intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

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DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ÉTAT DE MASSEUR KINÉSITHÉRAPEUTE 2015 Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la douleur lors de la reprise d’appui d’un patient de 13 ans hospitalisé en service d’oncologie Stage temps plein VERNHET Pauline

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Page 1: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS

ET DE LA COHÉSION SOCIALE

MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLÔME D’ÉTAT

DE

MASSEUR KINÉSITHÉRAPEUTE

2015

Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la douleur lors

de la reprise d’appui d’un patient de 13 ans hospitalisé en service

d’oncologie

Stage temps plein VERNHET Pauline

Page 2: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

RÉSUMÉ

Michael, âgé de 13 ans, a été opéré suite au diagnostic d’un sarcome d’Ewing de

grand volume, localisé à l’aile iliaque droite. Cette chirurgie a consisté à l’exérèse de la

tumeur ainsi qu’à la mise en place d’une prothèse totale de hanche et d’une allogreffe

d’une extrémité inférieure de fémur afin de remplacer la perte osseuse. Il est hospitalisé

dans un service d’oncologie pédiatrique afin de poursuivre sa chimiothérapie post-

opératoire. Ma prise en charge a débuté cinq mois après l’opération, phase où le patient

reprend progressivement l’appui.

Il a un périmètre de marche de 80m avec deux cannes anglaises et se déplace le

reste du temps en fauteuil roulant. Il présente des raideurs articulaires, un déficit de force

global des muscles des membres inférieurs et n’arrive à transférer que 5kg sur le membre

opéré. En effet, l’appui est limité par des douleurs plantaires et l’appréhension du patient.

Michael présente également une ostéoporose d’immobilisation.

Ma rééducation a consisté d’une part à réduire les raideurs articulaires et renforcer

les muscles des membres inférieurs et d’autre part, à travailler en charge le transfert

d’appui et la marche. Au bout d’un mois de rééducation, Michael a fait beaucoup de

progrès essentiellement sur le plan fonctionnel mais aussi au niveau articulaire et moteur.

Le patient présentant une anxiété importante et des douleurs lors du transfert

d’appui, je me suis demandé quelles stratégies le masseur-kinésithérapeute pouvait-il

mettre en place afin de réduire la perception de la douleur ? Il semblerait que les méthodes

cognitives comme la distraction aient leur intérêt, cependant elles présentent certaines

limites.

Mots clés Keywords

Sarcome d’Ewing Ewing’s sarcoma

Transfert d’appui Weight transfer

Douleur Pain

Ostéoporose Osteoporosis

Méthodes distractives Distractives methods

Page 3: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION ........................................................................................... 1

2. ETUDE DU CAS CLINIQUE ......................................................................... 3

2.1. Anamnèse ....................................................................................................................... 3

2.2. Présentation du patient ................................................................................................... 5

3. BILAN MASSO-KINESITHERAPIQUE INITIAL A J+150 ........................ 5

3.1. Bilan morpho-statique : une attitude antalgique ............................................................. 6

3.2. Bilan cutané, trophique et vasculaire : quelques troubles .............................................. 7

3.3. Bilan douloureux : des douleurs induites lors de l’appui ............................................... 8

3.4. Bilan articulaire : un membre inférieur droit enraidi ...................................................... 8

3.5. Bilan musculaire : déficit de force des membres inférieurs ......................................... 10

3.6. Bilan fonctionnel : une dépendance dans les AVQ ...................................................... 11

3.7. Bilan de la marche : un périmètre de marche limité ..................................................... 12

3.8. Profil psychologique : une anxiété prédominante ........................................................ 12

3.9. Conclusion .................................................................................................................... 13

4. BILAN DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE (FIGURE 6) ........................ 13

5. PRISE EN CHARGE MASSO-KINESITHERAPIQUE .............................. 14

5.1. Objectifs de rééducation ............................................................................................... 14

5.2. Principes de la prise en charge ..................................................................................... 15

5.3. Pronostic ....................................................................................................................... 16

5.4. Rééducation du patient ................................................................................................. 16

6. BILAN MASSO-KINESITHERAPIQUE FINAL J+185 .............................. 20

7. DISCUSSION ................................................................................................. 22

7.1. Analyse des résultats .................................................................................................... 22

7.2. Prise en charge de la douleur et spécificité chez l’enfant ............................................. 23

7.3. Les moyens pharmacologiques..................................................................................... 24

7.4. Les stratégies du masseur-kinésithérapeute afin de diminuer la perception de la douleur

chez un enfant ostéoporotique lors du travail de reprise d’appui ........................................ 25

8. CONCLUSION .............................................................................................. 30

REFERENCES

ANNEXES

Page 4: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

1

Le sarcome d’Ewing, décrit par James Ewing en 1921, est une tumeur osseuse

primitive maligne qui touche préférentiellement les enfants et les adolescents. Cette tumeur

est caractérisée par une prolifération de petites cellules rondes, en nappe, sans

différenciation tissulaire et fait partie de la famille des tumeurs neuroectodermiques [1].

A l’échelle chromosomique, on retrouve une translocation caractéristique impliquant le

gène EWS porté par le chromosome 22, et le gène FLI-1 porté par le chromosome 11 [2].

Ces deux gènes vont fusionner et une fois activés, présenteront un caractère oncogène en

codant une protéine anormale ou facteur de transcription [3]. (Annexe I)

Cette tumeur est caractérisée par une lésion ostéolytique, avec un envahissement fréquent

des parties molles adjacentes. Elle peut toucher tous les os du squelette, avec une

préférence pour les os longs et le membre inférieur. Les os plats sont également des

localisations fréquentes (os coxal, scapula).

Le sarcome d’Ewing touche dans 80% des cas des enfants et adolescents âgés entre

10 et 20 ans. Les garçons sont plus souvent atteints que les filles, avec un sex-ratio

d’environ 6 pour 4. C’est la deuxième tumeur osseuse maligne la plus fréquente chez

l’enfant derrière l’ostéosarcome [4]. Il s’agit néanmoins d’une tumeur rare, et l’on estime

son incidence à 3,2 cas par million d’enfants de moins de 15 ans, ce qui représente environ

80 à 100 nouveaux cas par an en France [5].

Cliniquement, le symptôme révélateur habituel du sarcome d’Ewing est la douleur.

Cette douleur est d’abord intermittente puis devient persistante au repos, pouvant être

d’intensité progressivement croissante sur plusieurs semaines. Une tuméfaction, de taille

rapidement croissante, pouvant devenir très importante du fait de son extension dans les

tissus mous est un autre motif fréquent de consultation [2].

Un examen d’imageries médicales est effectué afin d’émettre un diagnostic.

Préférentiellement, on préconise une tomodensitométrie, technique permettant de retrouver

les caractéristiques du sarcome d’Ewing, qui sont : une ostéolyse mal limitée, une rupture

corticale avec réaction périostée et un envahissement des parties molles par une tumeur

peu ou pas calcifiée. Une imagerie par résonance magnétique (IRM) est également

effectuée pour mesurer le volume tumoral [2]. Une biopsie est enfin réalisée pour

permettre les analyses anatomopathologiques et cytogénétiques (caryotype).

Page 5: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

2

Evolution, pronostic et traitement

En l’absence de traitement, l’évolution fatale est habituellement rapide, avec

apparition de métastases pulmonaires ou ostéo-médullaires.

Le traitement actuel repose sur l’association d’une polychimiothérapie, d’un traitement

local chirurgical et est complété par une radiothérapie (le sarcome d’Ewing étant très

radiosensible). Un protocole européen commun de traitement des sarcomes d’Ewing a été

édité en 1999 et est appelé protocole Euro-E.W.I.N.G. 99 pour European Ewing tumour

Working Initiative of National Groups [1, 6]. Selon ce protocole, les médicaments actifs

contre le développement de la tumeur d’Ewing sont la vincristine, l’ifosfamide, la

doxorubicine, l’etoposide, l’actinomycine et la cyclophosphamide. Cependant, ils ne sont

pas sans effets secondaires : alopécie1, aplasie, nausées, vomissements, azoospermie [7].

Le pronostic vital dépend de l’existence de métastases au moment du diagnostic et

de la qualité de la réponse à la chimiothérapie.

La probabilité de survie sans récidive à 5 ans est actuellement de 70% dans les formes

localisées et de 25 à 30% dans les formes métastatiques [1].

Le volume et la localisation de la tumeur conditionnent les possibilités d’exérèse

chirurgicale de la tumeur primitive. A l’heure actuelle, il est admis que la chirurgie se veut

conservatrice, tout en répondant aux impératifs de la chirurgie carcinologique2 car le

pronostic est plus vital que local. La reconstruction après l’ablation tumorale fait le plus

souvent appel à la mise en place de prothèse et/ou d’allogreffe, en tenant compte de l’âge

du sujet et de la croissance osseuse [1]. Le kinésithérapeute intervient alors en post-

opératoire afin de réhabiliter le jeune patient.

