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Gabriel Bergounioux La sélection des langues : darwinisme et linguistique. In: Langages, 36e année, n°146, 2002. pp. 7-18. Abstract Darwinism comes into play as a scientific paradigm in a history-oriented grammar based on both anthropology and comparative mythology. Evolutionism was claimed by linguists such as Schleicher and Darmesteter whose hypotheses fuelled other work from Darwin in return. Its posterity has lasted to this day in language science research. However, one can wonder whether the proposed reinterpretation is well founded. Citer ce document / Cite this document : Bergounioux Gabriel. La sélection des langues : darwinisme et linguistique. In: Langages, 36e année, n°146, 2002. pp. 7-18. doi : 10.3406/lgge.2002.2398 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_146_2398

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Gabriel Bergounioux

La sélection des langues : darwinisme et linguistique.In: Langages, 36e année, n°146, 2002. pp. 7-18.

AbstractDarwinism comes into play as a scientific paradigm in a history-oriented grammar based on both anthropology and comparativemythology. Evolutionism was claimed by linguists such as Schleicher and Darmesteter whose hypotheses fuelled other work fromDarwin in return. Its posterity has lasted to this day in language science research. However, one can wonder whether theproposed reinterpretation is well founded.

Citer ce document / Cite this document :

Bergounioux Gabriel. La sélection des langues : darwinisme et linguistique. In: Langages, 36e année, n°146, 2002. pp. 7-18.

doi : 10.3406/lgge.2002.2398

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_146_2398

Gabriel Bergounioux Université d'Orléans

LA SELECTION DES LANGUES :

DARWINISME ET LINGUISTIQUE

La question de l'origine des langues n'a pas l'importance qu'on lui donne. Cette question n'existe même pas. (Question de la source du Rhône : puérile !)

F. de Saussure

Darwin est un naturaliste et pourtant il a été l'une des sources d'inspiration majeure des sciences humaines au moment de leur formation et aujourd'hui encore l'influence de ses idées reste sensible en anthropologie. Ce qui a reçu le nom de darwinisme a été l'objet d'une réception et d'une discussion en tous points comparables à celles d'une philosophie, ce qu'il n'était pas, et c'est peut-être de n'avoir jamais eu cette prétention qu'il l'est devenu, sans jamais coïncider avec les divisions traditionnelles du champ comme le montrent les exploitations contradictoires à quoi il a servi d'argument. Les implications de l'œuvre, nombreuses et multiformes, ont eu des répercussions en linguistique dès les débuts de la diffusion de la théorie. Conry (1974), dans le tableau qu'elle dresse de la réception du darwinisme en France, y consacre un chapitre qu'ont depuis complété les études de Tort (1980) et de Desmet (1996) entre autres.

1 . La linguistique en 1859 et la mythologie comparée

Au moment où Darwin livre à la publication l'Origine des espèces (1859), la linguistique est une discipline dont l'autorité conférée par un contenu scientifique fondé sur le dispositif compara tiste1 est contrebalancée par la fragilité d'une assise institutionnelle réduite à quelques dizaines de chercheurs, dispersés entre cinq ou six pays, en situation précaire face aux positions établies de la philologie classique. Le public instruit ne s'intéresse guère aux civilisations de l'Inde, moins encore à la phonétique historique. À Paris, il n'existe qu'une seule chaire, ouverte à la Sorbonně en 1853, où sont présentés des éléments de grammaire comparée du français, du latin et du grec. La médiocrité du titulaire de la chaire, Charles-Benoît Hase (nommé par protection à un emploi que la disparition de Burnouf a laissé sans prétendant), et la marginalité d'un cours qui ne correspond à aucun examen repoussent hors de l'enseignement

1. Établi par Bopp en 1816 à partir d'un rapprochement entre les conjugaisons du sanscrit, du grec, du latin, de l'iranien ancien et du gotique (et germanique).

supérieur les enjeux de la discipline. La reconnaissance officielle du comparatisme intervient avec la création de la IVe section de l'École Pratique des Hautes Études (sciences historiques et philologiques) en 1868. Un décret assure l'indépendance de l'établissement dont l'organisation est copiée sur celle du Collège de France.

