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Page 1: La Bibliothèque des Grands Mystères traite
Page 2: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

La Bibliothèque des Grands Mystères traite d'un vaste domaine qui appartient à la réalité humaine, même si, souvent, cette réalité, tout au moins dans l'état actuel de la recherche, ne peut être soumise au contrôle de la mé- thode expérimentale. Il s'agit du domaine de la pensée mystique, de l'expérience initiatique et des modes de connaissance issus de la Tradition. C'est le domaine de la Gnose. S'oppose-t-il au do- maine de la Science? Des esprits convaincus des pouvoirs éminents de la raison doivent-ils le tenir pour illusoire et négligeable? Ou bien, tout au contraire, la raison même ne doit-elle pas nous inciter à nous interroger sur la per- manence et sur le contenu de ce domaine du Savoir Inspiré? Et dans ce cas, que peut nous révéler cette interrogation, si elle est faite avec une sympathie qui n'exclut pas la ri- gueur, par des chercheurs rompus aux disci- plines modernes ? C'est à cette question que voudrait contribuer à répondre cette Bibliothèque.

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© Culture Arts Loisirs Paris, 1974 114, Champs Elysées 75008 Paris

Page 4: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

COLLECTION DIRIGEE PAR LOUIS PAUWELS

Page 5: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

Les objets el monuments ayant résisté à l'épreuve du temps sont les vestiges qui font revivre le passé.

San-Agustin (Colombie). (Hétier)

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LES NOUVEAUX MYSTERES

DE L'AHCHECLCEE

JACQUES? BERGIER f PAUL CHWAT

Page 7: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

SOMMAIRE

PROLOGUE: LA SPIRALE DU TEMPS Il

Un nouveau passé 12

LE MYSTÈRE A PORTÉE DE LA MAIN 21

Du Livre d'Ezéchiel à l'Apocalypse de Jean 22 La tour Saint-Jacques et ses symboles 23 Nicolas Flamel 23 Symboles alchimiques et ésotériques 24 En forêt de Fontainebleau 26 La Vallée des Merveilles 27 L'énigme des gravures 28 L'extraordinaire vase de Vix 29 Une princesse inconnue 32

LA GUERRE DU GRAAL is

La légende du roi Arthur 3 5 Arthur et Merlin 36 Glastonbury 3 7 Où est enterré Arthur? 38 Où est Camelot, cour du roi Arthur? 40 Arthur, les chevaliers de la Table ronde et le Graal 41 Le Graal et la lance 42 Un curieux épisode de la dernière guerre 42 Une théorie ésotérique du Graal 44

LES ATLANTES CONTRE LES LIBYENS 45

Les fouilles en l'île de Théra 47 La croisière du « Chain » 48 Les premières trouvailles ef 1'« Oceanographer » 49 Des difficultés psychologiques 51 L'Atlantide renait de ses cendres 52 L'explosion du Santorin 5 3 L'empire des Atlantes 55 Le disque de Phaïstos et l'écriture atlante 58

Page 8: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

L'AUTRE ATLANTIDE: L'ILE DE BIMINI 59

Port construit ou port naturel ? 60 Autres vestiges aperçus : pyramide, voûte, pistes... 61 Une civilisation inconnue installée aux Bahamas 62 Vestiges engloutis dans le Pacifique 63 Cavernes d'une falaise immergée et grottes sud-américaines 65 Une similitude surprenante et l'hypothèse mégalithique 67 Pourquoi les mégalithes? 69

HYPERBORÉE, AN 7000 AVANT J.-C. 71

Le Groenland avant l'arrivée des vikings 71 Des hypothèses et des légendes 72 Des terres arctiques non retrouvées 74 Que reste-t-il de la civilisation hyperboréenne? 75 Le svastika 77 Les constructeurs de mégalithes 78 Les traces d'une civilisation avancée 79 Autres hypothèses 80

AU CŒUR DE L'AFRIQUE 85

Les échecs des archéologues à Zimbabwé 86 Description des ruines de Zimbabwé 88 Les essais de datation 89 Les ruines de Maund ~ 89 Des Phéniciens à Zimbabwé : folklore ou réalité? 90 Sous le signe de Sirius 92 Les techniques avancées des « primitifs » contemporains 93 Les pyramides de Méroé 94 L'histoire trop méconnue de l'empire Kush 96 Engarouka et les menhirs du Tanganiyka . 97

L'ÉNIGME DU PACIFIQUE 99

Les îles du Pacifique, vestiges de continents engloutis? 100 Ponapé et la cité de Nan Mandol 10 1 De mystérieux bâtisseurs venus de la mer 103

Page 9: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

L'hypothèse de la « civilisation Zéro » __ 104 Lémuria et ile de Pâques 105 La découverte de Juan Fernandez ] 06 U ne datation peut-elle se faire à partir des mythes et des légendes' 107 L'origine de Ponapé 108 Une théorie hypothétique 11 ]

AVANT LES INCAS, AVANT LES MAYAS 115

Découverte dans les tunnels 11 7 La pyramide de Cuicuilco _______________________________________' 1 7 D'autres découvertes près de Cuicuilco 1 19 Les découvertes de William Niven 120 La culture maya 1 2 1 Une exploration impossible 124 L'introuvable Manoa 1 24 Autres cités secrètes 126

STONEHENGE 129

Les « trous d'Aubrey » 130 Description de Stonehenge LLL Stonehenge : observatoire, calendrier... LLL Comment a-t-on pu construire Stonehenge) 134 Le transport et la mise en place des pierres 1 35 Hypothèse de la variation cyclique de la population . LJJL Une population à la technique avancée? LU

QU'Y A-T-IL SUR LE MONT ARARAT? 143 """ ~ "

Premières découvertes ] 44 " " 146 La découverte de F. Navarra .

i" : 1 Les legendes 1 antiques 148- De la conservation d 'un objet en bois pendant des millénaires 149 Une région interdite 150 L'Arche et l'Atlantide , —LIA

LES CITÉS SECRÈTES DE L'AMÉRIQUE DU SUD 155

La carte de Glareanus - 156 .