Dans le cas de Michael, il s’agit d’un patient atteint d’un sarcome d’Ewing localisé

au niveau de l’os coxal. Des répercussions fonctionnelles sur la marche et l’appui sont

inévitables puisqu’il s’agit de la racine du membre inférieur et qu’il forme avec le fémur

l’articulation portante du membre [8].

Au cours de cette rééducation, la douleur et l’anxiété de l’enfant sont des éléments

à prendre en compte [9]. Dans ce mémoire, j’ai souhaité m’intéresser à la douleur de

l’enfant cancéreux car elle est au centre de la pathologie. En effet, il s’agit du premier

signe clinique révélateur de la tumeur et elle va évoluer au cours du traitement et des mois

de rééducation.

1 L’alopécie est la chute générale ou partielle des cheveux ou des poils.

2 Chirurgie carcinologique : La résection doit emporter la totalité de la tumeur ainsi que les tissus avoisinant

avec une zone de sécurité de 2 à 5cm.

Page 6: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

3

Au cours de la prise en charge, des douleurs seront générées par les actes de kinésithérapie,

en passant des mobilisations aux premières verticalisations puis à la reprise d’appui. Cela

conduit à se demander comment le masseur-kinésithérapeute peut-il agir sur la perception

de la douleur afin de ne pas traumatiser le jeune patient ?

Cette prise en charge complexe fait l’objet de cette étude où il s’agit de considérer deux

impératifs de rééducation contradictoires : respecter le seuil de douleur tolérable du patient

et avancer dans la récupération fonctionnelle notamment lors de la reprise d’appui sur le

membre opéré. On sait qu’un patient immobilisé ou interdit d’appui voit sa densité

minérale osseuse diminuer, ce qui engendre l’apparition de nouvelles douleurs lors de la

remise en charge [10]. Cependant ce travail en charge est primordial pour favoriser la

reminéralisation osseuse (et permettre une diminution des douleurs à long terme).

Michael est un jeune garçon atteint d’une tumeur osseuse rare connue sous le nom de

sarcome d’Ewing, diagnostiquée en mars 2013.

La tumeur se situe au niveau de l’aile iliaque droite. Elle est localisée, c’est-à-dire non

métastasée, et de grand volume (supérieure à 200mL). D’après la tomodensitométrie, la

tumeur est délimitée et mesurée en axial à 6 x 8.5 x 14.5cm de hauteur le 23 mars 2013.

(Annexe II)

Michael est né le 23 décembre 2000 au Caire en Egypte, il est donc âgé de treize ans et

trois mois au moment de la prise en charge.

Il est admis dans un hôpital pour enfants spécialisé en oncologie le 25 octobre 2013, dans

le cadre de la poursuite de la chimiothérapie post-opératoire.

2.1. Anamnèse

L’histoire de la maladie remonte à octobre 2012, date à laquelle les premiers symptômes

ont commencé à apparaître suite à un traumatisme sportif. En effet, Michael a ressenti des

douleurs post-traumatiques au niveau de l’hémi-bassin droit, à l’origine d’une boiterie

antalgique à la marche. Un bilan radiographique et un scanner ont finalement été réalisés

en Egypte le 21 mars 2013 en faveur d’une lésion agressive et hétérogène de l’aile iliaque.

Un rapatriement en France a été réalisé aussitôt.

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4

Michael, âgé de 12 ans à l’époque, est hospitalisé pour la première fois le 25 mars 2013

pour une lésion ostéolytique de l’aile iliaque droite. La biopsie révèle le sarcome d’Ewing.

Le scanner ne montre pas de métastase pulmonaire lors de la recherche d’extension.

L’intervention chirurgicale a eu lieu le 08 octobre 2013 après un traitement pré-opératoire

combinant cures de chimiothérapie et radiothérapie. Elle a consisté à faire une exérèse

tumorale, reconstruite par une allogreffe d’une extrémité inférieure de fémur (provenant

d’une banque d’os) avec mise en place d’une prothèse totale de hanche à double mobilité

de type Integra (Figure 1). (Annexes III et IV)

Suites post-opératoires : Une immobilisation sous plâtre pelvi-pédieux a été mise en place

pendant 8 semaines, suivie du port d’un corset pelvi-pédieux verrouillé qui sera

déverrouillé progressivement selon les indications du chirurgien. La verticalisation a

débuté tardivement du fait des complications de la chimiothérapie post-opératoire et de la

fatigue de Michael après l’intervention.

Figure 1 : Radiographie du bassin de face après l’intervention

L’histologie de la pièce osseuse réséquée montre une nécrose tumorale à 100%, le sarcome

est bon répondeur et le protocole Euro Ewing est poursuivi. (Annexe V)

Michael poursuit les cures post-opératoires. Je le prends en charge à 5 mois de

l’intervention chirurgicale, soit à J+150. A ce stade, Michael doit suivre la 8ème

et dernière

cure de chimiothérapie post-opératoire selon le protocole dans le cadre de la prophylaxie

de métastase. La rééducation kinésithérapique occupe une place prépondérante afin de

diminuer les déficits moteurs et l’aider à retrouver son autonomie.

Page 8: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

5

2.2. Présentation du patient

Michael est un adolescent de 13 ans hospitalisé dans un hôpital pour enfants depuis 5 mois.

D’origine égyptienne, il a été rapatrié en France afin de bénéficier d’une prise en charge

adaptée, dans un service hautement spécialisé. Depuis la découverte de la tumeur, sa mère

a arrêté son travail en Egypte pour être à ses côtés. Elle est logée au sein de l’établissement

hospitalier dans un bâtiment dédié à l’accueil des parents. De ce fait, elle est très présente

et suit de près sa prise en charge. Son père et son petit frère âgé de 11 ans sont quant à eux

restés au Caire.

Avant la maladie, Michael était un garçon très actif et sportif. Il pratiquait le karaté et le

basket-ball. Il est aussi féru de bandes dessinées et de cinéma.

Le jeune patient est actuellement en classe de 4ème

et poursuit sa scolarité à l’hôpital à la

fois grâce à des cours par correspondance ainsi qu’un professeur qui intervient deux fois

par semaine dans sa chambre. Il souhaiterait devenir généticien et faire de la recherche en

oncologie. C’est un garçon très intéressé, qui pose beaucoup de questions sur la pathologie

et qui me livre ses inquiétudes.

Ce bilan a été réalisé peu de temps après la consultation du chirurgien (13 mars 2014).

Lors de ce dernier rendez-vous, les radiographies montrent une consolidation aboutie et le

chirurgien autorise l’appui complet du côté opéré (avant cette date l’appui autorisé était de

15kg à droite) et le travail global des rotations de la néo-articulation de hanche est permis.

De plus, les parties jambière et pédieuse de son corset pelvi-pédieux ont été retirées

définitivement et il peut effectuer les retournements au lit et dormir sans corset tout en

veillant à ne pas placer la hanche droite en position luxante (coussin entre les cuisses si

position en latéro-cubitus gauche).

Le corset est nécessaire uniquement lors de la marche, il assure un rôle protecteur et

préventif.

Page 9: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

6

Fig. 2 : Attitude

spontanée de face Fig. 4 : Michael de dos Fig. 3 : Michael de profil

3.1. Bilan morpho-statique : une attitude antalgique

Michael mesure 1m66 pour 50 kg ce qui représente un indice de masse corporelle (IMC)

de 18,14 kg.m-2

: il est dans la norme en considération de son âge. (Annexe VI)

Attitude spontanée au lit

En décubitus dorsal, le membre inférieur droit (opéré) présente une attitude spontanée en

rotation latérale plus prononcée que du côté sain.

Attitude spontanée debout (Figures 2, 3 et 4)

Michael porte un corset pelvi-crural (il s’arrête au niveau de l’interligne articulaire du

genou avec un système d’appuis sus-condyliens).

A l’examen clinique, j’ai noté les éléments suivants :

- Bassin oblique, incliné en bas et à gauche (élévation de l’hémi-bassin droit)

- Le membre inférieur droit en rotation latérale, le genou droit est fléchi et le pied

droit est légèrement avancé et n’exerce qu’un appui contact sur le sol

- Le membre inférieur gauche est tendu et supporte la quasi-totalité du poids du

corps

- Une inégalité de longueur des membres inférieurs avec un différentiel de +2,5

cm du côté opéré. (Cette différence a été recherchée par le chirurgien car

Michael va encore grandir, cela devrait donc s’annuler au cours de la

croissance.)

