la jaune et la rouge, la revue de polytechnique alumni ......nanotechnologies : dessin d’un petit...

68

Upload: others

Post on 07-Oct-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 2: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 3: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Revue mensuelle de laSociété amicale des anciens élèvesde l'école polytechnique5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.46.33.74.25Mél : [email protected]

Directeur de la publication :Marcel RouletRédacteur en chef :Jean DuquesneRédacteur conseil :Alain ThomazeauSecrétaire de rédaction :Michèle LacroixTél. : 01.46.34.57.01

Tarif 1998Prix du numéro : 50 FNuméro spécial : 90 FAbonnements :10 numéros/an : 350 FMembres de l'Association :Promos 87 et antér. : 210 F ;88 à 91 : 160 F ; 92 à 94 : 105 F

Éditeur :Société amicale des anciens élèvesde l'École polytechniquePublicité :Ofersop, M. Baratta,55, bd de Strasbourg, 75010 ParisTél. : 01.48.24.93.39Fabrication :Éditions de l'AulneImpression :Loire Offset Plus

Commission paritaire n° 65 147ISSN 0021-5554

Tirage : 12 900 exemplaires

N° 533 - MARS 1998

Ascension en Cordillère royale.© VINCENT GINABAT

LA JAUNE ET LA ROUGEREVUE MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

L I B R E S P R O P O S 33 L’OFTA a quinze ans par Marc DUPUIS (53)

8 Liberté, égalité, fraternitéest-elle une devise de la civilisationde l’Internet ? par André DANZIN (39)

13 Quelle écologie pour le XXIe siècle ?Pour une écologie ouverte, aménagiste et anthropocentriste, pour une écologie de liberté par Jacques BOURDILLON (45)

22 Les langues pour comprendre notre monde par Michel MALHERBE (50)

25 Faire crédit autrement par Hervé GLASEL (85)

27 La dette des municipalités, refinancement de leurs empruntspar Pierre MOULIN (49)

29 Bienvenüe en Mortainaispar Alexandre OSSADZOW (55)

32 Retour aux Andes par Vincent GINABAT (90)

37 Courrier des lecteurs

39 Bridge, Récréations scientifiques, Discographie

41 Allons au théâtre

43 Mots croisés

44 Livres

39A R T S , L E T T R E S E T S C I E N C E S

53 Résidence de Joigny, en janvier...

54 Cotisation 1998, Convocation de promotion, Groupes X

55 Anciens et Anciennes du Chœur et orchestre des grandes écoles

56 Prix Michel Sacerdote le 28 janvier 1998

57 GPX

59 Carnet polytechnicien, Tous sur Internet !

V I E D E L’ A S S O C I AT I O N 53

V I E D U C N I S F 52

V I E D E L’ É C O L E 48F O R M AT I O N 50

61 Bureau des Carrières

63 X-Entrepreneur

64 Autres annonces

A N N O N C E S 61

Ce numéro comprend un encart broché “ La Maison des Polytechniciens ”de deux pages, entre la première de couverture et la page 1.

JPH
Tampon
JPH
Tampon
JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 4: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 5: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 3

1 – L’OFTA :contexte et objectifsUn problème important et nou-

veau auquel la France devait faire faceen 1982 était la nouvelle concurrenceque certains pays, et en particulier leJapon, apportaient à son industrie. Ilapparaissait donc intéressant de créerun instrument qui permette à notreindustrie d’évaluer le plus rapidementpossible les technologies émergentes,de façon à être présente au bon momentdans les bons secteurs.

La même nécessité d’une évalua-tion rapide subsiste aujourd’hui, c’est-à-dire quinze ans plus tard. À la concur-rence qui, en 1982, était apportéeessentiellement par le Japon, se sontajoutées celle créée par les États-Unis,qui, après la fin de la guerre froide,ont mis l’accent sur les applicationsciviles des techniques avancées, ainsique celle apportée par d’autres paysqui ont substantiellement élevé leurniveau technologique et industrieldurant ces quinze dernières années.D’autre part, au problème de la concur-rence s’est ajouté le problème connexedu chômage, qui n’a cessé de deve-nir de plus en plus aigu. Dans ces

Comme les lecteurs de La Jaune et la Rouge s’en souviennent, l’A.X. a organisé, en 1982, un grand colloquesur la place de la France dans les techniques de pointe. L’initiative en était due à Jacques Bouttes (52).À l’issue du colloque, le Conseil de l’A.X. a décidé de créer un observatoire et m’a demandé de le lancer.L’Observatoire français des techniques avancées (OFTA) a ainsi été constitué sous la forme d’une associationsans but lucratif régie par la loi de 1901. Le premier président en a été Jean-Pierre Bouyssonnie (39).Le président actuel est Jacques Bouttes (52). Tous deux sont présidents d’honneur de l’A.X. Beaucoup de formules pouvaient être retenues sous le nom d’observatoire. Celle que j’ai proposéeet qui a été adoptée est la suivante.

Marc Dupuis (53),professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI)

et directeur de l’Observatoire français des techniques avancées (OFTA)

L I B R E S P R O P O S

L’OFTA a quinze ans

Nanotechnologies :dessin d’un petitbonhomme faitde 28 molécules demonoxyde de carboneadsorbées sur unesurface de platine etdéplacées avec lapointe d’un microscopeà effet tunnel.(Image communiquéepar Donald Eigler,IBM Almaden,à Christian Joachim,CEMES, CNRS,coordinateur duGroupe“ Nanotechnologieset micromachines ”,et reproduite dansARAGO 12, 1992.)

JPH
Tampon
Page 6: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

conditions, disposer d’instrumentsd’analyse de haut niveau pour la sélec-tion des domaines technologiquesnouveaux où il faut être présent àtemps, apparaît de plus en plus indis-pensable à tout pays qui veut gardersa place dans la compétition mon-diale. La mise en œuvre de l’Obser-vatoire français des techniques avan-cées (OFTA) repose donc sur laconviction que la prospérité écono-mique et le traitement du problème duchômage reposent pour une large partsur la maîtrise et la mise en œuvredes technologies les plus avancéesdans tous les domaines de l’activitéindustrielle et des services.

L’activité de l’OFTA réside dansl’organisation de groupes de travailportant sur des thèmes associant étroi-tement la science et la technologie etjugés susceptibles de prendre uneimportance stratégique. Certains sontémergents, d’autres sont de nouveauxdéveloppements dans des domainesdéjà anciens. La mission de chaquegroupe est, en premier lieu, de répondreau mieux à la question de savoir si lethème est véritablement porteur ounon, ou encore si l’échéance à laquelleil est susceptible de le devenir estproche ou, au contraire, ne risque pasd’être beaucoup plus lointaine qu’ilne paraît a priori. En effet, certainesavancées font parfois l’objet d’unepublicité médiatique excessive et ilest tout aussi important d’être pré-sent à temps dans un domaine porteurque d’éviter d’investir dans une voiequi s’avère rapidement être une impasse.

L’évaluation du domaine considérérepose sur une analyse approfondiede l’état de l’art, des applications pos-sibles et des conditions d’application,ainsi que des enjeux de toute nature.Cette analyse doit déboucher finale-ment sur des propositions et recom-mandations quant aux orientations àprendre et actions à entreprendre enmatière de recherche, développement,industrialisation et formation. En unmot, il s’agit pour le groupe de répondreà la question : “ Que faire ? ” et, danscette optique, il lui appartient de défi-nir sa propre problématique. L’OFTAn’est donc pas un séminaire au sensacadémique du mot, même si certainsrésultats de recherche peuvent y être

annoncés, ni un système de forma-tion continue : tous les membres d’ungroupe sont compétents sur le sujet.

2 – Les groupesde travailChaque groupe est limité à une

vingtaine de spécialistes pour des rai-sons d’efficacité, et sa compositiondoit refléter un équilibre entre lesacteurs principaux de la commu-nauté scientifique et technologiquefrançaise, c’est-à-dire l’administra-tion, l’université et les grandes écoles,les organismes nationaux de rechercheet développement et l’industrie. Lesgroupes sont formés sur invitation :les spécialistes qui sont invités le sonten raison de leur compétence et dudynamisme, dans le domaine concerné,des organismes auxquels ils appar-tiennent. Il est entendu que ces orga-nismes sont impliqués par le fait d’êtrereprésentés dans les groupes. Danscet esprit, les industries désignentsouvent elles-mêmes leurs représen-tants. Il convient d’ajouter qu’ungroupe n’est lancé que s’il est pos-sible de trouver une représentation suf-fisamment importante de l’industrieet des organismes nationaux derecherche et développement.

Chaque groupe est conduit parun “ coordinateur ”, qui est toujoursune personnalité reconnue pour sacompétence dans le domaine étudiéet qui a des relations étroites aussibien avec le monde académiquequ’avec l’industrie.

Les travaux durent deux ans. Unedurée inférieure conduirait à uneanalyse superficielle, une durée supé-rieure à une certaine routine. Lerythme est d’une réunion toutes lessix semaines, ce qui conduit au totalà une quinzaine de réunions, comptetenu des arrêts dus aux vacancesd’été. Le rythme ne saurait être plustendu, car les membres des groupesont tous des responsabilités dansleurs organismes d’appartenance. S’ilétait moins rapide, la dynamique destravaux baisserait d’intensité. Aprèschaque réunion, un rapport cir-constancié est rédigé par un rap-porteur désigné à cet effet au débutdes travaux. Sa diffusion est limitée

aux membres permanents du groupeet la collection de ces rapports, quireprésente au bout de deux ans plu-sieurs centaines de pages, constitueun instrument de travail conséquent.À la fin des travaux, un rapport desynthèse est rédigé et entre dans unesérie qui a été appelée ARAGO. Celle-ci a été diffusée par Masson à par-tir du volume 5 jusqu’au volume 17et l’est maintenant par Lavoisier,depuis le volume 18. Au cours destravaux, de nombreux intervenantssont invités en audition, non seule-ment français, mais aussi issus d’autrespays européens ; certains sont amé-ricains ou japonais.

Chaque volume de la série ARAGOest en fait un livre dont la longueurvarie maintenant entre 300 et 400pages. Il n’est pas la compilation desrapports de réunion. Il comprendd’une part les conclusions et recom-mandations du groupe, et d’autrepart un état de l’art approfondi. Ilfaut noter que l’objectif premier d’ungroupe n’est pas d’écrire un livre. Lespremiers bénéficiaires des travauxsont les membres du groupe par leurprésence aux réunions et leur parti-cipation aux discussions : l’OFTArepose sur l’idée que la confronta-tion des points de vue d’une ving-taine de spécialistes très compétentssur un sujet génère une valeur ajou-tée. Il appartient ensuite à chacundes membres du groupe d’en fairebénéficier son organisme d’apparte-nance. Mais la rédaction d’un rap-port de synthèse est importante deplusieurs points de vue : elle struc-ture la réflexion, permet de faire pas-ser certains messages auprès des res-ponsables de la communautéscientifique et technique et donne,lors de la formation de nouveauxgroupes, une idée précise du niveauet du style des travaux de l’OFTA.

Chaque volume de la série ARAGOest présenté au cours d’une “ Journéede l’OFTA”. Cette Journée, précédéela veille d’un petit déjeuner spécia-lement organisé pour la presse, estl’occasion, par l’intermédiaire d’unegrande table ronde réunissant desresponsables issus du monde aca-démique, de l’administration, desorganismes nationaux de recherche

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE4

Page 7: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

et développement et de l’industrie,d’organiser un débat sur les conclu-sions et recommandations. La for-mation d’un groupe prenant de sixmois à un an, et la rédaction du rap-port de synthèse six mois, la mise enœuvre d’un groupe de l’OFTA estune opération de trois à quatre ans.Après la “ Journée de l’OFTA ”, legroupe est dissous.

Le financement des travaux d’ungroupe de l’OFTA est assuré par lesorganismes qui y sont représentés :il n’y a pas de cotisation annuellerégulière, mais seulement une par-ticipation financière ponctuelle, cor-respondant à une participation à ungroupe déterminé.

3 – Les thèmes étudiésActuellement, quatre groupes fonc-

tionnent simultanément, ce qui signi-fie que chaque année deux groupesprésentent le résultat de leurs travaux,tandis que deux nouveaux groupessont formés.

Lors du choix des thèmes, le plusgrand soin est pris de ne pas faireredondance avec d’autres initiatives,prises ailleurs. D’autre part, ne sontjamais retenus des thèmes de natureexclusivement fondamentale, qui sontdu ressort du CNRS ou de l’INSERM,ou qui ont un caractère transversal,pour lesquels le Conseil pour les appli-cations de l’Académie des sciences(CADAS) est tout particulièrementcompétent, ou encore ceux où desintervenants majeurs existent et ontvocation à les traiter, tels que la DGA,le CEA, EDF, GDF, le CNES ou leCNET.

24 groupes ont été créés à ce jour.20 d’entre eux ont présenté leurs rap-ports de synthèse : la liste des volumescorrespondants de la série ARAGOest donnée dans le tableau 1. Quatregroupes sont actuellement en coursde fonctionnement : 2 ont été créés en1996 et 2 en 1997. Leur liste est don-née dans le tableau 2.

Les thèmes retenus peuvent êtreclassés autour de quatre pôles : l’in-formatique et les télécommunications(composants et logiciel), les maté-riaux, les biotechnologies et la mise enœuvre des systèmes. Toutefois, cette

classification n’est pas unique et ilexiste des thèmes étudiés qui peu-vent être classés dans plusieurs pôles.Ces pôles apparaissent naturellementdans la mesure où les thèmes choisisassocient étroitement la science et latechnologie, la recherche fondamen-tale et le développement. Les thèmesétudiés ont été choisis parce qu’ilsapparaissaient susceptibles d’être ce quel’on pourrait appeler des thèmes stra-tégiques ou encore des thèmes “ sen-sibles ” du domaine civil, comman-dant le développement industriel etéconomique, et qu’il est essentiel pourtout pays développé de s’y intéresserde très près et d’y consacrer les effortsqui s’imposent. Ils ont, en particulier,une nature générique qui contribueà leur importance potentielle, du faitde leurs applications possibles dans denombreuses industries.

On notera que certains thèmesétudiés n’ont pas connu le dévelop-pement que l’on pouvait penser : maisil ne faut pas oublier qu’ils ont étéchoisis à une époque où, précisément,la question de leur importance réellese posait. C’est le cas, par exemple,de l’élaboration des matériaux dansl’espace, thème qui a été abordé en1983. De même, certains thèmes sontaujourd’hui banalisés : là encore, ilsne l’étaient pas à l’époque où ils ontété retenus.

L’on remarquera le titre d’ARAGO 9“ Industrial applications of materialprocessing in space – A Europeanapproach”. Il est en anglais parce qu’ilcorrespond à une tentative faite en1987 de créer des groupes de com-position élargie à d’autres pays euro-péens. L’initiative de 1983, limitée àla France et dont avait été issu ARAGO 2

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 5

Tableau 1Série ARAGO : rapports de synthèse des groupes de travail de l’OFTA

Tableau 2Groupes de travail de l’OFTA en cours de travaux au 1er janvier 1998

ARAGO 1ARAGO 2ARAGO 3ARAGO 4ARAGO 5ARAGO 6ARAGO 7ARAGO 8ARAGO 9

ARAGO 10ARAGO 11ARAGO 12ARAGO 13ARAGO 14ARAGO 15ARAGO 16ARAGO 17ARAGO 18ARAGO 19ARAGO 20

La conception généralisée (décembre 1985)Les applications industrielles de la microgravité (mars 1986)L’imagerie médicale (juin 1986)La haute intégration en électronique (mars 1987)Optoélectronique et réseaux de communications (mars 1988)Les matériaux métastables (octobre 1988)L’électronique moléculaire (décembre 1988)Systèmes experts et conduite de processus (octobre 1989)Industrial applications of material processing in space –A European approach (mars 1990)Applications de la supraconductivité (juin 1990)Les réseaux de neurones (mars 1991)Nanotechnologies et micromachines (novembre 1992)Optoélectronique moléculaire (avril 1993)Logique floue (février 1994)Informatique tolérante aux fautes (mars 1994)Matériaux polymères – Enjeux et perspectives (juin 1995)Matériaux hybrides (juin 1996)Nouvelles interfaces homme-machine (décembre 1996)Ordinateurs et calcul parallèles (avril 1997)Application des techniques formelles au logiciel (juin 1997)

• Problèmes inverses (mai 1996 –)• Microsystèmes (octobre 1996 –)• Biomimétisme et matériaux (mai 1997 –)• Logiciel et réseaux de communications (octobre 1997 –)

Page 8: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

“ Les applications industrielles de lamicrogravité ”, a été reprise au niveaude l’Europe. Le fonctionnement de cegroupe, dont certains membres per-manents étaient allemands, suédoiset italiens, a été tout à fait satisfai-sant : il est vrai que ce sujet s’y prê-tait, compte tenu du contexte européendans lequel le coût de sa mise enœuvre l’inscrivait nécessairement.Néanmoins l’organisation d’un groupede composition européenne est beau-coup plus compliquée, pour de mul-tiples raisons, que celle d’un groupede composition française, et l’expé-rience n’a pas été renouvelée. La solu-tion consistant à inviter en audition desspécialistes issus de pays autres quela France a été préférée. Il convientd’ajouter que l’internationalisationdes activités de recherche et déve-loppement a progressé depuis le débutdes années 1980. Il en résulte que,depuis plusieurs années, certainescompagnies étrangères, américainesou autres, ayant des filiales en France,ont participé ou participent à desgroupes de l’OFTA.

4 – Bilande quinze annéesde fonctionnement

Depuis la fondation de l’OFTA,plus de 500 spécialistes ont participéaux groupes de travail, tandis queprès de 300 intervenants extérieursont été entendus en audition. Ainsiun réseau significatif d’experts s’est-il créé peu à peu autour de l’OFTA.Quelle a été la part, dans ce réseau, dela communauté polytechnicienne? Lenombre de camarades ayant participéou participant à un groupe de travails’est élevé à 50. Quatre d’entre eux ontconduit un groupe en tant que “coor-dinateur ” : il s’agit de Jean-ClaudeWanner (50), (ARAGO 1 – La concep-tion généralisée); Jacques Toulemonde(45), (ARAGO 8 – Systèmes expertset conduite de processus) ; JosephZyss (69), (ARAGO 13 – Optoélectro-nique moléculaire) et Michel Gondran(65), (ARAGO 20 – Application destechniques formelles au logiciel).

Parmi les sociétés ayant participéou participant à un groupe de l’OFTA,

très peu sont des PME : celles-ci sontsouvent occupées avant tout par lecourt terme, ou estiment ne pas avoirle personnel nécessaire pour assisteraux réunions ni les fonds suffisantspour apporter une contribution auxfrais de fonctionnement.

En revanche, la quasi-totalité desgrands organismes nationaux et lamajeure partie des grandes sociétésindustrielles ont participé à plusieursgroupes de l’OFTA.

Cette fidélité est la preuve de l’in-térêt du système. Si celui-ci n’étaitpas réel, l’OFTA aurait disparu depuislongtemps faute de continuer à trou-ver des organismes qui soient prêts àparticiper à ses groupes de travail età en financer le fonctionnement :quinze ans est une période suffisam-ment longue pour que l’intérêt dusystème ait pu être mesuré avec exac-titude et soit reconnu. De plus, si denombreux organismes et sociétés finan-cièrement puissants participent auxgroupes de travail, aucun d’entre eux,public ou privé, n’apporte un soutienfinancier majeur : la charge est uni-formément répartie, avec une simplemodulation suivant la taille de l’or-ganisme participant. En conséquence,l’OFTA est indépendant de qui quece soit et la réflexion n’est soumise àaucune contrainte ou pression : c’estun aspect du système qui est trèsapprécié.

Quels sont les facteurs qui ontassuré la pérennité de l’OFTA, sansorganisme financièrement puissantsur lequel s’appuyer ?

En premier lieu sans doute, il fautciter le niveau scientifique de laréflexion, maintenu aussi élevé quepossible, qui permet de s’assurer leconcours des meilleurs spécialistes(la taille des groupes étant limitée,cela ne signifie pas que tous les spé-cialistes dont le niveau justifierait l’in-vitation soient nécessairement pré-sents dans les groupes). D’autre part,la réflexion est menée dans une optiqued’application concrète : cet aspect per-met de s’assurer la participation desindustriels les plus dynamiques et desgrands organismes nationaux derecherche et développement. En troi-sième lieu, il faut mentionner le faitque la formation d’un groupe, qui,

ainsi que nous l’avons déjà dit, durede six mois à un an, est étudiée avecle plus grand soin : le groupe, formésur invitation, est homogène en niveau;un noyau initial existe, fait de membresqui se connaissent, s’apprécient et sefont confiance ; il induit dès le départune atmosphère propice à des échangesfructueux.

Même si l’OFTA est conçu en pre-mier lieu comme un instrument deconcertation, de sélection, d’orienta-tion, et d’aide à la décision par la miseà disposition d’éléments d’analyse raf-finés, il peut aussi être perçu commeun outil de veille technologique, dontla spécificité est une mise en com-mun des informations associée à unexamen critique approfondi de leurcontenu par les experts mêmes dudomaine. C’est un autre aspect dusystème qui est également appréciépar certains membres, qui estimentde plus que la veille est assurée parl’OFTA à un moindre coût que pard’autres méthodes. D’autres appré-cient le temps de vie du groupe, suf-fisamment long, et le rythme desréunions, suffisamment rapide, pourpouvoir nouer des relations appro-fondies et enclencher des coopéra-tions. Enfin, la composition des groupes,rendue aussi pluridisciplinaire et plu-riprofessionnelle que possible suivantla nature des thèmes, permet deséchanges fructueux entre des domainesde spécialité et des secteurs d’appli-cation différents : ces échanges peu-vent conduire, sur une technologiemise en œuvre dans plusieurs branchesindustrielles, à réaliser des économiesdans une branche, en prenant connais-sance des erreurs faites et, plus géné-ralement, de l’expérience acquise dansune autre.

5 – La place de la France dansles technologiesavancéesQuels enseignements peut-on

tirer sur la place tenue par la Francedans les technologies avancées, àpartir de l’expérience acquise avecle fonctionnement de l’OFTA pendantquinze ans ?

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE6

Page 9: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Les réalisations de notre pays et lessuccès bien connus qu’il a remportésdans certains secteurs technologiques,ainsi que plusieurs distinctions reçuesdans les sciences fondamentales, nedoivent pas pour autant nous conduireà un optimisme excessif pour l’avenir.

En effet, il a été dit précédem-ment que deux nouveaux groupessont créés par an. L’expérience montreque pour être sûr de lancer annuel-lement deux groupes, il est néces-saire d’en mettre en chantier trois ouquatre. La raison en est que pour cer-tains thèmes émergents, qui font l’ob-jet de beaucoup d’attention aux États-Unis, au Japon et même enGrande-Bretagne ou en Allemagne,le processus de formation n’aboutitpas faute de pouvoir réunir une ving-taine de spécialistes de niveau élevé,avec un équilibre entre les princi-paux acteurs de la communauté scien-tifique et technologique française.

Certes, peut-on dire que pour tousles thèmes pris en considération, ils’est avéré exister en France, aussibien dans l’université et les grandesécoles, que dans les grands organismesnationaux de recherche et dévelop-pement et l’industrie, des chercheurset des ingénieurs, des laboratoires etdes firmes dont le niveau n’avait rienà envier au niveau existant dans lespays étrangers les plus avancés. Leproblème est que pour certains thèmes,la communauté qu’ils forment estd’un volume insuffisant. L’on pourraobjecter que la difficulté de formerun groupe sur un thème résulte peut-être d’une mauvaise connaissance dela part de l’OFTA des acteurs exis-tants. Cette objection ne tient pas,car s’il est possible, au départ, de trou-ver certains spécialistes issus du mondeuniversitaire et de l’industrie qui sontintéressés, ceux-ci, même en petitnombre, ont nécessairement uneconnaissance approfondie du domaineet de sa situation en France, et sont,lors de la formation du groupe, enposition de dresser une liste quasiexhaustive des membres potentiels :c’est cette liste dont la brièveté estpréoccupante ; ce n’est pas le nombrede réponses finalement positives à laproposition de l’OFTA, mais le vivierinitial qui est limité.

D’une manière plus générale, leconstat auquel conduit le fonction-nement de l’OFTA sur une quinzained’années est le suivant : si l’on défi-nit la communauté scientifique, tech-nologique et industrielle françaisequi s’intéresse réellement aux tech-nologies les plus avancées, et en par-ticulier à ce que nous avons appelé“ les technologies sensibles ”, par lefait qu’elle mobilise les hommes etles moyens nécessaires soit pour lesdévelopper, soit, en ce qui concerneles utilisateurs, pour les évaluer, lesmaîtriser, les adapter, éventuellementles améliorer, et enfin les mettre enœuvre le plus rapidement possible,on peut dire que cette communautéest d’une taille beaucoup plus réduitequ’il n’y paraît. Cette taille apparaîtinsuffisante si, en vue de faire la com-paraison avec d’autres pays, on larapporte au produit national brut ouencore à la population. Pour l’in-dustrie, le nombre de firmes que l’onpeut y compter est, en proportion,trop faible. Pour l’université et lesgrands organismes de recherche fon-damentale, la question se pose de

savoir si un nombre suffisant de cher-cheurs travaillent dans le secteur quele CNRS appelle les sciences pourl’ingénieur, lesquelles sont une com-posante majeure des technologiesstratégiques ou “ sensibles ”.

La maîtrise de ces technologiesest cependant essentielle pour toutpays qui veut maintenir son rangdans le monde où nous vivons. Dansl’esprit de service propre à l’École età la communauté polytechnicienne,l’OFTA s’efforce d’apporter une contri-bution à leur développement dansnotre pays. n

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 7

Calcul parallèle : lignes de frottement obtenues par calcul Navier-Stokes sur avion Airbus completavec un maillage de 3 500 000 nœuds, réalisé par Aerospatiale sur Cray J90 à 16 processeurs.

(Image communiquée par Christine Bonnet, Aerospatiale, membredu Groupe “ Ordinateurs et calcul parallèles ”, et reproduite dans Arago 19 , 1997.)

JPH
Tampon
Page 10: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE8

L I B R E S P R O P O S

La métamorphosede la société :une éclosiond’idées nouvelles

Cette métamorphose a pour moteurl’irruption des sciences et des tech-niques dans nos vies professionnelleset nos loisirs, dans notre santé, dansnos capacités d’être éduqués, de nouscultiver et de nous distraire. L’hommedomestiquant l’atome, conquérantl’espace sidéral et les océans, exploi-tant les énergies fossiles et les forêtsprimitives accroît son pouvoir d’usagede la nature au point de faire bascu-ler les équilibres écologiques. Maisd’autres agents travaillent encore plus

fondamentalement pour le change-ment. Ce sont ceux qui nous confè-rent un don d’ubiquité. Les trans-ports des biens et des personnes sontmassifs, illimités, rapides, écono-miques. Les informations numéri-sées, véhiculées par un même modede transport qui réunit images et sons,planétaires, immatérielles et immé-diates maintiennent sous influenceévolutive tous les esprits.

Nous parvenons à une troisièmeexplication du monde (3). La visionantique (Aristote-Ptolémée) avait cédéla place à celle de la Renaissance(Copernic-Galilée) dont les dévelop-pements devaient conduire à la cul-ture des Lumières. Nous quittons cemodèle appuyé sur la mécanique

rationnelle (le créateur “ grand hor-loger ”) pour chercher des sourcesd’inspiration dans les connaissancesréunies par la systémique, la cyber-nétique, la théorie de l’information etla biologie. À la place d’une naturefixée, évoluant lentement vers la mortentropique (4), nous comprenonsl’Univers comme “ un système histo-rique, évolutif, épigénétique et nonpréformé, à l’information croissante” (5).La physique des phénomènes éloi-gnés de leur position d’équilibre (6)

et la représentation mathématique desturbulences nous apprennent qu’àpartir d’une situation donnée où tousles facteurs d’évolution sont en acti-vité, plusieurs solutions équiprobablessont potentiellement présentes pourdéterminer l’avenir et que le bascu-lement vers une formule exclusive detoute autre sera déclenché par l’in-tervention d’un petit agent extérieur,par une fluctuation que l’on ne peutqu’assimiler au hasard (7). Contrai-rement au raisonnement de Laplace,l’avenir est pluriel et indéterminé.

Les Lumières nous proposaientune philosophie de la certitude surlaquelle seraient construites les idéo-logies sociales. La vision actuelle nousreconduit vers l’humilité : l’Homme est,par nature, un apprenti sorcier. “ Ilsait souvent ce qu’il fait mais il ne saitpas ce que fait ce qu’il fait ” (8). Notrelot est l’immersion dans l’incertitude.

La mondialisation par les réseaux informatiques bousculeles idées reçues. Elle est le symptôme et le symbole d’une révolution.Elle contribue au déploiement d’une métamorphose de civilisationqui fait entrer en mutation l’ensemble de nos univers de penséeet d’organisation sociale. Rien n’est épargné : les équilibresdémographiques, l’utilisation de l’espace, les sédentaritésdes habitats et des métiers, nos rapports au travail et notre usagedu temps, la place de l’État, des groupes et des citoyens, le rôle desreligions et des idéologies, les références morales et les mœurs (2).Tout connaît un radical changement : la condition féminine,la répartition des pouvoirs entre la politique, l’argentet l’information, la dérive des consommations vers des biensde nature immatérielle et la disparition du travail musculaire.Nous entrons dans l’ère du virtuel.

Liberté, égalité, fraternitéest-elle une devisede la civilisation de l’Internet?

André Danzin (39),président du FISH (1)

Page 11: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Nous devons réduire le recours aucartésianisme, cette version appauvriede la pensée du philosophe, par lequelnous résolvions les problèmes en dis-tinguant des parties et en les traitantséparément. Il faut prohiber la sim-plicité des classifications. L’étude dessystèmes complexes nous enseigneque les relations des parties entre elleset avec le tout sont prédominantes.Toute perturbation localisée se pro-page de proche en proche jusqu’à enva-hir l’ensemble par un bouclage deréactions et de contre-réactionsdont beaucoup sont imprévisibles (9).

Ces cascades de liaisons douéesde pouvoirs de catalyse engendrentdes effets pervers (10) qui peu-vent être maléfiques ou bénéfiques.Toute décision relève de l’in-terdisciplinaire, de l’intersecto-riel, de l’interministériel. ParInternet, véritable réseau ner-veux planétaire, ces interdé-pendances s’étendent aujour-d’hui au monde entier.

La rationalité directe est endéfaut. Les causalités cessent d’êtrelinéaires. On ne peut plus dire que“ gouverner, c’est prévoir ” maisseulement procéder par essai-erreur-correction d’erreur-nouvelessai. Dans ces conditions, la sanc-tion ne peut pas être prononcéepar des critères définis a priori :elle relève du “marché”. Le mar-ché doit se comprendre commeun lieu d’échanges des informa-tions les plus diverses, offertes àtoutes les concurrences, où lesarbitres sont les usagers. Dans cettepériode d’affaiblissement de notrecapacité de contrôle, la notion demarché, au-delà des échanges com-merciaux et financiers, s’étend quoique l’on veuille faire, à tous les acteshumains : validité des personnes, effi-cacité des établissements d’enseigne-ment, succès ou échec des produitsculturels, techniques de santé, struc-tures et objectifs des gouvernements,etc. Cette réapparition des forces desélection darwiniennes, que l’onespérait bannies des rapports humains,s’explique par la caractéristique fon-damentale de notre époque : nousvivons un épisode extraordinairementactif de l’Évolution.

Une aideà la compréhensiondu changement :les lois universellesde l’ÉvolutionSans en avoir, à beaucoup près,

pénétré tous les mécanismes, nousappartenons aux premières généra-tions conscientes que le phénomèned’évolution est général.

La plus grande prudence s’imposepour transférer les paradigmes dessciences dites exactes et naturelles auxsciences sociales. Cependant, certaineslois de l’évolution ont des caractèrestellement répétitifs et universels qu’ellesnous fournissent des modèles de réfé-rence :– en premier lieu, tout se passe commesi l’évolution correspondait à unepoussée de la complexité et de laconscience (11). Aujourd’hui, la crois-sance du complexe est liée à l’explo-sion de la communication. La bureau-cratie se développe comme un mal

inévitable dans la mesure où il fautadministrer cette complexité (12) ;– en second lieu, il faut retenir lesleçons de l’histoire. Dans toutes sesséquences repérées, l’évolution s’esteffectuée par l’action de trois forcesinterconnectées : les initiatives desmutants, l’accompagnement d’un grandnombre d’acteurs et la sélection par lemilieu.

Les mutants appartiennent auxpopulations anciennes mais, par cer-

taines propriétés, ils portent lescaractéristiques des populationsfutures. L’astrophysique nous ren-seigne sur le jeu des particules élé-mentaires, sur l’action catalytiquede certains atomes, notamment ducarbone (13), sur les nucléationsà partir desquelles se sont formésles astres. Ce sont encore desmutants qui constituent les pré-curseurs des nouvelles espèces bio-logiques. Ces pionniers sont aujour-d’hui chercheurs, penseurs,ingénieurs, nouveaux managers,inventeurs sur Internet, usagerscurieux de consommer du nou-veau.

Innovateurs et prophètes sontd’abord rejetés. La coalition desforces d’inertie maintient la stabi-lité. Mais la puissance de catalysedes nouvelles propositions, objets,services ou modèles mentaux créepeu à peu des symbioses qui minenten profondeur l’ordre ancien etengendrent des gestations cachées.Alors éclatent les coopérations co-évolutives.

La sélection est conforme auxobservations de Darwin. On peutla détester pour les exclusions qu’elle

prononce mais l’analyse froide doit lafaire considérer comme une donnéeabsolue. Elle fait partie de la culturede l’incertitude. Si, par des artifices,on cherche à en différer la sanction,elle resurgit plus tard sous des formesplus douloureuses.

Ce tryptique de l’évolution, nucléa-tions à l’origine du changement, coopé-rations et sélection a été particuliè-rement bien analysé par ManfreidEigen (14). Sa description nous faitcomprendre que l’évolution ne seramène pas à la seule consommationdu plus faible par le plus fort. À beau-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 9

L’évolution touche l’inanimé,l’animal et l’humain. Elle englobechaque objet et chaque être ;c’est pourquoi il est légitimede parler de co-évolution.Nous quittons la vision d’unenvironnement statique pouraccepter des modèlesessentiellement dynamiques.La destruction-création s’effectuedans une contraction du tempsde plus en plus précipitée : milliardsd’années pour l’Univers sidéral ;millions pour le monde vivant ;millénaires pour l’Homme puissiècles et décennies ! L’évolutionprocède par continuités et parruptures : aujourd’hui, nous sommesà l’épicentre d’un séisme. Il faut s’enconvaincre, en tirer les leçons, agiren conséquence, faute de quoi, nousaccomplirons les pires erreurs.

Page 12: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

coup d’égards, les pionniers sont lesplus faibles mais leurs initiatives débor-dent les inertes et, dans la sélection,les forces de symbiose jouent un rôlepositif de protection des solutionsnouvelles et assurent leur triomphe.Tout bien considéré, la jungle n’estpas aussi inhumaine qu’on a bienvoulu le dire (15).

