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La méthode d’intérêt commun
Jean-François Ouellet, psychoéducateur
LA MÉTHODE D’INTÉRÊT COMMUN Intervenir stratégiquement auprès des intimidateurs
et de leurs victimes Anatol Pikas
© SCRASSC, Montérégie 2004 Service régional de soutien TC-TOP
Présenté par Jean-François Ouellet, psychoéducateur CSDM
Auteur : Anatol Pikas, Département de l’Éducation, Université Upsalla, Suède
Méthode décrite par Ken Rigby, Université d’Australie du Sud, Australie
Adaptée par: Eva de Gosztonyi, coordonnatrice, Center of Excellence for Behaviour Management, Montréal, Canada
Traduite et adaptée par Anne-Marie Beaulieu et Nathalie Rousseau, Service régional de soutien pour les élèves en troubles du comportement et psychopathologie, Montérégie
Un merci particulier à Eva de Gosztonyi, coordonnatrice, Center of Excellence for Behaviour Management, Montréal, Canada qui m’a fait parvenir ce power point pour vous le présenter aujourd’hui.
La présentation d’aujourd’hui comprend quelques ajouts comparativement au document original. La saveur Jean-François Ouellet.
Préambule
• Nécessité d’intervenir pour contrer l’intimidation
• Méthode qui présente une façon stratégique d’intervenir dans les situations d’intimidation
• Peut être appliquée autant par les enseignants que les professionnels
• Demande une petite formation et de la pratique !
• N’exige pas de ressources matérielles et demande peu de temps • L’intervention peut être complétée à l’intérieur de deux à trois semaines
(quelques courtes rencontres)
Petite histoire de la méthode d’intérêt commun (Method of Shared Concern)
• A été développée dans les années 1970 par Anatol Pikas en Suède
• A été expérimentée en Angleterre, en Écosse et en Australie
• Utilisée par Peter Smith et Sonia Sharp d’Angleterre avec une efficacité dans deux cas sur trois
Petite histoire de la méthode d’intérêt commun (Method of Shared Concern)
• Utilisée par Alison Duncan en Écosse avec succès dans 34 cas sur 38.
• Élaborée par Ken Rigby qui suggère de l’utiliser dans les cas « moyens », ni trop simples, ni trop sérieux ou persistants. (communication 2003)
• Considérée par Keith Sullivan comme, « l’une des meilleures approches à ce jour pour contrer l’intimidation. »(2001)
Ma petite histoire avec la MIC
• Recherches
• Contact avec Monsieur Éric Morissette (directeur d’école De la Durantaye à St-Jérôme, CSRDN)
• Doute • Présentation en classe
• Utilisation de la MIC dans mon stage (Mme Rieux et Mme Bélanger) • Présentation aux membres de l’équipe école.
• Présentation devant mes collègues à l’Université de Montréal
• Présentation avec Madame Eva de Gosztonyi pour la CSDM
• Présentation devant mes collègues psychoéducatrices et psychoéducateurs de la CSDM
• Aujourd’hui
L’intimidation est souvent une affaire de groupe
Les membres du groupe: Craignent que la violence se retourne contre eux
Désirent faire partie de la gang (appartenance)
Prennent plaisir à tourmenter leurs victimes
S’encouragent mutuellement, justifient leurs actes d’intimidation
Protéger le groupe contre l’intrusion Ex: Adolescent qui reproduit les comportements de ses pairs mais qui ne bénéficie pas du
même statut
Les objectifs de la MIC
Développer de l’empathie chez les élèves intimidateurs envers leurs victimes
Développer des habiletés de résolution de conflits
Comment ?
