la relation formation-emploi parcours d’idées dans le cadre de la formation de formateurs...
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La relation formation-emploi
Parcours d’idées
Dans le cadre de la formation de formateurs orientation, 2003-2004
Bernard Desclaux
Projet
Un projet initial simple : conférence de la DEP sur la relation emploi-formation, mais trop complexe pour être rapportéeune conférence de la DEP sur les enquêtes IVA, mais peu de choses à en tirer
Que faire puisque j’avais annoncé ce thème pour le 19 décembre 2003 ?
La relation emploi-formation
Rendre compte de ces conférences
Mais également faire un parcours des thèmes qui se rattachent à ces approches
des parties seulement ébauchées
des pistes et des ressources
des parties un peu plus développées
Deux relations
La relation formation-emploi :
Formation EmploiSous-tendue par l’idée d’adéquation
La relation emploi-formation :Formation EmploiPensée prospective
Les enquêtes IVA
Pour la première fois le ministère démarre une études nationales à partir des enquêtes régionales IVA
Existent depuis une quinzaine d’années
Globalement une même tendance (le diplôme), mais des différenciations locales
Besoin de faire connaître localement ces études (ex. du correspondant territorial)
Ressources IVA
Sur le site académique, pages « Orientation »
Il y aura une « Note bleue » de la DEP
La relation emploi-formation
Travail du BIPEModélisation de deux scénarios d’évolution économique (+1,5% et + 2%)Incluant l’effet modification des retraitesTrès grande complexité et donc impossibilité d’en rendre compte, mais…
Une évolution sensible
Malgré la proximité économique des scénarios, deux tendances différenciées :
1,5% => recrutement de jeunes qualifiés
2% => recrutement de jeunes non-qualifiés
Une note bleue est en rédaction, mais compte-tenu des résultats interrogations sur la possibilité de les publier
Desclaux:
Claude Sauvageot
Desclaux:
Claude Sauvageot
Une relation à plusieurs sens
La formation permet l’insertion, l’entrée dans le monde du travail
La formation est nécessaire à une activité professionnelle, l’adéquation nécessaire
L’évolution « économique » nécessite des volumes de formation sur des secteurs particuliers, relation emploi-formation
L’évolution des activités professionnelles nécessites des contenus de formation particuliers
Un parcours d’idées
Une approche habituellement normative socio-économique
Essayer d’explorer d’autres pistes
Des pistes
Formation et orientationLes corporations en FranceLa construction du système scolaire en France
L’insertionPlusieurs approchesClaude Dubar
Autres
Formation et OrientationUne liaison particulière à la FrancePourquoi l’orientation professionnelle devient-elle une orientation vers la formation et non vers l’emploi ?L’Enseignement technique cherche à faire considérer la nécessité d’une formation professionnelle organisée préalable à l’entrée dans le métier. En France cette question est portée par l’état (dans un secrétariat rattaché au ministère de l’Education nationale et non au ministère du travail).
La disparition des corporations
Hypothèse personnelle : ceci est due à la disparition des corporations en France.
Les corporations et l’ancien régime
Georges Lefranc : Histoire du travail et des travailleurs, Flammarion, 1957 Des relations ambiguë entre les corporations et la royauté française
L’état protecteurs des corposL’état incitateurs des corposL’état financé par les corposLes corpos « zones franches »
Turgot, Edit de février 1776« L’esprit général des communautés est de restreindre le
plus qu’il est possible le nombre des maîtres, de rendre l’acquisition de la maîtrise d’une difficulté presque insurmontable pour tous autres que pour les enfants des maîtres actuels. A ce but sont dirigées la multiplication des frais et des formules de réception, les difficultés du chef-d’œuvre toujours jugé arbitrairement, la cherté et la longueur inutile des apprentissages, la servitude prolongée du compagnonnage, institutions qui ont encore l’objet de faire jouir les maîtres gratuitement pendant plusieurs années du travail des aspirants. » Turgot, Edit de février 1776 portant suppression de jurandes et communautés de Commerce, Arts et Métiers.
