kiblind#36

68
Kiblind magazine Gratuit Numéro 36 15/05 >15/07 2011 www.kiblind.com Cover 1/3

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15 mai > 15 juillet

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ÉDITO

VU PAR... Fabrice Desprez

REVUE DE PRESSEÇa cartoon

ARCHITECTUREPhilippe Rahm

DOSSIERCulture Pub

GLOBEBands trip

PAGES BLANCHESMichel le Belhomme

Manuel Gomez BurnsThierry Birkenstock Bettina & Domitille

Monozukuri

6

8JFabrice Desprez

10ça cartoon

12Philippe Rahm

14 Culture Pub

20BANDS TRIP

23Michel le BelhommeManuel Gomez BurnsThierry Birkenstock Bettina & DomitilleMonozukuri

KIBLIND N°3615 MAI - 15 JUILLET 2011

COUVERTURES / ANDRÉ HEMSTEDT & TINE REIMER

Les Allemands André Hemstedt & Tine Reimer construisent le mouvement d'un système d'équilibre que Kiblind présentera sur 3 couvertures différentes. Ils exposeront leurs travaux dans le cadre de la 16e édition du Festival Voies Off des Rencontres Photographiques d'Arles, du 2 au 10 juillet 2011.www.voies-off.com

STAFF /Directeur de la publication > Jérémie MartinezRédacteurs en chef > Jérémie Martinez + Jean Tourette + Gabriel Viry Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Olivier Trias + Matthieu Sandjivy + Yann Dory + Arnaud Giroud + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Nicolas Courty / Librairie Expérience + Guillaume Vonthron

Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry Photographe : Julien Soulier + Styliste : Alix Devallois + Article : Astrid Guillot + Maquillage : Gaëlle Bertoletti

36Belles illustrations + ST-Etienne Lyon + Discuts + Geste + Tree of Codes + Haarmann, le boucher de Hanovre + Komiki

40Sauce Piquante + Une plume dans le culte +Quelque chose de Tennessee + Panic ! Reverse + Moteurs open source + Portal 2 (x3) + Mortal Kombat + Atom Zombie Smasher + Top Spin 4

45Malédiction et satanisme Effets contrairesWildmind

60

66

PRINTBelles illustrations + Saint-Étienne Lyon + Discuts + Geste + Tree of

Codes + Haarmann, le boucher de Hanovre + Komiki

ÉCRANSauce Piquante + Une plume

dans le culte + Quelque chose de Tennessee + Panic ! Reverse + Moteurs open source + Portal 2 (x3) + Mortal Kombat + Atom Zombie Smasher + Top Spin 4

CAHIER MODEMalédiction et satanisme

Effets contrairesWildmind

BAZART

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

Direction artistique > Klar (agence-klar.com)Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitaya-design.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr) + Claire Panel

Relecture > Frédéric Gude

Directeur de la communication > Gabriel ViryDirecteur commercial > Jean TouretteRelations commerciales > Olivier Trias

INFOS/Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / [email protected]

Le magazine Kiblind est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 27 rue Bouteille - 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com

Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Bruxelles et Genève.Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Here comes a new challenger !Contact : [email protected]

04

SOMMAIRE

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T/ M. SandjivyI/ S. Bournel-Bosson

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ÉDITO

Et si le monde redevenait plus humain ?Alors que la dernière année approche, l’humanité semble opérer un véritable 360°. Une révolution, en jargon scientifique. Comme si elle avait, plus ou moins, inconsciemment touché ses limites, elle se rapproche petit à petit de son essence. À l’heure de la course aux amis, like, buzz, flux RSS, Fast & Furious 5, certains préfèrent jouer la carte du retour au plaisir, en créant des boissons désénergisantes (slow cow), du contrôle numérique, avec des réseaux sociaux limités à 50 amis (path.com) ou de la ré-humanisation, en installant des espaces de convivialité dans leur hall d’attente (BNP concept store). Le véritable luxe serait donc l’espace et le temps. Ça tombe bien puisque ce sont les 2 dimensions que nous ne contrôlons pas.Surfant sur cette vague d’optimisme ou ce vague optimisme, Kiblind se pose des questions sur les enjeux écologiques des MP3 et du piratage. La diminution des ventes d’albums transforme les artistes en bêtes de scène, d’éclairage, de watt, de transport se nourrissant au carbone.Loin de tourner sur eux-mêmes, Britt et Anna (Visual-edition) ont, quant à eux, décidé de mélanger les genres pour adoucir les mœurs. On a rarement vu la recherche graphique et l’édition vivre en telle harmonie. Tandis que le graphisme et le bon goût semblent parfois réserver aux esthètes, ces deux londoniens nous les offrent avec un service digne d’un cinq étoiles. Tout comme Belles illustrations. Et c’est déjà pas mal. L’avenir vous appartient alors pensez-y avant de tourner ces pages.Et n’oubliez pas, le monde est un cube sans bords.

CUBESANS BORDS

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Kiblind / Pourquoi as-tu créé Phunk ?

Fabrice Desprez / C’est né d’une rencontre en 1995 avec Julien Lopato… sur un parking de rave, pendant les Trans Musicales. On était jeune (la vingtaine) et pas-sionnés d’électro, de petits disquaires import et de vinyles introuvables. Au début, on a pensé faire de la distribu-tion, mais c’était compliqué. Rapidement, on a constaté que c’était surtout la promo qui manquait : les médias étaient assez demandeurs, mais il fallait leur présenter les artistes. A l’époque, il y avait plein de labels émergents, mais pas d’agences spécialisées, de blogs ou de Myspace. Et c’est justement ce qui nous branchait, aller chercher les nouveautés. Le projet s’est donc construit de manière très intuitive. Au début, c’était vraiment un hobby, puis ça s’est structuré.

K / Avec quels artistes avez-vous commencé ?

FD / La première étape a été de lister les artistes et labels qui nous plaisaient. Puis on a rencontré un distributeur, qui venait de démarrer sur Ninja Tunes : en quelques semaines, on lui a apporté un vrai catalogue avec des artistes trip-hop, house, electronica, etc. À l’origine, on n’était pas vraiment sur la French Touch, qui démarrait au même moment (Cassius, Daft Punk, etc.) : ce qui nous intéressait, c’était de faire connaître les labels et des scènes non françaises, non disponibles en import. Les « Français » sont venus nous voir par la suite, parce qu’on avait développé un réseau.

K / La baseline du Phunk, c’est « promoteur de mu-siques de qualité ». Vous les choisissez ?

FD / On a, bien sûr, une exigence importante, mais on est aussi obligés de s’adapter au « marché ». Or, dans l’électro, les ventes se sont vraiment rétrécies : en France, en moyenne, un album de musique électronique se vend entre 600 et 700 copies, c’est confidentiel ! Depuis

ENTRETIEN AVEC LE CRÉATEUR DE PHUNK QUI, ENTRE UNE AGENCE DE PROMOTION, UN LABEL, ET DES INCURSIONS DANS

LA PROGRAMMATION ÉLECTRO, RESTE UNE ÉNIGME POUR LES NOMENCLATURES DE L’INSEE. AIDONS-LES…

Itw / G. ViryVisuel : Marathon 2011 à la Bellevilloise

FABRICE DESPREZ

Page 9: KIBLIND#36

VU PAR

09

quelques années on travaille donc davantage pour des sorties pures, sur des projets plus hybrides, indie, pop, avec une connotation électro. Concrètement, cela va de MGMT à The Ting Tings, en passant par Arnaud Rebotini ou Black Devil Disco Club. Cette évolution s’est faite d’ailleurs de manière assez naturelle, puisqu’elle vient aussi des labels. Certains étaient des références dans l’électro mais ont ouvert, progressivement, leur catalogue. Je pense notamment à Peacefrog : dans les années quatre-vingt-dix, c’était la Rolls Royce de la techno, mais à partir de 2003, il a signé d’autres artistes, comme Nouvelle Vague. On bossait pour eux, donc on a suivi les projets.

K / Pour autant, l’agence reste « labellisée » électro…

FD / On reste très impliqués dans la musique électro-nique « pure », mais plutôt à travers la promotion d’événements, de festivals ou de tournées. On travaille, par exemple, pour le Social Club, à Paris ou pour les soirées We Love. En France, aujourd’hui, je ne pense pas qu’il y ait une agence 100 % électronique. À Berlin ou Londres, il en existe quelques-unes qui, en même temps, occupent une scène  locale et peuvent faire des campagnes mondiales pour des disques très spécialisés…

K / Où en est le label Sister Phunk ?

FD / Il est né d’une opportunité, fin 2004, car on connaissait Kevin MacKay du label Breastfed, sur lequel était signé Mylo. Comme cet artiste avait un gros potentiel, avec une ouverture un peu pop, on a pu le sortir pour la France. Le disque, effectivement, a bien marché. Ensuite, on a signé quelques maxis (six depuis 2005), surtout pour se faire plaisir. Aujourd’hui, cette activité est un peu en sommeil, d’autant plus qu’Olivier Pilz, mon associé, vient de quitter la société. J’aimerais relancer quelque chose après l’été, puisque j’ai des envies et des artistes qui m’intéressent, sans trop m’éparpiller. La musique est un secteur qui continue à bien secouer !

K / Comment perçois-tu la scène électro française actuelle ?

FD / Pour moi, il n’y a pas une scène, mais des courants. Et le courant le plus visible, notamment de l’étranger, c’est celui d’Ed Banger qui concerne un public assez jeune. L’approche est assez « pop culture », attachée au design, de la pochette au logo, ou aux produits dérivés. Quant aux morceaux, ils sont assez courts, efficaces

et très utiles, finalement, pour initier certains publics aux musiques électroniques. Par contre, le courant est peut-être trop pop pour un public plus âgé, qui a grandi avec de l’électro plus « mentale ». D’ailleurs, même Pedro (Winter) ouvre lui-même, depuis deux ans, son catalogue. En tous les cas, ce courant reste une formidable carte de visite pour une forme de culture urbaine française  : au niveau international, la musique reste quand même le mouvement le plus visible de ce qui se fait en France, actuellement, sur le plan artistique. Et Ed Banger, c’est plus de 150 millions d'écoutes Myspace...

K / Et les autres labels, ils « existent » ?

FD / I’m a Cliché, Tigersushi, Katapult sont là depuis dix ou quinze ans : ils ont creusé leur sillon, ils sont respectés, ils ont un réseau à l’international, mais ils n’ont pas le même impact… Maintenant, l’autre problématique, c’est une certaine uniformisation du public. J’en parlais récemment avec Cosmo Vitelli qui disait que les gens attendent, aujourd’hui, partout, le même type de musique, à Moscou, en Australie ou en Californie. Avant, il pouvait faire un peu ce qu’il voulait. Aujourd’hui, ça s’est uniformisé, même dans les niches.

K / L’actualité électro, c’est la 9e édition de Nuits So-nores, à Lyon… Qu’en penses-tu ?

