infectiologie, hygiÈne

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INFECTIOLOGIE, HYGIÈNE UE 2.10 Christiane Joffin Professeure agrégée de biochimie – génie biologique Jean-Noël Joffin Professeur agrégé de biochimie – génie biologique Ingrid Joffin Docteur en médecine générale, spécialisée en soins palliatifs avec la collaboration pour les illustrations Pauline Gardès Professeure agrégée de biochimie – génie biologique, docteur en immunologie Romain Mitre Professeur agrégé de biochimie – génie biologique, docteur en biochimie et biologie moléculaire Collection dirigée par Kamel Abbadi UE 2.10

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Page 1: INFECTIOLOGIE, HYGIÈNE

INFECTIOLOGIE,HYGIÈNEUE 2.10

Christiane JoffinProfesseure agrégée de biochimie – génie biologique

Jean-Noël JoffinProfesseur agrégé de biochimie – génie biologique

Ingrid JoffinDocteur en médecine générale, spécialisée en soins palliatifs

avec la collaboration pour les illustrationsPauline GardèsProfesseure agrégée de biochimie – géniebiologique, docteur en immunologie

Romain MitreProfesseur agrégé de biochimie – géniebiologique, docteur en biochimie et biologie moléculaire

Collection dirigée par Kamel Abbadi

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 00a⊕f12135Pgdeb p. 1 folio : 1 --- 26/6/012 --- 20H13

UE 2.10

Page 2: INFECTIOLOGIE, HYGIÈNE

SOMMAIRE

Partie 1Le monde vivant et la place des agents biologiques

Cours 01 Le monde vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Cours 02 Les bactéries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Cours 03 Virus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Cours 04 Champignons ou Mycètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Cours 05 Parasites protozoaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Cours 06 Parasites animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

Partie 2L’infection

Cours 07 Écologie microbienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

Cours 08 L’infection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

Cours 09 Épidémiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Partie 3Les moyens de lutte contre l’infection

Cours 10 Par des agents chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Cours 11 Lutte par des agents physiques antimicrobiens :la stérilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

Cours 12 Précautions « standards », précautions « complémentaires »et isolement protecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

Partie 4Les règles d’hygiène : mise en œ uvre pratique

Cours 13 Hygiène du personnel soignant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

Cours 14 Hygiène des locaux, du matériel et du linge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172

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Partie 5Situations cliniques

Situations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

Ê Aide à la lecture : pictogrammes et encadrés

Signale une point de diagnostic ou de thérapeutique

Précise un point législatif

Précise un point de cours

Post-it : Rappels de terminologie médicale.

Encadrés : Extensions scientifiques permettant aux plus férus et aux curieux d’appro-fondir certains éléments du cours.

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07 Écologie microbienne

Nous étudierons dans cette partie les différents types de relationspossibles entre les êtres vivants afin de préciser les associationspouvant exister entre les microorganismes et l’homme.

I Les rapports entre les êtres vivantsL’homme n’est pas microbiologiquement stérile. En effet, des microorganismes nombreuxsont présents sur sa peau, dans son tube digestif, etc. mais pas dans les organes et fluidesinternes (le sang, le foie...) habituellement stériles.

Un être vivant, ou organisme, ne vit donc pas sans la compagnie, plus ou moins bienveillante,d’autres êtres vivants. Chaque être vivant représente, pour d’autres, un écosystème où il peuttrouver son habitat. Ce sont, dans un premier temps, des considérations alimentaires quirèglent les rapports entre les êtres vivants, et, dans un deuxième temps, des considérationsphysiques comme la température, l’oxygénation, le degré d’humidité...

De nombreux êtres vivants vivent indépendamment d’autres êtres vivants ou organismesvivants. Distinguons :– ceux qui se contentent de trouver dans leur environnement des nutriments minéraux : cesont des autotrophes, le plus souvent photosynthétiques, fabriquant leurs moléculescarbonées à partir du dioxyde de carbone ;– ceux qui doivent trouver dans leur environnement des molécules organiques toujoursissues d’êtres vivants morts. Ce sont les saprophytes. C’est bien entendu le cas de l’Homme,des champignons...

