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15.01.12 15.03.12 VISION CULTURELLE CULTURE VISUELLE GRATUIT 39 KIBLIND.COM Luis Dourado - Cover 1/3 Data L'Association Jan Üllrich A is a name Personal Best Justin Bieburr Hors Pistes Choucroute ...

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15 janvier > 15 mars

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15.01.12

15.03.12

VISION CULTURELLECULTURE VISUELLE

GRATUIT39

Kiblind.com

Luis Dourado-

Cover 1/3

DataL'AssociationJan ÜllrichA is a name

Personal Best Justin Bieburr

Hors PistesChoucroute

...

KIBLIND MAGAZINE EST DISTRIBUÉ EN FRANCE, À GENÈVE & BRUXELLES4 0 0 0 0 E X E M P L A I R E S - 8 5 0 L I E U X D E D I S T R I B U T I O N

M O R C E A U X C H O I S I SB O R D E A U XO k D a d d y − −3 1 R u e S a i n t e - C o l o m b e 3 3 0 0 0 B o r d e a u xw w w . o k - d a d d y . c o m

T O U L O U S ELa ci n é math è que de Tou louse − −6 9 R u e d u T a u r3 1 0 0 0 T o u l o u s ew w w . l a c i n e m a t h e -q u e d e t o u l o u s e . c o m

R E N N E SA n t i p o d e− −2 R u e A n d r é T r a s b o t 3 5 0 0 0 R e n n e sw w w . a n t i p o d e - m j c . c o m

S T R A S B O U R GÉcole supérieure des arts décoratifs − −1 r u e d e l ’ A c a d é m i e6 7 0 0 0 S t r a s b o u r gw w w . e s a d - s t g . o r g

G E N è v E M A M C O− −1 0 r u e d e s v i e u x -G r e n a d i e r s 1 2 0 5 G e n è v ew w w . m a m c o . c h

B R U X E L L E S L e b o t a n i q u e− −2 3 6 r u e R o y a l e1 2 1 0 B r u x e l l e sw w w . b o t a n i q u e . b e

A I X - E N - P R O v E N C E S e c o n d e N a t u r e− −2 7 B r u e 1 1 N o v e m b r e 1 3 0 9 0 A i x - e n - P r o v e n c ew w w . s e c o n d e n a t u r e . o r g

P A R I S L a G a ï t é L y r i q u e− −3 b i s R u e P a p i n , 7 5 0 0 3 P a r i sw w w . g a i t e - l y r i q u e . n e t

L e C e n t q u a t r e− −1 0 4 r u e d ' A u b e r v i l l i e r s 7 5 0 1 9 P a r i sw w w . 1 0 4 . f r

www.kiblind.com

S O m m a I R E

05sommaire

STaFFDirecteur de la publication :Jérémie Martinez

Rédacteurs en chef : Jean Tourette - Gabriel Viry - Jérémie Martinez

Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau - Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez - Olivier Trias - Simon Bour-nel-Bosson - Matthieu Sandjivy - Yann Dory - Arnaud Giroud - Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois - Jean-Louis Musy (Librairie Expérience) - Guillaume Vonthron et François Huguet.

Cahier Mode — Direction artistique : Agence Klar feat Baptiste Viry - Photo-graphe : Laurent Croisier - Styliste : Alix Devallois - Article : Astrid Guillot

Direction artistique — Agence Klar (agence-klar.com) avec la participation de Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr)

Relecture — Frédéric Gude

Direction communication — Gabriel ViryDirection commerciale — Jean TouretteRelations commerciales — Olivier Trias

INFOSImprimerie JM. Barbou - ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex - 01 48 02 14 14 [email protected]

Le magazine Kiblind est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon - 27 rue Bouteille - 69001 Lyon - 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com

Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Tou-louse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Bruxelles et Genève. Ce numéro com-prend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Cherche homme de ménage.Contact : [email protected]

ÉdITO

daTaLe monde de la transparence

INTERVIEwL'Association

REVUE dE pRESSEJan Ullrich

dOSSIERDatavisions

pagES BLaNChESA is a name

Berdaguer & PéjusStudio 923a

Association Échaffaudage Vahram Muratyan

Anders NilsenHichem DahesLuis Dourado

BazaRTPrint

MusiqueScènesExpos

Jeux VidéoÉcran

Architecture

CahIER mOdEComment j'ai gommé mon nez

PietSi tu disais

ÉVÉNEmENTS paRTENaIRES

08

10

12

14

1920222426283032

35384142454648

525457

KIBLINd N°3915 jaNVIER 2012 - 15 maRS 2012

É d I T O

« Parce qu’un jour, grâce à la télévision, nous serons capables de proposer nos couches à une famille avec un nouveau-né ». Neil McElroy PDG Procter and Gamble… dans les années 60.

La prédiction était juste, il suffisait de remplacer le mot « télévision » par « in-ternet ». Et si elle est juste c’est grâce à la multiplication des données personnelles que nous avons donné en offrande, de manière plus ou moins volontaire, au dieu Marketing.

Mais au panthéon, Marketing n’est pas le roi. Il siège avec d’autres acolytes tels que Gouvernement, Journaliste, Graphiste et autres philanthropes.

Wikileaks dévoile les secrets d’Etats, Sony se fait pirater les données de sa pla-teforme d’achat de jeux en ligne, les accès aux comptes Facebook se vendent par millions (45 dollars pour 1000 comptes avec plus de 10 contacts) et Michael Youn récupère ses effets personnels, cambrio-lés, grâce à Twitter.

Les informations quotidiennes se char-gent de véhiculer ce genre d’information et c’est pourquoi, loin de faire avancer le débat, les pages qui suivent vous donne-ront une idée de ce que font les artistes lorsqu’ils ont accès aux données, notam-ment par l’intermédiaire de l’open data.

En apéritif, le Portugais Luis Dourado nous propose sa vision de l’Afrique. Une autre vision du monde, par le descendant de ses anciens maîtres.

Et déjà, c’est pas mal.

À chaque parution, Kiblind met en avant un artiste en publiant, en couverture, trois œuvres d’une même série. pour ce numéro 39, le por-tugais de porto nous invite au voyage spatio-temporel avec sa série maps. merci à la galerie my.monkey de Nancy qui nous a permis de dis-poser de ces visuels, en plus de les exposer du 20.01 au 2.03.www.luisdourado.net

07ÉdiTo

Texte — M. SandjivyCouvertures — Luis Dourado

LE mONdE dE LaTRaNSpaRENCEEn bonnE démocratiE, la FrancE a ouvErt sEs donnéEs, En décEmbrE dErniEr, avEc la vErsion béta d'un sErvicE d'opEn data. il était tEmps dE sE la donnEr.

d a T aGraphisme — Agence KlarSources — digitaldaya.com & Sunlight Foundation

aFRIqUE dU SUd

Gov 2.0

OGP

TURqUIE

Gov 2.0

OGP

ITaLIE

Gov 2.0

OGP

FRaNCE

Gov 2.0

OGP

UK

Gov 2.0

OGP

INdONÉSIE

Gov 2.0

OGP

aRgENTINE

Gov 2.0

OGP

BRÉSIL

Gov 2.0

OGP

CaNada

Gov 2.0

OGP

ChINE

Gov 2.0

OGPjapON

Gov 2.0

OGP

aUSTRaLIE

Gov 2.0

OGP

CORÉE

Gov 2.0

OGP

mExIqUE

Gov 2.0

OGPRUSSIE

Gov 2.0

OGP

o p E nclosEd

USa

Gov 2.0

OGP

OGP

Les membres du Open government partnership (Ogp) signent une déclaration afin « de renforcer leur enga-gement à promouvoir la transparence, responsabiliser les citoyens, lutter contre la corruption, et exploiter les nouvelles technologies pour renforcer la gouvernance. » Le système de notation de 16 points est constitué des cri-tères suivants : Transparence budgétaire / accès public à l'information / divulgation des salaires des fonctionnaires gouvernementaux / Niveau d'engagement des citoyens.

gouvernement 2.0 ou « gov 2.0 » est une notion qui se réfère à des initiatives destinées à renforcer la transpa-rence, la participation et la collaboration dans le proces-sus de gouvernement. afin de l'évaluer, on prend notam-ment en compte le niveau de participation des citoyens, l'utilisation des médias sociaux, du cloud computing, et de l'open data.

Gov 2.0

Carte réalisée selon la projection de Fuller qui, selon lui, présente de nombreux avantages : moins de déformations, pas de biais culturel (le Nord n’est pas en haut, ni le Sud en bas) et c’est la représentation d’une île unique dans un océan unique.

OGP OpaqUE

OGP TRaNSLUCIdE

OGP TRaNSpaRENT

LÉgENdE

NUL

paS TOp

paS maL

ExCELLENT LES mECS

LÉgENdE

Gov 2.0

Gov 2.0

Gov 2.0

Gov 2.0

INdE

Gov 2.0

OGP

aRaBIE SaOUdITE

Gov 2.0

OGP

08 K°39

c y c l E d E l a t r a n s p a r E n c E

INdE

aRaBIE SaOUdITE

× politiQuE × × EnGaGEm

Ent × × rEportinG ×

×

tEcH

nolo

GiE

×

légi

slat

eurs

Groupes d'intérêt

et groupe de pressionorganismes

gouvernementaux

designers

graphique

citoyensengagés

Jour

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pes

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a d O p T E RUNE pOLITIqUE

É L a B O R E RUNE pOLITIqUE

CONTE x TUaLISERL E S d O N N É E S

S E N S I B I L I S E RL E p U B L I C

O R g a N I S E RLES dONNÉES

R E N d R E L E S d O N N É E SaCCESSIBLES

I d E N T I F I E RLES pROBLÈmES

O R a g N I S E RE T pRENdREdES mESURES

09inTerview

L ' a S S OC I a T I O Naprès unE annéE mouvEmEntéE, l’association rEstE unE cartE dE vœux dans l’univErs dE la bandE dEssinéE : du bonHEur Et surtout la santé !

I N T E R V I E wTexte — G. Viry

COmmENT SE pORTE L’aSSOCIaTION, apRÈS UNE aNNÉE « TUmULTUEUSE » ET dE NOmBREUx ChaNgEmENTS ?

La structure se porte assez bien, même si le départ de Jean-Christophe Menu, un des historiques de l’Association, a impliqué de redéfinir largement notre fonctionnement. Désormais, les prises de décision vont se faire de manière encore plus collégiale, ce qui demande beaucoup d’échanges, de dialogue, et donc de temps. En revanche, au niveau artistique, il n’y a pas d’évolutions ma-jeures, car c’est Menu qui est parti pour lancer une nouvelle ligne éditoriale…

IL ÉTaIT pOURTaNT TRÈS ImpLIqUÉ daNS CERTaINS pROjETS, COmmE La REVUE LapIN...

Oui, mais de toute façon, Lapin deman-dait beaucoup de travail et, au-delà de Menu, l’Association n’était plus vraiment capable d’assumer la publication d’un revue trimestrielle, sous cette forme-là.

2011 a ÉTÉ UNE aNNÉE dIFFICILE (1)

pOUR La BaNdE dESSINÉE « INdÉpEN-daNTE ». COmmENT L’ExpLIqUER ?

