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183 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5-2009 Histoire de l’hydraulique DOI 10.1051/lhb/2009072 Un hydraulicien d’exception bien en avance sur son époque : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874) An Exceptional Hydraulic Engineer ahead of his Time : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874) HUBERT CHANSON The University of Queensland School of Civil Engineering, Brisbane QLD 4072, Australia Tél : +61 (0)7 3365 2561, Fax : +61 (0)7 3365 4599, e-mail : [email protected], url : www.uq.edu.au/~e2chans/ L e nom de Jean-Baptiste BÉLANGER est souvent associé au ressaut hydraulique, et à l’application de l’équation de conservation de la quantité de mouvement. Une étude de son essai publié en 1828 montre que le thème principal était le calcul des écoulements à surface libre graduellement variés, avec le déve- loppement de l’équation du remous. Dans son essai, Jean-Baptiste BÉLANGER dériva l’équation du remous avec une lucidité remarquable, et sa dérivation donne des résultats d’une précision étonnante. En discutant les singula- rités de l’équation du remous, il introduisit aussi les conditions d’écoulement critique, et le concept de profondeur critique, bien avant ses contemporains. Par contre, en 1828, BÉLANGER appliqua incorrectement le principe de conservation d’énergie au ressaut hydraulique. Il dériva l’équation de Bélanger, pour un canal rectangulaire et horizontal, quelques années plus tard. T he name of Jean-Baptiste BÉLANGER is often linked with the Bélanger equation and the application of the momentum principle to the hydraulic jump. A study of his 1828 treaty shows that the manuscript was focused on the study of gradually varied open channel flows, with the development of the backwater equa- tion. Jean-Baptiste BÉLANGER’s development was remarkable by its lucidity and cleverness, which yielded some very accurate results. He further discussed the singularity of the backwater equation, and introduced the concept of critical flow conditions, many decades before contemporary scientists. On the other hand, and although he incorrectly applied the energy principle to the hydraulic jump, his equation for a hydraulic jump in a rectangular horizontal channel was improper. The Bélanger equation was derived ten years later. I n INTRODUCTION A notre époque, on retient la contribution de Jean-Baptiste Charles Joseph BÉLANGER (1790-1874) (Fig. 1) comme l’application du principe de conservation de la quantité de mouvement au ressaut hydraulique ([1], Fig. 2). Jean-Bap- tiste BÉLANGER, ingénieur, professeur et chercheur, eut une influence considérable sur ses contemporains. Par exem- ple, son nom est inscrit sur la frise des quatre façades de la Tour Eiffel 1 , avec 71 autres savants et hommes de sciences, au premier étage de la Tour, parmi lesquels les ingénieurs hydrauliciens Jean-Victor PONCELET, Jacques Antoine Charles BRESSE, Gaspard Riche de PRONY et Jean Char- les de BORDA (Fig. 3, Appendix 1). Par contre, la contribu- tion de Jean-Baptiste BÉLANGER est restée souvent ignorée durant le 20e siècle. Par exemple, la base de données Thom- son Scientific TM ISI Web of Science ne liste que 21 citations de ses travaux dans des articles de journaux scientifiques entre 1914 et 2008. 1. Jean-Baptiste BÉLANGER fut en effet le professeur de Gustave EIFFEL (1832-1923) à l’Ecole Centrales des Arts et Manufactures Figure 1 – Photographie de Jean-Baptiste BÉLANGER (Bibliothèque de l’Ecole Nationale Supérieure des Ponts et Chaussées)

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183 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5-2009

Histoire de l’hydrauliqueDOI 10.1051/lhb/2009072

Un hydraulicien d’exception bien en avance sur son époque : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874)

An Exceptional Hydraulic Engineer ahead of his Time : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874)

HUBert CHansonThe University of Queensland

School of Civil Engineering, Brisbane QLD 4072, AustraliaTél : +61 (0)7 3365 2561, Fax : +61 (0)7 3365 4599, e-mail : [email protected], url : www.uq.edu.au/~e2chans/

