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Histoire de la Sûreté du Québec : de 1870 à 2013 Par Yannick Cormier, conseiller en patrimoine et protocole Septembre 2011 – Volume 2, numéro 4 * Photographie prise près du parlement actuel. Neuf policiers de la Police provinciale du Québec en 1888.

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Page 1: Histoire de la Sûreté du Québec : de 1870 à 2013 · Québec (1843) ou de Trois-Rivières (1857). Forte de seulement 65 hommes à ses débuts, la Police ... une période de crise

Histoire de la Sûreté du Québec : de 1870 à 2013Par Yannick Cormier, conseiller en patrimoine et protocole

Septembre 2011 – Volume 2, numéro 4

* Photographie prise près du parlement actuel. Neuf policiers de la Police provinciale du Québec en 1888.

Page 2: Histoire de la Sûreté du Québec : de 1870 à 2013 · Québec (1843) ou de Trois-Rivières (1857). Forte de seulement 65 hommes à ses débuts, la Police ... une période de crise

Histoire de la Sûreté du Québec : de 1870 à 2013

La Sûreté du Québec (Sûreté) est l’une des toutes premièresinstitutions québécoises. Elle est aussi la seule organisation

policière à servir tout le territoire québécois. Le développementde cette figure marquante de l’histoire de la province estétroitement lié à celui de la société québécoise. Voici les

grandes étapes qui ont marqué son évolution.

C’est d’abord à un choixpolitique que la Sûreté doit sacréation. Dès les premières

années de la Confédération, le gouvernement conservateurl’officialise par l’Acte de police de Québec sanctionné le 1er

février 1870. C’est le 1er mai de cette même année quel’organisation de la Police provinciale de Québec estofficiellement créée. Le gouvernement s’inspiredirectement du modèle de police en uniforme mis en placeen Grande-Bretagne depuis 1829. La Police provincialeapparaît quelques décennies après la création des premierscorps policiers municipaux tels que ceux de Montréal et deQuébec (1843) ou de Trois-Rivières (1857).

Forte de seulement 65 hommes à ses débuts, la Policeprovinciale est un corps de police que le gouvernement metà la disposition des municipalités moyennant le partage descoûts et « qui pourra intervenir lors d’émeutes électorales,religieuses et conflits ouvriers tout en veillant au respectdes lois fédérales, provinciales et règlements municipaux». Elle fait aussi office de police municipale de la ville deQuébec pendant quelques années. Les effectifs sontmodestes et l’époque, tout comme le mandat, ne diffèrentpas toujours de ce que l’on observe aujourd’hui : arrestationd’ivrognes, démantèlement de « lieux de débauche »,enquêtes en région, etc. Des contraventions aux cocherspour des excès de vitesse en calèche font même partie desopérations du temps!

Les premières années sont néanmoins difficiles, car c’estune période de crise économique. La Police provinciale estabolie en 1878 par les libéraux, pour faire suite à unepromesse électorale. Seuls quelques constablesdemeurent en service sous l’égide de la police municipalede Québec. En 1883, le gouvernement reprend le contrôlede sa police avec un effectif très réduit et un mandat plusmodeste : « la garde des édifices gouvernementaux, lasignification d’avis gouvernementaux, de pièces deprocédure et les enquêtes criminelles en province ». Bienque les enquêtes en région se déroulent sous la supervisionde la Police provinciale, cette dernière s’assure d’offrir uneexpertise en embauchant des détectives privés.

Au début des années 1900, le Québec se transforme deplus en plus : l’immigration est importante, les villes, lesinfrastructures et le réseau routier prennent de l’expansion.

La criminalité grimpe à son tour : la policedoit donc s’adapter. Certains ministèresquébécois décident alors de se doterde leur propre police. Apparaissentainsi la Police du revenu, la Police dela circulation et la Police desliqueurs, toutes indépendantes de laPolice provinciale. Par ailleurs, lesproblèmes plus aigus de criminalitéà Montréal donnent lieu à la créationdu Bureau des détectivesprovinciaux entre 1905 et 1908.Dans les années 1920, tout justeavant la mise sur pied d’unecommission royale d’enquête surl’affaire Blanche Garneau (un meurtre quine fut jamais résolu), le gouvernementréorganise sa police. La Loi de police de mars1922 donne à l’organisme les noms de « Policeprovinciale » ou « Sûreté provinciale ». Le Bureau desdétectives provinciaux de Montréal et la Police provincialede Québec sont fusionnés. Des détectives et desconstables, prenant le nom de Police judiciaire, sontinstallés dans les divisions de Québec et de Montréal.