Certains êtres vivants peuvent avoir besoin de coloniser d’autres organismes vivants pourpouvoir vivre. Ils profitent des conditions écologiques apportées par leur hôte et enparticulier de la nourriture. Ce sont des symbiotes (qui vivent ensemble) souvent qualifiésde parasites. Cette association peut être de différentes natures :– le symbiote vit en bonne intelligence avec son hôte sans lui apporter de bénéfice particulier :c’est un commensal (il mange à la table de l’hôte) ;– le symbiote et l‘hôte ont des intérêts mutuels importants à l’association : ce sont desmutualistes (ou des symbiotes) ;– le symbiote déclenche des troubles chez l’hôte : il provoque une « maladie (pathologie) ».C’est un pathogène.

Distinguer commensal et mutualiste est très difficile car cela résulte d’une appréciation subjectivesur le degré de dépendance de l’hôte vis-à-vis de ses symbiotes.

Un être vivant peut être pathogène (une Salmonella dans l’intestin), commensale (la mêmeSalmonella persistant dans l’intestin du patient guéri devenant porteur asymptomatique),saprophyte (la même Salmonella sur une boîte de Pétri au laboratoire ou dans l’environne-ment).

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L’association peut être si importante que le couple hôte-symbiote donne l’impression d’unêtre vivant défini : c’est le cas du lichen, association d’une « algue » photosynthétique et d’unchampignon.

Le vocable de « parasite » est très ambigu : il peut désigner le symbiote, le symbiote pathogène oule symbiotepathogèneeucaryotepour le domainede la « parasitologie ».Mieux vaut donc ledéfinirquand on l’utilise pour éviter toute ambiguïté.

Les définitions données ici sont donc contestables car non normalisées. Certains parlent deflore saprophyte de l’intestin au lieu de flore commensale... Et d’ailleurs pourquoi flore etnon faune ?!

Doc. 201 Les différentes catégories des rapports entre les êtres vivants

Êtres vivants qui viventindépendamment d’autresorganismes vivants avec :

Les Autotrophes complètement indépendants neconsommant que des matières minérales.

Les Saprophytes consommant de la matière organiquemorte.

Êtres vivants qui vivent sur ou dansun autre être vivant nommé hôte,sont appelés soit Symbiotes soitParasites (au sens large).

Ceux qui vivent en bonne intelligence appelésCommensaux ;quand l’union est à bénéfices mutuels importants, ce quiest très subjectif à apprécier, on parle de Mutualistes (oude Symbiotes au sens strict).

Ceux qui causent des dégâts à l’hôte appelés Pathogènes(ou Parasites au sens strict).

II Flores commensales de l’hommeLe milieu intérieur de l’homme sain, défini par la présence d’épithéliums, est stérile.

Par contre, comme tous les êtres vivants, les épithéliums extérieurs (la peau) comme lesépithéliums internes exposés sur l’extérieur (comme ceux du tube digestif, de l’appareilrespiratoire et sexuel) sont colonisés par de nombreux microorganismes, et même, parfois,d’êtres vivants de plus grande taille comme les vers.

Quels microorganismes trouve-t-on dans ces différents lieux ?

A PeauLa peau est essentiellement colonisée par des bactéries Gram +. Ce sont des Corynebactérieset des Staphylocoques, y compris le célèbre Staphylococcus aureus pourtant souventpathogène... Ces bactéries sont rares dans les zones sèches et peuvent pénétrer l’épithélium,se logeant souvent à la base des poils. Les zones humides, comme les aisselles, sont beaucoupplus riches bactériologiquement.

B Muqueuses du tube digestif (bouche, intestin)Le tube digestif est particulièrement riche en microorganismes variés.

