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Résumé

La lumière naturelle par ces caractéristiques propres représente pour les musées n o n seulement une lumière parfaite en ce qui concerne le rendu des couleurs mais aussi, malheureusement, une source de danger potentiel pour les col lec­tions. Les expérimentat ions suivantes tendent à démontrer que l'usage réfléchi de la lumière naturelle est possible en muséographie et que l ' o n peut combattre ses effets néfastes tout en conservant ses qualités au niveau du rendu des couleurs.

Mots-dés

L u m i è r e na ture l l e , c o n s e r v a t i o n préventive, films autocollants, rendu des couleurs

L'usage de la lumière naturelle en muséographie

Jean- Jacques E z r a t i Direction des musées de France Département de l'architecture, de la muséographie et des équipements 6, rue des Pyramides 75001 Pans, France

Introduction

La muséographie représente l'ensemble des techniques nécessaire à la conservation et à la présentation des objets que détiennent les musées , c'est dans ce domaine que l'usage de la lumière naturelle nous interpelle. Les caractéristiques du rayonnement naturel sont connus et nous savons qu'elles représentent u n facteur n o n néghgeable de dégradation des collections. T o u t comme une source électrique, l 'ampoule à filament de tungstène, par exemple, n'est pas utilisée seule mais à travers un luminaire, i l en sera de m ê m e de la lumière naturelle. Les fenêtres, les baies vitrées, les verrières sont autant de luminaires que l ' on équipera de leurs ditférents accessoires tels les vitrages, les volets, les stores, etc. La réalisation d 'un éclairage en lumière naturelle consistera en la maîtrise de ces différents paramètres que sont les sources (soleil et ciel) et les instruments de contrtSle (fenêtres, verrières, etc) pour répondre à des objectifs clairement définis (éclairage d 'un cabinet des dessins, pourquoi pas!).

Parmi les différents moyens de contrô le existant nous nous proposons de tester les films autocollants tant du point de vue de la conservat ion que de la présenta t ion .

L'étude des films autocollants

F i l m s a u t o c o l l a n t s et c o n s e r v a t i o n

Dans de nombreux cas l'usage de films autocollants sur des vitrages existant constitue une excellente solution pour réduire, voire éUminer les effets néfastes du rayonnement naturel dus aux composantes ultraviolette et infrarouge. U n e réduct ion du rayonnement visible est aussi, dans bien des cas, indispensable.

L 'é tude a constitué à mesurer la décoloration de trois échantillons du test de la laine bleue (#1, 2 et 3) sous différentes protections. La décolorat ion a été mesurée en utilisant la formule de différence de couleurs de la C o m m i s s i o n Internationale de l 'Éclairage C I E L A B . '

EXPÉRIMENTATION

Les 3 échantillons de laine bleue ont été exposé à la lumière du jour , face nord. U n e partie de chaque échantillon est restée sous une protection absolue de la lumière , les quatre autres parties sous différentes protections: un film a n t i - U V ( L E E Filters # 226), un film de protecdon solaire ( G L A C E C O N T R Ô L E I R 70 ou M A D I C O X R 7 0 ) , un filtre correcteur^ C T O 3 N D ( L E E Filters # 207), un filtre neutre ( L E E F iker # 209). U n e dernière partie des échantillons a été exposée sans aucune protection. La durée d'exposition a été mesurée en continue à l'aide d 'un intégrateur de rayonnement équipé d'une sonde photométr ique ( L I - C O R inc: S O L A R M O N I T O R L - 1 7 7 6 ) . L a d u r é e totale d ' e x p o s i t i o n en Cm d'expér imentat ion été de 4,12 JVlluxh. Nous avons effectué 7 mesures sur les 3 échantillons pour les 6 états, en tout 441 mesures (avec 3 prises pour chacune) à l'aide d 'un spectrocolorimetre de type "Dataflash 100" de chez datacolor interna­tional.^

Working Group A l Préventive consei"vation 3 7

ANALYSE DES RÉSULTATS

Les mesures ont été organisées en trois séries, une par échantillon de lame bleue, ce qui nous donne les graphiques suivants;

Les effets des différentes protections sont identiques au cas précédent.

