l’importance tactique de la vidÉo - fftt · 2015. 10. 16. · nov.-dÉc. 2013 # 02 ont...

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CAHIER TECHNIQUE # 02 NOV.-DÉC. 2013 # 02 Ont contribué à la réalisation de ce cahier technique : Bernard Bousigue, DTN-adjoint en charge logistique haut niveau Gilles Corbion, DTN adjoint en charge formation/emploi Philippe Molodzoff, Entraîneur national responsable de la formation DE Sud Jacques Mommessin, Entraîneur national en charge du pôle Performance Jeunes David Johnston, CTN responsable national des juniors garçons Etienne Guicherd, CTN en charge de l’utilisation de la vidéo pour le haut niveau féminin Pierre Legendre, CTN en charge de productions multimédia L’utilisation de la vidéo à l’entraînement et en compétition fait l’ob- jet d’un module technique placé sur la plateforme d’enseignement à distance PERF’TT. Il s’agit de l’un des modules optionnels per- mettant de préparer le grade d’entraîneur fédéral. La vidéo d’un match peut en effet être appréhendée sous différents éclairages ou points de vue… Lors du premier visionnage, on aura tendance à se conduire comme un spectateur en appréciant les beaux points et en faisant davantage attention aux aspects techniques du jeu des adver- saires en présence. Pour que ce côté technique soit développé, il faudra d’ailleurs avoir recours à de nombreux ralentis. Pour mettre en valeur le point de vue tactique, l’attention devra se porter plus précisément sur les placements de balle : ventre, diagonale et latérale ou bien en profondeur : court, deux rebonds et long. Le troisième point de vue est celui de l’amélioration du comporte- ment et de la gestion du temps et notamment du temps mort qui ponctue chaque point joué. Chaque émotion née du gain ou de la perte du point joué précé- demment se répercute dans le laps de temps qui suit. On sait que les champions gèrent mieux que les autres joueurs ces périodes d’entre deux points ; c’est pourquoi il est important de réaliser un travail dessus. Notre formation professionnelle de cadres (DEJEPS) comprend également un module pratique d’une semaine, destiné à se per- fectionner dans la prise de vue, le montage et l’analyse de la vidéo. En mai dernier, lors du Mondial de Bercy, cinq stagiaires formés sur Dartfish ont ainsi collaboré au travail mis en œuvre par la DTN sur l’application «smartping» sur mobiles et à la diffusion des extraits (Best of) de matchs en léger différé. Pour l’occasion, ils ont appris à manier des tablettes graphiques permettant de coder en direct les rencontres afin d’en tirer instan- tanément les statistiques. A la suite de ces journées éprouvantes de travail, leur vision de la tâche du coach avait évolué et l’utilisation de l’outil informatique au service de la formation avait pris une importance prépondé- rante à leurs yeux. • http://intranetdtn.wordpress.com/2013/04/30/un-experience- technologique-inedite-sur-bercy/ • http://intranetdtn.wordpress.com/2013/09/03/analyse-sur-les-touches-de- balles-au-mondialping/ • http://intranetdtn.wordpress.com/2013/06/17/mondial-ping-les- statistiques-de-jeu/ • http://www.dartfish.com/fr/ • http://www.fencestat.fr/fr/francais/produits/pingstat.html SITOGRAPHIE VIDÉO ET FORMATION Les derniers championnats du monde à Bercy ont été le théâtre d’une première en matière d’innovation audiovisuelle. Un groupe de stagiaires en formation au diplôme d’Etat spécialité tennis de table a été piloté par des conseillers techniques de la DTN. Ce groupe a analysé en direct l’ensemble des rencontres filmées en qualité «haute définition» pour en extraire immédiatement des résumés (best of, statistiques de jeu…) consultables à partir d’un smartphone (apple ou androïd). Cette expérimentation, basée sur l’utilisation du logiciel d’analyse vidéo Dartfish (voir article France TT de décembre 2011), a été largement relayée par le service communication de la FFTT et sur le blog de la DTN (http://intra- netdtn.wordpress.com/). Les résultats sont fascinants et ouvrent de nombreuses pistes de développement quant aux usages de la vidéo au service de la performance, et plus simplement de la progression du joueur quel que soit son niveau. A travers l’expérience de divers