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Collection «Aliments dans les villes» L’approvisionnement et la distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone Laurence Wilhelm Programme «Approvisionnement et distribution alimentaires des villes» DT/31-97F - 1997 Synthèse des communications et des débats du séminaire sous-régional FAO-ISRA «Approvisionnement et distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone» Dakar, 14 • 17 avril 1997

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Collection «Aliments dans les villes»

L’approvisionnement et la distribution alimentaires

des villes de l’Afrique francophone

Laurence Wilhelm

Programme

«Approvisionnement et distribution alimentaires des villes»

DT/31-97F - 1997

Synthèse des communications et des débatsdu séminaire sous-régional FAO-ISRA

«Approvisionnement et distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone»

Dakar, 14 • 17 avril 1997

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Les appellations employées dans ce document et la présentation des don-

nées qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations

Unies pour l'alimentation et l'agriculture aucune prise de position quant au

statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités,

ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

Les opinions contenues dans ce document restent sous la seule responsa-

bilité de leur(s) auteur(s) et ne sauraient engager les personnes citées.

Elles ne reflètent pas nécessairement, non plus, le point de vue officiel des

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en cause, au

Rédacteur en chef

Revue et Collection «Aliments dans les villes»

Service de la commercialisation et des financements ruraux (AGSM)

FAO

Viale delle Terme di Caracalla

00100 Rome, Italie

Télécopies: (+39 6) 5705 6850 - 5705 4961

Adresse électronique: [email protected]

© FAO 1997

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Présentation de l'auteur

Laurence Wilhelm est diplômée en sciences politiques del'Institut universitaire des hautes études internationales(IUHEI, Genève) et en sociologie de l'Institut universitaired'études du développement (IUED, Genève).

Elle travaille depuis 25 ans sur différents problèmes relatifsau développement rural et urbain en Afrique. Après avoirenseigné pendant neuf ans à l’ IUED en sociologie du déve-loppement, effectué un séjour de recherche de deux ans auBurkina Faso et mené parallèlement diverses études deconsultation pour des organismes internationaux (UNCTADet UNRISD), elle travaille depuis 1981 comme expert indé-pendant en Afrique et en France. En Afrique, elle a réalisé denombreuses enquêtes socio-économiques en milieu rural eturbain, en particulier sur les circuits de commercialisation etde distribution des produits alimentaires, et l'approvisionne-ment des villes. En France, elle a mené diverses études surla fonction commerciale en relation avec l'aménagementurbain des centres-villes ainsi que dans les quartiers en diffi-culté (politique de la ville).

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Table des matières

1 - Le contexte actuel: l’environnement des SADA des villes en Afrique1.1 - L’urbanisation et la situation alimentaire 1.2 - Des sociétés urbaines à un tournant

2 - Le consommateur urbain et les SADA2.1 - La diversité des modèles de consommation en milieu urbain 2.2 - La pauvreté et l’accès à l’alimentation en ville2.3 - Le rôle croissant de l’alimentation de rue 2.4 - La transformation alimentaire: un secteur clé qui offre des produits adaptés aux modes de

vie des consommateurs urbains 2.5 - Le problème aigu de la qualité des aliments2.6 - De l’acteur individuel à l’acteur collectif: l’émergence des associations de consommateurs

3 - Les SADAet les acteurs de l’approvisionnement et de la distribution alimentaires en milieu urbain 3.1 - L’approvisionnement des villes en produits alimentaires

3.1.1 - La disponibilité physique des aliments en ville est correctement assurée par lesSADA

3.1.2 - Le risque commercial, les contraintes et les stratégies des acteurs3.1.3 - Des coûts de commercialisation élevés largement grevés par le transport3.1.4 - Améliorer le maillon urbain des systèmes d’approvisionnement: le rôle des marchés

de gros3.1.4.1 - L’absence d’équipements et d’infrastructures adpatés au commerce de

gros 3.1.4.2 - La création de marchés de gros: un outil pour l’amélioration des SADAdes

villes en Afrique3.1.4.3 - Une concertation nécessaire avec les usagers professionnels du marché

de gros3.2 - La distribution alimentaire en milieu urbain

3.2.1 - Les marchés: un rôle prépondérant dans l’approvisionnement des citadins 3.2.2 - Des marchés en nombre insuffisant et de nombreux dysfonctionnements

3.2.2.1 - L’insuffisance des équipements marchands3.2.2.2 - Les défauts de conception, les carences des infrastrutures de base et les

dysfonctionnements3.2.2.3 - Une gestion des marchés défaillante

3.2.3 - Une nécessité: améliorer le fonctionnement et l’organisation de la distribution ali-mentaire en ville

4 - La gestion de la ville et les SADA: le rôle des collectivités locales dans l’amélioration des SADA4.1 - Favoriser la prise de conscience de la relation entre l’amélioration des SADA et le fonction-

nement de la ville4.1.1 - Moderniser et développer des équipements marchands4.1.2 - Développer les formes de partenariat 4.1.3 - Améliorer la gestion des marchés

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4.1.4 - Le financement des marchés: des solutions diverses et adaptées aux objectifs pour-suivis

4.1.5 - Un domaine clé: l’information et la formation des gestionnaires urbains4.2 - La gestion urbaine et les SADA: une gestion de proximité ouverte aux préoccupations des

acteurs 4.2.1 - Le problème de l’approvisionnement de la ville permet de renouveler l’approche de

la planification urbaine4.2.2 - Des champs d’intervention privilégiés pour une gestion de proximité4.2.3 - La concertation participative et les principes d’aménagement: le souci de l’intérêt

général

5 - Le débat sur le rôle de l’Etat et les politiques5.1 - Le rôle de l’Etat dans les SADA

5.1.1 - Organiser le cadre d’une concurrence réelle5.1.2 - Encourager la contractualisation5.1.3 - Assurer la protection juridique des acteurs5.1.4 - Le rôle clé de l’information5.1.5 - Elaborer une législation qui tienne compte des réalités actuelles

5.2 - La sécurité alimentaire, le développement des SADA et les politiques économiques: quelprojet de société?5.2.1 - La question alimentaire n’est plus aujourd’hui une priorité des Etats 5.2.2 - Quelles sont les perspectives futures pour la sécurité alimentaire des villes à l’an

2020?

