet de la batterie N°3 par l’offi ce du tou-risme de Saint Martin. En 2005, l’association Action Patrimoine ter-mine la restauration du four à pain

(cuisines) situé en bas du fort au niveau du parking de la préfecture. Aujourd’hui, on estime à 50 000 le nombre de visiteurs annuels du Fort Louis. Depuis le mois de jan-vier 2009, Grâce à un fi nancement conjoint de la DRAC et du Pôle développement économique de la collectivité de Saint Martin, les af-

fûts de canons et la signalétique du Fort Louis ont totalement été res-taurés. Aujourd’hui, la silhouette du Fort Louis semble encore protéger la vieille ville de Marigot du haut du morne «Maillard». La visite du Fort Louis est libre. Des visites guidées peuvent également être proposées par le Musée de Saint Martin.

during war time, it would be neces-sary to build a shel-ter on one of the hills overlooking it. The batteries are in the worst possible state; they have neither parapets, nor shouldering walls nor trenches. We are not lac-king cannons, but there are very few good ones. All the carriages without exception are rot-ten. The cannon brushes, cannon-ball pushing rods, and gouges, etc. are in pieces. The grapeshot boxes are worthless, there is neither gun powder, nor fi ring pouches, nor Le pont de Durat,

à la sortie de MarigotThe de Durat Bridge, exiting Marigot

4 sept. 1797

Coup d’état du 18 fructidor organisé par 3 Direc-teurs et Napoléon qui battent les royalistes.Overthrowing of the Royalists set up by 3 Direc-tors and Napoleon on « Fructidor 18th » (accor-ding to the Revolution’s new calendar year).

1798

Lutte de libération menée à Haïti par François Dominique Toussaint-Louverture.Freedom fi ght led on Haiti by François Dominique Tous-saint-Louverture.

1799

Coup d’état du 18 Brumaire. Bonaparte prend le pouvoir et devient Premier Consul. Fin du Directoire, début du Consulat.Overthrowing of the Royalists on « Brumaire 18th ». Bonaparte comes to power and becomes First Consul. End of the « Directoire », beginning of the « Consulate ».

9

Page 12: HERITAGE 5

Hugues Elie Fleming élu maire de Saint Martin.Hugues Elie Fleming is elected Mayor of Saint Martin.

1940

As of the start of Saint Mar-tin’s colonisation in 1631, the Dutch took an interest in the large salt pond at Great Bay in which abun-dant quantities of salt crys-tallized naturally. Later, salt was also gathered from the ponds on the French side, especially from the Grand-Case salt pond. The modernisation of the salt ponds’ operation initiated by François Auguste Perri-non in the mid 19th century enabled the profi tability of this business which relayed the sugar cane plantations, having ceased to operate a few years after slavery had been abolished in 1848. Salt, essentially used to preserve meat and fi sh, was exported to Northern America and to Newfoun-dland to salt cod. The fi shermen’s schooners came down to the Ca-ribbean islands to stock up on salt and sold their cargo of salted cod

to the islanders. Hence salt fi sh became part of traditional Creole cuisine as we know it today. At the start of the 1960s, salt gathering defi nitely ceased on Saint Mar-tin and we have gathered from the « elders » the complete des-cription of the gathering process.

Development of the salt ponds

«Looking at the ponds that were exploited for the salt, we are sur-prised to see several stone walls. On the Dutch side, these walls were built by a big company from

THE SALT PONDS

Dès le début de la colonisation de Saint Martin en 1631, les Hollan-dais s’intéressèrent à la grande saline de Great Bay où le sel cris-tallisait naturellement en grande quantité. Plus tard, le sel fut éga-lement recueilli dans les étangs

de la partie française, particuliè-rement dans la saline de Grand-Case. La modernisation de l’ex-ploitation des étangs salins initiée par François Auguste Perrinon au milieu du 19ème siècle permit de rentabiliser cette activité qui prit le relais des plantations de canne à sucre qui cessèrent de fonctionner quelques années après l’abolition

de l’esclavage en 1848. Le sel qui était essentiellement utilisé pour la conservation de la viande et du poisson, était exporté en Amérique du Nord et à Terre-Neuve pour saler la morue. Les goélettes de pêcheurs descendaient dans les

