jardins familiaux et logements collectifs

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JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS approche architecturale et paysagère pour concilier densité urbaine et qualité de vie

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Page 1: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

approche architecturale et paysagère pour concilier densité urbaine et qualité de vie

Page 2: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

Aziz Temel

Enoncé théorique de Master EPFL 2012-2013 | Janvier 2013Impression & Reliure Alfaset, La Chaux-de-Fonds Réalisé sous la direction de:Emmanuel Rey, Directeur pédagogique | Jeannette Kuo, Professeur | Sophie Lufkin, Maître epfl

JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

approche architecturale et paysagère pour concilier densité urbaine et qualité de vie

Page 3: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

1 | INTRODUCTION

Perceptions de la ville

Perceptions de la nature

2 | HISTOIRE DES JARDINS POTAGERS EN VILLE

Moyen Age et Jardin monastique

Révolution industrielle et Jardin ouvrier

Post-industrielle et Jardin familial

3 | ENJEUX ET ATTENTES ACTUELLES

Enjeux de la ville

Attentes de la nature

Enjeux du jardin potager comme outil de qualité de vie

4 | ETUDES DE CAS

Plain-pied

Vertical-farming

Epaisseur de façade

Toit-terrasse

Synthèse des études de cas

5 | ANALYSE URBAINE

Clé de lecture urbaine

Neuchâtel et son histoire

Porosités et successions des rives

Natures urbaines neuchâteloises

Espaces verts publics et jardins potagers

Synthèse et relation à la ville

6 | ANALYSE DU SITE RETENU

Le quartier de la Maladière et son histoire

Densité du bâti

Equipements à proximité

7 | HYPOTHÈSES DE DÉVELOPPEMENT DU PROJET

Contexte de logements

Démarche

Scénario d’intervention

8 | CONCLUSION

Notes rétrospectives

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35

39

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156

Page 4: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

INTRODUCTION

étalement urbain et nature en ville

Page 5: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

8 | | 9

La ville a toujours entretenu des rapports ambigus avec la nature. Tantôt elle l’a

exclue, tantôt elle l’a englobée, redéfinissant par la même occasion la notion de ville

ainsi que celle de ses limites, comme en témoigne l’évolution des formes urbaines

et des jardins de nos sociétés. C’est ainsi que de formes compactes, les villes

se sont progressivement étendues et diluées dans l’espace environnant. Bien que

générée par de multiples raisons, cette transformation de morphologie urbaine est

également révélatrice d’une relation ville-nature changeante: « La ville fermée la

repoussait, la ville ouverte l’a découverte, la ville étalée l’enserre, la ville de demain

s’en inquiète et s’y projette »1, peut-on résumer. De ce fait, la ville d’aujourd’hui a

besoin de repenser sa relation à la nature pour faire face aux nouvelles dynamiques

contemporaines, dont elle subit les pressions.

Depuis une trentaine d’années, un processus de déconcentration de la population

a progressivement engendré une urbanisation périphérique des villes, qui n’est pas

sans conséquence. Ce phénomène est visible par trois points de vue : l’étalement,

la fragmentation et la mobilité2. La notion d’étalement s’illustre par une extension

urbaine vers la campagne, estompant la limite avec cette dernière. Par une utilisa-

tion intensive du sol, elle crée une urbanisation beaucoup plus diffuse et moins

dense. Quant à la fragmentation, elle se ressent par une discontinuité du bâti, tant

physique, fonctionnelle, que sociale. On retrouve ainsi des zones industrielles, des

centres commerciaux, des zones de villas, juxtaposés les uns à cotés des autres

dans un environnement dont on ne tient plus compte des spécificités locales et

naturelles. Enfin, ce phénomène profite également de l’engouement croissant aux

innovations liées à la mobilité, notamment la mobilité individuelle offerte par la voi-

ture. La démocratisation de cette dernière a provoqué une contraction de l’espace-

temps, offrant à ses usagers la possibilité de découvrir de nouveaux territoires.

1 «Vers une nouvelle alliance entre ville et nature : 7ème rencontre franco-suisse des urbanistes », Les ateliers de la ville durable, Lausanne, 2010

2 « Les métamorphoses de la ville. Régimes d’urbanisation, étalement et projet urbain » , Urbia les cahiers du développement durable, N°1, Lausanne, 2005

Ville et nature

Perceptions de la ville

Agnes Denes, Wheatfield, 1982, New-York

INTRODUCTION

Page 6: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

10 | | 11

Au final, cette conquête de nouveaux territoires se traduit par une fuite des ha-

bitants de la cité vers des espaces situées aux abords de la ville, voire même à

la campagne. Ainsi, il se développe de plus en plus de quartiers résidentiels en

dehors des centres urbains. Ce phénomène donne naissance à une ségréga-

tion fonctionnelle de nos modes de vie, en séparant distinctement les lieux

d’activités (ou de travail) des lieux de résidences, elle remet en question le sta-

tut actuel de la ville. A terme, ce nouveau mode de vie peut prendre la forme de

« cités-dortoirs » et engendrer de fortes migrations pendulaires rendues possibles

par l’usage de la voiture. Elle permet ainsi aux d’habitants d’être liés à la ville sans

pour autant y habiter, c’est-à-dire de bénéficier de ses qualités sans devoir en subir

ses défauts. Tout en interrogeant la notion de ville ainsi que celle de ses limites, ce

processus de dédenfication met en évidence les faiblesses de notre tissu urbain

actuel; ceci tant sur ses qualités que sur sa morphologie. Néanmoins, on constate

que cette urbanisation périphérique apporte également certains atouts pour ses

habitants, en leur offrant notamment un cadre de vie à proximité d’espaces de «

nature à vivre ». De la sorte, une perception nouvelle de la nature pourrait ouvrir de

nouveaux champs de réflexions pour la ville, en vue de limiter l’étalement urbain. De

plus, quelle qualité urbaine peut faciliter l’acceptation de la densité ?

Afin de limiter cet étalement urbain et ses nuisances qui remettent en cause la

durabilité de nos villes, il s’impose de repenser l’espace urbain en le densifiant, de

reconstruire la ville sur elle-même. Le problème de cette démarche est qu’elle est

souvent ressentie comme une baisse de la qualité de vie pour les habitants. L’une

des hypothèses serait de faire appel à la « nature en ville », thème qui redevient

d’actualité depuis quelques années, pour qu’elle devienne un facteur clé d’une nou-

velle urbanité, d’une nouvelle qualité urbaine attractive.

Pour certains, la nature est uniquement perçue comme réserve foncière et convoi-

tée pour son potentiel d’espace constructible. Pour d’autres, la nature symbolise un

véritable espace urbain de qualité. En effet, les espaces verts et ses équipements

Perceptions de la nature

sont recherchés par une majeure partie des citadins pour pratiquer leurs activités

de loisirs ou se rencontrer. Ils peuvent revêtir plusieurs fonctions sociales, récréa-

tives ou pédagogiques, et ainsi participer grandement à l’amélioration quotidienne

du cadre de vie. D’après une enquête menée par le LASUR-EPFL3, c’est d’ailleurs

un des critères essentiels de choix de localisation résidentielle. Cependant, ces

espaces verts se raréfient de plus en plus au centre-ville et les modes de vie actuels

tendent à les dissocier de l’habitat. C’est ainsi l’une des raisons de départ des cita-

dins vers la périphérie des villes ou la campagne, qui correspondent dorénavant

plus à des attentes bucoliques de nature: accéder à la maison individuelle dotée

d’un jardin privatif, jardiner, exercer des activités en plein-air, bénéficier d’un style

de vie plus proche de la nature, faire usage de la mobilité douce, autant d’activi-

tés qui sont les éléments clés d’un modèle d’habitation recherché par beaucoup

de citadins. Dès lors, à travers le thème de « nature urbaine », comment serait-il

possible d’encourager les familles à renoncer à la villa périurbaine? En relation à ce

thème, quelles sont les nouvelles typologies urbaines à concevoir en synergie avec

le végétal, entre logement et jardin? Quels sont les intérêts pour la ville elle-même?

A ces hypothèses, qui renvoient aux aspirations des citadins face au contexte ac-

tuel de la ville, quelques éléments déjà présents en milieu urbain donnent l’impul-

sion à des pistes envisageables pour la suite: arbres d’ornement, jardins de poche,

agriculture urbaine, parcs publics novateurs, toitures végétalisées etc, autant d’élé-

ments qui tentent de répondre à la quête des usagers en terme de nature à prati-

quer ou à préserver. A cela s’ajoute de nombreux interstices, espaces résiduels ou

délaissés, à travers lesquels se développe une végétation urbaine « sauvage » et

entretient une biodiversité nécessaire. Ainsi, il serait bénéfique d’intégrer la ville

comme partie prenante de cette approche architecturale, pour tenter de réconci-

lier la densification urbaine avec l’aspiration de ses citadins. Du territoire jusqu’au

balcon fleuri, de l’espace public jusqu’à l’espace privé, mêlant les intérêts de l’un

comme de l’autre. Par cette méthode, notre champs de réflexion pourra s’étendre

et prendre toute l’ampleur qu’elle mérite. Quelles sont donc les enjeux environne-

mentaux, socioculturels et économiques de la nature en ville?

3 KAUFMANN V., PATTARONI L., THOMAS M.-P., Laboratoire de sociologie urbaine de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, « Vers un urbanisme qui

comprend les modes de vie et en tient compte », La Revue Durable, N°45, 2012

INTRODUCTION

Page 7: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

12 | | 13

Parmi ces différentes formes de nature, à différentes échelles, ce travail propose

de se concentrer sur un élément particulier de nature urbaine, il s’agit du « jardin po-

tager urbain » et ce pour de multiples raisons. Alors que l’étalement urbain poursuit

son chemin vers la couronne agricole des agglomérations dont elle remet en doute

l’exploitabilité, le jardin potager urbain se veut entre autres une réponse de proximi-

té aux problèmes de production alimentaire. Mais bien plus que cela, c’est l’espace

du jardin au sens large qui est si convoité par le citadin actuel. Aujourd’hui, on le re-

trouve généralement à la sortie de nos villes et quelques fois même en milieu urbain.

Appelés communément « Jardins familiaux », « Jardins ouvriers » ou « Jardins par-

tagés », ils profitent d’une aura émanant de la notion « d’agriculture urbaine » qui se

définit comme « la culture, la transformation et la distribution de produits agricoles

(alimentaires et non alimentaires) à l’intérieur (intra-urbaine) ou à la périphérie (périur-

baine) d’une métropole »4, requestionnant leurs situations et leurs formes actuelles.

Outre ses fonctions vivrières qui peuvent être source d’économie et facteur de

sécurité alimentaire, le jardin potager urbain offre surtout différentes qualités spa-

tiales, sociales et culturelles qui méritent d’être développées. Comment et sous

quelles formes recréer le jardin d’aujourd’hui pour qu’il intègre toutes ses fonc-

tions, notamment de jardins potagers urbains? Serait-il le thème adéquat de nature

urbaine pour concevoir nos villes de demain?

Depuis quelques années, les préoccupations de développements durables ont ainsi

encouragé les pouvoirs publics à reconsidérer le thème du jardin potager en ville.

Cette dernière, tout en offrant les qualités d’un espace vert, a le mérite de favori-

ser les dynamiques urbaines en puisant directement dans les ressources locales.

L’histoire nous prouve que cette conception d’une nature potagère urbaine n’est

pas nouvelle. Au contraire, elle est ancienne et en évolution constante. On peut

l’illustrer par l’histoire des jardins en ville comme reflets des sociétés. « Le rôle et

la forme de ceux-ci dans la ville sont de précieux révélateurs de la société qui les

conçoit, les crée, les aménage, les gère et les pratique »5. Par conséquent, com-

ment concilier actuellement densité urbaine et qualité architecturale, à travers le

thème du jardin?

4 MOUGEOT L., « Agropolis », 2006

5 GARDIOL M., « Parcs et Nature en ville : Reflets des sociétés ? », Institut de géographie, Université de Lausanne, 2010

Dans un premier temps, par une analyse historique démontrant le passé commun

de la ville et du jardin potager, les différents archétypes et leurs valeurs d’usages

conçus à différentes époques seront mis en évidence, afin d’en comprendre les

enjeux passés. Puis, il s’agira d’appréhender le thème du jardin potager urbain à tra-

vers une vision contemporaine en prenant compte des enjeux et attentes actuelles.

Par la suite, une série d’études de cas mêlant logements et jardins potagers per-

mettra de dresser une liste d’applications possibles du végétal et de ses qualités de

vie. Cette première partie permettra ainsi une reformulation claire des hypothèses

initiales sur le jardin, avant d’aboutir sur la seconde partie consacrée au périmètre

d’étude retenu pour la conception de logements collectifs. Cette dernière partie, par

différentes analyses urbaines, se proposera d’esquisser un scénario d’intervention.

De cette manière, il sera possible de dresser une série d’hypothèses sur le type de

logement envisageable pour le site, en recherchant une synergie avec le thème du

jardin potager, afin de concevoir une approche architecturale et paysagère.

INTRODUCTION

Page 8: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

HISTOIRE DES JARDINS POTAGERS EN VILLE

évolution des formes et valeurs d’usage

Page 9: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

16 | | 17

Différentes époques et différents jardins

Bien que le jardin potager eut existé auparavant en milieu urbain, l’analyse historique

s’est concentrée sur trois périodes jugées intéressantes à propos de ce dernier, soit

le Moyen Age, la Révolution industrielle et Post-indrustrielle. A travers ces diffé-

rentes périodes, l’accent s’est porté sur l’évolution des pratiques et les solutions

apportées par le jardin, afin de percevoir « comment différentes sociétés se sont

projetées dans l’aménagement de leurs parcs et comment la végétation urbaine en

général reflète les préoccupations d’une époque »6, jusqu’aux enjeux actuels.

A l’époque du Moyen Age, l’agriculture était le plus important secteur économique,

9 personnes sur 10 exerçant la fonction de paysan. Sans pour autant être dans

l’indépendance alimentaire, les villes moyenâgeuses se nourrissaient donc essen-

tiellement des récoltes de ces derniers, sans se priver d’importer quelques denrées

qui ne pouvaient être cultivées dans le climat local. Outre ceci, on distinguait déjà

à l’époque deux types d’agriculture, l’agriculture de plein champ et l’agriculture de

jardinage. Cette dernière était perçue comme une activité plus féminine et se pra-

tiquait intra muros, tandis que l’agriculture de plein champ se tenait hors des murs

de la citadelle, tout en y restant à proximité.

En milieu urbain, les jardins étaient ainsi déjà présents, mais relativement rares. De

formes rectangulaires subdivisées géométriquement par des allées transversales,

ils étaient enclos dans des murs et se cultivaient par plates-bandes. Austère et de

taille moyenne, le jardin-type du Moyen Age s’est surtout développé par l’essor des

monastères et des abbayes, pour devenir jardin monastique. Ainsi, il a été organisé

et défini en 3 espaces par les moines : l’herbularius (contenant les plantes médi-

cinales et aromatiques), l’hortus (potager et verger) et le Jardin de la Marie (orne-

mental et spirituel, dédié à la Vierge et au recueillement). Faute de place, l’espace

à l’intérieur des remparts de la ville étant précieux, il était possible de retrouver le

potager et le verger à l’arrière du château.

6 GARDIOL M., « Parcs et Nature en ville : Reflets des sociétés ? », Institut de géographie, Université de Lausanne, 2010

Moyen Age et Jardin monastique

HISTOIRE

Maître anonyme du Haut Rhin, La Vierge au Paradis avec les saints, vers 1410

Maître à la Vue de Sainte-Gudule,

La Vierge à l’Enfant avec donatrice et Marie Madeleine,

XVe siècle

Page 10: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

18 | | 19

Au VIIIe siècle, alors qu’on s’efforçait d’élever le niveau intellectuel par l’étude des

simples dans les écoles religieuses pour que les moines puissent soigner les ma-

lades, Charlemagne7 avait dressé une ordonnance royale, appelé le Capitaulaire de

Villis, prescrite à ses domaines royaux. Cet acte légal donnait un certain nombre

de recommandations à ses gouverneurs, notamment sur l’intérêt de la culture de

94 plantes (73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles et tinctoriales)8. De la

sorte, le jardin monastique revêtait différentes qualités: médicale et pédagogique (

enseignement pharmaceutique, étude des plantes), utilitaire (se vêtir, teindre, colo-

rer), alimentaire (potager et verger) et onirique (lieu de prière renvoyant à l’image du

paradis, lieu de rêverie).

Autant de qualificatifs qui ont permis au jardin idéal de l’abbaye médiévale d’être

codifié, à l’image du plan de l’abbaye de Saint-Gall (vers l’an 802) qui reprend très

précisément les différentes parties du jardin. Ce plan a la particularité d’être la plus

ancienne et la plus riche représentation conservée d’un complexe de bâtiment du

Moyen Age. Il a été imaginé en respectant la règle bénédictine qui souhaitait un

monastère regroupant les fonctions religieuses, économiques et sociales de la vie

quotidienne, sans avoir besoin d’en sortir. Ce modèle historique a ainsi nommé les

différents espaces verts dévolus aux moines en les situant dans l’espace et définit

leurs attributions en détaillant à plusieurs endroits leur contenu. Plus qu’un monas-

tère, c’est donc un morceau de ville autonome délimitée par une enceinte, avec ses

rues, ses maisons et ses jardins, qui a été projetée.

A la fin du XVIIIe siècle, par la mécanisation de la production, les villes ont été mar-

quées par d’importants changements de statut. D’une société agricole, elles ont

évolué vers une société de production de biens non-alimentaires, non sans consé-

quence pour l’espace urbain. En effet, par l’implantation massive des premières

industries textiles, minières et métallurgiques à proximité des sources d’énergies,

7 de 742 à 814 apr. J.-C.

8 BILLEN C., « Jardin Urbain, Agriculture urbaine, Prise de Recul Historique », Centre d’écologie urbaine, Bruxcelles, 2002

Plan du monastère de Saint-Gall, IXème siècle

HISTOIRE

Révolution industrielle et Jardin ouvrier

Page 11: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

20 | | 21

des matières premières, des nœuds de communication, la ville a subi un éclate-

ment de son cadre urbain traditionnel. Ceci a provoqué une urbanisation accélérée

hors des murs de la cité médiévale.

Par cette forte croissance, la révolution industrielle a déplacé la main d’oeuvre de la

campagne à la ville, provoquant par la même occasion un exode rural. A l’époque,

ce flux de personnes a généré une soudaine hausse démographique en ville sans

précédent dans l’histoire, entraînant une dégradation inévitable des vieux quartiers

et la construction de nouveaux logements très bon marché. A savoir, on appliquait

la méthode industrielle à la construction des logements pour les ouvriers, sans leurs

apporter grands soins, mais en n’omettant pas de les placer proches de l’usine. En

réaction à l’insalubrité des logements, à laquelle s’ajoutait les conditions de travail

très dures, la dégradation des conditions sanitaires, une nutrition malsaine et insuf-

fisante, un mouvement hygiéniste s’est petit à petit instauré en vue de planifier

l’espace urbain.

Cette doctrine hygiéniste s’est remarquée en ville par l’avènement de l’espace vert

pour la collectivité publique, mais était le fruit d’une perception bien particulière de

la nature, soit purificatrice, hygiéniste, qui permettait d’aérer l’espace, mais dénuée

de sens, de fonctions et d’aménités. « Sous une apparence de démocratisation et

de dispersion des ressources et de l’espace, se cachait une politique de contrôle

des masses. Ainsi se met en place, une conception romantique d’une vie familiale

saine dans un espace vert, avec l’objectif de la pacification du père de famille, élé-

ment potentiel de révolte et d’alcoolisme. Dans sa maison et son jardin, le père

de famille se voit davantage responsabilisé. Ce principe de “famille-habitat-jardin”

s’est profondément incrustré dans la culture (...) »9. Dans ce contexte historique où

apparaissaient des théories qui souhaitaient améliorer la qualité des villes avec la

végétation, notamment les fameuses cités-jardins d’Howard Ebenezer10, c’est le

jardin ouvrier qui s’est profilé comme réponse aux fléaux de l’époque.

