kiblind#35

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Kiblind magazine Gratuit Numéro 35 15/03 >15/05 2011 Culture Blender www.kiblind.com

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Mars-Avril 2011

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ÉDITO

VU PAR... Julien Delli Fiori

REVUE DE PRESSEPolaroid

ARCHITECTUREAbinal & Ropars

DOSSIERMatch Point

GLOBELe petit monde du cinéma

PAGES BLANCHESBrecht Evens

RN137Clément le Tulle-Neyret

Michael SwaneyLinda Qibaa

6

8Julien Delli Fiori

10Polaroid

12Abinal & Ropars[au]

14Match Point

20Le petit monde ducinéma

23Brecht EvensRN137Ronan & Erwan BouroulleSirio MagnaboLinda Qibaa

KIBLIND N°3515 MARS - 15 MAI 2011

COUVERTURE / BRECHT EVENS

Brecht Evens, jeune flamand récemment récompensé par le Prix de l'audace à Angoulême, avec Les Noceurs, nous livre ici une partition champêtre qui nous rappelle combien les animaux sont des choses admirables.brechtnieuws.blogspot.com

STAFF /Directeur de la publication > Jérémie MartinezRédacteurs en chef > Jérémie Martinez + Jean Tourette + Gabriel Viry Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Olivier Trias + Matthieu Sandjivy + Yann Dory + Arnaud Giroud + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Franz Bone + Landry Noblet / Librairie Expérience + Guillaume Vonthron

Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry Photographe : Julien Soulier + Styliste : Alix Devallois + Article : Astrid Guillot

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36FBack Cover + Grouik + Lyon Architecture(s) Urbaine(s) + Vivre dangereusement... jusqu'au bout + Title + Timides tentatives de finir tous nus + Code 2.0

40Serial reporter + Faites tourner… + Films Electroniques + Roanne, ville animée + E.Y.E. Five ! + Bulletstorm + Stacking + Magicka + Men Of War : Assault Squad + Marvel VS Capcom 3 + Kill Zone 3

45Baby-doll idole...Playing

60

66

LOUCHE ACTUALITÉS

PRINTBack Cover + Grouik + Lyon

Architecture(s) Urbaine(s) + Vivre dangereusement... jusqu'au bout +

Title + Timides tentatives de finir tous nus + Code 2.0

ÉCRANSerial reporter + Faites tourner… + Films Electroniques + Roanne,

ville animée + E.Y.E. Five ! + Bulletstorm + Stacking + Magicka

+ Men Of War : Assault Squad + Marvel VS Capcom 3 +

Kill Zone 3

CAHIER MODEBaby-doll idole...

Playing

BAZART

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

Direction artistique > Klar (agence-klar.com)Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitaya-design.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr) + Claire Panel

Relecture > Frédéric Gude

Directeur de la communication > Gabriel ViryDirecteur commercial > Jean TouretteRelations commerciales > Olivier Trias

INFOS/Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / [email protected]

Le magazine Kiblind est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 27 rue Bouteille - 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com

Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Bruxelles et Genève.Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Hat-trick PP.Contact : [email protected]

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SOMMAIRE

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T/ M. SandjivyI/ S. Bournel-Bosson

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ÉDITO

« Le politiquement correct ne proclame pas la tolérance : il ne fait qu’organiser la haine » disait, non pas Eric Z. (mais il aurait pu s'il avait été aussi malin qu’il aime à le penser), mais feu Jean Dutourd, membre de l’Académie française.S’inscrivant en faux contre la bien-pensance, il n’en reste pas moins im-possible de publier ce que l’on veut. Pris entre les feux des empêcheurs de penser en rond, carré ou pointu d’un côté, des idéalistes et des contestataires, le position-nement du curseur « publiable » est ardu.En voici un exemple : Tintin au Congo à poil. L’idée nous paraissait plutôt très drôle mais voilà… La simple évocation de cette BD a fait dresser les oreilles de tous les services juridiques associés à la propriété intellectuelle, alors que l'origi-nale demeure reconnue par beaucoup comme « borderline ». Autrement dit, on ne publie pas un plagiat politiquement incorrect d’un original so-cialement incorrect. Autrement dit, exit les jeux de mots entre la revue de presse sur le polar noir, ledit Tintin et le Cahier mode…En revanche, notre porte est restée ou-verte aux audacieux, présents aussi bien en couverture qu’à travers le Globe car, oui, on peut rire de tout, la limite se trou-vant dans l’intention. Et l’intention, c’est ce qui distingue l’audace de l’impertinence.

LAISSE BETON

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Kiblind / Pourquoi et comment France Inter Paris (FIP) a-t-elle été créée ?

Julien Delli Fiori / La radio a été fondée en 1971, à l’ini-tiative de Jean Garretto et Pierre Codou, autour d’un concept simple, mais toujours unique au monde : diffuser, chaque heure et sans interruption, soixante minutes de musique. L’idée fondatrice n’a pas bougé et la musique reste présente en permanence à l’antenne, même pendant les infos. L’autre originalité de la station, depuis l’origine, c’est de diffuser absolument tous les genres musicaux. Depuis l’abandon du monopole d’État, FIP n’est plus la seule radio musicale, mais les autres sont thématiques, spécialisées dans le jazz, le classique, la musique latine ou la chanson, sans parler des réseaux commerciaux qui ne passent que de la variété internationale. À l’inverse, nous sommes une radio de service public, qui ne dépend pas de la publicité, ni des maisons de disque : c’est vraiment le prix de la liberté pour une station musicale et, très concrètement, ce qui lui permet de diffuser tous les artistes et tous les styles de musique.

K / Existe-t-il des genres musicaux qui n’ont pas leur place sur FIP ?

JDF / Tous les genres passent à l’antenne même si, évi-demment, les degrés sont variables. On se targue, par exemple, de diffuser de la musique classique, à raison d’un ou deux morceaux par heure, mais elle est beaucoup moins représentée, à l’antenne, que le rock ou le jazz. Une autre spécificité musicale de FIP, c’est de diffuser des morceaux instrumentaux, ainsi qu’un genre totalement oublié et sous-estimé : les bandes originales de films. Bref, entre tout cela, il y a largement de quoi proposer une programmation intelligente et accessible à toutes les générations.

DEPUIS JANVIER, FIP SOUFFLE SES QUARANTE BOUGIES. EMBARQUÉ, DEPUIS L’ORIGINE, DANS CET OVNI

RADIOPHONIQUE FRANÇAIS, SON NOUVEAU DIRECTEUR N’A POURTANT RIEN À CRAINDRE DU DÉMON DE MIDI…

Itw / G. ViryVisuel : campagne 2011 réalisée par Duke/Razorfish

JULIEN DELLI FIORI

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VU PAR

09

K / Comment les programmateurs travaillent-ils ?

JDF / Dès la création de la station, ça a été mon premier métier… Je pense qu’un programmateur sur FIP a au moins deux qualités. Il n’est surtout pas spécialisé, car il doit tâtonner, chercher et choisir parmi tous les genres musicaux. En outre, il doit parvenir à créer une ambiance et raconter une histoire, grâce à la musique, à travers les enchaînements, la combinaison de standards et de nouveautés, la surprise… La programmation sur notre radio, c’est un véritable métier de création. Concrètement, l’équipe comprend six programmateurs qui se succèdent pour une durée de trois heures, pendant laquelle ils diffusent une cinquantaine de titres. Cela représente au total, plus de 300 morceaux différents, chaque jour. Chaque programmateur a sa propre ca-bine et dispose d’un logiciel grâce auquel il peut mettre ses disques ou piocher dans la discothèque numérisée de Radio France, comprenant plus d’un million de titres.

K / Comment se matérialise le soutien auprès des artistes ?

JDF / On est une radio, donc cela passe nécessairement par la diffusion. Or, en quarante ans d’existence, cer-tains artistes lui « doivent » beaucoup, car elle a été la première – et parfois la seule – à les diffuser. Il nous est même arrivé de programmer des musiciens qui n’avaient pas encore enregistré ou qui n’étaient pas encore distribués. Encore une fois, cela concerne tous les genres. Le rap, par exemple, n’est pas le style musical le plus caractéristique de FIP, mais on a été les premier (il y a vingt ans) à diffuser MC Solaar… Parmi les autres artistes révélés par la radio, quand personne ne les connaissait, il y a aussi Bernard Lavilliers, Mathieu Chedid, Gotan Project, Buika, Moby, Yael Naim, etc.

K / FIP, ce sont aussi des voix, dont certaines sont devenues emblématiques…

JDF / Dès l’origine, en effet, Garretto souhaitait ne faire intervenir à l’antenne que des voix féminines, à la fois agréables et sensuelles. Au fil du temps, les animatrices se sont aussi distinguées par une sorte d’impertinence sympathique, qu’elles expriment à travers leurs com-mentaires, sur une activité culturelle, un morceau ou un événement dont la radio est partenaire. Pendant longtemps, les animatrices ont été recrutées « à l’aveugle », c’est-à-dire que la direction était installée dans un autre bureau que celui où elles faisaient leurs essais : il n’y avait donc aucune influence, sur le choix, du physique, de l’attitude ou du comportement. Au-

jourd’hui, c’est un peu différent, puisqu’on teste direc-tement les animatrices à l’antenne, sur des programmes d’essai. Quoi qu’il en soit, au-delà des méthodes, les exigences n’ont pas changé : elles concernent les voix, mais aussi l’écriture et la curiosité.

K / Qu’est-ce qu’Internet a changé ?

JDF / Je pense qu’il a surtout conforté ce que nous faisons depuis des années. Depuis plusieurs années, le public revient à la radio par Internet, et il est vrai que FIP en a particulièrement profité : depuis un an, la fréquentation du site a augmenté de 50 % (plus de 2 millions de visites par mois) et la durée d’écoute est phénoménale, dépassant, en moyenne, 70 minutes.

K / La radio fête actuellement ses quarante ans. Quels sont les projets pour les quarante années à venir ?

JDF / Le vrai anniversaire a été célébré en janvier der-nier : pendant trois semaines, nous avons installé un studio éphémère dans le hall du premier étage de la radio et organisé des concerts, tous les soirs, avec trois ou quatre formations différentes (Mayra Andrade, Cocoon, Arthur H, etc.). Le résultat a été très réussi. Plus largement, depuis mon arrivée à la tête de la ra-dio, en 2010, les priorités s’inscrivent vraiment dans la continuité : partir à la conquête des festivals de jazz sur lesquels nous ne sommes pas encore pré-sents ; poursuivre les concerts, les cartes blanches, les invitations, etc. À côté de cela, le concept musical a suffisamment fait ses preuves, en termes de longévité, pour qu’il se poursuive comme il est. De toute façon, par définition, il ne peut pas y avoir de lassitude sur la programmation : la musique, c’est une matière vivante, qui se réactive en permanence dès que l’on reste à l’affût des nouveautés. Comme une autoroute avec des bretelles…

FIP en chiffres : 300 titres différents diffusés chaque jour, 109 400 par an, 6 programmateurs permanents, 11 « sorcières du bonheur », + 30 % d’audience en 4 ans... FIP en plus : avant de devenir la voix officielle de la SNCF (« Eloignez vous de la bordure du quai s'il vous plaît… »), Simone Hérault a été, jusqu’en 2001 et pendant 25 ans, une des « voix » de la radio.

www.fipradio.com : sélection du mois, événements, disques, « sortir avec fip »…

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Sources :

« Danger sur les Cornuelles »,

La Charente Libre, 8/1 ; « Les

polars en milieu chti ont le

vent en poupe », La Voix du

Nord, 16/1 ; Linda Douifi,

« La cornuelle en polar »,

Sud Ouest, 17/1 ; Fabien

Rabatel, « Craig Johnson à la

médiathèque », Sud Ouest,

17/1 ; Julie Zaoui, « Actes

Sud réhabilite la victime

de l'intrigue Millénium », La

Provence, 20/1 ; Gwenael

Bourdon, « Rachid Santaki

affiche son polar urbain »,

Le Parisien, 21/1 ; « Images

de L.A. Noire », LaDepeche.

fr, 26/1 ; Isabelle Rapsaet,

« James Ellroy : tout sur ma

mère », Nord Éclair, 26/1 ;

Pierre-Laurent Flamen, « James

Ellroy, un des rois du polar, à

Lille », La Voix du Nord, 26/1 ;

Jean-Marc Le Scouarnec,

« James Ellroy dédicace son

dernier livre », La Dépêche

du Midi, 28/1 ; Olivier Tartart,

« Maxime Gillio se penche sur

la Fracture de Coxyde », La

Voix du Nord, 4/2 ; « Nesbo,

le Norvégien qui franchit les

limites », Le Parisien, 4/2 ;

H.L., « Camilla Lackber en

tête des ventes », Le Parisien,

4/2 ; Philippe Lemaire, « La

nouvelle offensive des polars

du Grand Nord », Le Parisien,

4/2 ; « Arte bat un record avec

le flic Wallender », Le Parisien,

5/2 ; Hubert Lizé, « Deux flics

ami-ami », Le Parisien, 8/2 ;

« Jacques Bower sur le terrain

vague de la Mer du Nord »,

Nord Littoral, 8/2 ; « Pascal

Dessaint dévoile son nouveau

polar », La Dépêche du Midi,

12/2 ; Jacques Braut, « Les

‘palabreurs’ sont de retour »,

Sud Ouest, 14/2 ; « La reine du

polar en dédicace », L’Union,

17/2 ; « Patrick Samuel Vast :

son deuxième polar sortira le

1er mars », La Voix du Nord,

18/2.

étrangers (bonne nouvelle), à tel point

que le genre investit l’ensemble du

champ culturel. Ainsi, pendant que La

Dépêche révèle les « images » de L.A.