îles de la Caraïbe pour se réapprovisionner en sel et vendaient leur cargaison de morue salée aux insulaires. Ainsi, la morue salée fait-elle partie aujourd’hui de la cuisine traditionnelle créole. Au début des années 1960, l’exploitation du sel cessa défi nitivement à Saint Mar-tin et nous avons recueilli auprès des « anciens » tout le descriptif de l’organisation de la récolte.

Aménagement des salines

«Les salines qui furent ex-ploitées sont parcourues par de nombreux murs de pierre. Dans la partie hol-landaise, ces murs ont été

construits par une grande compagnie des Pays-Bas. Ils étaient utilisés pour diviser l’étang en plusieurs petites sections car le sel ne pouvait pas être ramassé d’un seul coup sur toute la superfi cie. La meilleure saison pour le ramas-sage s’étalait d’août à septembre

LES ETANGS SALINS

îles de la Caraïbe pour se réapprovisionner en sel et vendaient leur cargaison de morue salée aux insulaires. Ainsi, la morue salée fait-elle partie aujourd’hui de la cuisine traditionnelle créole. Au début des années 1960, l’exploitation du sel cessa défi nitivement à Saint Mar-tin et nous avons recueilli auprès des « anciens » tout le descriptif de l’organisation de la récolte.

Aménagement des salinesAménagement des salinesAménagement

«Les salines qui furent ex-ploitées sont parcourues par de nombreux murs de pierre. Dans la partie hol-landaise, ces murs ont été

construits par une Sel à ChevriseSalt at Chevrise

Vestiges de digues à Grand-CaseDyke remains at Grand-Case

cuisine as we know it today. At the start of the 1960s, salt gathering defi nitely ceased on Saint Mar-tin and we have gathered from the « elders » the complete des-cription of the gathering process.

Development of the salt pondsDevelopment of the salt pondsDevelopment

«Looking at the ponds that were exploited for the salt, we are sur-prised to see several stone walls.

meilleure saison pour le ramas- Salines de Great BayGreat Bay salt ponds

1950Afrique du Sud Vote des lois de l’apartheid.South Africa votes apartheid laws.

1951Signature du Traité de Paris instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.Signature of the Paris Treaty establishing the European Coal and Steel Community.

14 février/feb 1952

Répression policière contre des grévistes qui manifestent au Moule en Guadeloupe.Police quelling of the strikers’ demonstration at the Moule in Guadeloupe.

10 mars/march1952

Coup d’Etat militaire du sergent Batista à Cuba.Military « coup d’état » led by Sergeant Batista in Cuba.

1954Aux Etats-Unis la ségrégation raciale dans les écoles publiques est rendue inconsti-tutionnelle.In the United States, racial segregation in public schools is voted unconstitutional.

1955Martin Luther King ap-pelle au boycottage des bus de Montgomery.Martin Luther King calls for the boycott of Montgomery buses.

1956Le colonel Paul Magloire renonce a la dictature à Haïti.Colonel Paul Magloire abandons dictatorship in Haiti.

10

jan 1956

Page 13: HERITAGE 5

Holland. They were used to di-vide the pond into several small sections because you cannot pick all the salt at one time. The best time to pick the salt was between August and September. There was a season for each section. When this section was already picked, then the other one was ripe enough. The rocks and sticks were there to hold the water in certain areas and there was like a trap that could be lifted up to let in the sea water. Then it was closed back to get the salt after evapora-tion. We had to keep those dikes in good condition and keep them upgraded so that the dirt would not fall and break the wall be-cause the water on the other side was more rainwater that would

waste the salt production. The channels were kept clean without mud and the men could walk in the middle of them without getting stuck in the mud. We had to wait a certain amount of months for the salt to be ripe to be picked. The appearance of foam was one of the signs showing that the salt was get-ting ready. The main exploited salt ponds were Grand-Case for the French side, and Great-Bay for the Dutch side,

but people used to pick up salt also in French Quarter and Cher-ries pond. The exploitation stop-ped in Grand-Case in the early 1960’s. People used the coarse salt for cooking, but also to pre-serve meat and fi sh when they had no refrigerators.»