Tentatives et préoccupations de l’état royal
Vainement, une ordonnance royale de 1581 stipule que la confection du chef-d’œuvre ne doit pas demander plus de trois mois. En 1691, un édit stipule que le chef-d’œuvre doit être fait en un mois et pouvoir être utile.Les charges sont également chères à acquérir (en comptant en plus le repas traditionnel). Mais souvent fils et gendre en sont dispensés.L’état de compagnon devient un état durable.
Mais elles sont bien utilesPour le pouvoir royal, la soumission à un maître est un gage de bonne tenue... L’ordonnance royale du 19 août 1752 généralise pour l’ouvrier l’obligation de vivre sous la conduite d’un maître et de ne pas rester inoccupé : faute de quoi, il sera puni de prison et de fouet. Partout où il existe des communautés professionnelles, la monarchie leur fait verser des sommes importantes, soit pour légaliser leur création, soit lorsqu’elles admettent de nouveaux membres, soit en les obligeant à racheter des lettres de maîtrise qui, mises en vente par la royauté, permettaient d’accéder à la maîtrise en dispensant du chef-d’œuvre. » (p. 174)Les métiers « jurés » organisés en jurandes contrôlées par le pouvoir royal.« En 1581, Henri III rend une ordonnance portant obligation générale du régime corporatif. » (p. 174)« Ce qui donne à l’effort de Colbert son originalité, c’est la volonté d’exercer sur les métiers, à travers les jurandes et les maîtrises, un contrôle actif de l’Etat à des fins qui ne sont pas strictement fiscale. Il s’agit pour lui d’organiser pour unifier et pour assurer à la clientèle des marchandises d’une qualité et d’une facture certaines. » (p. 175) Autour de 1670Il met en place des « contrôleurs » qui vont vérifier la qualité des produits.
Le modèle corporatiste
La formation est une insertionIl faut être formé pour être employéC'est le patron qui autorise l'employé à sortir de l'emploiLe temps et le processus de la formation est une insertionLa formation est une activité interne à « l'entreprise »
La question française
Donc une des questions qui se pose, c’est comment alimenter ces formations ? L’une des manières est d’enrôler les instituteurs[1].
[1] Penser à la notion d’enrôlement dans la théorie de l’innovation de Callon et Latour.
L’insertion
Reprise d’un document que j’avais rédigé en 90-91 sur l’insertion
La construction de l’insertion sociale d’après Claude Dubar
L’insertion, première approcheLe comité interministériel de l’évaluation des politiques publiques a fait un rapport au Premier Ministre intitulé « L’insertion des adolescents en difficultés »
Depuis que les Politiques publiques ont inscrit la notion d’insertion sociale des jeunes comme un objectif de politique gouvernementale (le rapport date la première apparition du terme en 1972 dans un arrêté interministériel relatif aux clubs et équipes de prévention), de nombreuse études se sont développées pour définir, délimiter cette notion complexe, et pour aider les gouvernements à prendre des décisions concrètes pour aider à cette insertion.
Quatre angles d’observation
l’insertion comme parcours
l’insertion comme dispositif
l’insertion comme écosystème
l’insertion comme ensemble de compétences
L’insertion comme parcours
c’est un parcours qui conduit à l’établissement, plus ou moins
tardif, du jeune adolescent dans un statut d’adulte
L’insertion comme dispositif
c’est un ensemble d’institutions et de dispositifs par lesquels passent les jeunes dans le déroulement de leur trajectoire.
L’insertion comme écosystème
l’insertion décrit un rapport entre le jeune et son environnement
l’insertion comme ensemble de compétences
un ensemble de compétences sociales et professionnelles
Incidences sur l’orientation
La distinction de trois missions de l’orientation reposait sur ce dernier point
La gestion des parcours scolaires
L’aide, le conseil aux personnes, le développement de soi
L’éducation à l’orientation en tant que préparation au pilotage de soi dans l’avenir
Une définition de l’insertion On peut donc remarquer que l’insertion s’aborde de deux points de vue :
celui de l’individu ;celui de la société.
