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Marie St-Vincent Nicole Vézina

Marie BellemareDenys DenisÉlise Ledoux

Daniel Imbeau

L’interventionenergonomie

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I ntervenir en ergonomie, tel est le propos de ce livre. Il vous guidera

dans la manière d’accompagner les acteurs d’une entreprise dans un processus d’amélioration du travail, en vue de préserver la santé des personnes, tout en optimisant la production. L’ouvrage présente une vision moderne de l’intervention

ergonomique. Il propose d’abord un modèle de la personne en activité, de même qu’un modèle de l’intervention, et explique d’une manière claire les grands concepts sous-jacents à l’intervention ergonomique. L’ouvrage décrit par la suite les grandes étapes à réaliser, de l’analyse de la demande au suivi des transformations.Il inclut une réflexion sur la pratique et propose aux lecteurs des outils concrets.

L’intervention en ergonomie est le reflet de la pratique des chercheurs et praticiens québécois et de l’expérience de près de 30 ans de recherche action, dont l’essor a été grandement favorisé par le soutien de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

S’inspirant du discours de praticiens, le livre est d’abord destiné aux enseignants et aux étudiants en ergonomie pour accompagner leur formation à l’intervention ergonomique. L’intervention en ergonomie est également d’intérêt pour tous les ergonomes, novices ou chevronnés, de même que pour les divers praticiens impliqués en santé-sécurité du travail. Sa lecture sera également utile à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qu’est une intervention en ergonomie, qu’il s’agisse des acteurs du milieu de travail ou des professionnels des disciplines connexes qui ont à interagir avec les ergonomes.

ISBN 978-2-89544-165-6

9 782895 441656

Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travailNoir

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CouvAméliorer.indd 1 11-05-20 15:08

Coordination du projet : Josée Lapierre

Page couverture : L’œil, œuvre de Marie St-Vincent

« L’œil a été choisi comme illustration, car l’observation est centrale en ergonomie. La toile représente plusieurs yeux qui symbolisent les divers regards que posent l’ergonome et les acteurs avec qui il collabore sur les situations de travail. » (Marie St-Vincent)

Photographie de la couverture : Untimo

Illustrations : Samarkand (illustrations 1.1, 1.2, 1.3, 2.1, 2.2, 2.3, 2.4, 3.1, 5.2, 7.4, 8.1, 8.2 et figures Étapes et livrables de la démarche d’inter vention ergonomique)

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives CanadaVedette principale au titre : L’intervention en ergonomie Publ. en collab. avec : IRSST. ISBN 978-2-89544-165-61. Ergonomie – Pratique. 2. Maladies professionnelles - Prévention. I. St-Vincent, Marie, 1955- . II. IRSST (Québec).TA166.I57 2011 620.8’2 C2011-940899-6

© Éditions MultiMondes, 2011 ISBN : 978-2-89544-165-6 (imprimé) ; 978-2-89544-376-6 (PDF) ; 978-2-89544-981-2 (EPUB) Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2011

DIStrIBUtIoN AU CANADAPrologUE INC. 1650, boul. lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7 CANADAtéléphone : 450 434-0306 tél. sans frais : 1 800 363-2864 télécopie : 450 434-2627 téléc. sans frais : 1 800 361-8088 [email protected] http://www.prologue.caDIStrIBUtIoN EN FrANCElIBrAIrIE DU QUÉBEC/DNM 30, rue gay-lussac 75005 Paris, FrANCEtéléphone : 01 43 54 49 02 télécopie : 01 43 54 39 15 [email protected] http://www.librairieduquebec.fr

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les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’en-tremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Elles remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SoDEC) pour son aide à l’édition et à la promotion. Elles remercient également le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à son programme de publication.gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SoDEC.

imprimé au canada/printed in canada

l’Institut de recherche robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IrSSt) 505, boulevard de Maisonneuve ouest Montréal (Québec) H3A 3C2 téléphone 514 288-1551 télécopie : 514 288-7636 [email protected] www.irsst.qc.ca



Daniel Imbeau



À Antoine Laville.

Puisse cet ouvrage transmettre à de nombreux étudiants

sa passion de l’ergonomie.

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LES AUTEURS

MARIE ST-VINCENT, Ph. D. en physiologie, Post-doctorat en ergonomie. Chercheure à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), où elle est responsable du champ de recherche portant sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Elle est professeure associée au Département de mathématiques et de génie industriel de l’École Polytechnique de Montréal. Ses intérêts de recherche portent sur la prévention des TMS, l’intervention ergonomique, l’ergonomie participative et les activités de manutention.

NICoLE VÉzINA, Ph. D. en ergonomie. Professeure au Département de kinanthropologie de l’Université du Québec à Montréal et responsable de la maîtrise professionnelle en ergonomie. Ses intérêts de recherche portent sur le développement et l’évaluation des interventions ergonomiques visant la prévention des troubles musculo-squelettiques, l’analyse des savoir-faire manuels transmissibles dans le cadre de formations en milieu de travail et la santé des travailleuses. Elle est membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l’environnement (CINBIoSE).

MARIE BELLEMARE, Ph. D. en ergonomie. Professeure agrégée au Département des relations industrielles de l’Université Laval à Québec. Ses intérêts de recherche portent sur l’intégration de la prévention dans les processus de conception des situations de travail, les projets de conception industriels et architecturaux, la prévention primaire des problèmes de santé liés au travail et les pratiques des acteurs de la prévention, particulièrement face aux troubles musculo-squelettiques. Elle est membre de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité au travail de l’Université Laval.

DENyS DENIS, Ph. D. en ergonomie. Chercheur à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et professeur associé au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal. Ses intérêts de recherche portent sur la méthodologie de

L’intervention en ergonomie

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l’intervention ergonomique, les techniques d’observation en ergonomie, les activités de manutention, la prévention des troubles musculo-squelettiques et la formation en milieu de travail.

ÉLISE LEDoUx, Ph. D. en ergonomie. Chercheure à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et professeure associée au Département de kinanthropologie de l’Université du Québec à Montréal et au Département des relations industrielles de l’Université Laval à Québec. Ses intérêts de recherche portent sur l’organisation du travail et la conception des espaces, la relation de service et la prévention dans le secteur des services et l’intégration sécuritaire et compétente des nouveaux des travailleurs.

DANIEL IMBEAU, ing., Ph. D. Professeur titulaire au Département de mathématiques et de génie industriel à l’École Polytechnique de Montréal, il enseigne l’ergonomie occupationnelle et le génie industriel. Ses intérêts de recherche portent sur l’ergonomie occupationnelle (biomécanique occupationnelle, charge de travail physique, troubles musculo-squelettiques, contrainte thermique, aspects économiques des projets en SST), la sécurité et l’amélioration continue (programmes d’amélioration continue, intégration de l’ergonomie dès la conception, interventions pour l’amélioration de la productivité et de la SST). Il est le directeur de la Chaire de recherche du Canada sur l’intervention ergonomique pour la prévention et la réadaptation des troubles musculo-squelettiques (TMS).

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REMERCIEMENTS

Un ouvrage comme celui-ci est le fruit de la collaboration de nombreuses personnes.

Le collectif d’auteurs remercie chaleureusement les praticiens qui ont témoigné de leur pratique avec autant de générosité. Leur discours a enrichi plusieurs chapitres et a contribué à la réalisation du chapitre 9 sur la pratique. À juste titre, ces praticiens peuvent être considérés comme des collaborateurs. Nous soulignons donc avec beaucoup de gratitude la participation des praticiens suivants : Robert Alie, Annette Beauvais, Josée-Marie Couture, Jocelyne Dubé, Isabelle Gagnon, Serge Guertin, Audrey Lalumière, Dominique Le Borgne, Micheline Marier, Rose-Ange Proteau, et yves St-Jacques.