1. Bouche

La bouche, bien évidemment contaminée par les aliments, milieu très humide, est très richeen bactéries Gram + aérobies et anaérobies ainsi qu’en levures et tout particulièrement

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Candida albicans, souvent pathogène. Ces microorganismes forment, par exemple, la plaquedentaire, biofilm c’est-à-dire un ensemble de matières gélatineuses adhérant fortement ausupport et sécrété en partie par les microorganismes que ce biofilm inclus. Ajoutons que ledéveloppement de la flore commensale se traduit par des odeurs matinales fortes etdésagréables émanant de la bouche.

2. Intestin

Au niveau de l’intestin, et particulièrement du gros intestin (colon), la concentration enmicroorganismes est très élevée. Cette flore est avant tout anaérobie et digère les restesalimentaires. Ce sont des bactéries Gram + et Gram –. Des Archées méthanogènes sontégalement présentes. C’est l’habitat d’une célèbre bactérie : Escherichia coli (E. coli) toujoursprésente en faibles quantités.

Figure 202 Frottis de selle

C VaginChez la femme, après la puberté et avant la ménopause, la flore intestinale est avant toutcomposée de Lactobacillus (flore de Döderlein).

Figure 203 Frottis vaginal normal

Ces bactéries réalisent, comme dans le yaourt, une fermentation lactique : elles utilisent duglucose sécrété par la femme (sous forme de glycogène) et le transforment en acide lactique.

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Écologie microbienne

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L’intérêt de ce dernier est de ralentir la croissance d’autres microorganismes et de créer unmilieu peu favorable à leur implantation : le vagin, organe exposé vers l’extérieur particuliè-rement en cas de rapports sexuels, est ainsi en partie protégé d’éventuels pathogènes.

L’utérus est stérile.

D Appareil respiratoireComme la bouche, l’appareil respiratoire haut (nez, pharynx, trachée-artère) est riche ennombreuses bactéries. Toutefois, au fur et à mesure de l’arrivée vers les alvéoles, la florecommensale disparaît chez l’Homme sain. La sécrétion de mucus et le mouvement des cilsde cellules de l’épithélium respiratoire font « remonter » les microorganismes vers le pharynx.

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10 Par des agents chimiques

Afin d’empêcher les patients de contracter une infectionnosocomiale et au personnel soignant (ou les visiteurs)de se contaminer, il est impératif que, partout où il y a desmicroorganismes, ceux-ci soient éliminés, tués ou inactivés.Pour ces opérations, détergents, antiseptiques et désinfectantsjouent un rôle primordial.

I Un peu d’histoireLe mot « antiseptique » vient du grec anti : contre et sêpsis : putréfaction.

Le mot « antiseptique » est employé, pour la première fois, au XVIIIe siècle par Pringle,médecin militaire écossais, pour désigner un grand nombre de substances appliquées sur lapeau et les plaies (camphre, acides...).

En 1789, le chimiste français Berthollet (1748-1822), découvrit les hypochlorites. Il lesdéveloppa dans le petit village de Javel, aujourd’hui quai de Javel dans le 15e arrondissementde Paris, d’où la dénomination d’eau de Javel pour un produit chloré particulier.

En 1847, Ignace Semmelweis, obstétricien hongrois, préconisa le lavage des mains avec unesolution d’hypochlorite pour ses étudiants qui allaient directement des salles de dissectionà la maternité pour examiner les femmes, ce qui fit chuter le taux de mortalité de 27 à 0,2 %.

À partir de 1970, l’AFNOR (Association française de normalisation) élabore des protocolesnormalisés d’étude permettant une meilleure connaissance des propriétés antimicrobiennesdes antiseptiques et des désinfectants.

En juillet 1985, la pharmacopée française introduit une note pro-pharmacopée sur lespréparations des antiseptiques.

Un comité européen de normalisation CEN TC (technical committees) 216 « antiseptiqueset désinfectants » a été créé afin qu’il y ait une harmonisation dans les différents payseuropéens. En France, ce qui fait actuellement référence, ce sont donc :– les normes publiées par le CEN ;– les normes AFNOR, notamment celles de la série NF T 72 et NF EN[80].

Asepsie : absence de microorganismes dans unmilieu donné.