Le darwinisme est apparu au moment précis où se constitue institutionnellement le champ de la linguistique en France. Alors que cinquante années durant, les connaissances sur les langues indo-européennes et sémitiques se sont accrues de façon vertigineuse, les mêmes interrogations persistent qui, faute d'une explication interne, reçoivent pour solution les arguments de l'anthropologie ou de la mythologie. La démonstration concernant la parenté des langues avait été étayée non plus sur les ressemblances, fortuites ou pas, entre mots mais sur la correspondance des paradigmes ; une fois soustraits les morphèmes non autonomes de déclinaison et de conjugaison, il subsistait un résidu, rétif à l'analyse, une combinaison ordonnée de trois « lettres ». L'épellation de racines, d'où dériveraient les mots par familles (un terme récurrent dans le projet épistémologique de la grammaire historique) aboutissait à l'établissement de listes d'items qui assignaient à chacun une définition générique, reconstituée par recension des avatars de la base conjecturée, à partir des attestations obtenues par recension épigraphique ou archivistique.

Une première phase d'analyse avait établi quelques principes phonétiques (Grimm, Pott) mais parce que les matériaux sanscrits présentaient une caractérisation des unités sonores jugée suffisante, l'investigation s'était détournée de l'étude pointilleuse, forcément décevante, du fonctionnement du signifiant pour s'adresser à de plus nobles objets. Eugène Burnouf (1801-1852) devenait l'historien du bouddhisme et le Journal asiatique se consacrait plus volontiers aux littératures et aux civilisations qu'à la philologie. Renonçant à raisonner les principes de l'évolution (я fortiori de la diffusion) des langues, les linguistes cherchaient à élucider ce qui demeure le plus obscur : l'origine des mots, ramenés à des matrices trilittères où se liraient, selon l'interprétation, les survivances des sentiments primitifs d'une humanité dominée par les forces telluri- ques, à la source des religions et de l'épopée, ou bien les vestiges d'une civilisation dont les conditions d'émergence, quelque part en Orient, resteraient inscrites dans le proto-lexique.

Le premier programme correspond à la mythologie comparée, apparue dans les années 1850 et illustrée par Max Millier (1823-1900) qui prétend déceler l'apparition des premiers éléments de récit et de croyance de la civilisation indo-européenne dans un animisme, la verbalisation des terreurs et des adorations devant les grandes forces naturelles. L'interrogation qui traverse l'œuvre de Renan, que les Indo-Européens se sont accordé un destin à l'échelle de l'univers mais qu'ils n'ont rien conservé à l'Ouest du Penjab de leurs religions primitives, attire l'attention sur les mythes gréco-romains et Scandinaves, sur le zoroastrisme et le Mahâbhârata. Métaphysiques conçues comme le signe d'élection d'une puissance imaginaire qui, faute d'une révélation octroyée à un autre peuple2, ont redoublé l'activité guerrière et agro-pastorale des conquérants, elles témoigneraient de la forme particulière de génie d'une culture, voire d'une race supérieure. La fascination pour cette invention poétique des temps héroïques, sa conformité avec des préjugés édéniques, lui a conféré une autorité à laquelle n'ont pas manqué de

2. Une autre hypothèse eut son heure de gloire (Burnouf 1876 [1870]) qui attribuait le christianisme à la présence d'Aryens en Israël.

rendre tribut, en leurs débuts, Michel Bréal dans sa thèse de doctorat (1863) et Gaston Paris dans son étude sur Charlemagne (1865). C'est au contraire sur le reflux de ces affabulations que s'est dégagé, au terme de trente années de tâtonnements et de déceptions, un espace pour une discipline nouvelle qui, de la même énigme, a tiré d'autres conclusions : la sémantique. La conviction bréalienne d'un progrès de la langue, d'une raison vers quoi tendrait, au fur et à mesure de leur développement, l'expression des civilisations, fonctionne au rebours des hypothèses de la mythologie comparée, l'une tournée vers le passé et la crédulité, l'autre vers l'avenir et la connaissance ; celle-ci conforme au projet d'une idéologie républicaine de la nation (Nicolet, 1982), celle-là sacrifiant à l'arrogance européocentriste.

