la sémiotique du langage

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La semiotique du langage

1.1 Ana lyse sernique ou componentielle .............................. ........ 1021.2 La notion d' isotopie 1031.3 Organisation des niveaux sema ntiques du discours 105

2. De quelques tres breves analyses concretes 108

2. 1 « Le lutin du vent » 1082.2 « Le Corbeau et Ie Renard » 110

s. PROBLEM ES D' ENON CIATION, DE PRAGMATIQUE 11 2

I. Approche de l'enonciation, de la pragmatique 11 22. « Le lutin du vent ».......................................................................... 11 4

3. « Le Corbeau et Ie Renard » I 15

CONC LUS ION 11 7

BIBL IOGRAPHIE 120

IND EX 123

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INTRODUCTION

C'est dans la ligne trac ee par Semiotique, dictionnaire raisonnede fa theorie du langage (Hac hette, 1979 ; dernieres editionscornpletees : 1993, 1995 , 1997 et 200 1), ou vrage elabore pendantplus ieurs annees par AJ . Greimas et J. Co urtes, et mondialem entconnu (et reconnu) du fait de ses nombreuses traductions dans lesplus grandes langues, que se situe Ie pre sent traite . Ce lui-ci, ayantla forme d 'un petit « manuel », s'adresse non seuleme nt au xlinguistes, aux litteraires, aux sociologues, au x psychologues, auxpublicitaires , aux journalistcs, aux dessinateurs, aux photographes ,aux urbanistes, aux artisans et professions liberales . . ., mais aussiet sur tout a tou s les specialistes de la communication (intersubjec­tive , soc iale ou culture lle) aussi bien dans Ie dom ain e public qu edans Ie sec teur prive,

Plu s largem ent, il conce rne tous ceux qui sont avides de s'init iera la serniotique francaise dans Ie cadre des Sciences du lang <,lg.;;..._-.- -, - - --- _.... , ".' ... - ' 0 ,~_ • • • • , ~... ..,....--;-

mars egaleme nt a tou s ceux qur, a un titre ou un autre, s'mteressentaux problernes de la signification, quel que soit Ie typ e de langage(auditif, visue l, olfac tif, gustatif, tactil e) sur lequel (ou sur lesquels,en cas de syncretisme comme, par exe mple, lorsqu'on traite dethea tre , de cinema , d'arts plastiques, de cui sine, etc.) ils sontamenes a reflech ir, a travaill er, a elaborer des proj ets concrets. Carla serniotique n'est pas seuleme nt de I'ordre du savoir ma is pili'tOta u -savo1r="f<iire au ruveau de l'arialyse :' rnontrer par exemple lacoherence interne (en Ti'ietiant a~joiir"1es regles sous-jacentes) d 'undiscours, d 'un tableau , d 'un comporteme nt gestue l, d 'un rep as,d 'une publicite , d 'une bande dessinee, etc.

Si les deux premieres parties tra itent assez lon guem ent dessignes et des langages en genera l (avec nombre d ' exemplesconcrets), les troi s autres porten t plu s br ievem ent sur la narrativite,

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La semiotique du langage

0-

les organisations semantiques et I'enonciation (car le lecteur pour­ra toujours completer son information sur ces trois themes par lalecture de notre~!!:.alyse-3§miotjgye !!!! discours : de !..:-~1'!!!!!..ce al'enonciatiol1 Pari~, Hachette, 4e ed., 2001). '

"""''-r-~Dans''ie'pn~;;rrt livre, nous avons tenu compte evidemment dufait que la decennie ecoulee a ete particulierement feconde et l'on .s'apercoit que la demande en semiotique est de plus en plus forte,comme en temoigne par exemple la multiplication des rencontresnationales et internationales ou sont convies de plus en plus lessemioticiens, comme en fait foi aussi bien tous les colloquesconsacres a ce domaine de recherche, que les programmes deI' enseignement secondaire dans I 'Education nationale, qui incluentles notions fondamentales.

crest en ce sens que cet ouvrage se reclame d'une semiotiquegenerale et qu'il vise apresenter le «jeu de la signification» nonpas tant au plan de la langue (en tant que systeme clos), mais aceluide la mise en ceuvre concrete des signes aussi bien au niveau syn­tagmatique (= relation entre elements, du type: «et », «et »,« et »...) que paradigmatique (= relation entre elements, du type :«ou », «ou », «ou »...), dans Ie cadre d'un veritable «langage»en acte, tel qu'il peut etre ressaisi sous son aspect terminatifc'est-a-dire une fois qu'il est realise, acheve, mis a la portee durecepteur, de I'enonciataire,

Il ne s'agit pas seulement de degager les relations qui assurent lacoherence d'un objet semiotique donne, mais aussi de prendre encompte le rapport de l'instance enoncante par rapport ace qu'elle aeffectivement produit ; droll l'analyse, insuffisamment illustree ilest vrai par manque de place, des rapports qui regissent I'interac­tion entre enonciateur et enonciataire (que ces partenaires soient denature individuelle ou sociale).' Il nous revient, en effet, de mettre a.jour les strategies de communication et de persuasion, telles que lasemiotique peut en rendre compte pour sa part; il s'agit la. d'un

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Introduction

large debat dans cet immense domaine ou toutes les scienceshumaines ont leur mot a. dire.

En abordant cette breve presentation de l'approche semiotique,reconnaissons tout d'abord que le terme de « langage » recouvre etles langues naturelles et, plus largement, tous les systemes derepresentation possibles: dans tous les cas, il s'agit d'« ensemblessignifiants » (jouant par definition sur Ie rapport signifiant vs signi­fie, examine plus loin) dont les sciences du langage ont a. decrire ladefinition, la structure et les mecanismes de fonctionnement, aumoins, dans un premier temps, au stade de leur virtualisation.