Nous sommes également redevables aux ergonomes qui ont accepté de participer aux comités de pré-lecture et de lecture. L’ouvrage a beaucoup été enrichi à la suite de leurs commentaires, si pertinents. C’est avec eux que nous avons co-construit ce livre. Nous sommes donc très reconnaissants à : Geneviève Baril-Gingras, Annabelle Viau-Guay, Sandrine Caroly, Céline Chatigny, Marie-Ève Chiasson, Caroline Delisle, Fernande Lamonde, Sylvie Montreuil, Sylvie ouellet, Ana-Maria Seifert, Catherine Teiger, Georges Toulouse et Jocelyn Villeneuve.

Un merci spécial à trois ergonomes qui ont accepté à la fois d’être interrogés sur leur pratique et de réviser l’ouvrage. Nous soulignons ici le travail de Marie Authier, Ghislaine Tougas et Serge Simoneau.

Nous remercions aussi, pour une seconde fois, deux chercheures qui nous ont permis d’utiliser une partie de leurs travaux : Geneviève Baril-Gingras pour ses outils sur l’analyse du contexte et Anabelle Viau-Guay, pour sa collaboration spéciale au chapitre 9, « Le praticien ergonome ».

Les auteurs sont également très reconnaissants aux représentants du Conseil Scientifique de l’Institut Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) de même qu’aux membres de la permanence. Nous les


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remercions pour la confiance accordée et pour avoir permis cet important travail de création. Ils contribuent ainsi à une longue tradition de l’IRSST quant à son engagement dans les études terrain.

Un témoignage spécial à Linda Savoie et à Louis Lazure pour leur aide, de même qu’à Colette Désilet pour la transcription des comptes-rendus intégraux des entretiens des praticiens.

Le collectif d’auteurs exprime toute sa gratitude et son estime à Josée Lapierre. Sans sa détermination et son travail acharné, il n’est pas certain que l’ouvrage aurait vu le jour.

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PRÉFACE

Cet ouvrage, on l’attendait !... mais il fallait que des personnes très courageuses s’y attellent ! Peut-on mieux dire à quel point l’on présage l’accueil enthousiaste qui lui sera fait par tous les ergonomes, praticiens et enseignants/chercheurs, novices et expérimentés, québécois et autres (on en souhaite déjà des traductions pour nos collègues non francophones !).

À notre connaissance, cet ouvrage n’a pas d’équivalent. Il deviendra, n’en doutons pas, le livre de chevet des étudiants et débutants, issus de disciplines variées, qui s’affrontent aux mille découvertes et pièges de l’intervention sur le terrain, munis, certes, de bons principes et de nombreuses connaissances, mais dépourvus de recul, malgré les stages réalisés durant leurs études. Il sera aussi le livre de référence des plus chevronnés qui cherchent à pratiquer toujours mieux leur métier et chercheront à confronter leur expérience à celles qui font la trame de ce livre, afin de découvrir d’autres façons de voir et de faire.

Nous sommes donc très reconnaissantes au collectif d’auteurs et admi-ratives du travail accompli, sachant ce que cela représente de réfléchir sur des pratiques professionnelles et, surtout, de les mettre en forme de façon suffisamment didactique pour les transmettre efficacement, et sans décourager les lecteurs ! Cet ouvrage agréable à lire, ce qui ne gâte rien, présente des exemples bien choisis et bien exploités, des schémas explicites. Il est donc un objet « ergonomique », c’est-à-dire qu’il peut être considéré comme un outil « adapté » à l’activité de ses futurs utilisateurs.

L’ergonomie s’est définie, en effet, à son origine dans les années cinquante, comme visant l’adaptation du travail à la personne. Cette discipline encore très jeune évolue et se développe avec les trans-formations qui surviennent dans le travail et aussi selon l’avancement des connaissances scientifiques sur le fonctionnement de l’humain en tant que tel et de l’humain en activité professionnelle. Son objectif est d’améliorer le travail pour le rendre compatible avec ce fonctionnement humain mais il existe plusieurs façons de mettre cet objectif en pratique.


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on retrouve « des ergonomies » dans le monde scientifique et aussi selon les territoires. Cet ouvrage sait rallier différentes tendances en se centrant sur l’intervention ergonomique dans les milieux de travail laquelle se fonde en grande partie sur l’activité réelle des personnes au travail.

Cet ouvrage présente une méthodologie – et ses fondements – de l’intervention à partir de l’expérience d’une trentaine d’années de pratique de l’ergonomie au Québec. Inspirée des pays francophones, mais pratiquée en territoire nord-américain, celle-ci est centrée sur l’activité de travail réalisée sur le terrain. Dans ce contexte, la présentation d’aspects réflexifs et méthodologiques sur la pratique apporte des éléments originaux à la discipline et éclairants à ses praticiens (consultants comme enseignants/chercheurs) ou à ceux en voie de le devenir.

Les principaux critères auxquels cette approche centrée sur l’activité des personnes se réfère sont la santé, la sécurité des personnes et l’efficacité des systèmes productifs. Cela, tant pour orienter son diagnostic de l’activité de travail que pour proposer et accompagner des changements dans le milieu de travail. L’objectif de l’ergonomie étant de transformer le travail pour l’améliorer, il faut donc réaliser un diagnostic sur ce qui fonctionne bien pour tendre à le maintenir dans la situation future, et sur ce qui fonctionne mal, ce qu’il faut changer par rapport à ces critères. Il s’agit d’un point de vue ancré dans des situations réelles de travail où l’activité de la personne est centrale pour repenser la situation de travail, pour l’améliorer.

L’intervention consiste donc d’abord à connaître l’activité de la personne. Pour y parvenir, qu’il soit consultant, professionnel salarié d’une entreprise ou enseignant/chercheur, l’ergonome devra maîtriser des connaissances générales du « fonctionnement de l’humain » qui travaille (raisonnements, travail musculaire, rythmes biologiques, etc.) et mettre ces connaissances en relation avec les exigences de la tâche, ses ressources et ses contraintes, et avec les activités mises en jeu dans une situation de travail particulière. Tout cela fait partie du diagnostic ergonomique. Ce livre fournit beaucoup d’illustrations et de démonstrations montrant les liens plus ou moins cachés entre les exigences du travail et la mobilisation de la personne pour arriver à atteindre les objectifs attendus par son organisation malgré les aléas et les imprévus survenant dans les situations courantes. Les auteurs montrent bien comment cette étape du diagnostic se fait progressivement et en relation avec les acteurs des organisations : travailleurs qui réalisent cette activité mais aussi leurs superviseurs, gestionnaires ou décideurs des divers services ou ateliers en lien avec

Préface

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l’activité réalisée, représentants des travailleurs dans les comités de santé et de sécurité du travail, représentants à la prévention… Le diagnostic permettra d’identifier le « quoi » (le problème identifié) sur lequel il est possible d’agir pour améliorer le travail selon les critères présentés ci-haut.

Un certain nombre d’ouvrages existent sur cette première étape du diagnostic qui a concentré depuis longtemps les efforts des auteurs du domaine. Mais le passage du diagnostic aux transformations, deuxième étape de l’intervention, n’avait pas encore été traité systématiquement et le besoin s’en faisait sentir de plus en plus. C’est ce vide, perçu par les auteurs, que vient combler ce livre.

