la criminologie: recherche scientifique et action sociale

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Association Revue Française de Sociologie La criminologie: recherche scientifique et action sociale Author(s): Jean Pinatel Source: Revue française de sociologie, Vol. 5, No. 3 (Jul. - Sep., 1964), pp. 325-330 Published by: Sciences Po University Press on behalf of the Association Revue Française de Sociologie Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3319580 . Accessed: 08/07/2014 21:33 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Sciences Po University Press and Association Revue Française de Sociologie are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue française de sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 129.20.73.3 on Tue, 8 Jul 2014 21:33:23 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Association Revue Française de Sociologie

La criminologie: recherche scientifique et action socialeAuthor(s): Jean PinatelSource: Revue française de sociologie, Vol. 5, No. 3 (Jul. - Sep., 1964), pp. 325-330Published by: Sciences Po University Press on behalf of the Association Revue Française deSociologieStable URL: http://www.jstor.org/stable/3319580 .

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R. frang. Sociol., 1904, V, 325-330

ACTUALITE DE LA RECHERCHE

La criminologie : recherche scientifique

et action sociale par Jean PINATEL

Comme toute science humaine et sociale, la criminologie scientifique ne saurait se d~sint&resser des applications pratiques qu'elle peut susciter. Mais, pendant longtemps, la recherche scientifique et l'action sociale sont demeu- r6es en criminologie deux ph6nomtnes entiarement ind~pendants.

Apr~s la derniare guerre mondiale, des changements importants appa- raissent. Une nouvelle &cole de d6fense sociale montre l'int&rit qu'ont les juristes, les correctionnalistes et les criminologues A unir leurs efforts. De son c6td la Soci6t6 internationale de Criminologie multiplie les appels et les initiatives en vue du d6veloppement de la recherche scientifique. A Londres, en I955, le IIIe Congris international de Criminologie declare que la recherche scientifique doit recevoir une impulsion d6cisive. Une section de recherche scientifique fonctionna durant le IV" Congrbs international de Criminologie tenu A La Haye en 1960o. Il est privu que lors du V" Congrbs international de Criminologie qui se tiendra A Montreal en I965, la section de recherche scientifique 6tudiera les r~sultats des divers traitements au point de vue statistique, experimental et phCnominologique. Ainsi, un rapprochement s'esquisse entre la recherche scientifique et l'action sociale en criminologie. Cette tendance anime 6galement les organisations internationales respon- sables de la politique criminelle A l'6chelle mondiale ou europ~enne. A Frascati (Italie), les Nations Unies organisent en octobre 1962 un Cycle d'6tudes sur l'efficacitC des programmes en cours concernant la prevention de la ddlinquance juvenile. En d~cembre 1963, le Conseil de l'Europe r~unit A Strasbourg une conference des directeurs des instituts de recherches crimi- nologiques pour faire le point de leurs experiences respectives.

De la sorte les rapports de la recherche criminologique et de F'action sociale sont-ils A un nouveau tournant de leur histoire. II apparait que l'Are des chercheurs isol~s est r~volue; la recherche scientifique en criminologie devient un service public. Dans de nombreux pays une organisation de type administratif s'Cbauche en empruntant des modalit~s diverses suivant les tra-

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ditions universitaires, l'urgence des problmes criminels & r6soudre et l'in- tirit qu'ils provoquent dans l'opinion publique.