Page 10: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

7

3.2. Bilan cutané, trophique et vasculaire : quelques troubles

Cutané :

Du fait de la chimiothérapie, Michael présente une alopécie.

La peau est sèche avec présence de squames : on parle de xérose cutanée.

L’état cutané de Michael est surveillé tous les jours (notamment au niveau des points

d’appuis du corset).

Il présente deux cicatrices longilignes de 27 cm chacune, qui correspondent aux deux

incisions opératoires : une voie antérieure ou voie iléo-inguinale et une voie postérieure ou

voie de type Kocher. (Figure 5) Elles présentent chacune des points adhérents et indurés,

notamment au niveau du pli de l’aine. La cicatrice postéro-latérale est élargie au niveau de

sa terminaison distale et de par les frottements avec le corset elle est de couleur rosée.

Au niveau de la cheville et du pied, la peau est chaude, violacée.

Du fait de la radiothérapie, la palpation de la région iliaque est sensible.

Figure 5 : Les deux cicatrices de Michael (latéro-cubitus gauche)

Trophique : Œdème mixte à partir du 1/3 inférieur du segment jambier droit jusqu’aux

orteils ; œdème que j’ai pu quantifier grâce aux mesures périmétriques (Tableau I).

Tableau I : Mesures périmétriques quantifiant l’œdème

Droite (en cm) Gauche (en cm) Différentiel

Malléoles 24,5 23,5 +1 cm

A +5cm ligne orteils 20 19 +1 cm

Ligne des orteils 21 20,5 +0,5 cm

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8

Vasculaire : Michael porte des bandes de contention dès le premier lever en prévention

des différents troubles vaso-moteurs (défaut de circulation de retour et système

lymphatique, accident thrombo-embolique, troubles orthostatiques).

Je n’ai pas noté de signes de phlébite avant la pose des bandes.

3.3. Bilan douloureux : des douleurs induites lors de l’appui

Michael prend actuellement un seul antalgique à base de paracétamol (1000mg) avant

chaque séance de kinésithérapie.

Tableau II : Le bilan des douleurs

Au repos, le patient ne présente aucune douleur spécifique. Michael a de nombreuses

douleurs en rééducation (Tableau II) notamment lors des mobilisations passives de la

hanche droite et de l’articulation talo-crurale. De plus, lors de la mise en charge et à la

marche, il présente des douleurs sous la voûte plantaire de son pied gauche cotées à 5/10 et

lors du travail du transfert d’appui, il a mal à droite (côté opéré) au niveau du cou du pied

ainsi qu’au calcanéus.

⇾ Sur le plan algique, les douleurs induites sont d’origine mécanique et limitent l’appui

sur le membre inférieur opéré.

3.4. Bilan articulaire : un membre inférieur droit enraidi

Qualitatif

Dans la néo-articulation de hanche droite, les arrêts en fin d’amplitude sont mous et

élastiques, ceux-ci étant dus à une hypoextensibilité globale des muscles de la hanche.

Où ? Quand ? Combien ? (EVA) Comment ?

Hanche droite Mobilisation passive en

fin d’amplitude

4/10 Tire

Cheville et pied droits Mobilisation passive en

fin d’amplitude

7/10 Tire

Voûte plantaire pied gauche Marche prolongée 5/10 Brûlure

Cou du pied Transfert d’appui 4/10 Broiement

Page 12: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

9

La mobilité patellaire est physiologique. L’articulation tibio-fibulaire supérieure est

qualitativement moins mobile du côté opéré.

Quantitatif

L’examen a été effectué à J+150. Il est passif, bilatéral et sans corset. Les résultats sont

répertoriés dans le tableau III.

Tableau III : Amplitudes articulaires des membres inférieurs

ARTICULATION DROITE (OPERE) GAUCHE (SAIN)

HANCHE

Flexion 90° 120°

Extension 5° 10°

Abduction 25° 45°

Adduction 30° 30°

Rotation Latérale 25° 40°

Rotation Médiale 15° 30°

GENOU

Flexion 95° 140°

Extension 0° 0°

TALO-CRURALE

Flexion dorsale 0° 10°

Flexion plantaire 15° 30°

Il y a peu d’amplitude dans l’ensemble du pied (sûrement due à des rétractions des moyens

d’union activo-passifs du fait de l’immobilisation prolongée dans le plâtre). Les orteils sont

eux aussi hypomobiles (l’œdème limite les mouvements).

Quant au rachis, la flexion globale est très limitée, je note une mobilité exclusivement

localisée au niveau du rachis cervical et thoracique haut. Lors du test de flexion antérieure

du rachis, les mains de Michael arrivent juste au niveau de l’interligne articulaire du genou.

⇾ Sur le plan articulaire, le patient présente une néo-articulation de hanche limitée surtout

en extension et en abduction et un déficit de flexion dorsale de la talo-crurale droite à

mettre en relation avec l’immobilisation prolongée.

Page 13: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

10

3.5. Bilan musculaire : déficit de force des membres inférieurs

Qualitatif : On note une hypoextensibilité globale de tous les muscles du membre inférieur

côté opéré, notamment les muscles du plan postérieur (Fessiers, Ischio-Jambiers, Triceps

Sural). Michael présente également une amyotrophie de l’ensemble des membres

inférieurs, localisée surtout au niveau des triceps suraux et des quadriceps.

La flexion de hanche active est impossible, l’abduction est difficilement réalisable.

Quantitatif : Il m’a été difficile de réaliser un bilan musculaire quantitatif analytique de

type testing du fait de la complexité de la néo-articulation de hanche. En effet lors de

l’opération, le chirurgien a effectué un curage musculaire et a désinséré certains muscles

s’insérant sur l’os coxal comme le tendon direct du droit fémoral (s’insérant sur l’épine

iliaque antéro-inférieure). (Annexe III)

J’ai donc réalisé cette évaluation de façon globale et fonctionnelle c’est-à-dire par groupes

musculaires. Mes résultats sont répertoriés dans le tableau IV et les cotations

correspondent à celles du Testing analytique classique.

Tableau IV : Evaluation quantitative de la force musculaire des membres inférieurs

Groupes musculaires DROITE GAUCHE

HANCHE

Flexion 0 4

Extension 3 5

Abduction 1 4

Adduction 2 4

Rotation Latérale 2 4

Rotation Médiale 1 4

GENOU

Flexion 2+ 5

Extension 2+ 5

CHEVILLE

Flexion dorsale 2 3

Flexion plantaire 2+ 3

Eversion 2 3

Inversion 2 3

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Les fléchisseurs et les extenseurs des orteils sont globalement cotés à 2.

Le verrouillage actif du genou droit n’est pas acquis à J+150. Michael présente un déficit

d’extension active de 15°.

⇾ Au niveau musculaire, Michael présente donc un déficit global de force des deux

membres inférieurs plus important à droite.

3.6. Bilan fonctionnel : une dépendance dans les AVQ

Transfert d’appui et équilibre

Suite au dernier rendez-vous chirurgical, la radiographie montre une consolidation osseuse

optimale qui a permis au chirurgien d’autoriser l’appui complet sur le membre inférieur

opéré (c’est-à-dire 50kg contre 15kg autorisés précédemment).

Cependant, à J+150, Michael n’arrive à poser que 5 kg à droite. Cet appui est limité par

l’apparition de douleurs plantaires.

L’équilibre bipodal est stable et maintenu : même s’il est essentiellement assuré par le

membre inférieur gauche.

Transferts

Pour les transferts lit/fauteuil et fauteuil/lit, Michael utilise le perroquet pour s’aider et est

autonome dans ses transferts.

Pour les retournements latéraux au lit, ils sont effectués sans aide et sans corset ;

cependant, il place un coussin entre les cuisses en prévention d’un éventuel mouvement

luxant pour la position de décubitus controlatéral.

Le patient a besoin de s’aider de ses membres supérieurs pour passer de la station assise à

debout.

Activités de la vie quotidienne

Michael a besoin d’une tierce personne pour assurer ses soins personnels (douche,

habillage, toilettes) et pour se déplacer en sécurité : il est donc très dépendant dans les

activités de la vie quotidienne. Michael est un adolescent relativement passif qui reste très

souvent allongé sur son lit. Le fauteuil roulant vient d’être enlevé le midi pour l’obliger à

marcher jusqu’à la cantine en déambulateur.

Page 15: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

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3.7. Bilan de la marche : un périmètre de marche limité

Quand il se déplace dans le service, Michael n’utilise que son fauteuil roulant même s’il est

capable et encouragé à se déplacer en déambulateur dans l’hôpital et en béquilles en séance

de kinésithérapie. Il se déplace jusqu’au plateau technique avec son corset et deux cannes

anglaises, accompagné par le masseur-kinésithérapeute, selon une marche en 3 temps.