Dans son intervention, l’ergonome devra, en effet, aussi savoir « comment » rendre possible la transformation dans ce milieu donné. Il devra maîtriser des connaissances relatives au « comment intervenir », savoir analyser le contexte et la dynamique des milieux de travail. Dans une intervention particulière, il devra être en mesure de favoriser la transformation avec les acteurs du milieu de travail pour les situations analysées. Savoir comment s’y prendre pour intervenir dans les milieux de travail pour améliorer le travail à partir du bilan du diagnostic de l’activité ne va pas de soi. Cela s’apprend et c’est le thème du livre : comment élaborer de bons repères de conception ou de transformations pour un milieu donné et comment favoriser leur implantation en tenant compte des contextes spécifiques des milieux de travail ? Ce n’est pas un hasard s’il survient actuellement dans la mesure où, comme les humains, une discipline scientifique de type « inductif » a besoin de temps pour accumuler l’expérience nécessaire à une description organisée et justifiée de sa pratique.

Sans vouloir présenter ici l’historique des développements de l’ergo-nomie au Québec1, soulignons que, déjà dans les années 1970, des diplômés issus des domaines de la réadaptation et du génie industriel, voyant des liens entre la santé et le travail, décident de poursuivre une formation spécialisée en ergonomie, principalement en France et parfois aussi dans d’autres pays européens où l’ergonomie est enseignée. Avec l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail en 1979 et la nécessité de former des personnes compétentes en prévention, l’ergonomie a pris son envol au Québec en développant des liens serrés avec les secteurs de la santé au travail et de la prévention. L’une des raisons majeures est que, depuis les années 1980, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité

1. À ce sujet voir Lortie, M., 2009, « L’ergonomie au Québec : perspectives et prospectives ». PISTES, vol. 11, no 1.


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du travail2 (IRSST) lui a fait une place dans sa structure en créant l’équipe « sécurité - ergonomie » mais aussi en reconnaissant cette formation dans ses programmes de bourses d’études3. Par ailleurs, une bonne partie de la structuration et des développements initiaux des activités de recherche et d’orientation dans ce domaine a été appuyée, à certaines périodes, par des ergonomes étrangers actifs dans plusieurs réseaux internationaux et forts reconnus en intervention et en recherche dans leur domaine4. Depuis, la formation peut se faire au Québec comme à l’extérieur du pays. Ces liens serrés entre l’activité de la personne et la santé et la sécurité du travail sont l’une des caractéristiques importantes de l’ergonomie d’ici. La préservation de la santé et la prévention demeurent des objectifs très courants dans les interventions et les recherches.

La deuxième caractéristique originale à mettre en évidence est que l’ergonomie et sa pratique se sont beaucoup développées au Québec par des interactions avec d’autres disciplines5. Ce n’est pas un hasard si les auteurs de ce livre sont d’origines diverses, qu’ils ou qu’elles travaillent au sein de programmes d’enseignement via les sciences sociales, les sciences biologiques ou médicales ou les sciences de l’ingénieur. Il n’existe pas de « département » ou d’ « unité » d’ergonomie dans les universités québécoises, ni au Canada d’ailleurs. Cette situation a permis (ou a obligé) depuis une vingtaine d’années un foisonnement interdisciplinaire peu commun. En effet, avec le grand bond en avant du développement de la santé et de la prévention au cours des années 1980 et 1990, tant en recherche que dans les divers programmes de formation, les ergonomes ont apporté leur contribution originale, pour agir en prévention et pour améliorer les situations de travail, en travaillant avec des experts d’autres disciplines, par exemple en biomécanique, en épidémiologie, en psychologie, en sciences de l’éducation, en sociologie… et, à l’intérieur de leur unité d’enseignement, dans des projets de recherche-intervention

2. L’IRSST a d’ailleurs soutenu la réalisation et la publication de cet ouvrage. 3. Il faut particulièrement souligner l’apport de Louis Berlinguet et de Jean-yves

Savoie, directeurs généraux de l’IRSST, qui ont posé des actions déterminantes au sein de l’IRSST pour développer l’ergonomie au Québec via divers pro grammes internes et externes et en lien avec les universités.

4. Les ergonomes Antoine Laville (professeur au Laboratoire d’ergonomie du Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris) et Ilkka Kuorinka (chercheur au Finnish Institute of occupational Health à Helsinki puis chef de l’équipe « sécurité-ergonomie » à l’IRSST pendant plus de cinq ans au début des années 1990), ont travaillé de longue haleine avec l’IRSST et se sont avérés des conseillers majeurs dans les orientations de l’ergonomie au sein de l’Institut, notamment dans le développement d’une ergonomie orientée vers le terrain.

5. À ce sujet voir : Vézina, N., 2003, L’ergonomie française en continent nord-américain : entre deux eaux. Actes du 38e congrès de la SELF, Paris, 2003.

Préface

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ou encore avec l’IRSST. Mais, réciproquement, ils ont favorisé l’apport d’experts de disciplines diverses au sein de leurs propres projets de recherche-intervention. Ces deux aspects ont encouragé la réflexion et l’enrichissement de la pratique. Cet ouvrage collectif le démontre clairement. Praticien d’une discipline encore jeune et en évolution, l’ergonome a toujours besoin de se définir, de se positionner pour faire sa place au sein des approches, plus traditionnelles, du travail et de la santé. Il se caractérise d’une part, par le regard qu’il porte sur la situation de travail, la lecture qu’il en fait – il est question ici de savoir bien comprendre le milieu dans lequel l’intervention se déroule pour rendre possible la transformation souhaitée – ; d’autre part, par sa capacité à se centrer sur l’activité de travail avec des outils et des modèles efficaces et parlant à tous.

Ce livre marque une étape importante de cette réflexion et il est bien représentatif de la pratique actuelle de l’ergonomie. Au fil des ans, les auteurs de ce livre ont réalisé une grande quantité de recherches-interventions dans cette optique ou sur des questions de santé au travail ; ils sont aussi actifs en enseignement et réussissent à montrer le positionnement privilégié de l’ergonomie au sein des disciplines préoccupées par le travail et la santé. Mais la pratique se développe aussi par les ergonomes professionnels, souvent consultants, sur les témoignages desquels ce livre s’appuie aussi. Les occasions de rencontre entre enseignants/chercheurs et professionnels existent sur une base régulière par la participation d’ergonomes professionnels à l’enseignement universitaire de l’ergonomie. De plus, des liens sont encouragés par des activités au sein de la section québécoise de l’Association canadienne d’ergonomie (ACE-Québec). Depuis une vingtaine d’années, des rencontres annuelles entre tous les ergonomes6 s’avèrent des lieux d’échange privilégiés et motivants pour questionner et formaliser la pratique de l’ergonomie en relation avec les développements du monde du travail. Ce livre n’aurait peut-être pas vu le jour en 2011 si de telles rencontres de réflexion et de débat n’avaient pas eu lieu.

En conclusion, ce livre d’un vrai « collectif de travail » n’est pas un livre de « recettes » exposant le « one best way » de l’intervention, mais un recueil

6. L’ACE-Québec tient chaque année les « Journées de la pratique en ergonomie ». Les ergonomes praticiens, les enseignants, les étudiants en ergonomie et ceux qui sont intéressés par la pratique de l’ergonomie y débattent de divers enjeux actuels. Cet événement s’est inspiré de celui mis en place à l’Université de Bordeaux, en France, depuis une quinzaine d’années, « Les Journées de Bordeaux sur la pratique de l’ergonomie ».