La guerre économique :un événementinévitable

L’humanité marche par vagues suc-cessives. En Occident, la pax romana,longtemps fondation de l’organisa-tion sociale du monde développé,mourut. La chrétienté lui succéda jus-qu’à l’épuisement. La Renaissance pritle relais jusqu’au fruit tardif de la civi-lisation industrielle. Une nouvellevague arrive, plus condensée dans ladurée, plus violente, plus planétaire,apparemment plus profonde et exi-geante que les changements d’hori-zon antérieurs. Chaque relance remeten question la distribution des pou-voirs. Les hégémonies s’écroulent, sti-mulant de nouveaux appétits. Il estsans exemple qu’alors d’importantsaffrontements puissent être évités.Nous sommes à ce tournant. Parceque les activités-clés sont devenuesimmatérielles, les instruments de ladomination ne sont plus les armesmais l’économie. Les armes subsis-tent en fond de décor : leur menacegarantit au plus fort, sans conteste lesÉtats-Unis d’Amérique depuis l’im-plosion de l’Union soviétique, que leconflit sera localisé sur le terrain de sonchoix : le commerce, l’innovation tech-nologique et les produits culturels.Chaque pays, chaque région du mondeessaie de trouver sa place dans ce jeuoù les atouts vont être redistribués.

Comme pour tout conflit, cetteguerre a un coût humain. Elle ne faitpas de morts mais elle fait des pauvresou des chômeurs en même temps quese constituent de nouveaux pôles derichesses. Les enjeux pour l’avenir denos populations sont peut-être encoreplus chargés de gravité que s’il s’agis-sait d’une guerre militaire. Il faut enêtre conscient.

L’Europe n’a aujourd’hui aucunmoyen de refuser ce choc. Politi-quement, elle ne s’est pas organiséeen zone protégée. L’Union européenne,contrairement au vœu de J. Delorsn’est pas seulement “ ouverte ”. Elleest aussi “ offerte ” et rien n’indiquequ’elle veuille ou qu’elle puisse chan-ger cette situation à l’exception dequelques domaines particuliers. Carl’obstacle n’est pas seulement poli-tique mais physique : ce qui arbitrela division internationale du tra-vail est immatériel, le savoir, lesavoir-faire et le faire savoir dontla circulation sur les réseaux decommunication est incontrôlable.Et, paradoxe dû à la complexité enri-chie par la globalisation, dans la guerreéconomique, l’ennemi est aussi le par-tenaire. Notre intérêt est, aujourd’hui,de nous associer à l’émergence despays qui bordent l’océan Pacifique àl’Est comme à l’Ouest alors que noussavons bien qu’ils figureront parminos plus redoutables concurrents et queleurs productions contribuent, dèsmaintenant, à aggraver nos taux tra-giques de chômage. Curieuse guerre,en effet, où les combattants échap-pent à l’autorité directe des États. Carles acteurs de premier rang sont lesentreprises privées, industries etsociétés de services multinationales,grandes centrales d’achat et éta-blissements financiers dont les rami-fications s’étendent à la planèteentière. Quant aux PME, par effet deproximité, elles alimentent la résis-tance aux importations. Les PMEsont aussi les mieux placées pourjouer le rôle de pionniers en pro-curant les sources d’innovation àpartir desquelles des parts de mar-ché mondiaux seront conquises.

Dans cette confusion des efforts,les territoires ont perdu tout carac-tère de sanctuaires préservés (16). Onvit donc une situation paradoxale danslaquelle la compétitivité et les tauxde chômage ou d’inégalités socialessont liés aux frontières alors que l’in-terpénétration des forces de concur-rence les ignore. Ce sont les Étatsnationaux qui définissent et contrô-lent les principales règles du jeu localpar la fiscalité et le droit du travailmais ils ne sont que partenaires seconds

dans les décisions d’accords interna-tionaux, de délocalisation des activi-tés et de propriété du capital pour lesinstruments de la production et de ladistribution. Nul ne voit, d’ailleurs,comment il pourrait en être autre-ment tant sont puissantes les forcesde globalisation dans la mondialisa-tion non pas seulement de l’écono-mie mais de tous les systèmes de rela-tions entre les personnes (informations,connaissances, culture, etc.). L’Étatest réduit à n’intervenir que pour four-nir le terrain, favorable ou handicapant,à partir duquel ses ressortissants agi-ront dans la guerre économique selonleur propre volonté et leurs moyens.

La France etles vertus républicainesDans cette aventure, sur quelles

valeurs s’appuyer? Pour les Européenscontinentaux, particulièrement pourl’Allemagne et pour la France, l’épreuveest difficile. Imprégnés par la ratio-nalité des Lumières et légitimementfiers du fonctionnement des modèlessociaux du passé récent, nous rai-sonnons dans la chrysalide de notremétamorphose comme des chenillesalors que nous sommes déjà despapillons (17). Nous nous félicitonsd’une supériorité trompeuse de notreculture en récusant le modèle anglo-saxon et en ignorant la pertinenceactuelle des philosophies asiatiques,notamment du confucianisme.

Aux plus hauts niveaux de l’Étatfrançais, à droite comme à gauche,sont célébrées les “ vertus républi-caines ”. Que signifie aujourd’hui ladevise “ Liberté, égalité, fraternité ” ?Cette question est au cœur de notredestin. Je ne pourrai que l’évoquer enmots trop courts en souhaitant quechaque lecteur en poursuive la médi-tation personnelle. Car il y va de l’imagede notre pays à l’étranger, de sonrayonnement universel et du socle depensées, sur lequel reposent nos com-portements. En cette période de ques-tionnement anxieux, le monde attendun message de la France.

Liberté – Apparemment l’ère duvirtuel n’introduit aucune rupturemajeure quant aux principes de laliberté : droit à l’usage que l’on peut

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE10

Page 13: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

faire de soi-même, de choisir sesmœurs, d’exprimer ses idées, droitaux engagements confessionnels oupolitiques selon ses sentiments. Jamais,semble-t-il, la liberté n’a rencontré sipeu d’obstacles provenant de l’ordremoral. “Sur Internet, c’est Mai 68tous les jours ” (18) disent certainsen raison de l’absence quasi complètede contrôle hiérarchique et de limiteà tout communiquer, y compris ladésinformation, dans un volume derésonance mondial.

Telle est la surface des choses. Enprofondeur, les faits sont différents.Ils jouent, en gestation cachée, dansun autre sens. Dans moins d’un demi-siècle, l’humanité portera huit à dix mil-liards de personnes, dix fois plus quelorsque la Révolution française s’estexprimée, en présence de contraintesde relations réciproques infinimentplus actives qu’autrefois. Ces pres-sions d’interdépendances seront réduc-trices de liberté. Il faudra bien mettreen place des facteurs de régulationafin d’éviter l’anarchie et afin de favo-riser le développement de symbiosesconstructives. Sous quelles formesuniverselles ? exprimées par quelleéthique? Il est temps d’y réfléchir (19) :la phase actuelle ne propose rien; elleest en cela typique des périodes detransition où la situation évolue “àla lisière du chaos” (20). En d’autrestermes, le moment est proche où ilfaudra redéfinir les limites de noslibertés sous l’éclairage de la res-ponsabilité.

Égalité – Le choc est rude. Rienn’est plus inégalitaire qu’un épisodeaigu de l’évolution. En toutes cir-constances, l’évolution marche parles écarts; elle s’appuie sur les tensionsd’inégalités; le respect des différencesest le moteur du mouvement. Dansla guerre économique qui se joue surles capacités d’innovation, il faut avoirdans son camp des entrepreneurspionniers, promoteurs de biens nou-veaux ce qui suppose leur enrichis-sement mais aussi la présence declients assez riches de superflupour se comporter en consomma-teurs de produits et de servicesinconnus jusqu’alors et en action-naires pourvoyeurs de capital-risque. La démonstration est en cours.

Anglo-Saxons et Asiatiques arbitrentles coûts et les conditions de travailpar le marché en concédant sa partà la sélection darwinienne. Ils gagnentles emplois dans la division interna-tionale du travail aux dépens desEuropéens continentaux hostiles àcette sorte de flexibilité. Ces derniers,attachés aux corrections égalitairespar les redistributions, rebouclentles effets de la mondialisation sur leseul facteur qui permet un ajuste-ment à savoir le nombre des emplois.Cette pratique, d’après l’expérienceactuelle, serait suicidaire mais il fautregarder comme fondamental dans laculture du “ capitalisme rhénan ” (21)

l’attachement à la fidélisation réci-proque des entreprises et de leursemployés. Un contrat moral prolongeles devoirs de l’entrepreneur à lagarantie d’assurance de perfection-nement par la formation interne, deprotection contre la maladie et deretraite, avec le concours et sous lecontrôle de l’État. Cet acquis du prin-cipe d’égalité est remis en question dansdes conditions pathétiques pour tousmais particulièrement pour les déci-deurs politiques et économiques dontles syndicats professionnels et ouvriers.Refuser l’adaptation c’est vraisem-blablement tout perdre ; l’accepter,c’est renoncer à des progrès sociauxdouloureusement construits au coursdu temps qui assuraient un mini-mum de confort pour tous et rendaitla société plus humaine.

La question ne peut pas être tran-chée en quelques mots. Mais plu-sieurs faits doivent être acceptéscomme décisifs : jamais les capitauxn’ont été si volatils, jamais l’émigra-tion des postes de travail par les délo-calisations n’a été si facile, jamaisl’exode des cerveaux n’a connu autantde tentations (22). Internet permetde diriger à distance n’importe quelleusine et n’importe quel centre deconception, si éloignés, soient-ils. Àquelque situation de compromis quel’on parvienne, l’Europe devra trou-ver le moyen de donner à ses entre-preneurs par rapport à leurs concur-rents mondiaux une égalité deschances dans leur développementc’est-à-dire dans leur enrichisse-ment en tant que pionniers et inno-

vateurs. C’est loin d’être le cas aujour-d’hui. Quant à une dérive du principemoral d’égalité (des droits, des devoirs,de la dignité) vers l’égalitarisme, elleserait payée de dommages sociauxgraves : on ne viole pas impunémentles forces d’évolution.

Fraternité – Le mot est rarementemployé. On lui substitue solidarité,plus mécanique, administratif, col-lectif, moins près du cœur. Cet écartest chargé de sens. L’individu se débar-rasse sur l’État de la responsabilitéd’être le frère des autres. Perte desubstance affective ? Tentative d’en-gagement marginal ?

Quoi qu’il en soit, il est difficiled’être frère de tous. La guerre éco-nomique pose la question du choix.Devons-nous œuvrer dans la frater-nité universelle, mondialisée ou don-ner la priorité à notre carrière, notrefamille, notre clan, notre pays, l’Europe,l’Occident ? La réponse des faitss’éloigne de celle de Montesquieu : toutest consacré au plus proche dans l’in-térêt direct et dans l’immédiat. Nousvivons le temps des myopes : nulprojet à long terme. À part l’euro,reçu comme trop abstrait pour cata-lyser une espérance populaire, rien nevient assigner un objectif à la frater-nité. Accepter la civilisation de l’im-médiat est une erreur pour l’Europe.L’Union européenne ne peut se for-mer que dans le processus et non paspar la procédure. Il faudrait propo-ser des buts, sources d’enthousiasmepour la jeunesse. Car nos efforts desolidarité doivent avoir pour pre-mier objet la transmission d’unmonde acceptable à nos succes-seurs. Pratiquer la fraternité, c’estaujourd’hui, lancer des politiquesd’anticipation (23). L’incertitude n’estpas la complète obscurité : l’actionpour l’avenir est le premier antidotedu malaise social.

En conclusion, en dépit des bou-leversements actuels, les valeursrépublicaines conservent toutesleurs validités directrices de civi-lisation à la condition d’être pla-cées sous l’impératif de la res-ponsabilité, une responsabilitéenglobant le présent et l’avenir,issue de la conscience de chaquecitoyen plus encore que des diri-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 11

Page 14: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

geants économiques et politiques.Si en revanche, liberté signifie droitde faire n’importe quoi, sans règledu jeu et sans respect de contrainteséthiques, si égalité retentit commeégalitaire, si la fraternité perd sonsens de qualité des relations de per-sonne à personne pour être transfé-rée à un État anonyme, pléthoriqueet ruiné, alors la sanction par lesboucles de réaction de l’économiesera tragique.

n Vers quel avenir ?Les théoriciens du libéralisme cul-

tivent l’utopie des équilibres. La mon-dialisation, dont les désordres sontaujourd’hui le fruit des différencesde niveaux entre les coûts et les condi-tions d’emploi de la main-d’œuvreet entre la disponibilité des capitaux,conduira dans son état final à unnivellement par le haut. Les plus défa-vorisés aujourd’hui, obligés d’accepterbas salaires et absence de protectionssociales, s’enrichiront. Ils exigeront alorsun environnement social plus ambi-tieux et rejoindront les situations desprivilégiés de la période des “ trenteglorieuses”. Le mouvement se produiradans la croissance pour tous tant ilexiste de réserves de besoins, capablesde tirer en avant toutes les écono-mies, dans les pays candidats à l’émer-gence dont l’ambition va s’étendreau monde entier. S’il y a souffrancessociales, elles seront limitées à laphase de transition qu’il faut rendrela plus courte possible en ouvranttoutes les barrières à la circulationdes hommes, des capitaux, des pro-duits et des services.

Cette vision quelque peu idyl-lique de l’humanité future revient àcroire à l’harmonie d’une économie-monde (24) unique par opposition àun monde multipolaire où plusieurséconomie-mondes s’opposeraient.Cette projection sur l’avenir estconforme à la pensée unique dumoment. Elle est particulièrementsoutenue par les États-Unis d’Amériquequi se voient promis à tenir le pre-mier rang dans cette nouvelle orga-nisation où des classements hiérar-chiques ne manqueront pas des’affirmer.

Il est difficile d’opposer des argu-ments théoriques à cette hypothèsesauf qu’elle n’a aucun exemple de pré-cédent dans l’histoire et qu’elle estcontraire aux lois de l’évolution dontnous avons vu qu’elle était faite del’émancipation permanente des dif-férences et des tensions que provo-quent leurs manifestations.

En fait, la question des stratégiesdans la période actuelle ne sera pasdominée par la considération de l’ave-nir lointain mais par la nécessité desupporter sans explosion sociale soitl’exacerbation des pauvretés à l’inté-rieur du travail (Amérique du Nord),soit l’accroissement du nombre desexclus du travail par le sous-emploi(Europe de l’Ouest). Autrement dit,pourra-t-on accepter les souffrancesde la transition et l’accident social nerisque-t-il pas de tout casser ? C’estsur cette question que le message del’Union européenne, au-delà de latechnique monétaire du passage àl’euro, devrait être clair.

Mais il est permis d’être optimistepour l’humanité prise dans sonensemble. La poussée des biens et desservices immatériels propose unecroissance de substitution débar-rassée des excès de consommationset de pollutions de caractères éner-gétiques et matériels. Les nouvellestechnologies des contenants de l’in-formation (électronique, informatique,télécommunications) et des contenus(hypermédias) tendent à accroîtrenotre distance à l’animalité.

Notre époque sera sans doute regar-dée par les historiens du futur commel’avènement d’un progrès décisif dansla marche vers toujours plus d’ini-tiatives et de responsabilités. Unhomme plus debout, plus éduqué,plus riche de relations est en trainde naître... Mais il conviendrait peut-être, par des règles d’éthique écono-mique et sociale, de modérer la vitessede cette course vers un homme nou-veau car, comme le pressentait VonNeuman (25), dès les années 1960,pourrons-nous survivre à une inno-vation technologique qui court beau-coup plus vite que nos capacités decomprendre notre aventure ? n

(1) FISH : Forum international des scienceshumaines. (2) Une étude sur “ le choc de la mondialisa-tion, naissance d’une nouvelle civilisation ” aété conduite sous la présidence de l’auteur parun groupe de réflexion de la Commissionnationale française pour l’Unesco au cours dupremier semestre 1997 (en cours de publica-tion).(3) Cf. F. Braudel, in Grammaire des civilisa-tions, Flammarion, 1987.(4) Carnot-Clausius.(5) Selon la description de Tresmontant.(6) Cf. œuvre d’Ilya Prigogine.(7) On parle ainsi de “ l’effet papillon ” dontle battement d’ailes peut être à l’origine d’uncyclone. Cf. Devaquet, L’amibe et l’étudiant.(8) Selon le mot de P. Valéry.(9) Cf. notamment l’œuvre d’Edgar Morin, Laméthode, etc.(10) R. Boudon, Effets pervers et ordre social.(11) La pensée des auteurs francophones estparticulièrement riche en ce domaine, cf.notamment : H. Bergson, P. Teilhard de ChardinJ. Ruffie.(12) Lire à ce sujet le remarquable essai deJ. Voge (40) Le complexe de Babel. Crise ou maî-trise de l’information (Masson, CollectionCNET/ENST, Paris, 1997).(13) Cf. œuvre de vulgarisation d’Hubert Reeves(Patience dans l’azur, etc.).(14) Prix Nobel de biochimie.(15) On sait combien le darwinisme réduitaux seules sanctions de sélection a pu inspi-rer la correspondance de Marx et Engels et lesconduire à une estimation pessimiste des loisde la nature.(16) Cf. A. Danzin, “ Défense, inforoutes etmondialisation” Revue Défense nationale, juillet1996.(17) Image empruntée à Edgar Morin.(18) Cf. C. Huitema (72), Et Dieu créa Internet.(19) Cette question est déjà au programmedes institutions internationales. En témoignentl’insistance des déclarations sur les Droits del’Homme et la multiplication des “ Comitésd’éthique”. Mais en général, dans quelle confu-sion !(20) Selon les idées de S. A. Kaufman remar-quablement résumées par J. Voge. op. citéin (12).(21) Selon l’expression de Michel Albert.(22) En particulier chez les chercheurs depointe en biologie et en informatique dont lesrelations avec la fertilité du marché américainse resserrent. Cf. Business Week, oct.6/1997“A brain drain in France ” et “ French entre-preneurs swim the Channel ”.(23) On ne peut que constater ici la difficultédes consensus d’anticipation même lorsque lanécessité en est évidente (absence permanentede politique familiale ; retards de participa-tion à l’élaboration des technologies du XXIe

siècle ; menaces sur la recherche de solutionspour l’avenir énergétique (Superphénix), etc.).(24) Au sens de F. Braudel.(25) Cf. J. Voge op. cité.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE12

Page 15: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 13

n Héritages du passé

L’homme,la nature sauvageet la nature aménagée

Depuis l’aube de l’humanité,l’homme est en lutte avec la naturesauvage qu’il s’efforce de transformeren une nature aménagée (villes, forêts,jardins...) laquelle constitue aujourd’huil’essentiel de son environnement. Cettenature est à la fois merveilleuse (fleurs,papillons, ciels...) et profondément

hostile (volcans, inondations, trem-blements de terre, épidémies, gel...) :cf. de François Monnier, TerreNourricière, L’Harmattan, 1996.

“ Sommes-nous ennemis ou amisde la nature ? Il s’agit d’un faux pro-blème, car le poser revient à oublierque nous sommes nous aussi la nature,que nous avons toujours fait partiedes écosystèmes et que nous en feronstoujours partie, ce qui ne nous dis-pense pas de contribuer aux équi-libres écologiques en tant que repré-sentants du règne animal, dont nouspartageons les exigences et les fai-

blesses... La planète est désormaispartagée entre des territoires restéssauvages, et des territoires aménagéspar les hommes pour constituer leurcadre de vie (47 % des terres émer-gées)... Chaque composante végétaleou animale de l’écosystème primitif,que nos aménagements ont remplacé,va s’efforcer jour après jour de se réins-taller, et si l’homme abandonne la par-tie, l’écosystème se reconstitue au plusvite. ... Aucun ouvrage ne peut à lalongue résister au vent, à l’érosion,aux infiltrations, au gel, à la chaleur,à l’humidité, à la corrosion, à la rouille,aux termites, aux vers, aux moisis-sures, aux pourritures... et pour fairebonne mesure, la nature sauvage afréquemment recours à son artillerielourde : tempêtes, orages, inonda-tions, cyclones, tremblements de terre,éruptions, incendies... Aujourd'hui,les derniers restes d’Angkor sont assaillispar la jungle, tandis qu’Amsterdamet Venise sont menacées par les eaux,Naples par son volcan, Tokyo et LosAngeles par des séismes. La naturesauvage est là, partout, à l’affût. Notrenature aménagée serait incapable delui résister si nous cessions de la pro-téger efficacement. ”

Certains proposent de faire unchoix entre l’homme (prédateur) etla nature (bonne et accueillante). Ni

Lorsqu’on parle d’améliorer l’environnement, c’est bien del’environnement de l’homme qu’il s’agit, lorsqu’on parle de transmettreun patrimoine enrichi aux générations futures, c’est biendu patrimoine culturel, scientifique et technique accumulépar les hommes depuis Prométhée et la Genèse, et considérablementenrichi par les générations du XXe siècle, qu’il s’agit. Pour atteindreces deux objectifs, il faut, me semble-t-il, mettre d’abord l’hommeau centre du débat (ou, si l’on préfère, revenir à l’anthropocentrisme),il faut aussi mobiliser de plus en plus de sciences, de techniqueset d’investissements structurants (énergie, transports,télécommunications).Pour y parvenir, il faudrait également en finir avec un écologismeantihumaniste, malthusien, idéologique, gaspilleur de fonds publics,passéiste, conservateur, et catastrophiste, et revenir à une écologieaménagiste et anthropocentriste.

Quelle écologiepour le XXIe siècle?Pour une écologie ouverte, aménagisteet anthropocentriste, pour une écologie de liberté

Jacques Bourdillon (45)

L I B R E S P R O P O S

Page 16: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

l’utilité ni la nécessité de ce choix neme semblent s’imposer : l’homme etla nature seront toujours indissolu-blement liés.

Prométhée

Prométhée nous a légué la maî-trise du feu. L’homme est souvent pré-senté comme un apprenti sorcier, etProméthée comme le prototype decet homme.

Le Titan Prométhée (le prévoyant)avait appris la sagesse de sa mèreThémis, il aurait contribué à la créa-tion de l’homme en façonnant à par-tir d’une motte d’argile des statuettesauxquelles Athéna donnait ensuite lesouffle vital. Il a aidé les hommescontre les dieux, en leur offrant lanourriture, et le feu dont Zeus vou-lait les priver pour les punir de leurméchanceté. Son frère, Épiméthée(celui qui réfléchit après) était l’épouxde Pandore célèbre pour avoir déversésur la terre les maux enfermés dansune boîte au fond de laquelle hélas étaitrestée l’espérance.

Prométhée offrit à Zeus deuxpaquets : l’un contenait des abats,l’autre de la viande. Zeus choisit lesabats, Prométhée la viande qui devintla nourriture des hommes, Prométhéedéroba le feu céleste dans une tigede fenouil, et l’offrit aux hommes quipurent se préserver de la nature sau-vage, et développer la métallurgie,Zeus l’enchaîna sur le Caucase etenvoya un vautour lui dévorer le foie...jusqu’au jour où Héraclès le délivraen tuant le vautour.

Prométhée prend le risque de faireconfiance à une humanité qu’il veutlibre, ce qui n’est pas sans risque, ilest porteur d’espérance, il offre desoutils pour développer la cité et amé-nager l’environnement des hommes.Prométhée aujourd’hui accepterait lescontraintes de la bioéthique mais refu-serait l’arrêt de la croissance que cer-tains proposent au nom de la précau-tion. Il faut le délivrer, non du vautour,mais du mauvais procès qui lui est faitet nous insérer dans la longue chaînedes efforts prométhéens au service dela vie, en gardant l’espérance (cf. lelivre de François Jacob, La souris, lamouche et l’homme, Odile Jacob) :

“ Prométhée représente pour l’hu-manité le symbole du combat contre lanature... Depuis toujours, l’homme n’acessé de lutter, de lutter contre la misère,contre le froid, contre la maladie, contrela violence du monde qui l’entoure, il arefusé de se plier aux lois de la nature,d’être un animal, ou d’être seulement unanimal. Ce refus, il l’exprime depuis lesorigines, depuis l’invention du feu, del’écriture et du calcul et dans cette lutte,la science est venue assez tard, fournir desarmes. En fait l’histoire des sciences, c’esten quelque sorte l’histoire de la lutte dela raison contre les vérités révélées. ”

La traditionjudéo-chrétienne

Selon la Genèse, qui est à la sourcede la tradition juive et de la traditionchrétienne, l’homme aurait été investipar Dieu d’un véritable pouvoird’usufruitier, dans cette perspective,il pourrait, grâce aux sciences et auxtechnologies, continuer d’assumerson rôle de véritable jardinier de lanature (La Genèse 1-28) :

“ Soyez féconds, multipliez, emplis-sez la terre et soumettez-la ; dominez surles poissons de la mer, les oiseaux du ciel,et tous les animaux qui rampent sur laterre, je vous donne toutes les herbes por-tant semence qui sont sur toute la sur-face de la terre et tous les arbres qui ontdes fruits portant semence : ce sera votrenourriture. À toutes les bêtes sauvages,à tous les oiseaux du ciel, à tout ce quirampe sur la terre, et qui est animé devie, je donne pour nourriture toute laverdure des plantes et il en fut ainsi. Dieuvit ce qu’il avait fait : cela était très bon. ”

Descartes, les Lumières,les saint-simoniens

J’ai choisi mon camp en revendi-quant l’héritage des Grecs, des Judéo-Chrétiens et des Arabes, il faut l’étendreaux hommes de la Renaissance(Léonard de Vinci, Galilée), duXVIIe siècle (René Descartes), du XVIIIe

siècle (les Lumières, les savants dela Révolution), du XIXe siècle (AugusteComte), à ceux du XXe, avec Luc Ferryet Dominique Bourg, ClaudeFréjacques, avec Claude Allègre etGeorges Charpak, avec François Jacob

et Axel Kahn, avec Alfred Sauvy, et Éve-lyne Sullerot, etc.

Je préfère leur compagnie à celledes Martin Heidegger, Jacques Ellul,Hans Jonas, Aldo Léopold, et autresLester Brown.

Dominique Bourg voudrait rendreà la technique sa place primordialeet fondatrice dans l’existence mêmede l’homme. Il ne fonde pas ce choixsur une étude “coûts-avantages” desprogrès (le bien-être donné auxhommes vaudrait bien quelquesespèces en moins!), en fait il va beau-coup plus loin :

“Sans technique, pas d’humanité, carc’est au moyen des outils et des trans-formations de son environnement quel’humain, animal fabricateur autant quepolitique ou parlant, se produit lui-même.”

Les polytechniciens

Sortis d’une école créée par laConvention thermidorienne pourconstruire des bateaux, des ponts etdes routes, ils sont les héritiers deDescartes, des Lumières, de Carnot,de Monge et d’Auguste Comte, ilsont largement contribué aux inven-tions et aux aménagements modernes,ils veulent favoriser l’améliorationcontinue de l’environnement del’homme et l’accroissement qualita-tif et quantitatif du patrimoine que nousléguerons aux générations futures,ils sont concernés par la mise en placede cette écologie du XXIe siècle, àrefonder sur “sciences, techniques, rai-son et imagination ”.

L’héritage global

Ainsi, nous sommes issus du métis-sage de la pensée grecque, des tra-ditions judéo-chrétiennes, de lapensée scientifique de tous les tempset de tous les pays (de Pythagore àGeorges Charpak en passant parNewton, Leibniz et Marie Curie), dela tradition aménagiste de tous lesâges (créateurs de villes, de jardins,de forêts, de polders, de paysages,d’ouvrages d’art quelquefois pha-raoniques, etc.).

• La France, pour sa part, est plu-tôt bien dotée : nos ancêtres nousont légué le pont du Gard, le Louvre,

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE14

Page 17: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Versailles, le viaduc de Garabit et leMont-Saint-Michel, la génération desannées 60 nous a légué l’Airbus, lecomplexe de Roissy, des réseaux detransports performants intégrant lesTGV et les autoroutes à péage (réseaumaillé modeste et performant), unsystème de barrages et un parc de56 centrales nucléaires (gage de notreindépendance énergétique, et contri-bution substantielle à la réductionde la consommation des ressourcesfossiles et des émissions de CO2).

• Les Hollandais ont hérité deleurs ancêtres un système de digues,barrages, polders, qui leur permetde se protéger contre les inondationsvenues de la terre ou de la mer, devivre, de pratiquer l’agriculture enzone inondable sur 30% de leur ter-ritoire.

n L’écologie du XXIe siècle

Continuer ce combatincessant de l’hommecontre la nature sauvage

On peut penser que les dégâtssubis par les Polonais et les Allemandsdu fait des crues de l’Oder, l’été 1997,sont imputables à l’arrêt momentanéde la poursuite de ce combat incessantcontre la nature sauvage (grave sous-investissement dans les infrastruc-tures). Ce n’est certainement pas ensuivant les recommandations du WWFqui préconise le “ réensauvagement ”des fleuves et rivières qu’ils éviterontle retour d’une telle catastrophe. Ilserait urgent de concevoir et de réa-liser un système de digues et de bar-rages aussi efficace que le système despolders hollandais.

De même le sous-investissementdramatique de l’ex-URSS dans ledomaine des infrastructures de trans-ports est l’une des causes de l’effon-drement de son économie et de lapitoyable qualité de son environne-ment.

Or il est possible de promouvoirun développement durable, en amé-liorant encore l’environnement, et enrefusant tout malthusianisme démo-graphique et économique, d’aména-ger la planète sans la dégrader, pour

qu’elle héberge un jour une popula-tion de 10 milliards d’habitants biennourris disposant de la santé, duconfort, d’une mobilité non réfrénéegrâce à des infrastructures de qualité,d’une énergie abondante et bon mar-ché (rêve saint-simonien ?), en nousefforçant de privilégier l’intérêt géné-ral toujours menacé par les intérêtslocaux et individuels, et nous mettreen situation de léguer aux générationsfutures après l’avoir enrichi le patri-moine technique, économique et cul-turel hérité de nos ancêtres depuis lesorigines de l’humanité. Il conviendrad’abord de déceler les menaces surl’environnement, puis de mettre enœuvre les protections nécessaires :études approfondies à long terme surl’évolution du climat, recherches surle nucléaire (nous avons besoin d’uneénergie abondante et bon marché),sur les transports (la mobilité est uneliberté fondamentale), sur le géniegénétique (indispensable pour la santéet l’alimentation), etc.

Développement économique,aménagement du territoire,croissance

Il existe des hommes et des femmesqui croient à l’existence d’une étroitecorrélation entre développementéconomique et investissement(notamment infrastructures de trans-ports) : je citerai Jacques Delors, ÉdithCresson, David Aschauer, RémyPrud’homme, Michel Savy, ÉmileQuinet, Samuel Skinner, ChristianGerondeau, etc. Ils sont tous parti-sans résolus d’une politique de déve-loppement économique, (indispen-sable à une reprise de l’emploi) etd’aménagement du territoire (indis-pensable à la solidarité spatiale). Destextes fondateurs cohérents invi-tent à la réalisation de réseaux desanté, de formation, de culture, detransports, d’énergie et de télécom-munications et au développement del’accessibilité sur l’ensemble du ter-ritoire :– niveau européen : le Livre blanc deJacques Delors (Croissance, compétiti-vité, emploi), le traité de Maastricht(titre XII),

– niveau national : le décret du1.4.1990 instituant le schéma auto-routier français (Édith Cresson), la loidu 4.2.1992 sur l’aménagement duterritoire (loi Pasqua).

Je citerai quatre textes (sachantque d’autres auteurs, non cités ici,sont en total désaccord).

• Rémy Prud’homme :“ Plus le stock d’infrastructures par

habitant et par kilomètre carré d’unerégion est élevé, plus la productivité decette région est élevée. ”

“L’impact économique du stock d’in-frastructures de transports dans une régionest essentiellement l’augmentation de saproductivité (et non pas l’attraction desinvestissements dans tel endroit plutôtque dans tel autre). ”

• Samuel Skinner (secrétaire d’É-tat américain aux Transports) :

“ Aucune industrie dans le pays n’estplus importante pour la croissance del’économie américaine et pour notre com-pétitivité internationale que les trans-ports ” Rapport Moving America.

• La loi Pasqua (article 17) :“ Aucun point du territoire ne devra

se trouver à plus d’une demi-heure d’unegare TGV ou d’un échangeur autoroutier. ”

• Le Livre blanc de Jacques Delors :Croissance, compétitivité, emploi, lesdéfis et les pistes pour entrer dans leXXIe siècle (Commission européenne) :– axe de développement n° 1, lesréseaux d’information : “Le monde vitactuellement une mutation des systèmesde production, d’organisation du travail,et des modes de consommation dont leseffets seront comparables à ceux de lapremière révolution industrielle. ... Lemonde multimédias s’ouvre. ... Il ne s’agitpas de retarder cette mutation mais de lamaîtriser. ”– axe de développement n° 2, lesréseaux de transports et d’énergie :“L’essor de l’Europe dans l’histoire reposesur la qualité de ses réseaux de commu-nications qui ont permis à ses habitantsd’accéder facilement aux ressources natu-relles et techniques. ... La promotion desinfrastructures nouvelles permettra decirculer mieux, moins cher, pour amé-liorer la compétitivité, d’aménager le ter-ritoire européen pour éviter la concen-tration des richesses et des populations,de jeter un pont vers l’Europe de l’Est. ...Depuis dix ans nous avons ralenti notre

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 15

Page 18: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

effort d’investissement dans le domainedes infrastructures. ... L’attention insuf-fisante portée au développement des infra-structures entre pour partie dans la dégra-dation de la vie quotidienne ... [Les]besoins de financement [sont] de 400 mil-liards d’écus en quinze ans. ”

Le rôle éminent des scienceset des techniques

Certains, tel Jacques Testard, vou-draient, au nom de l’éthique, un mora-toire sur certaines recherches. D’autress’inquiètent, non sans raison, du mau-vais usage par l’homme de ses inven-tions (la guerre bactériologique, chi-mique et nucléaire). Éternel problèmedepuis l’invention du feu. Il existeaussi un groupe d’intellectuels quis’efforce d’accréditer l’idée d’un tour-nant dans l’histoire des sciences etd’annoncer la fin du progrès : onserait passé de l’ère des certitudes àcelle des incertitudes, le progrès seraitdésormais une idée morte, je me réfèreà la série d’articles parus dans Le Mondeen juillet-août 1996 et aux rencontresPétrarque (Montpellier juillet 1997).

Or certaines de ces idées sontfausses : depuis l’aube de l’humanité,les sciences se sont toujours déve-loppées dans l’incertitude et grâce audoute méthodique des scientifiquesde tous les temps. Il est donc parfai-tement inexact de dire que nous entronsdans l’ère des incertitudes, car nousn’en sommes jamais sortis et nous n’ensortirons jamais. C’est bien grâce à laraison que les progrès considérables detous les temps, et notamment ceuxdu XXe siècle, ont été réalisés. Enfin,certains idéologues contribuent à déve-lopper la superstition sur le thème dela peur du nucléaire et du génie géné-tique (améliorations ou manipula-tions ?) et provoquent à l’égard desinventions de l’homme des réactionsde rejet parfaitement injustifiées. Mais,il y a aussi le bon usage de la tech-nique et les bienfaits qu’elle apporteà l’humanité, notamment en faveurde l’environnement (nucléaire pourle climat, autoroutes pour la sécuritéet le paysage).

Alors, François Jacob s’interroge(La souris, la mouche et l’homme, OdileJacob) :

“Faut-il arrêter d’apprendre certaineschoses par crainte de l’utilisation quipourrait être faite de cette connaissance?”