L e nom de Jean-Baptiste BÉLANGER est souvent associé au ressaut hydraulique, et à l’application de l’équation de conservation de la quantité de mouvement. Une étude de son essai publié en 1828 montre que le thème principal était le calcul des écoulements à surface libre graduellement variés, avec le déve-

loppement de l’équation du remous. Dans son essai, Jean-Baptiste BÉLANGER dériva l’équation du remous avec une lucidité remarquable, et sa dérivation donne des résultats d’une précision étonnante. En discutant les singula-rités de l’équation du remous, il introduisit aussi les conditions d’écoulement critique, et le concept de profondeur critique, bien avant ses contemporains. Par contre, en 1828, BÉLANGER appliqua incorrectement le principe de conservation d’énergie au ressaut hydraulique. Il dériva l’équation de Bélanger, pour un canal rectangulaire et horizontal, quelques années plus tard.

T he name of Jean-Baptiste BÉLANGER is often linked with the Bélanger equation and the application of the momentum principle to the hydraulic jump. A study of his 1828 treaty shows that the manuscript was focused on the study of gradually varied open channel flows, with the development of the backwater equa-

tion. Jean-Baptiste BÉLANGER’s development was remarkable by its lucidity and cleverness, which yielded some very accurate results. He further discussed the singularity of the backwater equation, and introduced the concept of critical flow conditions, many decades before contemporary scientists. On the other hand, and although he incorrectly applied the energy principle to the hydraulic jump, his equation for a hydraulic jump in a rectangular horizontal channel was improper. The Bélanger equation was derived ten years later.

I n IntrodUCtIon

A notre époque, on retient la contribution de Jean-Baptiste Charles Joseph BÉLANGER (1790-1874) (Fig. 1) comme l’application du principe de conservation de la quantité de mouvement au ressaut hydraulique ([1], Fig. 2). Jean-Bap-tiste BÉLANGER, ingénieur, professeur et chercheur, eut une influence considérable sur ses contemporains. Par exem-ple, son nom est inscrit sur la frise des quatre façades de la Tour Eiffel1, avec 71 autres savants et hommes de sciences, au premier étage de la Tour, parmi lesquels les ingénieurs hydrauliciens Jean-Victor PONCELET, Jacques Antoine Charles BRESSE, Gaspard Riche de PRONY et Jean Char-les de BORDA (Fig. 3, Appendix 1). Par contre, la contribu-tion de Jean-Baptiste BÉLANGER est restée souvent ignorée durant le 20e siècle. Par exemple, la base de données Thom-son ScientificTM ISI Web of Science ne liste que 21 citations de ses travaux dans des articles de journaux scientifiques entre 1914 et 2008.

1. Jean-Baptiste BÉLANGER fut en effet le professeur de Gustave EIFFEL (1832-1923) à l’Ecole Centrales des Arts et Manufactures

Figure 1 – Photographie de Jean-Baptiste BÉLanGer (Bibliothèque de l’ecole nationale supérieure des Ponts

et Chaussées)

LA HOUILLE BLANCHE/N° 5-2009 184

Histoire de l’hydraulique

Dans cet article, on présente le développement original de BÉLANGER [1]. On montre que cet essai, écrit par l’in-génieur BÉLANGER, était très en avance sur son époque. Dans son traité, il développa l’équation du remous pour les écoulements à surface libre permanents, les singularités de l’équation du remous, avec en particulier les conditions d’écoulement critique, et il traita correctement le ressaut hydraulique comme un écoulement rapidement varié, bien qu’il appliqua le mauvais principe en 1828.