1500 2 0 œ 3Û00 3003 Exposition Iwnjneijse en Kluxti

F [ ^ u r e 3. I n f l u e n c e des F I L T R E S au cours deVexposition lumineuse: l a i n e 3

O n note la dégradation extrêmement rapide sur les premiers 1000 Kluxh, ce qui est la confirmation de ce que nous savons déjà sur les réactions photochimiques. Intéressant aussi de noter qu'une protection U V uniquement n'apporte que peu d'amélioration par rapport cà des filtres moins performant au niveau de l'absorption des U V mais d'un facteur de transmission de la lumière beaucoup plus faible (XR70), vou'e de filtres qui transforment le spectre du visible en diminuant encore plus les radiations visibles de faible longueur d'onde (#207). A noter que quelles que soient les protections envisagées, elles améliorent toutes la conservation pour ce niveau de sensibilité.

CONCLUSION

Les tests effectués confirment la nécessité de non seulement éliminerle rayonnement ultraviolet de la lunuère naturelle mais surtout de contrôler, donc souvent de réduire, le rayonnement visible, les filtres teintés étant une des solutions.

F i l m s a u t o c o l l a n t s et présentation

La proposition d'équiper les vitrages d'une salle d'exposition de films autocollant teintés ne requière pas l'adhésion immédiate de son responsable. L'opposition en est qu'une lumière colorée aura une action pernicieuse au niveau du rendu des couleurs des oeuvres présentées. Ceci est naturellement vrai lorsque nous utilisons une lumière colorée, c'est-à-dire une lumière dont une partie du spectre visible a été éliminé.^ Mais cela n'est plus vrai si nous diminuons, sans éliminer, une partie du spectre visible par rapport à une autre. Ceci est le cas de la lumière naturelle à différents moments de la journée ou bien tout simplement la lumière d'une lampe à incandescence dont le spectre est très pauvre en radiations visibles de faible

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longueurs d'ondes (bleu) et très riche en radiations visibles de grandes longueurs d'ondes (rouge). L'expérimentation qui va suivre est de démontrer la justesse de l'hypothèse qui précise que sous une lumière blanche, quelle que soit sa température de couleur, un individu ayant une bonne vision des couleurs, pourra comparer tous les paramètres d'une couleur par rapport à une autre, si naturellement l'éclairenient est suffisant.

EXPÉRIMENTATION

Sous une enceinte de vision des couleurs"' i l a été demandé à un certain nombre de sujets d'effectuer un test de vision des couleurs,'̂ ' d'une part sous la lumière de l'enceinte normale, c'est-à-dire une lumière à spectre équilibré à 6500 K , puis d'autre part sous une lumière filtrée par un film autocollant de protection solaire, le X R 7 0 . Quelques essais ont même été réalisés avec un filtre bronze dont le facteur de transmission très faible donnait un niveau d'éclairement inférieur à 500 lux incompatible avec le test, augmentant d'autant plus la difficulté.

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F i g u r e 4. Courbes spectrales d'une enceinte de v i s i o n des couleurs sous différentes lumières: D65/XR70/207

ANALYSE DES RÉSULTATS

Le tableau de mesures ci-dessous résume les résultats obtenus:^

n âge sexe points sous points sous écart points sous d'ordre D65 D65+XR70 D65+207 1 -30 F 0 4 4 -2 -25 F 20 12 -8 3 -25 F 12 0 -12 -4 -30 F 20 8 -12 5 -50 M 20 19 -I 6 -50 M 4 12 8 -7 -30 F 24 57 33 8 -30 M 48 59 I I -9 -30 F 8 0 -8 -10 -30 F 20 4 -16 8 -12 I I -30 M 4 4 0 8 4 totaux - - 180 179 I 16 -8

D'après les résultats obtenus on peut constater que la pose d'un film de protection solaire légèrement teinté, en dehors d'un cas (le n°7), n'influe pratiquement pas sur la vision des couleurs, le nombre d'erreurs avec ou sans filtre étant du même ordre de grandeur. Même si l'excellent résultat obtenu avec le filtre #207 ne peut donner Heu à une interprétation, le nombre de sujets étant trop faible, i l est toutefois intéressant de constater que sur les sujets testés il n'a pas eu d'influence néfaste.

Conclusions

Ces deux expérimentations nous amènent à conseiller l'emploi de films autocollant de protection solaire pour résoudre un nombre important de problèmes posés.