A la marche, je note les défauts de marche suivants :

- Diminution de la longueur du pas du côté sain

- Phase oscillante du côté sain (gauche) diminuée dans le temps par rapport à la

phase oscillante à droite

- Pour compenser le déficit de flexion active de hanche et de flexion dorsale de

talo-crurale, j’ai noté une élévation de l’hémibassin droit et une rotation latérale

du membre inférieur droit lors de la phase oscillante

- Lors de la phase portante, il marche en salutation car il présente un déficit de

10° d’extension de hanche pour avoir l’amplitude physiologique.

- L’abattée du pied gauche sans dérouler le pas (absence de phase taligrade)

De plus, l’immobilisation post-opératoire et la chimiothérapie ont nettement diminué son

endurance et son adaptation à l’effort. Son périmètre de marche est de 80m avec les 2

cannes anglaises.

3.8. Profil psychologique : une anxiété prédominante

Michael est un jeune garçon ambitieux, qui se projette dans l’avenir. C’est aussi,

paradoxalement, un adolescent peureux qui craint chaque nouvel élément en rééducation,

c’est-à-dire que chaque nouvelle étape dans la rééducation est un cap à passer et il n’a pas

encore assez confiance en son membre inférieur opéré, ce qui freine sa progression en

rééducation. Il est aussi très anxieux face à la douleur provoquée lors du transfert d’appui.

Il parle beaucoup de sa vie antérieure, de ce qu’il arrivait à faire et qu’il ne fait plus. Il

reste cependant motivé à poursuivre ses efforts pour progresser et sortir le plus rapidement

possible. Sa maman le soutient énormément en rééducation et il y a donc une relation dite

triangulaire qui s’est installée entre Michael, sa maman et le kinésithérapeute. [11, 12]

Page 16: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

13

3.9. Conclusion

Au final, la déambulation reste difficile car elle est gênée entre autre par un manque de

flexion active de hanche, une amyotrophie musculaire majeure du côté opéré et une

appréhension. Michael est douloureux en rééducation (surtout lors des exercices de

transfert d’appui, marche corrigée) et cela entretient son anxiété. De plus, il me rappelle

souvent sa peur de chuter.

Michael, 13 ans, atteint d’une tumeur d’Ewing localisée à l’aile iliaque droite, est à J+150

de son opération. Lors de l’intervention, le chirurgien a effectué une exérèse de l’aile

iliaque qu’il a reconstruite avec une allogreffe de fémur distal (os de banque) et une

prothèse totale de hanche. Michael est ensuite transféré dans un hôpital pour enfants en

service d’oncologie afin de poursuivre son traitement chimiothérapique et de bénéficier

d’une rééducation fonctionnelle post-opératoire. A ce jour, il commence la 8ème

et dernière

cure de chimiothérapie post-opératoire.

D’après les bilans réalisés, le patient présente un déficit articulaire global du membre

inférieur droit, majoré au niveau de la néo-articulation de hanche dans les amplitudes

d’abduction : 25° et d’extension : 5°. Le déficit d’extension entraîne une marche dite en

salutation. Parallèlement, un déficit musculaire global est présent suite à l’opération

invasive et à l’immobilisation post-opératoire sous corset, rendant tout effort coûteux en

énergie, entraînant une fatigabilité non négligeable du patient et l’arrêt de ses loisirs. De ce

fait, Michael n’a pas de flexion active de hanche droite ce qui engendre lors de la marche

une élévation de l’hémibassin droit.

La mise en place de son corset pelvi-crural est obligatoire pour la marche et s’effectue avec

l’aide d’une tierce personne mais il arrive à l’enlever seul. L’équilibre unipodal à droite est

pour l’instant impossible à réaliser. Il n’arrive à transférer que 5kg sur son membre opéré

du fait de la douleur et d’une ostéoporose importante.

Michael déambule avec 2 cannes anglaises lors des séances de kinésithérapie mais en

dehors, il se déplace en déambulateur accompagné d’un adulte. Le périmètre de marche est

limité à 80m avec les 2 cannes. Lors de cette marche, Michael effectue un déroulé du pas

trop rapide à gauche avec une suppression de la phase taligrade.

Page 17: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

14

Le patient a besoin d’un tiers pour se déplacer en sécurité et assurer ses soins personnels :

douche, toilettes, habillage. Sa dépendance engendre un problème de scolarisation et un

isolement social.

C’est un patient douloureux lors des mobilisations et du transfert d’appui, qui appréhende

chaque exercice. C’est un adolescent fragile, materné par sa mère et cela se traduit en

rééducation où il est relativement passif alors que nous sommes dans une phase active.

Au vu de ses limitations et son hospitalisation prolongée, Michael est restreint dans ses

activités et sa vie sociale. Son objectif est de rentrer chez lui, au Caire, avec la meilleure

autonomie et la meilleure fonction possible.

A l’heure actuelle, le pronostic vital n’est plus engagé et la réponse au traitement est

favorable à la guérison. Cependant, il faut tout de même respecter la période de rémission

de 5 ans après le traitement de la tumeur afin de prévenir une récidive potentielle.

Il s’agira donc pour le masseur-kinésithérapeute de corriger les boiteries à la marche,

diminuer progressivement les aides techniques, améliorer le transfert d’appui et renforcer

sa musculature. On agira également sur les déficits articulaires pour limiter les raideurs.

Prochainement, le travail des escaliers sera débuté. Sur du long terme, la question sera de

savoir s’il pourra reprendre ses activités et s’il pourra supprimer totalement les aides

techniques. Il devra prendre soin de son membre inférieur droit pour éviter les risques de

chute et l’apparition de nouvelles complications (le risque fracturaire étant important du

fait d’une ostéoporose d’immobilisation).

5.1. Objectifs de rééducation

A court terme :

- Diminuer les douleurs plantaires lors du travail en charge

- Favoriser la prise de conscience des défauts posturaux

- Augmenter la force du quadriceps à 3 au moins pour permettre le verrouillage

actif du genou

- Récupérer l’extension de hanche (de l’ordre de 10 à 15°)

Page 18: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

15

- Gagner en flexion dorsale de talo-crurale

- Renforcer les muscles stabilisateurs latéraux du bassin et entretenir le membre

inférieur sain

- Obtenir un appui de 50% du poids du corps sur le membre opéré

- Eduquer le patient à la prévention des mouvements luxants et des infections[13]

A moyen terme :

- Minimiser les boiteries à la marche

- Monter et descendre les escaliers avec une canne anglaise

- Sevrer le patient aux aides techniques et au port du corset de façon progressive

- Acquérir une musculature suffisante pour obtenir un appui unipodal stable

A long terme :

- Retrouver une marche sans boiterie et un périmètre de marche illimité

- Permettre le retour à domicile d’ici 3 mois au maximum, dans les meilleures

conditions et avec la plus grande autonomie possible dans les activités de la vie

quotidienne

- Réadapter le patient à l’effort

5.2. Principes de la prise en charge

- Respect de la douleur : travailler en décharge si les exercices en charge sont

trop douloureux

- Respect de la fatigabilité du patient en réalisant des séances adaptées à son état

général (phase d’aplasie, fin de journée ou fin de semaine…) c’est-à-dire

favoriser des séances courtes, biquotidiennes et avec des temps de pause

suffisant entre chaque exercice

- Etre ludique afin de susciter la motivation du patient et diminuer son anxiété

- Tenir compte de la complexité de la néo-articulation et de l’anxiété du patient

en favorisant les prises courtes et englobantes lors des mobilisations

- Privilégier le travail en charge afin de stimuler la reminéralisation osseuse

- Autonomiser le patient au maximum

Page 19: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

16

5.3. Pronostic

Dans le cadre de sa rééducation, Michael devrait rapidement améliorer la qualité de sa

marche et de ce fait prendre davantage confiance en lui ce qui lui permettrait de gagner en

autonomie et de se sociabiliser plus facilement en allant manger dans la salle commune

avec les autres enfants du service par exemple. De plus, grâce à l’aide du kinésithérapeute,

il devrait arriver par la suite à vaincre ses craintes et à appuyer davantage sur le membre

opéré. Par ailleurs, Michael est fatigable et présente un profil anxieux. Ces composantes

sont autant de facteurs à prendre en compte dans ma rééducation pour adapter au mieux les

séances et la mise en place de nouveaux exercices.

5.4. Rééducation du patient

La prise en charge de Michael est pluridisciplinaire : le chirurgien, les onco-pédiatres, les

infirmières, le masseur-kinésithérapeute, la psychologue, la diététicienne interviennent.

La prise en charge kinésithérapique s’effectue à raison de 2 séances par jour : une le matin,

l’autre l’après-midi. La durée des séances peut varier en fonction de l’état général du

patient (phase d’aplasie par exemple), de sa fatigue, d’éventuelles douleurs...