6 - Conclusions6.1 - Des outils et une méthodologie pour l’étude des SADA6.2 - L’efficacité des SADA6.3 - Le financement des services d’intermédiation6.4 - Le processus d’innovation des produits alimentaires6.5 - L’agriculture périurbaine et les filières maraîchères6.6 - Le transport intra-urbain6.7 - La création et la modernisation des équipements marchands et des marchés: une priorité

pour l’amélioration du fonctionnement des SADA

Liste des notes en bas de page

Liste des communications au Séminaire sous-régional FAO-ISRA

Liste des groupes de travail du Séminaire sous-régional FAO-ISRA

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1Le contexte actuel: l’environnement des SADA desvilles en Afrique

1.1L’urbanisation et la situation alimentaire

Tenir un séminaire sur l’approvisionnement des villesen Afrique en cette fin de siècle demande de s’inter-roger au préalable sur l’évolution de ces dernièresannées. Alors que la crise aiguë des années 1980justifiait de mettre au premier plan des préoccupa-tions la question de la dépendance alimentaire,aujourd’hui, avec le recul, on constate que durant cestrente dernières années, l’offre alimentaire a réponduà la demande des marchés urbains, mais avec undécalage dans le temps. On peut analyser le déficitconstaté comme un retard de l’offre sur une deman-de urbaine en mutation rapide tant sur le plan quanti-tatif que qualitatif (S. Snrech)1.

Il faut d’ailleurs souligner que ce retard dans l’appro-visionnement urbain n’a rien d’exceptionnel en phasede forte urbanisation2 et, en Afrique subsaharienne,le déficit constaté doit être davantage mis en rapportavec le niveau de revenu qu’avec le niveau d’urbani-sation, comme le soulignaient déjà certaines étudesen 1988 (cf. Colloque «Nourrir les villes»).

Si globalement on constate que la situation alimen-taire des pays de la sous-région s’est améliorée, ilreste que «la qualité nutritionnelle de la consomma-tion est insuffisante; l’accès à l’alimentation n’est pastoujours assuré pour les plus défavorisés, même lors-qu’elle est physiquement disponible; la situationsociale des groupes les plus faibles risque de sedégrader à l’avenir» (S. Snrech).

Comment améliorer la consommation des citadins enquantité, régularité, qualité et prix, et comment, dansun juste retour des choses, cette amélioration se tra-duira-t-elle par une meilleure rémunération de l’effortpaysan? Tel est l’enjeu de l’approvisionnement et dela distribution alimentaires des villes en Afrique, telest par conséquent l’enjeu de l’arbitrage public.

1.2Des sociétés urbaines à un tournant

A bien des égards, la situation actuelle des sociétésurbaines est à un moment charnière:

• les villes africaines vont continuer de croître à unrythme soutenu mais cela se fera de manière diffé-rente de la période précédente, le poids de la com-

posante migratoire devant se réduire par rapport àcelui de la croissance naturelle. On assistera parconséquent à une «endogénéisation de la popula-tion urbaine et de sa demande» (S. Snrech). Quelsen seront les impacts sur les modes de consomma-tion, sur l’organisation de l’approvisionnement et surle dynamisme de l’économie urbaine en général?L’avenir économique des villes reste incertain.Aujourd’hui, leur situation se caractérise par unegrave détérioration des conditions de vie de lamajeure partie des citadins, une précarisationaccrue des plus défavorisés d’entre eux et uneaggravation des inégalités3;

• moment charnière aussi en ce qui concerne lecadre socio-politique dans lequel les villes vont êtreamenées à se développer. Le mouvement de dé-centralisation et l’ouverture démocratique qui l’ac-compagne aujourd’hui dans la plupart des pays enAfrique portent l’attention sur le rôle des collectivitéslocales dans la gestion de la ville. Les compétenceset les responsabilités nouvelles qui leur sont dévo-lues sont étendues, souvent mal définies, leurs res-sources extrêmement limitées (A. Gnammon-Adiko). Comment pourront-elles répondre auxbesoins essentiels en matière d’habitat, d’emploi,d’équipements, de services, d’alimentation de leurspopulations? Le vaste secteur populaire qui consti-tue l’essentiel de l’économie urbaine permet auxhabitants de survivre dans des conditions de plusen plus difficiles; il ne donne que peu de marge demanoeuvre aux collectivités locales pour mettre enplace une nécessaire mobilisation de ressources auservice d’une amélioration des conditions de vie enmilieu urbain;

• enfin, moment charnière quant au rôle des Etatsdans le développement de leurs sociétés. Les pro-grammes d’ajustement structurel ont sans douteassaini les principaux agrégats macro-écono-miques, les politiques de libéralisation menées dansce cadre ont permis la suppression de certains desaspects institutionnels et réglementaires les pluscontraignants dans le champ économique, en parti-culier dans le domaine de la commercialisation desproduits alimentaires. Cependant, le retrait de l’Etatdes champs d’interventions qui lui étaient tradition-nellement dévolus n’a pas été accompagné demesures pour en alléger les effets les plus brutauxsur les catégories les plus défavorisées. On ne voitpas encore se dessiner le projet de société surlequel les Etats entendent s’appuyer pour assurer ledéveloppement de leurs sociétés (M. Padilla).

Telle est la toile de fond sur laquelle s’inscrit laréflexion concernant l’approvisionnement des villesde demain en Afrique.

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2Le consommateur urbain et les SADA

Quelles sont les variables pertinentes pour laconnaissance du consommateur urbain? Mais peut-on parler du ou d’un consommateur urbain?L’urbanité a-t-elle produit un consommateur «nou-veau»? Distingue-t-on, au-delà de la diversité dessituations, certaines tendances majeures caractéri-sant l’évolution des modes de consommation enmilieu urbain en Afrique subsaharienne aujourd’hui?Comment ces évolutions se traduisent-elles sur lesSADA? Voilà quelques-unes des interrogations quiont été soulevées.

