histoire & mÉmoires

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Date : SEPT/NOV 16 Périodicité : Trimestriel OJD : 12671 Journaliste : Louis-Marie/ Elise Blanchard Page 1/6 PAULSEN 4474398400524 Tous droits réservés à l'éditeur HISTOIRE & MÉMOIRES The Rocky moon tains lander's peak, 1863, Albert Bierstadt © Metropolitan Muséum of Art. Avec l'autorisation des Editions Pautsen. 1789 : Alexander Mackenzie est embauche parla «Compagnie du Nord- Ouest », grande concurrente de la « Compagnie de la Baie d'Hudson », pour réformer le commerce des fourrures... Pour se faire il devra mener des explorations aventureuses vers l'ouest pour trouver un passage vers l'océan Pacifique. Textes Louis-Marie et Elise Blanchard PREMIERE TRAVERSÉE DES MONTAGNES ROCHEUSES « Comment atteindre l'océan Pacifique par voie de terre »

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Date : SEPT/NOV 16

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Journaliste : Louis-Marie/ EliseBlanchard

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PAULSEN 4474398400524Tous droits réservés à l'éditeur

HISTOIRE & MÉMOIRES

The Rockymoon tains

lander's peak,1863, Albert

Bierstadt© Metropolitan

Muséum ofArt. Avec

l'autorisationdes Editions

Pautsen.

1789 : Alexander Mackenzieest embauche parla«Compagnie du Nord-Ouest », grande concurrentede la « Compagnie de la Baied'Hudson », pour réformerle commerce des fourrures...Pour se faire il devra menerdes explorationsaventureuses vers l'ouestpour trouver un passagevers l'océan Pacifique.

Textes Louis-Marieet Elise Blanchard

PREMIERETRAVERSÉEDES MONTAGNESROCHEUSES

« Comment atteindrel'océan Pacifiquepar voie de terre »

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Date : SEPT/NOV 16

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Le lOjuillet 1789 Alexander Mac-ken/ie découvre le « fleuveMackenzie ». qui prend sasource dans le grand lac desEsclaves. Il le descend en canoëdans l'espoir de trouver un pas-

sage nord-ouest vers Ic Pacifique, maisfinalement il atteint l'océan Arctique !Mackenzie envisage alors une nouvelleexpédition à la recherche d'un passage:il compte remonter la rivière de la Paixjusqu'à sa source et franchir ensuite laligne de partage des eaux, à travers lesMontagnes Rocheuses, dans l'espoir detrouver sur le versant ouest une rivièrequi le mènerait à l'Océan. À l'automne

1792. il quitte le fort Chipewyan, à l'em-bouchure de la rivière des Esclaves,sur le lac Athabasca, et commence àremonter la rivière de la Paix. A sonconfluent avec la rivière Smoky, il faitétablir le fort Fork où il profite de l'hiverpour récolter auprès des Indiens Castorsdes informations sur la suite du voyagejusqu'à la mer de l'Ouest. Il a embaucheune équipe constituée de huit Canadienset de deux Indiens Béné, dont la languecst connue dc la plupart des habitantsdes Rocheuses. L'équipe fabrique ungrand canoë d'écorce de sept mètres delong, assez léger pour être transporté pardeux hommes durant les longs portages.

En mai, ils sont prêts à embarquer: « ilentra dans ce mince canoë des previ-sions, des marchandises pour faire desprésents, des armes, des munitions etdu bagage, le tout pesant 3000 livres,et dix hommes. J'avais en outre deuxIndiens chasseurs et interprètes. Mesgens ne pleuraient pas, mais adressaientdes prières au ciel pour revenir sains etsaufs ». C'est qu'on s'apprête à suivre descours d'eau particulièrement dangereux,entrecoupés de portages difficiles. Aprèsquèlques jours dè voyage, les crêtes desMontagnes Rocheuses apparaissentà l'horizon, mais une fois remontée larivière de la Paix, à la fin du mois

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on constate que l'objectif est encorebien loin. La rivière se divise en deuxbranches; un vieil Indien a conseillé àMackenzie d'éviter celle de l'ouest, quiparaît pourtant plus alléchante, mais quid'après lui se perd en une infinité decours d'eau à travers les montagnes. Lanavigation est difficile, et Ton se résoutà bivouaquer pour reprendre des forces,mais les hommes sont assaillis de nuéesdc mouches et de moustiques et le reposest de courte durée. Avec l'altitude, legibier se fait plus rare et certains parlentdéjà de rebrousser chemin. Mackenzieespère tomber rapidement sur le portageque lui a indiqué le vieil homme. Le 9juin, la troupe débouche sans le vouloirau beau milieu d'un campement indien:

Un guerrier indien. Grand Pawneewarner, 1832, george Catlin.© Smtthsonian American Art Muséum.Avec (Autorisation des Editions Paulsen.

