i love u hate me - t2ekladata.com/...hate_u_love_me_tome_2_-_tessa_ll.pdf · i love u hate me tome...
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ILoveUHateMeTome2
TessaLL.Wolf
"Jeregarde,àtraverslehublotdel'avion,mondépartdeParis.J'airetenumeslarmespendanttoutletrajetjusqu'àl'aéroport,ilesthorsdequestionquejepleure.
Jesavaisqu'ilallaitvenir,tôtoutard,medemanderdescomptesmaisj'avaispenséplustôt.Lesmoisontpasséet jem'étais faiteà l'idéedeneplus jamais le revoir. Jenem'étais surtoutpasattendueàressentirànouveauquelquechose.
Jedétestecroirequejel'aimeencore.Cethomme,jeneleconnaispas.Ilfaitpartiedemonpassé,delapartielaplustristedemavie.Cellequejeveuxoublier.Jeneveuxplusjamaisretomberdanssesbras.Jeneveuxplusjamaislevoir,nimêmepenseràlui.Jeneparspasàl'autreboutdumondepourrien..."
Cettehistoirerisquedevousbouleverser...
Chapitre1:LerappelElena:Maisquiestu?****1anplustôt****Jeregardelediamantquejeporteaudoigt.Déjàunesemainequejemesuismariée.Jefinisde
préparer mes derniers cartons. Je quitte mon appartement et ça me fait quelque chose. Les mursrenfermenttellementdesouvenirs.Maisnotremaisonestenfinprêteànousaccueillir.
Ericdoitdéjàm'yattendre.Quelqu'unsonneàlaporte.Quandjel'ouvre,masurpriseestdetaille.C'estAliyah.Elleestseule.
Ellemeregarde,levisageravagéparlechagrin.Elleparlefaiblement.-Tutesouviensquandtuesvenuemevoiràl'hôpital,cettenuitlà.Quandtum'asdonnécetteboite
bleueetrose.Tum'aspromisquesijelaluimontrais,ilt'oublierait...Tuétaispourtantsûredetoi.J'aihésitélongtempsetfinalement,ill'atrouvédansnosaffaires...
Jemereculeinstinctivement.-Tuaseutord,Elena...Ilnet'oublierajamais.Non,non!Putainnon!-Elena,ilfautqu'onparle...-Non,nedisplusrien.Dis-jeavechorreur.Elleme parle en anglais. Je ne veux pas la comprendre. Je placemes deuxmains contremes
oreilles. Je scrute son visage. Ses yeux sont noirs comme lui. Sa bouche est pulpeuse et ses traitsdélicats.Sescheveuxsontlongsetformentdesbouclesparfaites.Qu'estcequin'estpasparfaitchezelledetoutefaçon.Elleestd'unebeautéincroyableetcelamerappelledenombreuxcauchemars.Mespensées dérivent et je les imagine tous les deux, en train de faire l'amour. Leurs peaux mattesentremêlés.Unfrissondedégoûtmetraverse.Jeserrelesdents.
Jemereprendsetbalayeaussitôtcesimagesquimebouleversentencore.Lepiredanstoutcela,c'estquejen'aijamaispumerésoudreàladétester.Jen'aijamaisressenti
dehaineenverselle.Peut-êtreparcequ'elleestcommemoi.Nousavonsfaitl'erreurd'aimerlemêmehomme.
Jemeretourneetm'appuiecontreundesmeublesquirestedanslapièce.Ilfautquejereprennemesesprits.Ilfautquejeretrouvetoutel'indifférenceetlafroideurdontjesuiscapable.Cellesquimeserventàmeprotégerdelui.
Jemerappelledouloureusementdelanuitoùj'aiperdunotreenfant.Jemesuislevéepéniblementdemonlitd'hôpital.J'avaisencoredescontractionsetl'hémorragien'enfinissaitplus.
Quelle ironie, sachambre se trouvait justeà l'étageendessousdumien. Jevoulais levoirunedernièrefois.Luimontrerl'échographiedenotreenfantquejevenaisdeperdreparsafaute.
Levoirperdrepied,levoirsouffriretenéprouverunecertainesatisfactiondanscechaos.Aussi,j'avaisbesoindesavoirsicettepertepouvaitluiêtreaussiinsupportablequ'àmoi.Enfinet
c'étaitpresqueviscéral,j'avaislanécessitéderemplacerladernièreimagequej'avaiseudelui,cellemeregardantsouffrir.Remplacerlapitiéquej'avaisludanssesyeux,laveille,pardeladouleur.Lasienne.
Je suis entrée dans sa chambre vêtue uniquement de ma blouse blanche, seuls les appareilséclairaientlapièce.Ilétaitpratiquement6heuresdumatin.Lesoleilallaitbientôtselever.J'aiavancélentement et j'ai vu son visage.Mon cœur s'est serré tellement fort que j'ai dû presque fermer lesyeux.Ildormaitd'unsommeilprofond,latêtesurlecôtéetjen'aipaspuleréveiller.
Malgrélafatiguequitiraitsestraits,sonprofilétaitd'unbeautésanségal.Pourquoiétait-ilsibeau?Pourquoitenait-il,danssesmains,mesfaiblesses.J'aiavancémesdoigtsverssajoue,entremblant,sanspouvoirletoucher.Jesuisrestéequelquesminutes,nepouvantplusbouger.
Mesyeuxs'emplissaientdelarmes,mabouches'agitaitdefaçonincontrôlable.Malgrétoutemabonnevolontéettoutelapeinequejeressentaisàcausedelui,j'étaisencoreincapabledeluifairedumal.
Jeleregrettetellementmaintenant.Cemomentdefaiblessem'acoûtécher.Noscomptesauraientétéréglés.J'auraispumettrefinànotrevendetta.
Jen'arrivaispasàquitterlachambreetjemesuisassiseàcôtédelui.J'aifermélesyeux.Essayantderetrouverlasensationdequiétudequim'aquittéeaumomentoùj'aisulavérité.Je suis restée là à écouter sa respiration quim'apaisait autrefois.Mais la paix n'était plus et le
débutdelaguerres'annonçait.Matristesses'esttransforméeencolère.Jeluienvoulaisterriblementdemelaisserseule.Jelehaïssaispourcela.Carvivresansluinem'ajamaissembléenvisageable.Etpourtantaujourd'hui,jedevaisfaireavec.
EtquandAliyahestentréedanssachambre,j'aieucetteidéecruelle.Luifairecroirequej'avaisavorté.J'airegardélaboiteroseetbleuequejetenaisdansmamainetlaplaçaitdoucementdanslasienne.Jen'aipascomprispourquoiellenem'apasgiflé.Jemetrouvaisauchevetdesonmari.Ellem'aseulementfixéavecanxiétépuisaregardélaboiteperplexe.
-Donne-luiceci,jeteprometsqu'ilm'oubliera.Jevoulaisleblessercommeilm'a,sifacilement,brisé.Luiinfligerunremordplusfortquecelui
demeperdre.Jesouhaitaiscettedernièreconfrontation.Jevoulaisqu'ilcroit,comme ilapumefairecroire,
quenousavionsconstruitquelquechoseensemble,avantdel'anéantirenluiavouantfroidementquejenousavais,commelui,sciemmentdétruit.
Quelquesmoisplustard,ilétaitpasséàmonappartement.Ilavaitl'airbouleversémaisj'aitenubonetj'aitrouvélaforcedeluimentir.JesuispartieàTokyo,sansmêmemeretourner.
J'avaismal,encoretellementmal.Même6moisaprès,jeneluiavaispaspardonné.-Elena,ilfautquetum'écoutes.Aliyahme fait revenir àmoi.Savoix est douce. Jeme retourne et à cemoment-là, je nepeux
m'empêcherderessentirunejalousieabsurde,irrationnelleetinutile.Elleaportésonenfantalorsquej'avaisseulementtouchédudoigtcerêve.Unrêveabsolu.Unsentimentd'amertumemetraverse.
Jecaressemabagueavecmonpouce.C'estdevenuunréflexe.Depuislejouroùj'aiditoui,j'aiarrêtédepenseràlui.C'estpasséd'uncoup.Commeunmiracle.Lesoir,jem'étaiscouchéeprèsdemonmari,nousavonsenlacénosdoigtsetj'airegardénosalliancespresqueidentiques.Jemesuissentieapaisée.Commesiletroubéantdansmapoitrines'étaitdéfinitivementfermé.Jen'avaisplusderegret.Ellen'apasledroitderouvrirlablessure.
Etilestclairqu'elleaquelquechosed'importantàmedireàsonsujetmaisjeneveuxplusqu'onprononcesonprénomdevantmoi.Jen'aiplusdeforcepourcela.
-Arrêtes'ilteplait.Aliyahmeregardetoujours,jesensquecequ'elles'apprêteàmedirenevaspasdutoutmeplaire.
J'essaiedel'arrêterenfaisantungestedelamainmaisc'esttroptard,elleledit:-Elena,ons'estséparé.Cetteinformationnerentrepastoutdesuitedansmoncerveaumaisvadroitaucœur.Jeressens
uncoupviolentcommesiunpoignardmetransperçaitlapoitrine.Celanesepeutpas.Putain!Queveut-ellequejeluidise,bordel!Queçameva?Oumêmemerci?C'estsafemme!
Lamèredesonenfant.Marespirations'accélère.Commentpeut-ellemebalanceruntrucpareil!Elleapartagésaviependantplusde4ans.Unefemmetrompéequiserendchezunedesmaîtressesdesonmaripourluidirequ'ilssesontséparés!C'estabsurde!Jesuiscrispéeetellemeregardeattendantquejeluidonnel'autorisationdecontinuer.Maisjenepeuxpas.Ilfautqu'ellesortedechezmoi.Jemefermeetl'ignore.
-Monmarim'attend.Jeprendsundespetitscartonsquisetrouveparterre.Celuiquej'aieutantdemalàmeséparer
duranttoutescesannées.Lessouvenirsdenotreliaison.Nosphotos.Nosplacesdeconcert.Nosnotesderestaurantderrièrelesquellesnousmarquions,enfinderepas,noscritiquesparfoiscomplètementridicules. C'était le moment que j'adorais, nous rions parfois pendant longtemps en écrivant noscommentairessansqueuenitête,laissantjusteplaceànotreimaginationdébordante.Ilyaaussisonmaillot de basketball que je portais souvent pour dormir et qui m'arrivait jusqu'aux genoux. Lesvidéos de nous, au lit, dans lesquelles nous chantions des chansons en déformant les paroles ouencore celles que je filmais à son insu, lui en train de dormir, en train de passer la serpillièrecomplètement ridicule dansmonminuscule tablier ou lui, essayant de faire la vaisselle avecmesgantsroses.Jen'aijamaispurevoircesimages.Jesouffleunboncoup.Jemesuissouventimaginéebrûler ce carton au fonddemon jardin.Maintenant, j'ai besoinque tous cesmomentsne se soientjamaispassés.
Jelaisseleresteauxdéménageursquipasserontplustard.Ilfautquejeparted'ici.C'esthorsdequestionquejemelaisseentraînerlà-dedans.Jelapoussedehors.Jeveuxqu'ellearrête.
Jeveuxqu'ellesetaise.Jeneveuxplusentendreparlerdelui.Ellemeregarded'unairdésespéré.Jen'enpeuxplusdelavoirdevantmoi.Quandjelaregarde,ellemerappelleàquelpointnousétionsdifférents,luietmoi.Toutcequejen'étaispasetneserajamais.
Surmonpalier,ellepoursuitquandmême:- J'auraisdû lecomprendreplus tôt. J'aiétéégoïste.Mais jeveuxme rattraper.Pour lui, car je
l'aime.Aujourd'hui,tuneveuxpasm'entendremaisunjour,turegarderasdevanttoi.Turegarderastonmari,toustesbiens,tesbijoux,tontravail,toutetavieetçanetesuffiraplus.
Tunetrouveraspluslesommeil.Tuserasmalheureuse.Profondément.Etquandplusrienn'auradesens,tuvoudrasmevoir.Cejour-là,tum'écouterasettucomprendras.Penses-y,s'ilteplait.
Elle écrit sur unpetit bout depapier trouvédans son sac etme le tend. J'hésite un instant.Elleinsiste.Jelerécupèreàcontrecœur.
Jelelis,ils'agitd'uneadressedansle6èmearrondissementdeParis.-Quandtuserasprête,viensmevoir.Ellemetourneledosetpartenfin,laissantderrièreelle,sonodeurdejasminflotterdansl'air.Jefixeunmomentl'adressenesachantpasquoienfaire.Jechercheunepoubelleautourdemoi.
N'entrouvantpas,jeglisselepapierdansunedespochesarrièredemonjeansetfermelaportedemonappartementunedernièrefois.
Chapitre2:AnesthésiéeJe jette le cartondans lecoffredemavoiture.Une fois auvolant, j'allume la radioet laisse la
musique envahir l'habitacle. Je file à toute allure pour rejoindre Eric. Je n'ai plusma vieilleminiCooperverte.J'airachetélenouveaumodèlesportdelamêmecouleur.ElleaassezdechevauxpourdoublerunePoloquineroulepasassezvite.
Jen'aipasledroitetjenevoispasvraimentcequ'ilsetrouvedevantmoi.Maisjem'enfous,ellemerendfolle.
J'accélère et je dépasse la ligne blanche. Jem'accroche au volant.Un énorme camion débouledevantmoi.J'accélèreplusencore.L'adrénalinequecelameprocureestgrisante.Unemerveilleusefrénésieremplietotalementmoncorps.Quandlapolosetrouvedansmonrétroviseur,jemerabatsauderniermoment.J'entendsleklaxonducamionretentirquandjepasseàcôtédelui.Jesensmoncœurbattredansmapoitrine,c'estsibon,jesouris.
Lecielsembles'obscurcir.Degrosnuagescouvrentmaintenantlebeaucielbleudetoutàl'heure.Depuisquelquestemps,jepréfèrecetemps-là.
Jeralentisetouvreleportailautomatiquedu"nouveau"chezmoi.Jeroulesurlegravierblancdelalonguealléequimeconduitderrièrelamaison.
Jetraverselegrandsalonetouvrelaportedesonbureau.Ericestentraindemesurerunplansursaplancheàdessin,enfacedelabaievitrée.
Ils'estappropriécetteespaceàcôtédelapièceàvivre.Unendroitrienqu'àlui.Desdocumentssontenroulésunpeupartoutdanslapièce.Desmaquettesdécorentlesmeubles.
C'estsonuniversetsibienquequandj'yrentre,jemesens,quelquefois,detrop.-Çavamachérie,ças'estbienpassé?Jenerépondspasenavançantverslui.Ilnelèvepaslesyeuxenmedisantcela.Jefaisglisserma
jambenueau-dessusdesescuisses.Jemeretrouveassisefaceàlui.Jeluiprendsleverredewhiskyqu'iltientdanssamaingaucheetjelevided'untrait.L'alcoolmebrûlelagorge.
-ÇavaElena?Ilrelèveunsourcilau-dessusdeseslunettes.Jeposeleverresurlatableetensignederéponse,jel'embrasseenentourantsonvisagedemes
mains. Je prends sa lèvre fine et l'aspire. Il répond à mon baiser aussitôt. Je l'entends lâcher soncrayon.Ilmecaresselesbraspuisdescendsurmeshanchesenrelevantunpeuplusmajupe.
Sarespirations'accélèrequandje luiretiresachemiseboutonaprèsbouton.Je lafaitglisser lelongdesesépaules.Soncorpsestplusblancencoreàcetteépoquedel'année.
Jedescendsmeslèvressursontorse.Jelemords.J'aibesoindefairel'amouraveclui.Toutdesuite,c'esturgent.Jedéfaissaceinturerapidementetouvrelehautdesonpantalon.
Sonmembreesttenduversmoi.Jemesoulèveetils'enfonceenmoi.Ilgémit.-Elena...Ilmeprendsouslescuisses,meportedanssesbrasetmecouchesurleparquetenbois.Quandilrevientenmoi,jegriffesondos.Ilm'écarteunecuisseavecsajambe.Ilfoncesurmoi
encoreetencore.Ilhalètepuisilexplosecomplètement.Jen'aipascherchédeplaisir.Jenevoulaispasatteindrel'orgasme.Jevoulaisluiappartenir,juste
lesentirenmoi.Quandilrevientàlui,satêtereposesurmapoitrine.-Elena?-Oui,disjedansunsouffle.-Tumerendsheureux,tulesais?Jehochelatête.Onrestequelquessecondescommecela,puisilm'embrasserapidementsurlabouche.Ilselèveet
réajuste son pantalon resté sur ses chevilles pendant l'acte. Jem'assoie en tailleur en le regardantfaire.
-Jedoispartir.Jenerentrepastard.J'aiunplanadéposéàl'agenceetjedoisfinirdeprépareruneréuniondemainmatin.Jet'aime.
Quandson4x4quittelacour,l'orages'annonce.Lecielestmenaçant.Ilfautquejefassevite.Jerécupèrelecartondansmavoitureetleplacesousmonbras.Jemesaisisdelapelledanslegarageetmedirigeaufonddujardin.Jecreuseuntroupastrèsprofond.Ilfautqu'ilsoitdelabonnedimension.Chaquecoupdepelle
merapprochedelalibertéqu'ilaencoreessayédemeprendre.Unfoisletrouassezgrand,jejettelecartondedans.
Lapremièreallumettequejeprendss'allumeets'éteint,immédiatement,aveclevent.Laflammedelaseconden'atteintpaslaboîte.Latroisièmesecasse.Jecommenceàperdremoncalme.Lecielestdeplusenplusnoirau-dessusdemoi.Laquatrièmen'arrivequ'àfaireunfaiblebruitsansétincelle.Etlacinquièmes'éteintparunegouttedepluie.Cequimefaitentrerdansunecomplètehystérie
faisanttremblertoutmoncorps.Lesgouttestombent,uneàune,puisplusrégulièresetsoudainement,ilpleutàtorrentsurmoi.J'essaie de rallumer encore et encore mais la boîte d'allumettes se remplit d'eau. Le frottoir
marron est humide. Je continue le même geste, frénétiquement. Comme si, je ne me rendais pascompte,quec'estpeineperdue.
Letonnerreéclateau-dessusdemoi.Mon âme sort demon corps etme regarde perdre la tête.Mes cheveux restent collés surmon
visage.J'essaiedelesenleverrageusement.Le souffre rouge de chaque allumette se désintègre mollement à chacun des frottements. Je
deviensdingue.Jeregardecetteboitecommesiellesefoutaitdemoi.-Putain!Espècedesalope,tuneveuxpascramer!Jecriecommeunesouffrante!Hurlantàlamort!Jememetslepoingsdanslabouche.Jeneme
contrôleplus!Soudain,j'arrache,rageusement,lescotchquiscellelecartonetcommenceàdéchirerlesphotoslesunesaprèslesautres,puisparpaquet.Mabouchesedéforme,mesyeuxmebrûlent.Mavoixestcassée.
- Espèce d'enfoiré putain ! Salaud ! Pourquoi tu m'as fait ça, hein !? Pourquoi tu me fais çamaintenant!!
Je ne sais pas si c'est la pluie ou mes larmes qui me brouillent la vue. Je n'arrive pas à mecontrôler.Mesjambesmelâchentetjetombeenarrière.
Lecartonestdevantmoi,immobile,lespapierstoutautour,certainss'envolentaveclevent.Assiselesmainsdanslaboue,jedonnedescoupsdepiedsdanslecartoncommesij'avaisperdu
laraison.Commesijevoulaispiétinertoutemavie.Aboutde souffle, levisagepleinsdeboue. Je reste encoredesminutes, assise sous lapluie, à
regardercetteboitetoujoursintactedevantmoi.
Chapitre3:CompromisJesuisréveilléeparladouceurdelamaind'Ericsurmonvisage.-Machérie,qu'est-cequetufaissurlecanapé,pleinedeboue?J'ailabouchepâteused'avoirtroppleuré.Jenemesuismêmepasrenduecomptequejem'étais
affalée sur le canapé. Je regarde l'horloge à pendule quemagrand-mère nous a offert pour notremariage.Ilestpresque2hdumatin.
-Jesuisfatiguée.Luidis-je,seulement,enpassantlamainsurmonvisage.-Jevaistemettreaulitmaistunetecoucheraspasdanscetétat.Savoixestdouce.Ellemefaitdubien.Ilmesoulèvedanssesbrasetmeportejusqu'àlasallede
bainàcôtédenotrechambre.Ilfaitcoulerl'eaupendantquejemedéshabilleaveclenteur.J'entresousladouche,lesjetssontbrûlantsetilmerejoint.Ilprenduneépongeetm'aideàme
laverlevisage.-Maisqu'est-cequetuasbienpufairepourteretrouverdanscetétat?-Jesuistombéedanslejardin.Dis-jesansconvictiondanslavoix.Cetteréponsesembleluisuffire.Ildescendl'épongesurmoncorps.Jeleregardefaire.Ilal'airfatiguéluiaussi.Leblancdeses
yeuxestinjectédesang.Jeluidisspontanément.-Jet'aime,Eric.Ilme regarde en souriant etm'embrasse.C'est foumais j'aime cet homme. Je l'aime car il est
différent. Je l'aime pour tout ce qu'il représente, pour tout ce qu'il m'apporte. Son calme, sonintelligence,sacompassion.Ilseratoujourslàpourmoietilmerassure.Ilnem'ajamaismenti.
Maconfianceen lui est sans limite.Mavie estmoins complexeetplusdouce. Jepleuremoinssouvent.
Etcesoir,plusquejamais,j'aibesoinqu'ilpanselesplaieslesplusprofondes,mescicatrices.-Jet'aimetellementetpourtoujours.Merépondt-ild'unevoixplusapaiséequelestraitsdeson
visagen'yparaissent.Ilal'airpréoccupé.Ilfrottedoucementmapeau,descendlelongdemonventreets'arrêteau-dessusdutatouagesur
mahanche.-Machérie.Tunecroispasquetupourraisl'enlever?Un soubresaut involontaireme surprend. Je baisse les yeux. Ce tatouage fait partie demoi. Je
secouelégèrementlatête.-Jeneveuxpasquetuleprennesmal,ok.Çamegêneunpeudetedirecelamaisàchaquefois
quejelevois,çamefaitdumal.Etmaintenant,tuesmafemmeetcettemarque,commentdire...,ellen'arienàvoiravectoietmoi.
Sonregardenditlongsurlapeinequ'iléprouve.Mais,cetatouage,aussiridiculequecelapuisseparaître,j'ytiens.Mêmesijel'aifaitpourquelqu'und'autre.
Ericmeprendlevisagedanssesmainsetcherchemonregard.-Elena,noussommesdeuxmaintenant.Tousnoschoix,nosdécisions,onlesfaitensemble.Tu
comptesplusquetout.Jeresteraiavectoitoutemavie.Jamais,jenerompraimesvœux.Jeveuxêtrelepèredetesenfants.Tucomprends?Etjeveuxtepartageravecpersonne...
Ilprendmamainetembrassemonpoignet.Ilcontinueenmefixantintensément.-...Ettumepartagerasavecpersonne.Jesaispourquoiilprononcecesmots.Ilsm'atteignentet il lesait.Jebaissemonregardsurles
lettresnoirestatouéesàl'encreindélébile."I'llNeverForgetYou"Jelesavaispresqueoubliées.
Ilsmereplongentdansmonpassé.Jemesouviens,latoutedernièrefoisquejel'aivuetça,jenepourraispasl'oublier.
Jemerappelledetout.C'étaitaucoursdesfiançaillesdeKatyetLuc.Notredernièreentrevue.Sonregard,l'expressiondesacolère,sesenvies,sesdouleurs,toutesémotionsmêlés.Carilest
commeça.Ilpeutêtretoutàlafois.Etsentir,ànouveau,sapeausousmesdoigts,m'acomplètementsubjuguée.Maisc'étaitcommegoûteraufruitdéfendu.Unfruitaugoûtamère.
Ensuite,Eric pleurait surmes genoux et je ne trouvais rien à dire.Mes pensées fusaient à unevitesse folle. Jen'arrivaispasà lesarrêter,nimêmeà lescontrôler. Ilm'avaitdéçuet levisagedeFaress'imposaitencoreetencore.
Etj'aieuunflashviolent.J'échafaudaisunprojetfouetinjustifié.JemevoyaisdireàEricquejelequittaismêmeaprèsavoirditouiàsademandeenmariage.JemevoyaisrejoindreFaresetvivreaveclui,enversetcontretout.Luidirequejemefoutaisdesautres.Quejemefoutaisqu'ilsoitmarié.Putain,j'étaisàdeuxdoigtsdelefaire.Retrouverlasoliditédesesbras.Labeautédeseslèvres.Jemelaissaisallercomplètementcontresoncorps.Jem'entendaisluidirequejel'aimaiscommeunefolle,depuistoujoursetmalgrétout.Ilm'auraitfaitl'amourcommejel'aisisouventrêvé.Oui,jesaisqu'ill'auraitfait.
Etaprès...Après, ilquitteraitmonappartementchaquesoir.Me laissant seule, rejoignant sa femmeet son
filsetcettedernièreimagem'aparuinsurmontable,inéluctable.Je me voyais être ce genre de maîtresse misérable. Qui attendrait plus d'attentions que n'en
méritaitsonstatut.Jemevoyaisportercettehontequinerépondaitaucunementàmonéducation.Niàmesconvictions.Jemesuisvue,perdue,sansfoietenfaitterriblementseule.
Oui,esseuléeparlui.Vivresonabsenceetvoirsonamourmeboufferetmetueràpetitfeu.Etreprisonnièrecarsijem'autorisaisàl'aimerdenouveau,jamaisjenepourraislequitter.Ettout
cela,jenepouvaislesupportersansdéfaillir,sansdépérir.Non,jenevoulaispasdecettevie-là.Etrecettefemme-là.Etrelamaîtressed'unhomme.
Acemoment-là,Eric s'était redressé, sanspour autantme regarder dans les yeux et ilm'adit,complètementdésemparé,éprouvéparl'angoisse.
-Elena,j'aitellementpeurdeteperdre,jet'aimetellement.Jetejure.Çamebouffe.Jesuisdésolé.Excuse-moi,j'aiagicommeuncon.Maisputain,j'ail'impressionquetul'aimesencore.
Quandjelevois,jen'arrivepasàmecontrôler.J'ai arrêtéde réfléchir. J'ai relevé sonvisage et je l'ai embrassé. Jepouvaisbien lui pardonner
cela. Iln'ypouvait riencareffectivement, j'aimaisencoreFares.Mais je tenaisaussià lui.Et jenesupporteraispasdeleperdre.Jenesupportaispasdelevoirsouffrir.
Aprèscette terriblenuit,noussommespartisenvoyage,nousavonsmarchémaindans lamaindansParis,construitnotremaison.ChosesquejenepouvaisfaireavecFaresdetoutefaçon.
Maviedevenaitdeplusenplusfacile.Jouraprèsjour.Unelibertéméconnuejusqu'alors.Jen'aipluséprouvélasensationdedangerdanslesbrasd'Eric,lapeurdenepasêtreassezaiméetl'attentefrustrantequandilétaitloindemoi.
LesouvenirdeFaresternissait.JemesuismariéeetFaresrestaitlemaridequelqu'und'autre.Ilenétaitainsi.Fares...Fares...Célibataireaujourd'hui.Marespirations'accélèreetmestourmentsmereprennent.Putain!Aquoibonmetorturer.Jesuismariéeetjesuisloind'avoirlesmêmesprincipesquelui.Jeneveuxpasluiressembler.Jeneveuxpasreproduirelesmêmeserreurs.Jenecroisplusenlui.Maconfianceestenlambeaux.Jamais,ilnepourrarecollerlesmorceaux.
Il m'a menti tant de jours, tant de nuits. Même quand il me regardait dans les yeux avant qu'on
s'endormel'uncontrel'autre.Iln'apasquittésafemmepourmoi.Ilnesaitjamaisbattupournous.S'ilm'aimait,ill'auraitfaitdepuislongtemps.Maisilnem'aimepas.
"Jet'aime"...Jeluiavaisditsouvent.Pourtantlesmotsm'importentpeumaisvenantdelui,ilsm'étaientparusnécessaires.Commes'ils
étaient essentiels pour nous permettre d'exister vraiment et légitimer toute cette souffrance. J'aiattenduetsonsilencefutéloquent.
Mêmesesactesn'ontplusdevaleuràmesyeux.Ilssonnentfaux.Ilsnesontquesimulation.Finalement,toutcebonheurn'étaitqu'artifice.Non,jenelaisseraiplusFaresnousfairedumal.Plusjamais.Jerelèvelatêteetc'estsûredemoi
quejeréponds:-D'accord,jel'effacerai.Detoutefaçon,lapetitecicatriceaucoindemalèvreresteraetmerappellera,chaquejouretbien
assez,toutlemalqu'ilm'afait.Une fois dans mon lit, la main de mon mari sur ma hanche. Je ferme les yeux et plonge
rapidementdanslesommeil.Lelendemainmatin,Eric,passeàcôtédemoiavecsoncaféetm'embrassesurlajoue.-A ce soir,mon amour.N'oublie pas de poster tes invitations pour notre crémaillère, lemois
prochain.Jet'aime.Ilquitterapidementlamaison.Ilaunénormeprojet,lamairiedeParisluiademandéderevoir
entièrementl'architectured'unbâtimentsurlesquaisdelaSeine.Ilypassedesnuitsentières.Ilparttrèstôtlematinetrentretardlesoir.J'ai encore du temps devantmoi et je sors sur la terrasse, il ne pleut plus.Le ciel semble être
moinscapricieux.Ilfaitencoredouxpourunmoisd'octobre.Jem'arrêtedevantlapiscine,monthéàlamain.J'aidemandéàEricqu'il larajouteauplanaprèsdelonguesnégociations.Ilnevoyaitpasl'intérêtd'encreuserunepour3moisdechaleur.Maisj'aimel'eau,onpeutlacouvriretlachaufferlerestedel'année.
Jeme retourne et admire lamerveilleuse villa en bois qu'Eric a imaginé pour nous.Avec sesnombreuses fenêtresetbaiescoulissantes,elledonne l'impressiondevivreconstammentprèsde lanature.L'intérieurestconfortableetépuré.Leparquetciréetlesgrandstapisblancsdonnentunaspectchaleureux. Certainsmeubles ont été faits surmesure. Les peintures d'artiste Français, en devenir,décorentparfaitementlesmurs.Lesmatériauxsonthautdegamme.Lamaisonestbienpensée.Ericconnaitdubeaumonde.Voilàtouslesavantagesdevivreavecunarchitectederenom.
Chapitre4:AtworkQuandj'arriveàl'agence.Mesdeuxassistantesmesautentlittéralementdessus.IsabelleetLucie
sontenpaniquetotal.Ellesmesuivent,avecdespapierspleinslesbras,jusqu'àmonbureau.Jesuispartieenvoyagede
noce5joursetj'ail'impressionqu'ils'estpasséunecatastrophependantmacourteabsence.-Ilfautqu'onteprévienne,Marjorieestdansuneragefolle!!Elletecherchepartoutdepuis8h!
Ellenousacarrémentallumécematin!DepuismonarrivéechezHermèsParis, j'aiapprisà travailleravec IsabelleetLucie,elles sont
d'uneloyautésansfailleetmalgrélefaitquejesoisleursupérieurehiérarchique,jelestraitepresqued'égalàégal.J'instaureunclimatdeconfianceetd'échange.Jeprônelaprised'initiative.Enfait,jelesadoretoutsimplement.
Ellesont,touteslesdeux,lavingtaine.Lucieestblonde,sapeauestmateetsesyeuxsontd'unbleuéclatant qui brillent à n'importe quelle heure de la journée, ce qui est intéressant, chez elle, c'estqu'elle a une idée à la seconde. Tandis qu'Isabelle a de magnifiques cheveux roux, très longs etbouclés.Elleestgrande,et jedoisdirequ'elleestbrillante. Jepeux toujourscompter surelle,ellegèreengénérallesdossiersdélicats.Lesdeuxfontuncocktailexplosif.
Ellesn'ontpaslalanguedansleurpoche.Jesuisaucourantdetouslespotinsdelaboite.Cequim'exaspèrequelquesfois.
Letempsquejem'installedanslesiègeencuir,Luciefait tomberdesphotosdepublicitéd'unemarqueconcurrentesurtoutmonbureau.Elleestcomplètementpaniquée.
-Onyvacalmement,ok,Lucie?Luidis-jeavecpatience.-Elena,s'ilteplait!Tuasvulanouvellepubqu'àsortieBOSSpourleparfum"Thescent"!Non
mais,OOOHMYYGOOOOD !!Théo est à tomber !!Oh là là, je l'aime !Déclare t-elle les deuxmainssursoncœur.
-Oui, jel'aivu.Répondis-jecalmementenessayantderetrouvermonagendasouscettepiledepapier.
-Onestdanslamerde.LâcheIsabellelaminedéfaite.Luciepousseunlongsoupiretj'ail'impressionquesespupillessetransformentencœur.-Jecroisqu'ilvafalloirsereprendrelesfilles.Laportedemonbureaus'ouvreàlavolée.C'estMarjoriequientrecommeunefuriesansmême
frapper.Elledépassevraimentlesbornes!C'estladirectricecommerciale,elleapresque40ans,çafait déjà 6 ans qu'elle travaille ici et j'ai l'impression qu'elle a constamment besoin de faire sespreuves.Etjevoisàsonairquelesventesn'onttoujourspasdécollé.
Lapublicitépourleparfum«Voyaged'Hermès»afaitunbidecomplet.Maisputain,quelleidéedemettreenavantdesanimauxdansunepubdeparfumpourhomme,c'estcomplètementdémodé.Quand jevois l'annonce,çamedonneenviedepleurer. Jenevoyagepas,n'imagine rien, lenéant,aucuneémotion!Quandonpense"cheval",onnepensepasvraimentàl'odeurmusquéeetirrésistibled'unhomme!C'estloind'êtresexyouexcitant,bordel!C'estcomplètementfade.Lelogod'Hermèsest un équipage attelé, on fait dans la sellerie de luxe et des articles pour chevauxdepuis toujoursmaisnousnefaisonspasqueça!
Pour cette campagne, Hermès avait déjà engagé une agence de publicité et avait même payéd'avance. Et la précédente directrice marketing et de communication était une femme âgée de 45ballaiscomplètementdépasséequiavaitlesensdesvaleurs,trèsconservatriceetaimélestraditions.Maisputain,lestraditionsnefontpasvendre!Preuveenest.Elles'estroyalementplantée.D'ailleurs,j'aiétéchoisipourlaremplaceretlimiterlesdégâtspourlesfutursbusiness.
-Putain,Elena!Maisonvadroitàlacatastrophe,lePDGm'ademandédescomptescematinà
7h!Putain,jeluidisquoi,moi!-Qu'est-cequecelapeutmefaire,c'esttonproblème!Ilmesemblequetuavais,toiaussi,donné
tonavalpourcettecampagnepourrie!-C'estvraiqu'unpigeonquivoleau-dessusd'unchevalcen'estpasvraimenttop...JeregardeLuciequis'aperçoit,pétrifiée,qu'elleaparléàhautevoix.J'aienvied'exploserderire
maisjemeretiensenessayantdefermermabouche,cequifaitgonflermesdeuxjoues.Unegrimacequin'échappepasàMarjorie.-CEN'ETAITPASUNPIGEONALAFINMAISUNECOLOMBE!!!Hurle-t-elleauborddela
crisedenerf.Luciesursaute,traumatisée.-Onabesoind'unautrespotpublicitaire,maintenant!ExigeMarjoriehorsd'elle.-Onnepeutpaslefairetoutdesuite.Cequiestfaitetfait.Ilfautlaisserlapoussièreretomber.
Sinon lemonde entier comprendraqu'on s'est planté ! Ils penseront qu'on réagit à la pubdenotreconcurrent.Çanousretiretoutecrédibilité.Ilfautattendreunpeu,peut-être,cetété.Dis-jecalmement.
J'ail'impressionquesesyeuxsortentdeleursorbitesmaisçanemarchepasavecmoi.Jesuisloind'êtresasubordonnée.Jepoursuis:
- En plus, cette "erreur" va nous coûter cher et nous prendre un temps considérable. Il fautchercherunenouvelleagencedepub,letempsdesignerunnouveaucontrat,validerlapropo...
Marjoriemecoupelaparole.-Lebossm'aditqu'ondevaitsedémerder.Qu'ilnepayeraitpasd'agence.Jetombepratiquementdemachaise.Non,maisc'estuneblague!-Attends,quoi?!Monagendametombedesmains.- Il m'a dit qu'on pouvait largement compter sur ton savoir-faire, ton intelligence blablabla
blablabla...Dit-elled'untondétachécommesiçaluiarrachaitlagorged'énumérermescompétences.-Nemedispasquetoutecettemerdevameretomberdessus!Jen'aipasqueçaàfaireOK!Je
doisfinaliser,avecmonéquipe,leplandeventepourlesac«Birkin».Jesuisdessusdepuismonarrivéeetjen'aipasledroitàl'erreur.Ildoitêtrecommercialisédans2
mois.Le travail a été considérable. J'ai subiune énormepression, tout en sachant, que ce sacpeutcoûteràlaventeentre30000et350000€.
-IlveutclairementunepubquicontrecelledeBOSS.DéclareMarjoriedépitée.-Attendstucroisquoi,queças'organisecommecela.Ilmefautuneéquipedetournage,ilfaut
trouverunvisage,unestar!EtsionveutcontrerBOSS.Ilfautqu'ilssoientunevedetteinternationale.Deplus,ilfautqu'ilsoitFrançais!Sinon,çanecorrespondpasànotreimageduluxeàla«Française».Ilfautquelapubcolleaunomduparfum.Voyage!Putain,ilvafalloirprévoirdesdéplacements,privatiserdeslieux,...
-Voilà,c'estbien,continue....Elleditcelaenfaisanttournerlecrayonqu'elletientduboutdesesdoigtsaprèschacunedemes
phrases.Commesicelam'aidaitàm'inspirer.Jevaislatuer!-Dégage!Jeluimontrelaportedudoigt.Dégageoujetetue!-Attends, jepeux t'aiderpour lapersonnalité. JevoisbienunacteurcommeJeanDujardinpar
exemple.Jeconnaissonex.Peut-êtrequ'ilyamoyen...-Tuveux contrerBOSS avec lui ?!Attends, tu n'es pas sérieuse !Tu as vu la gueule deThéo
Jamesouquoi?!Non,ilnousfautunsportifparexemple.Ilfautévidemmentqu'ilsoitbeau,enfinqu'ilplaiseàlamajoritédelagenteféminine,qu'ilaitducharisme...
-Moi,j'aiuneidée.Luciearepriscontenanceetparled'unevoixpresqueinaudible.Jemetourneverselle.Uneidéeàlasecondemaisengénéralellessontbonnes.-Ont'écouteLucie.
-EtpourquoipasRedAngel?-Redqui?Jelèveunsourcilinterrogateur.-Hooooputain!Onletient!C'estluiqu'ilnousfaut!Ilestjeune,ilestbeau,ilestsauvage!!Ilest
tropHermèsquoi!!!Marjoriealefeuquiluimonteauxjoues.Elledisjoncte!Jeneleconnaismêmepascemec!-Attend,maisc'estquicelui-là!?Jeresteinterdite.J'aiditunmecconnuinternationalement!-PutainmaissorsdecheztoiElena!RegardelaTélévision,faisquelquechose!Enplus,iln'a
jamaissignédecontratavecaucuneautremarque!-Jem'occupede lecontacter!CrieIsabelle,quipour lapremièrefoisdepuis ledébutdenotre
conversation,ouvrelabouche.Je lève les sourcils. Il est vrai que je ne connais pas vraiment lemilieu sportifmais simême
Marjorieleconnaitetparaitémoustillée,cegarslà,doitfairesoneffet.-Bon,sivousledites,jevousfaisconfiance.Maisavant,nousdevonsfinir«Birkin»ok.Ons'occuperade«Voyage»cetété.Onenreparleraettulecontacterasentempsvoulu,Isabelle.
Çadépendraaussidesasaison,sesfrasquesetsesrésultatssportifs.Jeveuxundossiercompletsurlui, avant lemois d'avril, surmon bureau. Je veux aussi une solution de repli s'il s'avère qu'il necorrespondpasànosattentes.Avantonseconsacretotalementsurlasortie«Birkin».Lucie,dépêchel'équipecommunicationpourqu'ilcommenceàréfléchirsurleprojet.
-Ohputain!Onvafaireuncarton!Marjoriesertsesdeuxpoingsenl'airetquittemonbureautriomphante.
Chapitre5:Lejardind'EdenIl est bientôt midi, je suis en avance. Katy et Julia doivent bientôt m'appeler pour déjeuner
ensemble.J'enprofitepourmonteraujardinblancsurletoitdel'immeubled'Hermes.C'estmonpetitcoindeparadisoù jesuisunedesprivilégiéeàpouvoiryaccéder.C'estun lieu
fascinant tout en haut de notre bâtiment. Un jardin caché dont le chevalier artificier blanc est legardien.
J'adoreresterassisesurlapetitetablerondeaumilieudesfleursblanches.Toutescesfleursontétaient choisies pour leur couleur : les pensées, les tulipes, les narcisses et même les roses sontblanches.
C'estmonpetitbijou,monjardinsecret.Personnen'yaaccès.J'aieuunjourcettechancequ'onmelaisselesclés.C'était un jour spécial. Mon anniversaire. Je fêtais mes 23 ans. J'étais encore stagiaire chez
HermèsParis.Faresvenaitdemequitter.Lesjournéesétaientlonguesetjen'attendaisqu'uneseulechose,rentrer
chezmoi.Au travail, je faisais semblantde rienmais laconfianceenmoiétaitprochedezéro.Cejour-là, j'essayais de finir un dossier qui me prenait sérieusement la tête. Mon cerveau était enrupture,ilétaitpresque19h,lesbureauxétaientvidesetjen'arrivaispasàmeconcentrer.Jedevaislerendrelelendemainetjecommençaissérieusementàperdremoncalme.
Comprenant,aprèsplusieursminutes,queresterassiseneservaitàrien.J'aicommencéàmarcherdans les locaux d'Hermes. La boutique au rez de chaussé était fermée. Je parcourais les anciensateliersdésertsàcetteheuredelajournée.J'aiprisunedesportesaufonddelagrandepièceetjemesuiscachéedanslesescaliers.J'aimismesmainssurmonvisage,complètementvidée.Jen'yarrivaisplus.
C'estàcemoment-làquej'airencontréKatrina.Elleportaitunpotenterreetyarrivaitavecpeine.Ellefutsurprisedemevoiretquandj'airelevémonvisagepleindelarmes.Ellealaisséunpotàcotédemoietm'adit:
-Quandtuaurasfinidechialer,tumemonterasça!Je fus surprise qu'un femme de cet ageme parle de cette façon.Ce n'est pas parce qu'ellem'a
donnéunordrequejel'aisuivimaissurtoutparcuriosité.Qu'estcequ'ellefaisaiticietàcetteheure.Aprèsquelquesminutes,j'aiséchémeslarmesetl'airejoins.Mastupéfactionfuttotale.Unjardin
magnifiquesetrouvaitsurletoitdesbureauxd'Hermes.J'aicommencéàmarcheretjemesuissentietoutsimplementailleurs,libreetfascinéeparcelieusipur.UnEdenaucentredeParis.
Elleétaitentraindeplanterunedesfleursqu'elleavaitdanslesmainsunpeuplustôt.Elles'estretournéeetm'aditd'unairmaussade.
-Mapauvregamine.Tun'asencorerienvudelavie.Jesuiscertainequetupleurespourrien.Commelamoitiédesfillesdecetteville.Laissemoideviner,c'estàcauseungarçon,c'estça?Malgrésontonfroid,jen'aipaspufairesemblantetj'aijusterépondu:-Peut-êtrequejepleuretoutsimplementparcequejesuisseule.Jefussurpriseparmonpropreaveuxetellefermauninstantlesyeux.J'aicomprisqu'ellesavait
exactementdequoijeparlais.Jemesuismiseàregarderlesbalustradesenpierrequicachaientlejardinsecretsurlesquelsdes
petitschérubinssemblaientheureux.Jen'avais jamaispris lapeinede lever lesyeuxaucieldepuisquejetravaillaisici.Certaineschosesmagnifiquessontdevantnous,ilsuffitjustedereleverlatête.
Noussommes restées longtempsdansunsilencequime faisaitdubien. Je l'ai regardé jardinercalmement,apaiséeparcettenatureinattendue.
Elleest la jardinièreexclusivedecepetit jardinetdepuisce jour, ellem'a laissé ledoubledesclés. Elle ne reste jamais longtemps mais je lui tiens souvent compagnie juste pour le plaisir del'écoutermeparlerdeseshistoiresd'amour.
En fait, elle n'avait connu qu'un seul homme dans sa vie. Elle n'avait encore que 19 ans. Ils'appelait"Darko".Enfin,ellel'appellecommecela.Jedoutequ'ils'agissedesonvraiprénom.
Toutenluil'attirécommeunaimant.Ilétaitdangereux,iln'écoutaitpersonne.Elleétaitunefilledebonnefamille.Luiétaitunvoyou.
Leur histoire a commencé un soir d'été. Il l'avait agressé violemment au coin d'une rue, ladépouillantdetoutcequ'elleavaitsurelleetill'avaitlaissécomplètementchoquéesuruntrottoirdeParis.Elles'étaitmiseentêtedesevengerpourfinalementtomberfollementamoureusedelui.
Elle me raconte sa vie avec lui, une vie à la Bonnie & Clyde. Elle n'a toujours pas fini sonhistoire.Ellesembleinterminable.
Ellefumesalonguecigaretteetnepeuts'empêcherdemelatendreafinqueje"tireunetaff"commeelledit. Jene fumepasmaisçam'amuse. J'ai l'impression,en l'écoutant,d'êtrehorsdu
temps, d'être une autre personne. Je l'écoute jambes croisées, cigarette de diva à la main. Je suisconsciente,quepeut-être,toutesonhistoiren'ajamaisexistémaisellemelaracontesibienquej'ail'impressiondevivre,avecelle,uneautrevie.
Jereçoisunmessagequimetiredemespensées.Lesfillesm'attendentdéjà,à labrasseried'enface.Jerefermerapidementmoncoindeparadisetdescendsdanslarue.
Onnesevoitplusqu'unefoisparmoistouteslestrois.Avecleboulot,lavieparentaledeJuliaetKatyquiattendsonpremierenfant.Nousnousaccordonsaumoins,cetempslà,rienquepournous.
- Non mais les filles, je m'en tape le coquillage, j'en peux plus des soi-disant "joies" de lamaternité!s'exclameKaty."Lesjoies"pufffetmoncul,c'estdupoulet!Quelleestlaconnequiabienpudirecela!
-Onneditpascoquillardnormalement?M'interrogeJuliaensemasquantlabouchedesamainpourqueKatynel'entendepas.
-Si,disjelevantlesyeuxauciel,unsourireaulèvre.-Ceventremebouffe!Jesuisénorme!Nonmaisregardezmoi!Vousavezvumesjoues!Mêmeuncamionseraitplussexyquemoi.-AttendKaty,ilteresteplusque2moisàtenir.-Anonnon,jenevaispastenir.Ellevasortir,croismoi!Jefaistout,pourcela.Jefaisleménage
trois fois par jour. Je vais encore à la salle de sport. Putain, l'autre jour, une pétassem'a fait uneréflexionsurlagrossesseetl'exerciceintense.Jepeuxtedirequ'ellen'aipasprêtdelaramenercellelà!El,jetejurequejevaistoutfairepouraccoucheravanttacrémaillère.
-Lesfilles,ilfautabsolumentquevousvousdégagiezdutempspourvenir.Jevaisdépérirsansvous.
-Plaît-il?Suggérezvousquelaréceptionserad'unennuimortel?DisJuliaenfeignantl'accentaristo.
-Tun'imaginesmêmepasàquelpoint...Et effectivement, ce soir là, les gens sont guindées. Les hommes sont coincés et les femmes
prétentieusesaupossible.Etjen'enconnaispaslamoitié.Depuis2ansquejesuisavecEric,jen'aijamaisréussiàavoirlemoindreatomecrochuavecsesamis.Sionpeutappelerceladesamis...
Touslemondeseretient.Toutcelamanquedenaturel.Iln'yaaucunechaleur,aucunespontanéité.Bref,jem'ennuieàmourir.Jen'airéussiàfairevenirpersonnedemonentourage.
Le fils de Julia est tombémalade, Katy est sur le point d'accoucher etmêmeCharles a eu unempêchementdedernièreminute.Acroirequeledestinjouecontremoi.
Jeprofitedechaquemomentoùjemeretrouvemiraculeusementseulepourmeréfugierdansla
cuisine.Lesdiscussionssontpompeusesetlesriresfaux,presquecommerciales.Jesuisbienplacéepourlesavoir,j'enusesouventautravail.
Jenesaispascequ'ilm'arrive,depuisquelquestemps,jesuisnerveuse,jenesupporterien.Jereste,donc,commeunepoticheàcôtéd'Eric,dansmarobeà3000balles,qu'ilm'aachetépour
l'occasion,àécouterleurproblèmehypothétique.Putain,qu'estcequ'ilssontchiants.Ilyenapasunpourrattraperlesautres.
Jenesuispasdecemondedefrivolitéoù l'esthétiqueet leparaîtreprime.J'aidumalàgardermonsourirequandonmeparle.Jeregardelesserveurs,embauchéspourl'occasion,quiportentlesplateaux de champagne et je l'ai envie. Ils ne sont pas obligés d'écouter ce ramassie de conneries.Tous ces problèmes faussement existentiels. Ils deviennent complètement hypocrites quand ils sepréoccupent des questions sociales, ils sont même passés spécialistes dans l'art du politiquementcorrect.
L'ambiancedevientdeplusenplussurnaturelle.Peut-êtreàcausedes6coupesdechampagnesquej'aiingurgité.Jem'imagine,soudain,suruneîledéserte,lesablesousmesmains,l'eaueffleurantmespieds...
-Monamour?Je sors demes pensées. Je prends un air renfrogné comme s'ilm'avait tiré d'un doux rêve. Je
détestequandilm'appellecommeçadevantcesgens.-Heuoui?-Philippet'aposéunequestion.Alorst'enpensesquoi?-Enfaite,jem'enfous!dis-jepresquevannée.Putaindechampagne!C'estsorticommeça,spontanément.Ericmefusilleduregard,interloqué.
Jemereprendsrapidement.-Enfin,non,jen'aipasvraimentd'avissurlesujet,excusezmoi.Ericmefixemaintenantfurieux.
Jeluifaisunsourireniaisetjetournerapidementlestalons.Ilpourraexcusersafemmeendisantqu'elleesttoutsimplementstupide.Jequitterapidementlesalon.Ilfautquejetrouveunendroitcalme.J'aibesoind'air.Jesorssurla
terrasse.SiEricveutparaîtreparfait,tantmieux.Jen'aipasbesoind'êtrequelqu'und'autredevantcesgens.Jen'aibesoind'êtreunmodelpourpersonne.
L'air est tiède. La pleine lune se reflète sur l'eau de la piscine. S'ils n'étaient pas tous là, jeplongeraisanshésiter,toutehabillée.
Mais je suis, soudain, prise de remord. PauvreEric, il voulait juste faire bonne impression.Acroirequejenepeuxpasfaired'efforts.Qu'estcequimeprendd'êtreaussiintransigeante.
Qu'estcequim'arrive?J'ai tellementdemalàfairecommelui.Afairesemblantd'êtrecommeeux.
Après quelques minutes, je reprends courage et je suis, enfin prête, à rejoindre le monde audessusdusoleil.
Enfaisantdemitour,jeconstatequelaportefenêtredubureaud'Ericestlégèrementouverte.Je suis surprise. Le connaissant, il est plutôt du genre à s'assurer que cette pièce est fermée à
double tour. Je m'avance doucement. Et quand j'entre à l'intérieur, je suis, soudain, prise d'unesensationtroublantequim'estfamilière.
J'aperçois sa silhouette, reconnaissable entre toute. Une onde de chocme parcourt. Il est dansl'ombreetregardeuntableau,lesdeuxmainsdanslespoches.Ilnebougepas,telunrocinébranlable.
Je suis immédiatement bouleversée par sa présence. Fares est chez moi. Je ne parviens pas àformulerunephraseoudireunmot.Celafaitanquejenel'aipasrevu.Voirsonprofild'unebeautéincomparableaccélèrelesbattementsdemoncœurdéjàdésordonnés.Ilsaitquejesuislà.Jel'entendsprendreunecourteinspirationpendantquesonvisagesetourneimperceptiblementdansmadirection.
-Saistucequ'ilyaderrièrecetableau,Elena?Savoixgravemefaitpresqueperdrepied.Marobemecollesoudainàlapeau,j'aichaud.Qu'estcequ'ilfaitlà!Ilfautqu'ilparteimmédiatement.SiEricnousvoittouslesdeux,lasoirée
vaclairementdégénérer.-SorsdechezmoiFares.Disjeleplussèchementqu'ilm'estpossible.-Tunelesaispasalors?Tecacherait-ildeschoses?Iln'apasencoreposélesyeuxsurmoi.Ilcontinueàfixerlecadredemanièreétrange.Ilal'airencoreplusgrandquedansmessouvenirs.Ilestlareprésentationvivantedelatentation.
Moncorpsréagitimmédiatement,cetraître.-Qu'estcequetufaislà?disjed'untonmalassuré.-Jesuislàcarilaeul'audacedeprendredeuxchosesquim'appartiennent.L'uned'ellesetrouve
danslecoffrederrièrecetableau...Lecoffre?Maisdequoiilparle?-...etl'autreestdevantmoi.Il se tourne soudain. Ses yeux noirs d'une intensité exacerbée me paralysent complètement. Il
avancelentementversmoi.Achaquepas,sarespirations'accélère.Jeleconnais,jesuisperdue.J'ail'impressiond'être toutepetite.Comme toujours faceà lui.Onentend lesbruits légersde la soiréenousparvenirderrièrelesmurs.C'estbientropintimepournousdeux.Jelesais.
-Sorsdechezmoiet jenerigolepas.Souffle-jeenreculant jusqu'àsentir lavitre froidede labaiecontremondos.
Maiscommeunloupfonçantsursaproie,ilfranchitlesderniersmètresrapidement.J'aijusteletempsdecomprendrequesamains'estposéederrièremanuqueavantdesentir ses lèvresprendrecomplètementpossessiondesmiennes.
Ilestcommeaniméparunepassionsauvageetviolente.Mapoitrinesesoulèveencoreetencore.Moncœurvaéclater.Lapiècesembleseconsumerautourdenous.Sa langue impérieuses'imposedansmabouche,ellen'exigeaucunrepli.Celafaittellementdetempsquejen'aipassentiseslèvres,songoût,sapeausurlamiennequ'iln'yaplusrienquicompte.
Mesdeuxmains se soulèventpour l'arrêtermais je suis incapablede le toucherdepeurdemebrûlerplusencore.
Et pour la première fois, je tremble sous l'effet dévastateur d'un baiser. Il me dominecomplètementetmefait toutoublier.Ilnemetouchepasavecsoncorpsmaisuntorrentdefeumebrûlelesveinesetm'envahittouteentière.Undésirpuissantentremesjambesmeconsume.
C'est le signale, celui qui surpasse tout, cette envie de lui. Incontrôlable. La sensation quemeprocuresabouchesurlamienneestnaturelleetécrasetout.Faresestpuissant,ravageurdebonsens.Ilestindécentetjelesais,parfaitementimmoral.
Marespirationsecoupe,laraisonmerevientdepleinfouetetmefaitl'effetd'unegifle.Jelerepousseetlegardeàdistanceavecmesdeuxmainsposéessursontorsesolide.Jetremble
toujourscommeunefeuille.Noussommeshaletants,complètementsubjuguéparlapassion,intacte,quinousunissaitautrefois.Ilmesondedesesbeauxyeuxnoirs.Ilexplorelesprofondeursdemonâme.Ilestencoretropprochedemeslèvres,sonfrontappuyécontrelemien.
-Tum'aimesencore.Murmuret-ilencoreessoufflé.Cen'estpasunequestionmaisjesecouelatêtefrénétiquement.Dessentimentscontradictoiresme
bouleversent.Jecomprendsquemonsangvientdequittermonvisage.Jeneveuxpasputain!Jeneveuxpas!
-Croismoi,jerécupèretoujourscequim'appartient.Ilmelâchelecouetsortdechezmoi.
Chapitre6:TriangledePenroseJeresteuninstantprostrée, leregarddanslevide.Aprèssondépart, lestremblementsontcessé
maismoncœurnes'arrêtepasdecognerdansmapoitrine.Jen'arriveplusàavoiruneseulepenséecohérente.Ladernièrefoisquej'aisentiFares,decettemanière,remonteàsiloin.Jenemesouviensmêmeplus de notre dernière étreinte, je n'avais pas pris soin de la graver dansmamémoire. A cemomentlà,jenepensaispasqu'iln'yenauraitplusaucune.
Cette sensation intense et profonde, sa lèvre pleine et douce surma bouche, son odeur, le toutmêlé. Il sait m'embrasser comme personne. Il me transporte dans un endroit qui n'existe nul partailleurs. Cette impression unique existe toujours : celle de toucher quelque chose de beau et pluspuissantquetout.
Iln'aplacésamainquesurmoncoumaisc'estcommes'ill'avaitposépartout.Jesuistraverséeparunfrissonquis'accompagned'unesensationdefroidintense.Laculpabilité.
Mêmesijel'airepoussé,jemesuisnoyéedanscebaiser,uninstant,uneminute,uneéternité.Jel'aimêmesavouré.
Desvoix s'élèventdepuis le salon. Jepense àEric etmonestomac se soulève. Il faut que je leretrouve,ilfautquejereprennemaplaceauprèsdelui.J'aibesoind'êtreàsescôtés.Jemedéteste.J'aitransgressél'interdit.Jedoistoutluidire.
Jecommenceaquittélapiècemaisjem'arrête.Je me retourne et regarde le cadre accroché au mur. Avant, il faut que je sache. Je m'avance
doucementverslui.Jel'étudieunmoment.Ils'agitd'undessinfaitaufuseau,quireprésentel'escalierdePenrose.Unescaliersansfin,quinevanullepart.Iln'estqu'illusion.
Je déplace lentement le tableau. Et je suis totalement sidérée en voyant un coffre derrière. Jeressensuncoupviolentdanslapoitrine.CommentEricat-ilpumecacheruntrucpareil?
Comment Fares connait-il son existence ?Une colère sourdem'envahit soudain. Putain, ilsmemententtous!Jenesuisqu'unpantindontilstirentlesficelles.Ilsmemanipulent.Jesuisauborddela crisedenerfs.Moncerveaubouillonnent, je transpire.S'ils pensent que jevais les laisser faire,c'estmalmeconnaitre.
Ilfautquejeretrouvemonsangfroid.J'aibesoind'uneminutederéflexion.Faresestentréchezmoi. Il a profité que le système d'alarme soit désactivé. Il cherche quelque chose et Eric l'a en sapossession.Faressesertdemoipourarriveràsesfinsmaisj'aibeauchercherdansmatête,jetrouvetoutecettehistoirecomplètementdélirante, totalementabsurde.QuepeutbienavoirEricpourqu'ilprenneautantderisque.J'analyse,jecalculeetputain,jenecomprendsrien!
Je ne sais pas ce qu'ilsme cachentmais ce qui est certain, c'est que je vais tout faire pour ledécouvrir.
Jereplaceletableau.Jenefermepaslaportefenêtrequandjesors.Jeretournedanslesalontoutenessayantdecacherlaquantitéd'émotionsquimetraverse.
Ily adéjàmoinsdemonde.La soirée se termine.Quand j'arriveprèsd'Eric, il passe sonbrasautourdemataille.Ilmesouritmaisnoussavonstouslesdeuxquecelaestfactice.
Nousremercions,ensemble, lesderniers invités.LaporteserefermeetEricse tournepourmefaireface.Ilboueintérieurement.
-Tum'asfaitquoilà?Lâchet-ilplusfortqu'iln'estnécessaire.Il retire sonbras. Je l'ignoreet jecommenceà ranger lesverres laissésunpeupartoutdans la
pièce.Jem'adresseàundesserveurs.-Merci,vouspouvezyaller.Jevaisfinirderanger.Vousavezfaitdubonboulotcesoir.Leserveurmerépondavecunsouriregêné.J'aibesoind'êtreseuleavecEric.Jenesuispasdu
genreàlavermonlingesaleenpublic.Quandlegarçonquittelapièce,Ericseplantedevantmoi.
-Maisbonsang,qu'estcequit'apriscesoir?Sontonestlourddereproche.-Jenemesentaispasbien.Dis-jeimpassibleencontinuantderangerlesalon.Je ne le regarde toujours pas et pour pleins de raisons. La culpabilité tout d'abord, ensuite la
colèremaislesentimentd'avoirétaittrahieestaudessusdetoutcela.-Ça,jel'avaiscompris!Tunepeuxpasfaireuneffortdeuxsecondes.C'esttroptedemanderde
t'intéresseràmesamis?Ilhausselavoixetjenelesupportepas.Surtoutpasmaintenant.- Tes amis ? C'était notre crémaillère et j'ai plutôt eu l'impression qu'il s'agissait d'une
inauguration!C'étaitquitouscesgens?Hein?Descollègues?Desinvestisseurs?Desclientsmême?Jen'aipasvud'amisdevaleurdans toutecettebrochettedepédantssuffisants.Nemeprendspaspouruneconne!
-Ilsétaientoùlestiens?Jem'arrête.-Quoi?-Tesamis,ilsétaientoù?Iln'yenavaitaucuncesoir?lâchet-ilironique.Jeposeenfinlesyeuxsurluietrépondspresqueglaciale.-Jepréfèredeloinavoirdesamisabsentsquepasd'amidutout.Il sedétournevisiblementblesséparmaremarque.Putain, jedevienscruellemaintenant?Tout
celaneme ressemblepas. Jeme rendscompteque toute cettehistoireme retourneetque jepeux,malgrémoi,fairebeaucoupdemal.Jem'avanceversluietluicaressel'épaule.
-Excusemoi,Eric.Dis-jesincèrement.Jenevoulaispasdirecela.-Qu'estcequisepasseElena?Qu'estcequinousarrive?Dit-ilpiteusementlatêtebaissée.J'aidesremordsmaislebesoindesavoirestplusfortquetout.-Enfait,j'aieupeurcesoir.Jesuismêmeterrorisée.Laportefenêtredetonbureauétaitouverte.
J'ail'impressionquequelqu'unestentrédanslamaison.-Quelqu'uns'estintroduitdansmonbureau?Sonvisagesemblepâlird'unseulcoup.-Jenesaispas.Enfin,celaendonnel'impression,leverrouextérieurestcassé.C'estuninvité,tu
crois?-Non,nonbiensûrquenon!-Pourquoiferait-oncelaalors?Mesbijouxsontàl'étage.Eric?Iln'yapourtantriendevaleur
danscettepièce.Enfin,rienquineméritequ'oncrochèteuneserrure,non?C'est l'heure de vérité. Les secondes paraissent des minutes avant qu'il ne réponde. Je prie
intérieurementpourqu'ilm'avouecequ'ilmecache.Mêmemaintenant,jesuisprêteàluipardonner.-Non,c'estcertain.J'appelleraidemainleserrurier,net'inquiètepas,monamour,dit-ild'unevoix
blancheavantdequitterlesalon.Jefermedouloureusementlesyeux.Uncombatcommence.
Chapitre7:AterreJe n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je l'ai passé à élaborer un plan.Mes yeux sont restés grands
ouvertscommesij'avaisfaituneoverdosedecaféine.Impossibledetrouverunetranquillitéd'esprit.Impossibledemelaisserallerdanslesommeil.QuandEricm'arejointdanslelit,j'aifaitsemblantdedormir.Ilnem'apasembrassécommeillefaitd'habitude.Luiaussin'estpasserein.
Jemesuisfinalementlevéeà5hdumatinetj'aiattenduassise,devantlabaievitrée,quelesoleilselèveunetassedethéà lamain.Jenesupportaisplussoncorpscontrelemien.Ilm'amenti.Leshommes sont tous les mêmes. Ils poursuivent leurs desseins ambitieux sans se soucier de qui estatteintdansleursillage.Ilsnuisent.Ilsdétruisent.
JepensaismettreEricdevantlefaitaccomplimaisj'aienviedesavoirjusqu'oùilestprêtàallerdanslemensonge.J'aienviedeconnaitresesintentionslesplussombres.
Cematin,jesuispartietôt.Jedoisavancersurquelquesdossiersaubureau.J'aiprismonaprès-midi.Aujourd'hui,undesdeuxpasseraauxaveux.
Jemarche rapidementdans la rue, j'ai pris une cape en lainegrise. J'ouvre laportede la salled'entrainementdeboxe.Lesbruitsdes semelles sur le lineau, les coupsdepoingsdans les sacsdesablecouvrentmonarrivée.Iln'estpaslàmaisjeresteraiàl'attendre,toutel'aprèsmidietj'ypasseraimêmetouteslessuivantess'illefaut.
Jem'assoisdansuncoindelasalle.J'aiprisletempsdemechangeraprèsletravail,jeneveuxpas attirer l'attention. J'attends depuis plus d'une heure et certains boxeurs m'ont déjà abordé etdemandé si je souhaitais quelques choses en particulier. Leurs sourires en disent long sur leursintentions. Je croismême qu'ils se sont lancé un pari : Lequel d'entre eux arrive à récupérermonnuméro. Ils m'ont finalement laissé tranquille voyant que mon silence ne répondait pas à leursquestions.
Soudain,ilentredanslasalle.Putain,pourquoimefait-ilceteffet-là.Ildégagebienplusqu'unebeautéphysiqueà l'étatbrute. Ilacecharismequisuscite ladépendancedesautres,une fascinationirrésistible.Ilaunetotaleconfianceenlui,unpouvoirpresquesurnaturel.Ilesthabillétoutennoir,ilporteunjogginglarge,lacapuchedesonsweatrecouvreunbonnettoutaussisombrequitombesursesyeuxenamande. Ila l'airdesortir toutdroitde la rue, ila l'aird'être le leaderd'unebandedetruands.Evidemment,touslesregardsconvergentverslui.Toutlemondelesalue.Ilestaccompagnéd'un jeune hommequi lui raconte quelque chose qui semble être amusantmaisFares ne rit pas. Ilenlève son sweatainsique sonbonnetet lesbalance surunbanc. Je retiensma respiration. Il aundébardeurnoirquiluicouvrejustelesépaules.Sesbrassontencorepluspuissantsqu'autrefois.
Jen'arrivepasàbouger.Jeperdsconfiance.Jenepeuxpascraquer,pasmaintenant.J'aibesoinderécupérémon flegmeetde reprendreuneattitudedétachée. Je restepourtant à le regarderpendantlongtemps. Je récupère peu à peu l'énergie qu'ilme faut ainsi que la colère queme procure cettedistancedont il est la cause. Il s'entraîne, il tape fort dans le sac. Il est concentré.Sespensées sontailleurs.Jemesurprendsàdésirerentrerdanssatête.
Ils'arrêted'uncoupetilsemblechercherquelqu'undanslasallequandsonregards'abatsurmoi.Jereçoisinstantanémentunedéchargeélectrique.Jemelèvedoucement.Sesyeuxseplissent, ilmefixeintensément.Ilmarchedansmadirection.Quandilarriveàmahauteur,jenepeuxempêchermarespirationdes'accélérer.Jebaisselatêteetj'essaiederetrouverlafureurquim'habitaitavantquejenelevois.Ilregardeautourdelui,visiblementcontrariéquejesoisvenuedansunendroitchargéentestostérone.
-Elena.Qu'est-cequetufaislà?Tuvasbien?Personnenet'aparléici?Dit-ilinquiet.Jerelèvelatête.Jeneluirépondspas.-J'aibesoindesavoirFaresetensuite jepars.Qu'est-ceque tuesvenuchercherchezmoihier
soir?Ilm'étudieunmoment.Ilmedomine.-Jetel'aidithier,jesuisvenuchercherquelquechosequim'appartient.Plutôtquelquechosequi
t'étaitdestinéemaisqu'apparemmenttun'asjamaisreçu.Jeme pince l'arête du nez. Il faut que jeme concentre surmes pensées plutôt que sur sa voix
chaudeetrauque.-Ilfautquetusoisplusprécis.Jesuisfatiguéedejouerauxdevinettes.-Unelettre.Jet'aiécritunelettre,Elena,bienavantquetunetemaries.Aprèslasoirée,chezles
parentsdeLuc.-Unelettre?Jesuisstupéfaite.Fares,écrireunelettre?Jeresteuninstantsansvoix.-Qu'astuécritdanscettelettre?-J'aiécrittoutcequetuauraisdusavoirdepuislongtemps.-Etqu'estcequej'auraisdusavoir.Dislemoimaintenant.Jeperdspeuàpeupatienceainsiquemonsangfroid.-Jenepeuxpas.Pasici.Pasmaintenant.Jetedemandejustedutemps.J'aibesoinquetumefasses
confiance.- Te faire confiance ? Pourquoi, te ferais-je confiance ? Jamais plus, je ne te ferais confiance
Fares.Qu'est-cequetucrois?Lettreoupas.Qu'est-cequecelachangeraaupassé?Atesmensonges?Tonsilence?Aufait,quejesuis,aujourd'hui,mariée.
Jeparleavecplusd'émotionsquejenel'auraisvoulu.Ilfautquejereprennepossessiondemesmoyens.Ilcontinueàmefixersansciller.
- Je ne peux pas t'en parler maintenant. Ecoute, je quitte la France ce soir pour un combat àl'étranger.Maisceweekend,jeseraisurParispourunmatchimportant.Viens,s'ilteplait,jetediraistoutcequetuveuxsavoiraprès.
Jen'enpeuxplusquel'onmecachedeschoses.Marred'attendredesréponses.Marred'êtreprisepouruneconne.Marrequ'ilmeregardecommecela.Marred'êtreàfleurdepeauquandjesuisprèsdelui.Marrequ'ilm'affaiblisse.Jedonneraitoutpourneplusjamaisressentircelaetmesentirforte.Plusfortequelui.Putain,s'ilnemeparlepasmaintenantqu'ilailleaudiable!
C'enesttropetj'explose.Jecrie,jesiffle.Jesouffreencoreunefois.-Situneveuxpasenparlermaintenant,Fares,n'enparleplusjamais!Neremetspluslespieds
chezmoi!N'oseplusjamaism'embrassercommetul'asfaithiersoir,quandçatechante,quandtuenressenssimplementl'envie.Jeneveuxplusentendreparléd'unelettrequetuasécriteavantouaprèsmonmariage.Enfait,jem'enfousok!?Çanechangerien,tum'asbiencompris?!