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Qu’est ce qu’une norme ?Une normeest un document écrit, accessible à tous, donnant des recommandations utiles pour une actioncorrecte et d’utilisation répétée ou continue.

Une norme n’est pas d’application obligatoire, sauf pour :– une norme harmonisée qui est une norme rendue obligatoire par la réglementation ;– unenormehomologuéequi est reconnued’intérêtquasi règlementaire sansêtre rendueobligatoiremaisdonc fortement « conseillée ».

Si l’application des normes, autres qu’harmonisées, n’est pas obligatoire, elle est vivement conseillée.

Les normes sont conçues et éditées par un organisme national (AFNOR en France, normes NF), suprana-tional (CENen Europe, norme EN) ou international (ISOdans lemonde, norme ISO). ISO signifie InternationalOrganization for Standardization (pour Organisation Internationale de Normalisation).

Ne pas confondre normes et directives européennes, règlements européens, lois, décrets, arrêtés qui sontdes textes d’application obligatoire.

II Définitions

A Nettoyage

1. Définition du nettoyage

Le nettoyage est l’opération consistant à éliminer les salissures visibles assurant ainsi lapropreté physique grâce à une action :– mécanique (brossage manuel ou automatique) ;– chimique (action du détergent utilisé pour cette opération) ;– thermique.

Importance du nettoyage : en même temps que les salissures, une partie des microorganismesprésents se trouve ainsi éliminée.

2. Définition du terme « détergent »

Détergent : produit nettoyant permettant d’éliminer les lipides et autres salissures.

La détergence est un processus résultant d’une action physicochimique, permettant d’enleverles salissures et de les mettre en suspension ou en dispersion.

B Antisepsie et désinfection

1. Définitions de la norme AFNOR

Antisepsie : « Opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivants,dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiverles virus, en fonction des objectifs fixés ».

Attention : les virus sont des agents biologiques pathogènes (voir arrêté du 18 juillet 1994modifié parles arrêtés du 17 avril 1997 et du 30 juin 1998).

Antiseptique : « Produit ou procédé utilisé pour l’antisepsie dans des conditions définies ».

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 13⊕f12135Cours10 p. 2 folio : 115 --- 26/6/012 --- 20H25

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Désinfection : « Opération au résultat momentané permettant d’éliminer ou de tuer lesmicro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertescontaminés, en fonction des objectifs fixés ».

Désinfectant : « Produit ou procédé utilisé pour la désinfection (éventuellement sélectif),dans des conditions définies ».

2. Définitions du comité européen de normalisation CEN TC 216

Le comité européen de normalisation a harmonisé le vocabulaire et a décidé de donner, pourles termes « antiseptique » et « désinfectant », les définitions suivantes :– Antiseptique : « Substance ou préparation permettant le traitement des tissus vivants entuant et/ou inhibant les bactéries, les champignons ou les spores et/ou inactivant les virusavec l’intention de prévenir ou de limiter la gravité d’une infection sur ces tissus ».– Désinfectant : « Substance ou préparation permettant le traitement des tissus vivants entuant et/ou inhibant les bactéries, les champignons ou les spores et/ou inactivant les virusavec l’intention de prévenir une infection ».

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Bilan : quand parler d’antisepsie et de désinfection ?Le termeantisepsiedoit être réservéauxopérationsdestinéesau traitementd’une infectionconstituéeet leterme désinfectant doit désigner les opérations visant à prévenir une infection.Selon le comité européen de normalisation, il faut donc parler de la désinfection de la peau saine, dedésinfection des mains et d’antisepsie des plaies.Pour le lavage et la désinfection des mains, il faudrait utiliser le mot « hygiénique », à la place du mot« antiseptique » et dire :– lavage hygiénique des mains quand il est réalisé avec un objectif de désinfection, à l’aide d’un savonantiseptique ;– friction hygiénique lorsqu’une solution hydro-alcoolique est utilisée pour la désinfection sans rinçage.P

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Doc. 301 Comparaison des désinfectants et des antiseptiques

Désinfectant AntiseptiqueObjectif de l’utilisation Inhibition de la multiplication ou destruction d’un (micro)

organisme de façon non spécifique et rapide.