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Qui peupla l'Amérique du Sud? 1 59 Tiahuanaco et ses mystères 161 Au fond du lac Titicaca 165

LES MYSTÈRES DU DÉSERT DE GOBI 169

Les « kurgen » 1 72 Où l'on retrouve Mu 1 73 Des bibliothèques souterraines dans le Tibet 1 74 La mythique Taprobanè 1 7 5 Un texte écrit par le Christ... i 76 Un musée scientifique dans le désert de Gobi 1 77 Un remarquable ensemble rupestre bouddhique 1 79

L'ARCHÉOLOGIE FANTASTIQUE DE LA LUNE isi

Ce que nos ancêtres ont « vu » sur la Lune 182 Des habitants sur la Lune 182 Le problème des lumières lunaires 184 Des taches sur la Lune 185 Un « mur a sur la Lune 18 7 La carte d'Hclvélius 187 Le relief lunaire 188 Des fouilles dans le sol de la Lune? 190

LES GRANDS ROMANS DE L'ARCHÉOLOGIE 193

Rider Haggard et la femme immortelle 198 A. Merritt et « le Gouffre de la lune » 200 L'introuvable « Nécronomicon » de Lovecraft 202 Extraits de romans 210

L'ARCHEOLOGIE DANS LES BANDES DESSINÉES 225

Au premier rang : Edgard P. Jacobs 225 Le plus célèbre : Hergé 234 L'école américaine 240

Index des principaux termes 244 Bibliographie 250

Page 11: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

Di■ Sazo-Rof>h<> De Pans à la l.unl', un voyage dans l'archéologie fantastique.

Page 12: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

PROLOGUE LA SPIRALE DU TEMPS

« L'avenir n'est plus ce qu'il était », a écrit Arthur C. Clarke. Le passé non plus. Nos idées sur le passé sont en train de changer d'extraordinaire façon. En veut-on des exemples ? La population croît, a-t-on dit et répété, à un rythme régulier. Et, par extrapolation, on a annoncé, concernant une surpopulation future, des chiffres absolument fantastiques.

♦ Pichon (J.-Ch.) : les Trente années à venir révélées par l'histoire cyclique (Paris, Ed. «J'ai lu», n° A 302).

Mais Jean-Charles Pichon. établit, et ce de manière propre à empor- ter la conviction, que, dans le passé, le chiffre de la population a obéi à des cycles, des périodes de croissance succédant à des périodes d'amenuisement. Il semble que la succession de ces cycles soit régulière, ce qui, évidemment, modifie considérablement l'image que nous nous faisons du passé. Considérons le cas de l'Egypte. Selon la chronologie classique, sa naissance se situerait au maximum 5 000 ans avant J.-C. Mais, s'il faut en croire René Schwaller de Lubicz — et ses arguments sont convaincants —, la chronologie de l'Egypte remonte à quelque dix millé années plus tôt, dix mille années au cours desquelles la civili- sation pré-égyptienne a eu tout le temps de se former.

♦ Pauwels (L.) et Bergier (J;) : J'Homme éternel (Paris, Gallimard, 1970, et coll. « Folio»).

Il est d ailleurs possible de pousser les choses plus loin encore. L'un des auteurs du présent livre, dans un ouvrage écrit en collabo- ration avec Louis Pauwels., a montré que point n'est besoin d'ima- giner un premier homme : peut-être les origines de l'humanité s'enfoncent-elles indéfiniment dans le temps. Ainsi, à notre échelle, l'homme serait éternel.

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♦ L'a revue Pensée (en anglais)

( Portland, Oregon, IJ.S.A , P.O. Box 414).

♦ Dans le livre de P. Duval : ¡fi Science

devant l'étrange (Paris, C.A.L., 1973),

on trouve un examen impartial et

scientifique de l'affaire Velikovskv.

Un exemple encore ; ce sera le dernier. Aux Etats-Unis a été fondée une revue. ayant pour objet la défense d'Immanuel Velikovsky. Or, et c'est en cela que le fait mérite d'être signalé, les idées de Veli- kovsky sont apparemment démentes. Ce psychanalyste israélien ne prétend-il pas, en effet, que tout ce que rapporte la Bible a effecti- vement existé et que la Terre a cessé de tourner parce que la planète Vénus l'a heurtée à une époque préhistorique.. Cependant, dans la pensée de cet auteur considérée dans son ensemble, ne peut-on retenir une idée générale, à savoir que, comme il le prétend, cer- taines catastrophes d'une exceptionnelle ampleur frappent l'huma- nité d'amnésie collective. Il existerait donc des événements dont on ne retrouve la trace ni dans l'histoire écrite ni même dans les mythes. Une confirmation intéressante de cette idée est fournie, nous semble-t-il, par l'attitude des Européens, voire du monde entier, à l'égard de Hitler.

UN NOUVEAU PASSE

. Cf. Libby (Pr W.F.): "The Radiocarbon Dating Method" (revue Pensée,

.;cpt. 1973, n" 4, p. 7). C'est la mise au point la plus récente de la méthode

par ['inventeur lui-même. Les autres méthodes

(paléomagnétisme, électrophoto- luminescence fossile,

argon-potassium ) commencent à — 1 million d'années,

mais vont jusqu'à — plusieurs millions.

