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Marc MoreilJeanJacques Jérémie
Comité de lecture: j)clul AlieMi(hel BonlJouFf'pdppil Moniod
Conception et réalisation: Moliko Dj",lIouli
Révision: Muri(!-Odile Charvel
Réalisation:
Laboratoire d'HydrologieCentre Orstom de Montpellier
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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les "copies ou reproductionsstrictement réservées il l'usage privé du copiste et non destinées il une utilisation collective" et, d'autre part, que les analyseset les courtes citations dans un but d'exemple el d'illustration, "toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faitesans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite" (alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 etsuivants du Code pénal.
© CCEE 1994
Éditeurs scientifiques
\1.", \1",11
Comité de rédaction
\1,,,1 \lu,11 ORSTOM
CI, ,,1'1 1'("Ii" ,1 \ i'H,,,1 r:'.·f;f BRGM
CCEEConseil de la Culture de l'Éducation et de l'Environnement de la Guadeloupe
1994
Le cadre organisationnel administratif, juridique et politique de la gestion de l'eau dansle département lui aussi révèle, à l'examen, un certain constat de carence.
À titre de réponse partielle, les recommandations techniques pour améliorer les situations étudiées concernent principalement:
- le développement de la recherche et de la technique pour mieux prévoir la disponibilité de la ressource, pour mieux la protéger, la régulariser, la mobiliser et éventuellement la réhabiliter après usage.
- l'éducation, l'information et la sensibilisation des populations à la préservation dela qualité des milieux aquatiques et à l'économie de l'eau.
La lecture de ce document suggère qu'il y a lieu d'initier à moyen terme une véritablepolitique de l'eau fondée sur l'expression des besoins exprimés par les communautésconcernées (agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, représentants des sports et loisirs nautiques ... ) et sur une analyse objective des capacités du milieu à répondre à ces beSOinS.
Cela suppose auparavant que l'on ait d'une part, établi une grille d'évaluation despolitiques actuellement conduites et d'autre part, élaboré en avenant au Plan de Développement Régional 1994-1998, un Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux(SAGE) ainsi que le prévoit la loi du 3 janvier 1992.
Cela sous-entend également de créer les conditions de l'émergence d'un véritableoutil fédérateur à la fois conceptuel et opérationnel de cette politique, l'Agence debassin de la Guadeloupe. Il va de soi qu'il faudrait étudier la possibilité, dans la perspective de l'aboutissement d'une conjoncture nouvelle et responsable, de faire "jouer"le levier fiscal ou d'instaurer l'application des taxes de dissuasion, expression réglementaire de principe du "pollueur-payeur".
C'est à ce prix probablement que l'on minimisera les risques encourus par les fortescrues dans les vallées encaissées de la Côte-sous-Ie-vent, par les épisodes durablesde sécheresse ou par des pollutions accidentelles, et que l'on mettra à profit une technologie moderne dans le domaine de l'assainissement des eaux usées, que l'on exploitera rationnellement les gîtes aquifères pour l'approvisionnement en eau de demain, etc.
Dans le même esprit, façonnera-t-on des contrats de rivières pour «Goyaves" ou"Vie ux-H abitants» ? Procédera-t-on à l'entretien des berges des cou rs d'eau de lacôte Atlantique et au curage des mares et des canaux de la Grande-Terre?
Enfin, on planifiera de façon cohérente les ouvrages d'eau sur le territoire, on améliorera la qualité des eaux de baignade sur certaines 'franges du littoral de l'archipel eton favorisera l'ouverture sur le marché de l'emploi des métiers de la filière eau ...
Gageons que l'initiative du Conseil de la Culture, de l'Éducation et de l'Environnementpour informer les guadeloupéens des travaux réalisés et des progrès qu'il reste à fairedans le domaine de la gestion et de la préservation des ressources en eau fera date.
Le CCEE contribue ainsi à un indispensable processus de progrès social et de préservation active de notre environnement.
~ICI' rT~A
Géographe
ESPACE SANTÉ de RAVINE CHAUDE97 129 LAMENTIN
Téléphone: (19 590) 25 78 29Télécopie: (19590) 25 60 08
SOCIÉTÉ DES EAUX de CAPES-DOLÉDOLÉ - 97 113 GOURBEYRETéléphone: (19590) 92 10 92Télécopie: (19590) 9226 19
Remerciements
La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage estfondée sur les résultats acquis par les organismes auxquels appartiennent les auteurs, dans le cadre d'études commanditées le plus souventpar le Conseil général ou le Conseil régional de la Guadeloupe.
À ce titre, nous remercions Madame la Présidente du Conseil régional,Monsieur le Président du Conseil général, ainsi que Messieurs les Directeurs des organismes ayant collaboré à cet ouvrage.
Nous tenons à remercier aussi, la Société des Eaux de CAPES-DOLÉ, laDIREN de la Guadeloupe, le Maire et la municipalité du LAMENTIN sansl'aide desquels la réalisation de cet ouvrage n'aurait pu être menée à sonterme.
s 0 M M\) L'eau sur la planète
Jean-Jacques Jérémie
1 \ Le climat
'otholie BleuseChorles Mondor
17
Présentation de la Guadeloupe
Géomorphologie et paysagesFronçoise PogneLJ
) 1 Les solsYves-Morie Cobidoche
L'occupation du territoireChrisline Michenpou
Les ressources en eau
L'eau atmosphériqueL'évapotranspiration
Yves-Morie CobidocheLes précipitations
No lila 1ie Ble use, C h0 rie s MondorMore Moreil
35 Les eaux de surfaceMore Moreil
4 Les eaux souterrainesChorly oulinVincenl Pelil
L'eauet les risques naturels
Ouragans, crues et inondationsMore Moreil
Nathalie Bleuse, Charles Mondor
Les sécheressesMore Moreil
Notholie Bleuse, Chorles Mondor
7 1 Les autres risquesCharly PoulinVincenl Pelil
( 1
(
7) La protection des hommes et des biensChrisline Micheneau
ALes usages de l'eau
L'eau potableChrisline Micheneau
L'irrigationChrisline Micheneau
Les autres utilisationsJean-Jacques Jérémie
R E
, .
La qualité de l'eau
Pollution de l'eau et
dégradation de l'environnementJean-Jacques Jérémie
L'assainissement :3J e a n - Pie r r e j-J CI n g 0 u e 1
Karine Lamour
Les objectifs de qualité 5Chrisline Micheneou
La gestion de l'eau 1 ( 1
le schéma d'utilisation de l'eau 1C .'2Ch ri s t ine M ich eneo LI
La modélisation du fonctionnementd'un système d'eau l '.Ivlarc Moreil
La situation administrative 1 . <1Chrisline Micheneall
Conclusions 1 1 1
tvlorc l\1orell
Annexes
Glossaire
Liste des sigles
Bibliographie
1 13
Il J
1:20
,
\
JeClI1-JClcqUf" Jér~?rnie
Eau salée: 97 %
Leau est indispensable à toute forme de vie terrestre. Elle occupe près des 3/4 de la surface de notreplanète.
Elle est également présente dans l'atmosphère et enprofondeur puisqu'elle entre dans la composition dumagma terrestre.
L'eau existe dans la nature sous les trois états de lamatière:
- l'état solide (glaciers, neige, grêle ... ) ;- l'état liquide (mers, lacs, nuages ... ) ;- l'état gazeux (vapeur dans l'atmosphère).
Composante principale de notre environnement, ellesubit des successions de transformations d'états:
- vaporisation / condensation entre l'état liquideet l'état gazeux;- sublimation / cristallisation entre l'état solide etl'état gazeux;- fusion / solidification entre l'état solide et l'étatliquide.
97 % de l'eau présente dans notre système climatiqueest contenue dans les océans; reste 3 % d'eau douce,dont une infime partie se trouve dans J'atmosphère(0,0001 % du total).
Glaces: 77,2 %
Eau douce: 3 %
Répartition de l'eau sur la planète.
Eaux douces.
Atmosphère:0,03 %
Sol,sous-sol:
22,5 %
Lacs, fleuves: 0,3 %
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Le cycle de l'eau
Lesprécipitationssousleclimat guadeloupéen sont essentiellementsous forme li
quide.
Une partie de .l'eau précipitéeretourne vers l'atmosphère, parév apotran spi ra ti on.
Le terme d'évaporation désigneles pertes en eau des nappes d'eaulibres sous forme de vapeur (lacs,retenues, mares); alors quel'évapotranspiration regroupe lespertes du sol: absorption de l'eaupar le couvert végétal ou animal,et restitution à l'atmosphère par
transpi ration.L'évapotranspiration est liée àun grand nombre de paramètrestels que température, vent, hu
midité, rayonnement. ..
L'eau non restituéeà l'atmosphère
migre sous forme:
- d'écoulements de surfacerapides (rivières, ravines ... ),
transitant parfois par des zones de stockage naturel(étangs, mares ... ) ou artificiel(retenues ... ) ;
- d'écoulements souterrainsintervenant après infiltration;ces eaux sont souvent stockées en profondeur dans desréservoirs constitués de ro
ches poreuses et perméablesformant les aquifères.
Si elles ne sont pas utilisées parl' homme, les eaux souterrainesparviennent finalement à la mer.
Le cyc le de l'eau se poursuit: c'estle milieu marin qui, par évapo
transpiration, humidifie les masses d'air véhiculées par l'alizé.
Par condensation, il Ya formati onde nuages, etéventuelJement pré
cipitation.
Établir le bilan en eau d'une reglOn sur une périodedonnée, c'est chiffrer les quantités d'eau qui entrent et
sortent des différents bassins versan ts qui la composent(le bassin versant d'une rivière est la zone à l'intérieurde laquelle l'eau précipitée s'écoule et converge vers larivière).
Le bilan hydrologique d'un bassin versant peut s'exprimer schématiquement par la formule suivante
P = E + Q + 1 + U + dR
al'cc' P : précipitation
E : évaporation + évapotranspiration
Q : écoulement
1 . infi1trat ion
U : utilisation humaine
dR : stockage
Chacun des termes du bilan hydrologique est naturellement pondéré par divers paramètres climatiques etgéographiques. Parexemple, la température est l'u n desfacteurs principaux du pouvoir évaporant de l'atmosphère, le relief conditionne les précipitations des masses nuageuses, et la nature de la couverture végétaleinflue sur les phénomènes d'interception et de transpiration.
Les durées de séjour de l'eau dans les différents compartiments du cycle sont très variables. En moyenne,elles sont de j'ordre de la semaine dans l'atmosphère,de plusieurs jours à plusieurs semaines dans les rivières,des siècles à des millénaires dans les grands aquifèresdu sous-sol, d'une trentaine de siècles dans les océans.
L' év al uation des différents termes du cyc le de l'eau fai tl'objet des prochains chapitres. _
Schéma du cycle de l'eau.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
L'ARBRE ET LE CYCLE IJE l/PAU
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lllj~"r'h I, '~'ol',njl d'"j/l j'~' /, (<111,,11/11111"
L'écoulementle long du tronc
1
La transpiration
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L'évaporation du sol
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LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
'.III,li,I.'I.II"
(1,,,10. \1111111 Le climat de la terre en général, et des régionstropicales en particulier, est directement lié à laposition du globe terrestre par rapport au soleil.
L'axe de rotation du globe terrestre étant incliné de 23°sur le plan de son orbite, les deux hémisphères nereçoivent pas toujours la même quantité d'énergiesolaire. En hiver boréal, l'hémisphère sud est le plusexposé; c'est l'inverse pendant l'hiver austral. Aux lJéquinoxes, les deux hémisphères ont le même ensoleillement.
Équinoxe (Je rrinlemp" (20 mars)
Solstice J'élC(11 juin)
de/oupe ISlicc d'hi ~r
(22 dé 'cmbre)
Répartitioll de f'hIC'l"~i('
,wh/l rc S1/ r fa pfo lIèt e.
Équine e d'aul )Inne (13 sèptcll1l re)
Alors que l'équateur reçoit plus de rayonnement solairepar unité de surface que les pôles, la circulation atmosphérique, par les échanges méridiens de chaleur quil'accompagnent, permet de réduire les écarts de température entre les régions polaires et équatoriales (surla lune, dépourvue d'atmosphère, ces écarts atteignent200°C, et seulement 40°C sur la terre).
Rayonnëinenl sa/aire
Le rayonnement solaire est unifOlme mais, aux latitudes élevées,il se répartit sur une plus grandesurface qu'à l'équateur.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
,
Le "carême" ou
saison sèche
(février-mars)
sHi ver austral
- ///Fron.lJlolaire austral
Equ(Jrellr
~
7'ro[Jiqll;;;e;-d-;/;u-::L-;;'(Jp;:;;"-:;;:ic~ol;;;;'I1;-e -----:::::-.......::.~--- /~
N
Circulatlol/ /llll/o,lpliaiqllc //10 l'el/Ile.
est l 'hiver boréal. La ZIC est dans sa position laplus sud. L'alizé suit la face méridionale del'anticyclone des Açores, peu développé, et lui
aUSSI dans sa position la plus sud. Le front polairedescend jusqu'à la Floride.
La structure verticale de l'atmosphère typique de cettesaison est représentée ci-après.
La couche d'al izé est instable; elle est surmontée d'unecouche très stable: lacouche d'inversion qui stoppe lesmouvements verticaux.
Les différentes saisons se caractérisent par des migrations et des renforcements ou des affaiblissements descentres d'action météorologiques permanents. Ainsi,aux Antilles, la circulation générale atmosphériqueagissant sur la position relative des centres d'actionpermet de définir deux principales saisons avec destypes de temps bien différents: lecarême et l' hivernage.
On distinguera notamment
- des vents d'est dans les régions polaires;
- des vents d'ouest aux latitudes tempérées;
- des vents d'est aux latitudes tropicales: les alizés;
- le front polaire: zone deconflit entre 1'airfroid polaireet l'air chaud tropical;
- l'équateurmétéoroJogiqueou ZIC (Zone Intertropica le deConvergence) : ceinture nuageuse autour du globe matérial i sant 1a rencontre de l'al izéde nord-est de l'hémisphèrenord avec l'alizéde sud-est de1'hémisphère sud. La convergence de ces al izés, qui sontchargésd'humiditéparun trajet exclusivement maritime,entraîne une forte élévation del'air au niveau de la ZIC et, parconséquent, la formation denuages convectifs. Ainsi, laZIC, qui fait l'effet d'une barrière météorologique permanente entre les deux hémisphères, est-elle une zone defortes précipitations;
- deux zones de subsidence aux latitudes tropicales de part et d'autre et parallèlement à la forte ascendancede l'air de la ZIC. Cettesubsidence explique que, généralement, on n'observe pasde formations nuageuses importantes au niveau des tropiques.
Lors de l'été austral (ou hiverboréal), l'ensemble de ce systè mese décale vers l' hémisphère sud,c'est alors lui qui reçoit le plusd'énergie solaire.
La figure ci-contre schématise lacirculation atmosphériquemoyenne pendant l'été boréal (ouhiver austral).
u
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
(de juillet à octobre)
L'hivernage ousaison humide
pendant l'été boréal, la ZIC remonte vers le nord. L'anticyclonedes Açores se
renforce, tout en sedécalant vers les latitudes tempérées.L'alizé prend une
direction sud-est; il est très humide.Cirl/latioll géllérale (/fll1osphéri
q/le en vaisoll s('che.
~ ',.,u/lIre "erl/cale Jel'Of!TIO.lpltèrt' ('11 'i IÎSOIi lèdle.
ZIC
Ventd'est
Ventd'ouest
-80°C Température 30°C O°C
Couched'alizé
Couche detransition
Couche d'inversion
Altitude
Couchesupérieure
9000 m -
6000 m,
5000 m •
ZIC
"itrT/I'l/lre l'e,.,irale de l'atmosphère ell \([i.wl/ humide.
Ci1'('111(If illll gt'IIéru le li f /7/o.'iphériquc ell 1I/I'(,l'Iluge.
La structure verticale de l'atmosphère présente unecouche d'alizé instable plus épaisse que pendant lecarême (environ 5 000 mètres), surmontée d'une inversion peu marquée ou même limitée à une isothermie.Dans la couche de transition, les vents ont une directionvariable. Les forts vents d'ouest de la couche su périeuresont repoussés en très haute altitude.
Ventd'ouest
Couchesupérieure
Couche detransition
5000 m
10000 m_
Altitude
Si on excepte certaines situationsmétéorologiques particulièrescomme les pannes d'alizé ou lesdescentes d'air polaire (frontsfroids de carême) le développement vertical des nuages est limité à environ 2 000 mètres, et negénère que de brèves averses. Onnotera qu'au-dessus de la couched'inversion (vers 3 000 mètres),il y a une rotation des vents, ausein de la couche de transition. Onretrouve toujours, au dessus de8 000 mètres, des vents d'ouest,1iés à la présence d' airfroid d' origine polaire.
2000 m _Couche d'invers_~~~_-~_-_-_-~~~7 Vent
LCouche d'est
d'alizé
-80°C Température 30°C O°C
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Humidilé en %
78
1llIllIidifc\ /1101'(,1111(;1' 1I1('11.\/IC//I'S_
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Les condi tions son t fa vora bles àdes mouvements verticaux importants, peu frei nésparlacouched'in version etgénéra teursde n uages à fort développe men t vertical. C'est pendant l'hivernagequ'on relève les précipita tions lespl us im portan tes liées à des cel1ules nuageuses isolées très actives ou à des pertu rba tions a tmosphériques de grande échelle(ondes d'est ou cyclones parexemple).
Entre les deux saisonsq ueson tlecarêmeetl'hivernage,onobservede ux in tersa iso nsa uxcaractéristiques pluviométriques moinsmarquées.
Lesautresparamètresmétéorologiq ues présen ten tunevariabi litésaisonnièreet spa tiale bea ucouppl us réd ui te. Les figures su ivantesmontren tl 'évolutionann ueIJedes tem pératu res, de l'h umid itéetde l'insola tion en divers postesde l'archipel. _
Grande- Terre
Basse-TerreLe /?(Ii:l'I
• • La Désirade
Sa 111 f -FUIIIÇ'III S
•/' .- Busse- f('rre
\ Il'II,\ -//llhi1111/1\Insolalion en heures el dixièmes
Marie-GalanteLes Saintes
9.5Basse-Terre
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J F M A M J JAS 0 N D
Insn/ariolls moycnl/e. (//lotie/icl/lleS
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
1
1 r(lnçoise P(J'jIH'l)
Géomorphologieet paysages
a Guadelou pe offre, sur u ne superficie réd ui te,(1 709 km 2) une grande diversi téde paysages etde formes en relation avec ses caractéristiq ues
géologiques.
La Guadeloupe proprement-dite ou "Basse-Terre"(950 km 2
), île montagneuse issue d'un volcanismerécent, diffère de la Grande-Terre (570 km 2
) dont ladominante tabulaire résulte de recouvrements calcaires. Les dépendances proches reflètent la diversitéstructurale des îles principales: les Saintes, volcaniques, s'apparentent à la Basse-Terre; Marie-Galanteet la Désirade, à bâti volcanique et sédimentaire, ontune structure similaire à celle de la Grande-Terre.Enfin, les dépendances du nord (Saint-Martin et SaintBarthélemy) juxtaposent elles-aussi, mais de façon
plus complexe, roches volcaniques et sédimentaires.
LA CHAÎNE MONTAGNEUSEDE LA BASSE-TERRE:UN ENSEMBLE VOLCANIQUEL'archipel guadeloupéen fait partie du double arc desPetites Antilles (cf. carte), extrémité orientale de laplaque caraïbe sous laquelle s'enfonce la croûte océanique atlantique. De cette subduction, il résulte uneintense activité volcanique qui se traduit par les édifi
ces de l'arc interne, auquel appartient la Basse-Terre.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
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Hsvans OCÉAN ATLANTIQUE
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MER DES CARAïBES
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Puerto Rico NevIs~ S~ohnsSI. Thomas 0 r Antigua
Basse-Terre ,~)duadeloupe
PETITES Roseau~DominicaMartinique
ANTILLES Fort-de-FrancetJ~aslrles
St. Lucia ~ BarbadosKlngslown~ ..
St.Vincent ~ Brldgelown~
<'\ St. George .J'Grenada''-.'~ '\) :',
~J /J 'o. O~ Port of Spain 0obago
~~......., :-'.' ()Q ---=.
\ -..:=----.- Trinidad
; -AMÉRIQUE7Jt:JS[J~ r·~ ~,-~
Le dou!J!c a,.c des Peliles AI/lilles.
Les plus hauts d'entre eux (lesalti tudes cu 1m inenr à la Soufrièreà l 467 m) correspondent au volcanisme récent, d'âge inférieur àun million d'années. Ils s' échelonnent au sud des Pitons desMamelles. Au nord, un volcanisme antérieur a mis en place desreliefs plus modestes.
Le modèle actuellement admispour l'édification de la BasseTerre et basé sur les donnéespétrologiques fait état de l'existence de trois ensembles qui sesuccèdent du nord au sud et correspondent à trois générationsmagmatiques majeures. Cetteévolution globale s'est faite lelong d'axes de distension orien tésnord-sud. Les activités volcaniques actuelles se localisent au sud(Soufrière active) et au sud-ouest(champ géothermique). Dansl'ensemble, dominent des constructions issues de magmas acides,donc visqueux, donnant des dômes et des pitons (Soufrière, Ma-
deleine, Mamelles ... ), des brèches de nuées ardentes,des accumulations de pyroclastites, des couléesandésitiques d'extension réduite, des coulées de boueou Jahars ... Les formes d'extrusion (aiguilles, clochetons) de la Soufrière ou de la Madeleine témoignent dela jeunesse de leur mise en place. Des formes en creux(cratères) couronnent des cônes pyroclastiques.
Lu Basse-Terre sous les lIuages, (/// cOI/clier du soleil.
Si la vigueur de l'ensemble, surtout dans la moitiéméridionale de la chaîne, résulte d'une mise en placerécente (l'érosion a réduit davantage le volume mon-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Géomorphologieet paysages
tagneux au nord), l'entaille descours d'eau y est vive. Les fortespentes et l'abondance des précipitations déterminent un réseaudense de cours d'eau de type torrentiel qui sculptent avec aisanceles matériaux hétérogènes, souvent non soudés, déposés au coursdes éruptions volcaniques à dominante explosive.
Les entailles linéaires, fréquemment guidées par la structure(fai Iles, cou lées vo le an iq ues) d issèquent les flancs des reliefs, lesmodelant en crêtes vigoureuses.
Ces paysages hardis se rencontrent tout au long de la façadecaraïbe. Côté est, "au vent", onretrouve la marque de l'érosionfluviatile et le flanc du massifs'incline vers un long piémont.
LES PLAINES ETLES PIÉMONTSARGILEUX
La plaine argileuse des Abymes,le fossé de Grippon Morne-à"Eau, le piémont de la BasseTerre, sont de vastes étenduescouvertes de sols ferrallitiques,très épais, à la couleur rougecaractéristique. Ces derniers
Paysage voluwiqueal'CC IJO /1(1 ne ra i e
proviennent d'une longue altération chimique, souscouvert forestier, en climat chaud et humide.
COLLINES ET PLATEAUXCALCAIRES: GRANDE-TERRE,MARIE-GALANTE, LA DÉSIRADE
Comme sur toute formation decalcaires purs et relativement durs, lafracturation des roches élargie pardissolution permet l'infiltrationrapide des eaux précipitées sur le solvers les nappes profondes. C'estla raison pour laquelle la Grande-Terre et les îles analogues ne l.2.comportent aucu ne ri vière permanente mais des cu vettesfermées, appelées dolines, dans lesquelles se perdentles eaux de ruissellement. Un tel relief associé à ce
fonctionnement hydrologique est appelé karst.
Le karst à mamelons des Grands-Fonds, dont on retrollve l'équivalent à Marie-Galante (les Hauts deSaint-Louis), est sans doute l'un des éléments les pluspittoresques de la morphologie en Guadeloupe.
Les sédiments calcaires, d'une trentaine de mètresd'épaisseur, datés du Plio-Pléistocène (inférieurs à 4millions d'années), sont modelés en un remarquablekarst aux vallons argileux et collines convexes constituant un maillage topographique d'une extrême complexité.
fanage de C"olldl:'-Terre.
Là où la tectonique n'a pas déterminé de soulèvementimportant, les calcaires donnent des plateaux (ceux dunord et du sud-est de Grande-Terre, ceux de MarieGalante, la table de la Désirade) à dolines, très visiblespuisqu'elles sont occupées par des mares. Des faillesdonnent des escarpements de faible ampleur etaccidentent ces paysages tabulaires.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES RELIEFS1
CONTRASTESDES PETITES ÎLES
Au premierabord, on peut scinderles petites îles de la Guadeloupeen deux catégories:
- l'une, à sou bassement volcanique et à recouvrement decalcaires plio-pléistocènes,voire quaternaires (la Désirade, Saint-Martin et SaintBarthélemy) ;
- l'autre,exclusivementvolcanique, correspondant à l'archipel des Saintes.
La Désirade com porte l'ensem blele plus ancien de l'arc des PetitesAntilles, ensemble vieux d'environ 145 millions d'années.
Dans ces îles, les formes sontgénéralement hard ies, malgré desaltitudes assez modestes. C'estque la proxim ité d u niveau de basey a favorisé l'incision des coursd'eau et que des phénomènesextrusifs volcaniques ont mis aujour des roches dures, peu attaquées par l'érosion.
DES PAYSAGESCÔTIERS VARIÉS
La région offre une grande diversité de littoraux. Les côtes desu bmersion, occ upées par la mangrove et les prairies d' arrièremangrove,jalonnentles baies auxeaux calmes et peu profondes(Grand-Cul-de-sac-marin et Perit-Cul-de-sac-marin, lagons desîles du nord).
Ailleurs, les côtes d'émersion semanifestent, par des falaises etdes pointements rocheux (falaises de la Pointe d' Antigue dans lenord de la Grande-Terre, de laDésirade et de Marie-Galante).
Plages, cordons fermant des lagunes, résultent d'accumu lations sableuses d'origine corallienne. À l'avant dulagon, les vagues se brisent sur la barrière corallienne.
Enfin, les massifs volcaniques de la Basse-Terre et desSaintes sculptent des côtes rocheuses où alternent capset anses au sable gris.
En conclusion, la Guadeloupe est un modèle réduit desPetites Antilles. Sa diversité structurale et morphologique est telle qu'elle offre, sur un espace restreint, lesprincipaux paysages des îles de J'arc antillais.
Lillnral ail 'Vellf de lu Grul/de- Terrc.
La Désirade, vue de fa poinfe dn ch(jfeaux.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les sols
a formation des sols provien tde l'al tération des projections sur un sous-basse
ment volcanique en Basse-Terreou recouvert de calcaires enGrande-Terre. Cette altérationfournit des argiles dont le typedépend de la pl uv iométrie, de l' altitude et de l'âge des sols. C'estpourquoi les sols de la Guadeloupe sont très variés malgré lataille restreinte de l'île.
Pour chaque type de sol, un arrangement spécifique des particulesd'argile détermine les propriétésd'infiltrabilité et de réserves eneau pour les cultures ainsi que lerisque de pertes en terre par érosion en nappe: trois propriétéspédologiq ues importantes pour lagestion des ressources en eau.
Érosion dOl/s fa région dcs GrandsFonds,
La chaîne volcanique septentrionale de la Basse-Terre, largementdémantelée par l'érosion, date de2 à 4 millions d'années: les solsferrallitiques acides y sont principalement constitués d'halloysites en tubules cimentées par lesoxydes de fer en microagrégats.
Les sols rouges de la Basse-Terre ont une infiltrabilitéélevée mais une réserve plus faible; les couchesprofondes participentcependantà l'alimentation eneaudes racines grâce aux remontées capillaires que permetl'arrangement des microagrégats. La pl uv iométriemoyenne interannuelle dans cette région d'altitudeinférieure à 100 m évolue entre 2 et4 m de hauteurd' eau.
La plupart des volcans du sud de la Basse-Terre ontmoins de 100000 ans. La Soufrière, qui culmine à1 467 m d'altitude, est célèbre parson éruption phréatique de 1976. Ladernière éruption magmatique remonte au XV· siècle.
La fone pluviométrie (2,5 à Il m depl uviométrie in teran nuelle) affectan tle massif permet la formation d'andosols constitués 11essentiellement d'allophanes, gels en flocons très hydratés. Leur réserve en eau est importante et fac ilementexploitable même par des racines peu denses; l'eau enexcès est rapidement évacuée; malgré la pluviométrieet la pente très fortes, les particules de terre sontsuffisamment solidaires entre elles pour que l'érosionsoit quasi inexistante.
La Grande-Terre, au relief peu marqué comme MarieGalante, est constituée de calcaires récifaux sur lesquels les matériaux de projection volcanique ou
d'origine alluvionnaire ont formé dessols argileux plus ou moins profonds(quelques décimètres à quelques mètres). La pluviométrie moyenne interannuelle varie selon l'exposition, entre1 200 et 1 800 mm. Les vertisols noirsde Grande-Terre et de la Côte-sous-leVent, sont constitués de smectites ouargi les gonflantes disposées en nidsd'abeille à géométrie variable. Ce réseaupermet une réserve importante mais soncloisonnement entrave la circu lation del'eau. Ainsi, seules les plantes à enracinement fin et dense parviennent à utilisercette réserve. Par ailleurs, le gonflementde ces argiles, lorsqu'elles sont humides,
empêche totalement l'infiltration; le ruissellement estalors très important, générateur de crues subites, desubmersion des zones plates et d'excès d'eau durables,mais aussi d'érosion en nappe lorsque les argiles sedispersent facilement.
Les îles de la Désirade, des Saintes, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin portent des sols peu profondset peu évolués principalement sur roche volcanique.Paradoxalement, ce sont les zones les moins pluvieuses
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
qui supportent les risques de perteen terre et d'inondation les plusforts.
LI!, llpes de sol de lu G l/ac/elOi/fic,
Andosols
Sols hlïln-rouille à ha//oysile
Solsferra//iliques à ha//oysile
Sols sur formations volcaniques
_ Venisols à smeuile
Sols à monlmorillonile el kaolinile
La fertilité chimique des sols esten relation avec la pluviométrie:les sols fertiles des zones sèchessont saturés en base de pH neutre,alors que les sols des régionshumides montrent des carencesen base et un pH fortement acidequi peut entraîner une toxicitéaluminique pour les plantes.
Sols sur formations de calcaire corallien
Verlisols el sols "eniques à smeclile
Sols peu profonds calcimagnésiques
A Il uvions-coll uvions
l' 1
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
L
Si le taux de boisement reste relativement important(39 %), il est adapté aux conditions climatiques ettopographiques, et la déforestation ne saurait se poursuivre sans compromettre le cycle de l'eau et la stabilitédes sols comme on j'a vu dans d'autres îles de la Caraïbe.
canne il ~lIcre
29 %
~urfaces é1grico!t" .:n (Ir
hüi~. for~ls
39 %
zone~ urhaines15 (';'(
Loccupation duterritoire
a mise en valeur du territoire s'est faite au détriment des formations
naturelles originelles avant de seheurter à des limites physiques depentes et de pluviométrie (excèsou insuffisance) et à la pauvretéou à J'instabilité des sols.
UN MILIEUNATURELÀ SAUVEGARDER
Malgré un flux d'émigration très important dans lesannées 70, la population de la Guadeloupe a progresséde37 %depuis 1961 pourarriveren 1990à387 000 habitants, soit une densité de 227 habitants par km 2
(contre 102 en métropole). Mais l'extension des surfaces construites a progressé beaucoup plus vite que lapopulation avec l'augmentation sensible du niveau devie, l'abandon des "centres-bourgs" vétustes stériliséspar les indivisions, et l'aspiration générale à la maisonindividuelle sur terrain familial.
L'habitat s'est ainsi tout naturellement étendu au détriment du terroir agricole le plus productif: terrainsplats ou peu pentus, proches des zones déjà urbaniséeset/ou facilement accessi bles.
Aujourd'hui subsistent quelquessavanes, des friches dénaturéespar les tentatives d'exploitation,mais aussi un espace naturel boiséde 66 000 ha env iron, composé :
- d'une forêt humide de montagne (dont 28 060 ha de forêt"domaniale"). La création duParc national en 1988 sur17 300 ha, inclus pour l'essentiel dans la forêt domaniale, répond à un souci deprotection de ce patrimoineexceptionnel;
- d'une forêt sèche pl us oumoins rabougrie des mornes etplateaux squelettiques;
- d'une mangrove (8 000 hasoumis au régime forestier).Dans le Grand-Cul-de-sacmarin, 1 600 ha sont inclusdans la réserve naturelle associée au Parc national et destinée à protéger les milieuxhumides du littoral;
- d'uneforêtsèchedomanialedu littoral (1 500 ha).