9 GULINK H., « L’ensemble régional des jardins privé en Flandre et ses rapports avec l’agriculture urbaine », Université de K.U Leuven, Belgique

10 EBENEZER H., concept de cité-jardin apparu pour la première fois dans « Tomorrow, A peaceful path to real reform », 1898

Paysge industriel du Nord de la France, frontière belge, 1906

Carte postale éditée par la ligue du Coin de Terre, env. 1920

HISTOIRE

Page 12: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

22 | | 23

Vers 1860, un docteur allemand nommé Daniel Gottlob Moritz Schreber posait les

jalons du jardin ouvrier. Son but était d’éduquer la population et d’améliorer la santé

publique. A travers ses qualités, le jardin ouvrier donnait entre autres une nourriture

plus saine et abondante. De plus, il permettait l’exercice d’une activité de loisir en

plein air, face à la longueur des journées épuisantes de travail, tout en suggérant un

arrière-goût du pays natal par un élément fragile qu’est la cabane de jardin. « Mais

c’était également une idée des patrons des industries pour fixer la main d’oeuvre

dont on avait grandement besoin »11. Ainsi, pour compenser la piètre qualité des

logements standardisés, alignés les uns à coté des autres, on leurs ajoutait un

jardin à proximité, afin que les ouvriers puissent le cultiver. De cette manière, on

empêchait également les ouvriers de se rendre au bistrot ou de se révolter.

Au fil des années, ce jardinage populaire se répandait dans plusieurs pays avec

la création de différentes ligues nationales qui avaient comme but commun de

défendre les intérêts du jardin ouvrier. En Suisse, la « Fédération suisse des petits

jardins» a ainsi vu le jour en 1925, actuellement nommée « Fédération suisse des

jardins familiaux »12. Mais c’est véritablement lors des deux guerres mondiales,

par souci d’approvisionnement de nourriture, que le phénomène du jardin ouvrier

a pris de l’ampleur grâce à son utilité alimentaire reconnue. En 1940, s’instaurait

en Suisse le Plan Wahlen en vue de doubler les surfaces agricoles, allant jusqu’à

exploiter les terrains engazonnés de football.

Quelques années auparavant, alors qu’il connaissait son heure de gloire, le jardin

ouvrier allait perdre de sa valeur utilitaire après la Deuxième Guerre Mondiale. Outre

le meilleur approvisionnement en légume, ce ralentissement était le témoin d’une

nouvelle aire, celle de la reconstruction économique des pays dévastés, provoquant

une croissance industrielle, le plein emploi et une hausse démographique. Cette

période de prospérité, appelée les Trentes Glorieuses, a permis le transfert d’une

11 BILLEN C., « Jardin Urbain, Agriculture urbaine, Prise de Recul Historique », Centre d’écologie urbaine, Bruxcelles, 2002

12 « Fédération suisse des jardins familiaux », http://www.familiengaertner.ch, novembre 2012

Post-industrielle et Jardin familial

Société des mines de Lens, premières notions de botaniques, jardins scolaires, 1906

Société des mines de Lens, enseignement ménager, jardins scolaires, 1906

HISTOIRE

Page 13: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

24 | | 25

société de production à une société de consommation. Cette révolution, plus silen-

cieuse que la Révolution industrielle, allait cependant induire de nouveaux change-

ments économiques et sociaux.

Ainsi, de nouvelles politiques sociales faites de reprises massives de terrains en

ville pour la réalisation de grands ensembles d’habitation et l’implantation d’utilité

publique, marquaient la fin du jardin ouvrier en milieu urbain et le début du mouve-

ment moderne. Il existait visiblement un conflit entre la modernité et le jardin pota-

ger, une divergence entre une vision rationnelle de la ville et un idyllisme recherché.

Petit à petit, il était rejeté vers la périphérie des villes, ce qui allait lui donner une

nouvelle dimension, un nouveau statut d’ordre beaucoup plus social. En effet, «

progressivement, au fur et à mesure que s’améliorait le niveau de vie et que se

popularisaient les loisirs, le coin de terre devenait surtout pour la famille un moyen

de libération accomplie par son effort personnel, dans le cadre d’une liberté aussi

grande que possible »13. De cultural à culturel, le jardin ouvrier était devenu jardin

familial.

Comme à l’époque du Moyen Age, le jardin potager prenait une dimension poly-

sémique. Même si cet aspect était déjà présent auparavant, c’est véritablement à

cette époque qu’il resurgissait. On voit apparaître ainsi des jardins sous différentes

formes, notamment scolaires qui servaient à l’enseignement des premières notions

de botanique, mais aussi ménagères. Cette nouvelle forme de jardinage a impacté

certaines classes de personnes délaissées en ville, en particulier les familles.

Insatisfaits des conditions de vie en appartement, les habitants de ces derniers

allaient trouver dans le jardin familial le refuge nécessaire à leur épanouissement en

pleine nature ainsi qu’à celui de leur imaginaire, en particulier grâce à la cabane de

jardin. Cet élément fragile du jardin ouvrier fait de bric et broc, appelé parfois ton-

nelle selon sa forme, devenait progressivement cabane de jardin en dur, jusqu’à de-

venir presque une seconde résidence où l’on pouvait y séjourner de jour comme de

nuit, à l’image d’une datcha14. Par conséquent, cet « espace de liberté qui procurait

13 CABEDOCE B., PIERSON P., « Cent ans d’histoire des jardins ouvriers », Paris, 1996, p.68

14 En Russie, sorte de résidence secondaire à la campagne. Elle est souvent assez simple, sans chauffage, ni eau courante, elle sert surtout à la belle saison

Inauguration du jeux de boules à la section Renard, Lyon

Thiais, région Île-de-France, 1989

HISTOIRE

Page 14: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

26 | | 27

l’illusion mais aussi les joies de la propriété »15 devenait une nouvelle alternative de

vie plus communautaire et d’intégration, ce qui a permis au « jardin de prendre une

fonction sociale et morale de plus en plus forte, qui venait se superposer à la fonc-

tion alimentaire traditionnelle du jardin potager »16. Il se revêtait ainsi de multiples

atouts, devenu le lieu social, rythmé par les fêtes de jardins dans une atmosphère

de sympathie, mais également l‘espace d’expérimentation de la nature, de détente,

d’insertion, le terrains d’échanges et de transmissions de savoir. Autant de quali-

tés vécues qui faisaient défaut en ville jusqu’en 1975, où une prise de conscience

des défenseurs de l’environnement et des urbanistes a surgi pour requestionner la

nature en ville et le jardin urbain.

15 CABEDOCE B., PIERSON P., « Cent ans d’histoire des jardins ouvriers », Paris, 1996, p.71

16 CABEDOCE B., PIERSON P., « Cent ans d’histoire des jardins ouvriers », Paris, 1996, p.70

Deux saisons de jardins farmiliaux en Autriche

HISTOIRE

Page 15: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

28 | | 29

Moyen Age

Révolution industrielle

Post-industrielle

Jardin monastique

Jardin ouvrier

Jardin familial

hygiéniste

compense l’insalubrité des logements

productif

alimentaire

social

intégration

communautaire

substitut de la maison de campagne

alimentaire

onirique

médical

passe-temps

culte du savoir

utilitaire

alimentaire

Morphologie urbaine Archétype du jardin

HISTOIRE

Page 16: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

ENJEUX ET ATTENTES ACTUELLES

différentes valeurs d’usage possibles

Page 17: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

32 | | 33

A travers l’aperçu historique des jardins potagers et de ses différentes valeurs

d’usage, on retient plusieurs notions communes. L’une est la fonction alimentaire,

productive, inhérente au jardin potager malgré l’évolution constante des formes

et des pratiques. En effet, bien que la production de denrées de l’ensemble des

jardins ait progressivement diminué, notamment par l’évolution des générations

et la perte graduelle d’un ancien souci de culture d’auto-approvisonnement, elle

demeure toujours intacte. L’autre notion peut se résumer par la « valeur spatiale »

occupée par le jardin potager, dont les multiples qualités ont su s’adapter aux dif-

férents contextes et morphologies urbaines. Cette valeur spatiale est d’autant plus

importante, car elle a la possibilité de participer en tant qu’ingrédient à la construc-

tion de la ville contemporaine aux enjeux actuels.

Jusqu’aux environs de 1970, alors que la modernité se répandait dans l’espace

urbain, profitant d’une période de reconstruction pour imposer une certaine vision

rationnelle de la ville, un important choc pétrolier survenu en 1973 allait mettre

fin à ces années prospères. Le problème est que l’on constate à ce jour encore

une permanence de certaines logiques poursuivies par l’environnement construit

durant la période dite des Trentes Glorieuses et qui influence encore aujourd’hui de

multiples pratiques et usages néfastes en relation au territoire bâti. De la sorte, la

qualité de nos villes s’en fait ressentir. Le constat est que « l’éclatement des conur-

bations européennes en juxtaposition de périphéries indéfinies et caractérisées par

un aménagement souvent chaotique, engendre en effet de multiples effets négatifs

au niveau aussi bien environnemental que socioculturel et économique »17.

Ce bilan est la conséquence notamment du processus d’étalement urbain, visible

depuis une trentaine d’années et qui peut s’expliquer par trois raisons : la mo-

bilité résidentielle, les stratégies de localisation des entreprises, ainsi que celles

d’ordre institutionnel et fiscal18. Chacune de ces raisons peuvent être vues comme

la résultante de facteur de répulsion du milieu urbain et d’attraction des zones

périurbaines. En ce qui concerne la mobilité résidentielle, on peut mentionner la

17 FREI W., REY E., « Climats », « Du territoire au détail constructif », les conférences de Malaquais, Infolios, Gollion-CH, 2012, p. 443

18 CAMAGNI R., GIBELLI M-C. , RIGAMONTI P. « Formes urbaines et mobilité : les coûts collectifs des différents types d’extensions urbaines dans

l’agglomérations », Revue d’économie régionale et urbaine, N°1, 2002.

Enjeux de la ville

faible qualité de vie qu’offrent les centres urbains, le taux insuffisant de logements

vacants, le prix élevé du mètre carré élevé, l’absence d’espaces verts, les typolo-

gies de logements jugées trop pauvres, comme facteur de répulsion. A l’inverse,

on peut citer la recherche d’un cadre de vie plus agréable, le marché immobilier

plus souple, la diversité du parc de logements proposés, l’attractivité des zones de

loisirs en périphérie urbaine, la volonté d’acquérir une résidence individuelle dotée

d’un jardin. Quant à la localisation des entreprises en zones périurbaines, il s’agit

fréquemment de raisons économiques et fonctionnelles. Elles sont de moins en

moins dépendantes du centre ville, notamment lorsqu’il s’agit d’usines-entrepôts.

A cela s’ajoute le prix du mètre carré élevé et l’accessibilité difficile du centre-ville

par le flux des travailleurs journaliers. Enfin, l’étalement urbain profite surtout des

pouvoirs publics et de leurs décisions, notamment celles d’ordre institutionnelles et

fiscales. Les principes de planification territoriale appliqués encore aujourd’hui, dits

de «zoning»19, encouragent une fragmentation territoriale en zones de résidences,

d’activités, de commerces et de loisirs.

A terme, cette intense utilisation du sol représente un gaspillage du territoire, ainsi

qu’un dommage qualitatif sur notre paysage. La division fonctionnelle du territoire, par

l’augmentation des distances, amène à une dépendance de plus en plus forte à la mo-

bilité individuelle, induisant une consommation importante d’énergie, des problèmes

de congestion urbaine, de nuisance sonore et de pollution atmosphérique. « D’un point

de vue socioculturel, l’urbanisation dispersée apparaît donc comme une structure glo-

balement fragile, en contradiction avec une vision d’équilibre à long terme. Pour une

population globalement constante, une agglomération dispersée se trouve en effet

confrontée à des disparitions sociales accrues et un coût de fonctionnement alourdi.

Face à ces constats, les politiques publiques de la majorité des pays européens visent

depuis plus d’une décennie à promouvoir des stratégies territoriales basées sur des

processus de densification urbaine (...) Au niveau de l’habitat, il s’agit par ailleurs de

développer des typologies susceptibles d’offrir en milieu urbain et suburbain une alter-

native crédible à l’habitat individuel périurbain, tout en intégrant d’autres enjeux envi-

ronnementaux et socioculturels inhérents à l’architecture durable »20.

19 Planification urbaine qui divise le territoire en zones et détermine pour chacune une affectation d’usage

20 FREI W., REY E., « Climats », « Du territoire au détail constructif », les conférences de Malaquais, Infolios, Gollion-CH, 2012, p. 444

ENJEUX

Page 18: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

34 | | 35

Dans ce contexte, se sont développés au même moment certains mouvements

réactionnaires, tel que les « urban farmers », « community gardens » ou « green

guerillas »21. Dans la ville de New York, vers 1970, touchés par la crise économique,

des bâtiments entiers sont rasés suite à l’abandon de leurs habitants et au refus

de la ville de les entretenir. « Les villes sont constituées ainsi de nombreux espaces

délaissés ou résiduels, en somme des espaces sans affectation ni usage défini,

souvent à prédominance minérale et pouvant être source de nuisances »22. Sans

pour autant avoir été mis à disposition des citadins, ces espaces perdus vont être

le lieu d’une prise de conscience collective, ce qui va se traduire par une réappro-

priation de ceux-ci afin d’y pratiquer une culture potagère. De la sorte, les habitants

expriment ce qu’ils veulent faire de leur environnement, ceci est encore visible

actuellement avec les jardins potagers aux pieds de nos immeubles. D’ailleurs, cet

exemple n’en est qu’un parmi d’autres. On peut également citer Détroit, autrefois

capitale mondiale de l’automobile, la ville a perdu en quelques années plus de la

moitié de ces habitants suite à la crise qui a touché son industrie, provoquant ainsi

la pauvreté des familles dépendantes de celle-ci et l’abandon de nombreuses par-

celles. Ici, la spontanéité des jardins potagers créés dans les espaces délaissés de

la ville a surtout été une stratégie de survie et un nouvel horizon économique et

social pour les habitants, les « urban farmers», de sorte qu’ils sont devenus pion-

niers en matière d’agriculture urbaine aujourd’hui.

Cette renaissance du jardinage, fruit d’une culture émergente de durabilité, est ainsi

le signe clair d’une volonté de vouloir réinstaurer des relations tangibles entre nature

cultivée et ville densifiée. Elle ne doit certainement pas être comprise comme une

solution de crise, mais comme un réel élément urbain dont on devrait prendre en

compte toutes les spécificités pour projeter la ville de demain. Dans ce contexte, le

jardin potager se propose de requalifier l’environnement urbain, par la création d’es-

paces pluri-fonctionnels (productifs, socials, loisirs), en mesure de répondre à des

enjeux environnementaux, socioculturels et économiques. Certaines villes exem-

plaires témoignent déjà de cette démarche, telles que Tokyo, Montréal ou Chicago.

21 Débuté en 1973 à New-york, il s’agit d’un mouvement d’activisme politique, utilisant le jardinage comme moyen d’action environnementaliste,

pour défendre le droit à la terre, la réforme agraire, la permaculture. source : http://www.greenguerillas.org/history

22 GAILLARD H., chargée de projets, « Equiterre», « Les jardins de poche, pour plus de nature et de convivialité en ville ! », Lausanne, 2010

Attentes de la nature

Urban farmers, Detroit, 2011

ENJEUX

Page 19: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

36 | | 37

En outre, « dans cet élan de «reverdissement », en parallèle à une densification

imposée, on est en droit de s’interroger sur l’efficacité des solutions végétales

nouvelles (façades et toitures végétales) par rapport à celles plus traditionnelles

(parcs, jardins publics, alignements d’arbres »23. Laquelle de ces deux solutions

implique-elle réellement plus le citadin qu’un jardin potager? Ce dernier mérite que

l’on élargisse son champ de réflexion, afin que de simple production alimentaire

le jardin participe à la création de nouveaux paysages urbains et profitent à tous.

Dans quelle mesure ces espaces de jardins potagers peuvent-ils être également

des espaces de nature pour la ville? Tout en contribuant à une plus-value qualitative

des logements, sous quelles conditions pourraient-ils être rendus accessibles aux

citadins?

A Tokyo par exemple, les potagers remplissent déjà le rôle d’espaces verts urbains.

En consacrant seulement 5% de sa surface aux parcs publics, la ville est donc très

minérale24. Avec 2,9m2 de parcs par personne, elle est loin des 27m2 de Berlin, mais

cela ne l’empêche pas de renvoyer une émotion de quiétude et d’atmosphère de

jardin. En effet, dans la culture japonaise, le rapport à la nature est très différent

de l’Occident, on y voue une adoration, notamment à son caractère éphémère.

Son image la plus traditionnelle est peut-être celle du «Sakura», le cerisier en fleur

répandu dans toute la ville, dont on apprécie la beauté des fleurs (hanami) et qu’on

a coutume de fêter début avril. La ville se vit ainsi à travers ses festivals et fêtes,

au gré des saisons et de la nature25. C’est pourquoi, il est inconcevable de pouvoir

détériorer l’activité potagère dans un tel contexte. De cette poésie, il faut retenir

que l’usage d’un lieu peut être étroitement lié à sa nature comme révélatrice des

changements des saisons ou d’un climat. On peut même sous-entendre que la

prospérité de la nature est en soit la prospérité de tout un peuple, il y a sans doute

beaucoup à retenir de cette sensibilité japonaise. Cette ville démontre que des

espaces potagers en ville ne sont pas une aberration, mais qu’ils répondent à une

attente réelle.

23 MUSY M., « Quelle végétation urbaine pour la ville de demain ? », Vers une alliance entre ville et nature, les ateliers de la ville durable, Lausanne, 2010

24 NIWA N., « Tokyo, mégalopole agricole », article paru dans « La Revue Durable », n° 43 L’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes, France, octobre 2011

25 Travail personnel « La nature, critère de l’urbanité japonaise. Permanence et Impermanence », réalisé dans le cadre du cours, « Urbanisme en Asie

», RUZICKA-RUSSIER M., FERRARI B., Epfl, Lausanne, 2012

Hanami, Uenoken à Tokyo, 2011

ENJEUX

Page 20: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

38 | | 39

Avec de tels exemples, il est aisé de reconsidérer le thème du jardin potager comme

espace urbain de qualité, avec un fort potentiel esthétique, capable d’embellir la ville,

tout en étant en mesure d’assumer plusieurs fonctions à hautes valeurs sociales et cultu-

relles. Ainsi, le jardin potager, comme « nature urbaine », peut répondre aux enjeux envi-

ronnementaux, socioculturels et économiques suivants26:

Environnemental:

Améliore la qualité de vie des villes et les rendent plus attractive pour les personnes

rêvant de campagne, synonyme de nature bucolique. Retient les citadins, empêche l’éta-

lement urbain, une surexploitation du sol, l’usage accru de mobilité individuelle. Offre des

habitats variés pour la faune et la flore, une grande biodiversité. Capable d’utiliser les es-

paces résiduels. Perméable à l’infiltration des eaux, au même titre que les espaces verts.

Socioculturel:

Définit l’identité des quartiers, devient repère spatial. Améliore sensiblement le bien-être

des habitants et favorise la santé27. « L’homme a un besoin plus vital d’arbres, de plantes

et d’herbes que de béton, de pierres ou de bitume »28. « Sa fonction est aussi psycholo-

gique dans l’inconscient collectif, elle symbolise la salubrité, la santé »29. Synonyme de

relaxation, stress, zen, lumière naturelle, stimulations sensorielles, expériences esthé-

tiques positives (aménités). Encourage l’activité physique, marche, vélo, roller. Favorise

les interactions entre les habitants. Augmente l’utilisation des espaces publics par la pré-

sence d’espaces verts. Induit la mixité et les échanges sociaux.

Économique:

Produit des fruits et légumes. Économie sur le coût du panier de la ménagère. Auto-en-

tretien du paysage urbain, moins coûteux que les parcs et jardins publics. Augmente l’at-

tractivité de la ville, améliore le cadre de vie, donc facteur de localisation non négligeable

pour les entreprises et ménages. Impact favorable sur la santé physique et mentale des

habitants, donc diminution du coût de la santé.

