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1 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017 Compte-rendu de conférence Défense & sécurité : quelle France voulons-nous ? Regards croisés sur les programmes de défense des 5 candidats à l’élection présidentielle Jeudi 6 avril 2017 Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) ANAJ-IHEDN et AJD

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1 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

Compte-rendu de conférence

Défense & sécurité : quelle France voulons-nous ? Regards croisés sur les programmes de défense

des 5 candidats à l’élection présidentielle

Jeudi 6 avril 2017 Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

ANAJ-IHEDN et AJD

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2 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

Points clés du débat1

J.-L. Mélenchon B. Hamon E. Macron F. Fillon M. Le Pen

Idée force Sortie de l’OTAN. Europe de la Défense.

Indépendance dans un cadre multilaté-ral.

Armée forte (BITD souve-raine & mutuali-sation euro-péenne).

2% du PIB en 2018.

Budget Réduire la dette et les contraintes européennes pour financer la dé-fense.

2% en 2022 pour la défense.

La défense n’est pas « une va-riable d’ajustement » ;

3% en 2022 de budget commun à la défense & la sécurité.

Revue straté-gique, audit et nouveau livre blanc. Remettre les armées à niveau.

Préparer l’avenir : 1Md en R&T, moderniser et renouveler les équipements. Réparer le pré-sent : réduire les manques capaci-taires.

Budget durable.

2% du PIB en 2023.

Audit (surtout vis-à-vis de cer-tains finance-ments aléatoires), revue stratégique et nouvelle LPM. Réduire les manques capaci-taires, recruter dans les armées (cyber et rensei-gnement).

2% du PIB en 2018, 3% à la fin du quinquennat.

Inscription dans la constitution de ce seuil des 2%.

Réinvestir dans les armées & maintien de la puissance nu-cléaire.

Second porte-avion et cy-berdéfense

Il s’agit d’un faux problème, il faut donner la priorité au cyber.

Une priorité pour assurer une per-manence à la mer.

Rappel de l’importance du cyber.

Lancement d’études au début pour prendre une décision durant le quinquennat.

Lancement d’études au début pour prendre une décision durant le quinquennat. Importance du tuilage et de la conservation de notre capacité de projection.

Lancement d’études au début pour prendre une décision durant le quinquennat. Assurer une per-manence à la mer.

1 Une liste des acronymes est disponible à la fin de ce compte rendu, en annexe.

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3 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

J.-L. Mélenchon B. Hamon E. Macron F. Fillon M. Le Pen

Opération Barkhane

Pause stratégique dans l’opération Barkhane pour réapprovisionner nos armées et leur rendre leurs capa-cités.

Rappel de l’article 35 de la Constitu-tion.

Rappel de l’importance d’aider le pays à atteindre un niveau de stabili-té. Importance de la transition post-combat.

Renforcer la coor-dination entre le G5 Sahel.

Diplomatie fran-çaise plus ambi-tieuse pour faire respecter les ac-cords d’Alger.

Opération appe-lée à durer.

Faire appliquer les accords d’Alger et s’appuyer sur le G5 Sahel.

Retrait pas avant 10 ans minimum.

Cesser un ali-gnement systéma-tique sur les Etats-Unis, la Russie ou encore les sunnites. Il faut réfléchir à l’intérêt straté-gique de la France.

Travailler en coopération avec l’Afrique.

Intervention-nisme

S’aligner sur une décision politique internationale pour éviter les combats mal menés. Pour une coalition internationale contre Daesh.

Protection des populations.

Ce ne doit pas être une doctrine. Décision cir-constancielle.

L’OPEX doit être envisagée si la solution politique échoue.

Priorité : com-battre le totalita-risme islamique.

Redonner les moyens à nos armées de le faire.

La France ne doit intervenir que si cette intervention est alignée avec ses intérêts straté-giques.

Pas d’ambition d’être les gen-darmes de la planète.

Sentinelle Arrêt progressif. Pas vocation à être une opéra-tion pérenne.

Montée en puis-sance de la po-lice et de la gen-darmerie

Evolution de Sen-tinelle en fonction de la menace qui pèse sur nos terri-toires.

Evaluation puis transformation du dispositif.

Alléger la charge de nos armées. Utilisation de la réserve opéra-tionnelle

Maintien de Sen-tinelle.

Recrutement dans les armées pour assumer la charge.

Montée en puis-sance de la gen-darmerie.

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4 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

J.-L. Mélenchon B. Hamon E. Macron F. Fillon M. Le Pen

Service natio-nal

Vrai service mili-taire national pour l’ensemble des jeunes, hommes et femmes.

Service militaire ou civique (police, pompiers, associa-tions d’utilité publique).

Rémunéré au SMIC.

On n’a pas les moyens.

Un service natio-nal pour tous les jeunes, durant un mois, sous une forme similaire aux cadets de la République.

Charge trop con-séquente.

Service militaire ou civil de 3 mois.

Encadrement par les réservistes.

Syrie Solution par la coalition interna-tionale.

Pas de discus-sion avec Bachar el-Assad.

Pas de discussion avec Bachar el-Assad mais avec la Russie ou l’Iran.

Retour de la di-plomatie française.

Discussion avec Poutine et ceux qui sont autour de la table.

Solution de la coalition interna-tionale.

La solution appar-tient au peuple syrien.

Europe de la défense &

post-BREXIT

« Une servitude de plus ».