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suscitant réflexion et initiatives, proposant des méthodes mais avec les moyens d’en débattre. Il représente bien l’état d’une ergonomie « moderne », ouvrage québécois de référence sur la méthodologie d’intervention dans les situations de travail actuelles, avec les organisations nouvelles, sur les questions « chaudes » (TMS, systèmes de production lean/juste à temps, relations de service…). Il marquera ainsi une étape dans l’histoire de la discipline, nous l’avons souligné, et sera très utile immédiatement et pour un certain temps à tous ceux qui veulent être en mesure d’identifier sur quoi les acteurs des milieux de travail peuvent agir, dans le temps et dans la conjoncture qui est la leur. Car il permet de comprendre la pratique de l’ergonomie, certes, mais aussi les enjeux de la transformation des situations de travail : comprendre le travail mais aussi comprendre et agir dans les milieux de travail avec leurs dynamiques qui se transforment.

Mais qui dit étape dit que le voyage n’est pas achevé et que la route continue. Dans vingt ou trente ans, que sera l’intervention en ergonomie ? Ce livre devrait alors inspirer d’autres auteurs qui poursuivront la réflexion, la formalisation et la transmission des pratiques. D’ici là, cet ouvrage-ci devrait nous aider toutes et tous à mieux intervenir, mieux comprendre, mieux évoluer et aussi à mieux enseigner !

Sylvie Montreuil et Catherine Teiger

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TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos .........................................................................19

Introduction

Parlons d’ergonomie… ...................................................27

PArtIe I Les fondements de L’InterventIon ergonomIQue ...........................................................35

Chapitre 1 L’activité de travail : au cœur de la discipline ...........371.1 La personne en activité ...............................................38

1.2 L’activité de la personne .............................................40

1.3 Le « comment » de l’activité .........................................42

1.4 Les déterminants ou le « pourquoi » de l’activité .......43

1.4.1 Les tâches et les exigences .................................44

1.4.2 Les conditions et les moyens offerts par le milieu de travail ......................................45

1.4.3 L’environnement social ......................................50

1.5 Le rôle actif de la personne sur sa situation de travail .....................................................................54

1.5.1 Un processus de régulation : stratégie et compromis .....................................................55

1.5.2 La marge de manœuvre ....................................57

1.6 Les conséquences de l’activité ....................................58

Chapitre 2 L’intervention ergonomique : créer le mouvement ........................................................62

2.1 Un effort de définition ................................................64

2.2 Le duo comprendre – transformer .............................65


8

2.2.1 Comprendre : pour se faire une image de départ de la situation ....................................67

2.2.2 Transformer : pour en arriver à une nouvelle image améliorée .......................70

2.2.3 La proximité avec l’activité de travail ...............71

2.3 Le besoin d’approfondir : une troisième dimension de l’intervention ..........................................................72

2.3.1 Approfondir la compréhension : pour en arriver à une image plus détaillée ...............73

2.4 La démarche d’intervention en ergonomie : un casse-tête à assembler ...........................................76

En fonction d’une problématique… .............................76

Rechercher et organiser de l’information….................77

… en collaboration avec les acteurs… .........................78

… dans une perspective de transformation… .............80

… en ayant comme préoccupation centrale l’activité de travail .............................................81

PArtIe II Les étAPes de LA démArChe de L’InterventIon ergonomIQue .................................................................87

Chapitre 3 Analyser la demande .......................................................89

3.1 Une demande comme point de départ de l’intervention ..........................................................91

3.2 Un contexte à comprendre et à mettre à profit ..........94

3.2.1 L’origine de l’intervention ..................................96

3.2.2 Les caractéristiques du milieu de travail qui influencent le problème et les possibilités d’action ...................................97

3.2.3 Les dispositions à agir : les perceptions du problème, des différents acteurs, leurs enjeux .......................................................98

3.2.4 Les capacités présentes dans le milieu de travail pour agir sur le problème .................99

3.2.5 Les relations entre les différents acteurs du milieu de travail autour du « problème » ............................................... 100

Table des matières

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3.3 organiser et interpréter les informations recueillies ..... 101

3.4 Formuler un mandat d’intervention ........................ 103

Chapitre 4 réaliser des investigations préliminaires ............. 1074.1 Les actions possibles de l’ergonome

au cours des investigations préliminaires .............. 109

4.2 Rechercher les informations disponibles dans l’établissement ......................................................... 111

4.3 Apprendre des écrits scientifiques et professionnels ..................................................... 115

4.4 Documenter un projet de changement prévu par l’établissement ........................................ 116

4.5 Produire de nouvelles données ............................... 117

4.6 Classer et analyser l’ensemble des données : choisir les situations de travail à analyser .............. 118

Chapitre 5 Analyser une situation de travail et formuler un prédiagnostic ........................................................... 121

5.1 La situation de travail : un concept pour décrire et comprendre l’activité .............................. 123

5.1.1 La situation de travail : un état et des relations ................................... 123

5.1.2 Les unités d’analyse de l’activité ..................... 129

5.2 Des orientations pour les actions de l’ergonome ... 133

5.2.1 Décrire et expliquer l’activité de travail : importance de la mise à plat de l’activité ....... 133

5.2.2 L’indispensable combinaison observations/verbalisations ................................................. 135

5.2.3 D’un recueil de données ouvert à un recueil de données spécifique ..................................... 136

5.3 Les actions de l’ergonome pour établir son prédiagnostic .................................................... 140

5.3.1 Réaliser les premiers entretiens autour de la situation de travail ................................. 141

5.3.2 Réaliser les premières observations de la situation de travail ................................. 143


10

5.3.3 Analyser les résultats obtenus et établir des liens entre les différents éléments de la situation de travail ................................. 156

5.3.4 Compléter et valider l’analyse auprès des travailleurs concernés .............................. 163

Chapitre 6 du prédiagnostic au plan d’action .......................... 1656.1 Du prédiagnostic de l’ergonome au diagnostic

construit avec le milieu ........................................... 166

6.2 La présentation du prédiagnostic au milieu ........... 167

6.2.1 Choisir ses interlocuteurs et les préparer à accueillir le prédiagnostic ........................... 168

6.2.2 Structurer sa présentation et l’adapter au contexte ..................................................... 170

6.2.3 Exemple de présentation des hypothèses d’un prédiagnostic .......................................... 172

6.3 Les réactions du milieu face aux hypothèses du prédiagnostic ...................................................... 174

6.3.1 Le problème soulevé est reconnu… ................ 176

6.3.2 Le problème n’est pas vraiment reconnu ....... 179

6.3.3 Les apports du débat entourant la présentation du prédiagnostic ................... 180

6.4 Du prédiagnostic au plan d’action ........................... 182

6.5 Après le diagnostic : les différents contextes

de projets de transformation .................................. 185

6.5.1 Un projet de transformation mené par l’ergonome ............................................... 186

6.5.2 Un projet de transformations à accompagner ............................................... 186

Chapitre 7 Concevoir les projets de transformation ................. 191

7.1 Les principales étapes de l’élaboration des solutions ............................................................ 194

7.1.1 Les grandes avenues de changement ............. 194

7.1.2 Le processus d’identification et de choix des solutions : remue-méninges et tamisage ........ 196

7.1.3 La co-construction des solutions ..................... 198

Table des matières

11

7.1.4 Les simulations et l’analyse de l’activité future ........................................... 200

7.1.5 L’analyse critique des solutions ...................... 203

7.1.6 Des stratégies qui rapportent ......................... 205

7.2 L’implantation des solutions : les prototypes ......... 206

7.3 Le suivi des solutions : deux temps ......................... 209

7.4 Les caractéristiques des transformations : pour une prévention durable .................................. 212

7.5 Un cas de transformation piloté par un praticien ...... 215

Chapitre 8 Approfondir la compréhension de l’activité de travail ......................................................................... 221