Ici, prennent place, entre autres, l'approche semiolinguistiquedes textes, l'examen des discours litteraires et sociaux (droit,mythologie, religion, etc.), l'etude des representations visuelles(ecriture, image fixe ou mobile, photographie, etc.), des organisa­tions spatiales (architecture, urbanisme, etc.), de toutes les pra­tiques semiotiques (gestualite, musique, habillement, cuisine, etc.),en un mot l'analyse de tout ce qui, dans une culture donnee, est por­teur de sens, quel que soit le support sensoriel de la perception. De )ce point de vue, nous pouvons affirmer, comme nous le verrons parla suite, que tout ce qui, a. un titre ou a. un autre - qu'il soit d'ordresensoriel ou conceptuel- releve de la culture peut faire l'objetd'une analyse semiotique,

N. B. Les toutes premieres difficultes de comprehensionrencontrees des Ie debut de cet ouvrage, s'evanouiront, peu a. peu,au fur et a. mesure de la lecture, tout terme y etant defini,

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PROBLEMATIQUE D'ENSEMBLE

1. QU'EST-CE QU'UN «OBJET SEMIOTIQUE »?Uun des buts affiches de la semiotique - discipline nouvellenous determinerons progressivement les contours - est decompte du jeu du sens ou de la signification face a 1'objettique qui lui est propose: cet « objet» peut s' exprimer - au planla perception sensorielle - de maniere verbale (orale ou ecrite)non verbale (dans le cas du visuel, par exemple, mais aussi dutile, voire de l'olfactifou du gustatif), il peut aussi relever destructions mentales.

Percevoir du sens n'est sans doute possible - comme cela nousMeenseigne dans l'ordre linguistique par F. de Saussure (« Danslangue, il n'y a que des differences ») - que dans la mesureaffronte a un «objet semiotique » donne (et pas seulementnature verbale), l'on est a meme d'y distinguer et d'y delimiterunites signifiantes invariantes (identifiables comme telles) etvariations selon les contextes donnes, et ce, evidemment, ameme niveau d'analyse : tel est le cas, par exemple, desgaisons verbales en francais.

Cela souleve, des le depart, une question tout a faitQu'est-ce done qu'un objet semlotique, de quelle maniereconcevoir, comment le delimiter? A premiere vue, il sembleraitrelever, d'emblee, d'une apprehension semantique globale,I'ordre done plutot du signifie (= ce qui est compris par le lecteur,spectateur, etc., le destinataire, mieux, I' enonciataire du message).

La premiere difficulte, qui surgit des que ron veut procederune analyse, est de ne pas verser dans une sorte de subjectivitetrolee, quant a ce qui releve de la delimitation concrete desemiotique, Certes, dans le cas, par exemple, de la « conversation

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Problematique d'ensemble

celle-ci a au moins un debut et, generalement, une fin, a moins qu'onne la poursuive plus tard, mais dans tous les cas on s'entendra pourreconnaitre dans une conversation donnee un ensemble relativementclos, De meme, toute illustration visuelle, telle une image ou unepeinture, a un cadre bien net, qui, ici encore, sert de cloture.

Prenons maintenant un tout autre cas, celui d'une des nouvelles deG.de Maupassant, telle Une vendetta que nous avons etudiee dansnotre Analyse semiotique du discours: de l'enonce al'enonciation(llachette, 1991, 1997, 2001): faut-il considerer chacune d'entreelles comme un objet semiotique autonome, ou, au contraire, la situerdans cet ensemble plus vaste que sont les Contes et nouvelles de cetauteur, dont elle serait seulement un des elements constituants ?

au commence done et ou s'arrete done un « objet semiotique »?lei se poserait, plus largement, la question de l'Intertextualite(concept a vrai dire interpretable en terme d'enonciatlon). LesConies et nouvelles de Maupassant forment-ils un tout bien cloture,ferme sur lui-memo, ou bien, pour leur comprehension, ne vaudrait-il

mieux les situer dans l'ensemble des ceuvres de cet auteur (quiconstitue alors un objet semiotique deja plus vaste)? Mieux encore,

faudrait-il pas elargir encore le cadre englobant en integrantLIvre de Maupassant parmi les ecrits litteraires d'autres ecrivains, .

relevant du meme genre, appartenant a la meme epoque, etc, A lac'est toute la litterature, par exemple, qui pourrait etre consi­

comme un objet semiotique determine. Apriori, ou faut-il doneIii'arreter ?

En fait, parler d'un objet semiotique, c'est I'identifier hypotheti­~lucment aune totalite donnee, plus precisement a un ensemble

ifiant a prioribien delimite (du moins arbitrairement), en tenantnpte non seulement du signifie (ou du plan du contenu, dans la

It;\l'minologie de L. Hjelmslev), mais aussi du slgnlflant (a savoirsupport auditif, visuel, tactile, olfactif ou gustatif en jeu),

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1 La semiotique du langage Problematique d' ensemble 1correspondant au plan de I'expressinn chez L. Hjelmslev. Depoint de vue, l' on a des chances de se mouvoir alors dans une perspeestive plus « objective ».

Ainsi en advient-il aussi bien dans le domaine du visuel.un invariant (par exemple une representation caricaturale du«humain dans le schema ci-dessous), il suffit de modifier la positionetlou la forme des traits representant les « yeux» et la «boucheque, correlativement, la signification (donnee, en l' occurrence, en ut::>,..sous des figures, en termes linguistiques) se modifie.

En ce cas, l'invariant correspond, au plan du signifiant, nonune figure simple mais it un ensemble de formants visuels articulesune sorte de configuration au niveau de Yexpression qui conceme« tete» et le « cou » ; les variations ont trait aux positions et it lades autres traits visuels enjeu. On voit par exemple que le signifiel' « impassibilite » comporte des formants (des traits separes etbues it des niveaux differents pour exprimer le signifie «yeux »«bouche ») lies it l'/horizontalite/, tandis que dans le cas de«gaiete » et de la «tristesse », la «bouche» par exemple estl'ordre du /courbe/ mais dans chaque cas selon une orientation inversehaut/bas (de meme en va-t-il des «yeux» ou la disposition desvisuels - relevant plutot de la diagonale - est inverse dans le cas« gaiete » et dans celui de la « tristesse »).

Igaietel

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Dans notre petit dessin, si on le considere comme un tout dealgnification, Ie theme general pourrait etre celui des «etatsd~ime» ; ailleurs, par exemple, dans une conversation, ce sera leti ce » dont on parle; dans le domaine politico-economique cepourrait etre - parmi beaucoup d'autres possibles - le theme deI'«exclusion sociale» (avec toutes ses manifestations concretesdiverses, perceptibles par les sens), etc. Bref, il convient, en analyse*j~!fniotique, de se donner un objet bien delimite : au cas contraire,I'on risque de verser dans des approches si generales qu'aucune ade­quation rigoureuse ne pourrait etre reconnue de maniere incontes­table par la communaute scientifique.