Dans les pays de langue frangaise la situation Cvolue rapidement. En France, au lendemain du IIe Congris international de Criminologie (Paris, 1950), le Professeur H. Donnedieu de Vabres a r~organisC 1'Institut de Criminologie de 1'UniversitC de Paris. < I1 est paradoxal - avait-il soulign6 dans son discours inaugural du Congris - qu'au programme de notre Institut de Criminologie de l'Universit6 de Paris, soient inscrites la m~decine 1Cgale, la midecine mentale, la police scientifique, dont l'enseignement est assure par des maitres 6minents, mais qu'il n'y figure aucun cours de crimi- nologie. > En 1952 un enseignement de criminologie y fut cr6 et celui de la science p6nitentiaire lui fut annex6. Mais qui dit enseignement ne dit pas recherche. Les instituts de criminologie de Paris et de province ne sont A aucun degr6 des organismes de recherche. C'est li un principe auquel les Facultis de Droit, dont ces instituts d6pendent, sont jusqu'ici fermement attach6es. Pour rem6dier g cette carence, l'admninistration de 1'Education Surveillie, a 6t6 dans l'obligation de crier son propre centre de recherches ? Vaucresson. Ce centre nous a d6ji donn6 d'honorables travaux dont, en dernier lieu, une 6tude sur les bandes de jeunes. Depuis peu d'Admninistration p6nitentiaire a son Centre national d'Etudes et de Recherches qui collabore avec 1'Institut des Sciences criminelles de Strasbourg. En Belgique, les &coles de criminologie ont 6galement pour mission principale l'enseignement. Th6o- riquement elles ont ainsi vocation pour d6velopper les recherches, mais le bilan A ce point de vue n'est gu~re satisfaisant. Aussi, un centre de recherches consacries ? la d6linquance juv6nile a 6tC cr6 & Bruxelles. Il s'est d~ji signal6 par des travaux importants.

On ne peut quitter les pays de langue frangaise sans dire un mot du Quebec. A l'tJniversit6 de Montreal a CtC cr66 r~cemment, au sein de la Facult6 des Sciences Sociales, un d6partement de criminologie, dote d'une double mission d'enseignement et de recherche. La Facult6 des Sciences Sociales de Montreal comprend les d6partements suivants: anthropologie, sociologie, &conomie politique, science politique, relations industrielles, crimi- nologie. Dans ce dernier d6partement, des biologistes, des psychologues, des sociologues, des p6nologues travaillent en commun, animbs par un magnifique esprit d'Cquipe. Ces spicialistes ont d~ji acquis l'habitude d'une dimension nouvelle de recherche: celle oh l'on subordonne concepts, theories et tech- niques t

un point de vue criminologique commun. Les Pays de langue allemande ont une grande tradition criminologique.

En Allemagne de l'Ouest comme en Autriche, les instituts de criminologie sont A la fois des organismes d'enseignement et de recherche. Les travaux de l'Institut de Vienne, essentiellement d'ordre descriptif et statistique, sont connus. Ceux de l'Institut de Fribourg sont orients vers la m~thodologie criminologique et la pidagogie p~nitentiaire.

Dans les cantons suisses de langue allemande, l'Institut de Ziirich, en revanche, ne s'est gubre encore avanc6 au-deld de l'enseignement, pas plus d'ailleurs que son homologue de langue frangaise de Lausanne.

Dans les pays latins d'Europe la situation n'est guare satisfaisante en Espagne et au Portugal. A Barcelone, existe une Ccole de criminologie qui demeure surtout ax6e sur l'enseignement. A Madrid, l'administration fait r~aliser certaines recherches appliquies par l'Ecole P~nitentiaire. Jusqu'd ces dernibres ann6es les choses ne se pr~sentaient pas mieux en Italie, qui est pourtant la patrie de la criminologie. Mais coup sur coup on a assist& & la creation d'un Centre de Criminologie clinique dans 1'ensemble p6nitentiaire

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de Rome-Rebbibia, A l'installation dans cet ensemble de l'Institut d'Anthro- pologie criminelle de l'Universit6 de Rome, A la creation d'une chaire d'anthro- pologie criminelle A la Facult6 de M~decine, dont le directeur de l'institut est devenu le premier titulaire et, enfin, au rattachement A ces centres cliniques et universitaires de la section criminologique du Centre national de Preven- tion et de Defense sociale, organisme scientifique de caract~re privY, mais dont les attaches administratives et judiciaires sont importantes.

Les pays latino-anuricains qui ont tant fait dans le pass6 pour la crimi- nologie clinique, n'ont rien de comparable sur le plan de la recherche scienti- fique. Dans ces conditions, I'organisation des Nations Unies a d~cid6 de crier A Sio Paulo un Institut r6gional latino-ambricain de Criminologie. Mais, la constitution effective de cet organisme s'avare difficile,

Avec les pays scandinaves, le tableau change. L'Institut de Criminologie de Stockholm, qui est un institut d'universit6 et non de facultY, a &tb conqu A l'origine comme uniquement un organisme de recherches. A Copenhague, il en a 6t6 de mime et dans cette ville l'Institut des Sciences criminelles, dont la creation remonte A 1957, s'occupe essentiellement de recherches dans les domaines de la criminologie, de la politique criminelle et du droit penal. Ii a pour mission accessoire la formation des chercheurs. II est rattach6 A la Facult6 de Droit comme celui d'Oslo, alors que celui d'Elsinki (1962) est rattachC au Ministare de la Justice.