Captain of Flat

«Each captain could employ 20 to 25 workers. We were picking the salt, just by putting the hands underneath, lifting it and putting it in baskets, and then we were keeping shaking it until it became white. The salt was thrown into what we called a «fl at» and then two men would push it on the side where women could carry it into trays to the pile of salt. The «fl at» was used to bring the salt in. It was moved by using two long sticks that the men pushed under the «fl at» as a lever. It was made out of wood and built on the island by Big Nell’s father-in- law and Mr Hodge from Grand-Case. When one «fl at» was sinking because of high wind, the other captains would send some of their wor-kers with shovels to try to save part of the salt. The workers had to wash their feet in a tray full of water before climbing the ladder to throw the salt on the pile. There was a man up in the high moun-tain of salt with wooden barrels that were numbered to each cap-tain that would have such amount

et il y avait une saison pour chaque section. Quand le ramassage était terminé pour un bassin, le sel avait cristallisé dans un autre. Les murs constitués de pierres et de bâton-nets permettaient d’isoler de pe-tites portions de l’étang et compor-taient une trappe que nous levions pour laisser pénétrer l’eau de mer. Puis, nous la refermions afi n de récolter le sel après évaporation. Nous devions entretenir ces murs et les maintenir debout en évitant qu’ils ne s’écroulent car l’eau qui se trouvait de l’autre côté contenait plus d’eau de pluie et aurait gâ-ché la récolte du sel. Les chenaux étaient nettoyés et les hommes pouvaient marcher en plein milieu sans rester pris dans la vase. Nous devions attendre plusieurs mois avant que le sel ne soit cristallisé et récolté. L’appari-tion de mousse à la surface des étangs était l’un des signes qui annonçait la cris-tallisation du sel. Les principales salines exploitées étaient celles de Grand-Case en partie française et Great-Bay en partie hollandaise, mais les habitants ramassaient également le sel des étangs de Chevrise et de Quar-

tier d’Orléans. L’exploitation s’ar-rêta au début des années 60 dans l’étang de Grand-Case. Le gros sel récolté était utilisé pour cuisiner, mais aussi pour conserver la viande et le poisson à une époque où les réfrigé-rateurs n’existaient pas.»

Capitaine de Flat

«Chaque capitaine pou-vait employer 20 à 25 per-sonnes. Nous ramassions le sel simplement avec les mains, en le soulevant, puis en le mettant dans des paniers qui étaient se-coués dans l’eau jusqu’à ce que le sel soit propre et blanc. Le sel était ensuite versé dans ce que nous appelions un «fl at», après quoi deux hommes le poussaient vers la berge où les femmes pouvaient le transporter sur des plateaux en bois vers la pile de sel. Le «fl at», barque à fond plat, était utilisé

tier d’Orléans. L’exploitation s’ar-Les Flats chargés de sel Great Bay – 1930

The fl ats loaded with salt Great Bay – 1930

side where women could carry it into trays to the pile of salt. The

in. It was moved by using two long sticks that the men pushed under

by Big Nell’s father-in- law and Mr Hodge from Grand-Case. When

kers with shovels to try to save part of the salt. The workers had Flats à Grand-case vers 1950

Flats at Grand-Case around 1950

Capitaines de Flats à Great BayFlat captains at Great Bay

Déchargement du sel à Grand-case vers 1960 - Unloading of the salt at Grand-Case around 1960

jan 1956Nouveau gouvernement dirigé par Guy Mollet en France.New government led by Guy Mollet in France.

1957François Duvalier prend le pouvoir à Haïti.François Duva-lier comes to power in Haiti.