Cela dit, au niveau de son interpretation, il est vrai que l'objet {t4~Hlliotique ne comporte aucun point d'arret, et renvoie toujours itautre chose (comme i1advient, par exemple, dans 1. definition des '

de dictionnaire, OU la circularite s'impose necessairement : \mot est decrit par d'autres mots, qui eux-memes font l'objet 'I'

definition, et ainsi de suite) ; on appelle alors ce phenomene ;« semiosis Illimitee ». Autrement dit, il n'est jamais totalement !

referme sur lui-memo, comme nous le verrons lors de nos iJ;~tmarques sur l'enonciation, meme si, methodologiquement, l'on a I

dans un premier temps, de Ie ressaisir comme un donne~Ult()nOme,bien circonscrit.

Deux points de vue nous paraissent ici possibles. r..: objet semio­peut etre percu :

a) soit de l'exterieur : en ce cas, il sera traiteou bien comme une entite donnee eu egard it d'autres possibles

point de vue adopte est dit alors paradigmatlque : c'est l'axe de« selection », selon E. Benveniste): dans notre illustration

.~;hlUelle, l' on peut ainsi opposer impassibilite, gaiete et tristesse ;~ ou bien il sera considere dans ses relations syntagmatlques avec...,._-- entites comparables (c'est l'axe de la «combinaison ») ;

pourrait correspondre, par exemple en grammaire traditionnelle,

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1 La semiotique du langage

e

al'opposition entre morphologie (= etude des mots, de leur forma­tion) et syntaxe (= analyse des rapports entre les mots, mais aussi 0

entre les propositions, dans le cadre de la phrase). Dans notre illus­tration visuelle, ce serait la transformation orientee : le passage deI'impassibilite ala gaiete, puis ala tristesse (selon une lecture denotre bande allant de gauche adroite).

- b) soit de l'interieur; comme un jeu syntaxique et semantiquede composants de rang hierarchiquement inferieur (qui renvoientd'ailleurs a des cornposants d'autres objets semiotiques) : dansnotre dessin, le jeu des traits droits ou courbes, leur distributionhorizontale ou diagonale, etc.

Par ailleurs, aucune analyse semiotique - et cela est vraid'ailleurs tant pour n'importe quelle science (qu'elle soit rigou­reuse ou seulement approximative) que pour n'importe quelle des­cription a« vocation scientifique »- n'est possible que si elle faitintervenir une opposition essentielle: continu vs discret, surlaquelle nous aurons l'occasion de revenir ulterieurement demaniere plus detaillee,

lei, deux approches sont possibles : ou bien on part du discret(pris comme presuppose initial) et l'on s' oriente vers une forme del' ordre du continu (c'est une these assezen vogue aujourd'hui, maisqui manque encore d'une methodologie reellement adequate pour samise en oeuvre),ou bien comme nous le fimes avec AJ. Greimas, ala suite d'ailleurs de l'hypothese de C. Levi-Strauss dans ledomaine mythologique, on pose au depart qu'il y a d'abord ducontinu, et que toute l'analyse semiotique se doit de l'articuler, dele decomposer en unites discretes entre lesquelles on reconnaitraensuite un certain nombre de relations: tout le travail d'un Genevoiscomme F. de Saussure ou celui d'un Danois comme L. Hjelmslev sesitue dans ce cadre-la, qui part d'une chaine verbale continue (dupoint de vue acoustique) pour la decomposer en elements distincts,

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Problematique d' ensemble

repartis sur des niveaux differents (par exemple la «doublearticulation» du linguiste francais A. Martinet).

Notre choix est lie, non seulement aux recherches de ces grandslinguistes ou anthropologues, mais egalement aux travaux deJ. Piaget qui - dans le domaine de la psychologie - montrentcomment le tout petit enfant se dissocie progressivement d'abordde ce qui n'est pas lui, puis comment il precede pour articuler lemonde exterieur en unites discretes.

2. APPROCHE «SEMIOLOGIQUE »ET/OU «SEMIOTIQUE »DU LANGAGE

2.1 Communication et signification

II ne faudrait point hypostasier Ie terme de semlotique et surtout yvoir la designation d'une veritable « science» : ce qui n'est mani­festement pas le cas, comme nous aurons l' occasion de le soulignerplusieurs fois dans notre cheminement : on le sait, en sciences dulangage, il n'est jamais possible de travailler reellement que dansl'ordre de 1'« essai », dans l'ordre du « bricolage» remis en hon­neur, depuis de nombreuses annees, en sciences humaines, parC. Levi-Strauss.

D'une part, en effet, l'observateur (ou l'analyste) ne peut etreentierement detache de l'observe (de l'objet etudie), car il n'y a pasindependance entre ces deux instances, mais bien plut6t interde­pendance. Cette remarque ne vaut pas seulement pour la Iinguis­tique ou la semiotique mais egalement pour l'ensemble de toutesles sciences humaines comme celles de la nature par exemple ;d'autre part, et jusque dans les analyses que nous proposerons parla suite, l' on remarquera aisement que Ie langage courant sert aussi,au moins en partie, de metalangage, meme s'il est fait recours

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1 La semiotique du langage o Problematique d'ensemble 1a des concepts qui tendent a etre plus stricts, moins polysemiques,si possible univoques.

Depuis deux ou trois decennies, nul ne l'ignore, la semiotiquefrancaise, surtout, insiste davantage sur les rapports entre lessignes, sur le sens ainsi produit, alors que la « semiologie » (ou lasemiotique anglo-saxonne) mettrait plutot l'accent sur I'identifica­tion, la classification, la typologie des signes, attentive d'abord auxformes de la communication et aux canaux sur lesque1s elles'appuie. Bien entendu, les deux perspectives ne se contredisentpas, au contraire, elles ne peuvent - selon notre approche - que secompleter, comme nous le verrons plus loin.

Precisons au passage l'importance de la distinction que nousvoulons faire entre communication et signification : dans le pre­mier cas, l'on presuppose au moins un emetteur, un message et unrecepteur ; ce qui n'est pas tout a fait le cas lorsqu'il s'agit de signi­fication. Proposons ici un exemple qui nous est familier.