26 BARBET B., GAILLARD H., « Les jardins de poche, pour plus de nature et de convivialité en ville », équiterre, lausanne, 2010

27 « Health Impact Assessment of greenspace : A Guide », Greenspace Scotland, Stirling University, 2008

28 SAINT-MARC P., « Socialisation de la nature », éditions Stock, Paris, 1971, p. 393

29 « Le jardin en ville : typlogies et pratiques sociales », Vers une nouvelle alliance entre ville et nature : 7ème rencontre franco-suisse des urbanistes,

Les ateliers de la ville durable, Lausanne, 2010

Enjeux du jardin comme outil de qualité de vie

ENJEUX

Page 21: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

40 | | 41

Intégration:

Lieu promoteur de liens entre les habitants eux-mêmes, rompt l’isolement, favorise

l’activité physique, renforce l’estime de soi. Jardins d’insertion encadrés par des

professionnels ou bénévoles, pour personnes en voie de réinsertion profession-

nelle et qui peinent à retrouver un rythme régulier de travail.

Productif:

Cultures de légumes, de fruits, d’herbes aromatiques, de fleurs odorantes entre

autres, destinées à sa consommation personnelle ou à la vente, l’échange. Permet

aussi de découvrir de nouveaux légumes ou fruits.

Économique:

Apport ménager pour certaines personnes défavorisées. «Quand un homme

a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner le poisson»30.

Épicerie commune possible, entraide selon les récoltes et affinités du voisinage.

30 Proverbe de Confucius

ENJEUX

En définitive, la « nature urbaine » est bénéfique tant pour la ville que ses habitants.

Mais, le jardin potager est en mesure de devenir un outil de qualité de vie, plus

pointu et précis, facteur de sécurité alimentaire, de réserve de paysages et de bio-

divisersité, dont les qualités spécifiques à retenir sont les suivantes:

Agrément:

Permet d’admirer l’évolution d’une plante, depuis le semis jusqu’à sa récolte. Amé-

nités procurées par la contemplation des plantes offertes à la vue de tous. Esthé-

tique de la ville, du quartier ou de la maison. Arbres d’alignement, d’ornement qui

peuvent être fruitiers.

Ecologique:

Sensibilise aux relations possibles avec l’environnement. Permet entre autres un cir-

cuit court entre producteur et consommateur, fait intervenir les ressources locales.

Non-usage d’engrais chimiques. Compost collectifs urbains. Offre la possibilité

d’avoir une emprunte positive sur le territoire.

Biodiversité:

Richesse de la faune et la flore, notamment par la présence de micro-jardins qui

poussent entre différents interstices aux conditions climatiques idéales. Nouvelles

faunes animalières attirées par le jardin potager, par exemple les oiseaux attirés par

les arbres fruitiers.

Gestion des eaux:

Permet l’infiltration des eaux, comme les espaces verts, mais avec une réutilisation

intelligente de l’eau de pluie pour sa propre irrigation, notamment par la présence

de réservoir d’eau.

Pédagogique:

Jardins éducatifs, lieux d’enseignement à la botanique, cycles de formation en

agronomie avec des écoles à proximité, ateliers tout public, sensibilisation à l’envi-

ronnement, l’art, la culture et les sciences. Apprentissage et pratique du jardinage.

Page 22: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

ETUDES DE CAS

logements et jardins potagers

Page 23: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

44 | | 45

Face aux enjeux des villes actuelles, d’un point de vue environnemental, sociocul-

turel et économique, il convient d’utiliser les multiples atouts précédemment cités

du jardin potager comme outil de qualité de vie, afin de concevoir une nouvelle ap-

proche architecturale et paysagère du territoire. De la sorte, il est possible d’envisa-

ger le jardin comme espace d’interactions entre la ville et ses habitants, permettant

de définir de nouvelles relations possibles entre ces deux derniers. En se référant

aux critères qualitatifs du jardin, comme clés de lecture, d’analyse, il convient de

développer un sens critique et pertinent pour envisager un nouveau type d’environ-

nement bâti.

Dans cette analyse, par une série d’études de cas, mêlant logements et jardins

potagers, le but est de dresser une liste d’applications possibles du végétal. Ainsi,

chaque projet a été analysé à travers les critères qualitatifs énoncés du jardin pota-

ger, en rapport à la qualité apportée réciproquement à l’espace public de la ville et

l’espace privé du logement. A travers cette grille de lecture, cette partie permet de

comprendre concrètement les avantages ou les défauts des exemples retenus par

rapport à leurs applications du végétal. Sans devoir forcément reproduire une même

situation, elle permet d’affiner et de reformuler certaines hypothèses initiales, en

vue d’esquisser par la suite les premiers traits d’une démarche, sous la forme d’un

scénario d’intervention, en relation au thème et au contexte du périmètre d’étude.

De par la sélection des exemples, il a été possible de distinguer quatre typologies

de jardin: le jardin de plain-pied, le « vertical-farming », l’épaisseur de façade, le

toit-terrasse. C’est pourquoi l’analyse s’est répartie en quatre parties et regroupe

pour chacune d’elles deux études de cas exemplaires par leur typologie de jardin

développé pour le logement. En puisant dans ces études de cas, tout en y dévelop-

pant un sens critique, cette étape nous permettra ainsi d’imaginer à notre tour de

nouvelles formes et typologies architecturales, entre logements collectifs et jardins

potagers.

Clé de lecture urbaine

ETUDES

Page 24: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

46 | | 47

Bedzed, Londres, 2002

Bedzed, Londres, quelques années plus tard

Plain-pied : Bedzed

Londres, Zedfactory architects

Construit dans la banlieue sud de Londres, à Beddington, le village de Bedzed

(contraction de « Beddington Zero Energy Development ») est le résultat de re-

cherches visant à réduire au maximum l’impact de l’habitat sur l’environnement

tout en poursuivant un but social. Ainsi, les concepteurs ont procédé à une analyse

de cycle de vie, qui consiste à évaluer l’impact environnemental de la vie d’un pro-

duit, depuis sa réalisation jusqu’à sa mise en service31. De la sorte, la typologie du

quartier et des logements est pensée majoritairement en terme d’efficience énergé-

tique. De plus, le projet prévoyait à l’origine 82 logements, de nombreuses surfaces

de bureau, ainsi que de multiples espaces communautaires tels que crèche, café,

restaurant, salle communautaire, salle de spectacle, centre médico-social, espaces

verts publics et privés et complexe sportif.

Par un jeu de relations multiples, le projet combine densément logements, bureaux,

jardins de plain-pied, jardinets en terrasse, ce qui évite une surexploitation du sol,

tout en offrant une typologie d’habitat relativement riche en interaction directe avec

des espaces de jardin. Malgré cette disposition variée qui a le potentiel d’offrir de

l’espace à la culture potagère, il est à regretter la situation périphérique au quartier

des lieux réellement dédiés aux jardins potagers. Leurs manifestations dans les

jardins de plain-pied et terrasses sont donc ponctuelles.

31 « Bedzed, une cité-jardin » tiré de : http://www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/Bedzed.pdf

ETUDES

Page 25: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

48 | | 49

Agrément:

La situation des jardins aux rez-de-chaussées, ainsi que ceux en terrasse, permet au

public de les contempler et procure ainsi un cadre de vie agréable dans le quartier

au niveau de la faune et la flore. Toutefois, l’aspect « écolo-technique» de l’archi-

tecture mis en avant prend le dessus sur le végétal et assume la réelle identité du

quartier, notamment par les cheminées colorées de ventilation passive.

Écologique:

A leur arrivée, les habitants se voient offrir de l’équipement de jardinage, afin de les

encourager à cultiver eux-mêmes une partie de leur nourriture. Les habitants dis-

posent d’un jardin, et peuvent en principe faire la demande d’une parcelle de terre

sur le site même de Bedzed.

Biodiversité:

Bien qu’il soit dense, le projet concilie l’équilibre entre espaces construits et pay-

sage naturel. Il encourage la biodivsersité à travers une variété d’espaces verts,

chaque unité de logement/poste de travail a accès à son propre jardin, terrasse ou

balcon.

Gestion des eaux:

Il est prévu que la consommation quotidienne de Bedzed provienne de l’utilisation

de l’eau de pluie, collectée des toitures et stockée dans des cuves placées sous les

fondations32. De la même manière, des réservoirs d’eau permettent d’arroser les

jardins. Or, le fait que tous les jardins ne soient pas au rez-de-chaussée diminue une

infiltration possible des eaux de pluie dans la nappe phréatique.

Pédagogique:

Malgré la présence d’espaces communautaires, notamment de crèche, l’aspect

pédagogique possible du jardin n’est pas utilisé. A titre informatif et unique, les

arrivants sont invités à un stage d’information au jardinage, non ouvert au public.

32 « Retour d’expérience, quartier Bedzed », tiré de : http://www.lausanne.ch/Tools

Intégration:

Le site mélange plusieurs catégories sociales, mais le projet ne se sert pas du jardin

potager pour promouvoir de nouvelles interactions, tels qu’en disposant des jardins

d’insertion. Ceci peut s’expliquer par le caractère privatif des jardins qui sont en

relation directes avec les logements.

Productif:

A titre informatif, on encourage les usagers à la culture de plantes aromatiques et

tolérantes à la sécheresse tel que la lavande et le romarin. Les fruits et légumes ne

sont destinés qu’à leur propre consommation, ils font office de compléments.

Économique:

Le projet prévoit la mise en place d’un réseau d’agriculteurs fournissant aux résidents

des aliments locaux et de saison, sans toutefois communiquer un quelconque avan-

tage sur le prix. Certes, il permet de redynamiser l’industrie agricole locale, mais ne

contribue pas au coût du panier de la ménagère, qui se limite à son auto-production.

ETUDES

Page 26: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

50 | | 51

Plain-pied : Siedlung Westhausen

Francfort, Ernst May

Dans un contexte de pénurie du logement, Ernst May, architecte et urbaniste en

charge de l’aménagement urbain de Francfort, regroupe une équipe d’architectes

afin de concevoir un programme d’habitation à plus large échelle. En périphérie

des centres villes, on conçoit ainsi des quartiers tout entier dotés de logements

compacts et relativement indépendants, équipés d’espaces verts, aires de jeux,

d’écoles et autres espaces communautaires. A travers le thème du jardin, on se

projette dans une version bucolique d’une vie familiale saine dans un espace vert,

retranscrivant un principe de famille-habitat-jardin.

Entre 1925 et 1930, se construit ainsi la Siedlung Westhausen, l’un des quartiers les

plus connus parmi tant d’autres construits à la même époque. De formes simples,

épurées, les logements traduisent une volonté de fonctionnalisme, avoir le même

accès au soleil, à l’air, au jardin et aux parties communes. Dans un contexte d’insta-

bilité politique, cette façon de projeter l’habitat manifestait l’envie d’un certain égali-

tarisme recherché pour tous. On retrouve une séquence rue-entrée-logement-jardin

commune à tous les logements, dont l’une des qualités est d’être praticable dans

le sens inverse. De la sorte, l’espace du jardin privé prend un caractère semi-public,

profitant largement à la vue de tous les passants.

ETUDES

Page 27: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Agrément:

Par des formes simples revêtus de blanc, la Siedlung met en valeur le charme de

la nature. Ainsi le jardin devient réserve de paysage, dans un joli contraste entre

pureté du bâti et variété de la nature, pour profiter largement à la vue de tous. Ici,

l’architecture répétitive peut sembler silencieuse, or, elle souligne la beauté des

jardins qui définit l’identité du quartier et devient des repères spatiaux.

Écologique:

A l’époque de la construction, pas de réels enjeux écologiques recherchés

Biodiversité:

Hormis les haies végétales communes, le quartier bénéficie d’une grande biodiver-

sité. Au gré de chaque habitant, elle s’épanouit à travers les divers jardins plantés et

entretenus. Du grand jardin au sud, jusqu’au bac à fleurs à l’entrée Nord. Une large

place est donc laissée aux usagers du quartier qui animent l’environnement bâti.

Gestion des eaux:

Étant donné que tous les espaces de jardins potagers se trouvent au rez-de-chaus-

sée, ils permettent une bonne infiltration des eaux de pluie pour tout le quartier, et

favorise une bonne culture maraîchère arrosée naturellement.

Pédagogique:

Excepté la pratique familiale du jardinage, notamment soutenue par la situation du jar-

din en prolongement direct du logement, il n’y a pas d’autres attentions particulières.

Intégration:

Les relations de voisinage sont encouragées par les jardins contiguës les uns aux

autres. Grâce aux haies végétales, il est possible de varier les hauteurs de taille et

réciproquement le niveau d’intimité recherché par chacun. Une interaction semble

possible entre les voisins par l’espace du jardin, qui peut entre autres faire office

d’entrée et lieu d’accueil de ses hôtes.

Productif:

La taille et les proportions adéquates du jardin potager permettent une bonne pro-

duction familiale en fruits et légumes, notamment grâce au bon ensoleillement

recherché par la typologie du quartier.

Économique:

A l’époque, les jardins potagers produisaient quotidiennement sans doute un

apport nutritif non-négligeable, profitant d’une relative autonomie par rapport au

centre urbain. Aujourd’hui, par l’avènement des centres commerciaux et de la mobi-

lité individuelle, la production potagère ne dépend plus que du bon vouloir de ses

habitants. Toutefois, la typologie des jardins favorise la production.

ETUDES

Page 28: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

54 | | 55

Dans le cadre de leur recherche sur l’argriculture en milieu urbain, SOA propose dif-

férentes solutions de fermes verticales implantées dans la ville de Paris, ainsi qu’en

banlieue. Les architectes se réfèrent au concept de « vertical-farming »33, conçu en

2005 par le professeur Dickson Despommier, de l’université Columbia à New York.

Ce dernier insiste sur une prise de conscience au niveau de la hausse de population

mondiale et un risque de pénurie des surfaces horizontales. Son idée souligne l’im-

portance de produire une grande quantité de fruits et légumes en milieu urbain afin

de nourrir la ville. Pour ce faire, il s’est appuyé sur diverses données de la NASA34

quant à l’estimation de la surface utile pour nourrir une seule personne, soit de

27.87m2. Ainsi, le concept se veut une réponse spontanée à « la politique agricole

qui s’oriente vers les marchés globaux, se déconnectant par la même occasion de

la politique urbaine et de la planification de nos villes. Pire encore, le zonage urbain

empêche la production alimentaire et cherche à l’exclure de leur conception idéale

de la ville propre, hygiéniste et moderne »35.

Le point commun de tous les projets reliés au «vertical-farming», est qu’ils traduisent

les hypothèses d’un scénario. « Certains scenarii sont raisonnés, d’autres accen-

tuent la disparition de l’homme au coeur du système agricole, d’autres montrent

une ville dénaturée au profit de la culture de l’entertainment, du marketing »36. Ici,

leur scénario propose des « mini-fermes », composées de petites exploitations,

allant de deux à trois étages, implantées au sein d’îlots ouverts. Leur fonctionne-

ment s’appuie sur la mise en place d’un réseau de coopératives. En outre, le projet

tente de construire l’espace urbain, en créant des alignements et des rues com-

merçantes.

33 notion tiré de : « http://www.verticalfarm.com »

34 « National Aeronautics and Space Administration » , http://www.nasa.gov

35 GORGOLEWSKI M., KAMISAR J,, NASR J, « Carrot-city», The Monacelli Press, 2012,p.12

36 « Entretien, les fermes urbaine de SOA» tiré de : http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_1662

Vertical-farming : Mini-fermes Urbaines

Paris, SOA architectes

ETUDES

Page 29: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

56 | | 57

Agrément:

Bien qu’en mesure d’être des repères spatiaux visibles au loin, les « petites tours»

n’apportent pas de réels aménités au public, ainsi qu’aux résidents du quartier. Tou-

tefois, il est possible que les commerces de détail placés au rez-de-chaussée aient

un certain charme, notamment par les couleurs, odeurs des fruits et légumes expo-

sés sur les étalages.

Écologique:

Le projet propose un circuit extrêmement court entre producteur et consommateur.

Étant donné que l’espace de production est attenant à l’espace de vente, cette dis-

position permet de faire l’économie d’autres intermédiaires. Cet espace de vente

peut prendre la forme d’une épicerie de quartier.

Biodiversité:

La typologie hors-sol des jardins ne permet pas une grande biodiversité à cause

de l’environnement contrôlé pour la production. De plus, il nécessite un entretien

accru.

Gestion des eaux:

En faisant l’économie du territoire horizontal, les mini-fermes urbaines ne contri-

buent pas à l’infiltration des eaux de l’espace public. Le système proposé ne prévoit

pas une utilisation des eaux de pluie pour la culture maraîchère.

Pédagogique:

Mise à part l’espace de vente en contact direct avec la rue, les plateaux de culture

ne sont pas viables car ils sont étroits, voire dangereux. Ils ne sont pas adéquats

pour devenir des espaces pédagogiques favorables à la transmission de la pratique

du jardinage.

Intégration:

La typologie fonctionnelle des tours a un statut relativement indépendant vis-à-vis

de la ville et des logements aux alentours. Elle est peu attractive en terme de qualité

de vie et ne profite donc pas à l’intégration du voisinage comme promoteur de liens

possibles.

Productif:

L’efficience productive du système mis en place semble être l’atout majeur des

mini-fermes urbaines. En effet, la superposition de plateaux aux proportions méti-

culeusement réfléchies pour la production, a le mérite de générer une production

agricole importante.

Économique:

Le projet ne profite pas au panier de la ménagère. En effet, le système promeut une

autonomie fonctionnelle relative à la vie du quartier. De plus, il semble peu envisa-

geable que les tours de jardins soient entretenues par les résidents locaux.

ETUDES

Page 30: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Vertical-Farming : The Living Skyscraper

Blake Kurasek

Dans un même ordre d’idée, le projet de Blake Kurasek poursuit l’idée du « verti-

cal-farming » , mais sur plusieurs dizaines d’étages mêlant logements et cultures.

Partant du principe que les gratte-ciel devraient subvenir aux besoins des habitants,

l’architecte propose une ferme verticale auto-suffisante. Ainsi, la situation sur l’eau

est justifiée afin de la prélever et la redistribuer pour irriguer les cultures. La pre-

mière grande différence avec l’exemple précédent, réside dans l’utilisation de la

culture aéroponique37. En effet, les contraintes structurelles qu’engendrent l’utilisa-

tion de terre ou de bacs d’eau sont trop grandes pour être appliquées dans un bâti-

ment de cette taille. De plus, ce genre de tours nécessite une gestion informatisée

qui permet un fonctionnement optimal du système.

Au niveau programmatique, le bâtiment offre une mixité des usages et une diversité

des cultures. Autour d’un noyau dur qui regroupe les fonctions de distribution ver-

ticale (ascenseurs, escaliers, monte-charge pour la ferme), se développent en péri-

phérie et en alternance, des plateaux d’appartements, jardins suspendus, ainsi que

surfaces dédiées à l’agriculture urbaine. Le rez-de-chaussée de la tour comporte un

marché dans lequel les produits cultivés pourrait être vendus aux habitants de la

tour, voire à une population plus large. Au niveau architecturales, les tubes hydro-

poniques utilisés dans les plateaux dédiés à la culture, se retrouvent également

dans une façade double peau, jouant le rôle de protection solaire.

La démarche tente d’offrir une mixité d’usages possibles, notamment à travers

les jardins suspendus qui pourraient être des lieux où s’épanouissent les enfants,

tandis que les adultes se verraient acheter leur salade directement à l’endroit de

production.

37 En aéroponie, les fonctions nutritives du sol et l’approvisionnement en eau, sont assurées par des « supports de plantes » et par des vaporisa-

tions permanentes de solutions nutritives à base de sels minéraux tournant en circuit fermé au moyen d’une pompe.

Cette technique est comparable à son ancêtre, l’hydroponie, sauf que les plantes ne sont plus dans un substrat inerte, irrigué à intervalles réguliers.

Ainsi, il devient possible en aéroponie de maîtriser tous les paramètres du milieu nutritif (concentration des éléments nutritifs et de leur proportion

respective, pH, température, etc.) afin d’obtenir les meilleurs résultats de culture. Tiré de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aéroponie

ETUDES

Page 31: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Agrément:

A l’échelle de la ville, la tour peut devenir un monument important, mais elle offre

peu de qualités ornementales ou d’agréments à l’échelle de quartier. Pour les cita-

dins, il n’est par exemple pas possible de suivre l’évolution d’une plante ou de pou-

voir l’admirer, l’a contempler.