Question straté-gique centrale.

Europe de la dé-fense forte.

Création d’un fond européen de dé-fense.

Armée souve-raine mais mu-tualisation des moyens euro-péens. Renforcer le traité de Lancas-ter House.

Pour une coopéra-tion d’Etat à Etat.

OTAN Sortie du com-mandement intégré de l’OTAN.

Abandon du bou-clier antimissile ?

Pas de sortie de l’OTAN.

Pas de sortie de l’OTAN.

Rester fidèle à ses alliances.

Pas de sortie de l’OTAN.

Standardisation OTAN pour augmenter la compétitivité de la BITD fran-çaise.

Sortie du com-mandement inté-gré de l’OTAN.

Abandon du bou-clier antimissile.

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Introduction : Ingrid LAMRI (Présidente de l’ANAJ-IHEDN) & Mériadec RAFFRAY (Secrétaire général de l’AJD, Association des journalistes de défense). Intervenants - Jean-Jacques BRIDEY, conseiller Défense d’Emmanuel Macron. - Djordje KUZMANOVIC, conseiller Défense de Jean-Luc Mélenchon. - Jean-François LAMOUR, conseiller Défense de François Fillon. - Christian PAUL, conseiller Défense de Benoît Hamon. Jérôme RIVIERE, conseiller Défense de Marine Le Pen.

Séquence 1 : Les lignes force des programmes

Dans la première séquence de ce débat, Mériadec Raffray demande aux conseillers de déterminer l’idée force de leur candidat. 1- Pour Emmanuel Macron, c’est l’indépendance de la France avant tout, mais toujours dans un contexte multilatéral. Jean-Jacques Bridey (JJB) débute son propos en insistant sur la nécessité d’une France plus indépendante. Après avoir rendu hommage au caporal-chef Julien Barbé, mort pour la France au Mali, JJB rappelle que jamais autant de soldats n’ont été déployés dans les OPEX et sur le territoire français. Il présente ensuite le contexte géostratégique actuel qu’il résume entre aggravation des crises, accroissement de la menace terroriste, augmentation des Etats forces (Chine, Russie), des alliances importantes (OTAN, UE) et des événements imprévisibles comme le BREXIT et l’élection de Donald Trump. Emmanuel Macron fera procéder à la rédaction d’un nouveau livre blanc pour adapter les missions et les capacités de nos armées à ce nouveau contexte. Jean-Jacques Bridey résume les priorités d’Emmanuel Ma-cron en terme de défense et de sécurité en trois points : - assurer la sécurité de nos concitoyens sur le territoire national ;

- continuer à assurer l’indépendance de la France et l’autonomie stratégique de nos forces et de notre diplo-matie;

- maintenir des relations avec nos alliés : l’indépendance doit s’exercer dans un cadre multinational, avec des alliés.

2- Pour Jean-Luc Mélenchon (JLM), une sortie de l’OTAN s’impose pour une France réelle-ment indépendante. Ce qui frappe Mériadec Raffray dans le programme Défense de JLM, c’est son caractère parfois parcellaire et souvent décoiffant. Vouloir recouvrer l’indépendance et, en même temps, vouloir redonner beaucoup de poids au rôle de l’ONU, n’est-ce pas contradictoire ? Djordje Kuzmanovic (DK) se défend d’abord sur le caractère supposément parcellaire du programme. Il insiste sur la crédibilité des recherches effectuées, menées par des intervenants de renom. Il en cite plusieurs dont Pascal Boniface, le général Vincent Desportes etc. La force du programme de JLM réside dans le fait de construire une France réellement indépendante, à la manière dont la voyait le général De Gaulle. Pour cela, la sortie de l’OTAN, de l’organisation dans son en-semble et pas seulement de son commandement intégré, est nécessaire.

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6 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

DK évoque également ici le retour spécifique au service militaire. 3- Pour François Fillon, une BITD souveraine et une meilleure mutualisation des moyens eu-ropéens sauront aider la France à retrouver une armée forte, capable de réaffirmer ses posi-tions stratégiques. François Fillon (FF) déclarait, en parlant des militaires : « mon projet, c’est le leur ». Cherche-t-il à rassurer les militaires et l’industrie de défense ? Jean-François Lamour (JFL) expose la triple vision de FF pour la défense française. Sa vision stratégique d’abord. Face à une menace djihadiste et terroriste prégnante, un retour des Etats puis-sances et les incertitudes dues à l’élection de D. Trump, la France doit réaffirmer ses positions stratégiques. Afin de conserver la capacité à entrer en premier dans le combat, FF entend maintenir une BITD indépen-dante et souveraine et poursuivre ses efforts en matière de dissuasion. Il convient de favoriser une alliance européenne et non une défense européenne (mieux travailler la mutualisation des moyens). S’agissant du Royaume-Uni, il faut continuer sur la voie du traité de Lancaster House. Enfin, il s’agit de « parler avec les chefs d’Etat comme Poutine ». Ensuite, son ambition financière est d’atteindre 2% du PIB consacré à la défense en 2023. L’ambition humaine de François Fillon est d’aider les soldats et de les mettre dans les meilleures conditions possibles pour assurer leur mission. 4- Pour Benoît Hamon, la défense doit répondre à l’appel de Strasbourg. Vers l’Europe de la défense ? Mériadec Raffray : Vous êtes le seul candidat qui laisse une place majeure à l’Union européenne de la dé-fense: l’Europe de la défense. N’est-ce pas prendre le risque d’être décalé par rapport au sens de l’histoire ? « Dans une grande démocratie, il est sain que les questions de défense et sécurité soient collectivement dé-battues. Vous avez bien entendu l’appel de Strasbourg, l’appel à une coopération européenne. » Christian Paul (CP) résume les points clés du programme de Benoît Hamon dans un triptyque : - choix indépendants de la France et effort budgétaire : « La Défense ne doit pas être une variable

d’ajustement » ; il faut aller vers une modernisation des forces françaises, une modernisation indispen-sable ;