l I.1 BIoGraPHIe

Fils de Charles Antoine Aimé Joseph BÉLANGER, mai-tre-serrurier, et de Jeanne Françoise Joseph FAUCONNIER, Jean-Baptiste Charles Joseph BÉLANGER naquit à Valen-ciennes le 4 April 17902. Il fut élève de l’Ecole Polytech-nique d’où il sortit 2e, puis de celle des Ponts et Chaussées. Il débuta sa carrière en 1816 à La Réole dans le Corps des Ponts et Chaussées, qu’il quitta bientôt pour des missions sur le canal de la Somme, puis sur le canal des Ardennes. Longtemps inspecteur des études à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, il fut, entre 1841 et 1855, professeur de mécanique à l’Ecole des Ponts et Chaussées, et, de 1851 à 1860, à l’Ecole Polytechnique [9](Fig. 1). A l’Ecole Cen-trale, il fit une impression sur Gustave EIFFEL, et son nom figure parmi les 72 scientifiques dont les noms furent inscrits au premier étage de la Tour Eiffel (Fig. 3). Il prit sa retraite en 1864 [10]. Il décéda à Neuilly-sur-Seine le 8 mai 1874, où il est enterré avec sa femme Louise Aimée DUMAS (1797-1877).

II n L’ÉqUatIon dU remoUs

BÉLANGER travailla sur son essai [1] entre 1821 et 1826, alors qu’il était ingénieur des ponts et chaussées, déta-ché auprès de la compagnie concessionnaire du canal de la Somme, puis du canal des Ardennes à partir de 1826 [13]. Il publia un mémoire intermédiaire en 1823. Son « Essai sur la solution numérique de quelques problèmes relatifs au mouvement permanent des eaux courantes » fut rédigé en 1827, reçut un avis favorable de la Commission des Ponts et Chaussées et des Mines durant la séance du 21 juillet 1827, et fut publié l’année suivante[1](Fig. 2).

BÉLANGER considéra les écoulements à surface libre graduellement variés. Il dériva l’équation de la pente de la ligne de charge, appelée aussi l’équation du remous (bac-kwater equation), en faisant les hypothèses de base d’un écoulement monodimensionnel et permanent, d’une variation graduelle de la section mouillée, des forces de frottements pouvant être calculées comme pour un écoulement uniforme, et d’un champ de pressions hydrostatiques. Il souligna en plusieurs endroits ces limitations.

2. Extrait d’acte de naissance de la Paroisse de St Vaast en Ville, Archives Municipales de la commune de Valenciennes (aussi Annuaire des Titulaires de la Légion d’Honneur) [8]

Figure 2 – Page de couverture de l’essai BÉLanGer [1]

Figure 3 – L’inscription BÉLanGer sur la tour eiffel entre LaGranGe et CUVIer, avec Bresse à gauche

185 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5-2009

Un hydraulicien d’exception bien en avance sur son époque : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874)

Il dériva l’équation du remous à partir de l’équation de conservation de la quantité de mouvement, et il obtint :

(1)

où indique l’angle entre le radier et l’horizontal, d est la hauteur d’eau, x est la distance longitudinale, V est la vitesse, Q est le débit volumique, g est l’accélération de la gravité, A est la surface mouillée and Pw est le périmè-tre mouillé (Figure 4). L’équation (1) correspond à l’équa-tion (16) de BÉLANGER, en notant qu’il calcula les pertes de charges en utilisant la formule de Prony [16] :

(2)

où est la perte de charge le long d’une conduite prismatique de longueur L et de diamètre hydraulique DH = 4 x A / Pw(Tableau 1), f est le coefficient de perte de charge de Darcy-Weisbach, et a et b sont des constantes : a = 4.44499 10-5 et b = 3.093140 10-4. En introduisant la pente de la ligne de charge , on peut réécrire l’équation (1) sous la forme :

(3)

avec So la pente du radier : So = sin . L’équation (3) est comparable aux expressions modernes de l’équation du remous [5, 6, 11, 15]. Par exemple, l’équation du remous dans sa forme la plus générale est :

(4)

où α est le coefficient de Coriolis [5]. En comparant les équations (3) et (4), on s’aperçoit que BÉLANGER ne fit pas d’hypothèse sur la pente du radier, si ce n’est qu’elle était considérée constante, ni sur les variations de la surface mouillée. Son développement, publié en 1828, est identique aux équations présentées dans les livres de cours modernes [5, 6, 11, 15, 17].