acteurs, nous allons appréhender, dans ce cahier technique, cet outil dans ses différentes formes d’uti- lisation pour en définir les intérêts et les limites. Aujourd’hui, l’intérêt de la vidéo dans le domaine de l’entraînement n’est plus à démontrer. Le développement de son utilisation a engen- dré la création de nombreux logiciels de traitement, d’analyse et de montage dédiés au sport. L’application de ces outils génère, par conséquent, de nouvelles opportunités. Outre les possibilités d’analyses techniques et tactiques précises, les outils «vidéo» facilitent, aujourd’hui, la conception des bases de données thématiques permettant à chacun des acteurs du «ping» (entraîneurs, joueurs, dirigeants, formateurs...) de disposer de contenus définis dans le cadre de leurs champs d’actions et de compétences. Néanmoins, comme en concluent Jacques Mommessin et David Johnston, son utilisation ne constitue pas une fin en soi mais bien un appui, un support à la quête de progression, voire d’excellence. L’ANALYSE VIDÉO LA VIDÉO : MODE OU NÉCESSITÉ ? L’IMPORTANCE TACTIQUE DE LA VIDÉO © FFTT / Manfred Schillings UTILISATION DES DONNÉES STATISTIQUES À GRANDE ÉCHELLE Un autre grand intérêt de ce type d’outil est d’apporter une meilleure compréhension du tennis de table de haut niveau par la production de données tangibles et observables qui dépassent les impressions parfois, pour ne pas dire souvent, des joueurs et entraîneurs. Ces données sont intéressantes, d’une part, pour les staffs des équipes de France afin d’avoir une connaissance pointue de notre discipline et aussi, dans un souci de formation, afin que les futurs entraîneurs, bénévoles ou professionnels, fassent évoluer leur conception de l’en- traînement et la pratique. Aussi, pour donner un exemple concret, voici les données recueil- lies lors du Mondial, à l’aide d’une application smartphone/tablette (Pingstat), associées également au logiciel Dartfish : • Le nombre moyen de touches de balle (réglementaires) : F : finale ; SF : demi-finale ; QF : quart de finale ; R16 : 8 e de F ; R32 : 16 e de F ; R64 : 32 e de F ; R128 : 64 e de F ; Q : qualifications • Sur la répartition des points marqués (sur le total des matchs réfé- rencés) : Les outils mis à disposition à l’heure actuelle offrent des perspectives jusqu’alors inexploitées qui dépassent largement les données présen- tées succinctement dans cet article. DONNÉES CHIFFRÉES Qui, de nos jours, pourrait imaginer regar- der un spectacle sportif dénué de toute statistique ? Les 192 km/h du dernier service de Rafaël Nadal, les 56 % de tirs à 3 points de Tony Parker, les 9 kms parcourus par Blaise Matuidi durant le dernier match du PSG… S’appuyer sur des chiffres constitue un argu- ment de changement incontestable. La conception d’une grille d’analyse statistique de matchs sur une feuille de calcul «excel» m’a permis, des années durant, de démon- trer aux joueurs quelle importance pouvait avoir en réalité l’observation qui leur sem- blait anodine au premier abord. En effet, la difficulté la plus fréquemment rencontrée par les entraîneurs sur le terrain est bien l’échelonnage de l’observation réalisée. Dire à un joueur qu’il a commis beaucoup de fautes en démarrage du coup droit ne revêt pas du tout la même valeur que le chiffrage de cette évaluation : «Tu as commis 45 % de fautes en démarrage du coup droit, c’est-à-dire quasiment une sur deux !» Voilà un argument de taille qui pèse lourd dans la balance décisionnelle du joueur. Nos démonstrations en tant qu’entraîneurs doivent forcément s’appuyer sur l’image, et la vidéo représente l’arme absolue de notre commerce. À cet égard, chiffres et images sont complémentaires. Les statis- tiques permettent de rendre compte d’une situation globale, de l’analyse d’un set ou d’un match entier… l’image autorisant l’ath- lète et l’entraîneur à zoomer sur le détail, la manière de faire et trouver la modification à apporter le plus efficacement possible… Depuis quelques années, le service rendu aux entraîneurs par le logiciel d’analyse de vidéo sportive Dartfish est conséquent car il allie les deux paramètres au moyen d’une grille de notation couplée à l’image des séquences de points joués. CONCLUSION