Le problème essentiel, évidemment, vient des ventes. Même si beaucoup de libraires nous soutiennent, la plupart va d’abord prendre des livres grand public, qui parlent à tout le monde : ce n’est clai-rement pas le cas de notre production. C’est à peu près la même chose dans la presse. Il y a des médias très prescrip-teurs, à gros tirage, mais l’Association y

est généralement peu présente. Elle va plutôt se retrouver dans des supports plus spécialisés, qui n’ont évidemment pas le même impact auprès du public. On essaie d’y remédier et de diversifier notre activité presse, car les retombées sont positives pour les auteurs et elles peuvent encourager les libraires à mettre en avant certains livres.

UN TIRagE mOyEN, ChEz L’aSSO-CIaTION, ça REpRÉSENTE COmBIEN d’ExEmpLaIRES ?

C’est très variable, selon les livres : de 1 000 à 10 000 exemplaires, jusqu’à 30 000 quand

Les éditeurs indépen-dants, comme l’Asso-ciation, ont fait un gros travail d’investigation et pris des risques courageux pour avoir le sentiment, aujourd’hui, d’être un peu « volés » par d’autres...

il s’agit de Marjane Satrapi ou Riad Sattouf. Mais de façon plus générale, on a restreint les tirages et le nombre de parutions. L’an dernier, on en a publié une vingtaine, alors qu’en 2008, on avait 40 sorties !

paRadOxaLEmENT, LES gROS ÉdI-TEURS SEmBLENT aCCORdER UNE

10 K°39

pLaCE CROISSaNTE À La « NOU-VELLE » BaNdE dESSINÉE.

En effet et, même si on a tous un avis dif-férent sur le sujet, on peut pas dire que ça nous ravit, puisque ce sont des livres qui prennent parfois la place d’autres livres. Les éditeurs indépendants, comme l’Association, ont fait un gros travail d’investigation et pris des risques courageux pour avoir le senti-ment, aujourd’hui, d’être un peu « volés » par d’autres. C’est un sujet dont on a beaucoup parlé en interne, il y a cinq ou six ans, dès la création de Futuropolis ou des collections « Écritures » chez Casterman. Ces éditions reprenaient un peu ce que l’Association avait apporté à la bande dessinée…

COmmENT SE dÉROULE, aUjOURd’hUI, La SÉLECTION dES aUTEURS ?

Il y a un comité éditorial, composé d’une dizaine d’auteurs, qui intervient en dehors de la structure proprement dite. Concrète-ment, ça se passe sur un blog et ils font leur cuisine entre eux. Concernant la recherche de nouveaux auteurs, il n’y a pas vraiment de règles et tous les scénarios sont pos-sibles. Certains membres du comité vont chercher, dans les fanzines qu’ils ont à portée de main, une sélection d’auteurs ca-pables de produire des récits plus prolixes. D’autres auteurs de l’Association propo-sent spontanément leurs travaux, comme ils l’ont toujours fait. Enfin, il y a des projets qui arrivent d’éditeurs étrangers.

paRVENEz-VOUS À « CONSERVER »

LES aUTEURS À SUCCÈS?

Là aussi, tous les cas de figure existent. Emmanuel Guibert, par exemple, a décidé de rester avec nous, même s’il travaille parallèlement avec d’autres édi-teurs. David B. revient et propose des choses. Quant à Marjane Satrapi, on sait pas trop ce qu’il en est, puisque ça fait un moment qu’elle n’a pas fait de livre.

qUEL EST L’ImpaCT d’UN ÉVÉNEmENT COmmE LE FESTIVaL d’aNgOULêmE ?

Un prix à Angoulême, c’est surtout un succès critique pour l’auteur, qui peut amener des ventes supplémentaires. Pour l’édition 2012, nous avons en sélection La Bande à Foster, de Conrad Botes et Ryk Hattingh, sélectionné dans la caté-gorie Polar . C’est une petite « Cibou-lette » qui raconte l’histoire d’un gang en Afrique du Sud, au début du siècle, commettant de menus braquages de ma-nière un peu maladroite. Il y a aussi Jim Woodring, un pape de l’underground des années soixante-dix, sélectionné pour le cinquième tome de Franck et le congrès des bêtes. Il fait des récits en noir et blanc et en couleurs, assez psychédéliques. Enfin, Isabelle Pralong, déjà nominée à Angou-lême (2007), fait également partie de la sélection officielle avec Oui, mais il ne bat que pour vous, un grand livre que l’Associa-tion édite dans sa collection « Éperluette ».

w w w . l a s s o c i a t i o n . f r( n o u v e a u s i t e f i n j a n v i e r )

11inTerview

F E S T I Va L d ’ a NgO U L ê m E

du 26 au 29 janvier 2012, 39e édition, avec art spiegelman, président du Jury

58titres en sélection offi-cielle et trois compéti-tions associées : patri-moine + polar + jeunesse

p l u s d E 3 5 0 a u t E u r s E t 2 6 0 éditEurs Exposants

rencontres + spec-tacles + expositions www.bdangouleme.com

La BaNdE dESSINÉE EN 2011, s u r l E t E r r i t o i r E E u r o p é E n F r a n c o p H o n E :

5 3 2 7 p a r u t i o n s (+ 3%), dont 3 841 nouveautés :

1632 bd franco-belges (42 %) + 1520 mangas et autres séries asiatiques (40 %) + 386 ro-mans graphiques (10 %) + 303 comics (8 %)

4 groupes, sur 310 éditeurs, as-surent 43,6 % de la production : delcourt, média-participations (dargaud, dupuis, le lom-bard ...), Glénat, Flammarion

« p E T I T E É d I T I O N a LT E R N a -T I V E » : 2 7 8 p a R U T I O N S E N 2 0 1 1 ( 7 % d E L a p R O d U C T I O N )

(1) Fermeture du comptoir des indépendants (diffusion), menaces sur l’association ou les requins marteaux

jaN ULLRICh RE VUE dE pRESSETexte — M. Gueugneau

« Dans nos mentalités contemporaines occidentales, l’idée d’élection rejoint celle de démocratie, où sont défendus liberté d’expression, suffrage universel et droit de vote (La Revue Des Deux Mondes, n°3732 ; Janvier 2012). Ces saines valeurs, nul ne les enseigne au petit Jan. Né à Rostock (RDA) le 2 décembre 1973, Jan Ullrich ne connaîtra que bien plus tard les joies simples d’une vie libre. Bâillonné, muré, empêché par l’intransigeante STASI de cracher son mépris à la face de la caste dirigeante, le futur champion roule, roule et roule encore pour évacuer sa colère. Mais l’oligarchie allemande n’est pas le seul mal qui afflige ses jeunes années : son père, un ancien patineur de vitesse maçon et lâche, l’abandonne alors qu’il n’est qu’un enfant. « Ces émotions devien-nent le point de départ d’une recherche constante par [Jan Ullrich] de l’autorité paternelle » (Poli, n°5 ; Hiver 11/12). Pe-ter Sager, entraîneur émérite du club de cyclisme du Dynamo Rostock, sera pour un temps ce père de substitution. Sous la houlette du dur mais juste Peter, Jan Ullrich se déploie dans toute sa grâce. Ainsi, « convaincu qu’une grenouille ça doit pouvoir finir par voler ! » (Danser, n°316S Janvier/Février 2012), il dote son extraordinaire anatomie d’une paire d’ailes qui feront sa légende : deux jam-bonneaux agiles comme des lynx. Et si « on se fout de lui parce qu’il est tout rose et poupin » (Le Tigre, n°13-14, Jan-vier/Février 2012), le jeune Jan n’en a cure, convaincu qu’il sera le cycliste que l’Allemagne attend depuis si longtemps. Lui croit au vélo pour « décloisonner les genres, créer des passerelles, inciter le dialogue, défier la méfiance, se laisser surprendre par l’inconnu » (Intramuros, n°157, Novembre/Décembre 2011). En travaillant à devenir une icône sportive,

il ourdit à sa manière sa revanche contre le Politbüro. En 1989, le burin du peuple détruit le mur et permet à l’ex-RDA d’embrasser le rêve capitaliste. Jan Ullrich quitte alors son mé-tier de tourneur-fraiseur et rejoint le RG Hamburg où, après avoir subi la dure loi de l’école est-allemande − « Plier […], en montant les bras simultanément au niveau de la poitrine ; dégager la jambe en dé-pliant les coudes ; amener la jambe sur le côté en ouvrant les bras à la seconde […], puis recommencer » (Danser, n°316S ; Janvier/Février 2012.) −, il s’émancipe au contact de la liberté.En 1994, tout juste pro, l’amour frappe à sa porte. Jusqu’alors il n’en avait que rêvé :

« On se fout de lui parce qu’il est tout rose et poupin »

LE TIGRE, N°13-14

EdwaRda dÉcembre 11

— edwarda.fr

12 K°39

prEndrE la prEssE pour cE Qu’EllE Est : unE sourcE d’inFormations Et d’inspirations. proFusion dE savEurs dE nos parutions nationalEs, sous la FormE d’un court récit, résultat du FumEt déGaGé par nos lEcturEs.

« les plus belles femmes de [ses] songes était les femmes Vélin d’Arches, qui avaient la grâce des félins et les hanches larges » (Edwarda, n°6, Décembre 2011). Gaby Weiss était l’une d’elles. Fonceuse, celle-ci tint à l’Apollon de Rostock ce langage : « je suis une prêtresse du sexe, servant mon dieu Priape, ma déesse Sapho avec ferveur, j’incarne la femme qui n’est pas encore née » (Edwarda, n°6, Décembre 2011). L’amour, le professionalisme : de-vant lui s’ouvraient les portes de la gloire. Le Tour de France 1997 irise encore le ciel de l’Allemagne réunifiée. Battant à plate couture ses rivaux Richard Virenque, Marco Pantani et son coéquipier Bjarne Riis, Jan Ullrich assomme un Tour qui

lui semble offert pour les dix prochaines années. Du Junge, Jan passe directement au Kaiser : lui, l’Allemand de l’Est, voit la Bundesrepublik enfin unie pour le célébrer. Il tient sa revanche.Puis vient 1998, et le vol de l’Elefantino, Marco Pantani. Une édition prophétesse qui annonce l’arrivée de l’infâme Arms-trong pour le brelan 1999, 2000 (année qui fit d’Ullrich le champion olympique de la discipline) et 2001. 2002 fut l’année de la chienlit : animés par la jalousie, de vils détracteurs l’accusent de dopage. Il sera écarté de la compétition durant 6 mois. « Il n’a pas aimé, mais alors pas aimé du tout être traité comme ça ». (5 majeur, n°202, Janvier 2012). Moqué, humilié, lynché par d’odieux menteurs, Jan Ullrich reste droit et fait confiance aux juges : « Nous obéissons aux magistrats, quels qu’ils soient, aux lois en vigueur et à celles qui ne sont pas écrites, il est vrai » (La Revue Des Deux Mondes, n°3732 ; Janvier 2012). Ce qui ne l’empêche pas de som-brer dans le stupre et le vice. Fraîchement installé à Scherzingen en Suisse, Ulle se fait le fêtard qu’il n’a jamais été, écumant les boîtes sordides et les bouis-bouis douteux : « le gars pouvait mixer avec des vides entre les morceaux que ça ne [le] dérangerait pas si les tracks étaient hots » (Bass Music Magazine, #11 ; Janvier/Février 2012). Peut-on lui jeter la pierre ? « Qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie ? » (Snatch n°10 ; Dé-cembre/Janvier). Pourtant, « personne n’a