Cette prise en charge est globale, à visée fonctionnelle. Elle est principalement centrée sur

le travail de la marche, du transfert d’appui, le renforcement musculaire et le gain

articulaire.

Visées cutanée, trophique et vasculaire

L’adolescent porte et retire son corset plusieurs fois par jour (cela permet une

« respiration » cutanée et la préparation progressive au sevrage du corset qui sera envisagé

lors du prochain rendez-vous chirurgical). De plus, le chirurgien a donné l’autorisation de

dormir sans corset, à se transférer en latérocubitus (droit et gauche) sans corset et a décidé

de retirer la partie distale de ce dernier : il s’agit à présent d’un corset pelvi-crural. (Fig. 3)

Le masseur-kinésithérapeute vérifie quotidiennement l’état cutané du patient (points

d’appuis, rougeurs, état cicatriciel…)

De plus, un massage cicatriciel pour lever les adhérences sera effectué en décubitus

controlatéral.

Page 20: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

17

Visée articulaire

On commencera par une mobilisation passive en triple flexion/triple extension du membre

inférieur droit dans un but d’entretien et d’échauffement articulaire ; puis, on mobilisera

articulation par articulation en commençant par la hanche afin de gagner en amplitude

essentiellement dans le plan sagittal et dans le plan frontal en abduction. Ces mobilisations

pourront être en va et vient ou en unidirectionnel répété avec des temps posturaux mais

jamais en mouvement de circumduction afin d’éviter tout mouvement dangereux pour la

prothèse.

On entretiendra les autres degrés de liberté de la hanche notamment les rotations qui ont

été autorisé par le chirurgien lors du dernier rendez-vous.

On fera aussi des mobilisations de la patella transversalement et de haut en bas puis du

genou en flexion et en extension dans un but d’entretien articulaire.

Enfin, on mobilisera l’articulation talo-crurale et les différentes articulations du pied à

l’aide de mobilisations spécifiques. Les mobilisations de la talo-crurale pourront être

accompagnées par des postures manuelles ou gravitationnelles en flexions dorsale et

plantaire. Chaque posture ou mobilisation sera suivie d’un temps actif aidé (dans la mesure

du possible) pour entretenir les muscles et fixer les gains.

On insistera également sur les mouvements d’éversion et d’inversion de l’arrière-pied et

sur la mobilisation des cinq rayons.

Ce travail articulaire sera complété par des auto-mobilisations du genou et de la cheville en

installant Michael sur une chaise et en lui demandant de faire rouler le skate sous ses pieds

d’avant en arrière et vice versa. Le pied devra rester bien à plat sur le skate.

On pourra suppléer cet exercice en proposant au patient de faire glisser le skate sous son

pied gauche puis droit de façon à simuler le déroulé du pas (phases taligrade, plantigrade,

digitigrade).

Visée musculaire

Rappelons que suite à l’intervention chirurgicale, nombreux sont les muscles s’insérant sur

l’os coxal à avoir été sectionnés. Il en résulte une cicatrisation musculaire anarchique avec

de nouvelles insertions non physiologiques ce qui engendre une importante perte de force

et d’élasticité.

Le travail musculaire sera intermittent avec une alternance de phases de travail et de phases

de repos pour éviter une fatigue trop importante pour la suite de la séance, à savoir un

temps de repos d’environ deux fois le temps de travail.

Page 21: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

18

Par ailleurs, le travail musculaire au niveau de la néo-articulation de hanche à J+150 sera

global, fonctionnel, facilité c’est-à dire que l’on sollicitera en actif aidé chaque groupe

musculaire. Ainsi on ne parlera plus de muscle Ilio-Psoas mais plutôt de muscles

fléchisseurs de hanche (actuellement ces muscles sont cotés à 0 selon l’équivalent testing),

on pourra envisager un réveil musculaire par l’utilisation de chaine cinétique.

On pourra cependant travailler de manière plus ciblée les autres muscles du membre

inférieur droit.

Par exemple, il est important d’acquérir le verrouillage actif du genou. On proposera

plusieurs exercices en progression : d’abord en décharge avec l’exercice de l’écrase

coussin, puis en charge entre les barres parallèles en fente avant, genou droit fléchi à 30°

avec la consigne de tendre le genou en appuyant sur ma main (rappel extéroceptif) sans

bouger le bassin et enfin en travaillant le passage de la position assise à debout sans aide

des membres supérieurs.

On pourra continuer à solliciter le quadriceps en proposant un travail en décharge en

chaine ouverte dans les 3 principaux modes de contraction (concentrique, statique et

excentrique) à l’aide d’un coussin triangulaire où le patient devra maintenir la contraction

genou tendu durant 6 secondes puis freiner la descente de la jambe en douceur.

Des contractions réflexes du quadriceps seront recherchées par la suite : le kinésithérapeute

soutient la jambe droite et la consigne pour le patient est de maintenir la position tout en

sachant que le thérapeute va supprimer son aide ; les réflexes parachutes seront aussi

employés.

On sollicitera les Ischio-Jambiers en statique ou en dynamique contre résistance.

On continuera par un travail des muscles de la sangle abdominale afin de retrouver un

gainage efficace.

On proposera également le pont fessier pour entretenir les muscles du plan postérieur.

Un travail actif aidé des releveurs et du triceps sural sera envisagé.

On poursuivra par des étirements musculaires afin de lutter contre l’hypoextensibilité :

- Du plan postérieur (patient debout sur une marche d’escalier, talon en dehors et

laisse tomber le talon jusqu’à la sensation d’étirement ou sur un ballon KVB en

se penchant en avant)

- Des Ischio-Jambiers, quadriceps, gastrocnémiens, adducteurs, fléchisseurs et

extenseurs de hanche

Page 22: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

19

Visée fonctionnelle

La marche

La marche est un point clé de la rééducation de Michael. En effet, elle constitue son

objectif principal pour envisager le retour à domicile et la reprise de ses différentes

activités.

Au-delà de l’aspect fonctionnel, la marche permet un réentrainement à l’effort car après

une lourde intervention, Michael a vu ses capacités physiques diminuer entrainant une

perte de l’endurance, une désadaptation à l’effort et donc une fatigabilité importante.

La récupération de la marche s’appréciera sur des critères qualitatifs (vitesse, rythme,

égalité des pas dans le temps et dans l’espace, déroulé du pas, etc.), quantitatifs (périmètre

parcouru, temps, économie des efforts, etc.) et fonctionnels comme l’adéquation entre les

possibilités du patient et ses besoins d’indépendance au quotidien.

Chaque journée débute par la pose de bandes de contention et la mise en place du corset

avant de débuter la marche (de la chambre jusqu’à la salle de rééducation).

Au début de ma prise en charge, à J+150, Michael se déplace lors des séances de

kinésithérapie avec deux cannes anglaises selon un rythme en 3 temps, sur un périmètre de

80m. Cette marche s’effectue dans le service sur terrain plat, deux puis quatre fois par jour.

L’objectif du kinésithérapeute sera d’automatiser cette marche et la rendre la plus

physiologique possible.

Les défauts de marche seront corrigés verbalement dans un premier temps en demandant à

Michael d’allonger le pas à gauche en posant d’abord le talon. On lui demandera aussi de

contrôler la rotation latérale droite et d’appuyer sur son membre droit plus longtemps lors

de la phase portante. Enfin, on lui demandera de se redresser et de regarder devant lui.

Comme il s’agit d’un enfant, on pourra imager les consignes en lui demandant par exemple

de ne pas faire de bruit en posant son pied gauche (ainsi il s’appliquera à bien dérouler le

pas). On pourra également donner un rythme musical (métronome) pour cadencer la

marche et réguler les cycles de marche.

On proposera ensuite des exercices de marche entre les barres parallèles : pas latéraux, pas

postérieur, travail du déroulé du pas, esquives d’obstacles ; permettant d’acquérir plus

d’assurance dans les déplacements.

La marche à l’extérieur débutera en déambulateur : elle permet la mise en situation sur

terrains variés (gestion de la pente, du type de sol, etc.).

Par ailleurs, à J+175, la marche autonome est autorisée dans le service à l’aide du

déambulateur.

Page 23: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

20

La marche en autonomie et le déplacement à l’extérieur ont un impact psychologique non

négligeable qui aide le patient à se projeter dans l’avenir et à envisager son retour à

domicile.