2. Anthropologie et linguistique : la Société d'Anthropologie de Paris

Le second programme est anthropologique. Il ne se soucie ni des terreurs premières, ni des méditations des peuples en marche sous les étoiles ; il traite positivement comme témoignage d'une culture à quoi font défaut les realia le seul vestige qui en demeure accessible : son vocabulaire. En recroisant les données lexicales communes aux langues issues du proto-indo-européen, des linguistes ont prétendu identifier à la fois le lieu d'origine (par la désignation des reliefs et des phénomènes météorologiques, le bestiaire et la botanique) et le degré de développement (par les noms d'outils et d'ustensiles, de matières et de matériaux, de fonctions et d'institutions) du groupe unique qui aurait, au point de départ de grandes migrations, conduit son expansion sur un espace compris, à période historique, entre le cercle polaire et le Dekkan. La confusion rapidement faite entre le témoignage de la langue et la supposition d'une race qui en aurait eu l'usage exclusif se prêtait à des interprétations qui donnaient à l'antisémitisme (Olender, 1994) une portée nouvelle par la caution d'un discours scientifique. La tentation était forte, pour des anthropologues, de passer des mots à la conformation des corps pour construire la preuve d'une différence de nature entre les hommes. La conviction qu'une société localisable vers l'Asie mineure aurait engendré des vagues successives de conquérants établissait une théorie qu'on trouve partagée, en langue française, d'une part par les défenseurs des idéologies les plus rétrogrades (de Gobineau à Vacher de Lapouge), engagés dans une ethnodicée, le mythe des races supérieures, et d'autre part par des rationalistes comme Pictet (1799-1875) ou Honoré Chavée (1815-1877) qui, confondant témoignage matériel et objectivisme, ne jugeaient de sûr dans les langues que les choses matérielles qu'elles désignent3.

Paradoxalement, une hypothèse polygénétique - l'affirmation d'une origine plurielle des points d'émergence de l'hominisation, la distribution des souches raciales par continent - qui conclut de la différence des groupes humains à leur hiérarchie (thèse congruente à l'achèvement des entreprises contemporaines de colonisation), est soutenue par des savants aux convictions foncièrement progressistes, militants libres-

3. La partition entre les courants anthropologique et mythologique se retrouve, transposée, dans la différence des principes de reconstruction choisis par Benveniste (1969) et Dumézil (passim). Au demeurant, Muller n'a pas dédaigné les hypothèses géographiques et Girard de Rialle a composé une Mythologie comparée (1878).

penseurs et néo-kantiens de l'entourage de Broca, alors que la thèse monogénétique est défendue, pour des raisons exégétiques, par leurs adversaires chrétiens. Ceux-ci, très hostiles au cloisonnement de l'espèce en races distinguées ab origine, a fortiori à l'évolu- tionnisme darwinien, se regroupent dans la Société d'Ethnographie (dont la revue, l'Ethnographie, prend pour devise Corpore diversi sed mente fratr es).

Paul Broca (1824-1880), dont les rapports avec le darwinisme sont de proximité et de conflit4, a d'abord travaillé sur l'hybridation animale, l'un des arguments de prédilection contre le fixisme biblique. La présentation de ses travaux devant la Société de Biologie s'est avérée si conflictuelle qu'il a dû en poursuivre l'exposé à la Société d'Anthropologie de Paris (S.A.P.) qu'il fonde en 1859, la même année déclarée par la Société d'Ethnographie pour être celle de sa création. La genèse des deux sociétés a fait l'objet de plusieurs études auxquelles nous renvoyons (notamment Joy Harvey et George W. Stocking, 1984). Broca s'est intéressé à la question du langage non comme à un témoignage de la genèse de l'espèce mais en tant que propriété individuelle du locuteur, à partir de la caractérisation clinique de l'aphasie (1861). L'anthropologie telle qu'on l'entend à la S.A.P. accorde ses préférences à la recherche des critères de l'hominisation aux dépens de l'étude des cultures dans leur diversité ; s'y retrouvent des médecins plutôt que des explorateurs. Broca lui-même a rapidement renoncé à la détermination d'un classement des peuples par les langues qu'ils parlent (Broca, 1989) pour se consacrer à une anthropométrie physique concernant les pigments de l'iris ou la mesure du crâne. Les questions linguistiques sont reprises par son successeur à la tête de la S.A.P., Abel Hovelacque (1843-1896), auteur du manuel La Linguistique publié chez Reinwald (l'éditeur de Darwin) en 1876. Desmet (1996) s'est livré à une recension des études linguistiques entreprises dans le cadre de l'École de Broca à partir du dépouillement exhaustif de la Revue de linguistique et de philologie comparée (1867-1922).

Les réticences de Broca et de ses élèves (Antonio de la Calle, Girard de Rialle...), les insuffisances des comparatistes français aussi, ont contraint le darwinisme linguistique à un détour par l'Allemagne où l'Origine des espèces déclenche l'enthousiasme d'un des auteurs considérés comme l'un des plus éminents indo-européanistes, spécialiste des langues germaniques : August Schleicher (1821-1868)5. Le mince opuscule dans lequel celui-ci, en 1863, métaphorise le darwinisme pour le transformer en une théorie linguistique sera le premier ouvrage publié par la Bibliothèque de ГЕ.Р.Н.Е., l'année même de sa fondation, avec une préface de Bréal. Celui-ci, élu cette année-là secrétaire - inamovible - de la Société de Linguistique de Paris (S.L.P.), a entrepris de transformer de l'intérieur ce qui n'était qu'une des nombreuses scissions de la Société d'Ethnographie en une association savante destinée, avec le soutien de Victor Duruy, à