Soit l'inscription « Pharmacie » : il est possible de voir la unmessage emis par le proprietaire (emetteur : pharmacien) al'inten­tion des destinataires eventuels (recepteurs = clients). Si j'envisagemaintenant l'etat des chemins de fer italiens et que je me rendecompte que les voitures a destination des zones meridionales sontplus souvent dans un etat delabre que celles qui circulent dans lenord du pays, puis-je encore parler de communication ?Y a-t-il, ence dernier cas, un message emis par la societe X., qui voudrait direen substance aux voyageurs: «Aux regions pauvres, wagonsvetustes, aux provinces riches, wagons en bon etat »,

II semble manifeste qu'il n'y a ici aucune « intention» de commu­niquer de la part de X. ; en revanche je puis affirmer que cetterepartition des wagons n'est malheureusement pas sans signi­fication, bien au contraire. Retenons seulement pour le moment quele probleme du sens, tout en integrant la communication commenous le verrons (en particulier a propos de l'enonciation, de la

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pragmatique), est beaucoup plus large: c'est tout Ie domaine de ceque nous appelons la signification.

2.2 Le signe

Venons en maintenant a la problematique generale du signe. Dugrec O1l!l£lOV, le terme de signe - ou plus precisement soninterpretation - a une tres longue histoire depuis la plus haute Anti­quite. Notre propos n'estpas du toutici d'aborder cette grande pro­blematique d'ensemble, d'ordre d'abord philosophique! (on laretrouvera aisement dans des ouvrages et articles specialises) nimeme d'en esquisser les principales etapes au cours des siecles,mais seulement de tenter - pour aujourd'hui - une presentation, laplus simple possible, du fonctionnement des signes dans les rela­tions intersubjectives et, plus largement, dans la vie sociale, telqu'il nous est concretement accessible dans notre univers occiden­tal contemporain (qu'il s'agisse de langage verbal ou non verbal).

Notre but sera done, en tenant compte de nos connaissancesactuelles, de voir ce que sont les signes, ce qui permet de lesidentifier comme des entites autonomes, de reperer les differentesformes qu'ils peuvent revetir et surtout les relations qu'ils entre­tiennent entre eux. Ce sont e1les qui rendent compte - aun certainniveau de description seulement (de nature non ontologique, evi­demment, seulement relationnelle) - de la comprehension quenous pouvons avoir de nons-memes et du monde.

Sens et communication seront alors pour nous les deux enjeuxfondamentaux de l'approche semiotique, meme si elles font partiepar ailleurs - a d'autres titres, il est vrai - des objectifs d'autressciences humaines.

1. Uon pourra toujours se reporter, pour un tres (et trap) brefraccourci, a l'article« Signe » dans l' Encyclopedic philosophique universelle, Les notions philosophiques,dictionnaire, tome 2, Paris, PUF, 1990.

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La semiotique du langage

Le lecteur se doute bien, en effet, que la suppression de toutsigne - dans tous les domaines, quels qu'ils soient - equivaudrait ala disparition non seulement de toute communication intersubjec­tive mais aussi de toute pensee, et, finalement, de I'hommelui-memo,

Rappelons au passage que s'il n'y a pas de signes universels(communs atoutes les cultures du monde), il y a au moins univer­salite en ce qui conceme le recours ades signes. C'est reconnaitreque rien de ce qui est humain ne saurait echapper aI'univers dessignes, meme s'il est bien d'autres manieres - non semiotiques>­de les apprehender : point sur lequel nous reviendrons plus loin.

Cela dit, nous savons bien que tel terme francais peut varier desens selon le contexte ou il prend place, tout comme le son (ou«phoneme ») 11/ n'est pas tout afait le meme selon qu'il est placeau debut, au milieu ou a la fin d'un mot; de meme une formedonnee, sur une vignette de bande dessinee par exemple, neprendra tout son sens que par rapport acelles qui l'environnent :isolee, elle resterait difficilement interpretable, c'est-a-diresemantiquement indeterminable, indecidable.

On se doute bien, en effet, que c'est d'abord par l'identificationdes signes, leurs positions et interactions, leur manipulation etleur interpretation, que nous pouvons avoir acces au sens, a lasignification, aI'intelligibilite de toutes choses (reelles ou fictives),de toutes pratiques (qu'elles soient d'ordre pragmatique, cognitifou pathemique), bref de tout ce qui constitue une culture. En rea­lite, ces differentes facettes - auxquelles nous venons de faireallusion - vont toutes de pair: les procedures permettant de saisirla signification ne peuvent etre mises concretement en ceuvre qu'enconcomitance.

Ainsi, identifier un signe presuppose non seulement sa compa­raison au moins implicite avec d'autres signes - tant au plan, selonla terminologie des sciences du langage, du signlfiant ou de

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Problematique d'ensemble

l'expresslon (= Ie support sensible, de nature auditive ou visuelle,par exemple, qui reste a interpreter) qu'a celui du signifie ou ducontenu (= ce qui est correlativement compris dans un contextedonne) - mais egalement sa mise en ceuvre enonciative (dans cette«praxis» concrete qu'est l'acte d'enonclarlon, d'ordre individuelet/ou collectif).

II faut par exemple que deux personnes qui discutent sur un sujetdonne participent aun certain univers linguistique commun, a lafois phonetique (avec les sons et les intonations propres a tellelangue naturelle particuliere), syntaxique (mettant en jeu des rela­tions connues des deux interlocuteurs) et semantique (Ie memesens donne, au moins approximativement, aux mots employes dansla conversation ou aux toumures adoptees). Tout cela presupposeegalement que ces deux personnes aient des prerequis communsqui vont d'ailleurs bien au-dela du discours verbal concretementtenu (connaissance du contexte par le jeu des presupposes, dessous-entendus, des connotations sociales, voire idiolectales, etc.).Au cas contraire, e1les ne pourraient evidemment se comprendre,puisque n'etant pas sur la « meme longueur d'onde » : car, au-delades phrases employees, il faut que Ie discours, en tant que totalite,ait un sens global, qu'il soit coherent, traitant par exemple dumeme sujet et evitant - amoins qu'il ne s'agisse d'unjeu convenu­de « passer du coq al'ane ». Naturellement, une telle conversationmet en jeu des parametres non moins importants que les donneesstrictement linguistiques, par exemple tout ce qui releve de lamimique, de la gestualite, de la proxemique (tout en parlant, ons'ecarte ou l'on se rapproche plus ou moins l'un de l'autre, afind'etre ou ne pas etre entendu du voisin), etc.