- autonomie européenne ; - modernisation des armées. 5- Pour Marine Le Pen, la France doit éviter le déclassement de ses armées à tout prix en at-teignant 2% PIB de budget défense dès 2018. Mériadec Raffray : J’ai un peu la sensation, en lisant le programme de Marine Le Pen (MLP), qu’il s’agit d’un « mix » des autres programmes. On y retrouve la proposition de sortie de l’OTAN de JLM ou encore la shopping list des militaires, présentes chez FF et EM. Les 2% PIB dès 2018, serait-ce le marqueur de votre programme ? Pour Marine Le Pen, il faut à tout prix éviter le déclassement des armées françaises. La sécurité est une prio-rité. L’armée française se trouve en situation précaire. Il est indispensable d’engager un réarmement massif et brutal par le calendrier. Pour cela, MLP est prête à consacrer un effort majeur de défense et veut atteindre les 2% du PIB en 2018. Actuellement, il manque 23 milliards d’euros à notre armée, ce qui la place dans une

situation de déclassement.

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Séquence 2 : Budget - Format Animateurs : - Alain Barluet (AB), journaliste défense au Figaro. - Hakima Boudissa (HB), membre de l’ANAJ-IHEDN.

I- Détails de l’objectif des 2% : que recouvrent-ils ? Comment les obtenir ? Alain Barluet (AB) : Vous faites tous un constat qui converge à propos des menaces auxquelles la France doit faire face. Vous préconisez tous de relever l’effort de défense. Même si nous n’épuiserons pas cette question, il convient de préciser la cohérence de la trajectoire pour cette remontée en puissance. En 2017, le budget a progressé d’1 milliard par rapport à la LPM de 2013 non actualisée. Ce qui est envisagé si on veut être dans les 2%, c’est une augmentation de 2 milliards par an sur 5 ans. Comment maintenir cette cadence vis-à-vis d’une attente sociale forte ? Dégagez-vous une vision ? Comment passer d’une logique des moyens (on s’adapte à ce qu’on peut faire) à une logique de projets (établir une stratégie) ? 1- J.-L. Mélenchon : réduire la dette nationale et les contraintes européennes pour financer les 2%. AB : JLM ne parle pas des 2% de PIB, pourquoi ? DK : « Tous les candidats ont trouvé ce chiffre magique de 2%. Le programme de JLM est d’avoir une France indépendante. Or, nous sommes, en France, noyés sous les traités. Tout le monde fait des promesses mais quoi qu’il en soit, il faudra respecter les critères de convergence, les contraintes européennes qui nous interdisent de faire les programmes que l’on avance. Nous considérons qu’il faut récuser la dette afin de renforcer les capacités de l’armée française en effectif et en moyens. » De plus, DK rappelle que le système de maintenance en France est très lourd. Il met en garde contre une tendance à abandonner la spécificité française, comme la flexibilité si utile dans l’opération Barkhane, qui ne sera pas possible avec les pro-grammes de l’OTAN. 2- M. Le Pen : 2% atteints en 2018 pour investir dans nos armées (équipements et hommes). HB : Marine Le Pen annonce que le budget de la défense aura atteint 2% du PIB en 2018 et que ce seuil sera inscrit dans la Constitution. 2% : mais de quoi parle-t-on ? Est-ce que cela inclut les traitements ? JR rappelle que les 2% comprennent les pensions. JR rappelle la volonté du Front National de constitution-naliser ce seuil des 2% du PIB consacré au budget de la défense pour que « le budget de la défense ne soit pas une variable d’ajustement ». Les programmes sont des promesses, ce qui compte c’est l’exécution budgétaire. Comment dépenser ces 2% ? Après avoir rappelé que la Direction générale de l’armement (DGA) est relativement en sous-effectif et que l’équipement à disposition des armées est lacunaire (on continue de voler avec des Alouettes 3), JR af-firme qu’il est facile d’y remédier en mettant en place des politiques de travaux publics pour améliorer les infrastructures, en achetant des avions à notre BITD (Airbus est cité), mais surtout en embauchant de nou-veaux militaires. Il est simple de le faire immédiatement. Les militaires doivent retrouver les moyens de leurs ambitions. JR rappelle l’importance de garder un savoir-faire en matière nucléaire. Pour maintenir notre capacité de dissuasion, il faut doubler l’investissement actuel. De 3,5 milliards aujourd’hui, il faudrait compter 6 à 7 milliards. Les 2% seraient insuffisants pour un deuxième porte-avion nucléaire mais l’effort devrait atteindre 3% à la fin du quinquennat.