L' habi tatet les acti v ités occu pentles piémonts, les plaines et dépressions, et les franges littorales.
lande~
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25 (k
UNE PRESSIONDÉMOGRAPHIQUEIMPORTANTE
ban'mes13 ('k
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LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
UNE RÉPARTITIONDÉSÉQUILIBRÉE,
DES ACTIVITESÉCONOMIQUES ETTOURISTIQUES
Les communes de Pointe-à-Pitre,Abymes et Baie-Mahault regroupent l'essentiel des activités industrielles et commerciales etexercent de ce fait une formidableattraction démographique: ainsi,en 1990, elles concentrent 27 %de la popu lation sur à peine 6,7 %de la surface départementale.
Malgré une diversification récente, le tourisme reste centré surl' hôtellerie de la "Riviera" et desîles du nord, laquelle, avec unecapacitédel'ordrede6 OOOchambres accueille environ 330 000touristes par an. D'importantsprojets rééquilibrants sont prévus, notamment à Vieux-Habitants et Anse-Bertrand, mais leseffets n'en seront pas perceptibles avant une dizaine d'années.
UNEAGRICULTUREEN DIFFICULTÉ
Autrefois richesse économiquemajeure, l'agriculture estaujourd 'hui un secteur en difficulté qui doit faire face à la concurrence extérieure, compenserla faiblesse du marché intérieur,recon vertir les hommes et lesstructure et résoudre le problèmede l' ali mentation en eau pouraméliorer et diversifier les productions. Elle a donc du mal à contenir l'extension des zones urbaines. Si la surface agricole utilisée(SAU) globale a assez peu variéces dernières années, la part relative des terres de valeur agrono-
mique médiocre s'accroît du fait du grignotage urbaindes meilleurs sols. Par ailleurs, l'évaluation de lasurface agricole utilisée peut se faire selon deux méthodes : l'évaluation visuelle globale, mise à jourchaque année, et le cumul des surfaces des exploi tationsagricoles, qui n'est révisé qu'à l'occasion du recensement général agricole. En 1981, les deux estimationscoïncidaient à peu près mais, en 1989, la SA U ressortantdes exploitations agricoles était inférieure de 16 % à laSA U glo ba le. La d iffére nce vien t de s terrains "c u 1ti vés"simplement pour l'entretien mais considérés par leurspropriétaires non agriculteurs comme un patrimoinevoué à la construction.
ORIENTATIONS POUR LESZONES URBAINES
La structure démographique laisse penser que la croissance va se poursuivre sur la lancée actuelle. Cependant, les décideurs s'accordent désormais à limiter lesextensions urbaines par la densification de l'habitat, larevalorisation des "centres-bourgs" et un zonage d'activités harmonieux et rééqui libré vers la Côte-sous-leVent, le nord de la Grande-Terre et les dépendances.Toutefois le pôle pointois conservera sa prééminence,confortée par l'amélioration prochaine des grandesinfrastructures portuaires, aéroportuaires et routières.Les surfaces déjà c lasséesen zone d'urbanisation futuremais non encore construites devraient suffire à laconstruction des logements nécessaires pour les 20 ansà venir, sauf à en ajuster la répartition. •
Pointe-ô-Pilre cr ln Ri\'ière Salée.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Zones urbaines et c!'l/,./J {nisatioll jÛllfl'e.
(d'après les POS opposables au 31/12/1991)
Zones touristiques _ Zones d'habitat existant aggloméré ou diffus etzones d'activité
Zones d'extension futurede l'habitat et des activités
Limite du Parc national
Limite de forêt départementale-domaniale
•
BASSE-TERRE
Sainte-Rose
-----,TEl R '-DE-I-IA T
lo~TERRE-DE-1:3A,L:j J
Anse-Bertrand 4.
Port-Louis
BaieMahault
LA DÉSIRADE
GRAN DE-TERRE
Moule
MARIE-GALANTE
Grand-Bou 'g
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Vinunl r elil
Leau atmosphérique
Leau atmosphérique se compose d'eau à l'état devapeur caractérisant l'humidité (ou degré hygrométrique de l'atmosphère) et d'eau liquide for-
mant les microgoutelettes des nuages qui en s'agrégeant provoquent la pluie.
L'ÉVAPOTRANSPIRATION
Ce terme désigne l'eau qui retourne sous forme devapeur vers l'atmosphère, à la fois à partir du sol(évaporation) et des plantes (transpiration). Trop peude données sont disponibles pour que l'on puisseintégrer l'eau quittant à ['état gazeux les zones urbaines ou construites, considérées comme surface négligeable dans le paysage.
L'évapotranspiration potentielle (ETP) est une grandeur théorique qui suppose que le sol est recouvertd'une végétation basse et que sol et plantes sont recouverts d'un film d'eau; elle est donc uniquement dépendante des caractéristiques évaporatives du climat.
L'évapotranspiration maximale (ETM) est l'eau perdue sous forme de vapeur par un couvert végétal donné(forêt, prairie, culture ... ) bénéficiant d'une alimentation en eau optimale. Une fois mesurée, elle est engénéral exprimée comme une multiplication de l'ETPpar un coefficient "cultural", prenant en compte letype de couvert et son stade de développement, notionsqui recouvrent implicitement la densité de surfacesévapotranspirantes que constituent les feuilles.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
ETP = 0,24 Rg
l'eauatmosphérique
L'évapotranspiration réelle(ETR) est l'eau effectivementperdue par une surface ou un couvert végétal donnés, à un instantdonné. Elle est liée à l 'ETM parune loi de réduction prenant encompte le fait qu'un sol desséchéou une plante extrayant l'eau d'unsol en cours de dessiccation perdent moins d'eau: la disponibilité énergétique de l'eau du soldiminue, les plantes peuvent enmême temps mettre en jeu desrégulations actives de leur perted'eau telles que la fermeture desorifices de sortie d'eau desfeuilles (régulation stomatique).
L'application de ces notions à ladétermination de l'eau effectivement retournée sous forme devapeur à l'atmosphère pose uncertain nombre de problèmes demesure ou d'estimation selonl'échelle à laquelle on se place.Ces mesures et estimations sontréalisées depuis plusieurs annéespar l'Unité Agro-pédo-climatique de l'Inra en Guadeloupe.L'ETP est généralement considérée comme proche del'évapotranspiration d'un couvert de gazon convenablementalimenté en eau et nourri en minéraux. Des dispositifs permettant de peser ou mesurer les pertes d'eau (lysimètres) installés àDuclos, Petit-Bourg (pluviométrie moyenne annuelle 3,0 mètres, altitude 150 mètres, au pieddu versant est de la chaîne volcanique) et à May, Saint-François(pluviométrie moyenne annuelle1,2 mètres, plateau est de GrandeTerre), ont fourni les valeurs suivantes:
La confrontation avec diverses formules d'estimationde l'ETP à partir de données climatiques a permis deretenir l'équation suivante, permettant de calculerl'ETP (en millimètres par jour) à partir du rayonnement global (Rg, en Mégajoules par mètre carré, parjour) :
L'utilisation de cette formule n'est autorisée que pourobtenir une moyenne sur une semaine ou plus, lecoefficient constant sous-entendant un vent moyen,une humidité moyenne et une tem-pérature moyenne fiables.
Compte-tenu de la régularité dej'alizé, fournissant un air toujourshumide, ainsi que de la températurejournalière moyenne, la forte dépen- 17dance de l'ETP par rapport au rayonnement solairen'est pas étonnante. La présence de deux maximums,correspondant grosso modo aux deux périodes de pas-sage du soleil au zénith, en est l'illustration. On noteraque malgré un rayonnement global important, l'humi-dité de l'air entraîne des valeurs de l'ETP relative-ment basses, moitié moindres de celles obtenues enété sous des latitudes tempérées à l'intérieur des ter-res.
L'ETP fournira une estimation correcte des pertes envapeur d'eau globales de grands espaces, couverts deforêts ou savanes, et en dehors de la saison sèche.
À l'inverse, le calcul de l 'ETR d'une parcelle donnéeà une période donnée demandera une bonne connaissance du coefficient cultural, et de la réduction del'évapotranspiration consécutive à l'épuisement desdifférents compartiments de la réserve en eau du sol.La principale inconnue, qui fait l'objet de recherchesactuelles à l'Inra, concerne la quantification des compartiments de réserve en eau des différents sols de laGuadeloupe, ainsi que l'évaluation de la disponibilitéde cette eau pour les plantes. C'est là un point clé dela réussite de la diversification des cultures par lerecours à l'irrigation.
oyennes sur un mois
ETP Moyenne Minimum Maximums
mm/jour annuelle décembre avril, juillet
Petit-Bourg 3,6 2,5 4,3
Saint-François 4,8 4,0 5,5
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES PRÉCIPITATIONSEn région intertropicale, et doncen Guadeloupe, la pluviosité estle paramètre climatique qui présente la plus grande variabilitéspatiale et temporelle. Parailleurs, les pluies constituent, laplupart du temps, le principalapport en ea ua ux plantes du milieu naturel et aux cultures. Enfin, les écoulements des rivièreset la recharge des nappes d'eausouterraines dépendent essentiellement du volume des précipitations.
28 Les stations, ou postes, de mesure pluviométrique d'une régionconstituent un réseau. En Guadeloupe, grâce à la densité du réseaupluviométrique, à la longueur desséries de mesures qui dépasseparfois soixante-dix ans, le régimepluviométrique de l'archipel està présent, pour l'essentiel, bienconnu.
Historiq uement, les tout premiersrelevés pluviométriques remontent à l'année 1782 (Le Gaux).Les observations météorologiques furent effectuées par le Service de Santé Colonial dès 1834,puis par les exploitants sucrierssurtout depuis 1920.
Le Service Météorologique Colonial, créé en avril 1929, n'ouvrela première station guadeloupéenne qu'en 1942àSaint-Claude.C'est en 1950 que la Sous-régionGuadeloupe de la Météorologienationale s'implante au Raizetcréant une soixantaine de postesdont certains sont observés dansles gendarmeries.
Dès les années 1960, l' Orstomimplante un réseau pluviométrique d'altitude en Basse-Terre quicomprenait dans les années 1980,plus d'une quinzaine de postes àplus de 300 mètres d'altitude.
La banq ue de données pl u viométriq ues opérationnelle repré-
sente aujourd'hui l'équivalent de 4 500 stations-années. Le réseau de mesures pluviométriques comprend actuellement plus d 'u ne centaine de postes.
Variabilité spatiale
L'évaluation de la pluviométrie moyenne annuellepermet de tracer après interpolation, les courbesd'égale pluviométrie, appelées isohyètes, expriméesen hauteurs d'eau mesurées en millimètres (soit enlitres par mètre carré).
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i.:11 1
1"1"1
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Courbes isohyètes de la pluviométrie moyenne annuelle(enrnnl).
La Guadeloupe reçoit, en année normale, 3 à 4 milliards de mètres cubes d'eau, représentant environ50 fois la consommation humaine globale (eau potable, eau industrielle, irrigation, etc.). Globalement, laprésence des terres de la Basse-Terre et de la GrandeTerre multiplie par près de 2,5 fois la pluviosité surl'océan qui l'entoure estimée à 900 mm.
Le tracé des isohyètes met en évidence une variabilitéspatiale des précipitations tout à fait remarquable: sienviron 1 000 mm d 'ea u sont recueillis en moyennesur les régions les plus sèches, le sommet de la Soufrière enregistre une pluviométrie annuelle voisine de12 000 mm. Cette amplitude est tout à fait exceptionnelle: par comparaison, un climat tempéré commecelui de la France métropolitaine, ne produit sur ceterritoire de 550 000 km 2 qu'un rapport voisin de 4entre les régions les plus humides et les plus sèches.
En raison de sa faible superficie, la Guadeloupe est, àun instant donné, soumise dans son intégralité à lamême masse d'air, dirigée par la circulation généraleatmosphérique. C'est donc la morphologie même del'île qui est à l'origine de la forte variabilité spatiale
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
l'eauatmosphérique
des précipitations. Les différences d'alti tude, d'exposition auxvents dominants, d'éloignementpar rapport à la côte entre lesdivers points de l'île nous amènent à distinguer deux effets principa ux régissan t le mécanismedes précipitations:
l-Un effet orographique prépondéran t en Basse-Terre:
L'air, dirigé par le flux d'alizéd'est vers les reliefs d'orienta-
/1 !- -'," \( Soufrière (1467 m)!lm . •
Lorsqu'il descend vers la Côte-sous-Ie-Vent, l'air aéliminé une partie de son eau par précipitation: satempérature est plus chaude et son humidité est plusfaible.
La correspondance en tre isohyètes et lignes de niveausur la Basse-Terre illustre tout à fait le phénomène.Les gradients horizontaux varient de 150 mm parkilomètre au nord de la Côte-au- Vent, à 600 mm parkilomètre au sud de la Côte-sous-le- Vent. À altitudeégale, la pluviométrie annuelle estnettement plus forte sur le versant auven t que sur le versan t sous le ven t.
---.\ ....
....
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Saint-Claude (650m)4,6 m - 24,1 oC _.
Basse-Terre(60m)1,6 m - 26,1 oC
\SW
Roujol(32m)~/ 2,2 m - 26,2°C
NE
Altitudes, précipitations et températuresmoyennes annuelles sous effet de Fœhnen Basse- Terre.
tion nord-sud, est contraint enCôte-au- Vent de s'élever pourfranchir la montagne: il subitune détente (la pression de l'airdécroît avec l'altitude) qui entraîne son refroidissement. L'airne pouvant contenir qu'une certaine quantité d'eau sous formede vapeur, d'autant plus petiteque sa température est plus basse,atteint la saturation. Si l'élévation, et donc le refroidissementse poursuivent, l'excédent d'eause condense; il Ya formation degouttelettes constituant un nuageet éven tuellement précipitation.
2 - Un effet de continentalité ou effet dethermoconvection, prépondérant en Grande-Terre et àMarie-Galante:
Le fort ensoleillement dont bénéficie la Guadeloupe,et particulièrement la Grande-Terre (prèsde 8 heurespar jour en moyenne) provoque au cours de la journéeun fort réchauffement du sol qui transmet sa chaleur àl'air. L'air ainsi surchauffé, mais humide et plus léger,a donc tendance à s'élever. Des mouvements verticaux sont ainsi amorcés et amplifiés par la couched'alizé de type instable. En s'élevant, l'airse refroiditet la vapeur d'eau qu'il contient se condense: il y aformation de nuages comme le confirme l'image SPOTdu 31 décembre 1986; c'est souvent vers 14 heuresque l'on observe des averses.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
C'est d'est en ouest, dans le sensde l'alizé, que la durée du contact sol-air sera maximale: c'estpour cette raison que l'on observesur la Grande-Terre un gradientpluviométrique d'est en ouestavec des valeurs qui évoluent progressivement de moins de1 300 mm à Saint-François et auMoule à près de 1 800 mm sur larégion pointoise. Le même phénomène est observé à Marie-Galante où la pluviométrie annuellemoyenne varie de 1 200 mm à1 500 mm.
Les îles de faible superficie (lesSaintes, la Désirade, Saint-Barthélemy), qui n'imposent auxmasses d'air q ue peu de contraintes orogra phiq ues ou thermiq ues,ont une pluviométrie moyenned'environ 1 000 mm, légèrementsupérieure à celle de l'océan quiles entoure. Saint-Martin, d'unesuperficie supérieure (50 km 2),
voit sa pluviométrie annuelle atteindre 1 500 mm sur ses sommets culminant à 424 m.
La variabilité spatiale est égaIement remarquable à l'échelled'un épisode pluvieux: lignes degrains, ondes d'est, fronts froids,orages localisés et phénomènescycloniques.
Image SPOT du 31 décembre 1986.
Les méthodes de prevIsion des précipitations àtrès court terme sont actuellement basées sur l'interprétation de l'imagerie radar et satellite. L'implantation en 1993 d'un radar Doppler 10 cm vapermettre d'améliorer la prévision et donc la miseen alerte en cas de fortes pluies.
Surveillance des cyclones tropicaux par satellite.(GOeS - 2, le 18/09/1978).
Variabilité temporelle
Certains régimes pluviométriques déterminent desrépartitions saisonnières relativement stables avecdes dates d'apparition de saisons sèches et de saisons pluvieuses pratiquement identiques d'une année sur l'autre: en Afrique continentale, par exemple, les années se distinguent par la rigueur relative
des saisons sèches et/ou par l'abondance relative des saisons des pluies.
En Guadeloupe, la circulation générale de l'atmosphère conditionneprincipalement deux types de saison:
- le carême, saison sèche plus oumoins bien marquée centrée sur féVfler-mars,- l'hivernage, saison pluvieuse dejuillet à octobre, qui assure la plusgrande part de la pluviosité totale.
Entre ces saisons, on observe deuxpériodes de transition: avril-juilletfaisant apparaître un maximum relatif en mai, et décembre-janvier.
En fait, la moyenne apparaît commeun paramètre statistique insuffisant
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
SOO~400300200100o
J F MA M J JAS 0 ND
Lorienl (Iolal : 970 mm)il Saint-Banllélemy
~~L:.m.200100o
JFMAMJJASOND
Marigol (Iolal : 1 140 mm)à Saint-Manin
EL.t.200~oo
JFMAMJJASOND
Campêche (Iolal : 1 270 mm)
~L...100o
JFMAMJJASOND
Clugny (IOlal : 1 450 mm)
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Grand-Bourg (Iotal : 1 330 mm)
J
:L300200
~OOIIIlUlJ FMAMJJ ASOND
Désirade (total: 1060 mm)
S00L...400300200100o
JFMAMJJASOND l.lLetaye-Amont (Iolal : 1 200 mm)
Capeslerre (IOial : 2 150 mm)
500 La-Terre_de-HaUI (lolal : 960 mm)400300200100o
JFMAMJJASOND
1 800 mm)
".:u..300200100o
• JFMAMJJASONDL:"""' (,...,,2820 mm)
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JFMAMJJASOND
JFMAMJJASOND
--1
Citerne (Iolal : 8750 mm)
140012001000
800600
400200o
ËL...u.Le Raizel (Iotal :
100o
JFMAMJJASOND
Sainte-Rose (Iolal : 1 780 mm)
JFMAMJJASOND
JFMAMJJASOND
Merwan (tolal : 7 070 mm)"~------------'
Denl-de-L'Esl (Iolal : 10900 mm)
o
400
1000900800700600500400300200100o
200
800
~~JFMAMJJASOND
Deshaies (tolal : 1630 mm)
600
1200
1400
1000
SOOl.U.400300200100o
J FMAMJ J ASOND
Bonne-Terre (Iolal : 2450 mm)
:~200100o
JFMAMJJASOND
Grand-Élang (IOlal : 3 780 Illm)
Répartition des pluies moyennes mensuelles.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
décrire le régime pluviométriqueguadeloupéen : c'est l'écartautour du comportement moyenqui caractérise sa nature réelle.
L'étude cxhausti ccl's séries disponihJcsen Guadeloupe ne montre que très exceptionnellementun profil annuel conforme à lam )ycnne.
Par exemple, la répartition parclasses de la pluviométrie mensuelle du mois de mai montre quela valeur moyen ne ne se situe pasparmi les valeurs le plus souventobservées. Cela s'explique par Je
li fait que ce mois de transition entre carême et hivernage est marqué soit par un carême sec tardif.soit par la présence d'éventuelles perturbations de carême (descentes d'air froid polaire), soitpm l'apparition des premièresperturbations d'hivernage.
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hauteur de préclpil,11ioll en mm
Distribution des précipitationsobservées en mai.(Le Raizet J951-1990).
1 rc\ anche, la fluctuation moi ndF autourdesvaleursmoyenn 'sdes mois de carême ou d'hivernage traduit l'homogénéité desperturbations atmosphériques àcesépoqu-sclc l'année.
Ces importantes fluctuationssaisonnières impliquent également une forte irrégularitéintcrannuelle.
On peut apprécier la variabilitéintcrannuelle à raide du coeffi-
cient d'irrégularité K3, rapport de la pluviométrieann uelle décennale humide (probabilité d'être dépassée une année sur dix) à la pluviométrie annuelledécennale sèche (probabilité d'être dépassée neuf années sur dix).
Le tableau suivant présente, pour les principaux postes, les valeurs des pluviométries annuelles, P exprimées en mm, des médianes (probabilité de dépassement une année sur deux), des pluviométries annuelles décennales déficitaires et excédentaires, et lesvaleurs des coefficients d'irrégularité K3.
Pluviométries annuelles moyennes,médianes el décennales sèches et humides
Écart Déc. Déc.Postes Moyenne Médiane type sèche humide K3.Basse-TerreBeausoleil 972 972 175 747 1 197 1,60Neufchâteau 3526 3492 509 2905 4 197 1,44Duclos 2807 2766 487 2218 3449 l,56Sainte-Rose 1 706 1 686 262 1 370 2041 1,49Grand Carbet 6061 640IPG 4433 4411 536 3759 5 136 1,37Glande-TerreLe Raizet 1 791 1 768 357 1 351 2264 1,67Pombiray 1 318 1 281 319 944 1 739 1,84Sylvain 1409 1377 301 1051 1806 1,72Marie-GalanteBellevue 1508 1476 314 1 134 1922 1,69Saint-BarthélemyGustavia 985 957 241 702 1 303 1,86
La pluviométrie déficitaire décennale en Grande-Terreest de l'ordre de 75 % de la valeur médiane alorsqu'enBasse-Terre elle dépasse 80 % pour atteindreprobablement 85 à 90 % sur les sommets. Le coefficientd'irrégularité varie ainsi de 1,95 à la Désirade à J ,8 enG rande-Terre et à moins de 1,4 sur les som mets de laBasse-Terre. En Basse-Terre, les écarts entre les annéesdéficitaires et excédentaires sont donc faibles. Ainsi,non seulement la Basse-Terre, au vent et en altitude,est bien plus arrosée que les autres régions, mais sapl uviosité est moins dépendan te des aléas climatiques.
La régulation de la pluviosité sur les sommets de laBasse-Terre s'explique par l'apport régulier des pluiesorographiques sur les reliefs. Ce résultat est confirmépar l'étude de la distribution des quantités de pluiejournalières: la grande hauteur de pluie relevée annuellement sur les sommets de la Basse-Terre estessentiellement due à un nombre élevé de faiblesprécipitations (inférieures à la mm).
Que ce soit sur les îles sèches, en Grande-Terre ou àMarie-Galante, une dizaine de jours seulement par an
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
en moyenne contribuent pour unelarge part au total pluviométrique: ce son t des événemen tsd'échelle synoptique (frontsfroids, ondes d'est, cyclones) oudes amas nuageux. En conséquence, le déficit, l'excès ou unerépartition inhabituelle de quelques-uns de ces épisodes suffi t àengendrer sur une période donnée, voire sur l'ensemble de l'année, un fort écart par rapport auprofil annuel moyen.
De même, l'étude de la variationdiurne des précipita tions commele mon tre la figure ci-dessous,fait apparaître une pointe de précipitations à Sofal'a entre 13 h et15 h. Ces précipitations sontliées,on l'a vu,auxeffetsconvectifs thermiques de la GrandeTerre, amplifiés par l'effetorographique.
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Répartition géographiquede la variation diurne (postes Orstom)
- heures en abscisses,- pourcentage du cumul global des pluie
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Il faut retenir qu'en altitude, lesdéficits ou excédents d'eau depluie sont atténués par l'apportrégulier de précipitations d'origine orographique. La carte cidessous mon tre que le phénomène de régula tion des reliefs dela Basse-Terre se traduit aussipar la diminution en altitude durapport de la pluviométrie maximale à la pl uviométrie minimalemensuelles.
En conclusion, c'est une doublevariabilité spatiale et temporellequi conditionne les régimespl uviométriq ues extrêmementvariés des différen tes régions del'archipel guadeloupéen.
3à4
Variation du rapport du totalmensuel maximal au total mensuelminimal.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxde surface
duire des recherches de base finalisées, contribuant audéveloppement des régions de la zone intertropicalepar l'étude des milieux physiques, biologiques et humains.
Outre la recherche de la satisfaction des besoins eneau exprimés localement, il est incontestable que laGuadeloupe présente un site exceptionnel extrêmement diversifié pour des études hydrologiques dontles résultats peuvent être transférés à d'autres milieuxinsulaires tropicaux.
les eauxde surface
LE RÉSEAUHYDROGRAPHIQUE
L'archipel guadeloupéen secaractérise par des paysages très li
variés et une forte irrégularité spatialedes précipitations. Aussi, cette diversitése traduit-elle par un réseau hydro
graphique également diversifié:
La Désirade, île allongée (25 km 2), est
essentiellement constituée d'une hautetable calcaire (La Montagne 276 m)dominant de ses falaises une zone littorale très exiguë (11 km de long sur 2 kmde large). Elle ne possède pas de ravinesà proprement parler mais plusieurs sources.
Les Saintes (14 km 2, culminant au Chameau à 309 m) et Saint-Barthélemy(25 km 2 , culminant au Morne du Vitet à
281 m) sont des petites îles très découpées au reliefmarqué et entourées d'îlots aux ravines courtes etpentues.
Saint-Martin (50 km 2) a un relief bien marqué, culminant au Morne Paradis à 424 m et des plaines alluviales ou littorales enfermant de nombreuses lagunes.Les ravines escarpées ont parfois des crues destructrices (ravines du Quartier d'Orléans, Careta, Colombier).
Pas plus qu'à la Désirade, aux Saintes ou dans les îlesdu nord, il n'existe de rivières pérennes à MarieGalante et en Grande-Terre. Le réseau hydrographique peu développé se compose de thalwegs souventbien marqués. Ces ravines ne coulent qu'à la suite defortes averses lorsque les sols sont préalablementsaturés par des pluies abondantes. Les plateaux de laGrande-Terre et de Marie-Galante sont parsemés demares qui caractérisent souvent un phénomèned'endoréisme (drainage se faisant vers la mare sansexutoire).
Ril'ière en Basse-Terre.
C'est pourquoi, depuis plusieursdécennies, les établissementsgestionnaires (Direction del' Agricu 1ture et de la Forêt, assistée du Conseil général, avec leconcours de l 'Orstom) ont définiune stratégie visant:
- à inventorier la ressourceen eau et évaluer sa variabilité,
- à en préserver la qualité,
- et à en planifier la gestion.
L'Orstom, Institut français derecherche scientifique pour ledéveloppement en coopération,établissement public à caractèrescientifique et technologique(E PST), a pour mission de con-
Les eaux de surface, s'écoulant dans les rivières oustockées dans les étangs ou
dans les retenues artificielles,constituent une ressource naturelle en général facilement exploitable et dont l'abondance estliée au cl imat et aux caractéristiques physiques des bassins versants.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les principales ravines de laGrande-Terre (570 km 2) sont laravine Petit-Pérou qui inondepériodiquement l'agglomérationdu Raizet, la Grande-Rav ine quise jette dans Grand-Baie, la ravineBombo proche de Sainte-Anne,la ravine Gardel (ou Renéville),qui draine le bassin cannier EstGrande-Terre, et la l'av ine Cassisproche d'Anse-Bertrand. Le plusgrand bassin de la Grande-Terreest celui de la ravine Gachet avecune superficie de 63 km 2
. LesGrands-fonds de la Grande- Terrecomposent un réseau très ramifié
lQ de petites vallées étroites séparant des mornes calcaires hautsd'une centaine de mètres (mornede l'Escade culminant à 135 m).
Le plus grand bassin versant deMarie-Galante (150 km 2, culminant à 204 m au morne Constant),est celui de la rivière Saint-Louisd'une superficie de plus de30 km 2
.
La majeure partie de la BasseTerre (950 km 2 avec une longueur de 46 km pour une largeurde21 km)estoccupée,onl'avu,par une chaîne montagneuse volcanique d'orientation nord-sudculminant au sommet de la Soufrière. La Basse-Terre corn pteprès de 55 cours d'eau indépendants dont les bassins ont unesuperficie supérieure à 1 km 2
:
environ 25 en Côte-au-Vent etune trentaine en Côte-sous-leVent.
En Côte-au-Vent, entre VieuxFort au sud et la Rivière Salée aunord, les rivières s'écoulent versl'est du canal des Saintes au Petit-Cul-de-Sac Marin.
Du sud vers le nord, elles sontIssues:
- du massif de la Madeleineou de la Soufrière:
• la riv ière Grande-Anse venant de la Citerne, la ri-
vière du Petit-Carbet qui draine le flanc ouest dela Madeleine, la rivière du Trou-aux-Chiens, larivière Bananier, exutoire du Grand-Étang, larivière Saint-Sauveur et la rivière du GrandCarbet aux trois célèbres chutes qui draine lebassin le plus arrosé de la Guadeloupe;
- du Matéliane, du Grand-Sans-Toucher, duCarmichael et de la montagne de Capesterre :
• la Grande Rivière de Capesterre rejointe à moinsd'un kilomètre de son embouchure par la rivièredu Pérou;
- ou des mornes plus au nord:• la rivière Sainte-Marie, la Petite Rivière à Goyaves réunissant la rivière Moreau, les deux bras dela rivière Morin et les deux bras de la rivière duFort, la rivière La Rose, la rivière Moustique dePetit-Bourg, et la rivière Lézarde issue du morneMoustique.• les ravines Houaromand, Mahault, Sans-Nom,et du Lamentin qui se perdent dans les zonesmarécageuses du Petit et du Grand-Cul-de-SacMarin assurent la transition entre les rivières dela côte sud-est et de la côte nord-est.• Plus au nord, les rivières se jettent dans leGrand-Cul-de-Sac marin:• la Grande Rivière à Goyaves avec son bassind'environ 130 km 2 dont les principaux affluentssont le Bras David (rivières Quiock et Corossol),le Bras de Sable, la rivière Janikeete, les Premieret Deuxième Bras, et les ravines Boucan etHouei; la rivière Moustique Sainte-Rose, la rivière la Ramée, la rivière la Salée, la rivièreNogent et la rivière du Vieux-Fort.
En ôte-sous-Ie-Vent, du nord vers le sud, les rivièress'écoulent vers l'ouest et se jettent dans la mer desCaraïbes:
- entre le Gros Cap et les Mamelles:• les rivières Grande-Anse, Deshaies, Ferry,Baille-Argent, Caillou, Petite-Plaine, GrandePlaine, Cacao, et Colas;
- puis viennent:• les rivières Losteau, Bourceau, de Bouillante,Beaugendre, la Grande Rivière de Vieux-Habitants dont le bassin (28 km 2 à la cote 22) estessentiellement constitué par le cirque deMatéliane eJltre les mornes Bel-Air, Joffre,Matéliane, Sans-Toucher, et la crête des Icaqueset les rivières Du Plessis et Du Baillif;
- et enfin proches de la ville de Basse-Terre:• la rivière des Pères (rivière Saint-Louis et rivière Rouge), la rivière Noire utilisée pour l'alimentation en eau de Saint-Claude et de Basse-
L'EAU
Terre, la rivière aux Herbesqui traverse ces deux bourgset la rivière du Galion quirejoint la mer par un canyon très encaissé.
Grâce à des stations de mesureshydrométriques observées depuispl us de 30 années, les hydrologues de 1'Orstom ont étudié lesécoulements des rivières et desravines de la Guadeloupe.
LE RÉSEAU,HYD ROM ETR IOU E
Un réseau hydrométrique se compose de stations de mesures dehauteurs d'eau et de débits Implantées sur certains sites descours d'eau d'une région.
Les premières observations hydrométriques régulières ont étéeffectuées en Basse-Terre, dansdes perspecti ves d'aménagementhydroélectrique (Grand-Carbetcote 410) par la mission hydrologique de l'EDF à partir de l'année 1950. A partir des années1960, le réseau a été élargi pourrépondre aux besoins des Services de l' Agricu lture ; le Génierural équipait alors la Côte-sousle- Vent d'une série de déversoirsbétonnés.
À partir de 1969, le Service hydrologique de !'Orstom prenaitla responsabilité de la gestion duréseau hydrométrique permanentet à la demande de la DirectionDépartementale de l'Équipementet de la Direction Départementale de l'Agriculture, l'a étenduaux rav ines à écoulement temporaire de la Grande-Terre et de Marie-Galante.
Ainsi, le réseau comprenait 5 stations en 1951,12 en 1970, 18 en1978, 35 en 1985. Le choix destypes d'appareillage et de leurssites d'implantation a été effec-
tué en fonction de la nature des problèmes posés et descaractéristiques des bassins versants étudiés.