Noire, un nouveau jeu vidéo au cœur de

« la police de Los Angeles », Le Parisien

s’intéresse à l’adaptation, au théâtre,

d’une pièce policière américaine, Pluie

d’enfer. Olivier Marchal, ancien flic au

nom prédestiné, est l’un des interprètes,

aussi reconverti dans la comédie qu’on

refuse d’aller au KFC : « j’en avais un

peu assez du monde des poulets »…

MADE IN F.La France ne se contente pas d’impor-

ter des polars, comme de l’or noir. Elle

bénéficie aussi d’une longue tradition

de littérature policière, dont Amandine

Geraud et Sandrine Montupet appré-

hendent « les arcanes » (Sud Ouest): se-

lon elles, le « polar français » est plus axé

sur « la psychologie des personnages »

que sur la « technique d’investigation »

propre au « polar anglo-saxon ». Ainsi,

dans Le Bal des Frelons, le nouveau ro-

man policier de Pascal Dessaint, les per-

sonnages polarisent l’attention de La

Dépêche : « deux ex-taulards qui vivent

en couple, une employée municipale qui

prend deux jours de congés pour prépa-

rer son dépucelage ».

Plus largement, en France, les variétés

de polars sont aussi nombreuses que

les labels qualité de poulets. Après Ma

petite cité dans la Prairie, par exemple,

Rachid Santaki publie Les Anges s’ha-

billent en caillera, un « polar urbain »

qui raconte l’itinéraire d’ « un jeune

délinquant de Saint-Denis » surnommé

amicalement… « le Marseillais ». Pré-

facé par Oxmo Puccino et écrit, sans

forcer, « dans le langage des cités », il

EN ATTENDANT QUAIS DU POLAR À LYON OU LE FESTIVAL

INTERNATIONAL DE BEAUNE (EX-COGNAC), FOCALISONS, AVEC

LA PRESSE RÉGIONALE, SUR LE PHÉNOMÈNE POLICIER…

« Les Français aiment les romans

noirs ». Quand James Ellroy sort cette

petite phrase, après avoir « imité un

tigre » et « feulé dans le salon feutré »

d’un « hôtel parisien », son interlocuteur

de La Voix du Nord ne dément pas. On

le comprend : en tournée promo pour la

sortie de La Malédiction Hilliker, l’écri-

vain avait prévenu : « ça s’est mal passé

avec le journaliste précédent » et… « je

reste un prédateur prêt à sauter sur sa

proie ». Par ailleurs, les faits sont là : « la

France est le pays où il est le plus lu »,

à l’image de son dernier livre, « vendu

deux fois et demi plus ici qu’aux Etats-

Unis » (Nord Éclair). Résultat : de Lille

à Toulouse, ses dédicaces s’enchaînent,

au rythme des rotatives. La Dépêche du

Midi raconte, par exemple, comment le

californien a été immergé, dès son en-

fance, dans un véritable polar familial.

À dix ans, sa mère est « retrouvée dé-

coupée en morceaux » et son père coupa

net : « ce n’était qu’une salope ! ».

Au-delà du cas Ellroy, la France est une

terre promise pour les « rois du polar »,

ce qui explique que les stars mondiales

peuvent encore se taper la tournée des

librairies sous-préfectorales. Craig

Johnson, par exemple, a connu « mille

vies » (« cow-boy, pêcheur, charpentier,

routier, policier à New York »), avant

de conquérir « l’Amérique et l’Europe ».

Pourtant, quand il débarque en Gi-

ronde, en janvier, pour une « résidence

artistique », il reste un passage obligé :

la « médiathèque » et « deux classes

de lycée » (Sud Ouest). Quant à Patri-

cia Mac Donald, autre « reine du sus-

pense », L’Union nous ferait presque

croire qu’elle a lancé, à Reims, « la sor-

tie mondiale de son nouveau roman ».

Les Français aiment les polars, les

Page 11: KIBLIND#35

REVUE DE PRESSE

donne des ailes à l’éditeur : « quand

la littérature s’éloigne de la rue, il y a

toujours quelqu’un pour l’y ramener »

(Le Parisien). Si « le 93 a son premier

roman noir », il en est de même pour le

16, où les jeunes privilégient toujours

les charentaises. Bien qu’il s’en défende,

préférant le terme de « polar comique »

(Sud Ouest), Vincent Poirier vient d’y

publier un « polar régional », La Guerre

des Cornuelles, racontant l’éradication

du célèbre « biscuit charentais ». Ex-

plications : « Je ne connais rien d’aussi

bon, mais j’en ai goûté aussi de très

mauvais, trop cuits ou avec de la crème.

C’est peut-être ce qui m’a (…) donné

envie d’écrire ce polar » (La Charente

Libre). Il y aurait donc pire que l’his-

toire d’Ellroy : retrouver des gâteaux en

petits morceaux…

THE NORTH FACE

Au-delà des bestsellers américains et

des romans français dignes des mar-

chés de Noël, le monde du polar est

multipolaire, sachant qu’entre « folie

ou filon », la littérature policière « du

Grand Nord » lance sa « nouvelle offen-

sive » (Le Parisien). Début février, Arte

« bat un record d’audience » avec la sé-

rie Wallender, inspirée par le « suédois

Henning Mankell ». Et en librairies, sa

compatriote Camilla Läckberg est lar-

gement « en tête des ventes », depuis

qu’Actes Sud, la plus méridionale des

Maisons, poursuit son aventure dans le

polar nordique, après « la trilogie star

de Stieg Larsson ». Quant au norvé-

gien Jo Nesbø, ses aventures de Harry

Hole, « flic extrême », déviant, accroc

à l’opium, continuent de conquérir le

monde, traduites désormais « dans une

quarantaine de langues ». Etc.

Pour éviter que l’intégralité de la litté-

rature policière ne finisse par s’acheter,

comme sa bibliothèque, dans un maga-

sin Ikea, la France peut compter sur son

pôle Nord… Pas-de-Calais. D’après La

VDN, en effet, « les polars en milieu chti

ont le vent en poupe », même si les pro-

portions, par rapport au Grand Nord,

restent bien gardées. Selon le quoti-

dien, en effet, les polars « ayant pour

cadre la région » forment un « genre en

pleine expansion », comme en atteste le

« succès d’estime » de Requiem pour un

toubib, Éclipse d’une nuit d’hiver ou À

minuit, les chiens cessent d’aboyer. Ils

ont été vendus, en moyenne, à un mil-

lier d’exemplaires… à une banquise

près des 300 000 atteints, en France,

par les derniers romans de Läckberg (Le

Parisien). Quoi qu’il en soit, la région

reste très prolifique dans le genre poli-

cier, avec une collection dédiée, « Polars

en Nord » et des auteurs parfaitement

géo-localisés. Chez « l’écrivain local »

Patrick Samuel Vast, par exemple, Bé-

thune est un peu la L.A. de Ellroy :

après La Veuve de Béthune, Béthune,

2 minutes d’arrêt, son dernier polar, est

une invitation à ne pas y rester. Quant

à Maxime Gillio, originaire de Dun-

kerque, il publie un cinquième roman

policier, La Fracture de Coxyde, dans

lequel « Jacques Bower », un détective

« cynique, blasé, alcoolo », part sur la

côte belge pour élucider « la découverte

d’un cadavre dans une éplucheuse à pa-

tates… ».

Les américains n’ont pas inventé la

pomme de terre mais heureusement, ils

ont débarqué…

Texte: G. ViryPOLAROID 11

Page 12: KIBLIND#35

« Tirer l’éternel du transitoire. » Lorsque Baudelaire livre au XIXe

siècle presque décadent sa défini-tion de la « Modernité », le message s’adresse aux artistes de toutes les chapelles. Celui qu’il décrit dans Le Peintre de la vie moderne n’a pas le seul regard de l’orfèvre ; il sait « dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’histo-rique ». Et cette « mode » n’est pas seulement la parure lunaire d’une silhouette : c’est le vêtement intégral du temps présent.Fils de leur temps, Édouard Ro-pars et Julien Abinal se croisent au début des 00’s, dans l’agence de Patrick Berger. Le premier s’en va, s’apprêtant à décoller pour Rome et rejoindre quelques temps la Villa Médicis ; le second y prend place pour suivre plusieurs grands projets, notamment la piscine de Belleville et la Maroquinerie des Ardennes pour Hermès. À son retour à Paris, Édouard Ropars s’installe dans un atelier rue Laumain, dans le 8e, qu’il partage avec l’artiste et photographe Natacha Lesueur. Julien Abinal les rejoint en 2006, année qui marque leurs premiers projets communs. Deux ans plus tard, ils constituent leur propre agence d’architectes et installent leurs bureaux… de l’autre côté de la rue. Cette proximité déli-bérée avec l’atelier d’artistes favorise les rencontres avec le monde de l’art et de la mode, tout en nourrissant leur posture architecturale en ma-tière de croisements disciplinaires. Le dialogue entre art et architecture s’engage naturellement. Et quand

Édouard Ropars présente à la Villa Médicis des maquette en bétons conçues pour un quartier sud de Rome, criblées de balles réelles, cette tension amoureuse d’un me-dium à l’autre devient édifiante. Influencé par la photographie, leur travail accorde une place es-sentielle à la représentation et la remise en cause des codes actuels de l’image d’architecture. « En tra-vaillant avec des photographes de mode comme Philippe Jarrigeon ou Milo Keller, nous n’avons ja-mais cessé de questionner la na-ture de l’image d’architecture. » Une recherche expérimentale qui a pu se manifester très diversement : en se mettant en scène, devant une maquette ; en photographiant des étudiants, devant une affiche de projet de concours ; et « plus ra-dicalement » en se déguisant en personnages de fiction ou en po-sant grimés en Régine, leur cliente en 2008 pour la création d’un bar dans son club mythique de la rue Ponthieux.L’image, la photo, la mise en scène : la mode. Depuis les premières armes de Julien Abinal sur un pro-jet de Manufacture pour Hermès, à la participation d’Édourd Ro-pars à la scénographie de la col-lection 2007 de Haute Joaillerie de Dior par Victoire de Castellane, les deux architectes tissent leur fil dans l’univers de l’élégance. Karine Arabian les sollicite pour esquis-ser l’identité visuelle de ses futurs points de vente ; Franc’ Pairon (di-rectrice du département création

ABINAL & ROPARSARCHITECTURE DE MODETexte / J. TouretteVisuel / Complexe de logements à Moscou©Abinal & Ropars Architectes,concours international 2010

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ARCHITECTURE

13

de l’Institut Français de la Mode) leur commande la scénographie de 10 ans de création à l’IFM, au Sa-lon Première Classe des Tuileries ; au printemps 2010, le Festival de la Mode de Hyères présente la série de photographies de Philippe Jarrigeon et Édouard Ropars : Maisons de couture.Ancrés dans la Modernité, avec tout ce que la notion contient de bau-delairien, les architectes question-nent l’esprit du présent, interroge l’histoire de chaque situation pour en extraire les liens qui associent un hic et nunc transitoire à la pro-fondeur d’un passé toujours latent. Lorsqu’ils s’intéressent au design, ils

bannissent l’acception qui consiste à ne retenir que la forme finie, « sans aspérité et sans histoire ». Seul le processus de fabrication, son carac-tère et ses contraintes matérielles, associés au geste qui conçoit, des-sine et construit, donne à la disci-pline ses lettres et son sens. Rien ne vient de rien. Chacun de leur projet prend place dans une histoire, celle d’un lieu ou celle de l’architecture tout entière, et le récit qui s’en ex-trait donne la direction des opéra-tions. Boulevard de la Chapelle à Paris, les architectes revisitent ac-tuellement les immeubles à gradins d’Henri Sauvage, prolongeant la construction debut XIXe en créant de longues jardinières individuelles ; à Alger, ils s’emparent de l’imagi-naire des « hangars décorés » de Las Vegas, théorisés par Robert Venturi à la fin des 60’s, pour conce-voir l’esthétique d’un complexe de

loisir comme une superposition de lingots d’or. Le principe : la vita-lité ; orientée vers un usage réel et contemporain de l’architecture.« Cela ne nous semble en aucun cas contradictoire de citer un archi-tecte néoclassique allemand du dé-but du XIXe siècle (Karl Friedrich Schinkel) et d’être transportés par un défilé d’Alexandre Vauthier ; de revenir sans cesse à la photogra-phie d’architecture américaine des années soixante (Hedrich Blessing et Ezra Stoller entre autres), et de participer à des mises en scènes sur-réalistes de jeunes photographes de mode ; de participer activement au côté de l’agence Berger-Anziutti au

plus complexe des projets parisiens actuels (le réaménagement du Pôle d’échanges aux Halles) et de conce-voir un bar pour Régine à partir d’un petit miroir aperçu dans la salle de bains de “ mademoiselle ” ; d’enseigner le projet dans un Mas-ter intitulé “ Art, Architecture et Philosophie ” dans la plus grande école d’architecture de France et de poser avec une perruque rouge pour la couverture d’un magazine branché. »Derrière l’apparence paradoxale de la posture d’Édouard Ropars et Ju-lien Abinal règne ce dialogue artis-tique qui se départit sans combattre des frontières esthétiques. Et tandis que l’un participe à la revue d’art et de mode Dorade, l’autre figure par-mi les lauréats 2009-2010 des Nou-veaux albums des jeunes architectes et paysagistes. « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence… »

« SI LA MODE NOUS INTÉRESSE AUTANT, C’EST QU’ELLE EST TOUT À LA FOIS L’EXACTE OPPOSÉE DE L’ARCHITECTURE DANS LA RÉALITÉ DE SA PRATIQUE ET SA SŒUR JUMELLE DANS SA CAPACITÉ À DONNER FORME AU “CONTEMPORAIN” »

www.abinalandropars.com

Édouard Ropars©Natacha Lesueur, 2008

Centre culturel à Hammerfest (Norvège)©Abinal & Ropars Architectes, concours international 2004