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8 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

3- E. Macron : atteindre 2% du PIB, indispensable pour préparer l’avenir et réparer le pré-sent. JJB : L’armée française est une des meilleures armées du monde : la mieux équipée et la mieux formée. Il existe, certes, des difficultés budgétaires mais la LPM est la seule loi de finances qui ne soit pas revue à la baisse. Elle a remis au goût du jour des programmes qui avaient été stoppés comme les transports de troupes et les ravitailleurs. EM se projette dans cette continuité. Il est le seul candidat à avoir défini une trajectoire budgétaire avant de présenter son programme : +1,5% de croissance ; +3% de PIB chaque année. 3 objectifs pour atteindre ces 2% de PIB : - préparation de l’avenir : il s’agit de moderniser et de renouveler les équipements. EM veut porter les dé-

penses en R&T à 1 milliard € et plus 730 millions € comme actuellement ; - réparation du présent : EM veut contrer les ruptures et les manques capacitaires. On intervient au Mali en

parcourant des distances 10 fois supérieures à celles prévues. Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est défectueux pour certains équipements.

- budget durable : il n’y a pas de recettes dues à l’immobilier ou aux ventes de fréquences. Ce sera des dé-penses budgétaires et non hypothétiques. Le financement des OPEX et le report de charge, qu’on maintient à 3 milliards €, sont beaucoup trop élevés dans les prévisions.

Enfin, JJB insiste sur le fait que le projet de service militaire est un effort d’investissement : son financement n’est pas compris dans les 2%. Pour atteindre 2% du PIB consacrés à la défense en 2023, il faudrait 3 ou 4 milliards d’euros sup-plémentaires. Pour atteindre ce même objectif en 2018, il faudrait 6 ou 7 milliards supplémentaires. 4- F. Fillon : audit financier, revue stratégique et nouvelle LPM pour atteindre les 2% de PIB en 2023. AB : Pour vous, un bon président est plus un bon chef des armées qu’un bon comptable ? JFL expose la méthode de FF pour atteindre les 2% du PIB en 2023. FF commencera par faire un état des lieux et un audit financier en matière de défense. L’audit portera, en particulier, sur deux ou trois sujets aléa-toires, comme le report de charges, les économies sur le coût des facteurs ou encore la vente de l’îlot Saint-Germain (immobilier). La vente a été bloquée, selon lui, pour financer des logements sociaux. L’îlot perd de la valeur. « Jean-Yves Le Drian a imposé une économie sur le coût des facteurs. Il voulait atteindre 1 mil-liard d’euros d’économie en améliorant, par exemple, l’achat de pétrole. Est-ce réaliste? L’audit prévu par François Fillon portera notamment sur cela ». FF procédera ensuite à une revue stratégique et définira une nouvelle LPM. FF prévoit une augmentation linéaire de 2 milliards par an afin d’atteindre les 2% de PIB en 2023. Ces 2% seront consacrés au recrutement – surtout dans les domaines du cyber et du renseignement – et à la rebudgétisation des opérations. Nos armées sont aujourd’hui en rupture capacitaire. Un VAB fait maintenant 3 000 km/mois dans la bande du Sahel contre 300 km en Afghanistan. JFL évoque ici le lancement des FTL2, et l’accélération de certains programmes essentiels. JFL conclut en rappelant la nécessité de définir des standards communs, avec l’Europe mais aussi les Etats-Unis, afin d’être interopérables. Sans cette interopérabilité, les industries de défense françaises ne survivront pas.

2 Il s’agit en réalité des FREMM, et non des FTL (N.D.L.R.).

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5 B. Hamon : 2% du PIB en 2022, 3% pour la défense et la sécurité intéri ure. HB : Benoît Hamon envisage un rapprochement des secteurs défense et sécurité. Ne craignez-vous pas de rencontrer un obstacle institutionnel e culturel ? CP rappelle l’objectif du programme d B. Hamon : atteindre 3% du PIB pour les secteurs de la défense et de la sécurité intérieure. Il y a des choix à faire qui engagent les deux domaines. En revanche, B. Hamon de-mande une programmation spécifique pour la défense. Au sujet de l’obstacle institutionnel et culturel, CP répond : « Nous voulons faire adhérer les Français à un objectif ambitieux et non pas simplement la continuité. Nous sommes pour la continuité des principes mais pas la conformité dans les solutions. Il est avant tout primordial d’expliquer pourquoi il faut en faire plus ». Pourquoi en aire plus ? CP précise que ce n’est pas dû aux standards de l’OTAN ou pour répondre au plai-doyer des états-majors. Il est indispensable de remettre à niveau les armées françaises qui ont eu des années dures (OPEX). Nos armées ont besoin d’une remise en condition opérationnelle et de répondre au déficit capacitaire. La condition sociale des militaires importe aussi Comment ? CP propose lui aussi une revue stratégique, un audit de la situation et la publication d’un nou-veau l vre blanc : « Ne rien faire en 2018 serait dramatique. Il n’y a pas de consensus total derrière les 2%. Nous savons l’effort que ça réclame d’atteindre le 2% en 2022. Cet objectif de 2% est nécessaire et réaliste. Une partie de l’effort supplémentaire de défense doit être affranchi des contraintes de Maastricht. »

