kibera boxe

5
Grand REpor T aGE 100 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 KENYA L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 101 > TEXTE ET PHOTOS CLÉMENT GIRARDOT , À NAIROBI (KENYA) À KIBERA, LE PLUS GRAND BIDONVILLE D’AFRIQUE, UN CLUB DE BOXE DE QUARTIER OFFRE AUX JEUNES UNE DISCIPLINE DE VIE ET UN RÊVE OLYMPIQUE. QUAND UN AVENIR MEILLEUR SE JOUE SUR LE RING. L’ESPOIR DAN S LES POINGS LE 20 OCTOBRE, À KAHAWA, DANS LA BANLIEUE NORDOUEST, À 20 KILOMÈTRES DU CENTRE DE NAIROBI, LORS D’UN TOURNOI AMICAL ENTRE TROIS CLUBS DE BOXE DE LA CAPITALE KÉNYANE.

Upload: clement-girardot

Post on 26-Mar-2016

245 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

boxe à kibera

TRANSCRIPT

Page 1: kibera boxe

Grand REporTaGE

100 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010

KEN

YA

L ’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 101

> TEXTE ET PHOTOS CLÉMENT GIRARDOT, À NAIROBI (KENYA)

À KIBERA, LE PLUS GRAND BIDONVILLE D’AFRIQUE,UNCLUB DE BOXE DE QUARTIER OFFRE AUX JEUNESUNEDISCIPLINE DE VIE ET UN RÊVE OLYMPIQUE.QUANDUN AVENIR MEILLEUR SE JOUE SUR LE RING.

L’ESPOIR DAN S LES POINGSLE 20 OCTOBRE, À KAHAWA, DANS LA BANLIEUE NORD-OUEST, À 20 KILOMÈTRES DU CENTRE

DE NAIROBI, LORS D’UN TOURNOI AMICAL ENTRE TROIS CLUBS DE BOXE DE LA CAPITALE KÉNYANE.

Page 2: kibera boxe

Grand REporTaGE

102 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 103

UN TITRE OLYMPIQUE ET PUIS S’EN VALa boxe est le quatrième sport le plus populaire au Kenya aprèsle football, l’athlétisme et le rugby. Le pays compte treize clubs,dont huit dans la capitale, Nairobi. Les meilleurs clubs sont ceuxde l’armée, de la police et de l’administration pénitentiaire.Pour tous, le plus grand fut Robert Wangila, premier boxeurafricain à remporter un titre olympique. C’était en 1988, à Séoul,aux dépens du Français Laurent Boudouani. Le champion menaensuite une carrière pro décevante aux États-Unis, et mourutpresque dans l’anonymat, en juillet 1994, à Las Vegas, aprèsune défaite par K.-O. contre David Gonzales.

HASSAN, LE GRAND FRÈRE« J’ai commencé à boxer avec mes amisdu KOBC (Kibera Olympic Boxing club) alorsque j’étais enfant, se souvient Hassan.En quatorze ans, j’ai entraîné beaucoupde jeunes ici. Maintenant, nous avons50 boxeurs dans le club, dont quelquesfilles. Je suis comme un grand frère et unami pour eux. Que la personne deviennepro ou non, je veux d’abord en faireun adulte responsable et honnête. »

« ICI, ON NE S’ENTRAÎNE PAS POUR COMBATTRE MAIS POU R BOXER »

KAMAN NGANGA, 22 ANS, L’ESPOIR DU KOBC, A REMPORTÉ SON COMBAT FACEÀ UN BOXEUR DE KAHAWA PAR K.-O. QUELQUES SECONDES APRÈS CETTE PHOTO.

HASSAN ABDUL ALIM, 31 ANS, ENTRAÎNEUR BÉNÉVOLE DU CLUB, ICI AVEC DENIS MUSASIA.

Page 3: kibera boxe

Grand REporTaGE

104 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010

LA BELLE HISTOIREDes boxeurs ont commencé à s’entraîner à Kibera dans les années 70mais c’est en 1982 que le club se développe grâce à l’OugandaisIlias Gabilari, qui lui donne sesorientations sociale et sportive.En 1988, il envoie deux boxeursaux Jeux de Séoul. En 2008,à Pékin, Hassan et Hussein ontréitéré l’exploit malgré la pertede vitesse que connaît le clubdepuis la fin des années 90.

POUR LES ORPHELINS LOGÉS DANS UNE ANNEXE DU GYMNASE, LES BOXEURS DU CLUB SONT DES EXEMPLES.

MOSES OWINO, 28 ANS, À L’ENTRAÎNEMENT DANS LE GYMNASE DE KIBERA.