A la fin de ma prise en charge, à J+185, Michael peut se déplacer dans le service seul ou

accompagné en béquille, il marche à l’extérieur en béquille sur un périmètre de 200m en

séance de kinésithérapie et commence la marche avec une seule canne anglaise (côté

controlatéral) sur une dizaine de mètres avec le soutien du masseur-kinésithérapeute côté

lésé. L’apprentissage de la montée et descente des escaliers est entrepris à J+175. Il

s’effectue à l’aide d’une canne et d’une rampe sur un étage ; progressivement, il arrive à

effectuer l’exercice sur deux étages. Il doit monter en premier le membre sain, puis la

canne et le membre lésé en même temps. Pour la descente, le principe est le même : la

canne et le membre lésé puis le membre sain.

Transfert d’appui

C’est la deuxième priorité de la prise en charge de Michael : en effet, lors du dernier

rendez-vous chirurgical, le chirurgien a autorisé l’appui complet sur le membre inférieur.

On effectuera différents exercices d’abord en statique : travail du transfert d’appui dans le

plan frontal sur deux pèse-personnes, dans le plan sagittal en fente avant, travail de

latéroposition du bassin avec rappel extéroceptif ou encore avec un feedback visuel à l’aide

d’un miroir. On pourra également travailler sur une cale en mousse afin de faire prendre

conscience à Michael de la quantité d’appui qu’il déplace à droite. Ce travail est primordial

et Michael doit être concentré sur le bon positionnement de son bassin afin de s’auto

corriger, prendre conscience de la bonne position et d’automatiser celle-ci.

Il est également important de mettre en pratique ce transfert d’appui en dynamique lors de

la marche entre les barres parallèles par exemple.

A la demande du patient, des moyens seront également mis en place pour soulager les

douleurs à base de cryothérapie et de mobilisations actives aidées.

6.1. Bilan morpho-statique

On retrouve les mêmes attitudes spontanées que précédemment.

Page 24: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

21

6.2. Bilan Cutané, Trophique et Vasculaire

L’état cutané de Michael s’est amélioré par rapport au bilan initial. L’œdème a diminué au

niveau des orteils : il persiste un différentiel de +0.5 cm côté droit au niveau des malléoles.

La cicatrice antérieure est qualitativement moins adhérente, plus souple et mobile au

toucher. La peau est toujours sèche mais son aspect violacé s’est estompé.

6.3. Bilan douloureux

Michael est toujours algique lors des mobilisations en fin d’amplitudes articulaires ainsi

que lors du travail du transfert d’appui mais les douleurs ont significativement diminué.

6.4. Bilan articulaire

Les amplitudes ont évolué pour la hanche droite avec une augmentation de la flexion

passive à 95° et de la rotation latérale à 30°. Pour le genou droit, on a une augmentation de

la flexion passive à 100°.

Quant à la mobilité de la cheville, la flexion dorsale passive est à 5° et la flexion plantaire

s’élève à 20°. Les arrêts au niveau de la cheville sont relativement durs en fin d’amplitude

(éléments capsulo-ligamentaires) et douloureux.

On note également une meilleure mobilité globale de l’avant-pied et des orteils (due à la

résorption de l’œdème et aux mobilisations spécifiques).

6.5. Bilan musculaire

Les hypoextensibilités sont toujours présentes malgré les nombreux étirements mais ont

diminué qualitativement. En ce qui concerne la force musculaire, les progrès se sont vus

essentiellement au niveau du quadriceps et des ischio-jambiers qui sont cotés tous les deux

à 3. Les Rotateurs Médiaux de hanche sont maintenant à 2-.

6.6. Bilans fonctionnel et de la marche

C’est sur le plan fonctionnel que Michael a beaucoup progressé en 1 mois de rééducation.

En effet, il a dorénavant l’autorisation d’utiliser ses béquilles dans le service (accompagné

ou non d’un adulte) et n’utilise que les cannes anglaises aussi bien lors des séances de

kinésithérapie que dans l’hôpital. La marche est de plus en plus fluide dans le temps et

dans l’espace avec un périmètre de marche d’environ 250m.

Page 25: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

22

Il passe beaucoup moins de temps au lit et préfère rester assis sur une chaise plutôt que sur

son fauteuil roulant. Il se déplace également à l’extérieur en béquilles uniquement en

présence d’un thérapeute sur des terrains variés (terrain incliné, différents types de sol).

Du côté du transfert d’appui, il arrive maintenant à appuyer la moitié de son poids du corps

sur la balance (à savoir 25kg) et l’équilibre bipodal dans ces conditions est stable. Il appuie

également davantage sur sa jambe droite en dynamique.

Malgré ses progrès, son déficit de flexion active de hanche entraîne toujours une

compensation en élévation de l’hémibassin droit.

La descente et la montée des escaliers ont bien débuté : elles se font avec l’aide d’une

canne anglaise et de la rampe, uniquement lors des séances de kinésithérapie pour le

moment.

7.1. Analyse des résultats

Lors de la prise en charge masso-kinésithérapique de Michael, la principale difficulté que

j’ai rencontrée fut la gestion de ses douleurs notamment celles situées au niveau de la

voûte plantaire, du calcanéus et du cou du pied. Ces douleurs étaient essentiellement

présentes lors du travail de remise en charge. Elles étaient sûrement dues à l’ostéoporose,

qui est une complication d’une immobilisation prolongée et également un des effets

secondaires du Dexamethasone® qui est un corticoïde (prescrit pour son action

antiémétique) [14].

Ces douleurs ont limité le travail en charge et donc limité la récupération de la force

musculaire des membres inférieurs, du verrouillage actif du genou et de la marche. La

progression en rééducation s’est donc vue ralentie à l’apparition de ces douleurs.

Du fait de l’ostéoporose de Michael, les exercices en charge sont très importants car ils

vont stimuler la minéralisation osseuse [15], or la mise en charge sur des os fragilisés est le

principal facteur déclenchant de la douleur. Cependant si on ne travaille pas en charge, la

densité osseuse ne s’améliorera pas, les douleurs ne cesseront d’augmenter et de ce fait il

sera encore plus difficile pour le patient d’appuyer sur son membre opéré. La remise en

charge est donc responsable de l’apparition de douleurs à court terme mais bénéfique sur la

diminution voire suppression de ces dernières à long terme.

Page 26: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

23

La rééducation sera alors un compromis entre l’efficacité des exercices en charge et

l’antalgie.

Au cours de ma prise en charge, j’ai constaté que Michael était anxieux lors des soins : il

avait peur d’avoir mal avant de commencer la séance. Lorsque je le mobilisais, je me suis

rendue compte que dès qu’il concentrait son attention sur les mobilisations articulaires les

signes de douleur (grimaces, cris) apparaissaient plus vite que lorsqu’il lisait une bande-

dessinée ou regardait la télévision pendant ce temps. Dans le second cas, j’obtenais de

meilleurs résultats.

Je me suis alors demandé si l’emploi de techniques distractives aurait pu s’adapter aux

exercices en charge. Quelles sont les différentes techniques de distraction applicables en

rééducation ? Sur quoi agissent-elles et quelles sont leurs limites ?

7.2. Prise en charge de la douleur et spécificité chez l’enfant

La douleur de l’enfant a longtemps été sous-estimée voire ignorée [16, 17].

Ce n’est qu’à partir des années 1980 que les premières publications apparaissent,

démontrant que, dès sa naissance, l’enfant est susceptible de ressentir la douleur. Face à la

loi, les professionnels de santé ont un devoir éthique et une obligation professionnelle de

soulager la douleur. En 1999, des travaux sont menés et aboutissent à la publication par la

Haute Autorité de Santé (HAS) de recommandations professionnelles [17]. Ces dernières

apportent des constats, des conseils et des outils d’aide à la mise en place de protocoles et

de méthodes de prise en charge de la douleur. Toutes les situations cliniques sont recensées

afin de répondre de façon la plus exhaustive possible aux besoins des patients.

Prendre en charge la douleur est un devoir envers les patients, selon le Code de

Déontologie des masseurs-kinésithérapeutes, l’article R.4321-85 déclare qu’ « En toutes

circonstances, le masseur-kinésithérapeute s’efforce de soulager les souffrances du patient

par des moyens appropriés à son état et l’accompagne moralement. »

Définition de la douleur [18]

Selon l’International Association for the Study of Pain (IASP), la douleur se définit

comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à un dommage

tissulaire réel ou potentiel ou décrite en terme d’un tel dommage. »

Page 27: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

24

La douleur est subjective et se divise en quatre composantes [19, 20] :

- Une composante sensori-discriminative : elle est responsable du décodage de

la qualité (par exemple : brûlure, piqûre, fourmillement), de la durée, de

l’intensité et de la localisation de la douleur.

- Une composante affectivo-émotionnelle : elle confère à la douleur sa tonalité

désagréable, agressive, pénible. L’humeur de l’enfant est donc modifiée,

pouvant atteindre l’anxiété ou la dépression.