FD / Les principaux festivals électro forment en France quelques vitrines qui, comme Nuits Sonores, parlent d’«  indie musique » et plus seulement de musique électronique. C’est bien une tendance générale  : le contenu musical reste ouvert et le clivage se construit surtout par rapport au mainstream marketing. Il faut évidemment que ce type d’événement continue à se développer. La France étant, en plus, un pays d’his-toire, je trouve cela idéal de faire rencontrer des lieux de patrimoine avec une vraie modernité. À Lyon, ça a été particulièrement bien réussi, puisque la ville s’est beaucoup investie et a compris l’intérêt de mettre ainsi en valeur son architecture et son patrimoine. Bref, ce genre d’événement, c’est bon pour la ville et c’est bon pour la musique. C’est un modèle à suivre…

Prochaines sorties : Arnaud Rebotini (Blackstrobe Records), Sebastian (Ed Banger), Cults (Columbia), « un duo un peu pop, quelque part entre Phil Spector et David Lynch », Sidney Valette (single en mai, album en septembre).Phunk assure également la programmation du Ritz Bar, à Paris

www.phunkster.com

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Sources :

« Qui veut la peau du

sculpteur Jean-Pierre

Surugue ? », L'Union Presse,

3/2 ; Agathe Westendorp, « Le

prix Imagina pour Supinfocom

avec un "Hambuster"

savoureux », La Provence,

6/2 ; « Le film d'animation

indépendant à Arras », Nord

Littoral, 9/2 ; T. de Lestang

Parade, « La mort mystérieuse

de Bambi », L'Ardennais, 23/2 ;

Rémy Perrin, « Un Roannais

aux César », Le Progrès,

27/2 ; « "Toy story 3", le film

d'animation le plus profitable

de tous les temps », Le

Parisien / AFP, 28/2 ; Julie Bény,

« Film d’animation : Cartoon

movie cartonne à Lyon »,

Le Progrès, 4/3 ; « Cartoon

movie aidé à financer 156

films, plusieurs ont dépassé

le million d’entrées », Le

Progrès, 4/3 ; Élodie Bidault,

« La petite voix du succès »,

Le Bien Public, 19/3 ; « Rango :

y'a pas d'lézard pour Gore

Verbinski ! », La Dépêche,

21/3 ; Alexandre Le Bouc'h,

« Bolhem Bouchiba: le destin

animé de l'ex-menuisier », La

Charente Libre, 23/3 ; « Les

aventures trépidantes d'un

caméléon rêveur », L'Est Éclair,

23/3 ; Éric Holzapfel, « Délire

en 2D, références à gogo et

humour à tire-larigot », La Voix

du Nord, 23/3 ; « Roanne. Le

2nd Festival International du

court-métrage de l'Animation

est lancé », Le Progrès, 24/3 ;

« Mois du Japon. Des Mangas

en breton », Le Télégramme,

28/3 ; Théophile Pillault, « Bol

de Funk, real music for real

people », La Marseillaise, ¼ ;

Ph. D., « Titeuf, le film : mou

du slip », La Provence, 6/4 ;

David S. Tran, « Entretien avec

Zep », Le Progrès, 6/4 ; S. M.,

« Ces comédiens qui donnent

la voix », Le Parisien, 14/4 ;

« Les "Mystérieuses cités d’or"

renaissent à Angoulême », La

Charente Libre, 20/4.

ment « les aventures trépidantes d'un

caméléon rêveur » (L'Est Éclair) ; c'est

une « pépite graphique », truffée de réfé-

rences cinématographiques (« Jarmush,

Coppola, Kubrick...»), dont La Voix du

Nord assimile le personnage principal,

interprété par Johnny Depp, « au jour-

naliste décavé Hunter S. Thompson » de

Las Vegas Parano. Résultats: déjà 250

millions de dollars de recettes au niveau

mondial et une fièvre hallucinogène

dans tous les journaux...

AUX ARMES, ETC.

« Tremble Pixar ». Malgré un oscar et

« un milliard de dollars » pour Toy Sto-

ry 3 (« le film d'animation le plus profi-

table de tous les temps », selon Le Pari-

sien), menace : « voilà les anciens élèves

de Supinfocom ! ». Avec Hambuster,

un court-métrage animé autour d'un

« burger zombie », ils viennent en effet

de remporter un prix, à Monaco, dans

le cadre du « festival international de la

3D ». En attendant que Maxime Ca-

zaud, l'un des cinq créateurs, ne goûte

à la production du Nouveau Monde

(« j'irais bien en Californie... »), la presse

rappelle que l'animation française ne se

contente pas de mûrir en fûts de chêne.

D'ailleurs, seuls les glands ne verraient

pas, qu'ici, presque tout est permis :

doubler les mangas en breton (Le Télé-

gramme) ; ressusciter Les Mystérieuses

Cités d'Or, à Angoulème (La Charente

Libre) ; ou laisser Alain Plagnol, « un

boulimique de littérature sombre (…) et

autres crimes de sang », scénariser « un

polar d'animation » pour enfants, Une

Vie de Chat, nominé aux Césars. Etc.

Le pays reste également un carrefour

de la diffusion et du marché mondial

de l'animation. Ainsi, quand la Mons-

LE CINÉMA D'ANIMATION, C'EST COMME LE BON VIN : IL VIEILLIT BIEN.

A CONDITION DE SORTIR LES ENFANTS DE LA CAVE ET DE RAPPELER

QUE NOUS AVONS DE LA BOUTEILLE, COMME LES CALIFORNIENS...

« Qui veut la peau du sculpteur

Jean-pierre Surugue? » Quand L'Union

s'interroge sur la découverte, dans sa

boite à lettres, d'« une douille de ca-

libre 7x64mm », son accroche en dit

long : « ce n'est pas une scène de dessin

animé ». Soit cela signifie qu'on n'est

plus chez Babar, soit c'est un avertisse-

ment : l'animation s'adresserait de plus

en plus aux adultes, depuis que Candy

a le cœur endommagé par le Red Bull

et que Scooby Doo se transforme, en

pitt-bull, dans les garderies... Selon La

Marseillaise, dès 1972, « la saga Fritz

the Cat » est réservée aux adultes. « Pé-

pite subversive de la contre-culture amé-

ricaine », elle met en scène « un matou »

tellement « lubrique » qu'elle fut la pre-

mière à être « classée X »... et à dépasser

« 100 millions de dollars » de recettes.

Double salto. En France, Titeuf ne sera

jamais aussi « indépendant et défoncé »,

mais les journaux profitent de sa sortie

en 3D pour fantasmer : quand La Pro-

vence le trouve un peu « mou du slip »,

c'est sûrement en attendant que Le

Progrès chope Zep pour ouvrir le zip...

« Verra-t-on, un jour, une adaptation »

de cet « Happy Sex pour adultes ? ».

« Une réalisatrice y travaille », selon l'in-

téressé...

Ainsi, le cinéma d'animation n'est plus

seulement un jeu d'enfant. Et cibler les

« adultes » est même un véritable « ob-

jectif », d'après Marc Vandenmayer,

directeur du forum « Cartoon Movie »,

début mars, à Lyon (Le Progrès). Le

procédé le plus courant est celui de la

double lecture, notamment dans les

grosses productions où les images peu-

vent circuler entre les secondes. Réalisé

par l'américain Gore Verbinski, Rango,

par exemple, ne raconte pas simple-

Page 11: KIBLIND#36

REVUE DE PRESSE

tra, « vitrine » internationale du « film

d'animation indépendant » de Lisbonne

(Nord Littoral), se délocalise, elle choi-

sit une mystérieuse cité du Pas-de-Ca-

lais : Arras... Roanne ne fait pas vrai-

ment plus envie, mais elle accueillait,

fin mars, la 2e édition du « festival

international du court-métrage d'ani-

mation », avec une programmation

ambitieuse,  déconseillée aux moins de

13 ans et « une première mondiale » :

l'exposition sur le processus de création

du brillant Skhizein, de Jérémy Clapin.

La palme revient évidemment à la ville

d'Annecy, qui n'est pas seulement une

sorte d'écomusée sur les retraités : elle

organise, chaque année, le « plus grand

événement mondial dédié au cinéma

d'animation » et le deuxième « festival

français après Cannes ». Veyrier-du-Lac

n'est peut être pas Malibu, mais le sacre

de Wes Anderson, en 2010, nous fait

au moins oublier que Patrice Leconte,

membre du jury, s'est aussi lancé dans

une carrière animée...

VOIES OFFÀ l'instar des vignobles californiens,

cultivés à partir de cépages français, le

règne américain sur l'animation ne nous

est pas totalement étranger. La Cha-

rente Libre raconte, par exemple, com-

ment un « ex-menuisier » d'Angoulème,

Bolhem Bouchiba, est « devenu une star

de l'animation aux USA » et le « chou-

chou des patrons de Pixar, Dream-

works ou Disney ». En 1988, ce jeune

dessinateur amateur, dont le quotidien

se résume alors à poser des fenêtres et

peindre « des fresques sur les murs »,

change de vie : après un passage à Paris,

chez France Animation, pour « dessiner

des décors » (« j'étais mieux là le cul au

chaud (…) qu'à me geler dehors sur les

chantiers »), il est repéré par Disney et

donnera « sa patte », quelques années

plus tard, aux personnages des Indes-

tructibles, Ratatouille, Là-Haut, etc.

La presse s'intéresse également aux

autres « personnages de l'ombre » qui

font le succès d'un dessin animé. Pen-

dant que Sud Ouest évoque les « brui-

teurs de l'imaginaire » (exemple de

« trucs de pros : un paquet de biscottes

pour bruiter quelqu'un qui se fait casser

le dos »!), les voix focalisent aussi l'at-

tention des journaux. Selon Le Parisien,

par exemple, le nouveau « portail » Les-

voix.fr permet de découvrir l'identité

des « comédiens » qui doublent « Jack

Bauer, (…) Monsieur Auchan » et les

principaux personnages de dessin ani-

mé, comme Laurent Pasquier, « voix

officielle de Mickey ». Dans « La petite

voix du succès », Le Bien Public retrace

également le parcours d'Adeline Che-

tail, une jeune comédienne de 25 ans

qui, avant de signer, bizarrement, des

« autographes », a interprété de nom-

breux « personnages de films, séries ou

publicités ». Elle a débuté, très jeune, en

doublant une « petite lapine » de Bam-

bi, avant de « travailler » notamment

« pour Myazaki ». Depuis, en guise de

happy-end, on a lu L'Ardennais, qui ra-

conte « la mort mystérieuse de Bambi ».

C'est l'histoire d'un bébé faon sauvé

de la noyade et « hébergé » pendant

plusieurs mois par une famille de Bu-

relles (Aisne), dont le père soupçonne,

aujourd'hui, l'« empoisonnement ». Le

« conte de fée » s'achève, dans le jour-

nal, par une vérité aussi sèche qu'un

mauvais rosé : « la vie ne ressemble pas

à un dessin animé ».

Texte: G. ViryÇA CARTOON 11

Page 12: KIBLIND#36

L'architecture se conçoit habi-tuellement en termes de surfaces, de volumes et d'espaces. La forme d'un bâtiment apparaît comme la traduction d'une idée dans un lan-gage matériel, avec son vocabulaire physique, et de codes syntaxiques propres à la construction. Des ba-lises sémantiques conventionnelles, qui livrent à l'oeil le récit d'une réa-lisation effective, qui racontent son histoire.L'architecture telle que la conçoit Philippe Rahm ne se lit pas sur les murs de ses réalisations, mais s'imagine dans les espaces vides qui les entourent et les séparent. « J’ai étudié l’architecture à la fin des an-née 80 et on était en pleine période « narrative ». Les projets des archi-tectes de l’époque « racontaient » tous des histoires. Ils avaient tous une dimension symbolique, analo-gique, en référence à quelque chose, à une image souvent contextuelle mais qui pouvait aussi être histo-rique. Tel bâtiment évoquait les an-nées 50, tel autre une chaîne stéréo, etc. Cette position de l’architecture me gênait et dès le départ, j’ai voulu que l’architecture ne raconte pas des histoires, mais crée des espaces où des histoires puissent s’inventer. C’est pourquoi mon processus de travail n’est jamais analogique mais pourrait plutôt se rapprocher d’une démarche scientifique, rationnelle, qui ne présuppose pas du résultat final, ni formel, ni programmatique.