La communication d’I. Dia introduit la problématique:«La demande urbaine étant un facteur déterminantdes comportements des différents acteurs de l’appro-visionnement et de la distribution alimentaires et, parconséquent, de la dynamique de l’offre, dès lors laconnaissance du consommateur urbain est un élé-ment clé de toute stratégie de développement desSADA».

L’enjeu est double:

• d’une part, la paupérisation croissante de largespans de la population urbaine signifie porter uneattention particulière à la consommation desgroupes les plus défavorisés: le consommateururbain est alors au coeur de la problématique de lasécurité alimentaire. Les éléments constitutifs de lasécurité alimentaire sont définis comme la disponi-bilité des denrées alimentaires en tout temps et entout lieu, l’accès aux denrées alimentaires pour tousles individus, la réduction de la vulnérabilité et durisque (M. Padilla). La question de l’accessibilitéaux aliments (pouvoir d’achat, prix des aliments) estun élément déterminant;

• d’autre part, il apparaît nécessaire d’affiner laconnaissance, non seulement de la consommation,mais aussi des comportements d’achats des cita-dins afin de mieux connecter l’offre de produits ali-mentaires et la demande urbaine. On peut se poserla question: les aliments qui sont proposés par lesacteurs des SADA correspondent-ils actuellementaux modes et aux contraintes de vie des citadins?Les notions clés en jeu sont l’adaptation des SADAet le développement de ceux-ci en relation avec lacroissance de la demande urbaine en quantité, qua-lité et diversité.

2.1La diversité des modèles de consommation en milieu urbain

L’approche conceptuelle des consommateurs urbainsa été profondément renouvelée: tout en intégrant lesvariables classiques économiques (revenus,dépenses) et nutritionnelles, elle fait une large placeaujourd’hui aux paramètres socioculturels et met enévidence l’importance de l’analyse des comporte-ments d’achats, des modes de gestion de l’alimenta-tion au sein du ménage, des modes d’approvisionne-ment en milieu urbain, de la part respective de l’ali-mentation familiale versus extrafamiliale, etc. Cetteapproche des styles alimentaires permet de cernerau plus près la diversité des modèles de consomma-tion. On constate que plusieurs modèles sociocultu-rels de consommation coexistent en ville:

• un modèle rural;

• un modèle de socialisation urbaine caractérisé pardes relations sociales extrafamiliales importantes,une prise de repas en commun avec de nouvellesrégles de répartition, de nouveaux plats et modesde préparation;

• un modèle individualiste caractérisé par uneconsommation individuelle des membres d’un grou-pe, de nouvelles façons de manger et de nouveauxproduits et plats.

Comme le souligne M. Padilla, la population urbainen’est pas segmentée entre ces différents modèles.Chacun des individus les incorpore et les active tourà tour selon les moments de la journée ou de lasemaine. Il n’existe donc pas un consommateur maisdes consommateurs urbains. L’évolution en cours,selon I. Dia, est celle d’un compromis entre le modè-le de consommation individuelle et la préparationdomestique collective, la structure sociale et le reve-nu faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

2.2La pauvreté et l’accès à l’alimentation en ville

La pauvreté urbaine est indéniable, tangible, multidi-mensionnelle mais l’évaluation quantitative en est dif-ficile. Si l’auto-approvisionnement (production,échanges famililaux) pour certains produits existetoujours en milieu urbain, il ne concerne qu’une partmineure de la consommation des ménages. C’estl’achat qui est la forme déterminante de l’approvi-sionnement. L’accès monétaire constitue alors leprincipal obstacle à la sécurité alimentaire pour desménages qui consacrent les deux tiers, voire plus, deleurs revenus à l’alimentation. L’aggravation des

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conditions de vie touche toutes les catégoriessociales en milieu urbain. Peut-on identifier desgroupes à risque? Cinq types de ménages seraient,d’après les auteurs, particulièrement vulnérables: lesnéo-urbains d’origine rurale qui ont des problèmesd’intégration dans un milieu nouveau, les femmesseules avec enfants à charge, les petits fontionnairesqui ont vu leur salaire différé du fait des difficultés detrésorerie de l’Etat, les ménages qui vivent de petitesactivités informelles, les handicapés, les malades etles personnes âgées sans soutien familial. Il est diffi-cile de les quantifier, de les localiser, de les ciblerdans des actions de lutte contre la pauvreté urbaine.Les auteurs mettent en évidence les stratégiesd’adaptation des ménages pour préserver leur niveaude vie et, en particulier, leur niveau de consomma-tion: elles sont multiples; elles touchent directement àla consommation par la diminution du nombre derepas journaliers, la substitution entre produits, sou-vent au détriment de l’équilibre nutritionnel de laration alimentaire (les premiers touchés sont lesenfants); elles impliquent toujours un recours accruaux ressources des femmes et conduisent celles-ci àse lancer dans de nouvelles activités afin d’assurerune part croissante des charges familiales. Enfin, lerecours à l’alimentation de rue est un élément déter-minant des stratégies de survie des ménagespauvres.

2.3Le rôle croissant de l’alimentation de rue

Le développement de l’alimentation hors domicile està mettre en relation d’abord avec les changements deconditions de vie en ville (éloignement du lieu de tra-vail, développement des activités professionnellesdes femmes). Mais d’autres facteurs sont à prendreen considération: à Cotonou, par exemple, un modè-le de consommation individualiste dominant, unechaîne cohérente de transformation artisanale offrantà des prix abordables des plats préparés à partir desproduits vivriers locaux, expliquent l’importance de laconsommation hors domicile pour toutes les catégo-ries de la population. Ainsi, pour la population défa-vorisée, ce mode d’alimentation constitue un moyende se nourrir à faible coût. A Dakar, au contraire, l’ali-mentation de rue dans les petits restaurants sembleencore un luxe pour beaucoup, en raison du prixassez élevé des plats préparés. D’autres formes d’or-ganisation (collectives et non individuelles) de prisede repas se mettent en place, notamment sur le lieude travail. Cependant, comme le constate I. Dia, d’oc-casionnelle, l’alimentation de rue tend à devenir unmode «normal» pour certaines catégories dans desvilles comme Dakar et Ouagadougou, alors qu’elleest entrée dans les traditions à Cotonou.