La Figure 5 montre une comparaison entre la courbe du remous complète (Eq. (4)), la courbe du remous dérivée par BÉLANGER (Eq. (3)), calculée avec le coefficient de frottement de PRONY (Eq. (2))3, et des mesures expérimen-tales. Cette configuration correspond à une convergence avec surbaissement d’un canal rectangulaire [14] ; la profondeur du radier zo et la largeur B du canal sont indiquées sur la Figure 5. On note l’excellent résultat des calculs de BÉLAN-GER pour ce cas difficile, donnant des valeurs numériques semblables à celles de l’équation (4).

BÉLANGER proposa l’intégration de l’équation du remous en calculant l’incrément pour un changement donné de hauteur (step method distance calculated from depth). Il présenta un exemple complet pour les rigoles du canal de l’Ourcq à Paris, pour lequel il choisit = 0.1 m et estimait la précision de ses calculs de l’ordre de 1 cm, pour une pro-fondeur variant entre 0.4 et 1.7 m. Il est important de noter que BÉLANGER ne disposait ni d’ordinateur, ni de calcula-teur, ni même de règle à calcul4 pour intégrer l’équation du remous. Tous les calculs étaient faits à la main, d’où l’intérêt de la formule simplifiée de PRONY [4] !

Tableau 1 – Notation utilisée par Jean-Baptiste BÉLANGER

définition BÉLanGer [1]

notation moderne

Hauteur d’eau (profondeur) h dVitesse moyenne v VPérimètre mouillé χ Pw

Surface mouillée ω AAngle entre le radier et l’horizontal γ θ

Pression p PDistance longitudinale s xDistance normale au radier y yPente du radier i sinθPente de la ligne de charge - Sf

Profondeur normale H do

Largeur d’un canal rectan-gulaire B

3. On notera que BELANGER préférait utiliser les valeurs numériques de Johann EYTELWEIN (1764-1848) : a = 2.42651 10-5 and b = 3.655430 10-4 ([1], p.15).

4. La règle à calcul moderne fut introduite par le lieutenant d’artillerie Amédée MANNHEIM (1831-1906) en 1859.Figure 4 – sketch d’un écoulement à surface libre

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Histoire de l’hydraulique

l II.1 Les sInGULarItÉs de L’ÉqUatIon dU remoUs

BÉLANGER étudia les singularités de l’équation du remous. Il démontra que les deux conditions singulières sont (a) l’écoulement uniforme, quand la pente de la hauteur d’eau égale la pente du radier et la hauteur d’eau est la pro-fondeur normale (So = Sf), et (b) le cas correspondant à :

(5)

Dans ce deuxième cas, l’équation (5) donne la hauteur d’eau critique pour un écoulement dans un canal de cross-section irrégulière avec un champ de pressions hydrostati-ques [7, 12], bien que BÉLANGER n’introduisit pas spécifi-quement la notion de profondeur critique.

III n Le ressaUt HydraULIqUe

BÉLANGER [1] considéra le ressaut hydraulique (Fig. 6) comme un écoulement rapidement varié, pour lequel il ne pouvait pas appliquer l’équation du remous. De ce fait, il appliqua l’équation de conservation de l’énergie (« l’équa-tion des forces vives ») dans le cas d’un canal non-hori-zontal. Il est intéressant de noter que BÉLANGER se basa sur « l’équation des forces vives » développée par un autre ingénieur des ponts et chaussées, Gustave Gaspard CORIO-LIS (1792-1843), faisant référence à son Traité Spécial de

1819. Dans le cas d’un canal rectangulaire, et en négligeant les pertes d’énergie, BÉLANGER obtint :

(6)

où les indices 1 et 2 indiquent respectivement les sections amonts et avales du ressaut. L’équation (6) correspond à l’équation (59) de son traité. On note que l’équation (6) correspond à la conservation de la charge spécifique pour un écoulement dans un canal rectangulaire et horizontal.