- Une composante cognitive : elle désigne un ensemble de processus mentaux

susceptibles d’influencer la perception douloureuse et les réactions

comportementales qu’elle détermine : processus d’attention et de diversion de

l’attention, références à des expériences douloureuses antérieures personnelles,

décisions sur le comportement à adopter. Les individus ne ressentent pas tous la

même douleur pour un même stimulus, ceci est notamment dû à la valeur et la

signification donnée à la douleur.

- Une composante comportementale : elle représente l’ensemble des

manifestations verbales et non-verbales de la personne qui souffre telles que les

pleurs, cris, grimaces mais aussi les réactions d’évitement. Elle assure une

fonction de communication avec l’entourage.

La douleur mécanique induite lors du transfert d’appui est une douleur aiguë. Elle est liée à

une atteinte tissulaire brutale et est souvent associée à des manifestations neurovégétatives

et à une anxiété. C’est un véritable signal d’alarme [21].

La prise en charge de la douleur s’effectue sur trois plans (pharmacologique,

psychologique et physique) et implique tous les professionnels de santé. Elle débute

toujours par une évaluation précise et approfondie de la douleur, dans le cas de Michael, on

utilise l’échelle visuelle analogique (EVA) qui est une échelle d’auto-évaluation [22].

7.3. Les moyens pharmacologiques

Dans la plupart des cas, la douleur est d’abord traitée de manière médicamenteuse. Le

masseur-kinésithérapeute doit se tenir informé de l’administration d’antalgiques avant le

début de la séance de rééducation afin d’adapter au mieux sa prise en charge.

Page 28: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

25

Il faut donc connaître la classification des antalgiques par palier de ces médicaments qui

sont de véritables adjuvants à la rééducation.

En plus de ces médicaments, on peut avoir recours en service pédiatrique à l’utilisation du

MEOPA (Mélange équimolaire oxygène-protoxyde d’azote) qui est un gaz anesthésiant et

analgésiant.

Cependant, très souvent, les médicaments ne suffisent pas à eux seuls à juguler l’anxiété de

l’enfant et à garantir le bon déroulement de la séance de masso-kinésithérapie [23].

Il est donc nécessaire de prendre en charge l’enfant ou l’adolescent souffrant de douleurs

aiguës induites en rééducation dans sa globalité. Il s’agira de prendre en compte toutes les

composantes de la douleur afin d’être efficace.

7.4. Les stratégies du masseur-kinésithérapeute afin de diminuer

la perception de la douleur chez un enfant ostéoporotique lors du travail

de reprise d’appui

La douleur de l’enfant cancéreux est un élément primordial, c’est une priorité de l’équipe

de soins. L’équipe pluridisciplinaire doit se mobiliser pour prévenir, évaluer, répondre à la

douleur de ces patients fragilisés. A côté des douleurs liées à la pathologie de l’enfant,

nous devons faire en sorte de ne pas rajouter une douleur provoquée par nos soins.

En effet, c’est un patient qui a déjà un passé douloureux important et une forte anxiété

depuis la découverte de sa maladie et du milieu hospitalier.

Rappelons aussi que Michael a eu une intervention complexe qui a eu pour conséquence

une grande fragilisation mécanique du bassin suivi d’une immobilisation prolongée.

L’immobilité a engendré un certain nombre de complications dont l’ostéoporose. A un âge

où la croissance est à son pic [10, 14], Michael présente une perte importante de la densité

osseuse.

7.4.1. L’ostéoporose

L’ostéoporose est une affection généralisée du squelette caractérisée par une

réduction de la masse osseuse et une altération de la microarchitecture du tissu osseux

responsable d’une augmentation de la fragilité de l’os et par conséquent, du risque de

fracture [24].

Chez l’enfant, l’ostéoporose a des étiologies diverses. Dans le cas de Michael, il s’agit

d’une ostéoporose secondaire à une immobilisation prolongée [14].

Page 29: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

26

En effet, on sait qu’une immobilisation provoque une altération du métabolisme du

calcium, de ce fait, le tissu osseux est moins dense [25].

Il est possible de prévenir cette complication grâce à la remise en charge : les contraintes

osseuses stimulent la densification de l’os [26]. De plus, un traitement à base de calcium et

de vitamine D est mis en place pour éliminer des carences nutritionnelles et la prise de

biphosphonates est préconisée [14, 25, 27].

Ici, la remise en charge est douloureuse pour Michael car ses os sont fragilisés,

mais, si nous ne le remettons pas en charge l’ostéoporose risque de s’aggraver et les

douleurs de s’amplifier.

Pour lutter contre l’apparition de douleurs induites et être de ce fait beaucoup plus

efficace dans la restauration de l’appui sur un membre lésé, le masseur-kinésithérapeute a à

sa disposition différents moyens.

Outre les techniques physiques que l’on utilise classiquement en amont ou en aval de

l’exercice douloureux telles que la cryothérapie constrictive, les mobilisations passives,

l’usage de l’électrothérapie antalgique et le massage (de la voûte plantaire notamment)

[28] ; le masseur-kinésithérapeute est habilité à prévenir les douleurs et l’anxiété à travers

d’autres techniques, plus ciblées sur les composantes cognitive et émotionnelle de la

douleur. Parmi ces techniques, on retrouve les méthodes distractives.

7.4.2. La distraction

La distraction a plusieurs significations. Celle utilisée dans le cadre de l’analgésie

peut se définir comme « l’action de détourner l’esprit d’une occupation ou d’une

préoccupation : faire diversion » [28].

Dans le cadre des soins, distraire un enfant n’est pas le faire rire ou le faire simplement

jouer mais détourner son attention de façon efficace.

Les techniques de distraction sont nombreuses et permettent d’intervenir efficacement sur

la composante émotionnelle de la douleur. Ces techniques cognitives agissent en atténuant

le stress et l’anxiété que peut provoquer un soin ou un exercice de rééducation [23].

La distraction doit être une démarche individualisée en adaptant la méthode à l’âge

de l’enfant, à son développement psychomoteur et à ses préférences (endroits favoris,

passions, sports…). Il faut également prendre en compte l’état de santé du patient, sa

sensibilité à la douleur (seuil de tolérance) et son expérience antérieure face aux soins.

Page 30: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

27

On distingue deux types de distraction : les pratiques qui nécessitent un support (lecture,

télévision, jeux vidéo, marionnettes, etc.) et celles qui ne nécessitent pas de support (conte,

voyage imaginaire, comptage d’objets, etc.). La distraction se décline également en

fonction de l’implication du sujet entre distraction passive (comme par exemple regarder

un dessin animé) et distraction active (par exemple, compter sur ses doigts ou réaliser un

dessin) [28].

Elle est très souvent effectuée en relation avec une autre personne comme le thérapeute

et/ou les parents, mais le patient peut aussi apprendre à accéder seul à cet état.

L’utilisation du jeu et de la distraction est plus fréquente chez l’enfant que dans les autres

classes d’âge.

Ces méthodes sont de plus en plus employées par tous les professionnels de santé (du

médecin à l’infirmière en passant par le masseur-kinésithérapeute).

Les objectifs

L’intérêt de l’utilisation des méthodes distractives en rééducation est d’instaurer un support

ludique qui va permettre à l’enfant de dépasser son angoisse, de « lui permettre de devenir

acteur dans le soin » [28, 29].

Cela va également lui permettre « de s’amuser, de se détendre, de mieux vivre les moments

tels que les soins, les examens, les séparations, la solitude […] grâce à différents moyens

couramment utilisés dans les services » [30]. En effet, s’appuyer sur une animation permet

à l’enfant de mieux supporter la douleur générée par l’exercice en charge et entraîne donc

une meilleure acceptation de la séance et des séances ultérieures. La distraction prévient

l’apparition de conduites d’évitement et donc de kinésiophobie.

Enfin, la distraction permet d’instaurer une relation de confiance entre l’enfant et le

thérapeute mais aussi avec les parents, ce qui contribue à entretenir une relation

triangulaire de qualité [11].

L’utilisation de la distraction permet également de diminuer l’anxiété des parents et de

favoriser leur participation dans la rééducation s’ils le souhaitent.

L’objectif essentiel est de laisser un souvenir le moins traumatisant possible à l’enfant et de

potentialiser les effets des antalgiques pour son confort.

Page 31: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

28

Quel est le moment le plus judicieux pour réaliser la distraction ? Avant,

pendant ou après l’exercice ? [31]

En 2007, une équipe de chercheurs américains a mis en évidence l’utilité du rire et de

l’humour sur des enfants subissant des soins potentiellement stressants ou douloureux.

Pour se faire, 18 enfants âgés de 7 à 16 ans ont participé à l’expérience qui consistait à

regarder des vidéos humoristiques avant, pendant et après un geste douloureux. Le geste

était de plonger une main dans de l’eau froide.