Caractéristique de lamodalité d’action

– action antimicrobienne à concentration relativement élevée(de l’ordre du mg.cm-3) ;– effet obtenu après utilisation : effet momentané (car il y aensuite recontamination possible).

Lieu d’action – surface inerte, matériel ;– prévention pour la peausaine.

Traitement pour peau léséeinfectée.

C Prédésinfection des instruments et dispositifs médicauxréutilisablesIl est toujours préférable d’utiliser du matériel à usage unique mais, parfois, cela n’est paspossible et il convient alors d’appliquer des procédures appropriées au matériel réutilisé(caméra d’endoscopie, instruments de bloc opératoire..).

Définition d’un dispositif médical (DM)Selon l’articleL665-3duCodede lasantépublique,undispositifmédicalest tout instrument,appareil,équipement, matière, produit, à l’exception des produits d’origine humaine ou autre article utiliséseul ou en association, y compris les accessoires et logiciels intervenant dans son fonctionnement,

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 13⊕f12135Cours10 p. 3 folio : 116 --- 26/6/012 --- 15H52

Par des agents chimiques

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destiné par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins médicales et dont l’action principalevoulue n’est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques, ni par métabo-lisme, mais dont la fonction peut être assistée par de tels moyens.

1. Définition

La prédésinfection est une opération consistant à immerger les instruments médicauxcontaminés et devant être réutilisés dans une solution détergente et désinfectante aussitôtaprès leur utilisation.

Remarque. Cette opération a été appelée « décontamination ».

2. Objectifs

– réduire le nombre de microorganismes présents sur le matériel souillé ;– éviter la fixation des substances organiques et faciliter ainsi le nettoyage ;– limiter le risque infectieux pour l’environnement et le personnel lors du transport, del’élimination et du nettoyage.

III Détergents et nettoyage

A Pourquoi nettoyer ?1re raison : éliminer des salissures organiques qui pourraient inactiver antiseptique oudésinfectant et donc ainsi réduire leur efficacité antimicrobienne.

On ne réalise une désinfection ou une antisepsie que sur du propre, c’est à dire seulement sur unesurface ou un matériel ayant déjà été nettoyé et donc sans salissures visibles.

2e raison : éliminer tout substrat nutritif pour des microorganismes qui se redéposeraientsur la surface nettoyée.

Conséquence du nettoyage : tout traitementultérieur (antisepsie, désinfection, stérilisation)aura une meilleure efficacité.

B Mécanisme d’action des détergentsLes détergents sont des molécules tensio-actives qui sont composées d’un pôle hydrophileet d’un pôle hydrophobe éliminant les salissures grâce à :

e leur pouvoir mouillant ;

e leur pouvoir émulsifiant ;

e leur pouvoir dispersant ;

e leur pouvoir moussant.

C Conditions d’efficacité des détergentsAfin d’avoir un bon nettoyage, il faut respecter le TACT :

e T : temps (durée d’action du produit) ;

e A : action mécanique (brossage, frottage, écouvillonnage...) ;

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 13⊕f12135Cours10 p. 4 folio : 117 --- 26/6/012 --- 15H52

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e C : concentration optimale du produit ;

e T : température optimale du produit.

Pour qu’un nettoyage soit efficace, il faut doncrespecter :– l’action chimique du détergent ;– l’action mécanique pour décoller la salissure ;– la température ;– le temps d’action du produit.Ceci est connu sous le nom de « cercle séquentiel deSinner ».

Figure 301 Le cercleséquentiel de Sinner

IV Antiseptiques et antisepsieLes antiseptiques sont des médicaments et ont donc besoin, pour être mis sur le marché d’uneAMM (Autorisation de mise sur le marché).