Par ses dimensions nouvelles, telles qu'elles apparaissent par ce qui précède, ce nouveau passé n'est pas sans avoir un caractère affolant, reconnaissons-le. Pour comprendre les époques antérieures, on se raccroche à la seule science exacte — la science des sciences : la physique. L'âge de n'importe quel objet, aussi loin qu'il remonte, peut être déterminé de façon objective et rigoureuse grâce à la méthode due au savant américain W.F. Libby. prix Nobel de chimie, 1960+. La datation au radiocarbone (C 14) peut susciter quelques critiques. On ne saurait contester son objectivité et sa rigueur. Il est possible que la physique n'ait pas dit son dernier mot dans ce domaine. Il est possible qu'elle nous offre un jour le moyen d'observer directement le passé par la reconstitution des traces lais- sées par celui-ci dans la matière. Des expériences sont déjà en cours dans cette direction. Chose curieuse, l'idée n'est pas d'un physicien. Elle est d'Ernest Renan, et on la trouve dans l'Avenir de la science. L'écrivain croyait que l'on arriverait ainsi à la résurrection des « justes ». On perçoit mal pourquoi une machine objective, basée sur des principes physiques d'optique, ne ressusciterait pas aussi les « injustes »... Quoi qu'il en soit, nous ne disposons pas encore dc' moyen d'accès direct au passé. Les monuments et les objets ayant résisté à l'épreuve du temps, voilà ce que nous possédons, en tout et pour

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♦ Voir, par exemple, Touchard (M.-CI.) et Barthélémy (G.): l'Archéologie mystérieuse (Paris, C.A.L., 1972).

tout, pour faire revivre les époques dont ils sont les seuls vestiges. L'archéologie est la science qui étudie ces reliques. Trop souvent, les savants de cette discipline n'ont aucune imagination et s'inter- disent de rêver. Sax Rohmer, un initié de la Golden Dawn, connu surtout par ses romans d'aventures dont le héros est le Dr Fu Manchu, a écrit : « Si l'on prenait tous les égyptologues, si on les » faisait bouillir et qu'on distille le liquide obtenu, on n'en tirerait » pas une goutte d'imagination. » Cela est généralement vrai. Mais en dépit — ou à cause — du manque de largeur d'esprit des savants officiels, il s'est créé, dans le public, un énorme intérêt pour une archéologie romantique.. C'est pour répondre à cet intérêt que ce livre a été conçu. Les monuments et les objets légués par le passé, nous les examine- rons dans un esprit imaginatif et d'ouverture aussi large que possible. C'est-à-dire que nous ne parlerons que des monuments et des objets que l'on peut voir et toucher. Il existe peut-être une base secrète des Templiers au château de Gisors ; il existe peut-être des cavernes demeurées inconnues sous la Grande Pyramide ; peut-être même le centre de la Terre abrite-t-il une race (ainsi que le croyait Hitler et comme le croit, de nos jours, M. Lopez Rega, homme politique argentin). Mais nous n'avons pas visité ces lieux mystérieux dans lesquels, d'ailleurs, à notre connais- sance, nul n'a jamais pénétré. C'est pourquoi nous nous abstien- drons de les décrire. Par contre, en tant qu'archétypes du monde moderne, en tant que sources de rêve, les romans de science-fiction basés sur l'archéologie fantastique, de même que les bandes dessinées fondées sur les grandes légendes qu'a inspirées cette archéologie, retiendront notre attention. Ce sera l'objet des deux derniers chapitres de cet ouvrage. Le livre a été construit selon le principe de la télévision industrielle. Sur l'écran photosensible de l'émetteur, l'image est balayée linéaire- ment dans le cas de la télévision ordinaire ; elle l'est en spirale dans la télévision industrielle. Dans cette dernière technique, on prend un point au centre de l'image et celle-ci, du fait du balayage en spirale, est beaucoup plus nette. Nous agirons de même. Nous commence- rons par Paris, pour nous en éloigner progressivement tout en étudiant des objets mystérieux, de plus en plus éloignés de notre point de départ. C'est ainsi que nous aboutirons finalement dans la Lune, car, comme nous le verrons, l'astre dit mort possède aussi son archéologie mystérieuse.

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♦ Cf. Bernard (J.-L.): Dictionnaire de l'insolite et

du fantastique (Paris, Ed. du

Dauphin, 1971).

Nous ne prétendons pas apporter des révélations aux savants. Notre ambition est de toucher un public aussi large que possible auquel nous voulons, en même temps que des faits, donner matière à rêver. Plus qu'un traité d'archéologie, c'est la légende dorée de l'archéolo- gie mystérieuse que notis avons voulu offrir aux lecteurs. Nous avons tenté de rendre sensibles les mystères du passé — mystères souvent proches, car point n'est besoin de traverser conti- nents et océans pour se trouver en leur présence. Des fouilles ont désormais permis d'établir que c'est à quelques centaines de kilo- mètres seulement d'un village du Club Méditerranée — dans l'île de Théra — que gisent, en Grèce, les débris, recouverts de lave volcanique, de l'Atlantide. Ces débris, on peut les voir, on peut les toucher. Au musée d'Athènes sont exposées des fresques, dont nous parlerons, retraçant la guerre qui opposa les Atlantes aux Libyens. L'endroit le plus mystérieux n'est probablement pas Lhassa, mais Paris. Et que ne pourrait-on dire de Paris ! Ville dont le nom est une contraction de « pareille à Ys », signifiant par là que c'est la ville qui, après la submersion d'Ys, a remplacé celle-ci comme centre de la civilisation européenne..

4 Lengyel (L.) : le Secret des Celtes (Paris, R. Morel,

1969).

♦ Dans la coll. «Les guides noirs»

(Paris, 1966).