Sa réponse à la question est claire :“Pour l’être humain, chercher à com-

prendre la nature fait partie de la natureelle même. ... Pas plus que l’on ne peutarrêter la recherche on ne peut n’en conser-ver qu’une partie. De toute façon, il n’ya rien à craindre de la vérité, qu’elle viennede la génétique ou d’ailleurs... ”

Il remet en perspective l’évolu-tion des sciences :

“ L’entreprise scientifique représentela plus grande réussite de l’humanité, c’estelle qui avec les arts a véritablement per-mis à l’aventure humaine de se dévelop-per dans toute son ampleur, mais ce quia été accompli jusqu’ici n’est qu’un début.En fait la science n’est pas vraiment néeil y a trois cents ans, c’est seulement depuisun siècle qu’elle a commencé à se déve-lopper systématiquement, c’est seulementdepuis cinquante ans qu’elle a pris sonrythme, qu’elle est devenue une sorte d’ins-titution, qu’elle s’épanouit dans le mondeentier sans restriction de frontières, denations, de langues, ou de religions. ”

Il nous propose une conclusion :“ Le grand danger pour l’humanité

n’est pas le développement de la connais-sance, c’est l’ignorance. ”

Le nucléaire au secoursdu climat

La question de l’effet de serre estabondamment évoquée sous diffé-rents angles dans la grande presse etpar le ministère de l’Environnement :préparation de la Conférence de Kyoto(après Rio et Berlin), alors qu’il y agaspillage d’énergie aux États-Unis,et besoins considérables dans le Tiers-Monde, en Inde et en Chine. L’on peuts’interroger sur le “ réalisme”, ou plu-tôt sur “ l’angélisme ” de ceux quicroient à l’efficacité du “bon exemple”que l’Europe pourrait donner à laChine ou aux États-Unis. L’on peutaussi s’interroger sur les moyens quel’Europe compte se donner pour réduirede 15 % ses émissions de CO2, alorsque la consommation (donc la pro-duction) d’électricité va croître : rem-placement des centrales à charbonallemandes et suédoises par des cen-trales nucléaires ? Très curieusement

l’on doit constater qu’à ce jour ni lesmédias ni le gouvernement ne se sontvéritablement penchés sur les moyenspratiques d’obtenir la réduction jugéesouhaitable des émissions de CO2.Or il apparaît bien que l’énergienucléaire est en l’état actuel de la tech-nologie l’un des seuls moyens effi-caces d’obtenir le résultat que l’onveut s’imposer (ce serait aussi le moyend’éliminer le plutonium militaire dontil faudra bien se débarrasser!). Apparaîtalors clairement une contradictionentre le choix du développementdurable (le climat des générationsfutures) et le refus de l’énergienucléaire. Citons Renaud Abord deChâtillon (69), ex-conseiller de CorinneLepage, (Libération du 15.8.1997) :

“Le choix fait il y a plus de vingt ansd’engager le pays dans la voie nucléairea profondément changé notre modede vie : abondance d’énergie élec-trique à un coût raisonnable, tout enassurant l’indépendance nationale,l’investissement s’est monté à plusde 1 000 milliards de francs. Résultats :doublement du taux d’indépendanceénergétique de la France, qui atteintmaintenant plus de 50%, mais aussiune baisse significative des rejetsde gaz à effet de serre (taux de rejetpar habitant deux fois moindre qu’enAllemagne, trois fois moindre qu’auxÉtats-Unis)... La surgénération étaitla réponse intelligente aux alarmesdu Club de Rome, elle devait per-mettre de produire de l’électricité jus-qu’en l’an 3000... Mais, dans uncontexte d’abondance énergétiquedans les pays riches, certes tempo-raire, mais bien réel, la surgénéra-tion est handicapée par son coût...C’est pourquoi dès la fin des années80, une autre vocation a été envi-sagée pour Superphénix : devenirun outil de recherche et d’incinéra-tion des déchets nucléaires... Il devraitégalement pouvoir apporter des ensei-gnements en matière d’abaissementdes coûts et d’amélioration de lasûreté. ”

Or deux décisions viennent d’êtreprises : arrêter Superphénix, renon-cer à construire la centrale nucléairede Carnet dans l’estuaire de la Loire(raison : protection d’un site incom-parable). Deux autres décisions

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE16

Page 19: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

sont à prendre (toutes deux à l’ho-rizon 2010) : réduire ou ne pasréduire nos émissions de gaz car-bonique (engagement international),renouveler et probablement accroîtrenotre parc de centrales électriques.Il convient de ne pas tarder à choi-sir entre de nouvelles centralesnucléaires (encore plus performantes :il faudrait les expérimenter dès main-tenant par un premier prototype) etd’autres centrales (au charbon, aufioul ou au gaz). Or le moratoire enmatière d’énergie nucléaire coupléavec le choix du gaz naturel est ima-ginable (et même économiquementtentant !) mais il faut bien savoir queles centrales à gaz produisent duCO2 et consomment de l’énergienon renouvelable et que, dans l’hy-pothèse de ce choix, les générationsfutures auront davantage de gaz car-bonique mais n’auront plus le com-bustible qui aura été consommé, etque les engagements internationauxde la France ne seront pas tenus. Parailleurs (Superphénix fermé) il fau-dra bien poursuivre nos recherchessur les réacteurs à neutrons rapides(domaine où la France est perfor-mante).

Les priorités, la nécessairehiérarchie des nuisances

Il ne faut pas se tromper d’ennemi.L’argent public étant limité, il semblebien qu’en l’absence d’un choix rai-sonné et consensuel des prioritésl’on risque de dépenser des sommesconsidérables pour réduire une nui-sance mineure alors que l’on ne ferarien pour supprimer une nuisancemajeure. Quelques exemples :• si l’on demande aux constructeurset aux pétroliers des efforts sur lesmoteurs et les carburants pour réduirela pollution de l’air dont les effets sontrelativement faibles, on peut être sûrqu’ils les feront (on évitera ainsi peut-être 300 décès par an) ;• dans le même temps quelles sommesconsacrera-t-on à la sécurité (freins,direction, législation) : l’on sait qu’ily a 8 000 morts par an par accidentsde la route ;• que fait-on contre le tabac, contrel’alcool ? On sait que la mortalité par

tabagisme actif et passif est de l’ordrede 70 000 victimes par an (35 000pour l’alcool) ;• si l’on décide de fixer le taux deradioactivité acceptable par an pourun homme à un niveau inférieur àcelui que reçoit la moyenne des Françaisdu fait de la radioactivité naturelle,on risque à la fois de ruiner l’État (latotalité du budget sera absorbée parcette tâche impossible), d’interdiretoute recherche nouvelle sur le nucléaire,de supprimer définitivement les radio-graphies, en tout cas les radiothérapies.

Pour être efficace dans la pour-suite de nos objectifs, il convient doncde se poser la question fondamentalesuivante, d’où viennent les menacesles plus graves contre l’environne-ment et le développement durable?

Les réponses à cette question sontsouvent discordantes :– priorités de l’OMS : “ l’absenced’assainissement, l’insuffisance del’approvisionnement en eau potable,le manque de salubrité des aliments,la pollution de l’air à l’intérieur deshabitations et dans les pays en déve-loppement, le caractère malsain deslogements ”. L’on pourrait ajouter leproblème du traitement et du stoc-kage des déchets de l’agriculture, del’industrie et des ménages, celui de larecherche d’une énergie abondante,bon marché et non productrice degaz carbonique (d’où l’importancefondamentale du nucléaire civil), celuidu désarmement nucléaire (com-ment consommer le plutonium accu-mulé par les arsenaux des puissancesnucléaires, sinon dans les centralesciviles ?), celui des accidents de laroute, etc.

Or il est facile de constater que lespriorités de certains mouvementsécologistes ne coïncident absolumentpas avec celles que nous venons deciter : leurs cibles favorites sont lapollution de l’air dans les villes etnon à l’intérieur des habitations (oùl’on trouve des acariens et des tauxde NO2 considérables du fait des cui-sines au gaz), les centrales nucléairesqu’il faudrait démanteler, les trans-ports qu’il faudrait réduire (et parti-culièrement les infrastructures auto-routières, les aéroports et les TGV),la surpopulation (considérée comme

un danger majeur), les usines d’in-cinération (productrices de dioxine),les produits chimiques (notammentle chlore, bête noire de certains d’entreeux), les pesticides, etc.

Citation de Bernard Oudin (Pouren finir avec les écolos, Gallimard 1996) :

“ Un milliard d’êtres humains n’ontpas accès à l’eau potable, deux milliardsvivent dans un état d’hygiène déplorable,5 millions meurent de dysenterie et l’onchoisit le malthusianisme, l’on s’opposeau développement, l’on préfère parler decouche d’ozone, d’effet de serre, de pro-tection de la chouette tachetée, ou del’ours des Pyrénées, et s’attaquer aux pro-ducteurs de chlore (indispensable pour four-nir l’eau potable à ceux qui ne l’ont pasnotamment dans le Tiers-Monde). ”

Citation de la revue Industrie etEnvironnement (n° 69 du 6 août 1997) :

“Parmi les priorités de l’OMS, on n’enretrouve aucune qui soit une priorité éco-logiste, au contraire, une organisationécologiste, dans son acharnement contrele chlore, va directement à l’encontre del’impérieuse nécessité d’assainir les eauxdestinées à la consommation... Pendantque l’un des génocides les plus graves dusiècle se déroulait dans la région desGrands Lacs, les écologistes étaient mobi-lisés sur la question de la protection deséléphants ! ”

Le principe de précautionet le risque zéro

Aujourd’hui, dès qu’apparaît unproblème, on propose de ne rien faireen application du fameux “principede précaution ”. Or l’application dece principe ne doit pas être faite “sansprécaution” : les risques d’une appli-cation imprudente pourraient êtreconsidérables. La question du risquezéro doit être examinée en mêmetemps avec la même vigilance.Réflexions empruntées à C. Fréjacques,J.-L. Funck-Brentano et C. Souleau :

• Du doyen de l’Université Paris X,Charles Souleau (Châtenay-Malabry,22.7.1997) :

“ Zéro risque n’est-il pas équivalent àzéro progrès ? ”

• De J.-L. Funck-Brentano (LeMonde des 29/30 octobre 1995) :

“Il est frappant de constater que les don-nées médicales réunies depuis cinquante

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 17

Page 20: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

ans par les instances internationales lesplus crédibles et les plus fiables n’ap-portent aucune justification à la terreurqu’inspire aujourd’hui l’énergie nucléaire.Il est plus frappant encore que les fan-tasmes qui se veulent médicaux survi-vent à leur inconséquence et laissent sedéployer des dangers, ceux-là très réels dela recherche d’un inaccessible risque zéro.”

“Le rayonnement nucléaire à faiblesdoses fait partie intégrante des compo-sants de la nature dans son acception laplus large. Depuis la nuit des temps,l’homme s’en est parfaitement bien accom-modé et il continue de le faire aujour-d’hui. ”

“ Préconiser la recherche du risquenucléaire zéro est déraisonnable et dan-gereux car cela dévoie la juste applica-tion du principe de précaution. ”

• De Claude Fréjacques (Le Mondedes Débats de février 1993) :

“ Depuis une vingtaine d’années, leCIPR (institution hautement respectable)a tendance à adopter des normes de “pré-caution ” pour ne pas donner prise auxcritiques des antinucléaires. C’est ainsi queces normes sont établies à partir desrésultats épidémiologiques recueillisaprès les irradiations subies en très peude temps à la suite des explosions deNagasaki et d’Hiroshima. Pour les normesd’irradiation – vie durant, c’est-à-dire àdébit de doses faibles – un coefficientcorrecteur de 2 a été admis alors que laplupart des biologistes l’estiment à envi-ron 10. Les normes sont donc protec-trices d’un facteur 5 environ. Bravo,bravo, direz-vous. Oui, mais appliquéesaux populations victimes de l’accidentde Tchernobyl, ces normes ont conduitles autorités russes à évacuer d’officetoute personne qui, restée sur place,aurait reçu 0,7 gray la vie durant. Soitenviron 200 000 habitants. Un articlerécent indiquait que, à la suite de cettedéportation forcée, il y aurait plus demorts par alcoolisme et par dépressionnerveuse qu’il n’y en aurait eu si ces per-sonnes étaient restées sur place... Il fautsignaler par ailleurs que, rien qu’en Franceet en Suède, beaucoup plus de 200 000personnes logées dans des maisons bienisolées thermiquement recevront, viedurant, des doses supérieures à 0,7 gray,dues au radon présent dans leur appar-tement, et que personne ne parle de lesdéplacer d’office. ”

N.B. : radon 222 dû à la radioac-tivité naturelle tellurique qui peutvarier de 1 à 1 000 selon le site (enBretagne, 3 à 4).

L’intérêt général

Cette notion fait partie de notrehéritage mais elle a beaucoup perdude sa popularité et a grand besoind’être remise en honneur.

Tout aménagement nouveau, utilepour la collectivité (qu’il s’agisse d’unbarrage, d’une autoroute, d’une ligneélectrique à haute tension, d’un pol-der, d’un ouvrage d’art), nécessite for-cément une atteinte à des intérêtsparticuliers (expropriation et modi-fication de l’environnement), qui doitêtre indemnisée de façon équitable,il n’est donc pas étonnant que, pourobtenir cette indemnisation, les rive-rains tentent de mobiliser les médiaset les organisations écologistes, maisil ne serait pas normal qu’à cette occa-sion la priorité qu’un État démo-cratique doit toujours accorder àl’intérêt général soit occultée parl’expression d’intérêts particuliers.

L’intérêt général est clairementconcerné notamment dès lors qu’ils’agit d’infrastructures de transports,d’énergie nucléaire, de génie géné-tique, domaines où la technologiepeut se mettre au service de l’envi-ronnement. Il se trouve en outre quedans ces trois domaines la France jouitd’une excellente position internatio-nale.

Paysage et patrimoine

L’un des objectifs qu’il faut nousfixer sera bien évidemment l’enri-chissement du paysage et du patri-moine par des œuvres d’art et aussides ouvrages d’art qui devraient êtreau XXe siècle (aussi, et pourquoi pas)plus beaux que ceux des siècles pas-sés : le viaduc de Millau doit être misen concurrence avec le pont du Gardet le viaduc de Garabit, comme l’Archede la Défense rivalise avec les Arcs deTriomphe du Carrousel et de l’Étoile.L’exemple des autoroutes ou des TGVest édifiant : de plus en plus nom-breux sont les exemples de la beautédes ouvrages d’art et de leur parfaite

intégration dans le paysage, qu’ellescontribuent souvent à améliorer, et àmettre en valeur.

Faut-il alors décréter que les lignesà haute tension sont laides alors quel’on accepte bien volontiers les caté-naires des nouveaux tramways...

Je crois donc utile de citer quelqueslignes d’un petit ouvrage de JacquesLacarrière : Mon bel aujourd’hui (édi-tions J.-C. Lattès) que j’ai beaucoupaimé et qui constitue selon moi uneantidote efficace à la dictature esthé-tique à laquelle certains voudraientnous soumettre :

“ J’aime le siècle où je suis né, jem’y sens bien, et je n’ai jamais feint,comme tant d’autres, de m’y croireinadapté ou exilé... J’ai passé monenfance dans un monde engoué demécanique... J’ai grandi au milieu desgarages, des terrains d’aviation, del’essence, des gaz, de l’huile, des fumées,et c’est là que j’ai très tôt respiré les fer-ments et les odeurs du siècle... Je neme sens pas systématiquementconsterné par les paysages urbainsd’aujourd’hui ni par les changementsdu monde rural. Je regarde parfoissans frémir, et souvent même avecplaisir, les châteaux d’eau, les grueset les viaducs, et il m’apparaît de plusen plus que ce monde moderne a unebeauté à lui, des inventions irrem-plaçables, des trouvailles de génie quiauraient sûrement plu, ou n’auraientpas déplu à, disons, Balzac ouBaudelaire. Je pense souvent à euxdevant les mutations et les innova-tions de notre siècle. ”

L’enrichissement dupatrimoine

Au XXIe siècle l’homme doit se don-ner les moyens de poursuivre le tra-vail entrepris il y a des millénaires àl’époque de Prométhée pour aména-ger son cadre de vie, grâce aux scienceset à la technique, et transmettre auxgénérations futures un patrimoineenrichi.

Ce patrimoine nous devons nousdépêcher de l’enrichir encore :– d’abord en libérant les scienceset les techniques des carcans quel’on voudrait leur imposer par desmoratoires et des interdits injustifiés ;

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE18

Page 21: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

– ensuite en libérant nos concitoyensde l’ignorance et des superstitionsqui génèrent l’immobilisme et fontobstacle au progrès ;– enfin en libérant les écologisteseux-mêmes de leurs extrémistes etde leurs intégristes, pour qu’ils puis-sent rejoindre les artisans du progrès.

Dans cet héritage que nous devonstransmettre, il faudra ajouter la satis-faction de quelques besoins fonda-mentaux à l’échelle d’une populationde 10 milliards d’hommes : nourri-ture (quantité et qualité), mobilité(liberté fondamentale inscrite dansnotre loi d’orientation des transportsintérieurs), énergie (qui devra êtreabondante et bon marché). Nousaurons à léguer à nos descendantsnotamment :• Des infrastructures de transports Prenons l’exemple des autoroutesfrançaises : haut niveau de service,faible linéaire, forte capacité de trafic,sécurité élevée. Leur contribution àla qualité de l’environnement estconsidérable (traitement des eaux,murs antibruits, découverte du pay-sage et du patrimoine, enrichisse-ment du paysage, biotopes (superbesréserves écologiques artificielles),dépendances vertes, qualité esthé-tique des ouvrages, etc.) alors quecelle des routes ordinaires est biensouvent négative. Les dépendancesvertes des Sociétés concessionnairesd’autoroutes où se développe uneremarquable biodiversité floristiqueet faunistique représentent une sur-face de 65 000 ha, et devraient s’ac-croître de 12 000 ha d’ici 2004. Lepaysage est traité avec soin notammentpar utilisation des images de syn-thèses, Corinne Lepage a remis leGrand Prix du Paysage 1997 à BernardLassus, plasticien et paysagiste réali-sateur d’aménagements paysagers surles autoroutes françaises.• L’énergie nucléaireLéguer aux générations futures uneénergie abondante et bon marché. EnFrance l’énergie est abondante et bonmarché parce qu’elle est nucléaire,elle est gage de notre indépendanceénergétique, mais aussi du respectde nos engagements internatio-naux, à propos des émissions de gazcarbonique. Parce qu’elle est bon mar-

ché cette énergie contribue à l’excé-dent de notre balance commercialesi l’on veut bien accepter des ligneshaute tension à travers les Alpes etles Pyrénées. Or le modèle françaispourrait largement être exporté pourle bien de la planète, mais apparem-ment ce n’est pas la principale pré-occupation aujourd’hui.• Le génie génétiqueCette recherche est indispensable àla santé et à l’alimentation des hommespar l’agriculture et l’agro-alimentaire(deux éléments fondamentaux denotre environnement).

François Jacob témoigne :“ Quand à la fin des années 70, les

écologistes ont voulu interdire la pour-suite des recherches sur le génie géné-tique ils n’ont pas été suivis, et toute lamédecine, aujourd’hui, repose sur lesrecherches effectuées depuis lors. ”

L’écologiecontre l’écologismePour mettre en place une écolo-

gie ouverte et humaniste, il faudraitaussi en finir avec un écologismeantihumaniste, malthusien, idéolo-gique, gaspilleur de fonds publics,passéiste, conservateur et catastro-phiste, et notamment les risques deblocage de la croissance, les mythesgénérateurs d’ignorance et de super-stition, les idéologies mortifères decertains.

Je crois utile avant de conclure deprésenter (en forçant peut-être letrait) les tendances intégristes quiexistent en écologie (comme d’ailleursen politique ou en religion), je mehâte d’ajouter que ces tendances exis-tent surtout en Allemagne et auxÉtats-Unis, et que les écologistes fran-çais dans leur très grande majorité(mais il y a des exceptions) ne sereconnaissent pas en elles. Ceci étantdit je pense aussi que dans l’intérêtmême de la cause qu’ils défendent,les vrais écologistes devraient sedémarquer clairement des extré-mistes, notamment à propos deSuperphénix et de La Hague, desautoroutes et des TGV, de la rechercheen génie génétique et de l’utilisationde plantes transgéniques. Ceci pourles raisons suivantes :

Les risques de blocage

Une certitude, l’écologie est désor-mais partout : où que vous soyez,quoi que vous fassiez, vous contri-buez à améliorer ou à détériorer l’en-vironnement, de ce fait vous êtes uncoupable potentiel, comme vous auriezpu l’être autrefois dans un autredomaine lorsque la religion était enquelque sorte “ jumelée avec l’État ”,avant l’émergence de la laïcité. Onsait que la religion, comme l’État sesont trouvés très bien de la sépa-ration qui avait suscité tant d’in-quiétudes injustifiées. On peut espé-rer qu’un jour la même laïcité s’étendraaussi à l’écologie et que les servicesdu ministère de l’Environnement (satâche accomplie) seront enfin reven-tilés dans le cadre des grandes admi-nistrations centrales et régionales.

En fait, nous assistons en cette finde siècle à une lente évolution versun blocage généralisé de l’action del’homme sur son environnement (etde l’action de l’homme en général) etce blocage s’étend peu à peu à la plu-part des activités humaines, et nousvivons l’ère des moratoires : sur lestransports, le nucléaire, les barrages, lesaméliorations génétiques, la recherchescientifique... que sais-je encore.

Ce blocage n’existe peut-être pasencore en France, mais il existe cer-tainement déjà en Suède, et proba-blement en Allemagne, mais certai-nement pas en Asie.

Les mythes

Les mythes écologistes sont nombreux,avec Bernard Oudin, nous citerons :– la forêt vierge : tout est mieuxailleurs qu’ici,– le passé béni, le bon vieux temps :tout était mieux jadis,– le retour à la terre prôné par Maurras,Pétain, Michel Serres..., Pol Pot (Khmervert ?),– le bon sauvage (admiration pourles grands chefs indiens Ours Deboutet Seattle),– la mobilité cause de tous les maux,et qui engendre le cosmopolitisme,– les transports et particulièrementles aéroports et les autoroutes (unautre fléau),

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 19

Page 22: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

– la ville : paysan coupé de ses origines,victime du mirage des villes tentacu-laires,– le nucléaire : notre source de vietransformée en cauchemar mortifère,– la modernité, la nocivité du pro-grès contrepartie d’un appauvrisse-ment spirituel,– le principe de précaution et lerisque zéro.

Les méthodes

• Le catastrophisme (largementamplifié par les médias et très aimédu grand public), l’utilisation systé-matique de la peur : nucléaire, tempsdétraqué, climat, catastrophes indus-trielles, épidémies (Harold Campinga eu beaucoup de succès pour avoirprévu la fin du monde pour sep-tembre 1994). L’affaire de La Hagueen est un excellent exemple, citonsIndustrie et Environnement, n° 169 du6 août 1997 :

“ La France vit dans un délire média-tique, organisé par les terroristes de ladésinformation contre un fleuron de sa tech-nologie à savoir l’usine de retraitementet de recyclage nucléaire de La Hague. ”

Or, comme disait Talleyrand : “Toutce qui est excessif est insignifiant. ”

• L’utilisation cynique du boncœur et de la pitié naturelle deshommes, citation de Paul Watson :

“La liste des espèces en danger s’élèveà plus d’un millier et le phoque n’y figurepas, mais de tous les animaux du monde,c’est de très loin le meilleur pour la col-lecte des fonds. ”

• L’écoterrorisme en Europe : onse souvient des avatars de Shell lorsde l’affaire “ Brent Spar ” : le 14 juin1995, des coups de feu étaient tirés surune station service Shell de Francfort,le 16, une station de Hambourg étaitincendiée, le 19, un pompiste reçoitun colis piégé (actions désavouées parles responsables qui avaient tout faitpour dramatiser l’affaire). Shell a finipar céder au boycott, les responsablesont par la suite reconnu que leurschiffres étaient faux et ont offert leursexcuses. La grande presse n’a pas eule courage de condamner la méthodeet les mensonges. En France des agres-sions ont été commises contre deschantiers d’autoroutes.

• L’écoterrorisme aux États-Unis,des écoterroristes s’en prennent auxbarrages pour protéger les saumons,il existe aussi le tristement célèbreUnabomber qui jusqu’à son arresta-tion envoyait des colis piégés à desscientifiques de renom coupables desymboliser la science (cause de tousles maux !).

• Le terrorisme intellectuelOn est montré du doigt si l’on ose

se déclarer pour la mobilité, pour lesautoroutes, pour le nucléaire; l’idée estde déclencher un complexe de honte :honte d’utiliser son automobile (lesmilitants écologistes utilisent leursvoitures pour aller à leurs meetings),honte de planter un piton dans unearête rocheuse (violente réaction d’unguide de haute montagne qui estimequ’il en a le droit au nom de la sécu-rité).

Une citation du doyen CharlesSouleau Université Paris Sud XI :“L’apocalypse environnementale décritepar Greenpeace et Criirad relève de l’ordrereligieux (plutôt de la secte intégriste),c’est en quelque sorte la terreur del’an 2000... Si les écologistes fondamen-taux veulent devenir efficaces, à Dieu neplaise, il faudra transformer notre paysen République écologique verte dirigée parles ayatollahs que l’on connaît ailleurs,où ils utilisent la même couleur symbo-lique... nous sommes terrorisés ! ”

• L’utilisation intelligente et quel-quefois cynique des “ savants ”, cer-tains sont à l’évidence de bonne foi :Arago que nous aimons pour sonimmense œuvre scientifique avaitpourtant prédit en 1836 que le pas-sage en tunnel provoquerait des pleu-résies et des fluxions de poitrine. Maisil en est d’autres qui prêtent mainforte aux écologistes pour des moti-vations moins nobles : intérêts parti-culiers, se faire connaître, trouver descrédits, soif d’argent de certaines mul-tinationales vertes.

• Le recours à des éléments faus-sement scientifiques : mauvaisesstatistiques, fausses corrélations, scé-narios risqués, utilisation de chiffresfaux ou incomplets, laboratoires soi-disant indépendants (en fait totalementinféodés).

Or la science consiste à se méfierde soi-même : science = incertitude.

L’idéologie

Bernard Oudin nous la présente :“Nous sommes invités à un égalitarismeécosphérique (droits des animaux, desarbres, des forêts, des rivières, des mon-tagnes, des océans). ” Dans cette vision,l’homme serait un animal comme unautre (mais à surveiller plus que lesautres car il est un redoutable préda-teur).

La deep ecology n’est pas une inven-tion du XXe siècle : pour s’enconvaincre, il suffit de chercher à tra-vers l’histoire les punitions infligées àProméthée, à Ève, aux constructeursde la tour de Babel, les grandes peursde l’an mil, et, au XIXe siècle, les oppo-sitions à la construction du cheminde fer.

Le XXe siècle, lui, apporte en outrede nouveaux adeptes que Luc Ferry(Le nouvel ordre écologique), DominiqueBourg (L’homme artifice, le sens de latechnique, Gallimard) et Bernard Oudin(Pour en finir avec les écolos) nous pré-sentent :– les écrits de Hans Jonas et JamesLovelock qui font passer la Natureavant l’homme, ceux des AméricainsAldo Léopold et Christopher Stone(Le Sierra Club), de l’Australien PeterSinger (Animal Liberation), du NorvégienArne Naess, défenseurs des droits desminéraux, des végétaux, des animaux;– faut-il ajouter Heidegger, JacquesEllul et Michel Serres (Le ContratNaturel) ?

Il existe une variante de la deepecology, la deep green ecology : lesAméricains Richard Sylvan et DavidBennett (The Greening of Ethics) ajou-tent une vision écopolitique et unecondamnation du capitalisme et dulibéralisme (sans voir que l’ex-URSSa été le théâtre des pires catastrophesécologiques).

n ConclusionEn ne condamnant pas l’écoter-

rorisme, et les méthodes d’orga-nismes à la recherche de l’argentdes naïfs au grand cœur, on jette lediscrédit sur les autres mouvementsécologistes. En feignant de croire quela Criirad est un organisme indépen-dant, on discrédite la science.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE20

Page 23: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Je n’ai aucune inquiétude sur lavictoire finale de la raison et de lavérité sur les intégrismes de tous poils.Mise à l’épreuve des réalités, j’espèreque l’écologie (qui devrait redevenirune science) qui souffre d’une mala-die de jeunesse s’en sortira grandie etaméliorée, et que le monde entierbénéficiera de cette mutation salu-taire. Une interrogation subsiste sur ladurée de cette mutation : il faut eneffet du temps pour se débarrasserdes idéologies mortifères des HansJonas, Lester Brown et autres AldoLéopold, et de certaines méthodescondamnables.

Pour préserver et, mieux encore,améliorer l’environnement, il s’agitdonc :– de rompre avec “ l’idéologie anti-humaniste” et les mythes qu’elle char-rie, et de refuser le “ terrorisme ” (passeulement intellectuel), et les autresméthodes de certains partis écolo-gistes, de lutter contre l’ignorance etles superstitions,– de remettre l’homme au centre dudébat, en d’autres termes de revenirà l’anthropocentrisme et de renouer avecl’héritage judéo-chrétien, avec Descartes,les Lumières, et les traditions poly-techniciennes,– de réhabiliter les sciences, les tech-niques, le progrès.

Grâce à l’homme, les véritablesremèdes aux atteintes à l’environne-ment seront un surcroît de science,de technique, de réseaux structu-rants et d’industrie.

n BibliographieLes livres• Abord de Châtillon Renaud : La poli-tique des transports en France : entrer dansle XXIe siècle, (Eska).• Académie des Sciences rapport 34 : Leseffets biologiques introuvables des faibles débitsde doses de radiations ionisantes, RaymondDevoret, Miroslav Radman.• Behr Edward : Une Amérique qui faitpeur.• Bourdillon Jacques : Les réseaux detransports français face à l’Europe, LaDocumentation Française.• Bourg Dominique : L’homme artifice,le sens de la technique, Gallimard (ledébat).

• Charpak Georges : Feux follets et cham-pignons nucléaires, Odile Jacob.• Comby Bruno : Le nucléaire, avenir del’écologie, F.-X. de Guibert.• Décrets du 1er avril 1992 : le schémadirecteur routier national, le schémadirecteur grande vitesse ferroviaire,Journal officiel.• Drewermann Eugène : Le progrès meur-trier, Stock 93, L’immortalité des ani-maux.• Dron Dominique : Pour une politiquesoutenable des transports, La Documen-tation Française.• Easterbrook Greag : A moment of theearth, the coming age of the environmen-tal optimism, New York, Viking Press,1995.• Ferry Luc : Le nouvel ordre écologique.• Gauchet Marcel : Sous l’amour de lanature, la haine de l’homme, Peurs etValeurs, Le Débat de mai-août 1990.• Gerondeau Christian : Les transportsen France, 1994 (Transports Actualités).Les Transports en Europe, 1996 (EDSéditions).• Jacob François : La souris, la moucheet l’homme, Odile Jacob.• Lacarrière Jacques : Mon bel aujour-d’hui.• Lamour Philippe : L’écologie, oui, lesécologistes, non, Plon, 1978.• Loi d’orientation des transports inté-rieurs du 30 décembre 1982 dite LOTI.• Loi sur l’aménagement du territoiredu 4 février 1995 dite loi Pasqua.• Oudin Bernard : Pour en finir avec lesécolos, Gallimard, 1996.• Quinet Émile : Environnement les tempsdifficiles, Commentaire 72, hiver 1995-1996.• Simonnet Dominique : L’écologisme.• Sorman Guy : Le capital suite et fin(interview de Lester Brown, p. 497).• US Department of transportation :Moving America : New Directions, Newopportunities, 26-2-90 (A statement of theSecretary of transportation, SamuelSkinner, préfacé par le président Bush).

Les articles• Abord de Châtillon Renaud :Superphénix, un savoir-faire à préser-ver, Libération, 15.8.1997.• Funck-Brentano J.-L. : Limites et dan-gers du principe de précaution, Le Monde,29/30.10.1995.• Fréjacques Claude : Dossiers à risques,

gérer la complexité, Monde des Débats,2.1993.• Grenier Emmanuel : Radioactivité,les marchands de la peur, Fusion, n° 64,janvier et février 1997.• Le Monde, juillet-août 1996, Le pro-grès, une idée morte ? Série d’articles.• Sohei Kondo, professeur à l’univer-sité d’Osaka : Calmons les angoissesdues aux retombées de Tchernobyl,Fusion, n° 64, janvier et février 1997.• Stevenson Robert-E. : Réchauffementglobal le point de vue d’un océano-graphe, Fusion, n° 65 mars 1997. n

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 21

Page 24: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE22

L I B R E S P R O P O S

L’Éducation nationale enseignesurtout les langues de notrebanlieue immédiate : anglais,

espagnol, allemand. Il y a bien quelquesouvertures sur des langues plus loin-taines mais seuls de très rares élèvess’inscrivent à des cours de russe,d’arabe, de chinois ou de japonais.On trouve une classe de vietnamienau lycée Louis-le-Grand, mais tousles élèves sont d’origine vietnamienneet parlent cette langue dans leur famille.

À l’heure de la mondialisation, ilparaîtrait normal de sortir de noshabitudes sinon dans l’Europe élargie,l’enseignement risque de se limiteraux langues de la Communauté, un peucomme si, en France, les seules ensei-gnées étaient le breton, le basque, lecatalan, l’occitan et le corse !

Évidemment l’Université ne peutévoluer rapidement et il est difficiled’infléchir de vieilles habitudes. L’ idéed’apprendre aux enfants le chinois oul’arabe n’est pas encore à la mode.Pourquoi d’ailleurs aller à l’encontrede nos traditions ? Certes le mondechange mais la maîtrise de l’anglaispermet déjà une communication satis-faisante avec les hommes d’affaires detous les pays. N’est-ce pas une visiond’intellectuel perdu dans l’abstractionque de vouloir s’intéresser à des languesdont nous nous sommes très bien pas-sés jusqu’à présent ?

Il se trouve que je ne suis niuniversitaire ni linguiste mais toutsimplement ingénieur des Ponts, àla carrière essentiellement consacréeà la coopération avec l’étranger. C’estdonc comme praticien que j’ai eu àfaire face au problème des languesou, plus généralement, des culturesétrangères. Incontestablement, il y alà des ponts à construire et, sansvouloir jouer au pontife, je pense quele sujet mérite que nos camarades yréfléchissent.

La diversité des langues,comme politiquede la francophonie

Dans ses premières années, la fran-cophonie est apparue comme uneentreprise de défense de la languefrançaise contre l’impérialisme del’anglais dont l’argumentation sefondait sur l’excellence de notre lit-térature et un certain snobisme desétrangers cultivés. En caricaturant,le français était la langue d’une éliteraffinée, par opposition à l’anglaisconfiné dans un rôle bassementcommercial. C’était aussi la langued’un empire dont nous avions la nos-talgie et dont nous persévérons àdéfendre la culture, faute d’avoir puen maintenir l’unité politique.

Les langues pour comprendrenotre monde

Michel Malherbe (50)

Page 25: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Une telle conception de la fran-cophonie a été accusée d’être néo-colonialiste et élitiste.

