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I Le Nouvel Observateur SPÉCIAL IMMOBILIER NANTES Légère décélération I ntermittents du spectacle, Antoine et Sacha hésitent. Ils louent un appartement de 60 m 2 dans le centre pour 622 euros/mois, charges comprises, mais aimeraient « trouver une petite maison pour se poser, même en dehors de Nantes ». Or, le loyer minimal pour un loge- ment individuel d’environ 90 m 2 dans le centre ou à proximité du tram est de 800 euros/mois. « A ce prix-là, il vaudrait peut-être mieux acheter, mais les prix ne vont-ils pas baisser un peu ? » se demandent-ils. Habitués à des cycles de plus en plus courts, les primo-accédants nantais scrutent à la fois les évolutions des taux d’emprunt et celles des prix de l’immobilier, dont les variations ne répondent pas seulement à des don- nées rationnelles. Cet été, un certain attentisme semble régner : « La décélération commence, observe Loïc Cantin, président de la Fnaim de Loire-Atlantique. Le nombre de tran- sactions diminue, et c’est une règle du marché : quand le volume des ventes baisse, les prix baissent également. » Depuis le mois d’avril, la plupart des professionnels de l’immobilier nan- tais sont obligés de le reconnaître : le téléphone sonne moins, les visites ne sont pas aussi fréquentes qu’avant. « Un effet d’annonce de l’augmentation des taux d’emprunt accordés par les banques depuis le début de l’année », avance Rénald Dubois, directeur du réseau Acced Immobilier. « Beaucoup de biens sont encore surestimés », ajoute Nicolas Martinez, de Guy Hoquet l’Immobilier. Si, d’après les notaires, le nombre de ventes est en baisse, l’activité est toutefois loin d’être au point mort. « L’offre manque tou- jours pour les maisons de 90 m 2 à 210 000 ou 220 000 euros, un type de biens activement recherché pour un premier achat », remarque Vincent Blandineau, agent immobilier à Bouguenais. « Les T5, sans travaux, ensoleillés, dans une copropriété correcte avec un parking, se LES PRIX ONT AUGMENTÉ, LE MARCHÉ S’EST RALENTI, MAIS L’ACTIVITÉ IMMOBILIÈRE NANTAISE N’EST PAS AU POINT MORT, CAR LES BIENS QUI NE SONT PAS SURESTIMÉS TROUVENT TOUJOURS PRENEUR ANDRÉ BOCQUEL/JUSTOUEST.FR

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Page 1: I NANTES - L'Obsguide.nouvelobs.com/immobilier2011/images/13143546411683.pdf« trouver une petite maison pour se poser, même en dehors de Nantes ». Or, le loyer minimal pour un loge-ment

I

Le Nouvel Observateur

SPÉCIAL IMMOBILIER

NANTES

Légère décélération

Intermittents du spectacle,

Antoine et Sacha hésitent. Ils

louent un appartement de

60 m2 dans le centre pour

622 euros/mois, charges

comprises, mais aimeraient

« trouver une petite maison pour se

poser, même en dehors de Nantes ».

Or, le loyer minimal pour un loge-

ment individuel d’environ 90 m2

dans le centre ou à proximité du

tram est de 800 euros/mois. « A ce

prix-là, il vaudrait peut-être mieux

acheter, mais les prix ne vont-ils pas

baisser un peu ? » se demandent-ils.

Habitués à des cycles de plus en plus

courts, les primo-accédants nantais

scrutent à la fois les évolutions des

taux d’emprunt et celles des prix de

l’immobilier, dont les variations ne

répondent pas seulement à des don-

nées rationnelles. Cet été, un certain

attentisme semble régner : « La

décélération commence, observe Loïc

Cantin, président de la Fnaim de

Loire-Atlantique. Le nombre de tran-

sactions diminue, et c’est une règle du

marché : quand le volume des ventes

baisse, les prix baissent également. »

Depuis le mois d’avril, la plupart des

professionnels de l’immobilier nan-

tais sont obligés de le reconnaître :

le téléphone sonne moins, les visites

ne sont pas aussi fréquentes

qu’avant. « Un effet d’annonce de

l’augmentation des taux d’emprunt

accordés par les banques depuis le

début de l’année », avance Rénald

Dubois, directeur du réseau Acced

Immobilier. « Beaucoup de biens

sont encore surestimés », ajoute

Nicolas Martinez, de Guy Hoquet

l’Immobilier. Si, d’après les notaires,

le nombre de ventes est en baisse,

l’activité est toutefois loin d’être au

point mort. « L’offre manque tou-

jours pour les maisons de 90 m2 à

210 000 ou 220 000 euros, un type de

biens activement recherché pour un

premier achat », remarque Vincent

Blandineau, agent immobilier à

Bouguenais. « Les T5, sans travaux,

ensoleillés, dans une copropriété

correcte avec un parking, se

LES PRIX ONT AUGMENTÉ, LE MARCHÉ S’EST RALENTI, MAIS L’ACTIVITÉ IMMOBILIÈRE NANTAISE N’EST PAS AU POINT MORT, CAR LES BIENS QUI NE SONT PAS SURESTIMÉS TROUVENT TOUJOURS PRENEUR

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II

Le Nouvel Observateur

SPÉCIAL IMMOBILIER NANTES

ANTOINE DEJOIE

Président de la chambre

des notaires de

Loire-Atlantique

Le Nouvel Observateur

En un an, les prix ont augmenté

de 8% à Nantes et de 3,5% dans

l’agglomération. Comment

l’expliquez-vous ?