eu l’audace ou le courage, jusqu’à ce jour de venir [le] trouver et [lui] dire « Mon-sieur [Ullrich], vous êtes coupable ». » (Snatch n°10 ; Janvier/Février 2012). Une preuve de couardise autant que de respect.En 2003, il est de nouveau autorisé à cou-rir. En pige pour l’étrange Team Bianchi, l’ogre de Rostock ne veut pas rater son retour. Le régime est alors drastique pour ce gourmand qui doit se contenter d’« une rondelle de courgette, quelques pépins de raisin et la peau d’une échalote » (De l’air, n°49, Hiver 11/12). En début de saison, la reprise est difficile, « depuis [sa radiation],

nière trop souvent athlétique pour offrir le meilleur avec les moyens du bord. » (5 majeur, n°202, Janvier 2012). « Ce qui choque ici n’est pas l’esthétique un peu thrash ni le léger mauvais goût, mais la sincérité du geste qui leur donne lieu » (02, n°60, Hiver 2011). Oui, Jan Ullrich perdra, mais avec moins d’une minute de retard au final et, surtout, avec panache. Seule la chute lors du contre-la-montre Pornic-Nantes empêchera le prodige de toucher au Graal. « Si, pour Baudelaire, l’observateur est un prince qui s’ignore, il existe d’autres types de contemplations. » (Le Tigre, n°13-14, Janvier/Février 2012). En effet, lors du Tour de France 2003, ce fut celle des rois.La suite de sa carrière (4e en 2004, 3e en 2005) se passe de commentaire tant la magie du vélo semblait l’avoir abandonné. Le calembour de l’affaire Puerto, en 2006, portera le coup fatal.Fier PDG des Ullrich Bicycles, Jan pense encore à la course : « je vais juste conti-nuer à faire mon truc et laisser les autres personnes se faire leur propre idée de ce que c’est » (Bass Music Magazine, #11 ; Jan-vier/Février 2012), nous dit-il. Ce à quoi nous répondons : « Quoi de mieux pour cela que de revenir en France, pays où il dispose d’une certaine côte ? » (Transferts, n°1, Décembre/Janvier 2011/12).

Retrouvez la sélection en détail sur w w w . k i b l i n d . c o m

« Le gars pouvait mixer avec des vides entre les morceaux que ça ne [le] dérangerait pas si les tracks étaient hots »

BASS MUSIC MAGAZINE, #11

il ne parvient pas à enchaîner et semble encore en pleine préparation » (Transferts, n°1, Décembre/Janvier 2011/12). Pour le Tour, le doute est de mise.Mais le talent jamais ne ment. Les étapes filent et Der Jan maintient le cap. Son équipe, bon marché, est touchante. Mieux, « quelque chose en nous est amou-reux de cette équipe qui se bagarre de ma-

02 Hiver 2011

— zerodeux.fr

INTRamUROS nov/dÉc 2011

— intramuros.fr

5 majEUR Janvier 2012

— facebook

LE TIgRE Janv/FÉv 2012

— le-tigre.net

BaSS mUSIC magazINE Janvier/FÉvrier 12

— bassmusic.fr

pOLI Hiver 2011/2012

— poli-revue.fr

daNSER Janvier/FÉvrier 12

— dansermag.com

REVUE dES 2 mONdES Janvier 2012

— revuedesdeuxmondes.com

dE L’aIR Hiver 2011/2012

— delair.fr

SNaTCh dÉc/Janv 2012

— snatch-mag.com

EdwaRda dÉcembre 2011

— edwarda.fr

TRaNSFERTS dÉc/Janv 2012

— ...

13revue de presse

d a T a -14 K°39

V I S I O N S

d O S S I E RTexte — G. Viry Visuel — Klar & M. Bienaimé

15dossier

la visualisation dEs donnéEs Et lE dEsiGn dE l’inFormation sont-ils à l’inFoGrapHiE cE QuE lE tEcHniciEn dE surFacE Est à l’HommE dE ménaGE, ou lE rEssort d’unE révolution visuEllE Et médiatiQuE débarQuant EnFin sur lEs plaGEs normandEs ? réponsEs En 10 459 siGnEs...

Hu

dat

a !

il existe 1 chance sur 3 de mourir d’une maladie cardiaque, 1 sur 250 000 000 d’une chute d’une noix de coco (david mcCandless).

la plus haute tour du monde de-vrait être la burj mubarak al-Kabir, au Koweit (3 284 ft). avec 986 ft, la tour Eiffel, treizième, est larguée (mine’s Bigger, john grimwade).

Quand David McCandless dédicace son délicieux Datavision, l’adaptation française d’Information is beautiful, il a un petit mot pour sa muse : « au bel Internet » ! Sorti en octobre dernier, le livre crée actuellement la surprise en librairie. « Nous en avons déjà vendu 25 000 exemplaires, selon Do-rothée Cunéo, l’éditrice française, ce qui est étonnant car nous sommes un peu à la traîne, par rapport aux anglo-saxons, sur le traitement visuel de l’information. Mais il y a manifestement une demande.» Sur le bel Internet, McCandless était déjà aussi connu, chez les amateurs de data, que Nadine Morano dans l’oreille interne d’un twittos français : le journaliste du Guardian s’est en effet illustré dans une « nouvelle science visuelle de l’informa-tion » consistant à utiliser des données, pas franchement belles, pour les rendre esthétiques, accessibles et censées. Parmi 210 pages de « miscellanées visuelles », Da-tavision permet ainsi de mieux percevoir, entre autres, le coût mondial de la crise financière, les risques de mourir en avion, les poissons en danger ou les femmes de dictateurs... « Le traitement visuel des données est très à la mode », confirme Benjamin Gans, collaborateur de Data Publica, datajourna-liste pour StreetPress et donneur de leçons au Celsa. « Mais il ne date pas d’hier ». Dès 1869, par exemple, Charles Joseph Minard cartographiait les pertes de l’armée française lors de la campagne en Russie en analysant et représentant six types d’in-

formations (températures, trajets, etc.) : cette « datavisualisation », préhistorique et manuscrite, aurait même inspiré le na-poléonien Google dans la conception de son module Analytics. Entre Minard et Google, un millénaire est certes passé. Mais en imaginant que l’ingénieur ait mis des années à récupérer les infos, le moteur de recherche symbolise au-

« Le décalage culturel s’ex-plique aussi, en France, par le cloisonnement des services, entre la rédac-tion, l’infographie et l’in-formatique, alors que le journalisme graphique, basé sur les données, im-plique de travailler tous ensemble ».

jourd’hui, presque à lui seul, l’immersion quotidienne dans un monde de données, toujours plus accessibles et moins épui-sables que le pétrole. « L’histoire récente du datajournalisme et des visualisations est étroitement liée à la numérisation de la société et à la publication des données »,

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En 1954, aux Etats-unis, une tv couleur analogique coûtait 3 096 dollars en moyenne, contre 84 dollars en 2007 (geekiness at any price, arno ghelfi).

alberto contador et ivan basso ont réalisé les perfor-mances les plus « extraordinaires » sur les cols du tour de France 2011 (dataveyes).

aux Jo d’athènes, avec 7 médailles, l’éthiopie a le meilleur « podium index » (médailles / pib), devant la Géorgie et la biélorussie (medal Exchange, john grimwade).

quelle que soit l’origine : publiques (initia-tives d’Opendata), privées, personnelles, fuites incontinentes (Wikileaks), etc. En quelques années, la société numérique a ainsi façonné un nouveau paysage de données qui, comme tout paysage, ali-mente la création artistique, comme si les chiffres de l’INSEE étaient devenus aussi inspirants qu’un soleil levant. Chez les journalistes, n’en déplaise à certains, le décor s’est également transformé, car la surabondance de données constitue un retour post-moderne aux fondamentaux du métier. « Nous sommes submergés par les données, insiste Gans : le rôle du producteur d’info est de les traduire, les expliquer et les rendre compréhensibles, en s’appuyant notamment sur la création de contenus visuels ». Ainsi, si le design de données a pu se développer de façon au-tonome, avec le développement moderne de l’infographie, c’est la fonction média-tique qui lui donne sa contemporanéité ; avec une caisse de résonance et la dose d’alcool qu’il manquait pour composer un cocktail explosif, où le gin passe bien mieux que le cognac…

mEdIaSCOpIEAu-delà d’une illusion patronymique et d’une donnée méconnue, Albert Londres, figure historique du reportage français, est né à Vichy et était comptable de for-mation. Homme de chiffres, il incarne pourtant l’image d’un journalisme litté-raire, basé sur le récit, loin du graphisme et des données. « En France, l’approche scientifique de l’information reste encore marginale, déjà parce que la plupart des journalistes ne savent pas utiliser un ta-bleur », explique Karen Bastien, ex-Libé et cofondatrice de We Do Data, une société spécialisée dans le journalisme graphique. « C’est une culture très anglo-saxonne », confirme Dorothée Cunéo, qui a décou-vert McCandless au Royaume-Uni, où les ouvrages spécialisés fleurissent dans

les librairies. Si le design de l’informa-tion semble inséparable de la pratique médiatique, les modèles du genre sem-blent encore reposer là où ils ont émergé : quelque part entre la Tamise et l’Hudson. Dès qu’il a débuté sa carrière au Guardian, le 11 septembre 2001, Simon Rogers s’est ainsi érigé en data visionnaire : confronté à un immense flux de données, il a tout de site constaté que les infographies clas-siques n’étaient plus suffisantes, en termes d’outil, pour raconter un événement si complexe. Depuis 2001, le journaliste a ainsi largement contribué à l’émergence des visualisations de données auprès du public et à la notoriété du Guardian sur le sujet. Lancé en 2009, son Datablog est d’ailleurs si référent qu’il peut exhiber une baseline aussi forte qu’un traité de journa-lisme : « Facts are sacred ». Aux Etats-Unis, le New York Times constitue également un média très prescripteur dans l’utilisation des données et la visualisation de l’in-formation. « La cellule dédiée regroupe une vingtaine de personnes », commente Karen Bastien et accueille même des ar-tistes en résidence, comme Jer Thorp, qui participe notamment au projet Cascade, une visualisation en 3D de la propagation des informations sur Twitter.De retour au pays d’Albert, Benjamin Gans est formel : « On parle beaucoup plus de data et de visualisation qu’on en fait ! ». Après quelques mois d’activité, la créatrice de We Do Data est même surprise de recevoir autant de demandes (France Info, OWNI, Tsugi, Usbek & Rica, etc.), comme si rares étaient ceux, à l’in-térieur ou à l’extérieur des rédactions, qui pouvaient y répondre : « Le décalage culturel s’explique aussi, en France, par le cloisonnement des services, entre la rédaction, l’infographie et l’informatique, alors que le journalisme graphique, basé sur les données, implique de travailler tous ensemble ». Pour Caroline Goulard, cofondatrice de Dataveyes, une autre start-up spécialisée dans la création de

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5 % des allemands sont homosexuels, 3 % sont bisexuels (die grosse Neon Sex Umfrage, Sarah Illenberger).

animaux péteurs : chaque année, une vache émet 3 500 mètres cube de méthane en équivalent co2, 9,5 % plus qu’un cochon et 48 % plus qu’un humain (david mcCandless).

la guerre en irak a fait 721 492 victimes depuis 2003 (Iraq war, Simon mortimer).

visualisations, les grands médias accusent surtout du retard faute de moyens : « Ça prend du temps et représente forcément un coût. » Par conséquent, chez Data-veyes, We Do Data et les autres, l’acti-vité se construit également hors médias (entreprises, collectivités) ou se réserve à des supports jeunes, proches, parfois très « amis ». Karen Bastien, par exemple, a co-fondé Terra Eco et Nicolas Kayser-Bril, créateur de Journalism++, s’est fait re-marqué, chez OWNI, avec la divulgation interactive des 400 000 documents de Wikileaks sur la Guerre en Irak.