La Sûreté provinciale participe activement à la résolutiondes affaires criminelles pendant les années 1920. Parexemple, en partenariat avec la Police des liqueurs, laGendarmerie royale du Canada et les corps policiersaméricains, la lutte à la contrebande d’alcool vers les États-Unis (le rum-smuggling) mobilise l’organisation auxfrontières : la prohibition de l’alcool sévit en effet chez nosvoisins du Sud de 1920 à 1933.

En 1925, un premier service d’identité judiciaire voit le jourà Montréal avec le concours du laboratoire de médecinelégale établi dans cette ville depuis 1914. Par ailleurs, lasituation de l’époque se compare difficilement avec cellede l’organisation actuelle : les normes de recrutement et deformation des effectifs policiers n’existent à peu près pas.Dans les années 1920-1930, pour contrer les casd’embauche partisane et le manque de formation despoliciers, le chef de la division de Montréal, Maurice-CharlesLalonde, avocat et ancien militaire, propose diversesmesures pour améliorer la sélection des policiers etrenforcer la discipline.

1870-1936 : la création de laPolice provinciale de Québec

L e s c a h i e r s d ’ h i s t o i r e His to i r e de l a Sû re t é du Québec : de 1870 à 2013

Premier poste de quartier de laPolice provinciale à Québec, dansle quartier Saint-Roch, en 1895.

Pierre Antoine Doucet, juge etpremier commissaire de la

Police provinciale duQuébec en 1870. Il a vécu de 1815 à 1878.

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L e s c a h i e r s d ’ h i s t o i r e His to i r e de l a Sû re t é du Québec : de 1870 à 2013

Le gouvernement libéral retient quelques-unes des suggestions, mais uneprofessionnalisation complète des corps policiers devra attendre bien des décennies.Pourtant, des progrès sont observés : le poste de chef de la Sûreté provinciale est créé.Les diverses polices gouvernementales commencent à se regrouper graduellement sousla même autorité. En mai 1932, le chef Lalonde devient le chef de la Sûreté de la province,concrétisant ainsi la volonté gouvernementale de fixer à Montréal la résidence du chef desa police provinciale. La division de Québec a aussi son chef. Entre 1930 et 1936, on assisteà la formation d’escouades de la moralité, à l’ouverture d’un premier poste en Abitibi et à lacréation d’un premier service d’enquêtes criminelles à Québec.

L’arrivée au pouvoir de Maurice Duplessis en 1936annonce une période de changements majeurs dansl’histoire de l’organisation. Voyons d’abord le contexte: c’est le temps de la Grande noirceur (1936-1959) pourle Québec, soit une ère de conservatisme où ladomination de l’Église catholique est importante et lapolitisation de la fonction publique dans sonensemble (et celle des policiers!) semble être de mise.

Le changement de gouvernement amène une vagueimposante de congédiements chez les policiersprovinciaux. On embauche ceux qui sont « du bord »de Duplessis. L’embauche de policiers et celle d’autresfonctionnaires de bien des secteurs est marquée parle favoritisme. Au cours des années 1930-1950, c’estbien connu, il est plus simple de faire carrière dansces secteurs d’emploi si on connaît le maire ou ledéputé.

Cependant, l’histoire de la Sûreté lors de l’épisodeduplessiste est à considérer avec une certaine nuance.Le gouvernement de l’Union nationale pousse plusloin la réforme de l’organisation policière amorcéesous les libéraux. C’est aussi un temps où les basesde la Sûreté actuelle vont véritablement prendreforme et où la carte policière sera clairement définie.L’année 1938 voit ainsi se réaliser la première grandetransformation de l’organisation : la Police de lacirculation et la Police des liqueurs sont intégrées à laPolice provinciale, désormais nommée « Sûreté

provinciale du Québec ». La division duterritoire en deux grands

secteurs appelés« districts », l’unà Montréal etl’autre à Québec,est maintenue.Finalement, leg o u v e r n emen tprend la décisionde diviser la Sûretéprovinciale enquatre branches : laPolice judiciaire, laGendarmerie, laPolice de la route et laPolice des liqueurs.