Un tournant a été pris récem-ment, fort intelligent. L’argumentationconsiste à présenter la diversité descultures comme une richesse de l’hu-manité. Rien ne serait plus tristequ’un monde uniformisé sur unmodèle anglo-saxon. En défendantle français, ce sont donc toutes lesautres langues que nous défendonset nous nous plaçons au premierrang d’une lutte pour la valorisationde toutes les cultures. Nous rallionsainsi la sympathie de tous ceux dontla civilisation risque d’être contami-née par d’autres peuples et nous n’ap-paraissons plus comme les adver-saires de l’anglais car nous donnonsà cette langue des arguments pourne pas devenir progressivement unsabir informe où Shakespeare ne sereconnaîtrait plus.

À vrai dire cette nouvelle positionde la France ne manque pas depiquant, notre pays ayant tout faitdans le passé pour laminer toutes lesformes d’expressions étrangères àVaugelas. Farouchement linguicide,la France est presque venue à bout dubreton et du franco-provençal, lebasque et le catalan ne survivant quegrâce à la présence de communau-tés bien plus nombreuses au-delà dela frontière espagnole.

Quoi qu’il en soit, même tardif etde circonstance, le combat pour pré-server la diversité des cultures et deslangues mérite d’être mené, et cecipour de nombreuses raisons qui nesont pas seulement intellectuelles ousentimentales.

L’approchedes autres langues,un enrichissementde l’espritPersonne ne s’étonnera que l’ap-

prentissage des langues lointainesapporte davantage que celui deslangues proches. Entrer dans unefaçon de penser et de s’exprimer radi-calement différente de la nôtre, rela-tivise nos habitudes et permet d’as-souplir l’esprit.

L’arabe par exemple dépayse pro-fondément par son alphabet adaptéà une langue très riche en consonneset très pauvre en voyelles. (Que l’onécrive aussi bien Mahomet queMohammed montre bien que lesvoyelles sont difficiles à identifier ;l’orthographe arabe n’écrit d’ailleursque mhmd.) C’est cependant la struc-ture des mots, leur morphologie, quiest la plus fascinante. Autour d’unradical habituellement de troisconsonnes, l’arabe brode à l’infini desdérivés en variant les voyelles, en pré-fixant diverses lettres ou par d’autresprocédés. Ainsi, à partir du radicalKTB on tire katib, l’écrivain ; maktab,bureau ; maktaba, bibliothèque ;koutoubi, libraire; mektoub, (c’est) écrit,etc.

Ce procédé est si ancré dans lalangue que les mots d’un dictionnairesont classés d’après l’ordre alphabétiquedes lettres de la racine. Ainsi istiqlal,“ indépendance”, se cherche à la lettreq, d’un radical qll qui porte l’idée derareté !

Le chinois, pour sa part, dépaysepar son écriture et sa phonétique. Lesystème des tons, selon lequel unesyllabe peut prendre des significa-tions très différentes en fonction desa hauteur ou de sa modulation, exigeà coup sûr l’éducation de l’oreille.Quant aux idéogrammes, dont il fautconnaître au moins 3 000 signes pourespérer lire un journal, ils surpren-

nent par le fait qu’ils sont porteurs desens mais n’ont pas de lien obliga-toire avec leur prononciation. Quedire aussi de la recherche d’un idéo-gramme dans un dictionnaire, baséesur le nombre des coups de pinceauxnécessaires à son écriture (trois parexemple pour un carré, et non quatreselon notre logique). Le monde de laChine permet aussi l’accès à des languesfort différentes qui lui ont empruntéun important vocabulaire comme levietnamien, le japonais ou le coréen.

On pourrait multiplier à l’infiniles exemples de ces curiosités quiillustrent la prodigieuse féconditéde l’esprit humain, notre cerveau,identique à la naissance, pouvant seprogrammer selon un système ou unautre.

Je me suis amusé à collectionnerdans Les langages de l’humanité (col-lection “Bouquin” chez Robert Laffont)ce qui peut être intéressant ou ori-ginal dans les différents groupes delangues, comme par exemple la façonqu’a le haoussa de marquer les tempsen changeant le pronom et non leverbe : ce dernier reste invariablemais il y a un “ je ” du présent, un“ je ” du passé et un “ je ” du futur.Pourquoi pas !

Mais encore une fois, l’essentieln’est pas de piquer la curiosité d’unlecteur cultivé, il s’agit de faire com-prendre que les langues, comme lesreligions, sont révélatrices d’unecertaine conception du monde, sontporteuses d’un système de valeurs qui,si nous les ignorons complètement, ferontobstacle à notre compréhension del’interlocuteur étranger. C’est dire àquel point une économie fondéesur l’exportation doit être attentive àla culture véhiculée par la langue.

La culture et la langueIl est tout simplement ridicule de

se dire humaniste si l’on n’a pas lacuriosité de connaître l’étranger. Il estvain de s’occuper de développementéconomique si l’on n’a pas une claireconscience que le développementdépend de la culture et ne se limitepas à l’application de théories éco-nomiques. L’échec du développementen Afrique n’est pas tant dû à la soi-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 23

Il y a peu d’années, on insistaitsur l’intérêt d’apprendre le latin et le grec,langues lointaines dansle temps, qui, outre leur intérêtpour l’histoire du français,permettent la découvertede déclinaisons, d’un ordredifférent des mots dansla phrase, etc. Inutile de direque l’on peut faire mieuxdans le dépaysementavec l’arabe, le chinoisou le coréen.

Page 26: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

disant exploitation capitaliste de sesressources naturelles qu’à l’inadé-quation de nos modèles aux culturesdes peuples africains, leurs élites ayanten toute bonne foi cherché à appli-quer chez eux ce qu’ils ont appris ànotre contact. Nous sommes à juste titrefiers de notre culture et de notre lit-térature mais nous ignorons super-bement les trésors de cultures loin-taines, entraperçues seulement autravers de rares traductions.

La première condition d’accès àune culture étrangère est de savoirqu’elle existe : demandez autour devous ce qu’évoque le mot de “ télou-gou”, pourtant ce peuple compte envi-ron 60 millions d’âmes, cette languedispose d’un alphabet original et salittérature est presque aussi ancienneque la nôtre. J’oubliais de rappelerque les Télougous habitent l’Étatd’Andhra Pradesh en Inde, capitaleHyderabad.

La connaissance du paysage lin-guistique du monde est un élémentimportant de la culture générale laplus élémentaire. On compte aujour-d’hui près de 3 000 langues dans lemonde sans compter les dialectes (lebreton est une langue, l’alsacien estun dialecte alémanique), mais la répar-tition géographique est surprenante :le Vanuatu (ex-Nouvelles-Hébrides)compte 105 langues bien distinctes

pour 150 000 habitants alors que lemandarin (chinois de Pékin) est parlépar un bloc compact de plus de800 millions d’âmes.

L’évolution du nombre de languesdans le temps est également intéres-sante : il diminue assez rapidement,car les petites langues disparaissentau profit de langues véhiculaires ou decréoles en formation. Comme bienévidemment, au début de l’humanitéle nombre de langues était limité, ily a dû avoir un maximum de peut-être quelques dizaines de milliers delangues à une période indéterminéeavant l’ère chrétienne. Tout au pluspeut-on supputer, en se fondant surle fait que les cultures primitivescomme celles des Papous ont unelangue par village, c’est-à-dire envi-ron 1 000 individus, qu’il y avait déjà3 000 langues quand la terre étaitpeuplée de 3 millions d’hommes seu-lement, soit 40 000 à 50 000 ans avantla période actuelle. La diminution dunombre des langues peut encore durerun certain temps : si le monde entieravait la même diversité linguistiqueque l’Europe, il n’en existerait que400 au lieu de 3 000, ce qui n’est déjàpas si mal.

Autre fait important à noter, si leslinguistes peuvent transcrire n’im-porte quelle langue, seul un tout petitnombre d’idiomes sont écrits de façonassez courante pour disposer d’unepresse, d’une littérature ou d’un ensei-gnement à l’école. Ce nombre se situeentre 100 et 200 langues sur 3 000.

Comme les êtres humains, toutesles langues sont égales en dignité,même si elles n’ont pas les mêmescapacités. Une des langues les pluscomplexes qui soit, l’inuktitut, parlépar les Eskimos, n’a pas les moyens d’ex-primer les subtilités de la culture dupalmier à huile...

Pour faire percevoir à quel pointchaque langue révèle des trésors d’in-ventivité de l’esprit humain et combienchaque peuple s’est construit une cul-ture irremplaçable, je me suis lancédans une entreprise passionnante :publier des ouvrages qui permettentl’accès à un large public des particu-larités des langues et cultures depeuples sur lesquels on ne sait prati-quement rien. Grâce à une maison

d’édition exceptionnelle, l’Harmattan,je publie comme directeur de collec-tion des ouvrages sur des languestelles que le coréen, le quechua, lesomali, le tchétchène, le kinyarwanda,ceci au rythme d’une douzaine detitres par an. La collection devraitatteindre les 70 pour le troisième mil-lénaire et dépasser la centaine en finde course. Le Parlons wolof (langueprincipale du Sénégal) s’est vendu àplus de 3 000 exemplaires alors quel’éditeur équilibre ses comptes à 500.

Cette entreprise a un but essen-tiellement humaniste : faire connaîtrela richesse des cultures grandes oupetites. Le dernier ouvrage sur l’es-pagnol apporte un éclairage tout par-ticulier sur l’évolution de cette langueen Amérique latine.

Une bonne part du plaisir que meprocure ce travail consiste dans lesrencontres avec les auteurs. Après lalégitime méfiance des débuts, les lin-guistes et les spécialistes en ethno-linguistique se multiplient et mesauteurs sont très souvent des agré-gés, des normaliens (lettres et science),des chercheurs au CNRS, autant quedes ressortissants de pays lointainsamoureux de leur culture. Il m’arriveencore de rédiger moi-même unouvrage comme le Parlons géorgien,faute d’avoir pu trouver un auteur,mais je me réserve pour des languesqui constituent une sorte de défi intel-lectuel.

J’envisage de lancer une série deParlons français écrite dans diverseslangues étrangères, en association avecla FIPF (Fédération internationale desprofesseurs de français, dirigée parMadame Monnerie-Goarin, agrégéede lettres). Les livres en coréen et enukrainien sont déjà bien avancés.

Peut-être les Français finiront-ilspar perdre leur réputation d’ignorerles langues étrangères et la géogra-phie. C’est une contrainte de la mon-dialisation. n

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE24

Notre vision ethnocentréenous fait oublier quele français se situe environau 10e rang dans le mondepar le nombre de locuteurs,derrière le bengali,que l’hindoustani (nom donnéà l’ensemble hindi-ourdou)est la troisième languedu monde avec plusde 400 millions de locuteurs,qu’il y a environ 25 systèmesd’écritures dans le mondedont la moitié en Inde.

Page 27: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 25

Dans la banque traditionnelle,de celle dont on parle commeétant au cœur de l’économie,

on sait prêter à ceux qui peuvent jus-tifier de leur solvabilité future par lapreuve de leur solvabilité passée. Àl’ADIE, Association pour le droit àl’initiative économique, on a appris àprêter sans feuille de salaire, sansgarantie, sans gage. Et je dis bien prê-ter : il ne s’agit pas d’une subventiondéguisée, d’un don ou d’une aide per-mettant aux intéressés de subsisterquelques mois de plus. D’ailleurs le tauxde survie des activités ainsi financéesest conforme à la moyenne nationaleen ce qui concerne les créations d’en-treprises.

L’idée d’origine, somme toute assezrévolutionnaire, provient d’un lieuqu’on n’attendrait pas au chapitre del’innovation financière puisqu’il s’agitdu Bangladesh. Alors que les grandesbanques institutionnelles se livrentune concurrence acharnée dans le butde décrocher des mandats de conseilsou de financements en tous genresdans les pays dits émergents, n’y a-t-il pas une certaine ironie à constaterque, silencieusement, c’est un établis-sement d’un nouveau genre originaired’un des pays les plus pauvres de laplanète, qui désigne la voie au pays ditsdéveloppés en matière de finance-ment et de création d’emplois !

La Grameen Bank n’est pourtant pasune nouvelle venue puisque c’est en1979 que Mohammed Yunus a décidéde créer une institution financière

destinée à prêter des sommes d’ar-gent très réduites (en moyenne 100 $)sur une période très courte (un mois)aux habitants les plus pauvres du pays,leur permettant ainsi de créer uneactivité pérenne. Depuis lors, 1,5 mil-liard de USD ont été prêtés à plus de2 millions de personnes. Le taux d’im-payés peut faire rêver un banquieroccidental : moins de 2 %. Suivantcet exemple, ce qui n’est déjà plusseulement une expérience a essaimédans tout le monde en développe-ment avec le même succès.

L’acclimatation de ce concept –des prêts de faible taille sans garantieaux créateurs de micro-entreprises,actuellement sans emploi – n’allaitpas forcément de soi dans une Franceen proie à un chômage élevé et durable.Le secteur financier traditionnel n’étaitni préparé ni équipé pour accompa-gner le développement de telles acti-vités. Le lancement de l’ADIE en 1990par Maria Nowak, spécialiste de cesquestions à la Caisse française deDéveloppement et à la Banque Mondialetenait de la gageure et s’avançait surun terrain inconnu.

Aujourd’hui, 74 millions de francsont été déboursés, 3 500 micro-entre-prises créées, soit 5 000 emplois dans35 départements. Chaque prêt estd’un montant moyen de 22 000 francset sa durée de deux ans environ.L’éventail des activités ainsi financéesest infiniment varié : vente ambulanteen tous genres, confection, bâtiment,transport, sécurité, etc. Jusqu’à un

On parle souvent de l’entreprisecitoyenne, on parle moins durôle citoyen que peuvent tenirles employés de ces entreprises.Travaillant moi-même dansune institution financière,j’ai découvert voici quelquesannées qu’il était possiblede faire de la Banque autrement.C’était en 1992 et j’étais alorssoucieux de répondreà la question “Que faire ? ”,constatant que beaucoup restaità accomplir en termesde solidarité. La presse commençait alors à parler d’une expériencenovatrice dans la lutte contre le chômage : prêter à desRMIstes et des chômeurs de longue durée afin de financerleur projet de créationd’entreprise, et partant, leur propre emploi.

Faire crédit autrementHervé Glasel (85)

L I B R E S P R O P O S

Page 28: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

atelier de restauration d’armuresanciennes et une entreprise de concep-tion graphique sur Internet. Bref unemultitude de services de toutes sortes,soit autant de niches inexploitées etimprévues, dont tout le monde sembleattendre impatiemment un gisementd’activités d’avenir et qui ici sont réa-lité concrète.

Le plus remarquable sans douteest bien que l’ADIE soit parvenueà atteindre son objectif initial : prê-ter essentiellement à des RMIsteset des chômeurs de longue duréen’ayant pas accès aux services habi-tuels des banques.

En effet ce sont eux qui consti-tuent 75% de sa clientèle, provenantdes horizons les plus divers, Françaisou étrangers, analphabètes ou bache-liers, avec ou sans expérience. Preuveest donc faite, s’il en était besoin queles qualités d’initiative et de persévé-rance ne sont pas l’apanage uniquedes personnes en principe les mieuxpréparées et les mieux armées.

Il est vrai que l’ADIE pour son suc-cès a misé sur son professionnalismeet un pragmatisme qui colle au ter-rain. Avec 15 délégations régionalesdans toute la France et de solides relaislocaux, plus de 10 000 demandes definancement lui parviennent annuel-lement. Seuls 11% sont servis, autantpar limitation des moyens financiers quepar la grande attention portée à la qua-lité de l’encours produit. De sa solva-bilité dépend sa survie. Malgré tout,en dépit du soin apporté au suivi desrisques et aux procédures de recou-vrement, il reste difficile à l’ADIE de riva-liser avec les taux de défaut enregis-trés en Amérique latine ou en Asiedans des activités comparables.

Le taux de remboursement tendnéanmoins à se stabiliser autour de90%, résultat remarquable au demeu-rant, eu égard à la complexité de l’en-vironnement et à la situation disten-due du réseau des solidarités familialeset sociales dans notre pays. C’est auvu de ces résultats que de grandsréseaux bancaires (Crédit Mutuel,Crédit Municipal) ont décidé de s’as-socier en partenariat avec l’ADIE.

C’est d’ailleurs vis-à-vis de ces don-nées sociales et institutionnelles incon-tournables que l’ADIE a su s’inven-

ter un outil sur mesure le plus effi-cace, une des clés de son succès : l’ac-compagnement. Car si c’est devenuun lieu commun que de stigmatiser lemanque de formation ou d’expériencedes candidats à l’emploi, l’approche iciest pragmatique.

En réalité, il est vite devenu clairaux chargés de mission de l’Associationque les créateurs qui les sollicitaientportaient avec leur motivation touteune palette de savoir-faire qui palliaitsouvent le manque apparent de for-mation traditionnelle.

Dans ce cadre, l’accompagnements’emploie à tisser un lien avec le créa-teur, canal par lequel circuleront lesinformations et les appuis concretsqui pourraient venir à manquer à l’em-prunteur d’un côté, tout en maintenantd’un autre côté le prêteur informé del’état d’avancement du projet.

C’est du reste pendant la périodede préparation et de lancement del’activité que cet échange s’avère leplus fructueux et le plus précieux,lorsque l’on peut à la fois mieux mesu-rer la crédibilité d’un projet, alors quecertaines lacunes (finance, gestion...)peuvent encore être comblées avant laréalisation en vraie grandeur. Des ate-liers de formation sont ainsi organi-sés par l’ADIE, les créateurs se réunis-sant par ailleurs régulièrement afind’échanger leurs expériences.

La limitation de cet esprit d’in-novation reste, malgré le succès, lafaiblesse des moyens à la dispositionde l’ADIE. Même si l’on peut évaluerle coût d’un emploi créé par l’Asso-ciation à un tiers du coût annuel pourla collectivité d’un chômeur de longuedurée, la charge incompressible durisque et des frais d’accompagnementrestent conséquents, surtout pourune entité autonome jouissant rare-ment d’aides publiques ou privéesstables et prévisibles. C’est en véritédans cette problématique, celle visantà réduire la précarité des conditionsde développement de cette initiativeprometteuse en matière de lutte contrele chômage que j’ai trouvé le moyende jeter une passerelle entre mes pré-occupations professionnelles quoti-diennes et cette association : éveillertout d’abord l’intérêt au sein de l’en-treprise dans laquelle je travaille pour

des activités somme toute connexesaux siennes, puisqu’il s’agit en défi-nitive de banque; l’encourager ensuiteà participer elle-même activementen tant qu’acteur social de premierplan en apportant des fonds et descompétences. Chaque fois, j’ai trouvéun accueil favorable et encourageant,non seulement parce que souventl’entreprise s’interroge sur ces ques-tions qui au sens large la concernent,mais aussi parce qu’elle est naturel-lement plus sensible et plus désireusede s’impliquer dans un projet portépar l’un des siens.

Si l’appui en termes de finance-ment est bien entendu vital, il nes’agirait pas de négliger l’importancedes transferts de savoir-faire per-mettant aux méthodes et à l’approchede se perfectionner. Car, aussi para-doxal que cela puisse paraître, ce sontparfois des activités de cette nature,ici le micro-crédit, en apparence sansmystère qui demandent l’applicationde certaines des techniques les plusrécentes pour pouvoir se dévelop-per. Je ne citerai qu’à titre d’exemplela titrisation, encore naissante enFrance, qui permet ici de refinancerde manière plus efficace ces créditsde faible taille ; ou encore le renfor-cement de la structure financière del’Association par l’apport de quasi-fonds propres.

À l’heure où beaucoup reste encoreà faire, au moment où la disparitionde l’aide spécifique de l’État à la créa-tion d’entreprises par les chômeurs(ACCRE) pose le problème concretde la constitution des fonds propresdes plus démunis porteurs d’un pro-jet viable, il est toujours plus urgentd’inventer des solutions inédites,de rapprocher des expériences quis’ignorent, de renouveler un savoirpour l’avenir.

N’est-ce pas aussi en étant soi-même un citoyen dans l’entrepriseque l’on peut rendre l’entreprise pluscitoyenne ? n

Association pour le Droità l’Initiative Économique (ADIE)

111, rue Saint-Maur,75011 Paris

Tél. : 01.43.55.98.94.Fax : 01.43.55.98.83.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE26

Page 29: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 27

Et pourtant, par le biais des taxeslocales – foncier bâti et habi-tation pour ne citer que les

principales – chacun contribue auxrecettes de sa commune, dont unepart non négligeable est affectée auservice – capital et intérêts – de ladette. Ainsi, nul ne devrait se désin-téresser de la gestion qui est faite dela dette de sa commune.

Cette dette résulte d’empruntscontractés au fil des années passées,autant que de besoin pour des inves-tissements d’utilité publique, pourdes périodes de dix ou quinze ans,voire vingt ou vingt-cinq ans, le plusgénéralement à taux fixe.

Ceci explique la survivance aujour-d’hui de remboursements à des tauxd’intérêt annuel de 10% et plus, tauxdes prêts consentis aux municipali-tés qui reflétait le rythme d’inflationdes décennies précédentes et le coûtcorrélatif des ressources des orga-nismes prêteurs (emprunts obliga-taires placés auprès du public).

L’inflation ayant été durablementmaîtrisée et, en résultat, le loyer del’argent ayant fortement baissé, lesmunicipalités se sont souciées de refi-nancer à moindre coût leurs empruntsaux taux les plus élevés.

S’agissant des emprunts dont leremboursement anticipé s’accom-pagne du paiement d’une indemnitéégale à un semestre d’intérêt du capi-

tal restant dû, les discussions avec lesorganismes prêteurs, sans être pourautant faciles, aboutissent à des accordsde refinancement, soit à un taux fixenotablement moindre, soit à un tauxvariable le plus souvent indexé sur lePIBOR*, donc bas au départ.

Il n’en va pas de même desemprunts dont le remboursementanticipé est régi par la clause suivante :

“Une indemnité est due dans le casoù le taux de réemploi du capital par leprêteur est inférieur au taux initial du prêtdonnant lieu à remboursement. Cetteindemnité est égale à la différence, envaleur actualisée au taux de réemploi,entre :– d’une part les annuités de rembourse-ment qu’aurait produites le capital rem-boursé, sur la base du taux initial et surla durée restant à courir,– et d’autre part, les annuités d’un prêtde même montant au taux de réemploi.”

Sur cette indemnité dite “ actua-rielle ”, le représentant d’un des orga-nismes prêteurs la pratiquant portele jugement écrit suivant :

“Une telle indemnité permet de neu-traliser l’opération (de réaménagement);elle fait payer à l’emprunteur la majeurepartie de la différence entre les intérêtsdus au taux d’origine jusqu’à la fin ducontrat et ceux calculés au taux de réamé-nagement.

La dette des municipalitésRefinancement de leurs emprunts

Pierre Moulin (49),conseiller municipal, Commission Finances

L I B R E S P R O P O S

La presse se faitvolontiers l’écho des errementsfinanciers coupablesde quelques municipalités.Mais peu est écrit et publiésur les finances ordinairesdes communes sans histoireparce que soucieusesde gérer avec prudenceleur budget et leur dette.

* Paris interbank offered rate.

Page 30: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

C’est donc une opération quasimentblanche si l’on repart sur un empruntau même taux que celui servant de cal-cul au réaménagement... à moins dechoisir de repartir sur un prêt à tauxrévisable. ”

On ne peut être plus lucide et clairsur le sort – sévère – réservé à l’em-prunteur. Les chiffres “vécus” qui sui-vent l’illustrent.

Pour un emprunt de 302 000 Fsouscrit en 1994 pour une durée dequinze ans au taux fixe de 10,10 %auprès d’un établissement françaisspécialisé dans le financement descollectivités locales, la municipalitéen cause a sollicité des offres de refi-nancement par un nouveau prêt, soità taux fixe, soit à taux révisable indexésur le PIBOR.

• En octobre 1996, le montant ducapital restant dû s’élevait à 270 760 F.Pour un refinancement au taux fixede 6,50%, l’indemnité actuarielle s’éle-vait à 55 740 F, soit 21 % de ce capi-tal. L’intégration de cette indemnitédans le nouvel emprunt conduisait àun montant de 326 500 F, supérieurde 8% au montant initial... après troisannées de service de la dette.

La proposition était difficilementacceptable.

• Mi-décembre 1996, après paie-ment d’une nouvelle échéance, lemontant du capital restant dû s’éle-vait à 258 170 F. Pour un refinance-ment à taux variable indiqué être audépart 3,89%, l’indemnité actuarielles’élevait à 72 305 F, soit 28 % de cecapital. L’intégration de cette indem-nité dans le nouvel emprunt condui-sait à un montant de 330 475 F, supé-rieur de 9,4 % au montant initial.

La décision du Conseil municipalfut donc de conserver cet empruntau taux de 10,10%, alors même quele seuil de l’usure – taux à ne pasdépasser, applicable par tous les éta-blissements bancaires à compter d’oc-tobre 1996 – venait d’être fixé à 11%pour les crédits d’investissement d’unedurée supérieure à deux ans à tauxfixe.

Mais cette obligation ne concer-nait que les prêts aux entreprises !

Certes, les établissements prêteursdoivent servir les emprunts obliga-taires qu’ils ont placés sur le marché

durant la dernière décennie à des tauxattractifs en regard du rythme d’in-flation de l’époque : soit, s’agissantd’un de ces établissements :– 10 % en 1987,– 8,9 % et 9 % en 1988,– 10,4 % en 1990.

Est-il pour autant normal que, àtravers ces établissements, le budgetdes communes finance les revenus decapitaux obligataires à des taux éle-vés désormais sans rapport avec lecoût actuel de l’argent, alors que l’ab-sence de tout risque et la faible pro-babilité de nouvelle inflation ne lejustifient plus ?

Et, s’agissant des rentiers détenantces titres obligataires, que leur sert detoucher de confortables intérêts, sices revenus sont utilisés à payer desimpôts locaux fixés à des taux élevéspour contribuer à un budget com-munal gonflé du remboursement àdes taux quasi usuraires d’une dettede fait non renégociable ?

Cette clause ne devrait-elle pasêtre déclarée – par circulaire, décretou loi selon que le cas l’exige – “ léo-nine et donc illégale”, sinon dans sonprincipe, du moins au regard desconditions actuelles et prévisibles duloyer de l’argent.

Corrélativement, les organismesprêteurs, pour assurer le nécessaireéquilibre de leurs comptes entre coûtdes ressources et rendement desemplois, seraient conduits à amortirleurs emprunts publics aux taux les plusélevés avant leur date contractuelled’amortissement – et pour ce faire entant que de besoin officiellement déliés

des engagements contraires pris àl’émission de ces emprunts – à pro-portion des montants de dette à tauxquasi usuraire dont les communesdemanderaient le refinancement àmoindre taux, sans pénalité plus sévèreque le semestre d’intérêt du capitalrestant dû ?

Une telle politique au service descollectivités locales conduirait sansdoute à des résultats financiers moinsbrillants des organismes prêteurs. Maiselle serait conforme à leur finalité, etd’une actualité et utilité certaine.

En effet, pour la commune dontles chiffres “ vécus ” ont été cités, leséconomies de remboursement de dettequ’elle réaliserait du fait de taux rame-nés de 10 % à – disons – 5 %, déga-geraient à budget égal les ressourcessuffisantes à engager un(e) jeuneemployé(e) municipal(e)... contri-buant ainsi au programme gouver-nemental de création d’emplois per-manents par les collectivités locales.

Que conclure ?Est-ce là une rigidité parmi tant

d’autres du système financier, rigiditédont il convient de s’accommodercomme un moindre mal en regarddes conséquences en chaîne que pro-voquerait la remise en cause de“ contrats ” librement conclus entremunicipalités, organismes prêteurs,et souscripteurs et actionnaires de cesorganismes ?

Est-ce là une rigidité... française,parce que n’existant pas dans d’autrespays ou y ayant existé mais ayant étécorrigée par des mesures adéquates quiauraient valeur d’exemple à suivre ?n

L’auteur serait vivement intéressé àrecevoir, sur ce sujet de l’indemnitéactuarielle et sur les réformes propo-sées, tant les témoignages de camaradesengagés comme lui dans la gestion dubudget de municipalités et autres col-lectivités que les réactions de cama-rades responsables à titre et niveaudivers des établissements prêteurs dontla politique est mise en cause.

Pierre MoulinHameau de la Belle Étoile

84760 Saint-Martin-de-la-BrasqueTél. : 04.90.07.71.41.Fax : 04.90.07.71.31.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE28

En cause est cette claused’indemnité actuarielle,dont nombre d’organismespublics français à vocationde financementdes collectivités localestirent leur sécurité financièreet bénéficient d’un avantagedevenu exorbitant et abusif,et par là contradictoireà leur vocation même.

Page 31: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 29

Fulgence Bienvenüe, construc-teur du réseau du chemin defer métropolitain de Paris, avait

commencé sa carrière ferroviaire enétablissant, en basse Normandie, deslignes “ de campagne ” dont laplupart sont aujourd’hui fermées.

Prenant acte de ce fait, le dépar-tement de la Manche a décidé en1991 de réhabiliter le tracé dela section Saint-Hilaire du Harcouët-Vire (sur la ligne Rennes-Caen), dansle but d’aménager sur la plate-formeun chemin de randonnée pourpiétons et cavaliers, et a acquis enconséquence auprès de la SNCFl’emprise, située sur son territoire,de ce tracé. Cette information, figu-rant dans l’article paru dans La Jauneet la Rouge de mars 1994 (p. 3 à 11),m’avait été aimablement communi-quée par notre agent à Mortain,M. Jean-Luc Gardan, chef de la sub-division de l’Équipement, qui meprécisait que le conseil général luiavait confié la direction des travauxcorrespondants dans l’emprise desa subdivision.

L’enchaînement de l’affaire est alorsle suivant. Le 18 mai 1994, une lettresignée Bernard Pache, alors présidentde l’A.X., et préparée par votre servi-teur, est adressée à M. Pierre Aguiton,président du conseil général de laManche, lui donnant information surl’auteur de la ligne, le félicitant deson initiative et lui suggérant de don-ner au chemin de randonnée ainsiaménagé, le nom de FulgenceBienvenüe.

Bienvenüe en MortainaisAlexandre Ossadzow (55)

L I B R E S P R O P O S

JPH
Tampon
Page 32: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Une réponse suit le 2 août, fortaimable tout en évitant, comme saventle faire les Normands, de s’engagerformellement.

Des contacts tenus ensuite avec laDirection du tourisme du départe-ment m’apprennent qu’en fait ce tracéest intégré dans un vaste programmed’aménagement de chemins et sen-tiers, lancé par le conseil général surdifférents secteurs du département.J’appelle ensuite régulièrement, àMortain, M. Jean-Luc Gardan, puisson successeur M. JoëlCourbier, pour savoir où enest l’aménagement. Outre ledébroussaillage, les travauxcomprennent la confectiond’une chaussée empierrée etstabilisée, le curage des fos-sés, la remise en état desouvrages d’art, etc., pour unmontant global de septmillions de francs (dont unmil l ion apporté par laCommission de l’Unioneuropéenne). Et, mêmepour cette affaire locale, lefinancement est échelonné...Enfin, en janvier 1997, l’amiCourbier me dit que cettefois le chemin de Saint-Hilaireà Vire est pratiquement prêt,mais non encore ouvert offi-ciellement, ce qui d’ailleursle gêne, des promeneurs “sau-vages ” étant signalés ; il merappelle que l’ouverture relèvedu conseil général, maîtrede l’ouvrage.

Quelque temps après Mme AnneVetois, qui suit cette affaire au dépar-tement, m’appelle pour m’informerde l’ouverture officielle prévue le22 juin; et je reçois la plaquette géné-rale diffusée pour la manifestation,laquelle a reçu pour titre Bienvenüe enMortainais.

Les organisateurs (comprenant enparticulier, autour du conseil général,les journaux Ouest France et La Mancheet Le Crédit Mutuel) ont bien fait leschoses, prévoyant en particulier : unerandonnée pédestre de 31 km (âgeminimum requis : 12 ans); des coursesà pied, par catégories (junior à vété-ran) ; des circuits à vélos tous terrains ;d’autres circuits, cyclotouristes ; une

randonnée équestre, et des circuitsd’attelages. Et comme j’avais fait partde mon souhait, d’assister à l’ouver-ture et d’effectuer avec mon épouse leparcours du chemin de randonnée,nous recevons bientôt, signée de M.Robert Courteille, directeur du tou-risme au conseil général, une aimableinvitation pour les 21 et 22 juin, avecchambre réservée dans le meilleur hôtelde Mortain : l’Hôtel de la Poste (quiest aussi le seul de cette ville, ce qui nel’empêche pas d’être fort confortable).

Avec la fermeture des lignes fer-roviaires, la ville n’est évidemmentplus desservie par la SNCF. Le 21 juinen début d’après-midi, nous débar-quons donc, sur la ligne de Paris àGranville, à la gare de Vire, où nousattend M. Le Bourgeois, chauffeur deM. Mourier, directeur départementalde l’Équipement ; trois quarts d’heurede route, et nous sommes à l’Hôtelde la Poste. Deux bénévoles de Mortain,MM. Simon et Langlois, nous atten-dent et nous conduisent à la collé-giale Saint-Évroult.

C’est ici l’occasion de se rappelerqu’un collège (du latin col-lego, “ par-ler ensemble ”) est, au départ, uneréunion de personnes qui parlent entre

elles ; qu’est collégiale une église qui,tout en étant située hors du siège épis-copal, abrite (ici, a abrité) un chapitrecollégial, réunion de religieux conseillersde l’Évêque et ayant reçu de celui-cile titre de chanoines. Cette collégialeest un très bel édifice, de style gothique,datant du XIIIe siècle, excepté la porteromane, seul reste de la premièreconstruction du XIe par le comte Robertde Mortain, demi-frère de Guillaumele Conquérant. Elle a été dédiée à saintÉvroult, moine du VIIe siècle qui évan-

gélisa une bonne partie dela basse Normandie.

Visite de la collégiale, deson mobilier et de son Trésor :un chrismale, coffret duVIIe siècle qui servait auxmoines irlandais pour por-ter l’eucharistie ; un évangé-liaire, et une copie du rouleaumortuaire de saint Vital, dontl’original du Xe siècle estconservé à la Bibliothèquenationale “de France”. Aprèsquoi nous assistons à la messeet aux vêpres anticipées, célé-brées au sein de laCommunauté des Béatitudesqui s’est installée dans leslieux. L’assistance, venanttant de l’intérieur que de l’ex-térieur, est nombreuse et fer-vente ; les cérémonies sontsuivies d’une exposition depeintures religieuses, de styleun peu naïf, de MarcelHasquin, avec allocution del’évêque d’Avranches et

Coutances, Monseigneur Fihey, surle thème de l’art et de la foi. LaCommunauté des Béatitudes, quigroupe des membres convaincus, aentre autres mérites celui d’avoir entre-pris la restauration des bâtiments,plusieurs fois endommagés, notam-ment lors de la Seconde Guerre mon-diale.

Après ces moments de piété,M. Langlois nous conduit, faveurinsigne, chez le docteur Gilles Buisson.Non content d’avoir soigné ses com-patriotes durant de nombreuses années,et de les avoir aussi administrés, ledocteur Buisson, ancien maire, est lamémoire et, par bonheur, l’historiende Mortain, l’un de ceux dont j’ai tiré

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE30

Le docteur Gilles Buisson,historien du Mortainais.