Logements et centre d’animation Boulevard de la chapelle (Paris 18e)©Abinal & Ropars Architectes, 2009-2012

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LES ARTISTES DU BALLON ROND N'ONT PAS LE MONOPOLE DE LA CRÉATION : QUAND L'ART S'INTÉRESSE AU SPORT, IL S'EN MOQUE, CHANGE LES RÈGLES ET S'INVENTE DE NOUVELLES BRELOQUES. ENQUÊTE DE LA LORRAINE AU PÔLE NORD : IL VA Y AVOIR DU SPORT...Texte / G. ViryVisuel /S. Bournel-Bosson

MATCH POINT

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DOSSIER / MATCH POINT

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« On oppose souvent l'art et le sport. Pourtant, c'est le même engagement ». Cette petite phrase ne vient pas d'un responsable de MJC mais de Laurent Le Bon, conservateur renommé et com-missaire d'expo capable, avec Koons ou Veilhan, de traumatiser les Versaillais. Seconde surprise : début janvier, l'actuel directeur du Centre Pompidou-Metz pré-side la cérémonie des Lauriers, récom-pensant les meilleurs sportifs lorrains de l'année... De deux choses l'une : soit Le Bon s'est converti au jargon footballis-tique (arbitrage parfait, respect de l'ad-versaire, pas de polémique), soit le sport et l'art partagent des points communs suffisants (le spectacle, les arts martiaux, les performances, Éric Cantona, etc.) pour qu'on oublie la petite bête, voire les truands. Mais d'après Jean-Marc Huitorel, critique d'art, collaborateur de la revue Art Press et spécialiste français du sujet, « le milieu du sport ne s'inté-resse pas à l'art ». Certes, Roland Garros confie son visuel, chaque année, à un ar-tiste de renom (Alechinsky, Miró, etc.), mais ce genre d'exceptions se retrouve généralement dans ce que l'art déteste : le sport-spectacle et le sport business, consistant à débaucher un chorégraphe célèbre pour une cérémonie d'ouverture de JO ou Oxmo Puccino, récitant du Cy-rano, pour vendre les nouveaux maillots de l'équipe de France de football. D'un autre côté, « le milieu de l'art regarde le sport avec méfiance et dédain », recou-vrant des contradictions quasi-naturelles entre le corps et l'esprit, les profondeurs de l'âme et les appels en profondeur, l'éli-tisme et la culture populaire. Fondateurs de L'Entorse, une association lilloise installant des passerelles entre le sport et le champ culturel, Hermann Lugan et Julien Carrel cherchent justement à leur tordre le pied : « La sphère artistique est très endogame et le sport, omniprésent dans la société, est un moyen de l'ou-vrir. » Deux ans après leur rencontre, lors de Lille 2004, ils créent un festival

biennal, La Quinzaine de l'Entorse, puis organisent des résidences d'artistes et des événements : « à l'occasion du cham-pionnat du monde d'athlétisme cadet, en juillet, nous proposerons par exemple un défilé chorégraphique inspiré de la Bien-nale de la Danse de Lyon ». Si les initiatives culturelles articulant l'art et le sport commencent à voir le jour, elles restent souvent à la périphé-rie. Ainsi, qui connaît le Domaine de La Chamarande ou la salle d'exposition de Guyancourt, où ont été organisées deux expositions ambitieuses réunissant autour du sport de nombreux artistes et performers en vue (Wim Delvoye, Laurent Tixador, Cyril Hatt, etc) ? En revanche, fin janvier, l'appel de Metz semble faire écho à Beaubourg : pour sa sixième édition, le festival Hors Pistes reste tapi dans les sous-sols de Pompi-dou mais sa programmation principale est axée sur le « Stade de l'art », autour de projections, de performances et d'une exposition thématique. Pour Clémentine Charlemaine, chargée de communica-tion : « la dimension visuelle est très pré-sente dans le sport ; or, depuis 2006, la vocation du festival est justement d'ex-plorer les mouvements et les expérimen-tations artistiques autour de l'image ». C'est peut-être bon signe. Mais de toute façon, les artistes n'ont pas attendu d'être dans les starting blocks des centres de diffusion pour se sentir mal dans la tête, mais beaucoup mieux dans les bas-kets...

TIRS CROISÉSQuand le Stade Français de rugby lance en 2001 son calendrier Les Dieux du stade, personne n'est dupe : il a beau faire péter du N&B et employer des photographes de renom (Steven Klein, Peter Lindbergh), l'objet ne vise qu'à émoustiller les assistantes de direction à lunettes carrées. Plus étonnant : Les Dieux du stade emprunte le nom du do-cumentaire controversé de l'artiste alle-

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mande Leni Riefenstahl réalisé, en 1936, pendant les JO de Berlin. Si la vidéo moderne a largement profité de ses in-novations (caméra-catapulte, travelling), le film fait surtout le service après-vente du régime nazi et l'apologie des athlètes-apollons, compatibles Teutons. Pendant longtemps, il forme un symbole de la ré-

pulsion des artistes pour le sport, dont la représentation s'est largement réduite depuis l'Antiquité, au culte de l'effort, des athlètes et des tablettes, 100 % ca-cao. Résultat : jusque dans les années quatre-vingt, peu d'artistes s'intéressent au sport. Et quand ils s'y mettent, ils semblent tous d'accord : c'est vraiment pour en rire.Ouf... : en grattant un peu, notamment

dans la danse, les passeurs, entre le sport et la création, ne se réduisent pas à Jean-Pierre François (Je te survivrais) et Yan-nick Noah. Ancien espoir national du 400m haie, Pierre Rigal est devenu, en quelques années, une valeur sûre de la danse contemporaine. En 2003, après un apprentissage au sprint auprès d'Auré-

lien Bory puis de Gilles Jobin, il fonde sa compagnie, Dernière minute, dont le nom correspond justement au temps nécessaire pour comprendre, grâce à Nathalie Vautrin, qu'elle est très deman-dée : « Sur les six créations, cinq sont actuellement en tournée. Trois spectacles sont également interprétés en mars à Paris, au Monfort, dans le cadre d'une carte blanche ». Allons vérifier... Arrêts de Jeux s'ouvre sur un « ballet » de pe-tits écrans-projecteurs, avant que deux maîtres à penser n'y prennent le relais : Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Interprété par quatre danseurs, dont Rigal, la chorégraphie est une adapta-tion de la fameuse rencontre opposant en 1982 la France et la RFA, en demi-finale du Mondial (voir encadré). « Le spectacle est d'abord l'évocation d'une déception enfantine et une réflexion sur la construction des souvenirs ». Certes. Mais, avec un regard plus actuel, il peut aussi s'apparenter à une parodie des grand-messes footballistiques et de leurs pratiquants. C'est sûrement pour cela que le public explose de rire quand les « danseuses » tombent exagérément ou lorsque leurs jeux de mains sont sûre-ment le meilleur moyen, dans un spec-tacle muet, de transmettre une pensée

L'Américain Satch Hoyt crée des sculptures en gants de boxe,

utilisées notamment par Jean-Marc Huitorel

pour illustrer son ouvrage référence,

La Beauté du geste : l'art contemporain

et le sport. Il prépare actuellement une

nouvelle exposition, à partir du 9 avril, au

Musée des Beaux-Arts de Calais, ainsi qu'un

ouvrage collectif : L'Art est un sport de combat

(ed. Analogues, mai 2011).

LE MILIEU DE L'ART REGARDE SOUVENT LE SPORT AVEC MÉFIANCE ET DÉDAIN, RECOUVRANT DES CONTRADICTIONS QUASI NATURELLES ENTRE LE CORPS ET L'ESPRIT, LES PROFONDEURS DE L'ÂME ET LES APPELS EN PROFONDEUR, L'ÉLITISME ET LA CULTURE POPULAIRE.

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type « arbitre, enculé ! ». Arrêts de Jeux est la seule œuvre « sportive » du choré-graphe. Et s'il lui a effectivement injecté une bonne dose de dérision, imaginons ce qu'elle peut être chez des artistes in-capables de terminer un 100m sans per-fusion.Selon Huitorel, « les artistes s'intéres-sent au sport pour différentes raisons : la mémoire, la passion, la dérision, la critique, etc. Ces ressorts sont souvent concomittants », comme dans la plu-part des créations impliquant le football. Dans les années quatre-vingt-dix, par exemple, le performer Pascal Rivet s'est fait connaître dans l'art contemporain grâce à ses imitations vidéos de sportifs (dont Barthez ou Ronaldo), entre mimé-tisme gestuel et décomposition de leur représentation médiatique. En 2009, la jeune designer Chloé Ruchon invente, de son côté, le Barbie-foot : un baby foot d'un nouveau genre dans lequel les joueuses, en mal de virilité, forment une brochette de Zahia en petites tenues roses. Exposé à plusieurs reprises en France et à l'étranger, le magasin Colette l'a commercialisé (en édition limitée) pour un montant avoisinant le salaire quotidien d'une star de ligue 1 : 10 000 euros. Quant aux sculptures de joueurs en chocolat réalisées par Jacques Hal-bert, ne constituent-elles pas une allégo-rie de la fin du ballon rond, puisque les footballeurs sont menacés de fondre à la moindre accélération, et ce bien avant la coupe du monde au Qatar ?

LES NOUVELLES RÈGLES DE L'ARTDevinette : quel est le point commun entre Ange Leccia, Marie Denis et Wim Delvoye ? Leurs œuvres respectives com-promettent l'usage normal du ballon rond. Dès 1986, Leccia crée l'installation Nou Camp dans laquelle il acolle deux buts, en vis-à-vis, formant une cage-pri-

Dans le cadre du festival Hors Pistes 2011, le collectif Pied La Biche organise un vrai-faux multiplexe, animé notamment par le célèbre commentateur de basket George Eddy, reprenant les meilleures actions d'une dizaine de situations sportives : un loto rural près de Roanne, un défi de bouffe sportive, un match de football américain, une compétition de jeu vidéo, etc. www.piedlabiche.com

son et empêchant tout simplement les ballons de rentrer. De son côté, Marie Denis dessine des terrains impossibles à pratiquer : à flancs de coteaux, dans le parc olympique de Munich (2003) ou superposés, dans le domaine de La Chamarande, aux lignes blanches d'un jardin à la Le Nôtre (French Touch). Enfin, avant de créer sa célèbre Machine à caca, le plasticien belge Wim Delvoye avait inventé le premier but en vitrail, représentant un boulanger au travail. Intitulée Panem et Circenses (« Du pain et des jeux »), l'œuvre peut être inter-prétée comme une sorte de conseil : si vous en voulez, évitez de tirer ! Les ten-tatives de neutralisation artistique ne se limitent pas au football. Quand Aurélien Maillard crée par exemple des objets avec des tables de ping pong, Richard Fauguet semble carrément déconseiller d'y jouer : ses tables et ses raquettes sont criblées d'impacts... En résumé, les activités sportives seraient tellement pré-sentes aujourd'hui dans la société, que les artistes les rendent impraticables ou, à l'instar des sculptures au bord des au-toroutes, en état de mort cérébrale.

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« Le football à trois côtés a été inventé par l'artiste situationniste Asger Jorn pour illustrer sa théorie sur la triolec-tique favorisant, par opposition à la loi du vainqueur de la société bourgeoise, la stratégie, la collaboration, le hasard ». À première vue, Philippe Zerr, membre du collectif artistique Pied La Biche, réu-nissant une quinzaine de larrons entre Lyon, Grenoble et Paris, ne rigole pas. Du moins, pas tout à fait. « Nous créons des dispositifs vidéo expérimentaux per-mettant de caractériser l'évolution des comportements dès que l'espace est mo-difié ». Depuis deux ans, le collectif s'in-téresse ainsi à la pratique et à la capta-tion vidéo du football à trois côtés. Dans le cadre de la dernière Biennale d'Art Contemporain de Lyon, il organise un tournoi à Vénissieux (charmante bour-gade de l'est lyonnais), réunissant sur un terrain hexagonal plusieurs équipes

locales accompagnées de véritables ar-bitres. « En 2010, un deuxième tournoi a été organisé dans le cadre de la Nuit Blanche de Metz puis un autre, en 2011, en Ile-de-France ». Si le collectif n'ex-clut pas de créer un championnat, l'im-portant restera toujours de participer, conformément à ce qu'explique, plus largement, les thérapeutes de L'Entorse : « La culture et la création peuvent ap-porter au sport ce qui, souvent, s'en est échappé : le plaisir du jeu, sans logique identitaire ni compétition exacerbée ».Si les artistes réinventent enfin le sport, c'est en empruntant directement (pour certains) les codes de la performance physique, comme dans un bon magasin Au Vieux Campeur. Depuis une quin-zaine d'années, par exemple, le perfor-mer irlandais Neal Beggs fait de l'alpi-nisme dans les galeries d'art du monde entier. Il expose son matériel (tentes, sacs de couchage), présente ses exploits fil-més et semble toujours partant pour une petite escursion, à coup de piolet et de crampons, sur un mur d'exposition. De son côté, le français Laurent Tixador est un « artiste expéditionniste », esthète de l'aventure, dont certaines créations peu-vent s'apparenter à d'authentiques ex-ploits sportifs. Dès 2002, il rallie Nantes à Metz en ligne droite géométrique, équi-pé d'une boussole, et trois ans plus tard, il devient le premier artiste à atteindre le Pôle Nord. Pour lui, ces aventures sont créatrices dans la mesure où, entièrement improvisées, elles permettent d'importer dans le champ de l'art une autre réalité, loin des règles sportives : celle de l'in-connu. Dans North Pole, compte-rendu vidéo de son expédition-performance, il se dévoile, emmitouflé, avec un message manuscrit : « Je voudrais être avec toi ». La meilleure réponse qu'un conservateur de musée pourrait donner à un toxico-mane du Gerblé ?