Et je crois que l’on est beaucoup plus imaginatif, beaucoup plus inventif et beaucoup plus extraor-dinaire ainsi qu’en compilant ou mixant les images et les références déjà existantes. » Afin de s'extraire des schémas communs et des ar-chétypes narratifs, Philippe Rahm abandonne le paradigme de la sur-face et du volume pour se concen-trer sur l'atmosphère et le climat comme données primordiales. Sa démarche scientifique le conduit naturellement vers la discipline qui étudie précisément ces phéno-mènes : la météorologie. « L’architecture, c’est avant tout un travail sur le vide, sur le creux, sur l’espace. Et pour qualifier ce vide, c’est bien sûr les moyens de la météorologie qu’il faut em-ployer. Comment qualifier l’es-pace en tant que tel  ? C’est bien sûr en des termes de chaleur, de lumière, d’humidité qu’on devra le faire et c’est pourquoi je pense que la météorologie est fonda-mentalement liée à l’architecture. Et puis, ce lien devient nécessaire aujourd’hui face aux problèmes environnementaux et au réchauf-fement climatique. L’architecture doit s’occuper du climat, elle peut le faire dans ses fins mais aussi dans ses moyens en utilisant les phénomènes météorologiques tels que la convection ou la conduc-tion comme des outils de compo-sitions architecturaux. »

PHILIPPE RAHMARCHITECTURE MÉTÉOROLOGIQUETexte / J. TouretteVisuel / Astronomie domestique ©Philippe Rahm, 2009

Page 13: KIBLIND#36

ARCHITECTURE

13

En pensant l'architecture dans le champ lexical du climat, Philippe Rahm propose une autre percep-tion de la spatialité, fondée sur un rapport plus sensoriel et physio-logique à l'espace. Un intérieur ne s'appréhende plus comme une « surface habitable » mais comme une atmosphère particulière, avec ses variations de pression, de tempé-rature, d'humidité et de lumière. Les instruments de mesure deviennent les nouveaux indicateurs du design architectural.Dans chaque projet, c'est d'abord une atmosphère qui est générée : le climat d'une pièce n'est pas sta-tique, normalisé et homogène, mais suit les fluctuations d'une réelle mé-téorologie, dynamique et variable, avec ses courants, ses zones froides

et tempérées, ses masses d'air et ses variations thermiques. Quand l'ar-chitecte présente le prototype Astro-nomie domestique, en 2009, dans le cadre de l'exposition Green Archi-tecture for the Future à Humlebæk (Danemark), il s'agit d’un apparte-ment dont on n'habiterait plus la surface mais l’atmosphère. En se basant sur la loi d'Archimède selon laquelle l'air chaud monte et l'air froid descend, l'espace est organisé selon différentes hauteurs et profon-deurs par rapport à la ligne horizon-tale du sol, créant naturellement des niveaux thermiques distincts et en adéquation avec l'activité dévolue à la pièce, tout en réduisant l'énergie (salle de bain au plus haut, chambre au plus bas). Le mobilier et ses

fonctionnalités sont déterminés par les températures et leurs relations avec le corps, l’habillement et le mouvement. De cette expérimenta-tion aboutissent ses Appartements Convectifs construits sur trois ni-veaux (Hambourg, 2010), décou-lant du même principe que l'atmos-phère idéale d'un lieu dépend de l'activité de vie et que la tempéra-ture doit donc naturellement varier d'une pièce à l'autre.Associant à son architecture une dimension artistique affirmée, Phi-lippe Rahm expérimente ses tra-vaux dans les musées et lieux d'ex-position, qu'il considère personnel-lement comme « les lieux d'un ques-tionnement des moyens et des fina-lités de l'architecture ». En 2006 à Montréal, son installation Interior

Weather interroge les mécanisme de production et d'interprétation d'un climat  ; Territoires déterrito-rialisés (Carte Blanche Prize, Parie 2009) reconstitue chimiquement et météorologiquement la géologie et l’atmosphère parisienne, avant l’ap-parition de la pollution massive du XIXe siècle, comme une réalité na-turelle à la fois filtrée et régénérée ; Géologie blanche, présenté en 2009 au Grand Palais pour La Force de l’art 02, est un travail sur la réver-bération d'un arrière-plan projetée sur l’émissivité du blanc, un certain taux de réflexion optique, en retrait.Et dans ce même élan, avec de nou-veaux projets, il participera aux prochaines biennales de Buenos Aires et de Moscou.

« L’ARCHITECTURE, C’EST AVANT TOUT UN TRAVAIL SUR LE VIDE, SUR LE CREUX, SUR L’ESPACE. C’EST POURQUOI LA MÉTÉOROLOGIE EST FONDAMENTALEMENT LIÉE À L’ARCHITECTURE. »

Philippe Rahm, Architecture météorologique, Archibooks, « Crossborders », 2009www.philipperahm.com

Géologie blanche ©Philippe Rahm, 2009

Interior Weather ©Philippe Rahm, 2006

Appartements Convectifs ©Philippe Rahm, 2010

Page 14: KIBLIND#36

CULTURE PUBLE PRIVÉ N’AIDE PLUS SEULEMENT LA CULTURE : IL LA FAIT ! C’EST UN PEU L’HISTOIRE DES JEUNES TALENTS SFR FACE AUX DÉCOUVERTES DU PRINTEMPS DE BOURGES. RACONTONS…

Texte / G. ViryVisuel /S. Bournel-Bosson

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DOSSIER / CULTURE PUB

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Une jeune actrice française, assez mauvaise, poussant la chansonnette  ? Non, Mélanie Laurent n’est pas vraiment une surprise, fin avril, à Bourges, car il y a plus étonnant : pour sa 34e édition, le festival s’appelle désormais « Printemps de Bourges Crédit Mutuel  ». Daniel Colling, son fondateur, donne le « las »: « La région et le département ont dimi-nué leurs subventions. Pour compenser, nous avons choisi de renforcer les parte-nariats privés, notamment avec le Crédit Mutuel, en contrepartie de quoi il est as-socié à l’appellation ». Les faits sont là, aussi démonstratifs qu’un hypothétique syllogisme de La Scène culturelle pour les nuls  : la culture a besoin d’argent  ; les bailleurs publics en donnent moins  ; résultats  : à l’instar du réseau bancaire, présent dans la musique depuis 2002, partenaire  d’une dizaine d’événements (Francofolies, Main Square Festival) et de plusieurs scènes (L’Aéronef à Lille), les entreprises avancent, au galop, dans des scénarios de chevaliers blancs…Il n’est pas nécessaire de remonter à Lau-rent de Médicis pour constater que les ressources privées forment une bonne margarine dans les épinards de la créa-tion artistique : le CAC 40 suffit. Bernard Arnault, François Pinault ou feu Paul Ri-card, entre autres, partagent une passion pour l’art contemporain, dont il serait malhonnête de réduire la philanthropie au bas des fiches d’impôt ou en haut d’un PPT de planning stratégique. Ainsi, pour Antonia Scintilla, responsable de la com-munication de la Fondation d’entreprise Ricard, il n’y a pas que le pastis dans la vie : « Paul Ricard a fait les Beaux-Arts et a toujours soutenu de nombreux créa-teurs. L’ouverture d’un Espace dédié à la création contemporaine, en 1996, n’est que le prolongement de son engagement personnel et artistique ». On la croit. Au-delà de ces donateurs « à l’ancienne », la France favorise, depuis 2003, le mécénat culturel, en agissant notamment sur la fis-calité des particuliers et des entreprises.

Et en quelques années, il a atteint des sommets, représentant près d’un milliard d’euros, en 2008, soit plus d’un tiers du budget du Ministère de la Culture  ! C’est beaucoup et bien peu par rapport à d’autres pays, comme les Etats-Unis, où les financements privés semblent aussi culturels que l’«  exception  » française paraît bien romantique : un bon vendeur de clopes, comme Reynolds, investit par exemple près de 60 millions de dollars, chaque année, dans sa Fondation, contre un million d’euros chez Ricard ! Et ce n’est pas tout : selon les dernières éva-luations du mécénat culturel, en France, les résultats sentent aussi mauvais qu’une bouffée de winfield…Branle-bas de combat, en octobre, chez Admical : l’organisme de promotion du mécénat d’entreprise publie les résultats de son baromètre bisannuel, qui fait ap-paraître une avalanche des financements dédiés à la culture. Moins 61 % en deux ans ! Avec 380 millions d’euros, elle ne représente plus que 19 % de l’argent du mécénat, loin derrière le « social, éduca-tion, santé » et le sport. Parmi les raisons évoquées, conjoncturelles et structu-relles, Admical constate l’augmentation des tirs croisés (culture et solidarité par exemple) et la recherche d’une visibilité immédiate, pas forcément adaptée au tempo de la création artistique. Olivier Tcherniak, son Président, va plus loin : «  On observe un rapprochement dan-gereux entre le mécénat et la commu-nication. Or, si la communication est la voile d’un bateau, le mécénat en serait la quille : on ne devrait pas avoir besoin d’y mettre ses logos ». Ainsi, si les entre-prises « abandonnent » la culture, c’est sûrement pour mieux y revenir, en pre-nant une nouvelle vague…

ROCK BRANDCas d’espèce. Le 5 mai, à Paris, La Caisse d’Épargne ne lésine pas sur les moyens lorsqu’elle convoque la presse : Frédéric Taddeï fait le ménage sur la

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scène des Trois Baudets, temple pari-sien du défrichage musical (Gainsbourg, Blur, etc.) et Olivier Klein, directeur du groupe, a choisi ses plus belles chaus-settes blanches, sur costume noir, pour parler indistinctement de « mécénat » et de « sponsoring »  : « Nous quittons le football et le cyclisme pour entrer sur la

scène musicale, plus en phase avec la réa-lité de l’entreprise, car elle est accessible à tous les publics et implantée, comme nos agences, sur l’ensemble du terri-toire ». Parmi les mesures annoncées, le groupe va notamment financer une cin-quantaine de scènes et favoriser la visi-bilité de jeunes artistes en live. « Ce pro-gramme va représenter environ 20 % de

notre budget de communication annuel ! Et nous ne sommes pas un petit annon-ceur… ». Les écureuils, définitivement, sont has been…Plus largement, la scène culturelle semble devenir l’un des sports préférés des communicants, expliquant notam-ment le transfert de fonds, du mécénat

au sponsoring, dans une logique très Maussienne, du don au contre-don  : 1. Je donne. 2. J’attends. 3. PS  : pas trop longtemps… Cette tendance n’est pas nouvelle puisque la plupart des lieux et des événements culturels ont, depuis longtemps, des sponsors privés. Ce qui évolue, c’est la profondeur de l’incrusta-tion, qui ne se limite plus à dealer le logo de Total, au Louvre, en échange de la rénovation, en 2004, de la Galerie Apol-lon. En effet, si les gros porteurs cultu-rels ont toujours les faveurs des entre-prises, ils forment désormais un point de départ pour s’associer, plus largement, à une discipline artistique. Ainsi, Le Cré-dit Mutuel ou SFR aiment la musique, HSBC préfère la photographie, Renault, féru d’espionnage, «  soutient » le ciné-ma. Etc. Dans tous les cas, les règles sont assez proches du sponsoring sportif, ce qui est d’autant plus évident, pour ces entreprises, qu’il constitue souvent un autre versant de leur communication. HSBC, par exemple, a longtemps été im-pliqué dans la F1. Quant à Cédric Mi-gnon, directeur Image et communication de la Caisse d’Épargne, il nous rassure :

À l’étranger, dans de nombreux pays, il

devient parfois difficile de distinguer un dircom

et un commissaire d’expo. Depuis

l’ouverture de la Tate Modern, à Londres

en 2000, Unilever y a même son espace

réservé : chaque année, il investit le

« turbine hall » pendant six mois pour exposer un

artiste contemporain, comme le chinois Ai Weiwei pour les

« Unilever Series 2011 ».

LE NAMING SEMBLE ÉGALEMENT S’ÉTENDRE À CERTAINES SCÈNES ET LIEUX D’ART. À PARIS, PAR EXEMPLE, 12 MAIL N’EST PLUS SIMPLEMENT UNE GALERIE CONTEMPORAINE POINTUE (MANYSTUFF, JE SUIS UNE BANDE DE JEUNES, ETC.) : C’EST UN NOUVEAU « RED BULL SPACE », SUR LE MODÈLE DE CEUX QUE LA BOISSON ÉNERGISANTE AUX 3 MILLIARDS D’EUROS DE CA FINANCE À NEW YORK, SIDNEY, LONDRES OU TORONTO.

