istom-escogi.istom.com/media/fck/file/le financement du secteur agricole et rural, cas de...
TRANSCRIPT
ISTOM-ESC
Financement et sécurisation du financement de l'agriculture dans les
pays en développement
Cergy-21 janvier 2016
Le financement du secteur agricole et rural : cas de la filière agricole
à Kinshasa Par Jacques BONGOLOMBA Jacques
Docteur en démographie, Université Panthéon-Sorbonne-Paris1
Chercheur-consultant en micro-finance et en démographie
Mail:[email protected]
Introduction
l1. Contexte de l'étude
lLa République Démocratique du Congo :
lSuperficie : 2 345 000 Km²
lPopulation : 73.1 millions d'habitants (United Nation, 2013)
lCapitale : Kinshasa, avec une population estimée à 12.5 millions
d'habitants et une superficie de 9 936 km² (INED, 2014).
lTerres arables : 800 000 hectares (PNIA, 2013).
2. Faits historiques :
3. Conséquences socio-économiques
lChômage structurel :
lUn taux de chômage de plus de 85% de la population active
( INS, 2013)
l Situation de pauvreté :
lTaux de pauvreté : 71.7% de la population vivant sous le
seuil de pauvreté avec moins de $1.25 par jour et par individu
(EDS, 2007)
l Revenu moyen : $22 par mois ( INS, 2012)
l Espérance de vie : 45/50 ans (Hommes/Femmes)
l Classement IDH : 143e (2000), 157e (2003), 168e (2010),
177e ( 2012)
4. Stratégies des politiques publiques
Reconstruction des infrastructures de base ( routes,
hôpitaux, industries, les établissements scolaires.. etc)
Revitalisation de l'industrie extractive, industrielle,
de production et alimentaire
La lutte contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire
Financement des investissements agricoles (PNIA,
2013)
5. Questions, hypothèses de l’étude
A. Questions : Quel est le rôle de l'agriculture urbaine et rurale ? Quels sont les enjeux de l'agriculture et de son financement en RDC? Pourquoi les institutions financières sont-elles réticentes à financer la filière agricole ? B. Hypothèses : H1: L'agriculture est une stratégie palliative aux contraintes sociales et économiques des ménages agricoles. H2 : La filière agricole présente des risques pour les institutions financières. H3: Le sous-financement agricole engendre des impacts négatifs sur l‘économie congolaise et sur les conditions de vie des ménages agricoles
6. Données et méthodes
a) Données utilisées : lDonnées primaires :
lDocument intérimaire sur la réduction de la pauvreté (DSRP, 2002),
lEnquête démographie et santé (EDS, 2007),
lEnquête sur la malnutrition (UNICEF, PAM et FAO, 2009)
lEnquête sur l'état nutritionnel des enfants (UNICEF, 2010)
lRapport sur le programme d'investissement agricole ( PNIA, 2013)
lL'exploitation des statistiques des IMF agricoles à Kinshasa, 2013
lDonnées secondaires : Enquête sur les 350 femmes maraîchères, 2008
b) Méthodes : Méthode empirique : revue de littérature sur la finance rurale, la finance agricole et l'agriculture
Méthode d'enquête par sondage à deux degrés sur la filière agro- pastorale à Kinshasa :
1er degré :
Sélection à l'aide d'une carte administrative et agricole les sites de maraîchage à Kinshasa associés aux
communes agricoles ( 11 communes)
2e Degré :
Sur la base d'un fichier-mère de la population agricole de 16680 maraîchers, nous avons introduit
des variables discriminantes : le sexe et la durée d'activité depuis 1 à 5ans.
Sur une population maraîchère de 6672 maraîchères, nous avons constitué un échantillon de 350
femmes ayant comme profession habituelle le maraîchage.
Les modules de questionnaires sur les statuts, l'éducation, l'âge, l'origine sociale, la décision de pratiquer
l'agriculture, les sources de financement et les risques liés au métier ont été administrés.
II. L'agriculture
2.1 Définition :
L'agriculture est une exploitation agricole englobant les activités de
production de cultures, élevages et de pêche (FAO, 2014)
Les ménages agricoles sont des groupes de familles qui tirent une
proportion non-négligeable de leur revenu de l'activité agricole ( FIDA,
2011). 2.2 Rôle :
Elle permet de nourrir la population, d’accroître les revenus des
ménages agricoles, et des exploitants agricoles.