Écologique:

De l’échelle globale jusqu’à l’échelle du détail architectural, le projet tente au maxi-

mum de réduire son impact environnemental, pour devenir à contrario productif en

terme d’énergie. Il comporte notamment un système de récupération d’eau par sa

colonne vertébrale pour irriguer les cultures. De plus, des éoliennes placées dans

la tête du bâtiment produisent de l’énergie, sans compter les gains énergétiques

apportés par la double peau de la façade.

Biodiversité:

Malgré l’importante quantité de plateaux qui peuvent accueillir de nombreux genres

de légumes et fruits, le projet ne profite pas qualitativement à la biodiversité natu-

relle. Ceci s’explique par l’environnement naturel entièrement contrôlé et qui ne

permet pas à la faune et la flore sauvage de s’y développer.

Gestion des eaux:

Le système de récupération d’eau permet certes l’irrigation des plante, mais le pro-

jet en soit ne participe pas du tout à l’infiltration des eaux de pluie dans le sol de la

ville.

Pédagogique:

La tour offre des espaces de jardins suspendus à l’usage des familles et enfants.

Par contre, aucune précision n’est donnée à propos de l’accessibilité des espaces

de cultures de potagère à ces derniers. Bien qu’ils soient envisageables de conce-

voir des jardins éducatifs, des lieux d’enseignement à la botanique etc, le caractère

privé de la tour compromet un usage public des lieux dits.

Intégration:

Pour son concepteur, il s’agit de faire de ce lieu non seulement un endroit ou l’on

produit des aliments, mais aussi d’en faire un outil de changement social radical.

Mais on est en droit de s’interroger sur l’image d’une tour si imposante, comme

barrière sociale à l’espace public urbain. Dans un élan d’optimisme, le projet semble

peu viable, au risque de paraître utopique.

Productif:

Grâce à l’efficacité de son système aéroponique et les importantes surfaces dé-

diées à la culture, la tour offre un très bon rendement en terme de production

alimentaire (qualitatif et quantitatif).

Économique:

Étant donné que le projet concilie agriculture urbaine, logements et marché, il est

possible qu’il soit un apport nutritif pour les familles. Mais le concepteur ne précise

pas si les surfaces agricoles sont dédiées aux résidents de la tour ou si elles sont la

propriété d’une exploitation externe.

ETUDES

Page 32: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

62 | | 63

Dans le quartier du centre-ville de Kerameikos et Metaxourgeio à Athènes, SO-IL a

conçu un projet de logements urbains. Il a été initié en 2009 et s’oriente vers une

proposition de construction de logements pour étudiants.

Au lieu du modèle bâti à cour classique répandu dans la ville, avec un espace com-

mun isolé derrière le bâtiment, « Party Wall » déplace la masse du bâtiment sur un

des côtés du site, en l’alignant sur le mur mitoyen, il propose la perspective d’un

nouvel espace communautaire conçu comme un jardin le long du site. Cette typolo-

gie génère ainsi un éventail de possibilités. Une cour étroite de 4.5 mètres permet à

l’espace urbain de devenir une partie intégrante de l’expérience de vie offerte, tout

en offrant une zone communautaire, comme tampon entre les sphères publiques

et intimes de la vie, une dilatation de l’épaisseur de la façade.

Cette conception propose un nouveau type de logements poreux - à concevoir

comme un filtre plutôt qu’une barricade - une dilatation qui s’étend d’une paroi

épaisse contenant les espaces cloisonnés de la sphère privée, jusqu’au mur d’ossa-

ture légère et végétal au bénéfice des espaces communautaires donnant sur l’es-

pace urbain. Ainsi, à travers le thème du jardin suspendu, se développe du sol en

toiture une multitude de valeurs d’usages publiques / privés. Cette qualité est mise

en avant par un jeu de plateaux reliés par un escalier permettant de relier tous les

étages jusqu’à la toiture commune. SO-IL insiste sur les ambitions de la démarche

qui permet d’exposer la vie, rétablir la rue, créer de l’intimité, favoriser les relations,

offrir une identité, donner de l’espace pour célébrer,pour se concentrer, vivre avec

le temps et le climat, en somme de vivre le jardin, la maison et la ville. Cependant,

le projet n’évoque pas de solutions précises relatives au thème du jardin potager,

malgré les réponses envisageables par le potentiel du jardin au sol, la végétation

accrochée au filtre, la culture en pot et la générosité de la toiture.

Epaisseur de façade: Party-Wall

Athènes, So-IL architects

ETUDES

Page 33: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

64 | | 65

Agrément:

A travers ses parois végétales, le projet devient un très bon repère spatial à l’échelle

du quartier et contribue à lui donner une bonne identité visuelle. Ici, la typologie du

jardin contribue tout autant à la qualité de l’espace urbain qu’à celle des logements.

En outre, la proximité du jardin permet de l’admirer agréablement.

Écologique:

« Party Wall » ne donne pas de réponses précises en terme d’écologie. Néanmoins,

la forte présence de la nature, l’encouragement à l’usage des espaces extérieurs

profite à une sensibilisation des résidents à l’environnement extérieure.

Biodiversité:

La typologie de la paroi végétale, le jardin au sol et la végétation en pot ou en toi-

ture, sont d’autant de lieux aux conditions climatiques très différentes et offrent le

potentiel d’une nature à forte biodiversité.

Gestion des eaux:

En participant à la construction de l’espace urbain par le thème du jardin, le projet

offre une surface naturelle permettant en conséquence l’infiltration des eaux de

pluie.

Pédagogique:

Aucun programme n’est communiqué à propos d’un quelconque lieu d’enseigne-

ment à la botanique ou jardin éducatif. Toutefois, le projet est à considérer comme

un potentiel d’interactions possibles entre public/privé, du rez-de-chaussée, aux

plate-formes suspendues, jusqu’à la toiture accessible par l’escalier commun.

Intégration:

En relation au thème du jardin et du logement, le projet propose des espaces com-

munautaires qui promeuvent les liens entres les résidents, rompent l’isolement,

favorisent les activités extérieures. En outre, ils s’enrichissent d’interactions pos-

sibles avec l’espace urbain. Par conséquent, c’est l’un des points forts de cette

typologie.

Productif:

Contrairement à d’autres projets, notamment « The Living Skyscraper » ou les «

Mini-fermes urbaines » où l’aspect productif devient un leitmotiv, les architectes

ne traitent pas le thème du jardin comme une culture potagère « intense ». Elle se

résume à une activité de plaisir, d’entretien.

Économique:

Parallèlement au critère « productif », la solution proposée ne contribue pas à un

réel apport nutritif, malgré un certain potentiel non-exploité.

ETUDES

Page 34: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Epaisseur de façade : Agro-Housing

Knafo Klimor architects

Selon ses concepteurs, le projet «Agro-Housing» se veut comme une réponse di-

recte aux problèmes d’urbanisation auxquelles est confrontée la ville de Wuhan, en

Chine. Tendant vers un modèle social et urbain, le bâtiment mise sur une mixité pro-

grammatique qui regroupe des logements, une crèche et de l’agriculture urbaine.

Ici, l’agriculture verticale, comprise dans une épaisseur de façade, est offerte aux

habitants sous forme d’espaces appropriables où ils peuvent eux-mêmes cultiver

en fonction de leurs aptitudes et envies. A travers cette proposition, les architectes

soutiennent l’idée que les habitants ont la capacité d’être indépendants des ré-

seaux alimentaires habituels, voire même pour certains d’entre eux tirer un profit,

en relation aux problèmes de transport de denrées alimentaires et de pollutions

indirectes. De ce fait, la sensibilisation des habitants aux questions environnemen-

tales est possible, étant donné qu’ils sont directement impliqués dans une gestion

durable de leurs productions alimentaires.

Au niveau programmatique, les fonctions se répartissent comme suit : une serre

verticale placée au sud du bâtiment offre des plateaux de culture hydroponique

naturellement ventilés et éclairés. Autour de cette colonne vertébrale, s’organisent

des logements. La façade nord est percée d’espaces extérieurs pouvant accueillir

des arbres fruitiers et devenir le prolongement des logements. Quant à la toiture,

elle dédie une large surface à la culture, tout en offrant un espace commun pour le

voisinage.

Le projet tire profit également de plusieurs solutions techniques pour amortir son

impact environnemental, il comporte un système de récupération des eaux plu-

viales, des eaux grises et de l’évapo-transpiration des plantes ainsi qu’un système

de production d’énergie générée par la biomasse des plantes. En outre, la typologie

de cour intérieure en plus des espaces extérieurs situés au nord, permet une venti-

lation naturelle du bâtiment par un effet de cheminée.

ETUDES

Page 35: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

68 | | 69

Agrément:

Les plateaux de culture sont visibles depuis les logements, ainsi ils sont admirés

par les habitants directement depuis leur salon. De plus, la façade sud dédiée à

la culture potagère devient une façade urbaine, elle peut être contemplée depuis

l’extérieur. Toutefois, on se questionne sur la réelle qualité esthétique d’un environ-

nement contrôlé et voué à de l’agriculture urbaine, sans parler de la faible contribu-

tion à l’espace urbain.

Écologique:

Le projet développe une série de systèmes qui prédestinent le bâtiment à réduire

au maximum son impact environnemental, voire même de devenir autonome. Le

fait que les usagers soient directement impliqués dans la production permet égale-

ment une sensibilisation aux questions environnementales.

Biodiversité:

La biodiversité se limite à ce qui est possible d’être cultivé dans les plateaux hydro-

poniques, en plus de la végétation plantée dans les espaces extérieures des loge-

ments. Par conséquent, la biodiversité est relativement faible, elle s’explique par

l’environnement contrôlé qui offre des conditions climatiques destinées à la culture.

Gestion des eaux:

De manière intrinsèque, le bâtiment se dote d’un bon système de récupération

des eaux qui permet une réutilisation intelligente destinée à l’usage domestique et

irriguer les plantes. Or, le bâtiment ne participe pas à l’infiltration des eaux de pluie

présentes dans l’espace public, étant donné que les jardins se trouvent sur des

plateaux.

Pédagogique:

L’énoncé du programme prévoit une crèche. Cette dernière profite ainsi des espaces

extérieurs et des surfaces dédiées à la culture potagère, de sorte qu’ils peuvent

prendre la forme de jardins éducatifs. Cependant, les jardins ont un caractère privé,

ainsi on s’imagine mal un apprentissage et une pratique publique du jardinage,

notamment sous la forme d’ateliers destinés à autrui.

Intégration:

Hormis les surfaces dédiées à l’agriculture urbaine commune, les autres espaces

font parties de la sphère privé du logement. Bien qu’ils puissent contribuer à de

bonnes relations de voisinage pour les habitants de l’immeuble, les espaces de

jardin ne s’offrent pas à l’usage public. En outre, de façon similaire au critère d’ «

agrément », un doute est émis sur la qualité d’usage d’un environnement contrôlé

pour la culture potagère.

Productif:

L’approche des architectes, par le biais de plateaux superposés et dédiés à la

culture, permet un rendement important de produits alimentaires. C’est d’ailleurs

l’un des points forts du projet.

Économique:

La typologie de jardin encourage les usagers à devenir eux-mêmes producteurs de

denrées alimentaires, notamment par une relation de proximité recherchée entre

les logements et les serres de culture. Par conséquent, elle contribue très favora-

blement à la nutrition des familles installées dans l’immeuble, ce qui permet une

économie non-négligeable pour ces dernières. Elle devient ainsi un atout majeur, en

plus du critère « productif ».

ETUDES

Page 36: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

70 | | 71

Cet exemple retenu dans nos études de cas, est le second de SOA architectes.

Il se différencie des autres projets par son concept additif à une structure et à

un contexte existant. Situé sur un plateau de Seine Saint-Denis, le projet se déve-

loppe dans le territoire de Romainville, à proximité de la ville de Paris. Le quartier

se caractérise par un environnement bâti dans les années 50, typique des grands

ensembles de cette époque. De grandes barres de logements et quelques plots se

placent dans un tissu urbain hétérogène, qui peine à trouver une relation au centre

historique de la ville.

L’intervention des architectes se compose d’une ferme contrastant avec les barres

de logements existantes, elle propose ainsi une nouvelle interprétation de l’en-

semble existant. De ce fait, le skyline morcelé de la ferme enrichit l’horizon urbain,

tout en conservant une certaine régularité, il préserve l’identité de la partie basse

du bâtiment.

Le programme de la ferme agricole comporte trois catégories principales: les zones

de culture, les locaux de travail et les locaux techniques. Les zones de cultures et

les locaux de travail se développent sur les toits des bâtiments existants. Quant aux

circulations et aux locaux techniques, ils se placent à l’extrémité nord du bâtiment38.

L’accès à la ferme se fait donc par le rez-de-chaussée, depuis l’espace urbain, par

un ascenseur et un escalier qui relient la ferme de bas en haut. Les serres offrent

trois types de culture aux conditions climatiques différentes, elles sont rendues

possibles par la mise en place d’écrans thermiques mobiles, ainsi que d’un ordina-

teur central pour la gestion de l’énergie et du climat intérieur.

Étant donné que les bâtiments existant ne peuvent supporter une telle surcharge, la

ferme s’appuie sur un portique en béton qui enveloppe l’existant. De cette manière,

cette nouvelle structure se propose aussi d’offrir une extension à chaque logement

sous la forme de balcons et de jardins d’hiver. D’après les concepteurs, la réu-

nion d’une ferme et de logements dans un même bâtiment encouragerait ainsi les

échanges possibles des deux programmes.

38 informations tirées de : http://www.soa-architectes.fr/fr/projects/show/90

Toit-terrasse : Fermes sur les toits

Seine Saint-Denis, SOA architectes

ETUDES

Page 37: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

72 | | 73

Agrément:

La forme chahutée des serres en toiture contribue à la skyline, elle devient ainsi de

loin un repère spatial et donne une identité au quartier. Toutefois, elle n’améliore pas

beaucoup le cadre de vie des résidents, il y a peu d’interactions possibles avec la

nature mise en place.

Écologique:

Comme la plupart des projets traitant d’agriculture urbaine, la démarche des archi-

tectes propose plusieurs systèmes techniques qui permettent de minimiser l’im-

pact écologique du bâtiment, notamment par la récupération des eaux. De plus,

par sa proximité avec les logements situés au-dessous, elle peut jouer un rôle de

sensibilisation.

Biodiversité:

L’environnement intérieur de la serre contrôlée, n’étant pas en contact avec l’air

extérieur, ne favorise pas une grande biodiversité.

Gestion des eaux:

Étant donné que le projet se place en toiture, il ne contribue pas à l’infiltration des

eaux de pluie, comme pourrait le faire un espace vert public.

Pédagogique:

Malgré qu’il soit accessible depuis le niveau de la rue, l’usage de la serre horticole

comme un éventuel lieu d’enseignement à la botanique (formation, ateliers tout

public, sensibilisation, pratique du jardinage), paraît ponctuel, voire minime.

Intégration:

La typologie du jardin en toiture relié par un escalier commun paraît intéressante,

dans le but de devenir un lieu communautaire. Or, l’usage pour lequel il a été conçu

ne favorise pas forcément les liens entre les habitants-mêmes.

Productif:

La démarche visant à interroger le potentiel d’une toiture plate existante est perti-

nente. Par ailleurs, elle souligne la question de l’accès vertical qui est habilement

traité ici. Ainsi, les larges surfaces horizontales profitent à une culture potagère

intense.

Économique:

Selon les architectes, la réunion d’une ferme et de logements dans un même bâti-

ment encouragerait les échanges possibles des deux programmes. Il est donc pos-

sible d’envisager une culture pour sa propre auto-consommation ou de bénéficier

d’un tarif avantageux.

ETUDES

Page 38: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Toit-terrasse : Jardins sur les toits de New York

Depuis quelques années, de plus en plus de potagers fleurissent sur les toits de

certaines villes. Ce genre de solutions se proposent de mettre en place une culture

locale et de favoriser les circuits courts de production, notamment en installant

un jardin sur le toit d’un immeuble. Au centre des grandes métropoles, cette idée

acquière de plus en plus d’adeptes, on pense notamment à New York. Cette ville est

pionnière du concept des jardins sur les toits et profite d’un élan de reverdissement

sur ses toits depuis quelques années. Un photographe américain, Alex MacLean,

a publié un livre de photos aériennes, comme témoignage de ces toits-jardins et

du potentiel exploitable de cette « 5ème façade ». En effet, la superficie totale des

toits représente 20% de la surface de ville new-yorkaise, c’est pourquoi le plan de

développement durable de cette dernière propose des avantages financiers aux

acteurs de cette démarche de reconversion. Ceci s’explique par le choix d’une toi-

ture végétalisée comme bon isolant thermique, capable d’absorber une partie des

eaux de pluie, favoriser la biodiversité et embellir les sommets des villes densé-

ment peuplées.

Ainsi, un potager géant s’est développé sur le toit d’un ancien bâtiment industriel

à Brooklyn, il a nécessité à l’aide d’une grue le transport de 500 tonnes de terre

et d’engrais au sommet des six étages. Les fruits et légumes cultivés sont par la

suite distribués sur les marchés et approvisionnent les paniers des New-Yorkais.

Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres, vu le nombre croissant d’adeptes

à la consommation de produits frais, locaux, bio et de saison. Mais certains de

ces espaces végétalisés permettent aussi aux citadins de se reposer, ils offrent

une alternative de vie au contexte minéral de la ville, devenant parfois des lieux

de rassemblement. Néanmoins, ils sont parfois exclusifs ou alors l’accès vertical

demande une connaissance préalable des lieux recherchés.

ETUDES

Page 39: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Agrément:

Les toits-jardins offrent une alternative de vie dans les grandes métropoles. Dans

une ville comme New York, ils sont appréciables depuis les hauteurs. Par l’embellis-

sement du sommet de certains gratte-ciel, ils permettent de donner une seconde

idendité à ces derniers. Toutefois, le caractère exclusif de certains lieux restreint

le potentiel esthétique à quelques privilégiés. A l’inverse, la prolifération de ces

espaces de nature se démocratise de plus en plus.

Écologique:

Les solutions de ferme urbaine mettent en place des circuits courts de productions.

Ils contribuent à sensibiliser tous les New-Yorkais sur les enjeux de l’environne-

ment. En outre, les toitures végétalisées offrent des avantages énergétiques non-

négligeables.

Biodiversité:

La multitude des toits-jardins (hauteurs, conditions climatiques différentes) n’ac-

cueille pas que des plantes vertes, elle héberge aussi une faune locale en hausse.

Cette dernière bénéficie de lieux aux conditions de vie très différentes, selon le type

de building exploité.

Gestion des eaux:

Dans un contexte de tours, les toits végétalisés absorbent une partie conséquente

des eaux de pluie.

Pédagogique:

En participant bénévolement à des actions potagères, les New-Yorkais acquièrent

des notions de jardinage et de botanique.

Intégration:

De nombreux restaurants, discothèques, cafés et piscines, se développent conjoin-

tement à travers les toits-jardins. Ainsi, ils se proposent comme nouvel espace

de rencontre, à l’abris du tumulte de la ville, en offrant un cadre de vie bucolique

recherché par les citadins. Il convient néanmoins de rappeler la question de l’accès

vertical à ce type d’espace, dans le but d’en faire bénéficier le plus de personnes.

Productif:

En relation aux nombreuses surfaces de toiture d’une ville comme New York, les

fermes en toiture offrent une production potagère importante.

Économique:

L’approvisionnement en fruits et légumes des citadins dépend du caractère public/

privé des jardins potagers. S’ils sont gérés par une exploitation, la production serait

vendue dans des marchés, ou sous forme de paniers ménagers. Mais il est éga-

lement envisageable que ces surfaces de culture soient uniquement bénéficiaires

des résidents de la tour, profitant de la totalité de la production. En résumé, si la

ferme est entretenue uniquement par ses résidents dans un but d’auto-alimenta-

tion, le lieu risque de devenir privé et vice-versa.