Les instituts scandinaves ddfinissent une formule nouvelle de centres orient~s vers la recherche. Ils se distinguent de tous les autres instituts rencontres jusqu'ici. II faut souligner aussi que les instituts scandinaves ont organis6 une coordination r6gionale de leurs activitis scientifiques (The Scandinavian Research Council of Criminology, 1961). On ne trouve en Europe qu'un autre organisme de coordination r~gionale de ce genre, celui organist par le Benelux sur le seul plan pinitentiaire. On peut signaler au passage que dans le principal pays du Benelux, la Hollande, la recherche scientifique s'organise autour des chaires de criminologie qui existent dans les Universit~s et autour des centres de clinique p6nitentiaire, au premier rang desquels il faut citer celui d'Utrecht qui constitue un modble du genre.

Sur l'organisation de la recherche scientifique en criminologie dans les pays slaves, nous ne savons que trbs peu de chose. A Moscou, il semble que l'Institut de Criminologie supprim6 A la suite de Ia Revolution, ait itC riouvert ces dernidres annies. En Yougoslavie, il existe des instituts uni- versitaires d'enseignement et de recherches. R&cemment un Centre national de Criminologie, exclusivement youC A la recherche scientifique, vient de voir le jour.

Dans les Pays anglo-saxons la situation est loin d'etre la mime aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Aux Etats-Unis, l'enseignement de la criminologie a CtC pendant long- temps l'apanage des Facultis ou Ecoles de Sociologie. Ces 6tablissements procurent A leurs assistants des ressources pour effectuer des recherches de criminologie sociologique par l'intermidiaire de grandes fondations pri- vies ambricaines. Mais il existe aussi des instituts spdcialists dont la creation a 6t6 souvent motiv~e par la n~cessit6 d'apporter une r~ponse A des pro- blames concrets. R~cemment, l'Universit6 de Berkeley a cr6 un d~partement de criminologie du type de celui de Montreal. A noter, Cgalement, que le National Council of Crime and Delinquency publie r~gulibrement d'abon- dantes informations sur les projets de recherches en cours, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le monde.

L'organisation de la recherche scientifique en criminologie au Royaume-

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Uni remonte A une date trbs recente. Jusqu'en I948, il existait seulement A Londres l'Institut pour l'Ctude et le traitement de la d6linquance qui, congu pour la clinique, s'est 6levC A la recherche, pour finir par l'enseignement. En vertu du Criminal Justice Act de 1948, le Home Office, a 6th autoris6 A subventionner des recherches sur les causes de la delinquance et le traitement des ddlinquants. Une section de recherches criminologiques a &td par la suite cree au Home Office. Elle a un double but: faire directement un certain nombre de recherches et en subventionner d'autres. Cette section a facilitC la creation, A l'Universit6 de Cambridge, d'une chaire de crimino- logie, dont le titulaire est directeur d'un institut largement outill pour la recherche. 11 n'existe pas de criteres susceptibles de caract~riser les recherches effectubes directement pour le service du Home Office et celles qu'il subventionne, notamment celles poursuivies A l'UniversitC de Cambridge. Le service minist~riel et l'institut universitaire font tous deux de la recherche fondamentale et de la recherche appliquie. Peut-6tre pourrait-on dire que le premier s'intdresse moins aux projets A long terme qu'aux projets A court terme et que c'est I'inverse pour le second ?

11 reste, enfin, A dire un mot des pays en voie de dkveloppement. En Turquie, les instituts d'Ankara et d'Istanbul ont t

t l'origine des orga- nismes de recherches. Ces dernidres annees, La Facult6 de Droit de l'Uni- versit6 Hibraique de J~rusalem a cr6 une chaire de criminologie, dont le premier titulaire est un mndecin, qui dirige un Institut ayant

, la fois une

mission d'enseignement et de recherche. En Egypte, un Centre national de Recherche sociologique et criminologique a vu le jour au Caire. Cet orga- nisme, dirig6 par un juriste, est independant de l'universit6 et de l'admi- nistration. En Inde, on trouve

. Bombay, un d~partement de criminologie

qui se consacre t l'enseignement et . la recherche et qui depend du Tata

Institute of Social Sciences. Enfin, I'Organisation des Nations Unies a pris l'initiative de fonder ,au Japon, un institut regional de criminologie pour l'Extreme-Orient, dont les buts prennent en consid&ration les recherches utiles au traitement des dblinquants et de la prevention du crime.

