histoire de la pense urbaine

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  • 7/27/2019 Histoire de La Pense Urbaine

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    Bruno Morel Architecte Diplome Par Le Gouvernement -Ingenieur des Travaux Publics de FEtat

    HISTOIRE DE LA PENSEE URBAINE

    L'apparition des villes en tant qu'ensemble d'habitat groupe et organise(Gerico -8000 ans av.J.C) n'est pas vieille par rapport a I'histoire de Phomme (-400000 millions d'annees pour PHomo Sapiens, -38000 ans pour Phomme de CrosMagnon). Cela prouve que la ville n'est pas une necessitee. Or son apparition enEurope, et particulierement en France, a entraine avec la campagne un certainnombre de relations. Ces relations ont une correlation directe avec lescaracteristiques morphologiques du milieu politique, social, religieux, economique,cultural, juridique, scientifique,...

    Tout en sachant que quatre types de determinants conduisent a la ville, asavoir; Pevolution des besoins vitaux, les croyances collectives, Porganisation socio-politique, et enfin la technique, nous allons analyser les rapports qu'il existe entre laville et la campagne a travers I'histoire sous ses differents aspects.

    Rappelons tout d'abord la situation avant Pantiquite en Occident. L'elevage quiconduisit a une augmentation de productivity permis une croissance demographiqueimportante. Celle-ci participa a la sedentarisation qui induisit une limite naturelleentre Pespace de Phabitat et Pailleurs. Ce decoupage mental de I'exterieur et dePinterieur conduisit les hommes en periodes de troubles guerriers a marquer undecoupage physique symbolise par la muraille entre Pinterieur de ce qui deviendra laville et son exterieur qui deviendra la campagne.

    Mais la ville avant Pantiquite etait pergue comme un lieu ou les gens serencontrent, un lieu d'echange economique, culturel. Par exemple, les egyptiensavaient comme symbole dans leur alphabet pour designer la ville un rond avec unecroix inscrite dans celui-ci. Le rond symbolise la muraille done la ville, la croixsymbolisee la rencontre de route venant de la campagne.

    Cette muraille necessaire pour se proteger des envahisseurs nonsedentarises, etait a Porigine de la specialisation des metiers (le premier: le militaire)que Pon trouve dans toutes les villes et qui les differencie des villages. Cettedependance des hommes les uns envers les autres est responsable d'une fragilitesociale, que Pon tenta d'enrayer en creant une organisation politique. Ainsi lasedentarisation conduisit a la protection qui conduisit a une organisation (politiqueeconomique et sociale) qui deboucha sur une composition urbaine.

    Les villes de Pantiquite grecque repondent a ces caracteristiques. Les rapportsentre les villes et les campagnes sont lies aux morphologies du milieu politique,social, religieux, economique, culturel, juridique, scientifique, de cette epoque.

    Par exemple Athenes est une democratie directe. La ville est le reflet de lapense philosophique. La ville est un lieu de brassage de population grace auxechanges qu'elle entretient avec la campagne et les villes environnantes oulointaines, par les portes menagees dans ses murailles et son port. La ville est doneun lieu d'echange economique.

    Alexandrie est le symbole a cette epoque des sciences et de la connaissance(bibliotheque d'Alexandrie).Elle est aussi le lieu ou s'est mele la culture grecque et la culture romaine. La ville estdone aussi un lieu d'echange culturel.

    La culture romaine traduit, de fagon caricaturale a Rome, les liensqu'entretenaient durant Pantiquite les villes et les campagnes (Rome Pierre Grimal,Folco Quilici ARTHAUD). En effet pour approvisionner la ville en eau potable, un

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    reseau tres complexe de canaux et d'aqueducs, a ete mis en place, liant la ville etses murail les, a la campagne environnante.

    De plus la production alimentaire utile pour nourrir la ville se faisait a lacampagne. En effet une analyse de la ville de Pompei montre qu'elle etait une villede villegiature, comme bien d'autres, et qu'elle etait done dependante de sacampagne environnante qui lui fournissait eau, materiaux de construction (argile pourles briques, bois de charpente...), et aliments produits de ['agriculture.

    C'est la preuve qu'a cette epoque la ville et la campagne sont lies dans unsysteme symbiotique. Cette assistance mutuelle fait que la ville est indissociable desa campagne. Le systeme politique culturel juridique et religieux sont les memes enville et a la campagne.

    La preuve que les romains avaient une pensee globalisante est la realisation acette epoque de plans cadastraux liant sur un meme territoire les villes et leurscampagnes. Ainsi jusqu'a la decadence de I'empire romain les villes sont enharmonie avec leurs campagnes (politiquement, rel igieusement, sociologiquementmilitairement)

    La periode de I'histoire qui suit I'antiquite romaine est une transition qui ferapasser du modele harmonique entre ville et campagne au modele dichotomiquecaracteristique du moyen age jusqu'a nos jours. Ce dernier a tendance a s'estompermais il est toujours present en France au XXieme siecle. etudions done le glissementdes rapports ville/campagne qui s'est opere a la fin de I'empire romain, et quiconduisit au Haut Moyen Age (lllieme_Vlieme).