2.4 La transformation alimentaire: un secteur clé qui offre des produitsadaptés aux modes de vie des consommateurs urbains

Le thème de l’alimentation de rue met en évidence lerôle crucial occupé par les activités de transforma-tion: elles permettent, en effet, aux citadins d’avoiraccès à des produits locaux sous une forme particu-lièrement bien adaptée à leurs modes de vie. Dansce domaine également, l’importance des activités detransformation et les produits qui sont concernésvarient beaucoup d’une ville à l’autre comme ledémontrent les différents cas traités. Une chose estcertaine: les opérateurs de ce secteur, en particulierles multitudes d’artisanes qui l’animent, sont rare-ment prises en compte dans les stratégies alimen-taires. Pourtant, le rôle prépondérant de ce secteurdans la valorisation des produits agricoles locaux etson importante contribution à la valeur ajoutée dansles filières vivrières en matière d’emplois et de reve-nus méritent que son développement soit appuyé.D’où la nécessité d’étudier les tendances à la diversi-fication alimentaire en ville, d’examiner, en particulierdans cette perspective, quels sont les produits locauxqui seraient les plus susceptibles de se prêter à ladiversification après transformation. C’est dire l’im-portance de la prise en compte du facteur technolo-gique dans cette évolution et des modalités d’accès(formation, crédits) à de nouveaux procédés de trans-formation pour les artisanes 4.

2.5 Le problème aigude la qualité des aliments

Pour M. Padilla, la qualité de l’alimentation urbaineest telle que les modalités d’utilisation et de consom-mation sont «des bombes à retardement» pour lasanté des individus. Contaminations et intoxicationssont des lieux communs. Assurer une plus grandemaîtrise de la qualité des aliments (bruts, transfor-més, locaux ou importés) devient alors une nécessitéurgente dans tous les pays. Or, d’une part, ce problè-me de santé publique n’est pas inscrit dans les prio-rités des ministères de la santé qui mènent une poli-tique curative plus que préventive et qui ne sont passensibilisés à la nutrition et ses relations avec l’Etatde santé (M. Padilla); d’autre part, l’examen des dis-positifs existant dans les divers pays révèle que lesactions en matière de contrôle de qualité sont, d’unemanière générale, éparpillées entre diverses struc-tures sans aucune coordination entre elles. Enfin, ilfaut noter l’absence de textes législatifs spécifique-ment consacrés à la question de la qualité des ali-ments et adaptés au contexte africain5.

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Les exigences des consommateurs urbains en matiè-re de qualité et d’hygiène des aliments sont encoremal connues: si l’on constate l’émergence d’une nou-velle conscience des consommateurs dans ce domai-ne, celle-ci est encore peu répandue et plus souventdéveloppée par les associations de consommateursque par les individus eux-mêmes. Comme le relève I.Dia, les populations démunies des quartiers pauvressont plus préoccupées par la sécurité de l’approvi-sionnement et la maîtrise des prix que par les ques-tions de qualité. Cet auteur souligne un autre aspectimportant de l’évolution actuelle: l’alimentation de rueest encore perçue comme une alimentation de com-plément (ou d’entre deux repas) alors qu’elle estdevenue la principale forme pour certaines coucheset certains repas. Ce décalage entre la perception etla réalité pourrait expliquer la faible exigence desconsommateurs par rapport aux aliments de rue.

On discerne ainsi le champ très vaste des interven-tions nécessaires à la mise en place d’une véritablepolitique de maîtrise de la qualité, à la fois institution-nelles (qui concernent tant les collectivités localesque les autorités centrales), réglementaires, de for-mation, d’information et d’éducation en direction desdifférents acteurs des SADA, tout particulièrementdes consommateurs urbains et de leurs associations.

2.6De l’acteur individuel à l’acteur collectif: l’émergence des associationsde consommateurs

L’émergence extrêmement rapide des associationsde consommateurs, ces dernières années en Afrique(elles étaient au nombre de six dans six pays en1990, aujourd’hui on en compte plus de 100 dans 45pays en Afrique) est en effet un phénomène mar-quant de la scène urbaine. A l’origine, les préoccupa-tions de ces associations (généralement créées pardes intellectuels issus des classes moyennes) étaientaxées sur les problèmes de la qualité des produits etleurs interventions basées sur les revendications et lelobbying à l’image des mouvements de consomma-teurs européens. Poussées par la nécessité d’ancrerleurs actions dans la réalité sociale des plus largescouches des consommateurs urbains et, notamment,de prendre en compte les exigences des catégoriesles plus défavorisées, les actions de ces associationsont profondément évolué: elles s’orientent aujour-d’hui en effet vers la mise en place de centralesd’achat ou de stocks de sécurité implantés dans lesquartiers populaires. Pour I. Dia les évolutions aux-quelles on assiste sont donc propices à l’émergenced’une conscience nouvelle quant à la nécessité d’im-pliquer les consommateurs à travers leurs organisa-tions dans toutes les discussions concernant l’appro-visionnement et la distribution des aliments. C’est

pourquoi, comme le souligne l’auteur, il est importantde se rendre compte que la frontière entre les fonc-tions de consommation et celles d’approvisionne-ment, qui confinerait les consommateurs dans larevendication et le lobbying, n’est pas opérationnelledans le contexte africain d’insécurité et de règlesimparfaites.

Répondant à une demande sociale réelle, l’action deces associations est primordiale bien qu’elle soitentravée par de nombreuses contraintes (manque decompétences, actions encore trop dispersées et pasassez ciblées, faible reconnaissance de leur rôle parles pouvoirs publics, accès difficile au crédit pourmener leurs opérations d’achat et de stockage, etc.).Celles-ci devraient être étudiées de façon approfon-die dans toute stratégie d’amélioration des SADAafinque soient définies des mesures propres à lesappuyer.