8.1 Pourquoi approfondir la compréhension de l’activité de travail ? ............................................. 222

8.2 Cibler des unités d’analyse de l’activité à approfondir ........................................................... 225

8.2.1 Choisir les variables qui décriront les unités d’analyse ciblées ............................. 226

8.2.2 Choisir les méthodes de recueil de données ...................................................... 231

8.3 Le traitement, l’analyse et l’interprétation des données recueillies ........................................... 235

8.4 Présenter et valider les résultats ............................. 237

8.5 Approfondir la compréhension de l’activité : quelques exemples .................................................. 237

Fiches sur les variables .................................................... 243

Fiche no 1 – Les opérations et les actions .................. 243

Fiche no 2 – Les déplacements ................................... 247

Fiche no 3 – Les gestes et les mouvements : l’utilisation du corps au travail .............. 252

Fiche no 4 – L’observation des postures ..................... 255

Fiche no 5 – La prise d’informations : le besoin en information pour agir et ajuster son action ............................... 262

Fiche no 6 – Les communications .............................. 267


12

PArtIe III LA PrAtIQue des ergonomes .............................. 271

Chapitre 9 Le praticien ergonome ............................................ 2739.1 Quelques caractéristiques de la pratique

professionnelle en ergonomie ................................. 274

9.1.1 Une forme d’activité humaine ........................ 274

9.1.2 Bien plus qu’un processus de résolution de problème .................................................... 275

9.2 Quelques stratégies mises en œuvre par les ergonomes .................................................... 277

9.2.1 Analyser la demande ...................................... 278

9.2.2 Réaliser des investigations préliminaires ....... 279

9.2.3 Du prédiagnostic au plan d’action ................. 281

9.2.4 Approfondir la compréhension de l’activité de travail ..................................... 282

9.2.5 Concevoir les projets de transformation ........ 284

9.3 Des compétences complémentaires pour réussir une intervention ergonomique ................... 286

9.3.1 Les compétences stratégiques ........................ 287

9.3.2 Les compétences relationnelles ...................... 288

9.3.3 Les compétences « techniques » ....................... 289

9.3.4 Les compétences éthiques et identitaires ........ 290

9.3.5 Les compétences à l’interdisciplinarité ........... 290

9.3.6 La capacité de questionner et de transformer leur pratique ..................... 291

Conclusion .................................................................................. 293

Annexe 1 Les outils de l’intervention ergonomique ................ 297

outil 1 : outil pour analyser le contexte ............................... 298

outil 2 : Canevas d’entretien avec le demandeur et les personnes concernées par la demande ......... 303

outil 3 : Réaction du consultant à la demande du client ...... 305

Table des matières

13

outil 4 : Schéma synthèse des différents points de vue concernant la demande ........................................... 306

outil 5 : Canevas commenté pour un premier entretien avec un travailleur ................................................... 307

outil 6 : Enquête sur les douleurs musculo-squelettiques au travail................................................................... 308

outil 7 : Canevas d’entretien avec un superviseur ou un chef de groupe dans le secteur des services ........... 310

outil 8 : Canevas d’entretien avec un superviseur ou un chef de groupe dans les milieux industriels ........... 312

outil 9 : Questionnaire d’enquête pour décrire certaines contraintes du travail et fournir des données sur l’état de santé des travailleurs........................... 313

outil 10 : Grille pour caractériser une intervention ergonomique ............................................................ 314

outil 11 : Les simulations ........................................................ 315

outil 12 : Bilan de l’intervention .............................................. 329

outil 13 : Journal de bord ........................................................ 334

Annexe II Les outils des disciplines connexes à l’ergonomie ................................................................. 335

glossaire ..................................................................................... 339

Bibliographie .............................................................................. 345


14

Liste des figures

Figure 1.1 : Modèle de la situation de travail centré sur la personne en activité .........................................39

Figure 1.2 : Les « conséquences » des conséquences de l’activité de la personne .........................................59

Figure 1.3 : Les autres conséquences de l’activité de la personne .............................................................60

Figure 2.1 : Les deux grandes phases de la démarche d’intervention en ergonomie ......................................66

Figure 2.2 : Les « cercles de proximité » avec l’activité de travail ..............................................71

Figure 2.3 : La dimension « approfondir » de la démarche d’intervention en ergonomie ......................................73

Figure 2.4 : Approfondir la compréhension d’une « dimension ciblée » ..........................................75

Figure 2.5 : L’intervention ergonomique, un travail de collaboration entre l’ergonome et les acteurs du milieu ...............................................79

Figure 3.1 : Mieux comprendre la demande et son contexte ........91

Figure 5.1 : Les principales méthodes de recueil de données pour l’analyse de l’activité ....................................... 135

Figure 5.2 : Les « cercles de proximité » avec l’activité de travail .................................................................. 162

Figure 6.1 : Le diagnostic, résultat d’une co-construction avec le milieu ........................................................... 167

Figure 7.1 : Schéma des étapes du processus de transformation .................................................... 193

Table des matières

15

Figure 7.2 : Relation entre 4 stratégies utilisées pour maîtriser un risque et l’efficacité de chacune ......... 195

Figure 7.3 : Critères d’évaluation des pistes de solution ........... 204

Figure 7.4 : Les trois dimensions des transformations.............. 213

Figure 8.1 : Approfondir la compréhension de l’activité de travail .................................................................. 223

Figure 8.2 : zoom sur les différentes familles de variables caractérisant les unités d’analyse ciblées ............... 227

Figure 8.3 : Exemple de chronique d’opérations ........................ 246

Figure 8.4 : Diagramme de la circulation illustrant deux stratégies d’utilisation du chariot par la commis au début de la mise en rayon. .................................. 248

Figure 8.5 : Pourcentage de temps consacré aux déplacements .................................................... 249

Figure 8.6 : Un exemple de chronogramme représentant la relation entre les opérations effectuées par un manutentionnaire et ses déplacements. ............ 250

Figure 8.7 : Durée de maintien maximum pour 19 postures statiques. ..................................... 257

Figure 8.8 : Proportion du temps consacré aux différents types d’interactions verbales avec les clients en fonction de l’expérience des auxiliaires ............. 269

Figure 9.1 : Modèle d’analyse de l’activité de travail d’un ergonome en intervention ............................... 277

Figure Annexe I.1 : Schéma synthèse des différents points de vue concernant la demande ........................................... 306


16

Figure Annexe I. 2 : Vue qu’a l’opérateur d’un creuset situé à 2,3 m du mur dans le cas de la cabine projetée, équipée d’un siège fixe ............................................ 321

Figure Annexe I.3 : Vue qu’a l’opérateur d’un creuset situé à 2,3 m du mur dans le cas de la cabine projetée, équipée d’un siège pivoté à 75 degrés .................... 322

Figure Annexe I.4 : Fiche synthèse .......................................................... 323

Figure Annexe I.5 : Plan du 1er étage de la future bibliothèque annoté par l’ergonome ............................................. 325

Liste des tableaux

Tableau 4.1 : Les actions de l’ergonome au cours des investigations préliminaires ............................. 110

Tableau 4.2 : Informations utiles pouvant être disponibles dans l’établissement ................................................ 114