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# 02

CAHIER TECHNIQUE

# 02 NOV.-DÉC. 2013

# 02

Ont contribué à la réalisation de ce cahier technique : Bernard Bousigue, DTN-adjoint en charge logistique haut niveau Gilles Corbion, DTN adjoint en charge formation/emploiPhilippe Molodzoff, Entraîneur national responsable de la formation DE SudJacques Mommessin, Entraîneur national en charge du pôle Performance JeunesDavid Johnston, CTN responsable national des juniors garçons Etienne Guicherd, CTN en charge de l’utilisation de la vidéo pour le haut niveau fémininPierre Legendre, CTN en charge de productions multimédia

L’utilisation de la vidéo à l’entraînement et en compétition fait l’ob-jet d’un module technique placé sur la plateforme d’enseignement à distance PERF’TT. Il s’agit de l’un des modules optionnels per-mettant de préparer le grade d’entraîneur fédéral. La vidéo d’un match peut en effet être appréhendée sous différents éclairages ou points de vue…Lors du premier visionnage, on aura tendance à se conduire comme un spectateur en appréciant les beaux points et en faisant davantage attention aux aspects techniques du jeu des adver-saires en présence. Pour que ce côté technique soit développé, il faudra d’ailleurs avoir recours à de nombreux ralentis. Pour mettre en valeur le point de vue tactique, l’attention devra se porter plus précisément sur les placements de balle : ventre, diagonale et latérale ou bien en profondeur : court, deux rebonds et long. Le troisième point de vue est celui de l’amélioration du comporte-ment et de la gestion du temps et notamment du temps mort qui ponctue chaque point joué. Chaque émotion née du gain ou de la perte du point joué précé-demment se répercute dans le laps de temps qui suit. On sait que les champions gèrent mieux que les autres joueurs ces périodes d’entre deux points ; c’est pourquoi il est important de réaliser un travail dessus.Notre formation professionnelle de cadres (DEJEPS) comprend également un module pratique d’une semaine, destiné à se per-fectionner dans la prise de vue, le montage et l’analyse de la vidéo. En mai dernier, lors du Mondial de Bercy, cinq stagiaires formés sur Dartfish ont ainsi collaboré au travail mis en œuvre par la DTN sur l’application «smartping» sur mobiles et à la diffusion des extraits (Best of) de matchs en léger différé. Pour l’occasion, ils ont appris à manier des tablettes graphiques permettant de coder en direct les rencontres afin d’en tirer instan-tanément les statistiques.A la suite de ces journées éprouvantes de travail, leur vision de la tâche du coach avait évolué et l’utilisation de l’outil informatique au service de la formation avait pris une importance prépondé-rante à leurs yeux.

