la crÉation de jardins familiaux - lancredelune.fr · au public : rivière, forêt… ils peuvent...

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LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX D e l u s a g e a u p a y s a g e D e l u s a g e a u p a y s a g e

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LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

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Le choixde clôtures et de haies • p. 40

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Les abris à matériel • p. 46

Le sol et la gestion des déchets verts • p. 58

La gestion de l’eau et l’énergie • p. 52Annexes • p. 70

LES JARDINS FAMILIAUX, HIER ET AUJOURD’HUI

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

C’est à la fin du XIXe siècle, dans lamouvance hygiéniste, que l’abbé Jules Lemire, député-maire d’Hazebrouck dans leNord, imagine les jardins ouvriers pour amé-liorer la situation des familles. Ces jardins participent aussi à un certain ordre social. En effet, s’ils offrent aux ouvriers la possibilitéde compléter les ressources du ménage parune production alimentaire supplémentaire, ilsleur permettent d’échapper à leur taudis en

profitant d’un air plus respirable et en les éloi-gnant aussi des cabarets.

Dans cet esprit, l’abbé Lemire fondera en1896 la Ligue française du coin de terre et dufoyer dont est aujourd’hui issue la Fédérationnationale des jardins familiaux et collectifs(FNJFC).C’est dans ce contexte de développement industriel que les jardins familiaux s’organisent

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

et s’implantent dans les cités ouvrières oudans les banlieues du début du XXe siècle.

Les périodes de guerre favoriseront la multi-plication des parcelles cultivées en potagers,qui atteindront leur apogée au début des

années 50. D’ailleurs, le cadre légal du jardin familial sera défini dans le Code rural par la loidu 26 juillet 1952 : les jardins familiaux doiventêtre gérés par des associations de type Loi1901, et leur production ne peut être liée qu’àun usage familial(1).

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Les jar

dins familiaux de Fontainebleau bénéficient d’un contexte boisé.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

inondable…), à l’heure de la ville dura ble,compacte, accessible et économe en sol, ilsrévèlent un potentiel important pour la cité etses habitants, tant sur le plan social que sur leplan du paysage et du cadre de vie.

En effet, au-delà de l’aide matérielle qu’ils apportent aux familles, ils sont générateurs deliens sociaux forts car mélangent générations,

provenances sociales ou géographiques, et références culturelles, en devenant ainsi un véritable creuset territorial.

Ils participent également à l’épanouissementindividuel par la pratique du jardinage, et peu-vent constituer un excellent support d’initiationà l’environnement.

Avec la croissance économique qui marquerales années 60 et le développement des maisons individuelles, ces terrains collectifsseront souvent délaissés au profit des jardinsprivés particuliers, jusqu’à la nouvelle périodede récession des années 80 où l’on constateraun regain d’intérêt pour des structures deproximité au mode de gestion assez souple.

Aujourd’hui de nouvelles motivations semblentgénérer la demande de jardins familiaux. Les jardiniers présentent des profils plus variés, ce qui incite à croire que la production

de fruits et légumes frais n’est pas - systé-matiquement - leur unique motivation. Le plaisirde se rapprocher de la nature, l’envie deconvivialité, de même que le souhait d’une alimentation plus saine, motivent de plus enplus les habitants des villes, reflétant despréoccupations plus contemporaines.

Alors que par le passé, les jardins familiauxétaient fréquemment confinés aux espaces délaissés de la cité, difficiles d’accès etexempts de possibilité de construction (talusSNCF, emprise de ligne à haute tension, zone

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Depuis la promenade, les jardins familiaux de Meaux offrent leur paysage ouvert.

Installés dans un verger ancien, les jardins d’Émerainville sont au cœur de la ville.

Ils constituent des surfaces de terre non im-per méabilisées en milieu urbain, et peuventparticiper à la mise en réseau d’espaces trèsdivers tels que boisements, parcs privés ou publics, jardins individuels, favorables audéplacement de la petite faune, et de façon générale au maintien de la biodiversité.

Imaginer les ensembles de jardins potagers dedemain participe à l’enrichissement du patri-moine urbain, paysager, environnemental, maisaussi humain, et justifie qu’ils fassent l’objetd’une réflexion préalable et partagée.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Les ensembles de jardins familiaux constituentd’autre part des sites ouverts végétalisés desuperficie non négligeable qui sont autant derespirations dans le tissu bâti, particulièrementdans les secteurs denses et dans les quartiersd’habitat collectif. En frange urbaine, maisaussi en limite d’un bourg rural, ils permettentde souligner une silhouette bâtie, de maintenirun cône de vue sur un élément patrimonial, ou d’accompagner un site naturel ouvert au public : rivière, forêt… Ils peuvent enfins’insérer judicieusement dans un réseaud’espaces publics ou de cheminements en enrichissant le cadre de vie de tous.

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À Coulommiers, la promenade longe le Morin et les jardins potagers.

À Nangis, les jardins familiaux assurent la transitionpaysagère entre le plateau agricole et le bourg.

Bâti dense et jardins potagers se côtoient dans ce quartier de Provins.

Des jardins existants sont parfois porteurs de l’histoire d’un site, comme ici à Melun, le long de l’Almont, emplacement depuis plusieurs siècles de l’ancienne propriété de « La communautédes Carmes ».

LES DIVERSES FORMES DE JARDINS

inégales, et se situer aussi bien en agglomé-ration qu’en périphérie. Une légère variante :dans quelques villes, souvent en raison d’unelongue pratique des jardins, certains sont gérésdirectement par la collectivité, sans interven-tion d’une association ; ainsi à Strasbourg, surun très important patrimoine de jardins, soit4600 parcelles, un tiers seulement est géré pardes associations. Dans l’absolu, de tels jardinsne relèvent donc pas de la définition légale desjardins familiaux ; mais dans la pratique, leurconception et leur mode de fonctionnementquotidien en font des ensembles très prochesdes jardins familiaux.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Si les « jardins familiaux » correspondent à laplupart des sites de jardins regroupés que l’ondécouvre ici ou là, il s’avère que de nombreuxtypes de jardins existent, que l’on peut distin-guer comme suit :

Jardins individuelsIl n’est pas rare que des potagers privés occu-pent la frange des bourgs ; cela constitue d’ailleurs des paysages de transition très inté-ressants. Il peut s’agir de terrains privés en location. Même si une ambiguïté subsiste - auplan juridique - lorsqu’un espace ainsi louépour du jardinage est une terre agricole, de telsjardins peuvent constituer une réponse simpleà des attentes locales, surtout en milieu rural,car toutes les habitations n’y sont pas dotéesde jardin. Selon leur mode d’aménagement etde gestion, ils peuvent utilement occuper desespaces non construits au sein des bourgs, ouassurer une transition paysagère entre ceux-ci et les milieux environnants. Mais ils peuvent

aussi avoir un impact visuel décevant, faute derègles collectives, et de rigueur de la part deslocataires comme du propriétaire (cabanonshétéroclites, clôtures disparates, fûts de toutessortes, accumulation de matériaux ou de déchets…). Seul le Plan local d’urbanisme(PLU) pourra cadrer ces secteurs spécifiques.

Jardins familiaux Ils répondent à la conception initiale des jardins« ouvriers » et à la définition réglementaireexposée précédemment ; le foncier appartientsoit à la collectivité, soit à l’association ges-tionnaire, ou encore celle-ci l’occupe à titre locatif. Les associations sont, généralement,spécifiques à un groupe de jardins, mais ellespeuvent aussi en gérer plusieurs, répartis parexemple en divers points d’une ville. Elles peu-vent aussi être affiliées à l’une des Fédérationsexistantes(2) : la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs, ou à Jardinot -le jardin du cheminot. Quant aux jardins eux-mêmes, ils peuvent être de dimensions très

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Ici, les jardins potagers sont loués par un propriétaireà différents particuliers.

Jardins familiaux de Nemours.

Les jardins de Pontault-Combault ont été aménagés etsont gérés par la Fédération nationale des jardinsfamiliaux et collectifs.

Dans cette zone de jardins, l’absence d’abriset de clôtures renforce la qualité du paysage.

on pourra trouver de petites parcelles indivi-dualisées, même si la gestion globale reste,bien sûr, collective. On notera qu’à peu de variantes près, de tels jardins se retrouventaussi avec des qualificatifs tels que : « commu-nautaires », « collectifs d’habitants », « urbainsde proximité » ou encore « de quartier ». Certains sont de taille extrêmement modeste(125 m2 pour le plus petit de Paris), et le plussouvent ils dépassent rarement 500 m2.S’agissant d’initiatives conservant toujours uncaractère assez spontané, on ne s’étonnerapas d’y trouver des variantes autour desquelques principes de base évoqués ci-dessus.

Leur rapide évolution et la multiplicité des acteurs impliqués dans ces jardins ont fait ques’est déjà constitué un réseau français des jardins partagés, animé par Le Réseau du Jardin dans tous ses états(3), et que l’associationTerre Vivante(4) a récemment produit un ouvragequi en décrypte toutes les facettes.

En tout cas, l’indéniable succès rencontré par ces jardins mériterait que l’on y prête bienplus attention, qu’on les retienne comme de réelles opportunités au niveau social, envi-ronnemental et urbain, et que dès lors on enfacilite l’apparition.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Jardins partagés Ils résultent d’un concept encore récent, venudes États-Unis, expérimenté il y a une dizained’années en France, dans le Nord, mais se gé-néralisant rapidement à de nombreusesgrandes villes. À Paris, qui en possède déjà unecinquantaine, les trois quarts se situent sur le

domaine de la Ville. À l’origine, ces jardi ns résultaient de l’appropriation par un collectifd’habitants d’espaces publics délaissés. Ces groupes y créaient un jardin, potager ouornemental, dans une recherche essentielle-ment sociale de partage de loisirs et d’objectifscommuns : se connaître, retrouver la nature enville, cultiver « bio », organiser des fêtes, inviterles autres habitants... Répondant à une demande sociale forte, ces nouveaux jardins –qui peuvent parfois revêtir un caractère éphé-mère, du fait de leur installation sur des terrains en attente d’affectation – ne bénéficientpas encore d’un statut particulier. Néanmoins,un projet de loi sur les jardins « collectifs » (familiaux, partagés, ou d’insertion), approuvépar le Sénat en octobre 2003, mais, malheureu-sement, pas encore par l’Assemblée nationale,permettrait leur reconnaissance juridique. Ils ysont définis comme suit : « des jardins créésou animés collectivement, ayant pour objet dedévelopper des liens sociaux de proximité parle biais d’activités sociales, culturelles ou édu-catives, et étant accessibles au public ».