Pour la première fois del’histoire du Québec, le corpspolicier assure également uneprésence permanente en région : des postes et dessous-postes sont ouverts dans tous les comtés de laprovince. Les premiers pas se feront en Abitibi, etensuite dans le reste de la province. En 1940, un postede police de la route est ouvert aux abords de chacundes huit ponts qui ceinturent l’île de Montréal. Avecl’intégration de la Police de la route et de la Police desliqueurs, l’effectif de la Sûreté passe à 565 policiers.

La défaite de Duplessis aux élections de 1939 et ledéclenchement de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) portent un dur coup à la réorganisation. Leslibéraux d’Adélard Godbout procèdent à leur tour àdes renvois massifs et maintiennent le phénomène dela politisation de l’embauche. C’est le retour despoliciers mis à pied en 1936! On réduit le nombre depostes et certains policiers sont même mobilisés pourl’effort de guerre – traque des prisonniers de guerreet des espions, surveillance des usines de guerre, etc.En outre, la Police des liqueurs est détachée de laSûreté provinciale dès 1940. Le chef de la Sûreté,jusque-là appelé « commissaire », en devient alors ledirecteur.

Le retour au pouvoir de Duplessis, de 1944 à 1960,marque l’apogée de la Grande noirceur, mais aussiune période de croissance et de stabilité pour laSûreté. La prospérité d’après-guerre lui permetd’accroître son efficacité, sa présence et sesinfrastructures dans tout le Québec. L’effectif de laSûreté est de 1234 personnes en 1960. La Police de laroute forme la moitié de l’effectif, et 55 % dupersonnel est affecté au district de Montréal. Même sila direction est officialisée à Montréal, dans les faits,elle n’est pas pour autant unifiée. Les districts deMontréal et de Québec sont administrés séparément.La division de Québec a la réputation d’être mieuxadministrée et moins impliquée dans les manœuvresélectorales. Au cours des années 1950, legouvernement provincial et la Sûreté sont fortcritiqués par l’opinion publique : on parle alors de la« Police à Duplessis ». Les adversaires du régimedénoncent les interventions de la Sûreté provincialeau cours de conflits ouvriers – on peut penser àValleyfield en 1946, Asbestos en 1949, Louiseville en1952 et Murdochville en 1957 – qui ont marquél’histoire populaire du Québec.

1936-1960 : vers une Sûreté unie et moderne

J. C. Bussières,

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Détectives de la police judiciaire en 1943.

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La mort de Duplessis en 1959 et l’arrivée au pouvoir deslibéraux de Jean Lesage en 1960 jettent les bases de ceque le Québec a nommé la Révolution tranquille. Un desprojets du nouveau premier ministre est d’ailleurs detransformer la Sûreté de l’époque en la réformant de fonden comble. La décennie 1960 fera vivre à la Sûretéprovinciale une véritable révolution qui fera de l’organisationun corps de police professionnalisé en l’espace d’unedécennie.

Un ancien officier supérieur de la GRC, Josaphat Brunet,est nommé à la direction de la Sûreté et entreprend unenouvelle transformation de l’organisation. C’est le retourd’un modèle administratif militaire. Les démissions, lesmutations et les renvois sont nombreux. C’est l’ère des « chapeaux » à la Sûreté : une quarantaine d’ex-membresde la GRC sont nommés à des postes clés entre 1960 et1965. C’est aussi à cette époque que les couleursorganisationnelles sont adoptées : un nouvel uniforme vertde même que des véhicules verts à portières jaunesmarquent de façon concrète la rupture avec « l’anciennepolice ».

Dès 1961, la gestion est désormais centralisée, mettantainsi fin à un modèle administratif vieux de près d’un siècle.L’état-major et le quartier général sont établis à Montréal etles pouvoirs du directeur sont accrus. Une première écolede police exclusive aux recrues de la Sûreté est créée; elles’établit sur la rue Poupart à Montréal. Elle sera remplacéepar l’Institut de police du Québec, à Nicolet, en 1969. Denouvelles normes d’embauche sont instaurées et on exigedix années de scolarité pour devenir policier, ce quireprésente un standard très élevé pour l’époque. L’arrivéede jeunes recrues formées à la nouvelle école de police,plus scolarisées et plus revendicatrices, bouscule lestraditions, mais elle mène à des changements majeurs et àl’adoption d’une nouvelle mentalité. Par ailleurs, un fortmouvement de syndicalisation se dessine partout au seinde l’administration publique. Même chez les policiers, onrevendique des améliorations sur plusieurs plans, dont leprocessus de nomination, les salaires, les horaires et lestransferts. Après de longues luttes syndicales, l’Associationdes policiers provinciaux voit le jour en 1965.