Ainsi, si l’importance du design d’infor-mation repose, en partie, sur le ressort médiatique, certains indices montrent qu’il a tendance à sortir du bercail, en s’imposant, lui-même, comme medium. D’ailleurs, quand Google confie à Data-veyes l’organisation, en décembre dernier, de la première édition du concours Da-taViz sur les élections 2012, aucune des six équipes récompensées n’a fait appel à des journalistes…

INFO2gRaphIE « Pour Datavision, nous avons cherché à éditer un beau livre, qui puisse plaire au plus grand nombre, pas seulement à la petite communauté de graphistes ».

La visualisation d’infor-mations bénéficie d’un énorme gain d’intérêt et les designers d’une posi-tion nouvelle, en devenant auteurs, plus seulement narrateurs.

D’après Dorothée Cunéo, d’autres de-vraient suivre chez Laffont, ce qui laisse penser que le journalisme graphique est en train d’inventer, hors des médias clas-siques, ses propres médias. La discipline semblerait ainsi s’imposer de façon au-tonome et cela est encore plus flagrant quand les designers de l’information éditent leurs propres créations, comme des œuvres d’art, moins destinées aux toilettes qu’aux murs du salon. C’est le cas de Jer Thorp, par exemple, qui propose des reproductions, en sérigraphie, de ses visualisations sur les mots utilisés, entre 1981 et 2011, dans le New York Times (NYT Word Frequency). Si l’œuvre du canadien relève davantage du data art que du design d’information proprement dit, elle sou-lève une problématique plus générale sur la tension existante entre l’esthétisme de la visualisation et la qualité de l’information. Journaliste et designer, réalisant lui-même ses propres visions, McCandless est une sorte d’exception pour établir une règle en forme de réponse, mais la question peut se poser à chaque fois qu’un infographiste manipule des données pour produire de l’information. « La visualisation ne doit pas écraser l’information, car si l’informa-tion n’est pas visible, l’image est ratée », tranche Karen Bastien, en guise de règle d’or. Associant une journaliste et un créa-tif que les médias français connaissent un peu comme le loup blanc (François Prosper), We Do Data garantit ainsi une double réflexion, éditoriale et graphique. «Mais ce modèle reste encore assez rare…» Dès l’ouverture de son deuxième tome, Data Flow reprend la problématique à son compte, dans un contexte où la vi-sualisation d’informations bénéficie d’un «énorme gain d’intérêt » et les designers d’une position nouvelle, en devenant auteurs, plus seulement narrateurs. « En sélectionnant les données et en choisissant la manière de les présenter, le designer fait apparaître un message ». Or, une visuali-sation peut être belle, mais l’information

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?pour s’essuyer, dans les pays riches, 40 % des gens roulent le papier toilette, 20 % l’enroulent, 40 % le plient. 46 % lisent aux toilettes et 60 % y passent entre 10 et 20 minutes (prosper)

la France est la meilleure du monde en sucre de bette-rave, l’inde en cinéphiles, l’australie en vols de voitures, le cameroun en impôts, cuba en médecins, l’italien en césariennes (david mcCandless)

a VOIRdatavision, david mccandless, robert laffont. deuxième tome prévu à l’automne 2012.dataflow 1 et 2, Gestalten

guardian.co.uk/news/datablognytlabs.comgood.is/infographicsdatablog.owni.frdataveyes.comdata-journalism.comwedodata.frscoop.it/t/journalisme-graphique ?12 3 ?

peut être lacunaire, « voire mensongère ». Après avoir inspiré toute la discipline, la cartographie, par exemple, reste un grand dada des amateurs de data, mais aussi une matière à fort potentiel de contre-vérités, comme l’avait montré, dès 1994, le géo-graphe américain Mark Monmonier, dans How to lie with maps ? Pour y remédier, les auteurs de Data Flow insistent sur la « responsabilité énorme » des créatifs et le processus collaboratif de la visualisation: « Elle a trop de pouvoir et d’importance pour être laissée uniquement entre les mains des designers ».Au-delà du design, le journalisme contem-porain doit également prendre ses res-ponsabilités face à l’émergence d’une nouvelle activité que nous pourrions appeler « info2graphie » (informatique + information + design graphique). Si Dataveyes revendique en effet des « profils journalistiques », plutôt que des cartes de presse, c’est sûrement parce que l’appren-tissage actuel du métier n’est plus adapté aux attentes et que la bande à Goulard analyse bien mieux les supputations de dopage, sur le Tour de France, que Jean-René Godart sur France 2. Diffusée no-tamment sur lexpress.fr, sa visualisation interactive sur la puissance des coureurs en montagne, depuis 2004, permet ainsi de mesurer les performances des cyclistes sur chaque col, à grands coups de don-nées (vitesse ascensionnelle, puissance par kilo…), avec un résultat plus probant que L’Équipe. Armstrong aurait bien marché sur la lune…

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A is a name — Costum Typeface Lo-Fiwww.a-is-a.name

p a g E SB L a N C h E S

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Berdaguer & Péjus — Dreamland & Architecture fantôme www.cbmp.fr

ExpOSITION BERdagUER & pÉjUS16.03.2012 — 13.05.2012

institut d'art contemporain, 11 rue docteur dolard, villEurbannEwww.i-ac.eu

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Studio 923a — Affiches Chaumont & Playtogamewww.neufdeuxtroisa.fr

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Association Échaffaudage — Cassoulage 1 & 2

BIENNaLE ITINÉRaIRES gRaphIqUES03.03.2012 — 15.04.2012

magasin artarel - 30 rue des Fontaines, loriEntwww.itinerairesgraphiques.com

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Vahram Muratyan — Paris vs New Yorkparisvsnyc.blogspot.com

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Anders Nilsen — Pig & One thing at timewww.andersbrekhusnilsen.com

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Hichem Dahes — West side 1 & 2www.hichemdahes.net

ExpOSITION28.02.2012 — 24.03.2012

sunset résidence - 41 rue des tables claudiennes, lyon 1www.sunset-residence.fr

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Luis Dourado — Magic Mountainswww.luisdourado.net

ExpOSITION CONTROLS19.01.2012 — 20.03.2012

Galerie my monkey - 15 r du Fbg des 3 maisons, nancywww.mymonkey.fr

BAZARTp R i n T

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A C T U A L I T ÉC U L T U R E L L E

Bidon d’essence, allumette : Le Majeur/Badabing !, deuxième du nom, est sorti. La double revue du verbe haut et de la parole juste revient foutre le dawa, niquer la rhala, dans les terres nobles de la presse française. Si les flammes du mal ont gagné la téci, que dire de la dernière fournée de la revue forgée par Axel Orgeret-Dechaume, Valentin Goux et Maxime Springa ? Brûlante comme la braise mais dorée comme

LE MAJEUR /B A D A B I N G !

les blés, Le Majeur nous délivre les piques incendiaires du socialisme d’hier (barbus de type Jaurès, moustachus de style Blum, imberbes de genre Luxem-bourg) et d’aujourd’hui (philosophe de classe Peillon). Badabing ! lui, véri-table Sauron du journalisme, furète dans quelques coins oubliés de notre monde : les abattoirs de Bretagne, les chaudes ambiances du Shea Stadium, sans oublier les contrées infinies de la

bêtise humaine. Le Majeur/Badabing ! agit comme suit : « une dose de chan-tilly sur une bombe artisanale ». Maxime Gueugneau

www.lemajeurbadabing.fr— Le Majeur/Badabing n°2 est disponible depuis le 15.12, sur commande ou dans d’excellentes librairies (à Lyon et paris). Le n°3, quant à lui, devrait sortir aux alentour du 15.04.

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Saoulé de tout ce qui se déroule sur le net, dans la presse, dans les conversations même, le public mange du goût des autres en permanence. Et à ce niveau, la mu-sique en est l’exemple le plus marquant. Mais, bien sûr, chaque règle possède ses fameuses exceptions. Alors quand Lasse Marhaug, pape de l’expérimentation jazz/noise/metal/électronique norvégienne et référence internationale (via son label Pica Disk, son groupe Jazkamer et ses très nombreux albums solos), sort un fanzine traitant exclusivement de ses artistes préférés, on se laisse faire à la grâce de Dieu. Et il faut avouer que ce vieux briscard est clément puisqu’il laisse Lasse Marhaug interviewer pour nous les objets de notre future admiration. Pour Personal Best point de vedettes (hormis peut-être Bruce Russel, leader du groupe néo-zélandais The Dead C.) mais juste des artisans de l’expérimentation, en illustration, en vidéo et bien évidemment en musique. Du cinéaste C.Spencer Yeh au turntablist Chulki Hong en passant par le groupe ARCN TEMPL, le fanzine de Lasse Marhaug glisse d’interview en interview et trace ainsi le portrait en creux d’une figure de l’under-ground avide de voir son flambeau passer de main en main. M. G.

personal Best #1, Marhaug Forlag, 96p., disponible uniquement sur www.marhaugforlag.no— www.lassemarhaug.no

Ah les fourbes ! Faire ça à la veille d’une élection présidentielle… Le voilà, l’inventaire, brandi comme d’autres brandissaient les piques ! Bilan Provisoire #1 dresse le bilan de l’activité culturelle graphique et litté-raire de quelques centaines d’années. Plaçant haut la lettre et le trait, la revue invite en conséquence illustra-teurs, graphistes et écrivains. La foule de convives présente ici possède le rare avantage d’être vivante (Kiki et Loulou Picasso, Olivier O Olivier, Placid, Muzo, Anne Van der Linden, Rocco, Pacôme Thiellement, Tom de Pékin, Sylvain Goudemare, Killoffer, etc.) et morte (Claude Allard, Roland Topor, Auguste de Châtillon, Odilon Redon, etc.). Peu importe l’état civil des sus-nommés, pourvu qu’il y ait l’ivresse. Et celle de la grande beuve-rie conférée par le premier numéro de Bilan Provisoire mérite qu’on y oublie toute modération. M. G

Bilan provisoire #1, Atelier de Bibliophilie populaire, 112 p., 20 euros.—www.abp-edition.com

P E R S O N A L B E S T

B i L A n p R O V i S O i R E # 1

QuAnd LA cASE dE BAndE dESSinéE dE ViEnT LE pERSOnnAGE

pRincipAL d’un ALBuM. LA cASA dE VicTOR HuSSEnOT SE RiT dE

LA BiEnSéAncE du nEuVièME ART En jOuAnT AVEc LA cASE cOMME

d’AuTRES jOuE Aux OSSELETS. MAGniFiQuE ExERcicE dE ST yLE

pARu cHEZ WARuM.