A l’usage, il s’avère que leur mise en place estconcertée avec le quartier, le règlement y est éta-bli en commun (parfois il s’agit de l’application de chartes), la pratique du jardinage est respec-tueuse de l’environnement et de la biodiversité,et des activités diverses sont organisées à l’initiative des jardiniers eux-mêmes : planta-tions, fêtes, ouverture au public, œuvres d’art…enfin, la production bénéficie à l’ensembledes jardiniers. Dans certains de ces jardins,

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Le jardin partagé de l’Aligresse, dans le XIIe arrondissementde Paris, est accessible depuis un jardin public.

Organisation des parcelles individuelles du jardin partagé du square Boutroux, dans le XIIIe arrondissement de Paris.

surélevés permettant à un public, handicapéphysiquement, de consacrer une partie de sontemps au jardinage. Apparaissent même dés-ormais des jardins à but thérapeutique au seind’établissement hospitaliers ou de résidencesmédicalisées. A Bron (Rhône), cet accueil estfacilité par la réalisation de bacs de dimen-sions et de formes diverses ; il en est de mêmeà Trélazé, dans le Maine-et-Loire, où des bacs,conçus par la FNJFC ont été fabriqués par les ateliers municipaux. Le mode d’attributionet de gestion de ces parcelles est générale-ment similaire à celui du jardin auquel ils

appartiennent.Même s’il s’agit d’un contre-exemple, il n’estprobablement pas inutile de citer aussi les jardins « de loisirs ». A ce stade, où lapartie d’agrément l’emporte, quelquefois totalement, sur le potager, et où le cabanonévolue presque vers une petite résidence secondaire, on est loin des objectifs et de ladéfinition des jardins familiaux. En effet pourdes sols entrants, à l’origine, dans un cadrelégal parfaitement défini, leur évolution versune finalité qui ne relève plus de celui-ci,crée de fait, une situation irrégulière au re-

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Jardins d’insertion Le projet de loi évoqué plus haut les définitcomme étant « créés ou utilisés en vue de favoriser la réintégration des personnes en situation d’exclusion ou en difficulté sociale ouprofessionnelle ». Ils sont généralement consti-tués de parcelles collectives, mais peuventparfois comprendre des parcelles individuellesattribuées temporairement à certaines de cespersonnes. Plusieurs types de jardins d’inser-tion existent, qui ont été clairement décrits parle Collectif jardins d’insertion en Ile-de-France(5) : le jardin d’insertion sociale a pourbut de recréer des liens sociaux entre des personnes en difficulté ou en fort isolement.Les personnes accueillies apprennent à gérercollectivement le jardin dont la production estauto-consommée, ou cédée à une associationcaritative. Le jardin d’insertion par l’activitééconomique est collectif, structuré comme uneentité agricole, avec pour finalité une capacitéde retour à l’emploi. Les personnes y sont em-

ployées et formées, et y assurent une produc-tion - le plus souvent maraîchère - qui peutêtre vendue (en boutique, au marché, ou biensous forme de panier à des adhérents), ou encore cédée à une association caritative.Enfin, les Centres d’Aide par le Travail à activitéagricole sont des établissements médico-

sociaux ayant vocation à assurer une activitérégulière à un public spécifique (handicapé), autravers de la production légumière ou horticole ;généralement, la production est commercialisée.

Jardins pédagogiques À destination des adultes, mais plus souventdes jeunes - soit sur le temps scolaire, soit autitre des activités de loisirs - ils sont gérés pardes villes, des associations... Généralement detaille modeste, ce sont des lieux d’initiation, dedémonstration, ou de sensibilisation au jardi-nage biologique ou au développement durable...Même s’ils existent parfois en tant que tels, ilsse résument fréquemment à une parcelle inclusedans un jardin public ou dans l’un des groupesde jardins cités précédemment. A La Ciotat(Bouches du Rhône), un jardin pédagogique a étéentièrement conçu pour l’accueil d’enfants malades ou handicapés, et en particulier desaveugles : « Les Jardins de l’Espérance ».

Enfin, mais il ne s’agit alors que de parcellesaménagées distinctement, au sein de jardinsplus vastes (jardins familiaux, ou partagés), on commence à trouver des jardins pourhandicapés ; il s’agit, le plus souvent, de bacs

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Petit à petit, la parcelle individuelle peut évoluer d’un jardin potager vers un jardin d’agrément,

remettant en cause le principe même des jardins familiaux.

Centre d’accueil pour demandeurs d’asile quimet des parcelles à la disposition de ces derniers… Quant aux jardins familiaux de Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), on y découvre unegrande parcelle, gérée collectivement, indé-pendamment des 18 parcelles individuellesconstituant ce groupe. De même à Nice, où une« parcelle solidaire » est cultivée collectivementpar les jardiniers - ce qui est prévu au règlementintérieur - ainsi que par d’autres bénévolesdu quartier, afin de donner la production à une

épicerie solidaire. A Saint-Quentin (Aisne) laSociété des Jardins Ouvriers, qui est l’une desplus importantes de France, sert de support à trois chantiers d’insertion, employant unequarantaine de personnes. L’atelier menuiserie,par exemple, a permis de réhabiliter les abrisde presque tous les sites de l’association. Ainsi,et sans multiplier les exemples, il apparaît clairement que les jardins familiaux peuventêtre à l’origine d’expériences originales, etévolutives, adaptées au contexte local. Jardins familiaux, jardin pédagogique, jardind’insertion, et parcelles pour handicapés peuvent ainsi se combiner, dans un projet global, au besoin par étapes successives, et àla condition que cela soit voulu et compris localement, ainsi qu’imaginé et mis en œuvrede façon concertée. Quant aux jardins partagésce sont surtout des parcelles à vocation péda-gogique, voire des parcelles pour handicapésqu’ils peuvent comprendre. La multiplicité desjardiniers intervenant simultanément sur lesite, et leur large ouverture au public, ne faci-litent probablement pas l’accueil de personnesen trop grande difficulté, autrement que defaçon ponctuelle, et spontanée, à l’image du fonctionnement quotidien de tels jardins.Dans ces jardins la créativité et la convivialitél’emportent largement sur l’objectif d’une production potagère.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

gard de la Loi, pouvant aboutir à des tentativesd’appropriation définitive sur lesquelles il pour-rait être très difficile de revenir. En excluant ce dernier cas, on rencontrera, enpratique, des jardins combinant plusieurs descatégories présentées ci-dessus, en fonctiondu contexte et de la volonté des acteurs locaux.Ainsi a-t-il été attribué au milieu des jardins familiaux d’Arles, un espace pédagogique à

destination des enfants du Centre social duquartier, une parcelle caritative à la section locale du Secours populaire, mais aussi un jardin thérapeutique à destination d’un servicede psychiatrie pour adultes. A Colmar, deschômeurs cultivent une parcelle mise à dispo-sition par les jardins familiaux, la productionétant remise à un restaurant destiné aux plusdémunis. Dans ceux de Besançon, c’est un

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Variété de parcelles à cultiver dans les jardins familiaux de Champs-sur-Marne.

La parcelle réservée aux écoliers est clairement identifiéedans le groupe de jardins familiaux de Fontainebleau.

LES JARDINS FAMILIAUX, DANS LE PROJET URBAIN

Le projet urbainPour la pérennisation et le développement dejardins familiaux de qualité, divers facteurspeuvent entrer en jeu, et en premier lieu l’inté-gration de leur conception dans une réflexionsur le projet urbain. De nombreuses collectivi-tés programment d’ailleurs aujourd’hui des

ensembles de jardins familiaux systématique-ment en appui de tout projet d’espace vertd’ampleur. C’est le cas des parcs départemen-taux du Val-de-Marne, comme celui des Lilas àVitry-sur-Seine, qui abrite 78 jardins familiaux.Les espaces y ont été aménagés par la Direc-tion des Espaces verts et du Paysage du

24 25LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

L’étude de l’histoire de quelques sites de jardinsfamiliaux montre la fragilité de ces espaces.En 1986, une enquête menée par l’Institutd’aménagement et d’urbanisme de la RégionIle-de-France (IAURIF) identifiait en Seine-et-Marne 43 communes accueillant des ensemblesde jardins familiaux ; on constate aujourd’huique s’il y en a de nouveaux, d’autres ont hélasdisparu. Il n’est pas rare que le temps, la fai-ble protection réglementaire du foncier, lapression urbaine ou encore une défaillance degestion, soient à l’origine d’une disparition.Pourtant il existe un patrimoine à suivre etaméliorer, des projets à concevoir, et certai-nement des demandes à satisfaire…

La réhabilitation de l’existantLa création de jardins familiaux doit avant toutcorrespondre à un besoin exprimé ; inutiled’investir dans un site qui ne générera pas dedemandes car inadapté au contexte spatial ousocial. Mieux vaut envisager la remise à niveaudes équipements existants lorsque c’est le cas.Aider à la réhabilitation des clôtures, abris in-dividuels, espaces et équipements collectifspermet, dans un premier temps, de valoriserl’image des potagers.

Qui plus est, certains ensembles se situent parfois dans des sites remarquables qui peuventde la même façon bénéficier d’une réhabilitationd’image : une promenade en berge de rivière,un boisement public, un itinéraire de randonnée...