Aujourd'hui, le réseau hydrométrique de la Guadeloupe a été rationalisé à 20 stations permanentes afinde constituer une charge minimale tout en garantissantla poursuite d'observations de longue durée sur dessites offrant le plus d'intérêt (bassin versant en amontdes prélèvements, ancienneté de la station, stabi 1ité de lacourbe d'étalonnage ... ).
Lin/n'graphe à J!offeur.
Une station hydrométrique se compose d'une échellelimnimétrique et d'un limnigraphe qui enregistre encontinu les variations rapides de la cote du plan d'eau.
Hydrologues effectuant U/1 jaugeage.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Le réseau hydrométrique de /a Guade/oupe.
BASSE-TERRE
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
GRANDE-TERRE
MARIE-GALANTE
/-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Des mesures de débit (jaugeages) effectuées systématiquement au droit des stationslimnigraphiques permettent detraduire en débits instantanés lescotes enregistrées. Le trai tementdes débits instantanés en débitsmoyens journaliers permet deconstituer la base de données dontl'analyse conduit à la connaissance des régimes hydrologiq ues.
Pour évaluer leurs ressources enpériode de basses eaux, desmesures de débit ponctuelles sontréalisées sur des cours d'eau quine sont pas équipés de stationslimnigraphiques.
Télérransmission ARGOS.sU/Teil/once de l'en \'ironnemenrpar satel/ire.
Certaines des stations du réseausont dotées d'enregistreurs électroniques équipés d'émetteursARGOS. Les messages émis toutes les 200 secondes par les balises sont captés par le satellite etréfléchis vers la station de réception du Centre Orstom de Pointeà-Pitre où ils sont traités en tempsréel.
Globalement, l'information hydrométrique acquise en Guadelouperepose sur plus de 500 "stationsannées" d'observations effectuées sur une trentaine de bassins versants dont la superficievarie de quelques kilomètres car-
rés à plus de 130 km 2• La valorisation de cette information CI contribué ~ll 'inventaire des ressources en eaude surface et à la compréhension des phénomènes quiinterviennent dans leur renouvellement.
La Di rection Régionale de l'Env ironnement (DIREN)devra dès 1993 se charger de coordonner les actionsrelatives à la gestion des eaux du département (inventaire des ressources, estimation des besoins, études spécifiques, protection du milieu, etc).
LES RÉGIMESHYDROLOGIQUES
Les comportements hydrologiques des bassins versants des îles de l'archipel guadeloupéen sont trèsdifférents. Aussi. l'inégale répartition géographique
des ressources en eaux de surface estelle une particularité étonnante de laGuadeloupe.
Les petites Îles "sèches"
Les ravines des petites îles (la Désirade,les Saintes, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) sont le plus souvent sèches.Compte tenu de la faible dimension desbassins versants et de leur forte pente,les fortes précipitations provoquent descrues soudaines et parfois abondantes.
Il est impossible à l 'heure actuelle d'évaluer le volume et l'irrégularité des ap
ports des petites ravines de ces îles. Seules quelquescrues isolées ont été étudiées - le 6 novembre 1974,le 15 septembre 1975 (ouragan Éloïse) et le 3 septembre 1979 (ouragan Frédéric) - qui ont causé desdommages importants et parfois mort d 'homme à SaintMartin.
Les régimes hydrologiques enGrande-Terre
et à Marie-Galante
En Grande-Terre et à Marie-Galante, en période desécheresse prolongée, les rav ines ne cou lent pas; lessols argileux présentent des fentes de retrait et sonttrès perméables. À la sui te de fortes averses, les solsse colmatent et le ruissellement va al imenter l' écoulement des ravines.
Le régime hydrologique des bassins de la GrandeTerre et de Marie-Galante est conditionné par la faiblesse relative de la pluviométrie (1 100 mm à
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxde surface
1 800 mm en Grande-Terre,1 100 mm à 1 500 mm à MarieGalante), son caractère saisonnier bien marqué, uneévapotranspiration potentielleélevée (1 400 à 1 600 mm), lamodération du relief et le caractère pseudo-karstique des formations calcaires.
Ra\'ine en Grande-Terre.
En régime pluviométrique déficitaire, la capacité de rétentiondes sols (aptitude à retenir l'eauinfiltrée) peut être très variable,croissant de 60 à 170 mm avec laprofondeur et la compacité dusol.
Les écoulements sporadiquesapparaissent comme une succession de crues individualisées. Lescoefficients d'écoulement annuels(rapport des volumes d'eau écoulée aux volumes d'eau précipitée) sont faibles: de 4 à 5 %.
Les coefficients d'irrégularité,rapports de l'écoulement décennal humide à l'apport décennalsec, sont de l'ordre de 20 enGrande-Terre. Certaines annéestrès sèches (1973 et 1983 parexemple) se distinguent par uneabsence quasi totale d'écoulement.
Les écoulements les pl us abondants apparaissent le plus sou-
vent en octobre alors que les apports du mois de marssont pratiquement systématiquement nuls. 90% desapports sont concentrés sur les mois de juillet à décembre.
Les débits de pointe de crue peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres cubes par seconde à l'exutoire des grands bassins sur les plateaux de MarieGalante et de Grande-Terre, mais leurs débits spécifiques restent faibles: 0,5 m'/s/km" pour la crue an-
nuelle, de 1 à 1,5 m 1/s/km" pour la cruedécennale.
Dans les GrandsFonds, où les penteslatérales des thal wegssont bien marquées, lacrue annuelle est de lil'ordre de 1,8 m'/s/km" et la crue décen-nale de 4 à 5 m1/s/km 2
.
Dans la région des A bymes, en raison del'absence de relief et de l'altitude trèsbasse, il n'existe pas de réseau hydrographique naturel. La proximité de lanappe saumâtre, la faiblesse des penteset l'absence de drainage provoquentl'inondation fréquente des zones urba
nisées lors des fortes averses.
Les études hydrologiques de l'Orstom ont contribuéen Guadeloupe au dimensionnement des ouvrages destockage réal isés en Grande-Terre (Letaye-Amont etGachet) et présélectionnés à Marie-Galante (ri v ièreSaint-Louis).
La retenue de Letaye-Amont :
La retenue de Letaye-Amont sur la commune du Moulea été la première à être implantée en Guadeloupe etmise en eau le 24 octobre 1978. Le barrage constru itsur la ravine Gardel permet de retenir d'importantsvolumes d'eau (700 milliers de m') dans une cuvettedont les sols ont subi un traitement d'étanchéité.
Les études hydrologiquès ont montré que les pertespar infiltration étaient de l'ordre des pertes par évaporation: environ 1 800 mm par an représentant pourchaque terme près de 300 000 m'en année moyenne.
Les écoulements de la ravine Gardel, dont la superficie du bassin versant est de 6,8 km" à la cote 17, sonttrès irréguliers d'une année sur l'autre comme le montre le graphique suivant.
La retenue est alimentée par une conduite issue de laprise d'eau localisée à l'altitude 130 m, sur le BrasDavid.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
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Apports de la rarine Gardel à laretenue de Letaye-Amont.
Le bassin de la ravine Gachet :
Le bassin versant de la ravineGachet au droit du site de l' aménagement a une superficie de63 km 2 . Il est suivi depuis 1974par l'Orstom.
La retenue de Gachet d'une capacité de 2,5 millions de m 3 a étémise en eau lors du passage del'ouragan Hugo. On estime quel'apport à la retenue a été d'environ 4 millions de m'en moinsd'une semaine, valeur remarquable puisqu'elle correspond à peuprès à l'écoulement annuel enannée médiane.
Le bassin de la rivièreSaint-Louis de Marie-Galante
Le bassin de la rivière SaintLouis a été équipé d'unlimnigraphe entre 1972 et 1984.C'est sur la base de ces observations et de celles des bassins deGrande-Terre que 1'Orstom a puévaluer les apports de sous-bassins de la rivière Saint-Louis quipourraient être équipés prochainement de retenues de stockageprésélectionnées par le BRGM.
Les régimes hydrologiquesen Basse-Terre
En Basse-Terre, le régime hydrologique est essentiellementdéterminé par l'abondance de lapluviosité toujours supérieure à!'évapotranspiration dont lamoyenne se situe entre 1 400 mm
dans les zones littorales et 1 100 mm dans leszones d'altitude. C'est l'altitude et l'expo
sition qui représentent les facteurs lesplus importants du régime des pluies etindirectement des débits.
Les riv ières de la Basse-Terre ont unécoulement permanent alimenté par leruissellement des précipitations et soutenu par les résurgences des peti tes nap-
~ g; 0: ;; pes d'eau souterraines perchées. Les0' 0' 0' 0' débits des rivières sont très variables.
À la suite de fortes précipitations, lesdébits d'un cours d'eau peuvent passer de
mJ/s à 300 ou 400 mJ/s en moins d'une heure.
Les forts reliefs favorisent le ruissellement aux dépens de l'infiltration pour des caractéristiques de solset de couvert végétal semblables. L'influence du solest réduite: la capacité de rétention maximale des solsa été estimée à environ 100 mm.
L'infiltration vers les nappes d'eau profondes se traduit par des résurgences en mer le long du littoral dontcertaines sont connues (sources sous-marines de l'îletPigeon en Côte-sous-Ie- Vent). Cependant ce phénomène représente des quantités d'eau le plus souventnégligeables au regard des autres termes du bilan(précipitations, évapotranspiration, écoulement de surface).
On déterm ine, pour un bassin versant donné, la lamed'eau annuelle écoulée (rapport du volume écoulé à lasuperficie du bassin). On l'estime équivalente à lalame d'eau moyenne précipitée sur le bassin diminuéede l'évapotranspiration : pour les bassins d'altitudetels que celui du Grand-Carbet, le plus arrosé, la lamed'eau précipitée est égale à environ 7 000 mm ; lalame d'eau écoulée est de l'ordre de 5 900 mm correspondant à un coefficient d'écoulement de 84 %.
Les bassins versants de la Basse-Terre, au cours d'uneannée moyenne, constituent des apports de 2 à 6 millions de mètres cubes par kilomètre carré. Ces apportssont variables selon la localisation des bassins (altitude, exposition ... ) et dans le temps (échelle annuelleet saisonnière).
Les coefficients d'irrégularité interannuelle (rapportde la lame d'eau excédentaire écoulée une année surdix à la lame d'eau déficitaire écoulée une année surdix) sont compris entre 3 et 2 pour les bassins où lapluviométrie annuelle est inférieure à 3 000 mm etentre 1,9 et 1,4 pour les bassins de pluviométrie supéfleure.
Globalement, environ 60 % des quantités d'eau précipitées en Basse-Terre, s'écoulent dans les rivières
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxde surface
l'autre part est restituée à l' atmosphère par évapotranspiration.
La distribution mensuelle del'écoulement suit un schéma assez proche de la distribution dela pluviométrie avec un décalageexpliqué par les reports d'écoulement des nappes:
- le trimestre le plus faibleen écoulement est toujours février-mars-avril, le mois leplus faible étant mars ou avril.
- le trimestre le plus abondant est celui des mois d'octobre, novembre et décembre,avec les apports les plus importants en octobre ou novembre.
Les débits maximaux de crue sontélevés:
- le débit de pointe de probabilité de dépassement uneannée sur deux est de l'ordrede 6,5 m 3/s/km 2 ;
- le débit de pointe décennalest de l'ordre de 10 m 3/s/km 2.
Ces valeurs sont fortement liéesau caractère accidenté du reliefet dans une moindre mesure à lapluviométrie annuelle (fréquencedes averses exceptionnelles).
Les débits d'étiage des rivièresde la Basse-Terre:
En période de sécheresse, les ressources en eau de surface de laBasse-Terre sont limitées à desécoulements relativement faibles(débits de l'ordre de 20 à 25 %des débits moyens annuels). Elles sont fonction de l'état initialde stockage des nappes en débutde saison et de leur alimentationpar les précipitations en cours decarême.
En Basse-Terre, en période decarême de janvier à avril, le tarissement des cours d'eau (diminution progressive des débits) estsouvent interrompu par des aver-
ses qui provoquent des crues et rechargent les nappesd'eau souterraines. L'étiage apparaît dans la plupartdes cas au cours des mois de mars, avril oumai, cependant il arrive que les débits minimaux surviennent précocement entre décembre et février, outardivement entre juin et août. On remarque que l'étiagese produit fréquemment en mai sur le bassin de larivière Du Plessis au sud de la Basse-Terre et en juilletsur la rivière de Petite-Plaine au nord de la BasseTerre.
Le débit minimal d'étiage est le dé-bit moyen journalier le plus faibleobservé au cours d'une année. Ledébit minimal annuel (OMA) médian est le débit moyen journalier leplus faible de l'année qui a une pro-babilité d'être dépassé une année sur deux.
Les débits spécifiques d'étiage (rapport du OMA à lasuperficie du bassin) sont voisins de 15 à 25 I/s/km 2
pour les bassins du nord de la Basse-Terre sur formations volcaniques anciennes et de 30 à 40 l/s/km 2 pourles rivières du sud. D'une façon générale, le débitspécifique est d'autant plus faible que l'exutoire dubassin est à basse altitude.
Globalement, les ressources minimales en eau de surface de la Basse-Terre équivalent globalement à undébit de J'ordre de J2 m 3/s en année normale.
Le débit minimal annuel caractérise les ressources decarême en année normale (OMA 1/2), ou en année déficitaire, par exemple de période de retour 5, 10,50 ou
100 ans (OMAl/S' OMAI/l O' OMA l/50 , OMA,/loo). Onpeut, en première approximation, considérer les relations suivantes pour les bassins de la Basse-Terre:
OMA ,/S = 0,9 X OMA I/2
OMA'/iO = 0,8 X OMA I/2
OMA l/50 = 0,7 X OMA I/2
OMAI/IOO = 0,6 X OMAI/2
D'autres débits caractéristiques peuvent définir le régime des cours d'eau en étiage. Ce sont les débits quisont égalés ou dépassés 355 jours (OC 10) ou 335 jours(OC30) par an. Ils peuvent se déduire des OMA par lesrelations suivantes:
OCIO'/2 = 1,1 X OMA I/2
OC101/ s = 1,0 X OMA I/2
OC301/ 2 = 1,2 X OMA I/2
OC30 ,/s = 1,1 X OMA I/2
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Débits médians mensuels et annuels
J F
Du sud vers le nord de la BasseTerre, les coefficients de passageaugmentent traduisant une décrOissance plus rapide des débits cl 'étiage en l'absence de précipitations.
NB : Ces débits caractéristiques(DMA, DCE, DC30) sont relatifsà des écoulements naturels qUI
sont ou seraient observés en l'absence de prélèvement.
Récapitulatif
Globalement, l'écoulement desrav ines de la Grande-Terre et de
44 Marie-Galante constitue des apports spécifiques très irréguliers50 à 100 fois inférieurs à ceux dela Basse-Terre. Ces constatationsprouvent que les besoins en eauen Grande-Terre doivent être satisfaits par des prélèvements enBasse-Terre qui doivent alimenter les retenues de stockage d'eauen Grande-Terre.
Le tableau présenté ci-contre résume la connaIssance des ressources en eau des principauxbassins de la Basse-Terre. Lacarte représente les diagrammescorrespondant à la répartitionmensuelle des apports de certainsbassins.
1r,. ligne .
dé!JilS médialls mensuelsel allll/l('/s cn I/s
2' ligne.dé hi ls 171 édia ns spéc itï Cf [( es
C/1 IIslJ:m'
(\'alc/lrs pUJ\'isoir('s élaMicspar l'OrslOI7l Cil 1990 J.
BeaugendreCote 77 (11,8 km 2)
FerryCote 35 (4,68 km 2)
Petite Rivière à GoyavesCote 10 (27,9 km 2
)
MoreauCote 170 (7,42 km 2
)
Grand-CarbetCote 410 (7,9 km 2
)
Grande Rivière à GoyavesCote 5 (117 km')
Grande Rivière à GoyavesCote 90 (54,3 km 2
)
Grande Rivière à GoyavesCote 125 (14,4 km 2)
Bras DavidCote 110 (37,5 km 2
)
Bras DavidCote 130 (33,2 km')
Grande Rivière de CapesterreCote 95 (18,6 km 2
)
Grande Rivière de CapesterreCote 185 (16,1 km 2)
Rivière du PérouCote 225
Grande Rivière de Vieux-HabitantsCote 22 (28,2 km 2)
Grande Rivière de Vieux-HabitantsCote 250 (19,4 km 2)
Léz.ardeCote 85 (8,4 km')
LostauCote 70 (8,04 km 2)
Moustique Petit-BourgCote 110 (11,7 km 2)
Moustique Sainte-RoseCote 135 (6,12 km 2)
Rivière des PèresCote 25 (23,3 km 2
)
727
62
III
24
3180
114
826
III
1180
149
4360
80
1190
83
3270
87
2890
87
2790
150
2750
171
3730
132
3280
169
868
103
504
63
982
84
247
40
2670
115
477
40
94
20
2260
81
900
121
985
125
7530
64
3590
66
1010
70
2440
65
2050
62
2260
122
2110
131
1360
156
2580
91
2670
138
686
82
407
51
748
64
244
40
1960
84
M
324
27
82
18
2140
77
795
107
945
120
7880
67
3010
55
887
62
2210
59
i940
58
2290
123
2270
141
555
64
2360
84
2240
115
636
76
307
38
731
62
244
40
2290
98
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxde surface
A M J J A S 0 N D Moy.
369 302 561 789 933 839 762 987 679 585
31 26 48 67 79 71 65 84 58 50
122 118 124 144 201 188 155 238 152 15526 25 26 31 43 40 33 51 32 33
3000 3800 2770 2410 2990 3610 4640 6180 3760 3110
108 136 99 86 107 129 166 222 135 III
1470 1260 1220 903 1250 1430 1070 1950
198 170 164 122 168 193 144 263
DIO 1380 1150 1200 1260 1450 1380 1800 1280 1360
166 175 146 152 159 184 175 228 162 172
11000 13600 16100 11300 8280 23800 15500 26000 1294 116 138 97 71 203 132 222
3510 5030 5190 5690 5660 5780 5920 6550 5460 4970
65 93 96 105 104 106 109 121 101 92
1010 1220 1230 1240 1520 1820 1850 2000 1740 1380
70 85 85 86 106 126 128 139 121 96
2150 3150 3270 3030 3520 4330 4360 5830 4270 3730
57 84 87 81 94 115 116 155 114 99
2140 3170 3040 3180 3690 4600 3930 5440 3290 3180
64 95 92 96 III 139 118 164 99 96
2890 2920 2350 2450 2740 2960 3500 4170 3590 2900
155 157 126 132 147 159 188 224 193 156
2740 2790 2550 2920 2610 3020 3100 4500 2630 2680
170 173 158 181 162 188 193 280 163 166
1150 3390 1420 DIO 1690 2490 1840 2070 1430
132 390 163 151 194 286 211 238 164
2960 3190 3640 4510 4130 4020 4230 5000 4120 3800
105 113 129 160 146 143 150 177 146 135
2760 2470 2570 3300 3050 3280 2670 4610 3390 3150
142 127 132 170 157 169 138 238 175 162
839 914 980 903 943 1100 1170 1490 1080 1000
100 109 117 108 112 131 139 177 129 119
385 328 436 524 649 625 546 696 505 476
48 41 54 65 81 78 68 87 63 59
843 1560 1440 1420 1530 1760 1640 2710 1270 1300
72 [33 123 121 131 150 140 232 109 III
288 373 356 336 522 621 590 902 388 412
47 61 58 55 85 101 96 147 63 67
1780 2170 [780 2340 2570 2840 2660 4090 2220 2300
76 93 76 100 110 122 114 176 95 99
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Grand Carbel(Cote 410 mètres)
JFMAMJJASOND
JFMAMJJASOND
Capeslerre~. (Cole 95 mèlres)
a
o
250
200
U
0. 100
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2)
200c~
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"'~~ 100
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50
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1 J F MA MJ J ASOND
Pelile Rivière il Goyaves(Cote 15 mèlres)
300
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.,-
"'~ 1500.
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c 150u
",'"c=U
"J0. 100
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50
a
Bananier Déversoir au Iimfligraphe(Cole 340 mètres)
JFMAMJJASOND
J F MAMJJ ASOND
250
Grande Rivière à Goyaves Prise d'eau(Cote 90 mèlres)
160E~ 120~
Bras-David(Cole 130 mèlres)
JFMAMJJASOND
J F MA M J JAS 0 N 0
Pelite Plaine(Cole 125 mèlres)
J FMAMJ JASOND
a
Vieux Habilanls Pont du Bourfi(Cole 22 mètres)
160
200
c 150
-
u 100,'"c=u
'~
,- 50.0
2>
E
c~
" 00,
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~
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0 20
0
• Limnigraphes
Dia~rammesde répartitiondes débits spécifiques mensuelsmédians, (Stations Orstom).
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LA MODÉLISATIONDES ÉCOULEMENTSDE SURFACE
Après une phase d'inventaire desressources en eau de surface dela Guadeloupe (1978) mis à jouren 1990, les hydrologues de1'Orstom travaillent actuellementà la modélisation du fonctionnement des bassins versants qui produisent ces ressources et à lamodélisation de la gestion régionale de l'eau.
La modélisation du fonctionnement des bassins versants de laBasse-Terre et de la GrandeTerre a comme objectif immédiat la mise à disposition à l'entrée du modèle de gestiond 'hydro-aménagements (Cf.HYDRAM présenté plus loin) desé ries chronol ogiq ues journa lières ou mensuelles d'écoulement.
Par ailleurs, la Guadeloupe, parla diversité de son milieu physique, est un laboratoire naturelidéal pour la mise au point demodèles d'écoulement que ['onpourra appliquer à d'autres bassins de la Caraïbe.
L'évolution des techniques permet aujourd'hui de prendre encompte de façon rigoureuse latopographie, la morphologie,1' é ta t des urface d' u n bas sin versant par utilisation de modèlenumérique de terrain (MNT), dela télédétection satellitaire et desystème d'information géographique.
Cascade de la rivière Moreau,
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES TECHNIQUESD'EXPLOITATIONDES EAUX DESURFACE
Les ressources mobilisables eneau de surface sont exploitéespar des prises au fil de l'eau enrivière ou à partir de retenues destockage. Ces aménagements ontde multiples avantages:
- quantités disponibles au filde l'eau relativement importantes;
- pas de pollution chimiqueou bactériologique lorsque lesprélèvements sont opérés enaltitude;
- possibilité de stockage deforrs volumes d'eau dans desretenues implantées sur lescours d'eau;
- acheminement le plus souvent par gravité, de l'eau prélevée vers les réservoirs destockage.
En revanche, l'utilisation deseaux de surface présente certainsinconvénients:
- exposition à une pollutionatmosphérique (volcanisme),ou à des rejets toxiques accidentels ;
- nécessité d'établir des périmètres de protection stricteautour des sites de prélèvement;
- variabilité liée aux précipitations, en fonction de lalocalisation des sites de prélèvement et des aléas climatiques.
En Guadeloupe, les prises d'eausont de type "par en dessous".Un ouvrage bétonné barre la section du cours d'eau. Il se com-
pose d'un déversoir rectangulaire qui autorise le prélèvement par un canal disposé le long du seuil. Afind'éviter que le canal de prise ne soit obstrué par desgalets, il est recouvert d'une grille percée de trous dequelques centimètres de diamètre. Enfin, le canal deprise débouche dans un bassin de décantation à partirduquel est tirée la conduite d'adduction gravitairevers un ouvrage de stockage ou de transfert (irrigation), ou encore vers une station de traitement (alimentation en eau potable).
Bras DaI/id cote JJO en crue.
Les retenues prévues en Basse-Terre sont de typebarrage-poids comme celles qui équipent la GrandeTerre (retenues de Letaye-Amont et de Gachet).
Retenue de Letaye-Amont en J980.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
AQUIFÈRES ET NAPPESD'EAU SOUTERRAINE
Les roches composent l'anatomie du sous-sol et contribuent par leur assemblage à son architecture. Couches, massifs juxtaposés de roches, développementdes réseaux de fractures ... organisent la répartition et
Visible directement dans les cavernes et les grottes,l'idée d'une représentation de la disposition de l'eaudans le sous-sol comme un décalq ue sous la terre deseaux superficielles - lacs, rivières, mares - est trèslargement répandue mais inexacte. En réalité, l'eausouterraine dans son milieu ne se voit qu'exceptionnellement (karst en milieu calcaire par exemple) carelle est contenue dans les vides, ou porosité, desroches.
La porosité est constituée par l'en- 49semble des vides contenus dans la roche et est mesuréeen pourcentage du volume total de la roche(H. Schoeller, 1962). Toutes les roches, ou presque,sont susceptibles de contenir de l'eau, soit dans lespores des agrégats de minéraux qui les constituent:porosité d'interstices, soit dans les fissures plus oumoins ouvertes qui les affectent: porosité de fissuresd'origine mécanique (diaclases, failles ... ) ou thermi-que (fentes de retrait dues au refroidissement desroches éruptives) ou encore sédimentaire (joints sépa-rant des roches sédimentaires). La proportion d'eaumobilisable contenue par unité de volume de rochesaturée (porosité efficace pour 1 m' de roche) est trèsvariable:
- sable grossier, graviers 150 à 250 llm'- sable fin 100 à 150 llm'- calcaire récifal 10 à 50 Ilm'- argile 10 à 201/m'- lave fissurée 1 à 20 l/m'
La dimension, mais aussi la forme et la manière dontcommuniquent entre eux les pores et les fissures,autrement dit, leur perméabilité, varient encore plusque leur porosité. Elle exprime l'aptitude d'un milieuà se laisser traverser par un fluide. Les roches les plusperméables, dites aquifères, sont à la fois des réservoirs et de bons conducteurs d'eau.
Les eauxsouterraines
POROSITÉET PERMÉABILITÉDES ROCHES
QU'EST-CE QUEL'EAUSOUTERRAINE?
Les eauxsouterraines
La science des eaux souterrainesest peut-être l'une des plus anciennes. Divinisées par les hommes primitifs, les sources deviennent vite l'objet de spéculationsphilosophiques ou poétiquesavant de devenir un enjeu économIque.
Si on se réfère à la définitiondonnée par J. Margat (1977),l'eau souterraine désigne principalement l'eau présente dans lazone saturée du sous-sol, l'eauconstituant les nappes souterraines, sans exclure l'eau de la zonenon saturée.
LIeau issue des précipitationspeut, à la surface du sol,emprunter des chemine
ments très différents. Une fraction de celle-ci s'infiltre dans lesol puis s'écoule très lentementau sein des roches pour formerles nappes d'eau souterraine.
Dans ce cas, le cheminement del'eau s'effectue, sous l'actionprincipale des forces de gravitéqui la conduisent à migrer du faitde son propre poids, des pointshauts vers un niveau de base queconstitue la mer.
Nous aborderons successivement les conditions générales decirculation des eaux souterraines puis plus précisément les nappes connues en Guadeloupe ainsique les méthodes employées pourleur recherche, et enfin leur exploitation et leur gestion.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
01
\()
100
::al
6
10
ICOl
ICOl
10C0l
IOCW
10C0l
1(](()
rng1) (rrg1) (JT"9'1) (rng1) (rrgtl) (i'Tg'1) (rrg1)
lCOl
10
0,1
::al
E
eau de /Wj)pe saumâtre - Saint-Manin
eall de nOj)pe - Crande-Terre
eau de la R il'ière Rouge
Diagramme d'analyses d' fOU "Schoeller Berkaloff' .
tielJement par les effets visibles qu'il entraîne: remontée d'un niveau d'eau dans un puits, augmentationdu débit d'une source, soutien du débit d'une rivière enétiage ...
La quantité d'eau qui s'infiltre n'est pas seulementfonction de l'importance des précipitations. Ce termedu bilan hydrologique dépend étroitement de l'état dusol et de la végétation qui, comme on l'a vu, enreprend une partie par évapotranspiration : fractiond'eau soustraite par évaporation physique el prélevéepar la végétation.
Une fois que l'eau a atteint la nappe, après un temps depercolation plus ou moins long. elle se déplace enallant des points les plus hauts vers les issues les plusbasses. La vitesse de l'écoulement dépend de laperméabilité de la roche et de la pente du terrain. Lesvitesses d'écoulement des nappes sont donc très variées : de quelques mètres à quelques centaines demètres par jour mais toujours très lentes en comparaison de celles des écoulements des rivières.
Les eaux souterraines sont trèsprésentes: l'écoulement continuel des sources le prouve. Ellescontribuent au cycle global del'eau sur notre planète. Les nappes sont alimentées par les eauxde pluie après infiltration dansles zones perméables: aires d'alimentation. L'infiltration est unphénomène qui s'observe essen-
CIRCULATIONDE LEAUSOUTERRAINE
Dans la nappe d'eau souterraine,l'eau remplit, par gravité, tousles vides du terrain jusqu'à unniveau à surface libre appeléesurface piézométrique qui est lasurface à laquelle l'eau se stabilise dans les ouvrages atteignantla nappe. Ce type de nappe estappelé nappe libre ou plus communément nappe phréatique paropposition aux nappes captivesqui, emprisonnées entre deux terrains imperméables, ne comprennent pas de zone non saturée.L'eau maintenue en pressionpeut, dans certains cas, jaillir audelà de la surface du sol lors duforage du puits.
la circulation des eaux souterraines en leur faisant tantôt obstacle ou en offrant tantôt des voiesqui facilitent leur cheminement.
Le rôle le plus important revientaux aquifères: corps de rochesperméables comportant une zonesaturée et suffisamment conducteurs pour permettre l' écoulement significatif d'une nappesouterraine. Cette notion d'aquifère a également un sens pratique, ce sont les lieux où ['on peutcapter des débits d'eau significatifs au moyen d'ouvrages detechnique courante (puits, forages ... ).
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
aquifère
Eau douce
Eau salée
Les eauxsouterraines
Ca/caires supérieurs
déversement
source artésienne
_ Ca/caires inférieurs
émergence
imperméable re/atlf
aquifère
débordement
Faille
Va/cano-sédimentaire argileux
Niveau piézomérrique
Schéma de l'allure d'une nappe du /irtora/.
pluie
Cet équilibre est fragile et doit être étudié avec attention avant d'envisager de pomper l'eau douce situéeen amont, afin d'éviter une pollution de l'aquifère parl'eau salée. L'exemple de Beauport à Port-Louis est àce titre significatif. La surexploitation des eaux de lanappe par les pompages de l'usine a provoqué localement la pénétration de l'eau salée rendant ainsi lanappe inexploitable.
Différents types de sources (d'après J. Murgat).
parle alors de biseau salé avec présence d'un interfaceséparant les eaux douces des eaux salées ou saumâtres.
'- Ligne de courant
mer
Les aquifères sont des réservoirsqui fuient en permanence(J. Margat, 1980) et l'eau s'enéchappe par des issues diversement localisées. Les plus visibles de ces exutoires sont les sources, points de sortie des eaux souterraines. Leurs formes et leursdébits sont très divers mais dépendent très généralement del'origine de l'eau: résurgences,exurgences, émergences ... et dumode d'apparition.
L'eau souterraine ne sort pas seulement des aquifères par les sources. Elle est aussi drainée demanière diffuse directement parles ruisseaux et les rivières aveclesquels la nappe est en contact;leur débit en saison sèche provient alors essentiellement decette contribution. Enfin les aquifères atteignant le littoral, trèssouvent en Guadeloupe commedans toutes les îles de la Caraïbe,se vident directement dans la mer.L'eau douce, moins dense quel'eau salée (l pour 1,025) flottealors, au sein de l'aquifère, audessus de l'eau salée qui est aussirepoussée par le courant d'eaudouce venant de l'amont; on
Au cours de son trajet dans lesous-sol, les eaux dissolvent divers minéraux des roches aveclesquelles elles sont en contactprolongé. L'eau acquiert ainsiune minéralisation dont la natureet la quantité dépendent du trajeteffectué, de la perméabilité desroches et de leur nature. La figure ci-contre montre différentesqualités chimiques de l'eau enfonction de son origine; l' échantillon de la Rivière Rouge est lemoins minéralisé, puis vient celui de la nappe de Grande-Terre àl'Écluse et enfin celui des nappessaumâtres à Saint-Martin où lesteneurs en sodium, chlorure etsulfates sont particulièrement élevées.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LESNAPPES D'EAUSOUTERRAINEEN GUADELOUPEET L'ÉTAT DE LARECHERCHEDE RESSOURCESNOUVELLES
Certaines îles rattachées à l'arcexterne, le plus ancien, sont partiellement ou totalement recou-
.u vertes de formations carbonatées,à relief généralement faible etn'ayant pas connu d'activité volcanique depuis le début du Néogène (environ - 20 millionsd'années) : Marie-Galante,Grande-Terre, La Désirade,Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Les autres îles de l' archipel appartiennent à l'arc récent volcanique (environ -4 millions d'années) : la Basse
Terre et les Saintes.