Ce sont nos sensations (relevant de l'lnteroceptlvlte, du point devue «rinterieur » : se sentir bien ou mal dans sa peau, par exemple,,I un moment donne) ou nos perceptions (ayant trait a l'extero­eeptlvite, au monde «exterieur » environnant, de quelque ordre

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1 La semiotique du langage e

Problematique d'ensemble 1qu'elles soient : auditif, visuel, tactile, gustatif, olfactif) qui sont audepart des interpretations que nous donnons a ce qui nous arrive(materiellement ou psychiquement), ace que nous eprouvons inte­rieurement ou corporellement. C'est aussi it ce point que s'ouvreevidemment la voie de la communication intersubjective et socialequi, el1eaussi, met enjeu actions (de l'ordre du Ifaire/) et passions(ou etats d'ame, relevant de l'/etre/).

On reconnaitra sans difficulte que lors d'un sejour a I'etranger, IeFrancais, ignorant tout de la langue, mais aussi des coutumes et descomportements specifiques, se trouve du meme coup commemarginalise ; meme les «choses» proprement materielles, quirelevent de I' ordre du sensible, de la perception, il ne pourra lesinterpreter de lui-meme, qu'a travers les seuls codes semantiquesfrancais dont i1dispose. Sachant que la quete du sens est constitu­tive de l'homme, il ne pourra eviter d'entrer evidemment dans lejeu des traductions, a moins de s'exclure volontairement de tout cenouvel univers socioculturel qui l' entoure.

A titre anecdotique, rappelons ici par exemple une descriptionextraite duJournal de bord en la terre du Bresil (1557)1 on Jean deLery, le premier « anthropologue », juge comme tel par ses pairsulterieurs, presente a ses lecteurs de langue francaise un animaldont ils ignoraient jusqu'alors l'existence. Dans ce dessein, il estcontraint de ramener l'inconnu au connu, Ie nouveau it l'ancien, de«traduire» en notre langue naturelle (« demi-vache et demi-ane »)le nom d'un animal (« tapiroussou ») qui ne figurait evidemmentpas dans notre terminologie zoologique francaise :

Pour decrire les betes sauvages de leur pays, qu'ils nomment Soo,je commen­cerai par celles qui sont bonnes it manger. La premiere et Ia plus commune estcelle qu'ils appellent Tapiroussou : elle a le poil rougeatre et assez long, elleest presque de la grandeur, grosseur et forme d'une vache : toutefois, elle n'a

1. Editionsde Paris, 1957.

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pas de comes, son cou est plus court, ses oreilles plus longues et pendantes,ses jambes plus seches et deliees, Ie pied n'est pas fendu, mais il a la formeexacte de eelui de l'ane. On peut done dire que participant de I'un et de I'autre,elle est demi-vaehe et demi-iine (p. 239).

3. LES PREALABLES AL'ACCES AU SENSII est clair, par exemple, que, deja dans Ie domaine de 1'« intelli­gible », de ce qui est proprement conceptuel (tel Ie champ de laphilosophie, mais aussi celui de la mathematique ou de la logique,etc.), nous ne pouvons concretement «penser» sans signes, sansmots, sans schemas, voire sans images: reflechir, meme«mentalement » si l'on nous permet cette redondance, c'estjouerdeja sur un ensemble de signes plus ou moins concrets, c'est faireappel it un vocabulaire, ades terminologies ou ades representa­tions generalemenr conventionnelles, sans lesquel1es aucune con­naissance, ni a fortiori aucune acquisition de savoir, ne seraitpossible.

Certes, l'on dit souvent - surtout en litterature ou en philosophieque l'inefJable ne peut, par definition, etre dit, qu'il est done

incommunicable (au moins sur le plan verbal) : ce qui est vrai ausens Iitteral, 6tymologique du terme.

En fait, s'il est pressenti comme tel, s'il est Suppose exister, c'estdejaparce qu' i1s' appuie sur un support - de I' ordre de la sensation(de caractere thymiqne) ou de la perception (de nature sensorielle)

correspondant: par exemple dans Ie domaine esthetique ouIlterpretation d'une peinture donnee provoque tel ou tel etat

mettons un sentiment de bien-etre, de plaisir, d'euphorie,bien que non necessairement et/ou non integralement verba­

ulIi1.ule, est neanmoins « reel ».

De meme, dans un tout autre ordre, la ferveur mystique n'est'ement pas du domaine du « dicible », mais une telle experience

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1 La semiotique du langage Ci Problematique d' ensemble 1

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met en jeu 1'etre humain, sous une forme ou une autre. Dans tousces cas, c'est le problerne de la proprioceptivite (exteroceptivite vsinteroceptivite) qui est pose et que nous retrouverons plus loin dansnotre breve etude des procedures d'enonciation.

On sait egalement, depuis toujours, qu'il est fort difficile d'ana­lyser avec precision - sous forme verbale - une passion donnee :toutes les periphrases adoptees - telles celles que nous proposentles dictionnaires - nous laissent sur notre faim. C'est reconnaltrequ'elle est ainsi le plus souvent reellement «ineffable ». Pourautant, cette passion n'est pas sans rapport avec tel ou tel elementdonne, d'ordre exterieur, par rapport auquel elle constitue commeune reaction du sujet (individuel ou collectif) : ainsi en advient-il,par exemple, lorsque la rencontre de telle personne provoque chezquelqu'un un «coup de foudre ». Par definition, l'ineffable n'estpas transcriptible en mots, mais il n' en releve pas moins de l'etudedu langage, et done de l'approche semiotique. Meme dans ce quilui parait le plus « interieur », l'homme reste tributaire des con­traintes du langage (en 1'occurrence d'ordre non verbal) : sans cedernier, le symbolique n'existerait pas, l'homme non plus.