ETUDES

Page 40: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Synthèse des études de cas

Plain-pied

Vertical-farming

Epaisseur de façade

Toit-terrasse

espace vert public

lieu d’accueil

accès

aire de jeux

contemplatif

alimentaire

autonome

nutritionelle

fonctionelle

technologique

alimentaire

filtre

interactif

prolongement

alimentaire

belvédère

solarium

compense la densité

productif

alimentaire

A travers les études de cas, il nous vient à l’esprit une question essentielle à propos

du jardin potager, elle permettrait de pondérer certains critères qualitatifs énoncés

auparavant. Il s’agit de la question inhérente du beau et de l’utile. « Que nous restait-

il à faire? A répudier toutes les formes perverties, à démasquer tous les non-sens,

toutes les aberrations, et à retrouver les formes essentielles de la maison, de la

table, de la chaise, du lit et de ces objets indispensables à notre vie journalière» au-

rait dit Henry Van de Velde39, mettant en garde contre les pièges de l’ornementation

futile dans laquelle risquait de sombrer l’Art Nouveau, en revendiquant justement

cette question de l’unité du « beau et de l’utile ». Dans une tentative de faire une

synthèse du rationnel et du formel, on remarque que certains projets ont évacué

la relation forme-fonction. En se fixant comme point de départ divers scénarios de

crises socio-économiques, qui sont certes des menaces réelles car basées sur des

observations mathématiques, mais elles demeurent rationnelles: Comment nourrir

une population planétaire en constante hausse, alors que les surfaces arables dimi-

nuent, et que le changement climatique aura des conséquences dont on ne connaît

que les hypothèses? A ceci s’ajoute, comment répondre aux problèmes de la ville,

sous-entendus par une densification urbaine imposée et une qualité de vie sociale à

offrir? C’est ici que la question de la forme intervient pour certains dans la première

question, pour d’autres dans la deuxième. Quelle doit être la forme de nos villes, de

nos campagnes, de nos maisons? En tant qu’urbanistes, paysagistes, architectes,

nous occupons un rôle primordial dans ce débat qui a lieu d’être.

Alors que la « nature urbaine » est un argument de bien-être, du territoire jusqu’à la

maison, ne pas se contenter du critère ornemental et la compléter par le cultivable

aurait pu rendre la cause environnementale plus profonde et la définition de cette

nécessité écologique plus pertinente. Mais la nature est-elle belle parce qu’elle est

utile? Est-ce dans la résolution exacte de ce binôme que nous, architectes, serons

en mesure de projeter l’espace de nos sociétés futures ?

39 RICHARD L., « Comprendre le Bauhaus», éd. Infolio collection Archigraphy, 2009

ETUDES

Page 41: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

80 | | 81

Ce qui est beau émeut. Le voile chaud de l’été qui caresse notre visage, les feuilles

dorées emportées par le vent tumultueux d’automne, les premières neiges qui

tapissent d’une couverture semi-transparente les prairies verdoyantes, le chant

des oiseaux à l’aube du printemps. Est-ce possible de rationaliser de telles événe-

ments? Ainsi, il faut s’interroger sur notre hypothèse initiale qui était « Comment

concilier aujourd’hui densité urbaine et qualité architecturale, à travers le thème du

jardin potager? » Est-ce une solution envisageable que de concilier le beau et l’utile,

point par point, d’égal à égal, pour projeter une alternative à l’idéal pavillonnaire qui

se répand dans les zones périurbaines?

Ce préambule nous permet de nous apercevoir des convictions différentes entre

deux pratiques du « jardin potager », malgré certains projets qui tentent maladroite-

ment de combiner les deux. D’une part, il y a ce que l’on peut nommer « le jardinage

potager », d’autre part « l’agriculture urbaine ». On se retrouve ainsi confronter à

deux différents extrêmes et modes de vies proposés. L’un, préconise les solutions

simples et se résume par: l’importance du contexte, le travail de la terre, l’art de

vivre, l’hédonisme, l’ouverture sur le monde extérieur, un environnement attractif,

un espace au bénéfice de l’espace public et privé, une qualité de vie sociale et un

complément alimentaire en bonus. A l’inverse, l’autre se doit d’utiliser des solu-

tions plus complexes et se traduit par: la décontextualisation du site, une culture

aéroponique, une solution technologique, un environnement clos et peu attractif,

au bénéfice de l’espace privé et de l’autonomie fonctionnelle. Alors que ce travail

de réflexion tentait de valoriser le jardin potager comme « nature urbaine » tangible

à concilier la densité urbaine et qualité de vie, un doute est émis sur la capacité de

l’agriculture urbaine à porter ce lourd statut répondant aux attentes de la nature et

à une densification urbaine imposée. L’agriculture urbaine dans son intégration aux

systèmes bâtis peut-elle qualifier les problèmes de la ville future, tout en devenant

un système complémentaire de l’agriculture urbaine traditionnelle? Bien que l’agri-

culture urbaine pourrait très certainement devenir productrice de nouveaux usages

par la création de circuits extrêmement courts par exemple, responsabiliser la po-

pulation aux enjeux environnementaux, pourrait-elle pour autant remplacer le plaisir

du jardin et le plaisir de la terre ?

ETUDES

Page 42: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

82 | | 83

A notre rôle d’architecte, il incombe la tâche de faire du contexte social autant

que morphologique la véritable valeur d’un programme, tout en réconciliant les

hommes et l’environnement. Par conséquent, il semble que l’activité du jardin doit

tendre vers la notion de plaisir et non vers autonomie alimentaire, sans quoi elle

serait démunie de tout ce qui fait les qualités de sa valeur spatiale. Ainsi, l’activité

potagère ne doit pas s’orienter vers un usage mono-fonctionnel, sans quoi elle per-

drait tout ce qui a fait sa polysémie, qui contribue à la qualité de l’espace public et

des habitants. En devenant le reflet de nos sociétés, elle doit nous réunir au lieu de

nous séparer.

Toutefois, la pratique du jardin potager ne doit pas non plus omettre le travail de la

terre qui fait sa particularité historique. En effet, c’est ce qui permet au jardin pota-

ger de se différencier des autres espaces verts ou jardins publics. Sous prétexte de

jardin potager, le « jardin cultivé » peut alors devenir le « jardin habité ». De cette

vie-là, il offrirait les conditions idéales d’agrément, de biodiversité, d’écologie, de

pédagogie et d’intégration. Tout en contribuant à l’enrichissement des typologies

actuelles du logement, le jardin pourrait entretenir une relation positive également

avec la ville sous la forme d’une symbiose, grâce à ses enjeux et ses atouts. De la

sorte, il participerait à l’élaboration de logements qui respirent l’art de vivre du jardin

potager, l’hédonisme, l’ouverture sur le monde extérieur, en faisant la part belle à

des éléments de jardins tels que la cuisine d’été, le lavabo extérieur, la terrasse, le

réservoir d’eau apparent, la chaise longue ou même le four à pizza... Le lieu de vie

de ceux qui mangent tard et se couchent dehors. Un espace de vie qui offrirait la

possibilité à chacun de revendiquer son identité et de la mettre en pratique. Ainsi, il

serait une façon de quitter le contexte de la ville actuelle, ne serait-ce qu’un instant,

pour se plonger dans la cité rêvée, la ville idéale, le lieu indiqué pour faire ce qu’il

n’est plus possible de faire en ville, le coin de liberté, le jardin comme « hétéroto-

pie40 ». De par son statut et sa forme, il serait une limite sociale perméable, située

à cheval entre espace public et espace privé, qui pourrait contribuer fortement à

la qualité de vie en milieu urbain. Mais de quelle manière pourrait-on activer cette

relation publique/privé, afin de la rendre durable et belle pour les deux parties? Et

finalement, être en mesure de répondre aux problèmes de densification?

40 FOUCAULT J.-M., Dits et écrits « Des Espaces Autres », Architecture, Mouvement, Continuité, N°5, 1984, pp. 46-49

Bathtub garden

ETUDES

Page 43: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

ANALYSE URBAINE

jardins potagers urbains et espaces verts publics à Neuchâtel

Page 44: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

86 | | 87

Clé de lecture urbaine

Après la première partie consacrée au thème, on comprend dès lors que le jardin

potager ne doit pas être un but, mais un vecteur qui tend vers la création d’un

nouveau modèle urbain, une valeur spatiale qui correspond à un idéal de vie doté

de nombreux atouts, mais qu’il faut savoir nuancer au risque de perdre ce qui fait

ses qualités. Le jardin potager devrait être perçu comme le lieu d’accueil d’un

imaginaire, auquel il donnerait la place de se concrétiser. Par son échelle, plus hu-

maine qu’un parc ou un jardin public, il propose une redéfinition de l’environnement

extérieur par ses usages, ainsi qu’à une extension de l’environnement bâti dans

l’espace public. En résumé, il contribuerait à la qualité de l’espace public et per-

mettrait simultanément de développer de nouvelles typologies de logements. Par

cette synergie, le jardin permettrait la densité urbaine, tout en offrant une qualité de

vie, il serait ainsi le seuil entre la maison et la ville, du plus privé au plus public, de

l’intérieur jusqu’à l’extérieur et réciproquement.

Cette partie du travail propose de mettre en scène les idées conçues dans un quar-

tier de la ville de Neuchâtel. Par une analyse urbaine à deux échelles, celle de la ville,

puis celle du quartier, un scénario d’intervention sera esquissé, en vue de proposer

de nouvelles typologies de quartier et de logements, dans un espace retranscrivant

le principe de habitat-jardin-ville. Cette analyse n’a aucunement la prétention de re-

tracer toute l’histoire du développement urbain et ses conséquences sur l’environ-

nement neuchâtelois. Elle se veut un regard sensible dans la continuité du thème

« entre nature urbaine et densité », en recherchant une résonance contextuelle. A

l’échelle de la ville, il s’agit de localiser le site en rapport aux espaces verts publics

et jardins potagers urbains, afin d’en comprendre ses enjeux. Pour ce faire, les

points de vue suivants ont été choisis pour leur pertinence relative au thème et à la

ville, ils seront traités dans l’ordre suivant : Neuchâtel et son histoire, porosités et

rivages successifs, espaces verts publics et jardins potagers urbains. Puis, dans la

seconde partie à l’échelle du quartier, il sera possible de re-préciser les objectifs par

rapport au quartier-même. Elle se fera à travers les éléments d’analyses suivants :

densité du bâti, équipements à proximité. Finalement, le travail tentera de proposer

une nouvelle lecture du quartier en relation à notre thème.

ANALYSE URBAINE

Page 45: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Index de la ville

0 10050 mètres

Appellations d’hier à aujourd’hui:

Novum Castellum

Novum Castrumau

Neocomum

Neufchastel

Neufchatel

Neuchâtel

Gentilé: les Neuchâtelois

Population: 33 054 hab.

(31 décembre 2010)

Densité: 1 826 hab./km2

Coordonnées: 46° 59’25’’ Nord

6° 55’ 50’’ Est

Altitude: 725 m

(min. : 427 m)

(max. : 1 174 m)

Superficie: 1 810 ha = 18,1 km2

ANALYSE URBAINE

Page 46: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Neuchâtel et son histoire

Neuchâtel vers la fin du XVIIIe , dessin de Châtelet, gravée par Née, paru en 1780

Les stades d’évolution de la ville, Jacques Beguin

La ville est située dans le canton éponyme qui se trouve au centre de l’arc jurassien,

près de la frontière française. Le lac avoisinant tient son nom. Un regard historique

sur Neuchâtel nous permettra de localiser le site, mais également de comprendre

son développement urbain en relation à la nature.

Aux environs du XIe siècle, une petite bourgade prenait racine sur une colline cal-

caire contournée au nord et à l’est par la rivière du Seyon. Par son statut de promon-

toire naturelle, elle protégeait ses habitants des invasions ennemies, tout en offrant

une vue imprenable sur les Alpes depuis la cité. Elle était enclavée par deux fron-

tières naturelles. Au nord, la bourgade était entourée d’interminables forêts, dont

on craignait la flore et la faune animalière. Au sud, le lac s’étendait sur tout l’horizon

et se changeait en marais à ses extrémités. De ce fait, la ville était perçue comme

un lieu impénétrable, munie de fortifications. Elle était née au sein d’une nature à la

fois sauvage et généreuse. Certaines représentations témoignent d’ailleurs de cette

nature parfois crainte. Quelque peu exagérément, elles traduisaient la relation des

habitants avec la nature avoisinante qui était perçue comme mystérieuse et hostile.

Cependant, ses habitants allaient rapidement se sentir à l’étroit à l’intérieur des

fortifications. Ainsi, ils ont décidé de franchir le Seyon, permettant à la ville de

s’étendre vers l’est. Au XIIIe, la cité se développait le long d’une ruelle nommée «

Neubourg » , ce qui a nécessité la construction de nouvelles fortifications. Plus tard,

on décidait également d’assécher une partie du delta du Seyon, pour y construire

de nouvelles maisons. Ainsi, la ville débordait en dehors de ses limites, jusqu’à

remettre en cause l’existence de ses remparts, afin de continuer de s’étendre vers

l’est. Vers le XVIIIe, à l’exception de quelques maisons modestes, se parsemaient

sur ces nouvelles terres de somptueuses maisons, dotées de grands jardins fleuris

qui menaient au lac (pour exemple, le Palais du Peyrou et son jardin construit en

1770). Au nord, se trouvaient de vastes étendues de vignes que l’on cultivait pour

presser le vin.

ANALYSE URBAINE

Page 47: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

92 | | 93

Durant les siècles suivants, cette situation idyllique allait malheureusement être

bouleversée par de profonds changements. Au cours des XIXe et XXe siècles, la ville

en plein essor, gagnait peu à peu des terrains sur les coteaux et des surfaces sur

les eaux du lac. Paralèllement à cela, le Seyon et ses humeurs se voyaient payer

un lourd tribu à cause de ses multiples débordements. Ainsi, on a décidé de la

détourner et de la canaliser, faisant progressivement disparaître la rivière du pay-

sage urbain. Au XIXe, d’autres interventions humaines transformaient une nouvelle

fois l’image de la ville, notamment par l’arrivée des chemins de fer. Placée sur une

ancienne colline arasée pour l’occasion, la gare attirait de plus en plus d’habitants

dans les quartiers avoisinants qui se voyaient gravir la pente menant à la montagne

de Chaumont, jusqu’en lisière de forêt.

A l’époque, la construction de la gare avait produit une énorme quantité de terre

qu’on allait exploiter pour remblayer les dernières berges naturelles du lac. Ainsi,

on a comblé au sud une partie de l’eau devant le Faubourg du Lac et l’actuel Jardin

Anglais. Alors que des maisons populaires s’installaient au nord du vallon du Seyon

et près de la gare, de riches commerçants se faisaient construire de prestigieuses

demeures le long du faubourg. Elles étaient dans une situation privilégiée par rap-

port aux autres, offrant la vue sur le lac et les Alpes, ainsi que la proximité au centre

ville.

Par la suite, le développement de la ville étant limité par la forêt, différents grands

travaux de remblais se sont succcédés jusqu’en 1951. Couche après couche, la ville

s’est offerte de plus en plus de terrains sur l’eau. Mais malgré cela, à l’aube du XXIe

siècle, la ville de Neuchâtel porte encore les traces de son passé, une mémoire qui

a pris la forme de nouveaux ensembles bâtis, de parcs, de jardins publics et de pro-

menades. Quelle est le statut du site par rapport à cette mémoire du passé? Dans

quel contexte se trouvent les espace verts publics et les jardins potagers urbains

en relation au site?

Plan de la ville de Neuchâtel pris à vol d’oiseau, J.-J Berthoud, 1769

Gravure de Neuchâtel, Mathieu Merian , 1593-1650

ANALYSE URBAINE

Page 48: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

94 | | 95

La ville de Neuchâtel et le projet de construction du port, du nouveau quartier des Beaux-Arts

et de la création de l’Avenue du Premier-Mars

Plan du quartier du Mail et de la Maladière en 1896

Les rives du lac aux Saars, 1910

ANALYSE URBAINE

Page 49: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

96 | | 97

Porosités et sucessions des rives

Par l’histoire, on comprend que le développement de la ville est fortement limité par

la topographie de son site, au nord par la forêt et au sud par le lac. C’est pourquoi

le développement urbain s’est essentiellement étendu en longueur, notamment à

l’est, et par la conquête de territoire sur l’eau.

En plaçant le site de la Maladière en gris sur une carte retraçant les différents ri-

vages successifs, on remarque qu’il se trouve sur les anciens rivages de 1776 et

1873. En effet, la rue de la Maladière qui longe la face nord du site, suit exactement

la courbure du rivage de 1776, elle en est devenue la trace historique. Alors qu’au

sud, la Rue de la Pierre-à-Mazel est rectiligne, elle ne donne aucun indice sur son

origine passée. Hormis le fait qu’il soit excentré du centre, on comprend que le

quartier avait auparavant le privilège d’être au bord de l’eau. Quelles sont donc les

manifestations actuelles de ces anciens rivages pour le quartier de la Maladière?

Malgré les différents remblais consécutifs, l’accès au bord du lac est-il encore mis

en valeur aujourd’hui?

De plus, les remblais consécutifs ont donné de l’espace nécessaire à la création de

nouveaux programmes. Sous l’initiatives de M. Du Peyrou, une allée d’arbres est

plantée près des berges en 1776. A cette même époque, la ville était pourvue d’un

jardin nommé « Jardin Desor »41 à l’extérieur de la ville, se trouvant justement sur la

pointe du quartier de la Maladière en question. Ce jardin offrait un cadre enchanteur

en ville, mais le site n’existe plus tel quel. Il était composé de deux parties, l’une

d’inspiration française, l’autre d’inspiration romantique. La première partie offrait à

ses promeneurs de larges perspectives lacustres, par le biais de plantations et de

cheminements réguliers. L’autre partie tirait profit de la présence des calcaires. Ces

derniers avaient étés joliment aménagés durant les siècles passés. On y trouvait un

étang, des bancs de pierres offrant aux neuchâtelois un charmant lieu de détente.

C’est la construction du Gymnase Cantonal, vers 1950, qui fit disparaître le Crêt et

son environnement, laissant comme seul témoin le grand cèdre situé aujourd’hui à

l’ouest de l’école. Quant à l’allée de M. Du Peyrou, la plantation s’étendait quelques

années plus tard à l’est, devenant par la suite une grande promenade, puis l’actuel

Jardin Anglais en 1873.

41 du nom du célèbre naturaliste et archéologue neuchâtelois, Pierre Jean Édouard Desor ( 1811-1882 )

1776

1873

1951

Actuelles

Rives du lac de Neuchâtel

Relation aux rivages succesifs

1873

Jardin

Anglais

1776

Jardin

Desor

1776

Allée

d’arbres

ANALYSE URBAINE

Page 50: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Promenade du Jardin Anglais, début du XXe siècle Aménagement du Jardin Anglais, 1996

Jardin Desor, Ecole de Commerce et Université, vers 1935

Cèdre séculaire de l’Avenue du Premier-Mars, anciennement dans le Jardin Desor, 1996

Jardin Desor, 1895

ANALYSE URBAINE

Page 51: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

100 | | 101

Près d’un siècle plus tard, le remblais de 1951 a permis la construction d’un vaste

projet de logements. Il est constitué de deux îlots donnant sur sur l’Avenue du Pre-

mier-Mars et de deux barres plus opulentes en bordure des quais. Par la suite, ce

quartier s’est prolongé par la construction de plusieurs édifices publics, entre autres

le gymnase cantonal, la faculté de droit, l’école de commerce ainsi que l’église ca-

tholique. C’est ainsi que l’Avenue du Premier-Mars s’est développée, devenant un

des axes urbains principaux, reliant le centre ville au quartier de la Maladière, telle

une nouvelle entrée vers la ville.

Par conséquent, le site se trouve dans une affiliation historique de parcs et de jar-

dins publics, tout en étant à proximité de grands ensembles bâtis. Pour l’anecdote,

il est singulier de remarquer que l’on a détruit un jardin à l’époque pour construire

la ville, alors qu’aujourd’hui on tente de la construire à travers le thème du jardin.