Bien que certains aquifèresaient fait l'objet d'exploitation ponctuelle remontant vraisemblablementau siècle dernier (nombreux puits creusés enGrande-Terre), la prospectionhydrogéologique systématiquedébuta en Grande-Terre dans lesannées 1950 avec G. Lasserre etF. Ferrari.
LES AQUIFÈRESCONNUS ENGUADELOUPE
Les nappes d'eau souterrainecontenues dans les formationscarbonatées de la Grande-Terreet de Marie-Galante sont, en termes de ressources, aujourd'huibien connues.
LA NAPPE D'EAUSOUTERRAINE DE LAGRANDE-TERRE
Les travaux d'évaluation de la ressource en eau souterraine de la Grande-Terre sont principalement 1'œuvrede P. Alie et de S. Cottez entre 1964 et 1972. Lesrésultats obtenus alors servirent à l'élaboration d'unecarte hydrogéologique largement diffusée à l'époqueet à la programmation de l'exploitation de la nappe.
La nappe d'eau souterraine de la Grande-Terre estcontenue dans des calcaires plio-pléistocènes(- 4 millions d'années) recouvrant un socle volcanique non affleurant. Dans cette série carbonatée de plusde 100 m (coupe du forage de la Simonière à SainteAnne) s'intercalent des niveaux volcano-sédimen
taires, dont le plus épais est visible àla carrière de Poucet (Gosier) et
aux Abymes, marquant ainsiles périodes d'activité des
appareils volcaniques pliocènes du nord de la Basse
Terre.
----""1 _ isopièze en m NCC @] débit en 1Or, ml/an
Carre des isopièzes cr des écoulemenrs \'fI'S la filer,
Après deux phases d'émersion, le jeu tectonique desoulèvement et de basculement vers l'ouest(F. Garrabe, 1983) entraîne la mise en place d'unréseau d'accidents qui débite la Grande-Terre en luidonnant son visage morphologique actuel composé dequatre grandes unités morpho-structurales: les plateaux du nord, la plaine de Grippon, les plateaux del'est, la plaine des Abymes et les Grands-Fonds. Lesétudes réalisées de 1969 à 1972 montrèrent une remarquable similitude entre celles-ci et les unitéshydrogéologiques.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Carte des isobathes de l'intefface eau douce 1 eau salée.
Les eauxsouterraines
Les plateaux du nord: la nappeest contenue dans les calcairessupérieurs et en équilibre hydrostatique avec la mer. Le niveaupiézométrique dans l'axe centralse situe autour de + 1 m NGG(Ni vellement Géographique Générai) et la tranche d'eau douceexploitable limitée à une cinquantaine de mètres.
La plaine de Grippon (charnièreentre les Grands-Fonds et les plateaux du nord) témoigne d'unezone effondrée (graben) avec lescalcaires supérieurs, aquifères reposant sur un niveau volcanosédimentaire imperméable. Ellecorrespond à un axe d'écoulement préférentiel de la napped'eau de la Grande-Terre.
Les Grands-Fonds peuvent êtrecomparés à un château d'eau pourl'aquifère de la Grande-Terre.Celui-ci est formé par les calcaires inférieurs faillés et le niveaupiézométrique maximum se situe au-delà de + 10 m NGG.Vers l'ouest, la nappe s'écoule,sous la plaine des Abymes, endirection de la mer. Les perméabilités et coefficients d'emmagasinement élevés en font une réserve en eau importante pour laGuadeloupe.
Les plateaux de l'est représentent le prolongement vers l'estdes Grands-Fonds. L'aquifère estcomposé à l'ouest d'une ligneSainte-Anne / Le Moule par lescalcaires inférieurs et à l'est parles calcaires supérieurs. Danscette dernière zone, l'aquifère estpeu productif.
Le modèle de simulation desécoulements souterrains appliquéà l'aquifère de la Grande-Terre,en régime permanent, a permisde tester la cohérence des données hydrogéologiques en notrepossession et d'établir un bilandes échanges avec la mer (60 mil-
lions de m3 par an) dont l'essentiel se trouve à l'avalde la plaine de Grippon (18 millions de m 3 par an, soitplus du tiers du total). La côte ouest de Vieux-Bourgà Pointe-à-Pitre et la côte sud jusqu'à Bois-Jolan(Sainte-Anne) ont également un écoulement excédentaire par rapport à la moyenne de l'écoulement ramenée au kilomètre de côte (17 litres par seconde et parkilomètre). Partout ailleurs, l'écoulement est inférieur à cette moyenne, notamment à la pointe orientalede la Grande-Terre.
La nappe de Grande-Terre est ex-ploitée par forages et fournit environ4,5 millions de mètres cubes par anpour l'alimentation en eau potable.Comme indiqué sur la figure ci-après,ces forages sont situés sur le pour-tour des Grands-Fonds, sur la partie centrale qes plateaux du nord et sur les plateaux de l'est.
L'exploitation de la nappe pour [a fourniture d'eauindustrielle est maintenant abandonnée sur les deuxprincipaux sites des usines de Gardel et de Beauport.Par contre, on observe un développement de petitsforages à usage agricole pour alimenter les zonesirriguées.
L'accroissement des prélèvements dans la nappe deGrande-Terre est possible. Ceux-ci représentent actuellement moins de 10 % du transit annuel. Toutefois,comme dans tout aquifère en bordure de mer, uneexploitation des eaux souterraines mal menée, quirabattrait trop fortement les niveaux d'eau, pourrait
provoquer une entrée d'eau de merdans l' aqu ifère. Ce phénomène
de salinisation est alors quasiirréversible.
--.....50 - isobathe en m sous le niveau zéro
LA GUADELOUPE AU FIL DE L' EAU
La préservation de la qualité del'eau est possible à condition:
- d'acquérir les données né-. .
cessalres pour avoir unebonne connaissance de l' aqu ifère (géométrie, niveau d'eauet position de l'interfaceeau douce-eau salée ;
- de calculer et de prévoirl'influence des pompages surles niveaux d'eau. On utilisedans ce but un modèle mathématique des écoulements souterrains qui permet d'optimiser les emplacements des forages et les débits d'exploitation et de vérifier que les contraintes concernant les niveaux de la nappe seront respectées.
sation de piézomètres et de forages d'exploitation ontpermis d'acquérir les connaissances de base concernant la nappe de Marie-Galante.
Anse-Piton
-----..1 _ isopiè:e l'II m NGG ~ déhit en 101' m.! / an
Carre des isopiè:es et des écoulements "ers la 111er.
AilSe-BeF/raild,
Port-Louis.Pellelan-146..
,1 Beauplan-224
" Charopin-143
L'eau circule dans les calcaires récifaux plio-pléistocènes dans lesquels s'intercalent des niveaux d'argiles d'épaisseur variable. Une karstification existe,essentiellement limitée dans les parties hautes nonsaturées des formations carbonatées. Elle influencepeu l'écoulement de la nappe mais facilite la collecteet l'infiltration des eaux pluviales.
.5;{/fI/IC Ailne
Perrin-264..
Kancel-574..
Cavanière-281@
L'examen de la carte piézométrique montre l'influencePicard-277 Le MUille de la faille Anse-Piton / Vieux-Fort qui fonctionne
o Marchand-300'Jabrun-707'" ~ G eAudoin-225 comme une barrière hydraulique étanche en-
Gensolin-62t Duchassing-274 23lanchard-98 tre le compartiment des Bas au nord, où le~
Chazeau-61O ·CeJcoun-J9 niveau piézométrique est peu élevé et laCalvaire-O
.. "Douville-6 partie centrale où la nappe s'écouleSaiill FU11I(uis d'un point haut situé au nord-est
vers la mer. La rivière Saint-Louisconstitue un axe drainant dans sa partie aval.
Lcs Ahymes.
PUiilIC-â-Pilre
Exploitation de la nappe de laGrande-Terre (1991) - Points de
prélè,'ement et l'olumes prélevésen milliers de m.! par an.
LA NAPPE DEMARIE-GALANTE
Les eaux souterraines assurent l'alimentation en eaupotable de Marie-Galante. La dizaine de forages exploités produit 600 000 01] par an, soit moins de 10%des apports à la nappe. Les forages sont plutôt situésdans la partie ouest de l'île où les calcaires sont plusperméables.
Les recherches en eau souterrainesur l'île de Marie-Galante ontdébuté dans les années J 9751976 avec en particulier une importante prospection géophysique. Puis en 1979-1981, la réali-
LES EAUX SOUTERRAINESDE LA BASSE-TERRE
Actuellement, les eaux souterraines de la Basse-Terrene sont captées qu'au niveau des sources (émergencesnaturelles des eaux souterr'aines) et il n'y a aucun
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxsouterraines
forage qui participe à la production d'eau sur cette île. Cette situation est due à une grande complexité géologique conjuguée àune connaissance encore insuffisan te de l' hydrogéologie basseterrienne.
Le comportement hydrogéologique des formations rencontréespeu t être schématisé de la man ièresu ivante :
Les andésites massives: cesroches ne présentent pas àl'origine de perméabil ité d'interstices. La seule perméabilité qui puisse s'y développerest une perméabilité de fissul'es:
- fissuration dite primaireacqu ise par la lave lors de sonrefroidissement et/ou sonécoulement sur un substratumfroid. Elle confère souvent àla roche un débit en plaquettes d' é pai sseu l' centimétriq ue ;
- fissuration dite secondairequi se développe localementau sein de la roche lorsqu'elleest soumise à des contraintestectoniques. La masse rocheuse se brise au niveau deplans de fracture et de fissures de toutes tailles au seindesquelles l'eau pourra circuler librement. L'état actuelde contraintes caractérise unrégime distensif. Ce sont lesfractures d'orientation estouest, comprises entre N45Eet N 13SE, en ouverture et rejouant le plus souvent, quiprésentent les propriétés lesplus intéressantes pour laprospection hydrogéologique.Ces caractéristiques seront recherchées lors d'études ponctuelles.
Des forages d'exploitation d'eausouterraine réalisés dans des formations identiques et dans descontextes géologiques équiva-
lents ont fourni en Martinique des débits de plusieursdizaines de m 3 par heure. L'aquifère de la plaine duLamentin fournit en première phase d'exploitation5 000 m.1 par jour. L'objectif à terme est de 20 000 m.1par jour. L'essentiel des sources captées en BasseTerre est si tué à la base ou au sommet de formationsandésitiques.
Les scories et les ponces: bien qu'ayant une forteporosité, elles ne permettent pas généralemen t untransfert rapide de l'eau. Cependant, des niveauxplus grossiers peuvent être pré-sents et jouer lè rôle de drains, etrenfermer une nappe d'eau (niveaux pyroclastiques de la montagne Pelée en Martinique où desdébits de sa 111.1 par heure parouvrage ont pu être tirés pour desrabattements de 2 à 3 m).
Les dépôts pliniens constitués d'éléments ponceuxet d'éléments massifs arrachés aux parois de lacheminée volcanique présentent une granulométrie variée, des cendres aux lapilli avec parfois desbombes. La porosité de ces dépôts est due auxinterstices. Les dépôts forment des aquifèresd'épaisseur réduite. On trouve cette formation entre la Soufrière et Baillif.
Les alternances de lapilli et ponces, et de couléesandésitiques massives qui forment la partie norddu massif de la Soufrière, peuvent constituer desaquifères de faible ou moyenne extension. Dans cecas, les ponces forment la partie aquifère, et lesandésites le substratum. Un certain nombre deconditions doivent être réunies: perméabilité etalimentation suffisantes des ponces.
Les alluvions des basses vallées peuvent être aquifères et constituer des ressources d' appoi nt commedans la vallée de Lostau. Les alluvions sont trèsdéveloppées le long de la Grande Rivière à Goyaves et de ses principaux affluents. Ils peuvent aussijouer le rôle de drains hydrauliques au sein deformations volcano-sédimentaires. Les dépôtsvolcano-séd imen taires détri tiq ues très argi lisés provenant du démantèlement de la chaîne volcaniqueseptentrionale (massif de Baille-Argent) sont globalement très peu perméables.
Les principales zones reconnues et prospectées sontindiquées sur la figure suivante.
Dans le nord, des coulées massives de lavesandésitiques ont été explorées par trois forages dereconnaissance de petit diamètre dont l'un à Cluny,peut fournir 6 mJ par heure d'une eau faiblement
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
minéralisée. Les deux autres forages n'ont pas recoupé de formations aquifères intéressantes(faible perméabilité des terrainset salinisation élevée de l'eau).
à la retombée orientale de la moitié nord de la chaînevolcanique centrale de Basse-Terre. Il s'agit essentiellement d'une vaste plaine remplie par les produitsd'érosion de cette chaîne, venus s' accumu 1er entre lesreliefs volcaniques de l'ouest et le relief calcaireancien de la Grande-Terre à l'est. Les bilans hydrologiques font apparaître une infiltration notable.
o
o•
zones d'étude sur le potentiel en eau sOllterraine
zones prospectées par géophysique électrique avecdes forages de reconnaissance
zones d'étude par télédétection
zones de recherche d'eau souterraine dans les aquifères d'altitude
::ones prospectées !Jar émanométrie du radon
Principales zones étudiées enBasse-Terre.
Les vallées de la Côte-sous-IeVent renferment des aquifèresmixtes, composés à la fois desalluvions de rivières et du substratum qui peut également participer à l'alimentation comme parexemple des tufs grossiers dansle cas de la basse-vallée deLostau. Là, deux forages ont étéréalisés. Les rabattements spécifiques (exprimés en hauteurs pardébit) sont de l'ordre de 0,3 à0,6 m- 2 h . Une production de50 m' par heure environ est envisageable. L'eau peu minéralisée présente un faciès carbonatémagnésien et répond aux normesde potabilité sur les éléments majeurs. À Baillif, un forage de reconnai ssance dans des formations volcaniques a égalementmontré l'exploitabilité de lanappe.
Le secteur de la plaine du nordest de la Basse-Terre correspond
Étude hydrogéologique intéressant l'ensemble de laBasse-Terre:
- états de contraintes actuels et récents (par télédétection)
- utilisation de l'imagerie satellitaire SPOT pOlir la prospection hydrogéologique en milieu fissuré "olcunique .
La prospection géophysique par 160 sondages électriques environ a précisé l'épaisseur des formations détritiques mais n'a pas permis de déceler au sein decelles-ci des zones alluvionnaires épaisses et non altérées susceptibles d'être aquifères. Cependant, à Jarry,un forage a recoupé, sous une centaine de mètres decalcaires, des niveaux andésitiques renfermant de l'eaudouce à une pression suffisante pour que le forage soitartésien. Cela constitue la preuve de l'existence d'unenappe à l'amont.
Plus récemment, les recherches en eau souterraine sesont orientées vers des sites associant une zone d'alimentation amont et une zone de captage aval ayantcertaines caractéristiques. Sur la zone amont, on recherche les conditions qui sont susceptibles de maximiser les apports à la nappe: altitude maximale pourse situer en secteur bien arrosé, extension horizontalesuffisante pour augmenter la surface du bassin versant, des conditions d'infiltration favorisées par unealtération réduite, surtout en surface. Une moindredensité de drainage permet de repérer les secteurs oùl'infiltration prend plus d'importance que le ruissellement. La zone de captage se situera à l'aval de lapremière et sera suffisamment épaisse pour recevoirun forage de quelques dizaines de mètres.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxsouterraines
LES EAUXSOUTERRAINESDE SAINT-MARTIN
La géologie de l'île de SaintMartin est caractérisée par troistypes principaux de formations:
- des formations sédimentaires ou volcano-sédimentaires ;
- des formations volcaniques effusives et explosives;
- des roches intrusives d'âgetardif qui recoupent la plupart des séries volcaniques etsédimentaires.
L'ensemble de ces terrains estrecoupé par une fracturation dominante nord-est/sud-ouest avecdes directions conjuguées nordest/sud-est. Par ailleurs, unedeuxième famille d'accidents dedirections nord-sud et est-ouestconjuguées est également apparente.
À Saint-Martin, les eaux souterraines ont d'abord été exploitéespar 40 à 50 puits traditionnels,implantés pour la plupart sur lapériphérie de l'île. De petits forages complètent cet équipement.Ces ouvrages captent principalement des eaux saumâtres. Le seulforage participant à l'alimentation en eau potable est le foragede Cripple-Gate qui fournit de40 à 240 m 3 par jour selon lasaison.
Récemment, avec l'améliorationdes connaissances géologiquesde l'île, les recherches ont étéorientées vers de nouvelles zone~ où la perméabil ité est a prioriplus importante: le long des zones faillées et dans les formations sédimentaires et fissurées.Ainsi, deux forages viennentd'être réalisés dans un milieu fissuré (andésite). Ils ont été im-
plantés, en partie, à l'aide d'une prospection parémanométrie du radon dans les gaz du sol. Ils peuventproduire une centaine de mètres cube par jour.
"LES EAUX SOUTERRAINES ASAINT-BARTHÉLEMYL'île de Saint-Barthélemy, longue de 10 km et large de5 km, a une ossature qui résulte d'événements volcaniques sous-marins et de dépôts cal-caires intercalés durant une périodecomprise entre 48 et 45 mi Il ions d' années. Ensuite, une période de soulèvement et de basculement vers Je sudprovoque l'émersion et l'érosion dela partie septentrionale de l'île. Lors d'une deuxième 57phase, de petites intrusions massives se mettent enplace le long des axes tectoniques nord-ouest/sud-estet nord-est/sud-ouest.
La superficie réduite de Saint-Barthélemy n'autorisepas la présence d'aquifères importants. Seuls, quelques petits ouvrages en fond de vallée sontenvisageables. Une campagne de forages aurait étéréalisée dans les années 1970. À notre connaissance,aucun résultat positif n'a été obtenu. Des puits existent en fond de vallée et le long du 1ittoral dans desformations alluvionnaires et sableuses.
LES EAUX SOUTERRAINES DE,
LA DESIRADELa Désirade est une île tabulaire de 11 km de long sur2 km de large. Elle est essentiellement occupée par unplateau calcaire, s'élevant jusqu'à 275 m d'altitude.Sous le calcaire se trouvent des roches éruptives d'âgemésozolque (plus de 65 millions d'années).
Les eaux souterraines se manifestent par une dizainede sources qui émergent souvent au niveau d'une zonefaillée et au contact de deux formations géologiquesprésentant un contraste de perméabil ité. Certaines deces sources étaient encore exploitées récemment avantl'alimentation par une conduite sous-marine apportant l'eau depuis la Grande-Terre. Le captage de deuxsources à Baie-Mahault, au nord de l'île, a permis defournir 80 m 3 par jour. Plus récemment, après le passage de l'ouragan Hugo, la source de la ravine Rivièrea été captée pour pallier, en partie, la destruction del'usine de dessalement. Sur la côte sud-est, quelquespuits traditionnels permettent d'exploiter les eauxsaumâtres de la nappe côtière.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES SAINTES
La superficie peu importante desSaintes ne laisse pas augurer deressources exploitables en eausouterraine. Cependant des reconnaissances mécaniques sonteffectuées dans la cuvette autourde Petite-Anse à Terre-de-Bas.Les reconnaissances ont montrél'existence d'importantes formations alluvionnaires argiliséesquasiment imperméables.
Fumerolle sur la soufrière en 1979.
LAMODÉLISATIONDES NAPPESD'EAUSOUTERRAINE
Pourquoi modéliser?
La modélisation répond à un certain nombre de questions typesqui se posent couramment en hydrogéologie :
-Y-a-t-il un risque d'obtenir de l'eau salée par pompage près de la mer?- Quelle sera l'influenced'un pompage sur des ouvrages voisins?
- Quel débit peut-on prélever dans un aquifèresans dépasser un rabattement donné?- Combien de temps une pollution mettrait-ellepour atteindre un captage d'eau potable ou unerivière? Quelle en serait la concentration?
Cependant, il n'existe pas de formules directementapplicables pour résoudre les problèmes exposés cidessus, quand un aquifère a une forme géométriquenon régulière, n'est pas homogène ou a une extensionindéfinie.
Les équations qui régissent l'écoulement de l'eaudans une nappe sont connues. Avec un modèle mathématique on cherche à représenter le mieux possible, à
J'aide de ces équations, la réalité physique de l'aquifère: géométrie, paramètres hydrodynamiques, conditions auxlimites (limite imperméable ou à niveaud'eau constant), conditions d'alimentation par les pluies.
LA PROSPECTIONDES EAUXSOUTERRAINES
L'hydrogéologue est un sourcier moderne, sans baguette, mais avec de nombreux autres outils très variés.
Sa première démarche lorsqu'il lui fautdéterminer s'il existe de l'eau souterraine exploitabledans un secteur donné est purement géologique car leou les réservoirs qu'il recherche sont constitués deroches. Illui faut donc déterminer, à partir des renseignements dont il dispose (carte géologique, photographies aériennes ou imagerie satellitaire, résultats dessondages qui ont déjà été réalisés dans le même secteur, etc) mais aussi et surtout en allant "observer" leterrain, queHes sont les roches qui le composent, leurslimites en surface et en profondeur, et enfin quelle estleur aptitude à renfermer de l'eau souterraine.
11 dispose pour ce faire, outre les facultés d'observation des roches en surface, d'outils divers mis au pointsur le terrain ou dans les laboratoires de recherche. IIpeut ainsi appréhender la géométrie des terrains enprofondeur au moyen de méthodes géophysiques quiconsistent à déterminer la nature du sous-sol en mesurant la vitesse de propagation des ondes sismiques oudu courant électrique par exemple.
Lorsqu'il lui faut localiser très précisément (à quelques mètres près), comme c'est souvent le cas enGuadeloupe, les zones les plus fissurées, donc les plus
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les eauxsouterraines
perméabJes et riches en eau d'unmassif rocheux, l'emploi de méthodes particu lières est nécessaire. Les photographies aériennes ou l'imagerie satellitaire permettent de "prendre de J'altitude"et de Jocaliser Jes zones de fractures mais rarement de savoir sielles sont Je siège de circulationsd'eau. Une méthode nouvelle quidécoule directement des recherches les pl us récentes, la prospection du radon dans les gaz dusol (ou émanométrie du radon)est alors particul ièrement adaptée. Elle consiste à mesurer dansles prem iers décimètres du soll'activité voJumique du radon,gaz produit par la désintégrationdes minéraux rad ioactifs, à durée de vie très courte; il peutdonc être décelé à proximité dela surface du sol. Les taux d'activité très faibles nécessitent desméthodes particulières de mesure. Si le radon a été transportérapidement par de l'eau souterraine, une activité élevée constitue, de ce fait, un indice favorable de la circulation rapide d'eauxet donc d'une bonne perméabilité des terrains sous-jacents. Lesprospections radon menées àSaint-Martin ont ainsi permisd'implanter deux forages susceptibles de débiter une centaine demètres cube par jour. D'autresinvestigations de ce type ont étéréalisées dans des contextes similaires en Martinique. En Guadeloupe, cinq autres secteurs sonten cours d'étude.
La mise en œuvre de toutes cesméthodes n'a qu'un seul but;diminuer au minimum le risqued'échec des forages qui serontréalisés si des conditions favorables à l'exploitation des eaux souterraines ont été décelées. Leforage constitue en effet l'opération la plus coûteuse d'une recherche d'eau souterraine.
La réalisation de forages de reconnaissance, en petitdiamètre donc moins coûteux que les forages ou puitsd'exploitation qui seront réalisés ultérieurement, permet de valider les hypothèses concernant la naturegéologique du sous-sol, mais aussi, surtout, de mesurer la perméabilité de l'aquifère en réalisant des pompages d'essai et de déterminer la qualité de l'eaupréJevée.
Ces sondages sont équipés de dispositifs pour la mesure des variations naturelles du niveau de l'eau dansla nappe. Ces mesures permettrontd'évaluer la ressource en eau souterraine disponible, c'est-à-dire exploitable sur plusieurs années sans risquer de tarir la nappe. En effet, il nefaut pas confondre capacité produc-trice d'un ouvrage de captage qui dépend seulementdes conditions de perméabilité dans son environnement immédiat et de la qualité du forage, et capacitéde la nappe qui est tributaire en particulier de sonalimentation à partir des pluies.
L'EXPLOITATION DES EAUXSOUTERRAINES
Captage par forages
Muni des paramètres chiffrés issus de ces reconnaissances, J'hydrogéologue est en mesure de calcuJer lescaractéristiques des ouvrages de captage qui donneront à l' uti lisateur, au meilleur coût et avec la meilleu resécurité de fonctionnement, le débit souhaité. En Guadeloupe, et à l 'heure actuelle, ce sont généralementdes forages qui sont réalisés. Leur diamètre excèderarement une cinquantaine de centimètres. Quand lesconditions le justifient, il est égaJement possible deréaliser des puits de gros diamètre ou même des galeries visitables, en pente douce, qui vont prélever demanière gravitaire l'eau des aquifères situés en altitude.
Pompage solaire
Parfaitement adapté au x besoins d'alimentation eneau de faibles volumes (quelques dizaines de m' parjour), Je pompage solaire est une solution bien maÎtrisée en Guadeloupe. Actuellement une dizaine de pompes solaires alimentent des points d'eau sur la commune de Port-Louis et à Marie-Galante pourl 'abreuvage du bétail.
Ces pompes sont généralement installées sur des forages (jusqu'à 100 m de profondeur). Contrairement à
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
d'autres solutions (prélèvementpar seau dans les puits ... ), cettetechnique évite de souiller l'eauprélevée. Leur fonctionnementest entièrement automatique sansrecours à des accumulateurs: lepompage se fait au rythme dusoleil, du lever du jour au crépuscule. L'eau est généralementstockée dans un réservoir tampon.
Le coût d'une installation-type(pompe de 3 m3 par heure à 20 mde HMT délivrant 20 m3 par jour)estd'environ 150000fen 1992.
60 L'entretien est minime, nécessitant seulement une visite de quelques heures, une ou deux fois paran.
LES AVANTAGESDEL'EXPLOITATIONDES EAUXSOUTERRAINES
Par rapport aux prises d'eau desurface, le captage des eaux souterraines présente un certainnombre d'avantages pour l'approvisionnement en eau. Les nappes d'eau souterraine occupent,par rapport aux cours d'eau, desétendues plus vastes qui facilitent leur captage à proximité immédiate des lieux d'utilisation.Leur exploitation est donc particul ièrement adaptée pour satisfaire les demandes dispersées(communes rurales, exploitationsagricoles et industrielles, particuliers, etc). Ce procédé ne nécessite pas la mise en place deconduites d'adduction longuesqui sont particulièrement vulnérables aux aléas naturels (séismes, glissements de terrain ... ).
Les ouvrages de captage euxmême (puits, forages ... ) sont
beaucoup moins sensibles aux effets de cyclones ou depluies cycloniques (crue, augmentation de la turbiditédes cours d'eau ... ) et peuvent donc délivrer une eau dequalité, même en période de crise. Les distributeursd'eau, tant en Guadeloupe qu'en Martinique, se préoccupent de ce problème et conçoivent des réseauxmaillés d'adduction d'eau potable qui s'appuient à lafois sur les ressources en eau de surface et les réservesd'eau souterraine.
Beaucoup moins sujettes aux aléas climatiques que leseaux superficielles, grâce au volume et à l'inertie desréserves des aquifères, les nappes souterraines offrentdes ressources permanentes au risque de défaillancetrès faible, même en cas de carême prolongé. li faudrait en effet plusieurs années sans recharge pourqu'une nappe tarisse.
La qualité des eaux prélevées est supérieure à celle deseaux de surface et ne nécessite que peu de traitements,parfois aucun, pour la production d'eau potable. Leurscaractéristiques sont stables. Leur vitesse d'écoulement, faible par rapport à celle des eaux de surface,laisse un temps de réaction beaucoup plus importantpour intervenir en cas de pollution accidentelle àproximité des captages. Ces eaux demandent cependant de l'énergie pour être extraites du sol par pompage (énergies électrique, thermique ou solaire) etnécessitent de voir les roches qui les abritent protégées des pollutions pour préserver leur qualité. _
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
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La charte européenne de l'eau proclamée par leConseil de l'Europe en mai 1968 déclare dansson premier article: "il n'y pas de vie sans eau.
C'est un bien précieux indispensable à toutes les activités humaines". Toutefois cette déclaration, qui faitl'unanimité, ne doit pas faire oublier que, dans certains cas, l'eau constitue un risque menaçant la vie deshommes, soit par ses excès soit par la diminution deses ressources. Les exemples d'inondations ou desécheresses ne manq uent pas à travers le monde et laGuadeloupe n'en est pas exempte.
La Guadeloupe est particulièrement soumise à desrisques naturels multiples dont les manifestations lesplus récentes ont été:
- l'éruption phréatique de la Soufrière en 1976aux lourdes conséquences socio-économiques;
- la secousse tellurique de mars 1985, sans gravi té ;
- et le cyclone Hugo, dernier en date en septembre 1989, avec son cortège de désolations.
Plus fréquentes, les crues et les inondations constituent un risque naturel causant des dégâts souventimportants et parfois mort d 'homme. Il convient d'analyser les conditions de formation et les caractéristiques des crues dévastatrices, afin d'en maîtriser leseffets. Ces études sont nécessaires au dimensionnementdes ou vrages de franchissement, de protection ou destockage, et à la cartographie des zones inondables.
De même, un risque qu'il ne faut pas négliger estl'apparition de sécheresses qui ont des conséquencesdommageables sur la productivité et la qualité des
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
récoltes agricoles, sur l'élevageet parfois sur l'alimentation eneau potable des populations.
Au delà, les mouvements de terrains, les coulées de boues et dedébris, les embâcles, la liquéfaction et les éruptions phréatiquessont des phénomènes liés directement ou indirectement à J'eau.
Ouragans, crueset inondations
De nombreuses crues etinondations remarquabJesont été recensées depuis le
XVII" siècle. Plus récemmen t, àpartir du début du XX e siècle,des données précises sontcollectées sur les précipitations.Depuis plus de vingt cinq années,le suivi continu de la plupart desrivières et ravines a permis decollecter une information conséquente sur les régimes hydrologiques des cours d'eauguadeloupéens.
Il est donc possible aujourd 'huide conduire une analyse des événements hydrologiques paroxysmiques qui ont touché la GuadeJoupe au cours de ces dernièresdécennies : ouragans, crues etinondations exceptionnelles.
On remarquera que les ouragansde 1928, du Il août 1915, du 22août 1964 (Cleo), du 27 septembre 1966 (Ines), du 29 août 1979(David) et même celui du 17 septembre 1989 (Hugo), n'ont pasété accompagnés de crues trèsfortes ou d'inondations catastrophiques, alors que certains événements pluviométriques decourte durée (quelques heures),souvent engendrés par des perturbations stationnaires partic ulièrement intenses, ont provoqué
des crues et des inondations importantes en 1966, en1981 ou en 1986.
Le tableau suivant présente l'historique des crues etinondations observées en Guadeloupe.
LI"le de" eV~Il~rnel1h a 'LompagnC'"d; crul'S cl d'illonJlIlinns
Dates Localisation Observations
23/09/1906 Pointe-à-Pitre inondations bas quartiers
22/04/1927 La Basse-Terre fortes précipitations et crues
10/1927 Côte-sous-Ie- Vent fortes précipitations et crues
12/09/1928 Guadeloupe fortes précipitations,peu d'inondation
10/1949 Guadeloupe fortes précipitations, liées àdes dépressions statiques
29/07/ J95] La Basse-Terre fortes précipitations, sur lessommets de la Basse-Terre
12/08/1956 La Basse-Terre Betsy, fortes précipitations
27/10/1963 La Basse-Terre Héléna, précipitationsexceptionnelles, fortes crues
06/07/1966 Guadeloupe très fortes précipitations
27/09/1966 Guadeloupe Ines, fortes précipitations,fortes crues
29/08/1979 Guadeloupe David, fortes précipitations,forts volumes crues
07/09/1981 La B asse-Terre fortes précipitations,foftes crues
02/05/1981 La Grande-Terre inondations dans la régionde Sainte-Anne
16/11/1986 La B asse-Terre très fortes précipitations etcrues au vent
17/09/1989 Guadeloupe Hugo, fortes précipitations,faibles crues
09/10/1990 Poi n te-à-Pi tre fortes précipitations etinondations
LES OURAGANS
Un ouragan se présente sous la forme d'un amas quasicirculaire de nuages, dont le diamètre est de quelquescentaines de kilomètres, animé d'un mouvement tourbillonnaire dans le sens inverse des aiguilles d'unemontre dans J'hémisphère nord.