ON REFAIT LE MATCHQue s'est-il passé en 1982 pour que le match France-RFA inspire autant la création contemporaine ? Une rencontre légendaire, à la dramaturgie étonnante, entre une agression non sanctionnée, un joueur inconscient, 4 buts en prolongations et une séance traumatisante de pénalties. Résultat : la RFA accède à la finale et le match laisse de nombreuses traces, y compris dans les générations qui, comme nous, ont dû le voir à quatre pattes. En 2006, pendant que le Mondial déboule en Allemagne, Pierre Rigal crée Arrêts de Jeux et l'artiste suisse Massimo Furlan interprète la performance Numéro 10, à travers laquelle il reconstitue, dans des stades entièrement vides (Parc des Princes, Vélodrome), le match de Michel Platini. Le rôle est joué en temps réel, soit 135 minutes de solo, commenté par Didier Roustan et coaché, au bord du terrain, par Michel Hidalgo. En 2009, le collectif Pied La Biche s'inspire également de la célèbre rencontre : dans Refait, il reproduit à l'identique les faits et gestes de la séance de tirs au but, usant d'un split screen audacieux mêlant les vraies images d'archives à la reconstitution des évenements sur un terrain vague, un parking et une série de lieux tellement normaux qu'ils en deviennent insolites. Au bout de treize minutes, malgré tout, l'histoire se répète : Maxime Bossis tire en plein sur le gardien...

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Sujet/ M. Gueugneau & J. MartinezVisuel/ Claire Panel

LE PETIT MONDE DU CINEMA

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DANS LA GRANDE FAMILLE DU CINÉMA, IL Y A LES FILS PRODIGUES, LES CHOUCHOUS ET LES PETITS DERNIERS. TOUR DU MONDE DES PLUS GRANDS FESTIVALS POUR EN DÉCOUVRIR LES LEADERS. CONTRAIREMENT AUX JEUX OLYMPIQUES, L’IMPORTANT N’EST PAS FORCÉMENT DE PARTICIPER.

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BRECHT EVENSBrecht Evens est un illustrateur flamand, un très jeune illustrateur flamand. Né, comme le ta-lent, en 1986, il ne cesse depuis lors de poursuivre un monde qui n’existe pas. Ou plutôt si, lui le fait exister. Des mondes débordant de lumières, d’empreintes vives, formant au-delà de la bulle de véritables fresques où chaque item possède son importance. Prix de l’audace à Angoulême 2011 avec sa première BD traduite en français, Les Noceurs.http://brechtnieuws.blogspot.com

RN137Quelle émotion ! Voir Rennes et Nantes supporter, main dans la main, l'émergence de jeunes artistes de leur cru. Elles, ces deux sœurs ennemies. Sortie de l’imaginaire de la Zoo Galerie à Nantes et du 40mcube de Rennes, l’exposition rassemble douze artistes de ces deux villes. Ici, une aquarelle de Briac Leprêtre, Le Pont et une photographie de Blaise Parmentier, 1,21m (envi-ron). Visible du 15/03 au 10/04 à L’Atelier (Nantes) et du 19/11 au 17/12 au 40mcube (Rennes).www.zoogalerie.fr ; www.40mcube.org

CLÉMENT LE TULLE-NEYRETSymbole d’une génération de jeunes graphistes à qui rien ne fait peur, Clément Le Tulle-Neyret gobe et recrache un panier garni de créations de tout poil. Encore étudiant à l’École des Beaux-Arts de Lyon à l’heure où il publie ces pages, il a néanmoins été deux fois exposé au N-1 de la biennale du design et réalise de nombreux ouvrages. Clément délivre ici une création pour Kiblind mêlant typographie et mise en page. Le B.A-Ba du graphisme.www.clement-ltn.com

MICHAEL SWANEYCe jeune Canadien de 32 ans aime dessiner, coller, installer et sans doute jouer au hockey sur glace. Mis à part le hockey, on peut dire qu’il soigne dur ses passions. Et pour cause, celles-ci lui ont fait parcourir le monde, entre Miami, Barcelone, beaucoup Barcelone, Toronto et Saint-Sé-bastien. Un travail qui le conduit aujourd’hui à Bruxelles, dans la prestigieuse Alice Gallery où il exposera entre autres les deux œuvres ici présentes : Tropical Islander Zulu et Our Kitchen.www.michaelswaney.com

LINDA QIBAALinda Qibaa est une jeune photographe parisienne dont le talent n’a d’égal que la beauté du soleil couchant sur le port d’Honfleur un soir d’automne. Quoique le déploiement des focs la laisse coite d’indifférence, d’autres phénomènes émeuvent la curieuse Linda Qibaa. Les photos ici présentes sont issues du portfolio La Solitude peuplée, qui témoigne de son travail sur l’ab-sence, le vide au cœur de la foule.

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LOUCHE ACTUALITÉS

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PRINT

Alexandre Dimos et Gaël Étienne, plus connus sous le nom des deValence, rendent immédiatement hommage à leur ville de formation, dès l'apposition de leur signature. C'est que la capitale drômoise et les Beaux-Arts de Valence en particulier, où ils ont fait une partie de leurs études, ont été le lieu de leur rencontre et de leur premiers travaux. En 1999, Gaël assure la direction artistique de la revue musicale « Pop moderne » Magic, pendant qu'Alexandre termine ses études. Une revue, déjà, accompagne donc la genèse du duo, né officiellement en 2001. Elle leur permet de tester leur collaboration en suivant un rythme soutenu et leur assure dans le même temps un revenu régulier puisque mensuel. Ils occuperont la direction artistique du magazine (qui fête aujourd'hui son 150e) numéro, jusqu'en 2005. L'occasion rêvée de construire l'histoire de l'un des studios graphiques français majeurs de ce début de siècle. En 2002, ils s'installent en région parisienne à Mains d'Œuvres, dont ils créent la signalétique et l'identité graphique, et profitent de l'oc-casion pour satisfaire leur curiosité insatiable et développer de nombreux projets dans le domaine culturel. En parallèle de leur activité de studio graphique, ils créent ainsi en 2003 l'association F7 accompagnés de quelques camarades. L'objectif est de créer l'opportu-nité d'interroger leur discipline de prédilection, en invitant les acteurs qui la font évoluer. Au programme, de nombreuses conférences/rencontres facilitées par la mise à disposition d'une salle de 100 places dans l'ancienne usine de Saint-Ouen. Si l'association est un peu en sommeil ces derniers mois, elle demeure une formidable opportunité d'informer un public curieux des problématiques liées au design graphique et d'établir un réseau d'in-tervenants qualifiés venant du monde entier. Avec B42, leur maison d'édition,qui a permis la découverte d'excellents ouvrages, tels que Le Vertige du funambule et Le Détail en typographie, ils complètent leur panoplie de parfaits incubateurs graphiques. C'est dans ce même esprit que naîtra la revue Marie-Louise, devenue depuis Back Cover.

INVITATION À LA « RÉFLEXION »En 2006, Jérôme Delormas, tout nouveau directeur de la Gaîté Lyrique, alors à la tête du Lux à Valence, invite le duo du cru à venir en résidence, afin de créer une exposition dont le thème serait « Exposer le design graphique ». Peu à l'aise avec l'idée d'exposer leur tra-

T / J. MartinezVisuels :Couverture et

double page intérieure

Back Cover #4

NOTICEBack Cover #4

Hiver/printemps 2011édité par B42

Conception graphique :deValence

Sorti en février 201160 pages / 9,50 euros

www.editions-b42.com

PRENDRE LE TEMPS DE REGARDER DANS SON DOS POUR MIEUX BOMBER LE TORSE, SANS TIRER LA COUVERTURE À SOI... EN S'ATTARDANT SUR LE TITRE DE LA REVUE DE DESIGN GRAPHIQUE DES DEVALENCE,ON DIVAGUE SUR LE DOS DU TALENTUEUX BINÔME DE LA DRÔME.

EncorE un livrE, mais pEut-êtrE, […] lE dErniEr livrE d’architEcturE Catherine de Smet p. 8

lEs dEsignErs doivEnt sE positionnEr commE actEurs Et non commE simplEs usagErs d’unE tEchnologiE prêtE à l’Emploi. Stéphanie Vilayphiou et alexandre leray p. 43

that was how i plannEd it. i wantEd it that way and no othEr. i cannot Explain all this rationally: it was a mattEr of gut fEEling — “it sEEmEd to mE”, “i fElt that”. JoSt hoChuli p. 22

JE n’ai Jamais vu un livrE avEc unE tEllE structurE visuEllE. Wim CrouWel p.14

to darE; to prEtEnd. Karel martenS p. 31

wE nEEd to undErstand thE softwarE as bEing dEsign products that carry valuEs, givE impulsE to usEs and social dynamics. Stéphanie Vilayphiou et alexandre leray p. 27

lEs préférEncEs En matièrE dE caractèrEs typographiquEs sont En grandE partiE quEstion dE sEntimEnt pErsonnEl. JoSt hoChuli p. 51

wE wErE both astonishEd that thE singlE intElligEnt tExt about swiss typography could only bE found in English. roland Früh p.44

this wasn’t Just typography, this was typographical storytElling. Wim CrouWel p. 32

la modErnité typographiquE […] n’Est pas vraimEnt unE EsthétiquE mais un modE dE production, unE tEchniquE.roland Früh p.44

9,50 €France 9  782917   855157

Sommaire

1ConverSation  aveC karel martenSrobin kinrossRobin Kinross et Karel Martens échangent, par écrans interposés, autour de la nouvelle reliure de Printed Matter, du fonctionnement de la revue Oase, et au sujet d’architecture et de design graphique.

8graphiSteS et arChiteCteS. quelqueS épiSodeS réCentS  d’une hiStoire anCienneCatherine de SmetLe livre d’architecture comme espace où le graphiste peut déployer la totalité de sa pratique : Catherine de Smet présente quelques productions récentes.

14une renContre déCiSiveWim CrouwelWim Crouwel revient sur sa découverte de Schiff nach Europa. Il témoigne de la richesse structurelle et typographique de cet ouvrage conçu par Karl Gerstner en 1957.

16avant un maniFeSte metahavenPeut-on encore écrire un manifeste sur le design ? Troisième et dernière partie du pamphlet White Night - Before a Manifesto.

37éCrire le deSign.  verS une Culture  du Code  Stéphanie vilayphiou  et alexandre leray (<stdin>)Méthode, système, programme : Stéphanie Vilayphiou et Alexandre Leray présentent différentes approches de l’usage du code dans le processus de design et de création.

44une renContre,SanS noStalgie,  aveC une hiStoire de la typographie moderneroland FrühIncontournable : tel est l’adjectif en usage pour définir le livre Modern Typography de Robin Kinross. Roland Früh, qui fut assistant de l’auteur durant deux années, revient sur l’ouvrage paru pour la première fois en 1992.

46un deSign de livre « SyStématique » ?Jost hochuliAvec ce texte, écrit à l’occasion d’une conférence présentée pour la première fois lors d’une conférence à Munich en 2007, Jost Hochuli donne, exemples à l’appui, des indices sur sa méthode et questionne la notion de système dans son travail.

ContentS

21SyStematiC book deSign?Jost hochuliIn this text, presented for the first time as a lecture in Munich in 2007, Jost Hochuli gives with some examples of his own work, clues about his method and questions the system in his work.

25Writing deSign—toWardS a Culture oF CodeStéphanie vilayphiou  and alexandre leray (Stdin)Method, system, program: Stéphanie Vilayphiou and Alexandre Leray present several approaches to the use of code publishing in design making process.

28a ConverSation With karel martenSrobin kinrossRobin Kinross and Karel Martens talk, through skype, about the new binding of Printed Matter, the organization of Oase magazine, architecture and graphic design.

32an important enCounterWim CrouwelWim Crouwel reveal us his discovery of Schiff nach Europa. He shows the structural and typographic inventiveness of this book designed by Karl Gerstner in 1957.

33a non-noStalgiCenCounter With modern typographyroland FrühEssential: this is the appropriate adjective to define the book Modern Typography written by Robin Kinross. Roland Früh, who was his assistant for two years, evokes this book first published in 1992.

34beFore a maniFeStometahavenCan we still write a manifesto about design ? Third and last part of the White Night - Before a Manifesto booklet.

to writE a manifEsto is to draw up and sign a covEnant with a sElf-dEclarEd truth. metahaVen p. 34

lE manifEstE Est, pour nous, unE formE d’utopiE. metahaVen p. 16

avant dE commEncEr cE travail, vous dEvEz accEptEr quE c’Est moi qui décidE. Karel martenS p. 2

BACK COVER winter /spring 2011

hiver /printemps 2011

DesiGn GrAphiQUe, t YpOGrAphie, etC. GR APHIC DESIGN, T YPOGR APHY, ETC. Wim Crouwel | Catherine de smet | robin Kinross | Karel martens metahaven | <stdin> | roland Früh | Jost hochuli

60 p.