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« Nous continuons à sponsoriser le ski et le running »…En janvier dernier, l’inauguration du nouveau stade du Mans défraie la chro-nique : pour la première fois, en France, un équipement sportif d’envergure (25 000 places) est financé, en partie, grâce au naming d’une entreprise locale, plus connue pour sa philosophie du zéro bla-bla. Pour coller son nom à la nou-velle Arena, MMA s’est en effet engagée à lui verser 10 millions d’euros sur dix ans. Pratique très courante à l’étranger (en 2010, JP Morgan lâche 300 millions de dollars pour le Madison Square Gar-den à New York), le naming est une sorte d’acmé du sponsoring sportif et arrive, progressivement, dans la culture. En Europe, plusieurs festivals importants portent déjà le nom de leur « parrain ». C’est le cas du Bilbao BBK Live, Heine-ken Jamm’in à Venise, Heineken Open’er en Pologne ou Super Bock Super Rock, à Lisbonne, qui nous rappellent d’ailleurs, comme à Bourges, que les banquiers et les alcooliers n’ont pas forcément d’aversion pour les jeunes. Au-delà des événements, le naming semble également s’étendre à certaines scènes et lieux d’art. À Paris, par exemple, 12Mail n’est plus simplement une galerie contemporaine pointue (Manystuff, Je Suis une Bande de Jeunes, etc.) : c’est un nouveau « Red Bull space », sur le modèle de ceux que la boisson énergisante aux 3 milliards d’eu-ros de CA doit financer à NY, Sidney, Londres ou Toronto. Si la présence de la marque reste, en l’espèce, assez discrète, elle l’était beaucoup moins dans le cas de la salle de concerts parisienne La Cigale qui, entre 2007 et 2009, s’est rajouté une petite extension  : La Cigale SFR. Heu-reusement, le Théâtre Antique d’Orange n’est pas un concurrent…

ACTEURS CULTURELS…À Pigalle, les cigales chantent, mais personne ne répond  : on ne saura pas

En 2006, une trentaine d’artistes émergents, soutenus par le Palais de Tokyo, participe à l’exposition Ultra Peau, initiée par… Nivea. Engagée clairement sur le contenu artistique, la marque de cosmétiques a également fait participer les employés de son usine de production parisienne…

pourquoi SFR n’a pas renouvelé son partenariat, mais simplement qu’il a ouvert, entre temps… sa propre salle de concerts ! Inauguré en juin 2008, le Studio SFR est un espace de 1 000 m2, en plein de cœur de Paris, comprenant notamment une salle modulable de 250 places. Sa capacité est limitée, mais l’opé-rateur peut inviter ses abonnés, souvent gratuitement, à des petites sauteries en compagnie de Phoenix, Cocoon, Yelle ou The Ting Tings. La création du Stu-dio rentre également dans l’important dispositif « Jeunes Talents » avec lequel SFR revendique, depuis 2006, la décou-verte d’artistes dans la musique live, mais aussi la photo ou la bande dessi-née. Concrètement, l’entreprise organise des prix et diffuse les « talents » dans le cadre de ses événements partenaires, des Rencontres d’Arles aux Trans Musicales, en passant par les Nuits Sonores ou les Eurockéennes de Belfort. En 2009, dans un article du magazine Stratégies, « L'art et les marques convo-lent en secondes noces », Alain Delcayre identifiait le phénomène : les entreprises (s’)investissent désormais directement dans la production de contenus artis-tiques. Conformément à une tendance générale d’événementialisation cultu-

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relle, elles ne suivent plus seulement l’existant, mais cherchent à créer leurs propres manifestations. Si l’un de nos premiers concerts remonte en effet à la jonction curieuse de James Brown et De Palmas, en 1994, sur la scène itiné-rante du Ricard Live Music, les cas se multiplient aujourd’hui dans tous les domaines. En 2009 par exemple, Elec-trolux lance son projet arty-culinaire Art Home, sur le toit du Palais de Tokyo. Et depuis 1998, Red Bull, dont le site res-semble davantage à un portail culturel et sportif qu’à une superette, organise sa «  Music Academy  » dans le monde entier  : il s’agit d’un immense «  ate-lier musical  » (concerts, performances, workshops, etc.) décliné, tout au long de l’année, dans une centaine de villes. En France, par exemple, la caravane 2011 s’est déjà arrêtée à Lyon, Strasbourg ou Nantes, avec Pedro Winter, DJ Mehdi et le Ed Banger Allstars.

«  Créée il y a cinq ans, reGeneration2 est une exposition de photographes émergents », résume Emilie Gently, res-ponsable de la communication du Mu-sée de l’Élysée, à Lausanne, l’une des principales institutions européennes consacrées à la photographie contem-poraine. « Pour la deuxième édition, en 2010, Lacoste a lancé un prix et sollicité 12 artistes dans l’exposition pour revi-siter L.12.12, nom de code de son cé-lèbre polo ». Di Liu, jeune photographe chinois est le premier lauréat : ses clichés montrent des animaux gigantesques qui, à l’instar du croco, sont omniprésents dans la ville. « L’initiative va être renou-velée et la seule condition reste la liberté artistique  ». Cela ne signifie pas pour autant que Lacoste se contente de la fi-nancer, puisqu’elle participe au jury et choisit, au final, le gagnant… Le Lacoste Elysée Prize n’est qu’un exemple des in-nombrables prix, bourses ou concours créés ad hoc par des entreprises ou leurs fondations   : Prix HSBC pour la Pho-tographie, SFR Jeunes Talents, Bourses Lagardère, Audi Talents Awards, etc. Ils sont mono ou pluridisciplinaires, atta-chés à une structure culturelle ou «  in-dépendants  », mais ils s’adressent tous aux jeunes artistes émergents, suscitant au moins deux réserves. Contrairement au mécénat classique, destiné à financer la création, ces initiatives se réduisent gé-néralement à la diffusion, même si leurs résultats peuvent favoriser, en retour, le travail artistique.  Concentrées sur la jeune création, elles installent surtout les entreprises dans un rôle de défricheurs, capables de dessiner une partie du pay-sage artistique contemporain. Tout ceci nous ramène sur la scène des Trois Baudets où, pour résumer le programme musical de la banque, dont l’inévitable concours, le patron de la Caisse d’Épargne ose, comme les chaussettes : « Nous formons un nouvel acteur culturel ». Ben voyons…

SPONSORS OF TOMORROW™Depuis que les processeurs Intel sont entrés dans les ordinateurs Apple, le géant informatique peut désormais compter sur des gros mangeurs de pomme : les créatifs. « Intel est venu nous voir, en 2009, pour lancer un nouveau projet artistique autour de la technologie », explique Cécile Logeay, chef de projet événementiel chez Vice Magazine. Les « Créateurs du futur » ont commencé en France, puis l’initiative a été développée dans le monde entier (Etats-Unis, Chine, Brésil, etc.). Elle vise à encourager la création d’œuvres utilisant la technologie dans le domaine de la musique, du design, de la vidéo, ou au croisement de plusieurs disciplines artistiques. Concrètement, The Creators Project propose une plateforme numérique en ligne, une série d’événements internationaux partenaires pour diffuser les artistes (reconnus ou émergents) et même un « Studio » destiné, désormais, à la création. « Vice va chercher les créateurs, sélectionne les postulants et Intel a évidemment son mot à dire sur l’utilisation de la technologie ». Après le festival californien Coachella en avril, The Creators Project revient en France en juin, dans le cadre de Nuits Sonores, puis à la Gaité Lyrique…www.thecreatorsproject.com

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Sujet/ M. Gueugneau & J. MartinezVisuel/ Claire PanelBANDS TRIP

PENDANT QUE D’AUTRES SE DORERONT LA PILULE CET ÉTÉ, LES ZICOS VONT SE TUER À LA TÂCHE. KIBLIND A RETRACÉ QUELQUES-UNES DE CES « VACANCES » DE MUSICIENS.

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MICHEL LE BELHOMMEDans le cadre du festival Voies Off d’Arles, Michel Le Belhomme poursuit son travail amorcé lors de la précédente édition. Avec Les Espaces Voyous, il joue du carré de l'image pour rem-plir l'espace, définitivement saturé. De son enseignement auprès de Tom Drahos à l’ERBA de Rennes, il a su garder une maîtrise technique imparable, associée au melting-pot de ses intérêts personnels. Voies Off se déroule du 02 au 10/07 à Arles.www.voies-off.com

MANUEL GOMEZ BURNSLa sagesse nous dit que nous avons toujours à apprendre de nos aînés. Manuel Gomez Burns fait mieux que ça : il réactualise la bande dessinée d’antan. L’allure vieille école de ses person-nages ne doit pourtant pas entraver le propos résolument 2011 (voire plus) de ses illustrations. En témoignent ses expositions et apparitions diverses aux quatre coins du monde (le Pérou où il réside, les Etats-Unis, l’Espagne, l’Allemagne, la Finlande, etc.), ainsi que ces deux illustrations.www.mgomezburns.blogspot.com

THIERRY BIRKENSTOCKL’auteur de L’Odyssée de Barnabé (autoproduite) est un autodidacte comme on les aime. Passé par le graffiti, il s'est forgé une réputation propre entre des illustrations pour les soirées Dolus & Dolus ou le maxi de Douster & Savage Skulls, sur Mad Decent. Amoureux du tantrisme et de la cosmologie, il cherche par tous les moyens à atteindre la lumière céleste. Deux de ses tentatives ici. Apparemment, il gravit les échelons.www.thierry-birkenstock.fr

1,2, PAF ! BETTINA & DOMITILLE EXPLOSENT CHEZ COTÉLACQuel plaisir d’accueillir ces deux fraîches illustratrices sorties depuis quelques temps de l’habile ESAD de Strasbourg pour une composition inédite. Fruit de la collaboration entre Kiblind et la marque Cotélac, l’agencement de ces deux talents est une christique bouffée d’air frais dans ce monde diabolique. Exposition commune à partir du 9/06 à la boutique Cotélac Beaurepaire (30, rue Beaurepaire 75010).www.bettinahenni.comwww.domitilleleca.com

MONOZUKURI FORMES D’IMPRESSION AU FESTIVAL DE CHAUMONTL’étape dans la création est une chose sur laquelle on s’appesantit peu. Monozukuri (« proces-sus de fabrication », en français) est une proposition du Festival International de l’Affiche et du Graphisme de Chaumont (du 21/05 au 5/06) qui met l’accent sur les procédés techniques qui emmènent le graphiste aux portes de la perfection. Exemples ici et maintenant avec Julien Tavelli & David Keshavyee, jeunes graphistes entre Berlin et la Suisse, travaillant sur des expé-rimentations autour des procédés de l'offset et images de posters issus du livret acid test.www.chaumont-graphisme.com

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CULTURE VISUELLE

VISION CULTURELLE

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PRINT

Elle s'est fait immédiatement remarquer lorsqu'on l'a exposée pour la première fois au beau milieu de ses semblables : plus grande que la moyenne, allure élancée, élégante et soignée, elle ne communique depuis sa naissance que par images interposées. La revue Belles illustrations est née en 2008 d'une initiative portée par une promotion de l'ESAD de Strasbourg, référence internationale en la matière (Blutch, Marjane Satrapi, et bien d'autres sont passés par là). Après un atelier sur le fanzine animé par Julia Wauters, l'envie devient évidence et Alexis Beauclair, Bettina Henni, Clément Paurd, Guillaume Chauchat, Matthias Arégui, Léo Maret, Mathieu Lefèvre et Jérémy Piningre embarquent l'ensemble de leurs camarades dans l'aventure Belles Illustrations. Encouragés par Guillaume Dégé qui dirige depuis 2005 l'atelier d'illustration, la section la plus reconnue de l'école, ils vont réinventer le classique « fanzine » estudiantin en affirmant haut et fort leur spécificité et leur envie de faire vivre leurs travaux. L'objet sera très grand (28 x 38 cm), épais (entre 100 et 150 pages de papier de grande qualité) et relié par un dos carré collé. Mise à part la couverture, sérigraphiée en trois tons directs, le reste de la revue est exclusivement en noir et blanc, renvoyant ainsi à l'essence même du dessin illustratif ou de bande dessinée. En choisissant de s'orienter clairement vers l'objet livre/revue, en rejetant l'aspect thématique et en offrant l'immensité de ses pages aux seuls propos illustratifs en niveau de gris de ses auteurs, Belles Illustrations inspire, dénote et souffle une petite brise changeante, présente pour un moment dans l'air du temps illustratif.