Dans tous les cas, le projet de requalificationdoit pouvoir porter à la fois sur les jardins et leur contexte, ce qui plaide en faveur del’intervention d’un professionnel pour enélaborer le cadre.

Certains jardins anciens ne manquent pas de charme; la réhabilitation de tels lieux lorsqu’elle est jugée nécessaire, demande délicatesse et concertation.

À Condé-Sainte-Libiaire, les potagers sont situés en zone inondable, à proximité de la mairie. Ils génèrent une ambiance et une identité paysagèreuniques en cœur de village.

sont aussi également les gestionnaires. Mais, conformément à la définition légale, lecas habituel est qu’une association de jardiniersassure la bonne gestion de l’ensemble de jardins.Tout autant que la situation dans la ville, etl’aménagement du site, il faudra que toutes lesconditions soient réunies pour assurer le bonfonctionnement et la pérennité de l’associa-tion. C’est principalement d’elle en effet quedépendront la qualité des relations humainesau sein des jardins, le bon fonctionnement deséquipements collectifs, mais aussi le respectdu règlement intérieur, garant de l’image desjardins vis-à-vis de la population extérieure àceux-ci.Le cas idéal de conception d’un ensemble dejardins familiaux, prenant en compte leur loca-lisation, leur taille, leur organisation spatiale etleurs différentes activités, associe dès le départ,autour des élus, les partenaires de gestion, eten premier chef les futurs jardiniers, organisésen association le plus tôt possible. Mais il estégalement souhaitable de penser à associer

les autres acteurs potentiels : les habitants,qu’ils soient futurs usagers ou seulement futurs riverains, bailleurs sociaux, associa-tions d’action sociale, environnementale ou culturelle, écoles, centres de loisirs, et parte-naires financiers…

26 27LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Val-de-Marne, avec implantation d’abris inno-vants dans des parcelles de 200 m2 clôturéeset végétalisées.

Choix de l’emplacement et facilité d’accès sontintimement liés et primordiaux dans la réussited’une réalisation. Inutile en effet de proposer àune famille modeste de cultiver ses légumessi elle n’a pas les moyens de se déplacer àmoindre coût sur le site du potager. Proximitéde l’habitat ou desserte par les transports encommuns sont évidemment nécessaires.Hélas, les opportunités et le coût du foncier ne sont pas toujours favorables à une telle démarche. Et, a contrario, il faut savoir que la collectivité devra proposer de nouveaux terrains aux jardiniers si elle est amenée à ré-quisitionner ceux qu’ils cultivent(6) ; avant d’en

arriver là, mieux vaut avoir bien réfléchi à la bonne localisation du projet. C’est là quel’outil de planification urbaine qu’est le PLU(7)

intervient, puisque la loi donne à la collectivité lapossibilité de préempter des terrains àdestination de jardins familiaux. Le PLU peutgarantir aussi l ’avenir des chemins ou espaces verts qui accompagneront le projet. Il permet également d’envisager des règle-ments de zones autorisant l’implantationd’abris de jardins adaptés au projet. Un peu partout en France, la plupart des pro-grammes de renouvellement urbain, portés parl’Agence nationale pour la rénovation urbaine(ANRU)(8), intègrent des programmes de jardinsfamiliaux. Les bailleurs sociaux, propriétairesdes terrains réaménagés, sont donc souventimpliqués dans la réalisation de ce genred’équipement, et, la plupart du temps, ils en

Implanter un groupe de jardins familiaux en centre-ville est rarement possible. La desserte en transporten commun, ou par des liaisons douces, est alors à prévoir (Les jardins familiaux des Coudreaux à Chelles).

À l’occasion de la réhabilitation de la cité-jardin de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), des jardinsfamiliaux ont été créés avec l’appui de la FNJFC.

Dans le parc départemental des Lilas à Vitry-sur-Seine,les jardins familiaux font le lien entre quartierspavillonnaires et parc public.Les jardins de Saint-Soupplets

LA CONCEPTIOND’UN ENSEMBLE DE JARDINS FAMILIAUX

les jardins s’insèrent dans leur environnementpeut être la meilleure défense contre le vol et les dégradations… Et bien mieux que leurclôture ! Échanges et respect mutuel sont probablement les meilleurs garants de leurpréservation. Il est donc important d’assurerune conception qui les favorise. Les circula-tions ainsi que le positionnement des haies declôture, leur hauteur, leur transparence, peuventpermettre aux passants de profiter de la vue surles jardins sans porter atteinte à l’intimité ou la tranquillité des jardiniers. En se l’appropriant,la vue sur ces micro-paysages devient partieintégrante du paysage urbain et commun,comme un espace vert traditionnel.Ainsi, la conception du Parc de Vert-de-Maisons à Maisons-Alfort(10) intègre, dans leparcours principal du parc, une vingtaine deparcelles de jardins familiaux uniquement sé-parés du cheminement par une lisse de boissymbolique. Le contenu du jardin participealors à la mise en scène de la promenade ; lesplantes à fleurs y sont d’ailleurs imposées aux

côtés des légumes par le règlement de l’asso-ciation gestionnaire. L’implication de la municipalité en matière de maintenance etd’entretien est alors très appréciable pour tousles usagers, promeneurs ou jardiniers. Elle assure de fait l’entretien des parties communes ouvertes au public : espaces verts,mobilier urbain, toilettes… Dans d’autres situations, il s’avérera possible d’accepterla présence du public selon des horairesprédéfinis, à la manière des squares urbains.

Le nombre de parcelles par entité de jardin,est, bien sûr, directement dépendant de l’espace disponible, comparé au nombre de demandeurs potentiels. A l’expérience, laFNJFC considère que des groupes de 50 à 60parcelles constituent de bonnes références :ce nombre est suffisant pour une vie associa-tive significative, et n’empêche pas la créationde liens entre la plupart des jardiniers.

30 31LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

La phase concrète de conception, à laquelle ilfaut savoir laisser le temps nécessaire àl’émergence d’un projet de qualité, nécessite,en premier lieu, de s’appuyer sur des compé-tences avérées. En effet, si l’on considèrequ’un ensemble de jardins familiaux participeà la vie de la cité et qu’il a un rôle dans le fonc-tionnement et l’aménagement de l’espace decelle-ci, il semble évident de le concevoir avecle même soin que celui que l’on porterait à unjardin public. Il est donc nécessaire dans unpremier temps de bien définir son programme- résultant, en particulier, des précédentséchanges - et de le soumettre à la réflexiond’un bureau d’études spécialisé, et plus op-portunément d’un paysagiste-concepteur(9). Un tel professionnel de l’aménagement est àmême de traduire en termes d’espaces les dif-férentes contraintes, d’adapter les jardins auxcaractéristiques paysagères et réglementairesdu contexte local, et d’apporter des réponsesesthétiques et techniques aux besoins en équi-pements, dans le respect des conditions du

milieu et des végétaux. Il prendra aussi encompte les contraintes d’entretien et de ges-tion à venir. Les principaux éléments de programme à in-tégrer dans le projet sont :• L’organisation générale, le rapport au site, et

les parcelles • Les équipements collectifs et les espaces

communs• Le choix de clôtures et de haies• Les abris à matériel• La gestion de l’eau et l’énergie• Le sol et la gestion des déchets verts• Le mode d’exploitation des jardins et les

plantations pérennes

L’organisation générale, le rapport au site et les parcelles Les jardins doivent à la fois répondre aux besoins pratiques des jardiniers, mais aussi fa-voriser la convivialité entre jardiniers et enversle public extérieur. D’ailleurs, la manière dont

Transparence des vues sur les parcelles de jardins à Meaux et Nangis.

Parc de Vert-de-Maisons, à Maisons-Alfort.

Parc de Vert-de-Maisons, à Maisons-Alfort.

d’agrément de plus en plus en vaste au coursdu temps, contribuant alors au risque de dérive évoqué plus haut. Quant à la forme desparcelles, elle sera surtout dictée par celle du

terrain affecté aux jardins familiaux ; la formerectangulaire est la plus courante, mais rienn’empêche des variantes. Enfin, pour la sépa-ration entre les parcelles, une étroite allée enherbée suffit à la matérialiser, avec une discrète borne destinée à éviter tout malen-tendu ultérieur. Par contre, selon la taille del’ensemble de jardins, une ou des allées plusconséquentes pourront s’avérer nécessaires,pour permettre le passage occasionnel de véhicules légers lors d’opérations particulièressur des jardins éloignés de l’entrée et du parking (travaux exceptionnels, voire secours).

32 33LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Si des activités particulières ont été décidéeslors des réflexions préalables, c’est à ce stadeque l’on introduira les besoins générés par des parcelles collectives, pédagogiques, d’insertion, ou encore pour les personnes handicapées.

Pour la taille des parcelles, il s’avère que sansmoyens mécaniques, une personne en bonnesanté peut assurer l’entretien d’un potager de 200 à 400 mètres carrés au maximum. Sachant que les jardins familiaux sont attribuésà des personnes de forme physique inégale,que le jardinage est pour un certain nombred’entre elles une activité liée à la détente, etcompte-tenu aussi de la difficulté à trouver degrands terrains disponibles pour créer des jar-dins familiaux, assez peu d’entre eux montrentdes parcelles de plus de 200 m2. Les valeursles plus fréquentes oscillent entre 100 et 150 m2. A Quetigny, en Côte-d’Or, les 230 jar-dins - ce qui, pour le nombre de parcelles, estélevé - font de 75 à 300 m2 ; il n’y a pas d’abriindividuel, mais un espace central et un bâti-ment qui, eux, sont collectifs ; il n’y a pas nonplus de clôture individuelle. Dans l’Isère, àSaint-Egrève, les jardins familiaux compren-nent 27 parcelles dont la taille varie de 40 à140 m2. Cette diversité, qui permet d’intégrer lecritère de la taille de la famille lors de l’attri-bution des parcelles, est originale et constituepeut-être une piste intéressante.