De plus, selon les endroits de la ville, ces différents rivages peuvent être perçus

différemment. Ils peuvent soit être intégrés habilement dans le tissu urbain, soit

constitués de véritables ruptures dans la continuité topographique. Bien que la ville

se développe de manière longitudinale est-ouest, de nombreux cheminements

allant de la forêt jusqu’au lac traduisent le besoin d’une relation transversale. A

neuchâtel, il s’agit généralement de routes piétonnes, assez raides, arpentés par les

citadins pour parcourir transversalement la ville. Ces chemins offrent généralement

une vue soit sur la forêt, soit sur le lac permettant aux arpenteurs de se position-

ner dans la ville. De nos jours, plusieurs chemins transversaux sont praticables, ils

se répartissent du centre historique jusqu’à l’extrémité de notre site d’étude. Mais

une disparité existe tant sur la quantité que sur la qualité des parcours possibles.

En effet, bien que notre site dispose d’une bonne situation par rapport au lac et la

la gare des chemins de fer, il ne propose qu’une seule liaison relativement pauvre

au public, bloquant ainsi l’accès au lac. Ce constat peut s’expliquer par le dénivelé

provoqué par les remblais consécutifs et qui ont sans doute été mal absorbés par

le site. La nature actuelle des bâtiments et leurs usages y sont également pour

quelque chose. Par conséquent, il sera nécessaire de donner une réelle porosité à

ce site, afin qu’il puisse retrouver un peu de sa mémoire lacustre et participer aux

porosités transversales de la ville.

Porosités transversales vers le lac

ANALYSE URBAINE

Page 52: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

102 | | 103

Dans la ville de Neuchâtel, la nature urbaine se retrouve à différentes échelles, sous

la forme de micros-jardins, d’arbres d’alignements ou isolés, de milieux de substitu-

tion, d’espaces verts publics ou de jardins potagers.

Micros-jardins:

A l’échelle des micros-jardins, les conditions naturelles exercent une action sélec-

tive sur la flore et contribuent à une bonne biodiversité. Elles se manifestent no-

tamment par la floraison de « certaines mousses spécialisées (...) qui vont pouvoir

s’implanter et développer des coussinets qui seront particulièrement efficaces pour

piéger l’eau de pluie ainsi que les poussières diverses »42. Mais elles peuvent éga-

lement se retrouver dans les fissures ou les éventuels reliefs d’une paroi rocheuse.

D’un point de vue relatif à la biodiversité et à l’infiltration des eaux de pluie, cet

élément reflète l’importance du choix d’un matériau ainsi que sa mise en place lors

d’une construction.

Arbres d’alignements ou isolés:

« Dans le cadre de l’élaboration d’un plan d’aménagement de la ville, un inventaire

des arbres a été entrepris (...) Les arbres ont été répertoriés principalement pour

leur silhouette marquante dans le paysage, mais leur rareté botanique et leur situa-

tion isolée dans un quartier peu arborisé ont aussi été prises en comptes »43. En

dehors des aspects se référant à la biodiversité, les arbres en ville permettent de

définir également des axialités principales et structurent l’espace public. On les

retrouve notamment sous la forme de promenade le long des anciens quais de Léo-

pold-Robert datant de 1951, mais également sur la route qui mène à la gare depuis

le centre-ville. D’autres, plus isolés, deviennent de véritables repères spatiaux, en

témoigne le cèdre séculaire de l’Avenue du Premier-Mars. En outre, ils agissent sur

les façades des bâtiments comme filtre végétal. Ils permettent ainsi d’ombrager

les bâtiments exposés au rayonnement solaire et participent à un certain degré de

confort visuel.

42 BUTTLER A., AYER J., BERNARD C., MONNIER M.-F., BONGARD M., « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Neuchâtel, 1996, p. 42

43 BUTTLER A., AYER J., BERNARD C., MONNIER M.-F., BONGARD M., « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Neuchâtel, 1996, p. 42

Natures urbaines neuchâteloises

Floraison discrète entre les pavés de l’esplanade de la Collégiale

Corbeilles-d’or à la rue de l’Evole

ANALYSE URBAINE

Page 53: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

104 | | 105

Milieux de substitution:

Malgré les différents impacts négatifs sur le paysage, la construction de l’autoroute

de Neuchâtel a également participé de sa manière à la nature urbaine. L’aménage-

ment de ces nouveaux espaces autoroutiers, inaccessibles au public, a permis la

plantaison d’une flore typique de la région. De la sorte, sans aucun entretien néces-

saire, ces nouveaux espaces verts sont économiques, participant à une perception

naturelle.

Cette dernière forme de nature urbaine renvoie directement à notre thème du jar-

din potager que l’on souhaite participer à l’espace privé du logement et à l’espace

public de la ville. Par leurs échelles, les espaces verts publics et les jardins pota-

gers permettent différents usages à ses habitants, ce qui les distinguent des autres

formes de nature urbaine. Ainsi, ils méritent un intérêt et une analyse plus approfon-

die à travers différents éléments de représentations graphiques.

Par une approche territoriale en plan et coupe, cette partie met en relation les es-

paces verts publics de la commune de Neuchâtel et les jardins potagers de ses

habitants. Ici, il s’agit de les identifier et répertorier pour les situer dans l’espace

urbain, afin de visualiser par la suite le site d’intervention. Cet inventaire se réfère à

la base de données du Service d’Infrastructure et Energies de la ville de Neuchâtel44

pour ce qui est des espaces verts publics, ainsi qu’à un travail d’expérimentation

personnelle concernant les jardins potagers (il est donc non-exhaustif). Les chiffres

paires correspondent aux jardins potagers urbains en jaune, tandis que les chiffres

impaires renvoient aux espaces verts publics en vert ou en gris. La forêt, certains

alignements d’arbres ou d’autres sujets isolés, complètent ce travail de représenta-

tion graphique. Dans un second temps, l’analyse de ces représentations a été faite

selon les points de vue suivants : situation, échelle, usage, relation au bâti.

44 sitn.ne.ch, http://www.2000.neu.ch/index0.php?id=770

Espaces verts publics et jardins potagers

Allées d’arbres qui structurent l’espace du quai Léopold-Robert

Forêt de l’échangeur autoroutier de Champ-Coco, reconstituée avec des essences indigènes

ANALYSE URBAINE

Page 54: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Espaces verts publics et Jardins potagers

0 10050 mètres

ANALYSE URBAINE

Page 55: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35

2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44

37 39 41 43 45 47 49 51

46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 Jardins Potagers

Espaces verts publics

0 10050 mètres

A

A

ANALYSE URBAINE

Page 56: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

110 | | 111

29 36 52

46

34

32

26

48

30

22

16

44

42

3

2

60

58

38

24

14

12

8

6

38

28

18

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64

62

54

39

50

47

45

40

20

15

9

7

452.8

469.2

479.3482.7

511.4

56

4

1

27 31 49

41

37

35

19

11

25

5

23

17

51

43

33

21

13

0 5025 mètres

429.3431.4432.5433.5439.1

Coupe A territoriale

site d’étude

ANALYSE URBAINE

Page 57: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

112 | | 113

1. Parc de l’Evole, Promenade des zig-zags

2. Jardin potager, Rue des Parcs

3. Place de jeux, Collège des Parcs

4. Jardin potager, Rue de Jehanne-de-Hochberg

5. Place de jeux, Baie de l’Evole

6. Jardin potager, Rue de l’Ecluse

7. Jardin du Prince

8. Jardin potager, Rue des Parcs

9. Place du château

10. Jardin potager, Rue de l’Ecluse / Escalier de la rue de l’Industrie

11. Place du marché / Coq-d’Inde

12. Jardin potager, rue des Parcs / Escalier de la rue de l’Industrie

13. Esplanade du Mont-Blanc

14. Jardin potager, Rue des Parcs / Escalier de la rue de l’Industrie

15. Centre de loisirs, place de jeux / sport

16. Jardin potager, Rue de Comba-Borel

17. Place Pury

18. Jardin potager, Rue de l’Ecluse / au nord de l’Hôtel de l’Ecluse

19. Place du Temple-Bas / Place Coquillon

20. Jardin Potager, rempart du Château de Neuchâtel

21. Place du Collège latin

22. Jardin potager, Chemin de la Boine

23. Place Numa-Droz

24. Jardin potager, Chaussée de la Boine

25. Place du Port

26. Jardin potager, Rue de la Côte

27. Jardin du Palais du Peyrou

28. Jardin potager, Escaliers des Bercles

29. Jardin Botanique de l’Université de Neuchâtel

Jardin potager, Escaliers des Bercles (28)

Jardin potager, Chaussée de la Boine (24); Jardin potager, Rue des Parcs / Escaliers de la Rue de l’Industrie (12,14)

ANALYSE URBAINE

Page 58: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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Jardin potager, Rue de l’Ecluse / Escaliers de la Rue de l’Industrie (10)

Jardin potager du Vieux-Châtel, Rue Edmond-de-Reynier (50)

30. Jardin potager, Rue de la Côte

31. Jardin Anglais

32. Jardin potager, Rue de la Côte

34. Jardin potager, Rue de la Côte

33. Esplanade Leopold-Robert

35. Place de jeux, Rue des Beaux-Arts

36. Jardin potager, Chemin du Pertuis-du-Sault

37. Place de jeux, Rue des Beaux-Arts

38. Jardin potager, Rue Louis-Favre

39. Place Gérard-Bauer

40. Jardin potager, Rue de la Serre

41. Place de l’Université

42. Jardin potager, Faubourg de la Gare

43. Parc des Jeunes-Rives

44. Jardin potager, Faubourg de la Gare

45. Jardin de l’Hôpital de Pourtalès

46. Jardin potager, Rue de Fontaine-André

47. Place de jeux, Rue de la Maladière

48. Jardin potager, Rue des Fahys

49. Place de la Maladière Est

50. Jardin potager du Vieux-Châtel, Rue Edmond-de-Reynier

51. Place de sport, Quai Robert-Comtesse

52. Jardin potager, Rue des Fahys

54. Jardin potager, Avenue de Bellevaux

56. Jardin potager, Rue de la Maladière

58. Jardin potager, Chemin de Belle-roche

60. Jardin potager, Chemin de Bel-Air

62. Jardin potager, Rue Jacquet-Droz

64. Jardin potager, Chemin de Bel-Air

ANALYSE URBAINE

Page 59: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

116 | | 117

Situation:

La plupart des espaces verts publics se situent en aval de chemins de fer, hormis le

Jardin Botanique de l’Université de Neuchâtel (29). Plus précisément, ils se trouvent

près des bords du lac (5, 13, 21, 23, 25, 33, 45, 51) avec notamment une concentra-

tion près du centre-ville ainsi qu’à l’est, à proximité du Parc des Jeunes-Rives (43).

Par leur situation urbaine, ils sont donc généralement proches des centres d’activi-

tés, des commerces et des zones de loisirs.

Echelle:

Par leur taille, ils sont conçus à l’échelle de tout un quartier, voire même de la ville

(31, 43) et entretiennent souvent un rapport visuel avec le lac.

Usage:

Les espaces verts se présentent sous la forme de parcs, de jardins ou de places

minérales à caractère végétal. La valeur de ces derniers invite majoritairement à la

détente dans le secteur du centre-ville. Les autres espaces verts existants sont soit

utilisés à plus courte durée, soit plutôt utilisés comme lieux de passage. Certains

proposent tout de même quelques usages actifs ou manifestations occasionnelles,

on peut citer par exemple la Place du Marché / Coq d’Inde (11) qui accueille le mar-

ché quelques jours par semaine, le centre de loisirs doté de barbecues (15), le Parc

des Jeunes-Rives avec quelques restaurants, terrains sportifs et l’usage ponctuel

pour Festi’Neuch ou les forains. Ils comportent des équipements de parcours, ainsi

que des places de jeux, des bancs publics, des tables de pique-nique. Mais l’offre

d’équipements en terme d’usage social est pauvre et peu définie.

Relation au bâti:

La relation aux bâtiments est mineure, elle ne génère pas de fortes interactions

avec l’environnement construit que ce soit au niveau de typologie de quartier ou de

logement. En effet, ils agissent plutôt comme des espaces de respiration dans la

ville, permettant ainsi une densité urbaine. Toutefois, il existe quelques exceptions

comprenant des bâtiments scolaires et une église, ces dernières sont placées dans

un contexte de parcs ou de jardins, notamment sur la Place de l’Université (41) et le

Jardin de l’Église Rouge.

Espaces verts publics

Situation:

Les jardins potagers se situent en amont des chemins de fer, avec notamment

une forte concentration autour des voies ferrées, profitant des espaces résiduels

générés par celles-ci, mise à part quelques exceptions (4, 20, 28, 50). De la sorte, ils

sont proches de la forêt et s’égrainent dans des quartiers de maisons. A cause de

leur situation, ils n’ont qu’une faible relation avec le centre-ville et les autres zones

d’activités.

Échelle:

Leurs proportions sont limitées à l’échelle d’une maison, ainsi ils n’entretiennent

qu’une relation visuelle avec le voisinage ou les passants. On remarque tout de

même deux cas contraires, le jardin potager de l’Escaliers des Bercles (28) et celui

du Vieux-Châtel (50). Ces deux derniers occupent un espace à l’échelle d’un quartier.

Usage:

Par leur taille, ils permettent aux usagers de se les approprier. On remarque qu’en

dehors de l’activité potagère, le jardin potager sert de terrasse, de cabanons de

jardin, de cuisine d’été, de lieu d’activités physiques, d’espace de rencontre pour

les jardiniers/usagers du quartier. Dans le cas du jardin potager de l’Escaliers des

Bercles, et celui du Vieux-Châtel, il s’agit de jardins communautaires45 gérés par des

associations.

Relation au bâti:

Les jardins potagers se retrouvent fréquemment aux pieds des maisons et im-

meubles éloignés du centre-ville et donc des espaces verts publics. Ils proposent

des usages variés dans un environnement extérieur qui manque parfois de défini-

tion. Par cette proximité, ils sont utilisés comme une pièce à vivre en plein air, per-

mettant l’activité du jardinage. Lorsqu’il n’est pas dans la continuité d’une maison

(28, 50), le jardin potager sert comme maison de quartier à l’échelle d’une popula-

tion plus grande, à l’image d’une maison de campagne offrant de riches interac-

tions avec l’environnement extérieur.

45 « Ensemble de lopins individuels qu’un groupe de jardiniers gère collectivement, chacun s’acquittant d’un modeste loyer» . Définition tiré « La

Revue Durable », N°43, l’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes, 2011, p. 56

Jardins potagers

ANALYSE URBAINE

Page 60: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

118 | | 119

Synthèse et relation à la ville

Terrain abrupte

substitut de la maison

observatoire

lieu de détente

alimentaire

Friche ferroviaire

lieu privé

caché

alimentaire

Exception

extension de la maison

aire de jeux

lieu de sociabilisation

alimentaire

L’histoire du développement urbain neuchâtelois a provoqué la disparition du Jardin

Desor vers 1950 qui se trouvait sur le site de la Maladière. Aujourd’hui, nous ten-

tons de reconstruire la ville par le thème du jardin, faisant ainsi un clin d’oeil à cette

mémoire. Bien qu’il semble éloigné du centre-ville, le site se trouve dans l’axe trans-

versal de la gare, pouvant ainsi profiter des activités de cette dernière. Par ailleurs,

l’Avenue du Premier-Mars qui sert d’entrée vers le centre-ville, contribue également

à renforcer le statut urbain du quartier qui est très fréquenté.

De par les remblais successifs sur l’eau, plusieurs terrassements ont eu lieu à Neu-

châtel, engendrant parfois des dénivelées entre plusieurs routes parallèles. Alors

qu’ils ont été assez bien absorbés vers le centre, notamment vers le quartier du

Jardin Anglais (31), le quartier est une blessure dans une tentative de relier le lac

depuis la forêt. En effet, il ne propose pas de cheminements aisés pour le public,

ce qui pourrait contribuer à renforcer l’axe transversal forêt-gare-lac, et attirer des

personnes autres que ceux qui se rendent vers le centre-ville. En recherchant des

porosités, le quartier de la Maladière offrirait des qualités d’espace public, tout en

retrouvant aussi d’une certaine manière sa relation historique avec le bord de l’eau.

L’analyse des espaces verts publics et des jardins potagers, nous apprend les consé-

quences d’une différence d’échelle de « nature urbain », celles-ci se remarquent

surtout à travers les usages possibles et les relations entretenues avec l’environ-

nement bâti. Dans son livre « L’architecture de la ville »46, l’architecte Aldo Rossi

nous expliquait l’urbanisme d’une ville comme un environnement devant être perçu

comme quelque chose de construit au fil des années, dans laquelle l’architecture

en tant que monument donnait une structure urbaine. D’un point de vue « nature

urbaine », si l’on suppose que les espaces verts publics sont nos monuments, par

leur capacité à devenir espaces de respiration et repères visuels, le statut des jar-

dins potagers peut sembler à priori bénin. Or, les jardins potagers participent égale-

ment à une compréhension globale de la ville et de sa nature à sa manière. Du fait

de leur taille et des usages offerts, ils apportent une qualité de vie en milieu urbain

et la rende cohérente à différentes échelles.

46 ROSSI A., « L’Architecture de la ville », éd. Infolio, 2001

ANALYSE URBAINE

Page 61: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

120 | | 121

En ce qui concerne le quartier de la Maladière, il se place dans une zone intermé-

diaire entre les espaces verts publics et les jardins potagers. Par conséquent, il a la

possibilité de jouer un rôle de catalyseur et de mettre en scène les pratiques du jar-

din. De plus, le quartier est dans la prolongation du Jardin-Anglais (31), d’ailleurs il

occupe à peu près une même superficie. La proximité de plusieurs espaces publics

tels que le Jardin Anglais (31), le Parc des Jeunes-Rives (43) et la Place de l’Uni-

versité (41), comme respiration urbaine (lieu de détente, contemplation, passage),

offre la possibilité au quartier de se densifier davantage.

Toutefois, le quartier va également devoir se distinguer de ces derniers, en faisant

valoir les différents atouts et usages du jardin potager à hautes valeurs environ-

nementales, socioculturelles et économiques. Ainsi, l’activité potagère mise en

place pourrait contribuer à la création de nouveaux programmes urbains publics,

tout en favorisant une qualité de vie pour le quartier (nouvelles formes urbaines,

nouvelles typologies de logements, hybridations logements-jardins). Sous la forme

de cafés, crèches, restaurants, maisons de quartier, lieux d’insertion, espace s com-

munautaire ou lieux de culture, différentes hybridations seraient possibles avec

la valeur spatiale du jardin potager, tant sur la forme que sur l’usage. Elles per-

mettraient de donner une dynamique de vie au quartier ainsi qu’à l’espace urbain,

profitant de sa proximité avec différents centres d’attractions, le quartier de la Mala-

dière offrirait une palette d’usages variés dans l’espace du jardin potager, il pro-

poserait ainsi une offre d’activités que l’on ne retrouve actuellement pas dans les

espaces verts publics, pour faire de ce lieu un morceau de ville. Cependant, il reste

à décider du type de logements à concevoir par une analyse du quartier.

ANALYSE URBAINE

Page 62: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

ANALYSE DU SITE RETENU

quartier de la Maladière

Page 63: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

124 | | 125

Index du quartier

0 5025 mètres

Quartier de la Maladière

Altitude: 434.7 m

(min. :433.5 m)

(max. : 438.5 m)

Superficie: 21 135 m2

ANALYSE DU SITE

Page 64: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

126 | | 127

Le quartier de la Maladière et son histoire

Dans l’analyse urbaine, on retient que la ville de Neuchâtel s’est développée dans

un premier temps de manière concentrique autour de son centre historique. Puis,

elle a été restreinte par deux barrières naturelles, c’est-à-dire la montagne de

Chaumont et le lac de Neuchâtel. C’est pourquoi elle s’est étendue par la suite

paralèllement au lac, à l’est et à l’ouest, prenant une forme urbaine allongée. Étant

donné que la topographie du secteur ouest était plus tumultueuse, Neuchâtel s’est

majoritairement étiré à l’est, lui conférant une croissance asymétrique. En plus du

centre-ville et de la gare, ce secteur est donc aussi devenu un pôle d’activités par

son développement.