C est là une hypothèse que propose Lancelot Lengyel̂ . D autres pensent que la déesse Isis aurait son rôle à jouer dans l'affaire. Pour eux, Paris proviendrait de « par Isis ». Pour étayer leur thèse, ils s'appuient sur un fait que l'on trouve rapporté dans le « Guide de Paris mystérieux »+. On peut y lire ce qui suit sous la rubrique « rue de l'Abbaye » : « Un texte de la fin du XIIIe ou du début du xive siècle, probable- » ment rédigé par un moine du monastère de Saint-Germain-des- » Prés, confirme la légende que la déesse Isis était adorée en un lieu » appelé Lucotèce, face à Montmartre. La réalité du culte rendu à » la déesse égyptienne à l'emplacement même de la basilique Saint- » Vincent-et-Sainte-Croix parait ne pas avoir été mise en question » durant tout le Moyen Age. Sans doute la présence d'une statue » d'Isis lui donna-t-elle quelque consistance... »

♦ Lebeuf(abbé J. ) : Histoire de la ville et du diocèse

de Paris (Paris, Champion).

Cependant, l'abbé Jean Lebeuf, dans son Histoire de la ville et du diocèse de Paris*, estime qu'il y a eu erreur sur la personne et que la statue ne représentait pas Isis, mais Jésus-Christ, la méprise s'expliquant parce que « le visage était défiguré par la vétusté ». Jean-Robert Masson, l'auteur de cet article, ajoute : « La statue » d'Isis demeura en l'abbaye jusqu'au x\ Ie siècle ; l'abbé de Saint- » Germain, Guillaume Briçonnet, la fit briser en 1514. Dès lors, » toute trace d'Isis à Paris sera perdue. »

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Il n'est à peu près aucun endroit au monde où les fouilles ne mettent au jour des objets mystérieux appartenant à des civilisa- tions inconnues. Au chapitre premier, nous parlerons, pour ne citer que quelques exemples, du vase de Vix, de la forêt de Fontainebleau et de la Vallée des Merveilles. On ne peut douter que d'autres décou- vertes seront faites dans un proche avenir. L'interprétation de ces découvertes est certes délicate en raison de leur ambiguïté. C est ainsi que nulle réponse n'a encore été fournie à la question de savoir si les bas-reliefs trouvés par Daniel Ruzo sur le plateau de Marca- huasi, au Pérou, sont dus à l'industrie des hommes du passé ou, au contraire, à un étrange phénomène de mimétisme « naturel ». Une chose est en tout cas certaine : dans l'interprétation des vestiges du passé, l'imagination doit tenir un rôle plus important que celui auquel l'a reléguée jusqu'à présent l'archéologie officielle.

♦ Guénon (R.) : le Règne de la quantité et les signes des temps (Paris, Gallimard, coll. <<Idées»).

René Guénon a livré certaines réflexions. sur lesquelles, sans pour autant les faire nécessairement nôtres, nous pensons bon d'attirer l'attention. Selon cet auteur, les modifications « continues et insen- sibles », constatées pendant une période où ne se produit aucun cataclysme, finissent à la longue par avoir des résultats presque aussi considérables sur le plan du changement de ce qu'il appelle la « figure du monde » que les cataclysmes plus ou moins étendus marquant les « points critiques » du cycle. « Il va de soi, précise-t-il, qu'il ne s'agit pas de simples modifications » "géologiques" au sens où l'entend la science profane, et c'est d'ail- » leurs une erreur de ne considérer les cataclysmes eux-mêmes qu'à »ce point de vue exclusif qui, comme toujours, se limite à ce qu'il » y a de plus extérieur ; nous avons en vue quelque chose de plus » profond, qui porte sur les conditions mêmes du milieu, si bien que, » même si l'on ne prenait pas en considération les phénomènes « géologiques qui ne sont plus ici que des détails d'importance » secondaire, les êtres et les choses n'en seraient pas moins vérita- » blement changés. » Pour René Guénon, les modifications artificielles produites par l'intervention de l'homme ne sont rendues possibles que par les conditions spéciales de telle ou telle époque, en sorte qu'elles ne sont que des « conséquences ». C'est plus psychiquement que cor- porellement que l'homme peut agir sur l'ambiance. Les changements, nous dit le philosophe, s'effectuent dans le sens qu'il a caractérisé comme la « solidification » du monde, « qui, » écrit-il, donne à toutes choses un aspect répondant d'une façon

Page 17: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

» toujours plus approchée (quoique pourtant toujours inexacte en » réalité) à la manière dont les envisagent les conceptions quantita- » tives, mécanistes ou matérialistes ; c'est pour cela [...] que la » science moderne réussit dans ses applications pratiques, et c'est » pour cela aussi que la réalité ambiante ne semble pas lui infliger » de démentis trop éclatants. Il n'aurait pas pu en être de même » à des époques antérieures, où le monde n'était pas aussi "solide' » qu'il l'est devenu aujourd'hui, et où la modalité corporelle et les » modalités subtiles du domaine individuel n'étaient pas aussi » complètement séparées », bien qu'il y ait, même dans l'état pré- sent, certaines réserves à faire en ce qui concerne cette séparation. L'homme du passé, dont les facultés étaient beaucoup moins limi- tées, ne voyait pas le monde avec les mêmes yeux que nous et il percevait des choses qui désormais nous échappent totalement. « Corrélativement, poursuit l'auteur, le monde même,, en tant » qu'ensemble cosmique, était vraiment différent qualitativement, * parce que des possibilités d'un autre ordre se reflétaient dans le * domaine corporel et le "transfiguraient" en quelque sorte ; et * c'est ainsi que, quand certaines légendes disent, par exemple, » qu'il y eut un temps où les pierres précieuses étaient aussi » communes que le sont maintenant les cailloux les plus grossiers, » cela ne doit peut-être pas être pris en un sens tout symbolique. » Bien entendu, ce sens symbolique existe toujours en pareil cas, » mais ce n'est pas à dire qu'il soit le seul, car toute chose mani- » festée est nécessairement elle-même un symbole par rapport à » une réalité supérieure... »