Des parcelles trop grandes risquent aussi d’in-citer certains jardiniers à y créer un espace

Rectangulaires, séparées par une clôture ou non, ouencore associées par deux dans un cercle, quelquesexemples de parcelles de potagers à Lizy-sur-Ourcq,Le Mée-sur-Seine et Longjumeau (Essonne).

À Condé-Sainte-Libiaire et à Esbly, les parcelles sontde formes variées et séparées par de simples alléesenherbées.

LES ÉQUIPEMENTS COLLECTIFS ET LES ESPACES COMMUNS

Certains équipements peuvent se concevoirdans un second temps, lorsque les utilisateursdu jardin en sont clairement demandeurs.

D’ailleurs, ces espaces peuvent aussi faire partie d’un jardin public contigu, ce qui en sim-plifiera la gestion. L’important est de définir aupréalable les règles d’entretien. Il est en effetdifficile d’exiger d’un jardinier âgé des travauxcollectifs sur des surfaces importantes, mêmesi cette contrainte est prévue au règlement desjardins. Des ententes peuvent bien sûr se faireentre jardiniers voisins, mais dans les cas

Lorsque l’éloignement le justifie, le stationne-ment doit être réfléchi. Inutile de surdimen-sionner ce type d’équipement si les jardinssont accessibles à pied. Au minimum il permetl’accessibilité des jardins aux personnes à mobilité réduite, et le transport du matériel encombrant et des déchets. Toutefois sonaménagement ne doit pas être négligé car ilconstitue souvent le point d’accès principal auxjardins. Un sol perméable est à favoriser pourfaciliter l’absorption des eaux de ruissellement,renforcé si possible pour résister au poinçon-nement, en herbe idéalement pour limiter le traitement chimique d’entretien. Lorsquel’ensemble de jardins est intégré à un réseaud’espaces publics, cette problématique sepose en termes beaucoup plus simples (desjardins peuvent par exemple bénéficier del’aire de stationnement du terrain de sport voisin…). La création d’un abri pour vélospeut parfois s’avérer beaucoup plus utile !

Les surfaces dédiées aux activités collectivesne sont pas à négliger. Elles participent à l’am-

biance générale en facilitant des rapportsconviviaux entre jardiniers, voire, occasionnel-lement, entre ceux-ci et la population locale.Une prairie ombragée, même de surface limitée,est un lieu de rencontre et d’échange. Des bancs, un foyer pour grillades, ne doiventpas se décréter s’ils n’ont pas fait l’objet d’unedemande explicite lors des échanges initiaux.

Près des nouveaux jardins familiaux de Beauvais(Oise), le stationnement se fait sur une prairie renforcée. À Moissy-Cramayel, des arbres abritent lesvéhicules garés sur un stabilisé. À Maisons-Alfort, leparc public qui accueille les potagers bénéficie d’uneaire de stationnement aménagée sur la rue contiguë.

Dans la deuxième tranche du parc départemental desLilas, le promeneur est incité à s’asseoir tout près desparcelles jardinées.

L’aire de jeux du parc se situe à proximité d’un groupede jardins familiaux, facilitant son accès aux enfantsdes jardiniers.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX 36 37

par le document d’urbanisme en vigueur localement (POS, PLU, Carte communale ouRèglement National d’Urbanisme), ainsi que les règles d’hygiène et de sécurité. Son architecture ne devrait pas s’éloignertrop de celle des abris individuels, sauf s’ils’agit, pour d’autres raisons, d’une construc-tion d’ampleur.

La question des sanitaires est particulièrementimportante si l’ensemble de jardins accueilledu public extérieur, des groupes scolaires oudes personnes handicapées. Elle se pose éga-lement dans le cas de jardins très éloignés deshabitations. Dans ce dernier cas, des tech-niques de toilettes sèches peuvent être misesen œuvre, comme le démontre le Jardin partagédu 56 rue Saint-Blaise à Paris. Quel que soit leprocédé retenu, il existe des risques d’abandonpar manque d’entretien, générant une pollutionsauvage, ou l’arrêt d’activités telles que l’accueilde classes. Pratiquement, mieux vaut intégrerles sanitaires au local commun s’il y en a un,ou les prévoir sur l’espace public qui dessertl’ensemble de jardins, lorsque jardins et espace ouvert au public sont contigus.

Un autre équipement, mineur en termes d’investissement, ne doit pas manquer : lepanneau d’information. Judicieusement conçuet implanté, il est nécessaire pour une com-munication permanente auprès des jardiniers.Enfin, l’emplacement et les abords des équi-pements collectifs ne sont pas à négliger : ondiscute aisément en attendant que l’arrosoir se remplisse à la pompe, ou en déposant sesdéchets verts dans la benne à compost…

présentés plus haut (ouverture au public, inté-gration dans un jardin public, présence de sanitaires), mieux vaut que la collectivité assume les tâches les plus lourdes.

Une aire dédiée aux jeux des enfants pourraelle aussi être prévue, en particulier lorsque legroupe de jardins comprend un nombre assezimportant de parcelles individuelles, mais son principe même mérite aussi d’être débattupréalablement.

Un abri collectif est possible. Dans le cas deparcelles très petites, il permet d’abriter les ou-tils individuels, et les équipements communs.Pour des ensembles plus importants, il peutassurer la fonction de local associatif. Pour une trentaine de jardiniers, il aura une superficie comprise entre 15 et 30 m2. Outrele matériel commun au groupe, il permettral’accueil de visiteurs et les échanges entre jardiniers autour d’une boisson chaude. Il devrarespecter les règles de constructibilité définies

Au Châtelet-en-Brie, l’abri collectif possède un auvent contre les intempéries ou le soleil, lors des regroupements de jardiniers.

Que la communication soit d’ordre réglementaire ou relative à des moments de convivialité,

elle est à prévoir sur un support adapté.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX 38 39

LE CHOIX DE CLOTURES ET DE HAIES

42 43LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

seront proscrits) ; ailleurs, une haie champêtrepeut être imposée dans une zone du PLU, enfrange de bourg… A Chevigny-Saint-Sauveur(Côte-d’Or) les 160 parcelles des jardins fami-liaux se trouvent au milieu d’une base de loisirs,en zone inondable ; ils n’ont aucune clôture,leur ouverture au public est permanente, ce quin’a engendré aucune difficulté ; le matériel est

rangé dans des coffres à outils, et les seuls bâtiments (qui sont surélevés) sont un atelier,et le local de réunion comprenant des toilettes.C’est la même chose à Condé-Sainte-Libiaire où les jardins, immédiatement attenants à lamairie, prolongent, en contrebas, l’esplanade située devant celle-ci et ne possèdent aucuneclôture et assez peu d’abris.

Il est normal de vouloir prévenir les détériora-tions et les vols, mais il y a plusieurs façons dele faire. Comme on l’a vu plus haut, le respectdes jardins (cultures et matériel) est d’autantplus fort que les jardins sont considérés commefaisant partie du patrimoine paysager commun.Bien sûr, cela ne suffit pas à garantir la pro-tection contre des actes malveillants.

Les parcelles de jardins familiaux qui sont incluses dans le périmètre d’un jardin publicne nécessitent pas une clôture d’ensemblesupplémentaire ; la clôture du jardin publicjouera son rôle protecteur.

Les ensembles indépendants pourront se doterd’une clôture la plus transparente possible detype grillage agricole ou grille de jardin, selonleur situation dans la commune. En effet, l’adaptation à la localisation et aucontexte paysager devra être prise en compte. Par exemple, une clôture à fort barreaudagepeut s’avérer nécessaire dans certaines situa-tions d’isolement ; dans ce cas, son dessin doit pouvoir faire partie de la conception du projetpaysager. De même, la réglementation d’urba-nisme devra être intégrée à la conception dela clôture : par exemple, dans une zone inon-dable rien ne doit gêner l’écoulement des eaux,la clôture devra donc être la plus perméablepossible (un muret ou une haie taillée dense

Une clôture de type agricole permet une transparencede vue sur une haie d’arbustes à fruits, ou encored’intégrer un support pour arbres fruitiers palissés(Vitry-sur-Seine, parc départemental des Lilas).

Situé en zone inondable, l’ensemble de jardins familiaux ne possède ici aucune clôture ; cela renforce le caractère spécifique du paysage de bord de rivière (Étampes).

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

libre ne prennent pas le même encombrementdans l’espace, et nécessitent donc de prévoirdes surfaces de terrain adaptées. Qui plus estle mode d’entretien devra être cadré avec lesfuturs gestionnaires afin de répartir les travauxde taille. Les végétaux qui composent la haie

pourront être choisis pour leur rusticité et leuradéquation avec le mode de gestion attendu :arbustes à petit développement ou à crois-sance lente pour les haies libres, arbustes résistants et à petites feuilles pour les haiestaillées.

En résumé, favoriser des clôtures légères,transparentes au regard pour les ensemblesde jardins et se contenter de limites symbo-liques entre les parcelles, participe à limiterl’isolement des jardins et les risques de « rési-dentialisation », et contribue aux échangesentre jardiniers, ainsi qu’entre ceux-ci et la population du quartier où les jardins sont im-plantés. On verra ci-dessous que ce principen’exclut pas, cependant, de permettre que lesabords immédiats de l’abri à matériel puissentdevenir, pour chaque jardinier, un lieu d’intimité.

Enfin, une attention particulière sera portée auchoix et à la pose de la clôture généralelorsque les jardins se situent en limite d’unezone agricole ou d’une forêt. A Avon et àFontainebleau, les renards venus de la forêtopéraient divers dégâts dans les jardins ; ailleurs ce sont lapins ou sangliers qui peuventnuire aux récoltes. De manière générale, il fau-dra éviter de donner à l’ensemble de jardinsl’image d’une fortification inaccessible.