A l’origine, le quartier se trouvait à l’extérieur de la ville, où se logeaient quelques

bâtiments près des coteaux de vignes formées sur la colline du Crêt, la présence

de maisons n’y était que ponctuelle. Le quartier était surtout remarquable car on

y trouvait l’Hôpital Pourtalès47 (1808), la Chapelle de la Maladière (1827), ainsi que

la Promenade du Crêt et le Jardin Desor. Mais au fil des années, en conquérant

de plus en plus de terrains sur l’eau, la ville a permis à ce site de devenir le terrain

d’accueil de plusieurs équipements nécessaires au développement urbain. En effet,

bien avant la création du port de la Maladière et celui du Nid-du-Crô, le quartier s’est

vu doter d’un port marchand qui servait d’interface aux industries avoisinantes. En

effet, notre quartier d’étude était composé d’une ancienne usine de gaz et de tuile-

rie, en plus de divers entrepôts. Tout en ayant un statut industriel, le quartier était

déjà relativement éclectique où se côtoyaient industries, lieux de culte et jardins.

En 1906, dotée d’une population catholique en hausse, on décidait de construire

l’Église Catholique de Notre-Dame48, considérant que la Chapelle de la Maladière

était devenu trop exiguë pour ses fidèles. D’inspiration néo-gothique, elle se carac-

térisait à l’époque par son béton teinté rouge, qui lui a valu plus tard le nom « Église

Rouge» donné par les Neuchatelois, l’église est encore aujourd’hui remarquable

comme signal d’entrée la ville. En ce qui concerne la Chapelle de la Maladière, elle

était devenue la propriété de l’Hôpital Pourtalès dont elle était la voisine.

47 Construit grâce à la donation de Jacques-Louis de Pourtalès en 1808

48 Oeuvre de l’architecte neuchatelois Guillaume Ritter (1835-1912)

Le quartier de la Maladière à l’époque

La Rue de la Pierre-à-mazel est une voie sans issue, le site est occupé par une usine à gaz

Les anciennes tuileries

ANALYSE DU SITE

Page 65: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

128 | | 129

Parallèlement à cela, on avait construit l’Académie49 (1828) et l’École de Commerce.

Cette série de constructions consacrées à l’enseignement enrichissait le quartier

d’un nouveau statut, venant s’ajouter aux autres. Cette phase de développement

scolaire s’est d’ailleurs traduite par la perte de l’ancienne Promenade du Crêt et du

Jardin Desor, notamment à cause de l’édification du gymnase en 1950. Quelques

années plus tard, on profitait également de construire une série de logements sur

ce terrain vague au sud et à l’est de l’« Église rouge ». C’est à cette époque-là que

le quartier proposait ses premiers ensembles d’habitations.

En 1968, on construisait la première version du stade de la Maladière, il ne pro-

posait à l’époque qu’un terrain de football muni de gradins. Quelques dizaines

d’années plus tard, en 2007, un nouveau projet de stade remplaçait l’ancien qu’on

avait décidé de démolir, jugé insuffisant. Le nouveau stade se compose d’un grand

volume posé dans le quartier, il accueille à la fois un parking, un centre commercial

et un terrain de football en hauteur. Alors que le quartier était suffisamment hétéro-

gène, la construction de ce dernier fragilisait une nouvelle fois l’identité de ce lieu,

engendrant de nouveaux flux et de nouvelles fonctions sans réels dialogues avec le

contexte de proximité. Quelques années auparavant, en 2004, l’agrandissement de

l’Hôpital Pourtalès et l’achèvement de la tour de l’Office Fédérale de la Statistique50

dans le quartier de la gare, renforçaient l’attractivité du secteur est de la ville de

Neuchâtel.

En résumé, le quartier de la Maladière a subit un développement successif impor-

tant, provoquant parfois une mutation importante en terme de fonction dans le

quartier. Ainsi, le quartier tel qu’on le voit aujourd’hui se remarque par son éclec-

tisme qui ne bénéficie pas d’une planification minutieuse. Il se compose de bâti-

ments hétérogènes et n’entretien pas de bonnes relations communes. Malgré ce

développement urbain hétéroclite, les façades du corps principal de l’Hopitâl Pour-

talès, la Chapelle de la Maladière, et l’Église Catholique Notre-Dame sont présents

pour préserver la mémoire du passé.

49 L’actuel faculté de Droit

50 Oeuvre du bureau d’architecture « Bauart » (1994-2004)

La construction de l’église Notre-Dame dans la continuité du quartier des Beaux-Arts

A gauche, la colline du crêt ou se trouve l’actuel Lycée Denis-De-Rougement

Le corps principal de l’hôpital Pourtalès, la volumétrie et les façades extérieures ont été conservées

ANALYSE DU SITE

Page 66: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

130 | | 131

Autrefois à l’extérieur de la ville, le quartier de la Maladière s’est vu rattrapé par un

développement urbain croissant depuis plusieurs dizaines d’années. C’est pourquoi

il est composé de divers tissus urbains.

Au nord, mise à part quelques objets ponctuels, notamment le quartier de la gare

structuré par le projet Ecoparc51 et l’hôpital Pourtalès, le tissu est de type pavillon-

naire dont la hauteur d’étages varie entre deux et trois étages.

Sur le secteur est, allant de l’extrémité est de la Rue de la Pierre-à-Mazel jusqu’à la

Route des Falaises, le quartier comporte des bâtiments plus denses de cinq à six

étages occupant une surface au sol plus grande.

Au sud et à proximité du site, le tissu urbain est très varié où l’on peut énumérer

plusieurs sous-catégories. Au sud-ouest, les îlots du quartier des Beaux-Arts for-

ment une entité bâtie de trois à cinq étage. Plus au sud de ces derniers, on trouve

un ensemble de barres s’élevant de trois à quatre étages qui bordent le quai Léo-

pold-Robert. Ainsi, ces deux derniers ensembles sous la forme d’îlots et de barres

structurent la rue, définissant des espaces côtés cours et côtés rue. Plus à l’ouest,

plusieurs gros bâtiments de trois à cinq étages occupent une surface imposante au

sol, on peut citer entre autres le stade-centre-commercial et la Patinoire du Littoral

qui apparaissent hétéroclites dans le quartier.

Concernant notre périmètre d’étude à proprement parlé, les coefficients d’occupa-

tion du sol (COS) et d’utilisation (CUS) calculés pour notre aire d’analyse sont alors de

0.46, respectivement 1.47. Toutefois, ces résultats sont à nuancer étant donné qu’on

peut distinguer deux tissus urbains différents sur le site. En effet, la partie ouest

est relativement dense et recherche une continuité urbaine avec le tissu peuplé du

Faubourg du Lac. De plus, elle est occupée par deux tours, respectivement de huit

et douze étages. Quant à la partie est, le tissu urbain est peu dense et très diffus, il

accueille notamment des objets imposants en surface d’occupation du sol mais très

peu élevés (essentiellement des bâtiments constitués d’un unique rez-de-chaussée

voire ou d’un étage. Seule exception, le bâtiment Arc-Info (sur trois étages).

51 Plusieurs constructions étalés sur le temps (1994-2012), réalisées par le bureau d’architecture « Bauart »

R R+1 R+2 R+3 R+4 R+5 R+6 R+7 R+8 R+10 R+12 R+15

0 10050 mètres

ANALYSE DU SITE

Densité du bâti

Page 67: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

132 | | 133

La rue commerçante de la Rue de la Pierre-à-Mazel constitue le principal secteur

d’activité de notre périmètre, où l’on trouve par ailleurs le centre commercial de la

Maladière et quelques petits commerces avoisinants. Hormis la rue de la Pierre-à-

Mazel, le site peut compter également sur le quartier de la gare comme zone com-

merciale qui dispose de nombreux petits magasins. Ainsi, dans le cas où le projet

comportait des surfaces commerciales, il faudrait prendre en compte ces éléments

et prévoir un type de commerce particulier ne se trouvant pas dans l’offre actuelle

voisine.

En terme d’équipements, le quartier se distingue par deux catégories fortement

présentes. Pour la première, il s’agit d’équipements destinés à la formation comp-

tabilisant des écoles, des bâtiments universitaires, un lycée dans le quartier, attirant

par la même occasion un flux important d’étudiants. Ainsi, l’une des hypothèses

serait de réaliser des logements étudiants dans notre périmètre qui bénéficie d’une

proximité à la fois avec les écoles, les commerces, la gare et les rives du lac.

Le deuxième type d’équipements récurrents est celui lié à la santé. A proximité,

on trouve notamment l’Hôpital Pourtalès, le Foyer Handicap, l’Institut d’Anatomie-

pathologie, pour ne citer que ceux-ci. Sans vouloir faire d’amalgame rapide, les

seniors nécessitent souvent un traitement ou un suivi médical continu. C’est pour-

quoi il leur serait adéquat d’être à proximité de ces équipements. Par ailleurs, ils

profiteraient des mêmes avantages que les étudiants qui sont liés à la proximité

des commerces, de la gare et du lac. Par conséquent, cette mixité démographique,

du plus jeune au plus âgé, serait à voir comme une richesse sociale qui favoriserait

les interactions possibles entre ces deux groupes de la population neuchâteloise.

0 10050 mètres

Com-merce

Restau-ration

Loisir CulteEcole Santé

ANALYSE DU SITE

Equipements à proximité

Page 68: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

HYPOTHÈSES DE DEVELOPPEMENT DE PROJET

vers un habitat qui concilie jardin potager et densité urbaine

Page 69: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

136 | | 137

Contexte de logements

Dans un contexte de développement, on remarque une urbanisation neuchâteloise

qui se généralise. Entre forêt et lac, l’extension urbaine se poursuit aux extrémités

du territoire pour y conquérir de nouveaux espaces, dont certaines surfaces agri-

coles en périphérie. Au lieu d’interroger la capacité de la ville à se construire vers

l’intérieur, en apportant notamment une qualité de vie par la nature urbaine, cette

pression immobilière provoque une urbanisation diffuse aux qualités éphémères.

Au final, ce processus génère plusieurs raisons de répulsion du milieu urbain et

l’attraction des zones périurbaines, notamment avec l’essor de la villa périurbaine.

Dès lors, on voit de plus en plus de maisons individuelles se construire dans les

communes avoisinantes de la ville de Neuchâtel, telles qu’à Peseux, Corcelles-

Cormondrèche, Marin, Saint-Blaise, dont les infrastructures ne sont parfois pas à

même d’accueillir de nouveaux habitants. Dans le cadre de cet énoncé, il s’agit de

proposer un regard afin de concilier densité urbaine et qualité de vie par le thème

du jardin potager. Les analyses précédentes ont permis de disntiguer ces quali-

tés susceptibles de contribuer à de nouvelles typologies de logement ainsi que de

requalifier l’environnement public neuchâtelois. De ce fait, l’hypothèse serait de

freiner la fuite des familles de l’espace urbain, en quête de logement correspondant

plus à leurs attentes. Un bilan sur la question du logement à Neuchâtel souligne les

lacunes du type de logements recherchés par les ménages.

Dans le canton de Neuchâtel, au cours du XXe, le nombre de ménages a fortement

augmenté, stimulant parallèlement une hausse de la quantité de logements. Ce

phénomène peut s’expliquer par deux raisons, la croissance de la population ( multi-

pliée par 2,2) ainsi que la réduction de la taille des ménages (de 4.2 à 2.2 personnes

par ménage, soit 1.9 fois moins)52. Toutefois, depuis 2010, le taux de vacance des

logements est quand même relativement faible (1.3%)53, notamment lorsqu’on le

compare au taux de l’année 2000 (1.84%). De plus, « le taux de vacance des loge-

ments diminue en fait avec le nombre de pièces, passant en 2010, de 2.9% pour

les logements d’une pièce, à 1.7% pour les deux pièces, 1.5% pour les trois pièces,

1.1% pour les quatre pièces, 0.75% pour les cinq pièces et 0.4% pour les six pièces

52 MOREAU A., « Perspective de ménages, 2010-2040 : population active et demande de logements, canton de Neuchâtel», Satistique Vaud, 2011

53 Selon l’Office Fédéral de la statistique, Neuchâtel, 2010

ou plus»54. Par ailleurs, les types de logements quatre et cinq pièces sont ceux qui

ont subi la plus forte hausse du loyer. Désormais, ils semblent être une priorité pour

le canton de Neuchâtel.

Ces taux de vacance relatifs à la taille du logement révèlent les types exactes de

logements les plus recherchés sur le littoral. Ainsi, la demande de logements cor-

respond dans un ordre croissant de priorité à des quatre pièces, trois pièces, cinq

pièces et des deux pièces. Actuellement, les petits logements se retrouvent majo-

ritairement en ville, alors que les grands logements s’étalent dans le reste du can-

ton. Malgré la taille décroissante des ménages, les familles restent les premières

victimes de ces phénomènes. C’est pourquoi des logements adaptés en taille, aux

loyers plus modérés, seraient idéaux pour l’épanouissement des ménages fami-

liaux en ville, leurs permettant de s’y installer (ou d’y rester).

54 MOREAU A., « Perspective de ménages, 2010-2040 : population active et demande de logements, canton de Neuchâtel», Satistique Vaud, 2011, p.25

HYPOTHESES

Page 70: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

138 | | 139

Démarche

Appuyés par les recherches théoriques et les analyses à différentes échelles, il est

désormais possible d’envisager une stratégie de développement cohérente en rap-

port au thème et au site. Tout en considérant les enjeux du jardin potager, le rapport

au contexte urbain de Neuchâtel et au quartier de la Maladière, cette partie propose

un scénario qui met en valeur l’activité du jardin potager par rapport à la ville et ses

habitants, par le biais de la création d’un nouveau genre de quartier de logements.

Il ne s’agit pas ici d’imaginer un projet architectural fini, mais de prendre en compte

ces différents paramètres afin de concevoir une approche sensible aux divers inté-

rêts privés et publiques à retrouver. En vue d’améliorer l’actuel site du quartier de la

Maladière, cette intervention a comme objectifs une mixité sociale et fonctionnelle,

et une densité, en puisant dans notre thématique de recherche.

En tirant profit du jardin potager, comme seuil entre l’espace urbain et le logement,

la question du type de la démarche du projet semble essentielle, afin que la ville

soit partie intégrante du projet tout autant que ses résidents. En vue de sensibiliser

la plus large population au devenir du territoire, une approche participative semble

cohérente. A travers la centralité du jardin potager, une telle stratégie permettrait

par plusieurs étapes (information-connaissance, sensibilisation-conscientisation,

identification, organisation-programmation, formation thématique, suivi-évolution,

auto-évaluation) à ces différents espaces projetés, vécus ou officiels, d’aboutir à

une appartenance par les différents programmes qu’ils offriraient. Ainsi, sous l’im-

pulsion de cette démarche, le scénario tente de réagir à la complexité du site et au

thème à travers différents programmes répartis en trois groupes: l’espace privé du

logement, le jardin potager comme seuil et l’espace public de la ville. Toute la ri-

chesse de cette démarche vise à créer le plus grand nombre de relations possibles

avec le jardin, afin qu’il contribue à la qualité de vie d’un quartier relativement dense.

De cette manière, ces trois parties à priori distinctes en formeront plus qu’une, celle

de l’identité d’un quartier construit dans une atmosphère de jardin. Dans un premier

temps, un travail d’énumération des différents espaces à concevoir a été rédigé.

Dans un second temps, un diagramme programmatique relatant les différentes

interactions à concevoir entre ces derniers a été imaginé, du privé jusqu’au public.

Enfin, une esquisse en coupe permet d’avoir une première approche d’implantation.

HYPOTHESES

Page 71: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

140 | | 141

Quartier de la Maladière

Altitude: 434.7 m

(min. :433.5 m)

(max. : 438.5 m)

Superficie: 21 135 m2

C

C

B

B

HYPOTHESES

Page 72: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

142 | | 143

432.8433.5

439.0440.0

438.6

433.5435.0

0 2010 mètres

431.4431.5432.4

435.8433.7

439.0

Coupe B

Coupe C

HYPOTHESES

Page 73: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

144 | | 145

Scénario d’intervention

Alors qu’il était auparavant à l’extérieur de la ville en tant que site industriel, le quar-

tier de la Maladière s’est vu rattrapé par le développement urbain de la ville de

Neuchâtel et mérite un regard sur le potentiel constructible de son périmètre. Son

coefficient d’utilisation du sol (CUS) est actuellement de 1.47 et ne comporte que

peu de logements. A l’heure d’une densification imposée par la ville55, ainsi que

par le souhait de ce travail conciliant densité urbaine et qualité de vie, un coeffi-

cient d’utilisation du sol de 2 serait une des premières hypothèses à considérer.

La surface du périmètre d’étude de 21’135m2 permettrait d’accueillir environ 400

logements, soit environ 800 personnes. Alors qu’il est densément bâti à ses abords

directs, le site se caractérise par la faible cohésion des bâtiments aux programmes

singuliers que l’on peut regroupés en deux groupes.

A l’est, on trouve le « Garage Senn » et les locaux de travail d’«Arc-info», ces deux

ensembles de bâtiment à vocation utilitaire ne participent pas qualitativement à la

construction de la ville. D’ailleurs, on y remarque une très grande partie de surface

dédiée à des parkings, notamment par le biais de plates-formes à différents niveaux

qui accueillent des voitures. Tout en étant une rupture dans la continuité du sol

urbain, le caractère privé de ces bâtiments empêche les usagers du quartier de les

traverser. Leur présence est donc douteuse dans la poursuite d’une démarche de

projet.

A l’ouest, le caractère du bâti est plus nuancé, on y trouve du programme privé et

public, notamment une tour d’habitation située dans l’axe de l’Avenue du Premier-

Mars (« tour Firestone »), des barres de logements, une deuxième tour plus haute

que la première, ainsi que de multiples locaux professionnels et des espaces consa-

crés à l’enseignement universitaire. D’une certaine manière, la complexité du lieu,

qui s’est vu superposé plusieurs programmes, couche après couche, allant jusqu’à

occuper l’espace de la quasi totalité de la cour intérieur, témoigne de l’insalubrité

du lieu, la faible interaction avec le milieu urbain environnant. Ce secteur mérite une

clarification de notre part, par la démolition et/ou le maintien de certains bâtiments.

55 Plan d’aménagement communal de Neuchâtel, coefficient d’utilisation du sol pour le quartier du Crêt

Dans une conception globale, le site offre tout de même des atouts et des intérêts

qu’il convient de mettre en avant. Il se trouve bien connecté aux infrastructures de

transports publics, avec une ligne de bus qui longe sa face nord et une autre sa face

sud. De plus, il a la caractéristique de se trouver à proximité de la gare, du lac et de

divers équipements urbains. Mais le quartier ne semble pas utiliser à bon escient

le contexte urbain pour se connecter à la ville. Un point important est la proximité

au stade de la Maladière. En effet, elle représente la façade perçue pour plus de

la moitié du site. Ce dernier peut donc être la cause de certaines nuisances qu’il

conviendra de traiter dans le projet. A l’inverse, une attention particulière est à don-

ner aux bâtiments et aux symboles historiques, tels que la Chapelle de la Maladière,

l’Église Notre-Dame, l’ancien Hôpital de Pourtalès ou encore le cèdre séculaire. De

ce fait, plusieurs types de logements et différents programmes sont adéquats avec

le contexte et le thème.

La démarche de projet vise à concevoir un quartier dans une approche totale,

contrairement à l’actuelle fragmentation apparente, la question du niveau du sol doit

être définitivement résolu une bonne fois pour toute et permettre une continuité en

longueur dans le quartier. De plus, la démarche doit faire l’étude des porosités trans-

versales, comme accès entre lac-gare-forêt, afin de tirer profit de ce parcours pour

stimuler la dynamique urbaine de la vie du quartier. A travers une démarche partici-

pative, le projet tient compte du contexte urbain, du thème, en mettant l’accent sur

les relations qualitatives à concevoir entre l’espace privé du logement et l’espace

public de la ville, notamment par le biais de la création de nouveaux programmes

architecturaux en lien direct avec le jardin potager. Ces derniers ne doivent pas être

conçus dans un seul but productif, mais imaginés comme valeur spatiale suscep-

tible d’enrichir la typologie des logements, de requalifier l’espace environnant et de-

venir des vecteurs sociaux du quartier, accueillant une multitude d’usages possibles.

Ce scénario propose des logements estudiantins, des logements seniors, des loge-

ments familiaux, ainsi que de nombreux programmes communs intégrant la ville

dans l’espace du jardin potager, de sorte qu’il devienne générateur d’activités pour

tout le quartier. Ces différentes parties du programme ne doivent pas être pensées

séparément, mais réfléchies dans une démarche de mixité et d’échanges.

