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LADY MACBETH & LE CINEMA « MAN, UP ! […] UNSEX ME HERE (…) » « WHAT’S DONE, IS DONE . »

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Page 1: LADY MACBETH & LE CINEMA - ac-grenoble.fr · le personnage de lady macbeth semble s’inscrire dans un lieu commun de la femme de pouvoir manipulatrice. elle est celle qui opere dans

LADY MACBETH & LE CINEMA

« MAN, UP ! […] UNSEX ME HERE (…) »

« WHAT’S DONE, IS DONE . »

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LE PERSONNAGE DE LADY MACBETH SEMBLE S’INSCRIRE DANS UN LIEU COMMUN DE LA FEMME DE POUVOIR MANIPULATRICE. ELLE EST CELLE QUI OPERE DANS L’OMBRE EN CONSEILLANT SON MARI, LE SEIGNEUR DE CAWDOR, ET CELLE QUI, AU DEBUT DE LA PIECE, LE PERSUADERA DE TUER LE ROI. NEANMOINS, LA PROTAGONISTE DU MACBETH DE SHAKESPEARE POSSEDE UNE PRESENCE PARTICULIERE, TRES SINGULIERE, QUI DEPASSE LA SIMPLE REPETITION DE CE TOPOS DE FEMME TENTATRICE. ELLE CONTINUE DE MARQUER LES ESPRITS ET A ACQUIS UNE PLACE DE CHOIX DANS LE CAPITAL CULTUREL OCCIDENTAL, ET PLUS LARGEMENT DANS L’INCONSCIENT COLLECTIF. OU RESIDE LA FORCE ET L’ORIGINALITE DE CE PERSONNAGE ? CERTAIN-E-S REPONDRONT QUE C’EST DANS SON MYSTERE, SON IMPENETRABILITE, OU ALORS SON CARACTERE DETERMINE, QUI CONTRASTE AVEC LES SCRUPULES DE SON MARI ; D’AUTRES PARLERONT DE SA LENTE DESCENTE DANS LA FOLIE, FASCINANTE ET MALAISANTE, OU BIEN DE SON SUICIDE SI BRUTAL. SHAKESPEARE A AINSI DEVELOPPE UN PERSONNAGE COMPLEXE ET MYSTERIEUX, UNE FEMME QUI NOUS ECHAPPE ET NOUS FASCINE, UN ETRE DE PAPIER AUQUEL CHACUN PEUT DONNER VIE D’UNE MANIERE DIFFERENTE. IL EST INTERESSANT DE SE PENCHER SUR LA VARIETE DE FAÇONS DONT LADY MACBETH A ETE INTERPRETEE ET COMPRISE, NOTAMMENT DANS LE SEPTIEME ART. POUR CE FAIRE, TROIS ADAPTATIONS CINEMATOGRAPHIQUES DE MACBETH RETIENDRONT PARTICULIEREMENT NOTRE ATTENTION : CELLE DE WELLES (1948), DE KUROSAWA (LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE, 1957), ET CELLE DE POLANSKI (1971). CHAQUE REALISATEUR A MANIE ET UTILISE LE MYTHE QUE CONSTITUE LE PERSONNAGE DE LADY MACBETH, ET DE LEURS FILMS EMERGENT DIFFERENTES VISIONS DE LA FASCINANTE PROTAGONISTE CREE PAR SHAKESPEARE.