195 × 280  mm

Fren

b42-15

BC04-Cover-OK.indd 1 21/01/11 19:36

EncorE un livrE, mais pEut-êtrE, […] lE dErniEr livrE d’architEcturE Catherine de Smet p. 8

lEs dEsignErs doivEnt sE positionnEr commE actEurs Et non commE simplEs usagErs d’unE tEchnologiE prêtE à l’Emploi. Stéphanie Vilayphiou et alexandre leray p. 43

that was how i plannEd it. i wantEd it that way and no othEr. i cannot Explain all this rationally: it was a mattEr of gut fEEling — “it sEEmEd to mE”, “i fElt that”. JoSt hoChuli p. 22

JE n’ai Jamais vu un livrE avEc unE tEllE structurE visuEllE. Wim CrouWel p.14

to darE; to prEtEnd. Karel martenS p. 31

wE nEEd to undErstand thE softwarE as bEing dEsign products that carry valuEs, givE impulsE to usEs and social dynamics. Stéphanie Vilayphiou et alexandre leray p. 27

lEs préférEncEs En matièrE dE caractèrEs typographiquEs sont En grandE partiE quEstion dE sEntimEnt pErsonnEl. JoSt hoChuli p. 51

wE wErE both astonishEd that thE singlE intElligEnt tExt about swiss typography could only bE found in English. roland Früh p.44

this wasn’t Just typography, this was typographical storytElling. Wim CrouWel p. 32

la modErnité typographiquE […] n’Est pas vraimEnt unE EsthétiquE mais un modE dE production, unE tEchniquE.roland Früh p.44

9,50 €France 9  782917   855157

Sommaire

1ConverSation  aveC karel martenSrobin kinrossRobin Kinross et Karel Martens échangent, par écrans interposés, autour de la nouvelle reliure de Printed Matter, du fonctionnement de la revue Oase, et au sujet d’architecture et de design graphique.

8graphiSteS et arChiteCteS. quelqueS épiSodeS réCentS  d’une hiStoire anCienneCatherine de SmetLe livre d’architecture comme espace où le graphiste peut déployer la totalité de sa pratique : Catherine de Smet présente quelques productions récentes.

14une renContre déCiSiveWim CrouwelWim Crouwel revient sur sa découverte de Schiff nach Europa. Il témoigne de la richesse structurelle et typographique de cet ouvrage conçu par Karl Gerstner en 1957.

16avant un maniFeSte metahavenPeut-on encore écrire un manifeste sur le design ? Troisième et dernière partie du pamphlet White Night - Before a Manifesto.

37éCrire le deSign.  verS une Culture  du Code  Stéphanie vilayphiou  et alexandre leray (<stdin>)Méthode, système, programme : Stéphanie Vilayphiou et Alexandre Leray présentent différentes approches de l’usage du code dans le processus de design et de création.

44une renContre,SanS noStalgie,  aveC une hiStoire de la typographie moderneroland FrühIncontournable : tel est l’adjectif en usage pour définir le livre Modern Typography de Robin Kinross. Roland Früh, qui fut assistant de l’auteur durant deux années, revient sur l’ouvrage paru pour la première fois en 1992.

46un deSign de livre « SyStématique » ?Jost hochuliAvec ce texte, écrit à l’occasion d’une conférence présentée pour la première fois lors d’une conférence à Munich en 2007, Jost Hochuli donne, exemples à l’appui, des indices sur sa méthode et questionne la notion de système dans son travail.

ContentS

21SyStematiC book deSign?Jost hochuliIn this text, presented for the first time as a lecture in Munich in 2007, Jost Hochuli gives with some examples of his own work, clues about his method and questions the system in his work.

25Writing deSign—toWardS a Culture oF CodeStéphanie vilayphiou  and alexandre leray (Stdin)Method, system, program: Stéphanie Vilayphiou and Alexandre Leray present several approaches to the use of code publishing in design making process.

28a ConverSation With karel martenSrobin kinrossRobin Kinross and Karel Martens talk, through skype, about the new binding of Printed Matter, the organization of Oase magazine, architecture and graphic design.

32an important enCounterWim CrouwelWim Crouwel reveal us his discovery of Schiff nach Europa. He shows the structural and typographic inventiveness of this book designed by Karl Gerstner in 1957.

33a non-noStalgiCenCounter With modern typographyroland FrühEssential: this is the appropriate adjective to define the book Modern Typography written by Robin Kinross. Roland Früh, who was his assistant for two years, evokes this book first published in 1992.

34beFore a maniFeStometahavenCan we still write a manifesto about design ? Third and last part of the White Night - Before a Manifesto booklet.

to writE a manifEsto is to draw up and sign a covEnant with a sElf-dEclarEd truth. metahaVen p. 34

lE manifEstE Est, pour nous, unE formE d’utopiE. metahaVen p. 16

avant dE commEncEr cE travail, vous dEvEz accEptEr quE c’Est moi qui décidE. Karel martenS p. 2

BACK COVER winter /spring 2011

hiver /printemps 2011

DesiGn GrAphiQUe, t YpOGrAphie, etC. GR APHIC DESIGN, T YPOGR APHY, ETC. Wim Crouwel | Catherine de smet | robin Kinross | Karel martens metahaven | <stdin> | roland Früh | Jost hochuli

60 p.

195 × 280  mm

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vail, les deValence en profitent donc pour transformer cette résidence en maternité pour une revue tournée sur le « design graphique, typographie, etc. » Pendant un mois, ils créent sur place une référence du genre qui, même si elle a changé de nom en 2008 pour des problèmes juri-diques (de Marie-Louise à Back Cover), paraît depuis lors deux fois par an. Publiée en français et en anglais, elle est un moyen pour le binôme d'obtenir des réponses à des questions qu'il se pose au quotidien et de faire des propositions sur la façon de regarder et de penser leur pratique du design graphique. Lorsque le bouclage arrive, le temps s'arrête et tous les efforts se concentrent sur ce bel objet d'édition qui « re-groupe sous différentes formes (interviews, journal de bord, textes théoriques, transcrip-tion de conférences) des contributions d'acteurs internationaux (graphistes, typographes, critiques et historiens de l'art, journalistes spécialisés...) ». Ici, pas de portfolio mais « plu-tôt des réflexions, des analyses critiques et historiques, des expériences individuelles et collectives dans les domaines du design graphique, de la typographie, de l'illustration et plus largement des arts visuels ». Au gré des parutions et de leur sensibilité, on suit les contours de leur démarche générale : affirmer une certaine autonomie des pratiques liées au design graphique tout en démontrant la collision permanente avec d'autres sphères aussi diversifiées soient-elles. Le dernier numéro, à fortes consonances suisse et flamande, est l'occasion de lire des maîtres du genre tels que Karel Martens ou Jost Hochuli et de s'interroger sur le rapport entre graphistes et architectes, ou encore d'étudier celui qui relie design graphique et culture du code (programmation). En choisissant Back Cover comme étendard, les deValence redonnent son sens premier à la « réflexion » et invitent le chaland, curieux, à se retourner sur son passage. Couvertures n°2 et 3

LIVRE I BD I REVUE

« DÈS  LE  DÉBUT  NOUS  AVONS  CHERCHER  À AFFIRMER UNE AUTONOMIE DE CES PRATIQUES, EN AYANT  TOUJOURS  LE  SOUCI D'OUVERTURE. NOUS ENTENDONS DONC CES PRATIQUES AU SENS LARGE. NOUS NE LES VOYONS PAS FERMÉES SUR ELLES-MÊME NI VOULANT FAIRE PARTIE DU DOMAINE DE  L'ART (CONTEMPORAIN).»

37

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Lyon Architecture(s) Urbaine(s)Ville de Lyon / Bureau 205 (Damien Éditions 205Sorti fin 2010208 pages / 36 Euroswww.editions205.fr

L’architecture structure une ville autant que celle-ci conditionne les créations architecturales. Elle est le point de ren-contre entre l’espace public et l’espace privé, entre l’artistique et le fonctionnel.Lyon Architecture(s) Urbaine(s) fait le point sur dix ans de créations dans la métropole rhodanienne. Cherchant ce qui fait ville, dans son aspect social aussi bien qu’esthétique, l’ouvrage détaille les grands ensembles symboliques aussi bien que les ouvrages qui font le quotidien des Lyonnais. Dans une recherche de la composition urbaine lyonnaise, Lyon Architecture(s) Urbaine(s) décline tous les enjeux inhérents à la construction d’un cadre de vie dans une ville possé-dant son histoire, son présent, et orga-nisant le futur. Fait plutôt rare dans ce type de travail, les designers graphiques ont eu tout loisir de créer une œuvre qui leur est propre. Le bureau 205 (Damien Gautier & Quentin Margat) a ainsi pu jouer sur la conjugaison typographique et la syntaxe de mise en page pour mettre en valeur les différentes facettes de l’ob-jet architectural. Dans une composition picturale qui tourne autour de trois couleurs (orange, blanc et noir), le texte simple ploie devant les photographies et les axes principaux de réflexion. Lyon Architecture(s) Urbaine(s) est une ini-tiative détonnante qui marque une vraie reconnaissance du graphisme dans le discours institutionnel. Welcome.

LYON ARCHITECTURE(S) URBAINE(S) T / M. Gueugneau

PRINT

Premier numéro d'une revue-livre ini-tiée par le Pavillon, Laboratoire de création du Palais de Tokyo, Vivre dan-gereusement... jusqu'au bout a pour visée de réunir des artistes qui y ont résidé à diverses époques en un atelier thématique. L'artiste invité à conce-voir cette publication, Benoît Maire, a choisi le cinéma conceptuel pour objet d'étude de ce premier opus, engageant de la sorte une réflexion distanciée sur les pratiques cinématographiques d'ar-tistes contemporains. Les contributions de Florence Os-tende, Émilie Renard, Chloé Maillet et Louise Hervé, Emmanuel Pehau, Ariane Michel, Hugues Decointet, Api-chatpong Weerasethakul, Alex Cec-chetti et Dominique Gonzalez-Foerster sont articulées autour des trois inti-tulés possibles de l'ouvrage : « et fi de l'image-concept », « sur quelques bords de l'image-mouvement » et « vivre dangereusement... jusqu'au bout », citation de l'affiche du film Tout près de Satan de Robert Aldrich.Intelligent et singulier, ce numéro 1 signe un prodigieux travail d'appro-priation de la thématique, mettant dans une nouvelle lumière travaux de plasticiens et théories de l'image-mou-vement. Alice Litscher, graphiste pour cette édition, a opéré cette adaptation de la revue de cinéma en un objet où textes et images entrent judicieusement en résonance.

VIVRE DANGE-REUSEMENT... JUSQU'AU BOUT

Vivre dangereusement... jusqu'au boutCollectif d'artistes du PavillonSous la direction de Benoît MairePavillon du Palais de Tokyo / Le Cercle d'ArtSortie mars 2011 au Salon du Livre de Paris 224 page / 20 euros

T / M. Morin

GrouikT.1 : Je veux des vacancesKaze DolemiteGlénat (sorti fin janvier) 96 pages / 9,95 euros

Kazedolemite aka Kazedope aka Kaze tout court est un artiste lyonnais nourri à la culture populaire. Fan des affi-chistes français des années 50 et des dessins animés des années 60, autant que de soul des seventies ou de hip-hop old school, il fait partie de cette généra-tion d’artistes aussi à l’aise devant une table à dessin que derrière des platines.Le dessin l’emporte sur la musique mais le garçon ne peut s’empêcher de mener deux carrières de front. Comme illustrateur, il officie beaucoup pour la presse pour enfants (Bayard, Milan) mais aussi pour d’autres journaux ou magazines d’horizons divers, parmi les-quels Libé ou Graff It. Il participe aussi à quelques campagnes de pub pour des enseignes comme Quick ou La Poste. Par ailleurs, Kazedolemite est aussi au-teur de bandes dessinées et collabore à de nombreux magazines underground (Ferraille, Jade, Capsule Cosmique, Bile Noire) ou jeunesse (Tchô !).Tout ça pour dire que Grouik vient de sortir chez Glénat. Grouik est un gosse comme les autres qui préfère le skate aux devoirs et les sucreries aux plats de la cantine. À une exception près : Grouik est un cochon. Des gags en une page, ludiques, drôles et édu-catifs pour les plus petits et remplis de culture hip-hop des années 1980 pour les plus grands (il y a même une playlist !). Un avant-goût ici : http://grouikos.blogspot.com.

GROUIKT / L. Noblet

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La Haute École d’Art et de Design de Genève, plus communément appelée HEAD, s’évertue à former des gra-phistes de qualité. La jeune et brillante Ramaya Tegegne en est l’exemple. Avec son livre Title, conçu et réalisé dans le cadre de son diplôme en Communi-cation visuelle, elle vient d’obtenir la Médaille d’argent du concours « Les plus beaux livres du monde entier ». Présenté sous la forme d’une compi-lation historique d’œuvres d’art, ce livre cherche à mettre en évidence ce qui, graphiquement, unit la création à son titre, en s’inscrivant dans une recherche qui prend en compte tout à la fois les dimensions sémantiques, linguistiques, conceptuelles et visuelles du sujet. Alors que la presque totalité des mouvements artistiques a remis en question ou reconsidéré la fonction et l’usage du titre, ce mini-système tex-tuel, essentiel et discret, reste toujours l’unique indication permettant d’éclair-cir la compréhension et la significa-tion d’une œuvre. Ramaya Tegegne s’est donc efforcée, par ce travail aussi considérable qu’audacieux, de retracer le chemin du sens, de décrire le pont qui relie les mots aux choses. Ce livre regroupe également une série de textes, interviews, anecdotes ou citations en rapport avec chaque œuvre choisie. Maintenant, pensez à lire le titre.