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3Les SADAet les acteursde l’approvisionnement et de la distribution alimentaires en milieu urbain

La demande urbaine jouera un rôle moteur du chan-gement agricole à condition que les circuits d’appro-visionnement et de transport soient efficients et queles coûts de transaction soient aussi réduits que pos-sible.

Dans quelles conditions fonctionnent les SADA dansles grandes villes en Afrique, quelles sont les straté-gies des acteurs dans les circuits amont (l’approvi-sionnement) comme aval (la distribution en milieuurbain), quelles sont les principales contraintes entra-vant leur organisation, comment alors améliorer l’effi-cacité des services d’intermédiation afin d’augmenterleur capacité à satisfaire une demande alimentaireurbaine croissante? Ces différents thèmes et ques-tionnements ont été abordés par plusieurs communi-cations sous des perspectives diverses. On en souli-gnera les aspects majeurs en différenciant ceuxayant trait au système d’approvisionnement (la chaî-ne de commercialisation jusqu’au stade gros) et ceuxconcernant la distribution finale alimentaire en milieuurbain, en privilégiant la question des marchés dedétail.

3.1L’approvisionnement des villes en produits alimentaires

3.1.1La disponibilité physique des aliments enville est correctement assurée par les SADA

La capacité d’adaptation, ainsi que le dynamisme desacteurs des SADA, sont aujourd’hui largement recon-nus: partout, la disponibilité physique des alimentsest assurée. Quand elle ne l’est pas ou de façoni n s u ffisante, l’explication doit en être recherchéedans les contraintes propres aux systèmes de pro-duction (en particulier pour les marchés légumierscaractérisés par l’alternance des périodes de pénurierelative et d’engorgement), dans l’absence quasitotale d’infrastructures routières spécifiques à cer-tains pays, ou encore dans les conditions politiques(guerres).

Si, de manière générale, les systèmes de commer-cialisation ont assuré par le passé et assurent aujour-d’hui l’approvisionnement régulier des villes, avecquelle efficacité le font-ils et à quels coûts?

3.1.2Le risque commercial, les contraintes et les stratégies des acteurs

Le facteur risque est un élément clé pour l’analyse dufonctionnement des SADA, notamment en ce quiconcerne les marchés vivriers et pour la compréhen-sion des stratégies adoptées en conséquence par lesacteurs commerciaux.

L’environnement économique du commerce des pro-duits vivriers se caractérise par un niveau élevé derisque et d’incertitude: en amont, il s’agit des risquesdus aux aléas de la collecte compte tenu d’une offreagricole dispersée et irrégulière, au manque d’infor-mation sur la disponibilité des produits, aux insuffi-sances de l’offre de transport, à son irrégularité et àson prix. En aval, les risques découlent de la conjonc-ture du marché, de la concurrence permanente denouveaux arrivants, des fluctuations des prix et de lademande sous l’effet de différents facteurs non prévi-sibles.

L’environnement institutionnel, quant à lui, se carac-térise par l’existence de pratiques réglementairesinadaptées et tatillonnes, de taxations abusives etfréquemment arbitraires. A ces différentes contraintess’ajoutent celles propres aux commerçants - de capi-tal, d’accès au crédit -, pour ne citer que les deux plusimportantes (L. Wilhelm).

Les contraintes pesant sur le fonctionnement desSADA sont par conséquent nombreuses: N. Terpendet K. Kouyaté en dressent le recensement général ense plaçant du point de vue des différents intervenantsde la filière d’approvisionnement des villes: opéra-teurs privés directs (les producteurs, commerçants,transporteurs et consommateurs), indirects (lesbanques), les intervenants publics (les administra-tions centrales et spécialisées, les chambres consu-laires et les collectivités locales). Les problèmes rele-vés par ces acteurs touchent à des domaines mul-tiples: les contraintes principales sont d’ordre écono-mique, administratif et législatif; elles tiennent auxdéficiences et à l’inadéquation des infrastructures etdes équipements marchands en milieu urbain; ellessont organisationnelles, enfin humaines et sociales.

Ces contraintes affectent tous les commerçants,façonnent leurs comportements, orientent leurs choixet fixent leurs stratégies. Pour se prémunir contre lesrisques et l’instabilité des marchés qui caractérisentles marchés vivriers, les commerçants adoptent descomportements anticoncurrentiels.

Ce sont des pratiques d’achat et de vente basées surdes relations personnalisées pour fidéliser à la foisles vendeurs et les acheteurs, des contrats et des

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commandes anticipées pour réguler l’approvisionne-ment, des systèmes de crédit pour sécuriser l’appro-visionnement et garantir l’écoulement des marchan-dises, la constitution d’associations entre commer-çants visant à limiter la concurrence sur les marchésd’achat ou sur les marchés de vente, et à restreindrel’accès au crédit des «outsiders» (L. Wilhelm).

3.1.3Des coûts de commercialisation élevéslargement grevés par le transport

L’ensemble des imperfections des marchés vivriers,l’addition des dysfonctionnements constatés à tousles niveaux de la chaîne d’approvisionnement abou-tissent à des coûts de commercialisation élevés quipénalisent fortement les ménages urbains (E.Tollens).

Une importance particulière doit être alors accordéeau problème du transport dans toute analyse desSADA des villes en Afrique.

J. Lombard met en évidence, à partir de l’exemple duSénégal, la forte segmentation du secteur des trans-ports. Dans la plupart des pays, l’orientation des fluxet la hiérarchisation des services de transport sontpolarisés par les capitales et par la commercialisationdes produits de rente. C’est le marché des produitsde rente (le fret «riche») qui conditionnent très large-ment l’offre de transport et ses prix, et définit desaxes privilégiés entre zones de production et lieuxd’exportation ou de transformation (villes portuaires,unités de transformation agro-industrielles). Dans lacommercialisation des produits vivriers (le fret«pauvre»), l’atomisation de l’offre, les déficiencesparticulières des infrastructures routières (en particu-lier les pistes rurales) exercent de fortes contraintessur l’activité de transport. Les services de transportpour la collecte primaire sont irréguliers et souventinsuffisants. La profession de transporteurs de pro-duits vivriers est assurée par de petits opérateurs dis-posant d’un faible capital, en général peu spécialisés,la diversification de leurs activités étant une réponseau risque du métier.