Au terme de cet apergu international, il apparait que la recherche scienti- fique et l'action sociale sont de plus en plus interd~pendantes. Mais s'il existe dans la plupart des pays un mouvement qui tend t substituer dans notre domaine le service public t l'initiative privie, il n'en reste pas moins que la situation actuelle est caract~ris~e par la superposition et parfois par I'oppo- sition des structures anciennes et nouvelles. Sur le plan comparatif un certain nombre de problimes se posent que l'on peut formuler ainsi :

I? L'organisation universitaire peut-elle se cantonner dans l'enseigne- ment de la criminologie et ignorer la recherche ?

2" S'il est admis que l'organisation universitaire dolt contribuer At la recherche, quelles sont les modalitis qui r~giront les rapports de l'ensei- gnement et de la recherche ? Peut-on concevoir des organisations universi- taires ind~pendantes pour I'enseignement et la recherche ? Ou doit-on les coordonner, les fusionner ?

30 Faut-il rattacher les organisations universitaires .

une Facultd ? Et dans l'affirmnative . quelle Facult : Droit, M~decine, Sciences sociales ?

40 Indcpendamment des organisations universitaires est-il utile de prtvoir des services de recherches d'origine gouvernementale ? Dans l'affirmative, quel sera le critbre de rdpartition des recherches : recherche fondamentale et recherche appliquie - projets A long et ?t court terme ?

5? Est-il utile de crier des Centres ou Instituts nationaux de Crimino-

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logie pour coordonner I'activitC des services administratifs et universitaires de recherche ? Ou faut-il laisser aux seuls services administratifs l'initiative de cette coordination ?

60 Convient-il d'envisager avec faveur des organismes internationaux de coordination ? A l'6chelle d'un groupe de pays (Benelux, Scandinavie) ? A l'ichelle d'une region (Europe, Extreme-Orient, Ambrique Latine) ? A l'dchelle mondiale ?

Telles sont les principales questions qui se posent et au sujet desquelles il convient de prendre parti. Elles appellent, i mon avis, les r~ponses sui- vantes :

I? Un enseignement acad6mique d~pourvu de liens avec la recherche scientifique et I'action sociale en criminologie est vou6 & un essoufflement rapide et est condamnC ? ne pas d~passer un niveau rudimentaire. Au contraire, vivifiC par la recherche fondamentale et appliquie, l'enseignement acad~mique, par les systimatisations qu'il implique, est un instrument de progris. I1 faut done conclure que l'organisation universitaire doit prendre en consideration la recherche scientifique en criminologie.

20 Il n'est pas nicessaire de fusionner, dans le sein de l'Universit6, ensei- gnement et recherche. On peut concevoir qu'il y ait deux sections d'un meme organisme universitaire consacries respectivement & la recherche et ? l'enseignement. La carriire universitaire devrait comprendre un stage d'un certain nombre d'annies dans la section de recherche, pr~alable ? l'accession a l'enseignement.

30 On peut rattacher cette organisation universitaire A une Faculth des Sciences sociales, l1 o0i elle existe. Il n'est pas souhaitable, A d~faut d'une telle FacultY, de la rattacher & une Facult6 d~termin&e. Mieux vaut alors se rallier au principe d'une organisation inter-Facultes.

40 Ind~pendamment des organisations universitaires il est toujours utile de pr~voir des services de recherches & l'&chelon gouvernemental. Les admi- nistrations, en effet, disposent d'une gamme 6tendue d'informations dont il est normal qu'elles se r6servent I'exploitation. D'une manibre g~ndrale, mais sans qu'il y ait de systime rigide, la recherche fondamentale et les projets A long terme paraissent devoir relever de la competence universitaire, tandis que la recherche appliquie et les projets ? court terme semblent devoir 4tre de la competence administrative.