    Le declin de I'empire est entre autre du au probleme de plus en plus grandd'assurer la securite d'un territoire qui ne cesse d'etre de plus en plus vaste. En effeta Theure des transports a cheval, la taille du territoire imperial rendait difficile lacohesion militaire. Ne pouvant plus assurer une protection efficace des frontieres

    face aux invasions barbares, et demandant de plus en plus d'impot pour fairefonctionner la machine imperiale, les senateurs devant payer de leur propretresorerie s'ils ne levaient pas assez d'impot, s'affranchirent peu a peu du pouvoirimperial.

    Des villages, des exploitations agricoles, se doterent de murailles etinstaurerent des milices de defenses privees. Ces nouvelles entites s'appellent deslatifundia.

    Ainsi le pouvoir militaire du territoire fut morcele. II s'en suivit un eclatement dupouvoir politique de I'empire. Le pouvoir religieux Chretien devint le pouvoir officiel, sibien que dans les anciennes cites romaines le pouvoir politique etait detenu par deseveques.

    Les invasions barbares freinerent considerablement les echanges done lecommerce,si bien que les anciennes citees se sont repliees surel les-memes.

    Durant cette periode de transition, pendant laquelle il y eut de nombreuxbouleversements politiques, economiques, culturels (les barbares arrivant avec leurpropre civilisation), s'est opere le morcellement entre I'urbain et le rural.

    La difference de regime politique entre les latifundia et les anciennes cites futa I'origine du morcellement politique entre les campagnes et les villes.

    La venu de barbares aux cultures variees sur un territoire etranger provoqua lacoexistence de plusieurs civilisation, ce qui morcela culturellement les cites gallo-romaines et les campagnes colonises.Ce morcellement a tout de meme permis Nnnovation au prix d'instabilites.

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    Pendant le Haut Moyen Age, cette insecurity barbare ne fut pas propice auxechanges, I'instabilite commerciale precipita la chute des villes si bien que la tailledes villes diminua sensiblement. A Rome par exemple, la ville ne s'etendait plus qu'aune partie, a I'interieur des remparts d'Aurelien, alors que quelques sieclesauparavant, la ville les avait phagocitee.

    Le repli dans les campagnes transforma le rapport qu'entretenaient les cite etleurs campagnes. Maintenant les cites ne dominaient plus les campagnes, elles n'enetaient plus solidaires. La dichotomie politique, economique, culturelle entre villes etcampagnes etait effective dans tout I'ancien empire d'occident.

    L'unite politique du territoire mis tout le moyen age a s'instaurer. L'unitepolitique entre I'urbain et le rural fut correlee a I'instauration d'une politique stable aI'echelle du pays. Les rois se battairent constamment pour federer le royaume etcette unite du royaume ne pouvait etre effective que s'ils arrivaient a unifier lessystemes politiques dans les villes et les campagnes. "A partir du Xieme siecle,L'occident s'est herisse de Chateaux, il suffisait a un homme hardi et entreprenant dedresser une tour pour imposer son pouvoir a ses voisins et faire echec au roi." (Lechateau en France sous la direction de J.Pierre Balbelon CAISSE NATIONALE DESMONUMENTS HISTORIQUES ET DES SITES.)

    Clovis (465_511) chassa les barbares, unifia I'Europe et federa la France. Leregime politique devint feodal. Dans un tel regime, le roi met en place desfonctionnaires qu'il remunere en nature, en leur donnant une partie des recoltes etdes terres. Ce systeme, deja mis en ceuvre a la fin de I'empire par Jules Cesar creaun systeme de protection en cascade. L'effet pervers d'un tel systeme base surI'immobilite des fonctionnaires, fut que de nombreux fonctionnaires etaient devenusplus riches que le roi. Celui-ci perdant toute legitimite n'eut bientot plus aucunpouvoir.

    Les villes et les campagnes etaient toujours aussi divisees et concurrentes.

    Chaque comte gerait de fagon quasi autonome sa campagne, chaques eveque geraitde fagon tout aussi autonome sa ville. Les regimes juridiques differaient comme a lafin de I'antiquite entre les villes et les campagnes mais aussi maintenant, entre toutesles villes et entre toutes les campagnes.

    C'est ainsi que Rome ne pu reconstruire son reseau d'alimentation d'eau quiprovenait de la campagne et qui avait ete detruit par des invasions barbares car a ladifference de la Rome antique, la Rome du Haut Moyen Age entretenait des relationsde concurrence avec son ancienne campagne. Les eveques (ici les papes) durentmettre en place une gestion de I'eau moins depensiere qu'auparavant, faute d'uneressource en eau facile a acheminer. Ils furent obliges de faire creuser des puits quietaient jusqu'alors inexistant, pour pallier au manque d'eau potable dans la ville.

