la verticilliose

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Fiche technique du CTO, La verticilliose, mars 2013, Rédaction : Alex Siciliano, Christian Pinatel - www.afidol.org La Verticilliose Le champignon responsable de la maladie Verticilliose est le champignon ascomycète Verticillium dahliae. Il est présent dans de nombreux sols, où il infecte des plantes de familles variées. Certaines espèces véhiculent le champignon, elles contribuent à son extension et à la contamination des plantes voisines. L’olivier y est sensible. Selon l’état de l’arbre, sa sensibilité et le terrain, les dégâts peuvent se limiter au dépérissement de quelques rameaux ou entraîner la mort complète de l’arbre. Le champignon est capable de résister plusieurs années dans le sol et de se perpétuer par l’intermédiaire de plantes vectrices. Chaque printemps les arbres qui sont à proximité sont re-contaminés. Dans ce contexte la prévention et la prophylaxie sont déterminantes, elles reposent essentiellement sur l’élimination des plantes vectrices. Le champignon Verticillium dahliae Le champignon n’est pas visible à l’œil nu dans le sol. Conservation dans le sol : Le champignon peut rester plusieurs années (jusqu’à 15 ans selon certains auteurs) sous une forme de conservation (les sclérotes). Mais en général il est réactivé chaque année par les plantes vectrices, qui assurent ainsi la survie et la propagation du champignon. Contamination : quand les conditions de température et d’humidité sont favorables, les sclérotes produisent des spores qui germent et pénètrent dans la racine, c’est la contamination primaire. Il n’est toutefois pas exclu qu’il y ait également des contaminations directement dans la frondaison (outils de taille par exemple) ou par contact direct avec les racines des plantes contaminées. Développement : le mycélium se développe dans les tissus du xylème, qui transportent la sève brute vers les feuilles. La plante résiste plus ou moins bien à cette contamination en fonction de son espèce. Chez l’olivier certaines variétés parviennent à vivre en présence de Verticillium dahliae sans manifester systématiquement les symptômes de la maladie, d’autres variétés plus sensibles ne parviennent pas à s’opposer à son développement. Dans les bois, rameaux et feuilles qui sèchent le champignon meurt ou produit des microsclérotes, qui vont permettre sa conservation. Les feuilles et rameaux qui tombent au sol peuvent donc entretenir l’inoculum. Symptômes : quand le champignon a colonisé tout le xylème d’une branche, la sève est bloquée et la branche sèche, comme si elle était coupée. Dissémination : le champignon se dissémine par le transport de tissus contaminés, qu’il s’agisse de plantes vectrices ou de bois de taille. Dans une moindre mesure, la sciure (sur les outils de coupe), la terre (sur les outils de travail du sol), l’eau (irrigation gravitaire) ou le vent peuvent participer également à la propagation de la maladie.

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Fiche technique du CTO, La verticilliose, mars 2013, Rédaction : Alex Siciliano, Christian Pinatel - www.afidol.org

La Verticilliose Le champignon responsable de la maladie Verticilliose est le champignon ascomycète Verticillium dahliae. Il est présent dans de nombreux sols, où il infecte des plantes de familles variées. Certaines espèces véhiculent le champignon, elles contribuent à son extension et à la contamination des plantes voisines. L’olivier y est sensible. Selon l’état de l’arbre, sa sensibilité et le terrain, les dégâts peuvent se limiter au dépérissement de quelques rameaux ou entraîner la mort complète de l’arbre. Le champignon est capable de résister plusieurs années dans le sol et de se perpétuer par l’intermédiaire de plantes vectrices. Chaque printemps les arbres qui sont à proximité sont re-contaminés. Dans ce contexte la prévention et la prophylaxie sont déterminantes, elles reposent essentiellement sur l’élimination des plantes vectrices.

Le champignon Verticillium dahliae Le champignon n’est pas visible à l’œil nu dans le sol.