Les nuages qui le constituent forment une masse compacte s'élevant à plus de 15 000 m, s'enroulant autourdu centre de rotation: l'œil de J'ouragan, zone calme debasse pression d'un diamètre d'une quarantaine dekilomètres.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Hugo 16-17/9/89 150à300mm 80à350mm
Pluviomélrtè rd~vée lors du passage dt:s
trois t1ernicr" ouragan"
Ines 27/9/66
David 29/8/79
Grande-Terre Basse-Terre
100 à 200 mm 100 à 300 mm
100 à 200 mm 135 à 460 mm
Ouragans,crues etinondations
Tru.I(!cwire des OUI'Ul!.UflS dWl\ /es Peu [es Allfilles
( /c'9/-/989).
en'04/08/j
J8'
J5'
14'
J2'
Ir
J3'
61 '
•,
longitude ouest
62"
0lJc:o
f. Marri"
D Og. 02
08/08//1903
~:---.25/09//
63'
//1/(/!;,(' .W{cl/illlirc de /'oul'llgall
!lI/go.
Les cyclones qui intéressent l'arcdes Petites Antilles naissent aularge des îles du Cap-Vert sousforme de dépressions tropicales.Lorsque celles-ci rencontrent desconditions favorables, elles serenforcent, pour évoluer en tempêtes lorsque la vitesse des ventsdépasse 63 km/h puis en ouragans,au-dessus de 119 km/ho
Les phénomènes cycloniques traversent l'Atlantique nord enmoins d'une semaine, avec unevitesse moyenne de l'ordre de lanœuds (environ 18 km/h), suivant une trajectoire est-ouest, quidévie généralement vers le nordouest à l'approche de la Caraïbe.
Le passage des ouragans s'accompagne de rafales de vent extrêmement violentes (estimées àplus de 260 km/h pour Hugo pourune pression minimale enregistrée de 941 hPa), de marée detempête pouvant dépasser 3 mètres et d'une très forte houle. Àces effets souvent dévastateurss'ajoutent ceux de la pluie.
Le tableau suivant donne lesprécipitations relevées au coursdu passage des trois derniersouragans ayant intéressé laGuadeloupe : Ines, David etHugo.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES CRUES ET INONDATIONS
d~b;/~ (m'/ )
...o débit de p mte
76
temps 1hlilll'CSJ
c urbe de tar!~ emelll
54
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32
t mp. LIe b, e
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_U
o
10
Les caractéristiques d'une crue s'expriment par:- le débit de pointe (débit maximal atteint) ;- les paramètres de forme de l' hydrogramme quesont le rapport du débit de pointe au débit moyen dela crue et les temps caractéristiques (temps demontée, temps de base) ;- le volume d'eau écoulée auquel on associe uncoefficient de ruissellement (rapport du volumed'eau écoulée au volume d'eau précipitée sur lebassin versant).
flY"I'()~"{IIIJIII('dC' 1'/'1/('
La notion de crue est liée à celle d'écoulement rapided'importantes quantités d'eau dans les cours d'eaunaturels ou dans les canalisations et canaux de drainage en zone urbanisée.
Le l' '\.\(Ige dl.' l' Il 1Il'1 Il! U 1/ fll/guCil Cl/ade/oul,e
On a constaté que les précipitations étaient plus fortes au ventde la chaîne montagneuse lorsque l'ouragan passait au nord decelle-ci (cas de Hugo) et sous levent lorsque il passait au sud (casde David).
L'ouragan Hugo a été qualifié de"cyclone sec". Cependant, si desintensités de précipitation exceptionnel les sur de courtes duréesn'ont pas été relevées, les précipitations en 2 jours avaient toutde même atteint 200 à 300 mmsur la trajectoire de l'œil.
Certes, celles-ci n'ont pas provoqué d'inondations exceptionnelles car les sols en GrandeTerre n'étaient pas préalablementsaturés: on totalise seulementquelques 5 à la mm de pluie surles 3 jours qui précédèrent le passage de j'ouragan.
Ilnse-Bertrand•Port-Louis.
Moult!•
Sain/t'·Anlle.
Pe/it-Canal
Pointe-à-Pitre
Çosier
.Mflrlle-à-I'eau •
Le RaiZl.'t.Baie-Mahault
Petit-Bourg
Poinre-Noire.Lamen/in
Sail/te-Rose .
"Bouillante'
Vieux-H abital1fs. Capes/erre.Bas,s('·7erre. Saint-Claude
Gourbeyr!'• Jroü-Ril'ière
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
!nondi/tioll cl Pointe-tl-Pitre.
Ouragans,crues etinondations
effet, compte tenu de la faible superficie des bassins versants (de quelqueskilomètres carrés à quelques dizaines),l'importance des débits de pointe descrues est fonction des hauteurs d'eauprécipitées au cours de durées inférieures aux temps de concentration des bassins (temps du plus long parcours deruissellement de l'eau sur le sol) quidépassent rarement quelques heures. Demême, les durées devidange des zonesinondées dépassent rarement la journée.
En Basse-Terre, où lesbassins versants sontpentus, les crues sont fréquentes ets'écoulent rapidement, souvent trèschargées en boues et en débris végétaux. Elles se traduisent par une aug
mentation forte et soudaine des débits des cours d'eau.Les temps de concentration des bassins versants étanttrès courts, les débits peuvent passer de 1 à 400 mols enmoins d'une heure.
En Grande-Terre, les bassins versants sont de faiblepente. Les écoulements n'apparaissent que lorsquedes pluies préalables ont saturé les sols. Les écoulements sont lents, mais constituent d'importants volumes d'eau inondant les zones basses mal drainées.
Sur les petites îles, les crues sont générées par desprécipitations intenses sur des durées le plus souventinférieures à la demi-heure.
Quelques exemples permettent de souligner que SI,
généralement, les fortes crues apparaissent en saisonpluvieuse, il n'est pas exclu d'assister à des phénomènes extrêmes en toute saison:
Le uil/(/f tle \ \'ainle :pas:>age d'lIl1e d ·pre.\sioll
rl'opico!c.
Les inondations apparaissentlorsque les cours d'eau gonflentau point de déborder de leurs litspour envahir des zones généralement de faible pente (coursaval des rivières de la BasseTerre, bas-fonds de GrandeTerre).
En zone urbaine, les inondationsintéressent le plus souvent lesquartiers les plus bas, aux réseaux d'évacuation pluviale malentretenus, sous-dimensionnés,ou de trop faible pente pour évacuer rapidement les quantitésd'eau qui leur parviennent. Lesinondations sont souvent provoquées par des embâcles (encombrement de matériaux) se formantau niveau des ouvrages de franchissement (ponts, radiers ... ). Oncaractérise l'ampleur d'une inondation par la hauteur d'eau maximale du plan d'eau atteinte aucours de l'événement dans unezone donnée.
En Guadeloupe, les très fortescrues et les inondations s'observent lorsque les précipitationssont intenses sur des durées courtes, inférieures à la journée. En
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les fortes précipitations
Nomhre de> jU/lr. de pll/ip lupér;l'llre Ù /a l'ct/ellr1110 \ ;lf/l/le jO/lrl/alière l'occl/rr{'/I( (' sflIri\riqll(' IIlIl' ullllée
ILl! delu. L' Rai::'f /9-1-/91.)0.
m 3/s/km 2, et de 6 à 12 m]/s/km 2 pour les crues décen
nales. Les valeurs des débits de pointe dépendentindirectement de la pluviométrie annuelle moyennesur les bassins versants.
1985 1990Années
DAVID
KLAUS- - - Hü6o~-+
INES
1-
o1950 19551960 19651970 19751980
Nombre de jours de pluie3 ---------
2 CLEl--~---
Les fortes précipitations sont dues à des perturbationsatmosphériques de grande échelle telles que frontsfroids, ondes d'est, cyclones, ou à des phénomènesthermoconvectifs localisés (orages ou cellules stationnaires), éventuellement amplifiés par l'effetorographique. Les perturbations atmosphériques degrande étendue sont rares et s'établissent en moyenneà une dizaine par an, avec, cependant, une forte variabilité d'une année sur l'autre.
L'effet orographique se manifeste essentiellement parune augmentation de la durée des précipitations defaible intensité en altitude et parfois localement parl'augmentation des valeurs des fortes intensités.
Au cours d'une période de plusieurs décennies, onconstate, comme le fait ressortir la figure ci-dessous.que les événements les plus abondants ont une distribution erratique.
L'analyse statistique des pluies journalières ponctuelles permet d'estimer les valeurs correspondant à différentes périodes de retour. Les événements atmosphériques susceptibles de provoquer des pluies exceptionnelles en un site sont les mêmes sur l'ensemble dela Grande-Terre.
On admet que les pluies journalières maximales d'occurrence donnée sont partout identiques en GrandeTerre. Il est donc pertinent de se référer aux donnéesdu Raizet qui constituent la plus fiable des longuesséries.
En Grande-Terre, les débits de pointe (de l'ordre dequelques m3/s/km 2 pour les crues centennales) sontbien plus faibles qu'en Basse-Terre et varient selonles caractéristiques géomorphologiques des bassins.
Il convient d'analyser précisément les précipitationsqui génèrent les plus fortes crues et inondations.
- sur le Bras-David, le débit maximum instantané,547 ml/s, a été observé le 16novembre 1986, engendré parune dépression stationnairesur le flanc au vent de lachaîne montagneuse. Cependant, en février 1982, mois de"carême", un débit instantanétrès important de 453 m]/s aété relevé;- le bassin versant de la ravine Gachet a une forte probabilité de voir ses cruesmaximales apparaître à partirdu mois d'août, c'est pour-
66 tant le 17 juillet 1979 que ledébit de pointe a atteint lavaleur maximale observéesur la période 1974-1990(60,5 m]/s).
Aucune technique ne permet actuellement de prévoir le caractère exceptionnel d'une averseisolée. Encore est-il plus délicatde prévoir que telle ou telle région sera affectée par une crue.
Toutefois, les études hydrologiques ont permis la prédétermination des crues de fréquencerare, c'est-à-dire l'estimation desdébits de pointe de faible occurrence. Les méthodes u ti li séessont basées sur la statistique, surl' u tili sation de modèles nu mé riques évaluant les débits à partirdes données de pluie, ou sur l' application de formules faisant intervenir le temps de concentration du bassin, le coefficient deruissellement (rapport du vol umed'eau précipitée au volume d'eauruisselée) et l'intensité de précipitation.
Les débits de pointe des cou rsd'eau de la Basse-Terre sont essentiellement fonction de la pentedes bassins versants (pour unemême gamme de superficie).
Selon la pente des bassins versants, les débits spécifiques descrues annuelles varient de 3 à 6
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Plu i llléll"ie journalil:l"l'P~l"le léléo-france du RaiLcl
Période de retouren années 2 10 20 50
H mm 85 150 185 210
Les valeurs données ci-dessous, applicables à laGrande-Terre, sont d'autant moins précises que leurpériode de retour est élevée.
En Basse-Terre, aucun poste ne fournit de série suffisamment longue pour permettre une estimation desintensités de précipitation de grande période de retour.
Ajustement Gumbel - Le Raizet 1961/1990
En Basse-Terre, les pluies journalières maximales augmententavec l'altitude et atteignent, pourdes périodes de retour de 2, 10,20 et 50 ans, respectivement desvaleurs de l'ordre de 150, 250,300 et probablement plus de350 mm. Les hauteurs de pluiesjournalières de période de retour100 ans pourraient dépasser250 mm en Grande-Terre et500 mm sur les sommets de laBasse-Terre.
Le tableau suivant présente lesvaleurs prédéterminées deshauteurs d'eau H en mm et desintensités 1 en mm par heure surdes durées de 6 minutes à 4 jourset pour des périodes de retour Pallant de 2 à 100 années:
2
H Imm/h
Ouragans,crues etinondations
Comme on l'a vuprécédemment, JeRaizet constitue unsite représentatif desphénomènes pluviométriques intéressantla Grande-Terre. EnBasse-Terre, l'analyse de l'ensemble
Les très fortes intensités de précipitationsur de faibles pas detemps ont été relevées à l'occasion dupassage d'une ondetropicale (le 6 juillet1966), de phénomènes thermo-con vectifs stationnaires (les17 juillet 1979 et 2mal 198 J) et d'unedépression stationnaire (le 16 novembre 1986).
12
18
31
49
63
87
148
192
230
Imm/h
100
H
376
324
237
287
220
186
147
126
87
74
48
23
II
16
28
44
57
80
134
176
210
Imm/h
50
Historiquement, la valeur maximale de précipitationjou rnalière relevée en Guadelou pe a été mesurée lorsdu passage de l'ouragan David le 29 août 1979, avec438,5 mm au poste Ors tom de Congoen Basse-Terre. Lors du passage del'ouragan Ines, 313 mm étaient relevés à Duclos le 27 septembre 1966.En Grande-Terre, les records de pré-cipitationsjournalières n'ont pas été lirelevés lors du passage de l'ouragan mais au cours del'averse exceptionnelle du 6 juillet 1966 avec unmaximum ponctuel de 341 mm.
Les records mondiaux s'établissent à plus de 700 mm parjour à Porto-Rico et à Cuba, à 1 690 mm en 24 h enNouvelle-Calédonie et à 1 870 mm en 24 h à la Réu-11I0n.
Pour les pas de temps supérieurs à une journée, c'esten Basse-Terre et pendant le passage des cyclones quel'on relève les valeurs maximales cumulées sur plu-
. .sieurs Jours.
21
H
340
292
209
253
197
168
132
J 14
80
67
44
21
33
45
63
100
132
170
10
17
H Imm/h
126
99
90
63
50
33
255
215
152
183 8
149 12
12
20
28
44
69
92
130
72
60
56
44
34
13
13
85
100 4
87 7
4 j
2 j
l j
24 h
12 h
6 h
3 h
2 h
1 h
6 min
Durée
30 min
15 min
P (an)
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
des senes d'observation, relativement courtes et présentantsouvent des lacunes, faitapparaître que, pour des pas detemps de 10 minutes à 6 heures,les intensités maximales deprécipitation ont été mesuréeslors du passage de la tempêteHelena au poste Orstom deParnasse.
d'averses exceptionnelles qu i semblent affecter autantla Grande-Terre que les sommets de la Basse-Terre.
Il semblerait que l'accroissement dû à l'effetorographique sur les fortes précipitations soit peusensible pour des durées inférieures à 2 à 3 h, maisd'autant plus important que la durée dépasse 3 heures.Ainsi, pour les pas de temps supérieurs à 6 h, lesintensités observées en Basse-Terre seraient pratiquement deux fois plus importantes qu'en Grande-Terre.
EN GUISE DE CONCLUSION
En Basse-Terre, les ouragans peuvent engendrer detrès fortes crues et inondations occasionnant d' importants dégâts sur les bassins de taille relativementimportante. Sur les bassins versants de faible superficie (quelques kilomètres carrés), les risques liés aux
forts écoulements et auxinondations sont permanents.
De même, les ouraganssont susceptibles de pro-
Date Durée H mm Imm/h voquer d'importants dégâts
Hugo 12 h 194 16par les eaux en Grande-Terre. Mais, plus encore
Hugo 6 h 149 25 qu'en Basse-Terre (compte5/11/63 3 h 105 35 tenu de la taille relative-
9/10/90 2 h 89 45 ment petite des bassins et
14/09/75 1 h 73 73 de leur faible pente), les
30 minfortes crues et inondations
29/08/79 57 114être provoquéespeuvent
24/1 1/66 15 min 38 152 par des perturbations trèsla min actives ou des dépressions
4/J 1/74 5 min 22 220 stationnaires.
Grande-TerrePoste du Raizet (Méléo-France)
Basse-TerreParnasse (Orstom)Tempête Helena 27/10/1963
Durée H mm Imm/h
12 h 346 29
6 h 281 47
3 h
2 h 164 82
1 h 114 114
30 min 69 138
15 min
\0 min 27 162
5 min 13 156
Le tableau suivant donne les valeurs maximales des hauteursd'eau H en mm et d'intensités l enmm par heure observées enBasse-Terre et en Grande-Terresur des durées allant de 5 minutes à J 2 heures:
D'après ces informations, cen'est qu'à partir de durées supérieures à 6 h, en Grande-Terre,que les ouragans occasionneraient les plus fortes intensitésde précipitation mesurées:149 mm en 6 h et 194 mm en12 h pour Hugo le 17 septembre1989 (poste Météo-France duRaizet). À des pas de temps allant de 5 minutes à 2 ou 3 heures,on observe que les intensités desprécipitations cycloniques nesont pas supérieures à celles
Sur les petites îles commeSaint-Martin, les crues sont
violentes, les débits de pointe sur des bassins versantsde moins de 3 km 2 peuvent atteindre, voire dépasser,20 à 25 m3/s/km 2 pour une crue décennale.
Finalement, nous retiendrons que J'apparition des trèsfortes crues est aléatoire, liée à des situations météorologiques particulières. Il convient donc d'attirerl'attention sur la nécessité de prendre en considération le risque de crue ou d'inondation dans l'élaboration des plans d'occupation des sols et de mettre enœuvre des mesures préventives efficaces tant au niveaudes collectivités que des personnes concernées, dansles zones à risque déjà occupées.
Une cartographie des zones susceptibles d'être inondées s'impose.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
80
Le 6 juillet 1966
20
Le 17 juillet 1979
Le 16 novem bre 1986
60
Courhes isohyètesde pluviométriejournalière en mm
Le 2 mai 1981
11 . l'oneÉd'I/('mel/t~ rel/larqll~I.] ('~ li.
pl /1\' iOnt ét rie jo Illïla 1lae .
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les sécheresses
i les fortes précipitationsconstituent un réel dangersur l'archipel guadelou-
péen, les sécheresses ont ellesaussi des conséq uences néfasteset immédiates:
- le stress hydrique su bi parles plantes qui affecte les cultures ;- l'al imentation en eau potable des populations qui ne
70 peut plus être assurée normalement ;- une pollution aggravée descours d'eau.
L'étude des précipitations a montré que, en Côte-sous-Ie-Vent, enGrande-Terre et à Marie-Galante,le déficit cumulé des faibles précipitations et/ou la répartition irrégulière des épisodes pluvieuxplus importants suffisaient à engendrer des sécheresses temporaires ou durables.
Les réserves hydriques de ces régions défavorisées sont ainsi trèsprécaires.
En Basse-Terre, l'apport despluies orographiques limite cephénomène à des sécheresses généralement atténuées et temporaires.
La réserve utile du sol apparaîtpositive lorsque les besoins eneau de la végétation sont satisfaits, négati ve lorsque celle-cisubit un stress.
L'évolution des réserves en eaudu sol en cours d'année fait apparaître que, jusqu'au mois de juin,les faibles précipitations ne parviennent pas à assurer les besoins en eau de la végétation.Seul un événement d'importancemoyenne (25 mm) au cours dumois d'avril vient satisfaire en
partie les besoins en eau de la végétation. C'est àpartir du mois de juin que des précipitations suffisamment importantes amènent le bi lan à des valeurs positives de la réserve en eau. (cf page 74)
On ne dénombre, par exemple pour l'année 1988, que7 événements de plus de 50 mm en 24 heures. Sans laprésence de 2 épisodes en avril et en juin (respectivement 30 et 60 mm), on aurait assisté à une sécheresseimportante.
L'analyse des sécheresses exceptionnelles les plusrécentes montre que ces dernières ont affecté différemment les régions de la Guadeloupe:
- en 1983, le nord de la Grande-Terre a connu undéficit pluviométrique annuel de 50 %, la production de canne à sucre a fortement régressé;
- en 1987, c'est le sud de la Basse-Terre qui asubi un carême extrêmement sec, avec seulement30 à 40 % des pluies relevées en février-mars-avrilen année moyenne (l'effet orographique prépondérant en Basse-Terre s'est vu fortement diminué parune orientation anormale des vents au sud). Larécolte bananière a été très médiocre, tant en qualité qu'en quantité;
- en 1991, l'ensemble de la Grande-Terre, etessentiellement le nord, a été touché par un déficitsévère entre avril et août.
Les écoulements en Grande-Terre ont été nuls duranttoute l'année 1983. Ils ont été très déficitaires dans lesud de la Basse-Terre en avril 1987 (70 % des écoulements normaux). En 1991, les écoulements ont éténuls en Grande-Terre de janv ier à août, comme c'est leplus souvent le cas. Dans le même temps, les débitsdes rivières de la Basse-Terre avaient des valeursproches des débits minimaux d'une année normalemême s'ils apparaissaient à une période très tardive.
L'apparition de certaines sécheresses en Guadeloupeest liée à la présence d'anomalies de la circulationgénérale atmosphérique. En effet, les chercheurs del 'Orstom ont constaté la concordance entre le phénomène "El Nino" (réchauffement cyclique du Pacifique Est influant sur la structure verticale de l'atmosphère) et les sécheresses exceptionnelles observées enGuadeloupe (5 concordances sur les 6 derniers phénomènes détectés). Les effets de "El Nino" sont perceptibles dès les mois d'octobre ou novembre, précédantles sécheresses exceptionnelles observées au coursdes carêmes des années suivantes (janvier à avril).Cette découverte laisse entrevoir qu'une modélisationde la circulation générale atmosphérique intégrant cetype de phénomènes pourrait déboucher vers une prévision des sécheresses touchant l'archipel
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
LES EMBÂCLES
Les sécheresseset les autresf1sques
guadeloupéen, qui permettrait deplanifier la gestion des stocksd'eau, les choix culturaux, etc.
En attendant que l'état d'avancement des recherches permettela prévision des sécheresses,même à court terme, la prévention de ce risque consiste à mettre en place un réseau d'adduction qui assure le transfert del'eau des régions où elle est abondante, la Basse-Terre, vers lesrégions où elle fait défaut : laGrande-Terre, mais aussi la Désirade et prochainement les Saintes ...
Les autres.risques
LIeau précipitée à la surfacedu sol, si elle alimente lesnappes, les sources et les
rivières, peut avoir des conséquences directes ou induites surle comportement mécanique deformations composant le soussol.
L'eau agit sur la stabilité du milieu naturel et ses modes d'actionsont amplifiés sous l'effet d'uneéventuelle sollicitation sismique.Le risque correspondant aux effets induits est donc une combinaison entre la sensibilité du siteet l'aléa sismique stricto sensu.Nous distinguons mouvements deterrains, coulées de boues et dedébris, embâcles, liquéfaction etéruptions phréatiques.
LESMOUVEMENTSDES TERRAINSL'eau absorbée par la surface dusol va remplacer progressivementl'air qui se trouve dans les in-
terstices diminuant ainsi la cohésion du substrat. Conjuguée à une pente forte et à une épaisseur importantede l'horizon pédologique, l'augmentation de la pression intersticielle va déclencher des glissements deterrain. Le BRGM-Antilles a établi une carte à J'échelle1/100 000 des risques de glissement de terrain. Cesrisques existent principalement en Basse-Terre et notamment sur la partie orientale plus altérée et plusarrosée.
LES COULÉES DEBOUES ET DE DÉBRIS
Les coulées de boues sont provoquées par une arrivée brutale et importante d'eau (fortes pluies, remontées de nappe)dans un terrain riche en matériaux fins. La matricefine est généralement constituée par des argiles d'altération ou des cendres volcaniques. On parle de 1aharlorsque le matériel solide est d'origine volcanique(cendres volcaniques) et de coulée de débris lorsqu'une coulée de boues contient des blocs rocheux.
La carte géologique du massif volcanique de la Soufrière montre l'existence de puissantes coulées dedébris et de lahars sur le flanc sud-ouest du volêan. En1976, lors de la dernière éruption phréatique, unecoulée de boues a emprunté la vallée de la rivière duGrand-Carbet dévastant la végétation sur plus de la mau-dessus du fond de la vallée.
Ces coulées, boues et débris, peuvent se déplacer surde grandes distances et parfois à grande vitesse. Unecoulée de boues libérée par l'éruption Nevado deiRuiz (Colombie, 1985) a fait 25 000 victimes dans laville d' Armero à plus de 50 km de son point de départ.
La notion d'embâcle fait'appel à une succession logique d'événements: obstruction du lit d'un cours d'eauconsécutive à un glissement de terrain faisant suite àde fortes pluies ou à un ébranlement sismique, puisaccumulation d'eau en amont de la digue naturelleainsi formée, et enfin rupture brutale de celle-ci etpropagation rapide d'une onde de crue chargée d'unmélange eau-terre-blocs-débris végétaux ... Le pouvoir destructeur est alors bien supérieur à celui d'uneeau normalement chargée.
La carte établie par le BRGM-Antilles situe les valléesdans lesquelles des embâcles ont été répertoriées.Elles se localisent toutes dans des vallées étroites et
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Il
profondes de la Basse-Terre. Lerapport de C. Deville, en 1843,consignant les effets du fortséisme du 8 février 1843 fait étatde profondes modifications duréseau hydrographique et de destructions dues à des embâcles.
LA LIQUÉFACTION
Il s'agit d'une perte de résistancedu matériau sableux en mil ieusaturé, induite par des séismes.Ce sont essentiellement les formations alluviales ou littorales,
72 voire les remblais artificiels, quisont affectés par la liquéfaction.Le cas 1e plu s tYPique est cel uidu séisme de 1964 à Niigata auJapon avec le basculement deplus de 45° d'immeubles de troisétages.
En Guadeloupe, les tremblementsde terre de 1843 et de 1897 ontoccasionné en surface des manifestations (éruption de sable) témoignant de la liquéfaction. LeBRGM-Anti Iles, dans le cadre del'étude de la prévention du risque sismique aux Antilles (septem bre 1990), a dressé une carteà 1/100 000 des risques de liquéfaction. Ce risque est grand pourla région pointoise et tout particulièrement à la pointe de Jarry.
LES ÉRUPTIONSPHRÉATIQUES
Elles font intervenir les eauxd'infiltration contenues dans lesnappes au sein de l'appareil volcanique. Surchauffées par lemagma, elles interviennentcomme déclencheur du phénomène par détente violente. Dansce type d'éruption, la lave enfusion n'arrive pas jusqu'à lasurface, seuls les matériaux anciens du volcan sont éjectés:
blocs, cendres ... accompagnés de vapeur d'eau et degaz.
Dans le cadre de l'évaluation du risque volcanique enGuadeloupe, le BRGM-Antilles a réal isé la carte d'aléades éruptions phréatiques de la Soufrière. L'analysedétai liée des événements historiques montre que toutes les éruptions ont été de nature phréatique ; ladernière crise éruptive de 1975 à 1977 s'est traduite le8 juillet 1976 par une explosion phréatique projetantdes cendres qui obscurcirent pendant plus de 20 minutes la région de Saint-Claude.
La protection des hommeset des biens
La protection ne se conçoit pas de la même façonselon que le risque est ou n'est pas évalué etdélimité. Dans le domaine des risques liés à
l'eau, le problème des éruptions phréatiques est trèsdifférent de celui des crues, inonda tions et glissemen tsde terrain.
Dans le premier cas, la prévention est aléatoire audelà du périmètre immédiat du volcan: la périodicitédes événements est capricieuse, l'intensité des dégâts,comme leur extension, extrêmement variable. La protection des hommes consiste à instituer un systèmed'observation et d'alerte qui permette de prendre enquelques jours les mesures d'évacuation nécessaires.Il faut remarquer à ce propos que la Soufrière estdevenue l'un des volcans les mieux surveillés dumonde. On ne détaillera donc ici que le second cas.
LA PRÉVENTION
La prévention consiste à bien circonscrire les zonesinondables, les bassins su bmersibles en cas d' imperméabilisation des sols, les terrains instables et à n'yrien édifier, car la présence de constructions dans ceszones, outre le danger qu'elle fait courir aux occupants, aggra ve le phénomène.
Depuis 1987, le Code de l'urbanisme impose desdispositions en ce sens et stipule en particulier que lesPlans d'occupation des sols (POS) doivent "délimiterles zones urbaines ou à urbaniser en prenant en comptenotamment ( ... ) l'existence de risques prévisibles".
Aussi, la Direction Départementale de l'Équipement a
LA GUADELOUPE AU FIL DE LEAU
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LA PROTECTION ACTIVE
La protectiondes hommeset des biens
Enfin, des ouvrages lourds de génie civil s'imposentpour la protection des zones déjà urbanisées (souventpar des constructions sans permis et au mépris duPOS) en zone inondable: travaux de correction torrentielle (stabilisation des berges et rétention des matériaux en suspension), digues et enrochements, bassinsécrêteurs de crues, etc. Deux opérations étaient prévues au contrat de plan État-Région 1989-1993 pourmettre hors d'eau des quartiers régulièrement inondés par des fortespluies du fait de leur situation topographique et des imperméabilisations par "bétonnage" au Raizetet à Gosier (Grande-Ravine, Belle-Plaine), mais des négociations laborieuses en ont retardé j'exécution. D'ailleurs, pour bien faire, l'effortdoit être accentué: des études hydrologiques approfondies de bassins sensibles ont déjà été réalisées quipourraient servir à l'élaboration d'un véritable "schémade protection contre les crues" pour une programmation rationnelle des travaux.
LENTRETIEN DESCOURS D'EAU
En réal ité, cet entretien ne peutpas être réalisé avec la régularitésouhaitable en raison de pesanteurs administratives, du régimemême des crues, des difficultésd'approche, et de déversementssauvages de gravats et encombrants formant des embâcles souvent inaccessibles.
Sauf exception, on est conduit enGuadeloupe à procéder plutôt àdes opérations ponctuelles d'entretien différé, s'apparentant plusà la protection qu'à la préventionet à ce titre financées par lescommunes concernées et le Département.
Indépendamment de la cartographie du risque d'inondation, lecurage des cours d'eau est uneobligation. Cela consiste, aprèsune crue, à rétablir le lit dans sonétat antérieur de façon à ce queles conséquences de ladite cruen'entravent pas l'écoulement prévisible de la suivante. C'est enprincipe le rôle de l'État, propriétaire de tous les cours d'eaudans les DOM.
entrepris depuis 1989 de réal isersur crédits d'État l'étude et lacartographie synthétique des risques pour les communes qui prescrivaient la révision de leur pland'occupation des sols.
En outre la loi du 25 juin 1990 aétendu aux DOM l'obligation desplans d'exposition aux risques:c'est un dispositif concerté trèscomplet à zonages emboîtés selon l'intensité du risque et correspondant à différents niveauxde réglementation en matièred' installations. Mais l'élaboration en est si lourde que les résultats sont aujourd'hui décevants.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Prée' ipi ta 1i01/. jOIl,.,w {il' res (' 1é1'()llItioll des rf,\(JITes l'I/ eau du sol.
1988 - Cas d'une année normale
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1991 - Cas d'u ne an née sèche
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L'eau potable
Produit de grande consommation par excellence,l'eau est un facteur essentiel du développementsocio-économique et de la santé publique. Mais
sous J'action conjuguée des contrastes naturels etdémographiques, la confrontation de la ressource auxbesoins en eau potable accuse des déséquilibres fâcheux qui nécessitent des solutions complexes.
PRODUCTION ET ADDUCTION
Depuis l'origine, c'est le service d'équipement ruralde la DAF qui assure en tant que maître d'œuvre laconception du système de production, d'adduction etde distribution d'eau potable en Guadeloupe, les ouvrages étant financés pour l'essentiel par le Département.
La Basse-Terre,"château d'eau" de la Guadeloupe
D'abord assurée par la multiplication de forages dansla nappe, la couverture des besoins de la Grande-Terrea dû faire appel dès les années 1970 aux eaux de laB asse-Terre: 1a cond uite de "B elle-Eau Cadeau" transporta les eaux prélevées à la source de l 'Habituée etsur la Grande Rivière de Capesterre jusqu'à Pointe-àPitre, les Grands-Fonds, Saint-François, le Moule et lenord de la Grande-Terre, en desservant au passage laCôte-au- Vent.
Puis le développement touristiq ue de la "Ri viera"exigea qu'un nouvel équipement achemine l'eau prélevée à Vernou sur la Grande Rivière à Goyaves versGosier et Sainte-Anne en passant par Baie-Mahault etPointe-à-Pitre.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
En 1983, on capta l'eau de larivière Moustique pour alimenter la nouvelle zone industriellede Jarry, mais aussi Petit-Bourget Baie-Mahault. Ce réseau futinterconnecté à celui de "BelleEau Cadeau".
cali potC/hlc
eau hrute (irrigation)
FOl'Oge
source captée
Prélè\!cmcnt en ril'ière :
20à 60 Ils
• 60 à 150 Ils
• 150à2001ls
• + de 200 Ils
•
•
Saint-Martin
station mohile
• •
station de traitement de Deshallteurs
•
••
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Cependant, l'accroissement depopulation et l'élévation du niveau de vie engendraient une augmentation rapide de la consommation et les populations deSainte-Anne et du nord-estGrande-Terre, situées en fin deréseau, connaissaient de grossesdifficultés.