Cela veut dire tout simplement qu'il est des langages qui, tout enne s'exprimant pas par des mots, sont neanmoins porteurs de sens;tel est, entre autres, tout banalement, le cas des bandes dessineessans paroles. Ici certes, l' on peut trouver un equivalent verbal, maiscette transcription, meme la plus fine possible, sera en fait trespauvre du point de vue du sens, par rapport au plaisir que l'oneprouve ala lecture visuelle de telle ou telle bande dessinee sanselements linguistiques. Dans cette optique, une peinture, parexemple, est absolument « inenarrable », inracontable aun aveugle,afortiori si elle est qualifiee de «non figurative ». D'un autre cote,toute action materielle, de l'ordre du sensible, que nous sommes ameme de realiser dans quelque domaine que ce soit, est, a priori,porteuse de sens, tant pour celui qui l'effectue que pour tous ceux

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qui la voient ou en prennent connaissance. Plus largement, toutedonnee perceptible nous incite a trouver un sens correspondant :meme la vue d'un simple paysage n'est pas sans nous laisser uneimpression donnee, sans provoquer en nous un etat d' ameparticulier; aplus forte raison, la construction d'une maison ou ladisposition des objets dans une piece donnee a toujours du sens :meme le desordre n'est pas ln-signlflant. A la limite, tout ce quiexiste ou qui peut etre imagine dans le cadre d'un univers socio­culture1donne a, par definition, du sens, ou, du moins, c'est ce quenous presupposons spontanement. Meme ce qui est de I' ordre du«rnystere » ou qui parait «aberrant» n'est pas indifferent a lasignification, ne serait-ce que par la question du sens qu'il pose: ilest clair, par exemple, que 1'« inconnu », le «deviant» ou1'« insense » sont des termes bien connus, semantiquement inter­pretables.

De ce point de vue, tous les savoirs, toute la culture, tous les eve­nements, toute vie tant individuelle que sociale, relevent de la quetedu sens, qui semble comme innee chez l'homme. Et l'on voit bienque toutes les sciences (humaines ou non), que toutes les connais­sances (scientifiques ou non: telles l'astronomie et l'astrologie)sont a la recherche de la signification, du sens, du « fonctionne­ment» de nons-memes et du monde exterieur : on verra ulterieure­ment ce qui distingue les sciences du langage, et la semiotique enparticulier, des autres domaines d'investigation.

Precisons deja que la semiotique n'a pour objet de recherche queles formes par lesquelles s'exprime le sens. Si tout est signe dansle monde, tout est plus que signe : une «blessure» donnee, parexemple, est ainterpreter comme « souffrance »par celui qui en estaffecte, mais elle est en meme temps beaucoup plus qu'unsymptome, comme en temoignent bien les soins qui devront etresapportes sur le plan physiologique pour eviter - independamment

de la souffrance - toute aggravation du mal, qui pourrait etre

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La semiotique du langage

plus importante, Ie cas echeant, quant a. ses consequences, que ladouleur momentanement ressentie.

La semiotique, qui, elle, vise les signes, ne se prononce pas,quant a. l'homme et au monde qui 1'environne, sur la realite, sur lanature intrinseque des choses, sur leur substance, leur origine ousur leur devenir : tout cela releve des sciences de la matiere, de lanature, de la vie, de I'homme aussi (en psychologie, sociologie,histoire, economie, etc.), Pour en revenir a. notre exemple pre­cedent, il est clair que si, pour Ie patient, la « blessure » visible estde l'ordre du signifiant et la « douleur » ressentie de l'ordre dusignifie, la semiotique ne peut rien dire sur ce qu'est, intrinseque­ment, la « douleur » : tout au plus peut-elle l'opposer au « plaisir »,en la marquant negativement (selon la doxa commune), ens'appuyant sur Ie concept de thymie (celle-ci s'articulant selonl'opposition: euphorie vs dysphorie), ci-dessus evoque.

II n'appartient pas, en effet, aux sciences du langage, de se pro­noncer, par exemple, sur tout Ie domaine de I' ontologie, reservee a.la philosophie, ou aux sciences de la vie, de la nature, etc. Tout auplus feront-elles allusion au referent, c' est-a-dire a. la realite extra­linguistique ou extrasemiotique a. laquelle Ie discours ou, plusgeneralement tellangage, peut eventuellement etre rapporte sur unmode soit reel (ex. : une autobiographie, un film documentaire),soit fictif (roman, peinture, etc.).

4. QUELQUES TYPOLOGIES DES SIGWESAu depart, la semiologle - depuis la definition proposee par F. deSaussure (« Science qui etudie la vie des signes au sein de la viesociale ») - visait essentiellement l'inventaire, la typologie et Iefonctionnement des signes, dans un univers socioculturel donne ; dece point de vue, e1le aurait pu correspondre a. peu pres auterme anglais actuel « Semiotics» (specialement dans la ligne des

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Problematique d'ensemble

remarquables travaux - dont Ie point de depart est beaucoup plusphilosophique que linguistique - d'un C.S. Peirce, encore relative­ment peu diffuses ou exploites de ce cote-ci de I'Atlantique) : enEurope, par exemple, A. Martinet ou L.J. Prieto lui donnaientnaguere une acception assez voisine.

Dans cette perspective, l'on pouvait etablir deja. une premieretypologie des signes, un essai de c1assement, en se basant sur lesdivers canaux (relevant des cinq sens traditionnels) qui permettental'homme d'entrer en communication avec Ie monde anime ouinanime (avec les personnes par exemple, mais aussi avec les objetsnaturels ou construits, etc.).

r.: on distinguait ainsi, comme annonce plus haut, les signesvisuels (dont releve entre autres Ie code de la route, analyse jadis,par un L.J. Prieto, mais aussi tout ce qui a trait a. l'habillement, a.l'ecriture, a. la peinture, a. l'image, a la photographie, a la bandedessinee, ala gestualite, a. la proxemique, ala langue des signes desmalentendants, etc.), les signes auditifs (linguistiques, musicaux,etc.), olfactifs (pensons seulement a. la taxinomie tres fineemployee en parfumerie), tactiles (dont relevent, par exemple, Iebraille, mais aussi par exemple les qualites des tissus : rugueux,doux, souple, etc.) ou gustatifs (les chevaliers du taste-yin jouentsur un systeme differentiel, tres precis, fort bien organise).