Briser la dynamique du groupe d’intimidateurs
Faire émerger une préoccupation partagée au sujet de l’intimidation par des échanges individuels en vue de les préparer à une résolution de conflit avec la victime
Les conditions d’application
• Avoir la conviction que nous pouvons agir sur l’intimidation
• Développer une compréhension commune des étapes de la méthode
• Informer les intervenants scolaires, aller chercher leur adhésion
Ce qu’il faut savoir Les mesures punitives empirent la situation
Augmenter l’empathie réduit l’intimidation
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’éléments de preuve pour intervenir
L’attitude de l’intervenant favorise le succès de la méthode
L’attitude de l’intervenant favorise le succès de la méthode
• Être chaleureux et empathique
• Croire que les élèves intimidateurs ont été entraînés dans une dynamique de groupe
• Croire qu’ils ont la capacité de modifier leurs comportements
• Chercher à comprendre le point de vue des intimidateurs et vouloir les aider
• Croire que les intimidateurs peuvent très bien comprendre l’impact de l’intimidation sans pour autant faire le lien avec ce qu’ils font
L’attitude de l’intervenant favorise le succès de la méthode
• Être présent à toutes les rencontres
• Jouer un rôle de médiateur: écouter les parties en conflit, rester neutre, constructif et sans préjugé
• Proposer des solutions si nécessaire
• Permettre le délai ( saveur Ouellet)
La méthode en résumé
Identification d’un problème d’intimidation/victimisation
Phase 1: Première rencontre individuelle des intimidateurs
Phase 2: Rencontre avec la victime
Rencontres individuelles des intimidateurs
Phase 3: Rencontre de préparation avec le groupe
d’intimidateurs
Phase 4: Rencontre de médiation
Phase 5: Suivi et retour
Identification d’un problème d’intimidation/victimisation
• Connaître l’élève ou les élèves victimes d’intimidation par un individu ou un groupe
• Connaître l’élève ou les élèves qui ont commis des gestes d’intimidation
Recueillir l’information à partir d’observations ou de dénonciation de la part des intervenants, des élèves ou des parents
Éviter que la victime soit perçue comme « stool » Gentil mensonge de la part de l’intervenant
Phase 1: rencontre individuelle avec les élèves intimidateurs
Étape 1 : Établir la confiance
Rencontrer les élèves intimidateurs un à la fois en commençant par l’élève qui semble être le leader
Établir un climat de confiance
Ne pas avoir une attitude blâmante
Partager sa préoccupation qu’un ou des élèves ont été victimes d’intimidation
Débuter avec une phrase comme : «Je suis préoccupé car des élèves ont fait la vie dure à ….» ou « Je suis préoccupé pour un élève car il ne semble pas être heureux en ce moment » et non «J’ai entendu dire que tu…»
Quelques embûches
Le présumé intimidateur nie être au courant de ce qui se passe
L’intimidateur peut nier sa participation, dire que ce sont d’autres élèves qui ont posé les gestes
L’intimidateur met de la pression sur l’intervenant pour savoir qui l’a dénoncé
Si l’élève nie tout, que faire? Permettre le délai
Inviter l’élève à porter attention à ce qui se passe et dans une à deux semaines, revenir voir l’intervenant pour faire un compte rendu de la situation.
Phase 1: rencontre individuelle avec les élèves intimidateurs
Étape 2: Partager une préoccupation commune
Inviter l’élève à dire ce qu’il connaît de la situation Importance de rassurer l’élève sur les répercussions possibles si une
personne est dénoncée.
Utiliser des phrases de type cognitif: « Que s’est-il passé ? Qu’en penses-tu ? », plutôt que de type affectif: « Peux-tu te mettre à sa place ? ».
Phase 1: rencontre individuelle avec les élèves intimidateurs
Étape 3: Viser un point de rupture (La muraille cède, la confiance émerge)
Passer à l’étape de recherche de solutions
Lorsque l’élève a reconnu que quelque chose se passe sans
nécessairement se déclarer coupable
Lorsqu’il a une certaine conscience des évènements.