On décida a lors de renforcer leréseau d'eau potable à partir duréseau d'irrigation qui se mettaiten place. Pour parer au pluspressé, on dut pendant cinq ansinjecter de l'eau brute telle quelleà la station mobi le du Mou le,alors qu'en 1989, on constru isaitune conduite de jonction entreles deux réseaux avec une stationde traitement située à Deshauteurs.
I.e <; prd cl \'('1//('11/,\ (' 1/ ('(1/1 {' ( 1cs r !"lI/illeUs
Si les volumes délivrés sont désormais suffisants,l'alignement gravitaire à partir de Deshauteurs, pointculminant de la Grande-Terre, ne donne pas entièrement satisfaction pour alimenter les points hauts. Dessurpresseurs seront nécessaires.
Exception faite des communes de Capesterre, Goyave,Petit-Bourg et Baie-Mahault, les habitants de la BasseTerre, eux, sont desservis par de petits réseaux locauxalimentés par les sources proches ou des prises enrivière associées à des stations de traitement.
Dessalinisation de l'eau de mer dansles dépendances
L'absence ou l' ins uffisance de ressources en eau doucesur certaines dépendances a conduit à mettre en placedes usines de dessalement de l'eau de mer, qui ont legrave inconvénient de fournir l'eau douce à un prixtrès élevé de l'ordre de 85 francs le mètre cube.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Quatre îles en sont équipées:- les Saintes avec une usineà Terre-de-Bas et une autre àTerre-de-Haut ;- Saint-Martin;- et Saint-Barthélemy.
En 1991, la production a été:- à Terre-de-B as :
22 000 m J ;
- à Terre-de-Haut :44 000 m J
;
- à Saint-Martin:970 000 m J
;
- à Saint-Barthélemy:89 000 mJ;
En complément de cette production, Saint-Martin est alimentépar le forage de Cripple-Gate etSaint-Barthélemy par une bargequi apporte de l'eau de l'extérieur de l'île.
La Désirade a aussi été alimentée partiellement, jusqu'au passage de l'ouragan Hugo, par uneusine de dessalement. L'île étantparticulièrement déshéritée dupoint de vue économique, cettesituation était devenue insupportable. C'est pourquoi la DAF quiavait proposé une solution originale, en a accéléré la réalisation.
La canalisation sousmarine de la Désirade
Malgré son coût, le projet d'al imentation par canalisation sousmarine à partir de Saint-Françoisfut rapidement adopté par le Conseil général qui en finança l'étudeet, pour moitié, la réalisation;l'État assurant l'autre moitié dufinancement. L'opération, qui fitappel aux techniques sophistiquées mais largement éprouvéesde l'industrie pétrolière, auracoûté 34 millions de francs. Ellepermet, depuis le début de l'année 1991, de donner à la Désirade cent fois plus d'eau et quinzefois moins chère que par le passé,avec une perspective de rentabilité à 17 ans au plus.
Terre-de-Bas a également été reliée à Terre-de-Hautpar canalisation sous-marine de telle sorte que, dansun premier temps, les deux îles puissent être alimentées indifféremment par l'une ou l'autre de leurs usines de dessalement. Cependant l'objectif est de lesrelier au réseau de Trois-Rivières lorsque les étudesauront perm is de fixer le tracé des condu ites. En 1994,une canalisation sous-marine les reliera au réseau deTrois-Rivières, ce qui n'est pas un mince exploit lorsque l'on sait qu'elle doit traverser une fosse marine deprès de 400 mètres de profondeur.
---..
L'eaupotable
L'eall â profusion à fa Désirade.
J ose en mer de fa cOllalisation d'addl/ction en ('({II
de la Désirade.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
77
LA GESTION DESRÉSEAUX
AHermages S.O.G.E.A.
Affermages C.G.S.?
Gérances S.O.G.E.A.
Sai n t - Ba rthé lem y
Régies communales
Traitements et contrôle de potabilitéLes eaux destinées à la consommation humaine fontl'objet d'un contrôle rigoureux fixé par le décret 89.3du 3 janvier 1989. Ce texte a pour objectifs principaux :
- de définir les seuils physico-chimiques et bactériologiques admissibles d'une eau potable,- de déterminer Je programme de contrôle del'eau distribuée en fonction de son origine (superficielle ou souterraine), du débit journalier de cetteressource et de la population qu'elle dessert.
Le programme de surveillance de la qualité des eauxde consommation est assuré par les préleveurs de laDDASS et de l'Institut Pasteur de Guadeloupe, laboratoire agréé par le ministère de la Santé, pour l'analyse des échantillons. Les résultats sont communiquésà la Direction Départementale des Affaires Sanitaireset Sociales (DDASS), qui assure un contrôle continu,ainsi qu'à chaque exploitant, qui supporte les fraisd'analyse pour le réseau dont il a la charge.
ExfJ 1(i i1(/ 1i0 Il cles,. é1"(:(J lIX c( e(// ( fJ (i 1(/ IJ 1t' .
Syndicats et sociétésd'exploitation
Dans certains cas simples enBasse-Terre, le syndicat communal ou intercommunal assureJ'exploitation en régie.
La préoccupation première dessyndicats et sociétés d'exploitation a longtemps été le raccordement de tous les foyers. Cettetâche étant accomplie à 90 %, ilsont maintenant à affronterd'autres problèmes: les difficultés d'entretien et la vétusté deréseaux anormalement distenduspar l'urbanisation linéaire et ladispersion de l'habitat, ainsi queleur sous-dimensionnement dansles zones à forte extension urbaine, autant de causes de pertesde charge dans les réseaux et demécontentement des abonnés.
Les réseaux de distribution·sont la propriété des syndicats·communaux ou intercommu- Saint-Martini
naux qui assurent la programmation budgétaire des extensions et entretiens. Ceux qui,pour leur approvisionnement,dépendent des grands équipements d'adduction de la BasseTerre vers la Grande-Terre etla Désirade, adhèrent en outreau syndicat intercommunald'alimentation en eau et d'assainissement de la Guadeloupe(SIAEAG), propriétaire de ceréseau primaire.
L'exploitation proprement dite(entretien, traitements, gestiondes branchements, etc) est le plussouvent confiée à une société spécialisée, soit en gérance directe,soit surtout par contrat d' affer-mage. C'est à la SOGEA qu'estconfiée cette charge.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Qualite e l'eau distribuéecn luadeJ llp~
Sa i n t- Barthé le.!!!y.
L'eaupotable
86 %
1990
Saint-Marlin
49.923,91J .91,8
7,7
4,8
1989
70 %
Quoliré dl' l'eau dislrihu~(' en 1990.
% Populationdesserv je en 1990
1988
57 %
porahililé > 95 %
90 % <porabi/iré< 95 %
70 % <porahi/iré< 90 % 70
50 % <potabi/iré< 90
% /10/1 dérerminé
NP < 55 = < NP < 1010 = < NP < 20
20 = < NP < 3030 = < NP < 50Non déterminé
NP% non potabilité
Pour améliorer encore cette qualité, les efforts doiventporter sur :
- J'entretien permanent des installations et l' amélioration de certaines stations de traitement ;
La qualité de l'eau s'améliore d'année en année. Lapart de la population ayant à sa disposition une eaudont le taux de potabilité dépasse 80 % ne cessed'augmenter:
:Volulion du Laux de p labilité
alimentaire de l'eau. Mais ils ne répondent pas tout àfait aux normes européennes.
En 1990, 1 586 analyses ont étéeffectuées en Guadeloupe, dont1 220, soit 77 %, ont conclu à lapotabilité de l'eau. Cela ne si-gnifie pas que 23 % deséchantillons ne soient paspotables, dans la mesure oùla DDASS n'a pas eu à préconiser de restrictions dans l'usage
Du point de vue physico-chimique, l'eau distribuée en Guadeloupe est d'excellente qualité, lesressources utilisées étant exemptes de toute pollution. Du pointde vue de l'équilibre calco-carbonique, l'eau est généralementagressive, ce qui favorise la corrosion des conduites et la miseen solution d'ions de fer. Pourl'usager, cela se traduit par uneeau rougeâtre non conforme auxnormes organoleptiques (couleur, goût et odeur). On compense efficacement ce défaut parl'adjonction de lait de chaux,mais des défaillances accidentelles ont été constatées. Quoiqu'il en soit, le taux de fer dissous rencontré n'a pas de conséquence néfaste pour la santé, maisdénote une corrosion du réseau,qui, si la situation se prolonge,entraînera des dégradations importantes.
Du fait de la bonne qualité de laressource, le traitement de l'eauconsiste simplement en une décantation-filtration sur lit de sable suivie d'une désinfection finale au chlore et d'une neutralisation à la chaux. La cause principale de non-potabilité de l'eaudistribuée en Guadeloupe vientde l'altération de sa qualité bactériologique dans son transfertpar des réseaux d'adduction particulièrement longs avec une faible densité de branchements.Dans certains secteurs comme enCôte-sous-le-Vent, la qualitébactériologique de l'eau peut êtrenettement améliorée.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
- la surveillance constantedes réseaux et leur réfection;- l'équipement des réseauxen désinfections intermédiaires pour lutter contre les contaminations bactériologiques;- la protection des ressources contre d'éventuelles pollutions grâce aux périmètresde protection.
Prix de l'eau potable:
de 50 à 65 Flm l
de 2U à 49 Flm!
de 10 à 19 Flm!
de5àlOFlm!
de 0 à 5 Flm!
Sa i nt-Barthélemy
Saint-Martin
Prix de l'cali lJO'Clh/e e/ del 'assa III iSSC/l/CI1'.
L'irrigation
L'inadéqUation, déjà sensiblepour J'eau potable, de la ressource aux besoins est en
core plus accusée pour l'irrigation :
- la Basse-Terre a des eauxsuperficielles en abondance:en période de carême, cetteressource (qui n'est que partiellement exploitable pourdes raisons biologiques, techniques et réglementaires) estestimée à un débit fictif continu d'environ 12 mètres cubes par seconde;- la Grande-Terre, dépour-
vue de ressources superficielles, dispose d'uneréserve d'eau souterraine dont le débit fictif continu prélevé, pour ne pas rompre Je fragile équilibre eau douce/eau salée, ne peut guère dépasser1,4 mètres cu bes par seconde;- les dépendances n'ont pas (ou très peu) deressources superficielles ou souterraines exploitables, à l'exception de la nappe de Marie-Galante.
Or, les besoins en eau exprimés en débit fictif continusont estimés à 3,8 mètres cubes par seconde pourl'irrigation, auquels il faut ajouter pour l'eau potable(compte tenu des évolutions économiques et démographiques) et dans J'hypothèse optimiste où le rendement des réseaux atteindrait 65 % :
- 1,79 m1/s en 1995;- 2,78 m1/s en ['an 2010.
Ces besoins sont localisés en Grande-Terre.
Dans les dépendances, en Grande-Terre, et même enBasse-Terre (Côte-sous-Ie- Ven t), la plu viométrie souvent déficitaire éprouve durement les cultures.
Historiquement, cette situation a engendré des spécia-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
lisations agricoles fondées surl'adaptation des cultures aux conditions de sol et de climat. Schématiquement, la canne à sucre,seule capable par son enracinement profond de mobiliser l'eauretenue dans les argilesgonflantes fertiles des plaines etdépressions, a pu prospérer enGrande-Terre, au nord de laBasse-Terre et à Marie-Galante;sur les sols pauvres mais bienarrosés de la Côte-au- Vent, ellea été remplacée par la banane,tandis que la Côte-sous-Ie- Ventse consacrait à diverses spéculations en polyculture, surtout enaltitude ou au bord des coursd'eau. Les petites dépendancesn'ont pas pu connaître de prospérité agricole durable.
Malgré cela, les productions pâtissaient des caprices du climatet ne correspondaient plus auxexigences d'une agriculture moderne et de son environnementéconomique.
LA NÉCESSITÉ DEL:IRRIGATION
La filière canne-sucre-rhum, quiconnaît de graves difficultés, nepeut espérer se redresser qu'avecl'assurance d'une production régulière de qualité, ce qui implique la maîtrise de l'eau alliant debonnes conditions de drainage etd'irrigation. Les replantationsont généralement lieu en avrilmai; les contrecoups d'une sécheresse liée à une saison despluies tardive sur la trésoreriedes exploitations, par diminutionde la recette agricole, ont desconséquences sur les conditionsde production des années suivantes. Les dommages, souvent irréparables, empêchent parfois deretrouver le niveau antérieur deproduction.
Les cultures souffrent régulièrement de l'indigencedes précipitations pendant plusieurs semaines voireplusieurs mois. Cela justifie, pour améliorer les productions agricoles, la mise en œuvre d'une irrigationde complément.
Bien conduite, l'irrigation devrait permettre sur certains sols des récoltes de 90 tonnes par hectare, avecune amélioration possible du rendement en sucre. Elleoffre en outre des possibilités de diversification descultures avec, entre autres, l'intensification du maraÎchage.
Dans certains secteurs de la Côtesous-le-Vent, où les îlots exploitables sont improductifs la moitié del'année par les effets du carême, l'ir-rigation autorise leur mise en valeur lipermanente, notamment par le maraîchage.
/I/lllr" du mc/ol/
IrrigatiolJ el1 Gronde-Terre,
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Bien qu'implantée dans les secteurs les plus arrosés, la culturebananière, très exigeante en eau,souffre également de déficitstemporaires que lui inflige le régime irrégulier des pluies: lerendement et la qualité en sontaffectés, ce qui, dans un marchéparticulièrement concurrentiel,devient un handicap inacceptable.
LES GRANDSÉQUIPEMENTS
Compte tenu de l'importance desinvestissements et de leur impact sur le développement agricole de la Guadeloupe, le Département s'est porté maîtred'ouvrage des grands programmes d'irrigation de la GrandeTerre, puis de la Côte-sous-IeVent. Il a confié à la DAF (Service hydraulique) la conceptiondes ouvrages et l'encadrementdes travaux; toutefois, depuis1991, le Département a étofféses services techniques de façonà assurer lui-même progressivement l'ensemble de ces missions.
L'irrigation de laGrande-Terre
Le "déficit agricole" qui doit êtrecompensé par une irrigation decomplément peut être évalué entre 400 et 500 mm en annéemoyenne et dépasser 1 000 mmen année très sèche.
Le programme, mis en place depuis 1972, prévoit le transfert sur45 km de l'eau prélevée à la cote130en Basse-Terrejusqu'aux retenues de stockage de Letaye etGachet en Grande-Terre, pourl'irrigation de 7 900 ha répartisen deux périmètres: est et nord.
L'équipement a commencé parla zone est. L'eau prélevée dans
le Bras-David transite par une conduite de diamètre800 mm jusqu'à la retenue de Letaye qui stocke actuellement 700000 mètres cubes d'eau en prévisiondu besoin mensuel de pointe de récurrence quinquennale. Cette conduite alimente les périmètres de distribution de Moule-Saint-François.
Le périmètre nord Grande- Terre sera desserv i à partirde la conduite mixte de transfert d'eau brute (destinéeà l'irrigation et à la consommation humaine). Prenantl'eau sur le Bras-David et la Grande Rivière à Goyaves, elle est actuellement construite en diamètre1 400 mm jusqu'à Baie-Mahau.lt et aboutira en 1993 àMorne-à-l'Eau. De là, elle doit continuer en diamètreJ 200 mm jusqu'à la retenue de Gachet, d'une capacité de 2 500000 mètres cubes à Port-Louis. Ce tronçon, déjà réalisé, est provisoirement raccordé à laconduite de Letaye et l'eau actuellement distribuéedans Je nord Grande-Terre vient des reliquats inutilisés dans la branche est. C'est évidemment insuffisantpour satisfaire la totalité des besoins mais l'équipement du périmètre nord n'est encore que très partiel.L'ensemble de l'opération sera achevé en J994 etpermettra de desservir, en plus des 2000 ha déjàopérationnels à Moule-Saint-François, les 5 900 hadu périmètre nord, assis sur les communes de PetitCanal, Port-Louis et Anse-Bertrand, et constitués essentiellement par des terres issues de la réforme foncière.
La maîtrise de .l'irrigation et du drainage est basée surles études entreprises par l'INRA sur la gestion del'eau à la parcelle.
Le pilotage de l'irrigation est établi sur l'utilisation dulogiciel "Irricanne" développé par le CIRAD qui permettra, à partir des données culturales et des apportsnaturels en eau, de calculer au plus juste le complément en eau d'irrigation nécessaire aux cultures decanne à sucre.
Pour les cultures tropicales en général, Météo-Francemet en place aux Antilles un programme similairenommé "Irritel" accessible par Minitel.
L'irrigation et la réforme foncière
Engagée au début des années 80, la réforme foncièreconsiste à redynamiser l'agriculture en redistribuant àdes petits agriculteurs, dans des conditions qui garantissent la valorisation agricole effective, les terresautrefois cultivées par les usiniers et autres grandspropriétaires.
La SAFER achète les terres libérées, les équipe éventuellement de voies de desserte et autres travaux con-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
nexes, et les revend à des groupements fonciers agricoles(GFA) dont les parts sociales sontdétenues à 40 % par les attributaires (au prorata de la valeur dulot qu'ils exploitent), et à 60 %par la Société d'épargne foncièreagricole de la Guadeloupe(SÉFAG).
Les attributaires sont donc actionnaires minoritaires du GFAauquel ils sont liés par un bail àlong terme enregistré aux hypothèques: ils sont ainsi soulagésde Ja plus grosse part de la chargefoncière et préservés du risquede spéculation individuelle quiruinerait le développement agricole.
Aussi le Département a-t-il résolu d'équiper autantque possible les GFA de réseaux de distribution àmesure de leur constitution, qu'ils soient ou non inclus dans les périmètres préalablement définis. Malheureusement, ce programme accuse un certain retardlié aux problèmes fonciers et techniques rencontréspour la construction de la conduite mixte. Si certainsGFA ont pu être provisoirement raccordés à la brancheest, ce n'est pas le cas dans l'extrême nord de laGrande-Terre.
La priorité la plus urgente est doncJ'achèvement de la conduite mixte etde la desserte du nord Grande-Terre.Vient ensuite l'équipement des GFAnon encore irrigués des autres zones.Enfin, le Département n'exclut pasde satisfaire au cas par cas les demandes pflvees debranchement, ùans la mesure où la production d'eau lepermettra.
Dès l'origine, les partisans de laréforme foncière ont regardé l' irrigation comme un argument majeur et un atout indispensable.
Berthaudière
Lemercier
1&2
Girard
L'Ecluse
Blanchet 2
___--.,..-_ Duteau Acomat
'---- Birmingham
irrigatiol/ des GFA de la réJol'lIIefollcière.
Coquenda
Bétin
Blanchet
1
Caduc
l -Boisvinières 1&2Belle-Plaine
Bois-Vince & Vidol'----+----Poirier Pérou
Paul Aubin
Groupell1ents fonciersagricoles équipés
Équipell1ents prugrammés92/93
Léotard-BelcitoPassioline
L -;:-----::,.---,
Belle-Goyave_---I------'~
Bel levue-Darras ---,(--- --,-'-
Arnouville-Lamothe ---+----\:--*
Ca ré jè re ---==,...<-----EJ
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
L'utilisation de l'eau
Le Département, propriétaire duréseau, en a confié la gestion parcontrat d'affermage à la SOGEA,qui exploite déjà pour le comptedu SIAEAG le réseau primaired'eau potable et gère donc aumieux la connexion et les transferts de l'un à l'autre.
La SOGEA fournit chaque annéeau propriétaire et au maîtred'œuvre (la DAF) l'état des conso mmati on s et des surfaces so uscrites en irrigation.
COllduife d'odd/lCfiOI1
ell sen'ice
Conduife jlifure 93-98
----4 Pré/èvemenf AEP
---1 Pré/èvemellf irrigofioll
Les surfaces souscrites restent très inférieures auxsurfaces équipées car la plupart des parcelles plantéesen canne ne sont effectivement irriguées que l'annéede la replantation. Les volumes délivrés pour l'agriculture, même augmentés de ceux qui sont reversés auréseau d'eau potable, n'atteignent donc pas toujours lalimite de production et l'excédent peut être vendu (àun tarif supérieur dit "industriel") à d'autres utilisateurs comme le golf de Saint-François ou l'usine Gardel.
Le programme d'irrigationde la Côte-au-Vent
L'aménagement prévu pour l'irrigation de la Côte-auVent comporte les ouvrages suivants: trois prisesd'eau en rivière (Grand-Carbet, Pérou, et Moreau),trois conduites d'adduction aux réservoirs prévus àDumanoir et Moreau pour soutenir le débit d'étiagequinquennal (1 et 0,5 million de mètres cubes respectivement), et une conduite principale de distributionreliant Capes terre à Petit-Bourg, sur laquelle se grefferont les antennes secondaires.
Refenue exisfullfe
Capel-/{'rre•
Barragede Grand-Bassin
....
Périmètre est2 300 haéquipé il 80 9,
//
Sain/-Louis•------ Bananier
surface irriguée 100 ha
Retenue de Gachetcapacité: 2 50000 m'
/ péri mètre: 5 000 ha
Retenue Letaye-Amontcapacité: 750000 m'périmètre: 2300 ha
GO'-(Il-C\1- .• '-- Projet d'irrigation Côte-au- Vent\ • banane 2 500 ha
~ Barrage (futur) de Moreau5,2 J O"m"
_._-. -------- Barrage (futur) Dumanoir'upes/erre 11,3 106m'
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LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Sources chaudes
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Les autresutilisations
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La Basse-Terre abrite le volcan actif de la Soufrière;il est donc normal d'y retrouver des sources chaudescompte tenu des gradients de température importantsexistant en profondeur.
Les sources thermales
Les autres utilisations
L'HYDROÉLECTRICITÉ
La puissance installée sur une dizaine de petites centrales, sera au total de l'ordre de 30 MW. Elle correspond au quart de la puissance de pointe que délivreactuellement l'EDF (115 MW).
Moins de la % des 82 cours d'eau de la Guadeloupesont susceptibles d'être équipés de micro (puissanceinférieure à 1 000 kW) ou minicentrales (puissanceinférieure à 4 500 kW).
Un programme est en cours de réalisation sur la commune de Capesterre.Les ri v ières concernées son t 1eGrand-Carbet, le Pérou, la GrandeRivière de Vieux-Habitants, laGrande-Rivière de Capesterre, Grande-Anse et Bananier.
LE THERMALISME
Les petits périmètres
Dans les années 1980, des syndicats communaux ou intercommunaux ou des propriétaires regroupés en associations syndicalesautorisées ont pris l'initiative decréer et de gérer eux-mêmes despetits périmètres alimentés parles riv ières proches, notammenten Côte-sous-le- Vent: conçus parla DAF, ces équipements ont étéréalisés avec le soutien du Département, de l'État et parfoismême de la CEE.
Ce programme sera réal isé enplusieurs tranches fonctionnelles: la première est en cours etpermettra en 1994 d'irriguer1 800 ha environ sur lacommunede Capesterre.
L'Association syndicale autorisée d'irrigation agricole de laCôte-au- Vent (AS ICA V) pourrait assurer la gestion des périmètres irrigués au niveau de ladistribution de l'eau.
Enfin Marie-Galante, qui connaîtles mêmes besoins que la GrandeTerre, ne peut bénéficier desmêmes équipements ; aussi lacommune de Saint-Louis avaitelle aménagé une retenuecollinaire de collecte des eaux depluie (80 000 mètres cubes) auxfins d'irrigation d'un périmètrenécessairement réduit. Mais fautede consensus, l'équipement dedistribution a dû être ajournépendant des années jusqu'à ceque le Département se déclaremaître d'ouvrage et inscrivel'opération à son budget 1992.
Le BRGM et 1'Orstom ont réalisé l'étude de présélection dessites de stockage localisés sur lehaut bassin de la rivière SaintLouis dans le souci d'épargner leplus possible de terrains cultivables.
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Les sources et nappes d'eauchaude se regroupent autour desecteurs bien délimités et les rares émergences isolées correspondent à des remontées d'eauchaude le long de failles importantes. Les sources du secteur deBouillante sont liées à l'existenced'une zone géothermique active.
Les caract~ri "tiques phy 'iqut:'s deces sources chaudes indiquent:
- des températures comprises généralement entre 50 oCet 30 oC ;- des valeurs de pH s'étalant de 4 et 8 et d'une relativestabilité en général.
Les conductivités mesurées permettent de distinguer trois typesd'eaux qui présentent des caractéristiques chimiques simi laires :
- le groupe des sources sulfatées calciques réparties àproximité du dôme de la Soufrière, sources dont la mi néralisation résulte en grandepartie du lessivage de produitsd'altération fumerollienne ;les eaux chaudes peuvent également contenir des quantitésnon négligeables de chlorures et de magnésium, selonque les aquifères captent directement ou non les gazd'origine magmatique;- le groupe des sources bicarbonatées sodiques oucaleo-sodiques résultant de ladissolution par des eaux météoriques de la roche-typeandésitique de la région. Cesont généralement des sources à forts débits et issuesd'aquifères importants danslesquels l'eau est parfois enéquilibre avec la roche-réservOir;- le groupe des sourceschlorurées sodiques issues dumélange d'eau douce souterraine et d'eau de mer, émergeant aux altitudes les plus
basses, voire en bord de mer, sur ou au voisinagedu champ géothermique de Bouillante.
Du point de vue de leur origine, toutes les eaux thermales de la Guadeloupe sont récentes (âges inférieursà 20 ans) et d'origine météorique, même si on peutadmettre dans quelques cas un héritage magmatiquequi serait alors tout à fait négligeable.
La minéralisation de la plupart des eaux chaudesrésulte de :
- l'hydrolyse des minéraux des roches soumisesà l'interaction eau-roche;- la dissolution par les eaux de minérauxhydrothermaux issus de l'interaction gaz-roche;- l'action des gaz volcaniques sur les aquifères,l'interaction gaz-eau.
Les possibilités d'exploitation
L'exploitation des eaux thermales est soumise à uncertain nombre de contraintes (accès, débits, protection ... ), faisant que seul un petit nombre d'entre ellespeuvent répondre aux critères exigés par la réglementation, ce sont:
- la source de ... Bain Chauds du Matoubu, liée àl'existence d'une faille orientée est-ouest qui favorise la remontée des eaux. Le captage de cettesource a été réalisé en avril 1959. Les eaux sontactuellement conduites vers la station thermaleHarry Hamousin, unique station agréée des Anti Iles;- les ~ou l'ces chaudes du -;ectcur de Dolé réparties en deux groupes:
• les sources Capès ;• les sources Dolé.
Ces deux groupes de sources, bien que situés à 6 kilomètres de la Soufrière, ne sont pas directement liés auvolcan; seul le gradient géothermique en profondeurpermet le réchauffement des eaux avant leur ascensionpu is leur résurgence.
Dolé-les-Bains a été la première station "thermale" dela Guadeloupe; rien ne subsiste de l'hôtel, jadisprospère, qui y était implanté; cependant, les perspecti ves et les volontés d'ex ploitation affichées sont réelles et fondées.
Les sources Dolé au débit de 120 litres par seconde,sont captées et embouteillées sous l'appellation "eaude source Capès-Dolé" :
- la source de Ravine Chaude, sur le territoire dela commune du Lamentin, débite environ 40 litrespar seconde d'eau à 33° C. L'établissement thermal municipal, relativement bien équipé, est ac-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Les autresutilisations
tuellement en totale rénovation. Il est utilisé pour lesbains d'agrément et très fréquenté par la population: 500à 700 entrées par jour en période de pointe (vacances scolaires) ;- la ~()urc~ chaude dc S raïaqui se situe au nord de laBasse-Terre sur le territoirede la commune de SainteRose. Les eaux sulfureusesont un débit de 1,3 litre parseconde et une températureconstante de 31°C. Le pHacide de ces eaux est lié à laprésence de gaz carboniquelibre (50 à 60 mg/I), d'anhyd ride su Ifu reux (H ,S) et dedioxyde de soufre (SO). Seulle faible débit peut faire obstacle à l'exploitation de cettesource à des fins médicales(dermatologiques) ; son typed'eau sulfureuse étant mondialement recherché.
Le centre thermal HarryHamousin est agréé par le miniStère de la Santé, par arrêté du 14mai 1976.
La c{/.ICI/dr- 'lfl.r l:('I"('I'is.Il'S.
Les eaux "sulfureuses" (H 2S,S02)' sulfatées calciques, à 58°e,sont captées à la source située aulieu-dit "les Bains chauds deMatouba" et conduites sur 600mètres vers le centre thermal où,
à 40 oe, elles sont utilisées pour les indications SUivantes:
- affections du nez, de la gorge, des orei Iles;- maladies articulaires;- dermatoses.
Les cures prescrites en dermatologie concernent, selon les médecins prescripteurs, essentiellement lesdermatoses chroniques, avec de très bons résultatsdans les psoriasis.
LA GÉOTHERMIE
Le champ géothermique deBoui lIante est le seul site géothermalexploité en France et aux Antillespour la production d'électricité.
Dès 1967, les sociétés EURAFREP et EDF ont entre- 87pris des recherches qui ont abouti, en 1977, à ladécouverte d'un réservoir profond d'eau chaude à242°C. Ainsi, quatre forages ont été réalisés.
Les résultats de ces études ont conduit à l'installationsur ce site d'une centrale géothermique expérimentaleutilisant le mélange eau-vapeur issu d'un des forages.Actuellement couplée au réseau EDF, cette centrale,complètement automatique et autonome, fournit entre4000 et 5 000 kW, soit 5 % de la production actuelleen Guadeloupe. L'eau chaude résiduaire, à une température de 100oe, est pour l'instant d'abord refroidie,avant d'être évacuée à la mer avec ses "boues
géothermales". L'exploitation de cesboues à des fins thérapeutiques pourraitêtre un atout supplémentaire pour ledéveloppement du tourisme de santédans la région de Bouillante.
Les source.' chaud du secteur deBouillante, artésiennes et généralementdues à un réseau de failles, fissures etdiaclases au sein des formationsandésitiques, laves massives et/oupyroclastites, sont en liaison directe ouindirecte avec le système géothermique. Leur exploitation pour un tourismede santé et de loisirs pourrait être unimportant facteur de développement
pour cette région de la eôte-sous-Ie-Vent.
En définitive, le potentiel hydrothermal de la Guadeloupe apparaît économ iquement important; une bonnemaîtrise des programmes et des projets en matière dethermalisme curatif, de tourisme de santé et de tourisme de loisirs autour des sites thermaux pourrait êtreune des solutions au problème crucial de l'emploi quitouche la région. •
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
,
EJean-Jacques Jérémie
JI' rn-Pier,'e 1 ongouel
KClpine Lornour
Pollution de l'eau etdégradation del'environnement
n Guadeloupe, les agressions subies par les eauxdouces sont de trois types:
- les atteintes physiques;- les pollutions chimiques- les contaminations bactériologiques.
Pour l'essentiel, ces agressions peuvent être rapportées aux exigences de la croissance et du développement économ iq ue. C'est un fait que l'augmentation duniveau de vie et de production, tout en améliorant1'hygiène et la santé publique, crée, trop souvent desdéséquilibres dans l'environnement naturel. Ces modifications sont induites par:
- le développement des activités industrielles;- la modernisation et la diversification des acti-vités agricoles;- l'accroissement des centres urbains et des besoins domestiques.
Les pollutions industrielles trouvent leurs sources auniveau des:
- établissements d'extraction de matériaux desrivières;- sociétés de concassage à proximité des coursd'eau; (cf. "L'exploitation des rivières de la Guadeloupe et ses conséquences" CCEE, juin 1988)- sucrefJes ;- distilleries.
Les établissements d'extraction de matériauxsurcreusent généralement le lit des rivières et induisent des phénomènes d'érosion régressive pendant lespériodes de crues, qui destabilisent à plus ou moinslong terme les fondations des ouvrages situés enamont; en effet, les modifications apportées sur unerivière en un lieu donné peuvent provoquer une rupture de l'équilibre général du profil de son lit, avec desconséquences parfois dramatiques.
Les sociétés de concassage de matériaux à proximitédes cours d'eau rejettent, lors du lavage des cailloux etblocs rocheux, des particu les fines qu i restent en sus-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
pension dans les eaux et dont lessels (phosphates et nitrates enparticulier) se dissolvent dansl'eau. La turbidité augmente: lesvégétaux dépérissent par manque de lumière, les organismesvivants sont asphyxiés. Seuls lespeuplements ayant une mobilitéimportante peuvent migrer.
