illustration

16
1 1 Edward le conquérant Roald Dahl

Upload: gabrielle-ferry

Post on 15-Mar-2016

212 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

illustration book

TRANSCRIPT

Page 1: Illustration

1 1

Edward le conquérantRoald Dahl

Page 2: Illustration
Page 3: Illustration

3

Edwardle conquérant

Page 4: Illustration

4

Louisa, un torchon à la main, sortit par la porte de sa cuisine dans le

froid soleil d’octobre. « Édward ! appela-t-elle. Ed-ward ! Viens déjeuner ! »Elle se mit à traverser la pelouse, suivie de sa petite ombre. Elle passa devant devant les rosiers, puis effleura d’un doigt le cadran solaire. Bien qu’elle fut petite et épaisse, ses mouvements ne manquaient pas de grâce. Sa démarche était bien rythmée et elle balançait légèrement les bras et les épaules. Elle passa devant le mûrier pour atteindre le sentier de briques. Elle s’y engagea pour arriver enfin à l’endroit d’où elle put voir jusqu’au fond du jardin.« Edward ! Déjeuner ! »

Page 5: Illustration

5

À présent, elle le voyait, à quatre-vingts mètres environ de là, tout au fond, en bordure de bois. Son long corps maigre dans sa salopette kaki et son chandail vert foncé. Il s’affairait autour d’un grand feu de bois, une fourche à la main. Le feu flamboyait sauvagement, jaune et orange. Il envoyait au ciel les nuages d’une fumée laiteuse et répandait surtout le jardin une odeur d’automne. Pour rejoindre son mari, Louisa descendit le chemin en pente.L’homme se retourna pour la voir montrer du doigt un coin, près du feu.

Page 6: Illustration

6

Page 7: Illustration

7 7

Près du feu, si près que les flammes semblaient quelquefois le toucher réllement, un gros chat d’une couleur insolite était accroupi par terre. Calme, la tête penchée d’un côté. « Il va se brûler ! » s’écria Louise. Elle laissa tomber son torchon et courut vers le chat. Elle le posa un peu plus loin, à l’abri des flammes. L’homme et la femme se mirent à remonter vers la maison. Le chat se leva et les suivit, à distance d’abord, puis de plus en plus près. Bientôt il se trouvait à leur côté, puis il les précédait comme pour leur montrer le chemin. Il rentra avec eux et Louisa lui donna un peu de lait.

Page 8: Illustration

8

Après le déjeuner, Edward retourna à son jardinage tandis que Louisa, comme d’habitude, alla à son piano. C’était une pianiste de premier ordre et une anthentique musicienne. Presque tous les jours, elle passait plus d’une heure à jouer pour son plaisir. Le chat s’était couché sur le sofa. Une de ses joies particulières, c’était de s’offir tous les jours un petit récital. Elle ne s’accordait qu’un très bref arrêt après chaque morceau, arrêt reservé aux applaudissement et aux acclamations de son public imaginaire. La chambre se noyait peu à peu dans l’obscurité et elle ne voyait plus que les interminables rangs de spectateurs.

Page 9: Illustration

9

En tourant légèrement la tête à droite, elle pouvait voir le chat endormi. Lorsque retentirent les premières notes graves du Concerto Grosso, elle enregistra un petit remue-ménage sur le sofa. L’animal était à présent assis bien droit sur le sofa. Ses y e u x regardaient fixement le piano. Louisa posa de nouveau les mains sur le clavier pour continuer à jouer son Vivaldi. Les oreilles du chat étaient aplaties à présent, les yeux mis-clos. Alors, Louisa aurait juré que l’animal appréciait réellement son jeu. Elle passa directement au prochain morceau, le deuxième Sonnet de Pétrarque, de Liszt. Il se produisit alors une chose extraordinaire. Au bout de trois ou quatre mesures à peine, les moustaches de l’animal se mirent à palpiter à vue d’oeil. C’est au beau milieu de cette scèneque, venant du jardin, Edward fit son entrée.

Page 10: Illustration

10

Page 11: Illustration

11

Page 12: Illustration

12

Il s’assit dans un fauteuil, prit une cigarette dans une boîte et l’alluma.« Je pense que nous nous trouvons en ce moment en présence de Franz Liszt en personne ! » prononça Louisa. Le mari tira longuement sur sa cigarette, puis souffla la fumée au plafond. « Je ne marche pas, dit-il. » Louisa lui raconta tout. Pendant qu’elle parlait, son époux était vautré sur son fauteuil, les jambes écartées. Il sourait cyniquement. Sur une étagère, Louisa prit un album de Liszt, le parcourut rapidement et choisit une de ses plus belles pages, la sonate en si bémol mineur. Elle joua la sonate jusqu’au bout. Lorsqu’elle eut finit, elle regarda son mari en souriant. « Voilà, dit-elle. Tu ne vas pas me dire qu’il n’a pas adoré ce morceau ! - Écoute, dit-il. J’ai faim. Va, prépare-nous quelque chose de bon.»

Page 13: Illustration

13

Louisa disparut dans sa cuisine. Elle passa un moment à se demander quel plat spécial elle pourrait bien préparer. Lorsque tout fut prêt, elle le mit sur un plateau et le porta à la salle de séjour. Au moment même où elle entrait, elle vit son mari qui revenait du jardin par la porte-fenêtre. « Le dîner est prêt », dit-elle en posant le plateau sur la table. Puis elle jeta un regard vers le sofa. «Où est-il ? » Son mari referma la porte, puis traversa pièce pour se chercher une cigarette. « Edward, où est-il ? - Qui ? - Tu sais bien. - Ah, oui c’est vrai. Eh bien, je vais te le dire. »

Page 14: Illustration

14

Lorsqu’il leva les yeux, il vit que Louisa regardait ses chaussures et le bas de son pantalon qui étaient humides de rosée. « Je suis sorti pour voir le feu », dit-il. Les yeux de Louisa se posèrent alors sur ses mains. Sa façon de le regarder le rendit mal à l’aise. « Qu’est-ce que c’est ? » fit-il en reposant le briquet. Puis il baissa les yeux et découvrit la longue égratignure qui lui barrait diagonalement le revers de la main. « Edward ! - Oui, dit-il, je sais. Ces ronces

sont terribles. Ça vous met en morceaux. Voyons, Louisa ! Qu’est-ce que tu as.

- Edawrd ! - Oh, pour l’amour de Dieu,

assieds-toi et reste tranquille. A quoi bon te tourmenter ?

Assieds-toi, Louisa, assieds-toi, va ! »

14

Page 15: Illustration

I

Page 16: Illustration