Au Québec, les années 1960 et le début des années 1970se caractérisent par une agitation sociale et criminelleimportante. Le crime organisé, la défense de la languefrançaise, le nationalisme québécois et les manifestationsqui y sont associées de même que les grèves vontmobiliser grandement le personnel policier. Par exemple, laSûreté du Québec joue un rôle important dans les enquêtes

contre la mafia montréalaise, de même que lors del’émeute de la Murray Hill en 1968 ou durant la Crised’octobre en 1970.

Les libéraux, de retour au pouvoir en 1970, mettent enœuvre les réformes recommandées par le rapportDucharme, publié en 1968. L’administration au GrandQuartier général de Montréal est restructurée et elles’articule autour de cinq grandes directions sous le contrôlede directeurs adjoints. Des techniciens et desprofessionnels civils sont embauchés. Le découpagerégional est revu et huit districts sont créés en trois ans,soit ceux du Bas-Saint-Laurent et de l’Estrie en 1970 ainsique ceux de Montréal, de la Mauricie, de l’Outaouais, del’Abitibi-Témiscamingue–Nouveau-Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de Québec en 1973. Six ans plus tard, en1979, un neuvième district voit le jour, celui de la Côte-Nord.À la fin de cette restructuration, la Sûreté compte tout prèsde 5000 employés. Signe d’un changement de mentalité,une première policière, Nicole Juteau, est embauchée en1975. Elle ouvrira la voie au recrutement d’autres femmesdans tous les corps policiers québécois.

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1960-1980 : la Révolution tranquilleet la professionnalisationdes services Accident de la route en 1955.

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Les années 80 annoncent une longue période d’austérité.La conjoncture économique difficile impose à la Sûreté desévères mesures de rationalisation ainsi que descompressions budgétaires et des suppressions de postes.L’embauche cesse de 1981 à 1987. Certaines tâches etmandats sont revus. Le Service des relationscommunautaires est créé durant cette période. JacquesBeaudoin, nommé directeur en 1974, quitte son posteen 1988, après 14 ans de directorat axé sur laprofessionnalisation des services. C’est aussi pendant sonmandat que des activités protocolaires sont amorcées etque l’emblème et la devise actuels ainsi que les bâtons decommandement sont créés. De grands événements telsque la visite du pape Jean-Paul II en 1984 ou encorel’incendie des BPC à Saint-Basile-le-Grand en 1988sollicitent l’expertise diversifiée de la Sûreté.

La fin du siècle s’amorce sous le signe de la turbulence. Lesannées 1990 sont une période difficile qui va en effetmarquer l’histoire de la Sûreté. À l’été 1990, la crise d’Okamobilise une part importante des effectifs et mène ensuiteau rapport Gilbert rendu public en 1995. En 1996, l’affaireMatticks donne lieu à la commission d’enquête Poitras et àla publication de nombreuses recommandations contenuesdans un volumineux rapport. S’amorcent dès lors desrefontes majeures sous la gouvernance successive de troisdirecteurs généraux dont deux hauts fonctionnaires civils,messieurs Guy Coulombe et Florent Gagné. Des mandatssont revus et la mission, la vision et les valeurs de la Sûretésont adoptées.

Les années 90sont aussi marquées par larefonte des services de base. L’introductionprogressive, par les gouvernements libéral et péquiste, dela facturation des services de la Sûreté aux municipalitésamène la création de la Division des relations avec lesmunicipalités. L’établissement de contrats de service avecles MRC et la mise sur pied des comités de sécuritépublique renforcent le partenariat entre les municipalités etla Sûreté. C’est dans cette période que les postes sontrenommés en fonction des MRC où les services sontofferts. En 1998, un dixième district, celui de la Montérégie,est créé. Le district de Montréal devient le district deMontréal-Laval-Laurentides-Lanaudière.

La fin de la décennie et le début du nouveau millénaire sontaussi marqués par des événements importants quisollicitent diverses ressources de la Sûreté. On n’a qu’àpenser à la guerre des motards et aux opérations del’escouade Carcajou dès 1995, au déluge du Saguenay en1996 ou même à la crise du verglas en 1998.