Antoine Dejoie Il y a certes une

hausse des prix, mais c’est aussi le

positionnement des acheteurs qui

a évolué. Il y a un an, la dynamique

du marché reposait essentielle-

ment sur les primo-accédants et les

investisseurs. Aujourd’hui, ce sont

aussi des biens plus haut de gamme

qui s’achètent et se vendent, avec

par conséquent des montants de

transaction plus élevés. Et pourtant

une défiance persiste…

Les professionnels ressentent

un ralentissement de l’activité

depuis le mois d’avril.

Comment l’analysez-vous ?

Les chiffres traduisent une légère

baisse du volume des transactions

depuis la fin de l’année dernière,

qui semble se confirmer, pour les

maisons essentiellement, au prin-

temps. On observe un attentisme

des acheteurs comme des ven-

deurs, avec l’éventualité que la

conjoncture économique se

dégrade, la crainte d’une hausse de

la fiscalité. Dans les mois à venir, le

scénario le plus probable me

semble être celui d’une stagnation,

voire d’une érosion des prix, mais

je ne parierai pas sur une chute

réelle : si les prix baissaient à nou-

veau, les vendeurs pourraient se

retirer du marché, ce qui arrêterait

le mouvement.

Les secteurs à la limite

de l’agglomération et au-delà

sont-ils plus fragiles ?

Pas forcément. La proximité des

transports et des services est un cri-

tère de plus en plus important pour

évaluer la valeur d’un bien, mais les

règles d’urbanisme imposent de

densifier les centres-villes comme

les centres-bourgs. Cela contribue

à la hausse des prix. Ce facteur

résiste à la crise. Il agit sur le long

terme, de façon indépendante des

aléas économiques.

PROPOS RECUEILLIS PAR V. R.

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vendent très rapidement,

autour de 400 000 euros dans le

centre », ajoute Christian de Narp,

professionnel dans le quartier de

Saint-Pasquier. « Les biens non sures-

timés se vendent rapidement »,

résume Charles Coyac, directeur de

Beaulieu Immobilier et vice-prési-

dent de la Fnaim de Loire-Atlantique.

Toutefois, un bilan établi par les

notaires de l’Ouest faisait état encore

d’une hausse de 8% sur un an à

Nantes (avec des transactions autour

de 2 440 euros/m2 en moyenne pour

les appartements anciens) et d’une

augmentation de 3,6% sur l’en-

semble de l’agglomé ration, dans le

même laps de temps (1 961 euros/m2

en moyenne). Dans le neuf, le prix

moyen a augmenté de 5% au premier

trimestre, avoisinant déjà 7 000

voire 7 500 euros/m2 pour le haut de

gamme. Mais l’offre standard se situe

plus généralement entre 3 600 et

5 000 euros/m2. « La hausse devrait

se poursuivre, en raison notamment

de la nouvelle norme antisismique,

qui pourrait aboutir à une augmen-

tation de 2 à 3% des prix sur les loge-

ments qui arriveront sur le marché en

2012 », confie Bertrand Mours, pré-

sident de la fédération régionale des

promoteurs-constructeurs.

Les locataires ont-ils tout intérêt

à attendre avant de se lancer dans

l’achat de leur premier apparte -

ment ? Ils constituent 62% des habi-

tants de Nantes et 39% de ceux de

l’agglomération, et, pour eux, l’offre

s’est élargie : plus de 160 000 loge-

ments ont été construits depuis

1999, dont une forte proportion de

studios, 2 et 3-pièces destinés aux

investisseurs, en loi Scellier depuis

2009. Des opérations de renouvelle-

ment urbain ont par ailleurs amé -

lioré la qualité de l’ancien, notam -

ment en plein centre. Les bailleurs

doivent désormais remettre leurs

biens au goût du jour – avec pein-

ture fraîche, cuisine équipée et sani-

taires corrects – pour trouver un

locataire fiable et vraiment inté -

ressé. Les loyers ne baissent pas

(11,30 euros/m2 en moyenne, d’après

l’observatoire Clameur), et les

critères de sélection des locataires

ne s’assouplissent pas non plus. Il

en sera peut-être autrement si la

vacance locative augmente. Celle-ci

est actuellement estimée à 5% envi-

ron, d’après l’observatoire du locatif

privé mis en place par le Club immo-

bilier Nantes Atlantique (Cina), et

pourrait croître dans les mois à

venir. Un risque qui n’est pas à

craindre dans le parc social nantais,

pourtant deuxième de France. Entre

constructions et rénovations, 2 800

nouveaux logements sont mis à la

disposition des habitants chaque

année. Pourtant, les demandeurs

doivent encore attendre vingt mois

en moyenne avant de pouvoir y

poser leurs valises.

VALÉRIE ROCHAIX

Place Royale.

Des opérations

d’urbanisme ont

amélioré la qualité

de l’ancien,

notamment en plein

centre

En un an, les prix ont augmenté de 8% intra-muros et de 3,6% dans l’agglomé-ration.

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