-Siçanechangerien.PourquoitupleuresElena?dit-ildoucement.Jenem'enétaismêmepasrenducompte.Jem'essuierapidementlevisagemaisleslarmescoulent
commesijenepouvaisrienfairepourlesarrêter.-Parcequejen'aijamaisputedireàquelpointtum'asfaitdumal.Aquelpointtum'asdétruite.
J'ai toujourspleuré seuleet là,devant toi, jepleurecar tume fais encore souffrir.Et tumeparlesd'unemauditelettre!Tucroisquoi,Fares,queçajustifietout,quetouts'effacera?
Çafaitdesannéesquejesuisdanscetétatetunboutdepapiernechangerarien!Des larmes ininterrompue coulent sur mon visage. Fares s'approche de moi. Les gens nous
regardentmaisjem'enfous.-Elena,viensdansmesbras.Jet'enprie.Dit-illavoixcassée.Ils'avanceencoremaisjerecule.Jel'arrêteenluiprésentantmapaume,monbrastenduverslui.
Leslarmesdetristessesetransformentsoudainenunecolèresourde.-TienstesdistanceOk!Jet'interdisdemetoucher!Iln'yaplusrienasauvéentrenous.Etdepuis
longtemps.Etfinalement,quoiquetumedises,çan'aplusd'importance.Jeleregardedroitdanslesyeux,jem'arrêtepresquederespireravantd'ajouterdansunsouffle:-Celan'aplusd'importancecarjenet'aimeplus,Fares.Marévélationsemblel'atteindre,ilreculed'unpas.Ilbaisselatêtecommevaincu.Jecommenceà
medirigerverslasortie.Ilm'attrapelepoignet.Jenemeretournepas.Ilparled'unevoixaffectée.Jesensqu'ilamal.
-Tutesouviens,unenuit,tum'asdemandédetefairesortird'unendroit.Jet'airetrouvéparterredanslestoilettesdececlub.Tum'asditquesiunjourj'avaiseudessentimentspourtoi,jedevaistefairesortirdelà.Etjel'aifait.Jeteledemande,àmontour.Elena,situaseuunjourdessentimentspourmoi,vienscarcettefois,c'estmoiquisuisàterre.Jeteledemandecommeuneultimeprière.Viens,s'ilteplait.
Ilmelâchedoucementlebras.Jequittelasallesansmeretourner.
Chapitre8:Actionouvérité?Je tremble pendant tout le trajet du retour.Malgré le froid quime tenaille les os, je transpire
commesij'avaislafièvre.Jedeviensfolleouquoi.J'arrivepresqueàhésiteretàm'imaginersuivresonconseil.Ilestcommeunemaladiequialtèretoutesmesfacultésmentales.Unvirusmedévorantetquim'enterre,mefaisantjusqu'àoubliermespromesses.J'aitellementpeurd'accepteretd'effacer,parfaiblesse,seserreurs.Aquoibons'expliqueralorsquejeneluipardonneraijamais.
Etmoi,pourquoi je l'écouteencore.Est-ceparcequ'ilm'a faitgrandir ?Parcequ'ilm'a apprisl'envie.Parcequ'avantlui,jeneconnaissaispasl'amour.Parcequ'ilaétélepremiertoutsimplement.J'aicruque,pourmoi,ildécrocheraitlalune,maisjemetrompais.Alorspourquoireste-t-ildansmatêtecommes'ilyavaitplantésonétendardmelaissantungoûtd'inachevé.
Ilm'aenfermédanssoncarcan,condamnéàl'aimeràmort.Ilm'aapprisquelevideetlatristessepouvaientme rendre plus forte,mais il nem'a pas appris à l'être face à lui. Seulema cellulemeprotège,ilestàl'extérieur,ilmeregardeetj'espèrejustequ'ilmelaisselà.
Ilm'aquittéetiln'yaquelaconséquencedecegestequireste.EtDieumerci,grâceàcela,jemecontrôleencoreànepasmelaisser,ànouveau,reposerdanssesbras.
Alors je ne veux plus l'aimer, putain !Non, je ne l'aime plus. Jem'accroche juste au souvenirdepuislongtempsetjen'arrivemêmepasàsavoircequimepousseencoreverslui.Jen'arrivepasàdiscerner s'il s'agit d'unmanque de son corps, sesmots, ou seulement ce qu'il représente. Fares...FaresresteraFares,ilneserajamaiscequejeveux.
Jepensequ'ilauraitpuchangermillefoisladonne.Ilauraitpulefaireavantdemevoirprèsd'unautre.Qu'importecequ'ilyadanscettelettre,çanechangerarienpourmoi.Monamourluiaoffertses derniers instants aujourd'hui. Il me semble avoir tellement tourné de pages que je suis,inéluctablement,arrivéeàlafind'unlivresansépilogue.
Jemarchedanslesateliersd'Hermès.Lasemaineestpasséevite.Lesdernierssacs"Birkin"sontprêtsàêtreexpédiés.Certainesclientessontsurlisted'attente.Notrecomabienfonctionné.
Onsel'arracheetpourcause,ilestentièrementfaitàlamain,ilfautprèsde25heuresdetravailpourlefaire.Trèspeuaurontlachancedel'avoiretquelquesboutiquesaurontleprivilègedelevendre.
Notreuniquefabricantm'enaoffertun,enavant-première.Jeleregarde,ilestencuirnoir.Ildoitcoûterunefortune.Celanem'impressionnepas.Certainestirentunecertainesatisfactionàposséderdes choses de valeur. La seule chose qui compte àmes yeux, c'est le bonheur. Et aujourd'hui, j'ail'impressionqu'ilm'échappe.
Jen'aifaitquecroiserErictoutelasemaine.Ilrentretrèstardlesoir.Iln'estpasdanssonassiette.Ses traits sont tirés, sa peau de plus en plus pâle, son regard assombri par d'énormes cernes. Jen'arrivepasà luiparler.Lanuit, il secollecontremoi, sesmainsaccrochentmapeau. Je le laissefaire.Acemoment-là,j'ouvrelaboucheetlareferme.Jen'yarrivepas.
Je ne sais pas si c'est la force qui me manque pour le percer à jour. Ces dernières nuits, jen'arrivais pas dormir tranquillement. Je n'ai pas envie qu'il me mente plus, qu'il ne s'enfoncepiteusement. Mon mariage est important pour moi. Et, au fond, je le comprends maintenant. Jecomprendssonangoisse,ilacachécettelettrecarilsavaitl'effetqu'elleauraiteusurmoi.
Luc m'a demandé si j'allais au match de boxe ce soir. Je sais que ce n'est pas anodin. Voilàpourquoi j'attendsdeparleràEric, jeneveuxpasquequelquechosealtèremon jugement. Jevaisattendrequepassecetteéchéancequimepèse.Jevaisattendrequelecombatdeboxesetermine.Jepourraisenfinretrouverlapaixetrégler,commeilsedoit,mesproblèmesavecmonmari.
Jeveuxêtrecertainedenepasycéder,c'estpourquoi,j'aiprévudemangerchezKatyavecJulia,cesoir.
Ilestplustôtqued'habitudequandjerentreetjesuiscomplètementlessivée.Jedoismepréparer
avantderetrouverlesfilles.Quandjegaremavoituredanslegarage,jen'aiplusenviedesortir.Jeresteunmomentàfixerlaportequis'ouvredirectementdanslacuisine.Ericestlà.
Finalement,jetrouvelaforcedebougeretc'estlentementquej'entrechezmoi.J'entendsunéchangehouleuxentreEricetuneautrepersonnedanslesalon.Sontonmesurprend.
Jerestedanslacuisineetj'écoute.Jem'arrêtepresquederespirer.-Tunedevaispascracherlemorceau!CrieEric.-J'étaismortdefrousseok!Jemesuischiédessus,putain!-Jet'airefilédupognonpourquetulafermes,bordel!Maintenant,jesuisdanslamerde!!-Tiens,tonpognon,j'enveuxplus,jequittecetteputaindeville.Ilm'aditqu'ilmeretrouveraitsi
jerestaisici!Je reconnais cette voix. C'est Nicolas, l'ex à Katy. Qu'est-ce qu'il fout là ? J'entends la porte
principaleserefermersurluietquelquechosesebriserviolemmentcontrelesol.Après1minute,j'entredanslesaloncommesijevenaisd'arriver.Ericestsurundescanapés.Ilsetientlatêteentrelesmains.Ilal'airmoinsgrand,plusfragile.Ilestàboutdenerf.-Çava?Luidemandé-jeIlrelèved'uncouplatête,affolé.Ilbafouille.-Tueslàdepuiscombiendetemps?Sonregardpartdanstouslessens,ilestpaniqué.-Jeviensjusted'arriver.Qu'est-cequ'ils'estpasséici?dis-je,enmontrantdelamain,leséclats
deporcelainesurleparquet.-Rien,jen'aipasfaitexprès.Jedoisyaller.Bonnesoirée.Ilm'embrasserapidementsansmeregarderdanslesyeuxetquittelamaison.Soncomportement
nem'étonnemêmeplus.Iln'estquel'ombredelui-même.Jemeprometsdemettre,rapidement,cartessurtabledemain.Celaatropduré.
-Tuasl'airabsent.C'estEric?Çanevapas?Julialitenmoicommedansunlivreouvert.Katyparledepuisunmomentetàdirevrai,jenel'écoutepas.Jerepenseàlaconversationd'Eric
etNicolas et aussi aumatchquidoit commencerdans1heure. Il faut que le tempspasseplusvitesinonjevaiscomplètementpéterunplomb.
Jelèvelesyeuxverslesfilles.Jesuislaseulesdestroisdontlavieestunchaos.Desmorceauxd'unpuzzlecomplètementdésordonnés.
-Non,çava.Aufait,Nicolasétaitchezmoitoutàl'heure.Dis-jenonchalammentpourdétournerlesujetdemapersonne.
JuliaetKatyseraidissentsoudain.Juliatremblepresque.-Qu'est-cequ'ilsepasse?Dis-jesurpriseparleurréaction.-Tuplaisantes,j'espère?DitKatyblanchecommeunlinge.-Non,pourquoi?Putain,vousmefaitespeur!Ellesseregardent,touteslesdeuxatterrées.-Ilfautqu'onteparled'untrucquis'estpassépendantquetuétaisauJapon.Jemeredresseetposemonverresurlatable.Julias'éclaircitlavoix,jesensqu'elleapeur.- En fait, ça faisait quelques temps que je recevais des coups de fils anonymes. Au début, ça
sonnait et ça raccrochait. Ensuite, j'entendais juste un souffle à l'autre bout du combiné.Au début,c'étaitunefoisparsemaine,puisplusieursfoisparjour.Maisbon,j'aichangédenuméro,cesontdeschosesquiarrivent.Unmalinquis'amuseàfairepeurauxgens.Ungamin.
Jesuispendueàseslèvres,jemedemandeoùelleveutenveniretqu'est-cequeNicoaàvoirlà-dedans.Ellecontinue.
-L'histoire aurait pu s'arrêter là,mais 3 jours après, les coups de fils ont recommencé. Je n'ycomprenais plus rien, je me méfiais de tout et de tout le monde. Je commençais sérieusement à
paniquer.QuandPauldécrochait,l'appelsecoupaitimmédiatement.Cettehistoirecommenceàmefairefroiddansledos.-Maiscen'estpaslepire.Onacommencéàsonnerenbasdechezmoi,àl'interphone.-Quoi?C'estquoicettehistoiredefou!!!Jesuishorrifiéeetjeposemamainsurmabouche.-Etpareille,quandjedécrochaislecombiné,j'entendaisjusteunsouffle,unerespiration.Putain,lemecsavaitoùj'habitais.JenevoulaismêmeplussortirdechezmoisansPaul.Etlepire,
c'estqueçasepassaitquandiln'étaitpaslà.Jedemandais,qu'àchaquefoisquel'onmerendraitvisite,demeprévenirauprèalablecarjedevenaiscomplètementdingueetparano.
Jesuisparalysée,attendantlasuite,m'attendantaupire.- Jesuisalléechez les flics. J'aiportéplainteet ilsontcommencéà fairedes rondesautourde
notreappartement.Maistuparles,çanel'apasarrêté.Etçacontinuaitencoreetencore.Unfrissond'horreurmetraverse.Ellemeraconteunfilm,cen'estpaspossible.-Etilyaeucejouroùilasonnédirectementàmaporte.Ilétaitsurmonpalier,jen'avaispasde
judas.Jenevoyaispassonvisagemais jesavaisquec'était lui.J'aidemandéquic'étaità travers laporte.Maispersonnenerépondait.Jesentaisqu'ilétaitderrièreimmobile.J'aicommencéàpleurer,àhurlermême.Jelesuppliaisdemelaissertranquilleetquesijeluiai,unjour,faisdumal,j'imploraissonpardon.Ilestrestédelonguesminutesàattendre,puisilarecommencéàsonner,plusieursfois.Etenfin,ilestpartiquandilaentenduunvoisintournerlaclédanssaporte.Cesoirlà,Paulamislongtempsavantdemefairesortirdelasalledebain.
J'étaiscomplètementtétanisée.Après,jesursautaisaumoindrebruit.J'endevenaismalade.J'étais à 2mois de grossesse et j'aimêmedûme faire hospitaliser pendant une semaine car je
faisaisdescrisesd'angoisses.Jesuisabasourdie.EllenevapasmedirequeNicolasetEricsontderrièretoutcelacarjemetire
uneballe.-C'étaitNicolas.DitJuliaauborddeslarmes.Katybaisselatête.Moncœursembles'êtrearrêté.Mabouches'ouvre.L'oxygènenemeparvient
plus.Katyparlepresqueàvoixbasse.-Jen'aijamaiscompris.Acemoment-là,nousétionsenpleinerupture.Etenfait, jecroisqu'il
avaitdesvuessurJuliadepuisledébut.Quandj'yrepense,jemedemandecommentj'aifaitpournepasledevinerplustôt.Maisputain,jamais,jenel'auraiscrucapabledefaireuntrucpareil!
-Maiscommentavez-voussuquec'étaitlui?-Paul,nesavaitplusquoifaire.Riennesepassaitquandilétaitlà.AlorsilademandéàLucs'il
pouvaitl'aideràluitendreunpiège.-JesuisdésoléeKatymaisjevoismalLucattraperunmalademental.Dis-jesincèrement.-Enfait,c'estFares.DitJuliaenattendantmaréaction.Mon cœur s'arrête pour de bon. Cette fois, je suis morte. Voyant que je ne réagis pas, elle
continue.-Jenevoulaisplusluiparlerdepuisl'histoireavectoi.Maisj'étaisdésemparée.Jepleuraistoutes
lesnuitsetj'avaispeurdeperdrelebébé.QuandLucl'acontacté,iln'apashésitéàvenirnousaideretjeluiensuiséternellementreconnaissantepourcela.
-Commentat-ilfait?JedoutequeFaresnesoitpasséparquatrechemins.-Nousavonsjouéaudétectivependantpresque1mois.Faresm'ademandéd'écrireseshabitudes
suruncarnetetonapuidentifierqu'ilvenaitsouventlemidimaisaussiplusrégulièrementlemardisoir car Paul travaillait plus tard en général. Fares et Luc se sontmis à l'attendre tous lesmardispendant2semainesetlatroisièmesemaine,ilasonné.Jen'aipaseuletempsdedécrocherqueFares
l'avaitdéjàsoulevédeterreetl'avaitemmenéquelquepartdanslarue.-Jenesaispascequ'il luia fait,maisLucm'aassuréqu'ilneviendraitplus jamais fairechier
Julia.Qu'ilavaitquittélaville.Jeresteuninstantàlesfixer.Incrédule.Enfait,NicolasavoulusevengerdeFaresenaidantEricàcachercettelettre.Ericluiademandé
del'aide...Jeposeunedernièrequestiondanslefluxd'horreursquimetraverselatête.-Ericétaitaucourant?Dis-jed'unevoixtremblante.-Oui,biensûr!Enfinpasaucourantdecequ'ilfaisaitavecmoi.MaisilaavouéàLucquece
n'étaitpaslapremièrefois.Iladéjàuneinterdictiond'approcherunefilleàMarseillecarilavaitfaitlemêmetyped'harcèlement.
-Pourquoim'enavezvousjamaisparlé,putain!-Ericn'arienfaitetcommeils'agitdesonami,onnevoulaitpasquetulemettesdanslemême
sac.Iln'arienàvoirdanscettehistoire.Etpuis, il teplaisaitetçafaisait tellementde tempsquetuétaismalheureuse.Erictefaisaitdubien,onnevoulaitpast'embrouilleraveccettehistoire.
Putain,Ericaramenéuntimbréàlamaisonpouruneputaind'histoiredelettre!Jen'arrivepasàycroire.Jesuisdéfaite.Jemetienslatête.Juliameprendlamain.
-Jeteconseilled'enparleràEric.Ildoitbienyavoiruneexplication.Ilyaquelquesminutes,jefaisaistoutpoursauvermonmariage.Etlà,j'ail'impressiondenepas
connaitrel'hommeaveclequeljemesuismariée.Jen'enpeuxplusdetouscesmensonges.FarespuisEric.Ilsmerendentfolles.SijedemandeàEriccetteputaindelettre,ilferatoutpourmelacacheretFaresm'auraparsesmotsparcequ'ilestFares,toutsimplement.
Sichacuns'évertueàmementir,jevaischercherlàoùsetrouvelavérité.-Excusez-moi,lesfilles,jedoisyaller.Je rentre chezmoi rapidement.Ericn'est toujourspas là. Je cherchepartout, commeune folle,
danslabuanderieetmondressing,monjeansquejeportaisquelquesmoisplustôt.Je le retourne et fouille dans la poche arrière. Le papier est passé à la machine. J'essaie
délicatementde ledéfroisser sans ledéchirer. Je ledéplie etpourune fois, le cieln'estpas contremoi,jepeuxlirel'adressed'Aliyah.
Chapitre9:TortureJesuisdanslaloge.J'attendsqueleshowsetermineàl'extérieur.Lesgenssontvenusengrand
nombrepourunesimplequalificationàdeschampionnatsdumonde.L'excitationestàsoncomble.Leconcert,quialieuenpremièrepartie,setermine.C'estladernièrechanson.
Dansquelquesminutes,c'estàmoid'entrerenscène.Lechauffeurdesallevabientôtannoncerlecombat.
Cequejem'apprêteàfaire,n'estplusdusport.C'estunspectacle.Laboxearemplacélesarènes.Noussommeslesgladiateursdestempsmodernes.Leschosesnechangentpasouseulementdenom.
Lecombats'annonceviolent.L'angerougeseprépare.C'estbiencommecelaquel'onm'appelle.Celafaitbienlongtempsquejenefaisplusleschosescommelefaitunange.Maistoutcommelui,monexhibitionesttotale.Jeregardemapeaunucommes'ils'agissaitd'unesimpleenveloppe.Jen'aimêmepluspeurdelamort.
Certainssedemandentcommentjefaispourgagnerautantdematchs,souventparK.O.Commentjefaispournepasressentirlafatigueetlapeur.Monentraîneursait.Matechnique,c'est
d'êtreleplusfoudesdeux.Qu'importecommentfinalement, lepublicadorentquandçasaigne.Surtoutquandjesuissur le
ring à leur donner ce qu'ils attendent.Monmanager dit que je déplace des foules.Mais s'il savaitcommejem'enfous.Jenedonneaucuneinterview,faisaucunepublicité.Jefrappeetjequittelasalle.Jenesuislàquepouroublier,pourpasserletempsqu'elleneveutpaspasseravecmoi.
Etcesoir,jel'attends...J'ai tellement de mal à me reconnaître. Je regarde mon visage, il est plus froid, ma bouche
desséchée.Jesuisloind'êtreceluiquej'étaisaulycée.Jemesuismarié,j'aiélevéunenfant.J'auraisaimécontinueràvivresanselle,mesentirlibred'elle.Resterlemêmequis'enfoutait,qui
sautaitn'importequi,n'importequand.Maisimpossibledel'oublier.Mêmeprèsd'Aliyah,quandellesecouchaitcomplètementnueprès
demoi,jenel'oubliaispas.Elleposaitsamainsurmapeauetmecaressaitledosdesesseins.Soncorpsappelantlemiendésespérément.Oui,j'aimeraisêtrejeuneànouveaumaisl'ai-jeétéseulementunefois?
Elenaachangé.Jesensqu'ellepensedemanièredifférenteetcelameterrifie.J'aipeurqu'ellenecroitplusenl'impossible,qu'ellesoitdevenueraisonnable.Mêmesinousavonsévoluerloinl'undel'autre,jesaisquenousl'avonsfaitl'unàtraversl'autre.Ellenepeutpasoccultercela.
Elle est au dessus de toutes celles quime convoitent en se léchant les lèvres. Elle est devenuefemme.Confianteetcomplète.Non,ellenepeutêtrecomplètesansmoi.
Jelavoisencoreplusbelled'oùjesuis,d'oùellemelaisselaregarder.C'estàdire,detroploin.Etçamerendmaladedemedireque,peutêtre,elleneviendrapas.
Je suis seuldanscettepièceaussi froidequ'estmoncœur. J'ai25ansaujourd'hui, c'est aussi lejourde lamortdemamère.Et j'aimeraispour lapremière foisdemavieque lecielmefasseuncadeau.Qu'Elenasoitlàpourm'aiderànepastoutdémolir.J'aibesoinqu'ellemeréchauffe,justemesentirreprendreviesoussesdoigts.
Monadversairen'estpasdesplusfaciles.Ilparlebeaucoupetusedel'insultefacilement.Jen'aipaspeurdeluimaispeurdecequ'ilpourraitmepousseràfaire.
Etiln'yaqu'unechosequim'obsèdeàprésent.Estcequ'elleseralà?Estcequ'ellemeregardera?M'aimerat-elle?
J'ai besoin qu'elle m'aide, qu'elle me relève. J'ai besoin qu'elle dise que je suis son absolu etqu'importecequ'ilsepasseraautourdenous.Carnoussommesunebombechargéeaudessusduciel,quipeuttomberàtoutmomentsurn'importequoi,n'importequi.
Jeprendraitoutcequ'ellemedonnecarons'aime,non?Bordel!J'espèrequ'ellementquandelleditqu'ellenem'aimeplus.J'aibesoinqu'onouvrelesyeuxensemble.Jeveuxqu'ellesachelavérité.Jeveuxla luidireen
face.Jen'aipasbesoindelettrepourcela.Jetirecepapierdemonsac.J'hésiteàledéchirermaisjeveuxêtrecomplètementtransparentavecelle.Siellevient,jelaluidonnerai,elleenferacequ'elleveut.
Et si après cela, elle ne reste pas auprès demoi, si elle ne fait pas, le pas qui nous sépare, jepartiraipourdebon.Jenereviendraijamais.Jetireraiuntraitsurelle.
Jecontinueàexaminercefoutupapier.Pourlerécupérer,j'aidûfairedeschoseshorribles.J'ai,sansdoute,dépasséleslimites,maisilsnem'ontpaslaissélechoix.Ilnefallaitpasqu'ilyait
detrace.Etlatortureconvenait,celledelaprivationdesommeil.J'aienferméNicolasdansunedescaves d'un quartier chaud de Paris. Je crois que certains se sontmême amusés avec lui. Il a parlérapidementmais je ne pouvais pas le laisser partir comme cela. Je devais lui faire peur. Il devaitcomprendreetlesgenscommeluinecomprennentquelasouffrance.
Ilatenulecouppendant36hsansdormir,avantdepleurercommeuneloquehumaine.Quandlalumière commençait à brûler ses yeux fatigués, quand le son aiguë qui sortait des haut parleurscommençaità lerendredingue.C'estvraiment ladernièredesmerdes, j'ai réussià tenir180hàcetexercice.
J'ai attendu qu'ilm'implore de le libérer jusqu'à ce qu'il se fasse dessus. Je l'ai laissé repartir,commeça,dégueulasseetpeutêtre,plustaréqu'ilnel'étaitdéjà.Maiscettefois, il lafermeraetnereviendrapas.Desfois,laviolencenesuffitpas.Etheureusementpourluicarj'auraispuletuer.
Etoui, jeme suis servid'Elenaaussi. Jevoulaisqu'Ericpanique.Qu'il bougecepapierde sonputaindecoffre.Etill'afait.Sonbureauaétéfacileàouvrir,uneformalitépourEsteban.Ill'afaitpendantquejedécollaisdeParis.Leparfaitalibi.
Lematchcommence,jesorsdemonasile.Putain,j'aibesoind'elle.Ilsvontmefairepartirenvrille,c'estsûr.Cesoir,ilssedéchaînent.Lessupporterdemonadversairesesontpasséslemot.Sonregardpourraitm'apaiseretmefaireocculterleursinjures.L'autre,enfacedemoi,parlede
mamèrecommes'ilpouvaitencorel'atteindre.Elleestmorteetçafaitbienlongtemps.Ungroupeestassisprèsduringetveutclairementmepousseràlafaute.Ilhurledestrucssurmafemme,surmonfils.J'enpeuxplusdeleursvoixdansmatête,lematchestlong.Lemecenfaceestfort.Ilnerespecterien.Jemedemandes'iln'estpaspirequemoi.
Jecroisqu'ellen'estpasvenue.Jel'aicherchépartoutduregard.Lecouragem'abandonne.J'aibesoinqu'ilfrappeplusfortcarjesuisencoredebout.Ilnetapepasoùilfaut.Etplusletempspasse,plusmoncœursemorcelle.Pluslaforcemequitte.QuandLucmontesurleringpendantuntempsmort,j'aidéjàbienramassé.-Qu'estcequetufousmec?Lucmeregardelesyeuxpaniqués.-Elleestoù,Luc?Jel'attrapeparlecoldesachemise.Elleestoùbordel!?Jecrachedusang.Monarcadegaucheestfendue,lehautdemajouesaigneetleliquidepourpre
couledansmoncou.-Maisqui?!-El.C'est lapremière foisque je l'appellepar sonsurnom, ilcomprend.Sesyeuxdeviennent ronds
commedesbilles.-Tunel'asjamaisoublié?Dit-ildansunsouffle.Jelelâche.Ilcontinueàmeregarderincrédule.-C'estpourcelaquetum'asdemandédel'appeler?
Jecroisque jeperds la tête. Jenecomprendspascequ'ilmedemande. Jen'aipas la sensationd'êtreassis,jevoisflou.Jeveuxqu'ilrépondeàmaquestionputain.Jehurle:
-Elleestlàoupas?-Non,ellen'estpasvenue.Elleestchezmoi.RépondLucaussicalmementqu'ilpeut.J'aimal,tellementmal.Ellenem'aimedoncplus.Monespritcomprendqu'iln'yauraplusjamais
denous.Jemelaisseallercontrelepoteauderrièremoi.-Jesuisfatigué.-Jesais.Accrochetoi,c'estbientôtfini.Ilfautquetulefumessituveuxremporterlematch.TudoislemettreKO.Je ne le regarde plus. Ma bouche s'entrouvre. Un poison cruel court comme une substance
chimiquedanstoutmoncorps.-Luc,jesuisdésolé.-Attends,jenecomprendspas.Désolédequoi??Ilpaniqueetessaiedemefaireparlermaison
lefaitquitterdeforcelering.Laclochesonneunnouveauround.Jemelèvetranquillement.Lemecenfacedemoiparleencoremaisilnecomprendpasqu'ilréveilleunmonstre.Ilnesait
pascequivabientôtapparaîtredevantlui.Carjen'aiplusdepitiéquandjen'aiplusrienàperdre.Jen'aiplusd'empathiepourpersonne.
-Etprotège-toi,bordel!Criemonentraîneur.Jen'aipasbesoindeprotection,jemarchecommeunemachinedontlamécaniquedéconne.J'entendslatribunemesifflerdesinjures.Ilsranimentunmalade,amputéd'uncœur.-Ilt'enfautplusconnard?Tuneveuxpastomberbordel!Filsdepute,tun'esqu'unemerde!Ilfaitencorelemalinmaisilestclaqué.Ilamanquétropsouventsonbut.Moi,jenelelouperai
pas.Jeluienvoieuncoupdepoingdirectetluiexploselenez.Ilnel'apasvuvenir.Puisunautreetencore, il vacille, des larmesetdu sangcoulentde sesyeux. Il tend samainversmoi en signedereddition.
Jeleregardeeninclinantmonvisagesurlecôté.Ilregardepartoutautourdelui.Lafouleselève.Ilsaimentcela.
- Tu crois encore que quelqu'un peut te protéger demoi.Dépêche-toi, quitte ce ring ou tu vascrever.
Jeluibalanceencoreuncoupdanslamâchoire.L'arbitreessaiedes'interposermaisunautrecouppartencoredanssonnez,lesanggiclesurmoi.Onmerepousseavecpeine.Jesenslesmainsdemonentraîneurmesaisir.L'autres'étalelamentablementparterre.K.O.
Lafoulehurleavecfrénésie.Certainssetiennentlaboucheavechorreur.Jemetourneversmonentraîneur,monregardplongedanssesprunellesbleusclairs.Ilsait,ilme
connait.-Détache-moicesputainsdegants.Jeparled'unvoixtropcalme,derrièresecacheunefureur,un
calvaire,unedouleurviolente.-Nefaispaslecon,petit,nerépondspasàleursinsultes.Ilsfontexprès,tum'entends?Ilsveulent
tedisqualifierpourlacoupedumondemaintenantquetuasgagné.Iltepousseàl'erreur.Regarde-moi!
Jene l'entendsplus. Jedéfais calmement les lacets en les arrachant avecmesdents, fixant avecaviditémesnouveauxjouets.
Jetraverselering,pousselesgensquisesontamassésdessusetpasseentrelescordes.Legrouped'hurleurss'aperçoitenfindemesintentions.Jevaislesdéfoncer.Jesaisquejenesuis
plusmoi-même,detoutefaçon,jemefousdequijesuis!J'arrivesureux,ilssebousculent,reculent,certains tombentpar terre,d'autresrampentsous leschaisesmaisc'est trop tard!Personnenepeut
m'arrêter.J'entendsmonentraîneurquihurlederrièremoi.-Putain,coupezlescaméras!!!Ilyauradelourdepénalité,maisjem'entape!Ilfautqu'ilspaient!Ilfautquequelqu'unpaieson
absence.Jen'aiplusqu'uneenviemetirerd'ici,rentrerchezmoi.Oublierceterritoirequim'afaitfairetant
d'erreurs.Maisavant,jeveuxfairecoulerdusang.Oublier.J'aibesoindeminutesdetranquillitéquem'offremafolie.Mesyeuxfixentjustecequejedoisfrapper.Etjelefaisencoreetencore.
Chapitre10:L'histoiredesavieJe vérifie deux fois que je ne me suis pas trompée d'adresse. Il s'agit d'un quartier des plus
convoités de la ville lumière. Ce n'est pas un appartementmais un hôtel particulier. Il doit valoirplusieursmillionsd'euros.Lesaccèsontl'airultrasécurisés.Lesmurssonthautsetlaporteenferestrenforcée.Cetteportearenferméleurvie.
Jeregardelenomsurl'uniqueplaquedel'immeuble.M.etMmeFARDEMJeresteuninstantdevantl'entrée,plusvraimentsûre,decequejem'apprêteàfaire.Cen'estpas
vraimentleluxeévidentdelafaçadequim'arrête,maisunequestionessentielle:Dansquelbutjesuisvenueici?
Moncœurtapetropfort,jesaisquejedevraisfairedemi-tour.Quiseraitassezdinguepouraller,chezlafemmedesonex,luidemanderdescomptes...Iln'yaqu'àmoiqueçaarrive.Jecroisquejecommenceàpaniquer.
J'essaiedefaireralentirmoncœurensoufflantunboncoup.Cen'estmêmepaslecouragequimepousseàappuyersurleboutonmaisunecuriositépresquemalsaine.
Putain,même la sonnetteme fait sursauter. Ce son, pourtant anodin,me donne immédiatementenviedepartir.J'attendsencore30secondesetjepars.
Jecompteintérieurement:1...,2...,3...,10,20,30.Jetournelestalonsetcommenceàdescendreles3marchesdel'immeublequandlamauditeportes'ouvre.
-BonsoirMadame.Unhommevêtud'uncostumeestdevantlaporte.Jesuisimpressionnéeparsapositiondroite,très
professionnelleetlesérieuxdesonexpression.-Bonsoir,jesuisElenaLopez.JeviensvoirAliyah.-Étiez-vousattendue?JecommenceàperdretoutedéterminationmaisjevoisAliyah,derrièrelui,quiavanceversmoi.-Entre,jet'enprie,Elena.Elle est habillée très sophistiquée.Une jolie robe noire épouse ses formes. Ses longs cheveux
boucléstombentparfaitementsursesépaules.Jemeregardeuninstant.Jenem'étaispasimaginéemeretrouverdevantMissMonde.
J'aidesbottinesàtalon,unjeandestroyetungiletépais.J'entrenerveusementdanslegrandhall.Seulmonsaccorrespondàl'imagedelapièce.Qu'estcequejefouslà.Jeretiremonbonnetdelaineetchercheleportemanteau,àl'entrée.Alaplace,l'hommed'âgemûrtendsamainpourprendremesvêtements.
-Puis-jevousdébarrasser?Medemandet-ilrespectueusement.-Jegardetout,merci.Il faitchaudà l'intérieur.Maismongiletestcommeuneprotectionet jeveuxavoir lechoixde
partiràtoutmoment.-Vouspouvezdisposer,onvasedébrouiller,merci.Aliyahsetourne,maintenant,versmoietsemblem'étudier.Unsilencepesants'installeentrenous.
Nousn'avonsjamaiseudevraiediscussion.-Tuveuxboirequelquechose?Dit-ellecommepourbriserlaglace.-Jeveuxbienmerci.Jeme rendscomptequ'effectivement, j'aibesoind'unverred'eau.Magorgeest sècheet j'aidu
mal à avalerma salive. Ils ont habité ici ensemble.Un grand escalier en pierres blanchesmène àl'étage,toutparaitsurdimensionné.Quipeutvivredansunendroitpareil.Mesyeuxs'attardentsurlesmeubles ultra modernes qui cassent le coté très bourgeois de l'architecture intérieure. C'est
magnifique.Viventt-ilsencoretouslesdeux?Unfrissonmetraverse.-Suismoi,jeteprie.Nouslongeonsungrandcouloirpuiselleouvreuneportedoublesurunmagnifiquesalon.Adamestlà.Ilagrandit.Ilpianotesursonportable.Ildoitavoirentre8et9ans.-Jereviens,medit-elle.Samèrequitte lapièce.Toutd'uncoup, jen'aiplussoifmaisplutôtqu'uneenvie irrésistiblede
m'enfuir. Jen'aipasvraimentprévudeme retrouver seulà seulavec l'enfantdeFares.Mais il faitcommes'iln'avaitpasremarquémaprésence.
Aliyahrevientavecunjusd'orangeetinterpellesonfilssévèrement:-Adam.Ilselèveetsepencherespectueusementdevantmoimeregardantàpeine.Jenesaispasquoifaire.
Dois-jeluifaireunerévérence?Toutceladevientdeplusenplusbizarre.Ilestvraimenttrèsbeau.Ilalesyeuxnoirsdesonpère.
-Pardon,bonsoirMadame.IlattendetAliyahluidemandedemonteràl'étage.Ilobéitimmédiatement.Jecroisquejevaisme
mettre à pleurer. Etre avec la femme et le fils de Fares dans la même pièce est complètementdéstabilisant.Jerestedebout.Nesachantpassilescanapésontvraimentlafonctiondefauteuilous'ilsfontjustepartisdeladécoration.
Aliyahsembleencorem'examiner.ElledoitsedemandercequeFaresdoitbienmetrouver.Effectivement,jenedisposepasdesesattitudesbiennées,nidesonportdereineparfaitmaisje
relèvelementon,jesuisloind'êtrelapremièrevenue.Sentantsonregarddeplusenpluspesant,jedécidederomprelesilence.
-C'esttrèscharmantchezvous.Trèscharmant!!!?N'importequoi!Ellearrêtesoninspectionetmeregardeenfindroitdanslesyeux.-Oui,eneffet.LafamilledeFaresafaitbeaucoupd'investissementsimmobilier.Etc'estl'undeux.
Maisassis-toiElena.Elles'assoitsurlefauteuilenfacedemoiensetenanttrèsdroite.Jenesaispaspourquoimaisje
commence,réellement,àpenserquec'étaitunetrèsmauvaiseidée.Jemesensdeplusenplusmalàl'aise. J'imagine leurconversationdevant le feudecettecheminéeenpierreetbiend'autreschosesencore.Heureusement,Aliyahprend,enfin,laparoleetmesortdemessordidespensées.
-Jenesaispasparoùcommencer.Croismoi,c'estdur.- Ecoute, je ne veux pas t'embarrasser. Tum'as dit de venir et je suis là. Je ne saismême pas
pourquoimoi-même.Jepensaisneplusvouloirentendreparlerdeluimaistoutvadetravers,toutlemondeme cache des chose. Je ne saismême plus à quoim'accrocher. J'ai, juste, envie d'entendrequelquechosedevrai.
Jenesaispasàquoijem'attends,jelaregarde.Ellesoupireetcommence:-Faresetmoi,nousnoussommesconnustrèsjeune.Nousavionslemêmeâge.6ansexactement.Ilestd'unefamillelesplus richesdenotrepaysetquand jedis riche,c'estaudelàdeceque tupeux t'imaginer.Sonpèredirigeetpossèdedegrandsterritoirestrèsconvoitéesetmagnifiques.
Elle s'arrête et son regard devient inquisiteur. J'ai l'impression qu'elle essaie de voir si monapprocheestvénal.Ellecommence,sérieusement,àmetapersur lesystèmeàm'étudiercommeunanimaldefoire.Jemedoutebienquesonpèreestriche.L'appartement,lecinémadeM.Orange,lejet...Tout celanem'intéressepas. Je relève fièrement la tête, je n'ai rien à lui prouver. Je la laissecontinuer.
-Mesparentssontsesvoisins.Ilspossèdentdesterreseuxaussimaisbienmoinsgrandes,moinsexploitables,moinsabondantes.Nousn'avionspasd'aussibonsprofesseursquedisposait lafamilledeFares.Sonpèrefaisaitvenirlesmeilleurspoursonfils.Etunjour,nousleuravonsrenduvisiteet
mesparentsontpriésamèredebienvouloirmegarderchezeuxetm'éduqueràl'européenne.J'étaislaplusbellede toutesmessœursetn'ayantpasde frère, jecroisqu'ilsontvouluseservirdemoipourcréerunealliancecupide.Ilsm'ontlaissélesoirmême.J'étaisaumilieud'étrangers.Jepleuraisledépartdemesparents.Samèreaessayédemeconsolermaisjemesuisterréedansuncoindemanouvellechambre,quimesemblaittropgrandepouryvivredésormaisseule,loindemafamille,demessœurs...
Malgrétout,sonhistoiremetouche.Jelaregardecompatissante.-...etcegarçonestentré.Fares.Ils'estassisprèsdemoientailleur,m'aregardéperplexependant
delonguesminutespuisilm'apriéd'arrêterdepleureretm'atiréparlamain.Jenesaispas,sicefutle tondesavoix,quin'admettaitaucuneopposition,oulefaitqu'ungarçonmetouchelamain, j'aiimmédiatementarrêté.Ensuite,nousnenoussommesplusquittés,jelesuivaispartout.Onfaisaitdesbêtisescommelefontlesenfantsdenotreâgeetiltenaitfièrementàprendretouteslespunitionsàmaplace.Ildétestaitmevoirpleurer...
Sondiscoursdevientdeplusenpluspesant, je fixemaintenantmesmains.Ellescommencentàtrembler.
-Nousavonsgrandisetatteins lapubertéensemble.Nos rapportsontcommencéàchanger, ilsétaientmoinsnaturels,pluscalculés.J'avaisconsciencequ'ilétaitdevenuunbeaujeunehommeetqueles filles ledésiraient.Sonpèreorganisaitdes réceptionsetellessepavanaientdevant lui,usantdeleur charmeet leurs atouts, recherchantun regard, une attention. Il a toujours été leplusbeauxdetous,leplusenviés,leplusmystérieux.Jecroisqu'ilabrisédescœursaussi.
Je bois chacune de ses paroles en attendant de comprendre ce qu'il peut bien la pousser àmeracontertoutcela.
-Ilareçuuneéducationdifférentedelamienne,bienplusstricteetiln'aplusvraimentmontrésesémotions.Ildevaittenirunrôleimportantpourlequelilétaitdestiné.Etmoi,j'avaislachancedeleconnaitrebienplusqu'aucuneautre.Samèreprenaitsoindemoicommedesaproprefille.Elleétaittoutpourmoi.Puiselleesttombéegravementmalade.J'aiprissoind'ellejusqu'àsamort.Jerestaisavecellequandellefaisaitdescrisesd'hystérie,jelalavaisquandellenesavaitpluscommentfaireetjesuisrestéeàcôtéd'ellejusqu'audernierjourdesavie.
Elle commence à trembler. Son débit de parole s'accélère comme si elle voulais que je necomprenne pas tout ce qu'elle allait me dire. Mais je maîtrise très bien l'anglais et je l'écouteattentivement.
-Acemomentlà,ilavraimentcommencéàs'éloignerdemoi.Jesavaisqu'ilsouffraitdelapertedesamère.Maisjenel'aijamaisvupleurer.Sonéducationneluipermettaitpascela.
Sonpèreétaitabsentdeplusenplussouvent.Ilétaitsouventseul.C'estàcemomentlà,quej'aidésiréêtresafemme.Jel'aimaisdéjàtellement.Aenperdrelatêtemême.1ans'estpasséetcetamourestdevenuinsoutenable.J'avaisbesoindeplusetluis'éloignaitdemoi.
C'étaittellementpuissantquejeperdaislesoufflequandilentraitdanslapièce.Jenecomprenaispaspourquoi ilmettaitune telledistanceentrenous.J'avais tellementmalqu'ilsedétournedemoi.Devenir sa femme devenait une obsession. Beaucoup de filles étaient déjà mariée à mon âge.Beaucoupdegarçonss'intéressaientàmoimaisilnesemblaitpasjalouxetçamebouffait.J'aireçuplusieursdemandesenmariagemaisjelesaitouterefusé.Jevoulaisêtreàlui.Nousavionsgrandiensemble,nousnousconnaissionscommepersonne.C'étaitnotredestinàtouslesdeux.
Ellecommenceàpleureretdes larmesmemontentauxyeux. Jen'aipasde lapeinepourelle,maissondiscoursmefaitmal.J'aimalqu'elleparledelui,deleurhistoire.
- Le jour demes 16 ans, je lui en voulais tellement. Il semblait, chaque jour, de plus en plusdésintéressé.Etcesoirlà,jesuisentréedanssachambre,ildormait.Jen'avaispasledroitd'êtrelà.Jeme suis glissée dans son lit. Il s'est retourné et s'est mis à m'embrasser, ce fut le baiser le plus
exceptionneldetoutemavie.Ellenevapasmeraconterleurpremièrefoisquandmême!C'étaitdoncelle!J'aienviedevomir,
jemelèved'uncoup.Fait-ellecelapourmefairesouffrir?Ellejoueunjeuterrible.Jemesuisvoiléelaface,toutcelamedépasse.Meblesseterriblement.
-Jeneveuxpasenentendred'avantage,excusemoi.Je prendsmon sac et je marche vite en direction de la porte d'entrée. Il faut que je quitte cet
endroitauplusvite.Maisellemecourtaprès,criedansunsanglotimmense.-Elena!Ilnem'ajamaistouché!Jem'arrête.Moncœursesoulèveetçamepince,çamebrûle.Jenecomprendspas.-Iln'ajamaisposélesmainssurmoi.Niavant,niaprèsnotremariage.Letempsquemoncerveaucomprenne,jesuisgenouxàterre.Mesdeuxmainssurlabouche.Je fond en larmes.Dévastée. J'ai l'impression que le filmde ces 10 dernières années repassent
dansmatête,encoreetencore.-Ilm'arepoussé.Ilcroyaitquec'étaitquelqu'und'autremaisquandilavuquec'étaitmoi,ils'est
figé.Jesavaisqu'ilvoyaitd'autresfilles.Etjemesuissentieterriblementrejetée,malaimée.Etj'étaistellement aveuglée par la rage. J'ai rejoint un garçon quime courrait après depuis longtemps. Etputain,j'aifaitunebêtise.Uneterribleerreur...
Jedéconnectedelaréalité.Mesdeuxpaumescontrelesolfroid.-Elena,Adamn'estpassonfils.
Chapitre11:DéconnectésJesuisseulementguidéeparmessens.Totalementdéconnectéedelaréalité.J'aijusteenvied'être
près de lui ce soir, m'offrir cette nuit. Comme si la fin de l'histoire d'Aliyah, le pourquoi de leurmariage,n'avaitjamaisexisté.
Jenepeuxplus raisonner.Mes actes seront réfléchisplus tard. J'ai enviede le retrouver. Jenepourraispasattendrepluslongtemps.
Depuistoujours,tousmescheminsmènentàlui,seulesalumièrem'attiremêmesiellem'aveugle.J'aibesoindeluidirequejel'aicomprismêmesijenesuispassûredepouvoirluipardonnersonsilence.
J'arrivedevantlegrandstade.Jerelèvelatêteetvoissaphotoimpressionnantesurl'annoncedumatch.Celanem'arrêtepas.
Desvoituresdepolicesontgaréesunpeupartoutdevant.Lacohueestgénérale.Desgenssortentlenezensang,d'autressetiennentlescôtes.Certainss'insultent,pendantquedesagentslesretiennent.La tension est palpable. Je commence à m'affoler. Je me fraie un chemin entre les dizaines depersonnes et photographes qui restent devant l'entrée. J'arrive à passer la sécurité complètementdépasséeparlesévénements.J'entredanslagrandesallequiestsansdessusdessous,lestablesetleschainessontrenversés,commesiuntsunamiavaittoutterrassé.
Desagentsinterrogentdeshommesetdesfemmes.J'interpelle,l'undeux,quipassedevantmoi.-Excusezmoi.Ques'est-ilpasséici?-Ilyaeuunebastongénérale.C'étaitlafolie.Uncarnage.Lesgenssesontmisàsetaperdessus.
Excusezmoi,j'aidutravail.Vousferiezmieuxderentrerchezvous.OùestFares?OùestLuc?Jevois,deloin,l'entréedesbackstageetjem'yprécipite.Jecoursdansleslongscouloirs.Jenesaispasoùaller.Ildoitêtrelà.J'ensuiscertaine.Jecrois
avoirfaitletourquandjevoisLucassisdevantuneporte,laboucheensang.Jem'arrête,mamainsurlecœur.Ilyatropd'émotionsquimetraversent,dessouvenirsterriblesmereviennent.Leslarmesmemontentauxyeux.MonDieu,j'espèrequ'ilneluiestrienarrivé.Jecrie,complètementaffolée.
-Luc!!Oùest-il?!Ilrelèvelatête,ilal'airépuisé.Ilaunénormecoquardsousl'œilgauche.Ilmontredelamainla
portederrièrelui.J'avance,tremblantdetoutmoncorps.Lucsepoussesurlecôté.-Jenesaispasdansquelétattuvasletrouver,Elena.Faisattention.J'ouvrelaportedoucement.Lalogeestcomplètementdétruite.Jesaisqu'iln'yestpasétranger.Il
n'estpasdanscettepièce.Jelatraverselentement.Laportedesdouchesestentrouverte.J'entendsl'eautombersur lesol.Elleestplongéedanslenoir.Seul, lenéonvertdesortiedesecours,éclairesoncorps.
Ilestdeboutsousunedesdouches,torsenu,l'eaus'écoulesursapeaulisse.Ilestcontrelemur,têtebaissée,lesbraslelongdesoncorps,sesmusclesencoretendus.Lesbandages,sursespoings,sontmaculéesde rougeet le sangcouleavec l'eau.Des larmescourent surmes joues, sonétatmebrise.Alevoir,ilafaitquelquechosedegraveetdeterrible.
Quiconqueauraitpeurdel'approcher.Maisjesaisqu'ilnemeferaaucunmal.Jem'avancedoucementverslui.L'eau,sous laquelle ilse trouve,estgelée.Jem'approcheencore.Je tendsmamainet tourne le
bouton d'eau chaude. Les gouttes inondentmaintenantmon visage et coule dansmes cheveux. J'aifroid.Jecouvremoncorpsdemesbrasetmesdentssemettentàclaquer.Ilnebougepas.
Ila toujours lesyeuxbaisséscommes'ilnemevoyaitpas.Jememets faceà lui. Je touchesesbras,ilneréagitpas.
Jeprendsunedesesmains.Sonpoingsnesedesserrepas.Jelemasse,jeledétendsetluienlève
doucementsesbandages.Ilse laissefaire.Je luiembrassechacundesesdoigtsmeurtris.Jeprendsmontemps.J'aibesoinqu'ilsecalme.Jefaisdemêmeavecsonautremain.
Je retiremongiletqui tombe lourdementausol,ainsiquemon t-shirt. Jecolle toutmoncorpscontrelui.Jeveuxqu'ilmerevienne,qu'ilsentemaprésence.Mapaumetouchemaintenantsonbusteréchaufféetremontentjusqu'àsonvisage.Mesdoigtscaressentsabouche.Monautrebrasl'entoureetmamainreposesursondos.Jeposematêtesursoncœur,jefermelesyeuxetécoutesesbattementsmerveilleux.Ilsemble,peuàpeu,prendreconsciencequejesuislà.
Sonbustesesoulèveplusvite.-Es-tumonenferElena?Jelèvemonvisageverslui,ilnemeregardetoujourspas.Jenedevraispasfairecela.Jedevrais
fairecequidevraitêtreraisonnable.Maisjenepeuxpas.Pascesoir.Ma bouche caresse son cou puis le long de sa joue. Jem'arrête devant sa bouche. Je sens ses
lèvres. J'ai l'impressionquequelquechosenous cache,nousprotège.Nous sommes seuls, tous lesdeux,dansunendroitoùpersonnenepeut,ninousvoir,nientrer.Jemedétachedetout.
Ilmeregardemaintenant.L'émeraudedemesyeuxfonddanslalaveenfusiondessiens.Mesbrasentoure doucement son cou. L'abandon est total quand ses brasm'enlacent enfin. Nous restons delonguesminutesànousregarder.Jen'aijamaisressentiautantd'amour.Sessourcilssefroncent,sonregardestintenseetprofond.Moncœursegonfle,iltrépigne,iln'enpeutplus.
Meslèvrestouchentenfinlessiennes.Sabouchem'accueille.Ilmelibèreenfin.Iln'estpasbrutalmaisdésespéré.Jesenslegoutsalédenoslarmesentrerdansnosbouches.Jemeserredetoutesmesforcescontrelui.Unetraînéedefeum'embrase.Jemeretrouve.Jemelaisseallerauxdélicesquesalangueme procure.Complètement obsédée par lui. Subjuguée par son contact. Jeme sens commeprécieuseentresesgrandesmains.Heureusedenousoffrircequ'onmérite.Mêmesicet instantestéphémère.Mêmesilasuiteseradifficile.
On s'arrête,on se regardeet ilme sert contre lui.Cebesoin intense,de se sentir toujoursplusproche l'un et l'autre, existe inexorablement. Comme le bonheur de notre étreinte et notre amourdémesuré.Ilmesoulève.Matêtereposesursonépaule.L'eauchaudecouleencoresurnous.Ilnousfaitglissercontrelemurjusqu'ausol.Jeneveuxpaslequitter.Pastoutdesuite.
-Jet'aimeraitoutemavie,Fares.
Chapitre12:InaccessibleJen'aipassentiqu'ilmesoulevaitdusol.Jecroism'êtrepresqueendormiedanssesbras.Ilme
déposesurunedestablesdelaloge.Jesuisengourdieetjemesensterriblementfatiguée.Ilrevientavecuneservietteetm'essuielecorpspuisildépose,surmesépaules,unsweatàcapuchebientropgrandquej'enfilelentement.Jelèvelevisageversluipendantqu'ilmetunt-shirt.
-Jedoisrentrer.Ilsefigeinstantanément.-Nerentrepas,resteavecmoi.Nousdevonsparler,tunecroispas?-Jesaisdéjàtout.Dis-je,l'airlas,enluitouchantlajouecommesij'enavaisencoreledroit.Ilmeregardeincrédule,essayantdeliredansmespensées.Maisellessontbientroptorturées.-Commentcela,tusaistout?Non,tunesaisrien.Elena,ilfautquetum'écoutes,s'ilteplait.Laportes'ouvreetLucpassesatêteàtravers.Jeretireimmédiatementmamainetmereculesur
latableenrepliantmesgenouxsurmoi.-Çava,là-dedans?Jepeuxentrer?Fares,surprisparmaréaction,recule.Jesenssonregardsurmoi.Lucnousfixel'unl'autre.-Euuh,lesflicsveulentt'interroger,Fares.Tuaseudelachance,lestémoignagessecontredisent.
Certainsdisentquetuascommencé,d'autreleréfutent.Onpeutdirequetuasdenombreuxsupportersquiveulentquetucontinuestasaison!Tonentraîneurs'estmisdevantlacaméraprincipaleetonnevoitpaslemomentoùtuessortiduringmaisseulementquandtoutlemondeacommencéàsetaperdessus.
-Attends,tuesàl'originedecechaos?Luidemandé-jeconsternée.-Unpeu...Répond-t-ilavecindifférence.Sonregardesttoujoursrivéaumien.Jebaisselesyeux.-Unpeu?Turigoles,ilaprisunmecetill'abalancéau-dessusdeschaisesensuite...-C'estbon,onacomprisLuc.L'interrompeFares.-C'estparticomplètementenvrille!C'étaitlabastonlaplusincroyabledetoutemavie.Putain,tucroisquej'aiperduunedent?Jenesensplusmabouche.DitLucenmontrantsesdents
exagérément.Ilmefaitsourire.-QuandKatyverratatête,jedoutequ'elletrouvecelaincroyable.Lucessaied'essuyerlesang,déjàsec,sursonmenton.-Bonça,c'estlecôténégatifdutruc.Maisc'étaittellementbon.Tum'auraisvu!Il simuleuncoupdepoingsdugauche,puisdudroit. Ilme fait rire.Celame fait dubien.Les
avoirtouslesdeux,àcôtédemoi,medonnentl'impressiondevivreuneautrevie.Celleoùiln'yanimariage,nimensonge.
-Jecroisquetuesdevenuencorepluspopulairecousin!-Situsavaiscommejem'enfous.LuibalanceFarescomplètementdétaché.-Tuesincorrigible,dis-jeaffectueusement.Jelève,ànouveau,lesyeuxsurluietmonsourires'efface.Sonregardestchargéd'inquiétude.J'ai mal au cœur de le quitter comme cela mais je suis encore trop fragilisée par toutes ces
révélations.Ilfautqu'ilarrêtecarjepeuxcraqueràtoutmoment.Cesoir,jesuisalléetroploin.Jel'aiembrassécarj'avaisbesoindenoussoignerdetoutesnospeinesmaisaulieudecela,jeles
airavivé.Jevoulaisqu'ilsachequej'avaiscomprissasouffranceetendurésasolitude.Enquelquesorte,jevoulaisqu'onpleureensemblesurlatragédiedenotrehistoire.Mais,ilest,à
luiseul,l'artisandenotreamourcommeceluidesadestruction.-Tuesencolère?Medemande-t-ilperdu.-Non,Faresjenesuispasencolère.Maisjedoisrentrer.
Ilmequestionneencoreduregard,réfléchissantsurementàmonattitudedetoutàl'heureetàcechangement de comportement. Mais même moi, je ne peux l'expliquer. Il faut que je parte avantd'éclater.Jesuisenfaiteterrorisée.J'aisimal.Jesautedelatable.Jelecontourneetentredanslesdouches.Jerécupèremesaffairesmaiscenesontquedesserpillièressurlesolmouillé.Jelesessoreetj'entendsFaresquis'adresseàLuc.
-Luc,s'ilteplait,attends-moidehors.J'aiuncoupdechaud.Non,ilnefautpasqu'ilnouslaisseseuls.Jamais, jenepourraispartirsi
nousnousretrouvonstouslesdeux.Jen'enauraispaslaforce.Jemeprécipitedanslapièce.-AttendsLuc.Jeparsavectoi.Jecommenceàquitterlaloged'unpasrapide.Lucregardenotremanège,interdit.Faresm'appelle
avantquejen'aieuletempsdefranchirleseuildelaporte.-Elena.Jemeretourne.Ilmetendunpapierqu'ilvientdesortirdesonsac.Sonregardestplusdur, la
tendressenel'habiteplus.-Prendslà...s'ilteplait.J'hésite. Je nedevrais pas.Unhommechauve, auxyeux clairs, entre aumêmemoment dans la
pièce.Ils'attardentsurmoiquelquessecondespuisils'adresseàFares.-Fares,nousavonsbesoindetoimaintenant.Ilatoujourslamaintendueversmoi.Sonregardmefaitmal,j'yvoisunmélangederegretetde
colère.Jemedécideàlaprendreetilbaisselesyeux.-J'arrive.Ilpasseàcôtédemoisansmêmemeregarder.Jeressensunfrissonviolentme traverseretun
videprofondetimmédiat.-JerendraistavesteàLuc.Ilnes'arrêtepasetmerépondssansseretourner.-Gardelà,brûlelà,faisencequetuveux,celam'estégal.Jenesaispass'ilparledelavesteoudelalettrequejetiensdansmamaintremblante.Cequiest
sûr, c'est qu'à cet instant, j'ai envie de pleurer. Je ne voulais pas nous infliger cela. Je suis encorebouleverséeetàvraidirejenesuispassûredesavoiroùj'ensuis.Leslarmesmemontentauxyeux.
Monmarim'attend. Je dois le voir, il faut qu'ilm'explique tout ce qu'il a fait. Il faut qu'ilmerassure.Ilfautquemonmariagetienne.Ilfautquej'oublietout.Illefautputain!
Quand je suisdansmavoiture, j'ai dumal àquitter l'endroit. Je laisse tourner lemoteur. Il estpresque2hdumatin.Eric,doitsedemanderoùjesuis.Jeregardelalettrependantplusieursminutes,jeladépliepuislarepliepresqueaussitôt.J'enrage.Jelafourredansmaboiteàgants.Jetapesurmonvolantetposemonfrontdessus.
J'aimalagi,j'aitrompémonmarimaislaseuleculpabilitéquejeressensestcelleenversFares.Pourtant,c'estluilecoupable.Luiquim'amentitoutcetemps.
Jerelèvelesyeux,fixel'entréeetlevoissortiravecLuc.Ildépasseungroupedefilles.Ellessontrestéesàl'attendrepourunautographeoupirequecela.Ilpassedevantsansfaireattentionàelles.
Il serre lamain deLuc et ils se séparent. Ilmarche en direction d'une voiture dans le parkingpresquevide.Ilmeparaitmaintenantinaccessible.Jen'arrivepasàcroirequejelelaissem'échapperencore.Jeregardemonallianceetlatoucheavecmonpouce.
Lespharesdesavoitureclignotentrapidementetaumomentoùilposesamainsurlapoignée,ils'arrête. Il lève lesyeuxdansmadirection. Il se redresse. Je saisqu'ilvoitque je suisencore là. Ilattend quelques secondes. Ellesme semblent interminables.Mon cœur bat trop fort et je crois uninstantqu'ilvaexploser.Jeposemamainsurlaportemaismeravise.Non,jesuisincapabledefairecela.
Ilbaisselatête.Illasecouelentementpuisseretourneendirectiondustadeetfaitunsigne.Il ouvre la portière et s'engouffre dans sa voiture de sport noire. J'entends le moteur ronfler
furieusement.Deuxfillesarriventencourantetentrentàl'intérieur.Moncœurs'arrêtequandilpartavecellesdanslanuit.
Chapitre13:AuboutducheminJen'arrivepasàbouger,commefrappéed'inertie.Jenesaismêmepassijerespireencore.Mavieserésumeàcela.Reprendrepitoyablementconscienceàchacundesesdéparts.Uneautre
gifle, unenouvelle douleur.A chaque fois, c'est pareil, tout devientmoins important quand il n'estpluslà.Toutfaitplusmalquandils'agitdelui.
Je reste encore quelques minutes. Le temps de remettre de l'ordre dans ma tête. Je repense àAliyahetsaconfession.
J'étaissurlesoldevantsaported'entrée.Jenepouvaispasmerelever.J'avaisdumalàreprendreunerespirationnormale.Enfait,jesuffoquais.Putain,cen'estpassonfils!Ilnel'ajamaistouché!?Jen'arrivaispasàlecroire.Moncerveauessayaitdetrouverlalogique,l'évidencequim'échappait.Maisbordel,iln'yenavaitaucune.
Aliyahs'estalorsagenouilléeprèsdemoi.- Je suis tellementdésoléeElena. Jene savais pasqu'il t'aimait à cepoint. Jusqu'aupoint de se
détruirelui-même."Aimer"ungrandmotpourunhommedéjàmarié.-Pourquoicemariagealors?Avais-jeréussiàarticuler.-Jesuistombéeenceinteaprèscetincidentetlàoùnousvivons,avoirunenfanthorsmariageest
très grave et contraire à la loi. Bien évidemment, le père d'Adam s'est enfuit, niant touteresponsabilité.J'aiessayédelecachermaislanouvelles'estviterependue.LepèredeFarescraignaitquel'onmechâtie.Etlefaitquejevivesoussaprotectionquandcelaestarrivé,pouvaitentraînerdegravesrépercussionspolitiquesentrenosdeuxrégions.MesparentsnesontpasaussirichesqueceuxdeFaresmaisilssontassezpuissantsetdangereuxpourpouvoirabolirlapaix.
A ce moment-là, je me suis demandée, à quel point, pouvaient être dangereux, les parentsd'Aliyah.Jeneconnaisabsolumentpascepays,nisesusetcoutumesetencoremoinslesdangers.Jem'ysuisrendueuneseulefoisetencompagniedeFares.Mêmeàcemoment-là,siprèsdechezlui,ilnem'avaitriendit.
-Faresaprissapremièredécisionpolitique,c'est-à-dire,sauvermaréputationetsansdoutemavie,endisantquel'enfantétaitdeluietétoufferdéfinitivementleconflitenm'épousant.Mesparentsavaient ce qu'ils voulaient finalement, leur petit fils aurait lamain sur le territoire quema familleconvoitait depuis toujours. Cependant, Fares n'a émis qu'une seule condition, il devait pouvoirterminersesétudes.Ilestdoncpartichezlafamilledesamère,enFrance.
Lemomentdenotre rencontre. Il n'était doncpas encoremariémais connaissait sesdevoirs etfuturs responsabilités. Il savait qu'il n'allait pas pouvoir échapper à ce mariage. Ce fut donc sonpremiermensongeparomission.
-Ilestrevenuplustôtqueprévuetunanplustard,nousnoussommesmariésquandileutatteintlamajorité.Nosrapportsn'ontpourtantpaschangé.Ilmarquaitcettedistanceinsupportable.Lesoirdenotremariage,commeleveutlatradition,nousavonspartagélamêmechambremaisilnem'apastouché.Ilestrestédebouttoutelanuit.Jesavaisqu'ilsouhaitaitrepartir.Etcesoir-là,jeluiaiditqu'illepouvait.Quejel'attendrais.
Il était donc revenupourpoursuivre ses études et avait entaméune liaison avecStéphanie.Desfrissonsmetraversent.Puisaenchaînéuneliaisonavecmoi.
J'auraisvouluqu'ilmelaisselechoix.Lechoixdedécidersijesouhaitais,resterounonaveclui,malgrélasituationcomplexe.Jemedemandesijeluiauraislaisséunechance.Jenelesauraisjamais.
Au fond de moi, j'aurais voulu qu'il me choisisse plutôt qu'elle. Qu'il me considère plusimportantequetout,mêmeplusqueses liensousondevoir.Qu'il resteavecmoi,plutôtquedemelaisserpartir.Suis-jeégoïstedepensercela?
Mavoitureentredanslacour.Quandj'ouvrelaporte,jepriepourqu'Ericsoitcouché.Jen'aipaslaforcepouruneconfrontation.J'ailatêteretournéeetlafatiguem'engourdit.
Maisjen'aipascettechance.Ericm'attend.Ilselèveaumomentoùjefermelaporte.Asadémarche,jevoistrèsbienqu'iln'estpassobre.-Tuétaisoù,bordel?Dit-ilàdeslieuxd'êtrecalme.Ceseradonccesoir.Jerestedevantl'entréeetenlèvetranquillementmesbottes.-Assistoi,j'aibesoindeteparler.-Parlerdequoi?Savoixestpâteuse,ilavanceversmoi.-Denous.Detoi.Decequetum'ascaché.-Etsi,plutôt,onparlaitdeceque,toi,tucaches.Elleestàquicetteveste?Sontonestabject.Ilarriveàmahauteur.Sesyeuxsontinjectésdesang.Ilmefaitpeur.Jereculeinstinctivement.Jelèvemesdeuxmainspourluiintimerdegardersesdistances.-Eric,s'ilteplait.Calme-toi.-Apeine, ai-je le dos tournéque tu pars baiser avec lui. Si ça se trouve, vous le faites depuis
longtempstouslesdeux!Tut'estoujoursfoutudemagueule.-Tudélires!?Tuasbu.Çasuffit,onparlerademainquandtuaurasdécuvé.Jelecontournemaisilmesaisitparlebras.Ilmelebroie.-Necroispasquetuvast'entirercommecela.J'essaiedegardermoncalmealorsquedansmatêtetoutéclate.Safureurm'alarme.Jeredoutela
suite.-Lâche-moi,Eric,tumefaismal!Jeleregardedroitdanslesyeux,maiscequejevoisdanslessiensm'effraieplusencore.Iln'ya
queviolenceetdégoût.Ilsdemandentunesoumissiontotale.-Jetefaismal!Etqu'est-cequetumefaisàtonavis?J'essaie encore de me libérer mais il ressert encore sa main sur moi. La douleur m'oblige à
m'accroupirdevantlui.Ilfautquejeréfléchissevite,ilfautquejedétournesonattention.-Nefaispaslavictimeavecmoi,tuveux.QuefaisaitNicolascheznous?Ilmelâched'uncoupetj'arriveàmerelever.-Tul'asvu?!-Oui, je l'aivu.Mêmeentendu.Tufaisentrerunpsychopathecheznouset tuoses inverser les
rôles!Jepassedevantluietcommenceàmonterl'escalierquimèneànotrechambre.J'essaiederetirer
rapidementmonjean's,quimecolleauxcuissesencorehumides.Ilfautquejeparted'ici, il lefautabsolument.Jeprendslepremierpantalonquimetombesouslamain.Jemeretourneetjemefige.Ericestdevantlaporte.Acemoment-là,jen'aiqu'uneseuleidéeentête,luiéchapper.
-Tuvasoù?-Jereviendraisquandtuaurasdessoûlé.-Crois-moi,tuvasrester.Affirme-t-illesyeuxplissés.Ilavanceversmoietm'arrachelepantalondesmains.Jesuisensous-vêtementsouslesweatet
complètementàsamerci.-Tuesmafemme,putainettuvasm'obéir!-Tafemme?!T'obéir?Dis-jeacerbe.Alorsquetuvolesmoncourrieretmecacheunputainde
coffredansnotremaison!-Etalors,c'estrienparrapportàtoussesmensonges!NON!?Ilhurleàdeuxcentimètresdemon
visage,jepeuxsentirleseffluvesd'alcool.J'aitoutfaitpourquetumerestes!Qu'est-cequ'ilafait,lui,pourteretenir!Dis-moi?
Mesnerfsexplosent,jen'enpeuxplus.
-Rien!Iln'arienfait!Ilm'alaissécommeunemerde.Maiscen'estpasluileproblème,c'esttoiputain!Regardestoi!Tumefaispeur,Eric!
Ilmetsamainsousmonmentonetmecollecontrelemur.Ilm'écrasedetoutsonpoids.Ilesttropgrand,tropfortpourmoi.Jen'arriveplusàparler.
-Tucroisvraimentquejevaistelaisserlerejoindre!Hurlet-il.Tun'esqu'uneputepourlui!Ila,peut-être,raisond'ailleurs!Tudoisaimerêtreunepute,aprèstout.
J'aienviedevomir.Ilmeprendlebras,tiredessusetjetombeparterre,devantlelit.Jeregardelaportederrièrelui.Jereprendsmonsouffle.Putain,c'estmaintenant.Iln'yaplusunesecondeàperdre.
Jemelèved'unseulcoupetarriveàluiéchapper.Ilattrapeunemèchedecheveuxquis'arrachedansmacourse.Jesensleslarmesmemonterauxyeux.
-PutainElenareviens!J'entendsdessanglotsdanssavoix.Maisiln'estpluslui-même.J'attrapemescléssurleguéridonetouvrelaporteàlavolée.Ilmepoursuittoujours.Jen'aipas
letempsdeprendrequoiquecesoitd'autre.Jecourssurlegravierblanc,piedsnus,etquandj'arriveàfermerlaportièredemavoiture,ilestdéjàlà.Iltapecommeunfoucontrelafenêtre.
-Elenaputain,reviens!Excuse-moi,Putain!Jenesuisplusriensanstoi.J'allumelemoteuretquittelapropriétéentrombe.Moncorpsproduitdessecoussesincontrôlableset jesuis trempéedesueur.Mabouchetremble
nerveusement.Jerouleetjenesaispasoùaller.Jesuispresqueàpoilsousmonsweatetjemevoismalréserver
unechambred'hôteldanscetétatetsansargent.Jem'arrêtedansunedesruesdeParisetjesuistellementfatiguée,àboutdenerf.Quelqu'untape
contre la fenêtre, je sursaute. C'est un homme quime demande d'ouvrirma vitre avec un souriresournois.Jereparsaussitôt.
Jecommenceàpaniquer.Non,jenerevivraispascecauchemar.Jen'ai,bientôt,plusd'essenceetjevaisdevoirmegarerquelquepart.Lestremblementsreprennentdeplusbelle.
Jeréfléchis.Jepeuxêtreensécuritéàunseulendroit,avecuneseulepersonne.Jenesaispass'ilyhabiteencore.S'ilseraseulouaccompagné.Maissonimmeubleestsûretilestproched'oùjesuis.