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Vahram Muratyan est un supersonique de l’illustration graphique, qui doit cumuler autant de Miles que nous avons de points Monoprix. Sorti en décembre dernier, Paris vs New York cartonne actuellement en librairie. Il s’agit d’un petit format, au design soigné, dans lequel l’auteur propose un « match visuel amical » entre la Ville Lumière et la Grande Pomme. Tout y passe : les petites scènes de la vie quotidienne (la pause clope contre l’instant footing à Central Park), les monuments, les symboles (les lunettes de Godard contre celles de Woody), le croissant du dimanche matin face à la banane de Sunday Morning, le bobo en duel au hipster, Gainsbourg ou Wahrol, le fromage qui pue contre la lichette de cheese cake, etc. L’aventure a commencé, en 2010, sur un blog en français qui a reçu deux fois plus de visites (3 millions) que le nombre d’habitants à Manhattan. Après J'ai toujours rêvé d'être un artiste, édité avec son studio graphique Viiz, Vahram Muratyan la poursuit en papier, jusque chez Penguin : Paris versus New York, a tally of two cities sort, le 31 janvier, aux Etats-Unis. Et Carrie, de l’Upper East Side, va retrouver Amélie, de Montmartre… Gabriel Viry

paris Vs new york, disponible en français chez 10/18. — http://parisvsnyc.blogspot.com

Dans l’histoire du grand banditisme français, les années 70/80 ont été riches et ont marqué aussi la fin d’une certaine « bohème » : ces bandits que l’on se surprenait à trouver sympathiques. Originaires du quartier de Belleville, cette bande-là était composée d’un ancien para, un taiseux, un mystique, d’un monte en l’air indépendant, d’un ex-proxénète et de Rouve, le gitan, dont le hobby était l’histoire des bandits du XVIIIe. Une bande de copains, pas des hommes de la mafia ou du milieu du grand banditisme, juste des potes qui ont perdu un des leurs, tué par les flics, et qui décident de dévaliser des banques car « pour les bourgeois piquer du fric, c'est pire que faire couler du sang ». Probablement grâce à Rouve et sa connaissance de l’histoire, ils vont devenir l'un des derniers gangs les plus connus du XXe siècle : Le Gang des Postiches. Leur mode opératoire est simple, ils entrent déguisés dans les banques, la bande se scinde et pen-dant que les uns se font les clients tout en guettant, les autres descendent à la salle des coffres et vident les casiers, soulageant or, bijoux et argent liquide. Pas de méthode, ni de logique puisqu’ils iront jusqu’à braquer plusieurs banques dans la même journée ! Le mythe est né.Avec Les Faux visages, David B. laisse le crayon pour la plume et nous livre un récit imaginaire de la vie de ces hommes. Sa narration rapide et maîtrisée nous plonge au plus près des actions et fait revivre cette époque s’appuyant sur le dessin au trait noir d’un Tanquerelle virtuose, avec le choix d’une bichromie pour renforcer cette patine des années gangsters grands seigneurs. Un bon polar, qui fait entrer le lecteur dans l’intimité de ces hommes et l’amitié qui devait les lier. jean-Louis Musy

Les Faux visages, une vie imaginaire du Gang des postiches, récit de david B., dessin d'Her-vé Tanquerelle, éditions Futuropolis, sorti le 5 janvier, 152 p., 22 euros

L E S F A U X V I S A G E S

p A R i S V S n E W y O R K

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M u S i Q u E

Depuis le Mascotte de Richelle, cofon-dateur du label aux côtés de DJ Slow, Pelican Fly a fait un joli bout de ce chemin qui sent la gloire et la réus-site. En seulement un an et cinq sor-ties payantes (deux fois Richelle, Mis-ter Tweeks, Lucid et Sinjin Hawke) pour autant de gratuites (Sam Tiba, Lol Boys, Mister Tweeks, Richelle et Lucid), le label belge a rendu l’an-née 2011 encore un peu plus digne d’intérêt. Guidés par l’idée simple mais saine de ne sortir que la mu-sique qui les fait rêver, les tenanciers de Pelican Fly se sont fait la source d’une musique urbaine, également influencée par le Hip-Hop sudiste et par la Chicago House des années 90, Aux88 en tête. Fort de ces références et d’une réalisation sans faille, Pelican Fly est devenu le héraut d’une nou-velle scène musicale électronique aux côtés d’autres chercheurs d’or tels que Frite Nite, Friends of Friends, B.yrslf, Soukouch Ethnik ou Fade to Mind. On attend, en 2012, la ruée. M. G.

soundcloud.com/pelicanfly ; www.facebook.com/wepelicanfly— À venir sur pelican Fly, le 2e Ep de Mister Tweeks, un Ep de Sam Tiba (club cheval) et un Ep de prince jean.

À mi-chemin de la stratosphère et du noyau central, il y a la route. Vallonnée, sinueuse, lisse, elle emporte le chaland là où sa tire veut bien l’emmener, entre Dieu et l’enfer. Le groupe lillois Principles Of Geometry fait de la musique pour que cette auto-là ne dévie pas d’un pouce. En deux albums (Principles of Geometry et Lazare) et quelques remixes, le duo, signé chez Tigersushi, est devenu l’espoir des hommes qui cherchent la vérité ailleurs. Fabio Frizzi, Alexandre Bronksteiner, Mort Garson, John Carpenter, Max Berlin, Giorgio Moroder,… longue est la liste de ceux qui ont tracé cette autoroute reliant le feu, l’éther et la glace. Les Principles of Geometry, sans dédaigner en emprunter quelques segments, lui préfèrent cette route nationale qu’ils bâtissent à coup de synthés veloutés, de refrains champêtres et d’électro dissonante. Burn The Land & Boil The Oceans, album à venir, complète cette route en lui offrant quelques déviations vers l’aval. Il ne reste qu’à creuser avec eux. Maxime Gueugneau

www.principle-of-geometry.com ; www.tigersushi.com— Sortie du nouvel album Burn The Land & Boil The Oceans courant février, chez Tigersushi.

P R I N C I P L E S

O F G E O M E T R Y

p E L i c A n

FLy

LE FESTiVAL d’ExpéRiMEnTATiOnS SOnORES ET ViSuELLES cABLE, À nAnTES,

AuRA LA BOnnE idéE d’AccuEiLLiR LE GRAnd KEiTH FuLLERTOn WHiTMAn

AKA HRVATSKi pOuR SA 5E édiTiOn Qui AuRA LiEu du 16 Au 19/02. AVEc

AuSSi, MARcuS ScHMicKLER, SéBASTiEn BOuHAnA, cHiSTiAn pRiGEnT, MiKE

cOOpER, ETc.

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Grosses voitures, grosses biatches et écrans plasma ne peuvent pas être le vœu de tout un chacun. D’autres, comme le label franco-anglais Hands In The Dark, se sentent pousser vers de plus romantiques cieux. N’ayant pas la passion des grosses berlines, Morgan et Onito ont en effet opté pour le choix suivant : diffuser, à pe-tite échelle (entre 50 et 300 copies), une musique dont l’essence est l’émotion. Du Shoegaze lo-fi de Cough Cool aux sons cosmiques de la nature matérialisés par Je Suis le Petit Chevalier (aka Felicia Atkinson), en passant par les pyramides sonores de Cankun (voir Kiblind n°38), le nuancier Hands In The Dark se compose de bien des couleurs musicales. Un éclectisme passionnant qui n’enlève rien à la cohésion des choix, guidés qu’ils sont par l’étoile du plaisir mélomane. M. G.

www.handsinthedarkrecords.com ; http://soundcloud.com/hitd— dernière sortie : cough cool/johnny Hawaii Split (K7) ; à venir, l’album éponyme de death & Vanilla.

Deux Lillois prennent un peu de plaisir. En ces temps où les nuages planent bas, où il devient si facile de glisser dessus, Justin Bieburr et Soufien3000 ont décidé de s’installer dessus un petit moment. Du Country Rap Tunes sudiste à la nou-velle vague rap new-yorkaise, Justin Bieburr et Soufien3000 ont posé de sacrées grosses billes sur le milieu. Voguant sur les atmosphères éthérées du rap américain, les deux produc-teurs voient leurs morceaux portés aux nues par de bien sin-guliers prophètes. Avec des productions pour le campagnard Khalif Da Menace (sur son street album Junior : The Legend of 8ball) et la graine de champion A$AP Rocky (sur l’inénarrable LiveLoveA$AP), les portes de la gloire se sont déjà ouvertes pour eux. Il ne reste plus qu’à les suivre. M. G.

de nouveaux morceaux, régulièrement sur Soundcloud— htttp://soundcloud.com/justin_bieburr ; http://soundcloud.com/soufien3000

S O U F I E N 3 0 0 0 &

J U S t I N b I E b U r r

H A n d S i n T H E d A R K

R E c O R d SLE LéGEndAiRE GROupE dE dROnE

dOOM, EARTH, SORT LE 13/02 LA

TRèS ATTEnduE SuiTE À L‘ExcELLEnT

AnGELS OF dARKnESS, dEMOnS OF

LiGHT cHEZ SOuTHERn LORd ET

diFFER-AnT. FORMidABLE, éVidEM-

MEnT, SAuF LE MAnQuE d’iMAGi-

nATiOn pOuR LE TiTRE : AnGELS OF

dARKnESS, dEMOnS OF LiGHT ii. En

cOncERT LE 15.03 À LA MAROQui-

nERiE (pARiS), LE 16.03 SuR L’iBOAT

(BORdEAux) ET LE 21.03 À L’épicE-

RiE MOdERnE (LyOn).

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Aux confluents du Jazz, du Rock et de la Pop, se situe le grisant groupe nantais Sidony Box. Cette sainte tri-nité, composée du guitariste Manuel Adnot, de l’altiste Élie Dalibert et du batteur Arthur Narcy, porte la bonne nouvelle d’un Power Jazz contem-porain, fougueux et à l’écoute des musiques actuelles. Découvert par l’excellent label de jazz Yolk et porté aux nues par le mastodonte Naïve, Sidony Box a vécu ces deux dernières années en lévitation. En deux albums (Sidony Box sur Yolk et Pink Paradise sur Naïve) et une tournée organisée par Jazz Migration, Sidony Box est clairement devenu le petit préféré de la scène jazz européenne. Un statut que la Biennale Musiques en Scène, à Lyon, a choisi de tester pour une évaluation live en bonne et due forme. M. G.

www.myspace.com/sidonybox— En concert à la Biennale Musiques en Scène (du 1er au 24.03 à Lyon), le 25.02 au Vip de Saint-nazaire et le 26.02 à l’Escall de Saint-Sé-bastien sur Loire. Sidony Box sera en studio en février pour enregistrer son prochain album.