4. En atteste le témoignage contemporain de Mathias Duval (1886 : 425 sq.), notamment l'énergie déployée pour imposer, avec l'aide des naturalistes lamarckiens, le terme « transformisme » en lieu et place d'« évolutionnisme ». 5. Cette réputation s'est maintenue jusqu'à aujourd'hui. Un aperçu de ce qu'en pensait Saussure : « Tel a été le prestige de Schleicher pour avoir simplement essayé de dire quelque chose de général sur la langue, qu'il semble que ce soit une figure hors pair <encore aujourd'hui dans l'histoire des études linguistiques, et qu'on voit des linguistes prendre des airs comiquement graves, lorsqu'il est question de cette grande figure... (...)<. Par tout ce que nous pouvons contrôler, il est apparent que c'était la plus complète médiocrité, <ce qui n'exclut pas les prétentions>. » (cité d'après Fehr 2000 : 45n).

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appuyer la réforme de l'université en y introduisant l'enseignement de la grammaire historique. C'est au compromis difficilement négocié entre les fondateurs catholiques, les jeunes universitaires et les hauts fonctionnaires du Ministère de l'Instruction Publique que la S.L.P. dut, jusqu'à son abandon en 1876, l'article 2 de ses statuts qui, moins qu'un dogmatisme de définition du champ scientifique, visait à écarter la concurrence des adhérents de la S.A.P. tout en neutralisant les catholiques venus de la Société d'Ethnographie :

La Société n'admet aucune communication concernant, soit l'origine du langage, soit la création d'une langue universelle.

3. Darwin pour linguistes : ce que dit l'Origine des espèces (1 859)

Dès sa première traduction en français, l'Origine des espèces6 rencontra un succès de scandale qui fit connaître ses thèses au grand public en même temps qu'elles étaient l'objet d'une extrême considération, très conflictuelle (Conry, 1974), auprès de nombreux savants. Sans parler des botanistes, ornithologues et autres, la réception privilégiait une lecture où la linguistique, qu'on avait dite historique, se devait de rejoindre les sciences naturelles conformément au programme de la S.A.P. Pourtant, intrinsèquement, l'ouvrage ne se prête guère à un parallèle entre la zoologie et la linguistique. L'édition Barbier (1876) contient en tout et pour tout quatre rapprochements :

a) une comparaison entre les races animales et les « dialectes » :

Mais, en fait, peut-on soutenir qu'une race, ou un dialecte, ait une origine distincte ? (p. 39)

b) après une référence à Pictet, les fossiles conçus comme l'équivalent d'un témoignage philologique :

Quant à moi, je considère les archives géologiques, selon la métaphore de Lyell, comme une histoire du globe incomplètement conservée, écrite dans un dialecte toujours changeant, et dont nous ne possédons que le dernier volume traitant de deux ou trois pays seulement. Quelques fragments de chapitres de ce volume et quelques lignes éparses de chaque page sont seuls parvenus jusqu'à nous. Chaque mot de ce langage changeant lentement, plus ou moins différent dans les chapitres successifs, peut représenter les formes qui ont vécu, qui sont ensevelies dans les formations successives, et qui nous paraissent à tort avoir été brusquement introduites, (p. 388)

c) la question de la classification illustrée par la généalogie des langues :

Pour mieux faire comprendre cet exposé de la classification, prenons un exemple tiré des diverses langues humaines. Si nous possédions l'arbre généalogique complet de l'humanité, un arrangement généalogique des races humaines présenterait la meilleure classification des diverses langues parlées actuellement dans le monde entier ; et si

6. Faite par Clémence Royer en 1862 et précédée d'une introduction de la traductrice qui sollicitait le texte vers une interprétation eugéniste. Deux nouvelles traductions sont proposées par Moulinié en 1873 et Barbier en 1876 (Tort, 1997 : 96).

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toutes les langues mortes et tous les dialectes intermédiaires et graduellement changeants devaient y être introduits, un tel groupement serait le seul possible. Cependant, il se pourrait que quelques anciennes langues s'étant fort peu altérées n'eussent donné naissance qu'à un petit nombre de langues nouvelles ; tandis que d'autres, par suite de l'extension, de l'isolement, ou de l'état de civilisation des différentes races codescen- dantes, auraient pu se modifier considérablement et produire ainsi un grand nombre de nouveaux dialectes et de nouvelles langues. Les divers degrés de différences entre les langues d'une même souche devraient donc s'exprimer par des groupes subordonnés à d'autres groupes ; mais le seul arrangement convenable ou même possible serait encore l'ordre généalogique. Ce serait, en même temps, l'ordre strictement naturel, car il rapprocherait toutes les langues mortes et vivantes, suivant leurs affinités les plus étroites, en indiquant la filiation et l'origine de chacune d'elles, (p. 497)

d) une comparaison proposée avec les lettres quiescentes :