Elle crée des emplois, car elle occupe plus de 70% des congolais,
contribue au produit national brut (PIB)
2.3 Part de l’agriculture dans l’économie congolaise
Tableau 1: Evolution du PIB et part de l’agriculture,2002/2007
PIB à prix courant (Mrd $)
2002
2003
2004
2005
2006
2007
PIB à prix courant( FC)
1922 2299 2691 2366 4001 4963
PIB à prix courant en Mrd de $
5.54 5.66 6.53 7.10 8.54 9.77
PIB/H ($) 100.86 100.69 112.09 118.94 138.94 154.25
Part de l’agriculture en %
50.0 48.0 49.0 47.2 46.3 43.80
Source : Extrait des statistiques du PNIA, 2013
2.4 Pratiques agricoles en RDC
Deux grands types d'agricultures :
L’agriculture moderne : Exploitations des grandes
surfaces agricoles (café, hévéa, huile de palme, canne à
sucre, le coton) pour l'exportation ou pour l'industrie
locale.
L'agriculture traditionnelle ou familiale : des petits
exploitants agricoles dans les villes ou dans les zones
rurales.
Selon les zones d'activités, on distingue l'agriculture
urbaine, péri-urbaine et l'agriculture rurale.
l2.4.1 L'agriculture péri-urbaine à Kinshasa
Définitions :
L'agriculture péri-urbaine est un mode spécifique d’utilisation de
l‘espace, ou comme un mode spécifique d'occupation des urbains
(Moustier et Pages,1997). Sa spécificité : la production au milieu des
habitations, ou éloignées ou à 100 kilomètres du centre ville et la
consommation urbaine.
L'agriculture urbaine : est une activité agricole non-professionnelle des
urbains sur des petites échelles, tournée vers les villes. Le but est de
vendre la production mais plutôt la consommer ( FAO, 2015)
2.4.2 Potentialités, contraintes de l'agriculture
péri-urbaine à Kinshasa
a) Potentialités : Terres arables : 7 500 km² (Plateau de Batéké) dans la commune de
N'djili.
Particularités : climat chaud, humide, traversée par des rivières N'djili et
Kalamu se jetant dans le fleuve Congo.
Pluviométrie annuelle : 1 529.9 mm d'eau des pluies (nov. : 268.1 mm
d'eau).
Infrastructures : Proximité des moyens de transport, des institutions
financières, des fédérations agricoles et des routes quasi-praticables
b) Contraintes :
lSols argilo-sablonneux et pauvreté en agriculture vivrière
Marché concurrentiel des produits agricoles étrangers (riz, farine de blé,
des poissons, viande, du lait etc.).
3. Le financement agricole
3.1 Définitions :
La finance rurale La finance agricole
Désigne les services financiers axés sur les activités des exploitations et des entreprises agricoles, ne ciblant pas nécessairement les pauvres (FIDA, 2010)
La micro-finance rurale désigne les services financiers et produits destinés aux exploitants agricoles des zones urbaines et rurale ( FIDA, 2010)
Désigne le financement des
activités agricoles, de la
production, à la consommation
( CGAP, 2006)
3.2 Les enjeux du financement de la filière agricole
A. Les enjeux historiques:
Financement insuffisant/inadapté à la profession agricole et au
calendrier agricole
Faillites des banques agricoles congolaises
Mainmise de l’État dans le financement agricole
Échecs des projets agricoles nationaux et internationaux
B) Les enjeux de financement :
Estimation des besoins financiers agricoles :
Kinshasa (250 millions de $), Bas-Congo (156 millions $) et le
Katanga (211 millions de $) en 2013 et 2015 ( PNIA, 2013)
Faible budget consacré à l'agriculture : 1.7 % en 2013 contre 10%
du budget escompté par le secteur agricole, faible taux d’exécution
du budget
3.3 Les acteurs du financement
agricole
A. Les acteurs institutionnels privés et publics :
USAID, FAO, FIDA, AFD, IMF-COOP, ONG etc
L’ état congolais ( Ministères de l'agriculture et foncière)
B. Les prestataires informels (des ménages agricoles, des
propriétaires)
3.4 Les causes des réticences des IF :
Pour les IMF : Prêts à LT difficile à surveiller(Wampfler, 2002),
inadaptés au système calendaire en micro-finance
Pour les Banques : fluctuation des cash-flow, faible productivité et
retours sur investissements, absence de fonds de garanties, coûts
élevés d'investissements et risques de remboursements.