SE FAIRE LA BELLEAprès quatre numéros publiés entre 200 et 500 exemplaires, dont les trois premiers sont épuisés, la revue s'apprête à vivre quelques changements. L'équipe s'est recentrée autour de son noyau dur afin d'achever son processus d'émancipation et de développer une véri-table plateforme artistique. Ayant optimisé les outils mis à disposition par l'environnement

T / J. MartinezVisuel Couverture

Belles Illustrations #4

Belles Illustrations n°1 (2008), n°2 (2009)

et n°3 (2010). Tirage épuisé

INITIATIVE ÉDITORIALE PORTÉE PAR DE JEUNES ILLUSTRATEURS TALENTUEUX FRAÎCHEMENT SORTIS DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DES ARTS DÉCORATIFS DE STRASBOURG, LA REVUE BELLES ILLUSTRATIONS, PAR SON HISTOIRE, TÉMOIGNE DU QUOTIDIEN D'UNE « NOUVELLE GÉNÉRATION » DE L'ILLUSTRATION.

BELLESILLUSTRATIONS

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scolaire, coupé le cordon avec l'Atelier d'illustration, déserté peu à peu la East Coast, reçu les lauriers d'Angoulême, l'objectif est désormais d'affirmer haut et fort la notion de «  laboratoire de formes et d'idées » focalisée sur «  les écritures personnelles et inventives, sensées et lisibles, questionnant le dessin, les procédés de narration et les modes de lecture ». En conservant toujours une grande exigence de qualité tant pour les travaux que pour l'objet. Dans un univers de l'illustration en pleine redéfinition, la revue reste en effet pour les participants une belle vitrine pour des travaux personnels, liberés de toute contrainte, sinon celle de s'exprimer en noir et blanc sur un grand format. Exister, en somme, sans dénaturer leur processus personnel de création. Et cela fonctionne. Que ce soient la presse (Le Monde), les revues (XXI ou Le Tigre) ou les éditeurs de Bande Dessinée (Les Requins Marteaux, Alain Beaulet, etc.), leurs expérimentations trouvent un écho chez qui veut bien l'entendre.Lors du prochain Festival d'Angoulême, rendez-vous annuel de parution de la revue, Belles Illustrations (cinquième numéro) aura donc sans aucun doute modifié ses attributs et sortira pour l'occasion accompagnée d'une nouvelle collection de livres d'artistes mi-cro-édités. Une galerie va également être mise en place sur le site de la revue pour mettre en avant les originaux (dessins, impressions, planches...) des participants à l'aventure. D'ici-là, pour les nouveaux prétendants, il faut suivre les appels à participation publiés sur le Net, et pour les autres, se procurer le n°4 de la revue tant qu'il se pavane encore dans les librairies de Paris, Strasbourg, Lyon ou Marseille.

LIVRE I BD I REVUE

BELLES ILLUSTRATIONS EST UN « LABORATOIRE DE FORMES ET D'IDÉES » FOCALISÉ SUR « LES ÉCRITURES PERSONNELLES ET INVENTIVES, SENSÉES ET LISIBLES, QUESTIONNANT LE DESSIN, LES PROCÉDÉS DE NARRATION ET LES MODES DE LECTURE »

NOTICEBelles Illustrations #4Sorti au printemps 201128/38cm - dos carré colléCouverture à rabats -Sérigraphie 3 tons directs500 exemplaires25 euroswww.bellesillustrations.com

Prochaines sorties :n°5 janvier 2011n°6 janvier 2012

L'équipe de Belles Illustra-tions sera présente lors du Grand salon de la micro édition de Lyon, les 14 et 15 mai à GRRRND ZERO.www.grand-salon.fr

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DiscutsNuméro 0/Printemps 2011Gratuithttp://discuts.blogspot.com

Ni anachronique, ni visionnaire, Alexis Maubert est un uchronique. Il évolue dans un monde schizophrène porté à la fois par la volatilité de la musique qui peut se trouver sur une radiographie de côtes humaines comme dans une brosse à dents, et à la fois par l’extrême impor-tance de la matière physique sur laquelle elle est gravée, sculptée ou imprimée. Discuts, le premier magazine dédié à l’art de la manipulation sonore et de l’enregistrement physique, est l’aboutis-sement d’une carrière de blogueur (qui continue), de collectionneur incroyable et d’une vie de peloteur en chef. Dans son histoire, le Toucher guide l’Ouïe, et Alexis Maubert aka Tapetronic (lorsqu’il fait de la musique) s’est toujours laissé emporter par le désir physique de la musique. Le numéro 0 n’est pas parfait graphique-ment ni même, et c’est un comble, ma-tériellement. Mais l’important n’est pas là : il est dans la reconstruction de notre rapport à la musique par les dispositifs d’enregistrements décrits. À l’heure où les mp3 s’organisent en nuées, Discuts participe à la reconnaissance de la maté-rialité sonore dans ce qu’elle a d’incon-gru, d’esthétique et, surtout, d’artistique. Des multiples formats magnétiques aux disques pirates de l’URSS (sur radio-graphie par exemple) en passant par le disque laser nouvelle formule, Alexis Maubert nous ouvre les portes d’un nouveau monde, diablement curieux. Et passionnant.

DISCUTS T / M. Gueugneau

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Pour ce numéro 7, s’est opérée une mue très inspirée de la maquette. Une seconde naissance signée Robert Melt-zer. Éditée depuis 2005 à raison d’une parution par an, la revue Geste est motivée par l’envie de montrer que le geste – que ce soit celui du danseur, du peintre, du sculpteur mais aussi de l’ar-chitecte, du cuisinier, du politique ou encore du sportif, du scientifique ou de l’écrivain –, contribue à configurer une communauté de sens : notre quotidien ostensible comme théorique. Au menu de cet opus : Rencontre avec un catcheur (ancien) champion du monde. Dossier autour du verbe « pro-liférer » et les propositions de gestes qui peuvent y être rattachés comme les gribouillages (J.-F. Puff), les répé-titions (G. Clément), les excroissances (M. Blazy) parmi tant d’autres. Évé-nement : « Les Halles avant travaux » discuté avec l’employé du manège. Tour d’horizon plutôt insolite. Désormais les contributions – explora-tions en soi de la diversité des formes de créativité qui constituent notre monde contemporain – prennent corps dans une mise en page et un graphisme qui en prolonge élégamment le sens. Belle réussite pour cette nouvelle mouture d’une revue qui se présente elle-même comme exploratrice de «  la richesse, l’inventivité et l’engagement du geste ».

GESTE

Revue GesteAnnuelN°7 – Printemps 2011232 pages / 10 euros

T / M. Morin

Saint-Étienne LyonB-GNETLa Boîte à BulleSorti fin avril 201148 pages / 12,5 euros

La SaintéLyon est un raid nocturne de 68 kms entre Saint-Étienne et Lyon, avec 1 300 mètres de dénivelé positif et 1 700 négatif, que l'on effectue à pieds, de nuit et étrangement en décembre. Saint-Étienne Lyon est la dernière BD de B-GNET (celui de Rayures, Old Skull, Waf-Waf...). Ici, pour des raisons de budget mais pas que, une famille de Stéphanois se rend à Lyon... en avion. Famille tout ce qu’il y a de lambda, avec papa vaguement simplet, la fille peut-être gay ou pas, un fils juste normal et un bébé dont les hurlements peuvent servir d'arme de persuasion. Ah oui : maman n'est pas là, ils l'ont oubliée à la maison...Là, l'avion va se faire détourner par deux groupuscules pas si distincts, puis surdétourner. S'en suivra un amerris-sage pas si crash, des scènes d'anthro-pophagie dignes de Joe d'Amato, le monde carcéral décrit d'une façon si violente que cela renvoie Oz à un conte pour fillette blonde. On y croisera un cambrioleur débutant, un cadre aux airs supérieurs, un vieux bab tout cramé et un marcassin. Mais aussi des hélicoptères, une moto, un obus oublié et un mug. Sous forme de strips, Saint-Étienne Lyon fourmille de gags et de rebondissements incongrus. L'univers de B-GNET est si rôdé que l'humour absurde semble logique tout en livrant quand même des chutes surprenantes. Régalade.

ST-ÉTIENNE LYONT / N. Courty

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Le jeune trentenaire Jonathan Safran Foer a marqué de son empreinte l'an-née 2010 avec son roman Faut-il man-ger des animaux ? Après le succès de Extrêmement fort et incroyablement près paru en 2005, c'est le deuxième best-seller consécutif pour ce charmant habitant de Brooklyn. Ne sachant pas se reposer sur ses glorieux et récents lauriers, il a sorti en novembre der-nier Tree of codes, livre exceptionnel qu'on a peu de chances de voir traduit en français. Son petit éditeur londo-nien, Visual Editions, amoureux de l'objet imprimé, a dû en effet braver les contraintes techniques pour sortir cette œuvre exceptionnelle, à la mise en page délirante. Un livre où il manque des mots car ils ont été découpés phy-siquement. Le lecteur peut combler ces vides en bougeant manuellement les pages dans les espaces manquants. L'auteur contextualise ainsi dans l'his-toire la présence de ces trous, comme dans la reprise de la nouvelle La Rue des crocodiles de Bruno Schulz. Pour mieux comprendre et découvrir cette belle maison d'édition : www.visual-editions.com.

TREE OF CODES

Tree of CodesJonathan Safran FoerVisual Editions25£www.visual-editions.com`

T / J. Martinez

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Haarmann, Le Boucher de HanovreIsabel Kreitz et Peer MeterCasterman / Collection ÉcrituresSorti courant avril 2010176 pages / 14 euros

1924, Hanovre. Suite à l'assèchement de la Leine, la police locale découvre une quantité invraisemblable d'osse-ments humains. Des victimes du typhus, jetées en amont suite à l'épidémie qui a touché la ville d'Alfeld à l'automne dernier ? L'hypothèse semble peu cré-dible, d'autant plus que les os ont été soigneusement raclés pour en séparer la chair. Un vrai travail de chirurgien. Ou de boucher. Tandis que l'enquête s'enlise et que les autorités peinent à assoir la thèse de la contagion auprès de la population, Fritz Haarmann pour-suit tranquillement son marché noir dans le quartier de la vieille ville. Les temps sont durs sous la République de Weimar de l'après-Versailles, et il n'est pas aisé de se procurer quelques mor-ceaux de viande, ou des fripes vendues à grand prix. Haarmann entretient son commerce, à sa façon, et garantit à ses clients une viande de premier choix, à moitié prix. Et il n'est pas rare qu'il y ajoute pour quelques pfennig une veste à peine usée ou un pantalon de ville...Avec une efficacité glaçante et un trait au scalpel, Peer Meter et Isabel Kreitz traduisent en images l'un des faits divers les plus macabres de l'histoire criminelle allemande. Appuyé par un dossier do-cumenté annexé au recueil, ce Boucher de Hanovre raconte l'histoire du tueur en série le plus célèbre d'Allemagne, qui avouera à son arrestation avoir tué vingt-quatre jeunes hommes. De sang froid.

HAARMANN, LE BOUCHER DE HANOVRE T / J. Tourette

LIVRE I BD I REVUE

KOMIKI N°2Collectif de Bandes dessinnées maisonMaison Komiki éditionsSorti en janvier60 pages / 10 euros

« Comme beaucoup dans le monde, il y avait une fois, un livre collectif idiot et imbécile  : le deuxième numéro du Komiki. » En septembre 2009, Marie Novion et Gaëlle Almeras fondent la Maison Komiki. Leur grand dessein est de parvenir à monter des expositions et de réunir dans un ouvrage collectif les auteurs qu'elles aiment bien et dont elles apprécient le travail.Le premier numéro de la revue Komiki sort donc l'année suivante : format A4 classique avec couverture sérigraphiée, proposant 60 pages de BD maison en noir et blanc, réalisées par les deux hôtesses et avec la contribution notable d'Emmanuel Olivier et Julie Colombet, qui réalisent chacun une dizaine de pages.Ce début d'année marque la sortie du Komiki n°2. Le collectif s'est agrandi, puisque neuf auteurs se partagent cette fois-ci les feuilles de la revue. Autour de la thématique des légendes basques, ils ont imaginé des histoires qui mê-lent mystère et humour : on y croisent évidemment des moutons, mais aussi une paysanne en solex, une sorcière cleptomane, des laminak lubriques ou des basajaunak pelucheux, ainsi qu'une ribambelle de personnages fabuleux et attachants. Plus d'infos concernant la Maison Komiki sur www.myspace.com/maisonkomiki.