On peut donc considérer que l’insertion est un processus social qui désigne le changement de statut d’un individu, le faisant passer d’un statut d’adolescent, dépendant de son environnement familial, à l’exercice d’une autonomie sociale.
Comparatisme
Si l’on compare nos sociétés actuelles, aux sociétés décrites par les ethnologues, on peut faire certaines distinctions :
la transformation, le changement de statut, est organisée par l’ensemble de la société aux travers de cérémonies symboliques, que les ethnologues ont dénommées « les rites de passages » ;
un aspect important, de ces rites est leur imposition à tous les membres de la société ;
Une règle partagéePas seulement dans le sens ou tout adulte a subi le rite, mais dans le sens où l’acceptation du rite, et l’acceptation de ses conséquences est la condition du fonctionnement de la société. Celui qui refuse s’exclue, et est exclue, car il fait courir le danger de la dissolution des règles.
Autrement dit, le rite de passage est une règle partagée.
Avec la question du/des genre(s)
Dans nos sociétés
Disparition des rites
Montée de l’individu
Sur la disparition des rites Antoine Prost, historien à la fois de l’Ecole, mais aussi de la famille, pouvait repérer jusque dans les années 50 la succession de trois étapes dans l’insertion sociale des garçons de la classe ouvrière. On parlait à l’époque d’établissement. Il y avait :
le service militaire,l’emploi (la paye étant rapportée aux parents),le mariage.
Cette succession s’est brouillée aujourd’hui, et ceci dans tous les milieux sociaux, et sans distinction de sexe.
Sur la montée de l’individu (I)Avec la montée de l’individu, on peut repérer deux phénomènes.
Du côté de l’individu, sa liberté s’étant développée, tout processus social est non plus obligatoirement partagé (ou imposé), mais négocié. La part active, inventive de chacun est de plus en plus importante, et donc les différentiations et les échecs s’amplifient. S’il y a moins de règles partagées, il y a aussi une diminution de la prévisibilité des comportements, puisque le monde n’est plus stable.
Sur la montée de l’individu (II)Mais du côté sociétal, on pourrait dire la même chose, la société doit, elle aussi, inventer et réinventer des règles, des dispositifs, des organisations acceptables pour assurer la vie conjointe des membres. Ce qui entraîne et accélère le changement de l’environnement social, le rendant également instable.
Les deux processus, de différentiation des individus, et de recherche de « consensus social », ont donc des effets cumulatifs.
Pistes, ressources, interrogations
L’article de Antoine Prost, sur l’entrée dans la vie des ouvriers et des bourgeois.
Francis Danvers sur les âges de la vie
Généralisation du travail comme situation de vie pour « tous les humains ». Définition de l’adulte, par opposition à adolescent ?
L’insertion d’après Claude Dubar Claude Dubar
La construction sociale de l’insertion professionnelle
Claude Dubar, Laboratoire PRINTEMPS, Professions, Institutions, Temporalités. CNRS, Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines
Trois points de vue
Le détour historique, l’insertion produit d’une histoire
La comparaison internationale, l’insertion un construit sociétal
L’analyse stratégique, l’insertion, résultante des stratégies d’acteurs
Production historique
En France cette notion apparaît récemment dans notre histoire, essentiellement à partir de la crise économique du début des années 70.