En effet, Lady Macbeth incarne plusieurs visions négatives de la femme, diverses

représentations directement liées aux textes fondateurs (notamment l’Ancien Testament). La femme est celle qui tente, séduit l’homme et accède à un pouvoir passif, une force de substitution. Ainsi, dans la pièce de Shakespeare, c’est elle qui incite son mari à tuer le roi, et qui l’encourage à accepter sa destinée criminelle. Métaphoriquement, elle lui intime de goûter au fruit défendu. Son rôle est donc une extension de celui des sorcières, créatures mystérieuses qui sont les premières à souffler l’idée du meurtre au seigneur de Cawdor, une idée qui va séduire Lady Macbeth comme le serpent séduit Eve. Macbeth est une pièce très inspirée d’un schéma Biblique, et le personnage de Lady Macbeth est imprégné des représentations de la femme qui en découle : Eve, donc, mais également Lilith (לילית), femme de la mythologie juive ayant été crée de la même manière qu’Adam, c’est à dire avec de la terre (et non à partir de la côte de l’homme). Lilith aurait refusé la condition féminine que Dieu lui imposait, désirait être l’égale de l’homme, et aurait été chassée du jardin d’Eden. Les représentations de Lilith et d’Eve sont nombreuses et ont beaucoup influencées le paysage culturel occidental et l’inconscient collectif. Les adaptations cinématographiques de la pièce de Shakespeare utilisent ce fond culturel dans la mise en scène, jouent avec ces images et ces représentations. Lady Macbeth est toujours montrée comme une femme de pouvoir, se tenant à hauteur de son mari, dirigeant ses actions. Elle est souvent impitoyable et remet en question la masculinité de Macbeth (“man up !”), ainsi que son incapacité à agir. Dans la version de Kurosawa, elle est au début du film pleinement maîtresse de ses passions et de son corps (ce qui est très valorisé dans la culture japonnaise), contrairement à son mari. Souvent surcadrée, elle est un double inverse de l’homme, qui lui est dans l’excès. Elle semble le surpasser, le dominer, être sa figure de référence. Mais, comme dans les autres adaptations elle ne peut se détacher de son rôle de femme, elle reste perçue très négativement. Elle est une succube fautive, pécheresse, issue des représentations héritées de la Bible. Ainsi, la protagoniste offre à son mari l’arme du crime dans un plan large et fixe, aux lignes verticales, un acte et une composition qui ne sont pas sans rappeler certaines représentations d’Adam et Eve. L’arme, tout comme la pomme, marque le début de la chute, le pêché originel duquel tous les autres pêchés découlent. Lady Macbeth est de plus stérile, tout comme Lilith qui est une “dévoreuse d’enfants” dans le Talmud. Kurosawa a créé un personnage très fort, mystérieux et puissant, loin d’être soumise, mais il ne s’écarte pas de certaines représentations aliénantes de la femme : tentatrice, fautive, accédant au pouvoir en manipulant son mari ; des représentations qui empruntent à la fois au mythe de Lilith, et à celui d’Eve.

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Adam et Eve, Lucas Cranach l’Ancien Le Château de l’Araignée, Kurosawa

Polanski va également dans ce sens en proposant un rapprochement visuel fort entre Lilith et Lady Macbeth. Dans le Talmud, la première femme créée par Dieu aurait les attributs suivants : les cheveux roux, longs, un corps voluptueux, un grand appétit sexuel. Polanski fait ainsi le choix d’une actrice aux cheveux longs et roux, couleur capillaire qu’une de ses robes bleue fait ressortir. Le réalisateur, par le biais des couleurs, crée une image de la femme fidèle à certaines représentations de Lilith. Dans cette adaptation, le personnage est également souvent associé au sexe, ce qui fait écho à la relation passionnelle qu’entretiennent Macbeth et sa femme dans la pièce.

Macbeth, Polanski Lilith, Collier

Welles enfin, s’il oppose les deux personnages dans la mise en scène, met considérablement en valeur Lady Macbeth. Elle est sans cesse dans la lumière, alors que le seigneur de Cawdor est dans l’ombre, ce qui témoigne de sa place de guide : elle dirige son mari dans chacune de ses actions. Elle est une icône, une image idéale à suivre, et peut être associée à l’illusion. Le pouvoir séduit Macbeth mais le perdra également.

Ainsi, Lady Macbeth est un personnage fascinant mais souvent associé à un topos négatif de la femme en général : tentatrice, séductrice, devant sans cesse opérer dans l’ombre pour accèder au pouvoir… Souvent les réalisateurs cités jouent avec cette affiliation entre les figures féminines des textes sacrés et le personnage, afin d’évoquer au spectateur certaines représentations culturelles fortes.