S I D O N Y B O X

Das Racist sont de sacrés marlous. Échappés de Brooklyn en 2008 pour sourire à la hype avec le titre Combination Pizza Hut and Taco Bell, les Das Racist ont ensuite écumé les médias originaux d’interviews tapageuses. Mais traiter Lady Gaga d’Il-luminati (ce qui est sans doute vrai) ne suffit pas au bonheur des gens simples : ils veulent qu’un groupe de rap rappe. Alors, les trois MC (Heems, Kool A.D. et Dap) ont mis un peu de cœur à l’ouvrage pour sortir, en 2010, deux mixtapes Shut Up, Dude et Sit Down, Man avec l’aide de la marque Мишка; puis en 2011 un premier album, Relax, bénéficiant de l’apport non-négligeable de Diplo, El-P et Danny Brown, entre autres. Bilan : une tornade aux Etats-Unis et des classements élo-gieux dans les médias spécialisés. Pour tester ces rigolos, il suffit d’aller au Festival Urbaines de Rennes. M. G.

www.dasracist.net ; www.antipode-mjc.com— das Racist sera en concert au festival urbaines le 3.03 à Rennes.

d A S R A c i S T

BOOTy cALL TiEnT VRAiMEnT À nOuS FAiRE TREMBLER L’écHinE En cE déBuT

2012 puiSQuE pOuR LA pROcHAinE SHAKE dAT ASS inViTEnT LA LéGEndE Eu-

ROpéEnnE dE LA GHETTOTEcH, MiSTER RiES, ET LE FRAnÇAiS dE TOp BiLLin,

RAZiEK, À VEniR AccOMpAGnER KApTAin cAdiLLAc, dj KESMO ET LE niGHT-

MARE juKE SQuAd, LE 4.02 Au nOuVEAu cASinO, dE pARiS.

LA 3E édiTiOn dES SOiRéES WEATHER SEnT FORT LE SOuFFRE. LAiSSAnT

cARTE BLAncHE Au TOuT nOuVEAu LABEL dE SHOnKy, ApOLLOniA, ELLE

cOnViERA LA dEEp HOuSE BERLinOiSE dE cASSy, AVEc LES piLiERS du LABEL,

dAn GHEnAciA ET dyEd SOundOROM. LE 9.03 Au cABARET SAuVAGE À pARiS.

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S c è n E S

bazart

La vie est une garce, alors on danse. On sautille de loin en loin pour changer d’air et échapper à une routine par trop morbide. Dans ce cadre-là, force est d’admettre que l’univers virtuel conféré par les (pas vraiment) nouvelles technologies peut se ré-véler être une solution séduisante. Fabrice Murgia, jeune prodige belge de la mise en scène (auteur précédemment du Chagrin des Ogres), se penche sur l’insaisissable monde numérique qui offre l’il-lusion d’une impossible seconde chance. À l’aide d’une scène tournante, contenant trois plateaux, d’une installation vidéo couvrant l’ensemble de la scène et d’une seule actrice, Life : Reset (révéla-tion d’Avignon Off cet été) décrit de façon muette l’enfer d’une solitude quotidienne sauvée, en ap-parence, par une vie amoureuse virtuelle. Succom-bant à cette seconde vérité, le personnage se perd, lui conférant plus de crédit qu’au réel. Et, comme toujours, le contrat imposera une contrepartie. M. G.

www.maccreteil.com— Life : Reset, chronique d’une ville épuisée sera présentée au Festival Exit (du 8 au 18.03), à la maison des arts de créteil du 15.03 au 17.03.

F A B R I C E M U R G I A

L I F E : R E S E T

La scène Le Vivat d’Armentières cherche les problèmes. Pour sa 15e édition, son festival Vivat La Danse ! a en effet choisi d’offrir une programmation dédiée à la parole. Le langage des corps, pièce maîtresse de la danse, serait ainsi mis de côté au bénéfice de banals mots ? En voilà de bien singulières manières. Mais, rassurons-nous, il ne s’agit pas pour Le Vivat de descendre la pratique première de la danse – le mouvement et/ou son absence −, mais bien de donner du fil à retordre aux pensées préconçues pour comprendre ces danseurs qui ont « pris langue ». Ainsi en est-il de l’incroyable Libanaise Yalda Younès qui présente son Je suis venue réalisé avec Gaspard Delanoë, du déversement polyglotte Them No Go See (présenté en avant-première) de Sophiatou Kossoko, ou encore des paroles noires américaines de Mark Tom-pkins dans Black’n’Blues. Pour que la danse ne puisse plus dire « Parole, je ne boirai pas de ton mot ». Maxime Gueugneau

www.levivat.net— Vivat La danse ! du 28.01 au 2.02 au Vivat à Armentières (59) avec entre autres ivana Müller, perrine Maurin, joris Lacoste et l’exposition d’Antoine defoort.

V i V A T L A d A n S E !

E x p O S

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D’un murmure on peut faire un éclat. Ainsi fonctionne le festival Circulation(s) porte-voix de la jeune génération de photographes euro-péens, mettant Paris à disposition. Par jeune, le festival entend « émergent » : avoir le droit de vote n’interdit pas aux candidats de proposer leurs travaux. Et après une minutieuse sélection, les heureux élus ont droit aux écrins du Parc de Bagatelle, le Trianon et la Galerie Côté Seine. Le choix de cette année semble bien correspondre aux exigences affichées : jeunesse, émer-gence et talent. Avec notamment la présence du belge Thomas Vanden Drissche, de la française Kourtney Roy ou encore de la bulgare Eugenia Maximova, parmi la quarantaine d’ar-tistes choisis, Circulation(s), pour sa deuxième édition, peut s’enorgueillir d’exposer une belle petite partie de la photographie de demain. Demain n’est pas si loin. M. G.

www.festival-circulations.com— Festival circulation(s) du 25.02 au 25.03 au parc de Bagatelle à paris.

Au cœur du triangle se trouve la vérité de notre monde. Le Portugais Luis Dourado le sait et présente quelques-uns de ces mystères de l’humanité dans son exposition Controls. Cet artiste, graphiste et plasticien, entreprend depuis quelques années le décryptage des allusions mystiques qui règnent en maître dans notre quotidien. En créant un univers parallèle fait de réinterprétations topographiques, d’uchro-nies et de symbolisme revendiqué, Luis Dourado aboutit à une soustraction du particulier. À l’aide de collages, dessins ou de réalisations en PAO, Luis Dourado ordonne un monde nouveau, miroir déformant de celui, bien réel, qu’il tente dans le même temps de déconstruire. L’exposition Controls sera présentée à la Galerie My.monkey de Nancy ; deux visuels sont à apprécier dans les Pages Blanches de ce numéro, et en couverture. Maxime Gueugneau

www.mymonkey.fr— du 20.01 au 2.03 à la Galerie My.monkey à nancy. Vernissage le 19.01.

L u i S d O u R A d O

F E S T I V A L C I R C U L A T I O N ( S )

LE FORcEné VidéASTE jEAn-cHARLES HuE FiLME L’incOnTESTABLE ÂpRETé

dE LA ViE dOnT iL S’écHinE À pOuSSER LES LiMiTES, dOnnAnT Au RéEL dES

SiGnES d’inSTABiLiTé. iL S’ExpOSE du 28/01 Au 25/02 À LA GALERiE MicHEL

REin, pARiS 3E.

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« La vie n’est pas pour les amateurs ». Une phrase qui pose un homme : August Strindberg. Ce cher August, dont la France a la très bonne idée de fêter le cen-tenaire de la mort, est sans doute, aux côtés de Pär Lagerkvist, le plus marquant des écrivains suédois. Loin, bien loin, des Stieg Larsson et autres Henning Man-kell, August Strindberg a créé une œuvre littéraire puisant sa force dans l’errance folle que fut sa vie. Tour à tour naturaliste, expressionniste puis mystique, August Strindberg a traversé la fin du 19e siècle en recrachant morceau par morceau ce que fut sa sève, y ajoutant le grain de son propre désespoir. L’Institut Suédois, bien placé pour constater l’empreinte que Strindberg a laissée en Suède, choisit de réunir pendant deux mois la BD suédoise actuelle autour de l’œuvre et de la vie du génie. Outre Fabian Göranson (auteur remarqué de l’adaptation du roman de Strindberg Inferno), Malin Biller, Knut Larsson, Loka Kanarp ou encore Anneli Furmark complètent l’exposition, parmi d’autres. L’hommage est beau. M. G.

www.institutsuédois.fr ; www.strindberg2012.se— August Strindberg et la Bd suédoise du 8.02 au 15.04 à l’institut Suédois, paris 3e. Fera un petit tour au Festival d’Angoulême du 26 au 29.01.

Travailler le banal n’est pas une mince chose. Le routinier constitue pourtant la majeure partie de notre existence. Réenchanter ces objets délaissés, ces moments oubliés, ces lieux abandon-nés devient alors une gageure quasi humanitaire. C’est le choix artistique opéré par LCMC (pour Laurie Cha-reyre et Mathieu Courbier) qui du né-gligeable font le possible, en invitant à regarder au-delà de l’évidence. Il en est de même pour leur exposition Out à la galerie Datta à Lyon. Revisitant nos propres barrières comme autant de paradoxes, le couple Chareyre/Courbier nous propose non le prag-matisme mais le fantastique, non le réel mais l’utopie. Un vrai voyage. M. G.

www.lcmc.fr ; www.datta.fr— Out, exposition de LcMc du 14.01 au 20.02 à datta, Lyon 1e.

a U G U S t S t r I N D b E r G E t L a b D S U É D O I S E

L c M c

LE LiEu du dESiGn FORcE LE déBAT ET inViTE LES dESiGnER À pEnSER LEuR

inTERVEnTiOn dAnS L’ESpAcE puBLic dE dEMAin En ExpOSAnT QuELQuES

pROjETS MARQuAnTS (TiM FEndLEy, EScOFET, RuEdi BAuR ETc.). SOuS LES

pAVéS, LE dESiGn, du 15.02 Au 23.06 Au LiEu du dESiGn, pARiS 12E.

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LE cOLLEcTiF dE MicRO-édiTiOn FREncHFOuRcH SE pAiE unE pETiTE HALTE

dAnS LA GALERiE du piEd dE BicHE (pARiS 11E) du 24.01 Au 25.02. Au

MEnu : SéRiGRApHiE, MAGAZinE, LiVRES dE pOL EdOuARd, MARiOn BALAc Ou

EncORE TRiSTAn pERnET.