A ceux qui seraient tentés d'objecter, au sujet de ces changements qualitatifs dans la « figure du monde », que les archéologues et les préhistoriens, aussi haut que les résultats de leurs fouilles les reportent dans le passé, ne trouvent jamais des vestiges des époques disparues témoignant de ces changements, René Guénon répond : « D'abord, ces vestiges, dans l'état où ils se présentent » aujourd'hui, et en tant qu'ils font, par conséquent, partie du » milieu actuel, ont forcément participé, comme tout le reste, à la » "solidification" du monde ; s'ils n'y avaient pas participé, leur » existence n'étant plus en accord avec les conditions générales, » ils auraient entièrement disparu, et sans doute en a-t-il été ainsi, » en fait, pour beaucoup de choses dont on ne peut plus retrouver » la moindre trace. Ensuite, les archéologues examinent ces vestiges » mêmes avec des yeux de modernes qui ne saisissent que la moda-

Page 18: La Bibliothèque des Grands Mystères traite

» lité la plus grossière de la manifestation, de sorte que, si même » quelque chose de plus subtil y est encore resté attaché malgré » tout, ils sont certainement fort incapables de s'en apercevoir [...]. » On dit que, quand un trésor est cherché par quelqu'un à qui, » pour une raison quelconque, il n'est pas destiné, l'or et les pierres

o » précieuses se changent pour lui en charbon et en cailloux vul- » gaires ; les modernes amateurs de fouilles pourraient faire leur » profit de cette autre "légende" ! »

♦ Kàli-Yuga: c'est ainsi que l'on désigne l'âge des ténèbres qui a suivi l'effondrement de la grande civilisation hindoue et qui, d'après les traditions, durerait encore.

L'auteur enchaîne en relevant le fait que « les historiens entre- » prennent toutes leurs recherches en se plaçant à un point de vue » moderne et profane », de telle sorte qu'ils se heurtent, dans le temps, à des « barrières » totalement ou difficilement franchis- sables. Il situe la première de celles-ci vers le VIe siècle avant l'ère chrétienne, où il place le commencement de ce qu'il appelle l'histoire proprement dite, « si bien que l'antiquité que celle-ci » envisage n'est, somme toute, qu'une antiquité fort relative ». Il admet que des fouilles récentes ont permis de remonter beaucoup plus haut dans le temps. « Seulement, ce qui est remarquable, » ajoute-t-il, c'est qu'il n'y a plus alors aucune chronologie certaine, » si bien que les divergences dans l'estimation des dates des objets » et des événements portent sur des siècles et parfois même sur » des millénaires entiers ; en outre, on n'arrive à se faire aucune » idée tant soit peu nette des civilisations de ces époques plus » lointaines, parce qu'on ne peut plus trouver, avec ce qui existe » actuellement, les termes de la comparaison qui se rencontrent » encore quand il ne s'agit que de l'antiquité "classique", ce qui » ne veut pas dire que celle-ci, de même que le Moyen Age, qui » est pourtant encore plus proche de nous dans le temps, ne soit » pas fort défigurée dans les représentations qu'en donnent les » historiens modernes. D'ailleurs, la vérité est que tout ce que les » fouilles archéologiques ont fait connaître jusqu'ici ne remonte » qu aux environs du début du Kali-Yuga*, où se trouve naturelle- » ment placée une seconde "barrière" ; et, si l'on pouvait franchir » celle-ci par un moyen quelconque, il y en aurait encore une troi- » sième correspondant à l'époque du dernier grand cataclysme » terrestre, c'est-à-dire celui qui est désigné traditionnellement » comme la disparition de l'Atlantide ; il serait évidemment tout » à fait inutile de vouloir remonter encore plus loin car, avant que » les historiens soient parvenus à ce point, le monde moderne aura » eu grandement le temps de disparaître à son tour ! »

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Le grand orientaliste, dans le passage de son œuvre que nous venons de citer et de paraphraser longuement, émet toute une série d'idées nouvelles. Deux d'entre elles retiendront particulière- ment notre attention. L'une se retrouve, fort joliment exprimée, au début du film tiré récemment du roman de L.P. Hartley, le Messager. On y entend une voix déclarer : « Le passé est un autre pays : la langue et les cou- » tûmes n'y sont pas les mêmes. » On ne peut valablement inter- préter un objet du passé qu'en se replaçant dans l'état d'esprit de ceux qui lui ont donné naissance. Si nous prenons le cas des égyptologues, Schwaller de Lubicz nous semble être le seul à penser comme un Egyptien de l'Antiquité. Même lorsqu'on n'ignore pas tout de la civilisation d'où provient l'objet, cette adaptation est un exercice malaisé. Mais plus grande encore est la difficulté, cela va de soi, quand on ne sait rien des hommes qui ont édifié le monument ou fabriqué l'objet dont on entreprend l'étude. Situation dans laquelle on se trouve dans le cas de Carnac et de Stonehenge, entre autres exemples. Le présent ouvrage perdrait tout son sens si nous ne tentions de surmonter cette difficulté.

. Cf. Schwaller de Lubicz : le Temple dans l'Homme

(Le Caire, 1948); le Temple de l'Homme

(3 vol.); Caractères (1958); le Roi de la théocratie

pharaonique (1961); le Miracle égyptien ( 1963) ;

Propos sur Esotérisme et Symbole (Paris, Flammarion, 1962). . Voir Fulcanelli : les Demeures

philosophâtes (réimp., Paris, Pauvert, 1960);

le Mystère des cathédrales (réimp. Paris, Pauvert, 1960).