II- Un second po te-avions ? Cette séquence s’achève sur une question adressée à tous les candidats au sujet d’un second porte-avions. Pour Emmanuel Macron, il est important de lancer dès maintenant les études amont sur ce second porte-avions afin de prendre des décisions avant la fin du quinquennat. Il faut anticiper les 10 ans de conception. Il faut investir dans les équipement du futur : c’est pourquoi il propose de porter le budget de la R&T défense à 1 milliard d’euros au lieu de 730 millions aujourd’hui. Le renouvellement du porte-avions actuel nous mène jusqu’en 2040. JFL ironise sur l’optimisme du programme de E. Macron quand il parle de 2040 pour la durée de vie du Charles-de-Gaulle. L’équipe de Fillon la situerait plutôt autour de 2035-2038. François Fillon entend également commencer les études pendant le quinquennat. JFL rappelle l’importance du tuilage et de con-server notre capacité de projection. Pour J.-L. Mélenchon, la question d’un deuxième porte-avions est un faux problème. Il ne serait dé-ployé qu’en Méditerranée où toutes les opérations envisagées sont possibles depuis la base de Solenzara. On peut cependant envisager deux porte-avions. Le porte-parole de M. Le Pen dénonce une tendance à toujours faire passer les décisions à prendre sur la décenni suivante : « L’Armée française serait grandement déclassée si elle n’avait plus de porte-avions ». Il est important d’immédiatement lancer les études pour avoir deux porte-avions au moment propice et assurer une permanence à la mer. Les armées ont été « les enfants battus du budget français depuis des années ». Pour B. Hamon, la permanence à la mer (la permanence du groupe aéronaval à la mer) est indispen-sable quand les Etats-Unis ont 10 ou 11 porte-avions.

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10 ANAJ-IHEDN #QuelleDefense2017

Séquence 3 : opérations Animateurs : - Ava Djamshidi (AD), grand reporter au journal Le Parisien. - Emmanuel Ea (EA), membre de l’ANAJ-IHEDN.

I - L’opération Barkhane Elle compte environ 4 000 hommes, soit le plus grand contingent de soldats français déployés. La question suivante est posée : faut-il ou non maintenir des troupes dans l’opération Barkhane ? Et si oui, pour combien de temps ? Pour le porte-parole de F. Fillon, il s’agit avant tout d’un problème de gestion politique d’un conflit qui s’étend sur une contrée aussi grande que l’Europe. On envisage une solution politique au travers du G5 Sa-hel. La situation avance extrêmement peu. Cette opération va durer et il n’y aura pas de retrait à court terme. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUS-MA) ne fait qu’une chose : s’auto-protéger. Elle est incapable de faire appliquer les accords d’Alger. Les troupes sont engagées en même temps en Irak. Il est impossible de savoir combien de temps cela va du-rer. J.-L. Mélenchon suggère de faire une pause stratégique dans l’opération Barkhane pour réapprovi-sionner nos armées et leur rendre leurs capacités. Comme ces guerres peuvent durer longtemps, il con-vient de rappeler l’article 35 de la Constitution : quand on fait des guerres longues, on est censé avoir un vote du Parlement. Il devrait être renouvelé tous les quatre mois. On ne le fait pas car on appelle ces opérations des opérations de maintien de la paix alors que ce sont des guerres. B. Hamon compte sur l’évolution de l’UE dans le Sahel. En parallèle des OPEX, il est essentiel qu’il y ait des forces d’intervention pour le développement afin de faire progresser le niveau de stabilité de l’Etat sur lequel on intervient : ONG, entreprises… La France est très en deçà de ce qui est nécessaire pour faire progresser le niveau de stabilité de ces Etats. M. Le Pen a posé la question au commandant des forces de Barkhane lorsqu’elle est partie au Mali. Elle prévoit 10 ans minimum avant la sortie des militaires français. JR pose la question des raisons de notre présence au Mali. « Il n’y a pas eu de politique diplomatique qui prenne en compte les intérêts stratégiques de la France. La France se retrouve donc dans des aventures expéditionnaires, comme la Libye par exemple. On connait le rôle du Qatar et de l’Arabie Saoudite dans ces conflits, et de leur financement, alors qu’au même moment, la France leur négocie des avantages fiscaux ». Pour M. Le Pen, il faut cesser de s’aligner systématiquement sur les Etats-Unis, la Russie ou encore les sun-nites. Il faut réfléchir à l’intérêt stratégique de la France et travailler en coopération avec l’Afrique. Parmi les engagements que prend M. Le Pen, il y a celui de multiplier par 2 ces axes de coopération et d’atteindre 0,7% du PIB affecté à des projets de coopération, demandé par l’ONU. JJB rappelle qu’il était nécessaire d’intervenir au Mali, et en urgence. « Il y a 5 ans, les djihadistes étaient déjà à Tombouctou. On les a laissés faire alors qu’il fallait les stopper ». E. Macron cherche à transformer cette réussite militaire en une réussite politique. JJB salue la création du G5 Sahel : ces pays se coordon-nent bien et les armées travaillent ensemble. Il faut augmenter, renforcer la coordination entre ces 5 armées. En effet, une meilleure coordination contre les terroristes est importante. Il faut que la diplomatie française soit plus ambitieuse pour faire respecter les accords d’Alger. Il faut que les Maliens acceptent de vivre ensemble.