Construit sociétalArticulation spécifique, caractéristique d’une société particulière, entre trois rapports sociaux de base qui contribuent à « construire » des types d’acteurs déterminés :
le rapport éducatif (comment forme-t-on la main d’œuvre dans un pays donné ?), le rapport organisationnel (comment sont organisés le travail, la coordination des activités, l’efficacité productive ? et le rapport industriel (au sens d’ « Industrial relations » c’est-à-dire de régulation et de négociation entre les partenaires sociaux).
p.27
Desclaux:
Chaque « société » aurait ainsi, selon eux, sa propre manière de « construire » des politiques et des dispositifs, des règles et des acteurs dans ce champ très vaste qui inclut la formation, l’usage et la reconnaissance des forces de travail, bref l’ensemble des relations entre l’éducation et le travail. »
Desclaux:
Chaque « société » aurait ainsi, selon eux, sa propre manière de « construire » des politiques et des dispositifs, des règles et des acteurs dans ce champ très vaste qui inclut la formation, l’usage et la reconnaissance des forces de travail, bref l’ensemble des relations entre l’éducation et le travail. »
Hypothèses ICes « cohérences sociétales » sont stables durant un temps historiques. On peut considérer qu’il y a des cycles, construction, stabilité, déconstruction, reconstruction… Après la période des trente glorieuses
CDIConventionsFormation prof et diplôme
une période de dérégulation/reconstruction.
Hypothèse IILa cohérence, la régulation stable peut fonctionner dans une société relativement isolée, qui peut effectivement contrôler. La mondialisation et la construction européenne, rend très « poreuses » les limites de nos sociétés (il n’y a pas que la France qui serait touchée).Cette dérégulation renforce le rôle de l’acteur comme encore plus prépondérant.
Du Well-fare au Self-fare ?
Effet de la stratégie des acteurs
« Les stratégies d’acteurs construisent des « mondes de l’insertion » permettant de coordonner des acteurs de l’entreprises, des intermédiaires de l’emploi, des partenaires éducatifs et des segments de jeunes socialement identifiables. Ces réseaux transversaux rassemblent des personnes qui partagent, peu ou prou, les mêmes références, les mêmes conceptions du travail et de la formation, les mêmes expériences et qui déploient des stratégies plus ou moins bien coordonnées. » (p. 33)
Réseaux
Entreprise
Formateur Connecteur
Personne
Stratégies d’acteurs et Mondes sociaux « nourrir ma famille »
Ne vise que la stabilité et considère son travail comme purement instrumental« rechercher mes services »
Cherche avant tout à être reconnu, valorisé, jugé compétent (par le client ou l’employeur), même et surtout lorsqu’il est « à son compte » et doit faire face à l’incertitude des commandes
« participer à l’emploi »Veut avant tout à rester sur le marché du travail, ne pas décrocher, pouvoir
trouver du travail même à temps partiel et pour des durées limitées« travailler dans ma branche »
Subordonne son activité de travail à un projet, une passion, un domaine correspondant à sa formation qui est devenue une partie de lui-même et qu’il ne peut imaginer abandonner
D’après Trottier, Laforce & Cloutier 1998. Entretiens de 61 diplômés de l’enseignement supérieur au Québec : les objectifs qu’ils assignaient au travail professionnel, les expériences qu’ils retiraient de leur parcours depuis l’école et les liens qu’ils établissaient entre leur formation et leur travail.
Quatre mondes en FranceDispositifs publics d’insertion, stage d’attente, professionnels de la relation d’aide, emplois aidés, emplois précaires L’apprentissage et les petites et moyennes entreprises (formation sur le tas, relations locales de voisinage)L’administration, les concours, les formations universitaires générales, l’emploi bureaucratique à vie La grande entreprise compétitive, cabinet de recrutement, compétence et expertise
Pour conclure, des pistes (I)Démotivation, Absentéisme, décrochage scolaire
Le conflit entre les conceptions de la qualification et des compétences
S’intéresser à la fin de carrière ? Le projet VECTRAT (recherche à l’INETOP par une équipe du CEDEPRO
Pour conclure, des pistes (II)
Les métiers de l’insertion. Un nouveau champ professionnel
Les nouveaux contrats spécifiques
La loi sur la décentralisation de la formation professionnelle vote en première lecture par le Sénat
Et pour conclure vraiment
L’insertion dans quoi ?
dans un statut, précarité, instabilité des statutsdans un espace, incertitude des frontières physique et temporelle du travail, de l’entreprise…dans un groupe, qu’est-ce qu’une profession ?