Les sucreries et distilleries rejettent, souvent directement et sanstraitement, leurs effluents dansles rivières par l'intermédiairede canaux à ciel ouvert. Ces rejets sont principalement:
90 - les vinasses de mélasse;pour le rhum industriel;- les vinasses de vesou, pourle rhum agricole;- les résidus de lavage à lasoude des cuves de fermentation.
Ces pollutions sont saisonnièreset se manifestent par:
- une concentration importante d'alevins de Ti/apiamossambica au niveau desrejets;- une coloration des eaux,dûe à la présence de polyphénols (tanins) ;- l'existence sur les bergeset sur les gros blocs de la rivière de longs filaments gélatineux blanchâtres que l'onobserve également dans lescanaux d'évacuation des eauxusées;- en eau calme, en aval, laprésence de diptères (Syrphidae) caractéristiques desmilieux fortement pollués.
Les remèdes préconisés sont généralement faci les à mettre enœuvre. Ce sont, entre autres:
- la collecte des eaux de lavage et la mise en place debacs de décantation pour lescarrières;- l'épuration des effluentsdes di sti lIeries et sucreries.
Rejet industriel en rll'Ière.
Culture de la canne à sucre en Grande-terre.
Les pollutions d'origine agricole trouvent leurs causes dans les traitements chimiques, souvent spécifiques des bananeraies, des champs de cannes et descultures maraîchères.
Aujourd'hui, la culture de la banane nécessite denombreux traitements, principalement un traitementinsecticide contre les nématodes (vers vivants dans lesol ou en parasite de 1'homme et des animaux) et lecharançon; les organochlorés sont utilisés en abondance et parfois remplacés par des carbamates. Deplus, des traitements herbicides sont régulièrementappliqués aux jeunes plantations et des traitementsfongicides sont réalisés par voie aérienne.
Si, pour la canne à sucre, les problèmes phytosanitaires ont été résolus par des moyens non chimiques(sélection végétale, lutte biologique, ... ), l 'homme intervient encore avec des produits chimiques pOLir lesopérations de désherbage.
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Plantation de teck en Basse-Terre.
La qualitéde l'eau
Les activités de maraîchage intensif conduisent l'agriculteurguadeloupéen à utiliser de grandes quantités de pesticides àl' hectare; souvent gu idé par dessoucis de rentabilité, il ne respecte pas les délais d'épandageavant la récolte.
Outre le fait que ces pesticidespeuvent se retrouver dans les produits vendus sur le marché, ilssont souvent lessivés par lespluies et les eaux d'arrosage etaboutissent dans les cours d'eauet les nappes d'eau souterraine.
Les pollutions urbaines et domestiques sont à rattacher auxeaux usées, ordures et déchetssolides, agents pathogènes etsubstances toxiques associées(métaux, pesticides, composésvoJatils, ... ), facteurs de contamination bactériologique et de pollutions organique et/ou minérale.Les familles chimiques fes pluspréoccupantes en Guadeloupepour l'eau et l'environnementsont:
- les détergents anioniques,contenus essentiellement dansles détergents commerciauxet les produits cosmétiques;- les hydrocarbures aromatiques, toxiques et pour la plupart cancérigènes, qui sontpeu solubles et s'accumulentdans les organismes;- le Jindane et les pesticidesorganochlorés utilisés dans letraitement des bananeraies;- les PCB (polychlorobiphényles), que l'on trouvedans les transformateurs, condensateurs, peintures, encres,plastiques ... ;- les polluants métalliques:cadmium, fer, plomb, zinc,mercure, cobalt, chrome, cuivre, manganèse, nickel ... issus des rejets sauvages dansle milieu naturel des huiles demoteur notamment.
Les actions à entreprendre pour limiter ces pollutionsorganisées touchant le monde agricole et le milieuurbain sont de divers ordres et à axer sur:
- l'évaluation globale de la pollution;- le suivi de chacun des produits polluants déjàidentifiés, l'étude de leur rémanence et de leuraptitude à la dégradation biologique et chimiquedans la région.
Pour les effluents urbains collectés, la simple décantation primaire peut permettre d'atteindre un tauxd'abattement moyen de la charge polJuante proche de 50 % .
Aux pollutions d'origine industrielle,agricole, urbaine et domestique,s'ajoutent des atteintes telles quel'utilisation des rivières par les lavandières et par les ilautomobilistes pour Je lavage de leur véhicule et sur-tout, la multiplication des décharges sauvages dansdes "rivières et ravines-poubelles" qui participent ainsià la contamination et à la pollution chimique et orga-nique des eaux.
L'agression sauvage Ja plus importante reste cependant la déforestation, qui engendre souvent des déséquilibres climatiques, hydrologiques et pédologiques,et porte atteinte à la faune et à la flore. Une brochuredu CCEE "la déforestation et ses conséquences" présente les problèmes posés par la disparition progressive du patrimoine forestier dans certains secteurs enGuadeloupe.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
On rappellera ici:- les rôles de la forêt
• rôle économique pour laproduction de bois;• espace de loisirs privilégié de détente et de récréation ;• rôle de protection des écosystèmes,
- les conséquences irréversibles de la destruction de laforêt:
• disparition de nombreuses espèces fauniques etfloristiques ;• destruction des sols en-
!l2 traînant l'hypersédimentation des milieux côtiers(disparition des herbiers,des coraux et des écosystèmes associés) ;• modification des microclimats allant vers une diminution de la pluviométrie;• augmentation du caractère dévastateur des crues,• diminution de la rechargedes nappes d'eau souterrame;• dépendance vis-à-v is del'extérieur pour l'approvisionnement en bois;• atteinte à un patrimoineet diminution du potentieltouristique.
Il est donc impératif de protégeret d'enrichir les forêts existantes,de reboiser les terres incultes, demultiplier les campagnes de plantation et de sensibiliser à la protection de cet important patrimoine forestier qui existe en Guadeloupe. La lutte contre les agressions organisées ou sauvages nécessitent aussi une informationet une prise de conscience individuelle et collective.
Les effets des polI ution s sur latoxicité des eaux se répercutenttrès vite sur la santé de l'hommeet la vie aquatique. Les risques
connus et encourus sont fonction de la nature de lapollution:
- les maladies correspondant à des carences encertains éléments chimiques (fluor, iode ... ) ou aucontraire à des excès d'autres composants, nitratespar exemple;- les intoxications liées à l'ingestion de pesticides et de métaux lourds (plomb, mercure, cadmium ... ) accumulés dans les organismes vivants,voire présents dans l'eau de consommation ellemême;- les contaminations résultant de l'existence deparasites dans les eaux (bilharziose, dysenteries,parasitoses, colibacilloses ... ).
Risques auxquels on ajoutera la dengue, dont le développement est accru par l'existence de gîtes à moustiques favorisée par celle des décharges sauvages.
La faune des eaux douces est bien sûr très sensible auxdiverses formes de pollution.
Seules une vingtaine d'espèces de poissons et unequinzaine d'espèces de crevettes ont été inventoriéesen eaux douces à la Guadeloupe.
L'étude des rivières de la Basse-Terre conduit à deuxzones de peuplement:
- la partie aval des cours d'eau où dominent lespoissons prédateurs; selon les profils des rivières,cette zone s'étend de 2 à 10 km depuis l'embouchure et jusqu'à ('altitude d'une cinquantaine demètres;- la partie amont au-delà de cette altitude où cesont généralement les crevettes qui dominent.
La reproduction de l'ensemble des espèces de crevettes et de nom breuses espèces de poissons sem bles'effectuer dans les eaux saumâtres des estuaires etdes mangroves ou dans les eaux du littoral. Ce n'estqu'à l'issue de leur développement larvaire dans cesmilieux riches en plancton que ces espèces remontenten eaux douces peu minéralisées et uniquement enrichies par la matière organique provenant du lessivagedes sols et de la chute des feuilles.
On comprend ainsi la fragilité de cet écosystèmepuisque l'essentiel du recrutement de sa faune provient de la zone littorale, zone la plus sensible àl'accumulation des pollutions liées aux activités agricoles, industrielles et humaines.
De la même façon, l 'homme agit sur la flore des eauxdouces. Dans les régions karstiques de la GrandeTerre, par exemple, les cuvettes de dissolution (dolines) des calcaires sous-jacents sont souvent occupéespar des mares temporaires ou permanentes qui évoluent vers un comblement avec pour corollaire une
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La qualitéde reau
évolution de la végétation vers laformation de fourrés et bosquets.La pression de l'occupation humaine conduit à la récupérationde ces mares de dolines pour l'extension des cultures, menaçantainsi de disparition non seu lement l'ensemble de la flore maisplus généralement la totalité deses biotopes.
En fait, les diverses sourcesd'agressions, de pollutions et decontaminations des eaux doucesde Guadeloupe, qu'elles soientponctuelles ou diffuses, tant enmilieu urbain qu'en zone rurale,sont connues. L'évaluation déjàentreprise des polluants, ainsi quel'étude de leurs processus d'action et d'évolution dans leursmilieux récepteurs, devrait permettre de mettre en œuvre, lorsqu'elles existent, les techniquesappropriées, d'affiner les réglementations en cours et d'une façon générale de sensibiliser lespopulations et les décideurs.
L'assainissement
près utilisation par1'homme, l'eau, si elle n'estpas épurée, revient souillée
au milieu naturel et engendre untel flux de pollution que les capacités d'auto-épuration sont leplus souvent dépassées. La dégradation progressive des milieux récepteurs s'accompagnede toutes sortes de troubles physiques, biologiques et sanitairesqui à terme iraient jusqu'à compromettre la ressource ellemême. C'est pourquoi l'assainissement des eaux usées aussi biendomestiques qu'industrielles estune nécessité, qui concerne parfois les eaux pluviales, souilléespar "lavage" des chaussées, airesindustrielles et autres.
LES EAUX PLUVIALES
D'une façon générale, les eaux pluviales sont évacuées par de courts tronçons de canalisation vers desexutoires naturels, principalement la mer. Les réseauxsont de type séparatif: les eaux pluviales ne rejoignentpas les eaux usées domestiques ni, par conséquent, lesstations d'épuration. La pollution par les eaux pluviales est demeurée jusqu'alors suffisamment faible etdispersée pour ne pas justifier de mesures d'épurationspécifiques.
Cependant les progrès de l'urbanisation et du trafic imposent de reconsidérer le problème : ainsi, les eauxcollectées sur les ouvrages routiers àgrande circulation seront traitéesavant rejet dans des bassins de décantation-filtration.
L'ASSAINISSEMENTCOLLECTIF
Dans la plupart des agglomérations, les eaux uséessont récupérées dans un réseau d'assainissement collectif et dirigées sur une station d'épuration qui rejetteles effluents à la mer après traitement. Au-delà despréoccupations concernant la salubrité des plages et ledéveloppement du tourisme, on imagine l'importanceécologique de cette opération.
La Guadeloupe est relativement bien équipée: l'inventaire de l'assainissement des communes ruralesréalisé en 1990 dénombre 19 stations d'une capacitétotale de 57 700 équivalent-habitants pour une population desservie de 50 600 habitants (dont 5 060 équivalent-saisonniers). Six autres stations représentant14 000 équivalent-habitants sont prévues d'ici 1994,l'équipement devant être achevé avec 4 unités supplémentaires en l'an 2 000. Dans le même temps, sontprévus la création ou l'extension des réseaux correspondants et le doublement des stations trop petites (lesstations qui fonctionnent en sous-capacité ne jouentpas correctement leur rôle). À cela, il faut ajouter lastation de Jarry qui traite, après transfert par canalisation sous-marine, les eaux urbaines de Pointe-à-PitreAbymes, correspondant à une population de près de55 000 habitants. La capacité actuelle de la station estsaturée et l'achèvement des travaux de doublementdevient particulièrement urgent.
Cependant, ce dispositif souffre d'une fai blesse certaine dans le domaine de la maintenance. Des dysfonctionnements graves se manifestent sur des durées trop
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longues (manque de disponibilité ou de qualification du personnel, problèmes de stocks, délais de livraison, difficultés budgétaires ... ) et abaissent fâcheusement l'efficacité globale del'épuration.
Un effort tout particulier reste àfaire pour prévenir les pannes etréduire très sensiblement les délais de réparation. Pour cette action, un service d'assistance technique à l'exploitation des stations d'épuration (SATESE) faitcruellement défaut.
LASSAINISSEMENTAUTONOME
Avec le doublement imminent dela station d'épuration de Jarry, lacapacité théorique d'épurationavoisine 169 000 équivalent-habitants pour une population effective de 387 000 habitants,sans compter les saisonniers. Eneffet, pour des raisons techniques et économiques, seule la population agglomérée peut êtredesservie par un réseau d'assainissement collectif. Dans les zones d'habitat diffus, une autresolution s'impose: ['assainissement autonome. Les modalitéspeuvent être assez variées selonles situations mais deux systèmes prédominent en Guadeloupe: les fosses septiques "toutes eaux" avec épandage souterrain pour les habitations individuelles (jusqu'à la équivalenthabitants) et les micro-stationsd'épuration pour les ensem blesplus importants (jusqu'à 1 000éq uivalen t- ha bi tants).
Les fosses septiques dites "toutes eaux" assurent un prétraitement par décantation et fermentation anaérobie de toutes leseaux domestiques (eaux-vannes
et ménagères), les eaux pluviales étant impérativement exclues. Un tel dispositif nécessite peu d'entretien, ne consomme pas d'énergie et son coût d'installation est raisonnable. Mais j'effluent en sortie defosse est insuffisamment épuré et ne peut en aucun casêtre rejeté tel quel en ravine ou rivière. L'épandagesouterrain par drains distributeurs horizontaux à faible profondeur permet de compléter le traitement. Cesont en effet les bactéries aérobies des couches superficielles du sol qui assurent l'essentiel de l'épuration.La longueur de l'épandage dépend des caractéristiques du sol et de la taille de 1'habitation. En tout étatde cause, l'utilisation de puisards en sortie de fosse estformellement interdite car il n'y a pas en profondeurl'aération nécessaire à la dégradation des matièresorganiques.
La fosse septique "toutes eaux" offre une réponseefficace et fiable au problème de l'assainissementindividuel dans la plupart des cas. Mais dans certainessituations de terrain imperméable, à nappe phréatiquesuperficielle, à forte pente ou par manque de place,elle est inapplicable: le service hygiène et environnement de la DDASS adapte alors au cas par cas d'autressolutions techniques. Ce service donne son avis surchaque installation nouvelle et vérifie sur le terrain laconformité aux prescriptions techniques et réglementaires de façon à prévenir les nuisances que ce type dedispositif peut occasionner en cas d'erreur de conception.
L'assainissement individuel des habitations régulièrement déclarées et autorisées est donc très satisfaisant. Cependant les constructions illégales, très nombreuses en Guadeloupe et le plus souvent dépourvuesd'assainissement, continuent de polluer les canaux,ravines et rivières.
Pour les hôtels ou lotissements éloignés des réseaux,les microstations sont en plein essor (60 unités installées en 1990) : elles se présentent sous forme demodules standards généralement en résine synthétique et fonctionnent, comme les stations d'épurationcommunales, sur le principe intensif des boues activées. Elles assurent donc normalement une bonneépuration mais exigent un entretien minutieux despièces électromécaniques (pompes et aérateurs)d'autant plus nécessaire qu'elles sont dépourvues desystèmes de prétraitement. En cas de mauvais fonctionnement, inévitable parfois en raison de la sousqualification du personnel et en l'absence de contrôlesystématique de ce parc en expansion, la pollution esttrès importante. La DDASS im pose donc un complément par épandage souterrain à faible profondeur ou
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La qualitéde l'eau
un système de recyclage par arrosage au goutte-à-goutte.
LE TRAITEMENTDES EAUXINDUSTRIELLESLes rejets industriels dangeureux sont heureusement peu nombreux en Guadeloupe et le Conseil régional a pris le parti derefuser l'implantation d'industries lourdes.
Mais les petites et moyennes industries, notamment les industries extractives et l'agro-industrie, engendrent des nuisancesconsidérables. Eaux de process,eaux de lavage et même eauxpluviales chargées de toutes sortes de résidus épars sur les airesde manutention et les parkings,tout est le plus souvent rejetédans le milieu naturel.
A vec un sou tien financier et uneassistance technique forte, on apu mettre en œuvre des sol utionssatisfaisantes dans certaines unités. La DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement) a saisil'opportunité d'un financementcommunautaire spécifique pourproposer à chaque établ issementclassé de réaliser un diagnostique subventionné à 80 %, préciset débouchant sur un projet concret de dépollution. Par ailleurs,les programmes publics d'aide àla modernisation industrielle subordonnent de plus en plus leurintervention à la mise en placed'équipements de dépollution. Lacombinaison de ces mesures devrait permettre d'améliorer sensiblement la situation. Mais ilfaut aussi faire comprendre que,bien intégrés au système de production, les dispositifs de dépollution sont aussi valorisants pourl'entreprise que nécessaires à laconservation des sites.
Les objectifs de qualité
En application de l'article 3 de la loi du 16 décembre 1964 relative au régime et à la répartition deseaux et à la lutte contre leur pollution, des campa
gnes nationales d'inventaire des eaux douces superficielles et de leur degré de pollution ont été lancées en1971,1976 et 1981. En Guadeloupe, ce travail d'inventaire et de diagnostic n'a pu êtreréalisé qu'en 1987 avec le soutien duDépartement: il a abouti à la publica tion d'une carte assortie d'un commentaire et comprenant, outre le classement des cours d'eau selon les in-dications de la circulaire du 29 juillet 1971, les principales données concernant les débits des rivières, lesusages de l'eau, les problèmes sanitaires et les sourcesde pollution.
Il apparaît que, si les eaux courantes des bassinsversants amont sont d'excellente qualité, la dégradation de la qualité de l'eau est flagrante lors de latraversée des zones habitées et exploitées, au pointd'être parfois très préoccupante.
D'après la loi, J'étape suivante est la publication d'undécret dit "d'objectifs de qualité". À l'usage, cetteprocédure trop lourde a été réservée à des cas trèsspécifiques et, pour l'ordinaire, une circulaire du ministre de l'environnement a chargé les préfets de faireétablir une carte des objectifs que se fixe le Département, dans le domaine de l'eau, à l' horizon de dix ans.
Ces objectifs devront respecter les normes européennes applicables aux sites de baignade ou de prélèvement pour l'eau potable et réaliser le meilleur arbitrage entre deux exigences apparemment contradictoires :
- celle de bénéficier d'une eau propre pour laconsommation, les loisirs et les équilibres écologiques ;- celle de minimiser les coûts de production desentreprises en difficulté, qui sont conduites à rejeter des eaux sales.
D'après la situation actuelle et les techniques de dépollution raisonnablement envisageables, la DAF aémis une proposition d'objectifs de qualité et de mesures destinées à les atteindre. La version définitiveaura des implications financières et devra recevoirl'accord du Conseil général.
Ensuite seulement, elle pourra être approuvée par lepréfet pour servir de cadre à l'action pratique de
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
police des eaux et diffusée auxélus locaux, associations et princIpaux usagers.
Parallèlement, compte tenu del'importance de l'aquifère de laGrande-Terre pour le développement de cette région, le Département a demandé au BRGMl'étude d'une carte de vulnérabilité des nappes souterraines.
Dans un premier temps, pour disposer d'un outil d'aide à la décision en matière de rejets d' effluents, il a été édité en 1989 une"Carte des risques de pollution"
2....Q qui permet de visualiser:- la nature des terrains répartis sommairement en troisclasses;- les points préférentielsd'in fi 1tration vers la nappe depuis la surface du sol;- les émetteurs potentiels depollution.
Il en ressort que les risques sontsérieux dans la région desGrands-Fonds et sur J'axe MouJeSainte-Anne.
•
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Carte de la qualilé des eauxsuperficielles en 1987.
Qualité générale des cours d'eau
Qualilé excellenteBonne qualitéQualilé moyenneQualité médiocre - pollutionHors classe - pollution excessiveManque d'eau - échantillonnage impossible
Boui liante •
Vieux-Habitants
BailJif
Vieux-Fort
•
Lamentin•
Trois-Rivières
Baie-Mahault•
..Petit-Bourg
..Capesterre
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Cart e de propos il iO/1s d' ohjecl it:~
de qllalilé des cuu.r sUjJcljiciellese/1 1992.
Ri\'.
Bouillante •
Vieux-Habitants
•
Quai ité générale des cours d'eau
Qualilé excellenleBonne qualilé
Qualilé moyenneQualité médiocre - jJo/lulionHors classe - polllllion cxcessil'eManque d'eau - échal1li/lo/1nage impossihle
Baie-Mahault•
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
,,/
Circulation naturelle des eauxct aptitude des terrains à lapercolation:
Ligne de partage
Sens d'écoulement de la nappe
Calcaires affleurant. cordonslittoraux sableux. penollationimmédiate et rapide
Terrains argileux. percolationplus ou moins leI/te
Mangrove. pas d'écoulementgravitaire
Terrains non saturés hétérogènes.percolation plus ou moins rapide
'-,_0--
e 0
. .....-._- --
Points privilégiés d'absorption ou decollecte des eaux:
Petite dépression. doline sèche
Petite dépression ou doline en eau
• Puit
-; Forage
Carrière
Emetteurs potentiels de pollution
6 Centres urbains principaux
- Axe routier à trafic dense
Sucrerie, distillerie
Élevage industriel
• Ahattoir
Stockage de produits dangereux
Décharge
Cartr des risques cl la pollution dela nappe de Grande-Terre.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
\ '_11, \ l, l' Il Les besoins en eau domestique, touristique et surtout agricole, ont fait l'objet d'une évaluation parla Direction de l'Agriculture et de la Forêt dans
le cadre du schéma d'utilisation des eaux présentéplus loin. Cette demande, émanant pour les deux tiersde la Grande-Terre, s'accroît fortement avec le développement socio-économique de l'archipel.
Bien évidemment, cette demande augmente sensiblement pendant les périodes sans précipitation. Or, enpériode de sécheresse, les ressources en eau de surfacesont inexistantes en Grande-Terre et limitées en BasseTerre à des écoulements relativement faibles. Parailleurs, une surexploitation de ces ressources diminue sensiblement les débits des cours d'eau et aggravel'impact des pollutions (pesticides, engrais, rejets desusines sucrières, etc.).
Finalement, on constate, dès à présent, que la d isponibilité des ressources au fil de l'eau de la Basse-Terreen période de sécheresse, soit 10 à 12 mètres cubes parseconde, n'est pas suffisante pour satisfaire les besoins (plus de 5 mètres cubes par seconde), si l'on veutpréserver l'équilibre des milieux naturels.
La sécheresse récente de 1987, notamment dans le sudde la Basse-Terre, a entraîné des pénuries prouvantque la demande en eau potable ne pouvait être totalement satisfaite par une simple production au fil del'eau sans stockage.
Plus récemment, en 1991, alors que les débits d'étiages étaient sensiblement normaux, la production nesatisfaisait pas la forte demande en eau d'irrigationjustifiée par la sécheresse qui a sévi en Grande-Terre.
La confrontation des ressources disponibles avec lesbesoins en eau, en maintenant des débits suffisantsdans les cours d'eau, montre la nécessité:
- d'aménager l'exploitation des eaux de surface:• en régularisant leur production par l' implantation en Basse-Terre de réservoirs construits surles cours d'eau les plus productifs;• et en acheminant une fraction des ressources de
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
la Basse-Terre vers laGrande-Terre;
- d'intensifier et d'améliorer la production d'eau souterraine.
Il devient alors impératif de considérer la ressou rce en eau defaçon globale et d'en prévoir unegestion rigoureuse. Cela implique que techniquement tout soitmis en œuvre pour planifier cettegestion et qu'administrativementdes décisions soient prises pourmettre en place les structures lesplus efficaces.
Le schémad'utilisation
de l'eau
a DAF a élaboré en 1986 undocument de planificationdes équipements et inves-
tissements destinés à la satisfaction des besoins en eau potable etd'irrigation à l'horizon del'an 2 000. Il s'appuie sur l'évaluation objective des ressourcessuperficielles et souterraines exploitables, sur la population restant à desservir et sur des hypothèses démographiques et économiques (niveau de vie) d'évolution des consommations.
Ce schéma est en cours de révision, en raison notamment de réajustements démographiques liésau recensement de 1990, maisreste d'actualité dans ses grandes lignes. On estime aujourd 'huià plus de 50 % l'augmentationde la consommation d'eau potable en Guadelou pe entre 1985 et2 000 pour un accroissement démographique de 16 % dans lemême temps. Mai s la productiondestinée à satisfaire cette demande doit tenir compte du rendement médiocre (50 %) des ré-
seaux: on produit deux fois plus d'eau potable qu'iln'en arrive au robinet des usagers.
Pour améliorer ce rendement et atteindre 65 % en l'an2 000, on a calculé qu'il faudrait à cette date enproduction de pointe 390 000 mètres cubes par jourcontre 290 000 en 1990. Pour l'irrigation, la production prévue à l'achèvement des programmes en coursest de 340 000 mètres cubes par jour de pointe, defaçon à couvrir la totalité des besoins lors de sécheresses de récurrence quinquennale.
Si on compare ces prévisions à la production, on meten évidence un déficit particulièrement accusé enGrande-Terre qui sera presque résorbé après l'achèvement des travaux de la conduite mixte, élément majeurdu schéma d'utilisation des eaux. Cependant d'autresdispositions s'imposeront également:
- Des prélèvements supplémentaires:• construction de 14 nouveaux forages et d'unchamp captant en Grande-Terre permettant lepompage de 34 000 mètres cubes par jour enpointe;• raccordement des sources de Tabaco, soitla 000 mètres cubes par jour, à la conduite deBelle-Eau Cadeau;
L'exploitation de l1oul'elles l'il'ières /l'est pas el/coreel1\'isagée, mais ef/e demeure possihle dans des COI1ditiol1s écologiques, techniques ct final1cières rai
sOl/uahles.
- L'aménagement de barrages de régularisationsaisonnière, en soutien des captages de rivières dela Basse-Terre:
Jusqu'ici 011 a lm sc satisfaire de prélèl'emel1ts "aufi 1deI' eau" par des in .1' ta ffa t i0 11 .1' do 11 t l' al imen ta tionest insuffi sa 11 tep end(j n t 1es é t iages, ('f Cf u i, parailleurs, ne peu\'el1t pas tirer parti des grandes qual1ti/{'s d' cau écoulées après les jOl'tes pluies. Cepen
dal1t. on IWLl/ï'a augmenter très sensihlement la producrion en stockant dans des l'etenlles de régulationle surplus qu'on exploitera en période de basseseaux.
Cinq projets doil'ent voir le jour en Basse-Terre:l'aménagement d' UI1 réservoir de 1,8 milfiol1 de mètres cuhes SUI' le Bras David et plus tard, d'autres
retenues dans le cadre du programme couplé d' irrigation de la Grande-Terre ct de la Côte-ou-Vent dela Basse- Terre. Les oUI'rages de régularisation et detransfert réalisés sel'l'iront, en outre, à renforcer
l'adductiou en eau porahle de la Grande- Terre.
- De nouvelles installations de traitement pourl'eau potable:
• une station de 80 000 mètres cubes par jour surla conduite mixte à Caduc pour soutenir l'alimentation de l'agglomération pointoise ;
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
La gestionde l'eau
• une station de traitementde 2 fois 5 000 mètres cubes par jour au nord de laGrande-Terre;• doublement de la stationde Moustique.
- L'amélioration de la distribution d'eau potable. Lesopérations envisagées sont:
• l'alimentation des Saintespar canalisation sous-marine à partir de Trois-Rivièl'es;• la construction de réservoirs de stockage représentant plus de 100 000 mètres cubes supplémentairesde façon à pallier tout incident de production;• le renforcement et l'extension des réseauxexistants;• l'amélioration du rendement des réseaux par unsystème général isé de télésurveillance (déjà opérationnel) avec recherche systématique des fuites, réparation et rem placement desconduites défaillantes.
- L'éducation des usagers:Comme iln')' a pas de saineges t ion de laressou l'ce s'onsmaÎtrise des consommations,il faudra aussi faire prendreconscience aux usage/'s quel'eou est un bien rare et précieux à n'utiliser quO à bon escient. Cela n'ira pas sans malcar l'eau est aussi un bien depremière nécessité que les collectivités s'efforcent légitimement de délivrer à has prixsans répercuter la totalité des
frais.
- La planification des aménagements :
À ce stade de complexité de lagestion des eaux en Guadeloupe. s· impose une planification des hydro-aménagements projetés visant à uneoptimisation de leur rende
ment.
Cette planification passe, on le verra, par la modélisation des écoulements de surface, par la modélisation du fonctionnement des nappes d'eau souterraine
et par la modélisation de la gestion globale de l'eau.
La modélisation dufonctionnement
d'un système d'eau
appuyant sur une analyse prospective des besoins des différents usagers, la gestion ration
nelle des ressources en eau impliqueschématiquement:
- d'envisager les solutions techniques permettant l'exploitation des quantités d'eau mobilisées;
- de préserver la ressource dans son mi 1ieu naturel par le maintien du débit minimal réservé et lecontrôle des sources de pollution.
La planification de cette gestion consistera à définirune politique qui visera à respecter au mieux cesexigences, d'apparence contradictoire, de protectionde l'environnement (maintien de débits minimumsdans les cours d'eau) et de développement économique (satisfaction des demandes).
La modélisation d'un système d'eau consiste à réaliser un logiciel qui simulera, sur une période de plusieurs années, le fonctionnement des hydro-aménagements destinés à prélever, à stocker, à acheminer, àtraiter ou à distribuer l'eau, afin de satisfaire lesbesoins (AEP, irrigation, etc.) sous différentes contraintes de gestion des aménagements et de préservation des milieux aq uatiques.
Pour permettre d'apprécier les performances et limites des aménagements projetés par la Direction del'Agriculture et de la Forêt, l 'Orstom, à la demande duConseil général, a réalisé "HYDRAM" (HYDRoAMénagements).
Ce logiciel de simulation permet d'envisager facilement différentes évolutions spatiales et temporelles(échéancier des aménagements, plans culturaux, règles de gestion ... ).
Outil d'aide à la planification, HYDRAM apporte auxdécideurs des évaluations claires de la fiabilité dedesserte en eau, selon divers scénarios envisagés.
Les choix concernant la localisation et ledimensionnement des aménagements à implanter (pri-
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
ses d'eau, conduites de transfert,retenues de régularisation ou destockage, canaux d'irrigation,etc.), et la définition des règlesd'une gestion en temps rée l (décisions à prendre au jour J) seront basées sur les résultats decette modélisation mathématique.
• Pluie
Lt Évaporation
D 1nfi1trat ion
.. Débits dans conduite
<;:::J Débits dans ri\'ière
~; 'I,é/1/u d/l\,·,t(~fII(· {'OIlSidé,.é !Jar1/ }/fJR.\M
Les problèmes soulevés sontcomplexes car ils font intervenirdes contraintes hiérarchisées. Parexemple, la non-satisfaction desbesoins peut en effet induire différents niveaux de gravité, selonla nature du besoin, la probabilité d'occurrence, le niveau et ladurée de la défaillance. Dans lescas où tous les besoins ne pourront pas être totalement satisfaits,des choix devront conduire à définir des priorités. Les solutionsà apporter doivent répondre à desobjectifs contradictoires, à savoir la satisfaction des besoins etle maintien dans les rivières desdébits réservés, ce qui ne se ferapas sans difficultés. L'apport demodèles d' opti misation d'unegestion intégrée des systèmes
d'eau au pas de temps inférieur au mois, adjoints à desmodèles de simulation d'écoulement naturel, est fondamental pour mettre en évidence les solutions lesmieux adaptées et les points de rupture.
Une des originalités de l'outil réside dans sa fonctionde conception interactive, permettant de sélectionner
des composants existants(prise en rivière, rete
nue, conduite, demande en eau po
table, périmètres d' irriga
tion et même
.... -,~ .....-
.,. ,....--'" ~ ~ minicentrales.-Al
hydroélectri-ques ... ).
Élaboré pour répondreaux problèmes) iés à la gestion
de l'eau en Guadeloupe, il est conçupour s'adapter aisément à d'autres régions
de la Caraïbe ou du globe.
La situation administrative
LE RÉGIME JURIDIQUE DES EAUXCONTINENTALES
En droit français, les eaux courantes sont classées endeux catégories: les cours d'eau domaniaux et nondomaniaux.