Entre parcelles, s’il est nécessaire de fixer leslimites de chaque jardin, le faire de façonlourde, ou visuellement très présente, ne paraît

pas souhaitable. Les animaux n’étant généra-lement pas admis par les règlements des associations gestionnaires, il n’y a pas lieu de lesempêcher de divaguer. Les clôtures internesaux ensembles de jardins morcellent l’espaceet donnent une impression de petitesse et deconfinement sans apporter de valeur esthétiquesupplémentaire ; par contre, elles ont un coût.

Concernant les haies, il faut savoir que defaçon générale, une haie haute gêne le bon développement du jardin par son ombre portée,son impact n’étant moindre que sur le côténord du terrain. De plus, si elle est opaque, ellecontribue à refermer le jardin sur lui-même.Mais, si une haie est néanmoins prévue en périphérie de l’ensemble, sa forme et sa compo-sition devront être parfaitement définies aumoment de la conception détaillée du projet.En effet, une haie taillée ou une haie en port

Un accès transparent à la vue, mais intégré au mur de l’ancienne propriété (Émerainville).

Une haie taillée basse permet d’isoler les parcelles de la sente publique sans gêner le regard (Le Plessis-Robinson).

La haie permet ici de servir d’appui à un fleurissementspontané côté passage public (Rennes).

Les abords de l’abri de jardin : le lieu de l’intimité et de convivialité pour le jardinier.

44 45LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUXLA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

LES ABRIS À MATERIEL

48 49

Quand les ensembles de jardins comprennentautant d’abris que de parcelles, il est conseilléde définir une orientation dominante pourtoutes les constructions, de proposer une struc-ture de base unique sur laquelle le jardinierpourra édifier un abri personnalisé, incluantéventuellement un auvent, et de proposer lematériau ou la couleur dominante de l’abri.Cette formule souple permet l’expression créa-tive du locataire, ainsi que son investissementpersonnel. L’auto-construction est aussi unmoyen de réduire les coûts, mais elle est demoins en moins utilisée au profit de démarchesde collectivités ou d’aménageurs qui préfèrentfournir du matériel « clef en main » ou des

abris standardisés. Ces derniers pourront êtreassemblés sur place par les futurs usagers oupar les participants à des chantiers-écoles oud’insertion, comme ce fut le cas à la Butte-Rouge, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)par l’association « Jeunes de la Cité ».

La liste des matériaux de construction n’estpas exhaustive. Si les abris de jardins ancienssont souvent composés de matériaux hétéro-clites et de récupération, ils peuvent aussi fairela preuve de toute l’ingéniosité des jardiniers,en générant parfois des petits chefs-d’œuvrede créativité.

Graines et outils du jardinier ont besoin d’êtrerangés à proximité du jardin. Un abri est doncnécessaire, sa forme dépendra du contexte etdu type de jardin : les jardins proches du cen-tre urbain, en raison de la rareté de la surfacedisponible, pourront avoir un abri collectif oudes abris individuels de petite surface (coffres,ou cabanons de 2 à 6 m2). Ils ont alors intérêtà être groupés par 2 ou 4 dans un seul volumebâti afin de ne pas démultiplier les petitesconstructions et les frais de fabrication et demontage. Ainsi, au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) les cabanons sont regroupés par deuxsous une pergola commune ; à Longjumeau(Essonne) des constructions de bois cubiquesabritent deux cabanons, au centre de deuxparcelles hémisphériques associées ; toujoursdans l’Essonne, à Villiers-sur-Orge, ils sontgroupés par deux, chacun mesurant 4 m2 ; demême à Fontainebleau, Moissy-Cramayel ou

Pontault-Combault, où chaque cabanon, dotéd’un toit à deux pentes, est divisé en deuxabris ; à Beauvais, ils sont regroupés par quatre,évoquant de petites maisons au milieu d’ungrand jardin potager…

L’usage qui est fait du jardin va influer surl’usage de l’abri : si une partie de la parcellepeut être attribuée à l’agrément du jardinier etde sa famille, l’abri pourra offrir un auventcontre les intempéries ou le soleil, ou permet-tre d’abriter du mobilier de jardin ; ses abordsimmédiats pourront comprendre la haie, lemassif, les arbustes, voire la tonnelle, destinésà personnaliser ce lieu de repos potentiel dujardinier. Mais, dans tous les cas, pour que laparcelle de jardin familial ne devienne pas unerésidence secondaire, la meilleure garantie estun abri de dimensions assez réduites.

Pas de clôture et des abris groupés par quatre :évocation de maisons au milieu d’un grand jardin à Beauvais.

Deux abris groupés sous une treille au Plessis-Robinson.

Les jardins anciens sont le plus souvent équipés en auto-construction (Coulommiers).

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

50 51

personnaliser l’ambiance et le style du groupede jardins, car la forme optimum d’un abri dejardin en bois ne se résume pas au seul clichédu chalet suisse trop souvent galvaudé.

Dans le cas d’une intervention de réhabilitationsur des cabanons existants, il peut être envi-sagé d’unifier des constructions disparates parun traitement de couleur unique. Il peut égale-ment être choisi de laisser chaque jardinierréhabiliter l’abri dont il dispose, ou qu’il a créédans le passé, à partir d’aides directementliées à un cahier des charges établi par le ges-tionnaire et le propriétaire des jardins.

Enfin, il va de soi que la création d’un abri doitrespecter les règles d’urbanisme et de construc-tibilité en vigueur sur la zone concernée(11).En effet, un abri de jardin est une constructionlégère dont l’édification crée une surface deplancher. Sur les terrains déjà construits, il nécessite de déposer une déclaration préalable

de travaux pour une surface comprise entre 2 et20 m2. Une construction de moins de 2 m2

échappe à toute formalité sauf lorsque le jardinse situe dans un périmètre bénéficiant d’uneprotection particulière. Dans le cas d’un terrainnu, c’est-à-dire ne comportant aucune construc-tion préalable, une demande de permis deconstruire doit être déposée, quelle que soit lasurface de l’abri. Et dans tous les cas, le règle-ment de la zone doit autoriser leur construction.

Qu’il s’agisse d’une création ou d’une réhabi-litation, le principe de la démarche de concep tiondes abris de jardin est avant tout de trouver lessolutions les mieux adaptées aux besoins par-ticuliers de chaque projet, aux ressources,compétences et financements propres à chaquesituation. La conception des abris fait partie dudessin du projet d’ensemble, et doit donc, elleaussi, être confiée au concepteur du groupe dejardins.

L’important est de pouvoir proposer aux usa-gers des produits pratiques correspondant à leurs besoins techniques tout en s’intégrantintelligemment dans un paysage, et dans uncontexte urbain donné.Au Parc des Lilas de Vitry-sur-Seine, déjà cité,les abris livrés dans la deuxième tranche de jar-dins sont constitués de conteneurs de transportmétalliques ; leur couleur vive, en complé-mentarité du vert dominant dans les jardins,ponctue l’espace de façon gaie. Le plus souvent, les abris sont en bois, maté-riau plus souple de mise en œuvre, et de façongénérale, plus facile à démonter. Le traitementde leur volume et de leur surface peut per-mettre des expressions variées qui aident à

Métal ou bois pour des abris associés deux à deux selon lesmêmes principes d’implantation dans les différentes tranchesde réalisation des jardins familiaux de Vitry-sur-Seine.

L’unité de couleur garantit l’intégration visuelle des abris, à Vitry-sur-Seine ou à Fontainebleau.

LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

LA GESTION DE L’EAU ET L’ÉNERGIE

Par ailleurs, dès lors qu’une ressource communeest utilisée (eau de la ville, puits…) on gagneraà prévoir, dès le départ, un mode de gestionéconome : dans de nombreux jardins l’usagedes tuyaux est interdit, l’arrosage devant se faireexclusivement à l’arrosoir. Les heures autoriséespour l’arrosage peuvent être réglementées, etmême définies par des pro gram mateurs em-pêchant toute utilisation en dehors de créneauxhoraires précis, formule adoptée à Cholet(Maine-et-Loire) et Toulouse. Des systèmes àjetons existent : chaque jardinier disposed’un nombre fixe de jetons en début d’année,et doit en racheter lorsqu’il a épuisé le stock ini-tial, ce qui est le cas aux jardins familiaux de

Gex (Ain). Des compteurs individuels peuventêtre mis en place, comme à Dijon où ils ont per-mis de diminuer la consommation de moitié. Defaçon générale, il est prudent d’aménager lesite de façon à permettre qu’au-delà d’unéventuel forfait compris dans le loyer, laconsommation individuelle soit comptabilisée.En effet, dans de nombreux jardins où l’eau estpayée globalement, les difficultés surgissentlorsque certains en consomment sans retenue,alors que d’autres veillent à ne pas la gaspiller.A titre d’exemple, dans un groupe de jardins situé à Rillieux-la-Pape (Rhône), il s’est avéréque la consommation d’eau pouvait varier de 4 à 35 m3 pour des jardins de taille équivalente.

54 55LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Même en Ile-de-France, sans un apport mini-mum d’eau, il est difficile d’envisager uneproduction significative de légumes dans unjardin, au moins certaines années. De fait, l’eauconstitue fréquemment la première préoccu-pation des jardiniers. La recherche d’uneréponse satisfaisante à ce besoin devra doncêtre intégrée très tôt dans la démarche d’éla-boration d’un projet de jardin familial. Quelqueschiffres pour se fixer les idées : en Seine-et-Marne, la pluviométrie moyenne est d’un peuplus de 600 mm par an. Cette valeur représente600 litres d’eau par m2, répartis à peu prèségalement sur l’ensemble de l’année, à raisonde 50 mm (ou 50 litres par m2), par mois. Or, les besoins de la plupart des cultures légu-mières sont d’au moins 500 litres par m2,besoins qui se concentrent sur les 3 à 7 moisde leur développement. On voit donc que danspresque tous les cas, un complément est nécessaire.

Diverses provenances de l’eausont envisageables :Par des puits ou forages (un ou plusieurs selonla taille de l’ensemble de jardins), si une nappede qualité satisfaisante, et de débit suffisant, peutêtre exploitée sur le site. Selon leur emplacement,leur débit et leur profondeur, voire parfois lanappe à laquelle ils font appel, diverses régle-mentations peuvent s’appliquer, définissant sices ouvrages sont soumis à simple déclaration,ou à autorisation(12).