Un autre aspect de la relation est récurrent dans les adaptations cinématographiques: la relation paradoxale qui unit Macbeth à Lady Macbeth balance entre la violence et le sexe.

Dans la version de Shakespeare, Lady Macbeth se révèle être dès sa première apparition,

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Un autre aspect de l’union entre Macbeth et Lady Macbeth est présent dans les

adaptations cinématographiques: leur lien paradoxal, oscillant entre passion et violence.

Dans la version de Shakespeare, Lady Macbeth se révèle être dès sa première apparition, dans la scène 5 de l’acte 1, la moitié dominante du couple. En effet, lorsqu’elle reçoit la lettre de son mari lui expliquant ce qu’il s’est passé avec les trois sorcières, sa réaction montre au spectateur à quel point elle est ambitieuse, puisqu’elle dit souhaiter le convaincre d’accepter le destin qui lui a été promis :

“Accours ici, que je verse mes esprits dans ton oreille, et que ma langue valeureuse chasse tout ce qui t’écarte du cercle d’or” (Acte I, Scène 5)

Cette ambition sera d’ailleurs confirmée quelques répliques plus tard lorsqu’elle prononce une tirade fameuse, invoquant les esprits et leur demandant de la “désexer” et de lui faire perdre tout remords face au meurtre qu’elle prépare. Cette tirade montre la puissance de sa volonté mais également le rapport qu’elle entretient avec son corps. En effet, elle semble ne pas aimer la place qui lui est attribuée du fait de son genre. Or, il est inhabituel de voir ce type de comportement, surtout à l’époque de Shakespeare, où les femmes n’avait même pas le droit d’être actrices. Cette tirade nous montre ainsi à quel point Lady Macbeth rejette les rôles qui lui sont assignés en tant que femme; mais aussi comment elle incarne la figure dominante qui va pousser Macbeth au meurtre. C’est d’ailleurs ce que l’on peut remarquer dans la version de Orson Welles, puisque Lady Macbeth récite mot pour mot cette tirade, alors qu’elle disparaît chez Kurosawa et chez Polanski. Ce choix de mise en scène révèle un désir de rester fidèle à l’oeuvre originale. En revanche, Kurosawa préfère montrer au spectateur l’union de deux univers différents, et Polanski semble s’intéresser presque exclusivement au personnage de Macbeth.

Même si l’idée du meurtre du roi réside en lui, c’est le personnage qui fera preuve de plus d’hésitations : Macbeth reste un personnage plus effacé face à sa femme. C’est d’ailleurs elle qui prend en main la suite des opérations après le meurtre de Duncan : en effet, elle fait en sorte de porter l’accusation sur les chambellans du roi pour ce meurtre. Cependant, après le meurtre du roi, les rôles s’inversent et c’est Lady Macbeth qui se retrouve en position de faiblesse. Elle en arrive même à succomber à la culpabilité alors même que son mari s’enfonce dans une folie meurtrière en allant jusqu’à tuer Banquo. C’est ce qu’on remarque dans l’acte 5, lorsqu’on apprend que Lady Macbeth fait des crises de somnambulisme. Lors de ses crises, cette dernière ne cesse de vouloir se laver les mains.: or il s’agit d’une hallucination lui rappelant sans cesse le meurtre. Elle a d’ailleurs conscience qu’elle ne pourra pas se débarrasser de sa culpabilité

Cette scène est présente dans Le Château de l'Araignée lorsqu’Asaji (Lady Macbeth) est surprise par son mari Washizu (Macbeth) en train d’essayer de faire disparaître des tâches de sang de ses mains et qu’elle est la seule à voir.

“Il y’a toujours l’odeur du sang… Tous les

parfums d’Arabie ne rendraient pas suave cette

petite main!”