Lorenzo Mattotti a illustré l’album Rouge de Jean-Jacques Goldman, Michael Jones et Carole Fredericks. Ce qui fait sans aucun doute de lui un mélomane aux goûts sûrs. Mais il est avant tout l’un des plus grands illustrateurs et dessinateurs de BD que le XXe siècle nous ait donné. De ses bandes dessinées, nous pouvons allègrement citer Feux, Murmures, Incident, Stigmates, etc. toutes des chefs d’œuvre reconnus et sertis de louanges par messieurs les critiques. De même pour ses illus-trations, plébiscitées par le monde de la presse (Le Monde, The New Yorker, Télérama, etc.) mais qui firent surtout le bonheur posthume de Carlo Collodi (Pinocchio), de Robert Louis Stevenson (Le Pavillon de la Dune) ou bien de Mark Twain (Les Aventures d’Huckleberry Finn). Le galbe de son trait, l’équilibre foutraque de ses compositions et la poésie de sa déraison en font un maître incontesté du dessin. Quelques-unes de ses leçons sont à (re)découvrir pendant la Biennale Itinéraires Graphiques de Lorient. M. G.

www.itinerairesgraphiques.com ; www.mattotti.com— Lorenzo Mattotti du 3.03 au 15.04 à la Médiathèque Les Sources de Quéven dans le cadre de la Bien-nale itinéraires Graphiques de Lorient

Antoine Dorotte attaque. Il attaque dur : ses matériaux, ses personnages, ses œuvres sont le reflet de cette ru-desse qui le caractérise. Mais loin de se vouer à une irrationnelle destruc-tion, il entend la violence plastique comme acte de réalisation, de créa-tion. Utilisant le trait comme base de son travail, il le détourne et en fait ce scalpel qui blesse à dessein l’envi-ronnement de ses œuvres. Ainsi a-t-il créé, pour l’exposition Analnathrach au 40mcube, une installation d’où jaillit un acide corrosif qui, sillonnant les plaques de zinc qui la composent, dessine dans la douleur sa propre es-thétique. Ses films et les gravures qui en résultent suivent le même chemin tortueux, maltraitant les matériaux, troublant le regard et dessinant à la hache l’univers sombre et froid d’An-toine Dorotte. Un univers où l’insta-bilité semble régner en maître. M. G.

www.40mcube.org ; www.galerieacdc.com— Analnathrach, exposition d’Antoine dorotte, du 4.02 au 21.04 au 40mcube à Rennes.

a N t O I N E D O r O t t E

L O R E n Z O M A T T O T T i

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j E u x V i d E O

bazart

En 2011, les gamers ont eu leur Noël en Octobre / novembre et de fait la transition 2011-2012 s’est retrouvée bien pauvre en sorties vidéoludiques. En tout cas sur les plates formes traditionnelles (voir brèves). Ça tombe bien parce qu’en ce début janvier la véritable actu numérique se déroulait à Las Vegas, à l’occasion du CES (Consumer Electronic Show) annuel. C’est donc l’occasion de faire un petit point sur les nouvelles technologies qui vont venir bouleverser (ou pas) votre salon. La première info c’est que, dans la lignée de 2011, l’année jeux vidéo 2012 sera PC. Que ce soit chez Sony ou Microsoft, personne ne parle d’une nouvelle console. Le fait est qu’elles en ont encore dans le ventre lorsqu’on voit tourner Uncharted 3, Gear of Wars ou tout simplement la Kinect. Les amateurs de performances ultimes vont donc, comme d’habitude, pouvoir investir dans des bêtes de guerre non mo-biles afin de se décoller les rétines. Les regards se portent d’ailleurs sur la Corée, car Samsung a dévoilé son nouvel écran QHD : diagonale de 27 pouces (68 cm), résolution 2560 x 1440 et 5ms de temps de réponse (oui c’est un peu lent). Le PC est mort, vive le PC.La deuxième tendance vidéoludique concerne les téléphones et tablettes qui de-viennent presque aussi puissantes que des ordinateurs portables. Ce nouveau style de jeu grand public fonctionne à merveille et les développeurs s’en donnent à cœur joie. Par exemple, grâce au LightPad (sans coquille) votre Iphone se transfor-mera en véritable Netbook avec une coque de protection, un clavier et surtout un pico projecteur intégré (diagonale 60 pouces soit 1m50). Qui a dit Optimus Prime avec sa caravane ?Concernant les sorties, il faudra véritablement attendre le mois de mars pour à nouveau vibrer. Pèle-mêle, Mass Effect 3, Resident Evil, Street Fighter X Tekken et…Diablo 3.D’ici là, amusez-vous bien. Matthieu Sandjivy

w w w . c e s w e b . o r g— cES (consumer Electronic Show), du 10 au 13.01 à Las Vegas, uSA.

c O n S u M E RE L E c T R O n i c

S H O WpOuR LES nOSTALGiQuES, GTA iii EST

SORTi SuR ipAd ET iL TOuRnE TEL-

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é c R A n

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Il a suffi qu’une poignée de sud-américains, dans ces années où l’obscurantisme avait le rang de vertu, prévoit la fin du monde en cet an de grâce 2012 pour que la panique s’empare de nos esprits. Alors que le monde glisse sur la pente droite mais raide de son anéantissement, le festival genevois de films noirs Black Movie ironise crânement sur cette apocalypse qui nous guette et cherche à voir dans l’œil de certains cinéastes quelques oracles bien sentis. En effet, les indices ne man-quent pas dans un cinéma mondial qui voit dans la crise (que celle-ci soit d’origine climatique, économique, morale, intime, etc.) le meilleur moyen de sonder l’âme humaine. L’Asie, notamment, sera à l’honneur cette année (la dernière du nom donc) avec la projection de films de Takashi Miike, Sion Sono, Kim Ki-Duk, Park Chan-Wook ou encore Tsai Ming-Liang aux côtés de la nouvelle garde grecque (Tsangari, Lanthimos, etc.) et de quelques bijoux du cinéma arabe. 52 films pour annoncer la fin. Maxime Gueugneau

www.blackmovie.ch—Black Movie, du 17 au 26.02 à Genève.

B L A C kM O V I E Notre consommation d’images est un

rien orgiaque : notre besoin d’écran est impossible à rassasier. Mais le cerveau humain n’acquiert que dif-ficilement la faculté de distinguer ce qui relève du sensible dans l’ava-lanche de visuels qui nous éclabousse chaque jour. Pour corriger ce handi-cap, le Centre Georges Pompidou se retrousse les manches chaque année un peu plus. Avec son festival Hors-Pistes, dédié aux nouvelles pratiques de l’image, Beaubourg invite son pu-blic à se pencher sur le raisonnement en cours dans la vidéo et le cinéma in-novant. Une médiation en deux for-mats : dans les salles de cinéma ,d’une part où se côtoieront artistes émer-gents (Gabriel Abrantes, Salma Cheddadi, Flatform,...) et confirmés (l’autre Phil Collins, Valérie Mréjean, Christelle Lheureux,…) ; puis par une exposition regroupant artistes plasti-ciens et vidéastes (William Wegman, Chris Marker, Marcus Coates,…) autour du trop merveilleux thème de l’animal. Biches, lions, lapins, tous ces êtres mignons qui ont mar-qué et marquent encore l’humanité, seront l’objet de mille petites atten-tions. Dans le gargantuesque plateau d’images que nous engloutissons chaque jour, Hors-Pistes sera sans au-cun doute la délicieuse cerise sur le gâteau. M. G.

www.centrepompidou.fr— Hors-pistes du 27.01 au 12.02 au centre Georges pompidou à paris.

HOrS-P I S t E S

FESTIVAL DE FILMS GENÈVE

17 ‒ 26 FEVRIER 2012

27 JANV. – 12 FÉV.UN AUTRE MOUVEMENT

DES IMAGES

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Quand on ne connaît pas Grandes Oreilles, on ne l’appelle pas Grandes Oreilles. Sinon la prochaine fois c’est claque dans la gueule. Une règle simple, mais qui aura échappé à Mehdi, déjà embourbé dans une sale affaire de contrebande, alors que sa sœur Najat a disparu et que dans le même temps plusieurs gamins prennent l’allure de damnés. Qu’importe La Villeneuve aura connu des jours plus difficiles, d’autant que Fuch le futé, inspecteur de la DDASS, est à deux doigts de régler le bazar. On pourra d’ailleurs ajouter qu’il s’agit là du scénario de la série Vill9 la série, débutée à l’initiative de la mairie dans un vaste projet de renouvellement urbain du quartier : pas d’inquiétude à avoir pour les Villeneuvois. Orchestrés d’une main de maître par l’association Vill9 la série, les deux premiers épisodes délivrent donc enfin leurs secrets : des oeufs, des yeux, du Qatari, des catastrophes, et Grandes Oreilles, donc. M. G.

www.vill9laserie.com— Les deux premiers épisodes de Vill9 La Série seront projetés fin janvier dans un cinéma du quartier. ils seront ensuite disponibles sur le net.

V i L L 9 L A S é R i E

Jerry Schatzberg est un de ces élèves brillants, plutôt sympathiques mais toujours dissimulés sur la photo de classe, dont on peine à se rappeler le prénom. Caché derrière les réa-lisateurs plus « charismatiques », Coppola, De Palma, Lucas, Scorcese et consorts, Schatzberg fait pour-tant, lui aussi, partie des artisans majeurs du Nouvel Hollywood. Les dvdphiles seront donc heureux d’ap-prendre la sortie inespérée de son premier bijou. Largement inspiré de son expérience de photographe et de sa relation avec le mannequin Ann Saint Marie, Portrait d'une en-fant déchue raconte l’histoire d’une ancienne gloire de la mode (Faye Dunaway), amochée par les excès et rongée par la dépression. G.V.

portrait d'une enfant déchue (puzzle of a downfall child), sortie en dvd & blu ray, le 22.02 chez carlotta dvd.

A u T O -p O R T R A i T

d ’ u n c i n é A S T E d é c H u

Deux ploucs (Tucker et Dale), pas très brillants, autant fascinés par une cannette de bière que le moteur 130 CV d’un tracteur Ford, se retrouvent à partager leurs vacances avec une bande d’étudiants, tout droit sortis de leur petit confort bour-geois. College boys vs rednecks de pacotille, le résultat est forcément un bain de sang, aussi absurde que jubilatoire. Après avoir écumée les festivals, la comédie la plus délicieusement débile de ce début d’année, débarque dans les salles obscures. Attention chérie, ça va trancher ! Guillaume Vonthron

Tucker & dale fightent le mal (Tucker and dale vs Evil), en salle le 01.02

D É B I L E D E A D

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A R c H i T E c T u R E

Le Pavillon de l'Arsenal vient d'inaugurer sa nouvelle exposition permanente : Paris, la métropole et ses projets. Comme l'intitulé l'indique, l'expo est consacrée au devenir de la métropole parisienne. Comme l'intitulé ne l'indique pas forcément, cette projection s'appuie sur l'analyse du passé et des origines du territoire, en tissant un parcours chronologique sous forme d'histoires croisées entre les com-munes, pour permettre au visiteur de comprendre l'actualité de la métropole. Concernant l'exploration du futur, le Pavillon a mis en place une jolie maquette de 37m2 qui donne à voir le Paris des années 2020. Basée sur la technologie Google Earth, elle propose une anticipation interactive en 2D et 3D, sous forme de na-vigation libre entre les grands projets en mutation et les formes architecturales de demain. À noter que l'application est téléchargeable sur le site du Pavillon et s'utilise simplement à partir de Google Earth. j. T.

www.pavillon-arsenal.com— paris, la métropole et ses projets, pavillon de l'Arsenal (paris 4e)

pARiS MéTROpOLE 2020ApRèS KAZuyO SEjiMA, c'EST L'AR-

cHiTEcTE BRiTAnniQuE dAVid

cHippERFiELd Qui A éTé nOMMé di-

REcTEuR dE LA 13E BiEnnALE d'AR-

cHiTEcTuRE dE VEniSE, du 29.08 Au

25.11.2012.