Bien entendu, un univers de sens donne peut faire appel simulta­nement a. des signes de nature differente : ainsi, tel film fera jouersimultanement, de maniere syncretlque, non seulement l'image,mais aussi Ie langage verbal, la musique et les bruits ; pareillement,le theatre met en ceuvre un langage complexe, susceptible de faireappel, en concomitance, a. plusieurs des cinq sens de la perception;

rneme, la publicite j oue tres souvent ala fois sur le linguistiqueIe visuel (voire, en meme temps, sur la musique etJou, plus

largement Ie sonore) : dans Ie cas d'un spot publicitaire televisuel,

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1 La semiotique du langag e o Problematique d' ensemble 1

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par exemple. ealimentation releve, e1le aussi, d'une approchesyncretique : c'est un exemple sur lequel nous aurons 1'occasion de

revenir.On remarquera au passage que I'emploi de certains signes fait

necessairement intervenir le temps, aussi bien dans les films, quedans les langages verbal, musical, et gestuel (cf. le mime) parexemple, avec tout le jeu possible entre l'anteriorite et la peste­rtortte (categorie qui articule la non-concomitance), alors qued'autres, au contraire, n'en ont point besoin (dans l'Image fixe, ledessin, I'image publicitaire, la photographie, la peinture, la sculp­ture, etc.), qui misent sur la concomitance.

On notera toutefois ace propos que la temporalitc, qui intervienten bien des langages, est une donnee purement conceptuelle : c'estune (re)construction mentale qui nous fait lire par exemple la suc­cession spatiale de deux vignettes (sur une BD) comme I'expres­sion du rapport temporel /avant/ vs /apres/ ; de meme dans le casd'un film ou d'une eeuvre musicale (en ce qui conceme la ligne

melodique).On sait d'ailleurs que dans les langages qui exploitent le temps, il

est relativement difficile de representer visuellement, par exemple,la concomitance : la BD aura ainsi recours soit par exemple auntrait en zigzag vertical qui distingue dans la meme vignette deuxactions concomitantes, soit ades elements linguistiques pour signi­fier un «Pendant ce temps-la » ; le theatre decoupera spatialementen deux la scene (du point de vue du spectateur) pour permettre lasimultaneite d'actions differentes, etc.

Du point de vue de la spatialite, il serait peut-etre bon de distin-guer les langages qui ne mettent en oeuvre que des surfaces (image,peinture, etc.), c'est-a-dire qui ne jouent que sur deux dimensions(on parle alors d'objet bidimensionnel, de semiotique biplane), eceux qui au contraire font intervenir la profondeur, qui sont d' ordre

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tridimensionnel : tel est le cas de la gestualite, de la proxemique,mais aussi de la sculpture, de l'architecture, de I'urbanisme, etc.

Certains contesteront surement cette distinction, car, disent-ils,rien dans I' appareil optique de I'homme (du point de vue propre­ment physiologique) ne permettrait, semble-t-il, de percevoir laprofondeur: simplement, un deplacement vers I'arriere par exem­pie ne serait qu'une interpretation conceptuelle (et non physique)d'une diminution de l'objet qui a recule ; pourtant il est clair que lavision binoculaire produit au moins un effet de relief (meme sicelui-ci est purement une construction subjective, conceptuelledone), dont ne beneficient point ceux qui n'ont qu'une visionmonoculaire : il suffit de questionner un conducteur de voiture quine dispose plus que d'un seul ceil,

Cela etant, dans les differents cas ci-dessus evoques, I'on a alorsaffaire non plus ades signes simples mais complexes : ce qui neveut pas dire, pour autant, qu'il y ait pluralite de sens au plan de cequi est semantiquement compris par l'auditeur ou Ie telespecta­teur : un meme message euphorique, Pat.exemple, peut s' exprimer1\ travers des supports sensibles distincts et amalgames (commetel est Ie cas dans I'audiovisuel on I'eclairage et la musique, parexemple, peuvent aller de conserve), selon done des registressensoriels differents,

Ainsi en va-t-il des cartes de vceux parfumees ou « musicales»qui joignent I'olfactif et/ou le sonore au visuel. Dans un museed'art modeme, I'on peut imaginer une ceuvre d'art «mobile» quilhit simultanement appel ala vue (l'espace pouvant etre percu surtrois dimensions), au temps, eventuellement a l'ouie et/ou autoucher, et alaquelle on n'attachera globalement qu'un sens donne.

D'un autre cote, et toujours du point de vue typologique, l'on peutappel a une autre difference importante qui, socioculturel­

est normalement posee aujourd'hui entre les langues ou'.fmgages naturels et les langues ou Iangages artlflciels.

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Problematique d'ensemble

d'hapax) au sociolecte (dont relevent les emplois du langage pardes classes, des groupes sociaux donnes : des argots propres aux«carabins » par exemple, ou des dialectes regionaux a la languenaturelle « standard» d'un pays donne).

Cela etant, la ligne de demarcation entre le «naturel» et1'« artificiel »n'est pas toujours evidente. Ainsi, dans la mesure ouel1essont de plus en plus proches de la perception visuelle normaledu « reel» (tel que nous pouvons deja le saisir deja par la photo­graphie), les «images de synthese » (capables de jouer evidem­ment sur les trois dimensions), en informatique, relevent-ellesdu « naturel» ou de 1'« artificiel »? Les images « virtuelles »,obtenues par ordinateur, seront sans doute demain notre univers I

«reel », car la technique avance si rapidement qu'il n'y aura plusde possibilite de distinguer, sur le plan visuel, Ie «vrai» du« faux» : qui plus est, l'ancien « vrai » pourra etre truque it l'insudu spectateur ; inversement, le « faux» (parce que trop « formel »,trop « geometrique ») tend aujourd'hui adevenir plus « vrai » dansla mesure ou on introduit dans l'image des «imperfections »,des « irregularites » pour se rapprocher de la « realite », pour endonner l'illusion.