15 mars/march 1957Traité de Rome créant la Commu-nauté Economique Européenne.Treaty of Rome establishes the European Economic Community.

1er juin 1958De Gaulle est rappelé au pouvoir.De Gaulle is called back to offi ce.

4 juin 1958De Gaulle à Alger: « je vous ai compris ! ». De Gaulle in Algiers: « I have understood you! ».

4 oct. 1958

Nouvelle Consti-tution en France. New Constitution in France.

dec. 1958

Début de la révo-lution cubaine. Start of the Cuban revolution.

1959

Fernand Hubert Petit is Mayor of Saint Martin. Fernand Huber Petit maire de Saint Martin.

1959

Sint Maarten devient territoire des Pays Bas au sein des Antilles Néerlandaises.Sint Maarten becomes territory of the Netherlands within the Netherlands Antilles.

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of «fl ats». When your barrel was full, the man would turn it over and empty it on the pile of salt saying «number one!» and the man would mark it on the paper. That is the way we were measu-ring the amount of salt that was picked. Those barrels were taken from those used in Guadeloupe to transport the rum. The salt pile could reach the height of a 3-fl oor

building because at the end, there were only two or three boats ship-ping the salt and they also car-ried cattle and people, but we still continued to pick up the salt. After working Monday through Friday,

the captains were getting paid on Saturdays by Misses Fleming and they would pay their workers. In 1938 the workers were paid about 10 Francs a week and every Sa-turday night was a «fête».»

The end of the exploita-tion of the white gold

«The salt was very sharp and you could get cut while picking it, but if you had a cut, the salty water used to be like a medication and would not hurt you while working in the pond, but when you come out, it would burn for a while. When the sun came up, you could not remain in the water. We were working early in the morning until 7 or 8 o’clock, and then we had to be out of there and pushed the fl at on the side to start measuring the salt. Although the salt was ground at one time in Saint-Martin, at the end of the exploitation it was sent over to be ground and packed by industries. Part of the grinder used in Saint-Martin is still stan-ding next to the ball fi eld in Grand-Case. The salt was transported by sailing boats and schooners that anchored in Grand-Case or Great-Bay. If the weather was bad on one side, they would load on the other side. The production was conditioned into large white bags made out of canvas like the sails and shipped to Guadeloupe and Martinique, but also sometimes to other islands. The boats were named «Mayfl ower», «Verdun» and «Rubis» that belonged to Mr Greaux from Saint-Barth’s. «Ja-veline» that belonged to Constant Fleming and «Maris-Stella» that belonged to a fellow from Saint-Barth’s, were the last two boats that transported salt from Saint-Martin.»

pour pousser le sel vers la rive. Il était déplacé à l’aide de grandes perches que les hommes glis-saient sous le «fl at» et soulevaient en faisant levier. Les «fl ats» étaient fabriqués en bois à Saint-Martin par le beau-père de «Big Nell» et

par Monsieur Hodge de Grand-Case. Quand un «fl at» était en train de couler à cause d’un coup de vent, les autres capitaines en-voyaient leurs ouvriers avec leurs pelles pour sauver une partie de la récolte. Les ouvriers devaient laver leurs pieds en les trempant dans un plateau en bois rempli d’eau avant d’escalader l’échelle pour verser le sel en haut de la pile. Il y avait un homme tout en haut de la montagne de sel qui attendait avec des barils en bois numérotés, chaque numéro correspondait à un capitaine qui contrôlait un certain nombre de «fl ats». Quand le baril était plein, l’homme le retournait et versait le sel sur la pile en criant: «numéro un!» tout en inscrivant sur un papier le nombre de barils versés. C’est ainsi que nous me-surions la quantité de sel récolté. Ces barils étaient les mêmes que ceux utilisés pour le transport du rhum en Guadeloupe. La pile de sel pouvait atteindre la hauteur d’une maison de trois étages, car peu avant la fi n de l’exploitation, il n’y avait plus que deux ou trois bateaux qui transportaient le sel en même temps que du bétail et des passagers, mais nous continuions à récolter le sel. Après avoir tra-vaillé du lundi au vendredi, les ca-pitaines étaient payés par Madame Fleming le samedi et ils versaient à leur tour le salaire à leurs ouvriers. En 1938, les ouvriers étaient payés

environ 10 anciens francs pour une semaine de travail et le samedi était toujours jour de fête.»