Jemegaredevantsonbâtiment,traverseletrottoiretcoursdanslesescaliers.Arrivée devant le seuil de sa porte, je me laisse glisser, lentement, contre elle. Je me sens
tellementpathétique.Ilestpartiavecdeuxfilles.Ilestsûremententraindesefaireplaisiràl'intérieurouailleurs.Maisjem'enfous.J'aibesoindedormir.
Jerelèveune jambeetappuiemonbrassurmongenou.Matêtedansunemain.Demain,estunautrejour.Demain,jeseraimoinsfatiguée.
Laporte,derrièremondos,s'ouvre.-Elena?Jenesaispaspourquoi,maisl'entendrenemesoulagepas.Jerelèvelatête.Ilestseuletàl'air
inquiet.Ilavanceversmoipourm'aider,maisjereculesurlesol.Jesuistombéebientropbas.Ilnemerelèveraplus.
J'ai justeenvied'arrêtercecœurdebattre.Qu'ilmelaissetranquille.Jemelèvepéniblement,jesuisàboutdeforce.
-Qu'estcequetufaislà?Demandet'ilanxieuxenexaminantmatenue.Jeparlecommesijem'adressaisàunfantôme.Commes'iln'étaitpasvraimentdevantmoi.-Pourquoitunet'esjamaisbattupourmoi?Ilmeregardedéconcerté.Sabouches'ouvremaisilnerépondpas.Jebaisselatête.Jeneretiens
plusleslarmes.Jepleureettoutemamisérablesouffrancesort.Il avance vers moi mais soudain l'hystérie me prend. Lemal être me bouffe de l'intérieur. Je
n'arriveplusàmecontrôler.Jenesuisplusrien,jen'aiplusrien.Jehurleenm'agrippantlevisage
sansleregarder.Jesensmesongleslacérermesjoues.-Jetedéteste,Fares.Jetedétestecartum'aslaisséseule!Jetedétestecartum'aslaissécroire
qu'onavaitunavenirtouslesdeux,putain!Jetedétesteparcequetum'asmenti!Jetehaistellement!-Elena,jet'enprie,calmetoi!L'angoissepercedanssavoixetjenelevoismêmeplusàtraversmeslarmes.Ils'estrapproché.
Jesensjustesesmainsquimesoutiennentparlespoignets.Ilm'empêchedetomber.Qu'ilmelaissecrever,putain!
-Pourquoitum'aspiégé?Pourquoitum'asfaitdumal?Qu'estcequejet'aifait!Hein?Qu'estcequejet'aifait?!Jetremble.J'éprouvetout.Jesubis.Jenesupportepluscettedouleur.-J'aimalFares,putain,j'aitellementmaldetoutcela!J'aienviedemourir.-Maisqu'estcequit'esarrivée!Arrête,jet'ensupplie.Elena,regardemoi!-Pourquoitum'asfaitça?Pourquoitum'asquitté,putain!!Pourquoitul'aspréféréelle!Pourquoitunem'aspassauvémoi!Jeneteméritaispas,c'estça?Jemedégageavecrage.Cesontlesdernièresforcesqu'ilmereste.Jelefixe.-Tut'esbienfoutudemoi,pasvrai?C'esttropdurdeluimontrermafaiblesse.Lasouffrancedenotrehistoirequejeressensencore.Il
fautque jequittecetendroitavantde tombermisérablementdevant lui. Je lecontournemais ilmeretient.Jeregardesamainchaudesurmoncorpsgelé.
-Elena,restes'ilteplait.-Pourquoi?Pourquoijeresterai?Disjeépuisée.Je lève doucement mon visage noyé de larmes. Ses yeux pénètrent les miens et je le vois. Il
souffre.-Resteparcequejet'aime.
Chapitre14:FusionJemefige.Lechocarrêtemespleurs.Jemetournepourluifaireface.Ilfautqu'ilmelerépète.
J'aibesoinqu'ilmelediseencorepourycroire.-Tu,quoi?Ilserapproche,jepeuxsentirsachaleur,sonodeur.Ilplongesonregardsombredanslemien.Ilmurmurelentement.-Jet'aimeElena.Ses yeux sont commedes flammes quim'embrasent. Son aveu semble le rendre vulnérable. Je
crois,uninstant,qu'ilvam'embrassermaisilposesamainsurmonvisageetsonpoucerecueillemesdernièreslarmes.
Ilresteàattendre,encoreconscientquejepeuxpartiràtoutmoment.Maissaprésence,envahitlevide qui s'était formé dans ma poitrine. N'ai-je attendu que cela alors ? Qu'il me dise enfin qu'ilm'aime?Celan'apasdesens.Ilserapprocheencoreetsouffle:-Donne-moiunesecondechance,s'ilteplait.
Jepourraistrouverunmillionderaisonsdenepaslaluidonner.Matêtehurlederestersurmesgardes,dememéfierdeluimaismoncœurpeut-ilencorelutter.Mamainselève,elletrembleetjenen'arrivepasàlaposersurlui.Ilavancesonfrontcontrelemienetjointsamainàlamienne.Nosdoigtss'entrelacentlentement.
Il a ce regard, cette arme redoutable qui me sonde en profondeur. Lui seul à ce pouvoir. Ilapprocheledosdemamaindevantsaboucheetembrassemapeauenmeregardanttoujoursdanslesyeux.Ilattendquejecède.Quejem'exposeencoreaudanger.
Puis,ilplacemapaumesursontorsechaud,prèsdesoncœur.Jelaisseéchapperunsouffle.Cegesteestd'uneimmensetendresse.Presqueunesoumission.-Jesuisàtoidepuislongtemps.Jefermelesyeux.Sijem'abandonneàlui,maintenant,jeperdraidéfinitivementlecontrôledema
vie.Jepourraidireadieuàtousmesprincipes,mesconvictions.Perdue, je laisse aller mon front contre son torse. Sa main caresse mes cheveux. Je sens sa
poitrinesesoulever,celam'apaiseunpeuplus.Je lutte encoremais jeme perds irrémédiablement.Oui, jeme perds avec lui, dans cet amour
interdit.Dois-jeencorelutteralorsquecertainspassentleurvieàcherchercequel'ona?Jerelèveenfinlevisage.Maboucheestentrouverteprèsdelasienne.Etdanssesyeux,j'existe.Ilfrémitetmesjambescèdentquandsoudainjel'embrasse.Ilmeretientparlatailleetsamainme
prendlevisage.Monpoulss'accélère.Jesensdespicotementsviolentsdansmonventre.Jemesenspartir.Notre baiser devient suprême et enivrant.Me faisant chavirer un peu plus, chaque instant. Ses
lèvress'accordentparfaitementauxmiennes.Nossoufflesdeviennentsaccadés.Ilmeretient.Salangues'enfoncedansmaboucheetsonrythmelangoureuxmefaitperdrelatête.Ils'arrêtepresquesuffocantessayantdereprendresarespiration.Jelisdanssesyeuxundésirfou,
unamourinsensé.Sessourcilssontfroncés.Soussonregardintense,jefond.Ilmordsalèvreencorehumidepuismedemandedansunmurmurerauquepresquedésespéré.
-Dis-moiqueturesteras.Jure-moideneplusmequitter.Commentvivreencoresans lui. Iln'yauraitaucunegloireà l'endurer.Jehochela têteensigne
d'abandon.Sonbraspuissantme soulèveet l'autrepasse endessousdemesgenoux. Ilmeporte etnousentronsdanssonappartement.
Ilestmontout,monâmeetsonenveloppe.Monchagrind'amouretsonremède.Ilmerendfragileetsaprésencemerendplusforte.Acemomentlà,jeluipardonnetout.Maistout.
Incroyablement,tout.Déraisonnablement.L'appartement est à peine éclairé. Il a abrité notre première fois. La baie vitrée nous offre le
monde.Jemesenstellementbien.Ensécurité,danssesbrassolides.Ilmedéposesurlelitetsemetau
dessusdemoi.Ilestsursescoudesetsesmainsplongentdansmescheveux.Monpoulsnepeutallerplus vite. Les frissons ne peuvent être plus intenses. Il me regarde comme si j'étais la plus bellefemmeaumonde.
-Embrasse-moiencore.Jenerésisteplus.Jeprendssaboucheetilm'embrasseprofondément.Jelesensgonflerentremes
jambes.Il se redresse essoufflé et d'un mouvement ample, il retire son t-shirt. Je le contemple, il est
splendide. Il est formé parfaitement. Ses muscles sont fins et bien dessinés. Ses épaules se sontélargies.C'estunhommemagnifiqueetilestau-dessusdemoi.
Je touchesontorsehaléduboutdesdoigts.Il retientsonsouffle.Sonregards'assombritpar ledésir.
-Elena.Jenevaispluspouvoirm'arrêter.Ilattend.Ilmeveutconscientedemesactes.Jedescendslafermetureetenlèvelentementlesweat.
Jesuisensousvêtementdevantlui.Toutestréfléchi,toutestcensé,évident.Ilfinitdesedéshabiller.Ilestnuetiln'enéprouveaucunegène.
Jesensmonpoulsbattreàtoutromprequandilrevientsurmoi.Ildescendlesbretellesdemonsoutiengorge.Saboucheestpartoutsurmoncorps.Salanguejoueaveclesommetdemesseins.Mesmainsseposentsursapeauetjecomprendsquejenepourraisplusjamaistoucherunautrehommequelui.
Il regarde mon corps avec envie. Puis, ses yeux rencontrent les miens. Il caresse mon visagelentement.Samainlaisseunetraînéedefeuquandelledescendsurmoncoupuisentremesseinsetsurmonventre. Je frisonnequand il retiredoucementmaculotte le longdemes jambes.Quand ilarriveàmeschevillesetqu'ill'enlèvedéfinitivement,ilselève.Ilveutnousprotéger.
Je l'attends quelques secondes. Mon cœur bat trop fort. Je regarde devant moi, les lumièrescommencentàs'éteindredanslesruesdeParis.Jeprendsconsciencequeçafait5ansquenousnoussommesquittés.5longuesannées.Ilrevientsurmoi.Jeluicaresselescheveux.Savoixestrauque,contenuededésir.Ilmeprendlamain.
-Promets-moiqu'iln'yauraplusquenous.Que,plusjamais,ilnetetouchera.Sesyeuxnoirsmefixentetjecroisyvoirdeuxflammesincandescentes.-Jetelejure.Jeretiensmonsouffleenleregardantretirer,lentement,l'anneauenordemondoigt.Jeplonge,à
nouveau, mes yeux dans les siens. Son regard est encore plus intense et chargé de nombreuxsentiments.Maislesentimentdetristesseestceluiquejeperçoislemieux.
Ilposelabaguesurlatabledechevet.Puis il s'appuie sur ses deux bras. Je sens alors son sexe frôler le mien. Il attend encore, je
suffoque.C'estunetorture.Jesuis ivredesonparfum,desapeau.Pleinementconscienteduplaisirqu'ilpeutmedonner.Jefrémisd'impatience,s'enestpresquedouloureux.
-Faismoil'amourFares,luimurmuré-je,n'enpouvantplus,auborddelafolie.Unéclairpassedanssonregard.Ilmetdeuxdoigtsdanssaboucheenmeregardantdanslesyeux.
Ce geste est si érotique que je crois mourrir de chaud. Puis il m'embrasse, son baiser devientfrénétiqueetenflammé.Jepressetoutmoncorpscontrelesien.Jesenssavirilitépuissantecontremacuisseetsesdoigtss'enfoncerenmoi.Ilsoufflecontremeslèvres:
-Tuestrempée.Tumerendsfou.Jenepeuxplusattendre.
Sesdoigts,humides,remontentsurmonventreetjesensqu'ilmepénètredoucement,seretireetreviensplusprofond.Leplaisirquecelameprocureestprochedel'extase.Car,c'estlui.
-Tum'astellementmanqué,Elena.Savoixrauqueestunecaressesensuelle,elleraisonnedansmatête.J'avaisoubliéàquelpoint,ilpouvaitmeremplir.Jelesenslongetdur.Jesoulèvemeshanches
pourl'accueillircomplètement.Sonsoufflechaudetirrégulierbalayemonvisage.Lesdrapss'accrochentànospeauxbrûlantes.
Jesenssesdoigtsdansmescheveux.Sa languem'explore. Ilmeregardegémirsoussesassauts. Iltapeaufondetleplaisirestsiintensequejecroisquejevaisjouir.
Maisilsemetsurledosetm'attiresurlui.Mapoitrinesesoulèvefrénétiquement.Ilemprisonnemeshanchesdanssesgrandesmains.Sesyeuxnequittentpaslesmiensquandilreplongeenmoi.Jebougesurluisensuellement.Jelevoislentementperdrepied.Jevaisencoreplusfortetplusvite.
Notreétreinteestpassionnée.Monbassinonduleàunrythmeenfiévré. Ilestsibon.Jegémisàchaquemouvement.Jemesenspartir.
-Jouisavecmoi,Elena.Ilmeprendparlecouetm'embrasse.Messeinsetmonventretouchentsontorsebouillant.Ilme
ditencorequ'ilm'aimeàchaquecoupdereinetnoussommessoudainravagésparleplaisirdonnél'unàl'autre.Bouchecontrebouche.Jecriecontreseslèvres.Ilestinégalable.
De délicieux spasmesme secouent encore quand jem'effondre sur lui. C'est plus qu'un plaisirphysique.Ilestplusprofond,rareettranscendant.Acemomentlà,moncorpssurlesien,iln'existeplusaucunregret,aucunremord.J'airetrouvémonfoyer.L'hommedemavie.
Nospeauxluisentdesueurs,nos jambessontentremêlés.Nousreprenonsnotresoufflependantquelesoleilselève.Ilmemurmureàl'oreilledesmotsquejenecomprendspas,desmotsquimebercent.
Épuiséemaiscomblée,mespaupièressefermentetladernièrechosequejevoisavantdeplongerdéfinitivementdanslesommeil,sontsesyeuxnoirsmagnifiques.
Chapitre15:LechoixJemeréveillemaisn'ouvrepaslesyeux.Jesensunechaleurcontremondos,audessusdesdraps.
Unbrasmecouvre.J'aidûrêverhiersoir.Non,cen'estpasFares.Jenepeuxpasêtrechezlui.Nousn'avonspasfaitl'amour.Ilnem'apasdit"Jet'aime".
Je me tourne sur moi-même, espérant de toutes mes forces, de ne pas avoir rêvé ce momentmagique.J'ouvrelentementlesyeux.
Fares...Jeperdsmonsouffleetjedisparaissoussonregard.L'appartementestplongédanslenoir,seuleunelampetamiselegrandloftetsereflètedansses
prunelles. Sa peau a l'air encore plus douce, plus belle. Il a sa tête appuyée contre son bras. Il esthabillé.Ilmeregarde.
J'aperçoisqu'ilaunbleusurleborddelalèvreetdescoupuressurlevisage.Chosesquej'avaiscomplètementoccultéeslaveille.Celaluidonneunairvoyouetdangereux.C'estexactementcequ'ilest.Mamainavanceverssonvisageetjeluitouchelecoindelabouchecommefascinée.
-Salut.Medit-ilavecunsourireencoin.Ilprendundemesdoigtsdanssabouche.Illemordille.Jesensunlégerfrissonmecaresser.
-Bonjour.Tuesréveillédepuis longtemps?Demandé-jeàvoixbassepresqueintimidéeparsaprésenceetcetteintimitéoubliée.
- Très longtemps mais je ne voulais pas te réveiller de peur que tu ne veuilles partir. Tu asbeaucoupdormi,tusais.
-Ilestquelleheure?-21h-Quoi!!J'aidormitoutelajournée?Jefaisuncalculrapide.Lesoleils'estlevéàenviron8h.J'aidormi13h!-J'enaibienpeur,oui.-Non!Non!Non!Jepanique.Jemelèved'unseulcoupmaisjem'aperçoisquejesuisentenued'Eve.Mapudeurme
fait directement retourner sous les draps.Même si nous avons fait l'amour ce matin et avons étéamantsautrefois.Nousnesommespluslesmêmes.Autantmentalementquephysiquement.J'aiprisdupoids.Jecroisavoirélargideshanchesetmapoitrineestunpeupluslourde.Jem'assoissurlelitetremontelesdrapssousmonmenton.J'arriveàrécupérermonsoutiengorgenoirpliésurlatabledechevet.
Faress'estrelevéunpeuetsatêtereposemaintenantsursamain.-Tucomptest'enfuir?Non,pasdutout.Putain,enfait,jenesaispascequejesuiscenséefaire.J'aidécouchéetEricdoit
me chercher partout.Unviolent frissonme traverse. Je devrais aumoins lui dire que je vais bienmêmesinotrecouplen'estplusqu'unramassisd'éclatdeverresetquefinalementriennechangeraautristeépiloguequinousattend.
Car jenepourrais jamaisplus lui laissercouvrir lescaressesdeFares.Non, ilneme toucheraplus.J'aifaitmonchoix.J'ail'impressiond'êtreencoreladernièredesgarcesmaisàvraidire,cequejeredouteleplusestdemeconfronteràlui.J'aiterriblementpeur.MestremblementsetmonregardhagardsemblentalerterFaresmaisilsetrompesurmessentiments.
-Elena,iln'yaaucuneraisonpourquetuaiespeur.Ilmeprendlevisageentresesmains.Jesuislà,tucomprends?Jenepartiraiplusjamais.Tumecrois?
Iltrouveenfinmonattention.Jehochelatêtemaismespenséesmetourmentent.-Ilfautquejeprenneunedouche.Jevoisdel'inquiétudepasserdanssonregardmaisilneditrien.Ilretiresimplementsont-shirt,
faitpassermatêtededans.Jel'enfilecomplètementetilmelaissesortirdulit.Évidement,quandjemelève,machemisedenuitimproviséem'arrivejusteaudessusdesgenoux.Une foisdans la salledebain, jen'osepasme regarderdans laglace. Je resteunmoment tête
baisséeetfinalement,jedécidedenepaspasserparlacaseexamendeculpabilité.J'entredirectement sous ladouche.Pour rienaumonde, je ne souhaite revenir enarrièrealors
pourquoi je tremble commeune feuille. Sansdoute,à causede tout cegâchisdont cemariage ratéd'avance.Unedécisionprisepourdemauvaisesraisons.Jem'enrendscompteaujourd'hui.Jemesuismariéecarjesavaisquepersonnenepourrait,detoutemanière,remplacerFares.Etnousn'avionsàce moment là, plus aucun avenir. Je suis pathétique, je ne sais même pas si nous en avons unaujourd'hui.Maisjamaisjenemesuissentieplusheureusequedanssesbras.
Àcetinstant,jen'arrivepasàcroirequejepensedivorcersuruncoupdetêtesimilaire.Lavieestcruelleetnousfaitmal.Ellenousapprendquetroptardcequ'ilnefautpasfaire.Elleestunesuited'événementsimprévisibles,dechoixd'instinctetderencontreshasardeuses.SiFaresn'avaitpasprisladécisiondesemarier,jamaisilneseraitvenuenFrance.Jamais,jen'auraisrencontrécegarçonaujoggingturquoise,aulycée,quiachamboulémonexistence.
Jesorsdelasalledebain,uneserviettedanslescheveux.Habilléeseulementdesont-shirt.JevoisFaresdevantl'îlotblancdelacuisine.Ilboituncafé.Ilesttorsenu,sonjean'sdescendsur
seshanchesetjevoisl'élastiquedesoncaleçonCalvinKleindépasser.Jebaissematêtesurlecoté.Jesuistranscendéeparcettevisionmagnifique.Lemagnétismeentrenousestpalpable.
Oui,parfoislavieestcruellemaiselleestaussigénéreusequandellenousoffreenfincequel'onveut.
-J'aicommandéunepizza.Cellequetupréfères.Il me tend un coca avec des glaçons et une rondelle de citron. Je lui souris et son visage
s'illumine.Jemedemandedepuiscombiendetemps,jenel'aipasvusourire.Ilestsibeau.Ericattendrasonheure.J'aibesoindemeretrouveravecFaresetilyaencoretempsdechoses
dontj'aibesoindesavoir.Jem'assoissurundestabouretsàcôtédelui.Ilneditrien.Ilasansdoutepeurdelancerlesujet
troptôt.Nousavonsbesoindeparlermais j'aivraimentfaimetàvraidire, j'aiunpeupeurquecequ'ilvamediremeblesse.
Quandjefinismatroisièmepart,jem'aperçoisqu'ilmefixedemanièreétrange.-Qu'estcequ'ilya?-Rien.-Tun'aspasfaim?-Si,vraimenttrèsfaim.Effectivement, il me dévore des yeux. Nous restons quelques secondes à nous contempler. La
distanceparaîtmaintenantinsoutenable.Jenepeuxplusrésister.Jemelève,memetsentresesjambesetentouremesbrasautourdesoncou.
-Elena,ilfautquel'onparle,je...Jelefaistaireparunbaiserquin'admetaucuneprotestation.Jesavoureseslèvres.Sesmainsse
posentsurmescuissesnuesetellesremontent jusqu'àmataille.Elles laissentunsillagebrûlant.Jesoufflecontresabouche.
-Plustard,nousavonstoutelanuitpourcela.Non?Ilmeregardedroitdanslesyeux.J'adorequandilprendcetairsérieux.-Ettoutemavie.Situleveux.Moncœurtapefurieusementdansmapoitrine.Cettedéclarationmefaitcroireàunfutur.Mais,
toutdesuite,j'aibesoindelégèreté.J'aitellementpeurd'ycroireànouveauetdereplongerenenfer.Il me prend par la taille et me fait asseoir sur l'îlot en face de lui. Il me regarde avec des yeux
incandescents.Ilenlèvelaservietteetmescheveux,encorehumides,tombentdansmondosetcaressemapoitrine.
-Tuestellementbelle.Murmuret-ild'unevoixchaudeempliededésir.Ilfaitdescendresontabouret.Ils'arrêteetnon,ilnepeutpasfairecela.- Qu'est ce que tu fais ? Je tire sur mon t-shirt pour couvrir la vue directe qu'il a de mon
entrejambe.-Jevaistedonnerenviedeparler.Dit-ilespiègle.Son regard de braise m'hypnotise et je le laisse remonter mon t-shirt. Il l'accroche
méticuleusementsousl'élastiquedemonsoutiengorge.Jeretiensmonsouffle.-Attends,attends.Arrivé-jeàarticuler.Ilnemequittepasduregard,ilprendunegorgéedecafé,sepencheversmoietilpasseuncoup
delanguebrûlanteetdélicieusesurmonintimité.Jelaissematêteallerenarrièreetjefermelesyeux.Jesoupired'aiseetjemesensmouilléeimmédiatement.Lachaleurdesabouchemefaitfrissonnerdeplaisir.Jelesensfaire.Illefaitsibien.
-...Non,tunepeuxpas...Mesfaiblesprotestationsnel'arrêtepas.Salangueappuieoùilfautetjecommenceàoublieroù
jesuis.Ils'arrêtetoutd'uncoup.Lafrustrationmefaitouvrirlesyeux.Je le regarde prendre tranquillementmonverre de coca. Il en boit une gorgée et ilm'aspire à
nouveau.Jepeuxsentirlesbulles,restéessursalangue,mechatouillerlachairetl'effetchaud-froidmefaituneffetdedingueetdécuplelessensationsdesalanguehumidesurmoi.
Jesoupireencoreetplusvite.-C'esttellementbon.Sagrandemainm'inciteàmelaisserallercontrel'îlotetlebasdemondosentreencontactavec
leplandetravailgelé.Maisjesuisdéjàbrûlante.Mesmusclessetendentpendantquejesensencorelesvaguesdechaudetfroidquimetorturentdélicieusement.Jegémisdeplusenplusfort.Moncœurvaéclaterquandjesenssesdoigtsentrerenmoi.
-Fares,tumefaisperdrelatête.J'accordemonsouffleàsesva-et-vient.Ilm'embrasseencoreetencore.Jesuistransportée.J'halèteetj'atteinssoudainunorgasmehallucinant.Jememordsledoigtpournepascrier.Jeme
contracteetmecambresousleplaisir.Ilcontinuesescaressesendiminuantdoucementlavitesseetlavigueurdesesgestesprolongeantainsil'extase.
Jeresteuninstantétendue,laissantlessensationsmequitter.Quandj'ouvreenfinlesyeux,ilestaudessusdemoi.Ilmesourit.
-Jecroyaisquetun'aimaispaslecafé?Dit-ild'unairtaquin.- J'ai définitivement changé d'avis. Répondis-je pendant que je redescends doucement de son
septièmeciel.Jem'accrocheàsoncou.Commeautrefois.Ilmesoulèveetm'emmèneprèsdulit.Ilmefaitasseoiretsemetàgenouxdevantmoi.Sonair
gravemefaitreveniràlaréalité.-Elena, tudoissavoirdeschosessurmoi. J'auraisdû te lesdirebienavantaujourd'huiet si tu
savais comme je le regrette. Je n'ai pas été honnête avec toi et j'espère qu'un jour, tu me lepardonneras.Je ferai toutpourcela. Jenesaispassi tuas luceque je t'aiécritmais il fautque tusachesquejen'aijamaisvoulutefairedumal,enfinpasintentionnellement.J'avaispeur,terriblementpeurdeteperdre.Etfinalement,c'estcequis'estpasséetdanslespiresdesconditions.
Ils'arrêteuninstant,ilbaisselesyeux.Jefermelesmiens.Jesaisquelasuitevamefairedumal.-Avantnotrerencontre,jen'envisageaisriendesérieuxcarj'étaispromisàuneautre.Jevoulais
justem'amusercommelesgossesdemonâge.Jevoulaisoubliermesobligations.Jevoulaisvivre
toutsimplement.Et tuesentrédansmavie.J'aivoulurésisté.Je te jure.Mais jen'aipaspu.Çamebouffaitd'êtreloindetoi.Depenserquetupouvaisêtreheureuseavecunautre.J'étaisdétruitcarjesavaisquej'étaiségoïstedetelaissertomberamoureusedemoi.
Maisj'aicruenl'impossible.J'aimêmepenséquenouspouvionsnousenfuirtouslesdeux.Maisnousaurionsfaituneterribleerreur.Nous n'avions donc aucune chance. C'était perdu d'avance.Ma bouche commence à frémir. En
avonsnousuneaujourd'hui?-Terappellestu,jet'avaisditqu'êtreavecmoipouvaitêtrecompliqué.Etjemesuisditquesitu
m'aimaisdéjàassez,tupourraiscomprendre.Jepensaistoutt'avouercevendredilà,lelendemaindenotredernierrendezvous,maislemotdeSarahaimmiscéledoutedansmonespritetj'aidécidédeme taire.L'enjeuétait trop important.Puis, j'aivu laboitequienfermait tabaguedefiançailleset...Bref,jesuispartietjemesuismarié.
Ils'arrêteetrelèvelatête.Deslarmescourentsurmesjoues.Jemesensmal.C'esttellementdurdel'écouterparlerdenotrepassé,decetteséparation.Detoutcequejen'aijamaisvraimentvoulumeremémorer.Ladouleurestencorevivemêmesiilestaujourd'huidevantmoi.
Celamerappelleàquelpoint,ilpeutmefairesouffrir.-Nepleurepas,jet'enprie.Nepleurepluspourmoi.Ilmeprenddanssesbras.Etmonvisageseposesursonépaule.Ilcontinued'unevoixchargée
d'émotions.-Jen'aipaseu lechoix.Si je l'avaiseu... Je te jure... Jesuisdésoléde t'avoir faitsouffrirmais
aujourd'hui,jesuislà.Riennepourraplusnousséparer.Jeprometsdeteprotégerjusqu'àmamort,det'aimeretdeterendreheureuse.Elena,pourcela,j'aibesoinquetumefassesconfiance.
Ilsertplusfortl'étreintedesesbras.-Elena,mefais-tuconfiance?
Chapitre16:DilemmeJesouffleunboncoupetmedégagedesonétreinteenessuyantmesjoues.Jetiresursont-shirt
pourcouvrirentièrementmesjambesetm'assiedsentailleurdevantlui.-Jenesaispas.J'aiquelquesquestionsàteposeravanttout.-Jerépondraiàchacuned'entreelle.M'assure-t-ilsérieusement.-Parcontre,j'aimeraisdisposerdetoutemaconcentration.Peux-tu,s'ilteplait,mettreunt-shirt
surtoutça.Dis-jeenagitantmondoigtdevantsesabdominaux.Ilsouritetselève.Ilfaitcoulisserlaportedesondressingetattrapelepremiert-shirtqu'iltrouve.
Ilestnoirajusté.Jenesaispassicelavam'aidermaisc'estmieuxquesapeaunuequim'appelle.Ilrevientets'installeenfaceàmoi.Jeprendsquelquessecondesetjemelance.
-Pourquoim'astujamaisavouéqu'Adamn'étaitpastonfils?Il inspirebruyammentets'étouffepresque.Jene l'aidepas.C'est l'unedesesdissimulationsqui
meblesseleplus.Iltoussepourreprendreunpeud'aplomb.-Commentlesais-tu?Réussit-ilàdireauboutdequelquessecondes.-Aliyah.-Ellet'aparlé?Demande-t-ilréellementsurpris.-Ellem'atoutdit.Ilsembleréfléchirtoutenm'examinantattentivement.Quandenfin,ilprendlaparole:-Cen'est
pas mon fils de sang mais je le considère comme tel. Son père a lâchement abandonné sesresponsabilités.Maisquelquepart,ilseraitsansdouteplusdecemonde,sionavaitdécouvertqu'ungarçontelqueluiavaitposélesmainssurunefillecommeelle.Oui,ilseraitprobablementmort.
-Maispastoi?-Non,pasmoi.C'étaitplutôtuneaubainepourlafamilled'Aliyah.Adamn'estpasmonfilsmais
tant qu'ils le croiront, elle sera protégée, Adam aussi, ainsi que les gens ayant participé à cemensonge.Dansnotrepays,nousattachonsbeaucoupd'importanceaulienparlesang.
Techniquement,Adamn'aurajamaisaucuneautoritésurmonpeupleetmesterres.Unerévélationcommecelle la, pourrait soulever un conflit sans précédent.Voilà, pourquoi, il faut que cela restesecret. Je n'ai pas peur d'affronter sa famillemais la guerre entre nos deux clans pourraient fairebeaucoupdemal.Sesparentssontaussicupidesquecruels,crois-moi.
-Attends,sijecomprendsbien,tuesentraindemedirequevousn'allezpasdivorcer?Demandé-jeaveccraintesansvraimentcroireàcequejedis.-Cen'estpasàl'ordredujour,non.Annoncet-ilfranchement.Moncœurlâche.Jesenslesangquittermonvisage.Jemelèved'uncoupmaisilseredresseàson
touretmeretientparlesmains.-Attends, s'il te plait. Je sais que c'est dur pour toi de le comprendre.Nous avons le droit de
divorcermaiscelasoulèveraitquelquesquestionsquemonpèren'estpasprêtàaborderaveceux.Ettantquemonpèredirige,ilenseramalheureusementainsi.Leshistoiresdecœurnel'atteignentplusdepuis longtemps. Il s'en tient à son devoir et ses obligations. Etmon statutm'astreint à faire dessacrifices.C'estpourcelaquejetedemandedemefaireconfiance.Jesuismariémaismoncœurestàtoi.Totalement.Jeteseraifidèleetjetejuredemeséparerd'Aliyahdèsquej'aurail'autoritépourlefaire.
Des émotions violentes et contradictoiresme submergent. Jeme sens plonger dans un gouffresansfond.Est-cequejeveuxtoutcela?Finalement,suis-jeprêteàsacrifiermaviepourlui?
Pournotrehistoire?Jecommenceàtremblerpourtantj'aiaffreusementchaudetjetranspire.Ilrestelà,àmeregarder,angoissé.Ilmetienttoujourslesdeuxmains.Jelesregardeetmelibère
commesi jenepouvaisplussupporter soncontact. Jedescendsdu lit. Jecherchedequoimevêtir
maisputain,jen'airien.-J'aidemandéàcequel'ont'apportedesvêtements.Tuascequetuvoudrassurlacommode ici.
Dit-ilfaiblement.Ilm'aachetédesvêtements!Monvisagesedécomposequandeffectivement,jevoisunepilede
lingequiyestdéposée.Putaindemerde!Jeravalemafiertéetpassedevantlui.Jeprendscequimetombe sous la main. Un sous vêtement et un jean qui me va par miracle. Je retire son t-shirtrageusement.Cettefois,jemefousdemanudité.Celan'aplusvraimentd'importance.Lecoindemesyeuxs'humidifieetmabouchesemetàs'agiterpendantquej'enfileunt-shirtàmataille.
Jesaisqu'ilmeregarde, impuissantfaceàcequejetraverse.J'aidonccettedécisionàprendre.Cellequim'avaitéchappéautrefois.Lechoixpourundestin,quoiquejedécide,torturé.Dontjeserai,seule,responsabledesconséquences.Soit,jelequittemaintenantetdéfinitivementetj'endureencorelevidequecausesonabsence.Soitjedevienssamaîtresseexclusivepouruneduréeindéterminée,unstatut quim'écœure et pèse lourd surma conscience. Putain ! Il y a un contrat aussi ?!Où dois-jesigner!?!Lacolèreprendledessusetjefaisvolte-face.
Jeretrouvecetteappréhension,sursonvisage,quil'apoussé,tantd'années,àmecacherlavérité.Maisputain,ilm'endemandetrop.
-Nemequittepasdenouveau,s'ilteplait.Dit-ilavecunedouleurnondissimulée.J'ai lahaine,contre lui,contremoi.Contrecettefaiblessequ'il représente.Mais jeneveuxplus
fuir, je veux le confronter à cette peine qu'il m'inflige encore. Je fais de grands gestes dans sadirection.Jecriepresque:
- Je suis censée te répondre quoi Fares ? Sérieusement ! Dis moi ?! Que le futur que tu meproposesaujourd'huimecomblesurtouslespoints!Ouencoredois-jeteremercierdemeproposerunepositiondeputaindanstavie!Qui,avecunminimumdebonsens,accepteraitcela?
Jerisnerveusement.Jesecouelatête,complètementdépitée.-Elena,cequim'importeestdeprotégerlesgensquej'aime.Actuellement,jen'aiaucunpouvoir
delefaire.Noussommesloindetoutmaisvisiblepartous.Tucomprends?-C'estquoitonprogrammealors?Dissimulernotreliaisonenattendantquetonpèremeurtetque
tuprennessaplace!Maisc'esthorrible!Tuterendscomptedecequetudis?-Quemonpèremeurt?Maispasdutout!Elena,jenevispaslà-bas.Jesuis,ici,avectoi.Pourquoiprovoquerai-jeunconflitlàoùjenesuispas!Etnon,jenecomptepasnouscacher.Cequileurimporten'estpasdesavoircequejefaisetavecqui.Ilssefoutentdeleurfilleetdesa
condition. Pourquoi crois tu qu'ils l'ont abandonné !! Son destin leur est égal. Mais le pouvoirqu'Adamreprésente,non.
Moncœurvaéclater.Jemesenscomplètementdépasséeetj'enaifranchementmarred'encaisser.-Qu'estcequetuveux,Elena?Demandet-ild'unevoixgraveetaffectée.- Je ne sais pas, Fares. Je veux une vie normale. J'ai besoin d'une relation saine et stable. Un
hommeàquijepeuxprésentermesparents.Oui!C'estçaquejeveux!Sonvisagesecrispe.Ilsepassenerveusementlamaindanslescheveux.-MaisElena,cemectul'asdéjà!Putain!Tuesmariéaveclui!J'ouvre la bouche mais je ne trouve aucune réplique, aucune contrepartie. Je serre mes deux
poings et je pousse un cri de colère.Mon cerveau n'arrive plus à identifier le bien dumal. Jemedirige près de la baie vitrée et mon regard se perd à l'horizon. J'ai l'impression d'être dans uneimpasse.Cellequ'ilm'acréé.
Ilserapprochelentementdemoi.Jelevoisdanslerefletdelavitre.Ilestgrand,ilestsifort.Maisilyadeschosescontrelesquellesilnepeutpassebattre.Quandilm'enlaceprudemmentet
que je sens son buste chaud contremon dos. Je le sais, je ne contrôle déjà plusmon destin. Il sepencheetmemurmuredansl'oreille.
-Jeveuxvivreavectoi.Tum'entends?Jeveuxtoutpartageravectoi.Certes,jenet'offrepaslavieidéalemaisl'important,c'estquel'onsoitensemble,non?
Aujourd'huioui,maisdemain...-Fares...Jenesaispas...-Iln'yaplusquetoietmoi,Elena.Jetelejure.Cetamourpourtoiestaudessusdetout.Maistasécuritévauttouslessacrifices.Etjeteprometsqu'unjour,jet'offriraicequetumérites.
Jemebattraispourcela.Jusqu'àmamorts'illefaut.Maissitusouhaitesrenoncer,jecomprendrai.Jetelaisseraipartirettunemereverrasplusjamais.Jepeuxt'offrircelaaussi.
Jeferaicequetuveux.Savoixestdouceetsemblemepersuader.Pourquoijel'aime?Pourquoiat-ilfalluquecesoitlui
?Siseulement,jepouvaistoutoublier.J'aienviedefonderunefamillemaispasdanscesconditions.Dois-jealorsyrenoncer?Pourquoiest-illeseulhommequimedonneenviedelefaire.
Mespenséesdivaguent.Commesi,finalement,jelaissaiscedilemmedecôté.-C'estunpayspolygame,n'estcepas?Demandé-jecalmement.Ilsoupiredesoulagement.Cettequestionluiindiquequejen'aipasencoreprismadécision.En
toutcas,pascelledepartirsouslacolère.-Unhommepeutavoirplusieursfemmes,oui.Cetteloiexistepourpermettreàcertainesfemmes
quin'ontplusdefamillededisposerdelaprotectiond'unhomme.Ellesepratiquedemoinsenmoins.Etlesépousesdoiventtoutesêtreconsentantes.
Je frémis. Consentantes ! Comment peut-on être consentante ? Jamais je ne pourrais partagerl'hommequej'aime.
- Tout lemonde n'a pas la chance de semarier par amour, Elena. Et cela, qu'importe le statutsocialouoùtuvis.
Jesaisqu'ilparleégalementdesasituationetpeut-êtreunpeudelamienne.Ilcontinue:-Certainspaysdontlesconditionssontdifficilesnelepermettentpastoujours,entoutcas.-Tusouhaitesavoirplusieursfemmes,Fares?Jemeretourne.Jenesaisplusliredanssesyeux.Carjen'yvoisplusdevérités.Maisjesouhaite
qu'ilseconfronteàmonregard.Sesyeuxreflètent,cependant,uneprofondesincérité.-Non,pasdutout.Jen'aipasétééduquécommecela.Mêmesij'aieu,quelquefois,desfaiblesses
quitepoussentàpenserlecontraire.Monpèren'aeuqu'uneseulefemme.Mamère.Ilnes'estjamaisremarié. Il n'a jamais aimé personne d'autre. Il a pu imposer son choix mais ce ne fut pas sansdifficultécarsemarieravecuneétrangèreestproscritdansnotrepays.
-Qu'as-tufaitdesfillesquetuasembarquéhiersoir?-Jelesairamenésimplement.Jevoulaisteconfronteràmasituationdetevoirrejoindreunautre.
Elena, il n'y a eu que toi. Depuis notre première fois, je n'ai jamais pu me résoudre à toucherquelqu'und'autre.Ilfautquetumecrois.
Jelecrois.Aussiabsurdequecelapuisseparaître.Jeluiposeunedernièrequestion.-Depuiscombiendetempstum'aimes?Disjedansunsouffle,mesyeuxrivésauxsiens.Ilmecaresselajoueetmeregardeintensément.-Depuisl'instantmêmeoùj'aiposélesyeuxsurtoi.Ilmesouritavec tendresse.C'estàcemoment là,que je faisunchoixetgagne le tourmentqui
l'accompagne.Jesuislamaîtressed'unhomme.
Chapitre17:DefeuetdeglaceSamaîtresse...Lereconnaîtreestencoreplusdifficilequedelevivre.Jetouchemonannuaireavecmonpouce
maismabaguen'estpluslà.Jeregardelatabledechevet.Elles'ytrouveencore.MonregardseposesurlamaindeFares.
-Pourquoitun'asjamaisportéd'alliance?S'ilenavaitportéune,celam'auraitaumoinsinterpellé.- La bague est une coutume Européenne, nous n'en portons pas. Cet objet n'a pas vraiment de
significationpournous.Ils'agitpeut-êtrequed'unobjetpourluimaispourmoic'esttoutunsymbole.Ilsymbolisel'union
éternel,laprotectionetl'attachementdedeuxêtreàjamais.Jemerendscomptequecesymbolen'adesensqu'aveclui.Maisiln'enporterajamais.Toutcelan'aplusd'importancedetoutefaçon.
L'impressiond'insécuritémegagneetmeterrified'unseulcoup.Jeserremesbrascontremoi.Et s'ilme quittait à nouveau, s'ilme laissait du jours au lendemain.Ma situation sera toujours
précaireaveclui.Il perçoitmadétresse etmeprend le visage entre ses deuxmains. Je pose lesmiennes sur ses
avantbras.Jefixesont-shirtnoir,désabusée.-Elena.Regardemoi.Jet'aime.Tum'entends.Illevoitsurmonvisage.J'aipeuretjeporteraisansdoutetoujourscetteangoisse.-Viens,onvaprendrel'air.Jesuissurprisemaisj'avouequel'idéemeséduit.Ellefera,peut-être,sortirdematêtetoutesces
idéesnoires.Ilsedirigeversleplacarddel'entréeetensortunedoudouneblanchequ'ilmemetsurlesépaules.Ilrabatlacapucheàfourruresurmatête.Illatientdanssesmainsetmeregarde.
-Tuessibelle.Jenepeuxpasm'empêcherderougir.Ilmesouritetseretourne.-Tuaspenséàtout,dis-jequandilmetenddesbottinesdelamêmecouleur.-Ilfaudraquetum'expliquescequetufaisaisvêtueuniquementdemonsweat.Jenedisrien.Jen'aipasvraimentenviedeluiraconterl'accrochageavecEric.Jem'assoiesurun
desfauteuiletj'enfileleschaussures.IlrécupèresavesteépaisseRalfLauren.Elleestmilongueetdecouleurbleuenuit.Avecsonjean
ampleetsesbasketsmontantes.Ilestlebadboyparexcellence.Ilmefaitfondre.Pourquoifaut-ilqu'ilsoitsibeau,sigénéreux,si intelligent.Jesais, jesuismorte.Ilmetirede
messonges.-Tuviens?Ilouvrelaporteetjelesuis.Nousentronsdansl'ascenseur.Noussommesl'unàcôtédel'autre,
nousnebougeonspas.Ilal'airperdudanssespensées.Jeregardelesnuméroslumineuxquidéfilentlentement.Ilaunemaindanssapoche.L'autreestprèsdelamienne.
L'airestcommechargéd'électricité.L'énergiequisedégagedeluiestpresquemystique.Jemesurprends à frôler le dos demamain contre la sienne. Puis, doucement, j'enroulemes doigts auxsiensetjelèvelevisageverslui.Ilmefixeavecintensité.
Il sort la main de sa poche, me fait face et me prend le visage. Son regard est puissant etlentement, très lentement, il rapproche ses lèvres etm'embrasse. Jem'abandonne. Et si j'ai eu desdoutes,àcemomentlà,jen'enaiplusaucun.Carjamaisjenepourraismelasserdelui.
Desonodeurgrisante.Sapeauaussiparfaite.Sesyeuxsiexpressifsetfascinants.Laportes'ouvreaurezdechaussée.Ilfinitdem'embrasserpendantquedesgensentrentdanslacabine.Ilsedégagefinalementetmesouffle.
-Onyva?-Oui,répondis-jeessoufflée.Il empêche la porte de se refermer et nous sortons de l'ascenseur. Quand nous quittons
l'immeuble, nosmains sont, toujours, attachées l'une à l'autre.Lapressionde ses doigtsm'indiquequ'iln'apasl'intentiondemelâcher.Jemesensensécuritéaveclui,entoutcas,physiquement.Etlesruesnocturnes,dansParis,ontl'airplusbellesencore.
Lafraîcheurdecettenuitd'hivermerevigore.J'inspireprofondémentetl'airglacéentredansmespoumons.Nousmarchonsensemble.
-Pourquoitut'infligescela?Demandé-jeendésignantlesbleussursonvisage.-Jecroisquec'estdevenuvital.Quandjecombats,jesuiscommesousl'effetd'unedrogue.-Tum'avaisditquetuneferaisjamaisdecompétition?-Leschoseschangent.Lesgenschangent.N'avonsnouspaschangétoietmoi?-Si,nousavonschangé.Mais,jet'aimetoujoursdelamêmefaçon.Ils'arrêteetsetourneversmoi.-Tuaimeraisquecelachange,aussi?-JenesaispasFares.J'ail'impressionquecelameretientprisonnièredetoi.-Jenet'obligeraijamaisàfairecequetuneveuxpas.Dit-ilsincèrement.Jeluisouris.-Jesais.Nousentronsdansuncafé.Lecommerçantnoussalutchaleureusement.Ladécorationestjeuneet
moderne.Degrandsportraitssontaffichéssur lesmursainsiquedespaysages.Cecoffeeshopestaussiunegaleried'art.J'aimebeaucoupcegenred'endroit,lesconceptshybrides.Jesuisfascinéeparunedespeintures.JelâchelamaindeFares.Jem'avanceetresteplantéedevantelle.Subjuguéeparsabeauté.Jediraisqu'ellereprésenteundespontsdeParis,maisjenesauraisdirelequelcarilestfondudanslamassedescoupsdepinceauxmulticoloresetflashisdel'artiste.C'estsplendide.Jemetordslecoupourvoirleprixaffichéentoutpetitdanslecoindutableauetjem'étouffe.Putain.25000balles!
-Elena?-Euhoui,excusemoi.Répondis-jesanstournerlatête.-Tuveuxunchocolataussi?-Oui,jeveuxbien,merci.-2chocolatschaudsàemporter.Jem'arrachedemacontemplationetrejoinsFaresquim'examineattentivement.Quandj'arriveà
sahauteur,ilrécupèremamain.Ilestdérangéparleserveurquinousdemandenosinitiales.-Eet...-Fet...Nousavonsparléenmêmetempsendonnantl'initialedel'autre.Faresmeregardeavecdouceur.LebarmanlesreproduitsurlamousseduchocolatdeFaresetdanslemien,ilydessineuncœur.
C'est superbe. J'ai envie de prendre une photomais jeme retiens.Nous ne sommespas un coupleordinaire. Nous sommes mariés tous les deux. Mais mon cœur est bien plus léger maintenant. Ilsemblenepastenircomptedecedétail.Pourl'instant...
Jeregarde,unedernièrefois, le tableauavantdesortirducaféculture.Justepourmelegraverdanslatête.J'aiuntrèsbonsalairemaispasassezpourm'offrircegenredechose.
Nouscontinuonsdemarcher.Ilfaittrèsfroid.Heureusement,ladoudounequeFaresm'adonnéeestdebonnequalitéetcelarendlabaladeencoreplusagréable.Noustraversonsunpetitparcanimépar des marchands de churros, de boissons chaudes et de petites attractions . Des enfants courtspartoutautourdenous.
-Parlemoid'oùtuviens.
Nousavonsvécuunanensemble.Maisjeneluiaijamaisposédesquestionssursavie,là-bas.Peut-être,parcequedansmatête,celieun'existaitpasvraiment.Notrevieétaitici,surParis,
l'unavecl'autre.Aujourd'hui,c'estplusréel.J'ail'impressionqu'ilpeutrepartiràtoutmoment.-Lepaysestdiviséenplusieursrégions.TuconnaisdéjàunpeuDubaï.Nousnepossédonspasle
territoireleplusgrandmaisjecroisqu'ilestleplusabondantetleplusbeau.Onpeutytrouverdemagnifiquespalmeraies,debellesplagesdésertesetjusteàcôtédesdunesarides.
-Tucroisquej'aimeraiyvivre.Ilsetourneversmoi,surpris.-Là-bas,latraditiondupassésemêleauluxeetàlatechnologieduprésent.Cependant,cepays
reste très conservateur, je ne sais pas si tu y trouverais ta place, Elena. Les femmes ontmoins delibertéqu'ici.Jenedispasqu'ellessontmalheureusesmaisjedoutequetuaimescegenredevie.
-Comments'estadaptéetamère?-C'étaittrèsdurpourelleaudébut.Puisellem'aeu.Elleaimaitmonpèreetill'aimaitaussi.Ilconsulteencoresamontre.-Tuasunrendezvous?-Nousavonsrendez-vous,ilesttempsd'yaller.Ilm'entraîneetmarchevite.Jen'aijamaisaimélessurprisesmaisquandils'agitdeFares,jeme
laissedélicieusementemporter.-Nousrentronsdéjà?Demandé-jeenvoyantqu'onsedirigeverssonappartement,presquedéçue.-Non,nousavonsprisduretard.Nousallonsprendrelavoiture,machérie.Machérie...Unfrissonagréablemecaresselacolonnevertébrale.Jelesuisjusqu'ausoussoletnousarrivonsdevantsavoiture.UneMaserati,d'unnoirmatavec
certaineslignesbrillantes.Bienentendu,pourquoienlouerunequandonalesmoyensdesel'acheter.Elledoitcoûterunefortune.
-Tun'aspasplusdiscret?Demandé-jeenadmirantrapidementl'intérieurdel'extérieur.-Quoi,parexemple?-Jenesaispas,unevoituremoinstape-à-l'œil.Ilsouritsimplement.-Non,jen'aiqueça,désolé.Queça!-Tun'asplustamoto?-Si,elleestdanslegarageàcôté.Maisj'aipeurqu'ilfasseunpeutropfroidetjen'aipasenvie
quetumecollestespiedsgeléssurlescuissesquandonrentreracesoir.Ajoutet-ilmoqueur.C'étaitmonhabitudequandnousétionsensemble.Jeressensdespicotementsdansleventre.Ilcomptedormirànouveauavecmoicesoir.Jen'yavaispasréfléchimaiscetteidéemeséduit.Je
nemevoispasrentrerchezmoitoutdesuite.-Surlescuissesuniquementsituesgentil.Répondis-jetaquine.Ilmefaitsonmagnifiquesourire.Ilm'ouvrelaportièreet j'entredanslavoiture.Lessiègesen
cuirsontgelés.-Aaah,c'estglacial!Jeclaquedesdents.-Net'inquiètepas,ilsvontvitechauffer.Ildémarrelebolidequifaitunbruitd'enferetappuiesurundesboutonsdutableaudebord.Je
sensmesjambesetlebasdemondosseréchaufferlentement.-C'esttropbon.Nousquittonslegarage.Nousneparlonspas.Cesilenceestapaisant.Je le regarde conduire et je n'arrive pas à croire que j'en suis là avec lui. J'ai cette sensation
bizarrequinemequittepas.Toutestnaturelentrenousmaistoutestsiintimidantquandlemomentdevientplusintime.J'enaipresqueletournis.
Ondiraitun rocqueriennepeutdétruire. J'ai toujoursaimécette forcequi lecaractériseet saseule présencemedonne envie de lui.C'est presque surnaturel. Il tourne le visageversmoi etmeprendlamainquiestsurmacuisse.Illatirejusqu'àsaboucheetembrassemesdoigts.Jememordslalèvreinférieure,toutenmelaissantallercontrelesiège.
Nousnousgaronsenfin.Noussortonsdelavoiture.Lesgensnousfixentexagérément.Arrrggg,elleestvraimenttropextravagante!Nousmarchonsunpeuetnousarrivonsdevantlapatinoireéphémèreenfacedel'hôteldeville.L'endroit est pratiquement désert. En même temps, il est presque minuit et il doit faire -
5°Cdehors.-Ellefermeà22h,engénéral.Mais,nousavonsuneheurepournous.-Quoi,c'estgénial!Dis-jeentapantdesmainscommeuneenfant.Nous arrivons devant le petit stand.Un homme nous tend des patins à glace. Je suis tellement
excitée que je les lace rapidement et n'attends pas Fares. Je suis déjà sur la glace à faire destourbillonsquandjelevois,malàl'aise,quisetientàlabarrière.Ilregardesespiedsetessaiedelesfaireavancerl'unaprèsl'autreprudemment.
-Attends,tum'asemmenéàlapatinoiremaistunesaispaspatiner?Voirungrandgaillardcommeluiêtreaccrochéàlarambardemetordderire.-Ilfautbienundébutàtout,non?Medit-ilenmefaisantunclind'œiltoutenperdantl'équilibre
etenserattrapantdejustesse.-Alorsmoi,jesuisbondanstouslessports.L'imité-jed'unevoixgrave,enrigolantdeplusbelle.-Tuvasarrêter!Croismoi,sijet'attrape...Il lâche une secondemaismanquede tomber. Je crois que je vaisme faire dessus tellement la
scèneestdrôle.Puisprenantunpeudecourage, ilpousse toutsoncorpsdansmadirection.Il tientl'équilibreetilarriveàavancerlentementsansbougerunmembre,lesbrastendus,enpositiondelachaise.Çayest,jepleurederire.
Quandilestfaceàmoi,ilattrapetoutmoncorpsetjecroisquel'onvatomber.Ilrigoleavecmoi.Je me sens tellement bien. Il m'embrasse. Je savoure ses lèvres puis il s'écarte légèrement et mesouffle:
-Tufaismoinslamalignemaintenant.Jem'écartecomplètementetlelaisseseulaumilieudelapiste.-Elena!Tuveuxmetuer!?Jepatinedevantlui.Jeprofitedel'espaceetcommenceàprendredelavitesse.J'adore.-Tufaismoinslemalinmaintenant.Dis-jeavecungrandsourire.Jetourneautourdelui,enfaisantdespirouettes.Ilmeregardefaire,impuissant.Ilmebouffedes
yeux.-Elena...Meprévient-il.Iloseàpeinebouger.Pourunefois,quejesuisenpositiondeforce.J'aienviedeletorturerun
peu.-Pourquoias-tuattendusilongtempsavantdemedirejet'aime?Ilglissepresquemaisserattrape.Surprisparcettequestiondèsplusspontanée.-Jevoulaisquetusoisprêteàl'entendre.Quetumecrois.Dit-ilgravement.-Tuauraispumelediremillefoisquandnousétionsensemble.Ilseredresseetmesuitduregard.Ilattendquelquessecondesavantdemerépondre.-Jelepensaischaquejourquandtuteréveillaisprésdemoietmêmequandtuétaisloin,aveclui.
J'aipréféréquetucroisquejenet'aimaispasplutôtquetupensesquetunevalaispaslapeinequ'on
sebattepourtoi.Jeleregretteaujourd'hui.Dit-ilfaiblement.J'arrêtecettetorture.Nouspassionsunbonmoment,jen'aipasenviedetoutgâcher.Jeluiprends
lamain.Ilpousseunsoupirdesoulagement.-Tuas lesmainsgelées. Il récupèremonautremainetsoufflesurmesdoigts.Sesyeuxdefeu
pénètrentlesmiens.-Jet'aime.Toutmoncorpsréagit.Quandilledit.Cesmotssontplusbeaux.Nousprofitonsdelaglaceetj'essaiedel'aideràavancer,ilsedébrouilledemieuxenmieux.Je
pouffederireenleregardantfaire.C'estbienleseulterrainsurlequeliln'estpassûrdelui.-Attends,sijetombe,c'estdebienplushautquetoi!Sejustifiet-il.D'un coup, il perd l'équilibre et tombe,m'entraînant avec lui dans sa chute. Jeme retrouve au
dessusdelui.Jen'enpeuxplus.Noussommesprisd'unfourireinterminable.-C'étaitunetrèsmauvaiseidée.Arrivet-ilàdire.-Moi,jelatrouveexcellente,merciFares.Jeposemamainsurson torsebrûlant. Il reprendsonair sérieuxet j'arrêtedebouger. Il laisse
tombersatêtesurlaglace.Ilmeditd'unevoixchaudeetgrave.-Tuesprêteàresteravecmoi,alors?Sonregardbrûlant,unefoisdeplus,meconvaincquejefaislemeilleurdeschoix.-Oui,jeveuxresteravectoi.Ilavancesabouchecontrelamienne.Ilpassesamainderrièremanuqueetsalanguerencontrela
mienne.Jeledésireetc'estbienplusqu'undésirphysique.Cequej'éprouveestuncourantd'amourinexpliquéquipasseàtraverslui,quinousunis.Oui,jeledésirecommejen'aijamaisdésiréaucunautrehomme.Etcela,justifietout.
Cettesortienocturneresteragravéedansmamémoire.Commeunnouveaudépart.Nousrestons,longtemps,surlaglaceàadmirerlesétoilesl'uncontrel'autre.
Etj'aimeraisarrêtéletemps...
Chapitre18:RetouràlaréalitéSur lecheminduretour,nousneparlonspas.Nosdoigts restententrelacés.Jenesupporteplus
aucunedistanceentrenous.Nousentronsdansl'ascenseurdesonimmeuble.Laportesereferme.Ilouvresavesteetm'accueillecontrelui.Jeplongemesmainssoussont-shirtetlesplacesurson
dosbrûlant. Il tressaille furtivement. Ilenlèvedoucementmacapucheetm'embrasse lescheveux. Ilmesertcontreluietmeberce.
Je l'aime à la folie.Lemondepourrait bien s'écrouler autour de nous et se pourrait être notredernierjoursurcetteterre,quejenevoudraisêtrenullepartailleursquedanssesbras,àvivrecetinstant.Jelèvemonvisage.Ilplacesamainsousmonmentonetdéposeunbaiserlégersurleboutdemonnez.
-Tueslaseule...Jemeperdsdanssesprunellesopaques.-...Laseulequicompteetqu'ilmefaut.Il avance sa bouche. Et quand il touche la mienne, c'est doux, gourmand et délicieux. Le
mouvementdeseslèvresm'ensorcelle.Ilmurmureentrechacundesesbaisers.-J'aimeteslongscheveux.Ilenfouitsesdeuxmainsdansmachevelureetapprofonditsonbaiser.-J'aimetapeau,tabouche.Salanguecaresselamienne,lentement,longuement.-J'aimetoutcequetumefaisressentir.Jenepeuxpasm'empêcherdetouchersajoue,seslèvrespleinespendantqu'ilm'embrasse.Jesens,sousmesdoigts,l'humiditédesalanguequirencontrelamienne.Celaéveilleenmoi,un
désirfou.Jemeconsume.Samainentresousmont-shirtetglisselelongdemesreins.Ilm'attire,unpeuplus,contrelui.
-Nemequitteplusjamais...Sesderniersmotsmeretournent.Jem'accrocheàsoncouetilmesoulève.J'entouresoncorpsdemes jambesetarrivésà l'étage,noussortonsde l'ascenseurpendantque
nossoufflesdeviennentplusirréguliersetnotrebaiserplusardent.Jecolletoutemapoitrinecontresontorse.Jeresserslapressiondemesjambes,espérantainsi,
mefondreenlui.Jecontinuedel'embrasserpendantqu'ilouvrelaporte.Jemedélecte.L'appartementestseulementéclairéparleslumièresdelavilleau-delàdugrandmurvitré.L'atmosphèresilencieuseetpaisibledonnel'illusiondenouscouperdutempsetdelaréalité.Ilmeposesur leplande travailet resteentremes jambes. Ildescend la fermeturedemaveste.
Puisilm'aspirelalèvretoutenlafaisantdescendredemesépaules.Ilreculed'unpas.-Jen'aiplusaucuncontrôleavectoi.Dit-ilenbaissantsonregardverslabossevisiblesurson
jean,presquedésoléparcetteréactionphysique.Ilpoursuit:-Tuassoifoufaim?Jesecouelatête.-Non,j'aienviedetoi.Jeveuxencoreprofiterdelui.Desoncorps,desonâme.Avantderedescendredecenuage.Jeleramèneentremesjambesetjeluimordillelecou.-Elena...Jedéboutonnemonjeanslentementetlefaitglissersurmescuisses.Sesyeuxs'arrêtentsurmon
tatouage.Ilmurmure:-Jenet'oublieraijamais...
-Jenet'aijamaisoublié...Sonregards'embrase.Seslèvresrencontrentmaboucheetsamaintrouvelentementmonintimité.
Jem'arquesoussescaressesexpertes.Jegémisetperdspeuàpeupatience.J'enveuxplus,tellementplus.
Ilmesoulève,m'emporte,medéposeet jesens lavitrecontremondos.Sonsouffleest rapide,presquebestial.Ilappuiesoncorpscontrelemienetjesenssavirilitésurmahanche,aussiimpatientequ'estmondésirdelesentirenmoi.
Je retire mon t-shirt et lui offre ma poitrine retenue par mon soutien-gorge. Il se redresse etappuie sa main contre la vitre près de mon visage. Sa respiration s'accélère encore. Je me voisdésirableetparfaiteàtraverssesyeux.Ilfaitglisserlentementunedemesbretellesetprendmonseindanssagrandemainpuissabouchedescendsurmapoitrine.
Penser que l'on peut nous voir augmente encore plus mon excitation. Toute la ville peut bienapprécier.Encetinstant,jem'enfoustotalement.Seul,l'instinctprimaireetmonamourguidentmesactes.
Ilcontinuelesmouvementsdesesdoigtssousmaculotteetsesbaiserssurmapeau.Jecaressesescheveux.Mabouches'ouvresousleplaisir.Jepassemalanguesurmeslèvresenfermantlesyeux.
Sescaressesdeviennentunetortureinsupportable.Jesensl'humiditéabondanteentremesjambes.Ses doigts continuent leur exquismouvement et quand il accélère et appuie sa caresse, un crimemonteauxlèvres.Jetiresursescheveuxetjel'entendsgronder.
Jemedemande simonplaisirnevapas éclater, làmaintenant, sous sesdoigts.Mais il s'arrêtealorsquejemesentaisvenir.Jesuffoque.Ilserecule.Sonbustesesoulèverapidement.Uneflammedansedanssesyeux.Ilmurmureentresesrespirationsrapidesetprofondes.
-Putain,j'aifailli...!Dit-ilensepassantlamaindanslescheveux,lessourcilsfroncés.Jelepousseavecmesdeuxmains,ilselaissefaire.Sesyeuxmemangentlittéralement.Cesont
ceuxd'un loupféroce. Ilssontanimésparundésir fougueux.Je leveuxde toutesmesforces. Ilselaissereculerets'assoiesurlelit.
Je déboutonne son jeans et ilm'aide à l'enlever. Il retire son t-shirt. Sonmembre est fièrementdressédevantmoi.
-Tumerendsfou.Murmure-t-ilentresesinspirations.Il me fixe. Je retire, lentement devant lui, ma culotte sans le quitter des yeux. Je me mets à
califourchonsurlui.Sonsexefrôlelemien.-Elena...Attends...Ilsepencheetattrapeunsachetdansuntiroirdelatabledechevet.Jenepeuxplusréfléchir,niattendre.J'enveuxplus.J'aibesoindelui.Mesmainsseposentsur
sontorsepuissant.Jedescendsdoucementetilentreenmoi.Ilsemordlalèvreinférieure.Sentir sa chaleur à l'intérieur me fait renverser la tête en arrière. Je pousse un soupir de
soulagement intense. Je me cambre, ivre du plaisir de le sentir s'enfoncer en moi et me remplir,encoreunpeuplusàchaquemouvement.
Samainseposecontremondos,l'autresurmesfesses.Ilmepossèdecomplètementquandjelesenscaresserunendroitinvioléavecl'undesesdoigts.Jelaisseéchapperungémissementdesurprisemêléàceluideplaisir.Ils'emparedemabouche.Ilestpartoutetcelamefaitpartirdansunmondeinconnuoùseperdentmespenséesetchamboulenttousmessens.
-Fares,Fares...Jemerendscomptesquejecriesonnomdeplusenplusfortpendantquedesvaguesvoluptueuses
m'engloutissent.Jeluigriffelesépaules.Ilmemordlapeau.Noussommesanimésparunepassionsauvagepresqueanimale.Jeperdscomplètementl'espritquandj'atteinsl'orgasmeaumomentoùjelesenséclaterenmoi.Ilmefaitbougerencoredoucementetdansunsoupirerauque,ilvientrecueillir
surmeslèvres,mesderniersgémissements.
Chapitre19:Hara-KiriJe fixe la scènecommesi j'étais sur le tournaged'un film.Eric lève le regard. Il sedonne l'air
accablé.Ilbonditdufauteuiletvientàmarencontre.Iltendlesbrasversmoi.-Monamour.Çavamieux?C'estquoicecinéma!Sijeneleconnaissaispasaussibien,jeseraistouchéeparsoninquiétude.Il
estbonacteur.Jel'empêchedemetoucher.Monpèreselèveégalement.-Qu'est-cequevousfaiteslà?Demandé-jecraintive.-Eric,nousaparléduharcèlement.-Duquoi?Maisdequoiilparle!?-L'harcèlementquetusubisdelapartdetonexpetitami.Ericnousatoutraconté.Noussommes
venusimmédiatement.Elena,ilfautquetudéposesunemaincourantecontrelui.Nonmaiscen'estpasvrai!Jesenslamoutardememonteraunez.-Attendez,c'estquoicedélire!Quevousa-t-ilraconté?JeregardeEricetmonpèretouràtour.Ericatoujourscetairdésolé.-Ericnousaditpoursalettre,lefaitqu'ilsesoitintroduitchezvousetqu'ilteharcèlesanscesse.
Ilestdangereux,Elena.Ilfautquetuteprotègesdelui.Jerestebouchebée.Marespirationsecoupe.Alorsvoilàlaversiond'Eric.Jen'arrivepasàcroire
qu'ilaitappelémesparentspourleurraconterceshorreurs.Encoreundesescoupsbas.Ilestinfectetcelameconforte,encore,dansl'idéequ'iln'estpasfaitpourmoi.Ilesthorsdequestiondemêlermesparentsàtoutça.
-Vousn'yêtespasdutout.Il...-Unhommemariéquiplusest,c'estunehonte!S'exclamesoudainementmamère,outrée.Putain!Celle-làjenel'aipasvuvenir.-C'estdécidé.Ont'accompagneauposte.Monpèremeprendparlebrasetsemblevouloirmefairefairedemi-tour.Etc'estreparti,jecrois
rêver!Jen'aiplus20ans!-Non,maisjen'irainullepart.Jemedégagebrusquement.Putainmaisdequoivousvousmêlezà
lafin!Toutlemondevasecalmerici.Ok!Mamèremedévisage.Maisjenemelaissepasdémonter.-Jenevaispasallerporterplainteouautrechose.C'estmavie.J'ai27ans.Etjecroisêtreassez
grandepoursavoircequejedoisfaire.Vousavezfaittoutcecheminpourrien.Jevaisbien.Dis-jeenfusillantEricdesyeux
-Elena,toutlemonde,s'inquiètepourtoi.Ditmamèred'unevoixtremblante.Monpèremefixecommesij'étaisdevenuecomplètementfolle.J'ysuisalléeunpeufort.J'essaiederetrouvermoncalme.Maiscelamerenddingue.Jeregarde
Ericquines'estpasencoremanifesté. Il fixe le sol, l'air faussementaffecté. Il joue lavictimeà laperfection.Ilneperdrienpourattendre.Jesuisfollederage.Maislebutpremierestd'écartermesparentsdecettesituationcompliquée.
-Elena,ilfautquetusoisprudente.Tuneconnaispassesintentions,nisesmotivations.-Oui,j'aicomprisPapa.Maisjetejurequ'iln'yariendegrave.Enfait,si,c'esttrèsgrave.Papa,jen'aimepasmonmari,ilestviolent,jeveuxdivorceretjeveux
vivreavecunhommemarié.C'esthorrible!-Nousnevoulonsquetonbien.Tulesais.Jevoistrèsbienqu'ilestloind'êtrerassuréetvisiblementtouchéparmaréaction.-Jesuisdésoléesivousavezeupeur.Ericn'auraitpasdûvousparlerdeça.
Jejetteunregardversluietcequejevois,sursonvisage,meglacelesang.Ilaundemi-souriresatisfait sur les lèvres. Je frissonne.Lapartien'estpasgagnée, je sensqu'il est loind'enavoir finiavecmoi.
-Bon,onvarentrer.Noust'attendonsdepuisledébutdel'après-midi.Finitpardiremonpère.-Vousmangezavecnous?ProposeEricleplusaimablementdumonde.-SiElenaleveutbien.Répondmonpèreenmeregardantducoindel'œil.Jesensquejel'aiblesséetçamebriselecœur.Maisjenecomptepasluidirelavériténonplus.
Ils ne seraient pas vraiment fiers d'apprendre que leur fille entretient une relation avec un hommemarié.
-Oui,biensûrquejeleveux,Papa.S'ilteplait.Net'inquiètepluspourcela.Jeteprometsqu'ilnemeferajamaisdemal.
-Méfie-toi.Ericjecomptesurtoipourprotégermafille.-Bienentendu.Vouspouvezcomptersurmoi,Joaquim.DitEricenmeregardantintensément.Mesparentsyvoientpeut-êtrede lasincérité,maismoi,c'estundesseinmalsainquejeperçois
danssesyeux.Jeregrette,toutd'uncoup,d'êtrevenueici.J'auraidûfuirledomicileconjugaletdemanderàLuc
de passer prendre mes affaires. Je me rends compte, à l'évidence, que l'alcool n'est pas le seulresponsabledesesactesodieux.
Entouslescas,Faresn'auraitpaspugardersoncalmefaceàunEricdecetacabit.Etc'esttouscequejeredoute.
Je fais le tour du jardin avec ma mère pendant que mon père et Eric s'occupe de préparer àmanger. Il joue bien lemarimodèle. Celam'écœure. Il n'est jamais là, son boulot est devenu unepriorité.Nosétreintessont,depuislongtemps,plusvraimentpassionnées.Jemerendscomptedecequ'estl'amouravecFaresetcelan'arienàvoiraveccequej'aivécuavecEric.
J'ail'impressiondemettreendormietoutescesannées.Dansd'autrescirconstances,celaauraitétéunejoiequemesparentssoientchezmoi,àpartagerce
dimancheenfamille.Maisjesuisloind'êtresereine,jesensquelepireestàvenir.Ericestlegenred'hommequin'accepteaucunedéfaite.J'aienvied'avoueràmamèrequej'enaimeunautre,quemonmariageestundésastremaisjen'y
arrivepas.Lesmotsrestentcoincésaufonddemagorge.Commentpourrait-ellecomprendre.Celavaau-delàdel'éducationqu'ilsm'ontdonnée.Jevaisleschoqueretsurtoutlesfairesouffrir.