Phase 1: rencontre individuelle avec les élèves intimidateurs
4e étape: Rechercher des solutions constructives
Demander à l’élève ce qu’il peut faire pour améliorer la situation
Suggérer des moyens si nécessaire
Manifester votre approbation pour toute suggestion constructive
Prendre entente pour une prochaine rencontre
Phase 2: Rencontre avec la victime
Rencontrer la victime après
tous les intimidateurs
Être empathique, supportant et compréhensif
Poser des questions pour connaître le rôle de la victime dans la situation
Informer la victime que vous avez rencontré les intimidateurs et qu’ils sont prêts à coopérer
Informer la victime que vous la rencontrerez de nouveau pour voir comment ça se passe
Phase 2: deuxième rencontre avec les intimidateurs
Vérifier individuellement si les intimidateurs ont tenu leurs engagements et si des progrès ont été réalisés
Informer les élèves intimidateurs qu’une rencontre de groupe aura lieu afin de préparer la rencontre de médiation avec la victime
Et si l’élève nie tout encore? (Rare mais possible)
Phase 3: Préparation de la rencontre de médiation
Rencontrer tout le groupe d’intimidateurs
Complimenter le groupe sur les progrès accomplis
Rapporter la suggestion d’un membre du groupe d’inviter la victime pour une rencontre de médiation
S’assurer que chaque élève s’engage à avoir une attitude positive envers la victime Depuis le début, nous utilisons les forces des intimidateurs (sens de
l’observation, leadership, sensibilité, état de vigilance, etc.) et maintenant nous reprenons tranquillement le contrôle. Importance de définir les rôles.
Phase 3: Préparation de la rencontre de médiation avec la personne intimidée (Ce n’est pas dans le document original)
• Préparer la victime à la rencontre de groupe • Jeux de rôle
• Planification du message
• Rôle de l’intervenant: Metteur en scène…
Phase 4: Rencontre de médiation
Rencontrer le groupe d’intimidateurs et la victime
Rassurer la victime avant la rencontre de médiation
Jouer un rôle de médiateur: écoute active, être juste et impartial, porter attention à tous, être respectueux
Viser une entente de coexistence pacifique
Le rôle du médiateur
• Accueillir les élèves: tous s’assoient autour d’une table
• Les remercier de leur présence
• Expliquer le but de la rencontre: établir une entente de coexistence pacifique
• Établir les règles de la rencontre: parler à tour de rôle, utiliser le « je » pour éviter les accusations, écouter la personne qui parle, respecter les autres en gestes et en paroles
• Donner le droit de parole: une personne à la fois, commencer par les intimidateurs, en suggérant les questions suivantes: « À quoi t’engages-tu ? As-tu une demande à faire à quelqu’un d’autre ?
Le rôle du médiateur
• Vérifier que les engagements pris soient satisfaisants pour les deux parties
• Résumer les engagements pris par chacune des personnes
• Demander aux élèves: Qu’ arrivera-t-il si quelqu’un ne respecte pas l’entente ?
• Les féliciter de leur coopération et de leurs efforts pour régler pacifiquement leur conflit
• Leur demander de conclure l’entente par un geste symbolique
Phase 5: Suivi et retours
• Revoir de façon informelle le groupe d’intimidateurs pour voir si l’entente est respectée et pour les féliciter
• Apporter du support à la victime si nécessaire
Considérations légales
Sommes-nous obligés d’informer les parents lorsqu’il y a des gestes d’intimidation ?
• Pour les intimidateurs, s’il n’y a pas d’accusation formelle, il n’y a pas d’obligation
• Pour les victimes, il peut être indiqué d’informer les parents pour les rassurer
Considérations légales
Si un parent se questionne sur les interventions effectuées, quoi lui dire ?
- La MIC , comme d’autres programmes ou activités mis en place, fait partie des stratégies préventives utilisées dans le but de faire de l’école un milieu sécuritaire.
- Il ne s’agit pas d’un suivi professionnel qui nécessite une autorisation parentale formelle.
Évaluation de la MIC
Kathleen Mauro, psychologue Peter Hamilton, psychoéducateur Eastern Townships School Board
• Il faut prendre le temps d’effectuer la démarche jusqu’à la fin
• La méthode demande de la pratique, il faut se l’approprier
• Il est très important d’effectuer les suivis
• Les élèves trouvent la méthode efficace
• Les élèves tiennent aux rencontres de suivi
• La méthode permet à l’élève et l’intervenant d’établir une bonne relation, ce qui facilite les interventions futures
Suggestions de discussions en classe Pikas (2002)
• « Savez-vous que, si je demande aux élèves, sur un questionnaire anonyme, s’il y a de l’intimidation dans la classe, 10 % vont répondre que oui. Si je demande aux mêmes élèves de m’écrire le nom d’un intimidateur ou d’une victime, personne ne va écrire un seul nom. Comment ça se fait ?»