Sous forme adimensionnelle, le résultat de BÉLANGER devient :

(7)

On notera que le résultat de BÉLANGER (Eq. (7)) était incorrect ; il fut corrigé en 1838 [2]. En effet, pour un res-saut hydraulique dans un canal rectangulaire, horizontal et prismatique, le résultat classique est :

(8)

où le terme est le nombre de Reech-Froude amont [5, 11, 17]. La Figure 7 montre une comparaison

Figure 5 – Comparaison entre des mesures expérimentales [14], la courbe du remous complète (Eq. (4)) et la courbe du remous présentée par BÉLanGer (Eq. (3)) en utilisant la formule de Prony (Eq. (2))

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Un hydraulicien d’exception bien en avance sur son époque : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger (1790-1874)

entre l’équation (8), the résultat de BÉLANGER (Eq. (7)) et des données expérimentales. Ces dernières comprennent les mesures de BIDONE [3], utilisées par BÉLANGER pour valider son résultat, et des mesures plus récentes effectuées dans un canal de 0.5 m de large à l’Université du Queens-land. La figure 7 illustre l’erreur de BÉLANGER (Eq. (7)), et celle-ci est liée à l’application du mauvais principe de base, qui ne donne des résultats proches de la solution exacte que dans le cas de ressaut avec nombres de Reech-Froude proches de l’unité, comme dans le cas des mesures de BIDONE [3] effectuées en France.

l III.1 CommentaIre

BÉLANGER [1] pointa, avec clarté, que l’équation du remous peut être appliquée en amont et aval du ressaut, mais

ne peut être calculée dans le ressaut lui-même. De plus, il mit en valeur l’importance du nombre de Reech-Froude amont, avec pour que le ressaut existe, et l’existence des conditions d’écoulement critique pour .

Notons, au passage, que BÉLANGER combina l’équation du remous et l’équation du ressaut pour calculer la position du ressaut. Pour une expérience de BIDONE, il prédit la position avale du ressaut avec moins de 15 cm d’erreur. Ceci reste « prodigieux », même de nos jours.

IV n ConCLUsIons

En 1828, Jean-Baptiste BÉLANGER publia un essai dans lequel il considéra le ressaut hydraulique comme un écou-

Figure 6 – ressaut hydraulique dans un canal horizontal rectangulaire : Fr1 = 5.3, re = 7.1 104, B = 0.50 m, x1 = 1.0 m, V1 = 2.71 m / s, d1 = 0.025 m

Figure 7 – application de l’équation de quantité de mouvement (qdm) au ressaut hydraulique dans un canal rectangulaire, horizontal et prismatique : comparaison entre les équations (8), (7)

et des données expérimentales ([3], University of queensland)

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Histoire de l’hydraulique

lement rapidement varié, mais il appliqua incorrectement le principe de conservation de l’énergie, à l’époque. Il corrigea son approche une dizaine d’années plus tard [2].

Par contre, dans ce même essai, BÉLANGER dériva l’équation du remous avec une lucidité remarquable, et sa dérivation donne des résultats d’une précision remarquable, en faisant une intégration numérique par ordinateur, même en utilisant la formule de PRONY pour calculer les pertes de charge régulières. En discutant les singularités de l’équation du remous, BÉLANGER introduisit les conditions d’écou-lement critiques, et, dans le cas d’un canal rectangulaire et horizontale, il associa ces conditions critiques avec la condi-tion : V2 = g x d. En d’autre terme, il définit le concept de profondeur critique, et introduit le nombre de Reech-Froude, bien avant ses contemporains.