• http://intranetdtn.wordpress.com/2013/04/30/un-experience-technologique-inedite-sur-bercy/ • http://intranetdtn.wordpress.com/2013/09/03/analyse-sur-les-touches-de-balles-au-mondialping/• http://intranetdtn.wordpress.com/2013/06/17/mondial-ping-les-statistiques-de-jeu/• http://www.dartfish.com/fr/• http://www.fencestat.fr/fr/francais/produits/pingstat.html

SITOGRAPHIE

VIDÉO ET FORMATION

Les derniers championnats du monde à Bercy ont été le théâtre d’une première en matière d’innovation audiovisuelle. Un groupe de stagiaires en formation au diplôme d’Etat spécialité tennis de table a été piloté par des conseillers techniques de la DTN. Ce groupe a analysé en direct l’ensemble des rencontres filmées en qualité «haute définition» pour en extraire immédiatement des résumés (best of, statistiques de jeu…) consultables à partir d’un smartphone (apple ou androïd). Cette expérimentation, basée sur l’utilisation du logiciel d’analyse vidéo Dartfish (voir article France

TT de décembre 2011), a été largement relayée par le service communication de la FFTT et sur le blog de la DTN (http://intra-netdtn.wordpress.com/). Les résultats sont fascinants et ouvrent de nombreuses pistes de développement quant aux usages de la vidéo au service de la performance, et plus simplement de la progression du joueur quel que soit son niveau.A travers l’expérience de divers acteurs, nous allons appréhender, dans ce cahier technique, cet outil dans ses différentes formes d’uti-lisation pour en définir les intérêts et les limites.

Aujourd’hui, l’intérêt de la vidéo dans le domaine de l’entraînement n’est plus à démontrer. Le développement de son utilisation a engen-dré la création de nombreux logiciels de traitement, d’analyse et de montage dédiés au sport. L’application de ces outils génère, par conséquent, de nouvelles opportunités.Outre les possibilités d’analyses techniques et tactiques précises, les outils «vidéo» facilitent, aujourd’hui, la conception des bases de

données thématiques permettant à chacun des acteurs du «ping» (entraîneurs, joueurs, dirigeants, formateurs...) de disposer de contenus définis dans le cadre de leurs champs d’actions et de compétences. Néanmoins, comme en concluent Jacques Mommessin et David Johnston, son utilisation ne constitue pas une fin en soi mais bien un appui, un support à la quête de progression, voire d’excellence.

L’ANALYSE VIDÉO

LA VIDÉO : MODE OU NÉCESSITÉ ?

L’IMPORTANCE TACTIQUE DE LA VIDÉO©

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UTILISATION DES DONNÉESSTATISTIQUES À GRANDE ÉCHELLEUn autre grand intérêt de ce type d’outil est d’apporter une meilleure compréhension du tennis de table de haut niveau par la production de données tangibles et observables qui dépassent les impressions parfois, pour ne pas dire souvent, des joueurs et entraîneurs. Ces données sont intéressantes, d’une part, pour les staffs des équipes de France afin d’avoir une connaissance pointue de notre discipline et aussi, dans un souci de formation, afin que les futurs entraîneurs, bénévoles ou professionnels, fassent évoluer leur conception de l’en-traînement et la pratique.Aussi, pour donner un exemple concret, voici les données recueil-lies lors du Mondial, à l’aide d’une application smartphone/tablette (Pingstat), associées également au logiciel Dartfish :

• Le nombre moyen de touches de balle (réglementaires) :

F : finale ; SF : demi-finale ; QF : quart de finale ; R16 : 8e de F ; R32 : 16e de F ; R64 : 32e de F ; R128 : 64e de F ; Q : qualifications

• Sur la répartition des points marqués (sur le total des matchs réfé-rencés) :

Les outils mis à disposition à l’heure actuelle offrent des perspectives jusqu’alors inexploitées qui dépassent largement les données présen-tées succinctement dans cet article.

DONNÉES CHIFFRÉES

Qui, de nos jours, pourrait imaginer regar-der un spectacle sportif dénué de toute statistique ?Les 192 km/h du dernier service de Rafaël Nadal, les 56 % de tirs à 3 points de Tony Parker, les 9 kms parcourus par Blaise Matuidi durant le dernier match du PSG… S’appuyer sur des chiffres constitue un argu-ment de changement incontestable. La conception d’une grille d’analyse statistique de matchs sur une feuille de calcul «excel» m’a permis, des années durant, de démon-trer aux joueurs quelle importance pouvait avoir en réalité l’observation qui leur sem-blait anodine au premier abord.