On peut comparer les organes rudimentaires aux lettres qui, conservées dans l'orthographe d'un mot, bien qu'inutiles pour sa prononciation, servent à en retracer l'origine et la filiation, (p. 539)

L'ensemble représente au total moins d'une page sur les cinq cent cinquante que comprend l'ouvrage. Si la première, la deuxième et la quatrième citations sont des comparaisons, la troisième s'apparente davantage à une prescription, une tâche dévolue à la linguistique, comprenant à la fois l'indication du type de représentation (une « arborescence » appelée par l'emploi des mots arbre et souche) et l'objectif du classement : restituer l'ordre naturel. C'est sur ces quelques lignes que s'amorce une exploitation de l'ouvrage si respectueuse de sa lettre qu'il aura fallu une centaine d'années pour que l'intuition d'un rôle central des rapports de dépendance soit transférée de la filiation des langues à la représentation de leur syntaxe, pour qu'elle soit appliquée au niveau pertinent7.

4. Le darwinisme linguistique : Schleicher et Darmesteter

Comment un livre consacré à l'évolution naturelle des espèces animales a pu sembler, d'évidence, parler aux linguistes en sorte que non seulement les membres de la S.A.P, dont on s'explique l'inclination, mais des auteurs aussi éloignés d'eux que Whitney (1827-1894) en Angleterre, Schleicher en Allemagne ou Darmesteter en France, ont pu y trouver l'aliment d'une réflexion ? Comment s'est opérée la transposition par quoi le langage, les groupes linguistiques ou les mots sont traités comme l'équivalent des espèces alors même que manque à l'explication du changement diachronique l'équivalent de la sélection sexuelle décisive dans le darwinisme ?

On serait tenté de répondre, après Saussure (cf. note 5), que l'absence même d'une théorie unifiée du factum linguae, qui avait laissé le champ libre aux conjectures de la mythologie comparée et aux tentatives de reconstitution de la civilisation indo-européenne, était bien faite pour inspirer aux savants les plus inquiets et les plus productifs un engouement pour un registre qui, rompant avec des errements dont la faillite était

7. Sur les différentes classifications et les interprétations qui les sous-tendent, voir Sériot, 1999.

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patente, y substituait l'exploitation d'une image dont le point de départ, dans les sciences naturelles, rompait avec les incertitudes inhérentes au relativisme des sciences historiques.

Si Schleicher (1821-1868), le premier, chronologiquement et socialement, n'était pas mort quelque temps après avoir proposé son interprétation linguistique du darwinisme, entre les comparatistes de la première génération et les Junggrammatiker une autre école aurait pu se constituer dont la thèse centrale est la suivante :

Les langues sont des organismes naturels qui, en dehors de la volonté humaine et suivant des lois déterminées, naissent, croissent, se développent, vieillissent et meurent ; elles manifestent donc, elles aussi, cette série de phénomènes qu'on comprend habituellement sous le nom de vie. La glottique ou science du langage est par suite une science naturelle ; sa méthode est d'une manière générale la même que celle des autres sciences naturelles. (Schleicher, 1868 : 3.)

La critique fut rapidement faite de l'idée directrice contenue dans la formule « la langue est un organisme ». Sur le mode du « comme si », caractéristique épisté- mologiquement, se trouvaient annulées deux avancées cruciales de la linguistique, son fondement phonétique et son insertion socio-historique. En revanche, la réflexion s'avérait décisive sur quatre points, à partir des implications inhérentes à une conception de la langue comme assemblage de fonctions finalisées et auto-régulées :

1. primat de l'identité de fonction sur la ressemblance des formes dans l'analyse des éléments constitutifs de la langue ;

2. insistance sur le caractère inhérent de la variation contre la vision réductrice, philologique, d'une langue stable ;

3. dominance des contraintes internes sur les contraintes externes dans l'organisation de la langue ;

4. disjonction de l'objet (la langue) et des sujets (les locuteurs) qui deviennent adventices dans le processus de transmission et de transformation8.