3.4 Les impacts du sous-financement agricole
A. Forte croissance des importations des denrées alimentaires
( riz, manioc, poissons, viande etc)
B)La santé ( Mics², 2010) :
Retard de croissance : 43% chez les enfants de moins de 5 ans
(FAO, 2009)
Indice de malnutrition aiguë : 30% de la population congolaise
Indice de sévérité nutritionnelle : 12.9 % chez les enfants moins
de 5 ans (Mics², 2010)
Sous-développement du secteur agricole :
abandon des exploitations agricoles, exode rural, dépeuplement
des villages
C. Concurrence et contentieux fonciers entre les services du
cadastre et les chefs coutumiers Batéké (terres agricoles et terres
non agricoles)
4. Résultats d'enquête sur les femmes maraîchères
lObjectif de l'enquête : Identifier les besoins réels, les risques et les
contraintes, les sources de financement de la filière agricole maraîchère à
Kinshasa
l4.1 Les caractéristiques démographiques l a) Tableau 1 : Répartition des femmes maraîchères selon le groupe d'âge
l
l
Source : Notre enquête, 2008
Groupe
d'âge
Effectifs Proportion
25-30 59 16.86
31-36 47 13.43
37-42 110 31.43
43-48 51 14.57
49-63 83 23.71
Total 350 100
Source : Notre enquête, 2008
lb) Statuts des femmes maraîchères lTableau 2 : Statuts matrimoniaux des femmes maraîchères
l
Statuts
Effectifs
Proportion
Mariées 210 60
Veuves 17 5
Célibatair
es
94 27
Fiancées 11 3
Divorcées 18 5
Total 350 100
Source : Notre enquête, 2008
l4.2. Caractéristiques socio-économiques lTableau 3 : Les principales cultures vivrières selon les communes
l
Communes Effectifs Principaux légumes
Bandalungwa
25 Tomates, Épinard, Piments, Poivre, Carottes
N'djili Cecomaf 171 Manioc, Chou de chine, Aubergine, Piment, Poireau, Céleri
N'Sele 75 Manioc, Épinard, haricots verts, Oseille de guinée
Maluku 29 Manioc, Tomates, Épinard, Amarante, Piment
Lemba 15 Ciboulette, Persil, Patate douce, Aubergine , Poireau
Montgafula
Total
35
350
Tomates, Piments, Manioc, choux, carottes, arachides
Source : Notre enquête, 2008
lTableau 4 : Différents types de risques, contraintes et stratégies de financement
l
Types de risques
Contraintes
Stratégies de financement
Les risques de production, de marché et
de prix
Fluctuation des prix *Inventaire des risques selon le mode de
production et de commercialisation
*Évaluer les capacités de
remboursement des femmes
maraîchères
Les risques systémiques Mauvaise récolte, condition climatique
, météorologique
Subventionnement de la production des
légumes
Fonds de garantie des investissements
Les risques de santé Maladies professionnelles, Accidents de
trajet, Blessures d'araignée et de
serpent , Paludisme, Morsures d'insectes
Micro-assurance santé, Équipements de
protection
Les risques d'encadrement Abandon des projets, manque de suivi,
manque du personnel qualifié
Formation des techniciens agricoles, des
managers agricoles
Assistance technique, appui logistique
Les risques de sous-financement Manque de garantie et service d'appui
Insuffisance des crédits agricoles
Adapter les crédits selon la saisonnalité
des cultures
Les crédits modulables ou des avances
sur évaluation de la production
Source : Notre enquête, 2008
Tableau 5 : les sources de financement des maraîchères
Institutions
Nombres des bénéficiaires
Proportion
IMF agricoles 70 20
Banques privées 17 5
Tontines 53 15
ONG, Bailleurs de fonds 70 20
Autres (ménages, aides
familiales)
140 40
Total 350 100
Source : Notre enquête, 2008
Conclusion
lLa filière agricole est, en théorie, une priorité des priorités.
lCependant, elle souffre de l’insuffisance ou du manque de financement,
d'encadrement technique et de soutien logistique.
lLe sous-financement engendre des impacts négatifs sur l'économie, la
santé des ménages agricoles, l'urbanisation et l'environnement
lPour réussir un produit de crédit agricole :
Une approche de proximité de la filière agricole (IMF-Coop)
lDiversification et encadrement des crédits agricoles : des crédits intrants,
des crédits pesticides et des crédits équipements.
lUne formation du personnel des institutions financières.
lLa mise en place d'un fonds de garantie couvrant les coûts et les risques
de production.
lUne micro-assurance agricole.