• Conservation dans le sol : Le champignon peut rester plusieurs années (jusqu’à 15 ans selon certains auteurs) sous une forme de conservation (les sclérotes). Mais en général il est réactivé chaque année par les plantes vectrices, qui assurent ainsi la survie et la propagation du champignon.

• Contamination : quand les conditions de température et d’humidité sont favorables, les

sclérotes produisent des spores qui germent et pénètrent dans la racine, c’est la contamination primaire. Il n’est toutefois pas exclu qu’il y ait également des contaminations directement dans la frondaison (outils de taille par exemple) ou par contact direct avec les racines des plantes contaminées.

• Développement : le mycélium se développe dans les tissus du xylème, qui transportent la sève

brute vers les feuilles. La plante résiste plus ou moins bien à cette contamination en fonction de son espèce. Chez l’olivier certaines variétés parviennent à vivre en présence de Verticillium dahliae sans manifester systématiquement les symptômes de la maladie, d’autres variétés plus sensibles ne parviennent pas à s’opposer à son développement. Dans les bois, rameaux et feuilles qui sèchent le champignon meurt ou produit des microsclérotes, qui vont permettre sa conservation. Les feuilles et rameaux qui tombent au sol peuvent donc entretenir l’inoculum.

• Symptômes : quand le champignon a colonisé tout le xylème d’une branche, la sève est bloquée et la branche sèche, comme si elle était coupée.

• Dissémination : le champignon se dissémine par le transport de tissus contaminés, qu’il

s’agisse de plantes vectrices ou de bois de taille. Dans une moindre mesure, la sciure (sur les outils de coupe), la terre (sur les outils de travail du sol), l’eau (irrigation gravitaire) ou le vent peuvent participer également à la propagation de la maladie.

Fiche technique du CTO, La verticilliose, mars 2013, Rédaction : Alex Siciliano, Christian Pinatel - www.afidol.org

Symptômes & dégâts Les vaisseaux, assurant la circulation de la sève, touchés par la maladie ne peuvent plus remplir leur rôle. Les branches concernées séchent plus ou moins rapidement. Il s’agit en général des branches les plus vigoureuses et dans tous les cas de la partie haute de la frondaison. • Sur les arbres adultes, la circulation de sève est

coupée au niveau d’une branche : il peut s’agir d’une charpentière importante ou d’un simple rameau.

• Sur les arbres jeunes, la circulation de sève peut être coupée à la base du tronc, c’est alors l’ensemble de l’arbre qui sèche. Souvent des rejets apparaissent au pied, ils pourront servir à reformer l’arbre, mais dans quelques cas, l’arbre meurt.

Les symptômes apparaissent en fin d’hiver, dès que les températures augmentent dans la journée et s’étalent durant toute la saison de végétation. Généralement c’est en mars et avril que les dessèchements sont les plus spectaculaires. Les dépérissements apparaissant à l’automne sont souvent moins intenses. • Dépérissement rapide : les feuilles jaunissent,

puis sèchent tout en restant accrochées à la branche. L’écorce brunit. Le rameau ou la branche sèche.

• Dépérissement lent : la couleur des feuilles se ternit et les bourgeons terminaux se nécrosent, mais les branches ne sèchent pas complètement. Seules les grappes florales sont très affectées et sèchent.

Cas  asymptomatiques  :  des  arbres  peuvent  être  contaminés  sans  exprimer  les  symptômes  habituels,  ils  manquent  de  vigueur  et  ne  fleurissent  pas  sans  pour  

autant  montrer  les  dépérissement  classiques.  