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II - Pour ou contre une stratégie interventionniste ? JJB rappelle qu’on n’intervient pas par plaisir. Au Mali, on connaissait l’adversaire. En RCA, c’est plus compliqué, il n’y a pas d’adversaire identifié. En Syrie et en Irak, c’est un autre phénomène : on répond à l’appel du gouvernement irakien pour combattre Daech. Pour véritablement « taper Daech », il fallait entrer en Syrie. Toutes ces interventions sont des opérations différentes, même si la France était à l’initiative. Nous sommes acteurs de la coalition en Irak et pleinement responsables en Syrie. L’OPEX doit être envisagée si la solution politique échoue. CP : « Je n’aime pas la façon dont la question est posée. L’interventionnisme ne doit pas être une doc-trine. » Pour CP, il faut juger de la nécessité d’une OPEX en répondant à 3 questions : comment ? avec qui ? pour quoi faire ? A chaque fois, la question de la solution politique doit être posée dès le départ. Il faut tou-jours penser le coup d’après. Pour JR, la France ne doit pas être dans une situation de repli ou d’alignement. Il faut privilégier un rayon-nement de l’Hexagone et, surtout, ne pas être engagé mécaniquement dans une politique interventionniste. Il faut cesser de regarder le monde à travers le prisme occidental avec la volonté messianique d’imposer notre vision en s’ingérant dans un certain nombre de pays. La France ne doit intervenir que si cette interven-tion est alignée avec ses intérêts stratégiques. Nous ne devons pas avoir l’ambition d’être les gendarmes de la planète. Pour J.-L. Mélenchon, la logique est d’avoir un plan concerté au niveau international pour éviter les conséquences d’un conflit mal mené. Les opérations en Libye et en Irak n’ont fait que produire plus de guerres et créer plus de terrorisme. Malgré le fait que ce soit Poutine qui l’ait proposée, cette coalition inter-nationale contre Daech (avec Bachar el-Assad aussi) est une idée intéressante. DK rappelle que le problème en Syrie et en Irak n’est pas simplement de désigner un adversaire mais de protéger des populations qui souf-frent, notamment d’attaques chimiques. Pour F.Fillon et J-F Lamour, il faut établir des règles avant de s’engager. Qui est l’ennemi principal ? Pour F. Fillon, c’est l’organisation « Etat islamique ». « La priorité est de combattre le totalitarisme islamique. Avec quels moyens ? La France a la seule armée pouvant rentrer en premier sur un théâtre d’opération mais on n’est plus en capacité de le faire ! » La priorité est donc l’effort de guerre et la remontée en puis-sance des armées. Il convient également de travailler sur une alliance européenne pour favoriser une mutua-lisation des moyens. JFL évoque sa surprise quant aux solutions proposées par JJB (E. Macron) et CP (B. Hamon). On ne peut pas aller sur le théâtre seulement avec une solution politique, sinon on n’aurait pas fait Serval.

III - Sentinelle : maintien ou arrêt ? JLM est le seul à préconiser un arrêt progressif de Sentinelle. DK rappelle qu’on cherche à réécrire un livre blanc sur la défense et non celui sur la sécurité nationale. JLM propose un retrait par paliers : diminu-tion de 3 000 hommes dès la première année, puis un arrêt total de Sentinelle dans 2 ans. Cette opération pèse sur l’entraînement et le moral des militaires et n’est pas efficiente puisque l’armement fourni est non adapté. JLM propose de transférer cet effort sur le domaine maritime. Pour JFL, Sentinelle pèse sur la préparation de nos soldats qui partent en OPEX. La LPM fait disparaître 16 000 hommes. Une bouffée d’oxygène est essentielle pour nos troupes qui se préparent. Il faut alléger la charge sur nos soldats. FF propose, à la place, une montée en puissance de la réserve opérationnelle. FF procédera à une évaluation puis une transformation du dispositif. JJB annonce une « évolution de Sentinelle en fonction de la menace qui pèse sur nos territoires ». C’est comme l’état d’urgence, c’est un problème à régler quand le président sera élu. A cela, JFL répond : « on ne peut pas attendre d’être président pour s’occuper des problèmes, il faut antici-per ».

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CP rappelle que Sentinelle était nécessaire. L’opération a demandé beaucoup de travail en termes de forma-tion et d’adaptation. Elle n’a pas vocation à être pérenne : « Aucune grande démocratie ne met en perma-nence les forces armées dans les rues des grandes villes ». Cette évolution est dessinée en ayant à l’esprit le renforcement des effectifs de police et de gendarmerie. « On ne peut pas envisager la suppression de 500 000 agents publics et dans le même temps en donner dans les opérations. » La réponse dépend aussi de l’ambition que l’on donnera aux réserves. La garde nationale peut être une des composantes de l’opération Sentinelle. M. Le Pen compte maintenir Sentinelle. L’opération pèse sur la préparation des OPEX, il est donc indis-pensable de faire des recrutements. Il manque plus de 50 000 militaires aujourd’hui. Les militaires partent actuellement 6 mois en OPEX puis passent 4 mois dans les rues dans le cadre de Sentinelle : ces con-ditions ne peuvent pas durer longtemps. M. Le Pen propose de doubler les escadrons de gendarmerie et de faire monter en puissance la gendarmerie sur ces sujets. Il faut disposer de moyens pour les faire tourner et de forces alternatives : gendarmerie et CRS.