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Ce n’est pourtant pas le cas dans la version d’Orson Welles. Ce dernier met en valeur l’influence de Lady Macbeth sur son mari jusqu’à la mort du personnage : chacune de ses apparitions dans le film est mise en valeur par la lumière qui l’éclaire, alors que Macbeth est laissé dans l’ombre. Ce n’est qu’avec la mort de sa femme que le roi parvient à se détacher de la manipulation et à regagner son honneur en combattant fièrement jusqu’à sa mort. Bien que le personnage de Lady Macbeth soit le plus important et le plus fascinant aussi bien dans la pièce de Shakespeare que dans la version d’Orson Welles, sa présence se fait beaucoup plus discrète dans la version de Polanski.

Différents jeux de lumière chez Welles

En effet, Polanski a préféré se concentrer sur le personnage de Macbeth. Lady Macbeth n’est finalement présente que pour être l’élément déclencheur qui va pousser son mari à passer à l’acte, elle n’est qu’un soutient du personnage principal. Ainsi, leur relation n’est pas équilibrée et est en rupture avec la pièce : ce n’est d’ailleurs pas tant les jeux de manipulation qui intéresse Polanski mais la folie croissante des personnages.

Pour ce qui est de la version de Kurosawa, le film change complètement la relation du couple. Tandis que le couple est présenté comme une unité dans la pièce, dans Le château de l’Araignée, chaque personnage est indépendant et rentre même parfois en conflit avec l’autre. A première vue, on a l’impression que c’est Washizu (Macbeth) qui domine; mais à travers les attaques verbales de Asaji (Lady Macbeth), Macbeth se voit obligé de réagir pour sauver sa fierté. Ici, la manipulation est totalement intégrée dans la tradition japonaise. La place de l’honneur et du devoir prend une place primordiale. La manipulation de Lady Macbeth n’est pas insinueuse et subtile, mais plutôt violente et directe. Ainsi le personnage est vraiment présenté comme dominant intégralement son époux. Macbeth fini cependant par comprendre que sa femme tente de l’influencer et commence à se placer en contradiction avec elle. Lorsque celle-ci meurt, il exprime un soulagement et semble être enfin libéré de sa pression. Il devient beaucoup plus sûr, et reprend possession de ses moyens. Kurosawa a fait le choix dans son film d’opposer les deux personnages du couple : chaque personnage tente de prendre l’avantage sur l’autre. L’adaptation apporte donc une certaine reconnaissance par rapport au statut de la femme, chose que ne font pas les autres versions.

Chaque film propose sa vision des rapports de force dans le couple. Alors que pour Polanski, Macbeth est le personnage central, avec Welles, c’est bien Lady Macbeth qui capte toute l’attention du spectateur. Kurosawa enfin, expose une version très personnelle de la pièce, et dépeint deux personnages égaux et en conflit, ce qui fait de sa version la plus intéressante à traiter sur ce plan.

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Enfin, bien que souvent opposés en tout point, les amants basculent “ensemble” dans la

folie et les diverses adaptations de la pièce le montrent bien.

Dans la pièce de Shakespeare, il est difficile de dissocier le merveilleux de la folie. La pièce baigne dans une ambiance malsaine et la violence est l’élément directeur de l’intrigue. Lors de la scène du banquet, après le meurtre de Banquo, Macbeth croit voir le fantôme de ce dernier. Aucune indication n’indique pourtant si le spectre était réellement présent : le doute plane sur une folie qui reste néanmoins grandement insinuée. Pour certains réalisateurs, la folie prend le pas sur le fantastique, pour Polanski en revanche, même si la folie reste une composante essentielle de son film,Bien sûr, la folie reste une composante essentielle de son film, mais c’est bien l’univers “violent et cru” qui domine la folie et les hallucinations des personnages. Effacée par la violence réelle du film (la tête décapitée de Macbeth roulant, le meurtre sanglant de Duncan…), la folie est finalement beaucoup moins surprenante que le sang coulant à flot, qui lui peut choquer le spectateur. Pour ce qui est du jeu d’acteur, le Macbeth de Polanski semble beaucoup moins sujet à une lutte intérieure, et accepte facilement sa folle cruauté. On se rend compte que ce personnage est fondamentalement mauvais, même sans l’influence de sa femme. Ce qui rend le film de Polanski anxiogène et malaisant, ce n’est pas réellement les personnages, mais plutôt l’atmosphère et les décors. Les couleurs sont souvent proches du rouge vif, et une impression de « crasse » entoure totalement le film. Polanski place la folie dans l’univers, et non dans les personnages.