À l'inverse, les phénomènes d'interlangue, de créolisation, d'emprunts étaient ramenés à des cas d'hybridation et le pouvoir explicatif du contact de langues devenait marginal. Le changement interne, biologisé, primait les effets relationnels, la dynamique de l'organisme supplantait les conséquences de l'échange social. Telle est l'interprétation donnée par Duval d'une étude sur « La langue française dans nos colonies » publiée par Faidherbe9 :

L'auteur s'occupe des conditions de propagation de la langue française dans les colonies ; il examine ainsi les difficultés qu'elle éprouve à être apprise par des populations dont le développement cérébral n'est pas préparé à une langue si complexe. (...) Il examine alors comment certaines populations ont simplifié le français, ou pour mieux dire l'ont transformé, dégradé pour le mettre au niveau de leurs facultés. On assiste ainsi à la dégénérescence d'une langue par le fait de nouvelles conditions de milieu, comme on comprend la dégénérescence d'une plante par le fait de son transport dans un terrain peu favorable, etc. (Duval, 1886 : 561-562.)

8. C'est la théorie du germen et du soma, remaniée dans une dimension de langage. 9. Revue scientifique, 26 janvier 1884.

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Arsène Darmesteter (1846-1888) fournit un autre exemple de la façon dont fut opérée l'adaptation des thèses darwiniennes à l'analyse du changement linguistique, à partir d'un verbocentrisme assez différent de la perspective plus générale embrassée par Schleicher (1863) et Whitney (1875) qui concevaient la langue tout entière comme un organisme. Élève puis répétiteur pour les langues romanes à ГЕ.Р.Н.Е., Darmesteter est promu en 1877, après avoir soutenu une thèse en lexicologie, maître de conférences à la Sorbonně. Il n'hésite pas, lors de sa leçon d'ouverture, à rendre un hommage appuyé à Darwin. Dix ans plus tard, l'étude du vocabulaire dans La Vie des mots étudiée dans leur signification (1886) découpée en trois chapitres « Comment naissent les mots », « Comment les mots vivent entre eux » et « Comment les mots meurent » est explicite. Ouvrage de vulgarisation, accueilli avec réserve par Michel Bréal et Gaston Paris, il devait marquer le commencement d'une entreprise que la disparition de l'auteur deux ans plus tard laissait sans postérité.

5. Darwin lecteur des linguistes: La Descendance de l'homme (1 871 )

Paru en 1871, La Descendance de l'homme et la sélection sexuelle, par son objet même, consacre au langage une attention soutenue mais relativement concentrée. Travaillant sur une distribution scalaire du vivant, des organismes élémentaires à l'homme, Darwin esquisse un classement hiérarchique de l'homme civilisé au sauvage, du sauvage au microcéphale, du microcéphale au primate et aux autres mammifères puis aux autres espèces. Le caractère irréductiblement spécifique du langage humain est affirmé d'emblée :

Ce qui distingue l'homme des animaux inférieurs, ce n'est pas la faculté de comprendre les sons articulés (...). Ce n'est pas la faculté d'articuler (...). Ce n'est pas, enfin, la simple faculté de rattacher des sons définis à des idées définies (...) c'est la faculté infiniment plus grande qu'il possède d'associer les sons les plus divers aux idées les plus différentes (...). (p. 90.)

En passant des animaux (L'Origine...) à une réflexion sur l'homme, Darwin ne pouvait échapper aux informations et aux préjugés de l'Angleterre victorienne. Après avoir initié de nouvelles conceptions du langage, il adoptait celles, ethnocentristes, de ses contemporaines, Lemoine, Muller, Whitney, Schleicher, etc.), qu'il cite en note :

Quelle est l'origine du langage articulé ?(...) je ne puis douter que le langage ne doive son origine à des imitations et à des modifications, accompagnées de signes et de gestes, de divers sons naturels, des cris d'autres animaux, et des cris instinctifs propres à l'homme lui-même, (pp. 91-92.)

À part une hypothèse aventurée sur l'hérédité de l'écriture, ce qui est introduit de plus neuf concerne la relation dialectique qu'il conjecture entre la langue et le cerveau. Confronté à la diversité des langues, il maintient l'hypothèse d'un développement graduel des langues que le linguiste saisirait à des moments différents de leur accomplissement :

D'après une grande école de philologues, école dont le nombre va croissant, chaque langue porte la marque de son évolution lente et graduelle, (p. 156.)