En effet, la difficulté la plus fréquemment rencontrée par les entraîneurs sur le terrain est bien l’échelonnage de l’observation réalisée. Dire à un joueur qu’il a commis beaucoup de fautes en démarrage du coup droit ne revêt pas du tout la même valeur que le chiffrage de cette évaluation : «Tu as commis 45 % de fautes en démarrage du coup droit, c’est-à-dire quasiment une sur deux !» Voilà un argument de taille qui pèse lourd dans la balance décisionnelle du joueur.Nos démonstrations en tant qu’entraîneurs doivent forcément s’appuyer sur l’image, et la vidéo représente l’arme absolue de

notre commerce. À cet égard, chiffres et images sont complémentaires. Les statis-tiques permettent de rendre compte d’une situation globale, de l’analyse d’un set ou d’un match entier… l’image autorisant l’ath-lète et l’entraîneur à zoomer sur le détail, la manière de faire et trouver la modification à apporter le plus efficacement possible… Depuis quelques années, le service rendu aux entraîneurs par le logiciel d’analyse de vidéo sportive Dartfish est conséquent car il allie les deux paramètres au moyen d’une grille de notation couplée à l’image des séquences de points joués.

CONCLUSION

Page 2: L’IMPORTANCE TACTIQUE DE LA VIDÉO - FFTT · 2015. 10. 16. · NOV.-DÉC. 2013 # 02 Ont contribué à la réalisation de ce cahier technique : ... TT de décembre 2011), a été

L’ANALYSE VIDÉO L’ANALYSE VIDÉO

L’OUTIL VIDÉO LES BONNES PRATIQUESLE TÉMOIGNAGEDE DAVID JOHNSTONQuand tu filmes une rencontre de tennis de table, quel angle de vue privilégies-tu ?L’angle où finalement le joueur ne cache pas la vue de la caméra quand il est au service. Donc à droite de la table en diago-nale quand le droitier sert lancé à partir de son «côté revers».Le problème se pose lorsqu’un droitier joue un gaucher car, un set sur deux, un des deux joueurs va gêner l’angle de vue.L’idéal est d’avoir le score en même temps.Placer la caméra juste derrière le joueur peut être intéressant pour observer les tra-jectoires de balles.

Quels sont les meilleurs moments pour revenir sur un match que tu as filmé d’un des joueurs que tu entraînes ?Le meilleur moment est certainement le lendemain – voire le surlendemain – car le match est encore frais dans la tête du joueur et l’analyse «à froid» possible, la nuit ayant aidé à décompresser. Ce laps de temps assez court permet de se redonner des objectifs d’entraînement sur les séances suivantes.Il est de bon ton de laisser passer plus de temps en cas de défaites traumatisantes – voire ne pas regarder du tout le match. Attention certains joueurs n’aiment pas

se voir perdre. L’idée de regarder tran-quillement un match avec son joueur est un moment intéressant dans la relation entraîneur/entraîné. Il permet de discuter du match, mais aussi d’aborder d’autres sujets.L’avantage de la vidéo est qu’elle reste un bon «juge de paix» pour montrer et appuyer des éléments directement observables par le joueur.

Quel est l’intérêt d’un montage dès lors qu’on a filmé un joueur qu’on entraîne ?Il y a plusieurs intérêts à réaliser un mon-tage :- observer les éléments techniques : points forts, points faibles, points à travailler, points en évolution… Attention : on a trop souvent tendance à montrer ce qui ne marche pas à la vidéo ! Observer le positif peut don-ner confiance au joueur et également des repères ;- déceler les aspects tactiques ;- dégager des statistiques ;- créer des «best of» pour les assemblées de club, les clips publicitaires, etc.