Simplement, l’essai [1] fut écrit par un jeune ingénieur, d’une trentaine d’années au début du projet, et le résultat a marqué un progrès majeur, en ingénierie hydraulique, avec des concepts de base qui sont toujours valides, de nos jours, en hydraulique des écoulements à surface libre [5, 17].

V n rÉFÉrenCes et CItatIons

[1] Belanger J.B. (1828) — Essai sur la Solution Numérique de quelques Problèmes Relatifs au Mouvement Permanent des Eaux Courantes Carilian-Goeury, Paris. 38

[2] Belanger J.B. (1841) — Notes sur l’Hydraulique. Ecole Royale des Ponts et Chaussées, Paris, France, session 1841-1842. 223

[3] Bidone g. (1819) — Le Remou et sur la Propagation des Ondes (in French). Report to Académie Royale des Sciences de Turin, séance 12 Dec. XXV 21-112

[4] Brown g.o. (2002) — The History of the Darcy-Weisbach Equation for Pipe Flow Resistance. Environmental and Water Resources History, Proc. ASCE 150th Anniversary (1852-2002), ASCE Civil Eng. Conf. and Expo.,.Washington DC, J.R. Rogers and A.J. Fredrich Eds. 34-43

[5] Chanson h. (1999) — The Hydraulics of Open Channel Flow : An Introduction Edward Arnold, London. 512

[6] Chanson h. (2004) — The Hydraulics of Open Channel Flow : An Introduction Butterworth-Heinemann, Oxford, 2nd edition. 630

[7] Chanson h. (2006) — Minimum Specific Energy and Critical Flow Conditions in Open Channels (DOI : 10.1061/(ASCE)0733-9437(2006)132 :5(498)) et (DOI : 10.1061/(ASCE)0733-9437(2008)134 :6(883)). Journal of Irrigation and Drainage Engineering, ASCE. 132 (5) – 134 (6) 498-502 – 883-887

[8] Chanson h. (2008) — Jean-Baptiste Charles Joseph BÉLANGER (1790-1874), the Backwater Equation and the Bélanger Equation. Hydraulic Model Report No. CH69/08, Div. of Civil Engineering, The University of Queensland, Brisbane, Australia. 40

[9] Chatzis K. (1995) — Un Aperçu de la Discussion sur les Principes de la Mécanique Rationnelle en France à la Fin du Siècle Dernier. Revue d’Histoire des Mathématiques. 1 235-270

[10] hager w.h. (2003) — Hydraulicians in Europe 1800-2000 : a Biographical Dictionary of Leaders in Hydraulic Engineering and Fluid Mechanics IAHR Publ., Madrid. 774

[11] henderson F.M. (1966) — Open Channel Flow MacMillan Company, New York.

[12] liggett J.a. (1993) — Critical Depth, Velocity Profiles and Averaging. Jl of Irrig. and Drain. Engrg., ASCE. 119 (2) 416-422

[13] la houille BlanChe (1960) — Notre Frontispice Bélanger (1789-1874). La Houille Blanche. 15 (3) 234

[14] MCdonald i.J.a. (1996) — “Analysis of a Model Minimum Energy Loss Culvert” Undergraduate thesis, Dept of Civil Engineering, The University of Queensland, Brisbane, Australia. 67

[15] Montes J.s. (1998) — Hydraulics of Open Channel Flow ASCE Press, New-York. 697

[16] Prony g.r. de (1804) — Recherche Physico-Mathématiques sur la Théorie des Eaux Imprimerie Impériale, Paris.

[17] Viollet P.l., ChaBard J.P., esPosito P., laurenCe d. (2002) — Mécanique des Fluides Appliquée. Ecoulements Incompressibles dans les Circuits, Canaux et Rivières, autour des Structures et dans l’Environnement. Presses des Ponts et Chaussées, Paris, 2e édition. 367