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Mais contre Max Millier qui annonçait le triomphe des « formes les plus parfaites, les plus courtes et les plus faciles », Darwin rectifie en ajoutant « la simple nouveauté et la mode » et il reprend à son compte les propos de Schlegel pour s'inscrire en faux contre le postulat d'une infériorité relative de certaines langues, au moins sur le plan syntaxique. De l'ensemble du livre, on peut résumer à quatre les conjectures de Darwin :

a) le langage humain est spécifique en tant que « machine merveilleuse qui attache des noms à tous les objets, à toutes les qualités, et qui suscite des pensées que ne saurait produire la simple impression des sens » (p. 668) 10 ;

b) il a pour origine le premier groupe des anthropiens avant sa dispersion (cf. p. 197) ;

c) il a abouti à des formes diverses qui sont dues pour partie à des phénomènes externes, notamment la concurrence des langues, et pour partie à une évolution vers des formes plus parfaites ou plus neuves ;

d) il est au principe d'une relation dialectique avec le cerveau qu'il contribue à développer, ce développement agissant en retour sur le cerveau.

Si ces idées apparaissent plus tranchées que ce qu'on lit dans l'Origine, elles trouvent leurs limites dans leur source d'inspiration, celle de la linguistique du XIXe. Darwin choisit entre les conclusions qui sont disputées à l'époque ; il n'en invente guère. On en dirait autant de L'expression des émotions chez l'homme et les animaux (1874) (Desmet, 1996 : 157) ou de l'Essai sur les instincts (1884). Le darwinisme linguistique décimé (la sélection naturelle est impitoyable), la récurrence des questions fondamentales conduit vers une autre alternative, une conception psychologique représentée, à des titres divers, par la sémantique de Bréal ou les théories de Wundt, van Ginneken et Sechehaye.

6. Postérité du darwinisme

Dès la fin du XIXe siècle, ceux qui se sont revendiqués de l'organicisme sont discrédités à l'intérieur d'un champ scientifique qui se proclame historique ou, pour les courants les plus modernistes, psychologique. La domination des comparatistes, si précaire soit-elle institutionnellement, exclut toute problématique concernant l'origine des langues : la butée sur les proto-langues semble interdire de remonter en deçà de quelques familles et les diverses tentatives faites en ce domaine, notamment par Max Millier puis par l'école soviétique (Marr) ou, à une échelle moindre, par le nostratique (Cuny), restent des extrapolations plus discutables que discutées.

Dans la première moitié du XXe siècle, les travaux qui se réfèrent au darwinisme dans les sciences humaines représentent le plus souvent la justification de théories racistes. Contre les lectures biologisantes, la déclaration que la langue est, comme le disent Saussure et Meillet, un fait social pour lequel aucune explication finale ne saurait dépendre des sciences de la nature, représente une réponse aux anthropologies complaisantes sollicitées par le renouveau d'idéologies ethnicistes qui empruntent leur philosophie au règne animal.

10. Pour Darwin, la véritable démarcation entre l'homme et l'animal n'est pas le langage mais le « sens moral ».

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Aujourd'hui, en sciences du langage, malgré un regain d'intérêt très récent, le darwinisme n'est nulle part central. La première raison tient au changement de contexte épistémologique, notamment à ce qu'a remis en question la découverte de la génétique dans les attendus des sciences de la vie. Un autre motif tiendrait à la distinction des champs de connaissance, autant dans leurs méthodes que dans leurs modes de formation et de recrutement. Il est possible néanmoins de mesurer une influence, moins affichée que latente : - dans une modélisation de la « guerre des langues » ; - dans une analyse des systèmes qui redécouvre le modèle de la sélection à partir de l'organisation interne de la langue aux niveaux phonologique, morphologique ou syntaxique, voire sémantique (Sperber, 1996) ; - dans une réflexion sur le langage qui n'est ni structurale, ni comparatiste, ni aréale, ni typologique, ni statistique, dont le point de visée semble l'établissement à nouveaux frais des paramètres d'une question concernant l'origine.