• « Quelle méthode pourrions-nous utiliser pour régler le problème sans aucun trouble pour les personnes impliquées? »
Tous peuvent faire de la médiation adaptation de All in the class become mediators
Étape 1: réflexion écrite à propos des conflits
Étape 2: discussion de classe à propos des conflits et leur résolution
Étape 3: entraînement à la médiation par des jeux de rôle en triade
Étape 4: application de la médiation à des conflits réels
www.pikas.se
D’autres interventions pertinentes Créer un climat sécuritaire, chaleureux et respectueux
Évaluer l’ampleur de l’intimidation dans l’école
Élaborer un plan global et concerté à l’échelle de l’école
Impliquer les élèves, les parents et la communauté
Outiller les intervenants scolaires aux interventions à privilégier et déterminer le rôle de chacun
Soutenir les enseignants dans leur gestion de classe
Animer des activités de prévention en classe: Qu’est-ce que l’intimidation, dénoncer vs stooler, comment m’affirmer, que faire si je suis témoin d’une situation d’intimidation?
D’autres interventions pertinentes
Valoriser les comportements pacifiques
Prévoir un plan de surveillance des élèves
Rendre accessible des loisirs de qualité
Privilégier des approches coopératives
Enseigner les habiletés sociales
Supporter les victimes: groupe d’affirmation de soi
Informer les parents (dépliants, conférences)
Établir des ententes de collaboration en participant à des tables de concertation locales
M. Rigby propose de communiquer avec lui si on désire être conseillé sur la méthode :
DR. Ken Rigby
University of South Australia
Underdale Campus, Holbrooks Road
Underdale, South Australia
AUSTRALIA, 5032
• Adresse électronique : [email protected]
• Télécopieur : (08) 8302 6648
• Téléphone : (08) 8302 6945
• Site web : http : //www.education.unisa.edu.au/bullying/
Il me ferra plaisir de vous aider au besoin
Jean-François Ouellet, psychoéducateur
Bibliographie
• Duncan, A. The Shared Concern method for Resolving Group Bullying in Schools. Educational Psychology in Practice. (Eds.) 1994. Vol. 12, No 2. 94-98.
• OLWEUS, D. Violences entre élèves, harcèlements et brutalités, Paris, ESF Éditeur, 1999, Collection Pédagogies recherche, p.20.
• Pikas, A. The common concern méthod for the treatment of mobbing. In E. Roland et E. Munthe (Des), Bullying, an international perspective, London : Fulton, (1989)
• Pikas, A. New Developments of the Shared Concern Méthod. Dans School psychology International 2002, Vol. 23(3) : 307-206. Cet article est disponible sur le web :
http://www.education.unisa.edu.au/bullying/NewPikas
• Pikas, A. Treatment of Mobbing in School. Principles for and the Results of the Work in an Anti-Mobbing group. Scand. J. of Educ. Res. 1975, 19, p. 1-19.
• Pikas, A. A Pure Concept of Mobbing Gives the Best Results for Treatment. School Psycghology International. 1989. 10, p. 95-104.
Bibliographie
• Pikas, A. The Common Concern Method for the Treatment of Mobbing. In Roland, Erling & Munthe, Elanie (Eds.) Bullying. An International Perspective. 1990, p. 91-104.
• Rigby, K. Bullying in schools- and what to do about it, Camberwell, Melbourne Australian Council for Educational Research. 1996, p. 209-220, Publié aussi à Londres : Jessica Kingsley (1997) et Toronto : Pembroke, 1998.
• Sharp, Sonia et Smith, Peter, Tackling Bullying in your School. A practical handbook for teachers. London: Routledge. 1994.
• Smith, P.K. et S. Sharp. School Bullying: insights and perspectives, Londres, Routledge, p. 195-202.
• Sullivan, K. The Anti-bullying Handbook. Oxford University Press. 2001.
• Sites web : Home Page of the Shared Concern method (SCm) http://surf.to/scm et www.pikas.se