-Alors,quandest-cequevousnousfaitesunenfant?J'aienvied'êtregrand-mèremoi.Jecroism'étouffer.Etçamebriselecœur.Ilsn'aurontjamaisdepetitenfantàbercer.Masituation
avecFaresm'enempêchera.Jerefusedefaireunenfantdanscesconditions.Etcesconditions,jelesaiacceptés.
-Jenesaispasmaman.Pourlemoment,jen'enaipasenvie.Maréponseàl'airdelasurprendre.-La carrière est importante,me amor, et peut parfois procurer de l'ivressemais crois-moi, le
bonheur d'avoir un enfant dépasse tout cela. Tu es la plus belle chose qu'il me soit arrivée. Tanaissancefutleplusbeaujourdemavie.Jeterevoisbébé,tumesouriaismaisjenevoyaisquetesgrandsyeuxverts.
Je ressens le bonheur dont elle parle et mon cœur se découpe en morceaux. Je ne connaîtraisjamaiscettejoie.Pourl'instant,l'amourdeFaresmesuffit.
-Atable!Jesursauteenentendantlavoixd'Eric.-Tuessûrequetuvasbienmachérie?Jem'inquiètebeaucoup,tusais.-Oui,jevaisbien.Répondis-jelointaine.
Monpèreestanxieux.Ilneparlepasdurepas.Jenetouchepratiquementpasàmonassiette.Eric estmielleux et s'occupe de faire la conversation avec un naturel déconcertant. Il est passé
maîtredansl'artdemanipulerlesfauxsemblant-Oùesttabaguemachérie.Medemande-t-ilsoudainement.Ils'amuseavecmoi.-C'estvraioùesttabague?Rajoutemamèreréellementsurprise.-Jel'aioubliédansmoncasieràlasalledesport.Lemensongemevientfacilement.- Tu ne devrais pas laisser tes affaires traîner n'importe où, quelqu'un pourrait les prendre et
croirequ'ellesluiappartiennent.Sesyeuxpétillentd'hypocrisieet jesaisie très rapidement le rapprochement.Quec'estélégant !
J'aiclairementenviedeluiarracherlesdeuxyeux.Jusqu'àlafindurepas,jenecessedepenseràFares.Aquelpoint,jel'aimeetmesensbienavec
lui.Ilmemanque.J'aimeraisqu'ilsoitlà,àparleravecmesparents.Dansd'autrescirconstances,ilsl'auraientpeut-êtreaimé.Maintenant,jesaisqu'ilsnel'apprécierontjamais.
SiFaressavaitlejeuauqueljoueEricavecmoi,iln'auraitsansdouteplusdedentspoursourire.C'estpourcetteraisonquej'aidécidédevenirseule.Plusjamais,jenerisqueraiqu'illuiarrivequoiquecesoit.MêmesiEriclemérite.Jemesouviens,quetropbien,decejouraupostedepolice.Ilesthorsdequestion,qu'ilsefassearrêter,ànouveau,àcausedemoi.
Quandmesparentsdécidentdepartir,uneangoissem'oppresselapoitrine.Ilssortentdanslacouretjelesvoissedirigerversleurvoiture.
-Attendspapa!Jecoursetluisautedanslesbras.-Jet'aime,monpapou.Promets-moidenepast'inquiéter.Jeluidiscesmots,sansvraimentvouloirl'enconvaincre.Ilressertsonétreinteetjemesensbien,
uninstant.-Prendssoindetoi,mapuce.Onseratoujourslàpourtoi.Ilmeregardeetfroncelessourcils.-Jesais,merci.Jelelâcheetjelesregarde,quitterlapropriété,lesbrascroiséssurmapoitrine.Jeretourned'un
paslourddanslamaison.Ericestdanslacuisineetrangelesassiettesdanslelave-vaisselle.Ilnelèvepaslesyeuxquandilmedemande:
-Tuétaisaveclui?Jesoupire.-Oui-Tuvasmequitter?Moncœurmepinceetjeressensunedouleuraiguëdansleventre.-Oui,jesuisdésolée,Eric.Dis-jecalmement.Illaisseunsilenceinterminables'installeravantdemedire.-Tuesdésolée...Crois-tuvraimentquejevaistelaisserpartir?L'assurancedeson tonm'inquiète. Ilest froid, tropcalme.Jeressensquecetteattitudeestbien
pirequelacolèreoulaviolence.Jefrissonned'appréhension.Ilcontinueàrangerlacuisinecommesijen'yétaispas.J'ouvrelabouchepourrépliquermaisilreprend:
-Tuvast'évertueràêtrelagentillepetiteépousequej'aiconnue.Faisattention,Elena,jen'aiqu'uncoupdefilàpasser.Tesparentsneseront,sansdoute,pasvraimentravisdesavoirqueleurfilleestunetraînée.
Nonmaisjerêve!Iltombebienbas.S'ilcroitquecelavam'empêcherdelequitter,c'estmalme
connaitre.Ilnem'intimidepas,jenelerespecteplus.Monsangnefaitqu'untour.-Tumeprendspourqui?!Crois-tuvraimentquejevaistelaissermeretenirprisonnièreavecce
piètre chantage ? Que diront-ils quand ils apprendront que leur cher beau fils est violent,manipulateur et menteur. Qui croiront-ils à ton avis ? Penses-tu, vraiment, que je vais jouer lesépouses dociles ? Je rigole presque. Tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'à l'os, Eric. Je veuxdivorcer!Etl'avisdemesparentspasseraensecondplan.
Je le vois trembler anormalement. Je ressens soudain une peur intense, elle s'empare de moicommepourmesignifierqueledangerestprocheetqu'ilseraredoutable.Jeprofitequ'ilnemevoitpas,pourmesaisird'uncouteausursonprésentoir.Lalameestlongueetglissedesonsupportsansunbruit.
Il relève la tête d'un seul coup. Je cache rapidement la lame le long de mon avant-bras. Ilcontournel'îlotdelacuisineetmesaisitlebras.
-Jenevaispastelaissermequittercommeça!Son visage se transforme. Je relève le menton et me mets sur la pointe des pieds essayant
laborieusementdemeteniràsahauteur.-Jeteconseilledemelâcher.Sifflé-jeavecmépris.Il ressert, encore, la pression de sa main. Ses yeux ne sont plus que cruauté. J'ai même
l'impression qu'il éprouve un certain plaisir à me faire souffrir. Mes doigts se resserrent sur lemancheducouteau-Tun'asaucunconseilàmedonner,tun'esqu'unegarce.Maisjepeuxêtrebienplus fumierque toi.Tuveuxvraimentque jeme rendreà l'ambassadede toncher amant ? Je suiscertainquesongouvernementseraravideconnaitresessecrets.
-Tunevaspasfaireça?Murmuré-je,frappéedestupeur.-Acequej'aicompris,ils'agitd'unehistoiredevieoudemort.Jeblêmis.Ilmefaitchanterdelapluscruelledesfaçons.Soitjetireunecroixsurlebonheurque
jeviensderetrouver,soitjedétruisceluiquej'aime.Quoiquejedécide,jel'aiperdudetoutefaçon.MaisjepréfèreplutôtmourirquedelaisserEricl'atteindre.
-Tunevaspluslerevoirsinon,crois-moi,jen'auraisaucunscrupuleàtoutleurbalancer.Tiens,fais-moiplaisir,dis-luiquetulequittes,faitluiunpeudemal.Vuqu'ilsemblen'avoiraucunremordàvolerlafemmedesautres.
Saterriblemenaceselitmêmedanssesyeuxd'unbleuacier.Ilneplaisantepas.Jecroisquejevaisvomir.Jeretienslabilequimemontedanslagorge.
-Ettucroisquejevaistenircombiendetempscommeça?!Soufflé-jed'unevoixétranglée.Ilsembleréfléchircommes'iln'avaitpaspenséàlaquestion,puisreprendssuruntonàmeglacer
lesos.-Tutiendrasletempsquejevoudrais.Turesterasjusqu'àcequejemelassedetoi.Ildétaillemon
corpsetunfrissond'horreurmecourtdansledos.Pourcommencer,j'aiuneinaugurationàlamairiepourmestravauxettuenferaspartie.Tut'yrendrasàmonbras,làoùesttaplace.
Quecelateplaiseounon.-Tuesimmonde.Lâché-je.-Tuesmagnifique,murmure-t-ilentresesdents.J'ai la nausée. Il m'attrape une mèche de cheveux qu'il enroule autour de son index. Il me
considèreetjenevoisplusaucunesensibilitédanssonregard.Jereculemaislemurestrapidementdansmondos.Ilsepressecontremoi.Jepeuxsentirsonérection.Ilprendsonpiedàmedominer.Ilmedégoûte.
-Tuvasaimer tanouvellevie, j'ensuissûr.Tonpèrem'ademandédeprendresoinde toiet jerespectetoujoursmesengagements.
Ilm'embrassedeforceenmeretenantparlescheveux.Lesracinesmebrûlentetjelelaissefaire
ennebougeantpasleslèvres.Jelepréféraissousl'influencedel'alcool,carcettefois,jenepourraispasluiéchapper.Jenelepourraisplus.
Jelèvemécaniquementlecouteauetdirigelapointedelalameprèsdesoncou.Mesyeuxsontgrandsouverts.Jenemesensplusmoi-mêmeetcettepartiedemoipeutlefaire.C'estcellequis'enfout,cellequinepenseplus.Jepeuxletuermaintenantetenfinir.Jevoisdéjàsonsangcoulerlelongdesanuque,serépandantsurlesol.Ils'écouleraitcommeledésespoirquiserépanddansmesveines.
Ma main tremble pendant que sa langue force la barrière de mes dents et que ses mains metouchentlàoùjeneveuxpas.Jepourraislefaire.Oui,jepeuxletuer.Jerestecommecelaquelquessecondes, la lame, à quelquesmillimètres de sa nuque,me laissant croire que je détiens encore lecontrôleavantde l'endurer.Avantdeneplusavoir lechoix, justeavantde le laisserdéfinitivementprendrel'ascendantsurmoi.
Monesprit semble,même,être sortidesonenveloppecharnelle. Ilmevoit subir,assautsaprèsassauts,commeunetristeetinertepoupéedecire.Unelarmes'échappeducoindemonœilmaisjenepleurepas.Jeleregardedroitdanslesyeuxcommesijeregardaislamortenface.Iln'aurapasmonâme.
Jebaisselentementlalameetlaissemonbrasredescendrelelongdemoncorps.Oui,Ericestunhommequisembletenir lemondeentresesmains.Et jecomprends,seulement
maintenant,qu'illeretientàn'importequelprix.
Chapitre20:EnattendantlapluieJesuisdansl'avion.Jesuispartijusteaprèslematch,jen'aipaspuattendrepluslongtemps.Ellenem'apasappelé.Celafait4joursquejel'aiquitté.Etj'ailasensationbizarrequequelque
chosenevapas.Jen'aipasarrêtédepenseràelle.Toutemaconcentrationétaitfixéesurelleetj'aifailliperdrecematch.Maisjem'enfous,j'yai
mistoutemaforce,j'aifaitdeserreurscarjevoulaisqu'ilfinissevite.J'avaisbesoindelaretrouver.Iln'yaqu'àçaquejepense.Iln'yaquecelaquicompte.
Je fonce directement chezmoi. Je roule vite et brûle les feux rouges. J'espère qu'ellem'attendmêmesilespalpitationsdemoncœurmesoufflentlecontraire.
Quandjerentredansl'appartement,jebalancetoutdansl'entrée.Jem'arrêteetfermelesyeux.Elleestpartie.
Je ressens immédiatement le vide qu'elle a laissé. Tout est soigneusement rangé.On dirait unechambre d'hôtel impersonnelle, sans vie.Un endroit obscurci par les nuages sombres dans le ciel.Obscurci par son absence. Elle est partie preuve en est, les clés dansma boite aux lettres. Elle nereviendrapas.
J'aiundécalagede6heuresdanslesjambes.Maisilfautabsolumentquejelavois.J'aibesoindesavoirpourquoi.
Ilest19h.Ilfaitpratiquementnuitetjesuisentraindel'attendredevantHermès.Jenesaispassielleesttoujourslà.
Jedoisavoir l'aird'unconà luicourirencoreaprès.Aprèscemessageaussiclair.Commeunamoureuxtransi.Commeunamoureuxmalheureux.
Maisc'estplusfortquemoi.Jesuisàl'extérieuretj'attendsaussilapluie,capuchesurlatête.Jesuisadosséàmavoiture.Desfillestournentautourdemoi,certainesm'interpellent.Plusrien
nelesarrête.Putain,jeneveuxplusdecettevie.Jeveuxqu'ellemerevienne.Je lavoissortirenfin.Ellen'apasmisde talons.Elleacegiletqu'elleportesouvent,celuiqui
couvrecequej'aime.Sonbonnettombeau-dessusdesesyeux.Elletournelatêteetmevoit.Elleouvrelabouchemaisbaissesatêteetpart,rapidement,dansladirectionopposée,enpressant
lepas.Jecoursetmemetsdevantelle.Elleessaiedepassersurlecôté.Jel'enempêche,ellenepeutpas
mefuir.-Elena...-Tunedevraispasêtrelà.Ellenemeregardepasdanslesyeux.-Qu'est-cequisepasse?Pourquoitunem'aspasappelé?C'estparcequejesuisparti,c'estça?
Sic'estça,excuse-moi,jenepartiraiplusjamais.Jetelepromets...-Arrête!Ellecriepresque.Ellelèveenfinlesyeuxversmoi.Ilssontverts,sibeauxtelunlagonprofondetmystérieux.Je
n'arrive pas à les comprendre. Cette distance est insupportable. J'ai pourtant eu l'impression d'êtreproched'ellecommejamais.
-Alorspourquoi?Sicen'estpasça?Dis-moi,qu'est-ce...-C'estfini.Je recule d'un pas. J'ai l'impression d'être heurter violemment, qu'on m'écrase la poitrine. Je
baisselesyeuxetregardesamain,ellearemissonalliance.Celabousillecomplètementl'espoirquejegardaisencore,quelquepart,dansmatête.C'estdonccela.Elleregrettecequ'ils'estpasséentrenous.
Voilàpourquoi,ellemerejette.
-Tut'esremiseaveclui?Jeparledoucement.Çamedétruit.-Fares...Ellebaisseànouveaulesyeux.-Réponds-moi,s'ilteplait.-Laisse-moipartir.-Tul'aimes?....Vraiment?Savoixesttremblanteetrapide.-Jeveuxunefamille,desenfants.Jeveuxvivreunevienormale.Jecroyaispouvoirpasserau-
dessusdetoutça,maisjenepeuxpas,toutesttropcompliquépourmoi...Elles'arrêteetlèveànouveausesyeux.Ilssontrougesetjeremarquequ'elleadescernescreusés
etfoncés.-...Noscheminsseséparentmaintenant,jeregrette.Çametue.Jepensaisqu'ellepouvaitêtrepatientemaisjemerendscompteaussi,quec'étaittrop
luidemander.Elleméritetellementmieux.Quiaccepteraitcelamêmeparamour.Quandelleaaccepté,j'aivraimentcruqu'elleressentaitlesmêmeschosesquemoi.Elleafaitson
choixetjenepeuxquel'acceptermêmesijel'aimeàencrever.Etjesuisjalouxdetoutcequ'ilpeutluiapporteretpasmoi.Complètementfoudejalousie.Ellecontinued'unevoixplusbassepresqueunmurmure:-Fares,tum'asditquejepouvaischoisir,quetunem'envoudraispas.Est-cetoujourslecas?Sesyeuxsenoient.Jebaisselatête.-Oui,c'estlecas.Jecomprends.Prendssoindetoi,Elena.Je la laissedonc.Je lacontourne.Jeretourneàmavoiture.Lesmainsdans lespoches, lecœur
brisé.J'aitropsouventrepoussécemoment.J'auraisdûpartirdepuislongtemps.Maisjesuisrestéàme
fairedumal,pourelle.Aujourd'hui,plusriennemeretientici.Jerentrechezmoi.Définitivement.-Fares!Jemeretourne.Ellecourtversmoietplongedansmesbras.Jenesaispascequejedoisfaire.Je
suisfigé.Ellecollesatêtecontremontorse.Elleal'airsifragile.Jesuisperdu.-Resteavecmoi,cesoir.Ellemesupplieavecdesyeuxtourmentés.-S'ilteplait.Jenedisrienquandellemetireparlebrasetqu'ellenousfaitentrerdanslesbureauxd'Hermes.J'ai l'impression qu'elle est quelqu'un d'autre. Mais je la suis. Nous montons des escaliers en
prenantuneportederrière lemagasin.Quandnousarrivonsenhaut,nous sommesdansun jardin.Unevieilledamevientànotrerencontre.Jelasalue.
-Bonsoir.Sonregardestappuyé.J'ail'impressionqu'elleveutliredansmesyeux.-Quiest-ce?Demande-t-elle.Elenameregardeintensément.-C'estmonDarko.Répond-elledansunsouffleennemequittantpasduregard.Jenesaisispastout.Lafemmemefaitunsourirechaleureux.-Jedoisyaller.Bonnesoiréejeunesgens.Elenamefaittraversersilencieusementlejardin.Nousarrivonsaubout,devantunebalustrade.Ellepassesesdeuxjambesau-dessusduvideets'assoie.Elleavancesoncorpsetregardeenbas.Jelaregardemaisnebougepas.Jevoissesbeauxcheveuxsesouleveraveclevent.Jel'entends
murmurer:-Tucroisquel'onpourraitsauterets'envoler?
Saphrasebousculetousmessentiments.-Elenaquet'arrive-t-il?Parle-moi,jet'enprie.Elleseretourneetmetendjustelamain.-Viens.Jelarejoinsetjem'assois,àcôtéd'elle,surlerebord.Sousmespieds,sebousculentlespassants
danslesruesdeParis.Noussommesvisiblesmaispersonnenepenseraitàleverlesyeux.Jetourneleregard vers elle. Elle fixe le vide, ses yeux brillent. Je sens qu'elle amal. Je ne veux plus la voirsouffriretjelaserrecontremoi.Elleselaissefaire.
-Mepardonnerastu,Fares?Jeregardeenfacedemoi.Estcequecelacomptefinalement?Maisjeluiréponds:-Oui,biensûr.-Jesuistellementdésolée.Soufflet-elle.Elleenfuitsonvisagedansmoncouetpleure.Jelasersplusencoreencaressantsescheveux.Je
neveuxquesonbonheuretsielleestheureuseaveclui.Jenepeuxquem'inclineretlalaisserpartir.Mêmes'ilestdurdenousdireadieu.
Nous restons longtemps. Jusqu'à ce que je la force à redescendre.Quand ses lèvres deviennentpresqueviolettesetquemavestenesuffitplusàlaréchauffer.
Ellemequitte comme ça. Sur ce trottoir, devantmavoiture. Je crois qu'elle va encore pleurermaisn'enfaitrien.Ellemelâchelamainpuisellereprendsaroute,souslapluie,seule.
Chapitre21:L'incidentJerentrechezmoi.Jen'aienviederien.Jetapesurlestouchesdemontéléphone.Jecherche les
billetsd'avionpourDubaï.Ilyenaunquipartdemainmatin.Jel'achèteetbalancemonportablequis'éclateenmorceausurlesol.Jen'enaiplusbesoin.Ettantpispourleschampionnatsdumonde.Maplacen'estplusici.
Jetourneenronddansmonappartement.Jen'arrivepasàcroirecequ'ils'estpassé,cesoir.Je sais qu'ellem'a quittée pour debonnes raisons.Qui voudrait d'unevie pareille.Mais je sais
qu'ellem'aime.Maisellel'aimeaussi...Enfin,jecrois.Ellenousaimeraittouslesdeux,alors?Putain,c'estpossibleoupas?!Jen'ensuismêmepascertain.Est-ellevraimentheureuse?J'auraisbesoinqu'ellemeledisepourlecroire.Et j'ai ce sentiment de ne pas m'être assez battue pour elle. Suis-je censé la laisser partir et
renoncersimplement.Safaçond'êtren'avaitriendenormal...Ilyauntrucpasclair.Jeregardeàtraverslabaievitrée
quelquessecondes.Ilfautquej'enailecœurnet.J'ai besoinqu'ellemedisequ'elle est heureuse sansmoi. Il faut que jem'assurede ça avant de
partir.Jenepourraispasvivredansl'incertitudeouleregret.Çavameboufferpourlerestantdemavie.Siellemedit,droitdanslesyeux,qu'elleestheureuseaveclui,quec'estvraimentluiqu'elleveutetqu'elleaime.Alorsjel'accepterai.Jedoisabsolumentluiparlerunedernièrefois.
Cetteidéemeplaitetjemesenspousserdesailes.Je sors laMaserati du garage et fonce, en direction de chez elle. Jem'en tape qu'il soit là. Je
regardelecompteur,260km/h.Jesuiscertainquejepeuxaller,encore,plusvite.J'arrive chez elle. Je me gare devant le portail. Je sors rapidement de ma voiture. J'avance
calmement.J'aicommel'impressionquemondestinchangeratotalementaprèscesoir.Jetendsmondoigtendirectiondelasonnette.Putain,jenevaispassonnerquandmême!
J'entends un bruit sourd, comme quelque chose de lourd, tomber dans la piscine. Mais quiprendraitunbainparcetemps-là?Jesaute,agilement,par-dessusleportail.
J'avancedansl'allée.Jecontournelamaisonetpassedevantlesgrandesbaiesvitréesdusalon.JevoisEric,lesmainssurlevisage.Ilfixelapiscinecommes'ilétaitparalysé.Ilouvrelabouchemaisaucunsonn'ensort.
-Oùest-elle?Ilnerépondpasmaiscontinueàfixerl'eau.Jetournelevisageetj'aperçoisuneombreaufond.Non,cenepeutpasêtreElena!Jeneréfléchisplusetjeplonge.Jenagerapidement.Jenecrois
pascequejevois.C'estelle!Elleestcomplètementinerte.Seslongscheveuxsemblentseperdredanslanoirceurde l'eau.Elleest commeenapesanteuretputain, c'est sûrqu'ellene faitpasde l'apnée.Toutsoncorpssemblecommeprivédevie.Jel'attrapesouslebrasetlaremonteàlasurface.
Je la sors de la piscine, je fais pareil et je la porte rapidement dans le salon. L'autre me suitcommeunsimplespectateur.Jehurle:
-Appellelesurgencesetdonne-moiunecouverture!Ilresteplanté,ànerienfaire.Lesmainstoujourssursonvisage.Encorepluspâlequed'habitude.
Jequittemonsweatetlacouvreavec.-Bougetoncul,sinonjevaistefoutrelatêtedanslapiscineetjetejure,jetenoie,connard!-J'aipaniqué!Souffle-t-ilcommeungaminde10anstoujoursennebougeantpas.Jepratique lemassagecardiaque.Ellene revientpas.Siellemeurt, j'iraien taulecar jevais le
tuer.Jevaislefairesouffriràpetitfeu.Oui,jevaisenprendrepour20piges.Ilsnepourrontpaslereconnaîtrequandilsledécouvrirontattachéàunarbre.
Ilremueseulementleslèvrescommeundemeuré.-Elleestmorte,putain!Jenesaispascequ'ils'estpassé.J'aientenduunbruitetquandjesuis
arrivé,elleétaitdansl'eau.J'aipaniquéputain!Jenesavaisplusquoifaire!!!Ilpleurecommeunegonzesse.Iln'estpassérieux?!Plongeretlasauverducon!-Elleestmorte!C'estfini!Elenaaaaa...Ilresteimmobilecommeladernièredesmerdespendantquej'essaiedelarameneràlavie.Jen'arrêtepas,ilfautqu'ellerevienne.Il a de la chance que j'ai lesmains occupées. Soit je la sauve, soit je deviens unmeurtrier. Le
calculestsimple.Évident.Jelasauveetensuite,jevaislefairetaireàjamais.-C'estfini!Jenelareverraipluuuuus.Elena,ne réagitpas.Soncorpsestgelé. Je lui faisduboucheàbouche. J'essaied'entendre son
souffleenplaçantmonoreilleprèsdeseslèvresetensentantsonpoulssursonpoignet.L'autrecontinuedepleurer.-TUVASFERMERTAPUTAINDEGRANDEGUEULE!Qu'est-cequetuattendspourappeler
lesurgences!Saleconnard,ellen'estpasmorte!-Quoi!?Enfin,ilarrêtesesjérémiadesàlacon.-OOOhhh,monElena.Putain,ilm'exaspère.Ils'approche.Nonmaisilbougeenfincefilsdepute!Ilcourtmaintenant
versnousmaisjemelèvedetoutemahauteuretils'arrêtenet.-Tulatouches,jet'explose!C'estclair?Ilreculedequelquesmètres.Sonvisagesetransforme.Ildevientrougedecolère.-C'estma femme!Tun'aspas ledroitd'être là.Quittemapropriétémaintenantou j'appelle la
police!Ilplaisante!?Ilétaitprêtàlalaissercreveraufondd'unepiscineetmaintenantquej'aisauvéla
viede«Safemme»,ilmedégage.-Tuaslaforced'appelerlesflicsmaispaslesurgences.Putain,tuesmort!Ilvagoûteràmafureur,j'avanceverslui.-Ok,ok.Attends.Il prend enfin sonportable demanière fébrile. Je doute franchement de sa paniquemais jeme
baisseversElena.Son visage est tourné sur le côté. Elle a toujours les yeux fermés mais son cœur bat. Eric
s'approche.-Ilsserontlà,dans10minutes.C'estbon,tupeuxpartirmaintenant.Dixitlagrossemerde!Commentpeut-elleaimerunmecpareil.Ilcroitfranchementquejevaisla
laisserseule,aveclui.Elenaferme,avecforce,sesyeux.J'ail'impressionqu'elleamal.-Elena,çava?M'inquiété-je.Elleouvreenfinlesyeux.Sessourcilssefroncentetelleessaiedebougersoncorps.Sonregard
esttournéversEric.Ellegémit.-Nooon....Noo...-Elena,çava?Tuesensécurité.Dismoi,situasmalquelquepart?-No....Putain,ilyauntrucquicloche.Jetournesonvisageversmoi.Jecaptesonregard.Ellemurmure
douloureusement.-Faaa...Neeeme...Nemela...-Jesuislà!Net'inquiètepas.Toutvabien.Lesurgencesvontarriver.Mestripessecontractent,ellesouffre.Elletendsamainavecdifficultéetmetouchelabouchedu
boutdesesdoigts.-Jeee...Ellefermelesyeux.Seslèvress'entrouvrent.Elleestentraindeperdreconscience.Cen'estpas
normal.Putain!Ellenedevraitpass'évanouir.-Elena!Attends,resteavecmoi.Regarde-moi.Il y a quelque chose d'autre. J'inspecte ses habits. Je lui touche le corps pour chercher une
blessure.J'entendsl'autrequihurledenepastouchersafemme.Jel'ignore.Ilvautmieuxcelapoursagueule.Iln'yariensursoncorps.Jesoulèvesatêteetl'examine.Putain,elleestouvertesurlecôtéducrane.
-Ellesaigne,putain.Maisqu'est-cequ'ils'estpasséici!-J'ensaisrien!Jet'aiditquec'estlebruitdesonplongeonquim'aalerté.HurleEric.-Tucroisvraimentque jevaisgobercessalades!Ellen'apasrecrachéde l'eau,elleétaitdéjà
inconscienteavantdetomberdedans,connard!-Ettoi,qu'estcequetufaisaislà?Quimeditquecen'estpastoiquil'aagressé!Nousentendonsl'ambulancearriver.Ilcourtleurouvrir.Jerêve,jel'aiagressépourluisauverla
vieensuite!JereportemonregardversElena.Seslèvressontbleues.Sapeaupâlitàvud'œil.-Çavaaller,bébé.Accrochetoid'accord.Jet'aime.Jemebattraipourtoi.Jetelejure.-Poussezvous,monsieur.Lesambulanciersmefontreculer.Jerépondscommejepeuxàleursquestions.Ericestderrière
moi.Ilneparlepas.Ilslaportentetlaposentsurunbrancard.Jelessuispendantqu'illafontmonterdansl'ambulance.Undeshommesm'arrêtent.
-Vousêtesdelafamille?-Non.-Jesuissonmari.DitEricenmetendantmonsweat,sansmeregarder.-Ok,vouspouvezmonteravecnous.Quelafamille,jesuisdésolé,Monsieur.-Jeteconseilledetecasserdechezmoi.Ilarepritdel'assurance.Jemeretiensdenepasluiprendrelatêteetl'explosercontrelaportede
l'ambulance.Ilmonteàl'arrièreduvéhiculeavecelleetmelanceunregarddedéfi.J'ai comme l'impression qu'il me provoque. S'il croit que je vais me salir les mains devant
témoins,ilestencoreplusconquecequejecroyais.L'ambulancierrefermelaporteetilspartentdansunsonstrident.
Chapitre22:EnigmeJesuisl'ambulancedeprès.Jetremble.Mesmainssontaccrochéesauvolant.Jesuisentrainde
merendrecomptedesévénements.Elleauraitreçuuncoupàlatêtepuisseraittombéedanslapiscine.Cettehistoirenetientpasdebout.Qu'estcequiabienpusepasserbordel!
Jen'aipasréussiàliredanssesyeux.J'aijustepuconstaterqu'ellesetrouvaitenpleinedétressemaisavait-ellepeurouavait-ellemal?Jenesaisquoipenser.Jeretiensunfrissond'horreurquandjepensequesijen'étaispasvenu,cesoir,elleserait,sansaucundoute,mortedevantlesyeuxdel'autreabruti.Etjen'auraisjamaissu,pourquoi,nicomment.Jeseraisdevenufou.
Jemegaresurleparkingdel'hôpitalpendantquel'ambulances'arrêtedevantlesurgences.Jevoisqu'ilslaconduisentàl'intérieur.Soncorpsesttoujoursinanimé.Ericentreaveceux.
Çamebouffe qu'il puisse être près d'elle et pasmoi.Qu'il soit la seule personne qu'elle verraquandelleouvriralesyeux.Cettesituationestinsoutenable.Jem'aperçoisquevivreavecelleseraitunbonheursansnommaisvivresansvraimentêtre liéetsansconstruireensembleseraitaussiunesouffrance.
C'estpourquoi,jecomprendssonenviedefuircetteviesansprojet.Finalementaurait-elleunsens?Pourmoi,elleenacarjel'aime.J'ai,cetteimpressionfolle,d'êtrenépourelle.Pourmecontemplerdanssesyeuxetm'yvoirmourir.
SeuleElenapeut,définitivement,mettreuntermeànotrehistoire...Ilfautquejesachequ'ellevabien.Jetourneenrondcommeunebêteencage.Sonétatétaitstable
quandlesurgencessontarrivées.Iln'yaqueçaquim'aideànepasdéfoncerlemecquimedemanded'attendre,encoreetencore.
Je suis dans la salle d'attentedesurgencesdepuis presque3heuresquand je voisEric qui sortd'unedesportesenfacedemoi.Ilal'airperdu.Quandilmevoit,ils'arrête.
-Tuneveuxpaslâcherlemorceau,hein?Sesparentsvontarriver.Tuferaismieuxdedégager.J'ignoresesremarquesetavanceverslui.-Commentva-t-elle?Oùest-elle?-Elleestréveillée.Ellevabien.Ilcroitvraimentquejevaismecontenterdeça.-Pasgrâceàtoientoutcas.Jecommenceàmarcherendirectiondelaported'oùilvientmaisilm'arrêteàl'aidedesamain
poséesurmonbuste.Jebaisselesyeux.Putain,qu'estcequiluifaitcroirequ'ilpeutmetoucher.-Dépêche-toideretirertamain.Monregarddoitleconvaincre,jeledépassemaisjel'entendsdansmondos.-Uneenquêtevaêtreouverte.Jem'arrêteettournejustelevisage.-Jel'espèrebien.-Tufaispartiedessuspects.Jeteconseillederesterloind'elle.Personnen'aledroitd'entrerdans
sachambremisàpartlafamilleettuesloind'enfairepartie.Sijefaispartiedessuspects,luiaussi.Jeluiaisauvélavie.Elenapourraleconfirmer.Mamain
seposesurlapoignée.-J'ailutapetitelettre.Elleétaitvraimenttrèsintéressante.Touchanteaussi.Tellementrempliede
mensonges.Tul'approchesencoreetjecroisquejevaisnepluspouvoirretenirmalangue.Ilestdoncprêtàtout,l'enfoiré.Jemeretourneetavancerapidementverslui.Ilessaiedereculer.
Ils ont tous lemême réflexe quand ils voient que je suis à bout. Je passemon bras autour de sesépaulesetmaforcel'obligeàmesuivre.
-Ilfautquejetediseuntruc.Viensparlà.Luidis-jecalmement.
Ilessaiedesedégagermaisc'estpeineperdu.Je lepoussedansunesalle.Sansdoute,celledesinfirmièresdegarde.Iln'yapersonne.Laporteserefermederrièrenous.
Ilseretourneensesecouantcommeunclébard.-Putainmaistuesunmalade!Jevaisdirectementàtonambassadetoutbalancer!Ilessaiedepartirmaisjeleretiensparlecoldesachemiseetleplaquecontrelemur.Ilaledon
dememettrehorsdemoi.Mesmusclessetendentunparun.Sinousn'étionspasdansunhôpital,jelebousillerais ici et maintenant mais il y a trop de chance pour qu'ils arrivent à lui sauver la vie.Quoique...
-Tucroisvraimentquetuesleseulàsavoirfairecegenredechantage.Tupensesqu'enfaisantcela,jevaistelaisserlaviesauve?D'oùjeviens,onpratiquelaloidutalion.Chaquepersonnequiseratouchépartesactes,jet'enferaissubirlesconséquences.
-TuesenFrance.Ilyadeslois.Ilatoujourslemotpourrire,ondirait.Jeparleavecrage,entremesdents.-QuiteditquejevaisaccomplirmavengeanceenFrance.Jeprépareraimoi-mêmelacaisseen
boispourtefaireexpédierdansunpaysoùlapeinedemortestencored'usage.Jetiendraimoi-mêmeàtefairesouffrir.Tuserasunmorceaudechoixpourmoietjecroisbienquej'yprendraiduplaisir.Ensuite, je te garderai au fond de mes prisons poussiéreuses. Je te laisserai mourir de faim. Tumangerasdesratsjusqu'àcequ'iln'yenaplus.Tufiniraspartebouffertoi-mêmedanstafolieettume supplieras de te donner la mort. Tu l'accepteras, le sourire aux lèvres, comme une doucedélivranceàtonagonie.
Sonvisagesedécomposeaufuretàmesurequejeparle.Ildevientdeplusenpluspâleetjecroisqu'ilvavomir.Jecontinue:
-Etnecroispas,uneseuleseconde,quejevaistelaissert'entirercommecela.Situeslacausedel'étatd'Elena,jetejurequetuvaspayerleprixfort.
-Jen'airienfait,putain!Sejustifie-t-ilentremblant,complètementeffrayé.Jelelâcheetilmanquedes'étalerparterre.Ilparlefébrilementenouvrantlaportederrièrelui.- Elle est mariée avec moi. Ne t'a pas-t-elle quitté ? On s'aime au cas où tu ne l'aurais pas
remarqué!Tucroisquoi?!Qu'ellenepeutaimerpersonned'autreàparttoi!Tunepeuxpasnouslaisserenpaix!Tulafaissouffrir!Elleétaitheureuseavantquetunereviennes,onvoulaitavoirdesenfants.Tunepourrasjamaisluioffrirtoutça.Regarde-toiavectesbleusettonpassésulfureux.Turepartiras chez toi, tôt ou tard, et tu la planteras. Comme tu l'as déjà fait. Quel genre d'hommevoudraitcelapourlafemmequ'ilaime.
-Cen'estpasàtoidedéciderpourelle.Jeneveuxquesonbonheur,c'estvrai.Ettantqu'elleneme ledirapasen facequ'elleestheureuseavec toi, tantque jen'ensuispas sûrqu'ellevabien, jeresteraisicipourelle.
Quandilsetrouvedanslecouloir,ils'adresseàmoipresqueencriant.-Ettuvasarrêterdenousharceler!Jecomprends immédiatementcequ'il esten trainde fairequand jevois lesparentsd'Elename
regarder avec horreur. Son père se dirige vers moi et je le laisse me foutre son poing dans lamâchoire.
-Joaquim!Crielamèred'Elenaenluiretenantlebras.Cen'estqu'ungamin!Ericmefixeavecunsouriresatisfait.Putain,ilavitereprisdescouleurs.Jemetouchelajoue.Sonpèreécumederage.-Fouslecampd'ici!Jevaisluiobéirmaisavantilfautqu'ilssachent.JemontreEricdelamain.-Demandez-lui,quiasauvévotrefillependantqu'ilcédaitàlapanique.Quidesdeuxàleshabits
encoretrempésd'avoireulebonsensdelasortirdelapiscine.
Sesparentsmedévisagent.Jequittelasalle,leslaissanttouslestrois.Jenecomptepaspartir.Jeconnaisl'hôpitalpouryavoirtravaillé.Jevaisattendreunmomentplustranquille.Jecomptebienlavoir.
Ilest4heuresdumatin.Lafamilled'Elenaestpartietard.Ericaussi.Jesuisrestéàattendredansmavoiture.Ilm'afallutrèspeudetempspourrécupérersonnumérodechambre.Lafilledel'accueilm'atoujoursfaitlesyeuxdoux.
Jem'introduisdanssachambre.J'avanceverssonlit.Unbandageblancrecouvrelehautdesoncrâne. Le bruits des appareils indiquent que ses constantes sont stables. La voir dans cet état estdouloureux. J'aimerais tellement rester auprèsd'elle à laveillermais jenepeuxpas. Il fautque jefassevite.
-Elena,s'ilteplait.Réveille-toi.Jeluicaresselajouedoucement.Aubout,dequelquessecondes,elleouvrelentementlesyeuxet
mefixe.Elleal'airsifaible.Jeluiprendslamaincommepourluicommuniquermaforce.Jeparledoucement.
-Çavamieux?Tum'asfaitpeur,tusais.Quandjet'aivuaufonddel'eau,j'aicruquemoncœurallercesserdebattre.
Ellemeregardeinterditecommesiellenecomprenaitpascequejesuisentraindeluidire.Elleouvrelabouchemaisaucunsonn'ensort.-Dis-moicequ'ilnevapas.Ilt'afaitdumal?J'aibesoindesavoir.Elleessaieencoredeparler,puisdansuneffortévident,ellemurmure:-Mai...Maisquies-tu?
Chapitre23:DétachéeMonmari...Oui,c'estcommecelaqu'il fautque je l'appelle. Ilestgentil. Ilprendsoindemoi. Ilestpatient
mêmequand je fais ces crisesd'angoissesbrutales et soudaines.Quand jeme terre au fonddemachambreetquepersonnenepeutyentrer.Mapsyditquecelavientduchocdelapeurdemourir.Jenemesouviensmêmeplusdemonaccidentetd'avoirfrôlé lamort,commentpourrais-jeenavoirpeur?
Souvent, jeme réveilleenpleinenuitcar je rêveque jemenoie. Jevoisuniquementunemaintendue versmoimais pas de visage. Jeme noie car je n'ai pas confiance et je préfèreme laissercouleraufond.
Jenehurlepas,jenecriepasàmonréveil.Jeneressensrienmaisjen'arriveplusàtrouverlesommeil. Pourtant, je dormais très bien à l'hôpital. C'est seulement depuis que je suis ici que lescauchemarsontcommencé.
Lescirconstancesdemonaccidentsonttroublantes.J'auraisglissé,meseraiscognéelatêtecontrele sol puis je serais tombée inconsciente dans la piscine.Monmarim'a sorti de là et a appelé lesurgences.
J'aiétéinterrogéeparlapoliceetl'affaireaétéclasséecommeétantunaccidentdomestique.Letraumatismefutassezgraveàcausedumanqued'oxygène.Ilparaitmêmequej'aidelachance
d'avoirsipeudeséquelles.Je suis restée pratiquement 1mois à l'hôpital. J'ai eu, pendant quelques temps, des difficultés à
marcher. J'ai beaucoup souffert de cette paralysie temporaire mais je suis complètement remiseaujourd'huietprêteàreprendreletravail.
Mesparentssontrestésprèsdemoi.Ericm'abeaucoupsoutenu.Ilvenaitlematinetrepassaitlesoir.
Mais aujourd'hui, je refuse qu'il partage mon lit tout simplement parce qu'il m'est totalementinconnu.Jenemesouviensnidenotrerencontre,nidenosmomentspasséesensemble,nimêmedenotremariage.
Ilfautmerappelercertainsfaitsmaisdansl'ensemble,jenem'entirepassimalcarbizarrement,jemesouviensdetoutlereste.Demesparents,demesamis,demescollègues,mêmedemonjobetmesétudesmaispasdemonmari...
Lesmédecinsappellentcelauneamnésiepartielle.Monneurologuepensaitêtreclairendéclarantcommes'illisaitunlivred'étude:
-"Ils'agitd'uncasdetroublesdemémoireparrestrictiondesressourcesattentionnellesquisontoccupéesàautrechose.Pourquelamémoirefonctionnebien,ilfautdebonnesressourcesd'attention.Lesressourcesd'attentionpeuventêtretroubléescarencombréespardesidéesfixes,desruminationsouencorepardesfaitstraumatiques"
Enquoimonmariagepeut-êtretraumatique!Je dois reprendre le travail cet après-midi et cematin, je suis assise au bord de la piscine. Je
profitedespremiers rayonsdesoleildecemoisd'avril.De lavapeur s'échappedubassinchauffé.Ericmerejointavecunportedocumentàlamain.
-Çavamonamour?-Çava.-Pourquoifixes-tutoujoursl'eaucommecela?Tusaisquejepeuxreboucherlapiscinesitule
veux.-Non,net'inquiètepas.Laboucher?Surtoutpas.Iln'yaqu'iciquejemesensbien,prèsdelapiscine,curieusement.
Jeleregardependantquelquessecondes.Ilmesourit.Ilestpasmal.Ilestgrandetsvelte.Iladebeauxyeuxbleusvifsetsaboucheestétroite.Ilfaitpartiedeceshommesàquitoutsembleréussir.Maisj'ai,commel'impression,d'êtreuneombreautableau.
-N'oubliespasquenousdevonsnousrendreàl'inaugurationàlamairie,ceweekend.As-tupenséàprendretarobe?Medemande-ilgentiment.
-Jedoislarécupérercematin.Je continue à le fixer. J'attends avec impatiencedeme rappeler ceque j'éprouvepour lui. Il se
baisse etm'embrasse.C'est tout ce que je l'autorise à faire, c'est plus que ce que j'autoriserai à unétranger.Ilseredresse,jesenssonregardsurmoipendantquejefixeencorelefonddelapiscine.Finalement,ilpartautravail.
J'entends sa voiture quitter la maison. Je regarde l'anneau autour de mon doigt. Imagine-t-il,seulement un instant, que je pourrais ne plus jamais me rappeler de lui, de notre histoire. Il meregardetoujoursaveccesmêmesyeuxcommesicelan'avaitaucuneimportance.Maiscelaenapourmoi.Jenemevoispasresteravecunhommequejen'aimepas.
Etcommentsavoircequejeveuxquandjenesaismêmepasquiilestetcequim'afaittomberamoureusede lui.Les sentimentsque j'éprouvais étaient le résultat demomentspassés, depreuvesd'amour,deconfiance,depetitesattentions,j'imagine.Sionenlèvenotrepassé,ilneresteplusrien.Ilestcharmantmaisaujourd'hui,tristement,jeneressensrienpourlui.
Mon espace est vide.Mon cœur aussi.Qui sait ce qu'il se cache dans ce cerveau fragile ?Quipourraitrépondreàmesquestionsoubliés...
Jesens l'eaucourirentremesdoigtsetçamecalme.J'entre lentementmespieds,meschevillespuis mes jambes et je me laisse aller dans l'eau complètement. Même si je me suis noyée. Laprofondeur,sombre,m'attire.Dessous,jen'entendsrien.Jeneressensmêmepaslebesoinderespirer.
Jegardelesyeuxouverts.Moncorpsnepèseplus.Ilestentraindedevenirpluslégerjusqu'àcequejenelesenteplusdutout.J'aibesoinderessentir,complètementcevidepresquedouloureux.Delecomprendrepourpouvoirvivreavec.Etlefondestsipaisible.Jeregardelesoleilàtraversl'eautransparente.Mêmesaprésencemeparaitaccessoire.
Moncœurmedonnelesignalqu'ilfautquejeremonteàlasurface.Seullui,abesoind'oxygène.Jenagedoucementverslebordetjesorsdel'eau.Ilfaitfroid,jeclaquedesdentsetmesvêtementsmecollentàlapeau.
Jemarchesurleparquetenlaissantdestracesdepashumidesderrièremoicommejelefaissisouvent.
Entrerdans l'eau,mêmehabillée,doitêtre lesigneque jesuisdevenuecomplètement folle.Mapsy explique ce toc comme étant la réponse à un tourment intérieur, une ruminationmentale, uneobsessiondemonsubconscient:cellederetrouverlamémoire.
Jeregardelabellemaisondanslaquellej'habitependantquejemontedoucementlesescaliersquimènentàmachambre.Bizarrement,jem'ysenstotalementétrangère.Mesvêtementssontbienrangésdanslesbellesarmoiresmaisj'ail'impressionden'avoirjamaisaiméhabiterici.
Cettemaisonnemeressemblepas.Entoutcas,neressemblepasàcequ'ilrestedemoi.Putain et je sens que ça revient. Les palpitations. Mon corps qui se couvre de sueur. Les
tremblementsdemesmains.J'aidumalàrespirer.Jem'appuiesurleborddulit.J'aimalaucœur.J'aimalauventre.Jesuisentraindeperdrelecontrôle,jelesais.Jesaisielaboitedecachets,surlatabledechevet,mamains'agiteetj'arriveàenavalerdeuxd'uncoup.
Je recommence à pleurer et je ne sais même pas pourquoi. Je m'assoie dans le coin de machambre,làoùjepeuxvoirleschosesvenir.Jefixelaporte.Siquelqu'unentre,jevaismeremettreàhurler.
Danscetétat,mesjambesnemeserventàrien.Ellesredeviennentsesdeuxmembresmortsqueje
n'arrivais plus à bouger après mon accident. Je panique et je me mords le bout de mes onglesfrénétiquementenattendantquecelacesse.Letempsquelesmédicamentsfassentleurseffets.
Acemoment-là,mespensées sont tournéesvers lamort. J'angoisse terriblement.Moncœur setorddedouleuretdedésespoir.J'aienvied'êtrelibéréedecescrisesquimebouffentl'existencemaisaussidecetteviequinesemblepasm'appartenir.Danscetétat,j'aienviedepasseràl'acte.J'essaiederespirer,dereprendreunsemblantderaison.J'essaiedemepersuaderquelavieenvautlapeine.Jecherche,toutsimplement,uneraisondevivre.
Chapitre24:«Voyage»JeterminelesderniersessayagesdemarobedansundescélèbressalonsdecoutureParisienqui
m'aétéconseilléeparladirectricedesachatsdechezHermès.Noustravaillonsencollaborationlorsdecertainsdéfilés.Pourcetteraison,j'aipuobtenircettepiècedeluxeàbonprix.
J'ai décidé de porter du noir. C'est une robe de soirée, à manches longues en dentelle, quirecouvre toutmoncorpscommeune secondepeau.Elleest signéepar le créateur libanais,ZuhairMurad. Eric a insisté pour que je porte ce genre de robe pour l'inauguration de ceweek end. Laréceptionaccueilleradubeaumonde.
-Vousêtesàcouperlesouffle.Votrecavalieravraimentdelachance.Vouscomptezrelevervoscheveux?Medemandeunedescouturières.
-Jenesaispas.Dis-jepresqueindifférente.-Ilnefautpashésiter.Jevousconseillemêmedenepasporterdecollier,nidebouclesd'oreilles.
Larobemetenvaleurvotredosetvotrebellecambrure.Elledonnemêmel'impressiond'avoirétéréaliséedirectementsurvous.Vousêtes,àvousseule,unbijou,Madame.
Son commentaire me surprend. Je me retourne, dos au miroir, et je regarde par-dessus monépaule.Ladentelle, saupoudréedepaillettes, révèlediscrètement certainespartiesdemapeau.Meshanches sont mises en valeur et le reste du tissu descend délicatement jusqu'à toucher terre pourformerunetraînediscrète.
Cette robe est vraiment splendide. Dommage que celle qui la porte soit triste, dépressive et àtendancesuicidaire.
-C'estparfait.Nousallonsvousaideràlaretirer.Ellevousvasomptueusement.-Merci,c'estgentil.Dis-jed'unairlas,unfaiblesourireauxlèvres.Lacouturièrem'étudieuninstantpuismeretirelarobeensilence.Jelaremercie,intérieurement,
poursonprofessionnalismeetsadiscrétion.Jequittelesalonetjedépose,délicatement,larobesurlabanquettearrièredemavoiture.Ilnefautpasquej'arriveenretardautravail.J'aidéjàmanquéplusd'unmois.Danscegenrede
métier, toutpeutaller trèsvite.Sicelan'avait tenuqu'àmoi, j'auraiscontinué,à travailler,mêmeàl'hôpital. Mais mes parents et Eric ne m'ont jamais apporté mon ordinateur comme je leur aidemandé.Celaaeuledondem'exaspérer.Jedétestequel'onprennedesdécisionsàmaplace.Jenesuispluscegenredepersonnequiattendqu'onluidictesafaçondevivreoudepenser.D'ailleurs,ilsepeutquejedécidedenepasmerendreàcetteinauguration,sil'enviesoudaine,meprend.
Quand j'entre dans les bureauxHermès, tout lemondem'accueille chaleureusement.Mes deuxassistantescourentàmarencontreetLuciemetendunetassedethéquejerécupèreenentrantdansmonbureau.
-Ont'alaissédesmillionsd'e-mailetdeSMS.Tuvaspêterunplomb!-Jesais.Jesuisentréedel'hôpital,ilyaseulementunesemaineetfranchement,jen'aipaseule
tempsdeliretousmesmessages.Jem'installedansmonfauteuilencuir.Jelesregardes'asseoirenfacedemoi.Ellessetriturent
nerveusementlesdoigts.-Bon,jevousécoute,qu'est-cequ'ilyadesiterrible.-Tuveuxentendrelabonneoulamauvaisenouvelle.CommencepardireIsabelle.Je déteste quand on me pose ce genre de question. Elle est toujours utilisée pour ménager
l'interlocuteurenfaceoulemenerenbateau.Jesoupire.-Lamauvaise.- Marjorie s'est occupée de certaines de tes affaires pendant ton absence... Annonce Lucie en
faisantunepetitegrimaceinquiète.
Qu'at'elle,encore,bienpufairecelle-là?-...Elleavalidé,avecleboss,lereprésentantdelapubpour«Voyage»!-Quoi!?Nonmaisc'estuneblague!Jemeredressesurmonsiège.J'attendaissondossierfindumois.Ellearéussiàobtenircequ'elle
souhaitait,pendantmonabsence, lagarce !C'estmon job.C'estàmoidedéciderqui représente lemieuxl'imaged'Hermès.
-Etilaaccepté!!!!!!S'écried'uncoupLucie,mefaisantsursauterdepeur.-Commentcela?Ilasignélecontrat?- Pas encore mais son manager a dit qu'il acceptait notre offre et qu'il ferait connaitre ses
prétentionsetexigencesentempsetenheure.-C'estlameilleurecelle-là!Enplus,iladesexigences.Bref,quelleestlabonnenouvelle?Ellesseregardent, l'unel'autre,commedeuxahuries.Lucierépondenmeregardantducoinde
l'œil.- Euuuh, bah, c'est qu'il a accepté. Tu te rends compte qu'Hermès sera la première marque à
obteniruncontrataveclui.Nousallonsfairedubruit.C'estsûr,çavafaireuncarton!ThéoJamespeutallerserhabiller!!!Youhouuuu...
Envoyantl'expressionsceptiquesurmonvisage,son«Youhou»dejoies'éteintenmêmetempsquesonenthousiasme.
-C'estlabonnenouvelle?!Jenesaismêmepasquiilest!D'oùilvient!Oùestledossierquej'avaisdemandésurlui?
Jesensfranchementquejenevaispasrestercalmetrèslongtemps.-C'estMarjoriequil'arécupérée.Elleaditqu'elleprenaitleschosesenmainvuqu'ellen'étaitpas
sûre,audébut,quetuallaispouvoirreprendretesfonctions.Elle se fout demoi !QueMarjorie prenne les choses enmain signifie le désastre assuré.Elle
dépasselesbornes.Pourquiseprendt-elleàlafin?Ellevam'entendre.Jemelève.-Oùest-elle?-Ellen'estpaslàaujourd'huimaisseralà,pourlaréuniondefinalisationdelundi.Jesuiscertainequ'elleafaitexprèspourm'éviteretjen'aiplusqu'unesemainepourtoutboucler.-Oùsontlesmaquettesprojetdubureaudecommunication.-Ellessontsurtonbureau.MercimonDieu, jepeuxaumoinsdéciderdecela. Jeme rassoie. Ilyena trois.Troisprojets
pour la réalisationde lanouvellepubduparfum«Voyage». J'ouvre lepremierporte folio. Je lisrapidementetjelerefermepresqueaussitôt.
-J'avaisditquejenevoulaisplusvoirdebourrinpourcettepub!-C'estlebossquiademandéd'avoiraumoinsunprojetdessus.MerépondIsabelleensemordant
lalèvre.-Bon,celui-là,onl'oublie.Jelejettedanslecoinexternedemonbureauetj'ouvrelesecond.-Attendezmaisc'estquoicedélire!Lemodeldoitretirersont-shirtausommetdelatourEiffel.
Unenanaarrive, l'embrasseetcette imagedoit représenter«Voyage»d'Hermès!Nonmais ils sefoutentdemoi!?
Duvuetrevu!Ledossiervolesurlepremier.-Espéronsqueledernierdossiersoitunpeuplustravaillé.Dis-jedansunsoupirexaspéré.Jecommencevraimentàressentirundébutdemigraine.Ilesthorsdequestionquejemettema
réputationenjeusurunprojetnonaboutietbâclé.Les deux filles se tapent dans lesmains enmême temps que jeme saisis du dernier portfolio
devantmoi, comme si elles étaient ravies et avaient d'avance approuvées ledernier projet. Je lis à
hautevoixlespremièreslignes.-Noussuivronslemodellorsdeses3dernièresreprésentations...Italie,IrlandeetpourfinirLas
Vegas....Blablabla.Chacunecomporteradesprisesdevue...blablabla.Attendez,quiestlafillequiestcenséefairecela?Dis-jeenpointantunelignesurlemanuscrit.
- Il faudra voir avec le boss etMarjorie, ils se sont déjà occupés desmodèles. Répond Lucienerveusement.
Jelaregardeenrelevantunsourcil.-Etquandauralieusesprochainesreprésentations?Demandé-jepresqueblasée.-OnpartvendrediprochainpourVenise!!S'écrieencoreLucie.Ellessontexcitéescommedespuces.Enfait, toutétéprévupourquej'accepteleprojetnuméro
trois.Toutestdéjàdécidé.Jesentaisbienqu'ilyavaitanguillesousrocheaveccettehistoiredetourEiffel.
MarjoriearéussiàobtenirlesoutienduDirecteur,jen'aiplusqu'àessayerdelimiterlesdégâts.Super!
Heureusement,j'aimereleverleschallengesetjecomptebienréussircelui-ci.-L'équipedetournagenousattendrasurplaceetnoussuivrasurles2autresdestinations,leslieux
sontdéjàprivatisés.AjouteIsabelle.J'aidéjàréservénosbilletsd'avion.Enpremière!Cadeaudupatron!Encoreheureux!Jeportemesdeuxdoigtssurmatempe.Vendrediestvitearrivé.Ilfautqueje
rattrapemonretardetquejerevoietouslesdétailsfournisparl'équipecommunicationetfinaliselaréalisation.J'aidupainsurlaplanche.
-Legrandbosstefaitconfianceà100%.Iltedonnecarteblanche.Lebudgetestd'ailleursplusimportantquecequenousattendions.PoursuitIsabelleungrandsourireauxlèvres.
Ilme passe de la pommade en plus. Très bien, je ne compte, absolument pas, dormir dans unformule1.Jevaismefaireplaisirrienqueparvengeance.Lanoterisqued'êtresalée.
- J'imaginequeMarjorievousadéjà faitbosser sur leprojet. Jeveuxvoirvos travaux toutdesuite.Etsurtout,jeveuxrécupérer,auplusvite,lemauditdossiersurceRed...RedMachin...
-RedAngel...Lebeau,lesexy,lemagnifique!SoupirelonguementLucie.Jelèvelesyeuxaucielmaisellemefaitsourire.Elleestpassionnéeetj'aimececôtéchezelle.Isabellesemblerêver.Super!Mesdeuxassistantessontamoureusesdumodèle.Jesensquejenevaispasm'ennuyer.
Chapitre25:LuiLa semaine s'est terminée rapidement. Entre les derniers ajustements, les préparatifs de notre
départvendrediprochainetlaréalisationdesplansmarketingpourl'importanteréuniondelundi,jen'aipasvuletempspasser.
Je suis épuiséemais heureuse de reprendre une activité, de retrouvermes collègues et une viesociale.Mescrisessonttoujoursprésentesmaismoinsrapprochées.
Jen'aitoujourspasditàEricquejepartaislasemaineprochaine.Nousn'avonsfaitquedenouscroiser.Ilfaudraitquejeluientouchedeuxmotsaprèslasoiréed'inaugurationdecesoir.
Jeparspouraumoins3semaines.Jepensequecetteséparationvamepermettredefairelepointsurmavieconjugaleaveclui.Vivreavecunhommequel'onneconnaitpasestvraimenttroublantetpresquegênant.
Quandjeprendsmadouche,jefermetoujourslaportedelasalledebainàdoubletouretprendssoindeprendremeshabitsde rechangeavecmoi.Cette situationest loind'être simpleetnaturellepouruncouplemarié.
Jemeregardedanslagrandeglacedudressing.Jemepassedurougesurleslèvres.Ericfrappeetentredansmachambre.Ils'approcheetsetientderrièremoi.Ilremontelalonguefermeturedemarobejusqu'àmanuqueetm'embrassedoucementlecou,dégagéparlechignontresséquiretientmescheveux.Samainseposesurmahanche.Jeluiadresseunsourireembarrassé.Cesrapprochementsphysiquesmemettentmalàl'aise.
-Tuastoujoursétélaplusbelle.J'aibeaucoupdechance.Dit-ildudésirdanslesyeux.-Merci.Sa contemplationme gêne et je sens le rougememonter aux joues. Il se place devantmoi et
commenceàm'embrasser.Jelelaissefaire.Jebougemeslèvresenmêmetempsquelessiennes.Salangueentredansmaboucheets'enhardit.Cen'estpasdésagréablemaisjeposemesmainssursontorseetjebaisselatête,mettantfinànotrecourtbaiser.
-Jesuisdésolée.J'aiencorebesoindetemps.Dis-jedoucement.- Je comprends. Prends le temps qu'il te faut. Je ne te l'ai, peut-être, pas assez dit ces derniers
tempsmaisjet'aime.Plusquetout.Tuesmafemmeetjenelaisseraijamaispersonnetefairedumal.Ilsembleému.Ilcontinue.-Nousétionsheureux.Nousnousaimions.Jeveuxquetulesaches.C'est une des premières fois qu'il parle au passé et cesmotsme touchent. C'est évident que je
l'aimais.Jenemeseraispasmariéesicen'étaitpas lecas.Je luisourisetmesdoigtseffleurentsajouetendrement.
-J'ensuiscertaine.Ilmeprendlamainetcaressemonalliance.Ilmeregardeavecunecertainedévotion.J'aimesa
gentillesseetsesattentionsmaisjesensquecen'estpasassez.J'aibesoindeplusmaisjenesaispasdequoiencoreetilmetardedeledécouvrircarj'enaiassezdesouffrirdemasolitude.J'aimeraism'ouvriràluietressentirànouveaucetamourdontilparle.
-Onyva?Medemande-t-ilavecdouceur.-Oui.Démarrelavoiture.J'arrive.Il sort de la chambre. Quand je me retrouve à nouveau seule, je regarde mes mains. Elles
commencent à trembler. Ce sont les signes avant-coureurs d'une nouvelle crise, d'une angoissesoudaine. Jepratique la techniquede respirationdemapsy.Çamarcheune fois surquatre et cettefois,jecroisquejevaisréussiràmecontenir.Jerécupèreuneboitedecachetsquejemetsdansmapochetteaucasoù.J'expireunedernièrefoisetjequittelachambre.
Nousnousgarons et unhomme récupère les clésde la voiture.La soirée inaugurale sedéroule
exceptionnellementàlamairiedeParisoùlestravauxd'Ericysontexposés.-Tuesprête?MedemandeEricenmeprenantparlamain.-Oui.Dis-jecourageusement.Maprésence, ce soir,medemandeuneffort considérable.Ellemecoûte. J'aipeurdeperdre le
contrôleaumilieudetouscesgens.Etj'ail'impressionqu'ilyadumonde.Nous entrons ensemble dans la grande salle de réception et à notre arrivée les convives nous
applaudissent. J'entends des voix admiratives s'élever tandis que les flashes m'éblouissent. Je mecouvrelesyeux.JelâcheEricetlelaissepasser,devantmoi,àtraverslesinvitésquilefélicitent.
-Çavamonamour?Medemandet-ilenseretournant.Ilmeprendparlatailleetmeramèneverslui.Lesphotographescontinuentleurtravailsansprendrepitiédemesyeux.
Je lève le visage. Les dorures, les fresques au plafond et les grands lustres en cristal donnentimmédiatementl'impressiondesetrouverdansunpalaisduXIVèmesiècle.C'estsomptueux.
Ettoutlemondeestsurson31.Voirbonchic,bongenre.Unefois,leshootingterminé,Ericmedirigeversungroupedepersonne.Unhommeseretourne.-Voicimafemme.Elena,jeteprésentel'adjointaumaire.L'hommeauxcheveuxgrisonnantsmeprendleboutdesdoigtsetfeintunbaisemain.Jenepeux
m'empêcherd'enéprouveruncertaindégoût.Jeretirerapidementmamaindelasienne.Jesensqu'ilmedéshabilleduregard.Cetterobememetunpeutropenvaleur,jecrois.Entous
lescas,ilappréciecequ'ilvoit.-Votrefemmeestvraimentsuperbe,Eric.Dit-ilenmeregardantavecconcupiscence.Jen'arrivepasàlecroire,l'adjointmemange,littéralement,desyeuxetj'ail'impressionqu'Éric
segonfled'orgueil.Jepréparemonsouriredesplushypocritesetluiditd'untonamer:-C'estdoncvousquiavez,abtusément,demandéàfaireretirerlescadenassurlepontdesArts?
Ericjoueàs'étouffer.Il tousse,bruyamment,pourcouvrirmesderniersmots.L'hommesembletrouverunnouvelintérêtenmapersonne.
- Et bien dites donc, voilà une histoire qui continu à faire beaucoup de bruits et je peuxcomprendre,trèschèreMadamequecelavousoffusque,vulasignificationsimpleetromantiquequereprésentecetteobjetsurcepontpourvous...J'aimebeaucouplesfemmesquiontducaractère.Vousnedevezpasvousennuyer,Eric?Ajoutet-ilenappuyantsonregardsalacesurmoi.
Maispourquimeprendt-il?Simpleetromantique!Jevaismontreràcegrosporc,àquelpoint,j'ai du caractère. J'allais riposter quand Ericme tire, d'un coup, par le bras et me fait reculer enarrière.Jebouederage.
-Jecroisvoirlepréfet,excuseznous.S'aplatitEric.-Cefutunplaisirdevousconnaitre,trèschère.Ditl'hommeunsourirevicieuxauxlèvres.Trèschère!Trèschère!Ilmedégoûte.Etdirequejel'ailaissémetoucherlamain.-Elena,s'ilteplait.Calmetoi.Restecool,ok?Cesontdesgensimportants.Ilmeprieduregardetjenoteunepointedecolèrequ'ilcachesouslapressionqu'ilexercesur
monavantbras.-Arrêtedemetirercommecela.Voyantqu'iln'enfaitrien,j'ajoutefroidement.-Jeneplaisantepas,Eric.Jemesensoffensée.Quelgenredemarilaisseraitsafemmesefairetraiterdelasorteetreluquer
commeunepoule.Jemedemandevraimentoùsontpasséessesbellesparolesdetoutàl'heure.Toutefois, je me laisse diriger comme un robot et nous rejoignons un groupe d'hommes qui
semblentêtredesinvestisseurs.Ilsmesaluentrespectueusementetàpartirdecemomentlà,jenedisplusrienetjemerefermementalement.
Nousrencontronsencoredeshommesetdesfemmes.Jerépondsàleurdiscussionenacquiesçant
ouencoreenfaisantminederireàleurhumourcaustique.Mesyeuxbalayent la salle à la recherche,une foisdeplus, d'un serveur.L'effetduchampagne
auraaumoinslacapacitéd'écourterlasoirée.Mais mon regard va plus loin et s'arrête sur un homme. J'ai l'impression de le connaître, de
l'avoirdéjàvu.Maiscelaestimpossible.C'estlegenred'hommequel'onn'oubliepas.Ildiscuteaveclesmêmesinvestisseursdetoutàl'heure.Lamaindansunepocheetl'autres'arrête,
leverreprèsdeseslèvres,ilmeregarde.Ilaunsmokingajustéàsacarrure,sonnœudpapillonestdétaché.Iltombe,departetd'autre,ducoldesachemise.
J'ail'impressionmêmequ'ilmefixe.Jemelaissedoucementenvelopperparcetteattractionaussimystérieusequ'obscurecommejecroisenjugerparlacouleurdesesyeux.
Ce qui me frappe chez lui est sa beauté sauvage et dangereuse. Il est provocant, décadent,désirable,jediraismêmehypersexuel.Jemechoque!Ilmetue.
Lafascinationqu'ilexercesurmoiestlamêmequin'échappeàaucunedesfemmesiciprésentes.Soncharismeesttelqu'ilsepropagedanslasallesanslimite.
Sescheveuxnoirsenbatailledonnentenvied'yplongerlesmainsetdelescaressersansjamaiss'enlasser.Maissonregard...Sonregardestprincipalementlacausedesfourmillementsquicourentàtraverstoutmoncorps.
Il continue àme fixer et je soutiens son regard. Je déteste perdre à ce jeumais ce duel est siintense que je me sens doucement chavirer. Mon corps me brûle au point d'en être presquedouloureux.
Maistoutd'uncoup,jeperçoisdanssesyeuxunelueurdevulnérabilitéquimedéstabilise.-Elena?Oùvastucommeça?Jemeretournepresqueensursautant.Ericestdevantmoi.-Nulpart.Disjeenmesentantcoupable.Coupabledemespenséesetdemesactes,jenem'étais
mêmepasrenduecomptequejem'étaismiseàmarcher.Jefaisundemi-tourmaisiln'estpluslà.-Jenevoulaispastefairepeur.Çava?Jedoisrépétermondiscours.Jepeuxtelaisserseule?-Oui.Bienentendu.-Trèsbien.Jesuissifierd'êtreavectoi.Ilmedéposeunlégerbaisersurleslèvres.Jeregardeuninstantmonmari.Ilestàl'antipodedel'inconnuavecsonteintpâleetsesyeuxde
glace, ses cheveux presque blonds et sa bouche fine. Eric est si sérieux et attentionné alors quel'inconnun'aaucuneretenueetnesemblevouloirrépondreàaucuncode.
QuandEricmequitte,j'essaiedeleretrouvermaisiladisparu.Jedéambuledanslagrandepièceetfinisparlongerlegrandcouloirparallèleoùsetrouvel'expositiondestravauxd'Eric.
J'entends qu'il commence son discours sur l'estrade et les gens se dirigent vers la scène, melaissantseule.
Je regarde, avec réflexion, les différents croquis du projet architectural, mis sous cadre pourl'occasion,qu'adessinéEricavantsamiseenœuvre.Ilestdouémaiscelanerespectepasvraimentl'harmoniedupaysageurbaindelaville.Jenesuispaspouruneville"musée"maislacassureentrel'ultramoderneetl'ancienestnetteetbientropbrutaleàmongoût.Lacouleurchoisiepourlesmursdefaçadeattire l'attention.J'auraisplutôtmisésurunenuancese fondantdans ledécor.Commeuntrompel'œil.
J'entendsquelqu'uns'approcherdemoi.-Jem'appelleHenri,chèreMadame.J'aiappréciévotrecourageetvotreférocitédetoutàl'heure.
Jesaisaussiapprécierunebeautétellequevous.Jemeretourneetlefusilleduregard.-Çatombemalcarmoi,jenevousapprécieabsolumentpas,Monsieur.
Jesenslesdoigtsdel'adjointdumaires'aventurerlelongdemataille.Jefrissonned'horreur.-Enlevezvotremainimmédiatement!Siffléjeentremesdents.Undébutdepaniquemeprendjusqu'àdanslagorgequandilserapproched'encoreplusprès.Jesensunecriseprendrelechemindemesnerfsetmefaireoubliertoutraisonnement.Jevaisme
mettreàhurler,lefrapperetjeneseraipluscontrôlable.Ilfautqu'ilmelaissepartiravantquejenedisjoncteetnepassepourunefolleauxyeuxdetous.
-Soittutecasses,soitjetedétruisenmêmetempsquetacarrièreminable.Suis-jeassezclair?Lavoixestvibrantedecolèremaisparadoxalementmeparaitchaudeetrassurante.Ellemecalme
mais mes palpitations s'emballent encore plus. L'angoisse est remplacée par une émotion forte etnouvelle.
-Jen'airienfaitdemal.Dit l'adjointenreculantendirectiondelagrandesalleetenlevantlesdeuxmainscommes'iln'avaitrientouché.
Jefermelesyeux.J'aibesoind'uninstantavantdevoirlevisagequiappartientàcettevoixgraveetprofonde.Jesensqu'ils'approche.
-Elena?J'aiimmédiatementenviedepleurer,sansraisonvalableoupeutêtreàcausedustressquiretombe
lentement.J'ouvreenfinlesyeux.L'inconnu.Ilestdevantmoi.Ilal'airinquietetenmêmetempstendu.J'inspiresonparfumenivrant.Touten
lui est beau. Il pourrait briser n'importe quel couple ici présent et je crois, même le mien. Sil'atmosphère semblait froide, il l'a réchauffé d'un seul coup. Peut-être appartient-il à l'enfer tel undémontentateur.