La décennie 1970 mobilise également fortementl’organisation, et celle-ci démontre son professionnalismedans plusieurs domaines. Les braquages de banques sontnombreux dans le Québec de l’époque; par exemple,l’affaire Richard Blass, dans laquelle la Sûreté jouera un rôleimportant, défraie les manchettes. La Sûreté participe aussiactivement à la Commission d’enquête sur le crimeorganisé (CECO) à partir de 1972. Au cours des Jeuxolympiques de 1976, les policiers de la Sûreté sontégalement présents en grand nombre pour assurer lasécurité. Un premier groupe tactique d’intervention de laSûreté va d’ailleurs voir le jour à l’occasion de ces mêmesJeux, puis il sera établi sur une base permanente en 1981.

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1980-2000 : une Sûreté entransition

Véhicule de patrouille Caprice au bord du fleuve Saint-Laurent,

près du pont Laviolette de Trois-Rivières en 1995.

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Le début des années 2000 présente une Sûreté du Québecmodernisée et bien au fait des réalités et des besoins deson époque. L’adoption de la Loi concernant l’organisationdes services policiers en juin 2001 mène à l’intégrationd’une cinquantaine de corps de police municipaux. Uneimportante structure de logistique et d’accueil desnouveaux membres se met en place, et le bilan en indiquela réussite. La Sûreté entre en force dans le XXIe siècle avecdeux opérations d’envergure : « À Québec, en avril 2001,le Sommet des Amériques donne lieu à d’importantesmanifestations et à une des plus importantes opérations demaintien et de rétablissement de l’ordre de la Sûreté.Également en 2001, en menant plus d’une centained’arrestations, l’opération Printemps 2001 démontrel’expertise de l’organisation dans le domaine des enquêtescriminelles, notamment dans la lutte aux motardscriminalisés.

Compte tenu de la nécessité de s’adapter aux enjeux desécurité publique propres au XXIe siècle, la Sûreté connaîtdes changements notables à la fin des années 2000 et auxdébuts de la décennie 2010. La transformationorganisationnelle (TO) est alors mise en branle et desrestructurations d’envergure sont rondement menées dès2009. Les responsabilités dans les secteurs des enquêteset de l’administration sont réévaluées et une réforme desfaçons de faire de la Grande fonction de l’administrations’enclenche. De plus, une déconcentration de certainesressources ou expertises vers les régions s’amorce, visantainsi à renforcer l’offre de services de la Sûreté du Québec

auprès des municipalités ou des municipalités régionalesde comté (MRC) qu’elle dessert, de même qu’auprès deses partenaires policiers municipaux et autochtones surl’ensemble du territoire.

Plusieurs opérations policières majeures menées au coursde la seconde moitié des années 2000 mettent la Sûretédu Québec au premier plan, par exemple le Sommet deMontebello en 2007 ou la relance de la participation despoliciers de la Sûreté aux opérations de paix de l’ONU enHaïti à partir de 2004. Par ailleurs, l’opération SharQc,menée en 2009, confirme à nouveau l’expertise acquisedepuis plusieurs décennies par la Sûreté du Québec enmatière de lutte contre les groupes de motards criminalisés.Les années 2010 voient également les enjeux liés à la lutteà la criminalité évoluer. Par exemple, la lutte à la corruptionet la collusion prend rapidemment de l’importance auQuébec : citons notamment la création du Service desenquêtes sur la corruption (escouade Marteau) et de l’Unitépermanente anticorruption (UPAC) en 2011 qui ont menéd’importantes opérations depuis.

Au 31 mars 2012, la Sûreté du Québec compte près de5646 policiers et plus de 1760 civils. En octobre 2012,monsieur Mario Laprise est assermenté directeur généralet un nouvel État-major est mis en place. Après plus de 143années d’histoire, ses actions en 2013 sont toujoursguidées par ses valeurs : Intégrité — Respect —Professionnalisme — Service.

2000-2013 : un corps de policeprêt pour le XXIe siècle

Dans le cadre d

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Cérémonie en l’honneur des policiers qui ont participé à la mission de

stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) en 2013.

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Les policiers d

’aujourd’hui :

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ent de recrues

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novembre 201

2.

Les policiers d’hier : le 1er contingent de recrues assermenté en mars 1961

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