En 2005, la petite ville de Menton reçoit en héritage la prestigieuse col-lection Séverin Wunderman, constituée de 1800 œuvres de Jean Coc-teau. Le poète n'était pas natif mentonnais (il venait de Maison-Lafitte), mais entretenait des affinités avec la municipalité de la Côte d'Azur : il en était le citoyen d'honneur, récompense qu'il avait obtenue pour avoir habillé de sa patte la Salle des mariages à la fin des années 50. Un choix de cœur, donc, de la part du philanthropique donateur, pour lequel la mairie ne demeura pas en reste puisqu'elle promit à son tour d'ériger un musée à la gloire de Cocteau. Cet édifice de 2700 m2 vient ainsi d'ouvrir ses portes aux pieds de la vieille ville, face au marché couvert. Imaginée par l'architecte Rudy Ricciotti, l'esthétique générale de l'ensemble est largement inspirée de l'univers graphique de l'artiste protéiforme : une architecture multiple, morcelée et souvent insaisissable (à l'image de la façade), agréablement troublante et généreusement onirique. jean Tourette

Musée jean cocteau, Menton (Alpes Maritimes) ; ouvert depuis novembre 2011

M U S É E J E a N C O C t E a U

49bazart

AR CHITECTURES V O L A N T E SFabio Gramazio et Matthias Kohler font partie d'une génération d'architectes dont l'adolescence a due être fortement marquée par la lecture d'Asimov. Sensi-bilisés de bonne heure à l'utilisation de la programmation informatique dans la conception de projets architecturaux, ils décident d'étendre son application au-delà de la théorie, à la fabrication et la construction elles-mêmes. Leurs études s'orientent alors naturellement vers l'ex-ploration de la robotique, dont ils expé-rimentent les potentialités en fondant le premier laboratoire d'architecture robotique, à l'École Polytechnique Fé-dérale de Zurich en 2005.L'implication du robot dans les réali-sations de Gramazio et Kohler n'a pas pour fonction d'accélérer un rendement ou de produire en série. Ils recherchent davantage l'exactitude et la répétition,

selon des techniques de fabrication digitales additives, pour combiner les qualités esthétiques et fonctionnelles d'une structure et élaborer un nouveau système de logique structurelle.L'année dernière, les deux architectes se sont associés avec l'ingénieur Raffaello D'Andrea, dont les travaux se concen-trent sur les algorithmes et les systèmes autonomes innovants. Ils ont imaginé ensemble Flight Assembled Architecture.Première « architecture volante », cette installation est entièrement réalisée par des robots volants, dont l'action et l'in-teraction sont dictées par des données architecturales exprimées sous formes d'algorithmes. Vision architecturale de 6 m de haut sur 3,5 m de diamètre, elle est la projection futuriste à l'échelle 1:100 d'un village vertical pouvant ac-cueillir 30 000 habitants. Pour l'édifier,

1500 modules de mousse polystyrène préfabriqués ont été assemblés par plusieurs quadrocoptères autonomes, programmés pour saisir, transporter et positionner exactement les briques en interagissant avec la structure.Associé au projet, le FRAC Centre d'Orléans a accompagné la construc-tion de cet ensemble empirique, per-mettant aux premiers visiteurs d'assister sur plusieurs jours à l'édification roboti-sée in situ. Flight Assembled Architecture y sera exposée jusqu'au 19 février, avant de rentrer dans les collections d'archi-tecture expérimentale du Fonds. j. T.

Flight Assembled Architecture jusqu'au 19.02 au FRAc centre, Orléans - www.frac-centre.fr— sur l'architecture de Gramazio & Kohler : www.gramaziokohler.com— sur les travaux dynamiques de d'Andrea : www.raffaello.name— voir la vidéo du montage sur kiblind.com

c A H i E RM O d E

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Photo : Laurent Croisier

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c O M M E n T j ’ A i G O M M é

MOn n E Z

53CaHIEr MODE

Texte — Astrid Guilhot www.cultmagazinemode.com

E n M O d E c i n é

À l’heure où toutes nos mères avaient encore une patate ou une carotte plantée là au milieu du visage, on ne trouve plus Outre-Atlantique un seul nez disgracieux. Et tandis que nos grandes sœurs partaient au bahut en culotte courte ou habillées par Mon-sieur Edouard Leclerc, leurs ainées américaines connaissaient les joies du blanchiment dentaire. Bref, c’est la bis-tourimania qui sévit chez nos voisins américains, dévastant toute la Côte Ouest, les starlettes de série télévisée en tête. Retour sur le parcours de ces vamps en robe du soir et au nez effacé à la gomme, qui n’ont qu’un maître à penser : la divine Sue Ellen.

AMOUR, PASSIONS, REVANCHES, ET MAXI-EPAULETTES

Elles s’appellent Valene Ewing, Karen MacKenzie, Abby Fairgate ou Krystle Carrington, et sont des avant-gardistes – entendez par là qu’elles ont un mari alcoolique qui laisse trainer son scotch et son godet en cristal au salon, de l’argent à ne plus savoir qu’en faire, des disputes à gérer, des revanches à prendre sur la vie et des stratégies ultra complexes à mener contres des politi-ciens véreux. Bref, alcoolisme, divorce, argent et hystérie : tous les éléments sont réunis pour faire de ces femmes au foyer des pimbêches lookées jusqu’à l’extrême. Avec leur nez de bébé chaton inoffen-sif, et leurs narines ne laissant pas pas-ser l’ombre d’un kleenex, ces Desperate Housewives des années 80 s’habillent aux couleurs de l’arc-en-ciel. Une pré-férence bien marquée pour les robes du soir au gabarit grandiose, aux épaules démesurées et aux brillants par milliers. Côté accessoires : on opte pour un Gary Ewing ou un brasseur d’affaires d’huile comme Blake Carrington (entendez un mari bien sous tous rapports), qu’on accompagne de diamants XXL (sinon rien) assortis à la pureté de notre sou-rire diabolique. Côté brushing, on ne lésine pas sur le volume, avec des che-velures défiant toujours un peu plus les lois de la gravité.

DU FRIC ET DE LA FRIME

Les années 80 signent la grande époque du fric et de la frime, notamment aux USA. La guerre des bodys, des cale-çons, du fluo, des stars et des paillettes fait rage du Texas jusqu’à San Francisco. Un cocktail de couleurs vitaminées, de motifs et de détails, auquel Sue Ellen et les autres goûteront un peu plus chaque jour. Planète de la rhinoplastie et de l’esbroufe, bonsoir !

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Montre bleue / NIXON au CITADIUMMontre jaune / SWATCHBaskets / FEIYUE & AGNES B

Photo : Laurent CroisierShopping : Alix DevalloixRéalisation : Klar

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Ballerines / CARELSac / CAMBRIDGE SATCHED COMPANY au PRINTEMPS

Montre bleue / NIXON au CITADIUMMontre jaune / SWATCHBaskets / FEIYUE & AGNES B

57CaHIEr MODE

Chemise : LOFT / Lunettes : EMMANUELLE KHANH / Bracelet : ANNELISE MICHELSON 

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Tee-shirt : PETIT BATEAU / Pantalon : FORTE FORTE /Collier : ANNELISE - MICHELSON / Derbies : SARTORE

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Chemisier : LACOSTE / Pantalon : SHINE / Ceinture : CACHAREL

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Chemise : VALENTINE GAUTHIER / Collier : ANNELISE MICHELSON

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Chemisier : LES PETITES 

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Veste : ELEVEN / Tee-shirt : MILE END CLOTHING / Ceinture : COS / Short : PABLO GERARD DAREL

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Top : ROSEANNA / Short : LES PETITES

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Chemise : LEE / Tee-shirt : OBEY / Pantalon : ELEVEN / Collier : ANNELISE MICHELSON / Derbies : SARTORE

65CaHIEr MODE

Chemise : LOFT /Short : CACHAREL / Lunettes : EMMANUELLE KHANH / Bracelet : ANNELISE MICHELSON / Baskets : VANS

50 artistes, 10 lieux, 5 villes, 1 offLorient Lanester Quéven Hennebont Pont-scorff

Du 3 mars au 15 avril 2012La scène graPHiQue s’exPose au Pays de Lorient dessin bande dessinée iLLustration graPHisme conférences worksHoP ateLiers Librairie éPHémère

toutes Les infos sur www.itinerairesgraPHiQues.com

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é V é n E M E n T S p A R T E n A i R E S

K i B L i n dTous les deux ans, le trait se fait fin à Lorient. Pour la deuxième édition de la Biennale Itinéraires Graphiques, les grandes expositions sont de sortie : Topor, Sempé, Lynch, Mattotti, sans oublier les Itinéraires Bis riches en découvertes (Association Échafaud, Iza Venet, Robin Le Berre, …) .

www.itinerairesgraphiques.com — biennale Itinéraires Graphiques du 03.03 au 15.04 dans le Pays de Lorient.

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B i E n n A L E i T i n é R A i R E S G R A p H i Q u E S

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20 FEVRIER

03 MARS 2012

Cultures, Pratiques

& Tendances

www.antipode-mjc.com

2 rue André Trasbot

02 99 67 32 12

Le hip-hop se décline dans ses cinq disciplines à l’Antipode de Rennes pour le festival Urbaines. Entre danse, graphisme et sports urbains, Urbaines accueillera les concerts de 1995, Majiker et Das Racist, parmi d’autres joyeusetés. « Peace, Love, Unity and Having fun », ne sera pas un vain slogan.

www.antipode-mjc.com — Festival Urbaines du 20.02 au 03.03 à l’antipode de rennes.

u R B A i n E S

L IBERTÉ

CURIOS ITÉ

MODERNITÉ

DOSS IERDE PRESSE

Damien Pousset guide, pour sa première année, le poisson fou de la Biennale Musiques en Scène, parmi 67 compositeurs, 19 pays représentés et 102 oeuvres. 20 ans que le Grame voue son festival aux musiques savantes et innovantes avec cette année Michael Jarrel en chef d’or-chestre, mais aussi Sidony Box, Fanny Ardant, l’Arfi, le CNSMD de Lyon, Pascal Contet, …

www.grame.fr— biennale Musiques en Scène, du 1e au 24.03 à Lyon

B i E n n A L E M u S i Q u E S E n S c è n E

Quel bel écrin que l’Auvergne pour accueillir le plus grand rendez-vous mondial du court-métrage ! Une compétition internationale, une compétition nationale, et la chasse aux trésors de la compétition labo suffisent, par l’exigence affichée, à faire de Clermont la capitale des cinéphiles hivernaux.

www.clermont-filmfest.com— Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand du 27.01 au 04.02.

F E S T i VA L d u c O u R T- M é T R A GE d E c L E R M O n T- F E R R A n d

Apôtre d’une culture Bass Music au firmament, le Rumble Festival est le rendez-vous obligé pour ceux qu’embrase ce mouvement venu d’Angleterre. Noisia, Goth Trad, Skep-tical ou Congo Natty sont les grands noms parmi la pléiade de jeunes loups présents pour faire de Lyon le phare de la musique électronique.

www.rumblefestival.com— rumble Festival, art, Visual and bass Music Meeting du 1er au 18.03 à Lyon

R u M B L E F E S T i V A L

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