-Commentconnaissezvousmonprénom?Soufflé-jependantquesonregardsombrecaressemapeau.
Jesuiscommesuspendueàseslèvres.Jenepeuxpasm'empêcherdefixerleurcourbeparfaite.Ellessontpleinesetsemblentêtrefaitespourembrasser.
-Tumemanques tellement.Murmure t-il, les sourcils froncés, comme s'il souffrait. Il lève samainversmonvisagemaisnemetouchepas.
Puis sesyeux retrouvent lesmiens et je croisque toutm'échappe, jene saisplusoù je suis, nimêmequijesuis.Moncœurbattropfort.Jelerespireplusprofondément.Commeunpuissantélixirouundélicieuxpoison.
-Tunetesouviensvraimentpasdemoi?Ajoutet-ilcommeéprouvéprofondément.Jesecouelatête.Jesuisperdue.-Je...Jesuisdésolée...Jecherchemaintenantdanssesmagnifiquesyeuxnoirsunsouvenir.J'essaie tellementfortmais
riennemereviens.-Non...Pardonje...Maréponsesembleleblesserplusencore.-Quelestvotreprénom?Demandé-jedansunsouffle.Ilouvrelabouchemaisfronce,d'uncoup,lessourcilsetfixeunpointderrièremoi.Sonregard
n'estplusdouxmaisdur,froidetemplidemenaces.Ilditàvoixbasse:-Tulesaurastrèsbientôt.Iltournelestalonsetjeleregardepartir.Ilsortdenotrebulleetelleéclate.Jesensunbrasm'enlacerlataille.C'estEric.
Chapitre26:EricJ'en peux plus, putain ! Je vais péter une durite ! Il vient jusqu'icime la prendre le jour où je
célèbremaréussite.Lesgensontapplaudimondiscoursmaisellenon.Ellen'étaitpaslà.Elleétaitaveclui.Lesvoirtouslesdeux,aumilieudemesœuvres,secontempler,fascinésl'unpar
l'autrem'adonnéenviedegerber!Queltableauécœurant.C'estmafemme.Monbijou.Jelaregarde.Sestraitsdevisagesontfins.Sonteintparfait.Sesyeux
émeraude magnifiques. Elle ressemble à une poupée. Les gens admirent sa beauté, les gensm'admirentprèsd'elle.Elleestàmoi.Jesuisdépendantd'elle.Ellemedésordonnecomplètement.
Elle me met encore dans une position méprisable de faiblesse et d'humiliation. Ma passionamoureusesetransformepeuàpeuenpassiondedestruction.J'ail'autoritésurmoncouple!
Putain!L'autoritéabsolue.Moncerveaupartdanstouslessensquandilestlà,quandellem'échappe.Jesuisfoudedouleur,
fou de jalousie, fou d'elle. Tant d'année que je l'attends. Que j'attends qu'elle soit à moi. Qu'ellel'oublie.Ilnemelareprendrapas.Non,jenelelaisseraipasfaire.Toutcequej'aifaitpourl'avoirnepeutêtrevain.
Etjeluiaitoutdonné,unemaison,unmariage,mavie.Elleneserajamaisplusheureusequ'avecmoi de toutemanière. L'amour parfait et sans faille n'existe pas. Et je suis parfait pour elle. Elledevraitlesavoir.Quelquepartmesactesrelèventdel'altruisme.J'agispoursonbien.
Jerefusequ'ellem'abandonne.Toutdoitentrerdansuncadreparfait,commelescoupsdecrayonsur une feuille de papier. Notre relation est une construction planifiée où mon amour a prispossessiond'elle.
Jesuislavictimeetlejuge.Elle,lacoupabledeleregarderencoreavecsesyeuxlà.Lui,lerival.J'aipourlui,uneragevindicative.Ilestunobstacleànotrebonheur.
Oui,jepréfère,deloin,lavoiraufondd'unepiscinequedanslesbrasdecetenfoiré.Ilfautquejemecalme,jem'égareencoredansl'extrêmefolie.
Maisellesembletroublée,bordel!Çanevapasrecommencer!Elleaperdulamémoire!Ilfautquecelarestecommecela.J'ai,peut-être,encoreunechancequel'onretrouveunevienormalemêmesijen'aiplusrienpourlaretenir.
-Tuleconnais?Medemande-t-ellelesyeuxbrillants.J'aienviedelasecouercommeunputaindeprunier.Maiselleestaveugléeparsabellegueule.
J'essaiedegardermoncalmeetdeluirépondregentiment.-Malheureusementoui,monamour.Dis-je,avecunsouriredésolé.-Ilsemblemeconnaîtreaussi.Tum'étonnes !C'est l'enfoiré qui t'a trahi ! Et tum'as trompé avec lui comme la dernière des
salopesetjet'aipardonné.Elleveutsavoiretcequejedétestechezelleestbiensacuriosité.Elleveuttoutcomprendrepourpouvoirtoutanalyser.-C'esttonex.Jevoisqu'ellevacille.Etalors?Oui,c'esttonexmaisçan'empêchepasqu'ilt'afoutuenl'air,ce
mec!Jecontinu,jeveuxqu'ellecomprennequec'estunenfoiré.-Ilteharcèledepuisquetuesmariéavecmoi.Ilcroitqu'ilpeutnousdétruiremaisnousavons
toujoursétéplusforts.-Pourquoimeharcèlerait-il?Demandet-ellesurprise.Jecommenceàperdrepatience.-Ilestjaloux!Ilestmalheureux,jen'ensaisrien!Ilneveutpasquetusoisheureuseavecmoi.C'estunsalaud.Ilprofitaitdetoipendantquesafemmeetsonfilsl'attendais,jenesaispasoù.Tu
nesavaisrienetilmenaitunedoublevietranquillementjusqu'àcequetuledécouvres.
-Ilestmarié?Ilaunfils?Nousétionsensembleetilavaitunefemmeetunfils?J'acquiesce,faisantunemineattristée,l'aircompatissant.Elleregardedanslevide.- Son manège a duré pendant 1 an avant que tu ne l'apprennes. Tu étais complètement brisée
pendantqueluicontinuaitsaviecommesiderien.Elle devient toute blanche. Çamarche ! La dégoutter, c'est exactement ce que je veux. Qu'elle
comprennequecemecnemériteaucunrespect,nisentiment.-Tuvois,àquelpoint,c'estuneordure.Ilajouéavectoiettuasbeaucoupsouffert.Pourquoiest-
illààtonavis?Encorepourtepourrirlavie.Pourtefairedumal.Ilveutquetutombesdanssesbraspourencoretebalancerunefoisqu'ilauraobtenucequ'ilveut.
Ellesembleenfincomprendrecequejeluidis.Ellepincesesdélicieuseslèvres.Ellefixelaportequ'ilvientd'emprunterpourpartir.Ilfautquejeluimontrequejen'aipaspeurdelui.Quejepeuxlaprotéger.
-Attends-moiici,nebougepas.Jevaisluidiredeuxmots!Ilesttempsqueças'arrête.Jelalaisseenchocaumilieudelapièce.J'espèrequ'ellevabiencogiteràtoutcequejeluiaidit.
J'ail'impression,desfois,qu'ellen'aaucunejugeote!Ilsuffiraitqu'illasifflepourqu'elleretourneverslui.Maisjesuislàetellenesouffriraplus.Nousallonsreprendrenotrevielàounousl'avonslaissé.
Jecours,jedoislerattraper.Quandjesorsdehors,ilestdedosetattenddevantlamairie.-Eh!Tunet'espasempêchédevenir.Sifflé-jerageusement.Ilseretourne,surprisdemevoir.Ilgardesoncalme.Cequialedondememettredansunétatde
nerfplusgrandencore.-J'aiétéinvité.Jeterappellequejesuisl'undesinvestisseursdecetteville.-Commentnepasl'oublier!Ilm'énerveavecsonairaudessusdetout.Ilnepourraitpastoutsimplementrentrerchezlui.Danssonpays.-Quandj'aivutonnomsurlecartond'invitation, jen'aipasrésistéà tegâcherleplaisir.Dit-il
sansaucuneémotion.Dansdeuxsecondes,ilvamoinsfairelemalin.-Tuasdelachancequejen'aipasportéplaintecontretoi.Maisrienn'est irréversible.Jepeux
revenir sur ma déposition et dire que tu étais dans les parages pendant l'accident, que tu nousharcelais.Tum'as faitdesmenacesà l'hôpital.Lesparentsd'Elena seront ravisde jouer le rôledetémoin.Ilstedétestentautantquemoi.Dis-jesuruntonméprisant.
Ilmeregarded'unairdangereux.Jereculed'unpas.Ilmefoutlesboulescetenfoiré.Ilestbienplusbalaisequemoi.Sijecontinueàlechercher,jenevaispasgagneràcejeu.
- Je crois plutôt que tu as trouvé un intérêt àmentir et je doute que tu fassesmachine arrièremaintenant.PourquoiauraistucachéunechosepareilleàElena?Commentcrois-tuqu'ellevaréagir?Elleestdûgenreàposerdesquestions.
Ilaréponseàtout.Putain,sijedisqu'ilétaitprésent.L'enquêteseraré-ouverteetilsinterrogerontlesambulanciers.Celaremetencausequejel'aisauvé.Mêmesesparents,j'airéussiàlesconvaincre.Jeperdsmesmoyens.Jehurle.
-Ellem'aime,putain,tunelecomprendspasça!-C'estbienpourcelaquetuesencoreenvie.Répond-t-ilfroidementenmeregardantdesesyeux
étincelantsdemenace.Son ton indiquequ'ilestvraimentsérieuxet lapeurs'emparedemoi.Jememetsàbégayerfrénétiquement.Ilfautquejetenteletoutpourletout.
-On...On...com..commençaitàretrouverunevienormale.Elle...Elleestrevenueversmoimedirequ'elletequittait.Qu'elleavaitfaituneerreur.Qu'elleregrettait!Qu'ellem'aimaitplusquetout!Nousallionsrecommencernotrevie.Situl'aimes,laissenousnousreconstruire.
Ilsemetàrire.Ilsefoutdemagueule,ondirait.-Maisattends,sijecomprendsbien.Ellet'aoubliéaussi.Ilrigoledeplusbelle.J'ail'impressionmêmequ'ilsembleheureux.Jeserrelespoings.Aubout
dequelquessecondes,ils'arrêteenfin.Ilsembleréfléchiruninstantetajoutecommepourluimême:-Lescompteurssontremisàzéro.Jepanique.Putain,non!-Turêves!Jerestesonmariettoil'hommemariéàuneautre!Ilretrouvesafroideurinstantanément.-Tucroisquejen'aipasvutonmanègeavecelle.Tucompteslamettresousclochedanstabelle
maisondeverre.Mariestuntitrequetut'esappropriéparlaforce.Tuluiasmenti.Ellesauracela.Jetelegarantis.
Jecroisquejevaisexploser!J'aienviedeletuer.Oui,jevaislebuter,cemec.Ilferamoinslemalin,unefois,monflinguesursatempe.Ilmeregarderamoinsdehaut,parterre,dansunemarredesang.Sij'avaisunearmesurmoi,ilseraitdéjàmort.
Unevoituredesportnoires'arrêtedevantnous.Levoiturierluitenddesclés.-Monsieur.-Merci.Ilouvrelaportièrepuissedétourneetajoutel'airredoutable:- Je continue à croire qu'elle n'est pas en sécurité avec toi. Il lui arrive quoi que ce soit, je ne
réfléchisplus.Jetebute.
Chapitre27:L'équationJeparsdans4jours.J'aiannoncécelaàEricaprèslasoirée.Curieusement,ill'abienpris.Ilm'a
ditquem'éloignerunpeudelavillepouvaitmefairedubien.Ilaessayéuneapprochephysiquequandilm'aaidéàretirermarobe.Maisj'aiarrêtésesmainsà
la lisière demon soutien gorge. J'ai bien senti qu'il n'en pouvait plus.La bosse sous son pantalonindiquaitclairementsesattentions.
Après m'avoir longtemps dévisagé les lèvres pincées, il est sorti de la chambre presque enclaquantlaporte.
Sonimpatiencem'éloignedelui.Ilnecomprendpas,qu'ilyatoutàreconstruire.Ondiraitmêmequejedoismesentircoupablederepoussersesavances.Ilm'étouffe.
Jesuisdeboutenattendantdevoirarriverlemanageretnotrestar.Jevaisenfinpouvoirvoiràquoiilressemble.
JefaisdéfilerlesslidesdemaprésentationPowerPointsurlemurblancdelasallederéunion.Toutestparfait.Nousallonspouvoirréglerlesderniersdétailsavantnotredépart.Mesdeuxassistantessontcomplètementexcitéesetcourentdepartout.Ellesseregardentdixfois
danslesgrandesvitresdelapièce.Jesuspecteuneforteenviedeplaireànotremodèle.Lucie porte des talons aiguilles alors qu'elle n'enmet jamais et Isabelle, une robe fuseau verte
avecun fierdécolleté.C'est clair, elles sont à fonddans l'exubérance.Ellesme font rire. Je sourisencorequandmonregarddérivedanslecouloir.Jem'arrêteinstantanément.
Je vois arriver un homme que je ne connais pasmais ce quime fige sur place est la grandesilhouettederrière lui. Je le reconnais aussitôt.Commentoublier ces cheveux sombres et cesyeuxpercutants.Ilesthabilléd'unelonguevestekakiqu'ilrejetteenarrière,lesmainsdanslespoches.Ilparait encore plus grand, la pièce se rétrécie quand il y entre nonchalamment. Je crois que touts'effondreautourdemoi.
Paslui...Mon cœur s'emballe et souffre sans que je ne le veuille. Il s'assoie. Il se laisse aller contre le
dossieretposesonpieddroitsursongenouxgauche,sonbrassurundessiègesàcôté.Ilmefixeetme fait immédiatement perdremesmoyens.Mabouche s'ouvre et jem'étouffe commeunpoissonhorsdel'eau.
N'oubliepasElena,c'esttonex,ilestmarié,ilt'afaitsouffrir...Jesuiscomplémentdanslamerde!
-Putain!Soufflé-jetouthaut.-BonjourMessieurs.Elena,tupourraissurveillertonlangageenprésencedenosassociés.LâcheMarjorieenentrantdanslasalle.Jevaislatuer.C'estclair.Jelarécupèreparlebrasetnousfaitsortirdelasalle.Jem'enfousque
toutlemondenousregarde.Putain,RedAngel,c'estlui!!!-Qu'estcequ'ilsepasse,Elena!Tuasperdulatête!Sifflet-elle.Nous sommes maintenant dans le couloir et une fois que je suis certaine que personne nous
entend,jeluibalance.-Jenepeuxpas!Oui,jenepeuxpas.Jenepeuxpaspartiraveclui.Jenevaispasyarriver.Jelesais.J'aiperdu,
peut-être,lamémoiremaisjesensqueçavaêtreunecatastrophecettehistoire.-Jesuisdésolée,ceserasansmoi.Dis-jedéterminéeàlâcherledossieràMarjorie.Elleparaitsurpriseetd'unseulcoupprisedepanique.-Paspossible,c'estunedesconditionsducontrat!-Quoi?
Mesyeuxdoiventsortirdeleurorbite.C'estuneblague.-Ilneveuttravaillerqu'avectoi,sinonilrefuse.Jeblêmisetjemelaisseallercontrelemur.Jetournematêteetregardedanssadirection.Jepeux
voirsonprofild'oùjesuis.Sessourcilsdroits,sescheveuxquitombentsursesyeuxenamande,seslèvresardentes.Ilestcanon!
JevoisIsabellesepencherverslui.Elledéposepresquetoussesatoutspourluiservirducafé.Ilnelaregardepas.Ilsemblefixerquelquechoseàtraverslesvitresdevantlui,pendantqueLucieluiexpliqueavecvivacitécequ'il seracensé fairesur leplateaude tournage. J'ai l'impressionqu'ilnel'écoutepas.Sonmanagerprenddesnotesàcôtédelui.
-Ilyaunproblèmeaveclui?Tuleconnais?MedemandeMarjorie.-Non.Soufflé-jeabattue.Nonjustement,jeneleconnaispasmaisilparaîtquej'aibeaucoupsouffertàcausedelui.Jene
m'enrappellepasmaisjelesens.Ilestdangereux.Dangereuxcarbientropséduisant.-Bon, exceptionnellement, jem'occupede cette réunioncar j'ai l'impressionque tun'ai pas en
état.Jelalaissemeprendrelelaserdesmains.- Va te prendre une boisson ou rentre chez toi. Ce soir, nous devons sortir pour fêter notre
partenariat.J'espèrequetuiramieux.Elena.Elleessaiedecaptermon regardquiest toujours rivésur l'hommeparfait-imparfait.Parfaitde
corps,imparfaitd'esprit.- Ilnefautpasquetumelâches.Jepeuxcomptersur toi?S'il teplait.J'aibesoinde toisurce
coup.Jecroisquesiçanemarchepas,lepatronmemetdehors.Jet'enprie.C'estlapremièrefoisqueMarjoriemesupplie.Sesyeuxbrillent.Alorslesrumeursdisaientvrai.
Elleestsurlasellette.J'aidelapeinepourellemêmesidesfois,ellemetapesurlesnerfs.Ilfautquejemereprenneetquejefassepreuvedeprofessionnalisme,bordel!Depuisquandun
hommea raisondemoi.C'estbon, cen'estqu'unmecaprès tout.C'estun salaud. Jen'ai justequ'àl'ignoreretl'éviterleplusqu'ilm'estpossible.
-Tuseraslàalors?-Oui.C'estbon,net'inquiètepas.Ellerelâcheunsouffledesoulagement.-Merci,tumesauveslavie.Elle me prend dans ses bras. Je dois faire d'énormes yeux, surprise par cet élan soudain
d'affection.Jelarepousseauboutdequelquessecondes,gênéeaupossible.-Déchiretout!Ok?Jecomptesurtoi.Vatereposer.Soisenformepourcesoir.Melancetelleen
sedirigeantdanslasalleetenfermantlaportederrièreelle.Jel'entendsm'excuser.-Bon,jesuisdésoléemaisnotredirectricemarketingnevapastrèsbien.Ellerentrechezellese
reposermaiselleseradesnôtres,cesoir.Bonallons-y,commençons...J'ensuisàmontroisièmeverredevodka.Jenesaispaspourquoijememetsdanscetétat.Ilnem'apasadressélaparoledelasoiréeetà
peineregardéquandjeluiaiditbonsoirenarrivant.LucieestrestéecolléeàluipendantqueIsabelleluienvoyaitunmilliondesignauxsuggestifs.
Vu le cinéma que j'ai fait tout à l'heure, je pense qu'il a compris que toute cette histoire nem'emballepasetjeleremerciedegardersesdistances.
Ilestaubaretdiscuteavecunhomme.J'en profite pour le reluquer.Oui, j'ai un peubu, ça aide.Dequelle origine est-il ? Je n'arrive
mêmepasàledeviner.Toutàl'heure,ilétaitenfacedemoisurlabanquetteetjefixaissesgrandesmains.Ellesontl'airfortesetdoucesàlafois.J'airemarquéqu'ellesavaientdeminusculescicatrices
surlesphalanges.Putain!Ilestmêmesexydesmains!Peut-ondirequ'unmecestsexydesmains?!C'estn'importequoi!Jesuiscomplètementpétée!Jerigoletouteseule.
Maisd'oùvient-ilàlafin?Ilfautquejeluidemande.Lacuriositémepousseàmelever.J'avanceversluid'unpasdéterminé.Cen'estqu'unhommeaprèstoutaveclequeljevaisdevoir
travailler."Ettonex..."Mesouffleunevoixintérieure.Tais-toi,toi!Jen'yvaispaspourluiroulerunepelle!Justediscuter,c'esttout.
Quandj'arriveàsahauteur,jememetsdevantl'hommeaveclequelilest,lesobligeantàmettrefinàleurdiscussion.
-Salut,moi,c'estElena.Ilsaitquijesuismaisjem'enfous.Moi, jeneleconnaispas.Jetendsmamainet il laregarde
perplexepuis ilme la serre.Putain !!!Cecontact est à la limitedu supportable. Je retiremamain.Voilà,uneidéedemerde!Résolutionn°1:Neplusjamaisletoucher.
-Onseconnaît,Elena.Toujourscettevoixchaudequientredansmatêtecommeunéchosansfin.-Tuesdequelleorigine?Luidemandéje,toutdego.Ilsouritetparaitmi-étonné,mi-amusé.-Tun'aspasdemeilleuresquestionsquecelleci?Parexemple:Comments'est-onconnu?Quelleestnotrehistoirecommune?Pourquoisuis-jelà?Ouencore...Jelecoupe.-Quelâgeastu?Cesoir,jen'aipasenviequ'ilmerappellenotrehistoire,qu'ilm'afaitdumalouencorequ'ilm'a
trahi.J'aijustebesoindem'amuser.D'ensavoirplussurlui.Denepluspenseraupassémêmesi,ilyaquelquesjours,mondésirlepluscherétaitdemelerappeler.
Ilmedévisageintensément,jemesensrougir.Bordel!Résolutionn°2:Eviterdeleregarderdanslesyeuxquandilmefixecommecela.
-25ans.-Tufaismonâge.Ilétireseslèvresenundélicieuxsourire.Moncœurs'emballe.-Saufquandtusouris.Soufflé-je,obnubiléeparsabouche.Putain, reprends-toi, Elena.D'accord,même son sourire est sexy.Résolution n°3 : Éviter de le
regarder,deresterseuleaveclui,deluiparler,delesentir...Jetournelevisageetsoupire.-Elena,jesuislàpourtoi.Jem'enfousdecombiencettepubvamerapporterouencorecequeje
vaisyfaire.Jesuislàpourt'aideràretrouverlamémoire.Mêmesijepeux,ànouveau,teperdre.Jeprendscerisque.Pourtoi.Jeveuxquetutesouviennesdequituaimais.Quiterendaisheureuse.Decequ'ils'estvraimentpassélesoirdetonaccident.Tunepeuxpasvivretranquillementsansconnaîtretonpassé.J'ailutondossier,àl'hôpital.Tuasuntraumatismelourd.Tulesoignerasensoignanttesblessures.Etc'estenconnaissant tes liaisonsprofondesque tuarriverasà te reconstruire.Elena, jesaisaussiquetuasdescrisesd'angoisses.
Je panique. Non, personne ne dois savoir cela. Je commence à me mettre les mains dans lescheveux.Jeperdraimonjobsil'ondécouvremonproblèmepsychiatrique.Jelesupplieduregard.
-Elena,jenediraijamaisriensic'estcelaquetucrains.Ilmeregardeavecdouceuretjenesaispaspourquoi,jelecrois.-Tuétaisàl'hôpital?Quesais-tud'autre?Murmuré-je.-Quetuasétécomplètementparalyséedesjambespendantplusd'unesemainesuiteàtonaccident
etquetuaseuunerééducationdifficile.Quetuprenaisuntraitementquit'assommait.Etoui,jepassaislanuitquandtudormais.J'évitaistesparents.Tonpèrerestaitjusqu'àcequeles
cachets fassent effet et te soulagent. Je ne voulais pas envenimer la situation avec eux.On va dire
qu'ilsnem'apprécientpas.Tum'étonnesunhommemariéquichercheàvoirleurfille,çanedoitpasfairelemeilleurdes
effets.Jemerappelledesparolesd'Eric.Jenepeuxpascroirequ'unhomme,commelui,meharcèle.Ilcontinueàmeregarderdesonregarddebraise,soudainplussérieux.-Jeveuxqueturetrouveslamémoire.Maisilyaaussicettepartiedemoi, lapluségoïste,qui
souhaite,plusquetout,teretrouver,Elena.J'ouvrelabouche,moncœurexplose.Jen'arrivepasàcroirecequ'ilmeditetàquelpointçame
touche.Toutcebousculedansmatête,j'aienviequ'ilm'endiseplusetenmêmetemps,jeleredouteprofondément.Commesimonsubconscientbloquaittotalementl'accèspourmeprotéger.
-Tuesmarié.Dis-jesoudainementglaciale.-Oui,je...-Attends.Jeneveuxpasensavoirplus.Il s'arrête, un sourcil relevé. Je ne sais pas pourquoi mais je suis en colère contre lui
immédiatement.Jeréfléchisuninstantetuneidéemevient.Jecroiselesbrasetrelèvelementon.S'ilveutabsolumentmefairerecouvrerlamémoireceseraavecmesrègles.
- J'imagine que tu vas me dire les choses que j'ai envie d'entendre afin que je tombe dans lepanneau,quedetouteévidence,tumetends.Alors,pendantladuréedecevoyage,onvajoueràunjeu,toietmoi.Jevaisteposerlesquestionsquejeveuxsurmonpassé,siturépondsfauxàuneseuled'entreelle,sijevoisquetuéludesouquetumemens.C'estterminé,Hermèsoupas,jerentrechezmoietjeneveuxplusjamaisquetut'approchesdemoi,ok?
-Ok.Répondt-iltranquillement.-Attention!J'aiunpouvoir,jedétectefacilementlesmensonges.Jenevaispastedirecomment
carsinontuvasfaireexprèsdepasfairecequ'ilnefautpasfairequandonment.Putainmaisqu'estcequejeraconte!Ilrigole.Ilsemoquegentimentdemoi.Pourquoijeluidis
toutça.Jesuiscomplètementbourrée!-Ok.Jesuisd'accord,c'estuneexcellenteidée.Onyvaàtonrythme.-Ok,bonnesoirée.Dis-jeentournantlestalons,fièredemoi.-BonnesoiréeElena.Résultatdelasoirée:3verresd'alcools=Résolutionmultipliéepar"x"+2idéesàlacon.
Chapitre28:LedépartIl fautabsolumentque jemerenseigne sur lui,que jeparte surunebaseobjective.Ericetmes
parents me certifient que c'est un homme dangereux dont il faut que je me méfie. S'il est néfastepourquoijesuisattiréeparluicommeunaimantalorsquemonmarimelaissetotalementdemarbre.
J'imaginebienquejeneleuraipastoutditsurnotrerelationetj'ai,fortement,l'impressionqu'ilsessaient d'obscurcirent unmaximum son image. Si j'ai autant souffert, c'est que j'étais, aussi, trèsamoureusedelui.Etjedoutequecelanesoitqu'unequestiondephysique.Ilyabienplus,jelesensetjenepeuxpaspartirenmecontentantd'unseulsondecloche.
IlfautabsolumentquejeparleàJuliaetKaty.Ellesm'ontrenduvisiteàl'hôpitalmaisavecmesparentsetEric,danslesparages,difficiled'avoirunevraieconversationentrefilles.
JesuischezKaty,deboutaumilieudesonsalon,laveilledemondépart.Elleadorelesphotos.Il y a des cadres partout dans lamaison. Je nous regarde sur l'une d'entre elles.Nous devions
avoirentre16et17ans.Sonpèrenousavaitprisenphoto,justeavantquel'onsorte,touteslestrois.J'ail'impressionquecelafaituneéternité.Letempsetlavieasouventespacénoscontactsmaisnousrestonsfidèlesetsoudéeslesunesauxautres.Ellessontcommedessœurspourmoi.
Juliaestinstalléesurlecanapé,lafilledeKatydanslesbras.Ellesont,touteslesdeux,construituneviestable,unefamille.Etpourlapremièrefoisdemavie,jelesenvie.Jenelesjalousepascarjesuisheureusepourelles.Maisj'envieleurbonheurfamilialtoutsimplement.
Nousdiscutonsdoncdetoutetrienquandjelancelesujetdelaraisonquiexpliquemaprésencedecesoir.Ellesserontlesseulesàsavoirquemonexferapartiedemondéplacement.
-TunetesouviensplusdeFaresaussi?S'exclameKatyenmetendantunetassedethé.-Nonetc'estpourquoij'aibesoindevous.Devossouvenirsàsonsujet.-Donctunetesouvienspasdesdeuxhommesdetavie...Intéressantça...Dit-elleensegrattantla
tête.J'ail'impressionqu'elleréfléchitintensément.-Tutesouviensdemonmariagequandmême?MedemandeJulia.-Pasde tout,non.Enfin, j'aidessortesdeflashescommesi jesavaisque j'yavaisassistémais
sansvraimentavoir les images.Monmédecinparledepertedemémoirepartielleetépisodique.Jene...
-AttendsEl,çaveutdirequetuesviergementalement!!S'écrie,d'unseulcoup,Katysortied'unmutismeinhabituel.
-Maistum'asfaitpeur!Tuesfolle!Soufflé-jelamainsurmapoitrine.-C'estvraiça.Tunetesouviensplusdetesrelations...enfindetesrapportsaveceux?M'interrogeJulia.-Jenesaispas,c'estbizarre.Jesaisquejenesuispasviergemaisjenemesouvienspasdel'acte
enlui-même.Non,enfait,jenemesouviensderien.Dis-jeentordantmeslèvres.Lesdeuxmeregardentlabouchegrandeouvertecomplètementchoquées.-Necomptepassurnouspourt'aideràretrouvercessouvenirs-là.AnnonceKaty.-Tuesdingue.N'importequoi.Dis-jeenrigolant.-Çadoitêtredur...AjouteJuliad'unairtriste.Tunetesouviensdoncpasdetapremièrefois.De
tonamour.Detessentiments.-C'estça.Onpeutdirequejemesensvidée.Dis-jeenbaissantlesyeux.Juliatendsonbrasetmefaituncâlinenmeserrantcontreelle.Katymeregardeavecdouceur.-Allez,posenouslesquestionsquetuveux.Nousrépondronslemieuxquenouslepouvons.Bon,jemelance.J'aipenséàtoutuntasdequestions.Maislapremièrequejesors,m'étonnemoi-
même.-Est-cequej'aimaismonmari?
Ellesécarquillent lesyeux.Elleseregarde l'uneet l'autreetauboutdequelquessecondesJuliarépond:
-Oui,biensûrquetul'aimais.-Tunenousasjamaisditlecontraire.AjouteKaty.Jesoupire.Jel'aimaisalorspourquoiaujourd'hui,jeneressensaucuneattirancepourlui.Rien.Etdepuisquelquesjours,presquedurejet.-Ques'est-ilvraimentpasséentreFaresetmoi?M'at-ilvraimentcachéqu'ilétaitmarié?Katycommence.-Oui,tuaseubeaucoupdemalàt'enremettre.Celat'adétruite,complètementtraumatiséemême.
Tul'aspeuàpeuoubliéettut'esmariée.Katyestsonhorreurdudétail!-Mais tu l'aimaisaussi.Vousétiezfusionnels touslesdeux.C'est tonpremiergrandamour.J'ai
vraimentcruquevousfiniriezvotrevieensemble.DitJuliatristement.Cesparolesmelaissentperplexe.J'aidonccruàfondànotrehistoirependantqueluijouaitavec
moi.J'enaipresquelanausée.Ilm'aabandonnépourretournervivreavecsafemmeetsonfils.Jenepeuxm'empêcherd'êtreencolèrecontrelui.Pourquoiest-ilencorelàaujourd'hui?Iladit
quec'étaitpourm'aiderà recouvrer lamémoiremaisaussipourmerécupérer.Pourquoi revient-ildansmaviealorsquejesuismoi-mêmemariée.Ilnerespectedoncpaslemariage.
N'a-t-ildoncaucunevaleur?-Dois-jevraimentmeméfierdelui?- Je t'assure que ce n'est pas quelqu'un de dangereux. Il est le cousin de mon mari. Nous le
connaissonsbien.RépondKatysérieusement.Leseuldangerqu'ilreprésenteestdonclatentation.Jereviensàmoi.-Lucestsoncousin?Ellen'ontpasletempsderépondre.-Salutlesfilles.Onparledemoi?Luc entre dans la pièce. C'est vrai qu'il ressemble un peu de Fares. Je n'arrive pas vraiment à
décelerleurstraitscommun.Laformeduvisagepeut-êtreetlatexturedescheveux.-SalutLuc.Dis-jeavecungrandsourire.-Çamefaitplaisirdetevoir.Jen'aipasosépasseràl'hôpital,tunem'enveuxpas,j'espère.-Non,maistuauraisdû.Vraiment.J'imaginequ'ilapréféréseteniràl'écart,vusesliensfamiliauxavecmonex.-Bon,jedoisrentrerlesfilles.Dis-jeenmelevant.-C'estvrai?Çanefaitmêmepasuneheurequetueslà.SeplaintKaty.- Mon avion part très tôt, demain matin. Et je dois finir ma valise. Merci encore, vous êtes
géniales.Jevousadore.Jelesserredansmesbrasetrécupèremesaffaires.-N'hésitepasànousappelersituasencoredesquestionsetàpasserquandturentres.-Oui,jepasserai.Promis.Je ferme la porte d'entrée derrière moi et je commence à quitter la propriété quand Luc
m'interpelleaumomentoùj'ouvrelaportièredemavoiture.-El!Attends!Jemeretourne.Ilmerejointencourant.-Jenesaispascequel'ont'aracontésurmoncousin.Maismalgrétout,c'estquelqu'undebien.Jeluisouris.-Jem'enrappellerai,merciLuc.Atrèsvite.Jemontedansmavoituremaisilrestedansl'embrasuredelaportière.
-Elena.Ilyadeschosesquel'onneditpas.Apersonne.Mêmeàsesamieslesplusproches.Nousnesavonsriendecequ'ilsepassedanslecœurdechacun.D'ailleurs,jenesaispascequ'ilsepassaitentrevous,cesdernierstemps,maistuesvenueàl'undesesmatches.Jevousaivuensemble,ilya,àpeu près, unmois et ce que je peux te dire, que les filles ne peuvent savoir, c'est que,malgré sasituation,ilt'atoujoursaiméetilt'aimetoujours.
J'ensuissûr.Il me tapote affectueusement l'épaule et je le regarde retourner dans la maison. Voilà, je suis
complètementpaumée.Pourquoiserais-jealléeàundesmatchesdemonex?Lucpensequ'ilm'aimemaiscelan'empêchequ'il estmariéetque je le suismoi-même.Notreamour, l'unpour l'autre,nedevaitpasêtresifortquecelaaprèstout.
J'ai passé une nuit terrible.M'agitant commeune folle dansmon lit. J'ai dû prendre encore uncachetpourcalmerunecrisequis'annonçait.S'ilyabienunechosequ'ilnefautpasquej'oublie,c'estbienmaboitedecomprimés.
Cematin,Ericm'aaccompagnéàl'aéroport.Jemesuisbiengardéedeluidirequemonvoyageprofessionnelconsistait àpasser leplusclairdemon tempsavecmonex. Il adûsecontenterd'unbisousurlajoueetj'aiviterejointmesassistantesquim'attendaientdevantledétecteurdemétaux.
Arrivéedansl'avion,jeprendslaplace,quim'estattribuée,prèsduhublot.Ledécollageseradansquelquesminutes.LucieetIsabellesontplacéestroisrangsplusloin.Lesfillesjacassentcommedeuxpipelettes,devantmonsiège,enattendantledécollage.
-TuterendscompteElena,c'estlapremièrefoisdemaviequejevoyageenpremière.C'esténorme!DitLucieavecexcitation.Elleprenddesphotosdetout.Destélévisions,descoussins,destélécommandes...-Unrient'émerveille.LaréprimandeIsabelle.Non,maistuasvulaqualitédesfauteuils!Jesouris.Ilyenapasunepourrattraperl'autre.Jebailleenmettantmamaindevantlabouche.Je
suismortedefatigue.Nousdevonsdécollerà5heuresdumatinpourarriverà7heuresàl'aéroportprochedeVenise.Jecompteprofiterdesdeuxheuresdevolpourdormir.
J'aimisunchaudet longpullblancsurunleggingsetdesbottesenfourrureclairesquejen'aiplusqu'àretirerpourm'allongercommedansmonlit.
Nousentendons lavoixducommandantdebordexpliquer leplandevolauxpassagersetnoussouhaiterunbonetagréablevoyageàtraverslehaut-parleur.
-Unagréablevoyage?Jeveux!S'enthousiasmeLucie.-Allez-vousasseoirlesfilles,nousallonsdécoller.Leurdis-jegentiment.Maisellesnebougentpas.Ellessontcommefigées.Ellesontlesyeuxécarquillésendirectionde
l'entréedelacabine.Maisqu'estcequileurarriveencore?Jemeretourneetjevoisl'entraîneuretlemanager de Fares. Ils me font un signe de la main et s'installent à deux rangées de moi. Je leurréponds,levisagecrispé.
Nemeditespasquel'onestsurlemêmevol!Jen'avaispasdutoutprévucela.JemesenspartirenarrièrequandjevoisFaresentreràsontour.Ilporteunpullsurunechemisequ'illaissedépassersurlehautdesonpantalon.Ilajetésonsacpar-dessussonépaulesetmarched'unpassoupleentrelesconfortablessiègesdepremièreclasse.Ilestsi...Ilest...
Putain!Je ne l'ai pas vu depuis la fameuse soirée où je me suis complètement ridiculisée.Mes joues
s'empourprent.Jemeretourned'unseulcoupetm'enfonceleplusprofondémentpossibledansmonsiège.Jemefaislaplusminusculeenpriantpourqu'ilnemevoitpas.Avecunpeudechance,iliras'asseoirassezloindemoi.
J'essaiedefairedesgestesrapidesendirectiondesdeuxstatuts!Jesouffleentremesdents.-Allezvousasseoir!Eh!Lucie!Isabelle!
Maisellesrestentpétrifiées.Etjelesens,ils'approcheetj'entendslesfillesretenirleurssouffles.Jeregardeducoindel'œilaveccrainte.Ils'arrêtedevantelles.-Salut.Nousdit-il.Elleslefixent,leursdeuxvisagescramoisies.Elleshochentlatêteenrépétantunsalutbizarrepuis
ellessereculentd'unpas.Ilbalancesonsacdansundescoffresau-dessusdemonsiège.Etils'affalesurlefauteuilàcôté
de moi. J'en ai le souffle coupé. Son odeur enivrante entre directement dans mes narines et j'ail'impressionquejesuffoque.Jeleregarde,interdite,pianotersursonportable.
Lesfillesnousdévisagentl'unetl'autre.L'hôtessearriveetleurdemande,enfin,d'allers'asseoir.Jevoisbienàleurstêtesqu'ellesenvientmaplace.Sij'avaissu,jeleurauraislaisséavecplaisir!
L'avioncommenceàavanceretilnemeparletoujourspas.J'aibesoind'unmomentpouranalyserla situation. Jevaisdevoirendurer saprésencedurant tout levol.C'estmission impossible. Jesuistoutd'abordgênéedel'effetquesaprésencefaitnaîtreenmoietjedoisl'admettre,impressionnée.Jen'arrive pas à bouger, ni même à respirer. Il faut vraiment que je fasse quelque chose de ceshormonesquimefontperdrelatête.
Jemereprends.Cen'estpasàmoid'êtremalàl'aise!Ilnemanqueraitplusqueça.Ilafaitexprès,j'ensuiscertaine.S'ilcroitquejevaisluiadresserlaparole,ilrêve.Jenevaispasparlerduvoyage,voilà!Jevaiscomplètementl'ignorer.Tousseseffortsd'approchesn'aurontserviàrien!
-Bonnenuit,Elena.Medit-ilenbaissantsonsiègeetenplaçantsesécouteursdanssesoreilles.Jeleregardefaire,stupéfaiteetjediraismêmepresquevexée.Jepasseduchaudaufroidaveclui.
Ilm'énerve!J'aibesoind'untrucquimecalme.Jemebaisseetrécupèreuncachetdansmonsacquisetrouve
entremesjambes.Mêmesijel'aivufermerlesyeux,jesenssonregarddansmondos.Ilmeregardefaire,j'ensuiscertaine.Jemeredresse,couchelesiègecommeluiettournemon
visageverslehublot.Ilfautquejem'endorme.Illefautvite.J'attendsavecimpatiencequelecachetfasseeffet.Ledéclicsonore,quiindiquenotrearrivée,metiredemonsommeil.J'ailaboucheouverte.J'avalema salive. J'ai dormi commeun bébé. Je pousse un soupir d'aise etme frotte le visage
contreletissudemoncoussin.Quand j'ouvre les yeux,ma positionme choque.Ma tête est sur une épaule,mon bras gauche
entoureuncouetledroitunbuste.Majambedroiterecouvrecomplètementlegrandcorpssurlequel,jerepose.
Je nemets pas deux secondes avant deme rendre compte que je suis complètement sur Fares.Putain,mais jesuiscomplètementbarge!Moncœursemetàbattreàcentà l'heuremais j'arriveàretenirmarespiration.Jelèvelentementlevisagepriantdetoutesmesforcesqu'ilnem'apasvutoutenessayantderetirer,lentement,monbrasdederrièresanuque.
Je croise immédiatement ses yeux sombres qui m'électrisent. Ma bouche est à quelquescentimètresdelasienne.Putaindebordeldemerde!
-Salut,dit-ilunlégersourireauxlèvres.Jemeretireprécipitamment.Honteuseetgênéeaupossible.Jesuislareine,cen'estpascroyable!
Lareinedestarées!-Désolée,jevoulaisprendreuntruclà-bas...Dis-jeenmontrantunverrevideposéàsagauche.Jememordsla lèvreinférieure.Jem'enfoncetotalement.Ilregardesonpull, làoùj'avaisposé
matête.Putain,j'aibavésurluienplus!L'horreur!-Net'excusepas.Iln'yapasdeproblème.Il redressesonsiègealorsque jen'oseplusbougerundoigt.Complètementchoquée, je fixe le
dossierenfacedemoienmeremettantpéniblementdemesémotions.
Quandl'avionatterrit,jelesensquittertranquillementsonsiège,sansunmot.Jesuisladernièreàdescendredel'avionavecunsentimentdegènequinemelâchepas.Levoyagecommencebien.
Chapitre29:LasérénissimeJe leregardemarcher,devantmoi,dans l'aéroportbondé.Sonsac toujourssur l'épaule, lamain
danslapoche.Mêmeici,lesfillesseretournentsurlui.Iln'apasbesoindegardeducorps.Ilfranchitlafouleaisément.Jemedemandemêmepourquoi,ilneprendpasleboutdepapierqueluitenduneitalienneauxatoutssulfureuxetauxlèvrespulpeuses.Ilneditrienetnes'arrêtepas.
Cen'estpassonpalmarèsquiimpressionnelesfemmesquilesuiventetlephotographient.C'estévident.Etpourlapremièrefoisdepuisquej'aientendulenomde"RedAngel", jesuisconvaincueque
notrepublicitépourleparfum"Voyage"ferauncarton.JevoisIsabelleetLuciequilereluquent,danssondos,separlantàl'oreille.Quinevoudraitpas
profiterdecequepourraitoffrircethomme.Quineselaisseraitpasallercontresoncorps,danslaprotectiondesesbras.
Moi,seulementmoi.Nousdevonstournerlapremièrescèneduspotpublicitairedemain.J'appréhendebeaucoup.J'angoissecarj'aipeurdenepasêtreàlahauteur.J'aisurtoutpeurdenepastenirlecoup.Jen'ai
pasenviedeperdrelafacedevantmonéquipe.Jeprendsplusdecachetsqued'habitude.J'enaiencoreprisunensortantdel'aéroport.Leseffets
sontsimples:ilsmecalmentmaisilstroublentl'équilibredemonpsycho-émotionnel.C'estàdirequ'ilmerendent,pendantquelquesheures,incapablederessentirdesémotionscomme
lajoie,latristesse,lacolèreoul'affection.Monregards'attardesurleslargesépaulesdeFares.Peut-êtrequedansl'étatactueldeschoses,êtreinhibéedesentimentsestunluxe...
Lemanagermetiredemessonges.-Jecroisquenouspartageonslemêmehôtel.-VousêtesaussiauBaglioni?-Oui,ceserapluspratique,vousnetrouvezpas?-Si,si,c'esttrèsbien.Dis-jemalassurée.Aupointoùj'ensuis...Quand nous sortons de l'aéroport, je suis surprise par la chaleur presque humide de l'air. Un
bateau privé nous attend devant le fleuve et jeme place à l'avant. Je ne veux pas perdre une seulemietteduspectacle.
Nousarrivonsenfinàvuedelasérénissime"CitédesDoges".Jesuisenadmirationdevantledéfiarchitectural des vénitiens. Les palazzis qui bordent le grand canal sont magnifiques. Je tombeimmédiatementsouslecharmedelaville.D'aprèsleguidetouristiquequej'aiapportédansmonsac,Venisecomptepasmoinsde177canauxet455ponts.C'estpresquesurréaliste.
J'ai tellement hâte de visiter la ville que je suis la première à descendre du bateau oubliantcomplètementmesdeuxcollaboratrices.Jen'aiqu'uneenviem'enfoncerdanslamagielabyrinthiquedespetitesruelles.
Jemarcheencorequandj'entendslesfilles,restéesàl'arrière,quimecrient :-Elenaattend,ondoitrejoindrel'hôtel.
Jemeretourneetjemerendscomptequej'aimarchétropvite.Ellesm'attendentà,aumoins,100mètres,devantuneruelleque j'aidépassé.Fareset sonéquipenesont,déjà,plus là. Je regardemavaliseàroulettequidoitpeser,pasmoinsde25kgeteffectivement,ilfautqu'ons'arrêteàl'hôtel.Jerevienssurmespas,àregret,enjetantunderniercoupd'œilaupontduRialtoetenmepromettantdelevisiterdèsquejepeux.
Nous traversonsVenise, les ruesétantprincipalementdescanaux, je sourisquand j'aperçoisunagentdepoliceen jetSki.Cettevillene reposepassurunsol solidemaissurunplancherenboissurélevé. Le plus extraordinaire est que, vu du ciel, la citadelle à la forme d'un poisson prêt à
retournerdansleseauxprofondes.Ceseraitvraimenttristequecettemerveilleusevillesoitunjoursubmergée.
L'hôtelestundesmagnifiquespalaisauborddel'eauetilesttoutàfaitàl'imagedelacité.Nous sommesaccueillies commedesprincesses.Le roomservice s'est immédiatementoccupé de
monternosvalises.Heureusementpourmoi,lemaîtred'hôtelparleunanglaisparfaitcaràpart lesquelquesmotsd'italienquej'airetenudelamèredeJulia:Buongiorno!
Grazie!Mangia!,jenen'aipasvraimentdevocabulaire.Machambre est décorée d'une ambiance d'antan et fastueuse de part sesmeubles anciens. Je la
trouveparfaite. Jesautesurmon litauxdrapsdesoieblancs. Jesensque jevaismesentircommechezmoi,ici.A300euroslanuit,ilyaintérêt.
Jepasselerestedemajournée,enfermée,àtravaillerdanslepetitsalondemachambre.Jepenseautournagededemainetj'appréhende.J'appréhende,deplusenplus,depasserdutempsaveclui.J'aihâtequelevoyageseterminemaisilseralong.Trèslong.
Cequejeressenspourluiestcomplexe,jenepeuxledéfinir.Jesuisattiréephysiquementparlui,c'estévident.Maisjenepeuxpasm'empêcherderessentirunecolèrefroideetintérieure.
Unsentimentpéniblejustifiéparnotrepassé.Aprèsm'êtrepenchéeplusde3heuressurlesderniersdétailsdelaséancedulendemain.Jesuis
exténuée et jem'endors. Jeme réveille vers 22 heures etme commande un repas chaud dansmachambre.
Lajournéededemainrisqued'êtrechargéemaisjedécidedeprendreunpeul'air.Jemarcheunpetitmomentdevantlecanal.
Lestouristesontabandonnésleslieux.L'ambianceestparticulièrementcalmeetmystérieuse.Leslumièresprojetéessurlesmurdesmaisonsdonnentl'impressiond'êtredevantunefabuleuse
piècedethéâtre interminable.Lesruellessontsilencieusesetbientropsombrespourquejenem'yaventuremême si ellesm'attirent. Je suis seule et c'est bien trop risqué. Je reviens surmes pas àregret.
Devantl'hôtel,j'aperçoisFares,lesmainsdanslespoches,deboutdevantlesgondolesamarréespourlanuit.Ilsemblefixerlesrefletsnocturnesdespalaiséclairésdel'autrecôtéducanal.Jen'aipasenviede ledérangermais c'est plus fort quemoi. Il a l'air si seul et perdudans sespensées. Je lerejoins.
Jeresteàcôtédelui,savourantlesdouxclapotisdel'eau.Ilneseretournepas.-Jesuisencoredésoléepourtoutàl'heure.Jenesaispascequ'ilm'apris.J'espèrenepast'avoir
mismalàl'aise.Jenesouhaitepasquecelaaffectenotrerelationprofessionnelle.Commencé-je.Il ne répondpas et continu à fixer le rivage.Troubléepar son silence, jeme racle lagorge et
parleunpeuplusfort.-Nousavons,parchance,échappéaucarnaval,dis-jeenlaissantsortirdemaboucheunpetitrire
nerveux.Jenesaispaspourquoi, jemesensobligéedecontinuercetteconversation.Apriori, iln'apas
enviedediscuteravecmoi.C'estencoreunedemesidéessaugrenuesquimeviennentquandjemetrouveàproximitédelui.
Ilrestequelquessecondessansrépondreetaumoment,jefaisunpaspourpartir,ilprendenfinlaparole:
-Noussommes,touslesdeux,dansl'unedesvilleslesplusromantiquesdumonde...Letondesavoixmecoupelesjambes.Ilestgraveetmélancolique.Jetournelevisageverslui.Il
continuedansunsouffledouloureuxsansmeregarder.-...J'auraisdûm'échapperavectoi.J'auraisdût'emmenericiouailleurs,n'importeoùmaisloinde
lui...Moncœurmanqueunbattementquandilseretourneetquesesyeuxtourmentéss'arrêtentsurles
miens.-...Avantquetuneregrettesetneretournesdanssesbras.Ilattendetj'ouvrelabouche,maisaucunmotn'ensort.Jesuiscommesubmergéeparsespropres
émotionstropfortes,tropbouleversantes.Sonregardestcommelalaveenfusion.Ilmebrûle.Faceàmonmutisme,iln'attendplusetpartendirectiondel'hôtel,melaissantseule,sesparoles
encoresuspenduesdansl'air,devenufraisaprèssondépart.Quandjesuisànouveaudansmachambre,jesuisébranlée.Commesij'avaisétépercutéeparun
trainàgrandevitesse.Ilestdangereuxetjecomprends,cesoir,àquelpoint.Jem'endorsauboutdeplusieursheuresaprèslaprised'uncachet.
Le lendemain, j'arrive sur les lieuxdu tournage. IsabelleetLucieontdûcommencer sansmoi,commejeleuravaitdemandémaisellessontaffolées.
Normalement, elle aurait dû donner les dernières instructions aumodèle censée jouer la scèneavecFares.
-Oùestlemannequin?Leurdemandéje,unefoisarrivéeàleurhauteur.-Ellen'estpasvenue,souffleIsabelleenévitantmonregard.-Comment?C'estuneblague!J'aiuncoupdechaud.LapremièrescènedoitsepasserdanslesruestortueusesdeVenise.Lafilledoitlesuivre.Sonpasdoitêtresoupleetgracieux.Lapremièrescènenedoitdurerque
quelques secondes mais si elle n'est pas là, c'est fichu. Et je vois bien que l'équipe de tournages'impatiente.Lesquatrehommesmelancentdesregardsfurieux.
Jeprendsmontéléphoneetappelle,enpanique,Marjorie.-Marjorie,jecroisqu'onaunsacréproblème!-Jesais.Jeviensenfind'avoirsonagent.Onluiaproposéunautrecontrat,désolée.Jenesaispas
quoitedire,là.Jem'éloignepourquel'onnem'entendepas.-Tunesaispasquoimedire!TUNESAISPASQUOIMEDIRE!!Ellealedroitdenousplanter
commecela!?Putain,jevaisluicollerunprocèsaucul!-Elena,tudoistrouverunesolution.Jetelaisse, j'essaiedetetrouverquelqu'und'autrepourle
tournageenIrlande.Ellemeraccrocheaunez.Laconn****!Jemeretournelentementetjevoisl'équipetaperdupied.C'estlamerde!-Onvatrouverunesolution,ok.Leuraffirmé-je,asseyantdeparaîtresûredecequejedismais
j'aienviedem'enfuirloind'ici.Jeregardeautourdemoiàlarecherched'uneidée.Monregards'arrêtesurLucieetsescheveux
blondspuisensuitesurIsabelleavecsesgrandesbouclesrousses.C'estdésespérant.LemanagerdeFaress'approchedemoi.-Nousavionsdittroisheures,pasplus.Ilasonentrainementdansdeuxheures.Nousneresterons
pas.Désolé.Je croisdevenir dingue. Ils veulent tousme rendre folle !C'est ça ?! J'aperçoisFares, lesbras
croisés,doscontreunmur,quiattendpatiemment.Ilnesemblepascontrarié.Aumoinsunquinememetpaslapression.
Lesfillesmedévisagenttouteslesdeux.-Quoi?!-Elena,jecroisquetun'aspaslechoix...exposeLucie,redoutantmaréaction.-Putain!
Jesaiscequ'elleveutdire.Jelesaisbordel!Jesuislaseuleàavoirleprofil.Maiscourirderrièresonex,quelleironie!!
Danscettepremièrescène,lemodèleféminindoitlesuivredanslesmincesruelles.Heureusement, les caméras filmeront, la plupart du temps,mon dos et on ne doit pas voirmon
visageouenpartie.Seulementmaboucheentrouverteetmesmainsglissantsur lesmurs enpierre.Nousdevonsdonnerl'impressiond'êtredanslerêved'unefemme.Ellerêvedesonfantasme.Ildoitseretourneruneseulefoisetellesecache,intimidée.Çanedevraitpasêtrecompliquémais...
J'essaie d'éviter le regard de Fares.Voilà que jeme retrouve à figurer sur une vidéo qui seradiffuséedanslemondeentier!Aveclui!
Heureusement,ilnes'agitquedelapremièrescèneduspot.Ilesthorsdequestionquejefasselessuivantes.Les rêvesserontplusosés... Je lesaiscarc'estmoiqui lesaidemandéeset retravaillées.Putain!Dansquelmerdier,jemesuisfourrée!
-Oùestcetterobe!Crié-jepresque.Isabellemelatendet je la luiarrachedesmains.Jelafusilleduregard.C'estunmauvaispoint
pourelle.Elleétaitresponsabledesmodèles.Parchance,notrehôtelsesitueàmoinsde150mètresdulieudetournage.Jenevaispasnonplus
memettreàpoildevanttouscesgens!-Jereviens,faislespatienter,Lucie.Voilà àprésentque jemarche, rageusement, dans les ruesdeVenise avec cette robenoire trop
moulante. Des longs voiles noirs tombent sur mes jambes qui s'écartent avec le vent dévoilantlargementmescuisses.Parfait !Lesgensse retournent surmonpassage.Lepeignoirestbien tropcourt.
Évidement,jen'aipaslataillemannequinetjesensbienquemapoitrineestcompressée.Quand j'arrive, la maquilleusem'applique rapidement du fond de teint et du rouge vif sur les
lèvres.Jemeplacedevantlescaméras,jeretirelepeignoiretlâchemonchignon.Mescheveuxcascadent
dansmondosdécouvert.Lesfillesmeregardentbouchebée.Jelâcheunsouffle,déterminée.-Allons-y.LucierejointFaresquimedévisagependantqu'elleluidonnelesdernièresinstructionsetleplace
pourcommencerlascène.Jetourneleregard,troublée,encoreunefois,parlabeautéetlaforcequ'ildégage.Ilporteunechemisenoireentrouvertequ'ilaremontéejusqu'auxcoudes.Sescheveuxnoirssonttirésenarrièredontcertainsrestentindisciplinés.Mesmainssontd'unemoiteur...Voilàdansquelétat,ilmemet.
-Acteursenscène!Je sais exactement ceque je dois faire.Le suivre alors qu'ilmarched'unpas assuré.Le suivre
commeunefemmeamoureuseensecret.Ouaibah,ensuite,jen'aiplusqu'àmependre!Mais c'était plus facile que ce que je neme l'imaginais. Il est de dos donc je n'ai pas eu àme
confronteràsonregard.Jesuisimpressionnéeparsonprofessionnalisme.Lascèneestdanslaboiteen1heure.J'aimarchéuneoudeuxfoissurmarobependantletournage,maisdansl'ensemble,nousavonsfaitdubontravail.Avantqu'ilparte,jetiensàleremercier.
-Mercibeaucoup...Fares.Tuétais...parfait.Ses yeux sontmoins torturés qu'hier soir et je le vois souriremontrant ses dents parfaitement
alignées.-Merci.Dit-ilsimplementavantdetournerlestalons.Jeleregardes'éloignerpendantquenousfinalisonslesgrosplanssurmaboucheetmesmains.Alafindelaséance,jeremarquequ'Isabelles'estterréedansuncoin.Elleregardedanslevide.Je
croisyêtrealléeunpeufortavecelle.
-Isabelle?Ellerelèvelevisage.- Je suis désolée. Je ne voulais pas être méchante avec toi. J'ai agis sur le coup du stress. Je
n'auraispasdû.-Jenecomprendspas,Elena,hierencore,ellemedisaitqu'elleseraitlà.Seplaint-elleleslarmes
auxborddesyeux.Jedétestetedécevoir,jetejure.Etcequetuasdûfairepour...Jelacoupe.Cesontdeschosesquiarriventfinalement.-Cen'estpasgravemaisfaitensortequecelanesereproduisepas.Ok?- Ok. Elle me fixe un moment et finit par ajouter. Tu es vraiment très belle. J'aimerais te
ressembler.J'explosederire.Ellemesurprend.-Neditpasn'importequoi,Isabelle,tuessplendide.Regardetoiunpeu.-J'ail'impressiondenepasplaire.J'aimêmel'impressiondenepasexister.Alorsquetoi,onvoit
bienquetuplaisàtoutlemonde.Jesuisfranchementétonnée.Isabelleestloind'êtreunefillebanale.Elleestgrande,bienplusfine
quemoi,plusjeune,sapeaublancheetsesyeuxclairsluidonnebeaucoupdecharme.Laconfianceenelle,lacaractérised'habitude.Elledoitvraimentêtredansunemauvaisepasse.
J'essaiedelarassurer.-Desfois,ilfautsebattrepourobtenircequel'onveut.Bats-toiIsabelle.Ellemesouritetditaprèsquelquessecondes:-Tuasraison,jevaismebattre.
Chapitre30:RehabDeretourdanslachambre,jeretirecetterobedontlescouturesontmarquémoncorps.Je m'allonge en sous vêtement sur mon lit. Je fixe le plafond et la fresque qui s'offre à mon
regard.Ellereprésenteunhommehabilléderougequitentederetenirunange.Jefermelesyeuxetdansuneconstructioninconsciente,jevoisceuxd'unhommeauxprunellessombres.
J'essaiederefoulercesimagesquis'emparentdemespensées.Maisjenepeuxymettrefin.Moncerveaulereprésenteàlaperfection.Jevoissabouche,sesépaules,l'avantdesesbras.Ma respiration perd de sa régularité. Je me touche le visage et j'imagine ses grandes mains
descendreplusbas.L'illusionsensorielleestintenseetmeréchauffelecreuxdesreins.Jecroissentirson souffle balayerma peau. Je crois sentir sa force.Mon esprit l'imagine doux et habile. J'ai lafièvre.
-Putain!Je me lève d'un coup et me coupe de cette fiction ensorcelante et pernicieuse. Je file sous la
doucheetl'eaufroidemefaitredescendresurterre.M'aurait-ilenvoûté?Le lendemain, c'est seule, que je visite Venise, carte à la main. Je mange un Tramezzino, un
sandwichaupaindemie,unespécialitéitalienne.JetraverselacélèbreplaceSaintMarcetvisitelePalazzoDucale.Jeresteunmomentdevantle
pont des soupirs. A l'époque, les condamnés le traversaient et pouvaient, pour la dernière fois,apercevoirVeniseavantderejoindrelaprisonoulasalledetorture.Unedernièrevisiondelaliberté.Underniersoupirmalheureuxavantl'enfermement.
Jemeperds,plusieursfois,danslesruellesnombreusesetétroitesmaisgrâceàl'aidedetouristesplusaguerris,jeréussisàretrouvermonchemin.Moietl'orientation,çafaitdeux.
De retour à l'hôtel, je suis épuisée par cette marche intensive. La tête pleine d'imagesmerveilleuses que je n'oublierai jamais. Cette villemérite d'être appréciée à deux. Je ne peux pasm'empêcherderessentirunmélangedeprofondesolitudeetdemélancolie.
Quandjeremontedansmachambre,jecroiseLucieetIsabelle.-Elena,tunevienspasavecnous?MedemandeLucie.Ellessonthabilléesentenuedesoirée.-Pouralleroù?-Farescombatcesoir.Sonmanagernousadonnédesplacesgratuites,c'estgénial!Onesttout
devant,justederrièrelapresse.Je réfléchis. La boxe n'est pasmon truc et j'ai assez d'images de lui quime troublent pour en
ajouterdesnouvelles.-Non,merci.Jesuisfatiguée.Ellesn'insistentpasetmecontournent.-Ok,àdemainalors.Ellesrepartentrapidement,enseparlantàl'oreille,commedeuxcomploteuses.Lelendemain,jedécidedetravaillerunpeu.J'aireçulespremièresvidéosdelaséancedesamedi
maisjen'osemêmepaslesregarder.Jerépondsàquelquese-mailsetprépareuncompterendu.J'enprofitepourappelerMarjoriequi
meconfirmequ'unmodèlefémininnousattendraenIrlande.Lesoulagementestintense.Nousavonsajoutédefortespénalitésencasd'annulationsurlecontratquinouslieàl'agence.Iln'yaplusaucunechancepourqu'ellenousfassefauxbond.Mêmesi lemodèleestmalade,il
devraêtreremplacé.Lajournéepassetrèsviteetquandjesorsdeladouchequelqu'unfrappeàmaporte.-Quiest-ce?
Jesuisenpeignoiravecuneserviettesurlatête.-C'estnous!CrientensembleIsabelleetLuciedanslecouloir.Jeleurouvre.-TuauraisdûvenirElenahiersoir!Jen'aijamaisvuuntrucpareil.Faresétaitsi...Commence
Lucieenentrantdansmachambre-...Fort.FinitIsabelle,ens'effondrantsurmonlit.-C'étaitgénial!J'aiprispleinsdephotos.Tuveuxvoir?Lucieplacel'appareildevantmesyeuxetfaitdéfilerlesimages.J'aperçoisdesphotosdeFaresau
momentoùilentresurlering.Faresdeboutsurlering.Faresquicommenceàenleversacaperougeàcapuche.Bordel!
-C'estbon,ok,lesfilles.J'aicompris,c'étaitsuper.Dis-jeenm'éloignantpournepasenvoirplus.-Franchement,cemecestextraordinaire.DitIsabelledansunsoupir.-Ettellementmystérieux.Jelesregarde,incrédule.Ellesm'exaspèrent.-Tuviensmangeravecnous,cesoir?SereprendLucie.Sic'estpourentendredes"Faresparci","Faresparlà".Ceserasansmoi.-Non,uneautrefoispeut-être,jevaisprendreunplateaurepasdansmachambre.-Tuterendscomptequ'ildortjuste,au-dessus,decettechambre.Ilaprislasuiteavecl'immense
terrasse.Ilestseul...Sanssafemme...ConstateIsabelleenfixantleplafond.Nonmaisjerêve.Cettefois,j'aibesoind'êtreseule.- Bon, et si vous retourniez dans vos chambres. Il faut encore que jeme sèche les cheveux et
regardelesrésultatsdutournage.-Tunel'aspasencorevisionné?S'étonneIsabelle.-Nonpasencore,dis-jeenlespoussantàl'extérieurdemachambre.Allez,Allez,dehors.-TudevraisElena.Turendssuperbien.Etlui,...-Ok,àdemainlesfilles.Jefermelaportesurelles.Ellesm'ontfatigué.Ilfautabsolumentqu'ellesarrêtentdememarteler
latêteaveclui.Onfrappeàlaportedenouveauetjel'ouvreàlavolée.-Lesfilles!VouscommencezàmetapersurlesnerfsavecFar...Monregardscanneunbuste.Jelèvelevisage.Faresouvrelégèrementlabouchepuissouris.Je remarque un bleu sur le coin de sa lèvre et j'ai immédiatement l'envie irrépressible de le
toucher.Jesuisfolleouquoi!-Heu,pardon,jenepensaispasquec'étaittoi.Soufflé-jeenreculantd'unpas.Ilposesonavant-brassurlecadredelaporteetsepencheversmoi.-Jet'inviteaurestaurantcesoir.Ma respiration est soudain difficile. Je suis complètement déstabilisée par sa demande qui ne
parait,pasvraimentenêtreune.DîneravecFares?Quelleidée!-Surementpas.Lâché-je.Ilneperdpasconfianceetmesouritpluslargement.-Nousdevionsjoueràunjeu,toietmoi.Aurais-tupeurfinalement?-Peur?Dequi?Detoi?Pasdutout.Il touchelacordefierté.Pourquoiaurais-jepeur?Ilnereprésenterien.Jeneressensrienpour
lui.C'estunexetunassocié.Ilcontinueàmefixeralorsquejesuisencoreentraindeposerlepouretlecontre.
-AlorsElena,es-tuprêteàjoueravecmoi?Demande-t-ild'unevoixdevenuegrave.Jouer avec lui.Cette phrase paraît à double sens. Jeme sens rougir. Il a lesmots, ce n'est pas
possible!
Il continue àme sourire enmettant un doigt entre ses dents, il est trop craquant et jeme sensdoucementcapituler.Jenepeuxpasm'empêcherdesourire,moiaussi.
-Ok!Ok!Disonsqueçaresteundînerprofessionnelpouraméliorernosrapports.-J'auraisplutôtdit,undînerromantiquemémoratifmaisqu'importelenomquetuluidonnes.Dit-ilavecsesyeuxnoirspétillantsdemalice.Jelefusilleduregardmaisilnesedépartitpasdesonsourire.-19h30.Melance-t-il.-20h.-Rendez-vousdevanttachambre.-Devantl'hôtel.Dis-jeenrelevantlementon.-Ok.Dit-ilenrigolant.Alors,àtoutàl'heure,Elena.Jeleregardepartiretjenepeuxm'empêcherdematerlehautdesonjeansenpenchantlatêtesur
lecôté.Pourlapremièrefoisdemavie,moncerveaum'envoieunmessagecomplètementdéconnant:"Ilfautabsolumentquetutouchesçarapidement!".
Aumilieuducouloir,ilseretourne,mesurprenantdansmacontemplationdéplacée,sonsourirecharmanttoujourssurleslèvres.Jerefermelaporteprécipitammentetm'adossecontreelle.
Qu'estcequim'aprisd'accepter!Commeconvenu,ilestdevantl'hôteletilm'attend.Lestylequituenon-stop.Décontracté,avecsa
chemiseouvertesurunt-shirt,lesmanchesretroussées.J'aibouclémescheveuxetlesaicoiffés.Jeporteunerobeblancheetsimple,unecourtevesteen
jeansavecdeschaussuresplates.Ilesthorsdequestionquejem'apprêtecommepourunrendez-vousgalant.Ilseretourne.
-Tueslà.Murmure-t-ilquandj'arriveprèsdelui.-Ilfautcroire.Ilestencoretempsdefairedemi-tour.-Onyva.Troptard...Nous nous engageons dans les ruelles que j'avais peur d'emprunter seule. Et au fond de moi,
j'explosedejoie.Bienévidemment,jenevaispasleluimontrer.Nousmarchonscôteàcôte.Jecroisqu'ilyaunlégermalaiseentrenousmaisjen'arrivepasàle
définir.Jeneparlepas.Enfait,jen'yarrivepas.Lesruessontpresquedésertes.SiFaresn'étaitpasavecmoi,j'auraistrèsvitefaitdemi-tour.Quelquesmagasinsdemasquessontencoreouverts. Jen'aipasoséentrerdans l'und'entreeux
jusqu'àmaintenantcarlajournée,cesboutiquessontbondées.J'admirelavitrineavecenvie.J'aitoutd'uncoupenvied'enacheterun.
-Vas-yentre,onatoutnotretemps.MeditFaresgentiment.-Merciiii!Je suis comme une enfant qui choisit son cadeau de noël. Il y en a tellement que le choix est
difficile.J'hésiteentredeux.Unrougeetunbleu.Jelesregardeavecminutiependantlongtemps.Lalangueentrelesdents.Rhooo,jen'arrivepasàmedécider!
Faresarriveprèsdemoi.-Quepenses-tudecelui-ci?Ilmetendunmasque.Ilestfin,noiravecdesliserésblancsetargentés.Ilestsuperbe.-Wouahh!Ilestmagnifique.Dis-jeenluiprenantdesmains.Jefiledirectementàlacaisse.Ravie.Cetachatm'aunpeudétendu.Jelesuspected'avoirfaitexprèsdefaireundétour.Nousarrivonsdevantunpetitrestauranttraditionnel.Onnousplaceàunetableauborddel'eau.
Enparfaitgentleman,iltiremachaisemaisjerestedeboutetjeleregardeavecdegrosyeux.Ilesthorsdequestiondelelaisserentendrequ'ils'agitd'unrendez-voushorscadreprofessionnel.-Ok!Dit-ilamusé,avantd'aller,tranquillement,s'asseoiràsaplace.Jem'installe.Labougiesurlatabledansedanssesyeux.J'aitoujourscruquelesplusbeauxyeux
étaientlesyeuxclairs.Maisjemesuistrompée,lessienssontsombresetfascinants.Touts'yreflète.-Situn'arrêtespas,crois-moi,jenevaispaspouvoirmanger.Dit-ill'airmi-troublé,mi-amusé.-Désolée.Jedétournelesyeux.Mesjouesrougissent.Jenem'étaismêmepasrenducomptequejelefixais.
Jemesuislaisséeallerjusqu'àperdrelecoursdutemps.-Alors?Ilrétrécitcesyeux.-Quoi?-Bah,oncommence?Jesuispressédejouer.-Penses-tuqu'ilyaquelquechoseàgagner?Disjeensouriant.-Non,jepensesimplementquenousn'avonsrienàperdred'essayer.Leserveurnousdonnelesmenus.Heureusement,souschaqueplat,ilyalatraductionenanglais.-Jeteconseillelerisottoalnerodiseppia.Jeregardeleplataunomcompliquémaissecoue,finalementlatête.-Jevaisprendreunepizza4fromagesavecduRO-QUE-FORT.Dis-jeendétachantlessyllabes
pourqu'illescomprennebien.Iléclatederire.-Trèsbien,commetuveux.Avecunehaleinedeponey,c'estcertain,ilnepenserapas,unseulmoment,àallerplusloinetmoi
nonplus,d'ailleurs.Leserveurprendnoscommandes.Onlaisseunsilenceapaisants'installeret jefixesamainsurlatable.Ilm'attirecarjen'aiqu'uneenvie,enroulermesdoigtsauxsiensetressentirleurseffets.Jemedéteste.