IV - Pour ou contre le retour du service national ? Si oui, sous quelle forme ? E. Macron : le candidat plaide pour un service national d’1 mois pour tous les jeunes, sous une forme simi-laire aux cadets de la république. Ce service permettrait de renforcer la cohésion républicaine et la résilience face au terrorisme. B. Hamon : « On ne peut pas en 1 mois former un citoyen ou un soldat. La question n’est pas de savoir s’il en faut un ou pas. Evidemment qu’il faut créer des circonstances qui permettent à des jeunes de « faire so-ciété » mais mobiliser une partie de l’encadrement militaire qui est déjà pris par Sentinelle et les OPEX est très compliqué. On n’a pas les moyens ». M. Le Pen : la candidate se prononce pour un service à la nation de 3 mois. L’idée n’est pas de faire peser ce dispositif sur les militaires mais de prévoir un encadrement par les réservistes. Sur les 720 000 jeunes d’une classe d’âge, il y aurait 180 000 mobilisés, encadrés par des réservistes, affectés à des tâches de sécurité ci-vile. J.-L. Mélenchon : le candidat souhaite un vrai service militaire national pour l’ensemble des jeunes, hommes et femmes – un service militaire ou civique (police, pompiers, associations d’utilité publique), rémunéré au SMIC. Il s’agirait d’une première expérience de travail concrète au service de la patrie républicaine. Sa mise en œuvre se ferait par étapes. Il s’agirait, de plus, d’une politique keynésienne de relance des territoires et de l’économie locale. F. Fillon : le candidat souligne le coût de l’opération proposée par Mélenchon, 8 milliards d’euros. Il note également que « Ce n’est pas à 18 ans qu’on apprend à être citoyen mais beaucoup plus tôt ». Notre armée est à bout de souffle : un service national serait donc une charge trop conséquente. Il y a déjà des dispositifs comme les cadets de la république, la réserve…

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Séquence 4 : diplomatie militaire & questions internationales Animateurs : - Vincent Roux, journaliste chez LCI - Alexia Gaudron, membre de l’ANAJ-IHEDN

I - La résolution en Syrie Pour E. Macron, il faut réengager la diplomatie française sur ce théâtre. La discussion avec Bachar el-Assad est proscrite mais pas la discussion avec la Russie et l’Iran. Pour B. Hamon, la nécessité est de ne jamais baisser la garde devant un régime procédant à un génocide de son peuple depuis plusieurs années. Les grandes puissances doivent arrêter de regarder ailleurs. La France ne doit pas intervenir de façon unilatérale mais la communauté internationale ne peut pas rester sourde. Pour M. Le Pen, il s’agit de « ne pas renouveler les erreurs des années où la France a financé et alimenté en armes Al Qaida. La solution appartient au peuple syrien ». Pour J.-L. Mélenchon, il faut prendre des décisions en gardant la tête froide. Tous les partenaires, les Etats des deux coalitions, doivent trouver une solution internationale sous couvert de la coalition internationale. La France ne se désengage pas. Pour F. Fillon, « on paie les atermoiements de M. Hollande ». On ne peut pas continuer ainsi ni monter en gamme. Nous ne sommes pas autour de la table où tout cela se décide. FF propose de parler avec V. Poutine afin de revenir autour de la table des négociations. Toutes nos forces sont concentrées sur la bande sahélo-saharienne.

II - Europe de la défense & relations avec le Royaume-Uni post-BREXIT Pour F. Fillon, le traité de Lancaster House raconte tout de cette coopération bilatérale entre la France et le Royaume-Uni. Il faut donc le maintenir et le renforcer. Il n’y aura pas de construction d’une armée euro-péenne avant plusieurs années mais une coopération européenne est possible. Une coopération européenne où chacun commande son armée et où on mutualise seulement les moyens serait la solution idéale pour FF, qui entend par ailleurs renforcer la BITD européenne et la compétitivité des entreprises françaises. Pour E. Macron, l’Europe de la défense doit être forte. Il propose d’ailleurs la création d’un fond européen de défense. Le candidat a la volonté de travailler avec tous les Européens ainsi qu’avec l’OTAN Pour J.-L. Mélenchon, il faut arrêter avec l’Europe de la défense qui n’est « qu’une servitude de plus ». Il n’existe pas un seul texte sur l’Europe de la défense qui ne soit pas un texte de l’OTAN. « L’Europe de la défense, c’est l’OTAN ». Pour M. Le Pen, l’Europe de la défense a été l’Europe de la dépense. La candidate est favorable à des coopé-rations d’Etat à Etat. Airbus est une réussite mais, en matière de gouvernance, c’est un échec. Laurent Collet Billon, le délégué général pour l’armement (DGA), n’a plus d’interlocuteur pour parler des sujets straté-giques depuis le départ de Marwan Lahoud3.

3 Après plus de 20 ans chez Airbus (ex-EADS), Marwan Lahoud a quitté son poste de directeur de l’international et de la stratégie du groupe le 7 février 2017.

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Pour B. Hamon, l’Europe de la défense est une question stratégique centrale. Y a-t-il aujourd’hui une fenêtre de tir pour l’Europe de la défense ?

III - Rester dans l’OTAN ou en sortir ?