Tableau 4.3 : Informations à recueillir pour documenter un projet de changement de l’établissement .......... 116

Tableau 4.4 : Critères pour choisir les situations de travail à étudier ................................................................... 119

Tableau 5.1 : Éléments de description d’une situation de travail à partir du modèle de la personne en activité ................................................................. 126

Tableau 5.2 : Illustration de plusieurs unités d’analyse de l’activité (cas) pour une même situation de travail selon différentes personnes et dans des cadres du travail variés (ici, 7 unités) ............... 131

Tableau 5.3 : Illustration des unités d’analyse de l’activité choisies au départ par un ergonome ....................... 138

Table des matières

17

Tableau 5.4 : Illustration des unités d’analyse de l’activité qui se sont ajoutées (en grisé) au moment des observations préalablement choisies ............... 139

Tableau 5.5 : Les actions de l’ergonome pour documenter et analyser les situations de travail choisies : du descriptif à l’explicatif ........................................ 140

Tableau 5.6 : Chronique d’événements 1 ...................................... 147

Tableau 5.7 : Chronique d’événements 2 ...................................... 148

Tableau 5.8 : Analyse des chroniques d’événements ................... 149

Tableau 5.9 : Activité de l’éducatrice A au cours d’une journée : extrait d’une chronique d’événements .................... 157

Tableau 5.10 : Les hypothèses résultant de l’analyse de la situation de travail : des effets, à l’activité, aux déterminants. .................................................... 159

Tableau 5.11 : Propositions explicatives (hypothèses) sur la situation de travail des éducatrices spécialisées dans les classes de niveau primaire ........................ 163

Tableau 6.1 : Exemple d’hypothèses regroupées dans un prédiagnostic présenté au comité de suivi de l’intervention dans une entreprise de transformation de crabe ..................................... 173

Tableau 6.2 : Les réactions du milieu face aux hypothèses du prédiagnostic ...................................................... 175

Tableau 6.3 : Plan d’action présenté par l’ergonome comme suite au prédiagnostic ................................ 185

Tableau 8.1 : Approfondir la compréhension de l’activité de travail : une série de choix orientée par un objectif .......................................................... 234


18

Tableau Annexe I. 1 : Aide-mémoire pour analyser l’origine de l’intervention ....................................................... 298

Tableau Annexe I. 2 : Aide-mémoire pour analyser les caractéristiques du milieu de travail .................................................. 299

Tableau Annexe I. 3 : Aide-mémoire pour analyser les dispositions du milieu à agir face au problème. ............................................................ 300

Tableau Annexe I. 4 : Aide-mémoire pour analyser les capacités du milieu à agir face au problème ........................... 301

Tableau Annexe I. 5 : Aide-mémoire pour analyser les relations entre les acteurs du problème ................................. 302

Tableau Annexe I.6 : Réaction du consultant à la demande du client ...... 305

Tableau Annexe I.7 : Les supports de simulation : avantages et inconvénients ....................................................... 317

Tableau Annexe I.8 : Exigence de surveillance et aménagement de l’espace .................................... 326

Tableau Annexe I.9 : Exigence de déplacement et aménagement des espaces .................................. 326

Tableau Annexe I.10 : Éléments de méthode à préciser dans un bilan et leurs justifications. .............................................. 331

19

AVANT-PRoPoS

C’est avec beaucoup de plaisir que nous vous présentons cet ouvrage collectif sur la pratique de l’intervention ergonomique.

Pourquoi cet ouvrage ?

D’entrée de jeu, il importe d’expliquer pourquoi nous trouvions important de produire un tel volume. D’abord, l’ergonomie et, plus spécialement, l’intervention ergonomique sont des sujets complexes pour les ergonomes en apprentissage et, de façon plus générale, pour les professionnels impliqués dans la conception des situations de travail. Pour intervenir, l’ergonome doit maîtriser plusieurs connaissances sur l’humain en activité, sur le travail et sur ses conséquences. Il doit utiliser une variété de méthodes de collecte de données et interagir avec divers acteurs des milieux de travail pour favoriser l’évolution des différents points de vue et l’amélioration des situations de travail. L’ergonomie est relativement jeune, elle s’alimente à plusieurs disciplines sources tout en produisant ses propres connaissances. Il existe aussi diverses formes de pratiques et l’identité disciplinaire peut être longue à se former et évoluer tout au long de la carrière.

De plus, les ouvrages portant sur la pratique de l’intervention ergono-mique sont rares. Il existe quelques ouvrages francophones très utiles aux ergonomes en formation (Guérin, Rabardel, Bourgeois et Falzon)7. Toutefois, il existe peu de traces de la pratique développée au Québec. Au cours des trente dernières années, des professeurs, des chercheurs et des praticiens québécois se sont formés à l’ergonomie dans divers pays, en particulier en France, et de plus en plus dans les programmes de formation qui ont été créés progressivement au Québec. Ces ergonomes ont développé un enseignement et une pratique adaptés au contexte et aux diverses attentes du monde du travail québécois. Soulignons ici l’apport de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

7. Pour faciliter la lecture, les références de l’avant-propos sont identifiées distinctement dans la bibliographie de cet ouvrage.


20

(IRSST) pour son soutien aux études terrain en intervention ergonomique et à la formation d’ergonomes. Bien que l’on puisse trouver plusieurs écrits des ergonomes chercheurs, on retrouve peu de traces formalisées et écrites portant sur la formation à l’intervention ergonomique et encore moins sur la pratique de l’ergonome consultant (Lamonde).

Il nous importait de formaliser la démarche d’intervention ergonomique à partir de l’expérience de chercheurs et de praticiens et des enseignements développés dans nos universités et selon différentes approches. Finalement, il est crucial de bien situer la démarche ergonomique, car celle-ci est souvent méconnue des professionnels avec qui l’ergonome est appelé à agir, qu’ils soient préventionnistes, ingénieurs, architectes, responsables des ressources humaines ou autres. Trop souvent, les acteurs des milieux de travail font appel aux ergonomes sans avoir vraiment saisi toute la portée de leurs actions. Il est donc important de bien situer les fondements de la démarche de l’ergonome, car celui-ci est, de plus en plus, appelé à travailler au sein d’équipes pluridisciplinaires.

Pourquoi cet ouvrage ? D’une part, pour réaliser une mise en commun de divers développements de l’intervention ergonomique au Québec et, d’autre part, pour la rendre accessible et élargir ainsi la vision des apports de l’intervention ergonomique dans les milieux de travail trop souvent perçue, à tort, comme l’application de normes. Dans une autre perspective, la mise à plat de la pratique de l’intervention ergonomique se veut une porte ouverte sur des modes de coopérations possibles avec d’autres disciplines connexes.

À qui est destiné cet ouvrage ?

Ce volume est d’abord destiné aux ergonomes en apprentissage, mais nous croyons qu’il peut alimenter les réflexions de la communauté des ergonomes qu’ils soient novices ou chevronnés. Il est conçu pour accompagner une formation académique en ergonomie. En aucun cas, l’ouvrage ne peut se substituer à cette formation, prérequis essentiel à quiconque veut pratiquer à titre d’ergonome.