La seconde idée de Guénon que nous retiendrons est que le sens des objets anciens échappe à nos yeux de modernes, surtout s'ils proviennent d'une civilisation plus avancée que la nôtre. Comme le dit Chesterton : « Un œil neuf ne voit pas l'invisible. » Eh bien, nous nous efforcerons, quant à nous, de voir l'invisible, d'aller au cœur des objets et des monuments, d'en explorer les profon- deurs. Nous nous inspirerons de l'exemple de Schwaller de Lubicz*, qui a retrouvé les proportions du corps humain dans le temple de Louksor, et de celui de Fulcanelli*, qui a déchiffré les messages contenus dans la structure des cathédrales.

♦ Dans les Voix du ciel, ouvraee non traduit en

français.

Un objet venant du passé est un message inconscient. Un monu- ment venant du passé est un message conscient, qui peut être rédigé dans une langue que nous ignorons. Stanislas Lem*, brillant auteur de science-fiction et essayiste polonais, a très justement fait obser- ver que l'homme ne connaît que deux espèces de langage : — le langage écrit ou parlé, qu'il utilise pour communiquer avec son semblable et dont les diverses langues ne sont que des variantes ; — le langage génétique, celui de la vie même et qui est beaucoup plus ancien.

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A ces deux langages connus peuvent venir s'ajouter d'autres langages, fait remarquer Lem. Le langage des monuments pourrait être l'un d'eux et constituer un troisième moyen de communica- tion. Dans la traduction de ce langage, nous pousserons hardiment les choses, nous n'hésiterons pas non plus à relater les hypothèses marquées au coin de l'audace chaque fois qu elles parviendront à notre connaissance et que nous posséderons des références que nous pourrons citer.

♦ West (J.A.) et Tooner (J.G.) : The Case of Astrology (Londres, Penguin Books).

Nous ne mésestimerons ni ne sous-estimerons l'importance des messages transmis par les monuments à travers le temps. Ainsi que le notent John Anthony West et Jan Gerhard Tooner* : « En 1973, on s'aperçoit de plus en plus que les cathédrales sont » une nécessité, et les W.C. un luxe. »

♦ Voir Bergier (3 ) : les Extra-terrestres dans l'Histoire (Paris, Ed. «J'ai lu», n° A 250, 1974).

Seront encore bannis de cet ouvrage deux thèmes pourtant fort à la mode : la Tradition et les extra-terrestres. La Tradition, parce que nous n'avons jamais rencontré de véritables initiés et que, par

. conséquent, nous n'avons aucun moyen d'apporter des éléments définitifs sur ce sujet. Les extra-terrestres, parce que leur interven- tion n'a jamais été rigoureusement établie, et aussi et surtout parce que l'un des auteurs de ce livre leur a déjà consacré un ouvrage*.

♦ La description de ces découvertes sous la plume d'un Noir a pu tout de même paraître. Voii Vuzumazulu Mutwa : Indabo, my children (Johannesburg, Blue Crane Books, 1964).

Nous nous efforcerons de faire au mieux le départ de l'imagination et des faits établis. Le roman et la bande dessinée feront l'objet des deux derniers chapitres. Si Tintin et Rider Haggard ont leur impor- tance, on ne peut cependant la confondre avec celle des objets — visibles ou tangibles — légués par le passé. En mêlant, comme le font certains, fiction et réalité, en considérant comme un fait établi les aventures d'Arsène Lupin comme celle de la Comtesse de Cagliostro, on fait un tort énorme à la cause de l'archéologie fantastique, une cause qui doit être défendue. Par attachement au rationalisme, par racisme (nous posons la question : le racisme n'est-il pas une forme de rationalisme ?), des recherches ont été étouffées dans ce domaine. C'est ainsi qu'en 1972 le directeur — blanc — des Antiquités de la Rhodésie a été chassé de son poste pour avoir démontré qu'une puissante civilisa- tion — noire — avait construit Zimbabwe*. Un déblocage des crédits en faveur de l'archéologie fantastique ne pourra être obtenu que si l'on parvient à créer dans le public un courant d'intérêt assez fort pour cette passionnante activité.

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LE MYSTÈRE A PORTÉE DE LA MAIN

La tour Saint-Jacques n'est pas l'un de ces monuments mystérieux que seuls quelques favorisés ont eu l'occasion de voir et de visiter. L'édifice s'offre à la vue de quiconque sort de la station de métro « Châtelet », à Paris, ou se promène à l'angle de la rue de Rivoli et du boulevard Sébastopol.

# Nous remercions tout particulièrement, M. Elie-Charles Flamand pour l'envoi de son livre, la Tour Saint-Jacques (Paris, éd. Lettera Amorosa), livre infiniment précieux, dédié à la mémoire de quatre maîtres de la recherche secrète : Henri Hunwald, Claude d'Ygé, Jean Palou, Gérard Heym.

Mais qu'est exactement cette construction* ? Il semble qu'elle ait joui de quelque protection mystérieuse. Nous verrons, en en examinant l'histoire, ce qui peut suggérer une telle hypothèse. Sa construction a été entamée en 1509 et achevée quatorze années plus tard, en 1523. Si les formes ogivales de sa base sont caractéris- tiques du gothique flamboyant, la richesse ornementale de sa partie supérieure porte la marque du début de l'art renaissant.