Il faut relever à cet égard une loi générale du trans-port que nombre d’études spécialisées sur le camion-nage en Afrique comme dans d’autres pays ont miseen évidence, notamment l’Institut national derecherche sur les transports et leur sécurité(INRETS). Les coûts de transport ne sont pas pro-portionnels à la distance mais au contraire varient enfonction inverse de celle-ci et des quantités transpor-tées. Le transport de quantités unitaires faibles sur decourtes distances revient toujours beaucoup pluscher que celui de gros tonnages sur des véhicules

lourds et sur longue distance. Par ailleurs, les coûtsde transport sur une même distance sont étroitementcorrélés à la qualité des infrastructures.

L’éloignement des zones d’approvisionnement desmarchés urbains n’est donc pas, en soi, un facteur derenchérissement du coût du transport. Sont plutôt encause les deux facteurs suivants: d’une part, lesniveaux existants d’organisation des activités de pro-duction du monde rural, leur orientation plus ou moinsspécialisée pour l’approvisionnement des marchésfacilitant ou non le groupage (cette organisationdépend alors grandement du système d’informationsur les prix); d’autre part, les déficiences propres del’offre de transport: dans les zones vivrières, les mar-chands camionneurs exercent un pouvoir de monop-sone qui tend à réduire les prix des produits agricolesqu’offrent les cultivateurs. Un tel pouvoir s’expliquepar le fait que les transporteurs commerçants sont enpetit nombre face à une multitude de producteursindividuels, que la concurrence entre eux ne joueguère par conséquent, enfin que les producteurs nepossèdent généralement pas ou très peu d’informa-tions sur les prix des produits en vigueur sur les mar-chés terminaux (E. Tollens).

S. Snrech note que les analyses disponibles sur lastructure des coûts de mise en marché montrent,qu’en ce qui concerne le transport, les gains n’y sontpas faciles: les marges commerciales dans ce sec-teur sont faibles (de l’ordre de cinq pour cent) etl’amortissement des matériels de transport est àpeine assuré.

Une réduction des prix de transfert passe donc parune amélioration des infrastructures de transport,réduction qui doit être mise en regard du coût élevéde la mise en place des infrastructures routières maisaussi de leur entretien (S. Snrech).

3.1.4Améliorer le maillon urbain des systèmes d’approvisionnement: le rôle des marchés de gros

3.1.4.1L’absence d’équipements et d’infrastructures

adpatés au commerce de gros

Les conditions dans lesquelles s’exerce la fonction degros pénalisent la chaîne d’approvisionnement touteentière et représentent en définitive un facteur impor-tant du renchérissement des produits pour lesconsommateurs urbains. A l’exception du marché degros de poissons de Dakar et de celui, en construc-tion, de Bouaké en Côte d’Ivoire, on constate en effetque le commerce de gros des produits alimentaires,

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et tout spécialement celui des produits périssables,ne dispose ni d’aménagement ni d’installations spéci-fiques dans les villes en Afrique.

Les espaces urbains sur lesquels les grossistes exer-cent leurs activités sont, d’une manière générale, dis-persés au sein de la ville: on observe la concentrationde grossistes aux abords, voire au sein même desgrands marchés centraux; les flux d’approvisionne-ment, les stationnements de véhicules occasionnentalors de nombreux problèmes de circulation et decongestion de quartiers entiers; on trouve aussi desconcentrations de grossistes aux points de rupture decharge des grands axes routiers pénétrant dans laville. Partout, les conditions de fonctionnement sontgravement défectueuses: absence ou insuffisancedes équipements de stockage, mauvaises conditionsde conservation, manque de place pour le stationne-ment des véhicules, les opérations de déchargement,problèmes d’hygiène et d’insécurité. Les coûts qu’en-traîne cette situation ne sont pas seulement environ-nementaux, ils sont aussi et principalement écono-miques (L. Wilhelm). Pour tous les produits vivrierspérissables, il en résulte un niveau de pertes élevéd’où un renchérissement des produits. Enfin, la dis-persion des activités de gros dans le tissu urbain nepermet pas une confrontation aisée de l’offre et de lademande et ne favorise donc pas la formation d’unprix d’équilibre.

La situation est alarmante: des villes millionnairessont ainsi approvisionnées chaque jour grâce à desmilliers d’agents dans des conditions de désorgani-sation qui ont atteint leurs limites et surtout à un coûtéconomique élevé pour la collectivité toute entière.

3.1.4.2 La création de marchés de gros:

un outil pour l’amélioration des SADA

des villes en Afrique

ll faut alors souligner le rôle que de véritables mar-chés de gros - au sens d’équipements physiquesspécialement destinés à cet effet - peuvent jouerdans l’amélioration de l’approvisionnement et de ladistribution alimentaire des grandes villes6.

E. Tollens en décrit les principaux avantages écono-miques. Ils se situent à différents niveaux: celui de laformation des prix qui est favorisée et rendue plustransparente, ce qui entraîne une diminution descoûts de transaction (les coûts encourus par les opé-rateurs pour obtenir les informations sur les prix desmarchés); celui de la réduction des coûts de l’en-semble des services de commercialisation par laréduction des coûts de transport et de manutention,l’obtention d’économies d’échelle, la réduction des

pertes, la facilitation du triage et du classement desqualités, une plus grande utilisation de poids etmesures standards et un gain de temps pour lesdétaillants. La spécialisation des activités des opéra-teurs que permet la séparation physique des activitésde gros et de détail est source de gains de producti-vité. Un dernier avantage est à prendre en compte: lacréation de marchés de gros organise une meilleurearticulation des structures de distribution modernesexistant dans les grandes villes (les supermarchés)avec la production vivrière locale par la garantie d’unapprovisionnement régulier, en quantité et demeilleure qualité.