Y a-t-il une manière de filmer un match ou un entraînement pour mieux percevoir les aspects techniques ou tactiques ?Même si les deux sont possibles, filmer à l’entraînement permet de plus insister sur les aspects techniques ; en compétition cela reste plus intéressant sur les aspects tac-

tiques (même si la technique peut être aussi observée, notamment en situation de fatigue ou de stress).La technologie aidant, de plus en plus d’entraîneurs utilisent les smartphones ou tablettes pour filmer en général de courtes séquences à l’entraînement, cela permet un «feed back» rapide et direct pour le joueur.

Est-il intéressant de se faire une base de données d’adversaires potentiels ?Plus vous montez de niveau, plus il est inté-ressant «d’espionner» ses adversaires, mais également de faire des statistiques et des montages sur les confrontations directes. Cette pratique est largement utilisée par les entraîneurs de l’INSEP notamment à l’aide du logiciel «Dartfish».Néanmoins, il faut rester vigilant, chaque match est différent, la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain !

Quel type de matériel acheter quand on veut commencer à filmer entraînement et compétition et réaliser ensuite un retour avec le ou les joueurs ?Les caméras à disque dur semblent les plus adaptées et les plus pratiques actuellement.Pour conclure, je dirais que la vidéo reste un outil très intéressant mais doit être consom-mée avec modération car elle est, d’une part, preneuse de temps et elle ne doit pas, d’autre part, suppléer au volume d’entraîne-ment du joueur nécessaire à sa progression.

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Tout d’abord, il est important de bien comprendre dans quel contexte on se trou-vait à ce moment-là : nous étions dans le dixième jour de compétition, nous avions perdu la finale dans le «par équipes» avec deux défaites d’Enzo. Associé à Mehdi Bouloussa, il s’était fait éliminer prématuré-ment en double. Enzo avait déjà disputé six matchs dont trois remportés à la 7e manche dans le tableau des simples. Donc, un par-cours un peu difficile depuis le début de la compétition avec beaucoup d’instabi-lité. Enzo n’a jamais montré de signes de panique et je lui ai toujours tenu le même discours : «La finalité, c’est de toujours com-battre et de passer les tours».Avec toutes les images recueillies par Mickael Simon et Charles Bourget, j’avais en ma possession de nombreuses données sur chaque futur adversaire que j’avais pu étudier en amont afin de mettre en place des stratégies. Compte tenu du temps dis-ponible et de la connaissance préalable de l’adversaire, nous avons visionné ensemble les joueurs, ce qui a permis à Enzo de s’ap-proprier davantage les données tactiques. Concernant la finale, j’ai pu m’appuyer sur le match perdu par Enzo sur Pucar dans l’épreuve par équipes. J’ai décortiqué cette confrontation avec l’aide précieuse de Charles qui avait fait une grosse partie du travail de séquençage, ce qui a notamment permis de voir comment les points avaient été gagnés ou perdus.Enzo terminait sa demi-finale sur le Portugais Geraldo vers 12h45 alors que la finale était programmée à 15h00. Nous avions peu de temps entre son déjeuner, un temps de repos et sa préparation physique et tech-nique. Après discussion sur le programme nous avions décidé de nous retrouver 20 à 25 minutes avant la rencontre pour travailler à l’aide des images. C’était l’occasion de lui faire part de mes idées tactiques, images à l’appui ! Ma démarche était surtout de faire ressortir les points positifs lors de sa première confrontation avec le Croate. Même si parfois la conclusion n’était pas là pour Enzo, le processus de construction du point était bon. Ensuite, par petites touches, mon souhait était de mettre en évidence les choses à éviter. D’abord en termes de pla-cements de balle (au service, en démarrage ou en retour de service), mais également sur le plan technique (placement de jambes,