Une statue de saint Jacques-le-Majeur se dresse au-dessus de la plate-forme carrée que 52 mètres séparent du sol et aux angles de laquelle se trouvent un lion et un bœuf ailés, un aigle et un ange. « Ces sculptures, précise E.-C. Flamand, ne sont d'ailleurs » que de fidèles copies mises en place au dix-neuvième siècle, lors » des restaurations de la Tour. Trois des originaux, le lion, le bœuf » et l'aigle, dégradés par le temps, hantent le square (qui entoure » le monument). Ils sont l'œuvre de Rault, un humble "tailleur » d'ymaiges" médiéval. L'histoire ne nous a conservé que son » nom et la mention de la minime somme (20 livres tournois) qui » lui fut comptée pour son labeur. »

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DU LIVRE D'EZECHIEL A L'APOCALYPSE DE JEAN

♦ Ezéchiel, lII, 14

Ces statues sont une illustration du plus ancien ouvrage de science- fiction du monde, le livre d'Ezéchiel. Ezéchiel et, plus tard, saint Jean décrivent des êtres étranges : « La main de Yahvé fut sur moi, dit le visionnaire hébreu, et, » comme je regardais, il vint du Nord un vent de tempête chassant » un grand nuage environné de lumière et un globe de feu dont le » centre avait l'éclat du vermeil. Au centre se détachait l'image » de quatre êtres dont voici l'aspect. Ils ressemblaient à des êtres ,> humains. Chacun d'eux avait quatre faces ; chacun d'eux avait » quatre ailes. Leurs jambes étaient rigides et la plante de leurs » pieds rappelait la plante et les pieds du veau ; ils étincelaient » comme le bronze poli. Des mains humaines sortaient de dessous » leurs ailes sur leurs quatre côtés. Leurs visages à tous quatre ne » se tournaient pas quand ils marchaient : chacun allait droit » devant soi. Et voici l'aspect que présentaient leurs faces : ils » avaient tous quatre une face d'homme par-devant, tous quatre une » face de lion à droite, tous quatre une face de taureau à gauche et » tous quatre une face d'aigle tournée vers l'intérieur. Leurs ailes » étaient levées et déployées ; chacun avait deux ailes qui touchaient » chacune l'aile voisine et deux qui lui couvraient le corps. Ils » allaient chacun devant soi : là où l'Esprit voulait aller, ils allaient » et n'avaient pas à se tourner en avançant. Entre ces êtres, on » voyait quelque chose comme des charbons incandescents, comme » des torches qui circulaient entre ces êtres ; ce feu projetait un » vif éclat, il en sortait des éclairs.. »

♦ Apocalypse de Jean, ';v, 1 et 6-8.

Pour le prophète de Patmos, les êtres mystiques font l'ornement du siège de Dieu : « ... Je vis qu'une porte était ouverte dans le » ciel et la voix que j'avais entendue au début, cette voix pareille » au son d'une trompette, qui m'avait parlé, me dit : "Monte ici » et je te montrerai ce qui doit arriver dans la suite." Aussitôt, je » tombai en extase et je vis un trône placé dans le ciel [...]. Au » milieu du trône et tout autour du trône quatre animaux tout » pleins d'yeux par-devant et par-derrière. Le premier animal res- » semble à un lion, le second à un taureau ; le troisième a un visage » pareil à celui d'un homme et le quatrième est semblable à un » aigle qui vole. Les quatre animaux ont chacun six ailes ; sur leur » pourtour et leur dessous, ils sont remplis d'yeux̂ . »

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LA TOUR SAINT-JACQUES ET SES SYMBOLES

Pour les alchimistes, nous sommes là en présence des Eléments ou modalités de la substance unique. Le lion symbolise le feu ; l'ange, l'eau ; l'aigle, l'air, et le bœuf, la terre. La tour et l'alchimie ne sont pas sans avoir entretenu des rapports. La tour paraît bien être le clocher de l'église Saint-Jacques-de-la- Boucherie érigée sur un emplacement où une chapelle de l'époque carolingienne était, au début du XIIe siècle, devenue paroisse, avec saint Jacques-le-Majeur comme patron. De travaux en agrandisse- ments, l'église avait doublé de surface vers le milieu du xive siècle. Puis on continua à lui apporter des embellissements, dont le dernier fut la tour-clocher. L'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie fut saisie comme bien natio- nal en 1790. Vendue le 2 floréal an V (21 avril 1797), elle fut alors démolie, à l'exception de la tour dont le contrat de vente (411 200 francs) stipulait qu'elle devait être préservée. N'avions-nous pas quelque motif d'évoquer une certaine protection mystérieuse ? Rien n'empêche de rêver sur la signification de cette clémence. Pour nous, nous voudrions fournir à nos lecteurs un autre sujet de méditation que peut inspirer ce que le poète André Breton appelait « le grand monument du monde irrévélé ». En effet, la liste des « coïncidences significatives » liées à la tour Saint-Jacques est fort longue, et on serait tenté de les mettre en doute si elles n'apparaissaient sous des formes on ne peut plus concrètes. Car il est incontestable que des fouilles faites au pied de la tour ont mis au jour une statue du dieu Hermès, « patron » de l'alchimie. La statue se trouve au musée Carnavalet.

♦ Eliade (M.) : Forgerons et alchimistes (Paris, Flammarion, 1956).

Il est non moins exact que l'on a également découvert là des traces d'un ensemble métallurgique qui a fonctionné du VIe à la fin du IXe siècle. Ce qui nous ramène à l'alchimie puisque celle-ci, à l'origine, est liée aux rites et mystères des métallurgistes, ainsi que le rappelle E.-C. Flamand, en se référant à l'ouvrage de Mircéa Eliade, Forgerons et alchimistes..

NICOLAS FLAMEL

♦ Sur Nicolas Flamel \ oir Ziegler (G. ) : Nicolas Flamel (Paris, C.A.L., 1971).