TITLE

Title Ramaya TegegneProchainement disponible auprès de Motto Distributionwww.mottodistribution.com

T / O. Trias

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Timides tentatives de finir tous nusIbn Al RabinAtrabile / Collection « Fiel »Sortie fin janvier 2011160 pages / 19 euros

Atrabile – la maison d’édition suisse dont les illustres hérauts (Jason, Fre-derik Peeters) ont assuré la renommée bien au-delà des alpages – réunit pour la première fois (toutes) les histoires courtes d’Ibn Al Rabin. Timides tenta-tives de finir tous nus se présente par son titre comme un projet ambitieux, tout en préservant une humilité à la hauteur de l’effet d’annonce.Compilation de shots parus entre 1997 et 2010 dans les pages de revues (Bile Noire, Le Phaco, Drozophile, etc.), fanzines (Exultation macaronique, L’Affaire du sècle) et autres livres épui-sés aujourd’hui (Comix 2000) ou pas (L’Aventure permanente, L’Abécédaire), ce recueil s’organise en suivant la chro-nologie des parutions, où chaque « pé-riode » est précédée d’une mise en scène distanciée de son auteur. On y saisit dès les débuts cette patte minimaliste qui caractérise son style et son goût pour la précision narrative : les petites cases noires et blanches, agglutinées sur une même page, deviennent de plus en plus larges avec le temps, se colorisent par-fois ou éclatent leur cadre pour prendre place plus librement dans l’espace de la feuille. Mais c’est toujours avec un humour caustique, parfois agréable-ment potache ou davantage cynique, qu’Ibn Al Rabin maintient le ton d’une histoire à l’autre, avec ou sans parole. Jusqu’à l’aveu de son échec : « Ben une fois de plus y’a pas grand monde qui a fini nu… ».

TIMIDES TENTATIVES DE FINIR TOUS NUS T / J. Tourette

LIVRE I BD I REVUE

Code 2.0SemestrielN°2 à paraître mi-avril 201136 pages / Gratuitcodemagazine2.blogspot.com

Belges de cœur et Parisiens d’adop-tion, Code 2.0 sont territorialement les Justine Hénin des magazines gratuits. Mais la comparaison s’arrête là : qui oserait en effet comparer la plastique difficile d’une tenniswoman retraitée à la revue gratuite d’art contempo-rain venant à peine de s’upgrader. Après 10 numéros de bons et loyaux services bruxellois, Code Magazine a déménagé à Paris et changé d’équipe. Lætitia Chauvin et Clément Dirié re-prennent en effet le précieux outil de support aux artistes émergents créé il y a maintenant cinq ans outre-quiévre par Thomas Wyngaard et Mariana Melo. Point de tennis ici (quoique), mais un amour excitant de la jeune scène contemporaine de France, de Belgique et d’ailleurs. En un mot, il s’agit pour la revue de servir l’art pour mieux servir le monde. Clément et Lætitia cherchent à poser sur le papier glacé de leurs passions les créations d’artistes en devenir. Parce qu’il est difficile pour les débutants de voir leurs travaux émerger de la touffe bruissante qui sert d’espace public, Code 2.0 leur ouvre grand ses pages. À coups de cartes blanches dédiées et d’essais visuels, le magazine laisse les artistes prendre en otage la revue. Au lecteur ensuite de se délecter d’un syn-drome de Stockholm délicieusement prémédité.

CODE 2.0T / M. Gueugneau

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T / G. Vonthron & G. Viry

SERIAL REPORTERNON, BERNARD DE LA VILLARDIÈRE N’A PAS LE MONOPOLE DU JOUR-NALISME ET JACK BAUER, LA LOI DES SÉRIES. AUX ETATS-UNIS, LE GÉNIAL SCÉNARISTE DAVID SIMON N’A PAS BESOIN DE PUTES, NI D’EXPLOSIFS, POUR PASSER À LA TÉLÉ…

Avant de devenir producteur et scénariste pour la télévision, David Simon était journaliste au Baltimore Sun, spécialisé dans les affaires criminelles et stupéfiantes. Son expérience lui inspira un livre devenu bestseller, Homicide : A Year on the Killing Streets que le réalisateur Barry Levinson (Rain Man, Good Morning, Vietnam) proposa d’adapter au petit écran. Ac-compagné de David Mills, un ami journaliste, Simon se lança donc dans l’écriture de la série Homicide : Life on the Street, diffusée pendant sept saisons sur la chaîne NBC. Dans le petit monde de la série US, Simon a inventé une recette intelligente et magique : un scénario inspiré de faits réels, écrit à plu-sieurs mains et inspirant des œuvres brillantes, diffusées sur HBO. Démonstration : après Homicide, la série The Corner, issue d’un second livre co-écrit par Simon avec un an-cien détective et scénarisé avec Mills, explore le marché de la drogue à Baltimore. Puis, à partir de 2002, The Wire reste dans la place pour une fresque passionnante sur la crimi-nalité, encensée par le public, la critique et… Barack Obama. Simon enchaîne ensuite avec Generation Kill, adaptée d’un livre d’Evan Wright, journaliste « embedded » en Irak, puis il scénarise Treme, sur l’après-Katrina.Toutes les séries de David Simon ont un point commun : elles ne sont pas l’œuvre d’une batterie de scénaristes portant l’uniforme, mais d’un ancien journaliste concentré sur l’observation quotidienne des personnages et

des faits. Résultat : il n’y a pas de héros, pas de méchants ni de gentils… Simplement des gens normaux, marginalisés par la société et présentés avec la même empathie. Sur la forme, la « Simon touch » dénote également, avec des méthodes assimilables au documentaire et une caméra épaule perpétuellement en mouve-ment, transformant le spectateur en témoin.

COMME UN OURAGAN…Derrière les images, les messages passent avec finesse. Dans Generation Kill, par exemple, Simon révèle l’absurdité de la présence amé-ricaine en Irak à travers le regard des jeunes marines, remplis d’adrénaline mais contraints d’attendre, en vain, un peu d’action… De la même façon, Treme, dont la deuxième saison démarre (en avril) sur HBO, matérialise la confrontation aigre-douce entre la joie de vivre inhérente à la Nouvelle-Orléans et les conséquences dramatiques induites en 2005 par le passage de l’ouragan. Sur fond de jazz, l’auteur y dénonce les lourdeurs de l’adminis-tration américaine et les promesses d’aides qui ne sont jamais arrivées, comme s’il suffisait d’un Amstrong pour résumer, entre les lignes : what a wonderful world !

www.hbo.com/tremeÀ l’occasion des 5e Assises Internationales du Roman, du 23 au 29 mai à Lyon, Éric Overmeyer, co-scénariste de Homicide : Life on the Street et de Treme, participe à une table ronde organisée autour de la série américaine.

villagillet.net

T / G. Vonthron & G. Viry

Page 41: KIBLIND#35

ÉCRAN CINÉMA

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FAITES TOURNER…Lors de sa sortie au cinéma en 1971, Taking off avait pour objectif de surfer sur la vague Easy Rider. Mais, bien loin d’atteindre le succès de son aîné, ce premier film américain de Milos Forman se « contenta » de remporter le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Bonne nouvelle : il ressort en mars en DVD ; l’occasion de (re)découvrir cette satire de la petite bourgeoisie américaine confrontée au phénomène « Flower power ». Le fossé générationnel est tourné en ridicule, en particulier lors d’une scène mémorable, pendant laquelle des dizaines de parents, soucieux de comprendre les activités de leurs enfants, se réunissent pour découvrir les joies de la fumette…

sortie le 23 mars en DVD et Blu-Ray www.carlottavod.com

ROANNE, VILLE ANIMÉEÀ première vue, c’est surprenant : petite ville de la région Rhône-Alpes, tapie sur une ligne imaginaire reliant les capitales françaises du court-métrage (Clermont-Ferrand) et de l’animation (Annecy), Roanne pro-pose une sorte de synthèse, depuis 2010, avec le Festival international du court-métrage d’animation. Pendant six jours, il propose une pro-grammation très pointue de 130 films, issus de 30 pays, « déconseillés aux moins de treize ans ». Au-delà de la compétition officielle et des rétrospectives (Nuit du fantastique, comédies délirantes, etc.), le festival met l’accent sur la diversité des techniques d’animation : pâte à mode-ler, découpage, 3D, 2D, peinture sur verre, sable, etc. Jérémy Clapin, auteur du fameux Skhizein, fait cette année l’objet d’une exposition (jusqu’au 10 avril), permettant de découvrir son processus de création, du story board aux effets spéciaux, en passant par la définition des personnages et l’animatique 2D.

http://animationfestival.roanne.fr

FILMS ELECTRONIQUESLe Festival Electron, déjà splendide pourvoyeur de musiques électro-niques, invite cette année deux festivals à programmer films et vidéos. Que l’un soit spécialiste (le Neuchâtel International Fantastic Film Festival) et l’autre moins (le Shift Festival de Bâle, docteur ès-musiques électroniques) n’empêche pas les deux convives de s’entendre dans une programmation autour de l’exposition Hands on : hackings and bricolages, au BAC, curatée par le Shift. En sus, le NIFF s’est vu confier l’organisation d’un ciné-concert par Alain Weber sur le légendaire Chien andalou de Luis Buñuel.

Ciné-concert le 22/04 à l’Alhambra ; Programmation Shift le 22/04, celle du NIFFF le 23/04 au BAC. Le tout dans le cadre de l’Electron Festival de Genève du 21 au 24/04.

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E.Y.E. FIVE !D'habitude on évite de parler de jeux qui ne sont pas sortis, parce qu'on préfère poser nos mimines dessus avant... Hélas, je vais devoir déroger à cette règle. Principalement parce que le jeu dont je vais vous parler est un peu la quintessence de pas mal de titres testés dans cet opus. Quelques exemples ? Bon, déjà c'est un FPS Futuriste (Bulletstorm et Killzone 3 <check>), c'est fait par un studio indépendant (Magicka <check>), ça sort sur PC (Men Of War : Assault Squad <check>), c'est beaucoup plus riche que ça en a l'air (Stacking <check>), on peut mettre des slips sur des collants (Marvel VS Capcom 3 <ch...ah ben non en fait>). Bref, je parle bien sûr de E.Y.E : Divine Cybermancy.Imaginez un peu un studio français répondant au doux nom de Streum On, qui s'inspire de Ghost in the Shell, Blade Runner, Warhammer 40K et Sun Tzu (!), pour vous mitonner avec amour un FPS cyberpunk sombre, où se mèlent conspiration, hacking et augmentations cybernétiques... Et qu'on pourra gérer son perso et son inventaire en bon RPG qui se respecte. Là vous vous dites : « OK, ils vont faire un genre de Deus Ex 3 du pauvre ». QUE NENNI BEOTIENS ! Si je vous dis qu'il y aura en plus des pouvoirs psis, des invocations, que le scenario à l'air d'être né dans un esprit souffrant de délires paranoïaques et hallucinatoires, et qu'en plus (et là c'est le coup de grâce) que ce sera jouable en coop jusqu'à 8... Là on fait tout de suite moins les malins... Alors OK c'est développé sur Source. On s'en fout... Mieux vaut un gameplay nerveux qu'un shoot couloir photoréaliste. Et puis c'est vrai que le jeu a un poil de retard. Mais bon, on leur laisse le choix dans la date, si c'est pour être sur que les chromes seront astiqués à fond. Allez les streums... C'est la dernière ligne droite. High Five !

BULLETSTORMEn ce moment je suis très FPS. Je n'arrive pas à lacher Men Of War 2 mais force m'est d'admettre que la démo de Bul-letstorm ne m'avait pas laissé indifférent. J'ai donc claqué mes 60 euros et je ne les regrette pas. C'est pas aussi beau que ce qui se fait de nos jours mais c'est jouissif. Car rappelons que le but du jeu est de « Tuer avec Style ». Sinon... ben sinon on ne peut pas acheter de munition. Voilà. Alors que tout le monde se prend au sérieux, chez Epic on a gardé une âme d'enfant ; et pour ça on leur dit merci. Allez je vous laisse, il me reste quelques Skillshot à débloquer.

EPIC GAMES / Disponible sur PS3, X-Boite, PC

CHARTE ETHIQUECOMBO CRADO

FINANCES PUBLIQUES

DELICATESSEN

TEMPÊTE DE BOULETTE DE VIANDE

INNOVATION RH

STACKINGStacking réussit le tour de force d'être à la fois uniformément de bon goût et de proposer une énigme où le joueur doit péter dans une conduite d'aération pour vider une pièce... Autant dire que j'ai tout de suite pensé à vous. Stacking est un puzzle game qui suit une poupée russe et sa quête entre vengeance familiale et lutte des classes. C'est aussi un jeu du studio Double Fine de Tim Schafer (Maniac Mansion, Monkey Island, ...) Pour progresser, vous sautez de poupée en poupée afin de bénéficier de leurs aptitudes uniques pour résoudre les casse-têtes sur votre route. Si j'ajoute que chaque énigme peut être résolue de plusieurs manières différentes vous comprendrez que c'est pas un jeu que je peux résumer en 600 caractEh merde !

DOUBLE FINE+THQ / Disponible sur XBLA, PSN.

BEAU COMME UN JOUET EN BOIS$$$

FRAG LUTTE FINALE

PROUT CRITIQUE TROP COURTE

Johnny One Hundred + Doctor No + Mouzmouz

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ÉCRAN JEUX VIDÉOS

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MAGICKA Ok, c'est sorti depuis un mois, mais je profite de l'annonce récente d'une extension baptisée « Vietnam » (oui, oui, c'est bien du med-Fan à la base !) pour vous en parler ici... Magicka c'est un peu Gauntlet meets Doodle God, autodérision et intelligence en plus.En gros, chaque petit magos peut combiner ensemble 8 éléments différents (feu, éclair, terre, bouclier... etc.) qui peuvent créer des pouvoirs différents selon l'ordre du stacking... Si je vous dis qu'en plus on peut décider d'effectuer les sorts en zone, de les affecter sur son arme, et que le tout est jouable en coop jusqu'à 4, je vous laisse imaginer les possibilités.