qualité de touche de balle). Pour finir, j’ai voulu lui montrer que sur le plan mental il fallait être là dans les intentions de jeu, en me servant de ses choix potentiels en retour de service. Il allait jouer une finale de cham-pionnat d’Europe ! La possibilité de faire défiler les séquences que j’avais choisies d’Enzo au service, entre autres, était le moyen de bien identi-fier les zones à toucher et avec quels types de balles (longueur et rotation). Cela per-mettait aussi d’observer les réactions du Croate pour essayer d’anticiper son retour de service. Ainsi, nous pouvions imaginer les enchaînements possibles et entrevoir de façon efficace les premiers coups de raquette après le service. Pouvoir vision-ner les séquences identiques dans plusieurs phases de jeu était très intéressant pour Enzo. Cela lui a permis de bien visua-liser les réactions de Pucar en remise, les principaux services qu’il utilise, ses enchaî-nements, ses placements de balle privilégiés etc. Cet instant de travail à la vidéo nous a aussi rappelé toute la rigueur qu’il faudrait

fournir, sur les plans technique et tactique, pour aller chercher ce titre. Néanmoins, la vidéo reste en com pétition un outil qu’il faut utiliser avec beaucoup de précautions. Certes, il est précieux et il nous permet d’avoir des données assez objec-tives sur un match ou un joueur, mais il ne faut pas oublier que chaque athlète peut être différent et surprendre sur les matchs ou les compétitions suivantes. Pour ces raisons, il faut aussi préparer le joueur à ce que les choses ne soient pas comme on les avait prévues et lui demander d’être capable de s’adapter dans l’instant à ce nouveau contexte.En finale, Enzo a réussi un match parfait sur le plan tactique. La vidéo, sans aucun doute, nous a apporté un plus. Mais ce type de prestation technique et donc tactique, n’aurait pas été possible sans le travail qu’Enzo a fourni au quotidien tout au long de sa jeune carrière et qui a porté ses fruits. Il a su s’approprier tous les outils mis à sa disposition. La vidéo en fait partie, que ce soit à l’entraînement ou bien en compétition.

PRÉPARATION DE LA FINALE DES CHAMPIONNATSD’EUROPE JEUNES 2013 D’ENZO ANGLES PAR JACQUES MOMMESSIN

Jacques Mommessin et Enzo Angles

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SITUATION L’UTILISATION DE LA VIDÉO AU SERVICE DE LA PERFORMANCE DANS LE GROUPE FRANCE FÉMININ INSEP

Actuellement, le travail vidéo effectué auprès du groupe INSEP filles s’articule autour prin-cipalement de deux axes :

1. L’analyse de la joueuse. En cumulant plu-sieurs matchs, il est possible de générer, à l’aide du logiciel d’analyse vidéo Dartfish, des statistiques précises permettant de déterminer les secteurs de jeu forts et faibles des joueuses afin de dégager des pistes d’entraînement sur des bases concrètes. Cet outil peut s’utiliser en tant que moyen d’évaluation également au cours de la sai-son. Le gros avantage de ce logiciel est qu’il permet une association immédiate avec les

vidéos adéquates ainsi qu’une recherche dans une base de données multicritères facilement personnalisable (technique, un moment du match particulier, type service ou de remise, schèmes de jeu).Par exemple, les statistiques de la finale des championnats du Monde :

2. Le «scooting» qui consiste à recueillir des vidéos des adversaires des joueuses des équipes de France afin de fournir

aux coachs et aux joueuses un maximum d’informations utiles avant les échéances importantes.

Ce travail peut se faire in situ, avec les joueuses et les coachs, mais également à distance par le biais de la chaîne DartfishTV

(http://www.dartfish.tv/fftt) qui offre la possibilité d’avoir des co l lec t ions pr ivées que les coachs peuvent par exemple utiliser pour stoc-ker des v idéos (matchs

bruts ou analysés) et les visionner où qu’ils se situent sur la planète.

Service Remise 3e balle 4e balle Rallye Total

Li Xiaoxia 1 7 9 10 30 57

Liu Shiwen 5 9 7 8 29 58

Total 6 16 16 18 59 115