50 Il ne saurait itre recommand6 d'attribuer aux seuls services gouverne- mentaux le soin de coordonner leur activit6 avec celle des organisations de recherches universitaires. En effet, si le passage de l'initiative privie au service public, dans notre domaine, est un fait acquis, du moins faut-il noter que l'organisation universitaire, avec son ind6pendance traditionnelle, constitue une garantie non n~gligeable de maintien de la recherche libre et disint~ress&e. Il s'ensuit que la coordination des activit~s universitaires et administratives postule la creation d'Instituts nationaux de type mixte.

60 L'utilit6 d'organismes internationaux de coordination A l'&chelle des groupes de pays, des regions et du monde est incontestable. Elle seule peut r~aliser l'information et la comparaison nicessaires.

En conclusion, l'organisation de la recherche scientifique en criminologie et ses rapports avec l'action sociale selon les principes qui viennent d'etre indiqu~s, est susceptible de r~aliser cette communautC d'efforts, ce travail

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en 6quipe, indispensables dans notre domaine pour susciter ce qui, au-delA de l'organisation, restera toujours indispensable, A savoir, comme l'a souli- gn6 E. De Greeff << l'acte du g~nie cr6ateur qui vient brusquement op~rer, parmi la somnolente mosaique des faits acquis, une polarisation nouvelle ,.

J. PINATEL

Secrdtaire Gdnkral de la Socidtk Internationale de Crirninologie.

Discussion

M. LEVASSEUR, Directeur adjoint de l'Institut de Criminologie de Paris et membre du Comit6 de Direction du Centre de Strasbourg se d6clare entiarement d'accord avec M. Pinatel sur l'int6rit et l'urgence de ces problimes, la n6cessit6 de coordonner enseignement, recherche et action sociale. I1 d6plore le caractere encore 6l6mentaire de l'enseignement donna dans les Instituts et le manque de coordination entre les recherches men6es par ces Instituts d'une part et les Facultis de Droit et Instituts de Criminologie de l'autre. Mais il pense que la cr6ation r~cente du Doctorat de sp6cialit6 (correspondant au 3' cycle des Facultis de Lettres et Sciences humaines) apportera une solution & ces problkmes.

Dans les Facultis de Droit on pr~voit un doctorat de criminologie, de pinologie, de sociologie criminelle, etc. qui permettra d'organiser des recherches fructueuses, conduites a la Facult6 de Droit, mais avec la collaboration de jeunes chercheurs de diverses disciplines. C'est dans ce sens qu'il conviendra d'orienter les Instituts de Criminologie sans fiXer pour l'instant les modalitis pratiques d'organisation et de coop&ration.

M. PINATEL, pour conclure, revient a l'initiative prise par le Conseil de 1'Europe au mois de d6cembre de l'ann&e derni~re, de r6unir quinze directeurs d'Instituts de recherches en criminologie qui comprendraient aussi bien des organisations admi- nistratives qu'universitaires. Une r6union annuelle de ces directeurs a deji 6t6 d6cidde. Elle permettra de cbnfronter les positions sur le plan europ6en. Cette initiative importante aura certainement des repercussions sur l'organisation de la recherech~e en France.

D'autre part sur le plan international, le Conseil &conomique et social des Nations Unies est saisi d'un projet de cr6ation & Genave, dans le cadre de I'O.N.U., d'un institut international de recherche sur le traitement des d6linquants et la prevention du crime, donc pratiquement sur tout l'ensemble des problames cri- minels.

Enfin M. Pinatel insiste sur la n6cessit6 d'ouvrir des d~bouch~s aux futurs docteurs en Criminologie. Dans les pays de type assez neuf, par exemple B Montreal oi il existe une licence de criminologie et oii un doctorat vient d'4tre institu6, ces dipl6mis sont tout naturellement aspir6s par toutes les administrations qui s'int~ressent aux faits criminels. Done on n'y entre qu'en 6tant diplo6m en crimi- nologie. En France on ne peut entrer dans la Police qu'en 6tant licencid en droit. I1 faudrait done 6viter que des chercheurs sp6cialis6s, apris s'8tre consacr6s pendant quelque temps A une recherche criminologique, ne bifurquent sur une autre branche.

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