PARADOX INTERACTIVE / Disponible sur PC/XBLA

SQFQFAA-SHIFT+M2RQSRQERQ-SPACE

QFQFSAA-M2 EDFFF-SHIFT+M1

QFSAFE SORCIER + NATATION

MARVEL VS CAPCOM 3Chris Redfield peut-il se remettre d'un Shoryuken en mélangeant une herbe verte avec une herbe rouge ? Qui c'est le plus fort ? Galactus ou Chun Li ? Dans un soucis louable de répondre à ces questions que jamais personne ne s'est posées, Capcom nous offre le crossover le plus tiré par les cheveux depuis que Wolverine a rencontré le capitaine Kirk (vous avez malheureusement bien lu). Pour résumé MVC3 est une insulte tant envers le puriste du fighting game qu'envers le comic book fan, ce qui le rend tout de suite sympathique. MVC3 est accessible, taré et spectaculaire. MVC3 ne vous juge pas. MVC3 vous aime comme vous êtes, bande de casu.

MARVEL VS CAPCOM 3 / Disponible sur Xbox 360, PS3, Capcom (duh !)

AVENGERS ASSEMBLE !PGM GO HOME !

VENEZ COMME VOUS ÊTES

WTFFTW

KING ARTHUR VS IRON MAN

C'EST QUI DORMAMMU AU JUSTE ?

MEN OF WAR : ASSAULT SQUAD J'avoue... J'avoue honteusement être passé à côté de cette série des Men Of War initialisée il y a 2 ans. J'ai honte, car j'ai cherché longtemps un jeu tactique, à tendance RTS, vecteur de combats épiques et le tout en coop... Je découvre donc cette série avec ce dernier add-on (en stand alone) et j'en chiale tant ce jeu correspond à tout ce qui fait pour moi le jeu PC. Ok, c'est encore la World War 2, mais la force de la série c'est que le micromanagement des unités est poussé à donf : on peut tout looter, et manager les inventaires de chaque soldat, démanteler des armes de véhicules pour les utiliser, vehicules avec plusieurs points de localisation des dommages. En attendant le grand Shogun 2...

1C COMPANY / Disponible sur PC/Mac

ALLEMAGNE JOUABLEUSA JOUABLE

JAPON JOUABLE RUSSIE JOUABLE

SUISSE JOUABLE COMMONWEALTH JOUABLE

KILL ZONE 3Je me suis dit qu’au bout du troisième opus, il me fallait tester cette exclusivité PS3. J’ai donc le plaisir de vous annoncer que Kill Zone 3 est un peu comme un club sandwich acheté sur l’autoroute. On en a envie, c’est cher et c’est toujours sans saveur. Mais apparemment c’est normal car j’ai eu Johnny 100 au téléphone et il m’a demandé ceci : « Alors ? Les décors sont toujours pareils ? Le gameplay toujours poussif ? L’orage nucléaire t’empêche de voir quoi que ce soit ? Tu vois pas où sont les ennemis ? ». Ouais.

SONY / Disponible sur PS3

ON JOUE À BULLETSTORM ? RIEN À DIRE

POST-APO UNIVERSAL SOLDIER

JE PÈSE 1 TONNE HYPER TENSION

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BABY-DOLL IDOLE, REGARD SURLIGNÉ DE KHÔL

Années 60 : Brigitte Bardot, née sous la caméra de Roger Vadim, devient le phénomène interplanétaire BB, vedette sex-symbol de la décennie. Aussi haut que sa choucroute le lui permet, BB se retrouve sur les plus hautes marches du podium. Femme fatale, libre et provocatrice, Bardot déchaîne les passions : les paparazzis ne la lâchent pas d’une semelle, les mères de famille conservatrices condamnent violemment son absence de moralité, tandis que les hommes la consacrent plus belle femme de l’humanité. Il n’en faut pas plus pour inspirer Louis Malle qui souhaite faire tourner la star dans Vie Privée, au côté du chiquissime séducteur moderne, Marcello Mastroianni. BB, par l’odeur du scandale alléchée, ac-cepte de tourner sous la direction du cinéaste, le film adapté de sa propre vie.

PAR ASTRID GUILLOT - CULTFLARE.COM

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VIE ET MORT D’UNE COVER-GIRL QUI CONNAÎTRA UN SUCCÈS SANS PRÉCÉDENTVie privée retrace le parcours fulgurant d’une vedette de cinéma, Jill, qui n’est autre que le double de BB. Parcours classique d’une vedette : Jill embrasse tour à tour des carrières de danseuse, man-nequin, puis de vedette de cinéma. Mais qu’est-ce qu’une vedette interplanétaire sans amour ? Appliquant la règle à la lettre, Jill s’éprend alors de Fabio (Marcello), metteur en scène de théâtre et accessoirement époux de son amie Carla. Traquée par les pho-tographes, notre vedette ne trouve pas mieux que de rejoindre ce cher Fabio au Festival de Spoleto en Italie, espérant ainsi échapper à la foule et au tapage médiatique. Arriva ce qui devait arriver, la star au bout du rouleau (package somnifères et dépression ner-veuse), sombre, aux sons du requiem de Verdi. Avec pour inspi-ration une Jill aussi bien adulée que rejetée, Louis Malle tente de démystifier l’image de la vedette de cinéma à travers ce faux repor-tage-fiction. Bien que le film ne fasse pas l’unanimité – le cinéaste peine à convaincre – il réussit à capter avec justesse l’esthétique de toute une époque, les sixties, et à immortaliser BB au sommet de sa gloire.

KHÔL ET CHOUCROUTE RAMOLLIEAvec sa choucroute un peu ramollie pour ne pas être le double littéral de Jill, BB nous prodigue dans ce film une excellente leçon de style. Trois atouts indispensables à l’allure d’une vedette façon BB : lippe boudeuse, lunettes de soleil et regard surligné de khôl. Un jour brune l’autre blonde, la vedette prend la pose et adopte tous les codes de la parfaite icône de mode. En matière de style, tout est permis : lunettes, chapeau extra large, foulard triangu-laire… Travestie mais jamais enlaidie, BB répand sur nous le par-fum de toute une époque. Des indices ? La robe lamé dorée pour Festival de cannes, l’imprimé vichy qui l’a rendue stylistiquement célèbre dans Et Dieu créa la femme, l’eye liner qui lui est cher façon œil de biche, la blondeur et le teint hâlé saint-tropesque, et enfin le kit maillot de bain blanc-panier en osier-jumelles-transis-tor du temps de la Madrague.

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BBJOURNÉES GRAME LyonJames Giroudon se débrouille bien. Lui et son équipe récidivent dans l'organi-sations des Journées Grame, cadet de la Biennale Musiques en Scène, avec cette année plus de 23 créations françaises et mondiales. La jugeote de James joue là où d’autres jacassent mollement. Avec un mois et demi de découvertes musicales, plas-tiques et cinématographiques, le Grame, Centre National de Création Musicale, s’installe dans une relation de proximité avec les spectateurs. Dix concerts, une semaine d’installations, des conférences à gogo : tout est là pour envoûter le Lyon-nais et plus si affinités. Trois focus sur les scènes asiatiques, mexicaines et un hom-mage au compositeur italien Luigi Nono seront les puissantes énergies drainant des wagons d’occurrences électro-acoustiques ou instrumentales, comprenant le jeune groupe Détrapi, le flûtiste Fabrice Junger ou l’Ensemble Orchestral Contemporain. Bonnes Journées.

Journées Grame à Lyon du 8/04 au 20/05 www.grame.fr

Journées Grame 11

9, rue du GaretBP 1 18569202 Lyon Cedex 01

T. 04 72 07 37 00F. 04 72 07 37 01

www.grame.fr

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GRAMECentre national de création musicale

JOURNÉES GRAME6e édition

8 avril au 20 mai 2011Lyon

BAZARTPANORAMA DE L'ACTUALITÉ CULTURELLETextes / M. Gueugneau

TINTIN AU CONGO À POIL SAINT-DIZIERThomas Lebrun est un jeune illustrateur facétieux. Depuis son plus jeune âge, il ne cesse de faire rire les êtres qui l’entourent grâce à l’insolence de ses croquis. Mais Saint-Dizier, Bettancourt-La-Ferrée et le Lac du Der ne lui suffisaient pas, il voulait la gloire, l’argent pour rien et les poules gratuites. Tintin, de son côté, avait fait son trou : un confortable appartement, un boulot au Petit Vingtième, des amis rares mais dévoués et, surtout, pas de sexe. Sous la patte malicieuse de Thomas Lebrun, il devient nu. Alors même qu’il doit déjouer les pièges de patibulaires gangsters, le voilà roulant sa bosse, quéquette à l’air, par le bon vouloir d’un dessinateur haut-marnais. Le cruel Congo n’épargnera pas le pauvre Tintin à poil. Bien triste, mais la régalade en vaut la chandelle : Thomas Lebrun peut dès à présent commencer à caresser le rêve d’un beau cabrio. Mieux encore, il a d'ores et déjà accompli le plus beau à ses yeux : faire rire ses amis et démontrer au monde son exceptionnelle tintinophilie.

Les planches de Tintin au Congo à poil sont présentées au fur et à mesure sur le site dédié. www.tintinaucongoapoil.tumblr.com

Session Poésie Rock à Marseille, organisée par le cipM et le GRIM avec notamment la présence des indéfinissables et néanmoins san franciscains Ox_Bow. Une lecture (le 1/04)

et un concert (le 9/04 à l’Embobineuse) pour son leader Eugene Robinson. Tout est dans le titre.

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BBa 61BAZART

BOOTY CALL RECORDS ParisLe Booty Call Crew (Marvy Da Pimp, Dj Kesmo, Kaptain Cadillac, Freeze da Booty Hunter) debout sur la colline, s’est souvent pris à rêver. Rêver d’un nouveau monde, Le nouveau monde. Celui où l’on mange du chewing-gum et où, de là, tout devient possible. Les yeux rivés sur l’Amérique des Grands Lacs, sur celle de Joe Dumars et de Michael Jordan, ils voient scintiller au firmament une myriade de culs dansant sur les rythmes de la liberté : la clé du monde. De la Bmore de Baltimore à la Juke de Chicago en passant par la Ghetto Tech de Détroit, la Booty music s’ouvre en corolle, début 00's, aux États-Unis. C’est décidé, le Booty Call Crew allait suivre les traces de leurs idoles DJ Assault, DJ Gant-Man, DJ Godfather et autres DJ Technics. Depuis lors, ils se sont remplis les poches de cailloux, ici une sortie de Raziek ou là du Nightmare Juke Squad. L’Amérique n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle est française.

Plusieurs sorties sont annoncées : Leatherface – premier LP prévu fin mars ; DJ Kesmo - Live By The Fun, EP prévu début avril 2011 ; Marvy Da Pimp - LP prévu mi-avril 2011

www.myspace.com/bootycallrecords

A l’occasion de la sortie de son ouvrage Robinet d’Amour chez les Requins Marteaux, Amandine Urruty expose Solo Chiot à la Place

Forte de Paris, du 18/03 au 02/04, et à La Mauvaise Réputation de Bordeaux du 24/03 au 25/04.

GRAND SALON DE LA MICROÉDITION LyonFESTIVAL INDÉLÉBILE ToulouseL’Homme et son dessin : les hommes et leurs destins. Le Grand Soir des hommes libres et de leurs éditeurs indépendants s’annonce et les mécréants reculent aussi sec. À l’aube du troisième millénaire, les peuples du monde ont les yeux fixés sur deux villes, deux sœurs : Lyon et Toulouse. Oui, ils loucheront. Et pour cause, à l’avant-garde mus-clée d’Indélébile qui annonce les Requins Marteaux, FBLB et 6 pieds Sous Terre, le Grand Salon répond par la malice du Lézard actif, les primés Arbitraires ou le phénix Barbe à Pop. Certains auront même le don d’ubiquité, comme tous les grands hommes : les éditions Frémok et Warum pour ne citer qu’eux. L’étau se resserre ainsi pour la France qui voit Les Textes se révéler enfin. Ils disaient qu’un jour, le monde serait beau.

Grand Salon de la Microédition au Grrrnd Zéro Gerland, à Lyon, les 14 & 15/05. Avec aussi l’Épluche Doigts, Kerozen, L’Institut Pacôme, Papier Ga-ché, etc. // Festival Indélébile à l’École des Beaux-Arts de Toulouse les 26 & 27/03 avec aussi le Dernier Cri, les éditions Marwanny, Nyctalope, etc.

www.grrrndzero.org / http://grand-salon.fr / www.indelebile.org

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ZAZAANBB Karl-Marx-Stadt (Chemnitz) / BerlinUne main tendue, une autre qui la rejoint : l’histoire d’un groupe de musique au bon goût de fraternité. Entre Alva Noto (du label Raster Noton) et Blixa Bargeld (légendaire chanteur d’Einstürzende Neubauten), l’amour viril se traduit par des compositions purement électroniques renouant avec le côté expérimental de la mu-sique mécanique. À l’un, Blixa Bargeld, l’aspect mélodique, à l’autre, Alva Noto, le bruitisme. De cette poignée de main opportune ressort une ambiance fétide : comme une impression de futur paranoïaque, une envie de Kim-Jong Il à la tête d’IBM. Les deux amis de ce troisième millénaire uchronique se retrouveront sur la scène des cérémonies d’ouverture conjuguées des Qwartz Awards et du Festival Némo. Un check à tous les spectateurs.