Ilfautabsolumentquejecassecetteambiancetropromantique-Pourquoitafemmen'estpasavectoi?
Cettequestionneledéstabilisepas.Ilreprendsonsérieux.-Jesuisséparé.Répond-t-ilcalmement.-Ahbon?-C'estunmariaged'intérêts,pasd'amour.Jemedisaussitôtqu'ilnefautpasquejecontinuesurcettepenteglissante.Rienquedel'entendre
dire,qu'ilestséparé,m'adonnédesfrissons.Etidem,quandlemot"Amour"estsortidesabouche.Je réfléchis. Il faut que je lui pose des questions sur notre passé pour avoir une chance de
retrouverlamémoire.Maisjen'yarrivepas.Çamedépasse.J'aidelapeineàcroirequej'aieuunerelationavecunhommetelquelui.Jefaisunblocagetotal.
-Tuesmétisse.-Oui.-Tuneressemblesàpersonne.Constaté-je.-ToinonplusElena.Il me déstabilise encore. Il sait y faire. Il faut que je reste sur mes gardes. A ce rythme, mes
hormonesetmesjoursd'abstinencemeguiderontdirectementdanssonlit.Etc'esttoutcequejeneveuxpas.Ilfautluiposerdesquestionsplus...banales.
-Tuasdelafamille,àpart,Lucetsesparents.-J'aiunetante,lasœurdemonpèreetsesdeuxfils,mescousins.-Jelesconnais?
-Non,ilsn'habitentpasici.Leserveurrevientavecnosplatsetnousproposeduvin.J'accepte.Faresrefusepoliment.-Tuneboispas?-Non.-Pourquoi?-Parcequecelafaitpartiedecequim'estinterdit.Jelèveunsourcil.-As-tubeaucoupd'interdits?-Quelques-uns.-Pourquoi?Dis-jevraimentintéressée.-Les interditsontétécrééspour leshommescommemoiquiontdumalavec les règleset les
limites. Il me regarde intensément.Mais je n'ai jamais appliqué un interdit sans y réfléchir. Je nem'interdisrien,bêtement.
-C'estàdire?Pourquoinebois-tupasd'alcool?Iln'yariendemal.-C'estunelonguehistoire.-J'aitoutmontemps.Ilsouritàmoitié,enlaissantleserveurposernosassiettes.-Ok.J'avaisenviron13-14ansetjemetrouvaisavecmesdeuxcousins.Ilss'appellent,Tariket
Omar.Ilpassesafourchettedanslerisottoetmelatend.-Tuveuxgoûter?Jet'assure,c'estdélicieux.-Nonmerci.Continue.Dis-jeenfourrantunboutdepizzadanslabouche.-Ilsavaientréussiàvolerunebouteilled'alcoolàunmarchandambulant.Jen'aipasvouluboire
aveceuxetjelesairegardéssesouler.Enfait,j'étaiscurieux.Petitàpetit,ilscommençaientàperdrele contrôle de leurs gestes et de leurs paroles. Et plus ils divaguaient, plus ils buvaient. Ilsm'ontbeaucoupfaitrire.Ilpouvaitleurarrivern'importequoi.Ilsétaientdiminuésentantqu'homme.Celalesarendusfaibles.Etjemesuisamuséaveceux.
-Commentça?Demandé-jelabouchepleine.-Jelesaiporté,l'undanslesécuries,l'autredanslescuisinesetj'aidemandéàdeuxfillesdevenir
pourlesdéshabiller.-Tuveuxdirequ'ilsétaienttoutnus?-Complètement.SituavaisvulatêtedescuisinièresquandellesontretrouvéOmar"leterrible"!
Etluientraindecourirentrelescasserolesenseprotégeantlespartiesintimes.J'explosederire.-C'estméchant!- Ilyaeupirecrois-moi.Nousnous faisionsdesblagues régulièrement.Depuis, j'aidécidéde
toujours garder le contrôle demon corps et demon esprit.Et eux, n'ont plus jamais touché à uneseulegoutted'alcool.
-J'imagine.Vousdevezformerunesacréeéquipetouslestrois?-Tunecroispassibiendire.Tarikestleplusjeune,leplussensiblemaisaussileplustéméraire.
Omarestplusduretplusfroid.Ilssebattentsouvent.Encoremaintenant,jecrois.Engénéral,jesuisceluiquilessépare.Tarikestbeaucoupmoinsfortquesonfrère.Lecombat
n'estjamaistrèsjuste.Jelescruteunmoment.Ilnemelâchepasduregard.-Ettoi,Fares,quelleesttafaiblessefinalement.Lesfemmes?J'ail'impressionqu'ilscrutemespenséesetsonregarddevientplussérieux.-Toi.Etjen'enaccepteraiaucuneautre.
-C'estparcequej'étaistafaiblessequetuastrompétafemme.-Elena...-Réponds-moi.-Oui,surement.-C'estparcequej'étaistafaiblessequetum'asmenti?Ilnetrouverienàdireàcelaetc'estparfait.Matensionmonted'uncoup.Jeleregardedroitdans
lesyeux.-Laisse-moitedirequetuasuneautrefaiblesse,Fares.Lalâcheté.Etàmesyeux,iln'yariende
pirechezunhomme.Dis-jefroidement.Jen'arrivepasàcroire,qu'enl'espacedequelquessecondes,j'airéussiàfoutrelasoiréeenl'air.Il
mefixemaissonregardachangé.Iln'estplussûr,brillantmaiséteint.Jesensquej'aitouchéunpointsensible.Mais,jemesensmoi-mêmeblessée,terriblement,aupoint,queleslarmesmemontentauxyeux.J'aimal.
Mesmainscommencentà trembleret jenepeux lescalmer. Jeme lèved'uncoupetbalance laservietteàcôtédemonassiette.Ilfautquejeparted'ici.Ilfautquejerentreauplusviteàl'hôtel.
-Excuse-moi,jen'aiplusfaim.Etnetefaispasd'illusion,c'estHermèsquipaie.-Elena,s'ilteplait,...Ilselèveetmetendlamain.J'aicomplètementoubliédeprendreuncachetetjesensarrivercequejeredoute.Ilnemanquerait
plusqu'ilmevoitdanscetétat.-Laisse-moi.Dis-jed'unevoixtremblante.Jesorsdetable,mesjambesmeportentàpeinemaisjecours.Ilm'afaitbeaucoupdemal.Jele
sens.J'ensuissûremaintenant.
Chapitre31:Rehab(partie2)Jesuisdevantlacaisse.J'avanced'unemaintremblantelacartebusinessd'Hermès.Maisilestlà,à
côtédemoi.Iltendsa«BlackCard»aurestaurateur.-Prenezlamienne.Dit-ilsuruntonquin'entendaucunrefus.Jeneleregardepas.Jen'aipasletempsdelecombattre.-Attends-moi,Elena.S'ilteplait.Medemande-t-iltoutbas.Maisjenel'écoutepas.Jefileentrelesgens.Ilfautabsolumentquej'arriveàl'hôtelàtemps.Ilne
fautpasqu'ilmesuive.Ilnefautpasqu'ilmevoitperdremonsangfroid.Perdremadignité.Je ne veux pas qu'il voitmon visage creusé et torturé.Mes yeux égarés.Mesmains se crisper
commecellesd'uncadavre.Mesmusclessetendreetseresserrer.Jeneveuxpasqu'ilvoitmasouffrance,monhumiliation.Jeneveuxpasqu'ilvoitàquelpointje
suisfaibleetminable.Alorsjecoursdanscesruellesquiseressemblenttoutes.Etplusjecours,plusjesensmesnerfsà
vif,pluslesconvulsionssontfortes.Mapeaumebrûleetfourmille.Monrythmecardiaques'affole.Matêteestcommeserréedansunétau.
Ilvabientôtfalloirquejem'arrête.Mesjambesvontmelâcher.Jedoisvitetrouverunendroitoùpersonne ne me remarque et m'entende. Car je ne vais bientôt plus pouvoir contrôler ni maconscience,nimoncomportement.
Lesruessontmaintenantpluscalmes.Jem'engouffredansl'uned'ellesquinemènenullepart.Lesgrandsmursenpierresemblentpouvoirmecacher.L'espaceestétroitetsombre.Cettevoie
s'arrêtenetteetplongedirectementdanslecanal.Jemedirigejusqu'aufondpuism'adossecontrelemur etme laisse glisser jusqu'au sol humide. Par terre, j'exhalemes lamentations etmes plaintessourdesetétouffées.Mesgenouxtremblentetjevomis.
Mesmainsseplaquentcontrelesolcrasseuxetjevomisencore.Desmèchesdecheveuxtombentdansceque jeviensdedégurgiter.Jesuismal, j'aibesoindemevider.Jeregarde lecourantd'eaujustedevantmoi.Ceseraitsifaciled'enfinir.
Jerampedifficilementetaccrochemesmainssurlerebord,matêtedanslevide.Jemepencheetfixel'eauverte.
J'entendsdespasderrièremoi.Jetournelatête,paniquée.Jenevoisqu'uneombreavancer.J'arrivepéniblementàarticuler.-Ne...Nemefaitespasdemal,je...vousenprie.Jesuisma...lade,j'aibesoind'un...médecin.S'ilvousplait...-Elena,c'estmoi.Écoute-moi.Je m'affole et je me penche encore plus. Je ne veux pas que ce soit lui. Je ne veux pas qu'il
perçoiveàquelpointjesuisaliénée.-Noooooooonnn...Laisse-moi!Nemeregardepas.Deslarmess'écoulentmaintenantsurmesjouescommeunflotininterrompu.Cen'estrienencore,
lepireresteàvenir.-Jevaist'aider,ok.Jevaisteporter.N'aipaspeur.- Arrête, tu ne peux pas m'aider, putain ! Tu ne comprends pas ! Crié-je entre mes sanglots
désespérés.Maisilnem'écoutepas.Ilmesoulèvedoucement.Jem'agite.Ilmeserrecontresontorse.-N'aipaspeur.Jeteramène.Tienslecoup.Dans5minutes,onestàl'hôtel.5minutes.Ilfautquejetienneencore5minutes...Ilmarchevite.J'essaiedemecontenir.Jepleure
encoreet j'aienviedecrier.Jenesupportepasqu'ilmetouchemêmesi jeneressenspratiquementrien.Moncorpsproduitdessecoussesirrégulières,jevaiséclater.Jefermelesyeux.
-Fares,je...nevaispluspouvoirtenir...-Jevoisl'hôtel,onarrive.Nousyentronsenfin.Jecachemonvisagedanssoncou.Ilmontelesescaliers,jevoislenuméro
demonétagemaisilnes'arrêtepas.-C'estbon,lâchemoi.Machambreestlà.-Jesaisoùesttachambre.Dit-ilposémentalorsqu'ilmonteencore.Jepanique.J'essaiedelerepousseravecledosdemesmainscomplètementcrispées.-Fares!-Quevas-tufaire?Prendreundetescomprimésencore.Ilsnerèglentpasleproblème.-Maislâche-moiputain!Criéjedansungémissementaigu.Ilentredansunechambre.C'estunesuite.Ildesserresonétreinteetj'enprofitepourmedégager.
Jetombepratiquementsurlesol.J'arriveàrampersurmesgenouxetmesmainsjusqu'àuncoindelapièce.Derrièrelelit.Etjemeterre.Jeramènelesjambessurmoietcachemonvisageàl'intérieur.Jememordsl'avant-braspourétouffermescris.
-J'aibesoindemédicaments....J'aibesoindemédicaments...Donnelesmoi!DONNELESMOI!!!Unsilencemerépond.Jesensunecouverturecouvrirmesépaulespuistouteentière.J'aienviede
larejeterdanslacolère.Maisjenepeuxpas.Jesuistétanisée.Jerelèvemesyeux.Ils'assitenfacedemoi,ledoscontrelelit.Ilparaittranquille.Jelefusilleduregard,ilneflanche
pas.Savoixestdoucemaisferme.-Concentre-toi sur tonventre, surchaque respiration.Relâche tesmuscles.Détends-toi.Ne lute
pas.Tupeuxyarriver.Tupeuxsurmonterçasanscomprimé.-Jevaismourir.Dis-jedansunelongueplaintedouloureuse.-Non,bébé,jesuislà.-JesuisfolleFares,nelevois-tupas?Hurlé-jed'uncoup.-Non.Tun'espasfolle.Tueseffrayée.C'estlamontéed'adrénalinequiterendcommeça.Tuas
peur.Tudoiscombattrecettepeur.Tudoislamaîtriser.Tudoisêtreplusfortequ'elle.-Maisjesuisfaible,putain!Jesuistellementfaible...Criéjeentremesdents.-Non,jeneconnaispersonned'aussifortequetoi.Tuaspeur,c'estcommesitutetrouvaisdevant
undangermaisilestimaginaire.-Fares...Çacommence.Aide-moi,jet'enprie.Uncachet.Justeunseul.Lesupplié-jeencore.Ilneréagitpas.Jeplacemonautrebrassurmonventreetjehurlecontremapeau.Jetombesurle
côté.J'agitemesjambesetjesaisquemesyeuxserenversent.Lesgensvontbientôtsedemandercequ'ilsepasse.Ilsfrapperontàlaporte.Ilssauronttout.
Jesensunbraspasserderrièremondosetmerelever.Ilm'arejoint.Ilmeserrecontrelui.-Elena,regarde-moi.Criesituveux.Criessurmoisicelat'apaise.Jepousseencoredesgémissementsfortsentremesdents.J'essaiedemedégager.Jeledéteste.Je
lehaiscarilvoitquijesuisréellement.-Tuesensécuritéavecmoi.Penseàquelquechosed'agréable.Jenetrouveriend'agréable.Toutestnoirdansmatête.Jeneressensquecetteenviedefuir.Fuirlavie.-Sais-tucequetuaimaisfaire?Jenerépondspas.Mespenséesessaientdeseconcentrersursaquestion.Maisjen'arrivepasày
répondre.Entoutcas,riendecohérentnemevient.-Danser.Dansertouteseuledansnotreappartement.Devantlaglace,justeavecmongrandt-shirt
quit'arrivaitauxgenoux.TumettaisunCD.N'importelequelettudansais.N'importecomment.Jeteregardaisfaire,tumefaisaisrire.Danses-tuencore?
Je tremble mais je réussi à lever le visage et à le regarder. Je secoue légèrement la tête à lanégative.Ilrécupèrelamaincrispéedubrasquejesuisentraindemordreetcommenceàmemasserlapaumepuisilappuielégèrementsurleboutdemesdoigts.Ilnemelâchepasduregard.
-Tun'aimespaslesglaces.Tuasmislongtempsavantdemel'avouer.Tuvoulaismefaireplaisirenenmangeantavecmoi.Maiscelat'écœurait.Jecroisquetueslaseulepersonnequejeconnaissequin'aimepaslesglaces.
Il semblemaintenantplongédanssessouvenirset il sourit. Je fixesesprunellesopaques.Et j'yvoistoutunmonde.J'essaiedemeconcentrersursavoixdouceetgrave.
-Tuadoresleschevauxmaistun'asjamaisfaitd'équitation.Mêmejamaistouchéunseulcheval.Tonpèreavaittroppeurquetutombesetquetutefassesmal.Ons'estpromisunjourd'enfairetouslesdeux,quejet'apprendraiàmonter.
J'écouteattentivementlesinformationsquejeconnaissanssavoirqu'onlesapartagés.Mesyeuxl'étudient.Commesi je leregardaispour lapremièrefois.Jeremarquedespetitescicatricessursabellepeaubrune.Seslèvressontbiendessinées.Sonnezdroitaéchappéauxstigmatesdesonmétier.Ilestbeau,ilestjeune.Ilperdsontempsavecmoi.
Je me rends compte que je me calme. Les tremblements se sont presque arrêtés. Je lâchedoucementlaprisedemabouchesurmonbras.
-Tuesgelée,bébé.Ilsoufflesurmamainpourlaréchauffer.Jelefixetoujours.Seslèvrescontremesdoigts,mes
frissonschangentdenature.- J'ai promis de te protéger depuis le premier jour. Je n'ai pas toujours tenu parole. Mais
aujourd'hui,ilesthorsdequestiond'êtrefaible.Tupeuxmedétestermaisilyad'autreschosesquipeuventt'apaiser,Elena.Tapeurestfictive.Ellevientdecequeturessensaufonddetoi.
Cela peut être dû à une peur liée à un fait, la peur d'assumer tes angoisses ou encore la peurd'avouer tes sentiments.Mais rien ne peut t'arriver.Lapeur est dans ta tête.Et lesmédicaments neferontquel'inhiberuninstant.Tuvastomberaccroetàchaqueépreuve,tuserasobligéed'enprendre.Lavieimposedesebattre.Chaquepersonne,chaquejourdoitsebattrecontrequelquechose.
C'estunhomme.Ilestfortetondiraitqueriennepeutl'atteindre,riennepeutletoucher.Pourquoimedemande-t-ildemebattrealorsqueluin'aaucunproblèmeàsurmonter.-Contrequoitebats-tu?Jedemandecelaalorsqu'unedernièrelarmes'échappedemesyeux.Ilsoupireetbaisselevisage.-Jemebatscontretonignorance.Contremapeinequandjenevoisplusd'amourdanstesyeux
quand tu me regardes. Je me bats contre moi-même quand je n'ai plus d'espoir. Et je me batsaujourd'huipourqueturetrouveslebonheur.
Cesparolesmetouchentprofondément.J'aienviedelecroire.-Jenesaispassijevaisyarriver.- Jevais t'aiderd'accord.Commece soir.Elena, je restepersuadéqu'il fautque tu retrouves la
mémoirepourt'ensortircomplètement.Il reste contre moi et il ne parle plus. Je prends soin de poser ma tête contre le mur. Je ne
m'autorisepasàmelaisserallercontrelui.Moncœuracessédecogner.Lesbourdonnementsdansmesoreillessesontarrêtés.
Jecroisqu'uneheurepassesansquenousayonslebesoindeparler.Jefixemamainquiseperddans la sienne. C'est extrêmement agréable de le sentir mais je libère mes doigts. Il descend sonregardsurmoi.
-J'aibesoindeprendreunedouche.Dis-jefaiblementenmedégageant.Jesenslaterreetlevomi.Jepuecarrément.Meshabits,jen'enparlemêmepas.-Lave-toiiciettupeuxdormirlàsituveux.Jedormiraisurlecanapé.Net'inquiètepas.
Jeregardesonlit.Jenecroispasquecesoitunebonneidéeetpuismêmesilecanapéestgrand,iln'apasl'airconfortable.
Ilselève,récupèreunt-shirtetunshortqu'ilmetend.Sesyeuxsontdouxetbienveillant.J'ai l'impressiond'avoircombattuun titanetmêmesi labataillen'estpas finie, jemesensplus
forte.Jesaismaintenantquejesuiscapablededépassercela.Grâceàlui.-D'accord.Jerestecettenuit.Jeprendssesaffairesetjemedirigeverslasalledebain.Maisavantd'yrentrer,jemeretourne.-Fares.-Oui?-Merci.Dis-jeavecuneémotionquej'essaiededissimuler.Ilmesouritsimplement.Quandjesorsdelasalledebain.Faresn'estpasdanslachambre,nisurlecanapé.J'avancedans
lagrandepièceetmeglissedoucementdanslesdrapsdesonlit.Sonodeurestpartout.Jelarespireetauboutdequelquesminutes,jem'endorsapaisée.
Chapitre32:LevideJemeréveilledoucementdansdesdrapsquinem'appartiennentpas.Ildoitêtreàpeine4heuresdumatin.Lesoleilnes'estpasencorelevé.Jemerappelledelasoiréed'hier.Faresm'avudansunétatpitoyable.Aveclereculdecettenuit,
jeme sens incroyablement gênée.MêmeEric, je ne l'ai jamais autorisé àmevoir commecela. Jerepense auxgestesdouxdeFares, savoix calme, son regard attentionné. Il faut absolumentque jereprenneunedistancenécessaire.Soncontactmefaittellementdebienquejebaissemagardeetj'enoubliepresquenotrepassé.
Jemeredresseetm'assiedssurlelit.Lecanapéestvide,jescrutelapièce,iln'estpaslà.La suite est grande et plongée dans l'obscurité. Je remarque un petit salon blanc où quelques
papierssontéparpilléssurlatablebasse.Leshabits,queFaresportaithiersoir,ontétédéposéssurlebordducanapé.
Maisoùest-il?Oùa-t-ildormi?J'auraisdûluilaissersonlit.Jeme lèveetmedirigedans la salledebainpourmepasserunpeud'eausur levisage. Jeme
regardedanslemiroir.Jepensequelesmédicamentsontuneffetnéfastesurmonphysique.Depuisquelquestemps,j'aidumalàmeregarderdansuneglace.Jedoisuserplusquenécessaire
d'unanti-cernepouravoirl'airunpeumoinsfatiguée.Maiscematin,monteintestmoinspaleetfadequed'habitude.Jesoupire longuement.Laroute
jusqu'ausevrageestencorelonguemaisjemeprometsdemebattrepouryarriver.Jesorsde lasalledebain.Jemedécideàquitter l'endroit.Acetteheure là, jenerisquepasde
croiserquelqu'un.Jerécupèremesaffairessurunechaise.Etaumomentoùmamains'accrocheàlapoignéedela
ported'entrée,jejetteunderniercoupd'œilderrièremoi.Jeperçois,delagrandeportefenêtre,unepartiedelaterrassedontparlaitIsabelle.Jenedevraispasmaisj'avancelentementverselle.Lacuriositémepousseàpasserlaportequi
mèneàl'extérieur.Jejetteuncoupd'œiletensuitejepars.La terrasse est démesurée, de grands photophores vitrés éclairent le sol et de longs fauteuils
confortablesfontfaceàl'incroyablepaysage.Jedistingue,auloin,lafaçaderougepresqueorangédela tourde l'églisede l'îleSanGiorgioMaggiore,miseenvaleurpardes spots lumineuxet je suisémerveillée.
Puisjelevois,ilestassis.Lesjambesdepartetd'autredelabalustradeenpierreblanche.Ilporteunjogginglarge,grisetunt-shirtcoupésurlesépaules.D'oùjesuis, jedistinguesonprofilet lesmusclesdesonbrasdroit.Jelevoishocherlatêteenrythme,ilécoutedelamusique.
Ilsemblenepasavoirremarquémaprésence.J'avancedoucement.-Salut.Dis-jesimplementenarrivantprèsdelui.Jenepeuxm'empêcherderespirersonparfum.Ilsentsibon.Iltournelevisageversmoi,enlève
undesesécouteursqu'ilaàl'oreilleetmesourit.-Tuasbiendormi?Medemandet'il.-Trèsbien,merci.Nousrestonsquelquesinstantsànousscruter.Jebaisselesyeuxcoupantainsicelientroublant.-Jepenseredescendredansmachambre.Ilsecouelatêtecommepourmedire«ok»puissonregardregagnel'horizon.Jeresteunmomentàl'observer.Pourquoijen'arrivepasàpartir.Jecommandeàmesjambesde
faire demi-tour mais elles ne m'obéissent pas. Est-ce parce que depuis hier soir, je le voisdifféremmentouparcequejesais,quecen'estpaslegenred'hommequivameretenir.Cen'estpaslegenreàmeforceràrester...
Finalement,ellepasseunejambepuisl'autreets'assoiesurlarambardeenfacedemoi.J'expirediscrètement,çamesoulage.J'avaistellementpeurqu'ellemefuitencore.J'endure,oui,j'enduretellement.Ellenelevoitpasmaisj'aimal.Partirauraitétéplusfacileque
de supporter son ignorance permanentemais elle a besoin demoi pour allermieux et j'ai besoind'ellepourmesentirbien.
Lejournes'estpasencorelevémaisleslumièresdelavillemepermettentd'admirersonprofil.J'aienviede la faireglisserunpeuplusversmoi,entremes jambes.J'aienviequ'ellese laisse
allercontremontorse.J'aienviedelaserrerdansmesbras.Quenousprofitions,l'uncontrel'autre,decelevédesoleil.
Cettenuit,jen'aipaspudormir.Lasavoirdansmachambrem'aapaisémaislasavoirdansmonlitm'acomplètementagité.C'estledérèglementtotaldansmatête.
-Tuadorecela.Dis-jetoutbas.-Quoi?-Levide.Ellesouritetregardeenbas.Elleresteunlongmomentsansriendire.Jeperçoischacunedeses
respirations,chaquebattementdecils,chaquemèchedecheveuxquisesoulèveaveclevent.-Raconte-moinotrepremièrerencontre.Ellemurmurecelasansmeregarder.J'airedoutécemoment.Voilàpourquoijemetsquelquessecondesavantderépondre.Ilfautqueje
pèse mes mots mais je dois tout lui dire. J'ai besoin qu'elle sache comment elle et moi, nous ensommesarrivéslà.
-Enfait,lapremièrefoisquejet'aivu,tun'aspasfaitattentionàmoi.Commencé-je.-Ahbon?Dit-elleétonnée.-Oui,aussiincroyablequecelapuisseparaître.Dis-jeensouriantàmoitié.Ellemetapesurl'épaule.-Espècedecrâneur!Jesouriscomplètementcettefoismaiselletourneleregard.Sesjouess'empourprentlégèrement.
Jereprends:- Nous nous sommes rencontrés, il y a 9 ans. Nous étions en terminal tous les deux. Tu t'es
trompéedesalleettut'esarrêtéejustedevantmonbureau.Jevenaisdem'asseoir.J'ailevélesyeuxvers ton visage. Tu étais troublée. Tu étais naturellement belle. Tu avais les cheveux plus courtsqu'aujourd'hui.
Cetteépoquemeparaîtlointainemaisjemerappelledechaquedétailcommesic'étaithier.-J'ai toutd'abordflashésur tonregard,puissur lacouleurde tesyeuxd'unvert foncéhorsdu
commun.Et jeme suis demandé comment ai-je pu fairepournepas te remarquerplus tôt. J'ai vualorspasserunéclairdevantmesyeux.Tuvasriremaisjecroisquej'aivécuunvéritablecoupdefoudre.
Effectivement,celalafaitrireetelleseretourneversmoi.Sonrireestsibonàentendre.-Fares...sérieusement!?Ellenemecroitpasmaisc'estlavérité.-Cequej'aivécuàcemoment-làestindescriptible.Depuislapremièreseconde,j'aivoulurésisté
maisj'aisu,quemalgrétoutemabonnevolonté,j'allaisjoueràunjeudangereux.-Pourquoi?Jebaisselatête.Elledoitsavoir.-Parcequej'étaisdéjàdestinéàuneautrealorsquetoutmoncorpsteréclamait.Etcelam'afoutu
enl'air.J'aieucesentimentprofondd'injustice.Jemesuissenticommeunprisonnierenfermésansjugement.J'étaisencolèrecontretout,nuitetjour.Haïssant,toutd'uncoup,mavieetmaposition.Luc
m'aparléde toicommed'une fillepascomme lesautres. J'aidû luipromettredenepas teblesserpourqu'ilacceptedem'aideràteconnaître.
Madestinéem'empêchaitdetomberamoureuxdequiquecesoit.Maisj'avaisaussienviedesavoircequeçafaisaitdelaisserallermessentiments.Fairecommelesautres.Jepensaispouvoirdécrocherfacilement.Alorsj'aitentélediable.Jemesuislaissétenteravecelle.
Mesyeuxseperdentdanslevague.-Lapremièrefoisquejet'aiembrassé,nousétionsdevantunfeudecamp.Jet'aivuavecunautre
garçon et je n'ai pas pu empêcher la jalousie de faire son œuvre. Je t'ai embrassé sans tonconsentement car je voulais répondre à une question qui me hantait. Quelle sensation pouvait meprocurertabouchesurlamienne?J'étaispourtantcertainqu'elleneseraitpasdifférentedesautresmaisj'avaisbesoind'enêtresûr.J'aifaituneerreurdejugementcardèsqueteslèvresonttouchélesmiennes,dessentimentsinconnusontprisledessus...
Jerisqueuncoupd'œilverselle.-...Jemesuis,immédiatement,détestéd'aimercelaàcepoint.Puistum'asrepoussé.Unepremière
pourmoi.Ellesourit.Jecontinue.-J'aidoncpenséquejeneteplaisaispasetcelaarrangeaittout,finalement.Jemesuisappliquéà
gérerma frustrationpar tous lesmoyens.En sortant avecune fillepuisdeux.C'était si facile avecelles.
J'avaispratiquementréussiàoubliercettesoiréedufeudecampquandjel'aivu,boireunverreavecceconnarddeFredetdanser...Elleétaitheureusealorsqueçamebouffait.Mesyeuxrestaientfixéssurelle.Jedevenaiscomplètementfou.
-Etunsoir, tum'asembrassé,nousétionschez lesparentsdeLuc. Jemesuis laisséaller sanspenseràautrechosequemeslèvressurlestiennes,toncorpssepressercontrelemien.
J'aieuenviedetoicommejen'aijamaiseuenviedepersonne.Jemeperdssoudaindansmespensées.Oui,j'aisouventpenséàcemoment.SiJulianenousavait
pas interrompu, nous l'aurions fait, ce soir-là. Dans ma chambre. Je me suis imaginé l'emporterjusqu'àmonlitetjeluiauraisfaitl'amour.Caràcemomentlà,jelavoulaisdetouteslesfaçonsetdetoutes lesmanières. Jen'auraispas réfléchi.Tout aurait étédifférent, j'en suis certain.Mes erreursauraitétémoinsgrandes.
Elletourneànouveausonvisageversmoi,surpriseparmonsilence.Jecontinue.- Je te jure que n'ai pas compris ton geste car je pensais que je ne te plaisais pas.Et j'ai aimé
immédiatementcequej'airessenti.Etc'étaitencoreplusfortquelapremièrefoiscarlebaiserétaitpartagé.Tumevoulaisautantquemoijetedésirais.Celam'aaussiembrouillél'esprit.
J'aiencoreessayéderésistermaisàpartirdecemoment,cefutencorepire.J'envoulaisplusetj'aicommencéàmedébattreavecmaraison.Pasuneseuleminute,pasuneseulesecondenepassaitsansquejet'imaginem'échapperouêtreavecunautre.Jedevenaiscomplètementdingue.
Elenaavaitcetrucspécialquejeneretrouvaischezaucuneautre.Lafierté...maissanssuffisance.Etcontrairementàlafemmequejedevaisépouser,elleétaitforte.
-Jenevoulaisplustravailler, jevoulaisplusréviser.Jenevoulaisplusrentrerchezmoi.Jenevoulaisabsolumentplusmemarier.Jevoulaisêtreavectoi.Jevoulaistouttedire.Maisj'avaispeur.Peurquetunecomprennespas.Quetum'échappes.Peurquetunem'acceptespascommejesuis,peurquetumerejettesetpourlapremièrefoisdemavie,j'aieupeurdenepasêtrefaitpourquelqu'uncomme toi. Quelqu'un de totalement différent de moi. J'ai alors tout fait pour que tu tombesamoureuse...
Oui,j'aitoutfait,jeluiaitoutmontrédemoi,sauflapartielaplussombre.Monfuturmariage,mesfutursresponsabilités.Égoïstement.
-Nousnoussommesséparéssurunmalentenduet3ansaprès,nousnoussommesretrouvésetremisensemble.Maisentretemps,jem'étaismarié.J'aitoujoursditàtouteslesfillesaveclesquellesjesortaisdeneprévoiraucunaveniravecmoi.Maisàtoi,jen'aipaspu.Caravoirunaveniravectoifaisaitpartiedemesrêves.Doncjemesuismisàrêver.Arêverd'unevieàdeux.Untrucimpossible.J'ai cru que mon amour et même le tien allait s'estomper au fil des mois. Mais il n'a fait ques'accroîtrejouraprèsjour,etjouraprèsjour,jesombraisetplusletempsmemanquait.
Jelavoiss'agitermaisilfautquejecontinuependantqu'elleveutencorem'écouter.-Quandtuassulavérité.J'aiétésoulagéetenmêmetempscomplètementdétruit.Soulagécartu
allaisenfinmedétesteretvivrelaviequetuméritais,cellequejenepouvaist'offrirmaisdétruitcarjesavaisaufonddemoiquejeneseraiplusjamaisheureux...
Jevoissesdoigtsseserrerpourformerdeuxpoings.Ellem'échappeencore.-Elena,dansleplusmerveilleuxdemesrêves,tueslà.Jen'aijamaisputournerlapage.Jen'ai
jamaisaimémafemme...etceladanstouslessensduterme.Sonfilsn'estpaslemien.Elle se tourne, d'un seul coup, pourme faire face.Les premiers rayons de soleil éclairent son
profil.Elleal'airsifragile.J'aipeurqu'ellenecomprennepasetmacraintesematérialisedanssonregard.
Jememords la lèvre inférieure etmalgré le trouble que je lis sur son visage, je ne peux pasm'empêcherdeletoucher.Elleselaissefaire.Sesyeuxchangentdecouleurenmêmetempsquelesoleilselèveàl'horizon.Ellechercheenmoiquelquechosemaisjenesauraisdirequoi.
-Parlemoi...Elle ne dit rien, sa bouche s'entrouvre. Mes doigts caressent lentement le haut de sa joue,
descendent jusqu'à ses lèvrespuis seplacent sous sonmenton.Elle retient sa respiration.Sesyeuxfixentlesmiens.Ilsbrillent.Etjefaisquelquechosedecomplètementstupide.
Jem'approchedoucement.Meslèvressontàuncentimètredessiennesquandsesdeuxmainsseplaquentsurmontorseavantquejenepuisseallerplusloin.
-Pourquoitufaisça?Medemandet'elleentremblant.Sesyeuxnemepardonnentpas.Ilss'engouffrentdelarmes.Jeregretteaussitôtmongeste.-Excusemoi.Jenesaispas...-Tun'auraispasdû.Mecoupet-ellesèchement.Jesouffre!Voilà,pourquoijel'aifait.Carjel'aimeàencreveralorsqu'ellenemevoispas.-Elena...Elledescendrapidementdelabalustradeets'enmêmemeregarder,ellequittelaterrasse.Jelalaissepartir.Desfois,j'ail'impressionquenoussommesdestinésàperdre,elleetmoi.Etcetamourestdoucemententraindemetuer.
Chapitre33:JalousieMoncœurpalpite encorequand je referme laportedemachambre. J'ai failli le faire. J'étais à
deuxdoigtsdelelaisserm'embrasser.Jetremblecommeuneécolièrefaceàsonpremierbaiser.J'aiprispeur.Impossiblepourmoid'allerplusloin.Impossibledelelaissermeposséder.
Il suffit d'une semaine près de lui pour que je craque complètement. Je sens encore ses longsdoigtssurmajoue.Jecroisvoirsabouchepleineserapprocherdelamienne.Commedeuxaimantsdontlarencontresembleinévitable.
Jem'avance vers la table de chevet et récupère une boite de cachets. Je l'examine. Non, je nechoisiraispaslafacilitécettefois.Jelabalanceaufonddelachambre.Elles'ouvresouslechocetlescompriméss'éparpillentsurlesol.
Jesuisensécurité.Laporteestfermée.Ilm'aditdepenseràquelquechosedebien,debeau.Lesoleil,ouic'estbeauunsoleil.C'estcomplètementnul,putain!
Allez, cherche dans ton crane accidenté quelque chose de beau... de grand... de solide... demagnifique...
Fares.Jemelaissetombersurmonlitetramèneledrapsurmoi.Jefermelesyeux.Ilesttoutcequel'on
peut rêver. Tout ce que j'aurai voulu en fait.Mais après tout ce qu'ilm'a dit, je ne peuxme jetersimplementdanssesbras.
Commentunhommepeutlaisserlafemmequ'ilaimesemarieravecunautre?Commentat-ilpulaissercelaarriver?Commentat'ilpumequitteretcroirequecelasuffiraitàfairemonbonheur?Commentat'ilpuoserm'offrirtoutdelui,partiretcroirequ'iln'yauraitpasdeséquelles?
Jemedemandedansquelmondeilveutm'emmenercarjen'arriveàentrevoiraucunfuturaveclui.Commesijemarchaissurunfil,suspenduaudessusduvide,sansenvoirlafin.Commes'ilétaitleferrougeànepastoucher.Commesimessentimentspourluiavaitdéjàétémalmenésdesmilliersdefois.
Pourtant,ilmefaitéprouverdeschosesquejenepeuxcompareràrien.Oui,ils'occupebiendebousculermesémotions.
Jesaismaintenantpourquoijesuistombéeamoureusedeluiaupointdesouffriraffreusementdeson départ. Il me réchauffe instantanément, comble le vide, nourrit mes fantasmes, chasse mescauchemars.Ilesttoutsimplementaddictif.J'aisouffertcarc'estleseulàmefaireressentirtoutcela.
J'aiperdulamémoiremaisjepeuxressentirletraumatismeetpeut-êtremêmeladouleur.Sijel'aimeànouveau,jesaisquejenemeremettraispasd'unerupture.Ilfautabsolumentqueje
m'empêchedel'aimer.« ...Après qu'il obtiendra ce qu'il veut, il te jettera... » Les paroles d'Éric me reviennent en
mémoire.Jecroisquejevaisvomir.Jemetournesurlecôtéetrécupèrelabassine.Lessecoussesmereprennent.
Jememetsàpleurer.D'uncoup,çavientcommeça.Jemelaissealleretcelamefaitdubien.Jecontinuetoutenfixantleplafond.Mepersuadantpresquequejesuisencoreaveclui,qu'ilme
bercecommeunpeuplustôt,queriennepeutm'arriver.Imaginantsecrètement,qu'ilestceluiqu'ilmefaut.
Jesuisrestéeles2derniersjoursàtravailler.M'autorisantquelquesrapidessortiespourprendredesphotos.Jenesuispasenvacancespourprofiter.J'aivisionnélesvidéos.Etfranchement,j'aicrudevenirschizophrèneenfaisantdesarrêtssurimagesursonbeauvisage.
Zoomantsursonregardmystérieuxcommeunefanatiqueobsédée.Putain,cen'estpasmoiça!Ilestdéjàtempsdequitterl'Italiepourl'Irlandeetquandnousarrivonsàl'aéroport,Isabellese
précipiteversFares.Elleluiparle.Jem'assoieetlesobserve.Ilacquiescedetempsentemps.Je la
regarde.Elleluisourit,minaude,ledraguefranchement.Elleestlibredelefaire.Comme Eric me l'a demandé, je prends mon téléphone et l'appelle. Il décroche presque
immédiatement.-Monamour,çava?-Oui.Répondis-jeblasée.-Tuasl'airfatigué.-Oui,j'enpeuxplus.-Tunepeuxpasrentrer,tuenessûre?-Ilmerestemoinsdedeuxsemaines,jecroisquejevaistenir.Dis-jeenexaminantIsabellequise
rapproche,d'unpeuplusprès,deFares.-Tu saisque j'ai lesmoyens.Tupeuxarrêterde travailler. Jepeux subvenir à tous tesbesoins
aisément.Ilestvraiquecevoyageestéprouvantparbiendesmanièresetsouspasmald'aspectsmaisj'aime
montravail.Ericadel'argentmaisjenesouhaitepasmefaireentretenir.Surtout,jedétestedépenserl'argent qui n'est pas le mien. Même si nous sommes mariés, il a toujours été clair que nousgarderonsnotreindépendancefinancière.Aussi,cen'estpaspourrienquenousavonssouscritàuncontratdemariage.Si jesuisdépendantede lui, jepourraisdireadieuàma liberté.Etc'est toutcequ'ilmereste.
-Tusais.J'aiprévuquel'onparteenvoyagejusteaprès tonretour.Nousavonsbesoindenousretrouvertouslesdeux.Qu'enpensestu?Medemandet-il.
-Jenesaispas.Ilfautqu'onyréfléchisseensemble.Jenecroispasêtreencoreprêtepour...-Elena.Situcontinuescommecela,tuneleserasjamais.Mebalancet-ild'unevoixsèche.-Onenreparlera,d'accord!Dis-jeenimitantlemêmeton.-...Ok...Capitulet-ilauboutd'unmoment.Lesilences'abatsurnotreconversation.-Bon,nousallonsembarquer.Jedoistelaisser.Mentis-je.-Envoimoiunmessagequandtuesarrivée.Jet'aimeElena.-Jeleferai.Aplustard.Je raccrocheet jem'appliqueà faire redescendre la tensionquem'aprocurécet appel.Pasune
seulequestionpoursavoircommentmontravailsepasse.Avecquijesuis.Cequejefais.Ils'entapeenfait.Toutcequiluiimporteestderecollerlesmorceauxentrenous.Maiscequ'ilne
semblepasvoir,c'estqu'avanttout,j'aibesoinderecollerceuxquisontàl'intérieurdemoi.Jen'aiabsolumentpasenviedepartiraveclui.J'aibeauvivreavecEricdepuisplusd'unmois.Maconfianceen luiestprochede0.Je lèvemonregardversIsabelleetFares. Ilest toujoursà
côté d'elle. Je m'aperçois que ses yeux sont rivés sur moi. Je baisse la tête, je me lève et finisd'attendreprèsdesgrandesfenêtresdel'aéroportquilaissententrevoirl'atterrissagedesavions.
Quandnousmontonsdans l'appareil,Faresne seplacepas à côtédemoimais àdeux rangéesdevant.Lesiègeàcôtédeluiestlibre.Maisc'estsanscomptersurlaténacitéd'Isabelle.Ellen'apasfroidauxyeux.Elles'assoieàcôtédelui.
Etsi,ellesecollaitàluidurantlevol?S'illuitenaitlamainpourqu'ellen'aitpaspeurpendantledécollage?Ets'ilss'embrassaient...Unfrissonglacialremontelelongdemondos.Peut-
êtrequ'ilssevoientdéjà,qu'ilssefréquententdepuisunmoment.J'aipasséplusieursjoursdansmachambre.Pendanttoutcetemps,ilsontbienpu...Jeretiensunemontéedebilequis'accompagned'unlongtremblement.Jemesensmaltoutàcoup.Jeressenscommeuneprofondetrahisonquiestloind'êtrejustifiée.Jedoiscomplètementdébloquer.
Je vois toujours Isabelle d'où je suis. Elle se rapproche de lui. Je tends le cou pour en voirdavantagemais l'énorme siègeme cache la vue. Je ne vois pas ce qu'ils font et l'effet que celame
procureestplusquedelafrustrationoudelacontrariété.C'estpénible,bientropduràsupporter.L'hôtessearrivemaisIsabellenebougepas.Jecroislavoirattachersaceinture.L'aviondécolle,
elleresteàcôtédelui.Levoldure5h30.Jebaissemonsiège,metournefaceauhublotetm'enrouledanslacouverture.
Jerefoulecesentimentlourdetprofondquejenepeuxqualifier.Ilmetourmenteetmeplongedansunepeinesansnom.Jetendsl'oreilleàl'affûtdechaquemouvement,chaquebruitdetissu.Ilsparlentensemblemais jen'entendsquedes chuchotements et auboutdedeux longuesheures, jem'endorsaffreusementfatiguée.
Nousatterrissonssurlapistedel'aéroportdeDublinà9h.LapremièrechosequejefaisenmeréveillantestdevérifieroùsetrouveIsabelle.Ellesemble
avoirregagnésaplacecarlefauteuilàcôtédeFaresestvide.Jegardemesyeuxfixéssurlesiègedevantmoienattendantquetoutlemondesortedel'appareil.Jemesenstellementseule.
Nousgagnonsnotrechambredansundeshôtelsbalnéairesdelacapital.Jememetsàtravaillerlascènededemain.
Noustourneronsaveclesmodèlesdansunstudiosurfondvert.Lemonteurdevraremplacer levert par le sommetdesplateauxverdoyants deMoherdont les falaises vertigineusesplongent à laverticaledansletréfondsdel'océandéchaîné.Cesprisesdevueserontfaitesenfindesemaine.
Quandj'entredanslestudiolelendemain,monregards'arrêteimmédiatementsurlemannequinquitourneraavecFares.Ellemesureprèsd'unmètrequatre-vingt.Sapeauestbienplusblanchequelamienne.Sesjambessont longuesetfines.Sonvisageestplusjuvénile.Elledoitavoir23ansàtoutcasser.Unebeautéfataleauxyeuxdebiche.Elleprenddespausesdevantlacaméraletempsderéglerlechamp.
Je ne sais pas pourquoimais cette séancememet dans un état de tension extrême. Presque demalaise.
Leventilateurfeintantleventestprêt.Ilnemanqueplusqueleprincipalprotagoniste.Fares.-PourquoiFaresn'estpasenscène?Demandé-jeàLucieenarrivantàcôtéd'elle.-Jenesaispas,ilneveutparleràpersonnedepuiscematin.Isabelleatentédelejoindreenvain.Cen'estpaspossible! Ilnevapasnous lâchermaintenant.Est-ceàcausedecequ'ils'estpassé
entrenous...Mais je le vois arriver tranquillement. Il entre en premier dans le studio accompagné de son
manager.Iln'estpashabillécommeil ledevrait.Ilporteunlongt-shirtsurunpantalonnoiretdeschaussuresmontantes. La démarche cool d'un basketteur. Il neme regarde pas. Il s'assoie sur unechaise et je vois bien qu'il n'a pas envie de coopérer. Sonmanager lui parle dans l'oreille. Faresrépondetsonregards'arrêtesurmoi.
Ildépasselesbornes.Jemedirigeverseux.-Jepeuxsavoircequ'ilsepasseici?Lemanagerseredresse,s'avanceversmoietmedittranquillement:-Faresrefusedefairecette
scène.Jen'arrivepasàycroire.-Etjepeuxsavoirpourquoi?-Enfait,ilrefusequecettefille,là,letouche.Dit-ilendésignantlemodèle.Attends mais c'est exactement ce qu'elle doit faire ! Le manager ignore mon regard effaré et
continue:-Lecontratqu'ilasignénecorrespondpasàcequevousavezajouté.C'estsoitcela,soitnous
partons.Ilajouteplusbas.J'aidéjàdûleforceràvenirici.J'essaiedeleconvaincredepuishier.Lepremiercontratqu'ilasignén'étaitqu'uneébaucheetunsecondcontratàdû luiêtreenvoyé
poursignature.JefusilleLucieduregard,elleauraitdûvérifiercela.Etpuis,bordel,quirefuseraitde
selaissertoucherparunmannequinaussibellequ'elle.-Attendez,qu'estcequejesuiscenséefaire!Dis-jeàlalimited'exploserintérieurement.-Ilacceptecettescèneuniquementavecvous.Jesuissouslechoc.Mesmainsdeviennentmoites.Lemanagerfaitminequ'iln'ypeutrien.MonregardsetourneversFaresquimefixetoujourssansciller.Jememasselestempes.Jedevraistoutenvoyerbaladeretleurdired'allersefairevoir!Maisje
perdraismon job, c'est certain...Eric serait content lui ! Je serre lespoings et tourne les talons endirectiond'Isabelle.
-Qu'estcequ'ilsepasse?Medemandet-elle.-Lemannequinneluiplaitpasetiln'apassignél'avenantaucontrat.Récupèrecettefoutuerobe.
Jevaislamettre.Ellemeregardelesyeuxécarquillés.-Pasdecommentaire.Ilnemelaissepaslechoix.Quandjesorsdeslogesaveccetterobe,toutlemondeseretourne.Elleesttoujourstropmoulante
surmoi.Faresm'attenddevantlefondvert.Ils'esthabilléluiaussi.Unfrissonquimedonnefroidpuischaudmetraversed'uncoup.Etbien,c'estexactementcelaque
jeressensquandjem'approchedelui.Lafièvre...carcequejem'apprêteàfairerisquedemebrûler.Lemannequinmeregardeprendresaplace,bougebée.-Dépêchonsnous,qu'onenfinisse.Jememetsdevantlacaméra,àquelquespasdeFares,sansleregarder.Ilseplacededos.-Ok!Vousêtesprêt.Action!Crielecameraman.J'avancelentementdanssadirection.Ilseretourneaumomentoùj'arriveprèsdelui.Jetremble
carilnesembleplusêtreceluiquim'aprisdanssesbrasquelquesjoursplustôtmaisceluidontlapersonnalitéestécrasante.Jecommenceàdéboutonnersachemisecommeleveutlescénarioquej'aimoi-mêmemodifié. Je sens sa respiration dansmes cheveux et son odeurmemonter à la tête. Jecompte lenombredepersonnesautourdenouspouroublier ceque je suis en trainde faire.Maissurtoutpournepasoublierquenousnesommespasseuls.
Lentement,j'aperçoissapeauhaléesedévoilerpendantquelachemises'ouvresousmesdoigts.Monpoulss'accélèreetjenecroisplusretenirmesrespirationsquandmesdeuxmainstouchentsoncorps.C'estcommeunmélangeintimeentredeuxéléments.C'estchimique.Jefondstotalement.
-Coupez!-Quoi?!M'écrié-je.Jemeretourned'uncoupencoretremblante.-Quelestleproblème?Dis-jed'unevoixaiguë.-Vousgigoteztrop.Onlevoitmêmededosetvousdevezleverlevisageversluiaumomentoù
vousletouchez.Putaindemerde!-Jesaiscequejedoisfaire!Bordel!Faresneditrien.Jesuiscertainequ'ilmeregardefaireetquecelal'amuse.Jerisqueuncoupd'œil
maisc'estloind'êtredelamoqueriequejevoisdanssesyeux.Sonregardesttellementintensequ'ilmefaitreculer.
-Bon,onpeutyaller.S'impatientelecameraman.-Avezvousbesoindevousdétendre5minutes,Elena?Mecriesonassistant.-Non,c'estbon!Lâché-je.Plus vite, ce sera fait, plus vite ce sera fini. Jememets à transpirer. J'entendsLucie souffler à
Isabelle.-Ilsontplutôtbesoind'unechambre.Ellesemetàrire.
-TagueuleLucie.RépondIsabellesèchementavantdesortirduplateau.Tant mieux, une en moins à me regarder comme si je n'étais pas à ma place. J'essaie
maladroitementderattacherlesboutonsdesachemise.-Laisse-moifaire.DitcalmementFaresenlareboutonnantluimême.-Pourquoitumefaisça.Soufflé-je.Ilmetquelquessecondesavantdemerépondre.-Personnenemetouche.Dit-ilsansmeregarder.-Saufmoi.-Sauftoi.Ilcroitquejenel'aipasvuavecIsabelle.Ilfaitcelauniquementpourmedéstabiliser.-Cen'estpascequej'aicruvoir.Dis-jeamer.-Dequoituparles,Elena?Cettefois,ilcherchemonregardmaisjel'évite.-Arrête,jevousaivu,toietIsabelle.Ilyauntrucentrevous.Murmuré-je.-Tutetrompes.Jesecouelatête.-Elena,serais-tujalouse?Medemandet-ildoucementd'unevoixgrave.Jalouse...Non,jenepeuxpasêtrejalouse...-Non,jene...Jesuiscoupéeparle"Prêt-Action"del'assistant.Je souffle un bon coup,me concentrant surmesmouvement et chaque bouton que j'enlève. Je
m'appliquecettefois,lentement.Jecalmemonespritquandj'ouvresachemise.J'essaiedemettredecôtél'émotionintensequejeressensquandmesdeuxmainsseposentsursesabdominaux.Sapeauestbientropdouce,tropchaude.
Jenepeuxm'empêcherd'êtrefascinéeparcecontactquimetransporte.Jelèveleregardverslui.Mesyeuxplongentdanslessiensetplusrienn'existeautourdenous.C'estplusfortencorequecequejen'auraicru.L'attractionfaitplaceaudésir,àl'enviedévoranted'allerplusloin.Jerestesansbouger.Le temps passe et rien n'est plus fascinant que le noir de ses yeux, la douceur de sa peau et sonparfum.Tousmessenssemettentenmarcheetmepoussentàmerapprocherdelui.Plusprès,encoreetencore.Marespirations'accélère.Ilmurmure:
-Enlèvela.Jecroisdéfaillirenentendantsavoixrauque.Voyantquejeneréagitpas,ilcontinue.-Elena...Ilsattendent.Mesouvenantsoudaindecequejedoisfaire,mesmainscaressentsespectorauxpuisremontent
sursesépaulesetjefaisglisserlachemiselelongdesmusclesdesesbras.Sonregardtoujoursrivéaumien,lachemisetombesurlesol.Jen'arrivepasàdécrocher.Non,jenepeuxpas.Complètementsoumiseaupouvoirquecelienexercesurmoi.J'approcheencoremonvisagedusienenmemettantsur la pointe des pieds. Je fixemaintenant ses lèvres etmon cœur bat excessivement.Une demesmainscaressesanuquequandlecameramancrie:
-C'estbon,coupez!Magnifique!Ouuaaaaoouuuh!S'enthousiasmet'il.-Bravo!Quellepassionentrevous!Vousêtesdoués!S'exclamesonassistant.Quoi!Jetourned'uncoupleregard,retiremesmainstoutenévitantsoigneusementderegarder
soncorps.Jeredescendssur terred'unseulcoup.Iln'apasbougé, ilnem'apastouchéet j'aifaillil'embrasserputain!
-Onfaitquandmêmeunesecondeprise?Proposelecadreur.-Non!Jetournelestalonsetretournedanslaloge,lesoufflecoupé,lecorpsenfeu.
Chapitre34:Jalousie(partie2)J'ail'impressionquedeuxangescontrôlentmonesprit.Celuiquimeparleàl'oreilledroite,medit
defaireattention,dem'éloignerdelui.Ilmerappelleconstammentquejesuisetqu'ilestmarié.Celuidegauche,n'aaucuneretenueetmesouffledestrucsdinguesquejepourraisfaireavecluisijemelaissaisjustetentée.L'unestmaraison,l'autremacupidité.Jelesdétestetouslesdeux.
Marobeestmaintenantàmespieds.Jemerhabille lentement.Jeneveuxpassortir.Pas toutdesuite.Jem'assiedssurunedeschaisesetmeregardedanslemiroirentouréd'ampoules.
Lemêmedanslequelsecontemplentlesstars.Jenesuispasunestar.Jem'amusejusteàtournerunspotpublicitaireavecmonex.Quandmesparentsverrontcela,ilsnecroirontpasmereconnaîtreetEric...Putain,quelleseralaréactiond'Eric?
J'essuiemonrougeàlèvreaveccequejetrouve.Ildébordesurmesjoues.J'ail'airpathétique.Unestarsesentirait-elleaussidésœuvréequemoi.Quand jesorsde la loge, ilne resteplusqu'Isabelle,Lucieet l'équipede tournagequi range le
matériel.Lesfillesmeregardentl'airsuspicieux.Maisj'avanceversellessansprêterattentionàleurattitude.
-Çavalesfilles?Dis-jecommesiderien.-Oui,letaxinousattend.RépondsimplementLucie.-Ok,j'arrive.Je reconfirme, rapidement avec le cameraman, la date des prochaines prises de vue sur les
falaisesdeMoheretnousquittonslestudio.Nousmontonstouteslestroisàl'arrièreduTaxi.Jevoisbienqu'Isabellenesouhaitepass'asseoir
àcôtédemoi.EllelaisseLuciesemettreaumilieu.J'entamelaconversationrompantainsilesilencequis'estimposédansl'habitaclerestreint.
-Vousavezprévuquelquechosecesoir?Leurdemandé-jesansvraimentêtreintéressée.-Nousallonsprendreunverreavectoutel'équipe,tuveuxvenir?MedemandegentimentLucie.JecroisvoirIsabelleluidonneruncoupdecoude.-Noussortonsmais jedoutequ'Elenan'aitenviedevenir.Répondt-elleàmaplace,surun ton
presquevenimeux.Maispourquiseprendt-elle?Depuisquand,elledécidedecequejeveuxoudoisfaire?Jevais
luifaireravalersalangue.-Pourquoipasfinalement.Jevaisvousaccompagner.Celapourraitbienmedétendre.Isabelle serre les poings et le silence revient dans le véhicule. Je sens qu'elle bouillonne de
l'intérieur.Auboutd'unnombreincalculabledeminutes,Luciereprendlaparole.-Tuconnaissaisdéjà,Fares?Enfin,jeveuxdireavantdefairelapubpour"Voyage"?Isabelletourne,d'unseulcouplatête,visiblementintéresséeparlesujet.-Nousnoussommesconnusilyalongtemps.Maisjenemesouviensplusdelui.Lucienepeuts'empêcherd'ouvrirlabouchepourensortirun"Ohhh!!"etsesyeuxs'écarquillent
d'étonnement.-En fait,monaccident l'a effacédemamémoire.Ajouté-je afinqu'elle change sonexpression
figée.-Jenesauraisdiresic'estunebonneouunemauvaisechose...RéfléchitLucietouthaut.Isabellesortenfindesonmutismeetmeregardedroitdanslesyeux.-Ilmeplait,Elena.J'espèrequetul'ascompris!Melance-t-ellesanspudeuraucune.Jenoteunepointed'agressivitédanssesparoles.Celamechoqueetmelaissesansvoix.Enme
disantcela,ellem'indiquequejeseraisladernièredesgarcessijemarchesursesplates-bandes.End'autrestermes,elleveutmarquerleslimitesentremoietFaresavecungrandpanneau"Pastouche,
c'estlemien".-Elleestmariée,Isabelle.LuilanceLucie.-Etbien,onnediraitpas!Lâche-t-elleenregardantànouveauàtraverslavitre.Sonattitudeestdéplorable.Ellemefaitpitié.-Isabelle!Elletournedoucementsonvisageversmoi,lesyeuxencoreremplisd'animosité.Qu'onsoitd'accord,jen'aipastonâgealorsresteàtaplace!Dis-jed'untonfermeetcatégorique.Elleouvrelabouchepuis lareferme.Putain,unmotdepluset jenerépondsplusdesmotsqui
sortirontdemabouche.Jesensqu'ellese retient.Le faitque jesoissonmanagerdoit ladissuaderd'allerplusloin.Maisqu'ellenesegênepas,saremarquesortducadreprofessionneletjeserairaviequ'ellem'entraînesurceterrain-là.
Lerestedelaroutesepassesansencombremaisdansunsilencepesantettotal.Lesoirvenu,jememaquilleetmecoiffeentirantmescheveuxenarrière,dégageantainsimon
visage, tout en laissant cascader le restedemacheveluredansmondos. J'enfile un leggings taillebasse en simili cuirmat et un haut noir près du corps auxmanches longues. J'enfile des braceletsdorés.J'attrapemesbottesàtalonsenfourrureetmonblouson.Jesuisprête.
Objectifcesoir:S'éclateràlaKaty!Jemeregardeunedernièrefoisdanslemiroiràl'entréedemachambre.Matenueestloind'êtreextravagante.Ellemeressemble.Jedescendsrejoindrelesfillesàlaréceptiondel'hôtel.
Mais le réceptionnistem'informe qu'elles sont déjà parties sansmoi. Nous avions pourtant dit21h30!
Lejeunehommemetendunboutdepapier.Ilyauneadressedessus.J'appelleuntaxi.Siellespensentquecelavam'empêcherdevenir,ellessefourrentledoigtdans
l'œil.Jen'aijamaiseubesoindepersonne.C'est dingue comme la frustration peut transformer les gens. Je suis certaine qu'Isabelle
préféreraitquejepassesousunbusplutôtquejemerendeàcettesoirée.J'entredansleclubdéjànoirdemondeetlamusiquem'éclatelestympans.C'estunendroit très
"Select"maislesgensontl'airdes'amuser.Jelaissemonblousonàl'entrée.Partoutoùjepasse,onmeproposeunverreouonmedemandesijesuisseule.Latechniquede
draguedesIrlandaisnepassentpasparquatrechemins.Jem'assoisdansuncoindelaboiteetj'aperçoisdirectementFares.Ilestaubaretparleavecle
cadreurquisembleavoirlemêmeâgequelui.Isabellerestecollercontrelui.Ondiraitunecall-girlquin'attendquederecevoirsafessée.
Saroberougenecouvrequelespartiesessentiellesdesoncorps.Elleproposesondécolleté,luitouchelesbras,ellesouritcommeuneconneàchaquefoisqu'illaregarde.Ellemedonneenviedevomir.Etplusjebois,plusj'aienviedelatirerenarrièreparsatignassedefeu.
Maislepireesttoutelaribambelledefillesquilebousculentjustepourunseulregard,uneseuleattention.Sansparlerdecellesquilebouffentlittéralementdesyeuxpartoutdanslasalle.
La célibataire "made in Irland" est repérable à 50 mètres. Sans limite d'âge, mini-jupe quirecouvre à peine les fesses, si possible de la couleur la plus flashie, talons compensés, coiffureimpeccable,maquillagesecondepeau.
Ellesboiventleurboissonàlapaillepoursignalerqu'ellessaventseservirdeleurbouche.Certaines semblentêtre, toutdroit, sortiesd'undéfilé.Elles sontgrandeset laplupartbien trop
belles.Ellescherchentuneproiemaispaslaplusfacile.J'aibienvuquiétaitleurciblecesoir.Oui,jesaisceluiqu'ellesconvoitent.Faresestspécial,différentdetouslesblondsàlapeaupale
autour de lui. Il attire l'attention. Il parait sûr de lui, puissant, scandaleux de beauté. Et toutes cesfemmes séduisantes qui le désirentme rendentmalade. Je croismême reconnaître dans le lot une
actriceconnuequis'avanceversluietpousseIsabellepourluiparler.Jevaisdevenirfolle.Fares nem'a pas vu. Il est si populaire etmoi si seule dansmon coin dans lequel jeme terre
depuismonarrivée...Jenevaistoutdemêmepasresterplanterlààleregardersefairedragueroutrageusement.Jeprendsmon3èmeverredeBailey'setleporteàmeslèvres.Putain,jesaisquelestleproblème,
jeboistroplentement!Je faisglissermescheveuxsur lecôté.Je tiresurmon t-shirtetdévoile lebasdemeshanches
jusqu'au-dessusdunombril.Monleggingsesttaillebasse.Moiaussi,jesaisêtresexy.Je marche au milieu de la salle en direction du bar. Les hommes me regardent. Fares parle
toujoursavecl'actricequandjepassedevantlui,attirantsonregardsurmoi.Jecommandeunverredewhisky, juste à sa droite. Ilme fixe comme s'il avait vu un fantôme. Je faismine de ne pas lereconnaitre.
LebarmanmetendmonverrequejeboisculsecenregardantFaresdanslesyeuxpuisjedisaubarman:
-C'estpourlui!Dis-jedemanièreinsolenteenledésignant.Jeluifaisunclind'œil,medétourneetmeplaceaucentredelapistededanse.Et je laisse allermon corps, je lèvemes bras au-dessus dema tête. Jeme fous qu'un Irlandais
dansederrièremoiouqu'unautremesourit.Queplusieurss'approchentetmedévorentdesyeux.Jeveuxoublier l'impressiond'êtreuneintruseici.Jesensunemainsebaladersurmahancheà
moitiédécouverte.Elleestrugueuse.Jelèveleregard,c'estunjeunehommeaussigrandqueFares.Ilseplacedevantmoietnousdansonsensemble.Ilestplutôtbeaugarçon.Cequ'ilmesemblaitdifficileàtrouverdepuisquejesuisarrivéeici.
Ilmeparledansl'oreille.-Tun'espasd'ici.Çasevoit.SonaccentIrlandaisnemegênepas.Jeluisourisjuste.-Tuestrèsbelle.Ilcommenceàcaresserlebasdemesreinsmaisj'enlèvesesmainstoujoursensouriant.Iln'est
pasobligédemetoucher.J'aperçoisunesilhouetteàquelquesmètresderrièrelui,c'estFares.Ilmefixe,adossécontreun
mur,lesbrascroiséssursapoitrine.L'actricetoujoursàsoncôté.Unedouceexcitationdemesinstinctslesplusprimairess'emparedemoi.J'aimeluifairecela.Jeveuxqu'ilneregardequemoi.Jejoueàunjeuetjesuisentraindegagner.Jelevoisdansses
yeuxtroublés.C'estunjeud'échecqu'ilacommencéavecIsabelle.Jecontinuemesmouvements,jeveuxlerendredingue.Aussifouqu'ilmerendfolledejalousie.
Jedanseavecunautremaisc'estluiquejeregarde.C'estdeluidontjeveuxsusciterl'intérêt.L'alcool dessine un sourire surmes lèvres.Nos regards se soudent. Je vois dans ses yeux une
lueurdeplusenplusardenteetdangereuse.Maissoudainilquittesaplace,laissantenplanlasculpturaleactrice.Jen'aiplusenviededanser.Jesorsducercled'hommesquis'étaitforméautourdemoietfonce
endirectiondestoilettes.Jeposemesdeuxmainssurlereborddulavaboetessaiedemerafraîchirenéclaboussantdel'eau
surlehautdemapoitrine.Jenesaispascequejefais.Jenecontrôleplusrien.Matêtetourne,moncorpsestfaibleetiltremble.
J'essaiederassemblermesesprits.Lapièceestéclairéepardefaiblesnéonsdecouleurrouge.Legroupedefillessortdestoilettes.Laporteserefermeétouffantlamusiqueassourdissante.
Quelqu'uns'approche.Uncorpspuissantsepressecontremondosetm'enveloppetouteentière.Jepeuxsentir sescuisses fermes.Sesdeuxmainsseposentàcôtédesmiennessur leplandu lavabo.
J'inhale sondélicieuxparfumavantde lever lesyeuxpournousobserverdans laglaceen facedemoi. Ilest furieux,sesyeuxbrillentdecolèremais lespalpitationsdesoncœurcontremondos letrahissent.Ilressentcequejeressens.Ilsepencheunpeuplussurmoi.Sontorsemusclécontremoi.J'essaiederespirer.
Sa chaleurm'irradie et nous sommes tous deux haletants. Face à nos limites, nos tentations. Ilrapprochesonvisagedemoncouetjerenverselatêteenarrièrecommepourl'autoriseràposerseslèvressurmapeaumaisellesm'effleurent,mecaressent.J'aibesoinqu'ilmetouche,qu'ilm'embrasseplusfort,qu'ilselaisseallerdanslapassionquejelisdanssesyeux.
Ilm'observecommepourdescellermesintentionsoulamoindrehésitation.Oupeut-êtreveut-ilsimplementmerendrefolledefrustration.
Monpouls s'accélère. Je tremble encoremais cette foisd'undésirbrutquimedépasse. Je lèvemonbras,enroulemesdoigtsautourdesanuqueetl'inciteàposerseslèvressurmoisansretenue.Samain se plaque alors surmon ventre et il me serre plus fort contre lui. Ses lèvresme savourentintensément.Uneondedechaleurs'insinueenmoi,jusqu'auxlieuxlesplussecretsdemoncorps.Jem'octroieledroitdelaisserlibrecoursàmesdésirscesoir.
Jesenssonmembredurcirentremesfesses.Celam'exciteplusquederaison.Putain,j'aienviedelui,maintenant.Jemefrotte langoureusementcontre lui touten laissantmatêteallersurson torse,m'offrantàseslèvrespleinesetardentes.Ellesmeprocurentunbieninfinimaiscen'estpasassez.
Jemedemandecequ'ellesmeferaientressentirsurd'autrespartiesdemoncorpsetunemoiteurenvahitimmédiatementlehautdemescuisses.Samainmemaintienttoujoursfermementetélectrisemapeaunue.Puiselledescendetentresousl'élastiquedemaceinture.
Sesdoigtss'arrêtentoùilfautmaisilnelesbougepas.C'esttellementfrustrantquejememordsleslèvresjusqu'ausang.Jenepeuxm'empêcherdefixersonreflet,sesyeuxsombresetenflammés.Chaquemouvement,chaquerespirationallumeunbrasiernousprécipitanttouslesdeuxenenfer.
Sonautremainseplacesurledosdelamienneetsesdoigtss'emmêlentaumien.Illesresserrepourneformerplusqu'unpoingindestructible.Cecontactestplusintimeetdouxquelaviolencedenotredésirbrulant.C'estdanscesmoment-là,queleplaisiretl'excitationprendledessussurlapeurd'êtresurpris.
Jemedemandecequ'ilme ferait, une fois faceà lui.Moi, assise sur le lavabo.Lui, entremesjambes.Carlà,toutdesuite,j'ailasensationd'êtrelafemmelaplusdésiréedumondeetj'aienviedeluiéperdument.
-Combiendeverresas-tubu?Medemande-t-ildansl'oreille,lesoufflecourt.-Assezpouravoirenviedefairecela.Repondis-jeencollantmesfessesencoreplusétroitement
contresonsexedéjàdurci.Jel'entendspousserungrognement.-Elena...Jetournemonvisagepourtrouverseslèvresmaisilnemeleslaissepasprendre.-Nefaispasça.Murmure-t-ilengardantunefaibledistanceentrenosdeuxbouches.Ilnesedégagepaspourautant.Ilseredresseetm'entraineavecluienenroulantnosbrassurmon
corps.Ainsi,ilm'enlacetotalementetilenfouitsonvisagedansmescheveux.-Tumemanques...maispascommeça.Uneondedebienêtremesubmergemaismefaitperdremonsourire.Putain,àcemoment-là,je
pourraistoutfairepourcethomme.-Viens.Medit-il.Une de sesmains est toujours enroulée à lamienne. Je ne le sens plus contremon dos car il
m'entraineàl'extérieurpendantquedesfillesentrentdanslestoilettes,nousfixantmédusées.Ilfaudraitêtreaveuglepournepasvoirlabossequis'estforméesoussonjeanetlesétincelles
dansnosyeux.Putain,ondiraitquel'onab****!
Ilm'entraînetoujoursetnousnousarrêtonsaucentredelapistededanse.Ilmelâchelamain.Jesuisàunmètredelui.Descouplesdansentunslowautourdenous.Sonregardmetransperce.
Ilm'attend.Jem'avancedemoi-mêmeetcolletoutmoncorpscontrelui.Impossiblepourmoidefaireautrement.Sonsoufflebalayemonfront.-Lapremièrefoisquel'onadanséensemble,c'étaitcommeça.Ilmeprend lamainet laposesursoncœur.Je le regarde,captivée. Ilprendmonautrebraset
l'enrouleautourdesoncou.-Tutremblaisdansmesbras,commeaujourd'hui.Souffle-t-il,sabouchecontremescheveux.Ledésirestsoudainremplacéparunsentimentplusprofond,plusdoux,plusvoluptueux.Unbien
êtretotal.Unebulledeverreseformeautourdenous.Nousbougeonslentement.Cemomentestd'uneextrêmeintimitémalgrélemondeautourdenousetd'uneextrêmedouceur.