Par le réseau de la ville, solution encore assezfréquente, malgré l’inconvénient d’employerune eau rendue potable pour arroser…

Parfois, on pourra avoir recours, sous diversesconditions, voire réglementations, à un coursd’eau voisin, ou encore, à l’exemple de réa-lisations récentes, comme à Auxerre, à deseaux pluviales recueillies aux alentours aprèsleur épuration dans des plans d’eau.Enfin, dans tous les cas, et même si cela nereprésente qu’une part des besoins potentielsdu jardin, par la récupération des eaux de pluies’écoulant sur les toitures des abris, dans descuves enterrées, ou des fûts posés au sol. Dans cette dernière hypothèse, qui est la plusfréquente, le concepteur du jardin devra intégrerce mode de récupération dans le projet, en ledimensionnant plutôt largement, afin d’éviterqu’apparaissent rapidement autour des abris,des fûts de toutes tailles destinés à augmenterle volume d’eau collectée.

Pour éviter l’apparition de solutions de fortune, des équipements spécifiq

ues

sont nécessaires en cas d’éloignement des ressources en eau.

56 57LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

En tout cas, la formule la plus risquée consisteà ne pas faire payer l’eau au départ… parcequ’ensuite il est très difficile de revenir en arrière.

Enfin, le mode de culture retenu sur un groupede jardins peut largement influer à la fois sur lagestion du sol, et celle de l’eau, puisque si lechoix est fait d’un jardinage biologique, les apports d’eau y sont réduits par rapport à lagestion traditionnelle des jardins (par exem-ple, grâce au paillage). Le contexte social etculturel du public intéressé par un nouveaujardin sera donc prédominant à cet égard, caril peut conduire à une volonté de production

forte, soit pour couvrir de réels besoins au niveau de la consommation familiale, soit parceque pour nombre de jardiniers une terre doittoujours produire le plus possible, et l’eau nedoit pas constituer un facteur limitant... Ici aussi, les échanges initiaux entre la collec-tivité et les futurs jardiniers auront un impactsur le mode de gestion des jardins, et donc, onle voit, sur certains aspects de leur conception.

Pour ce qui est de l’énergie, dans l’absolu, les jardins familiaux peuvent s’en passer ;néanmoins elle est souvent utile pour :• l’éclairage (et parfois le chauffage) d’un local

collectif, voire de l’aire de stationnement,d’un espace de détente collectif, ou d’une oudeux allées majeures dans des groupes dejardins importants ;

• activer, s’il y a lieu, la pompe d’un puits.

Lors de la conception de certains jardins récents, des panneaux solaires ont pu être im-plantés, comme à Gex, où pour la gestion del’eau, le système de compteur à jetons évoquéci-dessus est alimenté de cette manière.

Le toit de l’abri de jardin est systématiquement utilisé pour recueillir l’eau de pluie : citernes en surface ouenterrées sont possibles (à Étampes ci-dessous ou à Chelles ci-dessus).

Réseau public d’eau potable, puits ou bassin de stockage des eaux pluviales, les possibilités de gestion de l’eaud’arrosage sont multiples.

LE SOL ET LA GESTION DES DECHETS VERTS

recherches plus complexes. A titre d’exemple, onretiendra qu’en 2007, la Ville de Montréal a dû,par précaution sanitaire, interdire à 400 jardiniers,répartis sur 8 sites différents, de pratiquer descultures légumières, en raison de la présence ex-cessive de divers micro-polluants. Mieux vautdonc investir avant, en analyses. Ces dernièressont aussi à préconiser en cas d’apport de terre« végétale » constituant la première couche desol, généralement sur 30 à 35 cm d’épaisseur.Ainsi, parmi les terres d’origine agricole, cellesqui auraient porté régulièrement, ou récemment,des cultures de maïs, sont susceptibles de

60 61LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

Même si l’on peut, dans le temps, en amélio-rer les caractéristiques, le sol constitue l’un desfacteurs primordiaux de réussite d’un jardin. S’il ne peut que rarement être pris en compteparmi les critères de sélection d’un futur site dejardins familiaux (sauf lorsque l’on aura écarté,sur ce critère, un site à l’évidence pollué), le sol ne doit pas, pour autant, être négligé.Dans tous les cas, un, ou plutôt plusieurs diagnostics de sol s’imposent ; en premierlieu, des sondages à la tarière ou à l’aide

d’une pelle mécanique permettront de vérifierl’homogénéité de son profil, l’épaisseur de terre« arable » ou l’éventuelle présence de déchetsenfouis. Puis des analyses de type agrono-mique(13) seront effectuées en constituant deséchantillons représentatifs de la couche la plussuperficielle (moins de 30 cm), et si possibled’au moins une autre plus profonde. Il faudraveiller à ce que le laboratoire rende des résultatsinterprétés, sauf si, à ce stade, c’est un pro-fessionnel des jardins qui est déjà en charge del’accompagnement de la collectivité.

En cas de suspicion de pollution sur le site, en fonction de son histoire et de ses usages antérieurs, il conviendra d’effectuer des

Composteurs individuels, auto-construits ou pré-fabriqués.

Compostage individuel ou collectif (Suède) : un choix à faire dès le début.

y fabriquer cet amendement, naturel et gratuit. Si l’on souhaite encourager cette pratique etéviter l’apparition sur les parcelles d’ouvragessouvent ingénieux, mais rarement esthétiques,le choix sera à faire, ici encore en amont de laréalisation du jardin, du mode de compostagequi s’appliquera au groupe de jardins : indivi-duel avec composteur associé à chaqueparcelle, ou unique moyennant l’aménagementd’un espace commun et l’adoption dans le règlement d’un mode de participation collectiveà la fabrication, puis à la redistribution, ducompost. Si c’est la formule du composteur individuel qui est adoptée, on gagnera à im-planter des modèles ayant fait leur preuve,plutôt que de vouloir en inventer de nouveauxqui, s’ils ne fonctionnent pas, décourageront lesjardiniers, avec le risque d’avoir beaucoup de

mal, ensuite, à les intéresser à nouveau à cette pratique. La dernière solution sera le regrou-pement en conteneurs destinés à l’enlèvementpar la collectivité, si elle a mis en place cettecollecte sélective sur son territoire, et qu’aucours de l’élaboration du projet elle a préféréprendre cette option. En solution intermédiairese trouve le compostage mixte avec les dé-chets verts du parc public dans lequel lesjardins familiaux sont implantés. En tout cas, siaucune production collective n’est organiséesur place, il sera judicieux de laisser à chaquejardinier la faculté de fabriquer son proprecompost, certains y étant, à très juste titre,profondément attachés, ce qui donnera, deplus, un moyen de démonstration vis-à-vis desautres jardiniers, ou du public qui visiterait lesjardins.

62 63LA CRÉATION DE JARDINS FAMILIAUX

contenir des résidus de pesti cides préjudiciablesà la mise en place de jardins que l’on voudrait,par exemple, biologiques.

Enfin, si le délai de réalisation du jardin le per-met, il peut être très bénéfique d’y implanter audépart, un engrais vert, si possible composéd’une bonne variété d’espèces qui donneront demeilleures caractéristiques au jardin dès sapremière mise en culture. Il est aussi envisa-geable, lors de la création du jardin, de luiapporter un compost de bonne qualité, car unamendement organique de ce type permet derelever le taux d’humus du sol. Or, 1 % d’humusa le même effet que 10 % d’argile, pour la ré-tention d’eau et la fixation d’éléments minérauxtels que les nitrates. Cette propriété permet àdes sols pauvres en argile, tels que les sols sa-blonneux, de devenir aptes à la culture si on leurapporte suf fisamment de matière organique.Réfléchir à la gestion des déchets verts austade de la conception du projet est aussi unenécessité. Car, si pour plusieurs productions po-tagères c’est la quasi-totalité de la plante quiest consommée, pour d’autres, on ne récolteque les fruits, la racine, ou une autre partie seu-

lement du légume cultivé. Avec les feuilles d’unéventuel arbre fruitier, les fleurs et tiges fanéesde quelques plantes d’ornement, les herbesqui se seront développées spontanément sur saparcelle, et éventuellement les déchets com-postables qu’il aura rapporté de son domicile,le jardinier aura recueilli, en toutes sai-sons, une importante quantité de matièreorganique qu’il aura tout intérêt à rendre à saterre sous forme de compost.Celui-ci est en effet le meil leur apport pour entretenir dans le sol un taux d’humus satisfaisant ; or la richesse d’un sol est essen-tiellement liée à ce taux, qui ne devrait jamaisêtre inférieur à 3 %, voire 4 % en sol sablon-neux (d’où l’intérêt des analyses de solinitiales). Pour compenser simplement lespertes naturelles d’humus, il faut apporter,chaque année, environ 300 g de compost parm2. Car avec la disparition de l’humus, la terrese tasse progressivement, devient compacte, et moins fertile.

Cette gestion, évidente pour certains, reste délicate pour d’autres qui répugnent à neutra-liser une petite partie de leur parcelle pour

LE MODE D’EXPLOITATION DES JARDINS ET LES PLANTATIONS PERENNES

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(pollution des nappes, protection de la biodi-versité) et d’amélioration de la qualité del’alimentation elle-même. Beaucoup de pan-neaux d’information, dans les jardins familiaux,rappellent ces principes de précaution, et ceuxd’économie d’eau. A Samois-sur-Seine, parexemple, on y trouve aussi des informationsutiles, telles que les rotations de cultures pré-conisées dans un potager.