© S

YLV

AIN

BO

NN

EMER

JPH
Tampon
Page 33: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

plusieurs indications sur la ligneferroviaire de Mortain à Vire, dont lefait que ses tranchées, dans le rocher,ont été l’un des premiers recours enFrance à la dynamite ; il est aussi etsurtout, l’auteur de plusieurs ouvragessur la difficile et décisive bataille qui,après le débarquement, opposa en cesite Alliés et Allemands en août 1944.Nous avons avec lui un fort intéressantentretien d’une vingtaine de minutes,avant de nous retirer pour ne pas tropabuser de ses quatre-vingt-cinq ans.Échange de bons procédés, je lui enver-rai ensuite (en m’excusant du retard)les cinq articles sur Fulgence Bienvenüe,ce qui me vaudra de recevoir, dédicacé,un exemplaire de son dernier ouvrage,Mortain 1944 – direction Avranches.

Retour à l’hôtel, dîner et coucherde bonne heure en prévision d’unlever matinal. Le dimanche 22 juin,le rendez-vous des randonneurs està l’ancienne gare de Mortain-LeNeufbourg, à 7heures30. Les organisa-teurs, dont Mme Vetois et M. Courbier,sont sur le pied de guerre dès avant6 heures... Des cars nous conduisentà l’ancienne station de la Gauterie, aunord de Sourdeval. Nous sommesplus de 900, et pour une fois, bienéquilibrés en nombre entre hommeset dames, car je le dis à notre honte,le sexe dit faible est en général mieuxreprésenté dans ce genre de randon-nées... Le président Aguiton coupe lecordon qui barre symboliquement lechemin, et en avant ! assez vite pourcertains, plus tranquillement pour lesvétérans comme nous.

L’itinéraire retenu par les orga-nisateurs combine des sectionsde l’ancienne voie ferrée, et d’autresparcours. La plate-forme ferroviairea été aménagée sur sa largeur,environ quatre mètres : c’est doncun chemin, mot gaulois signifiant qu’ilpeut être emprunté par plusieurs per-sonnes se tenant par la main, et présentedonc une largeur suffisante pour deschars, autre mot gaulois. Faut-il pré-ciser ici que les Gaulois étaient pas-sés maîtres en la fabrication de charsde service (à bœufs – transcriptionlatine carrus, carri), qu’ils faisaientcirculer sur des chemins de campagne,tandis que les Romains ne connais-saient que les chars de course (currus,

curri), à chevaux, et ne sortant pasdes circuits correspondants? En dehorsde ce chemin, nous avions aussiquelques passages en sentier, autremot gaulois désignant un parcours nepouvant porter qu’une personne à la fois,en largeur s’entend.

Saluons ici les chefs de subdivisionGardan et Courbier, qui ont su réali-ser, grâce à des essais effectués au labo-ratoire départemental de Saint-Lô, unechaussée stabilisée en pierres et enterre, sans bitume, ce que nous nesavons plus faire à Paris, où nos jar-dins publics sont sillonnés d’allées,hélas, bitumées.

L’itinéraire nous conduit par despaysages variés à la Chapelle deMontfort, hors tracé de la ligneferroviaire. Nous y trouvons collationet eau de boisson préparées par lesorganisateurs, ce qui nous a permisd’avoir un sac léger. Nous retrouvonsl’ancienne ligne ferroviaire au lieu-ditLa Gallouinière, et la suivons jusqu’àl’arrivée en gare de Neufbourg, oùune petite fête attend les quelque2 000 enthousiastes qui ont participéaux diverses activités.

Tout a une fin : nous repartonsnous changer à l’hôtel, d’où l’amiCourbier nous conduit en voiturepour la gare de Vire. Retour à Paris-Montparnasse un peu avant 22 heures,et chez nous un peu avant 23 heures.Cette escapade nous laisse unexcellent souvenir, nous reviendrons

sans doute plus longuement car il ya ici beaucoup de choses à voir... et àgoûter. Je termine en rappelantl’aimable chanson normande deFrédéric Bérat dont voici le premiercouplet :Quand tout renaît à l’espérance,Et quand l’hiver fuit loin de nous ;Sous le beau ciel de notre France,Quand le frimas se fait plus doux ;Quand la nature est reverdie,Quand l’hirondelle est de retour,J’aime à revoir la Normandie :C’est le pays qui m’a donné le jour...... en précisant que pour ceux denotre espèce, qui ne sont pas issusde cette belle province, la fin descouplets se modifie comme suit :J’aime à revoir la Normandie.C’est un pays où je reviens toujours. n

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 31

PHO

TO

GR

APH

IE O

UE

ST F

RA

NC

E

Les randonneurs à pied...

JPH
Tampon
Page 34: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE32

Les Andes sont cette chaîne demontagnes qui hante les songesdes alpinistes. Ce sont des mon-

tagnes jeunes dont certaines conti-nuent de se soulever sous l’effet de laconvergence de la plaque océaniquepacifique et de la plaque continen-tale sud-américaine. Les plus hautescimes affleurent 7 000 mètres, soitpresque deux mille mètres de moinsque le Mont Everest.

L’accès des montagnes américainesoffre l’avantage de n’être pas soumisaux réglementations et taxes dontl’usage prévaut sur d’autres conti-nents. Grâce à cette liberté d’accès, età la relative désaffection où les a relé-gués l’engouement touristico-média-tique pour le toit du monde, les mas-sifs andins ont conservé pour levoyageur un charme et un parfumd’aventure certains.

Une expédition en Bolivie en 1994nous avait révélé un pays contrasté, auxhabitants accueillants et joyeux. Nousavions gravi deux des plus beaux som-

mets de la Cordillère royale, et menéjusqu’à 6 000 mètres une tentativesur un troisième. Il était évident queces montagnes très sauvages, relati-vement méconnues, méritaient plusqu’une visite.

n Où l’on s’expliqueDissipons un malentendu : la beauté

et l’intérêt d’un sommet ne sont pasproportionnels à son altitude. Enrevanche, l’altitude induit des contrainteslogistiques et physiologiques sévèresqui obèrent sérieusement les chancesde succès. Mais l’alpiniste n’est pasun masochiste et ses motivations méri-tent d’être évoquées.

Avec les grandes expéditions natio-nales, ont pris fin, dans les années 70,les ascensions “ lourdes ” qui ne recu-laient ni devant les dépenses ni devantles risques. Les massifs lointains étaientalors le théâtre d’une compétitiondont l’alpinisme ne sortait pas tou-jours gagnant. “Gravissez cette fichue

Les montagnardsde sommets d’Afrique 92(La Jaune et la Rouge n° 482)et de Bolivie 94(La Jaune et la Rouge n° 500)sont de retour !En août 1997,Michel Boyer-Chammard,Guillaume Chalmin (91),François Chambon (90),Emmanuel Fritsch (90),Cyrille Train etVincent Ginabat (90) ontretrouvé la Bolivie,un pays qui fait parlerla poudre dans tous ses états.À lire sur un air de charango,un verre de Pisco à la main.

L I B R E S P R O P O S

Retour aux AndesVincent Ginabat (90)

Vers 5 000 mètres, au Chachacomani.

JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 35: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

montagne et laissez-nous revenir auvéritable alpinisme ”, a-t-on écrit ausujet de l’Éverest. Quant aux plus phi-losophes, ils se réclamèrent de la vaguede contestation qui déferlait surl’Occident. Ainsi, tandis que les unsgrimpaient pour la gloire ou pour lapatrie, les autres fuyaient une sociétéen déroute et recherchaient dans lesilence des vallées inconnues la séré-nité perdue.

Les vingt dernières années voientdiverger deux tendances contraires.D’un côté se sont imposées les ascen-sions très techniques “en style alpin”,c’est-à-dire légères et rapides, témoinsd’un retour aux valeurs d’engagementet d’autonomie. À l’opposé, la proli-fération des expéditions commercialesassistées est sans doute pour beau-coup dans les nombreux accidents dehaute altitude dont se repaissent lesmédias.

Reste une majorité de montagnardsinclassables, ni techniciens de hautvol, ni consommateurs : savants,esthètes, philanthropes, misanthropes,chercheurs de pétrole, photographes,sportifs, anciens dits “ ringards ”,modernes ou “ acrobates ”, beatniks,ascètes, gourmets, sous-mariniers,géographes et pères de famille. Comme,à n’en pas douter, chaque membre denotre équipe se reconnaîtra dans uneou plusieurs des susdites catégories,et réciproquement, nous relèveronsleur trait d’union dans le chef-d’œuvre,un ouvrage de Lionel Terray, Les conqué-rants de l’inutile, dont le titre suggèrela vraie réponse à la question posée :“ mais qu’allaient-ils faire dans cetteglacière ? ”

n Où l’on s’organiseNous quittons Paris, noyé sous un

orage diluvien, le 6 août. Le policierbolivien n’est pas réputé pour sonsens de l’humour, et la “schnouf”répar-tie dans nos sacs – huit kilos de laiten poudre reconditionné – me laisseun peu songeur. En fait de péripétiesdouanières, nous n’aurons rien à décla-rer, sinon que le chien policier dunarcotrafico renifle notre saucisson ;et que la découverte de mon fidèleLaguiole me vaut une fouille exhaus-tive.

Bâtir un plan d’ascension s’appa-rente à un patient travail d’enquête, puisà un véritable exercice stratégiquedont la montagne forteresse est l’en-jeu. Le rythme de montée, jour aprèsjour, détermine la qualité de l’accli-matation à l’hypoxie. Trop rapide, ilmet l’organisme en danger ; trop lent,il le fatigue inutilement car la capa-cité de récupération après l’effortdécroît avec l’altitude. Les moyens deportage employés dans la vallée (por-teurs, mules ou lamas) et le choix desemplacements de bivouac influentsur le chemin d’approche. Enfin, il

est prudent d’envisager de promptesvoies de retraite en cas d’orage oud’accident, car il s’agirait alors deperdre de l’altitude le plus vite possible.

Ces contraintes étant posées, ilreste à se pencher sur la carte pour ytracer, d’un geste auguste et d’un regardassuré, un trajet que les accidents duterrain auront tôt fait de bouleverserde fond en comble. Qu’importe! Nousquittons La Paz le cœur léger, accom-pagnés de Mario, le campesino (pay-san) dont les lamas et les connais-sances topographiques nous sontindispensables.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 33

© Vincent GINABAT

Les contreforts de l’Illimani vus depuis Nido de Condores.

© Vincent GINABAT

Le camp de base du Leche Khota.

JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 36: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

n Une reconnaissanceNos premiers efforts se portent vers

le massif le plus isolé de la Cordillèreroyale. Rarement parcouru, à peinedécrit, le Chachacomani élève entre5 500 m et 6 127 mètres une multitudede cimes dont les rares photographiesne révèlent pas la complexité. Si lesdernières décennies ont vu la conquêtedes plus hauts sommets par leurs ver-sants les moins difficiles, d’immensespossibilités d’alpinisme inédit s’offrentencore sur les parois et arêtes du ver-sant est du massif. L’approche en estlongue et passe par des cols à plus de5 000 mètres. Objectif de l’expédition: repérer un sommet accessible parmiles plus élevés, y tracer une voie élé-gante et multiplier les prises de vuesstéréographiques afin d’enrichir le Clubalpin français d’une carte adaptée àl’andinisme.

Nous voici engagés sur la pistevertigineuse qui relie l’Altiplano à laforêt amazonienne via Peñas etAmaguaya. Perchée à flanc de mon-tagne, cette route d’une sauvage beautéserpente le long du Kkara Khota etde plusieurs autres lacs. Il est impos-sible de s’y croiser, événement peuprobable d’ailleurs. Mario et sa famillevivent à 4 775 mètres d’une maigreagriculture et d’un élevage abondant.Avec leurs cent lamas et autant demoutons, ce sont des paysans aisés. S’ilsont l’usufruit de toute la vallée, la terreen revanche ne leur appartient pas :une nuance de poids dans un paysminier dont le sous-sol est extrême-ment riche. Leur vie rude n’a terni nileur sourire ni leur hospitalité. Leurfoi catholique fait bon ménage avecles divinités incas qu’ils révèrent, enparticulier Pachamama, la déesse-mère. La médecine traditionnelle duKollasuyo (région de peuplementaymara), qui intègre magie et phyto-thérapie, retient seule leur confiance.Mario est un montagnard étonnant.Il faut voir ce petit homme burinécourir après ses lamas ou franchir plu-sieurs cols en une demi-journée ! Dixjours durant, il partagera avec plaisirnotre nourriture mais lui préfère sespropres pommes de terre, bouilliessur un feu d’arbustes : tubercules ter-reux au goût de cendre...

n L’approcheDeux étapes conduisent au Leche

Khota ou “ étang de lait ”, dont lesberges marécageuses abritent un ron-geur de l’Altiplano, la viscacha, et desmyriades d’oiseaux qui se laissentapprocher sans crainte. Cet étang per-ché à 4 500 mètres doit sa couleurd’émeraude laiteuse aux glaciers duChachacomani. Il s’avérera un excel-lent emplacement de camp de base.

Au-delà du Leche Khota, nous sui-vons la moraine puis le glacier quis’avancent, plein nord, au cœur dumassif. L’ambiance est sévère. Lesfroides parois glaciaires qui nous enser-rent, le granite noir et glissant quiperce la neige, le temps qui ne s’amé-

liore pas sont autant de signes d’hos-tilité. Avertis qu’une expédition alle-mande a rencontré ici son destin, nousn’établissons notre camp d’altitudequ’après un examen attentif des lignesde plus grande pente, des séracs sus-pendus et autres corniches. Convaincuspar un léger replat vers 5 000 mètres,nous y prenons nos quartiers.Mille mètres nous séparent duChachacomani II, objectif du lendemain.

L’obscurité nous envahit et avecelle, ce sentiment de solitude d’unedensité presque palpable. Une ultimeaverse de grésil nous a repoussés dansnos tentes. Nos chances de succèssont infimes : une nuit de beau temps,que nous n’espérons plus, ne suffirait

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE34

© Vincent GINABAT

Ascension en Cordillère royale.

JPH
Tampon
Page 37: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

pas à transformer en profondeur lemanteau neigeux lourd et mobile.Dans ces conditions, l’arête orientale,un moment envisagée, n’est pasempruntable : trop aléatoire, tropengagée. Les quelques heures defroid intense du petit matin serontmises à profit pour gravir rapide-ment la face sud-est et rejoindrela voie normale par un couloirredressé.

n Assaut et retraiteJeudi 14 août : la nuit étoilée

ravive l’espoir ! Progression rapideà travers les pénitents de glace.Enfin le couloir ; Cyrille Train esten tête. Il s’agite, râle, s’essouffle,nous crie des phrases volées par levent. Le message est clair cepen-dant : c’est de la “ soupe ”. Et nousperdons une heure précieuse à fran-chir ce petit couloir débonnaire,perché vers 5 600 m, dont n’im-porte quel alpiniste ayant les piedsau chaud vous dira d’un air entenduqu’il est “à vaches”. Voire! La neigeprofonde aura eu le dernier mot.

Ayant gravi deux pointes ourlées debelles corniches, nous rebroussonschemin. Une bourrasque de neige noussurprend au camp d’altitude, évacué avec

un certain soulagement ; et l’intermi-nable moraine de pierres noires nousguide jusqu’à Leche Khota.

À notre retour, Mario est heureuxde nous faire visiter “ sa ” mined’or. Deux galeries creusées dansun riche filon de quartz vers5 300 mètres, telle est MinaNatividad. Quelques années plustôt, soixante personnes – hommes,femmes et enfants – bravaient quo-tidiennement le froid et la neigepour extraire à coups de piocheet concasser le précieux minerai.Pour conclure, nous allons déva-ler à la nuit tombante la pisteAmaguaya-Peñas. Vallées immenses,pentes abruptes, ambiance Le salairede la peur.

n IntermèdeAu cœur de l ’Altiplano, à

4 050 mètres d’altitude, la ville dePotosi a dominé l’histoire colo-niale de la Bolivie. Bâtie au pieddu Cerro Rico, la colline d’argentet d’étain, elle fit la fortune deCharles Quint et de ses succes-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 35

© Vincent GINABAT

La logistique suivra !

© Vincent GINABAT

Dynamite : l’arsenal du petit chimistecoûte six bolivianos.

JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 38: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

seurs pendant plus de trois siècles.Les lingots d’argent étaient coulés etlaminés à la Casa de la Moneda, mas-sive forteresse rectangulaire en pleineville, d’où les Potosi frappés aux armesimpériales irriguaient l’Europe et ser-vaient la grandeur de l’Espagne. Du toitdu couvent San Francisco, la vueembrasse une multitude de clochersbaroques, parfois d’influence mau-resque, vestiges d’un passé glorieux.Aujourd’hui encore, des milliers demineurs franchissent nuit et jourquelque 250 entrées de galeries duCerro Rico. Des échoppes dispensentle nécessaire du mineur : dynamite, cor-dons de mise à feu, lampes à carbure,ainsi que des feuilles de coca et del’alcool à 95°... pour tenir le choc.

n Point d’orgueSymbole de la ville de La Paz,

l’Illimani domine la Cordillère royalede ses 6 438 mètres. Nous en emprun-tons la voie normale, ayant renoncé dufait des conditions nivologiques hasar-deuses à un projet plus ambitieux enface est – car les montagnes, commela lune, entretiennent une face cachéepour faire rêver les hommes. Le campde base, hissé sur les hauteurs du RioPinaya, révèle les villages aux toits dechaume et les champs en terrasseséclatants de verdeur. Une rude jour-née le long des moraines ferrugineusesmène au camp d’altitude de Nido deCondores, un replat bienvenu surl’éperon ouest vers 5 500 m. Sommetle lendemain pour toute l’équipe, pargrand beau temps. Oserons-nous pré-tendre que nous étions acclimatés ?Les enfants du village d’Unna se char-gèrent de nous ramener à l’humilitépar une partie de football endiablée.La place du village faisant office decour de récréation, nous nous yrelayâmes, tantôt disputant le ballondans un concert de rires joyeux et derâles asthmatiques, tantôt affalés surnos sacs au bord de la syncope. Unmatch de volley-ball suivit et la valeu-reuse équipe de France, vaincue parsix jeunes Aymaras et 4 000 mètresd’oxygène rare, en fut quitte pour unetournée générale. Gageons qu’au seinde Bolivie 97, certains escomptent fer-mement une revanche ! n

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE36

De 1825 (indépendance) à 1935 (guerre du Chaco) la Bolivie a vu sonterritoire réduit de moitié. Les importantes richesses naturelles (métaux,pétrole, nitrates, caoutchouc, etc.) ont suscité régulièrement la convoi-

tise des voisins, tandis que la faiblesse des institutions ne permettait pas desoutenir un effort de guerre important. En effet, le pouvoir politique étaitaux mains d’une oligarchie puissante, qui fondait son assise sur les revenusminiers, et qui privilégiait l’enrichissement personnel au détriment du déve-loppement économique et de la souveraineté nationale.

Durant cette période, coups d’État, révolutions et pronunciamientos sesuccédaient à un rythme effréné. Ni la nationalisation des mines, ni la réformeagraire, ni les tentatives de réformes des années 50 n’ont permis à la Boliviede rattraper ses voisins, et la Bolivie est restée le pays le plus pauvred’Amérique du Sud.

Malgré la crise de l’étain, la Bolivie, à l’instar de ses voisins, connaîtactuellement un développement important, mais encore fragile. Certes letéléphone cellulaire a fait son apparition dans les rues de La Paz, mais lapauvreté reste omniprésente, et les infrastructures manquent encore. Privéede façade maritime, démunie d’industries et de moyens de transport, laBolivie compte sur l’apport de capitaux étrangers pour alimenter sa crois-sance.

À ce titre, les privatisations récentes présentent des traits originaux :l’État bolivien a décidé de ne céder qu’une partie seulement des actifs desentreprises concernées (privatisation partielle) mais a abandonné la totalitédes droits de vote pour quelques années. L’objectif de cette opération est d’im-pliquer les acquéreurs étrangers dans la gestion des entreprises nationales,et de les inciter à participer au développement par l’introduction de leurs méthodesde management.

Pour souligner le rôle de développement que doivent jouer ces opéra-tions – et peut-être aussi pour désamorcer les préventions des citoyensméfiants – les pouvoirs publics ont remplacé le terme de “privatisation” parcelui plus engageant de “ capitalisation ”.

Parallèlement, une partie de l’argent dégagé et des actifs conservés sontvenus alimenter des fonds de pension nouvellement créés. De nombreuxBoliviens âgés ont ainsi découvert cette année les joies de la retraite.

La Bolivie a connu une année politiquement mouvementée, avec l’élec-tion à la présidence de la République du général Hugo Banzer, ancien dic-tateur responsable d’une répression féroce durant les années 70. Chassé dupouvoir en 1977 à la suite d’une grève de la faim lancée par les femmes demineurs et suivie par des milliers de personnes, le général Banzer s’estconverti à la démocratie lors de la transition des années 80. Battu aux élec-tions présidentielles de 1993, il a pris sa revanche cette année, malgré lesappréhensions de nombreux Boliviens qui n’oublient pas le passé.

Ses premiers mois de gouvernement ont révélé la faiblesse des alliancessur lesquelles repose sa majorité au parlement. Ses premiers pas sont mar-qués aussi par le climat de détente survenu dans les relations avec le Chili,première embellie depuis la rupture des relations diplomatiques sous la dic-tature de Banzer... L’enjeu pour la Bolivie est l’obtention d’un accès à la mer,jugé nécessaire au développement économique.

Enfin, signalons que l’année 1997 a vu la libération d’Alain Mesili, guidede haute montagne français, extradé des États-Unis – en violation desaccords internationaux – et emprisonné sans jugement pendant trois ans.

Emmanuel Fritsch (90)

Page 39: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 37

ColonelGeorges MEURISSE*

École d’Artillerie, Draguignan

Nous avons l’honneur de vous présen-ter ce projet AVENIR sur lequel noussommes engagés depuis plusieurs années.Il s’agit d’utiliser l’outil militaire à desfins pédagogiques de formation pro-fessionnelle. Les évolutions de la Défenses’y prêtent, en particulier les carrièrescourtes. 100 000 engagés pour cinq ansamènent un flux annuel de 20 000jeunes, nous pouvons être en mesurede les former.La vie des unités, avec des personnelsréduits, demandera d’occuper une fonc-tion sur un système d’arme et d’exer-cer un métier nécessaire à la vie cou-rante. C’est avec ce métier que lesengagés se réinséreront à l’issue. Lesmarins y parviennent avec des enga-gés de deux ans. Nous pouvons, nousaussi, préparer les nôtres.Il s’agit déjà de les sélectionner. Les cri-tères retenus sont le courage, l’accep-tation d’une vie sociale, la volonté de tra-vailler. Le vivier où nous irons puiser estle monde scolaire et universitaire. Nousavons débuté une démarche destinée àrecevoir ces jeunes, à l’occasion de leurstage en entreprise. C’est en touteconnaissance de cause qu’ils souscri-ront leur contrat.Engagés, ils seront orientés vers unmétier et une fonction militaire qu’onleur fera acquérir. Un outil informa-tique va nous être offert par le Conseilgénéral des Alpes Maritimes, destiné àaider le travail des officiers conseils. Ilconstitue un véritable lien entre l’im-pétrant, le monde de la formation, celui

de l’emploi, en liaison avec le Bureauinternational du travail de Genève. LaMission Innovation, du ministère de laDéfense, soutiendra le chercheur chargéde valider l’outil.Un an avant le terme de leur contrat,les engagés seront réorientés afin de lesconfirmer dans leur métier, d’homolo-guer leurs diplômes militaires, de vali-der leur acquis professionnel. Ces deuxdernières démarches seront caution-nées par l’Éducation nationale. Lestextes et instructions ministérielles sonten place. Il suffit de les utiliser.Au vu de ce bilan, les engagés dispose-ront d’une année, avec la solde de leurgrade, pour préparer leur réinsertion.Ils seront amenés soit à reprendre desétudes, soit à poursuivre leur forma-tion en entreprise.La reprise des études utilisera les orga-nismes habituels AFPA, GRETA, outout établissement avec lequel nousaurons passé une convention. Nous ytravaillons avec le Rectorat de Nice.La poursuite de la formation en entre-prise s’effectuera sous forme d’un véri-table tour de France des petites etmoyennes entreprises. Les contacts sontpris avec les associations de compa-gnons qui pratiquent ce type d’ap-prentissage.Au terme de ces formations, une struc-ture d’interface entre les milieux civilset militaires facilitera la libération,s’appuyant sur un fichier à créer et surles réseaux militaires existants, ce quepratique la marine nationale. Les enga-gés issus d’un contrat court se présen-teront sur le marché du travail avec debons atouts : ils auront amélioré leur

niveau professionnel, acquis une for-mation diplômante, une expérience pro-fessionnelle, ils connaîtront la disci-pline et la vie collective. Les métiersrecherchés sont ceux de la vie couranteavec plusieurs compétences. Ceci faci-litera l’embauche dans une entreprisepetite ou moyenne qui hésiterait àemployer un spécialiste.Le partenariat avec le Conseil généraldu Var est en cours de négociation, ainsiqu’avec les unions patronales, chambressyndicales.Des relations privilégiées avec l’uni-versité de Toulon et du Var, dans lecadre d’un DESS sécurité-défense, vontpermettre de diriger des étudiants versle projet AVENIR. Ils constitueront unvéritable bureau d’études et travaille-ront sur des points tels que la sélectiondes personnels, leurs statuts, les métiers.La création des programmes de for-mation aux métiers serait demandée àla Junior Entreprise de l’École poly-technique qui a déjà travaillé sur lesujet, au profit de la ville de Draguignan.Le Sud-Est de la France a une fortedensité de militaires. Ce projet ras-semblerait les garnisons de Canjuers,Le Luc, Draguignan. Nous bénéficie-rions de l’expérience du Centre d’ins-truction navale de Saint-Mandrier.Le projet AVENIR est facile à réaliser.Ceux qui s’y impliquent ont montréleur courage, leur patience, leur dyna-misme et leur solidarité. Ce sont cesqualités qui garantissent son aboutis-sement. n

* Chef de Corps de l’École polytechnique sous le

commandement du général Parraud.

Le courrier des lecteurs

Le projet AVENIR

L I B R E S P R O P O S

Page 40: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Philippe OBLIN (46)

La politique se complaît dans le floudu langage. Par voie orale, elle se satis-fait de mots bien martelés, même s’ilsne veulent rien dire, ou du moins n’en-gagent à rien de précis. Exemple : Legouvernement saura prendre, lemoment venu, les mesures qui s’im-posent. Quand vous avez entendu cela,même accompagné d’un mouvementdu menton, vous voilà bien avancés.D’ailleurs, la politique elle-même ne saitplus trop en quoi elle consiste, séman-tiquement parlant. Signifie-t-elle l’artde gouverner, ou celui d’être élu, etréélu, ce qui n’est pas la même choseet peut même, en certaines circons-tances, appeler des comportementsopposés.Or il est toujours dangereux d’employerdes mots sans s’assurer de ce qu’ils signi-fient. Prenez le cas des termes deRépublique et de Démocratie, fortlancés du haut des tribunes. Quel estleur sens exact ? Sont-ils contraires, ouseulement quelle nuance les sépare ?Dans ses traités de politique (au sens d’artde gouverner, le seul en usage de sontemps) saint Thomas d’Aquin distin-guait d’abord trois formes de gouver-nement : par un seul, par un petit groupe,par la multitude.Il appelait la première forme monar-chie ou tyrannie selon que le pouvoirest exercé au profit du “ bien commun ”ou à celui de son détenteur. La secondearistocratie ou oligarchie, selon unedistinction analogue. La troisième répu-blique ou démocratie, toujours selonla même distinction.Ce qui veut dire, en s’en tenant bienentendu à ces définitions, que la démo-cratie est une manière de tyrannie dela multitude. Le Docteur angélique,observant par ailleurs que l’efficacitédu pouvoir décroît lorsque le nombre

de ses détenteurs augmente, conduit lelecteur à penser que la démocratie,encore une fois au sens où il l’entend,est à la fois tyrannique et inefficace.Voilà ce que donne l’emploi des mots àl’étourdi. Cela conduit à des conclu-sions qui ne sont d’évidence pas “ poli-tiquement correctes ” (politiquementétant pris au sens d’art de gouvernerou à celui d’art d’être élu, la questionreste à débattre, mais elle nous mène-rait Dieu sait où).Aussi bien l’usage commun contempo-rain n’utilise-t-il plus les mots en ques-tion dans cette acception moyenâgeuseet dépassée. Soyons donc de notre temps.À coup sûr, le terme de république estaujourd’hui chargé d’une connotation desérieux, et presque d’austérité. Il sied auxnobles circonstances. Si les bons répu-blicains ne choisissent plus pour leurprogéniture des prénoms comme Brutus,Caton ou Lucrèce, cela ne trahit pasun amollissement des convictions, maisseulement la crainte du ridicule.Il faut noter en outre qu’un passé rela-tivement récent – les débuts de laRépublique troisième du nom – confèreaussi à ce vocable un relent de sectarismeantireligieux. C’est d’ailleurs peut-êtrepour cette raison que les chrétiens de lafin du XIXe siècle et du début du XXe, ral-liés à la république, par inclination desentiment ou par réalisme, évitèrent dese qualifier de “ républicains chrétiens”.Dans le contexte du temps, on aurait puy voir une manière d’antinomie, quieût fleuré la tartufferie.Ils préférèrent se dénommer “ démo-crates chrétiens ”. Cela sonnait plusmoderne et surtout plus fraternel, àcondition bien entendu d’oublier l’ac-ception scolastique. D’ailleurs, lisaient-ils beaucoup l’Aquinate ?On est, en tout cas, fort éloigné de cetteacception quand on affirme, par exemple,que le saucisson à l’ail est plus “ démo-

cratique ” que le foie gras. Ce qui, éty-mologiquement, ne signifie rien. Sansdoute s’agit-il alors d’un trope (synec-doque, si l’on en croit Dumarsais). Maisil ne faut point abuser des figures destyle, au risque de ne plus trop savoirce qu’on dit.Trope ou pas, il est singulier de releverque, pour nous Français, il est difficilede faire de la sociologie politique sansse référer à la bouffe. Sinon, on n’au-rait pas fabriqué non plus le terme de“ gauche caviar ”, pour désigner unecertaine catégorie de personnes de qua-lité.Et, après tout, pourquoi ne baptise-rait-on pas “ droite mortadelle ” telleautre composante de l’électorat ? Elledoit bien exister et, si oui, ses suffragesne manqueront pas d’attraits, dans lesballottages ardus, quand tout est bonà prendre.Faute, en tout cas, de pouvoir combi-ner à volonté les électorats, on peuttoujours combiner les mots. C’est ainsique nous connûmes naguère des “démo-craties populaires ”, sans que personnen’y relevât le pléonasme. En fait, etpour rester dans le domaine des tropes,il s’agissait plutôt là d’un “euphémisme”,pour désigner ce que le langage sco-lastique évoqué plus haut eût appelé“ oligarchie ”.Ce qui, en russe, se dit quelque chosecomme “ nomenklatura ”.Et en français? Je ne sais pas. Cherchez.

n

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE38

Du bon usage des mots

en politique

Page 41: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Énoncés1) Dans un tournoi par équipes de quatre la donne sui-vante a été jouée dans la salle 1 par S au contrat de 7« etdans la salle 2, par S également, au contrat de 6«. Dansles deux cas, O a entamé à tort ou à raison du «V. Quelleest la meilleure ligne de jeu à adopter :a) en salle 1 ?b) en salle 2 ?

2) Après les enchères suivantes : (NS/V), O E remportentles quatre premières levées à u et attaquent la cinquièmed’un « pris du «R de S qui poursuit par «A et D pourvoir tomber «V et 10. Comment S va-t-il maintenant opti-miser ses chances de réussir son contrat ?

3) Après ces enchères, O entame de la «D prise par l’asde S qui tire ensuite l’as d’atout et EO fournissent. CommentS doit-il jouer à la troisième levée et pourquoi ?

RécréationsscientifiquesM. D. Indjoudjian (41)

Énoncés

1) Voici un autre problème en partie (question a.) ins-piré par J. Moreau de Saint-Martin (56).a. Appelons “parallélépipède rectangle pythagoricien” ou“brique de Pythagore” tout parallélépipède rectangle dontnon seulement les longueurs a, b, c des côtés, mais cellesa’, b’, c’ des diagonales des faces (a’2 = b2 + c2, etc.) sontdes entiers naturels.Montrer que le volume V = abc d’une telle brique est divi-sible par 95040.b. Montrer qu’à tout triangle pythagoricien primitif, c’est-à-dire à tout triangle rectangle dont les côtés x, y de l’angledroit et l’hypoténuse z sont premiers entre eux, on peutfaire correspondre une brique de Pythagore.2) Un polygone à n côtés est circonscrit à un cercle dontle rayon est pris pour unité de longueur. On considère lafigure inverse de ce polygone par rapport au cercle. Quelleest, en fonction de n, la longueur du périmètre de cettefigure inverse ?

DiscographieJean Salmona (56)

Saveurs et parfums“La découverte d’un mets nouveau

fait plus pour le bonheur du genre humainque la découverte d’une étoile. ”

BRILLAT-SAVARIN

Du nouveauÀ moins que vous ne soyez un expert en musicologie,

vous ignorez sans doute le nom de Pierre-Octave Ferroud,mort à 36 ans en 1936. Si tel est le cas, courez vous pro-curer l’enregistrement de quatre de ses œuvres (Symphonieen la, Types, Foules, Sérénade) que viennent de réaliserEmmanuel Krivine et l’Orchestre national de Lyon (1).Vous découvrirez une sorte de Stravinsky français, dontla finesse et la richesse de l’orchestration n’ont rien à envier

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 39

A R T S , L E T T R E S , S C I E N C E S

BridgeM. D. Indjoudjian (41)

«ªu¨

«ªu¨

A8–4

10A–A

R7

3

9R

V

D6

2

8

5

25

7

4

6

3

5 4 3

«ªu¨

«ªu¨

7A9R

A96A

3D5D

R836

49

D52

8

93

7 4S

1u2SA–

N

2¨3SA

«ªu¨

«ªu¨

8D9R

AAA3

3105D

5R7

7210

V4

9

93

8

8 6

E

1«4ª

S

2ª–

O

––

N

3ª–

Solutions page 41

Solutions page 42

Page 42: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE

à Ravel, une musique foisonnante, subtile et vigoureuse,à la limite de l’atonalité, et qui, contrairement aux titresutilisés, n’est pas une musique à programme, enfin et sur-tout un style qui n’est celui d’aucun autre, d’aucune école(ceci expliquant peut-être l’injuste oubli...).

Vous ne connaissez vraisemblablement pas plus Palmgren,ni Lemba, ni Tubin, ni Sumera ; le premier est finlandais,les trois autres estoniens, et au moment où une expositionrévèle aux Parisiens la peinture du Nord (2), il peut êtreintéressant de découvrir la musique de ces contrées bizar-rement plus lointaines pour nous que l’Inde ou la Chine.Palmgren (Œuvres pour piano) : musique de salon débutde siècle, tonale, descriptive, bien écrite (3). Des troisautres, des concertos pour piano et orchestre de style néo-classique pour Lemba, plus moderne pour Tubin, enfin mini-maliste et sombre pour Sumera qui est notre contempo-rain (4).