Jem'aperçoisquemesdoigtsluicaressentdoucementlanuqueetquejen'attendsqu'uneseulechose:Qu'ilm'embrasse.
Maisiln'enfaitrien.Ilmefixeavectendresse,mettantainsitousmessensenémoi.Quandleslowsetermine,ilmedit:-Jeteraccompagne.Dansletaxi,jecontinuedelefixer.Jenecomprendspascequ'ilm'arrive.Jesuisbouleversée.Jeneparlepas.Jenelepeuxpas.Arrivéedevantmachambre,desfrissonsmeparcourent.Est-celapeursoudained'allerplusloin
?Ilmelaissefranchirleseuilmaisrestedevantlaporte.-Tuveuxentrer?Luidemandé-jed'unevoixvibranteetmalassurée.Jesuismoinsàl'aise.Leseffetsdel'alcoolsontredescendusmaisj'aitoujourscebesoinabsolu
delui.Monangededroiteneparleplus,luiaussiestsouslecharme.-Nonmerci,Elena.-Pourquoi?Jesuissurprise.C'estcommesijemedonnaisàluicesoiretilrefuse.-Que tumedésiresme faitdubienmais ceque jeveuxestbienplusqueça.Dit-il d'unevoix
anormalementrauque.Sesyeuxsontmaintenantperdusdanslevague.Ilcontinue.-Elena,beaucoupde fillesmedésirentmais iln'yaque toiquim'asaimécommecela.Tume
demandespourquoi ?Parceque jeveuxque tu éprouvesde l'amourpourmoi etpas seulementdel'envie.
Ilmejetteundernierregardetmabouches'ouvresansqu'aucunsonn'ensorte.Moncœurs'estarrêté.
-Bonnenuit.Jeleregardequitterlepalier.Plusaucunsangesnemeparlent.Ilssonttousdeuxpartisaveclui.
Chapitre35:MétaphysiqueVoilà5joursquejenel'aipasvu.5joursànepenserqu'àlui.J'aidanslatêtetellementdedoute
maiscedontjesuiscertaine,c'estquejel'aidanslapeau.Sonrefusm'atourmentémaiseffectivementm'aider de l'alcool pour accomplir l'acte est déplorable car s'il était entrédansma chambre, il seseraitpassél'inévitable.Jelesais,mafrustrationm'apratiquementtenueéveilléetoutelanuitetlepeuquej'aidormim'arappelélaréalité.
Profite-t-il que je sois amnésiquepourme reconquérir ?Ericpensequ'ilme rejetteradèsqu'ilauraobtenucequ'ilveut...Maiss'ilavaitvoulucegenredechose,n'aurait-ilpasacceptél'invitationavecplaisir?Non,ilveutquejetombeamoureuse...Estcecelalepiège?
Sonattitude,safaçond'être,sonrespectenversmoinepeuventmetromper,àmoinsqu'iljoueunjeu terrible. Mon attirance pour lui est réelle. Cette attraction défie les lois de la nature et de laphysique. Le bien que je ressens quand je suis dans ses bras ne peut être factice.Mais pourrais-jesimplementparlerdesentimentsamoureux...Jenecroispas.
J'aibesoindefairelepoint.Ilm'aquittépourunefemmequ'iln'aimepas,pourunenfantquin'estpaslesien.Etaujourd'hui,ilmedemande,enquelquesorte,dechoisirentreluietmonépoux.Etcequ'ilveutestexactementcequ'iln'apasfaitpourmoi.
Je suis complètement paumée. Dois-je faire ce que me dictent mes envies irrationnellesd'aujourd'huiouécoutermeschoixréfléchisd'hier....
Toutcelameterrorise.Mais quand je vois les images, nos images. Celles tournées en studio. Il n'y a plus de doute
possiblesurnotreattirance.Nousnousvoulonsl'unl'autreardemment.Nousnefaisonsplusqu'un.Cequim'a leplus troublé,n'estpas son regardmais lemien.C'estcommesimesyeux l'appelaientetreflétaientunbesoindelui,intenseetpassionné.Maisestcelal'amour?
Jesuispartieaveclesfillesetl'équipetournerledécorsurlesfalaisesdeMoheretcelaaprisplusdetempsqueprévu.Lesiteestcomplètementàl'ouestdel'Irlandeetpendant2jours, le tempsétaitexécrable.
Nous voulions une vue qui symbolisait la liberté. La liberté de toucher du doigt son fantasmecommelesrêvesnousypermettent.Luiadmirantlepaysage,elles'autorisantàavancerversluietàfaire ce qu'elle veut.Dans un endroit désert, beau, au-dessus de tout, puissant comme le sentimentqu'elleressentquandelleletoucheenfin.Etluiselaissantfaire,laregardantsimplement.
Isabellenem'apas,uneseulefois,adressélaparole.Elleexécutaitmesordressansbroncher.Jecroisquelascèneduclubneluiapaséchappéettantmieux.Jenesuispasjalousemaisjene
veuxplusqu'elleletouche.Enfait,jenelesupporteraiplus.Encoreunefois,s'agitild'unsentimentégoïsteliéàdel'amour?
Ilya t'ilun sensà tout cela, finalement.A l'amourque jedevrais éprouverpourmonmariouceluiquemedemandeFaresalorsmêmequej'essaiedetrouverunsensàmavie.
De retour à l'hôtel de Dublin, j'ai surpris une conversation entre le manager de Fares et lecameramanlorsdupetitdéjeuner.Lecombatquialieuici,cesoir,seradifficileetimpitoyable.
L'adversaireestconnupoursaviolencetoutcommel'estFares.Ils'entraînetouslesjourssansrépit.Ilselèvetôtetrentretard.Jenel'aipascroiséuneseulefois.J'avaispourtantbesoindelevoir.Deluiparler.Deluidirequejen'étaispasdésoléepournotre
dernièresoirée.Non,jenesuispasdésoléed'avoirressentidel'envie.Ilfallaitaussiquejeluidisequejeluienétaisreconnaissanted'avoiragidecettemanière.
Careffectivement,j'avaiseuenviedeluicommejamaismaisleplusfouestquej'auraisvouluqu'ilmesertsimplementdanssesbras.Qu'ilmerassure.
Ilmedemandedel'aimer.Maism'aimet'iltoutsimplement?
C'est donc ce soir que Fares combat. Il s'agit de la demi-finale. S'il gagne ce match, il serafinalistedeschampionnatsdumondequiauralieudanslagrandesalleMGMGrand,àLasVegas,lasemaineprochaine.
Jenesaispaspourquoimaisjemesensmal.Jenetrouvepaslesommeil.J'aipeurpourlui.Cetteangoisseestnouvelleetjecroismêmedevenirfolle.JezappesurtoutesleschainesTVdans
machambred'hôteletquandjelatrouveenfin,jem'aperçoisqu'elleestcryptée.Il est déjàminuit passé quand je décide de descendre prendre un bain nocturne dans la piscine
couvertedel'hôtelpourmecalmer.J'enfilemonmaillotdebaindeuxpiècesnoiretmonpeignoirpardessus.
Lescouloirssontdésertsetj'arrivetantbienquemalàtrouverl'entréedelapiscine.Unpanneauindique:"Réservé"
Jel'ignoreetpasseladoubleporte.Jedécidedenepasallumerleslumièrespournepasattirerl'attention.Lesveilleusesferontl'affaire.Lesolestfroid,l'eaus'évaporeaudessusdubassin.
Jeremarquequelapiscineestcouvertepardegrandesvitresau-dessusdemoi.J'enlèveetposedélicatementmonpeignoirsurundesbancs.C'estsilencieuxetpaisible.Lasurfacedel'eauestsansvagueetleplafondvitrésireflètenettement.
Lapiscinen'apasl'air trèsprofonde.Jem'humidifie lanuqueetentrepar l'échelle.Jedescendsdoucement. L'eau est incroyablement chaude et cela me détends aussitôt. Je nage un crawl lent etj'arrivedoucementàévacuerlestress.
Après plusieurs longueurs, jem'arrête au centre du bassin et je fais la planche.Mais un faiblebruitattiremonattention.
Jemeredresseetj'aperçoisunhommedansl'eausurl'undescôtésdubassin.Jemefigepresqueencontenantmarespiration.
Jecroispercevoirdestraitsfamilierssansenêtrevraimentsûre.Est-ceFares?Non,cen'estpaslui.L'hommesetientcontrelebordenseretenantavecsesdeuxbrastendus.Ilestfaceàmoitelun
prédateurexaminantsaproie.Ilmeregardemaisjenevoispassesyeux.Jebougeplusvitelesbrasessayantdememainteniràlasurface.Uneangoissem'envahitpeuàpeu.
Jecroitqu'ilmefixeetjeperdsmonsangfroidquandils'enfoncedoucementdansl'eaujusqu'àce que je ne le vois plus. Je prends un coup de panique et nage frénétiquement dans la directionopposée,enregardantdansl'eauautourdemoi.Bordelmaisoùest-il!?Jecrie.
Quandsoudain,l'hommeémergejustedevantmoi.Lescheveuxébouriffésqu'ilrejette,d'ungeste,enarrière.Ilmesouritdetoutessesdents.Fares.
-Salut!Melance-t-ild'unairjoyeux.Putain, jesuis tellementsurprisequejecroisquejevaiscouler.Jem'accrocheàsesépaulesun
instantcommeàunebouée.-Tuesdingue!!!M'exclamé-jeauborddelacrisecardiaque.-Jet'aifaitpeur?Demandet-ilréellementsoucieux.-Sansblague!-Désolé.Dit-ilpenaudensefrottantlanuque.Quandilestcommecela, il faitdrôlementsonâge.Sesyeuxbrillentaussidebonheur. Ila l'air
heureux.Aurait-ilgagnélecombat?-Tuasgagné?Réussisjeàarticulercomplètementessoufflée.Jelaissemonpoulsredescendredoucement.-Oui.J'aigagné.Répondt-ilavecungrandsourire.Toutcequim'importeestqu'ilvabien.Mais...Iln'apasl'aird'allerbiendutout!-Tuescertaind'avoirgagné?Lâchéje,suspicieuse.
Sonarcadeestgonfléeetilaunsacréœilaubeurrenoir.Ilseraimpossiblepournousdetournerquoi que ce soit avec une tête pareille, avant aumoins une semaine.Carmême avec les talents denotremaquilleuse, ellen'arriverapas à cacher laprofondecoupure sur lehautde sa joue.C'est lapremièrefoisquejelevoisaussiamoché.Faresamoché!
Meslèvress'étirent,dansleurcoinleplusexterne,d'ellesmêmes.Jecommenceàrireenmettantmamaindevantlabouche.Salèvreinférieureadoublédevolumeetellen'avaitpasvraimentbesoindecela.
Mevoyantrire,ilsouritencore.Enfinplusoumoins,autantquesonhématomeleluipermetetjerisdeplusbelle.Cettefois,onvoitvraimentqu'ilaétémarquéparuncombatdeboxe.Jemelaisse,malgrémoi,entraînerparunfourireirrésistible.
-Qu'estcequitefaitrire?Medemande-t-ilsurpris.-Tuasvutatête!Putain,Fares,tuneressemblesàrien!Faresamochéestdel'antagonismeextrême.Etjerigoleencoreettellementquejen'aipluslaforcedememainteniràlasurface.Jemenoie
presque.J'enpeuxplus.NonmaisFares!-C'étaituncombatdifficile.Sejustifiet'ilentouchantlebleusursamâchoire.Maisjecontinueetplusjeleregarde,pluslefouriregrandit.Ilmeregardefaire,latêtepenchée
surlecôté.C'esttrop,jevaisfairepipidanslapiscine,c'estcertain!Ilsortundesesbrasdel'eauetjevoissamainpasserau-dessusdematête.
Ilplaceunseuldoigtsurlesommetdemoncrane,lesourireencoin.Etjem'arrêtederire.-Qu'est-cequetufais?Luidemandé-je,soudainintriguée,mesyeuxencoreremplisdelarmes.Ilappuiedessusetjesombresouslasurface.Putain,l'enfoiré!Sous l'eau, je vois défiler son corps musclé et je crois que je vais avaler la tasse. Je troque
l'expression de surprise par un air amateur et j'apprécie ce qu'il y a devantmoi.Mais il retire lapressionrapidement.
Quandjeremonteàlasurface,jereprendsmonsouffleetjen'aiqu'uneseuleidée:mevenger.-Vengeance!!Crié-je.J'agrippesapeauetappuiedetoutemesforcessursesépaulesmaisriennesepasse.Ilsemetà
rire.J'essaiealorsuneautretechniquequiconsisteàappuyerdetoutmonpoidssursatêtemaisilnebougepas.
-J'aipied,Elena.Dit-il,toujoursenriant.-Ahbon?Sonrireestbon,chaudetrauqueàlafois.Ilmefaitcraquer.J'essaiemoiaussidesentirlesolde
la pointe des piedsmais l'eau arrive, rapidement, au-dessus demes yeux. Il m'énerve d'être aussigrand!!
Jesoufflepourmecalmerdetousseseffortsinutiles.Sicelacontinue,jenevaispaspouvoirmegarderlongtempsàlasurface.Ilmefixe.
-Qu'estcequ'ilya?-Pourquoitueslààcetteheure?Medemandet-il.-Jen'arrivaispasàdormir...Jecontinueplusbas,l'airembarrassée.-...Enfait,j'étaisinquiète.-Pourquoi?Jefixesonrefletdansl'eauetrépondsdoucement.-Jem'inquiétaispourtoi.J'hésitemais finalement je le regardepour jauger sa réaction.Mêmeavec sonarcadeenflée, il
arriveàtransmettreuneémotion.Celled'unhommeheureux.Sonœiletdemipétillent.
- Il ne fallait pas. J'ai eu quelques difficultés à gagner cematch. Je l'avoue... Je n'étais pas trèsconcentré.Dit-il,l'airsoudaintroublé.
Son regard est appuyé et je ne peux m'empêcher de rougir. Voilà, il y a 5 jours, nous noussautionsdessussauvagementetmaintenantnousparaissonspresquegênés.
-Tun'aspaspeuravantdecombattre?Demandé-je,presséededétendrel'atmosphère.-Sitoujours.C'estpourquoij'aibesoind'êtreseulavantchaquematch.J'aibesoindecalmepour
contrôlercettepeur.-Tun'arrêterasjamaislaboxe?-Celuidelasemaineprochaineseramonderniercombat.-Etaprès?-Après,jenesaispas.Celadépendradetoi.-Pourquoidemoi?-Çadépendrasitudécidesd'êtreavecmoioupas.Un long frissonme donne immédiatement la chair de poule. Je tourne la tête échappant à son
regardintenseetdéstabilisant.Ilestdirectetmontresesintentions.Ilal'airsûrdelui.Ilmeconnait.Moipasassez.
-Fares,jevoulaistedirepourl'autresoir...Commencé-jedoucement.-Laisse,jecomprends.-Jecroisquenous...Ilnem'écoutepasetcommenceàs'éloignerdemoi.-Attends-moi,jereviens.Dit-ill'aircoquin.En quelques brasses, il est déjà au bord du bassin.Quand il sort de la piscine agilement, l'eau
ruisselledesonlongshortdebain.J'enailesoufflecoupé.Lesmusclesdesondosroulentsoussapeaulissependantqu'ilmarche.
Jedétesteleshommestropcharpenté,maislui,n'estpasformécommeunebodybuilder.Ilestfinetsesmusclessontsecscommeceluid'unnageur.Ilauncorpshaléetmagnifique.
Captivéeparcettevisionderêve,jecroisquejevaismelaissercouleraufond.Ilsetoucherapidementunedesescôtesdegaucheeninspirantcommesielleluifaisaitmal.J'aperçoisquelquesbleusparseméssursapeaumateetunecicatricesursonflanc.J'aimeàl'idée
qu'ilarrêtedeboxer.Jen'aimepaslevoiraussiamoché.Pasparcequejeletrouvemoinsbeau,carill'estmalgrétousseshématomes.Maisparcequej'aidumalàlevoirsouffrir.
Il se dirige vers la sortie et je crois qu'il va partirmais il appuie sur l'un des interrupteurs ducompteurprèsdelaporte.
Toutes les veilleuses s'éteignent et seuls des spots immergés sous l'eau changent doucement decouleurauxnuancesd'unarcenciel.
Farescourtathlétiquementetplongedanslapiscine.-C'estcoolnon?Melancet'ildumilieudubassin,unefoisàlasurface.Jenagepourlerejoindre.L'atmosphèreestlégère.Elleestplusdouce,plussereine.Jemesensbienaveclui.-J'adore...Murmuré-jequandj'arriveàsescôtés.Illèvelatêteetjel'imite.Leslumièressonttellementdoucesquel'onpeutadmirerlecielquiest
maintenant parsemé d'étoiles.Quelques flocons de neige viennent s'éteindre sur le verre humide àl'extérieur. Nous restons silencieux, savourant cet instant. Lui, ne bougeant pas et moi nageantlégèrement.Jebaissemonregardsurlui.
-Tun'asriendecassé?Dis-jeentouchantlebleusurlehautdesajoue.Ilcontinueàregarderaudessusdelui.-Non,jesaiscommentencaisserlescoups.Répondt-ilengrimaçantàlapressiondemesdoigts.
-Hum,çasevoit...J'aideplusenplusdemalàmegarderàlasurfacedel'eau.Jesuisépuisée.Fareslevoitetmeprendlesdeuxmainsqu'ilaccrocheàsesépaules.Jefrisonne.Moncorpsest
attiréparluiparuneforceaquatiqueinexplicableetjedoisencoreremuerdesjambespourempêchercecontactplusintime.
Puissonregardsesoudeaumien.Jenebougeplus.Tellementhypnotiséequejelaissemoncorpsallerjusqu'àletoucherentièrement.Monventrecontresonventre,meshanchescontrelessiennes.Jeretiensmonsouffle.
Jesenstoutàtraversletissufindenosmaillots,absolumenttout.C'esttrop!Jesuffoque.-Jesuisdésolée,je...J'essaiedelelâchermaissesmainsseposentsurmataille.Jenerespireplus.-Onnefaitriendemal.Dit-ilrapidement.Ilmerepousseunpeupourgarderunedistanceraisonnable.Sesgrandesmainsentourentpresque
entièrementmataille.Jesensunechaleuraufonddemoi.Elleremontejusqu'àmesjoues.-Jetelâche,regarde.Il récupèremesdeuxmains et se tournede façonà ceque jeme retrouvedans sondos. Il fait
glissermesbrasautourdesoncoumaiscette sensationdemapoitrinecolléecontresondos rested'une intimité incroyable.Nosdeuxpeauxnues collées, l'une contre l'autre,me fait chavirer. Il estchaudetdoux.Jen'arriveplusàparler.Majouetouchantpresquelasienne.
Nousregardonsdanslamêmedirection.Noussommesvraimentproches.Jepousseunprofondsoupir.Etreprèsdelui,commecela,me
faitunbienfou.-Monpetitsinge...Souffle-t-il.Monpetitsinge?M'at-ildéjàappeléainsi?Entoutcas,uneétrangesensationm'envahit.Matête
tourne et me fait fermer les yeux. J'ai comme un flash, une image de nous mais elle repartinstantanément.Impossiblederevenirdessus.Jesecouelatête.
-Cava?Medemandet-il.-Oui.Soufflé-jefaiblement.Enfin,pasvraiment.Cettevisionm'atroubléetj'aidumalàreprendremesesprits.Ilsemetànagerdoucementenparcourantlebassin.Etauboutdequelquessecondes,jemelaisse
délicieusement emporter par ses longues brasses qui me bercent. Je me repose totalement et j'ail'impressionuniqueden'avoirbesoinderien.
Maisaprèsplusieurslongueurs,ilrejointleborddelapiscine.-J'aibesoindedormir,Elena.Je regrettequenotredoux rendezvous improvisé s'achèvedéjà. Je le lâcheàcontrecœuret il
m'aideàm'asseoirsurleborddubassin.Jesuisassisedevantlui.-C'estmonderniermatchlasemaineprochaineetj'aimeraiquetusoislà.Murmuret-il.Jepourraisdirenonmaisj'enaienvie.S'ils'agitdesonderniermatch,jeveuxêtreprésente.-Jevienssi tuessaies,cettefoisci,demoinstefaireamocher.Dis-jepourletaquiner.Maisau
fonddemoi,jesuisextrêmementsérieuse.-Jedoutepouvoirtenircettepromesse.C'estunefinale,chacundenousvoudralagagnercoûte
que coûte. Etmon adversaire veut sa revanche.Mais si tu es là, je suis certain que ce seramoinspénible.
Jeluisourisavecdouceur.J'ail'impressionqu'ilabesoindemoietçamebouleverse.Moncœursegonfledebonheur.
Ilmeregardeprofondémentetjemeperds.J'aisoudainenviequ'ilmeprennedanssesbras.Enfait,j'enaitellementenviequemapeaupicotedepartoutréclamantsonétreinte.
-Serais-tuentraindem'aimer,Elena?Medemandet'ild'unevoixgrave.Jemeressaisie.-Jenesaispas,je...Ilsouritetjem'arrêtepourluidemander:-Pourquoitusouris?-Nepassavoirestmieuxquepasdutout.Etpuis,j'ail'impressiondeteplairemêmeavecunetête
commecelle-là.Cequ'ilnesaitpasestquelabeautédesonauraexcelleetsurpassesabeautéextérieure.-Fares,tuesbeau,c'estindéniableetpourêtrefranche,tum'attiresmêmeaveccettetêtelà,oui...Jeregardesurlecôté.-...Maissoyonshonnêtesquitomberaitamoureuxaussivite?-Nous.Répond-t-ilsansattendre.Je le regarde à nouveau. Il a cet air sérieux que j'aime tant.Celui qui bouscule et remplace la
tendresseparlapassion.- Mais Fares, je suis mariée et toi aussi. Je ne me souviens de rien et ça me terrifie. Dis-je
sincèrement,leslarmesmemontantauxyeux.-Oui,tuesmariéemaiscen'estpasunhommepourtoi.-Pourquoitudiscela?Demandé-jeréellementsurpriseparl'assurancedesespropos.Ilsortdel'eauets'assitprèsmoi.-Jeteparledecelacarjamaistunepenseraisàmeposerlaquestion.Lesoirdetonaccident.Je
voulaisteparleretjesuispassétevoircheztoi.Nousavionsrecollélesmorceauxunesemaineavanttonaccident.Nousavonspassédeuxjoursfabuleux....Ilsoupire...Bref,ensortantdemavoiture,j'aientenduquelquechose tomberdans l'eau.Quand jesuisarrivédevant lapiscine,Ericse tenait figédevant.Encoreaujourd'hui,jenecomprendspaspourquoiiln'apasbougé.Pourquoiiln'apassautédansl'eaupourtesecourir.J'aiplongésansréfléchiretjet'aisauvé,Elena.Paslui.Iladûtementir,non?
Jecroisressentiruneviolentenauséeetunfrissonglacialmetraverselescôtes.Jereculesurlesolgelé.
-Tumens!Dis-je,horrifiée.-Non,jenemenspas.Quandjet'aisortidel'eau, toncœurnebattaitdéjàplus.Ilfautquetute
souviennes.Elena,regarde-moi.C'estimportantquetuterappellesdecequ'ils'estpassécesoir-là.Mamainseplacedevantmaboucheetmesyeuxseperdentdanslenéant.Jefaisnondelatête,
complètementeffarée.Mesdoigtssecrispent.Jemelèveetluienmêmetemps.-Jenesaisplus...Jenecomprendspas...-Doucement.Calmetoi,Elena.Jecomprendsquecelat'effraie.Ils'approchedemoimaisjereculeinstinctivement.-ExcusemoiFares,j'aibesoind'êtreseule.Jelecontournemaisilmeprendlamaintremblante.-Elena.Situasbesoin,jesuislà.D'accord?Ilsondemonregardintensémentetcontinue.-Rassuresmoi,tunevaspasprendredemédicament?Jetrembleencore.-Non,jecroisqueçaira.J'enaiplusdetoutemanière.Jelibèremamaindoucementetmarcheendirectiondemesaffaires.
Jelesrécupèreetavantdepasserlaporte,jeluijetteundernierregard.Ilalatêtebaisséemaisrelèveaumêmeinstantlesyeux.Ilnesedoutepasquesarévélationneme
pousse aucunementdans sesbras.Elleme terrifie.Car c'est certain, l'undesdeux,Eric ou lui,mement.Etjesuisincapablededirelequel.
Chapitre36:UneautrehistoireQuand j'arriveà l'aéroport, je rejoinsnotrepetitgroupe.J'aihâtedequitter l'Irlande,pasparce
que je n'aime pas le pays et ses autochtonesmais parce que la révélation de Fares a assombri cepaysage.
Jemesuisenferméedansmachambreplusieursjours.Pleurantparfoisourestantdesheuressurmonlitlesjambescroiséessansbouger.Essayantdemerappeler.
J'aiessayéde toutesmes forcesde retrouveruneoncedesouvenir,utilisantdesstratagèmesauhasard.Commeme taper la tête, avec la paumedemesmains ou encore regarder, en alternant, laphotod'Eric surmonportable et l'arrêt sur imagedeFarespuisutiliser le lavabocommeoutil denoyade.Techniqueimparfaitementéprouvéequoiquejustementappropriéepourrésoudrecemystère.Dugrandn'importequoienfait!
C'estcommechercherquelquechosedansunespacevide.J'aifaitunrêve,danslequel,jevoyaisEricdansnotremaison.Monpèreluipassantlebrasautour
desesépaulescommeàsonproprefils.Mamèremesouriant,tenantunbébédanssesbras,fièredela vie que jeme suis construite. Et puis, je voyais Fares, seul dans une pièce blanche et vide,metendantlamain.Qu'estcequecelaestcensésignifier?
Toutel'équipeestinstalléesurlesfauteuilsrigidesàattendrel'appelpourembarquer.Lucieparleavecl'assistantducameraman.Elleal'aircomplètementsouslecharmedeceblondauvisagerondetjuvénile. Il lui sourit, elle rougit, c'est commecelaquecommencent leshistoiresd'amour.Onvoitclairementlaréciprocitédessentiments.Illaregardecommeunbijourare.
IsabelleestenfacedeFaresmaisneluiparlepas.Ellelefixeavecinsistance,voulantàtoutprixattirersonattention.Ellesepasselamaindanslescheveuxunedizainedefoisparminuteetremetdurougeàlèvrevifmaiselles'épuisepourrien,ilnelaregardepas.Ilnel'écoutepaspourlabonneetsimpleraison,qu'ilasesécouteursdanslesoreilles.
Ilestassislesmainsjointesentrelesjambesetlatêtebaissée.Ilporteunbonnetjusteaudessusdesyeux,unt-shirtbleunuitauxmanchesretrousséesetunemontreénormeàsonpoignet.Iltapedupiedlégèrementetjevoisseslèvresbougercommes'ilfredonnaitlamusiquequ'ilécoute.
Jerestedebout,lesbrascroisés,lefixantmalgrémoi.Les vibrations de mon téléphone n'arrêtent pas. Evidemment, Eric me harcèle car cela fait
quelquesjoursquejenerépondsplus.Enfait,jelefuis.J'aitransformélasonnerieenvibreurdepuisunmoment.
Jepousseunsoupiretsorsleportabledemonsac.Jeregardelaphotodefondd'écran,cellequ'ilamisavantmondépart.Lasienne.
-Allô.-Enfin,turépondsbordel!Tufaisquoi?CrieEricàl'autreboutdufil.Je m'éloigne un peu et m'appuie contre la balustrade. Je distingue les étages en dessous, les
boutiques,lesattentistesetlesgenspressés.-Jesuisàl'aéroport.NousattendonsnotreavionpourLasVegas.-Pourrais-jesavoirpourquoitunerépondspas?Iladûmalàcontenirsacolère.-Jenepouvaisp...-Tutefousdemagueule!Pousset'ild'unevoixforteetaiguë.Jepourraispenserqu'ilparlecommeunhommeblessémaissafaçond'êtren'estpasdésespérée,
maisdureetdominante.-Eric,putain!J'aicriéunpeutropfort.Touslesregardsconvergentversmoi,ycomprisceluideFares.-Ericcalmetoi.Dis-jeplusbas,embarrassée.
-Tuveuxque jemecalmealorsqueçafait3putainsde joursque jen'arrivepasà joindremafemme.Pasderéponseauxmessages,rien!Tucroisquejevaislaisserpasserça!Savoixestempliederage.
Ilcroitpeutêtreavoirunespècedepouvoirsupérieurmaritalquil'autoriseàmecrierdessus.Jesuisloind'êtreunefemmeasservie.Onditdevoirprêterobéissanceàsonépouxouuntrucdu
genremaisputainjem'entapedecequej'aipudire,unjour,devantlecurécarjenem'ensouviensmêmepas.Jenel'écouteplus.Jeprendsunegrandeinspirationetjemelance.
-Est-cetoiquim'assortidel'eau?Ils'arrêtedebrailler.-...Quoi?-Tum'asbiencomprise.Lejourdemonaccident,est-cetoiquim'assauvélavie.Ilseraclelagorgeetsesmotssortentavecdifficulté.-Bien...Biensûrqueoui.Tuveuxquecesoitquiputain?-Fares.Ilbafouille.-Fa..Fa...-Oui,Faresm'aditquec'étaitlui,pastoi.Qu'ilétaitsurplacequandcelaestarrivé.Quetun'as
pasbougé.Quetumeregardaisaufonddel'eau.-Attends,quandestcequ'ilt'aditcela?Dit-ilenreprenantvisiblementconfiance.Jememordslalèvreinférieuremaisjenevaispasluimentir.-Ilestavecnous.-Commentcelaavecvous?-Eric,jet'aiditquejedevaistournerunspotpublicitairepourHermèsetbien...lastar,c'estlui.-Attends,c'estmaintenantquetumedisuntrucpareil!?Putain,Elena,rentreimmédiatement!Jerêveouc'estunordre.Jenesuispluslafemmequ'ilaconnuetsijefus,unjour,legenreàlui
laissermeparler commecelaparamour,pour legarderoupourn'importequelleautre raisonouconneriedefemmesoumise,jemefélicited'avoirperdulamémoire.
-Tuplaisantes,j'espère?Demandé-jeaussicalmementqu'ilm'estpossible.-Jenevaispastelediredixfois!Turentresàlamaison,bordel!Sifflet-il.Sontonestmenaçantetpeut-êtreplusquecela,ilmeglacelesang.-Non,jenerentrepas.Jetravaille....-TUTRAVAILLES!!!!TUTRAVAILLESAVECTONEX!Jesuistonmariettuvasrentrertout
desuite!Tuvasenfincomprendrecequecelaveutdired'êtrelafemmedequelqu'un...Jenel'écouteplus.Mesmainstremblentetjesuisprisedefrissonsintenses.J'aimalàlatêted'un
coup. J'ai l'impression d'avoir déjà entendu ses mots sortir de sa bouche. Un déjà vécu au coursd'autrescirconstances.Jecroisressentirunmalaisequis'accentuesecondeaprèssecondecommeuncompteàreboursdansl'attentedequelquechosedeplusterrible.Commesicetteconversationétaitdevenuelaplusdureetdouloureusedetoutemavie.
Je ressens comme une main se resserrer autour de mon cou, elle m'étouffe et une douleurphysique insupportable comme de grands coups dans l'estomac. Chaque mot qu'il prononce mebasculedansuneautrevieetputain,çanepeutpasêtrelamienne.
-...POURQUOITUNEPARLESPAS!VOUSAVEZDÉJÀBAISEENSEMBLE,C'ESTCA!?TUESUNEGROSSESALOPE!!Hurlet-il.
Jeplacemonbrassurlarambardeetposemonfrontdessus.Jesuispratiquementpliéeendeux.Pasdecrise,pasdeconvulsion,pasmaintenant,monDieu.Çafaitplusd'unesemainequej'arriveàmecontrôler.Maiscellelaestgrandissanteetcourtàtraversmesveinesàunevitessefulgurante.
-Ré...Répondsàmaquestion,Eric?Dis-jedifficilementen retenant labilequimemonteà la
gorge.-Putain,c'estmoiquit'aisauvé!Etc'estcommecelaquetumeremercies.Tujouesladernière
desputesencouchantavectonexderrièreledosdetonmari.Situveuxtoutsavoir,oui,ilétaitlà,maisc'estpeut-êtreluiquit'afoutudansl'eau!Tum'astrompéavecluipuistum'aschoisi!Tuvenaisdeluidirequetulequittais.Crimepassionnel,çateparle?!Putain,maistuesladernièredesconnes,cen'estpaspossible!
Je tourne le regardversFares, ilmefixe.Nonpas lui,pitié. Ilnepeutpasavoir faitcela.Mondieu,s'ilvousplait,faitesqu'iln'apasessayédemetuer.
L'horreurdoitseliredansmesyeuxcarjelevoisfroncerlessourcils.Jemedétourne.Mesdoigtssecrispentautourdutéléphone.Jen'écouteplusEriccriercommeundégénéré.
Jeressensunepeurpaniquem'envahir.Unecrise.Là,aumilieudetoutlemonde,ellearrive.Non,elleestdéjàlàetjenepeuxplusluiéchapper.Ellevaéclaterdevantmonéquipeetcellelà,
seraimpossibleàcontrôler.Mesjambesmelâchent,jemeretiensàlarambardeetletéléphonetombeàl'étageinférieur,lescrisd'Ericl'accompagnant.Jesensunemultitudedepairesd'yeuxsurmoi.
C'est fichu. Je peux dire adieu àma carrière, àmes ambitions. Car quand je vaismemettre àhurler,pluspersonnenepourramereconnaître.
Amoins de choisir la facilité, d'utiliser mes dernières forces, mes dernières ressources et desauter.DireAdieuàtout.Atoutcedésordredansmatête.DireAdieuàcettevietropcompliquée.Etenfinnepluschercheràcomprendrecequ'ilnevapaschezmoiouchezlesautres.Carputain,toutestpartàvau-l'eau.
-Viens.Unemainpuissantemesaisitlebras,jemeretiensdecrier.Pourtant,c'estcequejevaisfairedans
paslongtempssionnemelâchepas.Jevois levisagedesgensdéfilerdevantmoi.Mesjambesnebougentpresquepasetj'aisoudainl'impressiondeneplustoucherterre.
Uneportes'ouvrepuissereferme.Jevoisuncoinsombredanslapetitepièceàpeineéclairée.J'aibesoin dem'y réfugier pour laisser sortir cemal qui est dansma gorge. Celui installé dansmonventrequimepossède.Jemedébatsetonmelâcheenfin.Jem'effondreetjesuisàgenouxcommeunpantinauxmembresdisloqués.Putain,jenepeuxdéjàplusbouger.
Jenevaispaspouvoirrejoindremonsemblantderefuge.Lecoin.Jepleure,monvisageentremesmainsfigées.J'enpeuxplus.C'esttropdifficile.-Elena...Jefermepuissammentlesyeux.Jesensqu'ilm'attrapesouslesbrasetjeglissesurlesol.-La...chemoi!Ils'estassiscontrelemur,ilmetireunpeuplusetmeplaceentresesjambes.Jerésistemaisma
têteseposecontresontorse.Ilramènemesjambessurmoi,croisemesmainssurmapoitrineetsesbrasm'entourentcomplètement.Jesuisenpositionfœtalcontrelui.Ilafabriquéavecsoncorpsuneprotection.Suisjedevenuefollepourlelaisserfaire?S'ilestunprédateur...Sic'estvraimentlecas,pourquoijesuissibiendanssesbras?Souffraisje,toutsimplement,d'undesétatsdusyndromedeStockholm?
Ilmebercedoucement.Sonparfummecalmeincompréhensiblement,sachaleurm'envahitpeuàpeucommesisoncorpstoutentierétaitlaréponseàmoninstinctdesurvit.
-Çavaaller,d'accord.Murmuret'ildoucement.Samainmecaresse les cheveux. Je sens sabouche frôlermon front. Je collema joue sur son
cœur et jeme concentre sur ses battements rapides. Aussi étrange que cela puisse paraître, jemedétendsperceptiblement.Marespirationredevientpresquenormaleauboutdequelquesminutes.Mesmainsviennentseplacersurson t-shirt tropfinet jeserre,de toutesmes forces, le tissudansmespoings.
Jelèvemonvisagetoujoursenlarmesverslui.Jecherchelavéritédanssesyeux.Ilpeutmedirecequ'ilveux,jelecroirais,j'aibesoindelecroire.Decroireenquelqu'un.
-As-tuessayédemetuer,Fares?Mesyeuxluiréclamelapitiédesesmots.Jeneveuxpasqu'ilhurle,jeneveuxpasqu'ilsemette
encolèrecommeEric.Jenelesupporteraipas.-C'estcequ'ilt'adit?-Juremoiquetun'aspasfaitça.Faress'ilteplaît.Jurelemoi.Meslarmesnecessentdecouler.Sesyeuxnoirsmefixentavecattentionetpeinemêlés.-Jetelejure.Pourquoivoudrais-jequeturetrouveslamémoireElenasijet'avaisfaitdumal?Jet'aisauvé.Tucomprends?Tetuerpourtesauvern'aaucunsens.-Ilditquec'estluiquim'asauvé.-Ilment.Répondt-ilcalmement.-Ilm'aditquenousavonseuuneliaisonmaisquejet'aiquitté.Ilsoupire,jesensqueçaleblesse.-Oui.Lesoirdetonaccident.Maistum'asquittéenpleurantdansmesbras.Elena,j'aivécuplus
d'unanavec toiet je teconnais.Tuavaisaussimalquemoi.Quelquechosen'allaitpas. J'aivoulum'assurer que tu faisais le bon choix avec lui. Te poser une seule question. Est ce qu'il te rendaitheureuse?Voilàpourquoijesuisvenu,jevoulaissavoirsituallaisbien.
-Fares...
Chapitre37:Uneautrehistoire(partie2)Sonregardsevoiledetristesse.-Ecoute, si tumedemandesdepartir. Jepartirai et tu comprendrasque je suis incapablede te
fairedumal.Jesaisquetoutjouecontremoi.Tun'asaucunsouvenir,tuesmariéàunautre.Maispeuxturessentirmoncœurcommeilbatquandtuescontremoi.Peuxtusentir,àquelpoint,
c'estfort.Situressenslamêmechosequemoi,c'estquetoutn'apasdisparu.Tulesaisaufonddetoi.Non?
Il me supplie du regard. C'est vrai pourquoi suis-je bien avec lui s'il est dangereux. Monsubconscientdevraitreconnaîtreledanger.EtFaresnepeut-êtreceluiquimefaitdumal.Ilcontinuelavoixchargéed'émotion.
- Je me souviens de tout, de notre premier baisé, la première fois que l'on a fait l'amour. Jepourraispasserdesheuresà te rappeler toutceque l'onapartagéensemblemais jeveuxque tu teremémores tout cela carmême si c'était dur parfois, si tout n'était pas parfait, c'était aussi beau etfantastique.Etrienquepourcela,jedonneraistoutcequej'aipourquetuterappelles.
Ilal'airsisincère.J'essuieleslarmessurmonvisage.-Etsicertaineschosesdifficilesmereviennent....Etsijeprenaismesrêvesoumescauchemars
pourlaréalité,commentpourrais-jedistinguerlefauxduvrai?Dis-jeaveccrainte.-Jenesaispas,letempst'aidera.Ilouvremamainencoreaccrochéeàsonvêtementetlaposeàplatcontresapoitrine.-Tupeuxsentirlesmilliersdepulsations,chaquebattementparcequeça,c'estréel.C'estceque
j'éprouvepourtoi.Tuestoutcequej'aiconnudebon.Jeveuxquetuaillesmieuxetjamais,jeneteferaidemal.Tumecrois?
Jelesensprofondémentblessé.Sesyeuxbrillentdetristesseetmoncœurseserre.Nosregardssonttoujoursrivésquandnousentendonsl'annoncedenotredépart.Ilsoupire.
-Çavaaller?Mesoufflet'il.Jebougelatêtecommepourdireoui.Ilmerepoussedoucement.-Jevaisleurdirequetuarrives.Prendstontemps.Tuasencorequelquesminutes.Ilselèveetsedirigeverslaporte.Ils'arrêtemaisneseretournepas.-J'aibesoinquetumecrois.Murmuret-ild'unevoixenrouée.Ilquittelapièce.Quandj'arrivedevantlesautres,jemesensterriblementgênée.Toutlemondemeregarde.Lucies'approchedemoi.-Elena,jenesavaispasquetusouffraisd'asthme.JeregardeFaresetluisouritfaiblement.Ilbaisselatête.Jesensquejeluiaifaitdumal.Ilperd
espoir,jelesais.-Jesuisalléecherchertonportable,lavitreestcasséemaisilmarcheencore.Jelerécupère.Ondistingueencorenettementlaphotodefondd'écran.-Allez-y,j'arrive.Unefoisseule,jecrochètelacoqueetrécupèrelacarteSDquejecasseendeux.Jemetsletout
danslapoubelleenfacedemoi.Quand j'arrive dans la grande cabine luxueuse de l'avion, tout le monde est déjà installé
confortablement.Jepassedevantlenumérodemonsiègemaisjenem'arrêtepas.-Jepeuxmemettreàcôtéduhublot?Demandé-jetimidement.Fareslèveleregard,étonné.Ilmesouritdefaçonadorableetselève.Moncœurbatplusvite.Jepassedevantluietm'assoieun
peuembarrassée.Levoyagesera long.16hexactement.Etces16h, jeveuxlespasserprèsde lui.C'estunbesoin
devenuvital.Jeposemesaffairesdevantmoietbaissemonsiègecommelui.Nousallonsvoyagertoutelanuit.
Jetournemonvisage,ilatoujourssesécouteursdanslesoreilles.Jetouchesonépauleavecundoigtpourattirersonattention.
-Tuécoutesquoi?Ilsouritetsereplace,danssonsiège,plusprèsdemoi.-Approche.Ilmetendundesesécouteurs.Jelerécupèreavecplaisir,j'adorelamusique.Cequ'ilécoutemesurprend.C'estexactementcequej'aime.Jeregardesonprofilsibeau,sibientracé,seslèvresmagiques.Sesblessuressontmoinsvisibles.
Ilrécupèrevite,ilestdotéd'unegrandeforcephysique,cellequimemanqueparfois.Sonodeurestpresqueaphrodisiaque,ellesemêledélicieusementàlamienne.Ilestleseulàm'avoirconvaincuquejen'étaispasdérangée.Ilestleseulàpouvoirmecalmer.Leseulquimeportehorsdel'eau.Quiessaiedem'élevermêmeplushautqueluis'illepouvait.Ilestleseulàpouvoirréparerlesbrèches,lesdégâtsdemavie.Ilmereconstruitetrecollepièce
parpiècelesmorceauxdemoncœur.Ilmerestaure,meremetenétatdevivre.Il pardonnemes oublies,mes sauts d'humeurs. Il ne prend pas à la légèremes pas en avant et
accepteavecpatiencemespasenarrière.Ilaenviedelafemmefataleetensuitebercelafemmeenfantquejesuisaussi.Jen'aipasbesoin
dejouerunjeu.D'êtrequelqu'unquejenesuispas.Jen'aipasbesoind'êtreforteàchaqueinstant,carilpeutl'êtrepourmoi.
C'estpourtoutescesraisonsquejelecrois.Jen'aipasbesoindepreuve.Jen'aiplusbesoindemesouvenir.
Jemetournecomplètementverslui.Ilestsurledos.Lesbrascroiséssursapoitrine,ilalesyeuxfermés.
J'avancemamaindoucement,elleglisselentementlelongdesonbrasetvientseperdredanslecreuxdelasienne.Doucement,mesdoigtss'enroulentautourdessiensetunsouriresedessinesurseslèvres.
L'émotion me noue la gorge quand il tourne son visage vers moi et qu'il me regarde avectendresse.
Aveclesbattementseffrénéesdemoncœur,jemerapprocheunpeuplusdelui.Jelefixetoujoursquand je passe ma jambe au dessus d'une des siennes. Je pose ma tête sur son épaule. Son brasm'entouredoucement.
Un sentiment de paix m'envahit. Je lève les yeux et je ne peux plus décrocher de son regardsombreetprofond.
Non,jeneveuxplusmerappeler.Jeveuxvivre,moiaussi,ledébutd'unehistoire.L'écriresurunepagevierge.
Jeneveuxpasmerappelerquel'ons'estfaitdumalouquel'ons'estdétruitmêmes'illesouhaite.Jeneveuxpasnousreconstruire.Jeveuxsimplementunnouveaudépart.Aveclui.Je n'ai pas besoin de me souvenir de notre passé car je l'aime, oui, je l'aime. Je suis tombée
amoureusedelui.Etjecrois,qu'àcetinstant,illelitdansmesyeux.
Chapitre38:LecombatJenemesuismêmepasrenduecomptequejem'étaisendormie.Jesuissousunecouverture.La
chaleurd'unemainestposéesurmahanche.Jemeretourne.OndiraitqueFaresn'apaschangédeposition.Jel'examineavecattention.Illit,avecconcentration,unmagazinedanssalanguenatalesursatablette.J'adorel'expressiondesonprofilsérieux.
Sessourcilsdroitsetcetairconcentréetimpénétrable.Jefonds.Jeredressemonsiège,iltournesonregardversmoietmefaitundesessouriresexquis.-Çava?Luidemandé-jesouslecharmeetquelquepeuintimidée.-Oui.-Tun'aspasdormi?Ilest8hdumatin.J'aidormipratiquement10h.-Pastrop,non.Répond-t-ilenredirigeantsonregardverslatablette.-Quelquechosenevapas?Demandé-je,inquiète.Monsixièmesensmeditqu'iln'estpasserein.J'ai,soudain,peurqu'ilmerepousse.Aprèstoutce
quej'aifaitpourlemaintenirloindemoi...Seserait-ilfinalementlassé?-Sijevaisbien,net'inquiètepas.M'assure-t-ilavecundemi-sourire.Samainrécupèrelamienneetsesdoigtss'unissentauxmiens.Jesoupirepresquerassuréeparsa
chaleur.Jeposematêtecontresonépaule,j'enroulemesbrasautourdusienetsajouevients'appuyercontrelesommetdemoncrane.
C'esttellementnaturelquecelaenesttroublant.Jeregardecequ'illitmaisjenecomprendsrienàcedialecteressemblantàaucunautre.
-Ilparledequoicetarticle?Demandé-jeendésignantl'écrandumenton.-Rien d'intéressant. Tu veux regarder un film,Boo ?Demande-t-il en posant sa tablette sur le
plateauenfacedelui.J'aiunesensationbizarre,commedespapillonsdanstoutleventre.-Boo?-Jet'appelaiscommecelaavant.Celatedérange?-Non,pasdutoutenfait.Ilm'embrasserapidementlefront.-Alors,tuveuxenregarderun?Demande-t-ilplusenthousiasme.-Oui,avecplaisir.-Lequel?-N'importe.Jepourraisbien regarder lavidéo sur lemoniteurqui se trouveen facedemon siègemais je
veuxrestercontrelui.Ilchoisitunfilm,ouvresonbrasetjem'installeencoreplusconfortablementdanslecreuxdeson
épaule. Il réajuste la couverture sur nous. Jeme sens tellement bien. Contre son corps chaud, j'ail'impressionqueriennepeutm'arriver.Etqu'est-cequ'ilsentbon...
IlchoisitundesfilmsdeladernièretrilogiedeStarWarsetappuiesurplay.Unedemesmainsestcaléeentrelefauteuiletlebasdesondos,l'autrenepeuts'empêcherdele
caresserdoucement.Laduretédesoncorpsmesurprendencore.Jetouchesesabdominauxsursont-shirtcommesije
lesdécouvrais.Jem'autoriseàfairecelamalgréquenousnenoussommestoujourspasembrassés.Avant que je ne m'endorme, la proximité était telle que j'aurais pu avancer mes lèvres d'un
centimètreetletoucher.Enréalité,j'attendaisqu'ilfasselepremierpas.Maisilnel'apasfaitetmes
yeuxsesontdoucementfermés.Pourtant, j'en meurs d'envie. Connaitre enfin le goût de ses lèvres tendres et pleines sur les
miennes,enressentirleseffets.S'embrasservoudraitdirequenotrehistoirecommence.Maisentrenous,ilexisteunecertaineretenu.Uneréserve,unfreinànotreengagementquejene
sauraisidentifier.Maisjecroisquec'estuneétapedifficileàpassersurtoutdansunavionremplidemonde.
Nousaurionspulefaireentoutediscrétioncarnoussommescachésdesautres.Riennenousenempêche finalement. Je pense à cela pendant que ma main gauche, celle qui porte mon alliance,toucheunhommequin'estpasmonmarietaussi incroyablequecelapuisseparaître, jen'y trouveaucuneturpitude.Mesgestesnemeparaissentniindignes,nihonteux.Leplaisirdessens,meferait-il,sansgêneetlentement,plongerdansladébauche?
Perdue dans mes pensées, je continue mon exploration. Je détaille chaque abdominaux et lesvallonsdesesmuscles.
Ilsoulèvesont-shirt. Ilprendmamainet lapose,encontactdirect,sursapeau.Jeretiensmonsouffleetmamains'électrise.Jelesenssetendrelégèrement.
Rienquecelame fait ressentirunpicotementpartoutdans lecorpspuisdemanièrepluscibléeentremescuisses.Jelessersl'unecontrel'autre,essayantainsidemecalmer.Sapeauestveloutéeetchaude.Jeneregardepluslefilmmaismamainquiévoluesouslacouverture.
Si rien que de le toucherme déphase que serait s'ilme faisait l'amour.Queme procurerait lasensationdesesdoigtscourantsurmapeau,sentir lepoidsdesoncorps,sabouchesur lespartiesérogènes demon anatomie, le laisser me posséder et le regarder pendant qu'il prend son plaisir,pendantqu'ilperdlecontrôle...J'ail'impressionqu'ilfaitchaudici,bientropchaud.
Jeretiremongilet.Ilfautàtoutprixquejepenseàautrechose.Maisjenepeuxcesserdeletoucheretquandjefinis
d'explorerlehautdesoncorps,jeredescendsverssatailleetjecaresse,lentementd'undoigt,sapeauauborddel'élastiquedesoncaleçonquidépassedesonjean.
Je sens sous mes doigts l'état de frissons que cela lui procure et sa respiration s'accélère. Lamienneaussi.
Sontorseest imberbeetmacuriositémepousseàdescendreplusbas,sousl'élastique,essayantd'atteindresatoisonmaismesdoigtsrencontrentrapidementquelquechosedeplusdouxencore.Sonmembre est tendu et déborde presque de son jeans. Je perds mon audace et je retire ma mainrapidement.Lesjouesenfeu,mesbattementsdéchaînés.
-Tumedonneschaud,Elena.Jesuisdésolé.Souffle-t-ilcontremescheveux.Moiaussi,jesuisbrûlante.Lespicotementssontencoreplusviolents.Sijecontinue,jevaisavoir
besoindelui,icietmaintenant.Jemesensterriblementfrustrée.Jen'oseplusletoucheretjememetsàfixerl'écran.NousregardonsdeuxvoletsdeStarWarsàla
suite.Quandlederniersetermine,noussommesarrivés.Nousdescendonsdel'appareilàcôtél'undel'autremaisnousnenousregardonsàpeine.Commedeuxamantscoupables.Cequenousnesommespas.Nous nous quittons devant nos chambres, presque gênés et pendant trois jours, nous ne nous
voyonspas.Ils'entraînedurementetsoncoach,quiabienvunotrerapprochement,m'aclairementdemandé
denepasledéconcentrer.Pendantcetemps,j'aicommencéàtourner,sanslui,lesscènesdansundescélèbresCasinodeLas
Vegas. Le reste, qui requière sa présence, doit se passer en studio. Je travaille beaucoup et celam'occupel'esprit.Maisjenecessedepenseràlui,lejourcommelanuit.
Sachambreestàseulementquelquesmètresdelamienneetunsoir,j'aientendudespasdansle
couloir qui se sont arrêtés juste devant le seuil dema chambre. Jeme suis levée et je suis restéedevantmaporte.Lefrontappuyécontrecelle-ci.Est-celui?Hésite-t-ilàfrapper?
Mamainsurlapoignée,tremblanteetindécise.Maisaprèsuneminute,lespasontcontinuéleurchemin.
Ilmemanqueetjemesuissouventdemandéesijeluimanquaisaussi.Jemeposedenombreusesquestionsmaisj'aiaussidescertitudes.DèsquejerentresurParis,je
prendraiunavocatetquitteraiEric.Etensuite...Je laisse mon imagination vagabonder... Ensuite, Fares me demanderait de l'épouser et nous
fonderonsunefamille.Jesoupire.C'estcomplètementfou,jedivague.Maisjenepeuxm'empêcherdesourireàcedouxrêve.Êtrelafemmed'unhommetelqueluiestlefantasmedechacune.Ets'ilressentcequej'éprouve,
qu'estcequinousenempêcherait?C'estcesoirqu'ildoitcombattreetjestressemalgrémoi.Matensionmonted'heureenheure.Je vais enfin le revoir. Je prends le temps dememaquiller les yeux.Certaines femmes seront
habilléesentenuedesoiréemaisjepréfèrem'habillersimplement.Jeporteunjeans,unt-shirtblancampleetunevestecourteencuirpar-dessus.J'enfile3colliersetmesescarpins.Jesuisprêtequandonfrappeàmaporte.
Jel'ouvreetc'estFares.Jeretiensmonsouffle.Sabeautémefrappecommeàchaquefois.-Tuvienscesoir?Medemande-t-ilsansattendre.Il a l'air un peu trop dangereux habillé comme cela, les vêtement assortis à ses yeux qui me
scrutent.Quoiqu'ilporte,ilestattirant.Sescheveuxsontendésordre.Ilal'airtenduetjesensnaîtreunetensionpeucommunequandilmedétaille.
-Jet'aiditquejeviendraisdoncjeserailà.Répondis-jeendésignantmatenue.Ilcontinueàmefixer,etàcemomentlà,j'aibesoinqu'ilmeprennedanssesbrascarjesensune
distanceentrenous.-Ok.Ilestmalàl'aise.Ilpassesamaindanssescheveuxdefaçonpastrèsassuré.-Bon,àtoutàl'heurealors.Ajoute-t-ilavantdefairedemi-tour.-Ok.Jeleregardepartir.Jenecomprendspassafaçond'agir.Ilal'air tourmentéparquelquechose.
Serait-cesimplementparcequ'ilredoutesonderniercombat?Dequellemanièrepourrais-jel'aider?Ilm'ademandédeveniretjenecomptepasuniquementl'observerseprendredescoups.
Quandnousarrivonsdanslagrandesalle,elleestdéjàpleineetbruyante.Jelaisselesfillesetjemefaufiledanslesbackstagepassantavecdifficultélasécurité.
Jesuisdevantlaporteoùilyestinscrit«RedAngel».Moncœurbatàcentàl'heure.J'hésiteàfrappermais finalement j'entre dans sa loge. Je le vois assis sur une table vêtu de sa longue caperouge,latêtebaissée,lacapuchesursatête.Ilestprêtpourlecombat.
J'avancedoucement.J'ail'impressionqu'iln'apasremarquémaprésence.Jemeplacedevantlui,illèvelesyeux.
-Elena.Murmure-t-il.Lentement,jepassemesbrasautourdesoncouetjeleserscontremoidetoutesmesforces.-N'aipaspeur.Luidis-jetoutbasaucreuxdel'oreille.Jesenssesbrasm'enlacer.J'ail'impressionderevivre.Jemesenstellementpetiteprèsdelui.-Merci.Souffle-t-ilenplongeantsonvisagedansmescheveux.Jesavourecemomentuninstant,lemanquedeproximitédevenaitpresquedouloureux.J'aibesoin
deplus,tellementplusmaisjelelibère.Ilrécupèremamaingaucheetembrasse,délicatement,son
dos.Sonregards'arrêtesurmonannuairelibérédetoutengagement.-Tul'asretiré?Souffle-t-il.Jememetsàavoirchaud, j'aisoudainpeurdesaréaction.Oui, j'aienlevémonallianceunpeu
plustôt.Jeveuxqu'ilcomprennequejeferaitoutcequ'ilfautpourvivrenotrehistoire.-Oui, je... Jeveuxrecommencermavieavec toi.Enfin, si tu leveux.Fares. J'aidessentiments
pourtoi...Jet'aime.Dis-jefinalementlecœurbattant.Jememetsendanger, je le sens.Mais j'aibesoinqu'il le sache.Et j'ai eu la sensationquemes
sentimentsétaientpartagés.Illèveleregardversmoietcequejevois,medéstabilise.Sesyeuxbrillentmaisdetristesse.Ilse
mordlalèvreinférieure.Cen'estpaslaréactionquej'attendais.-Pourquoi j'ai l'impressionque çanevapas ?Fares, je t'enprie, parle-moi.Dis-je d'unevoix
devenuetremblante.-Elena,jevaisteperdre,j'ensuiscertain.Sonregards'humidifieetilbaisselatête.Mesdeuxmainsseplacentautourdesonvisageetjeleforceàmeregarder.Jevoistellementde
détressequecelamebriselecœur.-Non ! Je t'assure que non.Les erreurs de notre passé sont derrière nous. J'ai envie d'essayer
maintenant,jecroyaisquetulevoulaisaussi.-Lepasséestderrièrenousmaisilnousrappelletoujours.Moncœursesoulève.Est-ilentraindemefuir?Regrette-t-ilnotrerapprochement?Vat'ilme
direquetoutcelan'envautpaslapeine.Ilm'échappe.-Ilfautquejetedisequelquechose.Dit-ild'unevoixbasse.Moncœurfaitunbonddansmapoitrine.L'entraîneurdeFaresentre,aumêmemoment,dansles
vestiairesetfroncelessourcilsenmevoyant.-Fares,onyva?Sonregardsebraquesurmoi.Vousnedevriezpasêtrelà.C'estimportantqu'il
seconcentre.-Jesais...Excusez-moi,jesors.Dis-jecomplètementdésorientée.JecommenceàmarcherendirectiondelasortiemaisFaresmeretientparlebrasetselève,de
toutesahauteur,faisantpresquedel'ombreàsonentraîneur.-J'aibesoind'elleetnousallonsprendre2minutes,ok.Annonce-t-ilbrusquement.L'entraîneurmeregardedebiais.-Ok,capitule-t-il.Il sort de la pièce, refermant la porte derrière lui. Je lève les yeux, Fares est impressionnant
commecelamaissonregardestdanslevide.-Je...Commencet-il.Il s'arrête. J'ai l'impression qu'il cherche ses mots, son regard me fuit. Ce n'est pas dans ses
habitudes.- Fares, qu'est-ce qu'il y a ? Dis-moi, je t'en prie ? Tu regrettes, c'est ça ? Réponds-moi. Le
supplié-jeauborddeslarmes.-Non,pasdutout,jamaisjeneregretterai.Jesensunelarmecoulerlelongdemajoue.Ilneveutpas.Toutcelan'étaitqu'unjeupourlui.Marespirations'accélèreetjesuisàdeuxdoigtsd'éclaterensanglot.Monregardseperddansun
profonddésespoir.- Elena, regarde-moi. Son regard s'accroche enfin au mien. Viens me voir après le match,
d'accord?Onparlera.Toutvabien,ok.Il essaie deme rassurermais il n'a pas l'air convaincu par ses propresmots. Je secoue la tête
lentement.-Jedoisyaller.Àtoutàl'heureBoo.
Il sebaisse,m'embrassedélicatement sur la joueetquitte la loge.Quelques secondesplus tard,j'entendslescrisdesspectateursenfurie.
Ilestdanslestade,ilentresurlering.Iln'estpasdansunbonétatpourcombattre,jelesaisetjenesuispasenétatnonplus.Lematch
seratrèslong.Horriblementlong.Ilmecachequelquechosedesérieux.S'est-ilamuséavecmoidepuisledébut?Est-cepourcela
qu'ilm'évitedepuis3jours?A-t-ilseulementattenduquej'éprouvequelquechosepoursedérober?Pourmefairedumal?
C'est vrai, ce n'est pas comme s'il n'avait pas l'embarras du choix.Pourquoimoi finalement. Ilpourrait trouverdesdizainesdefemmesquimeressemblent.Maisunhommecommelui, ilyenaqu'un.
Finalement,est-cepourcelaqu'ilnem'apasencoreembrassé?Jequittesalogeetjefermelaporte,lagorgeserrée,labouleauventre.Cematchesthorrible.Bientropviolent.Leboxeurenfacedeluiestplusvieuxetàl'aird'avoir
plusd'expérience.Fares tape intelligemmentmais jevoisqu'il endure lescoupsaussi. Jemecacheparfois les yeux, retenant la nausée quand un coup violent percute sa peau. Il encaisse et moi jesouffrepourlui.C'esttropduràregarder.
Ilseprotègelaplupartdutempsetutilise,enfinderound,lafatiguedel'autrepourtaperfort.Il est magnifique à voir. Il est agile. Il se déplace comme un félin. Les gens hurlent, ils sont
hystériques.Lesparissontouvertsetdefortessommesontétéengagées.LucieestàcôtédemoietIsabelledanslerangderrière.Jecroisquenotrecollaborationtoucheà
sa fin, depuis que je suis descendue de l'avion au côté de Fares, elleme fusille des yeux et jemeretiensde l'étrangler.Luciequant à elle, neme lâchepasd'une semelle. J'ai l'impressionque1000questionssebousculentdanssatêtemaisqu'ellen'enlaisseaucunesortirdesabouche.Enfin,saufcesoir car ellemedemande soudain : - Jevous aivu tous lesdeux, toi etFares. Il n'arrêtepasde teregarder.C'estsérieuxentrevous?
Effectivement, j'ai l'impressionqu'à chaque foisqu'il est dans le coindu ringpendant le tempsmort,sonregardestbraquésurmoi.
-Non,pasvraiment.C'estmonex.Dis-jesimplementpournepasendireplus.Jenesuispasdugenreàparlerdecegenredechoseàmescollaboratrices.
-Tonex?Iln'yadoncrienentrevous?Jefaissignequeoui,toutencontinuantderegarderlematch.C'est vrai.Rien n'indique le début d'une histoire sérieuse. Je vois des femmes au premier rang
bienplussophistiquéequemoi le regarderavecenvie.Etcelamedéchire lecœur. Jemedemandemême s'il n'est pas amoureuxde l'uned'elle en secret.Dansma tristeparanoïa, je sensdes larmespointerauxcreuxdemesyeuxetmoncœur,monventreseserrent,mepincent,toutmefaitmal.Moncorpsentiersouffre.Etencoreplusdanscettecontraignanteetdouloureuseattente.
Pluslesminutespassentetpluslesroundssemblentdureruneéternité.Jesuisdeplusenplusmal.Etbientôt,jesuisàbout.Àboutdenerf.J'aitellementpeurdecequ'ilvamedire.Jecommenceà
trembler.Àtranspirer.Çameprendcommeunmalintérieurquimeronge.C'esttroplong,jenepeuxplusattendre.
J'ail'impressionderessentirquelquechosededouloureusementpuissant,untrucquitebouffeetqui tedétruit.Une souffrance,uneagonie,une trahisondansune seule image,un seul souvenirouqu'importe,toutsebrouilledansmatête.
Jeressensunmalinexpliquéoucertainementunmalqu'ilm'adéjàfait.Jemepencheetmetienslatêteentrelesmains.
-ÇavaElena?Tuestoutepâle.MedemandeLucieensepenchantversmoi.
Il fautqueje fuisavantqu'ilmedise lavérité,qu'ilnemeveutpasêtreavecmoi.Il fautquejeparteavantd'affronterlaréalité,avantqu'ilnemequittedéfinitivement.
Au8èmeround,jen'enpeuxvraimentplus.C'enesttrop,jemelève.Ilfautquejeparted'ici.Ilvamedétruireencorecarlesimagessontdeplusenplusclaires.Jesaismaintenantcequej'ai
vécuquandilm'aquitté,lapremièrefoispuislaseconde,jeleressenspartoutenmoi.Putain,j'aivécul'enfer.Jemesouviensmaintenant.Lemalêtrequejesuisentraindevivre,c'est
lapeurdeleperdre, lemaldesonabsence, je l'aidéjàvécutroplongtempsmaismultipliépardixmillequandilm'aquitté.
-OùtuvasElena?MedemandeLucievisiblementinquiète.-Jenepeuxpasrester.Mamainsurleventre,jecommenceàpasserdevantlesgensassisàcôtédemoi.Jecroisqueje
vaismemettreàpleurermaintenant,jenepeuxd'ailleurspasretenirlespremièreslarmes.Magorgeseserre,mabouchefrémitinvolontairement.
Jemarcherapidementdevant leringsansleverlesyeux,certainsspectateursmesermonnentdepasserdevanteux.Ilfautquejesorted'iciauplusvite.J'étouffe.
J'entendslafouleacclamerlespectacledeplusenplusfort.Descris,detoutepart, jaillissentetd'unseulcouptoutlemondeselèveethurle.J'entendsundécompte.
J'essaiedemarchermais lafouleestendélire.Onmepousse,m'écrase.J'arriveenfinàvoir lasortie.
-Chaaaaaampiondumonde!!!!!!VictoireparKO!!!Crielespeakerdanssonmicro.Jefaisvolte-face.ParKO?FaresestKO?Lesgensseprécipitenttousverslering.-MesdamesetMessieurs,c'estfantastique!RedAngelestchampiondumondepourla3èmefois
consécutive.Quelmatch!Quelboxeur!Jepeux ressentir les frissonsde chaquepersonne ici présente.La joie, la passion, la puissance
d'unevictoirepartagéeavec levainqueur. J'aperçois soncoach tendresonbrasen l'air.Mais ilyatellement demonde que je ne vois presque pas ce qu'il se passe. Les gens sautent autour demoi,s'embrassent,sefélicitentdefaçondélirante,presqueviolente.
Moncœurs'emballeetjesourisnerveusement,ilagagné.Jesuisheureusepourlui.Leshommesetlesfemmesleportentdansleurcœur.Tropdegensl'aimentetjelevoisbien,jenesuispasàmaplace, ici. Car après cela, il vame dire que nous n'avons pas d'avenir, j'en suis persuadée. Jemedétourneverslasortir,lecœurprèsàsebriser,encoreunefois,quandj'auraidéfinitivementfranchicetteporte.
Lecheminestmaintenantdégagécartoutlemondes'estréunisaucentredelagrandesalle.Jetendsmonbraspoursaisirlapoignéequandj'entendsdesbravosetfélicitationsderrièremoi
quiserapprochent.Jemeretourne.Etjelevois.Fares.Ilmarcheversmoid'unpasrapide.Ons'écartepourlelaisserpasser.Évidement,ilal'aird'unebêteféroce.Ilretireledernierdesesgantsqu'iljetteparterre.Lesgenslesuiventduregard,lescamerasaussi.Jepeuxlevoirsurl'écranimmenseau-dessusde
lui.Sesyeuxbrillentmaiscettefois,desoif,defureur,depassion.Ilestmagnifique.Jeregardeautourdemoietnecomprendspascequiestentraindesepasser.Jen'arriveplusàbouger, figéeàcaused'uncœurquis'occupenerveusementàdiffuser lesang
dansmesveinesàunevitessefolle.Quandilestprèsdemoi,samainpassederrièremanuqueetseslèvresprennentcomplètement
possessiondesmiennes.Sansaucunepudeur.Sansaucuneretenu.Furieusement.J'entendslafoulehurler.Sonbaiser,ravageur,merenverse.Ilestardent,brûlant.Sesdeuxmainsglissentsurmonvisageet
ilm'embrasseplusprofondémentencore.Jesuiséblouieparlesmilliersdeflash.Etaumomentoùjefermelesyeux,jesuccombe.Seslèvress'ouvrantpuisserenfermant,lespassageslangoureuxdesalanguejouantaveclamienne.Unbalmefaisanttournerlatête.Ilestbon,tropbon.C'estdélicieux.Mesbrass'enroulentautourdesoncou,moncorpss'arquecontrelesien.
Etjemerendscomptequej'aiunbesoindeletoucherpartout,sescheveux,sesépaules,sondos.Ilfautquemoncœursoitsolide,qu'ilrésisteàtantdefrénésiecarellenefaitqu'augmenterbaiseraprèsbaiser.
Danssesbras,des imagesmetraversent.Lesnôtres.Certainsdenosmomentspassésensemble.Desmomentsheureux,detotalesplénitudes,debonheurintense.
Unfeudecamp,unesalledebain,unfeud'artifice,deslevésdesoleil,unebaiemagnifique,sonappartement,lemien...
Moncœurvaexploser.Matêtetourne.Etc'estàboutdesoufflequ'ilstoppesonbaiser.J'ouvredoucementlesyeuxetmeperdsaussitôtdanslessiens.Meslèvressontgonfléesethumidesencoreprèsdessiennes.Sonregardmerappellepourquoije
n'auraisjamaisdûpartir.Aquelpoint,monbesoindeluiestintense.Ses yeux noirs pénètrent mon âme, sa bouche à demi ouvert me veut encore. Sa respiration
saccadéebalayemonvisage.Ilmeprendlesdeuxmains.-Elena,je...Desgensnousséparent.Etjesuisrapidementpousséedanslesensopposé.Nosmainsessaientdetenirmaisonlelèveaucieletjedoislelâcher.Ilmecriequelquechose
quejen'entendspas,lavoixduspeakeresttropforte,lafouletropdéchaînée.
Chapitre39:Dernierrendez-vousDirelavérité...J'aitoujourscruêtreunhommefranc,honnêteetquin'avaitpasfroidauyeux.Maisfaceàelle,àsonregardémeraude,jeperdstoutcourage.Toutsimplementcarj'aipeurdela
perdre.Unadagenousditquetoutevéritén'estpasbonneàdirepourtantj'auraisdûlaluiavouersansmeprendreaujeudesquestions.Luidireavantqu'ellenetombeamoureuseunenouvellefois,avantqu'elleenlèvecettebaguedesondoigt.
Pourquoij'aipeurdeluidirecettevérité?Parcequejesaisqu'àl'instantmêmeoùjevaislaluidire,ellevacommenceràsouffrir.Etj'aipeurcarelleestlapersonnelaplusimportanteàmesyeux.Jegardeuncontrôleillusoiremaistôtoutard,elledoitlesavoir.