ANBB en concert le 30/03 à la Cigale pour la cérémonie d’ouverture des Qwartz et du Festival Némo. Dernier album paru : Mimikry.

www.raster-noton.net / www.arcadi.fr / www.festivalnemo.fr

BERLIN NEXT ! ParisL’homme allemand est le futur de l’homme. Non seulement sa balance commerciale est positive, mais encore il possède, tout au fond de son cœur, la fibre artistique qui fera mouche face aux invasions extra-terrestres. C’est pourquoi, la Gaîté Lyrique a choisi de prendre les devants en s’intéressant aux coutumes outre-Rhin grâce au festival Berlin Next ! Chopant ça et là des créations actuelles en art contemporain, vidéo, musique et littérature de Berlin, la manifestation opère simplement par la sélection du meilleur : Pantha du Prince, Apparat & Pfafinderei ou Siriusmo pour les médailles d’or de la mu-sique berlinoise ; Evol, Moritz Von Oswald et Visiomat Inc. pour les installations et expositions. Bretzel dans une main, salami dans l’autre, le goût du futur sera disponible fin mars à la Gaîté Lyrique.

Du 29/03 au 3/04 Berlin Next ! à la Gaîté Lyrique à Paris. Avec aussi DJ Ipek, Jahcoozi, Vladimir Kaminer, des films d’Ellen Allien, de Romuald Karmeker, de Niamh Guckian, etc.

www.gaite-lyrique.net

EMPREINTES NUMÉRIQUES ToulouseDe nos jours, tout est flou. Avant les seules questions que l’on pouvait se poser était de savoir si Jean-Michel Jarre avait écrit les paroles ou la musique des Mots Bleus et si La Joconde était le résultat d’une pêche miraculeuse d’un vieux nécrophile ou une simple femme de la rue. Dans le vicieux millénaire qui s’annonce, la notion d’« auteur » perd son sens, comme si elle avait été rabâchée cent fois. Le festival Empreintes Numé-riques, 5e du nom, se penche cette année sur cet état de fait. Dans l’art numérique, dont la manifestation toulousaine est fine spécialiste, l’évapo-ration du titre d’« auteur » est non seulement bien réelle, mais les œuvres se font un plaisir de se construire à plusieurs. Ainsi, lors de cette édition, la réception jouera d’égal à égal avec la création pour que soit l’instant artistique. Parmi les créateurs présents se trouveront Etienne Cliquet, le collectif Kompost, le collectif La Mobylette, les musiciens du Ghost Lab ou encore Mathias Delplanque. Aux spectateurs ensuite d’effacer ces noms pour ne laisser que le travail. Ensemble, c’est tout®.

Empreintes Numériques, au centre culturel Bellegarde, à Toulouse,du 13 au 16/04

www. empreintes.toulouse.fr

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HYBRIDES 3 Montpellier« Le spectacle vivant est un médium de sens ». Qu’elle est vraie cette phrase de Régis Debray, quand, plongés dans le bain théâtral coulé par l’association Adesso e sempre, les spectateurs parcourent le festival Hybrides. Plutôt l’œil fixé sur le pain quotidien que sur le caviar du soir, l’équipe de Julien Bouffier propose depuis maintenant trois ans de rapprocher la scène de la vie. Cette édition sera justement consacrée à la qualité médiatrice du théâtre, son regard, sa façon de rapporter les évènements du monde. À noter dans la prochaine programmation, la venue de Christian Rizzo, Yan Duyvendak et Nicole Borgeat ou encore Jean-Michel Van Den Eyden auxquels s’ajoutent de multiples échanges entre artistes, médias et spectateurs. Un festival pour, enfin, nous regarder entre quatre yeux.

Hybrides 3, du 26/03 au 2/04 à Montpellier. Avec aussi la Cie Immatérielle Production, Agrupaciòn Señor Serrano, Cie Arcinolether, etc.

www.festivalhybrides.com

Barres de rires et beauté cynique pour l’exposition de l’illustrateur Hector de la Vallée à la galerie Pied de Biche à Paris. Du 17/03 au 30/04.

L’architecture suisse revêt ses plus beaux atours à l’occasion de La Quinzaine de l’Architecture Contemporaine de Genève. Portes ouvertes guidées dans les bâtiments conçus par les architectes et ingénieurs SIA. Du 30/04 au 08/05, à Genève et tout autour.

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RRL’inestimable technoman dijonnais John Lord Fonda vient de sortir son nouvel EP, Bang The Fire, toujours chez Citizen.

Les Nuits Botaniques reviennent créer l’insomnie dont les mélomanes bruxellois ont bien besoin. Avec Pere Ubu, Dark Dark Dark, Sufjan Stevens, Animal Collective, Caribou. Du 10 au 29/05 au Botanique à Bruxelles.

JEANNE MORDOJ ParisJeanne Mordoj est l’éminente créatrice d’un éloge de poil que beau-coup aurait aimé faire sans pouvoir toutefois résister à l’appel lu-brique de la lame. Pauvres d’eux : ils n’ont pas su gagner le cœur des gens comme Jeanne Mordoj et la Compagnie BAL ont su le faire, jetant touffes et buissons à qui mieux mieux. Autres temps, autres mœurs, voilà Jeanne jouant une affairée n’osant pas l’être dans Adieu Poupées (Une Femme sans passé). Vivant sa vie par le truchement d’une colonie de poupées qu’elle fabrique elle-même, elle ne peut se confronter à un réel dont elle a peur, trop peur. Pro-thèses collées au cerveau, elle essaie pourtant de s’en détacher pour enfin s’incarner. Comme d’autres s’enferment dans des mondes fan-tastiques, la femme sans passé s’est enfermée dans le coton au point d’étouffer. Ne reste à cette No Life qu’à sortir de sa chambre.

Jeanne Mordoj et la Compagnie BAL, Adieu Poupée (Une Femme sans passé), les 13, 14, 15, 16/04 dans le cadre du Festival Haute Tension au Parc de La Villette à Paris.

www.villette.com / www.jeannemordoj.com

Vincent Perrottet, le graphisme fait homme, et ses compères du CRIPS (Antonio Ugidos et Céline Debrenne) seront en représentation et en en exposition du 12/04 au 20/05 à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes.

PANORAMAS MorlaixLes 16-30 ans, dans le râle éloquent de leur jeunesse, ne disent pas autre chose que cela : « tirons la vie par le maillot, que diable, et brûlons-la aux deux bouts ». Quelques oreilles aux aguets savent entendre ce vocable si particulier, tellement révélateur de la fougue qui les anime. L’agence d’événementiel et de booking Wat s’est fendue d’un « pourquoi pas » déclencheur, puis d’un « allons-y » enthousiaste et propose, au cœur de la Bretagne bretonnante, un festival à haute teneur musicale. Vitalic, Raekwon, Jeff Mills, Crookers, Busy P et même Raggasonic seront sans conteste les chouchous en chocolat du public. La curiosité et la tentaculaire blogosphère pourra faire déplacer celui-ci vers les sémillants Mustard Pimp, Art Nouveau, Monsieur Monsieur, Mr. Nô ou encore Quadricolor. Le bel âge.

Festival Panoramas #14, du 6 au 10/04 à Morlaix. www.wartiste.com

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BRUSSELS SHORTFILMS FESTIVAL BruxellesUn peu court, jeune homme. Et quand bien même : comme dit l’adage ou Pierre Corneille « aux âmes bien nées, l’art n’attend pas le nombre des minutes ». C’est, depuis 14 ans maintenant, l’adage du Brussels Shortfilms Festival, qui s’en sort avec bien plus que les honneurs. Deux compétitions, nationale et interna-tionale, constituent le fil rouge de ces dix jours, mais non pas le seul atout de la manifestation. Autour des ces tournois frater-nels, de nombreuses séances jalonnent le parcours des festivaliers, avec entre autres : les Très Courts, les Courts Mais Trash, Les European Films Awards, les Grands Réalisateurs ainsi que deux séances dédiées à la méconnue mais délectable Hongrie cinéphile. Pas de doute, à Bruxelles, le court est grand.

Brussels Shortfilms Festival, du 28/04 au 8/05 à Bruxelles www.courtmetrage.be

Les épithètes fusent lorsque arrivent Les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Daniel Linehan, Luisa Cortesi, Anna Krzystek, XIao Ke seront présents. Du 5 au 29/05 dans le 93.

VIA 2011 Maubeuge / MonsMerveilleuse culture qui se pare en ce printemps de ses plus beaux fleurons à Maubeuge et Mons. Le festival franco-belge VIA file les disciplines entre elles et reçoit, à l’aide du cocon ainsi formé, les spec-tateurs comme de nombreux coqs en pâte. Ce poulailler ne pourra se plaindre d’une année qui voit une douzaine de créations récentes (Hu-bert Colas, Superamas, Cie Cendres La Rouge, Cie du Zerep, etc.) se planter dans le nord de la France et l’ouest de la Belgique. Ces derniers hits seront habilement complétés par des spectacles de choix avec la venue de Cyril Teste, Renaud Cojo ou Vincent Macaigne ; mais aussi par l’exposition itinérante Paranoïas, issue d’une réflexion de plusieurs artistes contemporains autour des prophéties de la science-fiction. Le Festival VIA, tout le monde est poule.

Festival Via aux Manège de Mons et de Maubeuge du 20/03 au 03/04. www.lemanege.com

LA FEMME Paris / BiarritzCoincé entre les Clash, Kraftwerk, Lio et Laird Hamilton, La Femme porte en bandou-lière un premier EP éponyme sorti sur la série Le Podium du rutilant label Third Side Records. Trois mecs et la fille d’à côté pour une electro-pop bourrée de magnésium, de miel et d’acide lysergique version lozérienne. Dealer de joie, le groupe biarrot n’a eu besoin que d’une tournée étasunienne et de quatre titres pour revenir en France semer l’ergot de seigle d’une musique post-adolescente bonne pour les boums comme pour la Gaîté Lyrique. Cherchez La Femme, comme dirait l’autre. Trouvé.

Le Podium #1 : La Femme sorti début 2011. En concert le 1/04 au Chicho, Bordeaux ; au festival Super Mon Amour le 8/04 à La Gaîté Lyrique, Paris.

www.myspace.com/lunaetlescontacts

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ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES KIBLINDNÉMOArcadi a très tôt su manier ces nouvelles technologies, si mystérieuses pour quelques-uns. C’est pourquoi il se penche depuis 12 ans maintenant sur les arts numériques et les musiques électroniques pour la présentation du Festival Némo – rassemblement des œuvres qu’il a co-produites. Cette année le Festival se déroulera en deux parties, dont la première rassemblera les artistes suivants : Suguru Goto, Yroyto, Kangding Ray, Frank Berschneider, Ryoichi Kurokawa et les architectes du virtuel LAb[au].

Némo 2011 #1 du 30/03 au 9/04 dans six lieux d’Ile de France. Entrée libre. www.arcadi.fr / www.festivalnemo.fr

SUPER MON AMOUR !C’est tambour battant que le vaisseau du festival Super Mon Amour ! larguera les amarres pour vivre ses fameuses et fumeuses épopées musicales indies. Du 5 au 10 avril, dans 4 villes de la France du Nord (Nantes, Paris, Tourcoing, Strasbourg), Dan Deacon, Architecture In Helsinki, Rainbow Arabia, Breton, Deerhunter et tellement d’autres, conteront leurs rengaines au coin du feu. Le gros de ces Indiana Jones de la mélodie s’arrêtera pendant 4 jours à la Gaîté Lyrique.

Super Mon Amour ! avec aussi Baths, La Femme, Gallops, etc. du 6 au 9/04 à la Gaîté Lyrique, à Paris ; le 5/04 à Tourcoing ; le 6/04 à Nantes ; le 10/04 à Strasbourg.

www.supermonamour.com

CARTE BLANCHE À MATHURIN BOLZELe cirque n’est décidément plus ce qu’il était. Car Mathurin Bolze, à juste titre auréolé de gloire et de louanges, est un circassien, ce que personne au monde ne peut lui enlever. Mais il fait partie de cette nouvelle génération (notamment

française) qui fait la part belle à l’artistique du cirque. Tant mieux pour Mathurin, qui se voit confier une Carte Blanche au prestigieux Théâtre des Célestins de Lyon. Y figure : sa Cie MPTA, la Cie XY, la Cie Beau Geste,

Claude Couffin, Roland Auzet et Jérôme Thomas. Utopistes - Carte Blanche à Mathurin Bolze du 9 au 22/05 au Théâtre des Célestins à Lyon

www.celestins-lyon.org

QWARTZ ELECTRONIC MUSIC AWARDSOublié le scandale Jenifer des NRJ Music Awards, effacée l’injustice

Pascal Obispo aux Victoires de la Musique : les Qwartz Electronic Music Awards ne joue pas dans la même cour. En effet, ici est récompensé le

meilleur réel de chaque frange de la musique électronique (Découverte, Experimentations, Dancefloor, etc.). Sous la présidence d’honneur d’Alva

Noto, le jury récompensera les plus importantes contributions dans les musiques électroniques en 2010, lors de la cérémonie du 1er Avril. Qwartz Electronic Music Awards le 1/04 au Théâtre du Trianon, à Paris.

www.qwartz.org

ELECTRONRevoici les lueurs du pharaonique festival Electron, festival des cultures

électroniques de Genève mais surtout un très grand moment de bonheur. Ici,v quatre jours en paraissent cent. Diplo, Buraka Som Sistema, Kruder &

Dorfmeister, Dave Clarke, Wildlife !, Juan Atkins, Ryoji Ikeda, Schlachtofbronx, Daniel Haaksman, des vertes et des pas mûres : c’est le Barça dans une salle de

concert. Electron, ô Electron. Electron du 21 au 24/04 au Zoo – Usine, à la Patinoire des Vernets, à l’Alhambra, au Grütli, etc. Le

tout à Genève. www.electronfestival.ch

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