La seule dimension par quoi la linguistique ait affaire à une théorie de l'évolution qui ne se réduise ni à une description synchronique de la variation, ni à une reconstruction du changement, s'articule dans l'interrogation récurrente sur l'origine du langage. Compris entre les études éthologiques sur le comportement animal (une voie ouverte par Darwin) et la description des langues dans leur pluralité, les moyens à la disposition des sciences humaines pour élucider la question d'une langue primitive restent toujours aussi incertains. D'une part, une meilleure compréhension des communications animales a montré que leur type de fonctionnement était sans commune mesure avec l'organisation phonologique des langues, d'autre part, aucun linguiste n'admettrait l'hypothèse qu'une langue serait, à tous les niveaux en même temps, plus simple, plus archaïque ou plus élémentaire qu'une autre. Les différences notables, qu'elles soient phonologiques ou morpho-syntaxiques, ne se laissent pas répartir sur une échelle de rationalité, de temporalité ou de complexité qui irait linéairement et uniment du plus au moins pour l'ensemble des composants d'une langue simultanément. Tout au plus peut-on établir, typologiquement, une cible moyenne, statistique, concernant le nombre de phonèmes d'un système, la proportion des voyelles et des consonnes, l'ordre des mots, etc. Ce qui s'y dessine en creux comme langue idéale type, les écarts manifestés par les langues réelles, disent quelque chose de l'équilibre des systèmes dans un ensemble de contraintes qui contribuent à leur détermination mais n'expliquent rien quant à leur agencement interne et à leur dynamique. Une définition la plus générale qui soit du darwinisme, comme construction d'« un état mobile entre des facteurs qui assure à chaque instant la structure génétique des populations, la sélection agissant à l'intérieur des groupes et entre les groupes en intégrant le facteur de la dérive» (Tort, 1997: 114-115), ne peut être adoptée terme à terme pour caractériser les langues : la métaphore est invalidée par l'effet socio- historique des contacts et des échanges. Ceux-ci ne sauraient s'apparenter à un processus de mutation-sélection où les emprunts seraient l'équivalent de mutations qui ne réussissent que si elles sont plus compétitives que les formes déjà présentes, ce qui supposerait un référentiel d'objectivation absent dans les langues naturelles11. La partition entre sciences physiques et sciences humaines s'est reproduite à l'intérieur de

11. Cette remarque, après quelques autres, est due à des objections de Bernard Victorri que nous remercions pour sa lecture sagace.

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celles-ci entre anthropologie et linguistique, ce dont témoignent les difficultés de reconnaissance auxquelles est confrontée l'ethnolinguistique, écartelée entre deux champs dont l'intersection est évidente et vide. Quant aux tentatives de recouvrement cartographique entre génétique des populations et groupes linguistiques, elles provoquent au moins autant d'inquiétudes que d'espérances. L'espérance est celle d'un savoir nouveau qui apparaîtrait dans la confrontation de deux savoirs établis. L'inquiétude ? Qu'une explication (ou une vérification) qui superpose les données géolinguistiques et génétiques n'en revienne aux théories les plus anciennes et les plus dangereuses de migration de populations, suivant à la trace des envahisseurs qui ont conservé leur langue et la pureté de leur race. À moins qu'on ne s'abaisse plus bas encore jusqu'à imaginer l'inscription dans les gènes des diverses structures de langue...

Indépendamment, il existe, du fait de la relative indifférence aux conditions extérieures de production (principe d'homéostase) et de la tendance continue au changement et au polymorphisme, une représentation des langues telle que l'analyse se prête à un raisonnement de type darwinien. La théorie de l'optimalité, par certains aspects, entérine à la fois le principe de variation et le principe de sélection, la combinaison d'un nombre fini de traits en compétition aboutissant à un choix opéré par le système qui établit, en fonction de quelques axiomes, un équilibre toujours sujet à être remis en cause. La même conception s'appliquerait à la grammaire des langues. En terme de lexicologie, et dans une perspective dont Darmesteter a apporté le premier exemple, le renouvellement du stock lexical pose des questions dont la glottochronologie a cherché à tirer une interprétation moins concluante qu'on ne l'a cru. Un problème demeure, quel que soit le niveau opératoire, dans l'absence de réponse à ce que Darwin explique par la sélection sexuelle dans l'ordre des faits auxquels il s'attache, c'est-à-dire la raison du changement linguistique : les hypothèses progressistes de Bréal, structurales de Saussure, physiologiques de Straka, fonctionnalistes de Martinet ou sociologiques de Labov, quel que soit leur intérêt, ne peuvent rendre compte de l'ensemble des phénomènes observés, notamment par défaut de prédictibilité. Au linguiste, le darwinisme propose un modèle de description ; il n'accède pas à l'interprétation.

Après avoir rendu à une linguistique qui se perdait dans la collecte des données l'ambition d'une théorie unifiée, l'exploitation tendancieuse du darwinisme et son épuisement dans le modèle généalogique l'ont exclu d'un champ dont la constitution endopractique récusait l'inférence anthropologique et la référence biologique. Le néodarwinisme, dans son effort pour annuler ce qu'a de plus polémique l'œuvre dont elle s'inspire, n'a pu réinventer le prétexte d'une nouvelle heuristique au service de l'imaginaire scientifique. L'origine du langage, en tant que système symbolique, demeure une énigme dont la solution (à supposer qu'il y en ait une) n'est pas contenue dans Darwin, ce qui n'invalide pas que son processus d'apparition soit de type darwinien, c'est-à-dire en dehors du champ des sciences sociales. Si remarquables et féconds que soient les raisonnements de l'Origine des espèces, ils n'ont bénéficié à la linguistique que par la nécessité de rectifier les erreurs qu'ils y avaient eux-mêmes introduites.

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