A Qualités nécessaires pour un antiseptiqueUn antiseptique doit avoir les qualités suivantes :

e avoir un large spectre d’activité ;

e avoir une faible toxicité :– faible toxicité générale (toxicité aigüe, toxicité chronique, effet cancérogène, mutagène,

tératogène), autrement dit avoir peu d’effets globaux suite à une inhalation (voire uneingestion) du produit ;

– faible toxicité cutanée lors du contact du produit avec la peau (irritation cutanée,sensibilisation de contact, effet photosensibilisant, urticaire de contact, changement depigmentation, production d’érythèmes, retard de cicatrisation, atteinte de phanères :ongles et poils).

e avoir une bonne solubilité dans l’eau ;

e avoir un bon pouvoir pénétrant.

B Spectre d’activité d’un antiseptique

Spectre d’activité : ensemble des microorganis-mes sur lesquels l’antiseptique peut être efficace.

Selon les cas, un antiseptique peut avoir une activité :

e soit létale ;

e soit d’inhibition de la croissance : il est alors dit bactériostatique et/ou fongistatique.

Létal : qui entraîne la mort.

En fonction de leur activité, on distingue des antiseptiques :

e bactéricides : produits capables, dans des conditions d’emploi bien définies, de tuer lesbactéries à l’exception éventuelle des spores (endospores) ;

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 13⊕f12135Cours10 p. 5 folio : 118 --- 26/6/012 --- 15H52

Par des agents chimiques

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Page 13: INFECTIOLOGIE, HYGIÈNE

e sporicides : produits capables, dans des conditions d’emploi bien définies, de tuer lesspores bactériennes (endospores) ;

e bactériostatiques : produits capables, dans des conditions bien définies, d’inhibermomentanément la multiplication bactérienne ;

e fongicides : produits capables, dans des conditions d’emploi bien définies, de tuer leschampignons (y compris leurs spores qui ne présentent pas les mêmes propriétés derésistance que celles des endospores bactériennes) ;

e fongistatiques : produits capables, dans des conditions d’emploi bien définies, d’inhibermomentanément le développement mycélien ;

e virucides :produitscapables,dansdesconditionsd’emploibiendéfinies,d’inactiverlesvirus.

C Critères d’efficacité d’un antiseptiquePour qu’un antiseptique soit efficace, les utilisateurs doivent respecter les critères suivants :

e bonne concentration (l’éthanol à 70 % est plus efficace que l’éthanol à 90 %), d’où lanécessité de l’utiliser en respectant la prescription médicale ou les conditions d’utilisationindiquées par le fabricant s’il n’est pas prêt à l’emploi ;

e difficulté liée à la certitude d’avoir la bonne concentration : il faut privilégierl’utilisation d’antiseptiques prêts à l’emploi afin d’éviter les erreurs de dilution ;

e respect de la durée de contact minimale pour qu’il puisse agir sur le (ou les)microorganisme(s) ;

e respect de la température de conservation et d’utilisation, (généralement nécessitéd’une conservation à température ambiante) ;

e pH d’action optimale car un pH trop acide ou trop basique peut diminuer l’efficacité (lessavons, par exemple) ;

e absence de substances organiques et notamment de protéines.

Remarque : certains antiseptiques, éthanol ou eau de Javel par exemple, ont leur efficacitédiminuée, voire inhibée, par la présence de substances organiques comme le sang ou le pus. Il estdonc indispensable de nettoyer avec un détergent ou du sérum physiologique avant de faire agirun antiseptique.

D Principaux groupes d’antiseptiques

Antiseptiques majeurs (les plus utilisés) Dérivés halogénés, alcools, biguanides (chlorhexidine).

Antiseptiques intermédiaires Ammoniums quaternaires, dérivés phénoliques.

D’autres antiseptiques peuvent être employés, mais leur utilisation est moins fréquente.

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 13⊕f12135Cours10 p. 6 folio : 119 --- 26/6/012 --- 15H53

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Source : OMS

Fig. 416 Lavage simple (ou hygiénique) des mains

GRP : IFSI JOB : infect⊕hygiene DIV : 17⊕f12135Cours13 p. 16 folio : 169 --- 26/6/012 --- 18H4

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Fouc

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