HYPOTHESES

Page 74: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

146 | | 147

Logements estudiantins:

La proximité de nombreux équipements scolaires et universitaires offrirait un cadre

de vie idéal pour la vie estudiantine. Tout en étant à proximité de différents secteurs

d’activité, ces derniers participeraient fortement à l’identité collective du quartier.

Pour les étudiants, l’activité potagère permettrait de se nourrir convenablement

avec des légumes frais et bon marché, tout en s’appropriant les espaces extérieurs

du quartier. Ainsi, ils participeraient à l’entretien et à la vie du paysage urbain. La

typologie des logements estudiantins permet un degré d’innovation architectural

intéressant en lien avec le jardin potager, grâce notamment aux nombreux espaces

communautaires à projeter.

Ces logements pourraient prendre la forme d’appartements destinés à une seule

personne ou à la collocation. Ils comporteraient une série d’espaces communau-

taires, soit salle de travail, un salon et une cuisine partagés, couverts à bicyclette,

salle de sport en relation directe avec le jardin potager.

Logements seniors:

Pour les seniors les interactions sociales permettraient de rompre la solitude. Elles

pourraient se faire sous la forme d’activités de loisirs ou physiques qui leurs oc-

cuperaient la journée. C’est pourquoi l’activité du jardinage serait idéal pour eux

comme espace d’échange, qui leur permettraient de continuer une vie active. La

proximité des équipements liés à la santé, aux commerces, aux rives ou transports

publiques, leurs offriraient un cadre de vie facilité. Comme pour les logements estu-

diantins, cette typologie de logements permet également une grande hybridation

possible avec le jardin potager.

Ce type de logements serait à imaginer comme un petit appartement regroupant

toute les fonctions nécessaire à la vie du résident mais avec de nombreux espaces

communs, lieux d’activités et de détente. Une attention particulière serait exigée

pour les distributions verticales qui devraient être facile d’accès.

Logements familiaux:

Avec des logements essentiellement de quatre et trois pièces, c’est-à-dire relati-

vement grands, le projet développerait une recherche de typologie en lien avec le

thème du jardin potager. De la sorte, il serait une alternative à la villa périurbaine

dotée d’un jardin. Ils offriraient aux parents et aux enfants les espaces de vie néces-

saires à l’épanouissement de leur ménage. Ceci se retrouverait notamment dans

les logement par des prolongements extérieurs (ou semi-extérieurs) jusqu’au jardin,

des aires de jeux destinées aux enfants. Ce type de logements serait d’autant plus

important étant donné que les enfants animeraient le quartier et ses jardins.

En résumé, mis à part l’aspect qualitatif du logement, on trouverait une cuisine

d’été, des prolongements extérieurs ou semi-extérieurs, loggias.

Programmes communs:

Etant donné la taille du site, la population estimée, la volonté de faire entrer l’espace

urbain dans le quartier, plusieurs programmes communs seraient à développer en

se référant aux jardins potagers. Ces différents espaces occuperaient une place

de choix dans la démarche participative, étant donné ils proposeront une réelle

mixité sociale et d’usage du quartier. Par conséquent, la plupart de ces programmes

s’adresserait tout autant aux résidents du quartier qu’aux personnes extérieures.

Il faudrait imaginer une maison de quartier pour planifier l’organisation des jardins

partagés attribués aux résidents, des cabanes de jardins individuelles, un café et

un restaurant qui proposeraient une carte de mets constitués des aliments cultivés

dans le quartier, une crèche sous la forme d’un jardin éducatif pour enfant, une

épicerie tenue par un maraîcher professionnel profitant d’un espace de culture qui

lui serait cédé gracieusement (en contrepartie duquel, il formerait les résidents à la

pratique du jardinage par des ateliers publics une fois par semaine), un jardin d’in-

sertion social tenu par les personnes en difficulté professionnelle conjointement à

des bénévoles ou professionnels de la ville, un petit jardin botanique complémen-

taire de l’actuel et placé sous la tutelle de l’Université, un lieu de culture public qui

pourrait prendre la forme d’un théâtre de verdure en lien avec le potager.

HYPOTHESES

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148 | | 149

Diagramme programmatique

1. Logements étudiants

2. Logements familiaux

3. Logements seniors

4. Prolongements extérieurs

5. Séjours partagés

6. Couverts à bicyclette

7. Loggias

10. Buanderies

8. Salles de travail

9. Cuisines communes

11. Salle de fitness

12. Jardins partagés

13. Maraîchage professionnel

13. Maison de quartier

14. Cabanes de jardin

15. Aires de jeux

16. Crèche-jardin

17. Espaces de détente

18. Lieux d’activités

19. Théâtre de verdure

21. Restaurant-potager

22. Café-potager

23. Jardins d’insertion

24. Jardin botanique

24. Ateliers publics

Espace public de la villeJardin potagerEspace privé du logement

HYPOTHESES

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150 | | 151

432.8433.5

439.0440.0

435.0

431.4431.5432.4

435.8

0 2010 mètres

Coupe B

Coupe C

HYPOTHESES

Page 77: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

152 | | 153

« Un paysage ne peut être aimé sans qu’on s’en lasse s’il n’est riche de joyeux

travail humain, de demeures nombreuses, charmantes et soignées, s’il ne résonne

de voies animées par la vie. L’air ne paraît pas doux si le silence y règne, il n’est

doux que par un accompagnement de sons confus: trilles d’oiseaux, murmures,

cris d’insectes, voies graves d’hommes, voies aiguës et mutines de l’enfance.

Quand on aura appris l’art de la vie, on s’apercevra enfin que toutes les choses

charmantes sont aussi choses nécessaires: la fleur sauvage au bord du chemin

aussi bien que le grain cultivé, les oiseaux sauvages et les créatures des forêts

comme bétail des étables, parce que l’homme ne vit pas seulement de pain mais

de toutes les merveilles de la parole de Dieu et de son oeuvre inconnaissable »

John Ruskin, «Unto this last», essai sur l’économie paru dans le mensuel «Cornhill

Magazine», Londres, 1860.

HYPOTHESES

Atmosphère du jardin

Page 78: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

CONCLUSION

notes rétrospectives

Page 79: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

156 | | 157

Ces bribes de projet ne sont pas à retenir par leurs formes, mais par leurs inten-

tions, c’est-à-dire de donner une place centrale au jardin comme un générateur

d’activités, définissant l’identité de tout un quartier. Dans une certaine mesure, il

en est de même pour les idées de programmes. Comme l’a si joliment écrit John

Ruskin, « les choses les plus charmantes sont aussi les plus nécessaires ». Ainsi,

c’est l’atmosphère véhiculée qui importe, « l’art de la vie » du voisinage. Dans une

tentative de devenir un seuil, une limite entre la maison et la ville, la poésie du jardin

ne serait-elle pas plus belle que si cette frontière est floue?

Au final, l’hypothèse de projet qui a été élaboré fait appel aux deux perceptions dif-

férentes du jardin potager, respectivement le « jardinage potager » et l’« agriculture

urbaine ». L’activité du jardinage, telle une pratique de plaisir ou un lieu d’échange,

interagit directement avec les logements ou le sol. Quant à l’activité maraîchère,

elle profite de la toiture au bénéfice d’une surface plus large et mieux protégée.

Dans ce travail, au souhait de faire profiter le jardin potager urbain à chacun le

plus durablement possible, cette complémentarité permet de rendre la cause plus

sensible à travers un but commun, tout en relevant les qualités de l’une comme de

l’autre. Alors qu’on pourrait s’inquiéter de l’entretien de tous ces jardins, la mixité

de population envisagée (familles, étudiants, seniors, personnes extérieures, ville),

ainsi que la démarche participative donnent des éléments de réponses claires. La

mixité participe à un auto-entretien du paysage urbain, de sorte que chaque classe

sociale y trouve son compte à travers des intérêts différents et différés sur un même

lieu; que ce soit pour se nourrir de légumes frais et croquants à petit budget et tra-

vailler dehors, pour rompre la solitude et échanger quelques belles paroles avec un

voisin croisé sur le palier ou pour s’épanouir en famille et contempler ses enfants

jouant gaiement en bas de la maison, chacune de ces personnes aux modes de vies

distincts participent séparément dans un but collectif à former l’identité du quartier

de la Maladière. Pourquoi serait-on forcé d’obliger quelqu’un à tondre un pauvre

gazon public, alors que nous serions à même de prendre part personnellement à

l’embellissement de nos villes ? Ne serait-ce pas cela, construire la ville de demain

à son image? En laissant à chacun la possibilité d’exprimer son identité, ce thème a

le mérite de participer grandement la conscientisation de ses usagers.

A travers l’enjeu de la densification urbaine, en repensant la relation de la ville à la

nature, le jardin potager permet de faire l’économie de territoire, en requestionnant

parfois certains espaces verts qui manquent quelque peu de clarté et d’usage. En

outre, plus à l’écoute des attentes des citadins, le jardin potager contribue favora-

blement à la recherche de nouvelles typologies architecturales permettant la den-

sité. Un siècle auparavant, Howard Ebenezer soulevait déjà quelques unes de ces

questions dans son livre «Les Cités-jardins de demain»56, en imaginant bâtir une cité

nouvelle pour réconcilier la ville et la nature. Bien qu’elle ait le mérite d’être une ville

compacte, la « nature urbaine » évoquée par Ebenezer est imaginée dans une plus

large échelle, sous la forme de grand square, parcs et jardins publics, ne faisant que

nous re-questionner sur notre point de vue analytique des espaces verts actuels. En

séparant distinctement ces deux parties, ville et nature, l’enrichissement apporté à

l’habitat urbain est relativement pauvre en terme d’espaces vécus. Au risque d’uni-

formiser une ville, au lieu de laisser la place à chacun d’y exprimer son identité,

l’échelle du jardin potager paraît adaptée dans un dialogue dont les intervenants

seraient la ville et ses habitants. A l’inverse d’un jardin public préconçu et contrôlé,

le jardin potager ne se dessine pas directement sur papier, il se conçoit directement

avec ses usagers qui lui donneront vie, à la manière d’un « jardin en mouvement »

expliqué par le paysagiste Gilles Clément, « ces formes changent au fil du temps.

Ce jardin existe toujours, ses figures diffèrent selon les saisons. Parfois, le jardin

ressemble à pas grand-chose parce que les plantes sont fanées; parfois, il est en

pleine floraison»57.

Ces dernières années, plusieurs actualités ont fait ressurgir le thème du jardin pota-

ger dans le canton de Neuchâtel. La ville du Locle a développé un projet de jardins

coopératifs d’insertion, partant du constat d’une sous-occupation des parcelles

qu’elle met à disposition de la population sous condition de location pour la culture

des jardins. De cette manière, l’initiative s’inscrit dans un développement local en

revivifiant des liens sociaux de proximité. A Neuchâtel, dans le quartier du Vieux-

Châtel, les jardins partagés de la Rue Edmond-de-Reynier sont menacés pour faire

place à un nouveau projet immobilier fin 2013. Bien qu’utilisé par les résidents du

56 EBENEZER H., «Les Cités-jardins de demain», éd. Sens & Tonka, 1999.

57 CLEMENT G., « Climats », « Les jardins de la résistance », les conférences de Malaquais, Infolios, Gollion-CH, 2012, p. 53

CONCLUSION

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158 | | 159

quartier, le jardin est la propriété de la ville et elle souhaite mettre un terme à cet

usage uniquement privé. Placé idéalement à proximité de la gare et sur un axe de

mobilité douce, la situation de ce lieu n’est pas à déplaire dans un contexte de den-

sification urbaine. Les résidents du voisinage s’opposent à ce projet en craignant

de voir se défigurer ce qui faisait le charme de leur quartier. Ainsi, la commune de

Neuchâtel a opté pour une démarche participative concernant ce futur projet. En

s’appuyant sur « Equiterre », elle essaie d’être à l’écoute des attentes des résidents

du quartier tout en poursuivant l’achèvement de son projet. Ces quelques actualités

démontrent l’importance du rôle à jouer pour la ville, dans un le cadre d’un projet

de jardins à cultiver. C’est pourquoi un projet qui souhaite à la fois construire la

ville, tout en répondant aux attentes des citadins, ne pourrait être bénéfique que s’il

est imaginé par le biais d’un dialogue interactif. Reste à moi-même d’enfiler mon

tablier d’étudiant en architecture pour imaginer un projet à la hauteur des attentes

et des enjeux, afin que notre métier participe à l’enrichissement d’un thème aussi

évocateur de rêves que ce dernier, cherchant à nous réunir dans un environnement

meilleur.

CONCLUSION

Page 81: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

160 | | 161

Remerciements

Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui ont participé d’une

manière ou d’une autre à ce travail.

Mon groupe de suivi: le professeur Emmanuel Rey, la professeure Jeannette

Kuo, la maître EPFL Sophie Lufkin, pour leur disponibilité, leur patience et leurs

remarques toujours avisés. Malgré leurs agendas chargés, une synchronisation a

été possible et très bénéfique à ce travail.

Antonio Gallina, pour ses conseils apportés sur la lecture de la ville de Neuchâtel.

Pascal Châtelain, pour le temps accordé à la réalisation de cet ouvrage.

Güley et Hüseyin Temel, pour m’avoir transmis leur sensibilité relative à la vie du

jardin.

L’ensemble de ma famille et de mes amis pour leur soutien et encouragement tout

au long de ce semestre d’étude.

Page 82: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

162 | | 163

MACLEAN Alex, « Sur les toits de New York. Espaces cachés à ciel ouvert », La

Découverte, Paris, 2012

TAYLOR Stephen, NISHIZAWA Ryue, « Perspectives de vies à Londres et à Tokyo »,

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YOUNÈS Chris, « Ville contre-nature philosophie et architecture », La Découverte,

Paris, 1999

ATELIER, « L’agriculture urbaine à Bruxelles », Centre d’écologie urbaine, 2012

BOUCHER Isabelle, «D’agriculture urbaine à urbanisme agricole: Une participation

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des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) du Québec, 2009

CHEVRIER Marc, « L’agriculture urbaine ou les paysages nourriciers de la ville »,

Paru dans L’Agora, vol. 8, no 3, 2001, p. 37-39, juin 2001

COLLOQUE INTERNATIONAL, « Quelle place pour l’agriculture dans le projet

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Bibliographie

Littérature

BIBLIOGRAPHIE

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CLÉMENT Gilles, « Le Jardin planétaire: réconcilier l’homme et la nature », Albin

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COLLECTIF/Direction scientifique : MANDOUL Thierry, FOL Jac, LEFEBVRE

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JODIDIO Philip, « Landscape architecture now », Taschen, Köln, 2012

Documents

Page 83: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

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GRÊT-REGAMEY Adrienne, NEUENSCHWANDER Noemi, HAYEK Ulrike Wissen,

BACKHAUS Norman, TOBIAS Silvia, « Landschaftsqualität in Agglometaionen »,

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VASSELIN Pierre, « Prochain arrêt Montréal » (3/5), Arte France, 2012, 26 min,

version originale

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Sitographie

BIBLIOGRAPHIE

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Laboratoire d’urbanisme agricole

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Potagers urbains

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Rat des villes, rat des champs: Quand le rural refonde l’urbain:

http://www.pirve.fr/projet/36/

Terres en villes, L’intranet de l’association des élus et responsables agricoles

http://www.terresenvilles.org/

Périodiques

Filmographie

Page 84: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

166 | | 167

Iconographie

Page de titre : HOMMA Takashi, « sans titre » for Our Legacy, Collection 2012

p.18 Plan du monastère de Saint-Gall, IXème siècle, extrait de:La base de donnée internationale du patrimoine du génie civilhttp://fr.structurae.de

p.20-26Photographies extraites de :CABEDOCE Béatrice, PIERSON Philippe, « Cent ans d’histoire des jardins ouvriers », Créaphis, Paris, 1996

p.28-29Illustrations de l’ateur

p.34Photographie extraite de :little house on the urban prairiehttp://littlehouseontheurbanprairie.wordpress.com

p.36Photograhie extraite de:http://rikasanpo-hon.blog.so-net.ne.jp

p.46Photographies extraites de: Zedfactory architects: http://www.zedfactory.com

p.50Photographies extraites de: http://farm4.staticflickr.com/3199/3011029539_45dd5bb388_o.jpghttp://farm4.staticflickr.com/3153/3011863550_b0e47c8bbd_o.jpghttp://farm4.staticflickr.com/3068/3011868692_2916dde417_o.jpg

p.54Illustrations extraites de: Atelier SOA architecture http://www.ateliersoa.fr

p.58 Illustrations extraites de: Blake Kurasek architect http://blakekurasek.com

p.62 Illustrations extraites de: SO-IL architectshttp://so-il.org

p.66 Illustrations, plans, coupes extraits de: Knafo Klimor architects: http://www.kkarc.com

p.70 Illustrations et coupes extraites de: Atelier SOA architecture http://www.ateliersoa.fr

p.74 Photographies (en haut, en bas à gauche) extraites de : GORGOLEWSKI Mark, KOMISAR June, NASR Joe, « Carrot city: Creating places for urban agriculture » Monacelli Press, New York, 2011 Photographie (en bas à droite) extraite de: MACLEAN Alex, « Sur les toits de New York. Espaces cachés à ciel ouvert », La Découverte, Paris, 2012

p.78 Illustrations de l’auteur p.82 Photographie extraite de: http://farm3.staticflickr.com/2492/4112977532_4948ce00f9_o.jpg

p.88-89 Imagerie Google 2012

BIBLIOGRAPHIE

Page 85: JARDINS FAMILIAUX ET LOGEMENTS COLLECTIFS

168 | | 169

p.90 Plans extraits de: BEGUIN Jacques, « Le château de Neuchâtel », La Baconnière, Boudry, 1948 p.94 Plans extraits de: SCHNETTY Jürg, « Neuchâtel il y a 100 ans », Edition de l’auteur, Auvernier, 1994

p.95Photographie extraite de: BUTTLER Alexandre, AYER Jacque, CLAUDE Bernard, MONNIER Marie-France, BONGARD Michel, « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Ligue neuchâteloise pour la protection de la nature et Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, Suisse, 1996 p.96 Illustrations de l’auteur p.98 Photographies (en haut à gauche et en bas) extraites de: Brochure « Parcs et Promenades de Neuchâtel, 125 ans», Ville de Neuchâtel, 2010

Photographie (en haut à droite) extraite de: BUTTLER Alexandre, AYER Jacque, CLAUDE Bernard, MONNIER Marie-France, BONGARD Michel, « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Ligue neuchâteloise pour la protection de la nature et Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, Suisse, 1996

p.99Photographie extraites de:BUTTLER Alexandre, AYER Jacque, CLAUDE Bernard, MONNIER Marie-France, BONGARD Michel, « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Ligue neuchâteloise pour la protection de la nature et Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, Suisse, 1996

p.100 Illustration de l’auteur p.102-104 Photographies extraites de:BUTTLER Alexandre, AYER Jacque, CLAUDE Bernard, MONNIER Marie-France,

BONGARD Michel, « Coup d’oeil sur la nature en ville de Neuchâtel », Ligue neuchâteloise pour la protection de la nature et Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, Suisse, 1996

p.106-111 Illustrations de l’auteur

p.112-114Photographies de l’auteur p.118 Illustrations de l’auteur p.124 Imagerie Google 2012 p.126 Photographie (du haut) extraite de: CHARLET René, COURVOISIER Jean, « Neuchâtel Rétro à travers des cartes pos-tales », Ruau, Saint-Blaise, 1988 Photographie (du bas) extraite de: BURKHALTER Didier, « La Maladière, un sentiment d’éternité », Gilles Attinger, Hauterive 2007 p.128 Photographie (du haut) extraite de: http://www.kevicar.com/cartes-postales Photographie (du bas) extraite de:http://www.kevicar.com/cartes-postales

p.130-132 Illustrations de l’auteur p.140 Imagerie Google 2012 p.142-152 Illustrations de l’auteur

BIBLIOGRAPHIE

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Aziz Temel

Enoncé théorique de Master EPFL 2012-2013 | Janvier 2013Impression & reliure, Alfaset, La Chaux-de-Fonds Réalisé sous la direction de:Emmanuel Rey, Directeur pédagogique | Jeannette Kuo, Professeur | Sophie Lufkin, Maître epfl