Puisqu’il explique la pratique de l’intervention ergonomique, l’ouvrage peut aussi être utile aux intervenants en santé et sécurité du travail, de même qu’aux différents acteurs de l’entreprise. Pour bien situer la discipline de l’ergonomie, sa lecture pourrait aussi être profitable aux professionnels des autres disciplines impliqués dans la conception des situations de travail, qu’il s’agisse d’ingénieurs, d’architectes,

Avant-propos

21

d’informaticiens ou de responsables des ressources humaines. Selon que l’on est représentant en matière de santé et sécurité du travail de l’entreprise, ou professionnel d’une autre discipline, il est certain que la lecture sera différente. L’ergonome en apprentissage s’efforcera de maîtriser l’ensemble du contenu alors que le professionnel d’une autre discipline saura y trouver des informations complémentaires et utiles à son champ de pratique.

La conception de l’ouvrage

Il est important de comprendre comment cet ouvrage a été conçu, selon des modalités assez originales. D’abord, c’est l’œuvre d’un collectif de chercheurs dont la majorité sont aussi enseignants en ergonomie. Contrairement à plusieurs livres, il ne s’agit pas de chapitres conçus isolément les uns des autres. La totalité du contenu a fait l’objet de discussions au sein du collectif. Le volume s’est construit en partie sur la base de l’expérience des chercheurs et de la littérature existante ; au fil des discussions, la substance de l’ouvrage a pris forme par un processus d’itérations. Toutefois, un ou deux auteurs ont été désignés responsables de la rédaction des différents chapitres. Il s’agit donc d’une écriture à plusieurs mains, ce qui peut expliquer des variations au niveau du style.

Le collectif d’auteurs a voulu enrichir l’ouvrage des apports de praticiens du Québec. Ainsi, en début de projet, des entretiens en profondeur ont été réalisés auprès de 14 praticiens : huit consultants en pratique privée, trois professionnels travaillant auprès d’associations sectorielles paritaires, deux auprès du réseau de la santé publique en santé au travail et, finalement, un ergonome pratiquant au sein d’une entreprise. L’entretien, d’environ trois heures, permettait de comprendre les particularités de la pratique des différents praticiens, les difficultés rencontrées et les visions exprimées quant à l’évolution de la discipline. Des informations étaient aussi extraites du récit de leur intervention la mieux réussie et, inversement, de celle qui avait le moins bien fonctionné. Des comptes-rendus intégraux ont été produits et une analyse de contenu a été réalisée. Les différents chapitres ont été écrits en tenant compte des témoignages des praticiens, et des extraits de leurs discours appuient notre propos, tout au long de l’ouvrage. De plus, celui-ci propose un chapitre sur les caractéristiques de la pratique, qui est construit en grande partie à partir du discours des praticiens.

Pour compléter l’apport du collectif de chercheurs et des praticiens, les travaux d’Annabelle Viau Guay sur les difficultés de la pratique et ceux


22

de Geneviève Baril-Gingras sur l’analyse du contexte d’intervention ont contribué à enrichir cet ouvrage. Certains chapitres sont aussi influencés par les travaux réalisés en ergonomie participative, notamment par Marie Bellemare, Sylvie Montreuil, Marie St-Vincent et Nicole Vézina.

Soucieux de la qualité de ce livre, nous l’avons d’abord soumis à un comité de préfecture, composé de chercheurs et de praticiens québécois. Une seconde version a par la suite été révisée par un comité de lecture composé d’étudiants en ergonomie, de consultants en pratique privée, de professionnels d’organismes impliqués en santé-sécurité de même que de chercheurs de divers pays.

Le positionnement de cet ouvrage dans l’univers des écrits sur l’ergonomie

La personnalité de cet ouvrage réside dans le fait qu’il se concentre sur l’intervention ergonomique, le « comment » de l’ergonomie ; bien qu’il expose ses assises théoriques, son intention première est de formaliser la pratique de chercheurs et de praticiens intervenant dans un milieu de travail dans une perspective de transformation des situations de travail. Il se distingue donc des ouvrages d’ergonomie centrés sur l’exposé de connaissances sur les capacités humaines et, plus globalement, sur le fonctionnement de l’humain au travail, comme le célèbre traité de Sanders et McCormick. Notre ouvrage est davantage en continuité avec les enseignements du Conservatoire national des arts et métiers de Paris (CNAM) et l’œuvre de Guérin Comprendre le travail pour le transformer. La pratique de l’ergonomie, proposant une formalisation de l’intervention ergonomique. Les auteurs du présent volume centrent leur pratique sur l’analyse de l’activité, qui a été très formalisée par les auteurs français.

Conçu par des auteurs québécois, ce livre se situe cependant au carrefour des univers anglo-saxon et européen. À ce titre, il reflète la diversité des influences qu’a subies la pratique de l’ergonomie, selon les différentes régions où elle s’est développée. Ainsi, l’ensemble du volume est fortement teinté des travaux réalisés par les chercheurs québécois. Mentionnons les études en ergonomie participative de St-Vincent et Toulouse, les recherches sur la formation de Vézina, Chatigny, Montreuil et ouellet, les études en conception des situations de travail de Lamonde, Ledoux, Bellemare et Trudel, les recherches sur la manutention de Lortie, Gagnon, Authier et Denis, de même que le développement de connaissances méthodologiques en soutien aux interventions, réalisé par Imbeau.

Avant-propos

23

L’ouvrage est teinté des interventions de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) réalisées par les auteurs, bien que plusieurs exemples s’éloignent de cette problématique. En effet, la prévention des TMS a marqué le développement de l’ergonomie au Québec comme à travers le monde anglo-saxon. Bien que les demandes d’interventions ergonomiques provenant des milieux de travail évoluent vers une plus grande diversité, l’association de l’ergonomie à l’identification des contraintes physiques et à la prévention des TMS est toujours très forte.

La pratique de l’ergonomie est présentée selon une approche systé-mique, en cohérence avec les assises de la macro-ergonomie qui s’est beaucoup développée au cours des dernières années. Notre modèle de la situation de travail est fondé sur la personne en activité, et ce, dans toutes ses dimensions, et soutient que la construction de l’identité au travail est gage de santé et d’un système en équilibre. on retrouve là des concepts apparentés à la psychodynamique du travail, largement développée par Dejours. Le concept de représentations est présent tout au long de notre écrit et emprunte donc beaucoup aux travaux de Teiger en France. Plusieurs recherches ont montré l’importance de connaître et de prendre en compte les caractéristiques personnelles des individus, qu’il s’agisse du genre avec Messing et Seifert, de l’âge avec Laville, Volkoff et Cloutier, des caractéristiques de populations immigrantes avec Gravel. Les influences des pays scandinaves où s’est fortement développée l’ergonomie, notamment par les travaux de Kilbom et par l’équipe de Winkel en Suède, sont aussi présentes, de même que les influences de pionniers anglais tels McAtamney et Corlett, dans le développement d’outils en soutien à l’intervention.

Avec le développement des échanges et des communications, l’univers de l’ergonomie s’est décloisonné. Il y a environ vingt ans, De Montmollin expliquait les différences et la complémentarité entre les courants des facteurs humains, issus de l’Amérique, et celui centré sur l’analyse de l’activité, d’abord développé en France. En 2011, cette distinction s’atténue de plus en plus, car d’autres influences ont émergé et les diverses approches se sont intégrées les unes aux autres.