Nicolas Flamel* est très certainement demeuré le plus célèbre des écrivains publics qui exercèrent leur art à l'ombre de l'église Saint- Jacques-de-la-Boucherie. C'est sa renommée d'alchimiste qui lui a

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valu de franchir les siècles. Coïncidence, une de plus : il mourut le 22 mars 1417, à l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire le jour même où la tradition veut que soit entamé le travail alchimique. La dalle funéraire de son tombeau disparut à l'époque où fut détruite l'église. On l'a retrouvée au xixe siècle chez un marchand de coquilles de la rue de Seine. Elle porte l'inscription : « Feu Nicolas Flamel iadis escrivain a laissé par son testament à » l'euvre de ceste église, certaines rentes et maisons qu'il avait » acquestées à son vivant, pour faire certain service divin et distri- » bucions d'argent chascun an, par ausmone touchans les quinze » vins, lostel Dieu et autres églises et hospitaux a Paris. Soit prié » pour les trespassez. » On peut voir cette dalle au musée de Cluny. La tour devint, au début du xixe siècle, la propriété d'un industriel du nom de Dubois. Il y installa une fabrique de plomb de chasse. Mais il vendit aussi de l'or. Curieuse coïncidence. Une de plus. Car « plomb des sages », n'est-ce pas ainsi que les alchimistes appellent le minéral brut qu'ils emploient ? Gérard de Nerval, nul ne songe à le contester, était un amoureux de la tour Saint-Jacques. Il avait écrit, en collaboration avec Alexandre Dumas, une pièce que ce dernier signa seul, l'Alchimiste, qui mettait en scène Nicolas Flamel. C'est à deux pas de là que le 26 janvier 1855, par une nuit glaciale, dans la rue de la Vieille- Lanterne qui s'ouvrait alors au milieu de la façade actuelle du théâtre Sarah-Bernhardt (aujourd'hui Théâtre de la Ville), se pendit le poète des Chimères. Autre passionné de la tour : le grand graveur Charles Meryon, qui fait figurer le monument dans son chef-d'œuvre : le Strige.

SYMBOLES ALCHIMIQUES ET ESOTERIQUES

En plus des statues dont nous avons déjà parlé, on trouve égale- ment sur la tour de nombreux symboles alchimiques et ésotériques. Le monument aurait été construit grâce à des fonds laissés à cet effet par Nicolas Flamel. Ce n'est toutefois là qu'une hypothèse qu'aucun fait précis ne permet de transformer en certitude. En 1648, Blaise Pascal utilisa la tour pour se livrer à des expériences tendant à établir la différence de la pression atmosphérique au pied et au sommet de l'édifice. Mais l'auteur des Pesée s a-t-il pu mesu- rer l'atmosphère de mystère dans laquelle baigne la tour ? Ce

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mystère, quel est-il ? Si l'on pouvait répondre à cette question, celle-ci aurait perdu son objet, car il n'y aurait plus de mystère. Là encore, nous devrons nous contenter d'une hypothèse.

♦ Voir Pauwels (L.) et Bergier ( J. ) : le Matin des magiciens (Paris, Gallimard. 1960, et coll. « Fo)io..).

L'un des auteurs de cet ouvrage a montré que les instruments de l'alchimie pouvaient être utilisés pour l'observation de l'espace. On a constaté, en effet, que, lors d'une expérience alchimique, la pellicule d'oxyde recouvrant un alliage fondu contenu dans un creuset se déchire soudainement en laissant apparaître l'image de notre galaxie.. Ne peut-on imaginer que la même méthode est valable pour l'obser- vation du temps (toutes les traditions abondent en descriptions de divination avec du métal fondu) ? Et la tour Saint-Jacques n'au- rait-elle pu être un observatoire du temps comme il y a un observatoire de l'espace ?

♦ Paris, Denoël, 1954.

Cette théorie a été défendue devant nous par des gens spécialisés dans l'étude des énigmes que l'on rencontre dans la capitale. Pour nous, nous sommes tentés de croire que le champ des mystères que rayonne la tour Saint-Jacques trouve là son origine. Cet antique mystère de Paris se perpétue jusqu'à notre époque à travers les coutumes, le folklore, les mœurs curieuses. Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur cet aspect des choses, ce livre s'intéressant non pas à l'anthropologie, mais à l'archéologie. Toutefois, nous ne pouvons que recommander chaleureusement la lecture du très beau livre de Jacques Yonnet, Enchantements sur Paris.. Il contient un extraordinaire récit d'expériences vécues entre 1940 et 1953, ainsi que l'indication d'un certain nombre de pistes que devraient bien suivre les archéologues.

N'est-il pas intéressant d'apprendre que la rue Xavier-Privat (ancien- nement rue Zacharie) figure sous le nom de Witchcraft Street — rue de la Sorcellerie — sur un plan de Paris dressé vers l'an 1600 par des moines irlandais ? Vous ne pourrez plus ignorer, grâce à Jacques Yonnet, que, dans ce même quartier, au coin de la rue Galande, s'élève l'Auberge des Trois Maillets, la plus ancienne de Paris, fondée en 1292. Elle servait de lieu de réunion aux artisans qui confectionnaient les personnages bibliques ornant les chœurs nord et sud de Notre-Dame. Il y a, sous l 'immeuble, plusieurs étages de caves. L'une d'elles contient les instruments de torture utilisés à la prison du Châtelet. La plus basse que l 'on connaisse date de l'époque gallo-romaine, mais il semble bien qu'il en existe de plus profondes encore.

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Cet ouvrage LES NOUVEAUX

MYSTÈRES DE

L'ARCHÉOLOGIE appartient à la BIBLIOTHÈQUE

DE L'IRRATIONNEL

Sur une mise en page de Jean Garcia il a été imprimé

sur les presses des PETITS-FILS

DE LÉONARD DANEL maîtres imprimeurs A LOOS-LEZ-LILLE

L'iconographie a été réunie par

Myriam Sicouri-Roos numéro d'éditeur: 638

numéro d'imprimeur: 8623

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