3.1.4.3Une concertation nécessaire

avec les usagers professionnels

du marché de gros

Un projet de création de marché de gros nécessiteque soient analysées de façon approfondie les ques-tions liées:

• à l’implantation de l’équipement;

• aux produits et aux opérateurs concernés en priori-té;

• aux types d’installations nécessaires et au nombrede services annexes qui peuvent être offerts, et ceen rapport avec le niveau de redevances à perce-voir pour en garantir l’amortissement et l’entretien;

• à l’organisation et la gestion du marché. L’ensemblede ces questions demande alors une réelle concer-tation entre les usagers et les pouvoirs publics (col-lectivités locales et autorités centrales).

Le succès d’un marché de gros dépend en effet lar-gement de la volonté des opérateurs d’y participer etde développer leurs activités dans ce cadre nouveau(L. Wilhelm). Il apparaît alors indispensable de lesimpliquer dès le démarrage du projet. Il est importantde relever à cet égard les expériences qui ont coursdans les deux seuls équipements de gros modernesexistant aujourd’hui: à Bouaké, la mise en place d’unComité technique consultatif a permis d’associer trèstôt les grossistes aux différentes phases du projet (A.G. Aguié); à Dakar, après la construction du marchéde gros de poissons, les mesures d’adaptation auxbesoins des divers opérateurs en matière d’équipe-ments et de services proposés, sont à mettre au cré-dit du processus de concertation permanente menéentre le gestionnaire du marché et les profession-nels7.

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En définitive, comme le souligne E. Tollens, la créa-tion d’un véritable marché de gros n’entraîne pas ipso

facto l’amélioration du fonctionnement des circuitsd’approvisionnement des produits vivriers, mais ilpeut être un outil important dans une stratégie globa-le de mise en place d’un meilleur approvisionnementalimentaire des villes en quantité et en qualité.

3.2La distribution alimentaire en milieu urbain

3.2.1Les marchés: un rôle prépondérant dans l’approvisionnement des citadins

La distribution alimentaire dans les villes est assuréepar de multiples réseaux et opérateurs, formes d’or-ganisation et de vente qui tous contribuent à l’appro-visionnement des consommateurs: commerce et res-tauration de rue, ventes ambulantes livrant à domici-le les plats et les produits souhaités, magasins,supermarchés et supérettes, marchés publics enfin.Les marchés de détail jouent encore un rôle prépon-dérant dans l’approvisionnement des citadins et c’estpar leur canal que l’essentiel de la distribution ali-mentaire s’effectue en ville.

Dans toutes les grandes villes, l’accroissement de lapopulation et l’extension corrélative des zones habi-tées avec le développement d’un secteur populaire,largement lié au commerce alimentaire, exercent unepression croissante sur le secteur des marchés.

3.2.2 Des marchés en nombre insuffisant et de nombreux dysfonctionnements

L’examen de la situation de ce secteur révèle denombreuses carences et dysfonctionnements.

3.2.2.1L’insuffisance des équipements marchands

Les déficiences constatées concernent en premierlieu l’insuffisance des équipements marchands. Leproblème se situe à deux niveaux: d’une part, laconstruction de marchés s’est révélée insuffisantepour desservir correctement l’ensemble des zonesurbanisées, d’autre part, l’augmentation considérabledu nombre des vendeurs sur les marchés existantsn’a pas été accompagnée d’une augmentation signi-ficative de la capacité de ceux-ci. Ces deux facteursconjugués sont en large partie à l’origine de la situa-tion actuelle qui se caractérise par la saturation, ladésorganisation et l’insalubrité des équipementsexistants, ainsi que par l’occupation généralisée desemprises de la voirie par les vendeurs et la multipli-

cation de marchés spontanés dans les quartiers maldesservis (L. Wilhelm).

3.2.2.2 Les défauts de conception,

les carences des infrastrutures de base

et les dysfonctionnements

Les marchés, qui ont été construits ou moderniséspar les pouvoirs publics, présentent souvent desdéfauts de conception, et ce tant par manque deconcertation avec les usagers commerçants que parune insuffisante connaissance du fonctionnementdes circuits d’approvisionnement et de distribution ali-mentaires en milieu urbain: on note ainsi des installa-tions non fonctionnelles ne répondant pas auxbesoins des commerçants et qui ne sont jamais utili-sées, la construction de marchés à un étage qui ontdemandé un effort financier important des autorités etqui restent à moitié vides, la non prise en compte lorsde la construction du marché des zones de débar-quement et de déchargement nécessaires à l’appro-visionnement des commerçants, ce qui conduit à lacongestion des abords des marchés et souvent duquartier tout entier (A. Gnammon-Adiko).

Les infrastructures de base (eau, électricité etréseaux de drainage) font défaut ou ne fonctionnentque très imparfaitement sur la plupart des marchés.L’entretien des marchés et les services étantdéfaillants, ce sont généralement les organisationsde commerçants qui se substituent aux missions despouvoirs publics pour en assurer un accès minimumaux usagers, commerçants comme consommateurs(nettoyage, gardiennage, police, approvisionnementen eau). Pour ces différentes raisons, le fonctionne-ment actuel des marchés est loin de pouvoir garantirl’hygiène et la salubrité nécessaires à la vente de pro-duits destinés à la consommation ainsi que la sécuri-té des usagers.

3.2.2.3Une gestion des marchés défaillante

Il s’établit ainsi un cercle vicieux: les commerçantsestiment que l’ensemble des services pour l’organi-sation desquels ils payent déjà et auxquels ils ontdroit, ne leur sont pas rendus. Ils considèrent doncque la taxe perçue sur les marchés est une ponctionfiscale injustifiée et s’acquittent imparfaitement deleurs droits de place. De leur côté, les pouvoirspublics se montrent hésitants alors à améliorer sub-stantiellement le recouvrement de ces droits (a fortio-ri de les augmenter) dont les recettes sont pourtantessentielles à leur budget. Ceci limite d’autant leurspossibilités de modernisation, d’extension ou decréation d’équipements marchands. On constate, parailleurs, de nombreuses dérives dans la gestion des

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marchés: taxations souvent abusives des petitesdétaillantes, ententes avec les plus grands commer-çants, fraudes multiples de la part de collecteursinsuffisamment rémunérés et insuffisamment formés.