L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010 105

« LA BOXE LEUR DONNE DE L’ESPOIR »

Page 4: kibera boxe

Grand REporTaGE

106 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010

DES OMBRES s’affrontent dans lapénombre d’un vieux gymnase. Déplace-ments, coups, esquives, seuls les bruits despas résonnent. Environ trente boxeurs sontrassemblés pour l’entraînement quotidiendu Kibera Olympic Boxing Club (KOBC),dans le grand bidonville situé à huit kilo-mètres du centre de Nairobi. Ils ont la ving-taine et vivent dans ce quartier de la capitalekényane qui fit la une de l’actualité mondialedébut 2008, lors des violentes émeutes quisuivirent une élection présidentielle enta-chée de fraudes.« Toutes les ethnies du Kenya sont repré-sentées dans le club et cela ne pose aucunproblème, nous sommes comme des frères »,affirme l’entraîneur Hassan Abdul Alim,31 ans, avec un calme non dénué de charisme.Bénévole, il remplit sa vocation avec dévoue-ment et passion : « J’ai commencé à m’oc-cuper de jeunes boxeurs à 17 ans. Peu de gensvoulaient prendre cette responsabilité. »Alors que la nuit tombe, le second entraîneuret responsable du club, Hussein Sebit, 40 ans,lance une séance d’exercices physiques.Flexions, abdominaux… Le KOBC, c’est aussiune certaine philosophie de la boxe : « Nosjeunes se battent avec leur cerveau, pas seule-ment avec la puissance, déclare Hussein.Le leitmotiv est de ne pas se blesser. Tufrappes, tu marques des points et tu bouges.À la différence des autres clubs, où on soulèvede la fonte, ici on ne s’entraîne pas pourcombattre mais pour boxer. »La lumière s’allume, il est 19 heures. L’en-traînement touche à sa fin. Il est temps deranger le punching-ball suspendu dans uncoin du gymnase, le seul équipement dontdispose le club, avec quelques paires de gantset de protections. Autour des boxeurs, une

>>

DHassan, après l’entraînement, dans les ruesde Kibera. Cet ancien campement de soldatsnubiens datant des années 20 a été grossipar des vagues de réfugiés venus de tout

le Kenya. Il est aujourd’huil’un des plus importantset des plus pauvresbidonvilles du monde.

« Avant, tout autour du gymnase, c’était lebidonville, continue-t-il, maintenant ce sontdes immeubles et des villas. Petit à petit,la municipalité accapare les terrains. Le péri-mètre du bidonville se réduit, mais pas lenombre d’habitants. Les expulsés n’ont nullepart où aller et le quartier devient encoreplus surpeuplé. » La population de Kiberaest difficile à estimer, entre 350 000 etunmillion de personnes s’entassent dans unlabyrinthe de baraques de terre et de tôlecerné par des résidences cossues.« Kibera est le plus grand bidonville dumonde ! » s’exclame avec une certaine fiertéKaman Nganga, 22 ans, sur le chemin qui leramène chez lui. À ses côtés, son compère,Moses Owino, 28 ans, le corrige : « Non,c’est seulement le plus grand bidonvilled’Afrique. » Kibera n’est pas non plus un cas

nuée de gamins observe avec admiration.Ce sont des orphelins qui vivent dans l’an-nexe du gymnase. Hussein les écoute et lesconseille comme un grand frère, mais cettesituation ne le satisfait guère : « C’est lamunicipalité qui a décidé de loger ces enfantsici. Dans la cour, ils ont aussi installé uneÉglise évangélique sous un chapiteau. Celadevient de plus en plus compliqué de s’en-traîner dans de bonnes conditions. »

Bosch vous présenteIXO Vino, son premier

tire-bouchon rechargeable.

NOUVEAU ! L’IXO Vino de Bosch avecadaptateur tire-bouchon : il s’utilise partoutet vous aide même à déboucher des bouteilles.Pour plus d’infos, consulter www.bosch-do-it.com.Nous allons vous surprendre.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE, A CONSOMMER AVEC MODERATION.

-*

Ave

cla

tech

nolo

gie

Lith

ium

-Ion

-R

ober

tB

osch

Fran

ce-

572

067

684

RC

SB

obig

ny.

Page 5: kibera boxe

Le Nairobi Open, fin octobre, permettaitde se qualifier pour l’Open du Kenya,

qui s’est tenu, lui, en novembreet où les meilleurs boxeurs de la

capitale ont rencontréles sélections

des autres villes.