Sensibilitées variétales

Très sensibles Peu sensibles Tanche, Verdale des Bouches-du-

Rhône, Colombale, Verdale de l’Hérault, Arboussanne

Aglandau, Cailletier, Salonenque

Picholine,

Ascolana, Leccino Frantoio, Coratina, Frangivento Picual, Cornicabra, Oblonga , Arbequine

Facteurs favorables Humidité régulière : sol hydromorphe, irrigation… Températures douces : 20 – 30 °C sont considérés comme les optimums de développement. Chevelu racinaire proche de la surface. Présence de solanacées avant ou autour des oliviers

Fiche technique du CTO, La verticilliose, mars 2013, Rédaction : Alex Siciliano, Christian Pinatel - www.afidol.org

Prophylaxie et prévention contre la verticilliose de l’olivier

Plantation : Utiliser un terrain n’ayant pas été précédemment cultivé en maraichage, sinon prévoir 2 ou 3 années de culture de graminées ou crucifères.

Choisir des plants de variétés résistantes

Obtenir un certificat d’absence de Verticillium dans les plants achetés (analyses de laboratoire)

Installer les arbres en profondeur : collet à plus de 20 cm, les plants doivent dans ce cas être francs de pied et tuteurés très fermement.

Entretien du sol Supprimer les mauvaises herbes vectrices du Verticillium dahliae : solanacées (morelles, datura…), les chenopodes, les amaranthes… .

Installer un enherbement avec des plantes très couvrantes, capables d’étouffer les herbes vectrices ou sensibles, sans gêner les oliviers : graminées et crucifères sont à privilégier.

Ne pas cultiver de plantes sensibles comme les solanacées entre les oliviers : tomates, poivrons, pommes de terre…

Le travail du sol doit être limité au minimum voire arrêté autour des arbres et les outils parfaitement nettoyés et désinfectés après passage dans une zone contaminées.

Irrigation Limiter les irrigations et/ou espacer les

arrosages. Réduire les apports azotés ou amender avec

une matière organiques ligneuses (pailles, sciures…)

La taille Supprimer les branches touchées dès leur dépérissement

Tailler en dernier les parties du verger touchées et désinfecter régulièrement le matériel, penser aux chaines de tronçonneuses et couteau-scie en particulier

Sortir les bois de taille de la parcelle (on peut le broyer en dehors de la parcelle, mais le brûlage est préférable). Toutes les parties de l’arbre sont potentiellement contaminantes.

Plantes vectrices

Morelle Amarante Chénopode

Photo : Le Tourne (G

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Fiche technique du CTO, La verticilliose, mars 2013, Rédaction : Alex Siciliano, Christian Pinatel - www.afidol.org

Stratégies de lutte Les mesures prophylactiques doivent être privilégiées pour lutter contre la verticilliose, mais deux stratégies de lutte directe sont étudiées. Elles visent disposer d’outils dans les cas ou l’incidence de la maladie est trop forte, toutefois leur efficacité n’a pas été complétement démontré, elles sont en cours d’évaluation.

Biofumigation La biofumigation est une méthode biologique basée sur l’utilisation de plantes riches en glucosinolates, principalement des crucifères. Lors de la décomposition de ces plantes, les glucosinolates sont transformés en isothio- et thiocyanates, molécules volatiles et toxiques pour certains organismes du sol, dont les champignons du genre Verticillium Un essai de cette technique est en cours sur olivier avec un mélange de moutarde blanche et brune et de radis

Solarisation La solarisation est une technique qui a fait ses preuves en maraichage sous serre, mais sa transposition en oléiculture et en plein champ n’est économiquement pas faisable actuellement. Elle vise à augmenter la température du sol afin de détruire, par la chaleur, les champignons pathogènes du sol, elle consiste en :

• En juin, préparer la surface par un travail du sol fin et régulier.

• Arroser abondamment, sans pour autant créer d’érosion.

• Installer des bâches noires, couvre-sol le plus largement possible autour des arbres,

• Aucune circulation d’air ne doit être possible entre les bâches et le sol. • Laisser les bâches 40 jours (idéalement les journées les plus chaudes de l’année)

Photos : C. Pinatel ou A. Siciliano, Centre Technique de l’Olivier, sauf mentions contraires