La fi n de l’exploitation de l’or blanc

«Le sel était très tranchant et nous nous coupions par-fois en le ra-massant, mais lorsque cela ar-rivait, l’eau sa-lée cautérisait la plaie et nous ne sentions plus la dou-leur pendant le travail, par contre, nous la ressentions en sortant de

la saline. Quand le soleil se levait, nous ne pouvions plus rester dans l’étang. Nous commencions à tra-vailler tôt le matin jusqu’à 7 ou 8 heures, après quoi, nous devions être sortis de l’eau et pousser nos «fl ats» sur la rive pour commencer à mesurer la récolte de sel. Bien que le sel ait été broyé à Saint-Martin à une certaine époque, à la fi n de l’exploita-tion, nous l’exportions vers des centres industriels pour qu’il soit broyé. Une partie du broyeur à sel utilisé à Saint-Martin persiste en-core près du terrain de jeux de Grand-Case. Le sel était transporté par des voiliers et des goélettes qui étaient ancrés à Grand-Case ou Great-Bay. Si le temps était mauvais d’un côté de l’île, le chargement se faisait dans l’autre baie. Le sel produit était conditionné dans de grands sacs blancs tres-sés en tissu, semblables aux tissus employés pour les voiles, et acheminé vers la Guadeloupe ou la Martinique, et parfois vers d’autres îles. Les bateaux s’appelaient le «Mayfl ower», le «Verdun» et le «Rubis» qui ap-partenait à Monsieur Gréaux de Saint-Barth. La «Javeline» qui appartenait à Monsieur Constant Fleming et la «Maris-Stella» dont le capitaine était de Saint-Barth, furent les deux derniers bateaux à transporter le sel de Saint-Martin.»

the captains were getting paid on Transport du sel sur la pile Great Bay vers 1940

Salt transport on the mound Great Bay around 1940

très tranchant et nous nous coupions par-fois en le ra-massant, mais lorsque cela ar-rivait, l’eau sa-lée cautérisait la plaie et nous ne sentions plus la dou-leur pendant le travail, par contre, nous la ressentions en sortant de La pile de sel à Great Bay

The salt mound at Great Bay

not remain in the water. We were

be out of there and pushed the fl at

by industries. Part of the grinder

made out of canvas like the sails

Broyeur à sel Grand-caseSalt crusher at Grand-Case

1959Hawaï devient le 51ème état des Etats Unis.Hawaii becomes the 51st state of the United States.

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1er jan. 1959Fuite du dictateur Ba-tista à Saint-Domingue face à l’avance des forces de Castro.In Santo Domingo, dictator Batista fl ees as the Castro forces approach.

mars/march 1959Soulèvement au Tibet, le dalaï-lama part en exil.Uprising in Tibet, the Dalai-Lama leaves for exile.

dec. 1959Emeutes de Fort-de-France en Martinique.Riots in Fort-de-France in Martinique.

nov. 1960Election du pré-sident Kennedy aux Etats Unis.President Ken-nedy is elected in the United States.

1961

Arrêt de la récolte du sel a Saint Martin.Salt is no longer gathered on Saint Martin.

Secondé par sa garde de 40000 «tontons macoutes», Duvalier se fait réélire.Assisted by his personal guard of 40,000 « tontons macoutes » President Duva-lier obtains re-election.

3 jan. 1961Rupture des relations diplomatiques entre Cuba et Washington.Diplomatic ties between Cuba and Washington are severed.

avril/april 1961

Débarquement raté à Cuba dans la baie des Cochons.Failed landing on Cuba in the Bay of Pigs.

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