L’univers violent de Polanski

Kurosawa, en revanche, s’intéresse plus aux personnages. La folie est un sujet particulier dans sa version : chaque personnage évolue différemment avec celle-ci. Pour Asaji (Lady Macbeth), elle ne se déclenche que tardivement, très peu de temps avant sa mort. En effet, c’est seulement après avoir perdu son emprise sur Washizu (Macbeth) qu’elle sombre dans la démence. Dans son cas, la folie n’est que la preuve de son échec. Cette rupture faisant contraste avec le jeu de masque qui s’était mis en place est visuellement très brutale. Avant sa chute, aucune expression ne transparaissait chez Lady Macbeth, mais la folie la fait rompre avec son ancienne personnalité: elle est terrifiée, et cela se voit dans ses expressions.

La folie détruit le personnage de Lady Macbeth assez tardivement, contrairement à son époux. Tout comme dans la pièce, c’est dès le meurtre de Banquo que Macbeth commence à sombrer.

Macbeth est intérieurement déchiré entre la trahison de son ami, ce qui est à mettre en relief avec l’importance de l’honneur dans la culture Japonaise, et son désir de puissance. Face à ses propres contradictions, Macbeth ne trouve comme seule solution d’essayer de tuer ses propres fantômes. Finalement, sa mort sera extrêmement violente, et assez ironique : en propre folie.

Il est possible d’établir un lien avec un Japon qui lors de la seconde guerre, de la même façon

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recevant toutes ces flèches, on a l’impression que le personnage se fait consumer par sa propre folie, de manière surréaliste.

Il est possible d’établir un lien avec un Japon qui lors de la seconde guerre, de la même façon que Macbeth se perd dans sa recherche de pouvoir, a constamment cherché la puissance et s’est laissé dépasser par ses propres ambitions.

Dans la version de Welles, la folie est beaucoup moins présente. Si Macbeth se laisse corrompre par sa femme, le spectateur a plus l’impression que celui-ci est victime d’une sorte d’enchantement qui le transforme totalement (voir partie deux). Finalement, l’impression qui s’en dégage est que Macbeth n’est qu’une marionnette contrôlée par sa femme.

Même si son influence sur Macbeth est omniprésente, on ne voit pas Lady Macbeth évoluer vers la folie. Welles est d’une certaine façon peu intéressé par la folie et la violence des personnages, et se concentre beaucoup plus sur les jeux de manipulations de Lady Macbeth.

LADY MACBETH EST EN DEFINITIVE LE PERSONNAGE LE PLUS FASCINANT DE LA PIECE ET DES ADAPTATIONS CINEMATOGRAPHIQUE. ELLE DEVIENT MYTHE, ET CE N’EST PAS LE CAS DE SON EPOUX. BIEN QUE SA CONSTRUCTION REPRENNE PARFOIS CERTAINS TOPOS QUELQUE PEU MISOGYNES, SON MYSTERE ENVELOPPE L’OEUVRE ET LES CINEASTES SE DOIVENT DE COMPOSER AVEC CETTE PRESENCE PARTICULIERE. PAR AILLEURS DANS LE COUPLE ROYAL, C’EST UNE VIOLENCE SYMBOLIQUE, PLEINE DE MANIPULATION ET DE DILEMMES, QUI EST MISE EN AVANT, ET NON PAS UNE VIOLENCE PHYSIQUE. LE COUPLE MACBETH S’ENTRE-DECHIRE ET SE DISPUTE LA DOMINANCE. LES DEUX PERSONNAGES S’AUTO-DETRUISENT ET CONTINUENT AUJOURD’HUI DE CAPTIVER LE LECTEUR LAMBDA D’UNE PART, ET LES REALISATEURS DE L’AUTRE.

Romain CASANOVA, Paloma FARGIER, Thomas LAUTROU-CABASSON, Camille LEINARDI, Silane MERCIER