Enfin, saviez-vous que Telemann avait écrit un Orpheus(très exactement Orphée ou la merveilleuse constance del’amour), opéra composite, c’est-à-dire dans les styles alle-mand, italien et français à la fois, avec, d’ailleurs, un livretqui fait appel, selon les airs, à ces trois langues. Il vient d’êtreenregistré, pour la première fois, par l’Akademie für alteMusik de Berlin, le RIAS Kammerchor, et quelques solistesdont la superbe Ruth Ziesak (5). Il y a une distance impor-tante entre Telemann et son contemporain Haendel, maisTelemann comble cette distance en innovant dans la forme,ce qui fait de son Orpheus une œuvre originale, hors dessentiers battus du baroque et de l’opera seria.

VioloncelleLe désormais incontournable Yo-Yo Ma a enfin réen-

registré les Suites de Bach pour violoncelle seul, et le résul-tat est celui que l’on pouvait prévoir : technique trans-cendante, sonorité chaude, interprétation inspirée (6).C’est très beau et c’est une vision romantique des Suites.C’est en tout état de cause beaucoup mieux que Rostropovitch,à placer tout près de la version irremplaçable de Casals.Pour ceux qui tiennent à un Bach linéaire, la versionTortelier (7) reste la version de référence.

Le même Yo-Yo Ma se plie à la mode en enregistrantdes tangos d’Astor Piazzola (8), avec quelques bons musi-ciens de tango, et il réussit très bien dans ce genre queles musiciens classiques abordent volontiers, et plus faci-lement que le jazz, car la musique est écrite : le timbresensuel de Ma fait merveille dans cette musique quasi éro-tique, et il donne l’impression non de lire ce qui est écritmais d’improviser.

L’on réédite, dans la série “ Héritage ”, des concertospar un autre violoncelliste de légende, Gregor Piatigorsky,dont celui de Dvorak et le n° 4 de Saint-Saëns, avec, en prime,le Kol Nidrei de Max Bruch (9). Piatigorsky, qui a été lepartenaire de Schnabel, Heifetz, Milstein, Rubinstein,Horowitz, est le violoncelliste romantique par excellence,qui fait chanter l’instrument comme une voix humaine,l’un de ceux dont Yo-Yo Ma est le plus proche. Les enre-gistrements datent des années 1940 à 1946.

PianistesAutre interprétation de légende, celle des deux concer-

tos de Brahms par Léon Fleisher avec l’Orchestre deCleveland dirigé par George Szell, dans les années1956-1958, reprise aujourd’hui dans la même collectionHéritage, avec les Variations et Fugue sur un thème deHaendel et les Valses de l’Op. 39 (10). On enregistre beau-coup ces deux concertos ces temps-ci, et souvent trèsbien, mais la version Fleisher, que beaucoup d’entre vouspossèdent en disque noir, est unique par sa fougueexplosive, son inspiration quasi médiumnique. Brahmsn’est ni Bach, ni Mozart, ni Beethoven, et ses deuxconcertos requièrent non distance mais implicationtotale, et, presque, hallucination. C’est ainsi que les joueFleisher, et c’est unique.

Autre interprète d’exception : Fazil Say, jeune pia-niste turc, qui joue Mozart – pourquoi craindre les super-latifs – avec génie. Trois sonates (K 330, 331, 333) et lesVariations sur Ah ! vous dirai-je Maman ! suffisent à s’enconvaincre (11). Pourquoi lui, là, maintenant, tout commeailleurs Vengerov ou, plus loin dans le temps, Menuhin?Cela relève des mêmes mystères que l’alchimie. Maintenant,attendons la suite.

Encore Gershwin : on en aura beaucoup en cetteannée du centenaire, et qui s’en plaindrait, à conditionque l’on aille fouiller quelque peu dans les œuvres lesmoins jouées. C’est précisément ce qu’a fait le pianiste WayneMarshall en enregistrant les Variations sur I got rhythm etla Deuxième Rapsodie, toutes deux pour piano et orchestre,avec le Aalsborg Symphony (12). Wayne Marshall joueGershwin comme il le faut, c’est-à-dire comme du jazz,en s’attachant au rythme et au phrasé sans trop s’inté-resser au toucher. Sur le même disque, la Rhapsody inBlue et le Concerto en fa, joués de même, avec tempostrès rapides, ce qui est très rafraîchissant.

QuatuorsPour terminer, deux petites merveilles qui pourraient

être le “ retour au calme ” après les explosions précé-dentes : deux disques de quatuors, l’un du quatuorDe ma vie de Smetana et de celui de Franck, par lequatuor Julliard (13) ; l’autre de Borodine, par le quatuorde Moscou (14) : le Quatuor n° 2 et le Quintette à cordes.Prenez deux heures de votre temps précieux, votre “purmalt ” favori, fermez la porte, éteignez votre téléphonemobile et écoutez en lisant, pourquoi pas, la Physiologiedu Goût de Brillat-Savarin. Un avant-goût du Paradis...

(1) 1 CD Auvidis Valois V 4810. – (2) Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.(3) 1 CD Finlandia 0630 15251 2. – (4) 1 CD Finlandia 3984 20684 2.(5) 2 CD Harmonia Mundi HMC 901618.19. – (6) 2 CD Sony S2K63203.(7) Publiée par EMI. – (8) 1 CD Sony SK 63122.(9) 1 CD Sony MHK 62876. – (10) 2 CD Sony MH2K 63225.(11) 1 CD Warner WE 885. – (12) 1 CD Virgin 5 61478 2.(13) 1 CD Sony SK 63302. – (14) 1 CD Harmonia Mundi RUS 288142.

40

Page 43: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Allons au théâtrePhilippe Oblin (46)

On joue en ce moment à Paris deux pièces de théâtreoù il ne se passe rien. Des pièces “ conversation ” : l’une(conversation soliloque) est La Contrebasse, de Süskind,l’autre, Art, (conversation à trois) de Yasmina Raza.

Les deux sont des reprises de spectacles récents etelles font salle comble, marquant ainsi le succès du genre.Après tout, voici bientôt quarante ans que la Huchettedonne tous les soirs La Leçon et La Cantatrice chauve, oùil ne se passe rien non plus.

Même cette immense en...fileuse de mots qu’estMarguerite Duras recueille les suffrages du public. Ellene vide pas les salles où on la joue.

Quoi de commun pourtant entre l’ennui profond quedégage l’auteur de Savannah Bay, la vacuité cocasse de LaCantatrice chauve, les éclats de rire qui fusent aux répliquesde Art? Ou encore entre la réjouissante ironie de Süskind,ou la surprise amusée provoquée par les banalités cruellesd’un Beckett ?

C’est sans doute le mystère de la création dramatiquecontemporaine. Mais le théâtre n’est-il pas toujours peuou prou un mystère ? Franchement drôles, seulementamusantes ou même ennuyeuses au degré suprême, detelles pièces retiennent en tout cas l’attention des spec-tateurs. Ce qui, sans d’une manière ou d’une autre racon-ter une histoire, est, de soi, un art difficile, qui appellel’admiration.

Cela n’est pas lié au petit nombre des protagonistes,parfois réduit à un seul. Dans L’Allée du Roi, Mme GenevièveCasile, seule en scène, nous narrait bel et bien une his-toire, et quelle ! Même dans le long et émouvant mono-logue de La Voix humaine, de Cocteau, il se passe quelquechose : une femme au téléphone découvre peu à peu,par des riens, des intonations, des sonorités inattendues,que son amant va la plaquer, qu’il l’a appelée pour le luidire.

Dans La Contrebasse, rien n’évolue au contraire dansl’esprit de cet instrumentiste de l’Opéra méditant à voixhaute sur son métier, la difficulté d’introduire une contre-basse dans une 2 CV, ou ses tribulations syndicales. Il lefait, hélas, avec un brin de vulgarité, peut-être d’ailleursplus liée à l’interprétation de Jacques Villeret qu’au textede Süskind, encore que cet auteur n’échappe pas tou-jours à une certaine pesanteur germanique. On imaginemieux, en tout cas, M. Villeret, par exemple en conciergeinfatué de sa fonction, qu’en contrebassiste. Mais peut-êtreexiste-t-il parmi les joueurs de contrebasse des êtres d’unefaible élévation de sentiments ? N’en ayant jamais fré-quenté, je ne saurais me prononcer.

Art est, à mon sens, beaucoup plus fin, et plus drôleaussi. Un dermatologue (alias J.-L. Trintignant) vient des’acheter un tableau de deux cent mille francs : une vastetoile entièrement recouverte de peinture blanche. Il la

fait admirer à deux amis de toujours. L’un (alias P. Vaneck)n’y voit qu’une niaiserie. Il n’a pas le sens de la moder-nité. Il ne sait pas même ce qu’est “ être de son temps ”.Le dermatologue le lui explique avec le ton doux, per-suasif et rassurant d’un bon médecin : être de son temps,c’est participer à la dynamique intrinsèque de l’évolution. Letroisième (alias J. Rochefort), pétri de gentillesse ahurie,ne sait jamais que penser, malgré trois années d’un coû-teux passage sur le divan d’un analyste.

Le malheureux est d’ailleurs torturé par la perspectivede son mariage prochain. Sa mère ne peut pas suppor-ter la belle-famille ; lui-même se demande s’il s’entendraavec sa femme et, de toute façon, il épouse aussi unepapeterie, alors que la seule idée de fabriquer et vendredes rouleaux de papier hygiénique lui révulse l’âme.

C’est tout, mais cela est joué avec une merveilleusesobriété, une diction impeccable, dans un salon tendu deblanc, garni de sièges de cuir blanc, au milieu de quoi latoile blanche, de deux cent mille francs, ne jure pas. Lamise en scène du très grand P. Kerbrat ajoute au plaisirde l’esprit par son dépouillement.

La Contrebasseau Marigny (Salle Popesco) – Carré Marigny,

75008 Paris.Tél. : 01.42.25.20.74.

Art,Théâtre Hébertot,

78 bis, bd des Batignolles, 75017 Paris.Té1. : 01.43.87.23.23.

1) a. Le contrat étant de 7«, S ne peut gagner que si lesª adverses sont répartis (3 ≈ 2). Il prend l’entame, joueªA et R, remonte au mort par l’atout, coupe un ª, remonteau mort par l’atout (dernière communication) et les ª 8,7, 6 affranchis rendent même inutile le ¨A. (La proba-bilité de succès est donc de 67,8%.)

b. Les trois premières levées sont les mêmes. Si les adver-saires fournissent les deux fois à ª, le grand chelem estfait comme ci-dessus – pour une levée de mieux ; maissi l’un des adversaires défausse au deuxième tour de ª,

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 41

P. - S. : dans le numéro de novembre de la revue, j’avaisdit du bien de Château en Suède, de Mme Sagan, vue àl’occasion d’une tournée d’été en Bretagne. Cette pièceest actuellement reprise au Théâtre Saint-Georges, dansla mise en scène que j’évoquais et, en partie au moins,avec la même distribution. Je ne saurais trop vousrecommander ce spectacle.

Théâtre Saint-Georges,51, rue Saint-Georges, 75009 Paris.

Tél. : 01.48.78.63.47.

Solutions du bridge

Page 44: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE

S remonte au mort et joue comme ci-dessus le ª5 à laquatrième levée, coupe, remonte au mort à l’atout, jouele ª6 avec cette différence qu’il défausse son ¨5. O enmain, quoi qu’il joue, permet à S – à qui il reste au mort«D et 2 – de jouer du mort les ª8 et 7 affranchis, puisquepar hypothèse les ª sont ici (4 ≈ 1). Le petit chelem estinfaisable si les ª sont (5 ≈ 0).

Une autre ligne de jeu – spectaculaire ! – est égalementgagnante dans ce cas de la répartition (4 ≈ 1) des ªadverses; elle consiste à laisser le «V faire la levée, car alorstrois reprises de main à l’atout subsistent au mort pouraffranchir les ª. Toutefois, cette ligne de jeu est moins bonne,car elle implique que l’on renonce à une levée de mieuxdans le cas du résidu des ª (3 ≈ 2).

La ligne de jeu préconisée pour le contrat de 6« procuredonc une probabilité de 67,8 % de le réussir avec unelevée de mieux et de légèrement plus de 96 % de ne paschuter, puisque la répartition (5 ≈ 0) a une probabilitélégèrement supérieure à 3,9 %.

2) Le «9 est affranchi, mais S ne doit pas le jouer à ce stade,car il ne saurait s’il lui faut défausser la ªD ou le ¨8. Ildoit jouer le ¨6 pour le R, puis le ¨8 pour son as ! S’ilconstate que les ̈ sont (3 ≈ 2), il tire son «9 maintenant,défausse sur lui sa ªD et, remontant au mort par le ªA,défile ses ̈ maîtres. Sinon, il défausse le ¨7 sur son «9et tente l’impasse au ªR.

De la sorte il cumule ses chances à ̈ et à ª, ce qui ne seraitle cas ni s’il tentait d’emblée l’impasse à ª, ni s’il com-mençait par jouer le ̈ A (et non le 6). [Grâce à quoi sa pro-

babilité de succès est où p dési-

gne la probabilité que les ¨ soient (3 ≈ 2) ou (5 – 0), cardans ce dernier cas (chicane à ¨ en E) une impasse sûreprocure une quatrième levée à ¨. Comme p = 67,82 % +1,96 % = 69,8 %, P = 84,9 %.]

3) L’ouverture d’E implique presque certainement la pos-session par ce joueur du ¨A, car sinon E aurait au plus40 – (16 + 7 + 3 + 4) = 10h, puisque la «D entamée estcertainement accompagnée du V. Or, avec 10h, E n’au-rait pas ouvert.

S doit donc jouer le ̈ 3 et, sauf si O fournit le ̈ V, appe-ler le ¨8 du mort.

Le seul cas à examiner de plus près est celui où E pren-drait la levée du ¨V ; mais alors S reprendrait la main àla quatrième ou à la cinquième levée, remonterait aumort à ª, appellerait le ¨R pour le couper si E fournis-sait l’as – et sinon jouerait la ¨D, etc.

1) a. Sachant que a, b, c sont des entiers tels queb2 + c2, c2 + a2, a2 + b2 sont des carrés, recherchonsles valeurs minimales des exposants de 2, 3, 5 et 11 dansle produit V = abc.

• Soit α, β, γ les exposants de 2 dans la décompositionde a, b, c en facteurs premiers.– Deux exposants ne peuvent être égaux, car si β = γ par(mod8) et ne peut donc être un carré, qui est nécessairementcongru à 0 ou à 1 (mod 8).Il s’ensuit que b2 + c2 ne peut pas, non plus, être un carré.– Deux exposants ne peuvent non plus différer de 1, car, ≡ 5 (mod8) et ne peut donc être un carré – et b2 + c2 nonplus par conséquent.– Puisque β – γ, γ – α, α – β sont chacun aumoins égal à 2, l’exposant α + β + γ de 2 dans le produit Vest au moins 0 + 2 + 4 = 6.

• α, β, γ désignant maintenant les exposants de 3 dans ladécomposition de a, b, c en facteurs premiers, deux d’entreeux ne peuvent être égaux, car, si par exemple β = γ,Ainsi chacune des valeurs absolues β – γ, etc. serait aumoins égale à 1, de sorte que α + β + γ ≥ 0 + 1 + 2 = 3.

• Le reste d’un carré modulo 5 est 0, 1 ou 4. Les restes destrois sommes b2 + c2, c2 + a2, a2 + b2 ne peuvent avoirtoutes trois ces valeurs que si l’un au moins des restes dea2, b2, c2 est nul, car si ces restes étaient 1, 1, 1, b2 + c2

serait congru à 2 (mod 5) et de même si ces restes étaient4, 1, 1 ; et si ces restes étaient 4, 4, 1 ou 4, 4, 4, c’esta2 + b2 qui ne serait pas un carré, puisque a2 + b2 seraitcongru à 3 (mod 5).C’est dire que 5abc.

• Enfin le reste d’un carré modulo 11 étant 0, 1, 3, 4, 5ou 9, ou bien l’un au moins des carrés a2, b2, c2 est divi-sible par 11, ou bien on vérifiera sans peine que chacundes trois couples de restes doit être constitué par deuxtermes consécutifs de la suite 1, 3, 9, 5, 4, 1 – car, parexemple, le couple 3, 5 ne conviendrait pas du fait que3 + 5 ≡ 8 (mod 11). Or on se convainc aisément que c’est

42

Solutions des récréations scientifiques

JPH
Tampon
Page 45: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

impossible et donc que l’un au moins des restes est néces-sairement nul, ce qui implique : V multiple de 11.– Ainsi V est divisible par 26.33.5.11 = 95040.

b. Si les côtés d’un triangle pythagoricien primitif sont x,y, z, liés par la relation x2 + y2 = z2, alors a = y4x2 – z2,b = x4y2 – z2, c = 4xyz sont les côtés d’une brique dePythagore et les diagonales des faces sont a’ = x (4y2 + z2),b’ = y (4x2 + z2), c’ = z3.

On le vérifie aisément : a’2 = b2 + c2 = x2 (4y2 – z2)2 + 16 x2

y2 z2 = x2 (4x2 + z2)2 ; de même on obtient b’ ; quant à c’2

= a’2 + b’2 il est, puisque x2 + y2 = z2, égal à 16 (x4 y2 +x2 y4) – 16 x2 y2 z2 + (x2 + y2) z4 = 16 x2 y2 z2 – 16 x2

y2 z4 + z6 = z6.

Ainsi au triangle pythagoricien x = 4, y = 3, z = 5 corres-pond la brique pythagoricienne de côtés a = 117, b = 44,c = 240 dont les diagonales des faces mesurent a’ = 244,b’ = 267, c’ = 125. Le volume V = abc = 1235520 = 13.95040.

Toutefois les formules ci-dessus ne donnent pas toutes lesbriques pythagoriciennes et, par exemple, en voici d’autres

2)

Le périmètre considéré est la somme des arcs ab de la

figure. La longueur d’un tel arc est R x 2θ = Rθ. Or la2

somme des θ est 2π. Donc, quel que soit n, le périmètre“ en feston ” de l’inverse du polygone est égal à la circon-férence du cercle.

Mots croisésGeorges Jaskulké (55)

HORIZONTALEMENTI. Opérateur d’un vaste bilan thermique (3 mots).* n II. Aidesouvent bienvenue, même pour une révolution (3 mots).*n III. Hors limites – Retourné entre tout ou rien. n IV. Nedit pas oui – Criant tel un amphibien. n V. Fournit desvisions – Note. n VI. Ambiances pour le moins confuses– Volontiers gonflé... par derrière. n VII. Immobilisée– Grand humoriste mis à mal. n VIII. Condamnationlégale – Ongulé sans queue ni tête – Préposition. n IX. Réunitses fils – Rengaine. n X. Article arabe – Un haut lieu del’humanisme rhénan.

VERTICALEMENT1. Un bon banquier sait l’être aussi.* n 2. Cherche lapetite bête – Flagelle. n 3. Actives entre pressoir et fla-cons. n 4. Initiales familières ici – Le “Mauzin ” les aus-culte.* n 5. En retard – Modelés en toute toreutique.n 6. Réduite à ses derniers éléments. n 7. Remplacentune inconnue – Finalement se rend toujours – Encadrentun fond pour en faire un bateau. n 8. Variété linéaireaffine. n 9. Dupées – Exprimé. n 10. Club très parisien– Lie. n 11. Garnir d’ailettes en montant. n 12. Note– Fut fatal à César.

* Document autorisé mais non indispensable : La Jaune et la Rouge dejanvier 1997.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 43

85187

11551155

132102011006300

720158410086688

732188414929188

725159515336787

157103715956455

5.1711.172

52.72.112.52.72.11.19

a b c a’ b’ c’abc

95040

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Solutions dans le prochain numéro

JPH
Tampon
Page 46: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

p68 29/12/03 15:16 Page 68

Page 47: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Les revanchards del’armée d’Afrique1940-1944Louis-Christian Michelet (37)Paris – Éditions Godefroy de Bouillon(1) – 1998

Nombreux sontles ouvrages parussur la SecondeGuerre mondiale,tantôt des biogra-phies qui ne don-nent que des vuesparcellaires, tan-tôt des livres qui sont des plai-doyers pro domo.

Je croyais connaître cette guerre.L’ouvrage de Michelet m’a beaucoupappris : il a été écrit par un historienqui a effectué un important travail dedocumentation. Les références sontdonnées parce qu’il s’agit d’une thèsede doctorat et parce que ainsi aucundoute ne subsiste sur les sources évo-quées. Ensuite, c’est le militaire quiutilise les méthodes de raisonnementdes états-majors pour faire comprendrele pourquoi des opérations.

Au début, Michelet analyse lescauses de notre manque de prépara-tion, d’où se déduisent les responsa-bilités. Gamelin a écrit dans son livreServir qu’à cette époque on comptaitfermement sur l’URSS. Pourtant nouspouvions nous méfier d’elle puisque,dès le 16 avril 1922, à Rapallo, elleavait signé un pacte de non-agressionavec l’Allemagne, et par la suite l’avaitaidée à se réarmer. L’URSS ne pouvaitd’ailleurs pas être bien disposée àl’égard de la Pologne qui, peu aprèsla fin de la Première Guerre mondiale,s’était emparée d’une partie de l’Ukraine.

Mais il n’est pas question pour moid’analyser le volumineux ouvrage deMichelet. Je laisse à nos camarades lesoin de le faire. Je suis sûr qu’ils neseront pas déçus par sa lecture. Certains

passages leur rafraîchiront la mémoire,mais beaucoup d’autres leur appor-teront des précisions qui leur faisaientdéfaut. n

Pol Vincent (35)

(1) 113-119, rue Lecourbe, 75015 Paris.

Les collectivitéslocales et l’économienationaleJacques Méraud (46)Préface de Pierre Richard (61)Paris – Éditions locales de France (2) –1997

Les collectivités locales sont sou-vent méconnues. Quelques-unes, certes,ont eu des faiblesses (fiscalité tous azi-muts en hausse massive, investisse-ments inutiles, dette spectaculaire).Celles-ci ont fait l’objet de commentairesmédiatiques parfois sévères, qui ris-quent de rester dans l’esprit de nom-breux citoyens. Pourtant, dans l’écra-sante majorité de nos collectivités, laréalité économique, sociale et finan-cière est tout autre. Il fallait donc quesoit jeté sur elle un regard objectif,passant les idées reçues au crible d’uneparfaite rigueur scientifique. C’est l’ob-jet du présent ouvrage. Il analyse surtrente-cinq ans (1959-1994) la ges-tion de l’ensemble des collectivités, lacompare à celle de l’État et de la Sécuritésociale, et en mesure les effets sur l’évo-lution de l’économie nationale. Il répondainsi à des questions comme : À quoiles collectivités locales dépensent-ellesleur argent ? Les impôts locaux aug-mentent-ils plus aujourd’hui qu’il y avingt ou trente ans ? Les investisse-ments publics locaux stimulent-ils oufreinent-ils la croissance nationale? Lerecours des administrations locales àl’emprunt a-t-il gêné les entreprisesprivées ? La gestion des collectivitéslocales a-t-elle eu des effets inflation-

nistes ? Quels ont été les effets de ladécentralisation ? La lecture de l’ou-vrage a été rendue aisée, grâce à uneclarté d’expression remarquable. Onne saurait trop le recommander, aussibien aux élus locaux que nationaux,politiques ou syndicaux, aux écono-mistes chevronnés comme aux étu-diants, aux responsables administratifscomme aux dirigeants et cadres d’en-treprises, et de façon plus générale, àtous ceux qui, à des titres divers, s’in-téressent à la vie de notre société. n

(2) 7-11 quai André-Citroën, 75015 Paris.

Vers un conseild’administrationprofitable pourl’entreprise (3)

Marcel Boby (59)et Serge GautierParis – Gualino éditeur – 1998

Le conseil d’admi-nistration d’une sociétéanonyme a été et estencore trop souventconsidéré comme unesimple chambre d’en-registrement des résul-tats de l’entreprise.

Pourtant les admi-nistrateurs peuventavoir un rôle actif dans “ l’admi-nistration ” de la société. Au-delà dela fonction définie par la loi, un admi-nistrateur peut être un véritable conseildu chef d’entreprise, particulièrementdans ses choix stratégiques. N’étantpas acteur de la direction opérationnelle,l’administrateur de société peut conser-ver une vue totalement objective surles orientations souhaitables ; au chefd’entreprise de savoir tirer profit decette situation et des compétences pro-fessionnelles de son conseil d’admi-nistration.

Ce livre donne la règle du jeu quipermet aux dirigeants de l’entrepriseet aux administrateurs d’agir au pro-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 45

A R T S , L E T T R E S , S C I E N C E S

Les livres

JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 48: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE46

fit de l’entreprise sans empiéter surle rôle et les responsabilités de chacun ;il sait tirer profit de l’esprit et des dis-positions de la loi pour expliquer lerôle actif que peut et doit avoir unconseil d’administration dans la conduitestratégique de l’entreprise.

Rédigé par des praticiens réputés,ce guide pratique, très largement illus-tré de modèles, est un véritable outilde management qui s’adresse aussibien aux dirigeants de l’entreprisequ’aux administrateurs ; il concernetoutes les sociétés anonymes : les PMEqui mesurent les apports possiblesd’un conseil d’administration actifcomme les grandes sociétés qui veu-lent s’orienter vers le gouvernementd’entreprise. n

(3) Cet ouvrage est diffusé en librairie mais peutaussi être commandé auprès de l’ADAE, BP 2613,75026 Paris cedex.Tél. : 01.44.76.91.11. Fax : 01.44.76.91.12.

Les Annalesde l’École de Parisdu managementVolume III (4)

Paris – Association des Amis de l’École

L’École de Paris du managementest une institution originale, certessituée à Paris, mais qui n’est ni vrai-ment une école ni n’est essentielle-ment consacrée au management. Elleest animée par Michel Berry (63) quifut longtemps directeur du Centre derecherche en gestion de l’X, et qui aconservé des liens étroits avec le corpsdes Mines ainsi qu’avec la revue Annalesdes Mines et son ancien supplémentGérer et Comprendre devenu aujour-d’hui autonome. Il s’agit d’un lieu derencontre où fonctionnent plusieursséminaires (Vie des Affaires, Crises etMutations, Enseignement de la Gestion)et où sont exposées de passionnantes“études de cas ”. Plutôt que de mana-gement, il faudrait parler de sciencedes organisations, tant les sujets abor-dés débordent la vie des entreprises.

Tous les ans, un fort volume,imprimé avec soin, reprend les confé-rences et fait bénéficier les absentsdes informations et expériences débat-

tues. Dans celui-ci, on trouvera ainsiévoqués la catastrophe de Tchernobyl,l’efficacité de la Banque mondiale, lachasse aux “ beugs ” des logiciels, larésurrection des studios berlinois deBabelsberg, la sous-traitance en Italie…et envisagé l’avenir des services deproximité, des professions de com-missaire-priseur et d’inspecteur dutravail, du droit d’auteur, des boîtes àidées chez Renault ou de l’agrégationdes sciences de gestion… Cela ne selit certes pas d’une seule traite, celase déguste, gorgée après gorgée, etcela se médite, tant la compétencedes auteurs et contradicteurs donneà réfléchir et remet en cause les idéesreçues que nous avons cru tirer d’unarticle de presse ou d’une émissionde télévision.

Une doctrine se dégage-t-elle detant de variété ? Sans doute l’arrière-pensée des organisateurs est d’abordde faire justice des accusations de tech-nocratie incompétente, aveugle et des-séchée, volontiers portées aujourd’huicontre les “ élites ” françaises en géné-ral et le corps des Mines en particu-lier. Voilà des gens informés, rompusaux calculs techniques et financiers,qui observent intelligemment le monde,tant les administrations nationales etinternationales que les entreprisespubliques et privées, des multinatio-nales aux PME, et qui portent unegrande attention aux relations socialeset à tous les dysfonctionnements denos sociétés. Sans doute ne professent-ils pas tant une doctrine qu’une méthodede libre examen critique, dégagée detoute pesanteur et présupposés socio-logiques et idéologiques. Celle-ci sesitue à égale distance d’une part del’ultra-libéralisme qui ne veut connaîtreque le jeu des prix et des taux, d’inté-rêt et de change, d’autre part d’unpseudo-marxisme, qui prétend voirpartout la lutte de capitalistes exploi-teurs et de travailleurs exploités. Elleconsiste à repérer dans le détail lesintérêts en présence – capitalistes majo-ritaires et minoritaires, administrationsfiscales, sociales et économiques diverses,syndicats et associations profession-nelles, direction générale, encadre-ments supérieur et moyen, travailleursde divers statuts – et à tenter de modé-liser, compte tenu des règles du jeu

en vigueur, leurs modes de représen-tation et leurs critères de décision.

Avez-vous par exemple réfléchi àla créativité interculturelle germano-japonaise ? ou bien trouvez-vous plusconcrète la gestion des centres de busde la RATP ? “Pour produire un service,il faut un bus en état de marche, unagent apte à la conduite, présent etdisponible pour effectuer une mission,connaissant la ligne […] Il faut orga-niser la production en respectant les deuxrepos hebdomadaires, les 28,5 joursde congés par an et d’autres indispo-nibilités […] L’entreprise gère par agentun compte de minutes de temps sup-plémentaire, qui permet d’absorber lavariabilité des temps de parcours etque l’agent peut soit se faire payer, soitrécupérer en jour de repos supplé-mentaire […] ” Ainsi se dessine au fildes cas examinés l’esquisse d’une théo-rie des procédures de décision reposantsur une analyse de la complexité desorganisations, théorie que le tome IVpourrait commencer à expliciter. n

Michel Louis Lévy (57)

(4) Édité par l’Association des Amis de l’École,94 boulevard du Montparnasse, 75014 Paris.

Martingales etmarchés financiersNicolas Bouleau (65)Paris – Éditions Odile Jacob – 1998

L’économie contemporaine est domi-née par les marchés financiers. Ils com-mandent le développement industrielet commercial. Ils imposent leur loiaux gouvernements. Quels principesles régissent ? Leur fonctionnementdemeure-t-il chaotique ou bien recèle-t-il une logique qu’on peut analyseret reconstituer en toute certitude ?

Si l’on pénètre dans les salles spé-cialisées à Paris, Londres, Tokyo oubien Chicago, partout règnent les mathé-matiques. Ce n’est pas un hasard siBlack, Scholes et Merton ont reçu leurrécent prix Nobel pour des équationsqui servent aux opérateurs des banques.

Les mathématiques vont-elles nouspermettre de maîtriser enfin les mar-chés dont dépend l’économie toutentière ? n

Page 49: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Calcul différentiel

Topologiedeux livres de

Gilles Christol, Anne Cotet Charles-Michel Marle (53)Paris – Ellipses/Édition Marketing (5),coll. Mathématiques 2e cycle – 1997

La collection Mathématiques 2e cyclese propose de mettre à la dispositiondes étudiants de licence et de maî-trise de mathématiques des ouvragescouvrant l’essentiel des programmesactuels des universités françaises.Certains de ces ouvrages pourrontêtre utiles aussi aux étudiants qui pré-parent le CAPES ou l’agrégation, ainsiqu’aux élèves des grandes écoles.

Nous avons voulu rendre ces livresaccessibles à tous : les sujets traitéssont présentés de manière simple etprogressive, tout en respectant scru-puleusement la rigueur mathéma-tique. Chaque volume comporte unexposé du cours avec des démons-trations détaillées de tous les résul-tats essentiels et de nombreux exer-cices. Les auteurs de ces ouvrages onttous une grande expérience de l’en-seignement des mathématiques auniveau supérieur. n

(5) 32, rue Bargue, 75015 Paris.

Le Marais,Organisation du cadre bâti

Juliette Faure (6)

Paris – L’Harmattan– 1997

Le Marais :ancien marécage oùs’étendaient des ter-rains cultivés a étécouvert d’hôtelsaristocratiques…

Cette défini-tion du quartiernous pousse àconnaître plus précisément l’espaceet les sociétés qui l’ont modelé.

Depuis le Moyen-Âge nous trou-vons ici les témoins des modes de vie.

C’est au XIXe siècle que le Marais a vuse transformer les beaux hôtels et lesmaisons d’accompagnement pouraccueillir l’artisanat et la petite indus-trie. Dans les années 1940, un mou-vement a été amorcé pour la rénova-tion de son cadre bâti par des actionsbrutales. Par la suite, la création d’unPlan de sauvegarde et de mise envaleur, consécutif à la loi Malraux, apermis de mener les travaux de façoncorrecte. De nos jours le vieux quar-tier renaît en ouvrant les portes desdemeures prestigieuses qui sont réamé-nagées en musées, bibliothèques, sallesde conférences. Dans une conjonc-ture nouvelle, les secteurs du textile,de la bijouterie, du travail des métauxrésistent, ils sont, avec les industriesdites du “ Tertiaire inducteur ”, lesgarants d’activités économiques diver-sifiées. Les mutations dans les com-merces accompagnent le changementpartiel de la population.

Du monde entier, les visiteurs vien-nent nombreux pour parcourir leMarais et trouver dans ses rues apai-sées un rappel de l’histoire en pleincœur de Paris. n

(6) Épouse de Jean Faure (56).

Aménophis IV etles pierres du soleilAkhénaton retrouvé

Robert Vergnieux et Michel Gondran (65)Paris – Les éditions Arthaud – 1997

À travers une centaine de fresquesinédites du premier temple d’Aton àKarnak reconstituées pour certainesen images de synthèse, ce livre raconteune double aventure. C’est d’abordl’histoire d’Akhénaton et des prémissesde la révolution amarnienne, histoirerenouvelée par l’interprétation de cesnouveaux bas-reliefs qui révèlentl’émergence du culte solaire d’Atonet permettent de définir une nouvellepériode historique.

C’est aussi la démarche de l’ar-chéologue et du scientifique dans leurrecherche pour assembler ces puzzlesde pierre, puis faire parler ces “pierres

du soleil ” qui figurent au tout premierrang du patrimoine mondial de l’art.

Ces reconstitutions sont basées surprès de 12 000 pierres gravées – lestalatat – provenant du premier templesolaire d’Aton. Elles ont été menéesdans le cadre du mécénat technologiqueen partenariat entre le CNRS et EDF.Tour à tour ont été utilisées les tech-niques de l’intelligence artificielle dansles assemblages de talatat, la CAO etles images de synthèse pour restituerles scènes. n

Autres livres reçusLa Femme auxloups

Chantal Montellieret Hélène Meynaud (7)

Nice – Z’éditions (8) – 1998

C’est pourpouvoir oublierque Lida Forest,jeune ingénieurequébécoise, estvenue travaillerà Paris sur lechantier de la TrèsVaste Bibliothèque.

Elle a échappé, voici trois ans, autueur qui a massacré de nombreusesjeunes filles à l’École polytechniquede Montréal.

La vie sur le chantier est un peurude, mais toujours passionnante.Lida sent que dans l’ensemble leshommes l’ont bien acceptée ; et puisl’architecte a les mains si douces…Elle pourrait presque se sentir biensi une série d’incidents et d’accidentsbizarres, mettant à chaque fois sa vieen danger, ne survenait.