    Les cultures differaient aussi de partout suivant les lieux geographiques. Ainsi,en France, un Ponnot ne voulait pas entendre parler de I'Ardeche, sur le plateau duMezenc on se defendait d'appartenir ni a Tun ni a I'autre et ce jusqu'a la plus petiteferme. Les langues memes differaient au sein du territoire frangais et affortiori entreles villes et les campagnes. Langues d'oc, langue d'oil separaient la France en deux.Sans parler des nombreux patois qui font jusqu'au debut du XXieme siecle la fiertede chaque paroisse, mais qui ne facilitent pas l'unite politique et economique(puisque non propices a faciliter les echanges) nationale.

    Seul le pouvoir religieux federait le pays, done unissait les villes et lescampagnes.

    Un renouveau d'activite fini par s'operer a la fin du haut moyen age. Mais lesvilles et les campagnes etaient alors en concurrence. Des liens economiques

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    existent pourtant entre eux, ils se situent a la frontiere des remparts ou plusgeneralement a tous les lieux capables, d'etre defendu et d'empecher la progressiondes marchands. S'y installent alors des octrois fortifies, levant des peages et desdroits de passage (vallee, route...), de franchir (ponts, guet...), et de circuler(domaine, seigneurie, baronnie...).

    Meme si la dichotomie entre I'urbain et le rural reste entiere, le Bas MoyenAge est une periode d'expansion des anciennes cites. Peu a peu le commerce avecI'Europe s'ouvre (le Nord et la Mediterranee), les marchands peuvent circuler a peupret librement (brigandages, coupes goussets trop frequents). Si bien qu'aux portesdes villes se developpent de nouvelles petites villes. Les murailles seront peu a peuagrandies englobant les nouvelles entites. Ainsi comme les cites sont dirigees par leseveques on dira que I'eglise sera le promoteur de 1'urbanisation.

    Devant un commerce croissant, les eveques feront construire des villesnouvelles autour notamment des abbayes, haut lieu de pelerinage propice auxechanges economiques.

    Voyant le pouvoir croissant des eveques sur le territoire, les comtesdefricherent des forets sur leur domaine, pour creer eux aussi des villes nouvelles, ettenter de capter la richesse commercia le. Car en ce milieu du Haut Moyen Age, lapuissance financiere et politique s'etait transferee de la possession de la terre, a lacaptation des richesses dues au commerce. Ainsi durant cette periode,

    I'accroissement demographique, le perfectionnement des techniques agricoles,I'augmentation de la productivity et, le renouveau d'un grand commerce europeen,furent a I'origine d'une acceleration sans precedent du nombre et de la taille desvilles.

    Des rapports economiques, culturels, mais toujours pas politiques sereinstalled entre d'abord, les villes neuves et leurs proches campagnes, car toutesdeux appartiennent a un meme pouvoir : le comte (meme si les politiques et lesdroits de justices ne sont pas identiques) puis entre des villes eloignees appartenanta des comtes ou eveques differents mais qui ont tout interet a developper lecommerce pour en tirer le maximum de profit.

    Pendant la Renaissance le foisonnement des idees affaiblit le controle dupouvoir religieux, sans cesse remis en cause par de nouvelles decouvertes. Celui-cireagit vivement, c'est ('Inquisition. Pourtant peu a peu le pouvoir politique se transferedes comtes ou des eveques aux assembles de commergant et aux corporations engeneral, qui prennent le controle des villes.

    Les rois essayeront de recuperer le pouvoir politique depuis Louis IX dit SaintLouis (1214-1270 Moyen Age) jusqu'a Louis XIV (1638-1715 I'Epoque Classique enarchitecture). Ils s'assureront le controle d'a peu pret toutes les villes en profitant deI'affaiblissement des contes et des eveques, et en passant des accords avec lesinstances bourgeoises dirigeantes. Ainsi les villes seront vers1700 sous le controled'un seul pouvoir politique, celui du roi , qui unifiera les droits et les devoirs de toutesles villes, appuyant done son royaume.

    Les campagnes quant a elles au pris de nombreuses reprimandes, restent despossessions du conte ou de I'eveque, beaucoup plus longtemps que les villes. IIfaudra attendre la revolution frangaise pour se liberer totalement de leur emprisedans les campagnes.

    Vers1620, Richelieu (1585-1642) s'efforce de faire plier les nobles au pouvoir royal. IIrase ainsi de nombreux chateaux feodaux grace a une armee professionnalisee

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    dotee de gros moyens financiers et de canons performants (dus a des accordseconomiques entre le roi et les bourgeois des villes). Sous Louis XIV, les plus partsdes campagnes sont sous domination du roi.

    Ainsi seulement a cette epoque, et depuis les grandes heures de Pempireromain, le pouvoir politique entre ville et campagne appartient de nouveau a uneseule personne.

    Les pouvoirs, economique, judiciaire (generalisation du droit coutumier),culturel sont dictes par une meme personne : Le roi. Done les differences entreurbain et campagne s'amoindrissent, d'autant que puisque les murailles sontdevenues inutiles face a I'artillerie, la plus part des villes sont maintenant depourvuesde remparts.

    II est a signaler qu'a cette epoque et encore a la notre, les differencesculturelles des provinces decoupants la France sont encore nettement sensibles.(probleme des identites regionales)...

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