KOMIKI #2T / J. Tourette

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T / G. Vonthron & G. Viry

SAUCE PIQUANTEAPRÈS VINGT ANS D'AUTORITARISME ET QUELQUES PROBLÈMES DE VOISINAGE, LA CORÉE DU SUD SEMBLE AVOIR UNE FURIEUSE ENVIE DE SE DÉFOULER : LE PUNCHING-BALL, C'EST LA CAMÉRA...

Kim Ki Duk, Park Chan-wook, Im Sang-soo, Kim Jee-woon, Bong Joon-ho… Tous ces réa-lisateurs, devenus des stars en Corée du sud, avaient la petite vingtaine, en 1980, lors du soulèvement des étudiants à Gwangju face au régime dictatorial. Cette « nouvelle vague » de cinéastes a ainsi émergé dans un contexte favorable à la liberté de création, avec l'es-sor de nouvelles sociétés de production et l’apparition de quotas favorisant l’industrie cinématographique nationale.Cette génération de cinéastes a une autre particularité : elle semble écartelée entre la fascination et le rejet de la culture américaine. Avec The Host, par exemple, Bong Joon-ho utilise les artifices du cinéma à grand spectacle hollywoodien pour réaliser ce qui ressemble au premier blockbuster coréen. Plein de second degré, ce film catastrophe met en scène une créature monstrueuse, aux allures un peu dé-biles, créée par la pollution d’un court d'eau : il renvoie implicitement à un « accident » survenu en 2000 où, sur ordre des forces amé-ricaines, des produits toxiques avaient été déversés en masse dans la rivière Han.

FAITES ENTRER L’ACCUSÉPar ailleurs, la présence de l’armée américaine sur le sol coréen, depuis plus de 60 ans, a sans doute participé à la décrédibilisation de l'État.

Dans ce contexte, les réalisateurs s’en donnent à cœur joie et mettent à mal toutes les formes d’autorité, à tel point que leurs représentants tentent de réagir. Le petit fils du président Park Chung-hee tenta par exemple d’interdire The President’s Last Bang de Im Sang-soo dans lequel son défunt de père semble avoir la « bunga bunga attitude ». Quant à la police, elle est toujours représentée dans le cinéma coréen par des tocards notoires, carburants au soju et incapables de résoudre la moindre enquête cluedo. L'image désastreuse des forces de l'ordre explique aussi l'omniprésence du thème de la vengance...Dernier thriller enragé et mené de main de maître par Kim Jee-woon (Le Bon, la brute et le cinglé, 2 Soeurs), J’ai rencontré le diable est une nouvelle brochette vengeresse sur le barbecue coréen. Suite à l’assassinat de sa fiancée, retrouvée en plusieurs morceaux, un agent secret se lance en effet dans une chasse à l’homme pour tenter de se faire justice. Par-ticulièrement violent, le film a provoqué un véritable scandale dans la péninsule : il lui a fallu trois passages devant la commission de classification et pas moins de sept scènes coupées avant de pouvoir sortir en salle. Il débarque enfin en France pour rappeler que le soju, c'est pas de la Tourtel...

J’ai rencontré le diable de Kim Jee-woon Sortie : 6 juillet 2011

T / G. Vonthron & G. Viry

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ÉCRAN CINÉMA

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UNE PLUME DANS LE CULTESorti en pleine guerre du Vietnam, Soldat bleu relate le carnage de Sand Creek, où 700 indiens ont été exterminés, faisant indubitable-ment écho au massacre de civils vietnamiens à My Lai, en 1968, par l’armée américaine. Ce film militant, signé Ralph Nelson, fait figure d’enfant terrible dans la grande famille modèle du Western. En effet, généralement viril et réactionnaire, le genre a plutôt tendance à mettre en scène de bons américains face à des « autochtones », tous plus ou moins barbares. Mais n’en déplaise à papa Ford, chez Nelson, c’est madame qui porte la culotte. Ici le héro est une héroïne, qui rote, jure, cumule les amants et tente accessoirement de faire face aux soldats américains violant, mutilant, puis exterminant tout ce qui porte une plume. Zizi Jeanmaire a eu chaud…

Sortie le 24 mai en DVD chez Studio Canal www.studiocanal.com

PANIC ! REVERSEPanic ! Cinéma organise un concours autour du film de genre, mais à l'envers : partir de l'affiche pour réaliser le film. Un appel à graphistes est donc lancé pour imaginer l'affiche d'un film qui n'existe pas, tout en suivant les contraintes et les caractéristique du cinéma de genre (Gore, Fantastique, SF, Polar, etc.). Les 10 affiches sélectionnées serviront de base à la seconde phase du concours : un appel à réalisateurs, qui de-vront produire le court-métrage ou la bande-annonce correspondant à l'affiche de leur choix. Viva Machete !

Concours d'affiches : jusqu'au 31 mai / Concours de films : du 15 juin au 12 septembre www.paniccinema.com

QUELQUE CHOSE DE TENNESSEEDisparu discrètement depuis presque cinq ans, il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à Robert Altman. L’occasion se présente le 6 juillet, avec la ressortie en salle de son film le plus injustement méconnu : Nashville, une fresque acerbe sur les mœurs américaines sur fond de musique country, où une vingtaine de personnages voient leurs chemins et destins s’entremêler. Ce film choral, ancêtre de Short Cuts, a été réalisé dans des conditions miraculeuses, avec un budget digne d’une série Z : il fut d'ailleurs tourné en quarante-cinq jours, obligeant les acteurs à improviser une bonne partie des dialogues...

Nashville de Robert Altman, ressortie en salle le 6 juillet 2011 www.acaciasfilms.com

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MOTEURSOPEN SOURCE

Avez-vous déjà remarqué que le joueur Lambda est souvent plein de perles de sagesse. « La jouabilité de Poney Fighter 6 pue trop sa race ! ». « Les angles de caméra de Extreme Wheelchair Racer Ultimate fouettent trop leurs grands-mères ». « Les graphismes de François Hollande : Redemption m'ont littéralement donné une tumeur aux yeux ». J'en passe et des plus pertinentes. À ces gardiens du bon goût vidéo-ludique j'ai envie de dire : nous vous avons entendu, faites-nous rêver maintenant ! En effet, saviez-vous que les moteurs d'au moins deux jeux chroniqués dans ces pages ce mois-ci sont disponibles gratuitement et légalement sur la toile ? UDK d'Epic (Gears of War 3, Arkham Asylum, Bioshock...) et Source de Valve (Half Life 2, Left 4 Dead, Portal 2) se tiennent à la disposition de quiconque pense avoir quelque chose d'intéressant à montrer. Si les années 2000 étaient celles des cinéastes indépendants avec l'avènement des caméras DV accessibles à tous, dites-vous bien que les années 10 nous appartiennent. Alors faites de l'art, faites de la merde, mais faites le vous-mêmes.Nous, on ramassera les copies à la rentrée.

PORTAL 2 Cet article était à la base un poème épique de 860 pages à la gloire de Portal 2. Ces messieurs les ronds-de-cuir de la rédaction n'ont cependant pas validé le projet allant jusqu'à lancer des qualificatifs comme « irréaliste », « grotesque » ou encore « trou du cul » pour définir l'entreprise. Voici donc pour faire court ce que je n'ai pas aimé dans Portal 2. 1/ Les non initiés ne comprennent pas de quoi je parle H 24 depuis ces dernières semaines. 2/ Je rigole tout seul dans le bus. 3/ Je me cogne toujours dans les murs quand je suis saoul mais maintenant, je le fais exprès.

VALVE / Disponible sur XBOX360, PS3, PC, MAC

CAVE JOHNSONSTEPHEN MERCHANT

CO-OOOOOOOOOOP !!!

YOU CAN'T FIRE ME !

IT MAKES A HAPPY FACE

RHYMESWITHGLUE

MORTAL KOMBATMortal Kombat arrive juste avant l'été et une nouvelle gé-nération de jeunes vacanciers en short va pouvoir découvrir cette institution du jeu de la meilleure façon qui soit : en glandouillant chez un pote qui, lui non plus, n'a pas encore atteint l'âge écrit sur la boîte. Pour info, cette nouvelle entrée dans la série lui fait honneur. Les graphismes sont à la croisée des chemins entre une pochette de Man’o’war et une colosco-pie mais dans le bon sens du terme, et l'histoire ressemble à ce que Jean-Claude Van Damme imagine quand il ferme les yeux dans son bain moussant. Un rite de passage je vous dis !

NETHERREALM STUDIOS / Disponible sur XBOX 360, PS3

CHRISTOPHER LAMBERT DUUUUUDE ! TIIIITS !

TOASTY FRIENDSHIP

BON GOÛT ARRÊTE AVEC LE GRAPPIN, MERDE!

Johnny One Hundred + Doctor No + Mouzmouz

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ÉCRAN JEUX VIDÉOS

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PORTAL 2 Ou Potatoe si vous avez suivi le geek marketing de Valve.Certes d'aucuns auraient préféré que toute la campagne annonce autre chose que Portal 2 et ses chapeaux (Half Life épisode 3...) mais on va pas faire les difficiles car le jeu est bon. Très bon même. Un scénar plutôt bien fichu pour un « simple puzzle-game », un mode coop assez fendar, mais c'est surtout l'atmosphère qui a été revue. Saluons d'ailleurs le design sonore qui contribue grandement à l'atmosphère et parvient même à faire oublier un moteur source (certes hyper optimisé) un peu vieillissant. Mais bon, comme on dit, quand le gameplay va, tout va...

VALVE / Disponible sur XBOX360, PS3, PC, MAC

HUMOUR SYNTHÉTIQUEALLEZ, ENCORE UNE SALLE

EXPLOSER SON COPAIN

(EN FAISANT EXPRÈS)

EXPLOSER SON COPAIN (SANS FAIRE EXPRÈS)

BLEU + ORANGE = MARRON TROU

WATCH THE ART < BUUUZZER >

PORTAL 2Après 30 minutes de Portal 2 en solo, j’ai eu la confirmation qu’il existe une véritable intelligence humaine collective. Après 3h en coopération, je suis à court de mots. Je suis complètement passé au travers du premier opus et, pour être honnête, j’ai failli refaire la même boulette. J’étais en train d’acheter un jeu d’occaz chez mon dealer lorsqu’au moment de composer mon code de CB je vois la démo de Portal 2 sur les écrans de luxe au-dessus de ma tête. Sur une intuition j’appelais Johnny 100 et No pour obtenir une seule et même réponse : awesome . Eh bien ça sera mon dernier mot Jean-Pierre.

VALVE / Disponible sur XBOX360, PS3, PC, MAC

AVENIR DE L’HUMANITÉ \O/

CO-OP ULTIME SIMPLE IS BEAUTIFUL

INTELLIGENCE PRÉ REQUISE

SPHÈRE = CUBE SANS BORDS

ATOM ZOMBIE SMASHERJ'ai chopé AZS il y a peu, à peu près en même temps que Shogun 2... plus par curiosité en fait. Et puis j'ai invité un pote pour qu'on se fasse une bonne soirée/nuit gaming. Je nous voyais déjà en train d'élaborer des stratégies à base de cavalerie lourde avec un rictus malsain aux lèvres sous mon masque de (kono) samouraï... Eh bien... pas du tout. On a lancé AZS, histoire de se faire un amuse-bouche, un jeu pour l'apéro, quoi. Résultat : nuit blanche... scotchés. Toute une nuit à vibrer devant une simple ville vue de dessus et des petits pixels jaunes et roses ! Une nuit à serrer les fesses, à se dépasser pour enrayer la menace toujours grandissante... et perdre aux premières lueurs du jour.