Un autre aspect de la gestion des jardins est àévoquer en amont de sa réalisation car il peutinfluer sur certains partis d’aménagement : lestravaux à effectuer de façon collective. Selon lesjardins, en effet, existent deux principaux dis-positifs, qui peuvent d’ailleurs se combiner :• soit des tours de rôle fixant les jours et le nom

des jardiniers qui sont en charge de certainstravaux, généralement réalisés avec du matériel collectif : tonte des espaces vertscommuns, entretien d’allées, d’espaces d’or-nement, propreté…

• soit des journées de travail collectif oùchaque jardinier participe, en fonction de sacapacité physique, à ces mêmes travaux, àl’entretien du local collectif, à des mises enpeinture etc…

Dans le cas particulier où les jardins familiauxsont compris dans un espace plus vaste ouvertau public, il sera prudent de bien définir qui, dela collectivité ou de l’association des jardiniers,interviendra sur telle partie de l’espace public.

On a vu qu’il semblait peu productif de confierà l’association une partie de l’entretien de l’espace public, celui-ci risquant de faire lesfrais d’un manque de disponibilité – ou debonne volonté – de la part des jardiniers. Il estsûrement bien plus bénéfique de négocier avecl’association la part d’ouverture visuelle per-manente des jardins - le risque étant de laissercroître la haie périphérique - et d’ouverturematérielle, et occasionnelle, de ceux-ci, au public.En concertation aussi, et avant la fin de l’éla-boration du projet d’aménagement, on définiradans quelles proportions les parcelles pourront

Culture biologique, raisonnée, traditionnelle…un débat à ouvrir très tôt dans le processusd’élaboration d’un projet de jardin familial, oubien, pour le jardinage biologique, un principeà énoncer, dès le départ, par la collectivité quidécide de sa réalisation, si telle est son inten-tion. A Ploemeur (Morbihan), où les jardins setrouvent à l’intérieur du périmètre de protectiondu captage communal, une charte définit lesrègles applicables à tout candidat à l’attributiond’un jardin. D’ailleurs, dès l’origine du projet, lespersonnes candidates ont bénéficié d’une for-mation par l’Association Terre Vivante que lamunicipalité avait retenue comme assistant aumaître d’ouvrage ; la ville de Besançon suit lamême voie.

A Nantes, où a été mise en place une dé-marche participative sur les différents sites,l’aménagement des jardins et leur gestion font

l’objet de rencontres régulières entre la ville etles associations de gestion, mais égalementd’échanges avec le quartier dans le cadre d’undispositif de concertation. Ici, la méthode em-ployée vise en particulier, à sensibiliser lesadhérents à gérer au mieux les ressources, enlimitant la consommation d’eau, le recours auxpesticides, et la quantité de déchets à traiter. De façon générale, dans un assez grand nom-bre de jardins, surtout ceux qui existent depuislongtemps, on en est plutôt à la recherched’une gestion « raisonnée », car nombre de jar-diniers qui constituent les associationsgestionnaires, restent encore adeptes du re-cours aux engrais et à certains produits detraitement.

Néanmoins, partout, la tendance est à la sen-sibilisation des jardiniers, dans une optique demeilleure prise en compte de l’environnement

Malgré la recherche d’une production saine, certains jardiniers adoptent parfois un traitement plus radical dans les parties communes, comme l’usage du désherbant dans les allées, là ou une simple tonte suffirait...

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fédérations existantes, il résultera un règlementdu jardin, concerté avec le propriétaire du siteet l’association constituée pour le gérer, quiaura été nourri de tous les échanges ayant ac-compagné la création du jardin (cf. annexe II).Les conditions d’attribution des parcelles, lemontant de la cotisation annuelle, le mode defacturation de l’eau seront, entre autres aspectspratiques, définis dans ce cadre.On constate donc que de nombreux critèressont à réunir pour mener à bien un projet de jar-dins familiaux de qualité. Viendront en premierlieu : emplacement et état initial du terrain re-tenu, volonté de la collectivité et de l’éventuelpropriétaire du terrain, souhait des futurs jar-diniers et des habitants du quartier. Suivrontl’avis des structures potentiellement utilisatricesde certaines parties de l’espace, l’expérience etles propositions formulées par un profession-nel, les apports des éventuels partenairesfinanciers(14) que peuvent être la Région (autravers de l’Agence des espaces verts (AEV)dans le cas de l’Ile-de-France), le Départe-

ment, l’État, ou encore la caisse d’allocationsFamiliales. Enfin la qualité de la réalisation, durèglement du jardin, et de l’association ges-tionnaire garantira la durabilité de ces jardins.

Tous les atouts auront alors été réunis pourfaire d’un nouveau groupe de jardins familiauxun réel espace de vie, partie intégrante, etstructurante, d’un quartier ou d’une ville, aussibien sur le plan social, qu’environnemental,urbanistique, et paysager.

- ou non - s’agrémenter d’arbustes, d’un éven-tuel arbre fruitier, et de fleurs d’ornement, oumême si, pour ces dernières, il en sera de-mandé un minimum. Car, s’il appartient ensuiteaux jardiniers de mettre en œuvre ces pres-criptions, certaines d’entre elles, comme lesplantations d’arbres, influent sur le projet d’en-semble dès le stade de sa conception, etconditionnent la structure générale que pré-sentera le jardin quelques années plus tard. A Combs-la-Ville, des arbres fruitiers résultantde l’ancienne affectation du terrain attribuéaux jardins familiaux, ont ainsi été maintenusdans la partie collective du jardin, ce qui consti-tue certainement un emplacement judicieux.

Des différents postes évoqués précédemment,en s’inspirant des nombreuses expériencesexistantes, et a fortiori en s’appuyant sur les

Jardin familial à Provins.Jardin familial à Torcy.

Les principes fixés dans le règlement en matière de plantation de végétaux pérennes permettent à chacun de contribuer au contexte paysager de l’ensemble de jardins. Jardins familiaux à Melun et Moissy-Cramayel.

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ANNEXES

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(6) Code rural Article L563-1En cas d’expropriation ou de cession amiable,dans le cadre d’une opération déclarée d’utilitépublique, de terrains exploités comme jardinsfamiliaux, les associations ou les exploitantsévincés membres de ces associations pour-ront, s’ils le souhaitent, obtenir de l’expropriantqu’il mette à leur disposition des terrains équi-valents en surface et en équipements, sanspréjudice des indemnités dues pour les fraisde réaménagement.

(7) Le plan local d’urbanisme (PLU) est le prin-cipal document de planification de l’urbanismecommunal ou éventuellement intercommunal.Il remplace le plan d’occupation des sols (POS)depuis la loi 2000-1208 du 13 décembre 2000relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi SRU. Le PLU est codifié dans lecode de l’urbanisme essentiellement aux arti-cles L.123 et suivants et R.123 et suivants.

I – Renvois et notes(1) Code rural Article L561-1 Les associations de jardins ouvriers, qui ontpour but de rechercher, aménager et répartirdes terrains pour mettre à la disposition duchef de famille, comme tel, en dehors de touteautre considération, les parcelles de terre queleurs exploitants cultivent personnellement, envue de subvenir aux besoins de leur foyer, àl’exclusion de tout usage commercial, doiventse constituer sous la forme d’associations déclarées ou reconnues d’utilité publiqueconformément à la loi du 1er juillet 1901.Code rural Article L561-2 Les associations ou sociétés qui ont pour butde grouper les exploitants de jardins familiauxpour faciliter l’exploitation de ceux-ci et de favoriser par une propagande éducative le dé-veloppement des jardins familiaux doivent seconstituer sous la forme d’association décla-rée, conformément à la loi du 1er juillet 1901.

(2) Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC)Ligue française du Coin de Terre et du Foyer12, Rue Félix Faure - 75015 Paris, Tél. : 01 45 40 40 45 - fax : 01 45 40 78 90site : jardins-familiaux.asso.frJardinot - le Jardin du Cheminot 23 rue Yves Toudic - 75010 Paris, Tél. : 01 42 08 78 22 - fax : 01 42 45 48 54site : jardinot.fr

(3) Le Réseau du Jardin dans Tous Ses États(liste des correspondants nationaux et régionauxsur le site jardinons.com)

(4) Terre VivanteDomaine de Raud - 38710 MensTél. : 04 76 34 80 80 - fax : 04 76 34 84 02

(5) Collectif Jardins d’insertion en Ile-de-France : FNARS - Réseau Cocagne - Graine de JardinsChantier-École

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(12) Code de l’environnement Articles L214-1à L214-4 ; se renseigner auprès de la Direction départe-mentale de l’agriculture et de la forêt, ou de laDirection des affaires sanitaires et sociales.

(13) Parmi les critères indispensables :- les proportions d’argile, de limon, et de sable

(texture)- le taux de calcaire total- le taux de matière organique (humus)- le pH-eau (mesure de l’acidité du sol)- les taux de phosphore, potasse, et magnésie

assimilables.

(14) Code rural Article L564-3Les organismes de jardins familiaux définis àl’article L. 561-1 peuvent bénéficier de sub-ventions d’investissement ou de subventionsannuelles de fonctionnement de la part del’État, des collectivités locales ou de leursgroupements.

II - Éléments utiles pourl’élaboration d’un règlementRemarques préalables1- Dans la plupart des jardins familiaux, c’est le règlement intérieur qui constitue le document ayant valeur contractuelle entre l’as-sociation gestionnaire et ses membres, quisont les bénéficiaires de parcelles au sein dujardin. En signant ce règlement, le bénéficiaires’engage à en respecter tous les termes et,comme dans toute association il verse simul-tanément à celle-ci, en sa qualité d’adhérent,

une « cotisation » qui est annuelle. Cette for-mule diffère donc des cas où une commune,ou un bailleur, attribue les parcelles d’un jardinau travers d’une location, le lien contractuelentre les deux parties étant alors un bail.