J.-L. Mélenchon milite pour une sortie du commandement intégré de l’OTAN et l’abandon du bouclier anti-missile. Pour opérer cette sortie à l’horizon 2022, il mettra en place plusieurs dispositifs. Il animera notam-ment une conférence sur le désarmement nucléaire et remettra en question les alliances avec le Golfe. M. Le Pen opte également pour une sortie du commandement intégré de l’OTAN et une sortie du pro-gramme antimissile balistique. Pour elle, il suffira de suivre le même processus que la dernière fois4. Le re-tour dans l’OTAN en 2009 n’a répondu à aucune question stratégique. F. Fillon n’envisage pas de sortie de l’OTAN. « Sortir pour aller où ? Cela signifierait que la France devrait s’isoler puisqu’il n’existe pas de pendant européen à l’OTAN. La problématique de la standardisation du matériel est prioritaire, notamment pour notre industrie de défense. Sinon, les industries de défense seront hors-jeu dans les 10 ans à venir ». B. Hamon ne donne aucune priorité à la sortie de l’OTAN. Pour lui, la défense européenne doit monter en régime. E. Macron veut une diplomatie plus active. Il faut rester dans l’OTAN, rester fidèle à nos alliances. Le can-didat veut discuter avec tous les partenaires pour faire comprendre que l’Europe est une priorité. Les Euro-péens doivent être plus responsables et plus conscients. E. Macron souhaite aussi renforcer une mutualisation industrielle, notamment dans les programmes de recherche et les capacités opérationnelles.

Anne-Sophie BOZETTO 87ème séminaire jeunes de l’ANAJ-IHEDN

Comité Industrie de défense

4 La France a quitté l’OTAN sous la présidence du général De Gaulle, en 1966.

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Annexes

Abréviations des noms des candidats à la présidentielle et leur s conseiller s défense

FF : François Fillon

JFL : Jean-François Lamour

EM : Emmanuel Macron

JJB : Jean-Jacques Bridey

MLP : Marine Le Pen

JR : Jerôme Rivière

JLM : Jean-Luc Mélenchon

DK : Djordje Kuzmanovic

BH : Benoît Hamon

CP : Christian Paul

BITD : base industr ielle et technologique de défense. La connaissance des entreprises liées à la défense est importante pour la politique industrielle du ministère de la Défense, que celle-ci passe par les programmes (en matière d'équipements et de recherche et développe-ment), l’appui aux exportations, la participation au capital d’entreprises, l’influence dans les processus de regroupements industriels ou encore les mesures de reconversion. Dunne [1995, p. 401] définit la base indus-trielle et technologique de défense (BITD) comme les entreprises qui permettent aux armées de conduire leurs opérations. Il les ventile en trois groupes :

1 - les unités qui concourent à la production des systèmes d’armes et des équipements létaux (de la R&D jusqu’à l’entretien) ; 2 - les unités qui fournissent des produits non létaux mais stratégiques (type carburant) ; 3 - les unités qui fournissent des produits courants utilisés par les armées (type nourriture).

FREMM : fr égates multi-missions.

Les frégates multi-missions constituent l’ossature principale de la force navale dans les différents domaines de lutte à la mer et remplaceront la plupart des frégates anciennes, notamment les types F67 Tourville (déjà désarmées), F70 Georges Leygues et FAA Cassard. Les frégates FREMM sont à même d’opérer dans le cadre de coopérations interarmées et/ou interalliées, isolément ou au sein d’une force navale. Elles sont complémentaires des deux frégates de défense aérienne de type Horizon.

FTL : future torpille lourde.

La torpille F21, future torpille lourde, est destinée à détruire ou à neutraliser des bâtiments de surface ou des sous-marins dont la plupart sont dotés de système de détection et de contre-mesure anti-torpille. Intégrée sur tous les sous-marins, elle remplacera la torpille F17 mod 2 en apportant une amélioration des performances face aux nouvelles menaces.

G5 SAHEL

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Les pays du G5 Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, constituent un espace pour lutter contre les menaces sur la paix, la sécurité et le développement. Le G5 Sahel traite des questions spécifiquement sahéliennes.

LPM : loi de programmation militair e.

La loi de programmation militaire définit l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour assurer la défense de la Nation et la sécurité des citoyens en cas de conflit. Faisant l’objet d’une révision tous les 5 ans pour prendre en compte les nouvelles menaces, la dernière révision, adoptée par le parlement en décembre 2013, concerne la période 2014 – 2019.

MINUSMA : mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.

Le Conseil de sécurité a créé la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) par sa résolution 2100 (2013), du 25 avril 2013. En vertu de cette résolution, la Mis-sion a été chargée d’appuyer le processus politique.

OPEX : opération extér ieure

Lorsque les forces militaires françaises interviennent au-delà de nos frontières, on parle d’OPEX, abréviation d’opérations extérieures. L’opération Barkhane est l’OPEX qui mobilise les troupes les plus importantes à l’heure actuelle. Cette opération vise à prendre la relève des opérations Serval (Mali) et Epervier (Tchad) dans le Sahel.

OTAN : Organisation du tr aité de l’Atlantique Nord. Cette organisation réunit les Etats-Unis, le Canada et certains pays européens. L'objectif fondamental de l'OTAN est la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires : - politique : L'OTAN a pour but de promouvoir les valeurs démocratiques et d'encourager la consultation et la coopération sur les questions de défense et de sécurité afin d'instaurer la confiance et, à long terme, de prévenir les conflits. - militaire : L'OTAN est attachée à la résolution pacifique des différends. Si les efforts diplomatiques échouent, elle possède les capacités militaires nécessaires pour entreprendre des opérations de gestion de crise. Celles-ci sont menées au titre de l'article 5 du Traité de Washington – le traité fondateur de l'OTAN – ou sous mandat de l'ONU, par l'OTAN seule ou en coopération avec d'autres pays ou organisations interna-tionales. R&T : Recherche & Technologie.