« c'était la première lois qu'ils contem-plaient un être humain d'une couleur depeau différente ». Ces Indiens Sénakispossèdent des couteaux et des clous quiproviennent selon eux « de grandes îlesnaviguant sur la mer ». I .e 12 juin, Mac-kenzie parvient sur la ligne de partagedes eaux, l'épine dorsale du continentaméricain. Un chemin de portage esttracé vers l'ouest, on le suit jusqu'à unpetit lac qui se termine par une cascade.Mais le canoë ne résiste pas aux rapideset finit par craquer, propulsant hommeset bagages dans l'eau glacée. On sauvel'essentiel du matériel, mais les muni-tions demeurent introuvables. Le canoëest rafistolé tant bien que mal, et pourpallier au manque de balles, on fabriquedes projectiles avec le métal des lamesdc couteaux. Le 17 juin, l'expéditionatteint le fleuve Fraser, qui descendvers le sud. Mais les Indiens de la région

déconseillent à Macken/ie de l'emprun-ter, décrivant un fleuve dangereux etinterminable, ponctué de cascades etde rapides infranchissables, et peuplé detribus hostiles. Ils conseillent à l'explora-teur de continuer plein ouest à travers lesmontagnes, jusqu'au Grand Lac Puant :l'océan Pacifique. Le chemin pour yparvenir suit une vallée si fréquentée

L'exploration deV Amérique du Nord

Un livre etune exposition

L'EXPLORATIONDE l.'AMEHIQl.K Ul : SM

De sa découverte à sacolonisation, de l'arrivée desconquistadors à la conquêtede l'ouest au milieu du XIXèmesiècle, ce livre retrace l'histoirede l'Amérique du Nord àtravers les destins atypiquesd'explorateurs, de missionnaires,de coureurs des bois, depionniers, qui n'hésitèrent pasà s'approprier un territoire,repoussant et décimant lespopulations amérindiennesqui l'occupaient et avivant lestensions entre leurs tribus.Le regard des peintres etphotographes qui partagèrentle quotidien des Indiens vientillustrer et enrichir le récit. Leursoeuvres constituent, aujourd'hui,un héritage inestimable.

L'exploration cle l'Amériquedu NordLouis-Marie et Elise BlanchardEd. Paulsen, Paris, 2016.

Partagez les aventures des grandsexplorateurs de l'Amérique duNord, avec le livre, l'exposition et laconférence de Louis-Marie Blanchard,au Qrand Bivouac d'Albertville du 14au 16 octobre 2016.

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Rocheuses canadiennes, 1889, AlbertBierstadt. © Met Muséum. Avec('autorisation des Editions Paulsen.

qu'un sentier y est dessiné ; en six joursde marche, on parvient dans une tribuqui troque régulièrement des objets demétal contre leurs fourrures. Alors queMackenzie, plein de doutes, hésite sur lechemin à prendre, un Indien lui demandeironiquement: « pour quelles raisonsnous interrogez-vous avec tant de soin?Est-ce que vous autres, hommes blancs,vous ne connaissez pas tout ce qu'il y aau monde ?» Le 4 juillet, sa décision estprise, après avoir soigneusement cachéson canoë, l'explorateur s'engage dansla vallée de la « West Road », chargéd'une large provision de pemmican.Mackenzie, infatigable porte commeses compagnons canadiens une chargede 90 livres, sans compter son fusil etsa longue-vue. « Les Indiens portaient45 livres de pemmican chacun, mais ilsétaient tous fâchés d'avoir à charrierautre chose que leur fusil et leur giberne,et s'ils l'avaient osé, ils nous auraientabandonné sur le champ ». Le long du

les voyageurs se gaventde poisson rôti et d'oeufsde saumon.

chemin, des réserves sont laissées dansdes caches, en prévision du voyage deretour. On creuse un trou dans le solpour enfouir la viande, puis on allumeun feu au-dessus pour brouiller les pistes.

Le col MackenzieDans l'une de ces caches: « Un sac depemmican. deux sacs de riz sauvage etun petit baril de poudre noire ». Aprèsune di/aine de jours d'une marche épui-sante, à travers un terrain très accidentéet couvert de forêts, l'expédition franchità 6 DOO pieds d'altitude, tm col qui porteradésormais le nom de « col Mackenzie ».Les montagnes environnantes sont cou-vertes de neige, et l'air est si froid quemalgré la marche, il est impossible de seréchauffer. À mesure que l'expéditionavance vers l'ouest, toutefois, le climat

s'adoucit. Mackenzie se régale de baieset de framboises en admirant les thuyasmajestueux qui ornent les montagnessurplombant la côte. Le 17 juillet, l'explo-rateur pénètre dans les profondes gorgesaux eaux tumultueuses de la Beïïa Coola.On fait halte dans un village de maisonssur pilotis, où des Indiens Nuxalk prépa-rent et fument des saumons qui fraient enmasse dans les eaux douces de la région.Les voyageurs se gavent de poisson rôtiet d'œufs de saumon préparés en crème,pratiquant tant bien que mal le langagedes signes avec leurs hôtes, en l'absenced'interprète. Mackenzie se sent prêt dubut et passe au village une excellentenuit: « une planche me servait dc lit,un billot d'oreiller; malgré cela je n'aijamais joui d'un sommeil plus douxet rafraîchissant ». On continue la