BLENDO GAMES / Disponible sur PC/Mac

ZOMBIES ROSESASHIGARU

SURF MUSIC COOP (RELOU AU PAD)

GROSSE BERTHA GROSSES NEXPLOSIONS

TOP SPIN 4Le dernier jeu de tennis auquel j’ai joué s’appelait Super Tennis et c’était sur Super NES. Et il était super bien ! Mais malgré ça, je suis un peu resté sur les fesses lorsque j’ai testé TS4. Bon, ça reste un jeu de simulation de Tennis, donc c’est pas non plus « li kif absolu ». En revanche, c’est juste trop bien fait. En tant que joueur IRL plutôt expérimenté, je retrouve de vraies sensations et ça me fait trop plaisir de faire des montées au filet en aveugle après un petit revers slicé décroisé. Et puis mettre des roustes à Nadal, ça n’a pas de prix. Go go Djoko !!

2KSPORTS / Disponible sur toutes les plateformes

DAFT PUNK EN BONOVAK N°1

RÉALISME OUT OF THE BOX

JEAN –PAUL LOTTE PERSONNALISATION

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Dix ans après la sortie du film Dracula (Terence Fisher), Rosemary’s baby (1968) impose un nouveau genre en matière de film d’horreur. Sans brouillard, ni monstres, ni effets spéciaux, Rosemary’s baby (1968) rompt avec le traditionnel film d’horreur. Entre hallucination et réalité, ce thriller psychologique est la première réalisation 100 % américaine de Roman Polanski. Considéré comme l’un des plus effrayants films d’horreur de tous les temps (glaglagla), Rosemary’s baby propulse le réalisateur polonais sous les feux de la rampe. Immense succès populaire en salle, ce film culte du cinéma fantastique retrace le délire cauche-mardesque d’une jeune femme enceinte persécutée par des adorateurs de Satan infiltrés dans la bonne société américaine. Femmes enceintes s’abstenir…

HISTOIRE(S) À VOUS GLACER LE SANG DANS LES VEINES À l’angle de la 72e avenue et de Central Park, les Woodhouse, Rosemary (Mia Farrow) et Guy (John Cassavetes), fraîchement mariés, emména-gent dans un appartement coquet du Dakota Building. En somme, un adorable petit couple « Monsieur et Madame Tout le Monde ». Mais rapidement, l’ambiance dans l’immeuble se fait inquiétante… D’abord, leur vieil ami Hutch leur déconseille d’emménager dans cet immeuble…Puis voilà que survient un argument de taille, à vous faire tourner vos jolis talons d’un coup sec sur la 72e : une voisine vient de se défenestrer.

MALÉDICTION ET SATANISME DANS L’AMÉRIQUE

BON CHIC BON GENRE…

PAR ASTRID GUILHOT - CULTFLARE.COM

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À cet inquiétant tableau s’ajoutent un couple de voisins sexagénaires aux attentions étouffantes, des fissures bizarres dans le carrelage, des chants qui s’échappent des cloisons la nuit, des réunions « magie noire »… Puis une nuit, Rosemary fait un étrange cauchemar au cours duquel elle est violée par le diable en personne. Le lendemain matin, Guy s’excuse de lui avoir fait l’amour pendant son sommeil. Rosemary tombe enceinte. Délire paranoïaque ou piège infernal ? C’est dans ce climat anxiogène aux contours troubles, que Roman Polanski décrit la face sombre d’Hollywood et de la bourgeoisie new yorkaise au dessus de tout soupçon. Un constat plus effrayant encore lorsqu’on sait que quatorze mois après la sortie du film, la femme du réalisateur, Sharon Tate, enceinte de 8 mois, a été à son tour assassinée, poignardée 16 fois, ses tueurs ayant inscrit le mot « porc » avec son sang sur les murs de la maison.

STYLISME MAITRISÉ POUR FILM D’ÉPOUVANTE SOIGNÉFini de trembler et de grincer des dents, il est temps de parler chiffons et d’envoyer au diable la mode des fifties et ses petits tailleurs supra stricts. Ici Mia Farrow se fait la digne représentante de l’émancipation de la femme – hormis son teint verdâtre et ses petits yeux révulsés à la vue du petit poupon satanique. L’actrice multiplie coiffure et robes à la mode : coupe de cheveux androgyne, genoux découverts, col claudine, impri-més pop art psychédéliques… Un jour en robe trapèze ou chasuble façon Courrèges, l’autre dans une diabolique (et très moderne) combi-naison rouge en mousseline de soie, Mia Farrow et sa frêle silhouette hantent avec goût le genre et la tendance des seventies… Pas étonnant pour un sous, quand on sait que c’est la styliste Anthea Sylbert – nomi-née aux Oscars dans la catégorie Meilleurs Costumes pour Chinatown- qui s’est occupée de la garde robe de notre charmante Rosemary.

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BBUZÈS DANSE UzèsLe festival Uzès Danse intervient dans le paysage festivalier comme un sacre de l’été : un rite inamovible où chorégraphes et danseurs glorifient leur muse, Terpsichore, pour son don séculaire. L’année 2011 ne fera pas exception. C’est sans lieu mais dans le cadre éblouissant du premier duché de France, qu’Uzès invite les talents à suivre et gloires confirmées à ce sacrifice ô combien rédempteur. Pour ce faire, le CDC d’Uzès a demandé la présence soutenue de Xavier Le Roy pour la reprise de trois pièces de son répertoire (dont Le Sacre justement) ainsi que celle de Bouchra Ouizguen pour l’avant-première de Sujet à Vif, issu de sa collaboration avec Alain Buffard. En outre, Uzès Danse pourra se targuer de faire venir l’extraordinaire Olga de Soto pour Une Introduction, ainsi que la promesse confirmée Radhouane El Meddeb. Un rite païen peut-être, une ode splendide à la danse plus sûrement.

Uzès Danse du 17 au 22/06. Avec aussi Christophe Haleb, Régine Chopinot, Antonia Baehr, Tânia Carvalho, etc.

www.uzesdanse.fr

BAZARTPANORAMA DE L'ACTUALITÉ CULTURELLETextes / M. Gueugneau

NUITS SONORES LyonSous la volute graphique des Nuits Sonores 2011 orchestrées par les Superscript2 se cache cette année encore un bien plantureux festival. Il en faudra du raout pour contenter les espérances joyeuses de la masse volubile qui ne manquera pas de se coller aux grilles du marché gare, le premier juin dès 20h30. Professionnelle, la clique de Vincent Carry ne s’en laisse pas compter et sèmera, comme à l’accoutumé, un mélange de bruit et de fureur entre artistes émergents et étoiles techno. Nos meilleurs vieux seront donc là avec DJ Sha-dow, Tortoise, Black Devil Disco Club (Bernard Fèvre), Busy P feat. Joeystarr, épaulés par une jeunesse gaillarde fièrement représentée par Direction Survet, Nicolas Jaar, Souleance (Fulgeance & Dj Soulist), Opti, Discodéine, Acid Washed, entre autres. Du bon boulot.

Nuits Sonores 2011 du 1er au 5/06 à Lyon. Avec aussi Matthew Dear, Battles, Shackleton, Bot’Ox, The Gaslamp Killer, The 5, 6, 7, 8’s, Agoria, Gonzales, etc.

www.nuits-sonores.com

Encore une fois Villette Sonique est en plein dedans : Matias Aguayo, Animal Collective, Glenn Branca, Pilooski

et OOiOO pour ne citer qu’eux. Du 27/05 au 1/06 au Parc de la Villette, Paris.

DOSSIER DE PRESSE

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BBa 61BAZART

NUITS PHOTOGRAPHIQUES ParisLa photographie est l’art du regard. Art consommable pour les uns, alliage artis-tique de l’homme et la machine pour les autres, elle s’est toujours construite en marge des autres disciplines. Pourtant cet art de l’image a beaucoup à échanger avec ses cousins cinématographiques, musicaux, animés. Les Nuits Photogra-phiques l’ont bien compris, elles qui, en ce mois de juin, proposent aux parisiens quatre soirées gratuites dédiées aux dernières évolutions du média photo à travers des projections de films photographiques, agrémentés pour le coup d’environne-ments auditifs. Pour voir s’animer le regard des autres.

Les Nuits Photographiques les 3, 10, 17, 24/06 aux Parc des Buttes Chaumont à Paris. www.lesnuitsphotographiques.com

Le design graphique a, parfois, envie de souffler, s’échapper de la vision commerciale qui lui colle aux basques et se planter au

milieu du champ artistique. Panorama. Design graphique en Suisse Romande est là pour lui. Jusqu’au 26/06 au Centre d’art

contemporain de Genève.

/// UNE SAISON GRAPHIQUE 11/// Le HavreL’Homme et son dessin : les hommes et leurs destins. Le Grand Soir des hommes libres et de leurs éditeurs indépendants s’annonce et les mécréants reculent aussi sec. À l’aube du troisième millénaire, les peuples du monde ont les yeux fixés sur deux villes, deux sœurs : Lyon et Toulouse. Oui, ils loucheront. Et pour cause, à l’avant-garde musclée d’Indélébile qui annonce les Requins Marteaux, FBLB et 6 pieds Sous Terre, le Grand Salon répond par la malice du Lézard actif, les primés Arbitraires ou le phénix Barbe à Pop. Certains auront même le don d’ubiquité, comme tous les grands hommes : les éditions Frémok et Warum pour ne citer qu’eux. L’étau se resserre ainsi pour la France qui voit Les Textes se révéler enfin. Ils disaient qu’un jour, le monde serait beau.

/// Une Saison Graphique 11 //// jusqu’au 2/07 au Havre. Avec aussi une intervention dans l’espace publique (Gare > Hôtel de Ville), démonstration de Bike Polo, etc.

www.unesaisongraphique.fr

Les ateliers lillois LA CARPE et LE CAGIBI se sont associés à l'atelier lyonnais ALL OVER pour éditer un livre entièrement sérigraphié. Intitulé EMULSION, regroupant les illustrations de plus de 40 artistes lillois et lyonnais. A l'occasion de la sortie du livre, ALL OVER propose du 19/05 au 09/06 une exposition collective qui présentera les sérigraphies et les originaux des artistes invités.

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ZAZADOSSIER DE PRESSE 2011

FESTIVAL LATITUDES CONTEMPORAINES

_ DU 7 AU 17 JUIN

Contact presse : Aurélia Ghyoot [email protected] Contact communication : Pauline Coppée [email protected]

Tél : 03 20 55 18 62 – www.latitudescontemporaines.com

LES SIESTES ELECTRONIQUES ToulouseAvec une bonne blonde, il fait bon dormir. Les Siestes Électroniques ont décidé d’upgrader ce concept il y a de cela dix ans. Dormir pendant la sieste est telle-ment 90’s, qu’il n’en est bien sûr plus question. Danser maintenant est la nou-velle tendance. Pour célébrer une décennie de siestes en éveil, le festival toulousain donne une sacrée ampleur à son événement.. Avec DJ Tron, Shangaan Electro, Arto Mwambe, James Pants, Umberto, et le chouchou du moment Connan Mockasin, la digestion risque en effet d’en prendre un coup. Et, en plus, c’est gratuit. Fini de dormir : wake up, gros.

Les Siestes Électroniques, 10e Édition du 23 au 26/06 avec aussi, Arnaud Fleurent-Didier, Lone, Villa Nah, The Miracles Club, Robert Johnson, etc.

www.les-siestes-electroniques.com

KOUDLAM ParisEt si c’était un homme. Il était une fois un être vivant dans la guérite d’un parking inac-cessible, au cœur d’un pays où sévit une guerre éternelle entre deux peuples d’androïdes conçus tous deux, à l’origine, par Aiwa. L’esprit traversé sans cesse par de tragiques ondes électroniques, Koudlam, c’est son nom, peine à se remémorer ses faits et gestes. Il est à peu près sûr qu’il crée de la musique. Des flashs le persuadent qu’il compose une œuvre en réponse à d’anciens rites terriens  ; Goodbye, 2009, sont les seuls souvenirs distincts dont il dispose. Un rendez-vous lui est fixé, à la Gaîté Lyrique, pour Filmer La Musique. Il le sait. Après ça, tout est noir.