Les résultats de cette expérience ont montré qu’il n’y avait pas de différence sur la cotation

de la douleur ressentie (EVA). Cependant, le temps de maintien de la main dans l’eau

froide était significativement plus élevé lorsque la vidéo humoristique était diffusée

pendant l’action.

Il y a donc une meilleure tolérance de la douleur lorsque la distraction par le rire est

effectuée pendant le soin.

Distraction passive versus distraction active [32]

En 2011, une étude randomisée a été effectuée afin de comparer la distraction active et la

distraction passive. Pour la réalisation de l’expérience, on a demandé à 60 patients de

maintenir leur main dans de l’eau à 2°C et ce aussi longtemps qu’ils pourraient le tolérer.

Les patients ont été répartis dans 3 groupes randomisés et ont effectué le geste douloureux

trois fois dans un ordre aléatoire :

- Sans aucune distraction (témoin)

- Avec une distraction active : jouer à un jeu électronique à la Wii™ (stimulation

des sensations visuelles, auditives, tactiles et kinesthésiques)

- Avec une distraction passive : regarder la télévision

Les résultats de cette expérience ont démontré que le temps de tolérance était

significativement plus long avec la distraction active.

De la même manière, la cotation de la douleur était moins importante avec la distraction

active que la distraction passive.

Enfin, la distraction active s’est révélée plus efficace sur la diminution de l’anxiété, la

notion de plaisir procuré et l’envie de renouveler l’exercice.

En outre, les participants se sont sentis plus absorbés lors du jeu électronique et seraient

prêts à répéter l’expérience douloureuse en jouant à la console.

Page 32: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

29

Plus l’activité cognitive est importante, plus elle va inhiber la transmission de signaux

douloureux dans le cerveau. L’expérience a montré que le caractère désagréable de la

douleur et l’intensité sont diminués efficacement. La distraction active modifierait la

perception de la douleur dans une plus large mesure que la distraction passive.

Mise en application lors d’une séance avec Michael

Dans le cadre de la reprise d’appui de Michael, il était intéressant d’essayer les méthodes

distractives afin de réduire sa perception douloureuse.

Le fait de déporter son attention en lui demandant de me raconter une histoire ou de me

parler de ses passions (basket-ball, séries télévisées) a permis d’élever le seuil de tolérance

à la douleur et en conséquent d’améliorer quantitativement l’appui.

La Wii™ aurait également été un bon moyen de distraire Michael tout en travaillant en

charge puisqu’elle propose des exercices de transferts d’appui de façon ludique applicables

en rééducation, grâce à une plateforme [33, 34].

Ecouter de la musique et même chanter détournent l’attention sur la douleur en stimulant le

sens auditif. Chercher un objet dans la salle, lire une affiche ou décrire un tableau stimulent

la vision. Ainsi, les cinq sens peuvent être exploités pour diversifier les perceptions [23].

Tous ces moyens ont permis à Michael de lâcher prise et d’appuyer davantage sur son

membre inférieur droit. En conséquence, cela a stimulé la densité osseuse et permis de

prévenir le risque fracturaire en cas de chute.

Les limites de la technique

La distraction ne peut être efficace que si celle-ci est couplée à un traitement

médicamenteux adapté à l’enfant, c’est-à-dire correctement dosé. La distraction agit en

synergie avec les médicaments, elle permet de potentialiser leur action antalgique [28].

Les techniques distractives se limitent également au profil du patient. En effet, il

faut que ce dernier soit coopératif et qu’il adhère à la prise en charge. Un enfant en

opposition aux soins, comme cela arrive en oncologie est une contre-indication à toute

méthode distractive. Dans cette prise en charge, le patient doit devenir acteur du soin.

Il faut également une pièce calme afin que l’enfant puisse lâcher prise et se

concentrer pleinement sur l’objet distractif. Des conditions non favorables telles qu’une

salle bruyante avec d’autres personnes présentes peuvent éventuellement gêner l’enfant et

diminuer les bienfaits de la méthode.

Page 33: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

30

Il est préférable que le masseur-kinésithérapeute soit formé à ces techniques

psycho-comportementales afin de mieux les maîtriser. En effet, une fois que l’exercice est

débuté, la distraction ne doit s’arrêter qu’à la fin de l’exercice potentiellement douloureux,

le thérapeute doit donc être vigilant à animer sa distraction tout le temps de l’exercice.

Enfin, la distraction est bénéfique pour améliorer l’appui de manière quantitative

mais le patient n’a plus vraiment conscience de son corps puisque ces méthodes déportent

l’attention sur un autre centre d’intérêt [29]. Or sans prise de conscience, la qualité du

transfert d’appui et le schéma corporel ne pourront pas être corrigés.

La découverte d’un sarcome d’Ewing à l’âge de 12 ans est une épreuve

bouleversante dans la vie d’un enfant et de son entourage. La douleur physique mais aussi

émotionnelle est au centre de la pathologie. C’est elle qui est, très souvent, le premier signe

révélateur de la tumeur et qui va évoluer tout au long de l’hospitalisation. La prise en

charge de la douleur est donc une priorité absolue pour l’ensemble de l’équipe

pluridisciplinaire.

Après le traitement chirurgical de résection tumorale, le masseur-kinésithérapeute

intervient afin de restaurer les meilleures capacités fonctionnelles possibles de l’enfant. Au

cours de la rééducation, la masso-kinésithérapie peut être génératrice de douleurs aiguës

surajoutées comme lors de la reprise d’appui. Le masseur-kinésithérapeute doit prévenir et

traiter la douleur en prenant en compte toutes ses composantes sans se limiter à la

composante sensori-discriminative. Utilisée en rééducation, la distraction devient alors

pour le masseur-kinésithérapeute un véritable outil de soin au même titre que le massage,

le TENS ou la thermothérapie. Elle permet une prise en charge de qualité et individualisée

de l’enfant soigné en agissant sur les composantes émotionnelle et cognitive. En effet,

distraire un enfant pendant un exercice douloureux ou inquiétant permet de diminuer

efficacement la douleur et agit sur l’anxiété liée au soin. La distraction permet de

potentialiser l’action des médicaments antalgiques mais pas de les substituer.

Cependant, les méthodes distractives se limitent à l’aspect quantitatif de l’appui.

La qualité du transfert doit être ensuite travaillée afin d’optimiser le gain. Dans le cas de

Michael, rappelons que l’objectif principal de la rééducation est une récupération

fonctionnelle. Si le schéma corporel n’est pas bon, notre objectif ne sera pas atteint. On

peut donc se demander comment parvenir à une prise de conscience du schéma corporel.

Page 34: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

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travailler l’équilibre avec la Wii !. Kinesither Rev. 2011 ;(114) :33-40

Page 38: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

ANNEXES

Annexe I : Schématisation de la translocation chromosomique

Annexe II : Résultat du CT Scan (effectué en Egypte le 21/03/2013)

Annexe III : Compte Rendu Opératoire

Annexe IV : Prothèse Totale de Hanche de type Integra®

Annexe V : Protocole Euro-EWING 99 suivi dans le traitement de Michael

Annexe VI : Courbe de corpulence des garçons de 0 à 18 ans

Annexe I : Schématisation de la translocation chromosomique responsable de

l’activation du nouveau gène EWS-FLI1 lors de la survenue du Sarcome d’Ewing

Page 39: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

Annexe II : Résultat du CT scan (effectué en Egypte le 21/03/2013)

Traduction et synthèse du CT-scan

La région iliaque droite montre une lésion ostéolytique associée à une réaction périostée et

un envahissement des parties molles adjacentes.

La masse mesure à ce jour en axial 6 x 8.5 x 14.5 cm. La lésion apparaît hétérogène.

Résultats en faveur d’un sarcome d’Ewing.

Page 40: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

Annexe III : Compte Rendu Opératoire

Page 41: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la
Page 42: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

Annexe IV : Prothèse Totale de Hanche de type Integra®

Annexe V : Protocole Euro-EWING 99 suivi dans le traitement de Michael

Légende

VIDE, VAI et VAC sont les abréviations des médicaments actifs de chimiothérapie.

V: Vincristine

I: Ifosfamide

D: Doxorubicine

E: Etoposide

A: Actinomycine

C: Cyclophosphamide

Dans le cas de Michael, la réponse histologique a montré une nécrose à 100% des cellules

tumorales, il se place donc dans la catégorie des bons répondeurs R1.

Au total, le traitement tumoral comprend 6 cures pré-opératoires, le temps chirurgical et 8

cures post-opératoires.

Page 43: Intérêt des méthodes distractives dans la gestion de la

Annexe VI : Courbe de corpulence des garçons de 0 à 18 ans

Michael