La jeune femme sent à nouveau lamort tourner autour d’elle. Un autreassassin rôderait-il entre grues etcamions ? Son entourage n’y voit queloup imaginaire. Sur le chantier latension monte… n

(7) Ancienne élève de l’École polytechnique deMontréal.(8) 6, rue du Lycée, 06000 Nice.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 47

JPH
Tampon
JPH
Tampon
Page 50: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE48

V I E D E L’ É C O L E

Conseilde recherche PERSONNALITÉS EXTÉRIEURES À L’X

Serge Feneuille, présidentConseiller du Président du groupe Lafarge.Jacques BouchardDirecteur des applications militaires au CEA.Catherine BréchignacDirecteur général du CNRS.Pierre DeslongchampsProfesseur à la faculté des sciences deSherbrooke (Canada).Jurg FröhlichProfesseur à l’École polytechnique fédérale deZurich.Pierre HarenPrésident-directeur général d’ILOG.Axel KahnDirecteur de recherche à l’INSERM.Philippe NozièresProfesseur au Collège de France.Francis OlivierPDG de la société SIDEL.Jean-Jacques PayanDirecteur de la recherche de RENAULT-SA.Carlo RubbiaAncien directeur général du CERN.John-Raymond WillisProfesseur à l’université de Cambridge.

REPRÉSENTANTS DES CHERCHEURSDES LABORATOIRES DE L’X

François JacquetDirecteur du laboratoire de physique nucléairedes hautes énergies.Guy LavalDirecteur de recherche au CNRS (CPHT).

PERSONNALITÉS DE L'X

Michel Petit, secrétariat du ConseilDirecteur général adjoint pour la recherche.Jean-Claude TolédanoDirecteur général adjoint pour l’enseigne-ment.

Le premier Conseil de recherches’est déroulé le vendredi 12décembre dernier. En présence

de Pierre Faurre, du général Novacq etde Michel Petit, Serge Feneuille, membredu comité exécutif du groupe Lafargeet ancien directeur général du CNRS,a pris possession de ses fonctions deprésident du Conseil de recherche.

Ce conseil, prévu par le décretconcernant l’École polytechnique, estun organe consultatif. Composé dedouze personnalités (voir liste desmembres ci-contre) les principalesmissions du Conseil de recherche sedéfinissent ainsi : conseiller le direc-teur général adjoint pour la recherche(DGAR), Michel Petit, en ce quiconcerne l’élaboration de la politiquede recherche de l’École, sur les domainesà privilégier et sur les opérations oupartenariats majeurs à mettre en œuvre.Le Conseil veille à l’équilibre d’en-semble du programme de rechercheentre les sujets induits par la dyna-mique propre de la recherche fonda-mentale, et les sujets répondant auxbesoins en recherche de base liés àdes enjeux nationaux ou industriels.

Cette première réunion, outre sonaspect protocolaire, était une réunionde présentation.

Ainsi, le président du Conseil d’ad-ministration, Pierre Faurre, a rappeléles missions du Conseil de rechercheet sa nécessaire corrélation avec legroupe de travail présidé par GillesKhan sur l’enseignement de l’infor-matique à l’X, en liaison avec larecherche.

Le général Novacq, après une pré-sentation de l’École aux membres duConseil, a rappelé la grande diversi-fication de l'enseignement proposéaux élèves polytechniciens.

Michel Petit a enfin pris la parolepour présenter le centre de rechercheet ses 24 laboratoires, à travers undocument présentant d’une part laplace de la recherche à l’École, d’autrepart les grands thèmes de recherchedes laboratoires, les disciplines de baseet leur évolution. Le DGAR a ensuiteabordé l’avenir du thème : “utilisationdes lasers intenses ” qui pose un pro-blème pressant, la construction dubâtiment nécessaire pour abriter lelaser en cours de développement. Ilest donc envisagé de déménager deslaboratoires existants pour libérer deslocaux au voisinage de l’implantationactuelle du laboratoire LULI et per-mettre ainsi son extension sur place.

Cette opération touche les labora-toires d’optique quantique (OPTQ) etde physique des milieux ionisés (PMI).

La question se pose naturellementd’étudier l’opportunité de jumeler cedéménagement avec une évolutiondes activités de ces laboratoires quisont l’un et l’autre des unités anciennes.Leur avenir pourrait être examinédans le cadre d’une réflexion d’en-semble sur l’avenir de l’optique à l’É-cole, en prenant également en compteles activités du laboratoire d’optiqueappliquée (LOA).

En conclusion, le président duConseil de recherche, Serge Feneuille,a proposé l’ordre du jour de la prochaineréunion qui a été adopté :• un sujet transversal : relations avecl’entreprise ;• un sujet scientifique : la place dessciences de l’information à l’X ;• enfin un thème spécifique : l’ave-nir de l'optique et ses relations avecle pôle laser.

Article extrait de X-Info n° 83.

Mise en placedu Conseil de recherche

Page 51: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 49

Avis de grand beau tempssur la voilepolytechnicienne !

Savez-vous que de nombreuxpolytechniciens pratiquent régu-lièrement les sports nautiques ?

Bien sûr près de 80 camarades effec-tuent leur année militaire dans lamarine nationale, d’autres, plus nom-breux encore, sont membres d’X-Course-au-Large, de la section voileou bien encore organisent la Coursede l’Europe.

Mais plus fondamentalement, cetamour de la mer vient des valeursqu’elle véhicule. Il est vrai que la navi-gation et l’entreprise ne sont pas toutà fait étrangères. Toutes deux exigentle même exercice des qualités les pluscontradictoires : sang-froid, imagi-nation, passion, expérience. Dans lesdeux cas, il faut un capitaine, un équi-page solidaire, aux qualités complé-mentaires, savoir où l’on va et parfoislouvoyer.

Autant de bonnes raisons pourcréer enfin un groupe de voile d’an-ciens avec l’ambition de redonner auxfins navigateurs, aux amoureux de lavoile, aux amateurs d’évasion qui som-meillent en vous l’occasion de se retrou-ver à border les écoutes et à partagerquelques très bons moments dansune ambiance conviviale. En parte-nariat avec des élèves d’HEC qui par-tagent nos valeurs, nous comptonsorganiser chaque année des événe-ments véliques : trophée X-HEC, croi-sières, week-ends de navigation, visitesdu Salon nautique…

Si vous êtes intéressés par la voileet la rencontre d’autres anciens auxprofils aussi intéressants que variésretenez dès à présent deux dates :• jeudi 5 mars à 19 heures 30,réunion d’information et formationdu Bureau de l’Association ;

• week-end du 30 mai, premièrecoupe X-HEC pendant trois jours auCrouesty.

Pour recevoir notre bulletin de liai-son et être tenu au courant de nosactivités n’hésitez pas à nous retour-ner le formulaire ci-dessous à l’adressesuivante :

Association X-HEC, sea’nergie8, rue Magellan,

75008 Paris.

Vous pouvez égalementnous contacter au 01.69.33.59.46

ou consulter notre page Webhttp://www.polytechnique.fr/eleves/seb/xhec/

Nom : ...................................................................................................................................................................Prénom : ...................................................................... Promo : ....................................................................Adresse : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Téléphone : .................................................................. Fax : ..........................................................................E-mail : ..............................................................................................................................................................

Navigues-tu régulièrement ? m oui m nonSi oui comment? m Location m Régate m Propriétaire m En famille (à ........ personnes).

"

D.R

.

JPH
Tampon
Page 52: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE50

Vous souhaitezconnaître nos autres

séminaires,consultez notre

catalogueou le site

Web de l’École

Collège dePolytechnique

CNIT - BP 230

2, place de la Défense

92053 PARIS LA DÉFENSE

Tél. : 01.46.92.21.49

Fax : 01.46.92.21.60

[email protected]

http://www.polytechnique.fr

Les conférences"Sciences d’aujourd’hui, techniques de demain"Travailler dans une entreprise multinationale :recettes ou approche scientifique 26 marsTatiana GLOBOKAR, CRG de l'X, et Dominique DEGOT, ancien directeurgénéral chargé des Affaires internationales de FRAMATOME.

Les avancées scientifiquesGénération, mise en forme, caractérisation des solides divisés 18, 19, 20 marsGilbert CASAMATTA, ENSIGC.Validation et sûreté de fonctionnement des logiciels 19, 20 marsGérard BERRY, INRIA, et Frédérique VALLÉE, Mathix.Convergence client/serveur Intranet 23, 24 marsGeorges GARDARIN, Université de Versailles.Modélisation numérique en acoustique 23, 24, 25 marset électromagnétismeJean-Claude NEDELEC, CMAP de l'X.Concepts clés de l’objet et technologies : 1, 2 avrilJavabeans, ActiveX, CorbaAnnick FRON, AFC, et Jean-Marie CHAUVET, NEURON DATA.Hautes tensions pulsées : kilo-ampères et mégavolts 1, 2, 3 avrilBernard ETLICHER, Polytechnique.Modélisation numérique des écoulements fluides multiphasiques 4, 5, 6 maiImad TOUMI, CEA.Spectrométrie de masse 5 maiMarie-France GONNORD, Polytechnique.

Le progrès dans l'entrepriseInternet, Intranet, commerce électronique : la sécurité ? 31 marsJean-Claude BREAN, ministère de la Défense, et Yves LE ROUX, DEC.Relations maître d'ouvrage-maîtres d'œuvre 1 avrildans les projets techniquesS. DROGOUL et J.-L. HAUTEMPENNE, Aérospatiale, et Daniel ROUX.Piloter l'entreprise par la création de valeur 29 avrilJean-Pierre PONSSARD, Laboratoire d'Économétrie de l'X.Le pilotage des projets informatiques par l’analyse des risques 12 maiGilles VALLET, HIGHWARE.Globalisation des marchés : les règles du jeu de la concurrence 13 maiHervé DUMEZ et Alain JEUNEMAITRE, CRG de l’X.Financements et garanties à l’exportation 26, 27 maiJacques CRESSON, CCE.Financements multilatéraux à l’exportation 28 maiLaurence GAUCHERY, ACECO.

Mercide nous aider à diffuser ces offres dans vos entreprises,

des catalogues sont à votre disposition.

Les prochaines semaines,

F O R M AT I O N

JPH
Tampon
Page 53: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

n 9h30 – Accueil• Pierre FAURRE, président de l’École polytechnique, PDG SAGEM.

n 9h45Qu’est-ce qui doit et va changer ?Les racines du changement : la mondialisation de l’économie,la banalisation et la standardisation des techniques, lacouverture mondiale de l’Internet.Les bouleversements qui vont intervenir sur la société, lesentreprises, le citoyen, le monde politique.• John BIRD, directeur Stratégie Europe Middle-East Africa,Motorola • Isabelle FALQUE-PIERROTIN, rapporteur généralMission Internet, Conseil d’État.

n 10 h30À quoi doivent faire face la société,les entreprises, le monde politique?Les nécessaires adaptations des comportements, desorganisations, des systèmes juridiques et fiscaux, des Étatseux-mêmes... Les évolutions des relations employeur-employé, client-fournisseur, citoyen-État... Les besoins deconfiance, de protection, de sécurité, de confidentialité...• François DUFAUX, président SYNTEC Informatique • JacquesCARRÈRE, magistrat, ministère de la Justice • Francis PAVE, Centrede sociologie des organisations et École polytechnique.Séance coordonnée par Gabrielle GAUTHEY, SOFIRAD.

n 11 h30Commerce électronique :une nouvelle donne pourles consommateurs, les entreprises• Francis LORENTZ, président EPFR, Mission sur le commerceélectronique.

n 12h 15 – Déjeuner

n 14hÉthique d’entreprise,obligations et protectionsLa protection du consommateur ou de l’acheteur, la protectiondu vendeur ou du fournisseur : contrats, paiements, publicité,mécanismes de redressement, juridiction compétente... Versune cohabitation entre législations et autorégulation.Intranet : vers une déontologie et une “ cyber ” éthiqued’entreprise. Internet : la maîtrise de la diffusion des données.• John P. RUPP, avocat COVINGTON & BURLING, AUGUST &DEBOUZY • Louise CADOUX, vice-président CNIL • Dr RéginaldALLOUCHE, directeur clinique HARTMANN • Patrick VITTET-PHILIPPE, conseiller-expert, Commission européenne.Séance coordonnée par Philippe COPELLO, Compagnie Généraledes Eaux.

n 15h 45Les besoins des entreprises,les attentes des utilisateurs :la nécessité d’éducation et de dialogueLes moteurs qui vont faire avancer les entreprises, le mondepolitique, les hommes. À la recherche d’une régulation éco-nomique et sociale. Les évolutions de la société : créationd’emplois et changements de métiers. Le rôle du pouvoirpolitique, des dirigeants d’entreprises, des services publics,de tous.• Alain Bravo, président Commission Société de l’information duFIEEC • Philippe CONTAL, PDG, ALPHA C • Jean-Paul FIGER, vice-président, CAP GEMINI • Denis DAHAN, responsable de l’Informa-tique, ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.Séance coordonnée par Alain VIDART, président Commissionnouvelles technologies, CNPF.

n 17h – Clôture

n 17 h30 – Cocktail

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 51

Le Collège de Polytechnique organise à l’École,le 28 avril 1998, un colloque :

L’entreprise face aux révolutionsde la société de l’information,

nouveaux modes de décision et d’organisationimplications sociales, cadres juridiques

Venez nombreux !Merci de faire connaître cette journée.2 000 F HT, 1 600 F avant le 31 mars.

Pour tout renseignement,Sylviane HALPHEN : 01.46.92.21.35

[email protected]

Page 54: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE52

V I E D U C N I S F

Nous présentons ci-dessous l’éditorial denotre camarade Gilbert RUTMAN (47),président du CNISF, paru dans la revue IDde janvier 1998.

En cette fin d’année, j’aimerais faireavec vous un bilan de nos actionscar le CNISF a lancé des pro-

grammes ambitieux en 1997 et il meparaît important que nous ayons les unset les autres une bonne perception de lasituation.

Je voudrais d’abord vous rappeler lesbouleversements intervenus dans notresociété ces dernières années. En moinsde dix ans, les conditions dans lesquelless’exerce le métier d’ingénieur ont beau-coup changé. Auparavant, c’était extrê-mement confortable, à partir du momentoù un ingénieur entrait dans une entre-prise, il pouvait savoir dix à vingt ans àl’avance ce qu’il allait devenir, il lui suf-fisait de se laisser porter par la vague pourprogresser. Aujourd’hui, la donne est dif-férente, c’est aux ingénieurs à se prendreen main et à gérer leur carrière avec lerisque de moments difficiles à vivre lorsdu passage d’une entreprise à une autre.Parallèlement le rôle des associations achangé, en dehors de celui traditionnelde solidarité et de convivialité l’associa-tion se verrait confier un rôle d’accom-pagnement professionnel. Et puis il y al’Union européenne. Toutes ces raisonsnous imposent de nous remettre en causeen essayant de répondre le plus possibleaux préoccupations de nos adhérents.

Le CNISF a lancé deux chantiers impor-tants :• Le Répertoire tout d’abord. Son ouver-ture officielle se fera le 5 janvier 1998. Jepeux vous dire qu’au moment où cet édi-torial est écrit on compte 120 000 ins-crits et que vraisemblablement le chiffrede 150 000 sera atteint le 5 janvier.Le Comité d’habilitation se met en placeet sa première réunion est programméeau début janvier. Je crois que nous avonsfait œuvre utile et, si nous en doutions,nous aurions été rappelés à l’ordre parnos amis européens pour lesquels cette réfé-rence paraît indispensable.

• La régionalisation ensuite. Nous sommesconscients qu’il s’agit d’un processus lentqui ne se développera pas de la mêmefaçon dans toutes les régions mais là aussicette réforme est nécessaire pour démul-tiplier le rôle du CNISF au plus grandbénéfice des ingénieurs et des scientifiques.Le cas particulier de l’Île-de-France resteà définir. Nous avons procédé à un appelde candidatures et à un vote pour consti-tuer le comité d’organisation de cette nou-velle entité, ce sera à lui de définir sesrègles de fonctionnement.

L’une et l’autre de ces réformes n’abou-tiront qu’avec votre plein accord et votresoutien, vous m’avez apporté l’un et l’autremais je vous demande de ne pas relâcherce soutien car nous sommes encore loindu bout du chemin.

Que 1998 vous apporte à vous et à vosfamilles joies et satisfactions ! et quele CNISF continue à œuvrer et puissevous rendre les services que vous luidemandez !

Gilbert RUTMAN (47)

Conseil national des ingénieurset des scientifiques de France

JPH
Tampon
Page 55: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 53

V I E D E L’ A S S O C I AT I O N

En janvier, le second samedi ducalendrier voit traditionnellementnos résidants fêter l’arrivée de la

nouvelle année.Le président DELACARTE et ses colla-borateurs de la Caisse de Secours, tousaccompagnés de leurs épouses, étaientvenus retrouver leurs amis résidants.Le député-maire de Joigny, le camaradeAUBERGER, accompagné de MadameAUBERGER, le directeur de l’hôpital etMadame NONQUES, par leur présence,ont témoigné de l’excellence des relationsque la Résidence entretient dans la villeet du souci réel des responsables jovi-niens de contribuer à la bonne marchede notre établissement et au confort de sesoccupants.Dans son allocution, le président DELA-CARTE a présenté ses vœux personnelset ceux de l’A.X. aux participants et àleurs familles; lui répondant brillamment,le camarade AUBERGER dit toute sa satis-faction de se trouver en aussi bonneambiance.Tous deux ont tenu à remercier plus spé-cialement la directrice, MademoiselleHENDRIKS et son équipe pour leurdévouement et pour l’attention perma-nente et souriante qu’elles portent aubien-être physique et moral de chacundes résidants.Un bref bilan de l’année écoulée fait état,pour la seconde fois depuis 1995, duchiffre dépassé de 9 000 nuitées avec untaux global d’occupation de 89% sur nos28 chambres. Il faut toutefois bien sou-ligner que 40% de ces chiffres nous sontprocurés par des résidants n’appartenantpas à la “ famille polytechnicienne”. C’estdonc dire que notre maison a constam-ment besoin d’attention, de publicité etd’actions de marketing dans notre“ famille ”...

Renseignements et informationspeuvent être obtenus auprès

de la directrice de la Résidence,19, faubourg de Paris, 89300 Joigny.

Téléphone : 03.86.62.12.31.

D.R

.

Le camarade AUBERGER pendant son allocution.

D.R

.

À la table d’honneur, une très prochaine centenaire, Madame ROUSSET, tante de notre camaradeDENERI (43).

Résidence de Joigny,en janvier...

JPH
Tampon
Page 56: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

CONVOCATION

DE PROMOTION1933

Le prochain déjeuner entre camarades de lapromotion 33 aura lieu le mardi 21 avril à12 h 30 à la Maison des Polytechniciens,12, rue de Poitiers, 75007 Paris.Inscription et règlement sont à adresser à laMaison des X.

GROUPES X

X-EXPERTISE

Le groupe X-Expertise se réunira le mercredi1er avril à 18 heures à la Maison des Polytech-niciens, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.Nathan HATTAB (66) nous fera l’exposésuivant : “Réception informatique dans lebâtiment ”. Cas du GTB.Ensuite nous dînerons sur place.

Pour tout renseignement, s’adresser àJacques PAZIAUD (61)

au 01.49.80.10.83.

X-VINICOLE

8e Salon des Vignerons polytechniciens ledimanche 22 mars de 11 heures à 19 heuresà la Maison des X.Ne manquez pas cette manifestation : les cama-rades du groupe X-Vinicole vous attendentavec famille et amis pour vous faire dégusterles trésors de leurs productions dans l’atmo-sphère amicale et conviviale habituelle.

Un repas est prévu à la Maison des Xpour les invités à partir de midi.

Retenez votre table à la Maison des X,tél. : 01.49.54.74.74.

X-ENVIRONNEMENT

Le groupe X-Environnement vous invite àparticiper à la soirée-débat :

“Environnement et santé publique ”le mercredi 3 juin

de 18 heures précises à 20 heures 30à la Maison des Polytechniciens,12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE54

COTISATION 1998Pensez à la régler avant fin mars.

Chèques à l’ordre de Amicale A.X.Merci d’inscrire votre promotion au dos du chèque.

CCP 2139 F - Paris

Le prélèvement automatique, fait chaque année fin février, simplifie votre vie etcelle de l’A.X. : formulaire envoyé sur votre demande, à retourner à l’A.X. avantle 31 janvier 1999 pour la cotisation 1999.

Montant de la cotisation 1998(dont abonnement à La Jaune et la Rouge)

• Promos 87 et antérieures : 580 F (dont 210)2e membre d’un couple d’X : 185 F (sans abonnement)

• Promos 88 à 91 : 440 F (dont 160)2e membre d’un couple d’X : 140 F (sans abonnement)

• Promos 92 à 94 : 290 F (dont 105)2e membre d’un couple d’X : 95 F (sans abonnement)

Nous proposons à ceux qui souhaitent un reçu de cotisation, de remplir l’im-primé ci-dessous et de nous le faire parvenir avec une enveloppe timbrée à leuradresse pour que nous le leur retournions avec signature et cachet.

Cette annonce ne concerne pas les membres P et F (membres à vie) : ilsfont des dons quand ils le veulent, mais ne paient pas de cotisation.

REÇU ASSOCIATIONNom de l’Association :

Société amicale des anciens élèves de l’École polytechniqueAdresse du siège : 5, rue Descartes, 75005 Paris

Objet :ASSOCIATION 1901

Œuvre d’entraide reconnue d’utilité publique le 23 septembre 1867

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Promo : . . . . . . . . .

Adresse (numéro, rue, code postal, commune) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’Association reconnaît avoir reçu la somme de (en chiffres) : . . . . . . . . . . . . .en règlement de la cotisation 1998 (hors abonnement).

Somme en toutes lettres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Date de paiement : . . . . . . . . . . . . . . . . Date et signature de l’Association

Mode de versement :

Numéraire r Chèque r Virement r Prélèvement r

!

DONSL’A.X. établit systématiquement pour tout don supérieur à 100 F un reçu fis-cal (modèle obligatoire CERFA n° 30-1280, article 87 de la loi n° 81-1160 du30 décembre 1981). Les reçus fiscaux sont établis deux fois par an.

Promotion 46

Claude MOUGEOLLE, qui fut le premiermarié de la promo 1946, tient à annoncerà ses cocons qu’il est aussi le premier arrière-grand-père de la promo par sa fille Valérieet son petit-fils Alexandre Bouchet : Victoireest née le 19 janvier 1998, moins de cin-quante-deux ans après la promo.

Page 57: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Notez cette date dès à présent.En prolongation des débats qu’il organise, legroupe X-Environnement tient à la disposi-tion de ses membres intéressés des micro-dossiers sur divers thèmes.

Adhésion à X-Environnement (cotisation de100 F) auprès de :• Président : André-Jean GUÉRIN (69),Fondation Nicolas Hulot pour la Nature etl’Homme, 52, bd Malesherbes, 75008 Paris.Tél. : 01.44.90.83.04 – Fax : 01.44.90.83.19.• Secrétaire : Pierre-Yves SAINT (78),INERIS, Parc Alata, 60550 Verneuil-en-Halatte.Tél. : 03.44.55.63.82 – Fax : 03.44.55.66.99.• Trésorier : Paul WORBE (51),11, rue Alexandre Coutureau, 92210 Saint-Cloud. Tél. : 01.46.02.17.49.

X-ISRAËL

Table ronde à la Sorbonne le dimanche 22 mars :“L’an 2000 et le sens du millénaire ”.X-Israël organise avec les Associations d’amisfrançais des sept universités israéliennes unetable ronde entre des professeurs et cher-cheurs (philosophie, histoire, littérature,sciences politiques, biologie...) de chacunede ces institutions :

• Université Bar-Ilan• Université Ben-Gourion du Néguev

• Université de Haïfa• Université hébraïque de Jérusalem

• Technion, Institut de technologie d’Israël• Université de Tel-Aviv

• Institut Weizmann des Sciences,qui offrira une réflexion pluridisciplinaire surle millénarisme et la prospective du futurproche.

Cette manifestation est organisée à l’occasiondu cinquantenaire de la création de l’Étatd’Israël et permet de marquer la contributionde ces institutions à l’édification d’Israël, àl’éducation supérieure de dizaines de milliersd’étudiants, au progrès scientifique à traversleurs centaines de centres de recherche, enfinà la coopération entre la France et Israël.La table ronde aura pour modérateur M. AntoineSPIRE, producteur à Radio-France (France-Culture) et se tiendra à l’Amphithéâtre Richelieu,17, rue de la Sorbonne, 75005 Paris, entréeà partir de 15 heures 30.

Participation aux frais :100 F par personne (étudiant : 50 F).

Inscription accompagnée du règlement àX-Israël,

54, rue Étienne Marcel,75002 Paris.

X-HISTOIRE

ET ARCHÉOLOGIE

Le groupe X-Histoire et Archéologie en liai-son avec le GPX vous invite à une conférencele mercredi 1er avril à 18 h 30 à la Maisondes X, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris sur

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 55

Coupon-réponse à retourner à Diane Noël

Foyer dominicain – 10, rue de Condé – 75006 Paris.

Pour toute information, contacter Gwendal Martin : 01.69.33.58.89.

Nom : ........................................................................................................................................................................

Prénom : .......................................................................................... Promotion : ..............................................

Adresse : ..................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................

Téléphone bureau : ...................................................................... domicile : ..................................................

"

Anciens et Anciennes du Chœur et orchestredes grandes écoles(COGE)

En cette année 1997-1998, nous avons le plaisir de vous inviter à fêter avec

nous le quinzième anniversaire du Chœur et orchestre des grandes écoles.

Né de la fusion des chorales de Polytechnique et d’HEC, rejointes en 1983

par un groupe d’instrumentistes, le COGE est devenu une association musi-

cale inter grandes écoles aujourd’hui connue de tous les étudiants et reconnue

par tous dans le monde de la musique.

Tout au long de ces années, l’association a en effet réuni plus de 4 000 étu-

diants de toutes les grandes écoles, unis par la passion de la musique et par le

plaisir de la faire partager aux autres. Elle a connu des moments forts, qui sont

restés dans le cœur de chacun comme autant de bons souvenirs… Rappelez-

vous les tournées en province, les concerts à la Salle Pleyel, l’ambiance fébrile

des heures précédant les concerts, les ovations du public…

Ce quinzième anniversaire sera avant tout l’occasion d’un rassemblement de

tous les membres de l’association, la création d’une véritable Association des Anciens

du COGE, pour faire revivre ces souvenirs et renouer les liens créés pendant

quinze années de musique.

Ce quinzième anniversaire sera aussi l’occasion de nombreuses manifesta-

tions à Paris, en province et à l’étranger. Fidèle à ses valeurs de qualité, d’ori-

ginalité et surtout de tradition, le COGE clôturera la saison par un prestigieux

concert à la Salle Pleyel le 28 mai 1998 avec La Création de Haydn, ainsi qu’une

œuvre interprétée par les cogistes d’hier et d’aujourd’hui.

Ce quinzième anniversaire est votre anniversaire… Nous espérons de tout

cœur que vous nous rejoindrez pour partager une nouvelle fois la magie de la

musique.

Sans plus attendre, renvoyez le coupon ci-dessous afin que nous puissions

vous tenir informé des événements de la saison.

À très bientôt !

Pour le COGE

Gwendal MARTIN (95)

Page 58: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

le thème :“Méhémet Ali, le fondateur de l’Égypte moderne”par Guy FARGETTE (X-Ponts 48).

Cet exposé sera suivi d’un dîner en option aucours duquel le conférencier répondra auxquestions.

Vous pouvez vous inscrire auprès du GPX,12, rue de Poitiers, 75007 Paris,

tél. : 01.45.48.52.04,fax : 01.45.48.64.50.

Tournoi d’échecsdes Grandes Écoles

Le cabinet international d’audit et de conseilMazars & Guérard vous invite à participer à

la 4e édition de son tournoi d’échecsdes grandes écoles,

qui aura lieule samedi 28 mars à 13 heures 30,

à l’hôtel Le Parc,55-57, avenue Raymond Poincaré,

75116 Paris.

Ce tournoi est ouvert à tous les joueurs d’échecs,confirmés ou simples amateurs, étudiants oudiplômés, issus d’écoles telles que HEC,l’ESSEC, l’ESCP, Sciences Po, et aussi les Mines,les Ponts, Télécom, Centrale Paris, Supélec etbien sûr l’École polytechnique.

À cette occasion, vous pourrez tester vos“capacités ” échiquéennes au cours de partiessemi-rapides amicales dans un cadre original.Dépêchez-vous : les inscriptions sont gratuitesmais le nombre de places est limité.

Pour tout renseignement, vous pouvezcontacter Laurent COMBÉMOREL

ou Nicolas DUMONTau 01.60.19.48.68

(entre 12 h et 13 h 30 ou après 18 h).

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE56

Prix Michel Sacerdote28 janvier 1998Allocution de Monsieur Paul COMBEAU (47),délégué généralde la Fondation de l’École polytechnique

Avis aux amateurs de cigare

Quelques camarades : Philippe ASSELIN(82), Philippe GRANGER (82) et AntoineROSTAND (82) souhaitent partager leurpassion au sein d’un groupe formel ouinformel et recherchent, pour cela, d’autrescamarades.

Venez les rejoindre en appelantAntoine ROSTAND au 01.41.92.10.32.

Je suis heureux qu’ait pu être organiséeaujourd’hui la cérémonie de remise desprix Michel SACERDOTE de la Fondation

de l’École polytechnique, en présence duprésident du Jury, Henri MARTRE, prési-dent de l’AFNOR et président d’Honneur del’Aérospatiale et de l’A.X., du directeur desrelations extérieures de l’École, RolandSÉNÉOR et du professeur TRUONG Tran,du Centre de physique théorique, qui par-raine l’étudiant vietnamien que nous allonshonorer.

Je voudrais en quelques mots rappeler cequ’est la Fondation : créée en 1987, ellerassemble 150 entreprises dont quatre trèsgrands groupes étrangers qui soutiennentson action pour aider l’École à réussir sonouverture internationale et plus générale-ment son ouverture sur le monde de l’en-treprise.

Dans cette action dynamique la Fondationa reçu un appui exceptionnel en 1994 grâceau legs d’un polytechnicien, MichelSACERDOTE, grand ancien de la promo-tion 1925, de la quasi-totalité de ses biens.Michel SACERDOTE a fait sa carrière dansl’industrie des mines de charbon commeingénieur puis responsable de la Directionfinancière des Charbonnages de France.Puis il fut président de la Continentaled’Entreprise pendant les dix dernières annéesde sa carrière.

Son intention, par ce legs très important,a été de contribuer fortement au déve-loppement de l’ouverture internationale del’École, si évidemment indispensable pourson rayonnement dans les années à venir,au bénéfice des entreprises françaises ausens le plus large.

La Fondation a décidé en 1996 d’honorersa mémoire en créant deux prix MichelSACERDOTE qui seraient décernés chaqueannée, l’un à un étudiant étranger reçu auconcours de l’École polytechnique, avecune préférence en faveur de l’Asie, l’autreà un élève français sortant de l’École poly-technique et poursuivant sa formation com-plémentaire à l’étranger, avec une préfé-rence en faveur de l’Allemagne.

Le jury d’attribution de ces prix s’est réunià la fin du printemps 1997, aussitôt qu’ontété connus d’une part les étudiants étran-gers reçus au concours et d’autre part desélèves sortants décidés à faire leur formationcomplémentaire à l’étranger.

Par rapport à l’année précédente, les nombresde candidats possibles étaient déjà en aug-mentation mais nous pensons qu’ils ne ces-seront de s’accroître dans les années à venir.

NGUYEN Xuan Son a été choisi parmi les18 étudiants étrangers reçus en 1997 parla 2e Voie du concours. Il est vietnamien, afait ses études à Hanoi et depuis 1996 àl’université de Sciences de la Nature d’Hanoi.De toute évidence et malgré son jeune âge– il a 19 ans – il est déjà un bon physicienet il a un bel avenir dans cette voie. Il a étémédaille d’argent aux Olympiades de Physiqueà Canberra en 1995 et de nouveau à Osloen 1996.

Je vais lui remettre ce prix MichelSACERDOTE 1997 qui lui permettra defaire face à l’ensemble de son projet de for-mation supérieure en France. Nous sommesconvaincus que pour lui comme pour l’É-cole polytechnique et pour nos deux pays,le Viêtnam et la France, il est importantqu’il aille le plus loin possible dans ce par-cours de formation et de recherche en Franceet c’est dans cette perspective que nousnous sommes placés.

L’autre prix que nous avons décerné l’a étéà Jean-Christophe BOUTEILLER, de la pro-motion 94, qui depuis septembre 1997 etpour deux ans fait sa formation complé-mentaire à l’Université de Munich dans ledomaine de l’électrotechnique. Il y fait dansune certaine mesure une œuvre de pion-nier, n’ayant été précédé que par un trèspetit nombre et pour une formation limi-tée à une seule année, ce qui n’apporte pasle même degré d’immersion dans la cultureallemande.

La Fondation a estimé que l’enjeu majeurde la coopération industrielle et scientifiqueentre la France et l’Allemagne justifiait plei-nement ce choix et je suis heureux de luiremettre ce prix Michel Sacerdote 1997.n

Page 59: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Au programmedes activités du GPX

DÎNER-CONFÉRENCELe groupe X-Histoire et Archéologie, en liaison avec le GPX, organisedébut avril une conférence : “ Méhémet ALI, le fondateur de l’Égyptemoderne ” par Guy FARGETTE (48).

VISITE TECHNIQUELa visite de la Grande Bibliothèque a rencontré un énorme succèsauprès de nos adhérents. Prochaine visite : le PC de Taverny en avril.Des précisions dans GPX-Contact.

VISITES CULTURELLES• La visite du quartier de Chinatown • Les nouvelles salles égyptiennesau Louvre • Les ateliers d’artistes du Parc Montsouris • L’Art au tempsdes rois maudits au Grand Palais.

THÉÂTRELe mari, la femme et l’amant de Sacha GUITRY, avec Pierre ARDITI,Évelyne BOUIX • La ménagerie de verre de Tennessee WILLIAMS avecMarie-Christine BARRAULT • Six personnages en quête d’auteur dePirandello •Le salon d’été de Coline SERREAU.

VOYAGESPour Dresde et la Saxe (4 au 8 juin), avec une extension possiblede trois jours à Berlin, liste d’attente ouverte pour les retardataires.Inscriptions urgentes également encore envisageables pour le voyagede deux semaines (15 au 28 mai) au Japon traditionnel, avec noscamarades Centraliens du groupe de Paris. Les inscriptions viennentde s’ouvrir pour le passionnant voyage aux villes princières d’Italiedu Nord (Ravenne, Urbino, Ferrare, Mantoue, Bologne) du 3 au9 octobre 1998 : deux hôtels seulement pour six nuits. De splen-dides villes d’art et d’histoire, bien souvent méconnues. Il y a de nom-breuses demandes d’adhérents. Inscrivez-vous d’urgence !Le soleil du printemps austral nous accueillera pour une dizaine dejours fin novembre en Afrique du Sud : la province du Cap avecses sites géographiques et les souvenirs laissés par les premiers colo-nisateurs (hollandais et huguenots exilés en France), Johannesburg,Pretoria, puis les célèbres chutes Victoria sur le Zambèze, prochesde réserves naturelles pour un safari-photo dans l’Afrique profonde.Manifestez vite votre intérêt éventuel.

BRIDGELes tournois de bridge du lundi après-midi à la Maison des X ren-contrent toujours autant de succès. Nombreux sont ceux qui vien-nent au bridge de perfectionnement avec le célèbre écrivain NorbertLEBELLY. Prochaines séances : les 27 mars, 3 et 24 avril à 14 h 30.S’inscrire auprès de Madame ROZINOER (01.45.27.98.33).