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NOUVELLE-

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OCÉANPACIFIQUE

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DU MEXIQUE• Expédition de 1789

f Expédition de 1793

descente jusqu'à un second village, où qui reçoit ses eaux ». Pour atteindre la Mackenzie est la première à traverserles Indiens se montrent très démonstratifs côte, il faut encore naviguer à travers un le continent nord-américain. Cependantet serrent dans leurs bras un Mackenzie labyrinthe de cours d'eau dc plus en plus l'explorateur ne se montre pas très en-tout gêné. L'un d'eux lui offre sa très belle salée, où l'on rencontre une grande quan- thousiaste: « nous n'avions plus que vingtrobe de loutre de mer, et le chef lui pro- tiré de loutres de mer. Les Indiens de la livres de pemmican, quinze livres de rizpose « de partager le lit de sa compagne, côte ont visiblement déjà eu affaire aux et six livres de farine ; et nous étions dixtandis que lui coucherait dans le mien ». Blancs, et se montrent moins empressés hommes affamés, dans un canoë embar-Mais, précise Mackenzie, « malgré toutes que ceux des montagnes. Ils observent quant de l'eau, sur une côte barbare... ».ses sollicitations, je n'acceptai pas cette dédaigneusement les présents apportés Cette liaison terrestre avec le Pacifiquemarque d'hospitalité ». Il préfère admirer par Mackenzie et lm racontent qu'un va pourtant permettre à la « Compagnieles grandes maisons de thuya sculptées certain « Macubah » leur a tiré dessus du Nord-Ouest » de contrôler bientôtet les totems imposants qui ornent le il y a quèlques temps. Macubah, c'est les deux tiers du commerce de la traitevillage. Bientôt, Mackenzie découvre* le Georges Vancouver, débarqué à peine des fourrures au Canada. rabas de la rivière et le bras de mer étroit deux mois plus tôt... L'expédition de

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Le canoë d'écorcefut le moyenindispensablepour pénétrerl'ouest américain.Descente desrapides, 1879,Frances AnneHopkins.© Bibliothèqueet archives duCanada. Avecl'autorisation desEditions Pautsen.

AlexanderMackenzie au

cours de sonexploration

de l'Arctiquecanadien. The

survector, 1845,Paul Kane.

© The Art galleryof Ontario. Avec

('autorisation desEditions Paulsen.

Alexander Mackenzie et l'explorationde l'Arctique canadien

"*ï«l;c_. : AU milieu du XVIème siècle, les'I Anglais, aiguillonnés par les expé-

J^< "*• ditions espagnoles et françaises,i-̂ .-̂ Ssi! ;„ se lancent dans l'exploration sys-*- • 'I tématique des côtes de l'Arctique

\ canadien, à la recherche d'un hy-pothétique passage du nord-ouest

»• i vers l'Asie. Lors de trois expédi-v' tions, de 1576 à 1578, un auda-

,> deux marin, Martin Frobisher,remonte le long des côtes du La-brador, dépasse le Détroit d'Hud-son et entre en contact, parfoisviolemment, avec les Esquimaux.Ses expéditions vont livrer desinformations de premier ordre surla dureté de la nature dans l'Arc-

tique. Malgré les difficultés, l'intérêt des négociants pour l'Arctique canadien, riche en fourrures,poissons, huile de baleine et ivoire de morse, ne cesse de croître. Bientôt naissent de puissantescompagnies commerciales comme la « Compagnie de la Baie d'Hudson » et la « Compagnie duNord-Ouest », qui financent des voyages d'exploration. De 1769 à 1772, Samuel Hearne, accompa-gné de son guide indien Matonabbee, réalise une grande traversée de la toundra canadienne, versl'océan Arctique.Son récit nous livre un témoignage de premier ordre sur les Indiens Chipeyans, et la sauvagerieincroyable de cette région. En 1789, c'est au tour dalexander Mackenzie, un Ecossais émigré auCanada, de quitter le Fort Chipeyan, un important comptoir de traite situé sur la rive méridionaledu lac Athabasca, pour une expédition de 102 jours. Depuis le lac des Esclaves, il entreprend l'ex-ploration d'une « grande Rivière », qui deviendra le fleuve Mackenzie, jusqu'à son embouchure dansla mer de Beaufort, et signe là une des grandes expéditions menées dans le Grand-Nord canadien.

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