Grand REporTaGE

108 L’ÉQUIPE MAG Nº 1482 11 DÉCEMBRE 2010

unique à Nairobi. Dans cette cité tentacu-laire de plus de 3 millions d’habitants, l’ha-bitat informel est alimenté par l’exode ruralet l’absence de planification urbaine.Dans deux semaines, Kaman et Mosesdisputeront l’Open de Nairobi, un des tour-nois les plus importants de la saison, oùles meilleurs boxeurs de la capitale s’af-frontent. Le rendez-vous à ne pas manquer.Pas question de négliger les entraînements.« Je me lève tous les jours à 4 heures, je coursjusqu’au centre-ville (8 km environ), je revienset je fais quelques exercices physiques »,raconte Moses. Après quoi, lui et ses amisdu KOBC se retrouvent dans la matinée avecHassan pour discuter et se donnent rendez-vous au gymnase en fin d’après-midi.Hassan, lui, a d’autres occupations dans lequartier, frappé par le chômage endémiquedes jeunes hommes. Il s’implique dans uneassociation qui leur vient en aide : « Ondéveloppe des petites activités pour qu’ilsgagnent un peu d’argent en tant que laveursde voitures ou cireurs de chaussures, parexemple. » Les petits boulots et le sportsont, ici comme ailleurs, une façon de tenirà distance la tentation de la délinquance :« Tu vas t’entraîner, tu te fatigues et tu n’asplus d’énergie pour faire quelque chose demal », résume Hassan.D’anciens criminels font partie de l’équipedu KOBC, la boxe leur enseigne disciplineet respect de l’adversaire, les pousse àtravailler dur : « Ils sont habitués à l’argentfacile et capables de tout pour obtenir cequ’ils veulent le plus vite possible, décritHussein. Ils manquent de patience. Pourt’entraîner, tu as besoin de cette patience.En plus, la boxe leur donne de l’espoir. Nousleur parlons beaucoup et ils changent. »L’espoir ? « Kibera Olympic, ça veut dire :“de Kibera aux Jeux Olympiques” », expliqueHassan. Depuis le titre olympique de RobertWangila, à Séoul, en 1988, plusieurs boxeursissus du club ont été sélectionnés pour lesJO. À Pékin, ils étaient deux : Suleiman Bilali(– 48 kg) et Aziz Ali (– 81 kg). Une dizainede boxeurs sont partis au Canada ou auxÉtats-Unis. « Ils commencent en amateursici, puis ils sont repérés par un agent et ilspartent, relate l’entraîneur, et ils ne veulent

>>

plus voir les gens qui sont restés derrière. »Manque de gratitude ? « C’est normal, il fautles comprendre. Il ne faut pas se sentirfrustré, je suis très heureux qu’ils aient trouvéune vie meilleure », répond Hassan avecphilosophie.La perspective d’une carrière pro à l’étrangerfait rêver les boxeurs de Kibera. À une échelleplus modeste, il est possible de se faireembaucher par l’armée, la police ou l’ad-ministration pénitentiaire grâce à de bonsrésultats au niveau national. Obtenir unemploi salarié même si la paye reste faible,généralement pas plus d’une centained’euros, c’est déjà beaucoup pour les jeunesdu bidonville.Deux semaines plus tard, les boxeurs sontaffûtés pour l’Open de Nairobi, qui a lieu àla salle polyvalente de l’église Saint Teresa,dans le quartier d’Eastleigh, au nord-estde la capitale. Quelques rangées de bancs

DE BONS RÉSULTATSPEUVENT ÊTRE LAPROMESSE D’UN EMPLOI

sont disposées autour du ring. La foule n’estpas immense mais l’ambiance devient deplus en plus électrique au fur et à mesurede l’après-midi. Près de l’entrée, tous lesboxeurs de Kibera sont assis ensemble et sesupportent mutuellement.Kaman Nganga, poids coq, est l’espoir duclub. Son modèle est Mike Tyson. Il montesur le ring. Le combat dure une minute toutau plus. Son adversaire est déjà K.-O. !Kaman retire ses gants et lève les bras auciel. Il n’exulte pas, le chemin vers le hautniveau est encore long.Chaque saison, le KOBC peine à réunirquelques dizaines d’euros pour inscrire sesboxeurs aux compétitions. Son seul« sponsor » est Hussein, le responsable, quifinance le club avec son maigre salaire dechauffeur dans un hôtel. La fédération neleur fournit aucun soutien : « Nos boxeurssont bons, mais il n’y a personne dans lesinstances dirigeantes pour les aider àatteindre le niveau supérieur, affirmeHussein. Il y a tellement de corruption là-bas, c’est juste fou ! »

CLÉMENT GIRARDOT

NOUVEAU ! L’outil multifonction sans fil PMF 10,8 LI de Bosch.

Polyvalent et maniable, il peut scier, tronçonner, poncer et gratter. Doté de la technologielithium, il est toujours prêt à l’emploi. Grâce au préréglage en continu de la vitesse avecle système Bosch Eco Electronic, sa batterie dispose d’une plus grande longévité et offreà l’utilisateur un plus grand confort d’utilisation.Avec sa large gamme d’accessoires, le PMF 10,8 LI est l’outil idéal pour tous les travauxde rénovation.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.bosch-do-it.com.Nous allons vous surprendre.

Le plus polyvalentde sa catégorie.

Scier, tronçonner, poncer et gratter, en toute liberté avec le PMF 10,8 LI.

La polyvalence sans fil.

Couper le parquet

Couper les tuyauxen plastique

Effectuer descoupes plongeantes

Déjointerla faïence

Enlever le mortierEnleverla peinture

Nettoyerles surfaces

Couper la faïence

Couper les tuyauxen cuivre

Eliminer la colleà faïence

Enlever les jointsflexibles

*A

vec

late

chno

logi

eLi

thiu

m-I

on

-R

ob

ert

Bo

sch

Fran

ce-

572

067

684

RC

SB

ob

igny

.