RANDONNÉES PÉDESTRES• Dimanche 22 mars , avec Yves DESNOËS (66),tél. : 01.45.67.02.92. De La Verrière à Saint-Rémy-lès-Chevreuse parles Granges de Port-Royal-des-Champs et Milon-la-Chapelle, 18 km.Départ : Paris-Montparnasse à 9 h 39. Arrivée à La Verrière à 10 h 25.Retour : un train tous les quarts d’heure à Saint-Rémy sur la ligne Bdu RER. Vérifier les horaires des trains.• Dimanche 5 avril avec Charles PAUTRAT (54). Au départ deMeaux, pittoresque promenade dans la boucle de la Marne, par Crégy-les-Meaux, le Monument américain, Poincy, puis retour le long ducanal de l’Ourcq. Au retour, possibilité de découvrir les richessesartistiques de Meaux : la cathédrale, la cité épiscopale (palais épiscopal,le Vieux Chapitre, le Musée Bossuet). Parcours varié et peu accidentéde 20 km.Départ : Paris-Est à 9 h 25, descendre à la gare de Meaux à 10 h 06.Retour : Meaux à 16 h 48, arrivée en gare de l’Est à 17 h 30 ou autres,car il y a des trains toutes les demi-heures.Possibilité de rejoindre le groupe en voiture, stationnement aisé prèsde la gare de Meaux.

Réservez d’ores et déjà votre fin de semaine des 13 et 14 juin 1998avec René LOUBERT (48) pour une randonnée à pied dans le Parcnaturel régional de Saint-Amand-les-Eaux, 20 km plus soirée dansanteplus 12 km, demi-pension à l’hôtel de Paris : 270 F, frais de trans-port et visites de musées non compris.Renseignements et inscriptions auprès de René LOUBERT, tél. :01.43.29.32.86, et Jacques GENIN, tél. : 01.45.20.46.14.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 57

GROUPE PARISIEN DES X,

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.Tél. : 01.45.48.52.04. Fax : 01.45.48.64.50.

Le mot du Président…

Chère camarade, cher camarade,

Cette année, le GPX a dû afficher complet pour nombre de voyages,de visites, de soirées, etc. Alors, vous pouvez rester à l’écart. Vouspouvez ne lire que La Jaune et la Rouge (c’est déjà bien de lalire). Vous pouvez y lire la rubrique GPX (c’est encore mieux).Vous pouvez attendre. Attendre pour nous rejoindre d’y voirquelque chose qui vous intéresse... Mais alors, vous risquez detrouver porte close, étant précédés par tous ceux qui reçoiventGPX-Contact, le bulletin de liaison du GPX.C’est GPX-Contact qui annonce les activités du GPX...La Jaune et la Rouge en rend compte...C’est très différent, et tous ceux qui se sont déjà vu opposer un refuspour cause de salle comble en savent quelque chose.Soyez malins, lisez GPX-Contact, vous saurez tout à temps.Comment recevoir GPX-Contact ?C’est simple... Contactez le GPX, voyons !

Bernard Denis-Laroque (67)

RALLYE X-ECPRetenez dès à présent la date du

samedi 6 juin 1998“Les extraterrestres débarquent ”.Vous trouverez le mois prochain

tous les renseignements nécessaires.

Page 60: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 61: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 59

n 1920 NDécès de Philippe Bourguignon le 26.10.97.

n 1925Décès de René Ringot le 28.1.98.

n 1928Décès de Georges Dunod le 18.1.98.Décès de Jacques Coquebert de Neuvillele 1.2.98.Décès de Paul Dudelou le 19.2.98.

n 1930André Voinier f.p. de la naissance de son14e petit-enfant, Valentin, chez Marie-Hélèneet Hugues Rozet, le 21.10.97.

n 1931Décès de Pierre Balmelle le 6.2.98.Décès de Louis Delfieu le 10.2.98.

n 1934Décès de Bernard Houette le 7.2.98.Louis Ribadeau-Dumas f.p. de la nais-sance de son 20e petit-enfant, GwenaelleCazal, le 30.1.98.

n 1937Décès de Paul Naigeon le 25.3.96.

n 1942François Callot f.p. de la naissance de son15e petit-enfant, Marion Mellot, chez sa filleClaire, nièce de Callot (68) et de Mellot(84), le 23.1.98.Yves Lano f.p. de la naissance de son 3e petit-enfant, Guillemette, chez Pierre-Yves etPascaline, le 4.2.98.

n 1944Paul Dandurand f.p. du décès de son épousele 24.9.97 et de sa mère, fille de Gadreau(1894), le 28.9.97.

n 1945Pierre Boissier f.p. de la naissance de son20e petit-enfant, Jules, chez Clotilde etPhilippe Roquette, le 6.1.98.

n 1946Michel Martin f.p. de la naissance de son15e petit-enfant, Clément, chez Thierry etIsabelle, le 6.11.97.

n 1947Décès de Jean-Paul Lery le 7.2.98.

n 1949François-Xavier Cance f.p. du décès deson fils Olivier, le 11.2.98.Marcel Furnon f.p. de la naissance de son6e petit-enfant, Louis, chez Hélène et FlorinPetrescu, le 28.12.97.

n 1952Jacques-Henri Gougenheim f.p. du mariagede son fils Philippe avec Diana Zlateva, le10.1.98 et de la naissance de son 5e petit-enfant, Clément, chez Isabelle et ThierryMartin, le 6.11.97.Renaud d’Elissagaray f.p. de la naissancede son petit-fils Antton, chez Jean-Renaudet Lorène d’Elissagaray.

n 1953Philippe Gaudemer f.p. de la naissance deson 5e petit-enfant, Thibault, chez Isabelleet Daniel, le 21.1.98.

n 1956Alain Chaumet f.p. de la naissance de son4e petit-enfant, Sarah, chez Christophe etNathalie.

n 1959Décès d’Étienne Schwarczer le 9.2.98.

n 1964Décès de Michel de Bie le 13.3.97.

n 1965Décès d’Éric Divry le 13.2.98.

n 1973Décès de Robert Tamman le 13.11.97.

n 1976Michel Goniak f.p. de la naissance de sonfils Francis, le 24.10.97.

n 1978Messaoud Youcef-Ouali f.p. de la nais-sance de sa 2e fille, Marylin, le 15.12.97.

n 1982Yves Coulomb f.p. de la naissance de safille Thérèse, petite-fille de René Coulomb(51), le 17.11.97.Thibaut Roussel f.p. de la naissance deMartin, le 22.1.98.

n 1984Antoine Doutriaux f.p. de la naissance deson 4e enfant, Clarisse, le 30.10.97.Bruno Angles f.p. de la naissance de son4e enfant, Sixtine, le 6.2.98.

n 1985Frédéric Ghirardi f.p. de la naissance deson 2e enfant, Victoria, le 22.10.97.Jacques Vigner f.p. de la naissance de son3e enfant, Aymeric, le 20.1.98.Gilles Lassartesse f.p. de la naissance deGauthier, le 25.1.98.

n 1986Gerulf Kinkelin f.p. de son mariage avec

Isabelle de Silva, le 20.9.97 et de la nais-sance de son fils Lancelot, le 27.1.98.Raphaële Claudon et Patrick Pailloux,f.p. de la naissance de leur 3e fils, Luc, le12.1.98, arr.-petit-fils de Jean Baudet (25†).

n 1988Éric Talleux f.p. de la naissance de son2e enfant, Priscille, le 3.2.98.

n 1989Hippolyte Lazard-Holly f.p. de la nais-sance de son fils Adrien, le 28.1.98.

n 1990Gaëlle Olivier f.p. de son mariage avecJérôme Triomphe, le 31.5.97.Domitille Duclaux et Sébastien Allardf.p. de la naissance de Mathilde, le 28.11.97.

n 1991Mung Ki Woo f.p. de la naissance de safille Irène, le 14.9.97.Anne Grant Smith-Bianchi, née Weiss,f.p. de la naissance de son 2e fils, Côme, le5.12.97.

n 1994Jacques Doumic f.p. de son mariage avecDelphine Biojout, sœur de Marie Biojout(95), le 11.7.97.Frédéric Brun, fils de René Brun (66), f.p.de son mariage avec Caroline Caulliex, le18.4.98.

Carnet polytechnicien Tous sur Internet !L’A.X. va en effet mettre prochaine-ment à la disposition de ses membresun annuaire caché des méls “E-mails”qui leur permettra d’envoyer un mes-sage électronique à tout autre cama-rade ayant lui-même un mél. Il suffirapour cela à l’émetteur d’indiquer lenom, le prénom et la promotion dudestinataire du message.L’annuaire sera caché : les méls res-teront donc la propriété strictementconfidentielle de l’A.X., qui n’envisagepas aujourd’hui de les faire figurerdans l’annuaire papier. Ceci afind’éviter aux camarades d’être sub-mergés d’informations commercialeset publicitaires.Mais il est indispensable que votremél, s’il existe, soit connu de l’A.X. –qui en fera bonne garde – cela estnécessaire pour que l’annuaire desméls soit utile. Donc, si ce n’est déjàfait : envoyez votre mél (E-mail) àl’A.X. par lettre ou par fax.

A.X., 5, rue Descartes,75005 Paris.

Service de l’annuaire.Fax : 01.44.07.01.69.

Page 62: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 63: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

OFFRES DE SITUATION

Annonces permanentes

n 8129 - KPMG PEAT MARWICK trans-forme les grandes entreprises françaises etétrangères. Nos atouts : le respect de nosclients, l’enthousiasme de nos équipes et lescompétences de notre réseau. Le développe-ment de notre groupe nous conduit à renfor-cer nos équipes sur la plupart des domainesd’intervention du cabinet :- organisation, gestion et transformation lourded’entreprise,- opérations, achats, gestion de projets et fluxindustriels,- systèmes d’information et mise en place deprogiciels.La qualité de nos interventions est d’abordcelle de nos ressources. Avec 350 personnesà Paris, KPMG PEAT MARWICK, membre duréseau mondial KPMG, vous offre de réellespossibilités d’évolution.Contacter Jean-Louis RICHARD (Associé,X73) au 01.47.96.21.66 ou adresser votrecandidature à Bénédicte NEPVEUX, KPMGPEAT MARWICK, Tour Framatome, 1, placede la Coupole, 92084 Paris La Défense Cedex.

n 0284 - CLEVERSYS, membre du réseauinternational KURT SALMON ASSOCIATES,société de conseil en gestion - système d’in-formation - organisation - informatique, recrutedes consultants expérimentés ou débutantspour participer à des missions de conseil ausein d’équipes de haut niveau.

Les interventions de CLEVERSYS sont prin-cipalement liées à la gestion, à l’organisation,et aux systèmes d’information de l’entreprise.CLEVERSYS a également des expériencespointues dans les nouvelles technologies de l’in-formation (internet, intranet, télévision numé-rique, multimédia, groupware...).CLEVERSYS compte parmi ses clients denombreuses sociétés commerciales ou indus-trielles du secteur tertiaire ou du secteur public.Les équipes de CLEVERSYS s’appuient sur uneculture commune dont les principales carac-téristiques comprennent une forte motiva-tion, une aptitude à travailler ensemble et unengagement de qualité.Contacter Olivier DUBOUIS (X83) au01.40.07.19.19 ou écrire sous référence AAXà Nathalie GUÉRIN - CLEVERSYS - 22, rue del’Arcade - 75008 PARIS.

n 0286 - PICODATA, ingénierie client-ser-veur et télématique, et sa filiale Webnet, l’undes leaders français de l’ingénierie Internet-Intranet dans les grandes entreprises, recher-chent des ingénieurs pour participer à leurdéveloppement technique et commercial.Contacter Thierry SCHWAB (PDG, X66),32, rue de Bellevue - 92773 BOULOGNECEDEX - Tél. : 01.46.84.05.05 - e-mail :[email protected] - Web : www.picodata.fret www.webnet.fr

n 0888 - Créé en 1970, EUROPE INFOR-MATIQUE, est aujourd’hui la branche fran-çaise de Syntegra, groupe British Telecom.Au-delà de notre croissance en CA (75 % surles trois dernières années), notre développe-ment porte sur les innovations du marché dessystèmes d’information et en particulier surles technologies nouvelles : orientation objet,

Windows NT, Internet. Nous offrons à noscollaborateurs l’opportunité de travailler dansdes domaines d’activités variés.Ils peuvent ainsi passer des télécoms au tra-fic aérien, de l’ingénierie au conseil, des métiersde l’assurance au conseil. De plus, notre rap-prochement avec Syntegra nous ouvre d’im-portantes perspectives de développement àl’international.Lorsqu’un candidat rejoint EUROPE INFOR-MATIQUE, c’est en fonction de ses compé-tences techniques et de ses qualités humainesque nous choisissons son contrat. Chaquecollaborateur bénéficie d’un suivi qui lui per-met de rester intégré à la vie d’EUROPE INFOR-MATIQUE et ainsi de construire son évolu-tion en s’appuyant sur une solide politiquede formation.Vous joindrez Éric LE MER (71) DG, LionelHUBER (80), Pierre BOUGERET (81), RafickBEN NAJEH (87), Jean-Jacques LAFAY (89),Vincent ESCALIER (90). Immeuble Lavoisier,4, place des Vosges, 92052 Paris La DéfenseCedex. Tél. : 01.46.67.85.00 - Agence à Toulouse.

n 1212 - EUROGROUP, issu du rapproche-ment Quadrant/Eurogroup Consultants, estla société de conseil en Management du groupeMazars & Guérard. Doté d’une culture forteet originale, EUROGROUP connaît une expan-sion soutenue depuis plusieurs années danstous les services de conseil et d’assistance auxorganisations dans les secteurs Banque &Finances, Industrie & Services et Assurance.EUROGROUP offre des opportunités impor-tantes à de jeunes polytechniciens ayant, depréférence, une première expérience de l’en-treprise et attirés par une activité indépen-dante au sein d’un groupe de dimension euro-péenne.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 61

BUREAU DES CARRIÈRESA.X.

5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.43.29.63.11 - Fax : 01.44.07.01.69

Pour aiderles camaradesen recherched’emploi,et leur permettrede se rencontrerpour débattrede leursdémarches,l’A.X. met à leurdisposition,gratuitement,un bureausitué à l’A.X.,5, rue Descartes,75005 Paris.

Richard LAURENT (54) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition descamarades, en recherche d’emploi ou souhaitant réfléchir sur l’orientation de leur carrière,pour les recevoir et les conseiller. En effet, un entretien est toujours souhaitable avant toutchangement de situation et peut aider plus efficacement lors d'une recherche d'emploi.Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussi répondreaux questions que se posent les jeunes camarades avant de rechercher un premier emploi,ou, plus généralement, au moment où ils réfléchissent à leur orientation et cherchent àdéfinir leur projet professionnel.Les nouvelles offres d’emploi disponibles sont publiées dans des listes bimensuelles. Il estpossible d'obtenir celles-ci moyennant une cotisation de 200 francs pour six mois donnantdroit aussi à la possibilité de consultation par MINITEL.Les camarades intéressés par certaines de ces annonces s’adressent au Bureau des Carrières,par écrit ou par téléphone, pour avoir communication des offres détaillées : ils contactentensuite directement les annonceurs, s’il y a lieu.

A N N O N C E S

Page 64: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

Contacter Patrice MICHAKA (X67), FrançoisFRILLEY (X83) ou Xavier QUILLIET (X90) - Tél. : 01.47.96.64.00 - Tour Framatome,92084 Paris La Défense Cedex 16.

n 3048 - Coopers & Lybrand Consultants,cabinet international de conseil en management(11 000 consultants dans le monde, 1,5 mil-liards de $), recrute pour accompagner lacroissance de son bureau de Paris, plusieursconsultants juniors, seniors et managers.Jeunes polytechniciens ou après une premièreexpérience réussie de 2 à 7 ans acquise dansle conseil ou une double expérience cabinetet entreprise, parfaitement bilingue, vous inter-viendrez sur des missions de stratégie, trans-formation et optimisation des performancesde l’entreprise, conseil en technologie et réa-lisation informatique, management du chan-gement, pour des clients nationaux et inter-nationaux dans les secteurs industrie,banque/assurance, pharmacie/santé, distri-bution, Télécom.Merci d’adresser votre dossier de candidaturesous référence AX à Michelle Servoise, Coopers& Lybrand Consultants, 32, rue Guersant,75017 Paris ou par E-mail : [email protected]

n 3290 - A.T. KEARNEY - Cabinet interna-tional de conseil en stratégie, management etsystèmes d’information, 2 500 consultants,65 bureaux dans le monde, cherche active-ment pour son bureau de Paris plusieursconsultants, juniors, seniors et managers,parfaitement bilingues anglais et ayant si pos-sible la maîtrise d’une autre langue européenne.Expérience diversifiée de trois à cinq ans etplus : entreprises industrielles ou sociétés deservices ou de conseil. Domaines d’interven-tion : stratégie, fusions et acquisitions, restruc-turation, transformation de l’entreprise et sys-tèmes d’information. Adresser CV détaillé àA.T. KEARNEY, 8-10, rue Victor Noir, 92200Neuilly-sur-Seine.

n 3963 - A2C, Conseil et ingénierie en sys-tème d’information recherche des ingénieursdébutants (1 à 4 ans d’expérience) passion-nés par l’informatique et le développement, pourrejoindre son équipe de direction. Domainesd’activité : Internet, Intranet, Groupware, CD-Rom, Client-Serveur, Multimédia. ContacterT. de VIARIS (X77). Société A2C, 374, rue deVaugirard, 75015 Paris. Tél. : 01.48.28.38.18- www.A2C.fr - E-mail : [email protected]

n 6464 - Le Groupe SV&GM, pôle consultantsde SALUSTRO REYDEL, l’un des premiersgroupes français d’audit représente près de200 consultants et figure aujourd’hui parmi lesdix premiers cabinets français de Conseil enManagement.Afin d’accompagner son développement, leGroupe SV&GM recherche des consultantsde haut niveau pour ses 3 domaines d’acti-vité : Management, Organisation et Systèmesd’Information. Les candidats auront acquisune expérience d’au moins 5 ans auprès degrands groupes français et internationaux oud’importantes sociétés de Conseil. Bonne maî-trise de l’anglais souhaitée.Contacter Jacques LAURENCIN (X63), direc-teur général SV&GM, 15, rue Beaujon,75008 Paris.

n 15008 - KLC, cabinet de conseil en stratégieet management des Systèmes d’Informations,recherche des Consultants Seniors.10 ans minimum d’expérience professionnelle

dans la fonction systèmes d’information, dansdes entreprises utilisatrices et/ou chez desfournisseurs (SSII, constructeurs...). Expériencedu management nécessaire.Qualités souhaitées : esprit de synthèse, dyna-misme, communication.Contacter Henri KLOETZER (X64), 64, rue duRanelagh, 75016 PARIS. Tél. : 01.42.30.00.60.

n 16402 - REXECODE, Centre d’études éco-nomiques privé indépendant, assure pour sesadhérents une veille conjoncturelle perma-nente, RECHERCHE :• Ingénieur diplômé avec une formation supé-rieure d’économie (macro-économie, conjonc-ture et analyse économique).• Une première expérience appliquée dansun organisme d’étude économique, public ouprivé, une autonomie et une capacité d’ini-tiative et de rédaction vous permettant deprendre en propre la responsabilité d’undomaine d’étude (suivi conjoncturel, prévi-sion macro-économique, études sectorielles),bilingue anglais.Adresser CV + lettre de motivation à MadameMENDIBURU, REXECODE, 29, avenue Hoche,75008 Paris.

n 16637 - DIAGRAM est l’une des premièressociétés françaises de progiciels pour les mar-chés financiers. Elle équipe plus de 300 banques,établissements financiers ou directions finan-cières de grands groupes. L’Euro conduit DIA-GRAM à accélérer sa croissance.Pour accompagner son développement, DIA-GRAM recherche des ingénieurs ayant de pré-férence une première expérience des marchésfinanciers.Contactez Pierre André MARTEL, Président,chez DIAGRAM, 18, rue du Dôme, 92154Boulogne cedex, téléphone : 01.49.10.87.17ou [email protected]

n 17256 - IMC SA, associé à SRI Inter-national, conseil organisation et stratégie,domaine des industries de service, rechercheconsultants seniors ou avec première expé-rience ayant esprit entrepreneur pour accom-pagner son développement.Connaissance des télécommunications ou dela banque appréciée. Opportunité d’évolu-tion rapide.Contacter Raoul de SAINT-VENANT (X73),directeur associé au 01.42.68.03.60 ou adres-ser votre candidature à Cécile REUTER - IMCSA - 21, rue du Cirque - 75008 Paris.http://www.fc-b.com/IMC

n 17510 - GROUPE ASTEK/NAHUA TECH-NOLOGIES est un groupe de services et deconseil en technologies et systèmes d’infor-mation en pleine expansion qui a vu son chiffred’affaires progresser par croissance interne de65 % en 1997 et qui dépasse après une acqui-sition significative les 300 ingénieurs. Nousallons fêter notre dixième année par une pro-gression sans équivalent qui nous permettrade réaliser un chiffre d’affaires de plus de150 MF cette année.Nous intervenons à tous les stades d’un pro-jet (conseil, assistance à la maîtrise d’ouvrage,développement clefs en main, audit...).Nous recherchons en permanence des ingé-nieurs débutants ou expérimentés ainsi que desconsultants dans des domaines très diversi-fiés allant de la connaissance des technolo-gies informatiques de pointe (IHM, systèmesembarqués, systèmes de programmation parcontrainte, radiocommunications) à la maî-trise des fonctions clefs de l’entreprise (gestion

des clients, des achats, du marketing...).Rejoignez-nous à Paris ou en province encontactant Jean-Luc BERNARD (78), PDG,10, rue du Dôme, 92100 Boulogne, tél. :01.46.94.87.51.

DEMANDESDE SITUATION

n 2595 - X/Sup Aéro - 42 ans - expérienceen BE/Relations Clients/International (3 ans etdemi aux USA) dans entreprises méca-niques/Mécatronique, recherche poste valo-risant l’expérience technique et managérialedans une entreprise où le potentiel humainconstitue un vrai levier de développement.

n 2596 - X68, ENSPM 72 (Génie Chimiqueet Raffinage) - Double compétence techniqueet managériale (production et R&D) dans lessecteurs : Pétrole, pétrochimie, Agro-Alimentaire,expérience du Conseil (stratégie et organisa-tion, à dominante technologique), chercheposte de responsabilité (direction technique,industrielle R&D) en industrie de process.

n 2601 - X67 - ENSTA, solide expériencedirection sites de production et R&D en agroa-limentaire, disponible rapidement pour direc-tion industrielle ou site de production. Anglaiscourant.

n 2602 - X, DES Sciences Économiques,18 ans d’expérience bancaire et financière à Pariset Londres - analyse économique, gestionfinancière, relations clientèle - recherche unposte opérationnel dans le domaine financier.

n 2604 - X 48 ans - ENST - Expérienceconduite de projets dans grands groupes fabri-quant des équipements électroniques profes-sionnels, puis direction technique d’une PMEmême secteur. Recherche poste de responsa-bilité opérationnelle ou de direction. Fonctions :recherche, développement, industrialisation,qualité. Domaine : produits à dominante élec-tronique.

n 2609 - X-Télécom - 45 ans, solide expé-rience de R&D sur produits et systèmes dansun secteur électronique de pointe, rechercheposte de responsabilité managériale et techniquedans société internationale.

n 2612 - X84, Armement, Sup-Aéro, IAE,8 ans d’expérience dans l’aéronautique - essais,conduite d’un grand projet et managementd’une unité de production - cherche poste deresponsable de centre de profit ou de chef deprojet dans l’industrie.

n 2613 - X73, ENST78 - Forte expériencetechnique, commerciale et internationale encommunications (radio, TV, numérique),recherche poste ou missions de conseil.Disponible rapidement, déplacements pos-sibles.

n 2620 - X76, expérience grands groupesindustriels et direction générale de PME sec-teur plasturgie, recherche poste de responsa-bilité dans PME industrielle ou dans filiale degroupe.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE62

Page 65: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 1998 63

X-ENTREPRENEUR12, rue de Poitiers, 75007 Paris

Tél. : 01.42.22.86.45 - Fax : 01.42.22.86.49E-mail : [email protected]

Animateurs à Paris

Michel ANTOINE (EMP 59), Marcel BOBY (X 59),Hubert CAIN (EMP 49), Gilbert RIBES (X 56), André TYMEN (X 50)

Délégués en Province

Georges JASKULKÉ (X 55),192, avenue Maréchal Foch, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, tél. : 04.78.59.45.32.

Michel LEDERMAN (EMN 49),143, rue Jeanne d’Arc, 54000 Nancy, tél. : 03.83.90.40.96.

Claude MARCEAU (X 57),20, rue de Royat, 63400 Chamalières, tél. : 04.73.36.57.32.

Créer, reprendre, développer

SA PROPRE entreprise

A N N O N C E S

X-ENTREPRENEUR est une Association, loi 1901, créée et soutenue par l’A.X. et Intermines,regroupant exclusivement des anciens élèves de l’École polytechnique et des trois écoles desMines (Paris, Nancy, Saint-Étienne) et ayant pour objet d’apporter à ses adhérents touteassistance pour créer ou reprendre des entreprises et ultérieurement les développer.

RÉUNIONS DE X-ENTREPRENEUR• Lieu des réunions : Maison des X,

12, rue de Poitiers, 75007 PARIS.

• Prochaine réunion :– lundi 27 avril à 18 heures.Ordre du jour : un exposé de Michel OLIVIER(83) sur la création de sa société INTERMÈDESet un exposé de François VALLET (79) surses expériences d’essaimage et de redresse-ment d’entreprise. Tour de table. Libre dis-cussion autour d’un pot.

• Dates des réunions suivantes :– lundi 15 juin à 17 h 45, avec

Assemblée générale de l’Association.Et au second semestre, sous réserve de confir-mation ultérieure :

– lundi 26 octobre à 18 heures,– lundi 7 décembre à 18 heures.

X-Entrepreneur crée“ Le Club desX-Mines Angels”Le CLUB des X-MINES-ANGELS s’adresse àtous les anciens élèves :– qui souhaitent placer une partie de leurépargne dans une entreprise non cotée et béné-ficier ainsi des avantages fiscaux attachés à cetype de placement,– qui, ayant fait ce choix, veulent bien, parsolidarité, donner une préférence aux projetsinitiés par des camarades.

ANNONCE “ LE CLUB DES X-MINES ANGELS ” – COUPON-RÉPONSEÀ retourner à X-ENTREPRENEUR, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Nom et Prénom : ............................................................................................................................................................................................École : ............................................................................................................ Promo : ................................ Tél. : ....................................Adresse : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................o Peut être intéressé par un investissement dans une PME et demande de lui adresser le dossier d’informa-

tion sur “ Le Club des X-Mines Angels ”.

"

Un dossier complet sur le Club X-Mines-Angels sera adressé à tous les anciens élèvesqui en feront la demande en utilisant le cou-pon-réponse ci-dessous.

Nous vous rappelons que l’adhésion à ce Clubne comporte aucun engagement de votre part.Aucun versement préalable de capital ni decotisation n’est demandé. Vous restez en per-manence maître du placement de votre épargne,en choisissant vous-mêmes le ou les projets quevous souhaitez soutenir, parfois au niveausimplement de quelques dizaines de milliersde francs.

L’adhésion permettra seulement à X-Entrepreneurd’établir le contact entre vous et ses adhérentsqui ont des projets à financer. De plus, si vousen manifestez le souhait dans le dossier qui voussera adressé, vous aurez connaissance des pro-jets sélectionnés par Proxicap, société derecherche de capitaux de proximité, créée pardeux de nos adhérents et avec laquelle nousavons, à ce jour, un accord de partenariat.

ILS SONT ENTREPRENEURS

SIMON François (X57 - Télécom)

Il n’aura fallu à François SIMON que quelquesannées à l’ORTF (Informatique) puis chezBéghin (direction d’une usine de 500 per-sonnes) pour se rendre compte qu’il ne sup-portait pas les lourdeurs du fonctionnementde l’administration et des grands groupes.À 33 ans, il reprend une société importante dumobilier scandinave, et ne sera plus quittépar le virus de l’entrepreneur (son épouse sesouvient : “ J’ai épousé un fonctionnaire, je mesuis retrouvée au bras d’un aventurier ! ”).Insuffisamment préparée, trop éloignée descompétences de François SIMON, cette pre-mière expérience tourne vite court (dépôt debilan).De retour dans l’univers salarié, FrançoisSIMON développe avec succès l’activité d’unepetite société de services en informatique dontil est DG pendant quelques années avant d’êtrerepris par l’envie d’entreprendre.CR2A, créée avec trois associés, se développetrès rapidement, rachète la société dont il étaitDG et atteint 120 personnes en 1980 quandSIMON décide de céder ses parts pour créerCRIL, société de services informatiques à fortcontenu technologique.Après dix ans de forte croissance, CRIL, quiemploie 140 personnes, est restée insuffi-samment capitalisée et s’est laissée entraînersur un secteur trop risqué par l’enthousiasmede son PDG.Un incident sur un gros contrat va conduirerapidement la société au dépôt de bilan enoctobre 1991.Après quelques années de conseil en marke-ting informatique, François SIMON prend,fin 1996, le contrôle de Xilog (avec 87,5 %),une société spécialisée dans la validation delogiciels dont il détenait une participation trèsminoritaire. Il redresse en quelques mois lasociété qui emploie aujourd’hui 18 personnes.(XILOG, La Grande Arche, Paris Nord 1, LeParvis, 92044 Paris La Défense cedex).

Page 66: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface

DEMANDEDE SITUATION

n S143 - Fille X, licence all. rech. mi-tempssecrét. angl. all. esp. TTX EXCEL. Connais.compta. gestion. Isabelle TURQUAND D’AU-ZAY, 9, rue Boulard, 75014 PARIS.Tél. : 01.43.21.92.22.

DEMANDEDE LOCATION

n 206 - Cple médecins à Bichat, fils X54,ch 4/5 p. - XVIIIe ou XIXe à partir juin 98.Tél. : 01.69.28.61.49. ou après 20 h.01.43.21.22.29.

OFFRESDE LOCATIONS

Paris/banlieuen LA387 - PARIS XIXe, près Buttes-Chaumont,cam. loue studio, 6e ét., asc., env. 25 m2,M° Botzaris, 2 000 F CC, sf chffge indiv.Tél. : 04.79.83.34.00.

n LA388 - Cam. loue ds résid. service àLEVALLOIS, à l’Orée de Neuilly, un studioavec cuis., SdB, WC, lave-mains et placards dergt. Tél. : 01.46.60.37.26.

n LA389 - VERSAILLES, av. de Paris, 2 p.,50 m2, clair, calme, cave. 3 350 F + ch. 700 F.Tél. : 01.40.51.00.19.

Province

n LB396 - CANNES ttes pér., appt 2/4 pers.,vue except., calme, pisc., pkg, tél.Tél. : 02.31.52.10.77.

n LB397 - TIGNES - appt pied pistes, 2 p. +cab., 4/8 pers., sud, équip. Tarifs agence –20 %.Tél. : 01.46.24.43.13.

n LB398 - TIGNES ttes pér. appt 4/6 pers. sudpied pistes, lave-v. Tél. : 04.78.87.07.41. ou04.78.89.79.33.

n LB399 - CAP-BENAT (VAR) cam. loue mai-son, domaine privé, vue/mer, 2 ch., séj., garage,juin ou sept. 8 000 F. Tél. : 04.79.83.34.00.

n LB400 - BIOT (06) : 300 m du Golf Villa,160 m2 ds copropriété pisc. tennis. 3 ch., 2 SdB,pkg privé. T. gd conf. Quinz. Juin et sept.15 000 F. GOBBI (X 64) 01.42.50.00.61.

n LB401 - NICE Cimiez, ex-palace Régina,appt. 3 p., tt cft, 160 m2, 8 pers. Vue Baie,jard., tennis, pisc., tél. De 3 000 F à 9 000sem. selon période. Tél. : 03.25.83.12.60.

n LB402 - SERRE-CHEVALIER, châlet gdstanding, hiver 98/juil. 98. 150 m2 - 6 ch.12 lits - cheminée avec bois. Tél. :04.67.79.70.12. HB.

n LB403 - ÎLE-D’YEU, villa, jard., 2 600 m2,standing, 5 ch. Juillet, part. Tél. : 01.46.37.17.98.

VENTESD’APPARTEMENTSET PROPRIÉTÉS

Paris

n VA394 - SAINT-MAUR - Cam. vd. duplex180 m2, séj. + 5/6 ch., verdure, voisin, lycée,etc. 1 950 000 F. Tél. : 01.43.97.44.90.

n VA395 - VERSAILLES rive droite. Gendrecam. vd appt ancien env. 80 m2, 3p., gde cuis.équip., 2e ét., cave, pkg, 1,33 MF. Tél. :01.39.53.25.89.

n VA396 - Ville-d’Avray (92), cam (72) vdmaison, 115 m2, 4 ch., 5e ch. et SdB indép.15 m2, garage dble, proche gare, comm. 2,7 MF.Tél. : 01.47.50.13.09.

Province

n VB206 - HYÈRES : Cam. vd ds résid. stan-ding, prox. centre ville et comm., appt RdC67 m2 + terrasse 34 m2, séj., 2 ch., SdB, WC,cuis. équip., cave, B. ét. Tél. : 01.47.57.72.47.

n VB207 - BOULOURIS (VAR) - jolie maison- 2 p. de séj., 1 ch. + 1 véranda SdB, 2 WC etcab de toil. Cuis. + arrière-cuis. Chauf. cen-tral fuel. + 1 gd studio indép. ds le jard. avecSdB, WC et Kitch. Beau jard. arboré de 1 600 m2

clos. 1 500 000 F. Tél. : 01.47.22.77.90.(H. repas).

n VB208 - MÉRIBEL-MOTTARET (73) -1 800 m. Vd ou loue studio 4 pers., équip.,meublé, linge fourni en copropriété ds club hôtelcentre station. Pied des pistes. 3 semainesvacances printemps, du 4 au 25/04. 35 000 Fou location 2 000 F/semaine. Tél. soir :01.69.07.86.55.

DIVERSn D73 - Ép. Loisance (71) propose pour orga-nis. fêtes fam., événements, groupes, entrep.,bateau-restaurant Chateaubriand (280 pl.) -Rouen hiver - Saint-Malo été. Tarifs spé. X.tél. : 02.99.16.35.30/fax : 02.99.16.35.34.

n D74 - TARD (58) recommande PROF. deMATH. pour leçons part. indiv., très efficaces.Convient élèves de haut niveau ou en diffi-culté. Pédagogie adaptée à chaque cas parti-culier. 20 a. d’exp. Tél. : B. MANCERON(ECP) : 01.45.25.32.97.

MARS 1998 LA JAUNE ET LA ROUGE64

AUTRES ANNONCESSecrétariat de l’A.X.

5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.46.33.74.25

Les annonces sont publiées à titrede service rendu aux camarades

et n’engagent pasla responsabilité de l’A.X.

Ne joignez pas de règlementà votre annonce.

Une facture vous sera adresséedès sa parution.

Tarifs 1998 : la ligneDemandes de situation : 45 FOffres d’emploi : 55 FImmobilier : 75 FDivers : 85 F

Les annonces à publierdans le n° de mai 1998devront nous parvenir

au plus tardle 6 avril 1998.

A N N O N C E S

Page 67: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface
Page 68: La Jaune et la Rouge, la revue de polytechnique alumni ......Nanotechnologies : dessin d’un petit bonhomme fait de 28 molécules de monoxyde de carbone adsorbées sur une surface