Le développement de l’ergonomie participative dans plusieurs pays a beaucoup contribué à l’intégration des différentes approches. Au cours des dernières années, plusieurs auteurs de différents pays ont publié des travaux portant sur des interventions d’ergonomie participative. Signalons d’abord les travaux précurseurs de Daniellou, en France, sur la conduite de projets qui ont grandement inspiré le développement de l’ergonomie


24

participative au Québec. Mentionnons également Wilson en Angleterre, St-Vincent et Vézina au Québec, Garg et Carayon aux États-Unis, Vinck en Hollande, Kuorinka en Finlande, et plus récemment, Wells et Cole au Canada anglais. Les différents chercheurs qui ont réalisé des interventions d’ergonomie participative ont dû, chacun avec leurs variantes, formaliser une démarche d’intervention ergonomique. De leur côté, les francophones, comme en témoigne l’ouvrage de Bourgeois, s’étant intéressés plus récemment au phénomène des TMS, ont davantage approfondi dans leur analyse de l’activité l’évaluation des facteurs de risque, qui s’était initialement beaucoup développée dans le monde anglo-saxon.

La liste des contributions citées n’est évidemment pas exhaustive, et nos excuses vont aux auteurs dont les travaux, bien qu’importants, n’ont pas été mentionnés dans cette mise en perspective de notre ouvrage.

Les choix qui ont été faits

Les auteurs de ce livre ont décrit une pratique qui se caractérise par beaucoup de variations et d’itérations ; ils ont décrit une démarche qui peut s’adapter à différents contextes d’intervention. Ils proposent une démarche d’intervention en plusieurs étapes et ont choisi de décrire un grand nombre d’éléments qui peuvent composer chacune de ces étapes. Toutefois, nous soulignons fréquemment les adaptations possibles de cette démarche, les raccourcis à privilégier selon le contexte dans lequel on intervient. Ainsi, nous sommes conscients que le contexte des ergonomes, qu’ils soient chercheurs, praticiens dans le réseau de la santé et de la sécurité ou ergonomes consultants, influence grandement les stratégies qui doivent être utilisées pour optimiser la qualité, la durée et l’ampleur de leurs interventions. Plusieurs de ces stratégies ont été décrites au chapitre sur la pratique, à partir précisément du discours des praticiens interrogés.

Toutefois, la démarche proposée dans cet ouvrage se situe toujours dans un contexte où l’intervention se fait à la suite de la réception d’une demande formulée par un milieu de travail. outre quelques explications dans des chapitres spécifiques, les approches alternatives ou plus spécialisées ne sont pas détaillées. Par exemple, les interventions entreprises dans un contexte de recherche où la problématique est pré-établie et n’est pas construite avec les acteurs du milieu ou les interventions de type expertise réalisées dans un contexte de litige légal ne sont pas couvertes.

Avant-propos

25

Par ailleurs, l’ouvrage traite des étapes du processus de transformation, mais n’est pas pour autant un traité spécialisé d’ergonomie de conception des situations de travail, où les phases de la conception et les interactions de l’ergonome avec les concepteurs, ainsi que les scénarios d’activité future probable seraient détaillés. Des références sont proposées au lecteur pour approfondir ces questions.

L’ouvrage ne constitue pas une recension systématique des écrits sur l’intervention ergonomique. Lorsqu’un énoncé quelconque est appuyé par des références, notre intention n’était pas d’être exhaustive. Il s’agissait plutôt de guider le lecteur vers des textes de choix sur la question. De même, certains concepts sont associés à divers auteurs ; là encore, il ne s’agissait pas d’être exhaustif. Il est souvent difficile d’identifier l’origine d’un concept donné. Ainsi, nous associons Daniellou (2003b) au concept de construction sociale, mais d’autres auteurs ont également développé cette thématique, qui a aussi été utilisée dans d’autres disciplines, comme la sociologie des organisations. Par ailleurs, la plupart des schémas ou modèles développés pour cet ouvrage ne sont pas associés à un auteur particulier, à moins qu’ils aient été publiés ailleurs, car ils sont le fruit du collectif d’auteurs.

L’ergonomie au cœur du monde du travail

L’ouvrage est centré sur les concepts et les aspects méthodologiques. Il faut toutefois souligner que l’intervention ergonomique s’exerce dans le contexte des mutations du monde du travail et que cela a des conséquences sur sa pratique. Au fil des ans, le travail de l’ergonome s’est complexifié. Il intervient, en effet, dans un monde en profonde mutation, où émergent des tendances touchant aussi bien l’organisation du travail que les populations. Ainsi, souvent confronté aux aléas de la production, au juste-à-temps, à la précarisation de l’emploi et à l’intensification du travail, l’ergonome doit sans cesse adapter ses stratégies.

Nous traitons aussi dans ce livre de l’importance pour l’ergonome de développer, outre ses compétences d’analystes, des compétences relationnelles et stratégiques. Il intervient dans un univers où les rapports sociaux entre syndicats et employeurs ne peuvent être ignorés. Des enjeux politiques teintent souvent les interventions de l’ergonome. Celui-ci doit tenir compte de visions diverses, souvent divergentes, tout ayant en tête les exigences d’éthique et de rigueur de la discipline. Dans cette perspective, l’ergonome doit faire preuve d’une grande maturité.


26

Par ailleurs, la pratique de l’ergonomie s’insère dans la dynamique des changements démographiques. Dans certains milieux, comme le secteur du commerce, les jeunes travailleurs seront très présents, alors que de façon générale on assiste à un vieillissement de la population. À l’heure où plusieurs travailleurs âgés quittent le marché de l’emploi, le transfert de savoir entre travailleurs expérimentés et novices prend toute son importance. on a également assisté dans les dernières décennies à la présence grandissante des femmes sur le marché du travail, de même qu’à leur présence plus importante dans des emplois traditionnellement occupés par des hommes. De plus, l’ergonome est souvent confronté à des populations fragilisées, comme les travailleurs immigrants. L’ergonome doit sans cesse s’ajuster à ces contextes spécifiques. Nous avons fait le choix de présenter une démarche d’intervention générale et transformable sans toutefois développer toutes les adaptations nécessaires aux divers contextes d’intervention possibles.

En espérant que cet ouvrage puisse faire évoluer la discipline et enrichir la formation de futurs ergonomes, nous souhaitons qu’il contribue à mieux faire connaître et comprendre la pratique de l’ergonomie.

Marie St-VincentNicole Vézina


Daniel Imbeau



Daniel Imbeau


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erve

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I ntervenir en ergonomie, tel est le propos de ce livre. Il vous guidera

dans la manière d’accompagner les acteurs d’une entreprise dans un processus d’amélioration du travail, en vue de préserver la santé des personnes, tout en optimisant la production. L’ouvrage présente une vision moderne de l’intervention

ergonomique. Il propose d’abord un modèle de la personne en activité, de même qu’un modèle de l’intervention, et explique d’une manière claire les grands concepts sous-jacents à l’intervention ergonomique. L’ouvrage décrit par la suite les grandes étapes à réaliser, de l’analyse de la demande au suivi des transformations.Il inclut une réflexion sur la pratique et propose aux lecteurs des outils concrets.

L’intervention en ergonomie est le reflet de la pratique des chercheurs et praticiens québécois et de l’expérience de près de 30 ans de recherche action, dont l’essor a été grandement favorisé par le soutien de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

S’inspirant du discours de praticiens, le livre est d’abord destiné aux enseignants et aux étudiants en ergonomie pour accompagner leur formation à l’intervention ergonomique. L’intervention en ergonomie est également d’intérêt pour tous les ergonomes, novices ou chevronnés, de même que pour les divers praticiens impliqués en santé-sécurité du travail. Sa lecture sera également utile à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qu’est une intervention en ergonomie, qu’il s’agisse des acteurs du milieu de travail ou des professionnels des disciplines connexes qui ont à interagir avec les ergonomes.

ISBN 978-2-89544-165-6

9 782895 441656


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