Koudlam en concert le 31/05 à la Gaîté Lyrique (Paris) dans le cadre du festival Filmer La Musique, en collaboration avec le plasticien et vidéaste Cyprien Gaillard. Goodbye, son premier album est sorti en 2009 sur le label Pan European Recording.

www.filmerlamusique.com ; www.koudlam.com ; www.paneuropeanrecording.com

LATITUDES CONTEMPORAINES LilleForce est de constater que Latitudes Contemporaines ne spolie personne. Tout est dans le nom. Le festival lillois, porté par l’association du même nom, cartographie chaque année les enjeux de la danse actuelle. Entre Rachid Ouramdane et son Exposition Universelle posant la question du récit officiel de l’Histoire et Latifa Laâbissi drapant les minorités dans son Loredreamsong, le danseur a décidément du mal à se situer. Et quand son humanité est mise à plat par la performance pré-historique de Steven Cohen, The Cradle Humankind, et son travail chorégraphique dépecé par Gilles Jobin dans A+B=X, le corps se meut en un gigantesque point d’interrogation. Pas de panique, Latitudes Contemporaines connait le chemin.

Latitudes Contemporaines, du 7 au 17/06 à Lille. Avec aussi Da-niel Linehan, Mathilde Monnier, Doris Uhlich, Claudia Triozzi, Anna Krzystek, Luiz de Abreu, etc.

www.latitudescontemporaines.com

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ZAZABAZART

AWESOME TAPES FROM AFRICA New YorkIl est des instants où la vie se découvre pulpeuse, en forme, gironde sans en faire trop, et, pour le coup, semble tout à fait gouleyante. Les moments passés devant le blog de Brian Shimkovitz, Awesome Tapes From Africa, sont de ce genre. Après avoir traîné ses oreilles au Ghana pour raisons scolaires, il s’en accroche une ou deux à l’étal du marchand de cassettes. Correct, il en fait profiter son ami l’internet et, par lui, le monde entier. Depuis, il laisse dans son sillage une traînée d’amour sous forme de flûtes algériennes enfumées (Cheik Meskine), de magique disco éthiopienne (Kweysha Seta) ou de chillant rap Tan-zaniens. D’aucuns disent que son blog est culte. Un prophète est-il « culte » ?

Brian Shimkovitz sera présent aux Siestes à Paris, Musée du Quai Branly, le 10/07. www.awesometapesfromafrica.blogspot.com

L’artiste plasticienne et vidéaste américaine Sarah Morris se paie une exposition chez Air de Paris. Jusqu’au 25/06.

Papier avec Lune au Quartier de Quimper est une exposition d’art contemporain qui scrute le passé pour montrer notre futur. Sources, réminiscences et projections jusqu’au 12/06.

Le si formidable et si étrange groupe de rock de Matt Mehlan (Shinkoyo), Skeletons, sera au Poste à Galène de Marseille sur une initiative du GRIM. C’est New Yorkais, joli et précédé des inestimables Johnny Hawaii, Kid Francescoli et Oh ! Tiger Mountain. Le 22/05.

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RRLe Festival International du Documentaire de Marseille place la (les) caméra(s) au centre du réel. Du 6 au 11/07.

CHRISTIAN GEFFROY SCHLITTLER Caen/GenèveLe pathos est une technique bien connue des orateurs depuis Aristote, en principe. On dirait bien que, ces dernières années, nombre d’intervenants dans l’espace public savent parfaitement les règles antiques de la rhétorique. Christian Geffroy Schlittler, dans Le Laboratoire des copies (dans le cadre du projet de recherche Matériau Pathos) a choisi d’épuiser le pathétique comme on répète un mot jusqu’à ce qu’il perde toute signification. Reprenant, parodiant, imitant les décortiqueurs de pathos du théâtre contemporain (Castellucci, Warlikowski, etc.), ce performeur place la passion au cœur de ces contradictions : une émotion forcée et fictionnelle. Singer n’est pas jouer, c’est signifier. Christian Geffroy Schlittler, Le Laboratoire des copies ou Les artistes de la contrefaçon, du 24/05 au 28/05

au Théâtre Saint-Gervais de Genève, dans le cadre du Festival Extra-11. www.festival-extra.com ; www.louispinagot.ch

JOHN LORD FONDA DijonUne fois, une seule, Terre et Ciel ont échangé leur place : le Ciel à Dijon, la Terre à Zion. C’était en 1974, année Giscard. De ce retournement des pôles cosmiques est né John Lord Fonda. Puis, la vie cheminant, Jean-Seigneur s’est vu promettre un bel avenir de star de la musique française. Ce fut fait et bien fait avec le Debaser LP, et son brelan Personal Jesus, So Far Away et Music Is Not Computer Algebra qui propulsèrent notre ami costado-rien tout en haut des artistes préférés de la jeunesse fran-çaise. Supersonique, nouvel album sorti le 25/04 tou-jours chez Citizen, est du même acabit : techno à donf’ + trinitrotoluène mélodique. Bang, What’s Going On et Heaven’s On Fire seront des amis pour la vie quand Bru-nette Tatoo et Supersonic pourront être quelques amants de luxe. Amis, amour, Seigneur Dieu, un mot : la Vie.

Supersonique sorti le 25/04 sur Citizen Records. www.citizen-records.com

BOMBA ESTEREO BogotáHispanophones de tous les pays, levez-vous, car voici les Colombiens qui ont conquis l’Amérique, les Bolivar de l’ère hédoniste : Bomba Estereo. Qui, en effet, ne possède en lui cette fibre solaire qui l’invite à s’épuiser sur la cumbia-pop (rythme colombien traditionnel+electro-pop d’aujourd’hui) construite par Mejia (tête pensante) et Liliana (chanteuse) et dont l’hymne Fuego enchanta EA Sports et McDonald’s de conserve. Les formes appétissantes de la rythmique chienne de ces Colombiens rendent hagards les loups que nous sommes. Il suffit de succomber, en juillet à Dour.

Bomba Estereo au Festival de Dour le 17/07 pour défendre l’album Estella sorti en 2009. www.dourfestival.com ; www.bombaestereo.com

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BAZART

ARABESQUES MontpellierLa parole artistique est un feu que rien ni personne ne peut étouffer. Celle-ci vient encore de prouver son pouvoir en allumant ici et là quelques chiffons bien calés dans les cock-tails Molotov d’une génération d’hommes et de femmes à bout. Le Festival Arabesque et l’association Uni’Sons ont toujours porté haut les artistes arabes honnis par les autorités, adulés par la liberté. Ceux dont l’intelligence du discours magnifie la beauté de leur art. Le propos des 6e Rencontres des Arts du monde arabe témoigne aujourd’hui plus que jamais de ce mariage de la raison et de l’esthétique. Baâziz l’Algérien ou Emel Mathlouti la Tunisienne, présents à Montpellier, sont ainsi les dignes représentants de cette jeunesse engagée, consciente de la force médiatique de l’art qui fut souvent le seul rempart contre les totalitarismes. Au programme encore de cette édition : Orchestre National de Barbès, Jil Jilala, La Nuit du Conte avec Kamel Guennoun et Rachid Akbal, et, parce que « l’air du Paradis est celui qui souffle entre les oreilles d’un cheval », les Chevauchées d’Ara-besques consacrées cette année aux cavalières.

Festival Arabesque au Domaine d’O à Montpellier du 18/05 au 22/05 avec aussi Ali Boughe-raba, Cie Al Andalus Danza, HK & Les Saltimbanks, etc.

www.unisons.fr ; www.festivalarabesques.fr

Amis des bêtes et/ou de la taxidermie 2.0, Le Lieu Unique de Nantes accueille une trentaine d’œuvres d’artiste français autour de la figure de l’animal. Du 11/06 au 4/09

PERFECT LOOSERS ParisIl y a deux ou trois cents ans, bien peu de musiciens électro actuels existaient. Leurs noms étaient ignorés du grand public, même du mince. Tout cela a bien changé, semble-t-il, depuis ces cinq dernières années. Les Perfect Loosers sont de cette fournée, celle nourrie de la musique des antipodes, bercée aux envies d’ailleurs. Les trompettes qu’ils délivrent, les koras qu’ils libèrent, les beats tropicaux qu’ils envoient servent l’humanité dans sa lutte pour éliminer le monde méchant. Princes de paix qui officient sur les dancefloors ou à travers de simples EP (Bandits EP), compilations (merveilleuse Perfect Loosers present Akwaaba Remixed) et remix (Ze Bula de Figura), les trois compagnons n’en sont pas moins travailleurs puisque, pour juin, ils nous réservent un nouvel EP plus ethnocentré. Les Perfect Loosers se soucient beaucoup de nous et veulent que nous tirions profit de ces réserves d’amour. Soit.

Prochain EP Bad Winners prévu en juin. En concert le 1/06 au club 1979 à Paris. www.myspace.com/perfectloosers ; www.soundcloud.com/perfectloosers ;

www.badwinners.com

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ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES KIBLINDEXTRA-11Extra, extra, ce festival transfrontalier, il est extra. Oui, car Extra-11, organisé conjointement par Bonlieu Scène Nationale à Annecy, l’ADC et le Théâtre Saint-Gervais de Genève, propose une exploration des bordures, des frontières, des limites. Entre Rachid Ouramdane et la paire Allio-Weber en passant par Latifa Laabissi ou Steven Cohen, c’est le passage du moi au tu qui est creusé. Cette exploration se joue aussi sur les frontières disciplinaires, la frontière Franco-Suisse et bien d’autres.

Jusqu’au 28/05 à Bonlieu-Scène Nationale d’Annecy et au Théâtre Saint-Gervais de Genève. www.festival-extra.com

FILMER LA MUSIQUELe Cinéma a toujours été très amoureux de la musique qui l’a un peu vu comme un sex friend à ses débuts. Puis avec le temps, elle s’est mise à l’aimer en retour. En 2011, rien ne pourrait les séparer. Filmer La Musique, festival admiratif de ces grandes passions, offre depuis 5 ans objets filmiques rares (25) et rares objets musicaux (20) dans un même pot. En vrac cette fois-ci : Jay Reatard, Albert Ayler folk texans à l’écran  ; Koudlam, FM Belfast, Egyptrixx, Matthew Dear sur scène.

Filmer La Musique à la Gaîté Lyrique de Paris du 31/05 au 5/06 www.filmerlamusique.com

DOUR FESTIVALUn festival de musique est un lieu enchanteur où les règles sociales deviennent un peu lâches. Seul la mélomanie subsiste. Et quand elle est brossée dans le sens du poil, elle se met doucement à ronronner. Ainsi le Festival de Dour est-il

fait avec près de 200 artistes en 4 jours, et des bons : Systema Solar, Shadow Dancer, Gaslamp Killer, Luke Vibert, L-vis 1990 & Bok Bok, Rusko, Strip Steve, I’m From Barcelona, Architecture In Helsinki, Erol Alkan, IAMX…

Oulala, gros risque d’anomie. Dour Festival à… Dour, en Belgique, du 14 au 17/07.

www.dourfestival.be

FESTIVAL DE CHAUMONTDoit-on présenter la France ? Doit-on présenter le Festival de Chaumont ?

Les deux sont une évidence. Le Festival de Chaumont présente sa 22e édition tournée, cette fois encore, vers l’innovation dans le design graphique.

Expositions et performances se chevaucheront dans la thématique de la Lettre. Au programme, Olivetti, Ed Fella, Monozukuri, formes d’impression et bien

sûr l’éternelle jeunesse, avec des présentations de jeunes professionnels et les travaux sélectionnés des concours. Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont du 21/05 au 05/06

www.chaumont-graphisme.com

VOIES OFFVoies Off aime l’à-côté. Jetant la prudence aux orties, le Off des Rencontres

d’Arles traverse en dehors des clous, se jette à corps perdus dans les bois, plonge dans la témérité : ils font confiance aux jeunes. C'est d'ailleurs Voies

Off qui nous offrent les couvertures du présent numéro.Des soirées projections et festives de la Cour de l’Archevêché à l’exposition de

la Galerie Voies Off , Christophe Laloi, directeur, ouvre son cœur et ses portes à la nouvelle génération, talentueuse et pictophage invétérée... Voies Off du 4 au 9/07 dans Arles.

www.voies-off.com

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Annecy_Genève / 2011 11

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