2- Dans tous les cas, de nombreuses disposi-tions doivent figurer dans le document que le bénéficiaire approuvera, leur précision permettant de réduire, par la suite, le nombrede malentendus ou de différends possiblesentre l’entité gestionnaire et la personne attri-butaire d’une parcelle. Plutôt que de reprendre- in extenso - le règlement d’une structure similaire, il paraît essentiel que l’associationqui se constitue pour gérer un jardin s’appro-prie un tel texte, et l’adapte de façon volontaireau site que le jardin va occuper, et au type dejardins qu’elle, et la commune en général, en-tendent réaliser. Penser au futur règlementpendant la période d’élaboration du projet de

Droit de préemption : Code rural Article L562-1 Les sociétés d’aménagement foncier et d’éta-blissement rural (SAFER) peuvent exercer, à la demande d’un des organismes de jardins familiaux mentionnés aux articles L. 561-1 et L. 561-2 et dans les conditions définies àl’article 7 modifié de la loi n° 62-933 du 8 août1962, leur droit de préemption en vue de l’ac-quisition de terrains destinés à la création ou àl’aménagement de jardins familiaux.Code rural Article L562-2A la demande des organismes de jardins familiaux, les collectivités locales ou leursgroupements ayant compétence en matièred’urbanisme peuvent également exercer pourle même objet leur droit de préemption,conformément aux dispositions en vigueur ducode de l’urbanisme.

(8) Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine : la loi du 1er août 2003 pour la ville et la réno-vation urbaine, prévoit un effort national sans

précédent de transformation des quartiers fra-giles classés en Zones Urbaines Sensibles ouprésentant les mêmes difficultés socio-écono-miques. L’ANRU met en œuvre ce programmeen approuvant des projets globaux qu’elle finance sur des fonds publics et privés.

(9) Le concepteur paysagiste est le concepteuret le maître d’œuvre des projets et des étudesd’aménagement, depuis le jardin jusqu’au ter-ritoire. Son savoir-faire n’est pas seulementtechnique puisqu’il sait intégrer la dimensionsubjective, culturelle et sociale du paysage et mettre en œuvre sa propre créativité. Les diplômes reconnus par la Fédération Fran-çaise du Paysage sont en France : DPLG délivrépar l’ENSP (Versailles), l’ENSAPB (Bordeaux)et l’ENSAPL (Lille) ; ingénieur de l’INH (Angers),option paysage ; ingénieur de l’ENSNP (Blois) ;diplôme de l’ESAJ (Paris).

(10) Parc de Vert-de-Maisons ; Maisons-Alfort(Val-de-Marne) ; réalisation : Michel Péna -paysagiste

(11) L’installation d’un abri de jardin (démon-table ou non, avec ou sans fondations) peut relever d’une demande de permis de construireou d’une déclaration de travaux, selon le cas(Cf. Code de l’urbanisme, articles L123-1 al 1,L421-1 modifié al 1, 2 et 4, L422-1 et décretsR112-2, R123-10, R421-1 al 10, R422-2 m) al 1 et 2 de la partie réglementaire du Code del’Urbanisme.

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fournir), maintien du bon état du jardin, del’abri, d’éventuelles haies (respect hauteur etépaisseur), absence de stockage de matérielen dehors de celui-ci, interdictions d’ajouts (ou conditions), interdiction de stockage deproduits dangereux, d’armes et de piégeage,signalement d’éventuelles dégradations, inter-diction de toute vente de la production du jardin, part imposée pour la culture potagère,pourcentage de surface ne pouvant pas êtredépassé par une culture, pourcentage toléré,ou voulu, de fleurs pour l’agrément, autorisa-tion (limites) ou interdiction de plantation d’arbre ou d’arbustes, autorisation (conditions)ou non de motoculteurs, respect du stationne-ment, de la circulation éventuelle dans des

allées, des équipements communs, des chemins et des parcelles des autres jardiniers,interdiction de nuisances sonores, interdictionou tolérance (conditions) de la présence d’un animal domestique, interdiction de toutélevage, droit d’accueil momentané, et limitéen nombre, de membres de la famille sur laparcelle, tolérance (conditions) et surveillancedes enfants (usage éventuel de vélos, etjusqu’à quel âge), modalités d’arrosage, régle-mentation éventuelle des conteneurs pour

jardins lui-même est sûrement une formulebénéfique, puisque par la suite il y aura inter-action permanente entre les deux : uneconception initiale adaptée au futur règlementen facilitera le respect, et inversement le fonc-tionnement quotidien ne remettra pas en causecertaines options prises lors de l’élaborationdu programme de jardins.

3- Enfin, s’il y a partage des tâches d’entretienavec la commune, surtout si le public est, régulièrement ou au moins occasionnellement,admis aux abords immédiats des jardins, unacte pris au niveau municipal viendra néces-sairement compléter les dispositions du règlement intérieur, afin d’y spécifier les rôleset engagements respectifs de la commune etde l’association.

La liste qui suit n’est donc ni exhaustive ni limitative, et n’a pas été rédigée sous la forme

d’un règlement-type. Chacun des points pré-sentés ci-dessous fera généralement l’objet deplusieurs articles du règlement, afin d’en faciliter la lecture, ainsi que l’usage ultérieur.

- Introduction spécifiant le nom et l’adresse dugroupe de jardins familiaux, le propriétaire etle gestionnaire, un descriptif général (nombreet surface des parcelles…), et éventuelle-ment des spécificités telles que les relationsavec le site environnant (si relation forte avecun public potentiel), des modalités de culturesouhaitées ou imposées (exemple : biologique),ou encore des aménagements permettant l’accueil de publics spécifiques (handicapés,scolaires, en insertion…).

- Conditions pour la jouissance d’une parcelle :versement d’une cotisation annuelle, modalitésde révision de celle-ci (par exemple : possi blechaque année par décision de l’assem blée générale), renouvellement tacite moyennant leversement de la cotisation (par exemple lorsde l’assemblée générale annuelle), approba-tion du présent règlement signé en 2 exem-plaires, un pour le bénéficiaire et l’autre pour l’association, établissement d’un état des lieux - cosigné - à la prise de possession,date d’effet (qui est souvent le 1er novem bre),interdiction de transmettre le droit à jardiner àun tiers (tolérance possible et momentanée auconjoint en cas d’impossibilité majeure).

- Obligations du jardinier : assurance de responsabilité civile (attestation annuelle à

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stockage d’eau ou pour le compostage, condi-tions financières d’accès à un point d’eau collectif, interdiction des feux, obligation departicipation aux travaux collectifs (définitionde ceux-ci, ou renvoi aux décisions de l’asso-ciation), respect des horaires, interdiction de présence nocturne et de distribution detracts à caractère politique, religieux ou autre,obligation de participer aux assemblées géné-rales (sauf impossibilité majeure à signalerselon des modalités à définir).

- Règles d’usage de matériels, d’espaces, et d’équipements collectifs : motoculteur, tondeuse, prairie commune, salle, éventuelsbarbecues, jeux d’enfants, sanitaires ; modalités de décision ou d’acceptation (parl’association, et si besoin par référence au pro-priétaire) d’évènements tels que rencontre des jardiniers, de leurs familles, ou encore dejournées portes ouvertes.

- Conditions et modalités de cessation dejouissance d’une parcelle : faculté pour cha-cune des parties d’annuler l’occupation du jar-din (lettre recommandée, délai préalable…) ;possibilité de retrait de l’accord de jouissanceen cas de non-respect de l’une des clauses durèglement (modalités : éventuel avertissementpréalable, mode de notification, délai d’appli-cation) ; modalités de retrait en cas de retourdu jardin à l’état de friche (délai éventuel d’ob-servation, avertissement, application de la décision) ; le cas échéant enlèvement d’af-faires personnelles, de matériel ou de déchetsaux frais du bénéficiaire de la parcelle ; absence d’indemnité ou de remboursement àl’intéressé en cas de cessation…

- Enfin : possibilité pour les membres du Bureaude l’association de pénétrer, à tout moment,dans tous les jardins, en cas d’urgence ou pourvérifier le respect de ce règlement, et modalitésde règlement d’un éventuel contentieux.

III – BibliographieOuvrages• Cent ans d’histoire des jardins ouvriers,Beatrice Cabedoce, Maurice Schuman,

Philippe Pierson, Édition Créaphis, réédition 2002.

• Les Jardins ordinaires, Paris, Françoise Dubost, Édition L’Harmattan, 1997 (réédition de Côté jardins, 1984).

• Jardins en ville, nouvelles tendances, nouvelles pratiques, Ann caroll Werquin, Alain Demageaon, Édition Dominique Carré-Direction de l’architecture et du patrimoine, 2006.

• Jardins partagés, utopie, écologie, conseils pratiques, Laurence Baudelet, Frédérique Basset, Alice Le Roy, Édition Terre vivante, Mens, 2008.

• Le guide du jardinage biologique, Jean-Paul Thorez, Édition Terre vivante, Mens,2001.

• Les jardins familiaux en Ile-de-France, Conseil régional d’Ile-de-France et Préfecture d’Ile-de-France, Édition IAURIF, Paris, janvier 1999.

• Les jardins familiaux, appropriation et intégration paysagère, Guide méthodologique, ouvrage collectif du Réseau du jardin dans tous ses états, édité avec l’aide de la Fondation de France,1999. Téléchargeable sur le site http://jardinons.com

• Les jardins d’insertion en Ile-de-France, acteurs, enjeux et perspectives, Collectif Jardins d’insertion en Ile-de-France (FNARS - Réseau Cocagne - Graine de Jardins - Chantier-Ecole), 2005.

Revues • Jardin familial de France,Revue bimestrielle éditée par la Fédération nationale

des jardins familiaux et collectifs.

• Les quatre saisons du jardin bio,Revue bimestrielle, édition Terre vivante, Mens,France.

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27 Rue du Marché - 77120 Coulommiers Tél. : 01 64 03 30 62 - mèl : [email protected]

Février 2009

Les Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (C.A.U.E.), services de proximité soutenus par l’État, les Conseil Généraux

et les professionnels sont à même de conseiller les collectivités publiques et les particuliers.

Rédaction et images : Michel Billecocq, Ingénieur environnement et Marianne Souq, Paysagiste

Création : Moret-sur-Loing - Tél. : 01 60 70 14 03

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