Les cours d'eau domaniaux sont inclus dans le domaine public fluvial en raison deleur affectation à desusages généraux, à savoir:
- navigabilité ou flottabilité;- besoins en eau de l'agriculture et de l'indus-trie;- alimentation en eau des populations;- aménagement contre les inondations.
Le fonds et l'usage de l'eau appartiennent à l'État. Ilssont régis par le code du domaine public fluvial.
Les cours d'eau non domaniaux appartiennent auxpropriétaires riverains, qui cependant ne peuvent enuser que dans la limite des dispositions du code rural.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
La loi n'a jamais été appliquée àune troisième catégorie pourtantprévue : celle des cours d'eaumixtes dont le fonds demeureraitpropriété des riverains tandis quel'usage de l'eau serait transféré àl'État.
Les eaux de pluie, éventuellement collectées pour l'alimentation d'étangs et les eaux desource, qui ne donnent pas lieu àun cours d'eau, sont propriétéprivée.
Enfin, les eaux souterraines sontégalement propriété privée puisque le code civil stipule expressément que "la propriété du solemporte la propriété du dessus etdu dessous". Toutefois lesfouilles et forages de profondeursupérieure à la mètres et les installations de prélèvement dont lacapacité dépasse 8 mètres cubespar jour sont soumis à déclaration. De plus, le décret-loi du 8août 1935 soumet à autorisationpréalable, dans certains départements où se trouvent des nappesd'intérêt public, tout puits ou sondage de plus de 80 mètres deprofondeur. Ces dispositions ontété étendues par décret du Il mars1960 à la Guadeloupe "pour êtreappliquées aux îles de la GrandeTerre, de Marie-Galante, deSaint-Barthélemy et de SaintMartin", le seuil de profondeurétant ramené à 3 mètres. La Guadeloupe est le seul départementd'outre-mer à bénéficier de cettelégislation mais le texte ne faitpas état des nappes de la BasseTerre.
UN STATUTDÉROGATOIREDANS LES DOMDans les DOM, les mesures mises en p lace par la départementalisation ont eu pour objectif de
créer très rapidement un cadre général préservateur:ainsi le décret du 31 mars 1948, confirmé par la loi du28 juin 1973, a domanialisé toutes les eaux (à l'exception des eaux pluviales) y compris les sources et leseaux souterraines par dérogation à l'article 552 ducode civil. Ce décret ménage toutefois une possibilitéde déclassement ultérieur des cours d'eau de moindreimportance qui n'a jusqu'ici jamais été utilisée.
Le cadre administratifgénéral
En raison de la diversité des régimes et des usagesde l'eau, l'organisation administrative est relativement complexe (voir organigramme ci-après).
Par ailleurs, les missions à exercer répondent à despréoccupations de plusieurs ordres:
- la gestion patrimoniale du domaine public fluvial;- la police des eaux qui contrôle le respect de laréglementation visant à la conservation quantitative et qualitative des eaux et réprime les abus;- l'évaluation et la gestion de la ressource en eaupour la satisfaction des différents besoins;- le contrôle sanitaire et la desserte des usagers;- la préservation biologique des miliyux aquati-ques ; 1
- la prévention des risques majeurs liés à l'eau.
Si, depuis sa création et surtout depuis la loi du 3 janvier 1992 sur l'eau, le ministère de l'Environnementa regroupé un nombre croissant de compétences dansce domaine, d'autres départements ministériels conservent leurs responsabilités, notamment en matièred'usage de l'eau. La mission interministérielle del'eau assure donc l'indispensable coordination au niveau national tandis que les DIREN (directions régionales de l'environnement) font de même à l'échelonrégional: elles sont chargées de l'évaluation des besoins en eau, et de l'élaboration du suivi des documents de planification dans le domaine des eaux superficielles et souterraines et des milieux aquatiques.Pour parfaire la prise en compte de tous les problèmes,on y a adjoint des instances consultatives où sontreprésentés les usagers, les collectivités territoriales,les administrations concernées et des personnalitésqualifiées.
Par ailleurs, les circonscriptions administratives classiques étant mal adaptées à la gestion indispensablepar ensembles hydrographiques cohérents, la loi du
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
:lrtll'Iurc-; adllllll~lrall\'e~uan~ 1..: LI >malile tks éaux L'OnLII1CnLale" - i'L'vrier 1~()2
lMinis~ères
competents__ •__J
Organismes de coordinationl de l'administrationOrganismes d'étude
et d'exécutionOrganismesconsultatifs
Premier ministreJ_______--4~Comité nationall
de l'eau
~-
1
Direction de l'eau, de la préventiondes pollutions et des risques
- -- .-.
ro106 c:
0.....roc:::lrov>Z
Env ironnementSantéIntérieurAffaires étrangèresDéfenseBudgetAgricultureTransportsMerÉquipementRechercheIndustrie
1 ... Comité interministériel 1
de la q_ualité de la vie
MinistèreIde l'environnement
1
Mission
1
interministérielle ~de l'eau
. ,
Service
~e J'eau
Ipréfet coordonnateurde bassin
Directions~ 22 préfetsrégionales de région
Six Comitésde bassin
Comitéstechniques
de l'eau
Six Agencesde l'eau
-1
Directiondépartementalede l'agriculture
et des forêts
Directiondépartementale
cie l'action sanitaireet sociale
Directionsrégionales -~
Ide l'environnement
r--c:-:--Y.
96 préfetsde département jl- l--,-_Y_-,
Direction
j1
départementalede l'équipement-----
Six Missionsdéléguéescie bassin
Inspectiondes installations
classées
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E
Maire 1
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
La gestionde l'eau
16 décembre 1964 a défini sixgrands bassins et créé les structures correspondantes,
LADAPTATION AUCAS PARTICULIERDE LAGUADELOUPE
En Guadeloupe, l'organigrammeest simplifié par la superpositionen un seul niveau de la Région etdu Département et par l'absencede bassin au sens de la loi de1964.
De plus, il n'y a toujours pasd'agence financière de bassin,organisme chargé de percevoirune redevance sur l'eau distribuée et de la réinvestir sous formede subventions aux actions conformes aux décisions du comi téde bassin, Par suite, la mission déléguée de bassin, normalement composée des fonctionnaires qui siègent au conseil d'administration de l'agence financière, n'a pas d'existence formelle, Sa fonction de prépara-
Structure auminhtrativl' del'e~u en Gunuel Upè
tion des travaux de la miSSion interministérielle del'eau et de recueil des données pour la planificationnationa.le est cependant assurée par le préfet, quis'appuie pour cela sur la DIREN et sur le Comitétechnique de l'eau.
Au 30 juin 1993, les DIREN des départements d'outremer n'avaient toujours pas officiellement (décret spécifique attendu) remplacé les anciennes DRAE (délégations régionales à l'architecture et l'environnement).Cependant, des dispositions transitoires ont été prisespour qu'elles puissent assurer leursfonctions dans le domaine de l'eau etnotamment la mise en place et l'animation des comités de bassin (unpour chaque DOM), chargés d'élaborer les schémas d'aménagement etde gestion des eaux (SAGE). Il s'agit de documents deplanification regroupant l'ensemble des informationsconcourant à la gestion des eaux:
--- évaluation des ressources en eau;- schéma d'utilisation des eaux;--- carte des objectifs de qualité;- schéma de vocation piscicole;- schéma de protection contre les crues--- études diverses.
La DIREN de Guadeloupe a repris, au moi ns en partieet avec quelques difficultés d'ordre financier, la gestion du réseau de mesures hydrométriques pour l'évaluation de la ressource, la plupart des documentsconstitutifs des SAGE ont été élaborés (ou le seront)par d'autres services (DAF, ODE, DDASS), la DIRENassurant désormais la coordination des travaux.
•
Niveau 1national
Missionin term in istérie Ile
de l'eau1....1-
Service de l'eau
Niveau bassinPréfet l--
Comité de bassinComité technique
de l'eau
----,~DDASSDAF
rDDEI"'P'C~;O" d" 1
installations
(lassées (DR~RE)
=régional
départemental
Niveaucommunal
{ Mai~
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Missions administratives DAF DDE DRIRE DDASS DIREN MAIRE DEPT
**
*
*
* ** * *
* *
*
*:1: * :1:
*
Gestion patrimoniale du domainepublic fluvial:
- surveillance des limites,entretien, curage des rivières,concessions, etc;
Police des eaux:
- police générale: autorisations,prélèvements, rejets et ouvrages,travaux divers;
- police de la pêche (pourmémoire) ;
- police de la navigation fluviale(pour mémoire) ;
- inspection des installationsclassées (rejets) ;
- police des eaux souterraines (ycompris géothermie).
Gestion et répartition de laressource:
- élaboration des schémasd'aménagement et de gestion deseaux;
- délégué de bassin;
- comité technique de ['eau(secrétariat).
Distribution et contrôle sanitaire:
- réseaux primaires d'adduction(eau potable ou eau brute) ;
· déclaration d'utilité publique(instruction),• création et gestion,
- réseaux secondaires• création et gestion des réseauxd'i nstallations de trai temen t,stations d'épuration,• contrôle de potabilité,d'épuration,
- contrôle des piscines et autressites de baignade.
Protection des milieux humides etaquatiques:
Prévention des risques d'inondation:
- cartographie;
- ouvrages de protection contre lescrues.
*
*
*
***
*
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
La gestionde l'eau
••
Ensemble des cours d'eau de la Guadeloupe en de·hors de ceux soumis au contrôle de la DDE dépendent, en ce qui concerne leur gestion et la police deseaux, de la DAF
Cours d'eau relevant de la compétence de la DDE
d'eau entre la DAF et la ODE, puisque le préfet n'apas remis en cause cette division des compétences(cf. carte) ;
- l'inspection des installations classées est répartie par le préfet entre la DRIRE et la DAF selon lanature des établissements;
- le décret du 4 mai 1937 pris pour l'applicationdu décret-loi de 1935 détaille la procédure applicable, toutefois un vide juridique subsiste pour leseaux souterraines de la Basse-Terre, sauf en matière de géothermie pour laquelleon dispose d'un texte spécifique;
- pour la gestion des réseaux,les collectivités sont éventuellement assistées par une sociétéd'exploitation;
- en principe, il appartient aux riverains de seprotéger contre les crues; toutefois, les collectivités peuvent se substituer à eux, en fonction del'intérêt public, pour la construction et l'entretiend'ou vrages de protection sous le contrôle de laODE et du service chargé de la police des eaux._
l?épartirion des l'Ollll'érC'III'C'S /1(11/1 fa gl'.\'r;o/l er fa I>oliee
des collrs d'('(/ll.
Répartitionpratique
des missionsadministratives
Le tableau précédent résumel'exercice de l'administration en Guadeloupe dans le
domaine de l'eau. Il appelle lesremarques suivantes:
- compte tenu des modifications intervenues ultérieurement dans l'organisation administrative générale, le décret du 27 mars 1973 relatif àla gestion des cours d'eau et àla police des eaux superficielles dans les départementsd'outre-mer est devenu caduc(bien qu'il n'ait jamais été _ •abrogé), sauf en ce qu'il ré- (partit les différents cours
1 J----"'"" \, < \ 'v'l
Canal é'-... \\des Rotours' -1'"---> \,. \\'
Grande Rivière ~'Rivièreà Goyaves Canal t-'\.. ,,\ d'A d '
_ -r . Rivière, Perrin _ 1 ~ _ / U 010
rl.~ du LamentlO \ ~...,-..--->-' -~ J-;' ,.....ly.f'"' r,.J - ... ..r 1~ ty.........
5"'L.·,- 1:," / ';- - t Rivière r f \ rJ /'~- l
" /.J / - ' Bongout 1 " ~,_Çl,~:::.~' 1-:; /----- 1 - ,- ~ ::.~, / \. .' '"'r~ ) \
..... _ .... ·1~ --1 '1, ~~( ...... ~-'- ~ ,'?-~ ./ '/ L-- ' """""~ ,-=---- -'-"- ,>-- .\'/ l " . -- ---------Rivière
~...----.J<, ,--:~,)-\ '1 / r" \. / '-------" 'V Zone, de l'Anse
------ /': J 1'". R'" ~ _ de competence à la Barquej \.../ ---J 7' IVIere ~. / ./ ..... ODEl ..:-- / I~/ / -~ r:-~"Lézarde Canal Poucet
\
'(.1"_/1'/'//1// . '''.Rivière- "~',.. '" .: Il ~~:"~ .< Moustique
;/:,1 ( '~/~_~ ~Petite Rivière1,. .Y~ -',../~ ~
/""- ./ , ~ _,,-~ à Goyaves1 (--'-~••)---~ . .;/ -- Axes routiers principaux
/J~~)- .. ~~~'<-/"" ..... ,
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", ./ r , ,.,,' -<, _if"-' ,'1/ l(_v
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LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
ur une faible superficie, l'archipel de la Guadeloupe est représentatif des milieux insulairestropicaux humides grâce à sa grande diversité de
paysages (reliefs, végétations ... ), de climats et desols. Le trait dominant de la Guadeloupe est la grandevariabilité spatiale des pluies et de ses ressources eneau de surface.
Les besoins en eau, croissant avec le développement _1_1_1socio-économique de l'archipel et induits par l'irriga-tion, sont aujourd 'hui à peine satisfaits par les seulsprélèvements sans stockage opérés au fil de l'eau enBasse-Terre, pourtant véritable château d'eau de laGuadeloupe.
Le recours à de nouvelles ressources et à des solutionsde stockage et de transfert de l'eau vers les régionsdéfavorisées de la Grande-Terre, de la Désirade ou desSaintes, est devenu une nécessité.
Au-delà d'une large opération relevant de l'aménagement du territoire, la planification d'une gestion globale des ressources en eau est un objectif essentiel.Cette planification doit se baser sur:
- la prospective des besoins à l 'horizon choisi;
La DAF a é\'alué les besoins en eau potable, industrielle et d'irrigation à l' horizon 2 000.
- la caractérisation de la variabilité spatiale ettemporelle des ressources;
Météo-France, l' Orstom et l'INRA étudient lesconditions climatiques de /' archipel.
L' Orstom a établi l'inventaire des ressources eneau de surface, et a étudié leur variabilité.
Le BRGM prospecte les potentialités des ressources en eaux souterraines.
- l'inventaire des solutions techniques visant à lamobilisation de ces ressources (prélèvements, stockage, transfert. .. ) ;
Le "schéma d'utilisation" des eaux, dressé par laDAF, fournit l'échéancier des implantations desouvrages hydrauliques.
- la simulation numérique des différents scénarios retenus afin de tester l'efficacité des solutionsenvisagées.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
L' Orstom, à la demande duConseil général, a développéHYDRAM, outil informatiqued'aide à la plaJ1ljicalion deshydJ·o-aménagemenls.
Les propositions de la DAF VI
sent:
- à l'amélioration du rendement des réseaux,
- au renforcement de l' utilisation des ressources de surface mobilisables,
- à l'augmentation des capacités de stockage,
- à la recherche de nou velil.1 les ressources souterraines,
- à la préservation de la qualité des eaux.
Les rendements des réseaux d'adduction de la Guadeloupe sontfaibles, de l'ordre de 50 %, seulement 30 % pour l'agglomération pointoise. Leur améliorationsera facilitée par ('utilisation dela télégestion qui permettra dedéceler plus rapidement les consommations abusives ou les prélèvements illicites, de même queles fuites, mais à condition quesoit entreprise en urgence uneaction de rénovation des réseauxdéfaillants. Ces rendements pourraient, ainsi, être portés à 60 %.
Le renforcement de J'utilisationdes ressources de surface seralimité aux cours d'eau peu exploités, mais ils sont peu nombreux et une pression supplémentaire exercée sur les eaux de surface ne pourrait que nuire àl'équilibre écologique des milieux aquatiques.
L'augmentation des capacités destockage sous la forme de réservoirs de quelques centaines oumilliers de mètres cubes permettra de mieux absorber les pointesde consommation. Mais, il estd'ores et déjà prévu d'implanterdes retenues de stockage de plus
grande capacité (plusieurs centaines de milliers demètres cubes) qui permettront de relever de façonsensible les débits dérivables en période d'étiage.
La recherche de nouvelles ressources souterrainespourrait déboucher sur l'utilisation d'une eau à l'abride toute pollution atmosphérique et constituer un complément non négligeable à l'apport des eaux de surface.
La préservation de la qualité des eaux de surface et deseaux souterraines passe par un contrôle permanent dela qualité de l'eau et une surveillance rigoureuse deséventuelles sources de pollution.
La mise en place et la gestion de retenues implantéesen Basse-Terre posera cependant certains problèmes:
- les risques sismiques doivent être pris en comptedans cette région active,
- des périmètres de protection stricte doivent êtreinstallés pour éviter la pollution des eaux stockées,
- la qualité bactériologique des eaux doit êtrecontrôlée rigoureusement.
En principe et dans la mesure du possible, les eaux quitransitent par les retenues devront être destinées àl'irrigation, alors que les ressources prélevées au filde l'eau, de meilleure qualité, devront être réservéesà l'alimentation en eau potable des populations. Unapport complémentaire d'eau souterraine constituerait, sans aucun doute, un renforcement efficace del'alimentation en eau potable.
Concernant J'économie de l'eau, les recherches conduites sur la modélisation de la circulation atmosphérique doivent aider, à terme, à prévoir les sécheressesexceptionnelles et de prendre des dispositions en matière de gestion des stocks d'eau et d'orientation desplans culturaux. Une bonne maîtrise de l'irrigation estun impératif qui permettra d'éviter d'énormes gaspillages.
Quelles que soient les décisions techniques adoptéespar les collectivités locales et les administrations concernées, il revient à chaque Guadeloupéen de préserver l'eau d'une dégradation irréversible (rejet d'ordures, d'eaux usées, d'huiles de vidange, de produitstoxiques ... ), et de s'interdire tout gaspillage.
En Guadeloupe plus qu'ailleurs, en raison des limitesgéographiques de J'archipel et de la fragilité de sesécosystèmes terrestres et marins, l'eau douce essentielle à la vie des hommes et à l'équilibre des milieuxnaturels, doit faire l'objet de la plus grande attention.
LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU
Glossaire
A.E.P.alimentation en eau potable
Adduction (d'eau)transport de l'eau du lieu de production vers les zones de consommation par conduite, oucanal de dérivation (le réseau de distribution assure la desserte individuelle)
Aérobiese dit des micro-organismes qui ne peuvent vivre qu'en présence d'oxygène, et des réactions biochimiques qu'ils provoquent
Affermage (contrat d')contrat par lequel la collectivité propriétaire abandonne l'exploitation duréseau à un tiers moyennant le paiement d'un loyer (une fraction desrecettes de vente d'eau)
Agressivequalificatif de l'eau: non seulement le calcaire n'y précipite pas, mais elle re-dissout les lU.dépôts qu'elle rencontre. De plus, son acidité favorise la corrosion des conduites métalli-ques (cas des eaux superficielles de la Basse-Terre)
Alimentation d'une nappeApport d'eau externe de toutes origines à un aquifère
Anaérobiese dit des micro-organismes vivant en l'absence d'oxygène et également des réactionsbiochimiques qu'ils produisent
Anticyclonezone de relative haute pression
Aquifèrecorps de roche perméable comportant une zone saturée en eau
Basses-eauxpériode de l'année au cou rs de laquelle les rivières ont les débits minimaux
Bassin versantaire limitée par le contour à l'intérieur duquel l'eau précipitée s'écoule vers un point de larivière
Biefportion de cours d'eau aux caractéristiques hydrauliques sensiblement constantes
Bilan hydrologiqueexprime la répartition des volumes d'eau intervenant dans le cycle de l'eau
Brasdivision naturelle d'un cours d'eau; est utilisé en Guadeloupe pour désigner un affluent
Canalvoie d'eau artificielle utilisée pour l'irrigation en Basse-Terre, pour le déplacement des embarcations en Grande-Terre
Capacité d'infiltration (d'un sol)intensité maximale de pluie qu'un sol peut absorber
Capacité de rétentionaptitude du milieu à retenir l'eau
Circulation généraleensemble de mouvements atmosphériques s'étendant sur la totalité du globe terrestre
Coefficient d'écoulementrapport de la lame d'eau écoulée à la lame d'eau précipitée sur une période donnée surune surface donnée
Coefficient d'irrégularitécoefficient K3, rapport de la valeur d'une variable en année humide de fréquence décennale à la valeur relative à l'année sèche de même fréquence
Conduite forcéecanalisation permettant le transport d'eau gravitairement ou sous pression
Cours d'eauvoie empruntée préférentiellement par les eaux météoriques
Crueaugmentation du débit d'une rivière
Cycle de l'eaucirculation de l'eau sous ses différents états dans la nature
Cyclone.lli perturbation atmosphérique tourbillonnaire
Débitvolume d'eau (ou de liquide) écoulée par unité de temps (exprimé généralement en litresou en mètres cubes par seconde, par heure ou par jour)
Débit fictif continuc'est le débit constant qui transiterait par un exutoire unique où seraient collectés et régularisés tous les écoulements d'un territoire donné (la même notion peut être appliquée à unensemble de prélèvements)
Débit de baseécoulement différé lié à la vidange des aquifères
Débit de pointedébit maximal de crue
Débit moyen annuelvaleur obtenue en faisant la moyenne des débits journaliers de l'année
Débit moyen mensuelvaleur obtenue en faisant la moyenne des débits journaliers du mois
Débit moyen interannuelvaleur moyenne des débits moyens annuels ou mensuels calculée sur plusieurs années
Débit solidecharge solide transportée lors des crues (boues, sable, blocs rocheux, végétaux ...) par unité detemps
Débit spécifiqueDébit calculé par unité de surface de bassin versant (généralement exprimé en m3/s/km")
DCEdébit caractéristique d'étiage ou débit journalier dépassé 355 jours par an
OC 30débit journalier dépassé 335 jours par an
DMAdébit journalier minimal annuel, en année normale
Dolinedépression fermée résultant de la dissolution du calcaire
Drainageévacuation des eaux superficielles et souterraines en excès dans une zone
Eaux météoriqueseau contenue dans l'atmosphère dans ses différents états
Eaux de surfacemasses d'eau douce liquide inerte ou en mouvement à la surface de la terre
Eaux souterrainesmasses d'eau contenues dans le sol
Effluentliquide qui sort de son contenant
Embâcleobstruction du lit d'un cours d'eau par amoncellement de matériaux (d'ori-gine naturelle ou non) à l'amont desquels l'eau s'accumule jusqu'à ceque l'ensemble cède sous la pression et laisse dévaler une onde decrue particulièrement dévastatrice
Endoréïsmecaractère des zones drainant les eaux vers des plans d'eau sans exutoire
Énergie cinétiqueénergie d'un corps en mouvement
Épisode pluvieuxensemble de pluies associées à une même perturbation météorologique
Équilibre calco-carboniquec'est l'équilibre chimique qui s'établit entre le gaz carbonique et le calcaire dissous dansl'eau. Si le calcaire est excédentaire, l'eau est dite incrustante car le calcaire en excèsprécipite, se dépose sur la paroi des conduites et concourt à leur protection contre la corrosion (cas de l'eau prélevée dans l'aquifère de Grande-Terre)
Équivalent / Habitantcharge polluante représentée par des valeurs conventionnelles de divers paramètres etcorrespondant à la pollution moyenne que produirait un habitant permanent. On utilisecette notion plutôt que celle de la population recensée pour tenir compte des migrationsdiurnes ou saisonnières liées aux activités scolaires, professionnelles ou de loisirs
Érosiondésagrégation du sol sous l'impact des gouttes de pluie, le ruissellement et l'écoulement
Étalonnage 1
ensemble des opérations de mesure des débits d'un cours d'eau en vue d'établir la relation hauteurdébit en une station
Étiagepériode de l'année où les débits sont les plus faibles (basses eaux)
Evapotranspi rationensemble des phénomènes d'évaporation et de transpiration des plantes
Évapotranspiration potentielleETP, aptitude de l'atmosphère à faire évaporer l'eau des nappes d'eau libre et à faire transpirer lesplantes en considérant les apports d'eau suffisants (exprimée en hauteur d'eau)
Exutoirepoint d'une rivière par lequel s'écoule les eaux en provenance du bassin versant
Foehnvent échauffé et asséché par un mouvement descendant en général en aval d'une montagne
Gérance (des réseaux)exploitation par un mandataire salarié. Par exemple, le syndicat de Pointe-à-Pitre Abymespaie le personnel de la SOGEA affecté à la gestion de son réseau et les frais de fonctionnement correspondants
Gouttes de pluiegouttes dont le diamètre moyen est compris en général entre 0,5 et 2 mm
Gradient pluviométriquevariation de la hauteur pluviométrique en fonction de l'altitude
Jaugeagemesure du débit de la rivière
Hautes eauxniveau élevé des cours d'eau
Hivernagepériode de l'année où sont concentrées la plupart des précipitations
Humidité de l'airl.l..6. masse de vapeur d'eau contenue dans un volume d'air
Hydrogrammecourbe représentant la variation du débit d'une rivière en fonction du temps
HydrologieSciences des eaux: étude de leurs formes d'existence, de leur circulation et de leur distribution, de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques, de leurs interactions avecle milieu y compris leurs réactions aux activités humaines
Hyétogrammegraphique donnant les hauteurs de pluie tombée en fonction du temps
Impluviumaire dans laquelle les précipitations contribuent à l'alimentation d'un réservoir donné
Infiltrationpénétration d'eau superficielle dans le sol sous l'effet de la gravité et de la capillarité
Inondationétalement sur une zone qui n'est pas normalement submergée
Insolationquantité de rayonnement solaire direct incident
Intensité de pluiehauteur de pluie sur un intervalle de temps donné (exprimée généralement en mm parminute ou en mm par heure)
Interface eau douce/eau saléesurface séparant les deux fluides
Isohyètelieu des points de même hauteur de précipitation sur une période donnée
Jaugeagemesure du débit d'un cours d'eau à un instant donné
Laguneétendue d'eau continentale en communication avec le milieu marin
Lame d'eauhauteur de pluie moyenne tombée sur une région
Limnigrapheappareil enregistreur du niveau d'eau de la rivière en un lieu
Litvoie tracée par un cours d'eau: la quasi-totalité de l'écoulement s'effectue par le lit mineur, les débordements affectent le lit majeur
MétéorologieEtude des phénomènes atmosphériques et de leurs lois
Microclimatclimat d'une région naturelle de petite étendue
Modélisationun modèle numérique permet la simulation mathématique du fonctionnement d'un systèmequelconque
Modulevaleur moyenne d'un débit (ex: module annuel, modules mensuels)
Morphologieanalyse de la forme des terrains, de leur relief, de leur réseau de drainage ...
Moulinet 111appareil muni d'une hélice utilisé pour mesurer la vitesse d'écoulementd'un cours d'eau
Nappe captivenappe d'eau souterraine sans surface libre
Nappe phréatiquenappe d'eau souterraine à surface libre (nappe libre)
Nappe souterraineensemble des eaux comprises dans la zone saturée d'un aquifère
Niveau piézométriquematérialisé par le niveau libre de l'eau dans un tube vertical plongeant dans une nappesouterraine et ouvert à l'atmosphère
Orographiquerelatif au relief, aux ensembles montagneux
Ouragancyclone tropical où le vent atteind une force 12 sur l'échelle de Beaufort correspondant àune vitesse supérieure à 58 noeuds
Période de retourintervalle de temps moyen entre l'apparition de deux événements (hauteur de pluie oudébit de valeur donnée)
pHindicateur de l'acidité (pH<?) et ou de l'alcalinité de l'eau (pH>?)
Pluieeaux météoriques sous forme liquide tombant sur le sol
Pluie décennalepluie qui se produirait, sur un grand nombre d'années, en moyenne tous les dix ans
Pluviographeappareil enregistreur de pluie
Pluviomètreinstrument utilisé pour mesurer la quantité d'eau précipitée en un lieu, généralement enune journée
Pluviositécaractérise la hauteur de pluie tombée par rapport à la hauteur moyenne de précipitationspendant une durée donnée
Porositérapport du volume des vides au volume total d'un matériau
Précipitationeaux météoriques sous forme liquide et solide tombant sur le sol
Pression atmosphériqueforce appliquée par unité de surface de la colonne d'air (pression normale: 1013 millibars)
Pyroclastiteroche issue d'éruption explosive formée de fragments soudés ou non
Régieexploitation des réseaux par le personnel de la collectivité propriétaire
Régime forestierensemble de contraintes réglementaires à but conservatoire (en particulier le contrôle dela gestion par l'Office National des Forêts) s'appliquant, en plus des forêts domaniales,aux espaces boisés de collectivités et des établissements publics
Régime hydrologiquell..a. distribution saisonnière des débits des cours d'eau
Récurrence (intervalle de)(ou période de retour) durée moyenne entre deux événements d'un phénomène
Réseau hydrographiqueensemble des voies d'eau et des plans d'eau noyés temporairement ou non
Réseau hydrométriqueensemble de postes, stations ou sites de mesure hydrométrique (niveaux et débits descours d'eau)
Réseau pluviométriqueensemble de postes, stations ou sites de mesure pluviométrique (hauteurs de pluie tombée)
Résurgenceretour en surface d'un écoulement souterrain
Ruissellementécoulement par gravité à la surface du sol
Sédimentationdépôt de particules de matériaux transportées en suspension
Sourceémergence d'une nappe d'eau souterraine de laquelle il peut résulter un ruisseau
Station hydrométriqueensemble des installations de mesure des hauteurs d'eau et des débits en une sectiond'un cours d'eau
Surface agricole utilisée (SAU)surface des terrains affectés, même de façon extensive (exemple: lande parcourue par lebétail) à une activité de type agricole. La SAU est différente des zones agricoles des plansd'occupation des sols: les friches abandonnées et les surfaces stériles (carreaux de carrières, surfaces construites) en sont exclues
Tarissementdécroissance des débits d'un cours d'eau correspondant à la vidange des nappes en dehors de toute alimentation (précipitation ou recharge)
Temps de basetemps écoulé entre le début de la montée de l'hydrogramme et le moment où la courbe dedécrue rejoint celle du débit de base
Liste des sigles
Association Syndicale autorisée de l'Irrigation de la
Côte-Au-Vent
A81CAV
Temps de concentrationtemps le plus long que met une particule d'eau provenant d'un point éloigné de l'exutoirepour parvenir à celui-ci
Temps de montéetemps qui s'écoule entre l'apparition du ruissellement et le maximum de la crue
Thalwegligne joignant les points les plus profonds d'une vallée ou du lit d'un cours d'eau
Transport solidedéplacement par les eaux de matériaux emportés en suspension, en saltation ou charriés
Turbiditéteneur en matériaux transportés en suspension d'un cours d'eau.
BRGM
CCEE
Bureau de Recherche Géologique et Minière
Conseil de la Culture, de l'Éducation et de l'Environnement
UE Union Européenne
CGSP Compagnie Guadeloupéenne des Services Publics
DAF Direction de l'Agriculture et de la Forêt
DDASS Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale
ODE
DOM
DIREN
Direction Départementale de l'Équipement
Département(s) d'Outre-Mer
Direction Régionale de l'ENvironnement
DRAE
DRIRE
GFA
INRA
IRFA
Délégation Régionale à l'Architecture et l'Environnement
Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement
Groupement(s) Foncier(s) Agricole(s)
Institut National de Recherche Agronomique
1nstitut de Recherche sur les Fruits et Agrumes
ORSTOM Institut Français de Recherche Scientifique et Technique pour le
Développement en Coopération
POS
SAFER
SAGE
SATE8E
Plan d'Occupation des 80ls
Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural
Schéma d'Aménagement des Eaux
Service d'Assistance Technique à l'Exploitation des Stations d'Épuration
SIAEAG
SICCSV
SOGEA
SRAE
UAG
Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eau et d'Assainissement de la
Guadeloupe
Syndicat InterCommunal du Sud de la Côte Sous-le-Vent
SOciété Générale d'Eau et d'Assainissement
Service Régional d'Aménagement des Eaux
Université Antilles-Guyane
Bibl iographie
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Les adductions d'eau en Guadeloupe. Besoins et ressources.État de la situation au 1er avril 1967.
120 DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE L'ÉQUIPEMENT (Guadeloupe) - 1967
Étude des besoins en eau potable du Grand Pointe-à-Pitre et de la Grande- Terre(Habitat, Industrie, Tourisme). Echéancier des besoins.
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Lutte contre les inondations dans les OOM- TOM.Problèmes concernant l'occupation des lieux et les règles de construction.ORSTOM - Paris.
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Carte de la qualité des eaux de surface.D.A.F. - Basse-Terre, à paraître.
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97100 Basse-Terre