J'ai peur que cette vérité créait une distance entre nous ou nous brise sur le coup comme ladernière fois qu'ellem'a quitté. J'ai peur car elle va se sentir faible, sans importance alors que jedonneraismaviepourelle.Ettoutescesémotionsqu'ellevaressentirserontingérablespourmoi.
Cette vérité que j'ai toujours redoutée de lui dire. Depuis le début, depuis notre premièrerencontre.Monmariage.Monmariagequiestcommemaladie,uncancercontrelequeljenepeuxpasmebattre.Jenepeuxpasdivorceretresterauprèsd'elle.Jenepeuxpasdivorcersansfairecourirderisqueàceuxquej'aime.Finalement,danstouslescas,jenepeuxpasêtreheureux.
Ellem'aavouésessentimentsmaiselleestassezfortepourpasseraudessusdecela.Je lesais.Mêmeassezfortepourmedirequ'elleneveutpasdelaviequejeluioffremêmesiellem'aime.Jeneveux pas revivre la même scène. Celle où elle me quitte en pleurant dans mes bras. Je ne lesupporteraispas.
Et si elle accepte...Si elle acceptemacondition, nous auronsbesoindenous reconstruiremaisnousconstruireautourdequoi?Quepourraisjeluioffrirdeplusquemonamourets'encontenterat'elle?
Etlà,jesuisdanslalogeetjel'attends,lesnerfsàvif.Jevoulaistoutluidireavantdel'embrassermaisquandjel'aivupartirtoutàl'heure,quitterlasalleleslarmesauborddesyeux.Jen'aipaspum'empêcherdeluiprouvertoutemaforce,toutmonamourpourelle.J'aimisKOlemecenfacedemoiavecuneforceinsoupçonnée.Jen'avaisqu'uneseuleidéeentête,laretenirencoreunpeu.
Ellen'esttoujourspaslàetj'arpentelapiècecommeunfou.Est-cequecebaiserpeutluiprouveràquelpointjel'aime?
Ilfautquejeprenneunedouche.Celamecalmerapeut-être.Mesveinessontvisiblessurmapeau,jesuisàcran.
Maiscettedouchefroidenesertpasàrefroidirmoncorpsbouillantd'anxiété.Maisaussibouillantd'impatiencedel'étreindreunenouvellefois,del'aimerànouveau.
Jemetsunbasdejoggingetsorsdeladoucheenmeséchantlescheveuxaveclaservietteposéesurlelavabo.
Laportedeladoucheserefermederrièremoietlalogeestplongéedanslenoir.J'aperçoisunefaiblesilhouettecontrelaporte.Suisjedansunrêve?Est-cevraimentelle?
-Elena?L'ombre avance. Un tissu glisse jusqu'au sol. Ellemarche lentement. Arrivée près demoi, ses
deuxmainsseposentsurmesépaules.Ellessontplusfroidesqued'habitude.Jecroissentirleparfumd'Elenasansenêtresûr,celuiciestplusfort,ilmebrûlelesnarinesetàlaminuteoùsaboucheseposesurlamienne,jesaisquejefaiserreur.
-Putain!Jemedégageetendeuxpas,j'allumelalumière.Lapièces'éclaireetàlaplaced'Elena,Isabelle
setientàdemidécouvertedevantmoi.Sesseinsgonflésretenusdansunsoutien-gorgerougevif.Elleentresonventreetpoussesapoitrineenmadirection.Toutàl'airartificielchezelle.
Elenan'apasbesoindecachersesformes,n'apasbesoinderembourrer,plaquer,dissimuler.Elleesttoutcequej'aime.Jepassemamaindansmescheveuxnerveusementpuisjesecouelatête.Putainc'estquoisondélire!
-Qu'estcequetufaislà,bordel?Ramassetesfringues!Dis-jeàlalimitedudégoût.L'idéequ'uneautrefemmemetouchem'écœureprofondément.-Jesuislàpourtoi.Pourteremonterlemoral...Dit-elled'unevoixmielleuse.Elles'avancerapidementversmoietposesesdeuxmainssurmontorsenu.Soncorpssecolle
contrelemien.Çamedonneimmédiatementlagerbe.Jerécupèresesavantbrasetlatienàdistance.-Dequoi tuparles?Je t'aidéjàditcent foisque jamais riennesepasseraitentrenous.Putain,
qu'estcequetunecomprendspas.J'aimequelqu'und'autre,tulesais.-Maiscen'estpastafemme.-Non,cen'estpasmafemme.J'aimeElena,c'estévidentnon?-Maisellenet'aimepas.Jel'aientendudirequ'iln'yavaitriendesérieuxentrevous.Quevous
étiezdesex,riendeplus.Sesparolesnemetouchentpasunseuluninstant,jen'enaccordeaucuncrédit.-Tunesaispasdequoituparles!Laportes'ouvre,etjevoislesangquitterlevisagedelafemmequej'aime.Elena.Soncorpsse
metàtrembler.SonregardnousdétailleIsabelleetmoi.Soncerveauanalysecequ'ilsepassedanscettepièceetjesaisqu'elleneperçoitquedufaux.
-Elena...Sa bouche s'ouvre, ses sourcils se froncent, ses yeux deviennent deux lacs immenses. Je lâche
précipitamment Isabelle qui en profite pour se pendre à mon bras. Putain, la garce ! J'enlève sesdoigtsaccrochésàmapeaumaisc'esttroptard,Elenafaitdemitouretlaportesereferme.
Rapidement,jerécupèreunt-shirtsurunedeschaisesdelaloge,meschaussuresetjecommenceàsortir.
-Fares!MecrieIsabelle.Jefaisvolte-face,ellerecule.Monéducationmeretientdenepasfairequelquechosedestupide.-Qu'est ce qui t'a pris ?Putain,mais c'est quoi ton problème ?Casse toi d'ici !Dis-je la voix
rempliedehaineetdedégoût.Jepasselaporteetarpentelescouloirs.Jenelavoispas.Est-ellepartie?Jeregardeautourde
moietj'aperçoismadernièrechance.J'entredanslestoilettesdesfemmes.Elenaestaccroupie, levisageplongéentresesmains.Jem'approchedoucement.Jemebaisseà
sonniveau,lentement.-Elena,cen'estpascequetucrois.Commencé-jedoucement,lecœurserrédansunétauprèsà
êtrebroyéparsesparoles.Maisellerestedans lamêmepositionetnemerépondpas.Jemerisqueetcaresseduboutdes
doigtssajoue.-Nemetouchepas.Sifflet-elleentresesdents.Elleselève,moienmêmetemps.Sonregardmeserrelesentrailles.Marespirationdevientmoins
régulière,aussi forteetprofondeque lasienne.Non, jenepeuxpas laperdrecommeça.Sesyeuxm'accusentsansjugement.
-Iln'yarienentreelleetmoi,jetejure.Elleestentréedansmalogesansyêtreinvitée.Croismoi,jet'ensupplie.Tucroisvraimentquecegenredefillemeplait?
Putain,depuisquandjesorscetypedeconnerie!-Ahouai,etquelgenredefilleteplait?Hein?Hurlet'elle.Sonregardreflèteunedouleurquej'aidéjàvu.Lejouràl'hôpital,lejouroùelleavumafemme
pourlapremièrefois.C'estfini,ellevapartir.Jesensmagorgeseserrer.-Elena,ilfautquetumecrois.Dis-jedouloureusement.-Encore?Tecroireencore?C'estimpossible.Pasaprèscequej'aivu.Dit-elleécœurée.Leslarmescoulentsursesjoues.Ellepassedevantmoi.Elleveutpartir.Non,siellequittecette
pièceceseraterminé.Jenelaisseraipascelaarriver,pascommeça.-Attends.Jelafaisseretourner.Ellereculecontrelaporteetj'avanceprèsd'elle.Assezprèspoursentirses
expirationssurmonvisage.-Elena, ilyaunequestionquetunem'aspasposé.Dis je lessourcilsfroncées, lecœurprêtà
lâcher.-Laquelle?Dit-ellesesyeuxperdusdanslesmiens.-Estcequejet'aime.Murmuré-jeenrapprochantmonvisageprèsdusien.-Estcequetum'aimes?Medemandet-elle,sesyeuxcherchantlavérité.-Jet'aimeElena,commejen'aijamaisaimépersonne.Jesuisfoudetoi.Dis-jedeladouleurdans
lavoix.Elle tourne le visage. Elle essuie quelques larmes. Son regard est perdu dans le vide, ses
respirationssefontmoinsrapides.Ellemurmure,l'airdésabusé:-Quandjeteregardaisboxer,j'airessentisdeschoses,beaucoupdemal,tellementdesouffrances.Cellesquej'aidûendureràcausedetoi. Et quand tu m'as embrassé, je me suis rappelée des souvenirs, des moments entre nous, desmomentsplusbeaux.Maiscen'estpasassezpour tecroireaujourd'hui,cenesontquedes images,riendeplus.Jesuisdésolée.
Elleestdésoléemaisdeslarmesmuettescontinuentdecoulersursonvisageetellenebougepas.Etsic'étaitlemomentpourmoidemebattre,denepasbaisserlesbras.Moncœurmefaitmal.Bientropmal.Etellesouffreautantquemoi,jelesais.Nousnepouvonspasnousquittercommecela.
-Tuveuxtesouvenir,Elena?Alors,viensavecmoi.Jeluitendslamain.Ellemeregarde,hésitantemaisellesait.Jesoupirequandsamainglissedoucementdanslamienne.Oui,ellesaitoùjel'emmène.
Chapitre40:Dernierrendez-vous(partie2)Samainesttoujoursdanslamiennequandnousentronsdanssachambre.Ellenel'apaslâché.Je
saisqu'elledoute,qu'elleapeurmaissondésirdesavoirdépassetoutessescraintes.Lapièce est pratiquementplongéedans lenoir. Jene fermepas les rideaux, les lumièresde la
villenoussuffisent.Laportesereferme.Elletremble.J'avancedoucementaucentredelachambreetjemeretournefaceàelle.Je caresse délicatement sa jouepuis la courbede son cou.Elleme laisse faire.Elle a compris
pourquoinoussommesici,touslesdeux.Elledoitfranchirleslimites.Oui,elleestassezfortepourfairecela.
-Demandemoicequetuveux.Murmuré-jedoucement.Ilnes'agitplusdeposerdequestion,ellelesait.Elledoitretrouverlesmêmessensationsressentiesaucoursdenotredernierbaiser.Maiselledoit
chercher une ivresse plus forte, capable de la bouleverser et d'enfoncer les portes closes de samémoire.
Elleregardeautourd'elle.Peut-êtreestelleencoreperdueouhésitante.Pourtantelleavanceversmoimalgrétout.Posesamainsurmont-shirtettourneautourdemoi,jelaregardefaire.
-Enlèvele.Soufflet-ellesansmeregarder.Jefaiscequ'ellemedemandeetretiremont-shirtdevantelle.Elleparcourtdesyeuxchaqueparcelledemoncorpspendantquesamainvoyage.Ellesemordla
lèvreinférieure.Jenepeuxdécrirecequejeressensàcemomentlà,sesdoigtsmefontfrémir.Elleestsibelle.L'ivressedessentimentsetdessensationsseconfondent.J'aitellementbesoinqu'ellem'aime.Qu'elleretrouvesesenviesperdus.Ellesemetsurlapointedespiedsetsabouchecouvrelamienned'unbaiser.Je ne bouge pas, jeme retiens. Je la laisse prendre ce qu'elle veut. Je suis à elle ce soir, son
expérience.Elles'écarteassezpourmeregarder,sesyeuxs'arrêtentsurchacundesmiens.-Embrassemoi.Murmuret-elle.Moncœurs'emballe.J'obéisetmesdeuxmainsluiprennentlevisage.Jeveuxl'embrasser,jeveux
lacontenter. Jeveux luidonnerenviedeplus. Jen'aiplus lechoix. Jeveuxqu'elleme réclame. Jeveuxlacomblerpourqu'ellen'aitplusd'autrebesoinqueceluideresteravecmoi.
Je ne veux pas qu'elle se souvienne de l'avenir qu'il lui a promis. Je veux qu'elle se foute dulendemain.J'aimeraisquel'onsesuffiseànousmêmes.Jeveuxqu'elleprennemavie,qu'elletiennemoncœurpouracquiscarill'estdepuislongtemps.
Jelalaisseraiprendremonâmeetpendantqu'elledécouvriramonmondejenelaquitteraipasdesyeux.Elledoitmelaisserentrerdanslesien.
Malangueglissesursalèvreinférieureavantquejelaluimordredoucement.Elle passe ses bras autour de mon cou et notre baiser devient plus vivant, plus rapide, plus
passionné.Ilmefautluirappelercela.Aquelpoint,nousdeux,c'étaitbienetc'étaitbon.Jelibèreseslèvres,voulantsafrustration.Jelalaissehaletante,souffrantedel'envied'allerplus
loin.Jesaisfairecela.Jelafixe.Attendantsaprochainesupplique.-Déshabillemoi.Dit-ellelesoufflecourt.Matensionmonte.Jeluiretiresonhaut.Elleestsisensuelle.Serendt'ellecomptedel'effetqu'elle
asurmoi.Sesseinsrondsetfermes.Sataillefine.Sonjeanss'arrêtesurseshanchesvoluptueuses.Cecocktailvisuelmefaitpresqueperdretoutcontrôle.
-Touchemoi.Soufflet-elletroubléeparmonregard.Jenepeuxpasm'empêcherde la souleverd'unbrasetde laplaquercontre lemur.Ses jambes
s'enroulentautourdemataille.Jen'enpeuxplusdemecontenir,contenircedésirpuissantquej'éprouvepourelle.Ilfautqu'elle
lesentebouillirenmoi.Alorsjel'embrasse,commeivred'elle.J'aimetellementcela.Sesdoigtss'enfoncentdansmondos
et je soupire contre ses lèvres. Ma langue rencontre encore et encore la sienne. Je ne peux plusm'arrêter.
Jenepeuxpasêtredoux.Non,jenelepeuxpasavecelle.Je dégrafe son soutien gorge d'unemain. Elle le fait glisser le long de ses bras puis colle sa
poitrinedénudéecontremontorse.Jeperdsmoncalme.Sesdoigtstouchentmeslèvrespendantqu'ons'embrasse.Elleaimefairecelaetmonenvied'elle
estmultiplié.Amoitiénu, je laporteet la renversesurson lit. Je la fixe.Elleest sousmoi, sousmonpoids
d'homme.Elleestàmoi.Jecommenceàluiembrasserlecou.Mabouchedescendentresapoitrinepuissursonventre.Mamainemprisonneundesesseins.Je lamords, l'aspire.Ma langueglissesursapeauqui frisonneàchacundemespassageset je
l'entendsgémirdeplusenplusfort.Samaincaressantmescheveux.J'accrochesonregarduninstant.Jeveuxqu'ellemeregardequandjedéboutonnesonjean,quand
jedécaleletissuentresesjambesetquej'embrassesonintimitécommesij'embrassaissabouche.Malanguel'humidifiant,appuyantplusfortsurlapartielaplusgonflée,laplusferme.
Sesyeuxnemequittentpaspendantqu'ellesecontractedeplusenplus,pendantquejecapturesachaleurautourdemesdoigtsquis'enfoncentetbougentenelle.
Etaumomentoùellecommenceàmurmurermonprénom,jem'arrête,lalaissantpantelante.Jeneveuxpasqu'ellejouissedecettefaçon.Ellepousseungémissementdefrustration.Mabouchedescenddoucementlelongdesescuissesenmêmetempsquejefinisdeluiretirerson
jean.Jemelèveenrestantdevantelleetj'attends.Elleestpratiquementnue,offerte,superbe.Telleune
ensorceleuseauxformesparfaites,parfaitespourmoi.Putain,qu'estcequejel'aime.Jel'aimecommeunfou.Jemepasselamaindanslescheveux.Qu'estcequejefais?Dois-jetoutarrêterpendantquejele
peuxencore.Ellefixemavirilitéquisemanifestesousmonpantalon.Doucement,elles'assoieauborddulit.Iln'yplusdepeur,nid'hésitationdanssesyeux.Elleattrapel'élastiquesurmeshanchesetdescend
monvêtement.Elledétaillemoncorpsnuetsesyeuxsesoudentauxmiens.-Faismoil'amour.Jenetiensplus.Jeremonteaudessusd'elleetneréfléchisplus.Commentlepourrais-je?Ellemeprendlevisageetm'embrasseengémissantpuisjesenssamaindescendreentrenouset
ellem'encercle.Jegrognecontreseslèvres.Elleme dirige vers son centre. Je sens à travers la dentelle, l'humidité que je lui inspire et je
durcisplusencore.Seulletissunousempêched'allerplusloin.Sesyeuxsoudésauxmiens,ellerépète:
-Faismoil'amour,s'ilteplaît.D'unemain,jeretiresaculottelentement.Estcebien,estcemal?J'auraisaiméqu'onnelefasse
pasparnécessitéd'unemémoireàretrouver.Maisquoiqu'ilensoit,quoiqu'ilsepasse,jeveuxquecelaresteinoubliable.
Cettefois,jenenousprotégeraipas.Jeveuxqu'ellemesentequandjeseraiàl'intérieur,plongédanssamoiteur.
Jesuisàlalimite.Ellemeregardeavecpassion.Letempss'arrête.Noustremblonstouslesdeux.Samainpassederrièremanuque.Ellem'attirecontresaboucheetenmêmetemps,jem'enfonce
enelle.Ellesoupire.Jeressorsetlapénètreplusencore.Lapossédantcomplètement,jem'arrêteetrestecommecelaquelquessecondesenlafixant.Jemesensvulnérable,brûlant,sivivant.Leplaisirestlà,justeenétantenelle.Elleesttoutemavie.Sa main caresse ma joue. Elle me scrute de ses yeux de chat. Elle est celle que j'ai toujours
désirée,jamaisidéaliséecarfaitepourmoi.Elleestunmélangedeforceetdepureté.Putain,jenel'aijamaismérité.-Bougeenmoi,aidemoiàmerappeler.Murmuret'elle.Moi,jemesouviens.Lenombredefoisquejeluiaifaitdubien,lenombredefoisquejeluiai
faitdumal.Jeneveuxpasqu'ellesesouviennedecela.Jeneleveuxplus.Ilyacettevoixdansmatêtequej'essaiedefairetaire.Cellequimedévore.
-Fares?Gémit-elle,deslarmesdanslesyeux.Appuyésuruncoudetoutenlaregardant,jecommenceàalleretvenirenelle.Mamaindansses
cheveuxétaléssurlecouvrelit.Unsouriredeplaisirsedessinesurseslèvres.Jevaisenelledoucement,lalaissantsesouvenirdesecontact,savourermesmouvementslentset
précis, s'habituant à ma présence dans son corps si beau et cela, juste avant que je n'en ressortecomplètement.
Ellemeregardedésorientéeparcevidequejeviensdecréerenelle.Jeveuxqu'elleleressente,qu'ellelesubissepourneplusjamaisvouloirlerevivre.Jeveuxqu'ellemeveuilleencore.Qu'ellemeledemande.Qu'ellemesupplie.Qu'elles'engage.Ellemegriffeledos,memordsl'épaule.Sonbassinsecolleaumien.-Reviens,soufflet-ellelesyeuxvoilésparledésir.Jecontinuedelafixesansbouger.-S'ilteplait,Fares.Mepriet-elle.Jepassemalanguesurmeslèvresavantdel'embrasser,d'unbaiserlent,profondjusqu'àcequeje
lasenteperdresesmoyens.Ellesoupiredesoulagementquandj'entreànouveauenelle,jusqu'aufond,jusqu'àsequejesente
toutesaprofondeur,salimite.C'esttroppuissant.-C'est celaque tuveux?Est cecelaque tuaimes?Murmuré-jecontre sabouchependantque
j'évolueenelle, accélérantdoucement le rythme.Augmentant lapressiondemeshanchesentre sescuissespourallerplusloin,toutaufondd'elle.Là,oùjeveuxêtre.Là,oùjesuisbien.
-Oui.Jeluimordillel'oreilleetsouffle.-Dislemoi,alors.Jeveuxl'entendre.-Jeteveux.J'aimefairel'amouravectoi.Fares...Fares...Monexcitationestàsonparoxysme.Leplaisirgrandissantdevientbientôtfulgurant.
Unedesesmainsglissesousmonbrasetseplacesurmonépaule.L'autreenbasdemondos.Elles'accrocheàmoncorps.Ellemecaresse.Nousallonsaumêmerythmeelleetmoi.
Jeplongeenelleencoreetencore,lafixant,troublépartoutleplaisirqu'ellemeprocure.Iln'yaqu'ellequimefaitceteffetcela.Est-ceparcequejel'aime.Est-cel'amourquirendcelasipuissant,sibeau.
Jeluifais l'amourdefaçonpresqueanimal,avecautantdepassionqueceluiqueje lisdanssesyeux.
Etjesenssonplaisirarriver,lemienenmêmetemps.Elleseresserreautourdemoiparvagues.C'esttellementbon.Jedevraismeretirermaisjenepeuxpas.-Viensavecmoi.Ses magnifiques yeux verts me regardent pendant que sa bouche délicate s'entrouvre et ses
paupièressereferment.-Elena,resteavecmoi,regardemoi.Sonregards'ouvreetsesoudeaumienpendantqueleplaisirlatraverse.Jevoisunéclairpasser
dans ses yeux qui sondentmon âme et son corps produit des soubresauts. Elle pousse des cris deplaisircontremabouche.Ellesoufflemonnomplusieursfois.
Acemomentlà,j'exploseenellecomplètement.Toutexploseenmoi.Va t-elle se souvenirque l'amour, c'est aussi cela.Unmélangedebon,demauvais.Decris, de
larmes,derires,dejoieaussi.L'amourn'estpaslisse.Ilestrugueuxetblesseparfois.Vat'ellesesouvenirquenousnousaccrochonsl'unàl'autredepuisledébutetcelamalgrétout.
Mêmesicelanoustue,mêmesicelanousdétruit.Noussommesfaisl'unpourl'autrecarnousnousappartenons.Aucun substituepourraitnous fairevivrecequenous ressentons,personned'autrenepourraitnouscomblercommenousnouscomblons.Notreamourestirremplaçable.
Ellerécupèredoucement.Jeresteaudessusd'elle.N'arrivantpasàmedécideràmeretirer.Monpoulstapefurieusementdanstoutmoncorps.Enm'appuyantsurmescoudes,jecaresseson
visage.Ellemefixeetsonregardchangeparfoisd'expression.J'aipeur,terriblement.-Fares...Jenelalaissepasfinir.-Jet'aime.Jet'aime.Jet'aimeElena.Jet'aimecommeunfou.Souvienstoidecela.Sesyeuxsefermentetdeslarmesencoulent.-S'ilteplait,faismoil'amourencoreunefois...Avantquelejourselève.Dit-elleenouvrantses
yeuxbrillants.Jenecomprendspas.Non,jeneveuxpascomprendrealorsjeluiobéis.
Chapitre41:LeverdesoleilJenesaispascequiabienpumeréveillercejour-là,unmauvaisrêveousonabsencesousles
draps.Peut-êtreaurais-jedûrestercouchéàattendrequ'ellerevienneplutôtquedemeleveretsortirsurlaterrassedecettechambred'hôtel.Là,oùelleétait.Làoùelleattendaitlesoleilselever.
Je n'ai pas eu besoin de le voir dans ses yeux. Je savais qu'elle avait fait son choix. Elle étaitpenchée,lesavant-brasappuyéscontrelegarde-corps.J'aiavancédoucementverselle.Sij'avaissuque c'était la dernière fois, peut-être aurais-je pris le temps. Peut-être n'aurais-je pas prononcé lespremiersmots...
-C'estdoncnotredernier.Dis-jeposémentenfixantleslumièrespâlesàl'horizon.Elleseredresseetressertlégèrementsarobedechambreautourd'elle.Ellebaisselevisage.Sescheveuxondulésentourentsonbeauvisageetdescendentcommedesvaguesbrillanteslelong
desondos.Elleexpiretoutenformantsursaboucheundemi-souriredésabusé.-Quelgenredefillejesuis...Quelgenrejefus....Quelgenredefemmefais-tudemoi,Fares?Jesaisqu'ellesesouvient.Jel'aisuavantmêmequ'ellenes'endormedansmesbras.Jeluiaidit
quejel'aimaismaisellenem'apasrépondu.Ellem'aseulementembrassé.Longuement.Undernierbaisercommepourmedireadieu.
-Quandest-cequetuvasarrêterdemetraitercommecela?Souffle-t-elle,sesyeuxmaintenantrivésauxmiens.
Mon cœur semet à battre plus fort et àm'envoyer des décharges douloureuses. Ce regard estdifférent de celui de la dernière fois, quand elle m'a quitté deux mois plus tôt. J'y vois de ladétermination. Devant moi, ne se trouve pas une personne triste ou désœuvréemais quelqu'un derésolu.Capabledetoutabandonner.
-J'aiacceptéd'êtretamaîtresse,c'estça?Sesparolesmanifestentuncynismeévident.Jesecouelatête,magorgesenoue.-Elena...-J'aiperdumonenfantàcausedetoietj'aiacceptéd'êtretamaîtresse...Elletoucheunregretquimetue.Uneplaiequineserefermerajamais.Jen'arrivepasàrépondre,
j'ai tellementpeurdedirecequ'ilnefautpas.Unefoisn'estpascoutume,devantelle, jeperdsmesmots.Ellemefaitface.
- Alors, je te repose la question. Ses yeux, comme deux pierres de jade, m'interrogent avecinsistance.Quelgenredefemmefais-tudemoi?
Cettequestionestdeloinlapluspéniblequ'ilm'aiteud'entendre.Carpouryrépondre,jenepeuxpasfaireappelauxsentimentsquej'éprouvepourelleouellepourmoimaisàunfait.Unfaitterrible.Faired'Elenamamaîtresse.Justelepensermedonne,immédiatement,enviedemefoutreenl'air.
-Jen'aipasl'intentiondetefairesouffrir.Plusjamais.Arrivé-jeseulementàarticuler.Ellesecouelatêtedegaucheàdroite.-C'estpourcelaquejet'aiquitté,n'est-cepas?Jen'arrivepasàdétachermonregarddusien,pourtantj'aimeraistellement.Rienquepourcacher
cettehonteetcettesouffrancequim'envahitpeuàpeu.-C'estpourmeproposer,ànouveaucela,quetuesrevenuouest-cedifférentaujourd'hui?Jenevoismêmepasd'espoirdanssesyeux.-Cen'estpasaussisimple.Jet'aimeetmapremièreenvieestquel'onsoitensemblemalgréles
contraintesquecelaimplique...-Lescontraintes...Mereprendt-elleavecironie.- Je sais que tout cela est dur à comprendre. La seconde raison est que je veux absolument
m'assurerquetoutvabienpourtoi.Situesensécuritéaveclui.Jet'airetrouvédansunepiscineet...
Ellem'arrête.Savoixtremble.-Qu'estcequitefaitcroirequejesuisplusensécuritéavectoiqu'aveclui?Toutcela,cevoyage,
cettenuit, toute cettemanipulationpourque je tombeamoureusede toi...Tu l'as encore fait.Tuasrecommencéàmementir.
J'approchemonvisageprèsdusien.Ellenepeutpasm'accuserdecela.-Jeterappellequec'esttoiquiavoulujoueràunjeudequestions.Jevoulaisteparler.Toutte
dire et cela, dès le début. Tu veux que je sois parfait mais ce n'est pas le cas. C'est vrai, j'ai faitbeaucoupd'erreursmaisjenem'ensuispascaché.Jet'aiditlavérité.Cellequetum'asdemandédetedire.
Sesyeuxmefusillentetrageusement,elleentredanslachambre.Jelasuis.-Elena!-Vast'en!Criet-elleentremblantdeplusbelle.J'aienviedelaserrercontremoi,larassureretj'essaiemaisellemerepousseavecforce.Moncoeursedéchire.Ellemetourneledosetserresesbrascontreelle.-Elena,s'ilteplaît.Regardemoi.Toutauraitétéplussimplesitun'avaispasperdulamémoire
et...Quandelleseretournepourmefaireface,sesyeuxsontchargésderancœursetdedésillusions.-Toutauraitétéplussimple?!Tutefousdemoi.Nousn'avonsrienencommuntoietmoi,ettu
veuxsavoirpourquoi?Carmoi,jedivorceraispourtoi.Qu'importelesconséquences.Tuastoujoursprisdesdécisionsàmesdépends.Tucroisfairedubienmaistutetrompes.Tuesunputaind'égoïsteetlaseulepersonnequetuprotègesc'esttoimêmeetlesintérêtsdetafamille.Etcettefamille,jen'enferaijamaispartie...
Elleditladernièrephrasedansunmurmureetçameretourne.Jesensqu'elleaenviedepleurermaiselleseretientcourageusement.Ellefaitfrontetjesaisqu'elleessaiedemequitter.Encore.Sarespirationestforteetsaccadée.Putain,ellenepeutpasnousfairecela.
-Elena,tesouviens-tuvraimentdetout?Demandé-jedoucement.Letondesavoixtraduitunsentimentd'amertumeprofond.-Jecroisquecedontjemesouviensnemetrompepas.Maistuasraison,peut-êtrequejeneme
souvienspasdetout.Peut-êtrequecessouvenirshorriblessontfauxalorsréponds!Pourquoiai-jeperdunotreenfant?-Elena,s'ilteplait,çamebriseautantquetoi.Samâchoiresecontracte.Sesyeuxmedétestent.-Réponds-moi!Mesépauless'affaissent.-Jenesaispas.Dis-je,pathétique.-Situlesais.Répondsmoiputain!-Àcausedemoi.Soufflé-jedefaçonpresqueinaudible.-Pourquoi?-Parcequejen'étaispaslàpourvousprotéger.-Non,dis-moipourquoij'aiperdunotrebébé.Criet-elleplusfortencore.Jememetsàtrembler.Depeur,dehonte,d'untout.J'aienviedehurlermoiaussi.Deluidireque
j'aimalautantqu'elledetoutcegâchisetquejen'enguériraijamais.-Parcequej'étaismarié.Parcequejet'aimenti.Parcequejesuispartietquejet'aidélaissé.Parcequejen'aipassut'aimeràcemoment-là.Parcequejen'aipasétéàlahauteur.Mavoixperd
soncalmeetjememetsàcrier,contremoimême.Parcequej'étaisunsalaud!Unfaible!Unlâche!Etjememéprise.Putain,jemehaistellement!
Jesuisessoufflé.L'aveuestplusdurqu'unedouleurphysique.Oui,c'estbeaucoupplusdurdelui
direenfacequejenelaméritepas.-Alors,tunousassacrifiépouruneautreettuosesrevenirmedirequetum'aimes...Ettupenses
quecetamoursuffiraàendurerlasouffrancedevivredansl'ombredetafemme.J'étaisenceintedetonpropreenfantettum'asdélaissé.-Jenesavaispasquetuétaisenceinte!-Etalors,situl'avaissu,qu'aurais-tufait?Qu'est-cequecelaauraitchangé?Serais-tufinalement
resté,parprincipe,parmoralouparpitié,peut-être.Tuseraisrestémariédetoutefaçonetauraisfaitdenotrebébé,unenfantillégitime.Çamedégoûtequetumeportesautantdemépris.
-Cen'estpasça.Putain, jenesuispasfaitd'acier, tucroisqueçanemedétruitpas?Tuparlescommesic'étaitfacilepourmoi.
-Oui, c'est facile pour toi. Facile demeproposer une vieminable et stérile.Et tu veuxque jeconfiemonaveniràunhommecommetoi!C'estcelaquetuveux?Fairedemoiunemoinsquerien,taputain.Etbien,jelerefuse!Tum'ascompris?Tum'assacrifiémoiettonenfantpouruneautre,alors je sacrifiecetamour !Etputain, j'aicouchéavec toiet j'ai ressenti toutessesémotionsaussifortesqu'ellesm'aveuglent.Ellesmerendentfaible,prêtentàtoutpourunhommedontjen'aijamaisvraimentpardonnélesactes.
Mes nerfs lâchent, je me mets à trembler de tous mes membres. Je me sens impuissant. Toutsimplementcarjen'aipasd'argumentsfaceàsesaccusations.
-Elena,rappelle-toidetessentiments,s'ilteplait.Nousdeuxcen'estpasqueça.Jet'enprie.Rappelle-toidubon.Nenousbrisepasdecettefaçon.Sonregarddevientterrible.-Qui te dis que j'ai envie deme rappeler de tout et jusqu'à quel point je peux t'aimer.Quitter
quelqu'unpoursonbienestuneraisondemerde.Quitterquelqu'unenluidisant tuesparfaitemaisc'estmoileproblèmeestl'argumentdesfaibles.Laissertomberamoureuxquelqu'unpourensuitelejeter est une attitude des plus déplorable, cruelle et dangereuse pour l'autre. Depuis que l'on seconnait,saistucombiendefoisj'aieuenviedemourir?Carc'estdeceladontjemerappelle.C'estplus fortque l'amourou leplaisir etmême lebienêtreque je ressensdans tesbras. Jedeviendraifolled'êtretamaîtresse.Jamais,jenelesupporterai.Tum'entends!?
Ets'iln'yavaitquecela...Ilyatropderancœur.Jenet'aijamaispardonnéFares.Alorsregardemoibien.Prendsmoiausérieuxcartoietmoi,c'estfini.Pars!Oui,parsloindemoi,rentrecheztoietnereviensjamais!
C'estlecoupdegrâce.Chacunedecesparolessontdeslamesquis'enfoncentdoucementdansmapeau.Etsouscettedouleurinsupportable,deslarmesjaillissent,d'ellesmêmes.Jereculetellementçamebriseetjetombeàgenoux.Ilestimpossiblepourmoidemerelever.Jesuisàbout.Jenesupportepluslavéracitédesesmots.
Lesilencereprendpossessiondelapièce.Ellenebougepasetjemesensmisérable.-Tunedevaisplusmequitter.Murmuré-jelesyeuxdanslevide.Ilsemblesepasseruneéternitéavantqu'ellenes'approchedemoi.Avantqu'elleneconsenteàme
toucherlevisage,àessuyerduboutdesdoigtsmeslarmes.Jecollemajouecontresonventre.Putain,c'esttropdur.-Fares, jenemesouvienspasde toutcela.Murmure t-elledoucementenpassant samaindans
mescheveux.-Tuavaispromisdenejamaism'oublieretc'estcequetuasfait.Tum'asoublié.-Jenem'ensouviensplusnonplus,jesuisdésolée.J'entendsdessanglotsdanssavoix.Jeluiaifaittropdemal.Depuiscombiendetempsceladur.
Elleetmoi,çanecollera jamais.Pourquoi, suis-je resté tantd'annéeà l'attendre.Attendrepour luioffrirencoredeladouleur.
Ilfautquejepartemaisencoremaintenant,jen'yarrivepas,jeveuxencorel'étreindre.-Fares,toutescesimagessontcommedescauchemarsquemêmelesrêvesn'apaisentpas.Murmuret-elledoucement.J'aibesoindemereconstruire,sanstoi.Jet'aioubliéetjepensequece
n'estunhasard.Encoreuncoupdepoignarddanscequ'ilrestedemoncœur.J'entendsdeladouleurdanssavoix
qu'elleessaied'étouffer.J'aimal.-D'accord,jeferaicequetuveux.Jepartirai.Maisavantdepartir,jeveuxvoircequ'elleafaitpourmoi,ilyabientôt10ans.Commepourme
rassurerqu'ellem'aaiméetqu'ellenem'oublierajamaismêmesijeserailoind'elle.Carelleresteragravéedansmamémoire.
Mamainglissesursacuissedoucementetsoulèveavecelle,letissudesarobedechambre.Ellemelaissefaire.Mesyeuxfixentàprésentsahanchenue.Aulieudesontatouage,unemarque,unebrûlure.Ellel'afaitenlevé.Jemeredresseetmelèved'uncoup.J'aienviedehurler,decassertoutcequisetrouvedanscette
pièce.Putain,moncerveaupartenvrille.Mesmusclessecontractent,mefontmalet jecroisqu'untrucsebriseaufonddemoi.
Jerecule.Mesyeuxn'arriventàseposersurrien,mêmepassurelle.Mamaintrouvelapoignéedelaporte.
***La porte se referme sur Fares et je m'effondre sur le sol. Les larmes contenues, glissent
maintenantinlassablementsurmesjoues.-Fares...Je prononce son prénom une dernière fois. La douleur est plus forte que tout. Complètement
rouléeenboulesurmoimême,jelalaissem'envahir.Mêmesijel'attendais,elleestplusdouloureusequejamais.
J'aime cet homme. Tellement fort.Mais nos vies sont comme deux chemins qui ne peuvent serencontrer.Triste sort, cruelle réalité.Nousnepouvonsêtreensemble. Ildevaitpartir loindemoi.Poursonbien,pourlemien.Nousdevionsarrêterdenousfairedumal.Lequitterunedernièrefoism'aencoreanéanti.Etplusencorecarjenelereverraijamais.
Jevoulaisluidiremerci.Mercides'êtrebattumalgrétout.Maisilauraitvuencelaunefaillequejenepouvaispermettre.
Tout cela est le fruit de nos erreurs. Égoïsme, fierté, faiblesse. Nous nous sommes tous deuxmariéssansfairefaceàlacontrainteetpardépit.Nousnoustorturons,nousnousmettonsendanger.C'estcequenoussavonsfairedemieuxl'uncommel'autre.Nousnousaimonsdecettefaçon.
***Ladoubleportevitrées'ouvreautomatiquementetunesonnetteretentit.Jeregardeautourdemoi,
lesmédicaments, lessoins, lesmasques, lescrèmes.Touscesartificeschimiqued'apothicairepoursoignerlecorps.Maisiln'enexistepaspoursoignerlescœurscommelemien,complètementbriséetirréparable.
Jesuistiréedemespenséesparlavoixd'unefemme.-BonjourMadame.-Bonjour.Dis-jeàmoitiédanslevague.J'ail'impressiondenepasêtreconsciented'oùjesuisà
présent.Ma tête tourne. La femmeme dévisage, fixe la file d'attente derrièremoi et souffle avecimpatience.
-Voussouhaitezquelquechose?-Lapiluledulendemain.Dis-jed'unevoixfaible.
Lapharmacienneme regardebizarrement.Son airmedonne envie de la gifler.Oui, j'ai euunrapportnonprotégé.C'esttoiquipaieouc'estmoi,bordel.
Jetendslesdollars,prendslepaquetetàpeinedehors,jedéchirel'emballage.Jeregardeuninstantleminusculecachetblancentremesdoigts.Uneseuleprisepourunavenir
libéré.Libérécomplètementdesonemprisecommejel'aidéfinitivementlibérédumien.Etilnemanqueplusqu'unedernièrepageàtourner.Ilnemeresteplusqu'àaffronterunmonstre:
Eric.
Chapitre42:Mémoireretrouvée***2ansplustard***J'ai pris l'habitude de faire trois fois le tour du quartier en courant tôt le matin, à sept heure
exactement.Jecourspourchasserl'ennuieetrendremesjournéespluscourtes.Jenedorsplusquesixheuresparnuitetceladepuislongtemps.
Lesaprèsmidi,jesuisbénévoledansuneassociationquiaidelespersonnesdéfavorisées.Jen'aiplusd'emploi.Jemereconstruisdoucement.
Lesjourspassentetseressemblenttous.Jeviscommesidemainn'existaitpas.Messoiréessontlongues.Jelisouregardedesfilms.Jenesorspratiquementplus.Ce soir, mes parents regardent tranquillement la chaîne d'informations à la télévision dans le
confortablesalonoùj'aipassétoutemonenfance.J'habitechezeuxdepuisplusd'unan.PeudetempsaprèsavoirquittermontravailchezHermès.
Celameparaîtsiloinàprésent...N'ayantpas finit le tournagede lapublicité"Voyage"commeprévu, ladirectionabienentendu
profitédubaiserquem'avaitdonnéFareslorsducombatfinalepourenfairel'affichephare.Noussommestouslesdeuxengrosplan.Delatêtejusqu'aubuste.L'uncontrel'autre.Sesmains
surmonvisage,bouchecontrebouche.Unbaisertorride,placardésurtouslespanneauxpublicitairesetarrêtsdebusdumondeentier.
Cetteimageaétédiffuséesuiteàmonaccord,bienentendu.Commentaurais-jepurefuser?Lavidéosourceavaitdéjàfaitletourdetouslestabloïdsetj'étaisencoremariée.J'étaiscoincée.
Etensignantledroitdediffusion,j'attestaisquec'étaitbiendanslecadreprofessionnelquecebaiseravaiteulieuetnonpas,lapreuved'amourdedeuxamantsdéchirés.
Lemontage de la publicité a été fait de telle sorte que l'on y voit que du feu. Une cohérenceparfaite.Aprèslefantasme,toutelaréalitéd'unbaiserdonnédansl'euphoried'unevictoire.
Faresétaitdevenulesymboled'Hermesetlesaffichesdenotresuccèsinternationalétaitpartout.Je subissais les regards appuyés dans les rues de Paris. Ses fans, certaines folles furieuses, mesuivaient ou m'interpellaient. Me promener seule dans Paris devenait impossible car Fares avait,soudainement,disparuetj'étaislaseule,selonelles,àenconnaîtrelaraison...
Aprèsavoirreçuuneénormesommecompensatriceetdedroitd'image,j'aidonnémadémission.J'ai quittémonpostepourdeux raisons.Lapremière,mondivorce, quim'ausémoralement et
physiquement.J'étaisdevenuesimaigrequemesparentsonteupeurpourmoietm'ontproposédevivresousleurtoitletempsquetoutsetermine.
Laseconderaisonestquej'aifuilespostersetaffichespublicitairesjonchantlescouloirsetlesbureauxd'Hermès.Lacampagnefutuntelsuccèsqueleparfumestdevenul'unedesventeslesplusfructueusesde la compagnie.Ceque jene supportaisplus était denousvoir,Fares etmoi, sur lesmurs,chaquematin.J'aieu,unjour,lafoliedetouslesarracheretc'estunefoisparterre,lespapiersdéchiréstoutautourdemoi,quej'aisuquejedevaispartir.
-Tupars,çayest?M'avaitdemandéLucielesyeuxtristesenentrantdansmonbureau,ledernierjour.
Je n'étais plus moi même depuis longtemps. Plus froide, plus distante, moins présente. Jen'arrivaispasàmeconcentrersansrevoirdansmatêtesonvisage.Sapeine.Seslarmes...
-Oui,ilesttempsLucie.Maremplaçanteàl'airtrèsbien.-Elleneserajamaisaussibienquetoi.J'avaisessayédeluisouriregentiment.-Je...Jevoulaistedirequej'étaisdésoléepourIsabelle,ellet'afaitdutordetj'espèrequecen'est
pasellequiatoutgâché.Avait-elleajoutéenregardantunedesaffichesduparfum"Voyage"roulée
surmonbureau.-Non,cen'estpasdesafaute,nidelatienned'ailleurs.Tun'aspasaêtredésolée.N'enparlons
plus.Tuesuneassistanteformidableettuasunebellecarrièredevanttoi.Isabelle avait, peu après notre retour, laissé sa lettre de démission sur mon bureau. Je ne l'ai
jamaisrevu.J'aidoncquittémonbureauunlundi.Ledirecteurm'apromisqu'ilgarderaittoujoursunfauteuil
delibre,sijamais,jerevenaissurmadécision.J'aiditadieuàKatrinaainsiqu'aujardinblanc,moncoindeparadisquemessouvenirsavaienttransforméenenfer.
J'ai dû aussi fuir Paris et les nombreuses menaces d'Eric. Je n'en pouvais plus. Il voulait medétruire.
Mon divorce a été prononcé après deux ans de bataille juridique. Le 21mai exactement.Deuxannées de déboires comptant les harcèlements de mon mari, des attestations calomnieuses etdiffamatoires,desdégradationsdebiens.Lesmainscouranteetlesplaintesn'onteuaucunpoidspourl'empêcherdenuire,nimêmedanslerésultatduprocès.J'aitoutperdu.
Unhommeayantdesalliésaussiimportantaunsentimentdepouvoirsupérieur.Non,cen'estpasunsentiment,c'estunfait.Lejugeétaitmanifestementdesoncôté.
Jemesouviensdemonretoursurlacapitale,jenevoulaispaslerevoir.Juliam'avaitproposédem'héberger le tempsque j'engage laprocédurededivorceetque je trouveunnouvelappartement.Unesemaineplustard,jesuisalléechercherquelquesaffairesàlavillaenpleinsmilieudejournée,pensantqu'ilneserapaslà.Unefoisdeplus,jen'aipaseucettechance.
Arrivéedevantlamaison,untasnoircharbonneuxavaitattirémonattentionimmédiatement.Toutesmesaffairesétaientcarboniséessurlesgraviersblancsdontlatotalitédemagarderobe,
lesquelquesmeublesm'appartenant,macollectiondeCD,l'horlogedemagrandmèreayantservideboispourallumerlebrasier.
Lapropriétéétait calmeet je suis restéeunmomentdevant les cendresdemavie.Plus riennepouvaitêtresauvé.Jen'aimêmepaspleuré.
J'étaisentréedanslavillad'unpaslourdetanxieux.J'avaismontédoucementàl'étageetpénétrédansma chambre à la recherche d'affaires qu'il aurait pu oublier dans sa pulsion pyromanemaisc'était sans compter sur le souci du détail d'Eric.Mêmemes bijoux semblaient s'être évaporés.Cen'estpaslegenred'hommeàfaireleschosesàmoitié.
C'estàcemomentlà,qu'ilestapparu.Eric.Devant le seuil de ma chambre. J'ai sursauté de peur. Son air sombre m'avait alerté et j'avais
immédiatementsortilecouteauquej'avaisprévuaucasoù.-Tuosesremettrelespiedsici.Avait-ilmurmurédangereusement.-Jenesuispasvenueseule.Jeteconseillederesterloindemoi.Luiavais-jeintimélecouteau
dirigéverslui.-Ilestlàaussi?Jesavaispertinemmentqu'ilparlaitdeFares.S'ilavaitétélà,sijeluiavaitditlavéritésurEric,je
doutequemonmariseseraitencoretenudeboutdevantmoi.-Jel'aiquitté.Ilestrentréchezlui.Tun'asdoncpluslesmoyensdemefairechanter.Jedemande
ledivorce.Etcettefois,touchemoiettuirasdroitenprison,làoùesttaplace.Là,oùtuauraisdûêtredepuisdeuxmois.
-Tun'asaucuntémoin,monamour.C'est taparolecontrelamienne.Etpuis, tusaisquej'ai lesmoyens de te faire taire.M'avait-il menacé d'un air mi-dangereux, mi-mielleux, presque inhumain,celuiquimeglacelesos.
Ils'était,alors,approchédemoi.Sonvisagedéforméparlahaine.Unedesesmainss'étaittendue
pourm'attraperlescheveuxoulecou.Jem'étaismiseàcrieretj'avaisvisésonventremaisjen'avaisréussiqu'àcouperunboutdechairdesonavant-bras,qu'ilavaitbaisséàtempspourseprotéger.
Il avait reculé, surpris par mon acte. Le sang avait commencé à salir la moquette blanche etépaissedemachambre.
-Je te jureapproche toiencoreet je te tue.Avais-je juréentremesdents, lecœurbattantà toutrompre.
Je me rappellerai toute ma vie de cette scène car lui lacérer la peau m'avait procuré un bienénorme.Etj'auraispuallerplusloin.J'auraispumoi-mêmecommettreunmeurtrepourmedéfendreetcelasanshésiter.J'avaisfixésajugulairecommeuneciblefacile,prêteàyenfoncerlecouteaus'ilfaisaitunpasdeplusversmoi.
J'auraispulefairecarjemesouvenaisdetout.Decetteterriblenuit.Celledemonaccident,2moisplustôt.J'avais les images, presque nettes, de sa violence furieuse, sa haine aveugle. La cruauté de ses
actesquandjeluiaiannoncéquemêmesijenepouvaisêtreavecFares,jeneresteraipasaveclui,nonplus.Quejepréféraismêmecrever.
Jecroisqu'ilm'aprisaumot.J'avaiseulemalheurdeluitournerledos,uninstant,quandunobjetestvenufracassermoncrane
melaissantàmoitiéinconsciente,entrelavieetlamort.Maiscen'étaitpasassezpourcepauvrefou.A terre, sa main avait emprisonné ma gorge, jusqu'à m'étouffer et je peux encore, aujourd'hui,ressentir la souffrance provoquée par ses coups de poing dans mon ventre, qu'il donnait sanss'arrêter,desamainlibre.
Mon corps restait paralysé par la douleur. Il avait continué ainsi, jusqu'à ce que mes yeux serefermentlentementsursonregardbleupâle,complémentexhaléd'unsentimentdetoutepuissancependantquemoncœurs'arrêtaitdoucementdebattre.
Alorsoui,cejourlà,quandjesuisrentréedemonvoyage,j'auraispuletueretfaireglissersoncorpsinconscientdanslapiscinecommeilasusibienlefaireavecmoi.
Etheureusementoupas,Charlesaccompagnédedeuxdesescopainsétaientmontésàl'étageenentendantmescris.Ilss'étaientmisentrenous.Faisantbarrageentremonarmeetcecorpsquejeneconsidéraispluscommeétantceluid'unêtrehumain.Maisundanger,unebêtemenaçantmavie.Unmonstre.
-Foutezlecampdechezmoi!AvaithurléEriccommelefouqu'ilétait.Setenantlebraspleinsdesang.
C'estencore tremblanteque j'avais sortimavoituredugarage.Labrûleraurait sansdouteétaitplusduràexpliquerauxassureursetànierdevantlejuge.
Aujourd'hui, je suis toujours suivi par un psychologue. Je ne fais plus de crise car elles sontexpliquéespar le traumatismesubitpar la tentativedemeurtred'Eric.Jerefusetout traitementanti-dépressifouanxiolytique.Jesubisencorequelquestroubles,jemepuniecommecelad'avoirfaitlemauvaischoix.
-Jevaismecoucher.Dis-jeàmesparentsenpensantàlesembrasseravantdequitterlesalon.-Bonnenuitmachérie.Jemontelesescaliersetentredansmachambre.Jecommenceàmedévêtirlentement.Devantlaglacesurpied.Monregards'arrêtesurlabrûlurequ'àproduitlelasersurmontatouage.Lapreuvedemabonne
foi,selonEric,quejequitteraietoublieraidéfinitivementFares.Ilm'avaitprisrendez-vouslematinmêmeavantquejeneperdelamémoire.
Je rabats rapidementma robe de chambre dessus. Eric se trompait car cela ne fait que demerappelerladernièrefoisquej'aiquittéFares.Lafaçondontils'étaitreculé,sesyeuxdevenussecset
videsquandilavaitvucettemarquesurmoncorps.J'avaischerchésonregardunedernièrefois.Maisilavaitdéjàquittélachambre.
Une fois, dans mon lit de jeune fille, je me mets, comme chaque soir, à fixer le plafond enattendantquelesommeils'emparedemoi.
Onfrappedoucementàlaporteetlatêtedemamèreapparaît.-Jepeuxentrer?Medemandet-elle.-Biensûr.Çava?Mamèreacquiesceetvients'asseoirauborddemonlit.-Donnemoitespieds.-Maman,jenesuisplusuneenfant.Dis-jeenluisouriant.-Allez,tuesencoremafille.Donnelesmoi.Jesourisetsorsmesdeuxjambesdesdraps.Ellecommenceàmemasserdoucement.-Elena,tusaisquetupeuxresteràlamaisonletempsquetuvoudras.Maistunecroispasqu'il
fautqueturecommencesàsortir,àvoirdumonde.-Jen'enaipasenvie,maman.-Tunousfaispeur.Onaimeraitrevoirnotrefilled'avant.Cellequisouriaittoutletemps.Celle
dontlebonheurpouvaitseliresursonvisage.Êtreheureusenemeparaîtplusaussi facilequ'autrefois.Toutsimplementcar jene trouveplus
aucuneraisondel'être.Etnepasêtrebienchaquejour,n'empêchepasdevivre.-Mapsyditquejevaismieux.Jefaisdusportetjevoisdetempsentempslesfilles.Enfin,quand
ellessontdisponibles.Etc'estdifficiledetrouveruntravailquandtonvisageestsurtouslesmursdeParis.
-Jesais.Maisjeneparlepasforcementdetrouveruntravail.Jepensequ'ilesttempsderefairetavie.Detrouverquelqu'un.
Refairemavie...Siellesavaitàquelpoint,jem'enfous.Touteenvieadisparu.Jen'aibesoinderienetencoremoinsd'êtreavecunhomme.
C'estcommesij'étaissurlacasedépartd'unjeu,sansavoirdedépouravancer.Etmêmesij'enavaisun,jenesauraismêmepasdansquelledirectionaller.
-Tonpèreetmoi,nousnousenvoulonsterriblementdenousêtretrompéssurEric,tusais.Nousaimerionstellementt'aider.Deslarmespointentauborddesesyeux.Ilsétaienttombésdehautenapprenantlavéritablenature
deleurgendre.-Arrêtemaman,c'estmoiquiauraitdûlevoir.Vousn'êtespascoupabledemeschoix.Ellebaisselatêteetsembleréfléchir.-Etcegarçon?Celuiquit'asauvélavie.Celuidelapublicité.Tunelevoisplus?Tuneparles
jamaisdelui.Entendremamère,parlerdeFares,mefaitmal.-Ilestpartietjenelereverraiplus.C'estmieuxpournousdeux.C'estmieuxcommecela.Noussommestropdifférentsluietmoi.Oui,Faresavaitprisunavionpourrentrerchezluilelendemainmêmedenotredernièrenuit.Je
nel'aijamaisrevu,nimême,entenduparlédelui.Je tourne le regard. Jeneveuxpasqu'ellevoitqueçameblesseencore,mêmeaprès cesdeux
dernièresannéespasséesàessayerdel'oublier.Mamèresembleréfléchirànouveaupuismeditavecdélicatesse:-Ladifférencen'estpasunebarrière, si chacunaccepteet respecte cellede l'autre...Tu l'aimes
encore?Mesyeuxrencontrentànouveaulessiensetjenepeuxplusfairesemblant.
-Maman,jel'aimeraitoutemavie.Dis-jepresquedansunmurmure.LessouvenirsdeFaressesontpréciséschaquenouveaujouretmessentimentsaveceux.Chacun d'eux me tue un peu plus. Oui, chacun d'eux me fait plonger plus profond dans les
ténèbres.Maisjedoisysurvivre.Jedoiscontinueràêtreforte.Nousnesommespasfaitl'unpourl'autre.Nosdestinsnenouslepermettentpas.-Etlui,ilt'aime?Demandemamère,metirantdemesréflexions.-Jepensequenon...Jenousai...Nous...Jebaisseetsecouelatête.Mamèreserapprochedemoi.Jenecroispasqu'ellem'a,unjour,serréaussifortdanssesbras.Jelèvelevisage,laregardedroitdanslesyeux.Jevoistellementdebontédanssonregardque
soudain,jenesaispaspourquoimaisjeluiracontetout.Absolumenttout.Elle m'écoute attentivement. Je parle et je n'arrive plus à m'arrêter. Elle est parfois surprise,
émerveillée,choquée,uninstant,jecroismêmequ'elleseretientdepleurer.Jecroisqu'ilsepasseplusd'uneheureavantquejem'arrêtesurlepointfinaldudernierchapitre
denotrehistoire.-Etqu'estcequ'ilyadanscettelettre,cellequeFaresavoulutedonneravantquetunetemaries?
Medemandet-elle.-Jenesaispas.Jen'aijamaisosél'ouvrir.Elleparaitsurprise.- Il seraitpeut-être temps,machérie.Tempsque tuouvres lesyeux.Tusaischaquerelationest
compliquée.Quecroistu?Quechaquecoupleestheureuxetn'aaucunproblèmemaistutetrompes.Nousavons tousnos faiblesses,nous faisons tousdeserreurs.L'amourparfaitn'existepasmais levéritableamouriln'yenaqu'un.Farest'aaiméetilesttonvéritableamour,jelevoisquandtuparlesdelui.TurevisElena.Etpuis,s'iln'aimepassafemmepeut-
êtrequesasituationestdifférenteaujourd'hui.Ettueslibreàprésentdeledécouvrir.-Maman,ilnem'aimeplus.J'ensuissûre.M'astubienécouté?Jel'aiquittédelaplushorrible
desfaçons.Jeluiaiditquejenemesouvenaisquedumalqu'ilm'avaitfaitetquelebiennecomptaitpas.Maisj'aimenti.Jeluiaimenticarjevoulaisqu'ilarrêtedem'aimer.Jesavaisqu'illepouvait.Ilestplusfortquemoi.Ilpouvaitpartirsansseretourner,alorsquej'enétaisincapable.Jenevoulaispas qu'Eric lui fasse du mal. Je voulais qu'on arrête de souffrir tous les deux. Et je voulais meprotégeraussi.Jamaisjen'auraispulepartager,maman,tucomprends?
Ellemeregardeavectendresse.- Je comprends que vous avez été tous les deux irresponsables et dépassés par cet amour
extraordinaire.Mais,tuesassezgrandepoursavoircequiestbonpourtoietquoiquetudécides,tusaisquenousseronstoujourslà,meamor.
Ellem'embrasselefront.Jelaregardeselever.-Mercimaman.Mercid'êtrevenuecesoir.Ellemesouritetquittemachambre.Jeresteuninstantsansbouger.Mesyeuxfixantlaportedemonplacard.Jemelèvedoucementverselleetl'ouvre.Jememetssurlapointedespiedsetattrapeunepetite
boite.Jelatiensuninstantentremesmains.Je retiresoncouvercleen tremblant.Dedans,se trouve lecollierquem'avaitoffertFares.Je le
poussedélicatementsurlecôté.Jeprendsunelettre.Lalettre.Jeretournedansmonlitetm'yinstalle.Jelafixeentremblantdeplusenplus.Jamais,jen'aiosél'ouvrir.Pourtant,lejourmêmeoùj'ai
récupérémavoiture,lapremièrechosequej'aifaite,aétédevérifiersiellesetrouvaittoujoursdanslaboiteàgants.Latenirdansmamainfutunsoulagementénormeetcomblaitpresquelefaitd'avoir
toutperdu.Au bout de quelquesminutes, je récupère le bout de papier dans l'enveloppe et je le déplie. Je
fermelesyeuxuninstant.Quandjelesouvreenfinetquemonregardparcourtlapremièrelignedesonécriture,deslarmes
semettentàcouler.Chacundesesmotsestunedouleur.Undéchirement.Appuieencoresurlesplaiesdemonâme.
Chaque lettreme fait prendre conscience que je vis dans lemensonge. Celui de croire en uneguérisonsansluietlenon-sensqu'aprismavie.
Quandjefinisdelire,jemelèveprécipitamment.Jedécolleleposterdupursangnoir.J'affronteletrouquelepoingdeFaresavaitfaitdanslemurdemachambredesannéesenarrière
etjesouris.***
-Maisoùvastuàcetteheure?Medemandemonpèretoujoursétendudanssonsofa.-Jesors.Luidis-jeavecunsourirequil'étonneapparemment.Mamèremefaitunclind'œiletjequittelamaison.Jerouleencoreetencore.Etquandjem'arrêteenfin,jesuisdevantunemaison.Jemeprécipite
verslaported'entrée.Jesonne.QuandLucouvre,jeluisautedanslesbras.-Quefaistuici?ÇavaElena?Tutrembles.Jelelâcheengardanttoujoursmesdeuxmainssursesépaules.-J'aibesoindetoi.Jet'ensupplie,aidemoi.
BonusElena:Fares,regardemoi.As-tufaitcelaparcequetum'aimes?***2moisplustôt***-Bon,tun'asrienoubliéj'espère?Demandé-jeàClaire,lasœurdeLuc,quiaplusdebagages
que5passagersréunis.-Attendsunmoisdevacanceschezmononcle,ilmefautbiença.Dit-elleenmesouriantdetoutes
sesdents.Putain,jesuistouteexcitée.Onvapasserdesvacancesinoubliables,j'ensuiscertaine!Je regarde Luc, incertaine. Il me sourit pour me donner du courage. Il me tapote gentiment
l'épaule.-Net'inquiètepasEl.Leplusdurseradesupportermasœur.Medit-ilenmefaisantunclind'œil.-Jet'aientendu!LâcheClaireavecunemouedesplusadorables.-Jesais.DitLucenserrantsasœurdanssesbras.''Les passagers pour le vol E356 en direction deDubaï sont attendus pour l'enregistrement de
leursbagages"-Bon,jecroisquenousdevonsyaller.J'embrasseànouveauLuc.-Mercipourtout.Luidis-jedansl'oreille.PrendssoindeKaty.Elleaccouchebientôt,j'espèreque
jeserairentréeàtemps.-Dansunmoisexactement.J'aihâte,ellemerenddingue,situsavais.Heureusementquejel'aime.Jeluisourisetsonvisagedevientplussérieux.-Elena,Faresachangé.Jecroisquetunedevraispast'attendreàretrouverlemêmehomme.Jeregardemonpasseportquejetritureentremesmainsdevenuessoudainementmoites.Jecrois
neplusêtrelamêmefemmenonplus.Maisj'aicebesoinirrationneldelerevoir.C'estplusfortquetout.J'aibesoinqu'ilmepardonne,jesuiscapabledefairedesmillionsdekilomètrespourluidirecela.
Claireembrassesonfrèreetm'attrapelebras.-Bon,Elena,situnetebougespas,nousallonsraternotreavionetilenesthorsdequestion.J'aimisplusd'unesemaineàfairemesbagages!-Oui,onyva.Dis-jeenmelaissantdirigerversleguichetd'enregistrement.-Bonvoyagelesfilles.NouscrieLucennousfaisantdegrandssignes.Nousmarchonsdepuisquelquessecondes.-Elena!Je me retourne et je suis surprise par la personne que je vois. C'est Aliyah, toujours superbe
commed'habitude.Elleestaccompagnéepardeuxhommes.Ungrandmusclémarchederrièreelle,cedoitêtresongardeducorps,maisceluiquiattirespécialementmonattentionestl'hommequiluitientlamain.Ellesedirigeàgrandpasversmoi.
ElleembrasseClaireetmeserrelamainennecessantdemefixer.-Qu'estcequetufaislà?LuidemandeClaired'unairétonné.-JesuisvenuevousdirebonvoyagemaisjesouhaitaisaussiparleràElena.Jeluifaisd'énormesyeuxsurprismaisjecapituledevantsonairinsistant.-J'arriveClaire,commenceàenregistrertesbagages,jeterejoins.-Heud'accordmaisdépêche-toi.Répondt-elleenronchonnanttoutenfaisantunsigned'aurevoir
àsacousine.Jen'arrivepasàm'empêcherdefixerleblondàlunetteàcôtéd'elle.-C'estmonpetitcopain.Dit-elleavecunlargesouriresurleslèvres.Jesuisabasourdie.Ellese
sertcontreluietill'enlace.Ilsontl'aircombléstouslesdeux.
-Enchantée.Dis-jemachinalement.Ellesedégagedoucementdeson"petitcopain"etmepoussesurlecôté.Jemelaissedirigervers
unedesgrandesvitresdel'aéroport.- C'est mon professeur de français. Nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre. Je l'aime
tellement.J'avaleavecdifficultémasalive,jen'arrivepasaycroire.Ellearefaitsavie.Ildoitêtredouécar
Aliyahparleunfrançaispresqueparfait.-Ilacceptelasituation?Dis-jesansmêmeréfléchir.Aliyahrougit.-Fares,n'estpluslà....Etpuis,iladoreAdam.Noussommesheureux.Etpeut-êtrequ'unjournous
pourrons...Enfin,nousgardonsespoir.Sesparolesmelaissentperplexe.Ellecontinue.-Lucm'aditquetupartaisetj'aivoulutevoiravant.Tiens,voiciquelquechosepourtoi.Elleme tendun paquet enroulé dans un tissu. Je le fixe un instantmais le déroule, finalement,
pousséeparlacuriosité.Al'intérieursetrouvedeuxpetitspoignardsdontleslamessontrecourbées.-Maistuesdingue.Queveuxtuquejefassedecela?Jeluitendspourqu'ellereprennecequiluiappartient.Ellerepoussemongeste.-C'estuncadeau.Metslesdanstavaliseavantl'enregistrement.Gardelesprécieusement.Croismoi,làoùtuvas,tuenaurasbesoin.Quandtuseraslàbas,oublietoutcequetuasappris
ici.Lesgenssontdifférents,certainsmêmemauvais,nefaisconfianceàpersonne.Jesuistouteretournéeparcetteattentionetsesmots.Jenesaisplusquoidire.-Ok,je...Merci.J'ouvreunpeu la fermeturedemavalise etglisse lesobjets à l'intérieur.Soudain, elleme sert
danssesbras.Sonodeurdejasminremplismesnarines.-Elena.S'ilteplait.Aimeleencore.Ilabesoindetoi.Ellesedégagedoucementetmeretientparlesépaules.-Maissurtoutfaistrèsattention.Méfie-toidesfilleslà-bas,enparticulier,méfie-toid'Aïcha.Asuivre...
LettreàElenaElena,Jenesaispassitulirascettelettreousitulajetterasaveclerestedenossouvenirsmaisjet'en
prie,lislàjusqu'aubout.Jen'arrivemêmeplusàrespirertellementj'aibesoindeteparleretcelamedéchirechaquesecondequejevis.
Ladernièrefoisquejet'aivu,moncœuraencoreexplosé.J'aivoulutouttedirecarfinalement,tunesaispasquijesuis.Jenet'aijamaisditlavérité.
Laseulevéritéquejen'aijamaisput'avouer.Monmariageparintérêt.Uneuniondangereuseetmalheureusedontledivorcepeutmettreenpérilceuxquej'aime.Unealliance,siduràsupporter,quej'aitoujoursvoululafuir.
Avant demourir,mamèrem'a fait promettre de prendre soin d'une femme que je considéraiscommemasœuret j'aicruqu'enaccomplissantmondevoiret laprotégerdeseserreurs, j'étaisunhommebien.Maisêtreunhommebiensanstoi,çan'apasdesens.
J'aiétéfaiblecarjenevoulaispasteperdreetj'aicouruaprèsletemps.Jet'aimenticarjenepouvaispast'imaginervivreloindemoi,égoïstement.Et aujourd'hui, tume demandes que l'on soit amismais cela serait commemettre à terremes
sentimentsdéjàtorturés.Etsitusavais,àquelpoint,tumemanques,jamaistunemedemanderaisdecesserdet'aimer.
C'estpourtantvrai,commentpourrais-jenousignorerquanddanstesyeux,jenousvoisencore,commedeuxamantsperdusetmalheureux.
Alorsjenepeuxpas,non,jenepeuxpasêtreamiavectoimêmesimoncœurn'estquemisèreetnesupporteplusnotredistance.
Elena...Chaquejourestdifficile,chaqueprièreestuncalvairecarquepourrais-jedemanderàDieu,situ
n'espluslà,situnem'aimesplus,situnemevoispas.Souvent,jemedemandesitun'estpasdescenduducielpourmoi.Jesuistombéamoureuxd'un
angeetcetamournemequittepas.Elena,Situn'espascellequej'aitoujoursattendu,pourquoisipeudechosecompteàpartcequel'ona
vécu.Situpensesn'êtrerienàmesyeux,pourquoitonabsencemefaitsentirvideaucoucheretmortau
réveil.Et je tementirais encore si je continuais à te laisser penser que rienn'a compté. Je tementirai
aussisijetedisaisquejenevoyaispasquej'étaisentraindenousdétruire.Car je sais... Tum'as aimé sans retenu, sans cacher tes mots alors que les miens demeuraient
absents.Mepardonnerastudecelaaussi?Elena,Jen'oublierien,nitonvisage,nitonparfum,niladouceurdetapeau,notrepremierbaiser,notre
premièrefois...Commentpeux-tumedemanderderenonceralorsqueladouleurdetondépartresteinsupportable.
Insupportablecartueslaseuleraisonquimepousseàvivreetànepassombrerdanslesténèbres.Cela me démoli quand je t'imagine avec lui. Je comprends tout et toutes tes douleurs. Je t'en
supplie,netemariespasmaisreviensauprèsdemoi.Etsitusavaislenombredefoisquej'aivoulupartirquandjetepenseaveclui.Maisjen'yarrivepas.Commentlepourrais-jealorsqueceseraitcommesionm'arrachaitlecœur.Etjenepeuxpaste
direaurevoirsanssavoirs'ilyaunechancequetumepardonnes.Non,jenepeuxpaspartircarjenesaispasabandonnerquandils'agitdetoi.Maisaujourd'hui,jesuiscondamnécarjen'arriveplusàêtreheureux.Etsiledestins'acharne,si
jepars.Jeneseraiplusjamaislemême.Moncœurresteraaussifroidquelapierre.Ilseramourantetdésertpuisquequetoutl'amourque
jesuiscapablededonnerresteraicietavectoi.Jebasculedanslanoirceurdel'enfer,messouriressontfeints,jenesuisplusquel'ombredemoi
même.Elena....Jet'ensupplie,aidemoi,aimemoi,sauvemoidecetteviequim'enterre.Si tu reviens,moncorps,monâmeetmoncœurseront tiensà jamais.Pour toi, j'abandonnerai
mesterres,madestinéeetjetelaisseraitoutcequ'ilmereste.Jesaisquetueseffrayémaiscomptesurmoipourterassurer,teprotégerdetout.Moncorpssera
tonrefugeetmoncœurtamaison.Carjet'aime.Jet'aime.Jet'aime.Jet'aime.Jet'aimeàenmourir.Oui,jet'aimetellement.Jenemelasseraijamaisdetelediresitureviensdansmesbras.Elena...Situledésires,jeteprometsquejecontinueraiàtefairerirelejourettecomblerailanuit.Oui,situmepardonnes,jevaistefairel'amour,jusqu'àt'enfaireperdrelatête,jusqu'àcequetu
n'enpuissesplus,jusqu'auxderniersbattementsdemoncœur.Quandcelaserapossible,jet'épouseraiselontesdésirs.Jeteferaidesenfantsetjeprieraichaque
jourpourqu'ilsteressemblent.Tumepossèdesdepuistoujourscartuesmareine,maraisond'exister.S'ilteplait,Elena,nenousdisonspasAdieu.Plusjamais.Etcesoir,faceàlahontequ'estdevenumavie,assisetseul,devantcepapier,jedeviensàmoitié
foudepenserque,peutêtre,tum'aimesencore.Maissituaslavolontéetlaforcedepardonnertoutesmeserreurs,jet'attendraichaquematinsur
letoitdenotrepremierleverdesoleil.IloveyouBoo.Ican'tforgetyou.Fares.