De meme, et plus largement, I'ecriture, qui pourrait semblerrelever a premiere vue de 1'« artificiel », n'est jamais l'apanaged'un sujet donne: il ne s'agit pas la d'une ceuvre consciente,realisee par une personne determinee, mais le fruit d'une activiteculturelle sociale, it la fois relativement stable (a une epoquedonnee) et relativement mouvante (des que l'on prend en comptequelques decennies, afortiori plusieurs siecles),

Prenons ici le cas de la bande dessinee courante : elle semblefaire appel aun langage (relativement) « naturel » qui fait que lelecteur identifie quasi « spontanement » des formes semantique­ment interpretables (du moins dans un univers socioculturel biendetermine) : en temoigne d'ailleurs le fait qu'il est generalement

oLa semiotique du langage

Les langues dites «naturelles» (telles le francais, l'italien, lerusse, le chinois, le coreen, l'anglais, etc.) sont celles ou le sujethumain, qui les recoit, n'est qu'un usager et ne peut les modifier asa guise. Dl:\puis son enfance, il baigne pour ainsi dire dans salangue maternelle et il ne lui sera guere donne de la modifier a saconvenance, au risque de n' etre point compris par son entourage ouson milieu socioculturel: pensons, par exemple, aux premieresreactions suscitees naguere en France par le surrealisme dans sonemploi _ tant syntaxique que semantique - de la langue fran<;aise.

Par ailleurs, les langues « naturelles » - meme si les rechercheslinguistiques les plus sophistiquees arrivent a en degager leur orga­nisation structurale, leur systeme sous-jacent - sont en memetemps le fruit de l'histoire, de la culture, bref de l'usage (au senshjelmslevien). En revanche, les langages artificiels sont construits,manipulables et modifiables par l'homme au gre des besoins imme­diats. Certains memes peuvent changer de support sensoriel : tel lemorse qui, sans aucune variation de structure, peut jouer soit sur

l'auditif, soit sur le visuel.Relevent de telles constructions arbitraires entre autres les

langages logiques, mathematiques, mais aussi informatiques : leProlog par exemple. Dans tous les cas, les langages « artificiels »sont analysables en termes de systeme, sans recours aucun auconcept d'usage auquel nous venons de faire allusion. Bienentendu, il est clair que les langages « artificiels »- et, sur ce point,ils se rapprocheraient des langages « naturels » - ne sont reconnais­sables comme tels que s'ils sont acceptes au moins par un groupesocioculturel donne. Parler de «langage », c'est done neces-sairement introduire une dimension sociale.

lei s'inscrirait toute la problematique qui oppose l'Idloleete (oul'utilisation du langage est propre a une personne donnee, pouvantdone aller non seulement jusqu'au «style» d'un ecrivain. maisaussi jusqu'a l'autisme, en passant par des emplois ponctuels

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ameme de lcs denommer Iinguistiquement. Mais elle parait pre­supposer aussi un langage construit (au, moins en partie),«artificiel » done, parce que mettant enjeu des codes dinterpreta­tion qui presupposent des connaissances particuliercs, done non« naturelies » : dans Ie domaine de la BD, il u'y a evidemment pas,un code univcrsellement admis, chaque culture s'exprimant demaniere plus ou moins particulierc.

Ainsi - et c'est un exemple typiquement francais -, lorsque leregard d'un personnage (qui va droit devant lui - de gauche adroitc - sans se retourner pOUT voir ce qui se passe dans son dos) estoriente sur sa droite, il convient en general d'y voir un signedinquietudc ; et lorsquc, dans le mcme contexte, ce regard(toujours vers la droite) s'abaisse, il faut continuer alui attribuer lameme signification, mais en lui ajoutant alors un caractere d'inten­site. C'est dire que la lecture de la bande dessinee demande, elleaussi, un apprentissage prealable, qu'elle nest pas un donne pure­ment « naturel ».

De cc point de vue, meme une photographic, qui nous semble« naturelie », tout proche done du reel, appelle generalemcnt, poursa comprehension, un complement dinformation : une photo­graphie donnce, representant un accident de voiture (un chocimportant contre un arbre), par exemple, ne pcut nous dire parelle-meme si celui-ci est « reel» ou « simule » (dans le cadre d'unessai sur la resistance des materiaux).

Bien cntendu, toujours dans Ie cadre de cet exemple, I'echellevisuellernent adoptee entre egalement cn ligne de compte: il peuts'agir, en notre illustration, d'une voiture miniature projetce sur unpetit arbuste, Lambiguite (au niveau non de cc qui est percu rnaisde ce qui est compris) est une donnee qui entre tres souvent enjeudans tous les langagcs possibles. Toujours dans le domaine de latypologie des signes, on a pense quil n'etait pas inutile de distin­guer les langages humains - les seuls que nous avions jusqu'ici en

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Problemaiique d'ensemble

Vile, les seuls aussi que nous prcndrons en fait en compte dans lasuite de notre propos - des langages animaux (relevant de ce quelon appcllc la zeosemiotique, une discipline qu'il conviendrait deIIC point oublier, sachant Ie grand nombre de chercheurs qui s'yconsacrent}.

Tout en reconnaissant l'existence et I'emploi de signes dans lcmonde animal (les differcnts langagcs des oiseaux, celui des.ibcilles, etc.), l'on croyait neanmoins que le langage humain etaitrndicalcmcnt different, dans la mesure par exemple OU il semblait lescul a pouvoir parler de lui-rnerne (caracteristique que l'ondcnomme par Ie terme de metalangage : dans le cas par exemple ouIL' demande amon interlocuteur le sens d'un mot que je ne connaispas: «Que voulez-vous dire par la ? »), commc lc fait par vocationln Iinguistique ou la semiotique,

En fait, les progres realises ces dcrnicrcs annees dans les etudesde zoosemiotique et dans celles de la psyehologie animale, nousinvitent apenscr Ie passage du langage animal au langage humainlionen termes d'opposition categorielle (lorsqu'on croyait I'hommcscul capable d'avoir acces aI'ordre symbolique), rnais de maniereplutot graduelle : certains animaux « superieurs » (tels les primates)sont sans doute a meme d'aller progrcssivcment, eux-memes, dulungage jusqu'au mctalangage, c'est-a-dire de comprendre et dexupcrviser etlou de modifier par exemple le code qu'ils emploientpour comrnuniquer entre eux.

Nous u'avons evoque ici, de maniere tres succincte, que quelquespetites typologies possibles des signes. Cet inventaire, on I' a vu,lie s'uppuie que sur la composante sensorielle (Ies cinq senstraditionnels : vue, ouie, odorat, gout et toucher). Or, nous avons1I0te, precedemment, apropos de 1'« ineffable» que peuvent entreren jeu non seulement la « perception» du monde exterieur, maisaussi les ( sensations» (d'ordre thymique) que nous eprouvonsinterieurement et dont nous avons bien dit que si clles sont

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