3.2.3 Une nécessité: améliorer le fonctionnementet l’organisation de la distribution alimentaire en ville

L’ensemble des dysfonctionnements constatés dansle secteur des marchés ont de lourdes conséquencespour les consommateurs, à la fois économiques (enalourdissant les prix finaux des produits), sanitaires etsociales.

Il faut alors créer de nouveaux marchés, moderniserceux existants, augmenter leurs capacités d’accueil,améliorer les infrastructures de base et les services,reformuler les règles de gestion, imaginer des solu-tions pour créer un cadre d’activité satisfaisant pourle commerce de rue (hygiène, salubrité, mais aussiprise en compte de son rôle), organiser et orienter lesflux d’approvisionnement par la création d’équipe-ments spécifiques (marchés de gros): le chantier estimmense et urgent.

Cette analyse met alors en relief le rôle décisif quepeuvent jouer les autorités locales dans l’améliorationdes conditions de la distribution alimentaire.

4La gestion de la ville et les SADALe rôle des collectivités locales dans l’amélioration des SADA

A. Gnammon-Adiko observe que «La gestion urbaines’est concentrée jusqu’à présent sur des priorités quiétaient autres que les politiques alimentaires: électri-fication, équipements collectifs pour la santé, éduca-tion et affaires sociales, réseaux d’adduction d’eau,de drainage et de voirie, etc. Aujourd’hui se présenteune nouvelle priorité, celle du ravitaillement des villesen produits alimentaires suffisants et au moindrecoût. Comment les communes peuvent-elles s’impli-quer davantage dans les SADAet améliorer l’efficaci-té de ces systèmes?» Telle est bien la question defond soulevée par l’auteur en introduction aux débats.

4.1Favoriser la prise de conscience de la relation entre l’amélioration des SADA et le fonctionnement de la ville

Donner aux collectivités locales une vision claire dufonctionnement des SADA et de leur impact sur laville, telle est en effet l’une des conclusions majeuresde la réflexion menée dans le cadre du séminaire.Les collectivités locales sont encore insuffisammentconscientes aujourd’hui que l’amélioration de l’appro-visionnement et de la distribution alimentaires, tantdu point de vue physique et organisationnel quefinancier, a un impact sur le fonctionnement de la villeentière et, partant, sur les conditions de vie de seshabitants.

4.1.1Moderniser et développer des équipementsmarchands

Le développement et la modernisation des équipe-ments marchands et des espaces commerciaux doi-vent constituer un objectif prioritaire pour les collecti-vités locales. Comme le souligne A. Gnammon-Adiko«Concevoir des marchés fonctionnels et des réseauxde communication demeure leur tâche phare. Lescollectivités locales doivent, par conséquent, consi-dérer ces investissements comme une obligation deleur mission».

Aujourd’hui, les carences générales dans le secteurdes marchés sont telles que les autorités localesmanquent d’éléments pour apprécier les priorités enmatière d’intervention: par quel marché commencer,quelle hiérarchie dans les actions, quels en seront lesdifférents coûts, les différents impacts, etc., avec

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quels acteurs, de quelles informations disposer pourpouvoir intervenir? Il est alors nécessaire de lesappuyer dans la mise en oeuvre d’une stratégie glo-bale sur le secteur des marchés, les aider à clarifierles objectifs poursuivis, leur fournir les éléments d’in-formations dont elles ont besoin.

4.1.2Développer les formes de partenariat

Il faut en particulier susciter le développement de par-tenariats avec les acteurs des SADA directementconcernés: associations d’usagers des marchés -commerçants et consommateurs -, et opérateurs pro-fessionnels divers. La gestion et le financement desmarchés peuvent en être l’occasion.

4.1.3Améliorer la gestion des marchés

Améliorer la gestion des marchés est aujourd’hui unequestion clé pour les collectivités locales: il leur estimpératif d’améliorer le rendement de leurs rede-vances afin de faire face à leurs obligations de servi-ce public. Cette notion de service public local, àcaractère social fort, est particulièrement importantedans la période actuelle et certainement pour long-temps encore.

Il faut aider les collectivités locales à identifier et àdiversifier les modalités de gestion possibles: lessolutions pourront différer selon l’importance et lanature des marchés en question (marchés de quar-tier, marchés centraux, marchés de gros). Sur lesmarchés de quartier, il faut pouvoir appuyer la priseen main de la gestion et de l’organisation par desassociations de commerçants. Les grands marchésurbains comptant plusieurs milliers de commerçantssont généralement gérés en régie directe, systèmedont les limites apparaissent aujourd’hui clairement.D’autres solutions institutionnelles peuvent alors êtremises en place (régie autonome, affermage, conces-sion, etc.; on relèvera que la gestion du marché degros de Dakar est assurée par une régie autonome etqu’une société d’économie mixte est prévue pour lemarché de gros de Bouaké). Elles doivent être pré-parées et appliquées en concertation avec lesdiverses catégories d’agents et d’usagers concernés.

Les exemples de marchés gérés autrement qu’enrégie directe, bien que très peu nombreux, existentcependant en Afrique. Il est important de les étudier,d’en faire le bilan et d’en tirer les expériences pouraider les collectivités locales à améliorer la gestion deleurs marchés.

4.1.4 Le financement des marchés: des solutions diverses et adaptéesaux objectifs poursuivis

Le financement des marchés reste la grandecontrainte des collectivités locales: dans ce domaineégalement, des types de partenariat appropriés doi-vent être recherchés. Le financement public (Etat etcollectivités locales appuyés par les bailleurs defonds) continuera d’assurer la part essentielle de l’ef-fort d’investissement que demanderont la construc-tion et la modernisation des grands équipementsmarchands (marchés de gros, abattoirs, gares rou-tières). Cependant, le réaménagement et la construc-tion de marchés de détail peuvent être l’occasion demobiliser des ressources financières privées.Comme le souligne A. Gnammon-Adiko, les commer-çants ne voient pas d’inconvénients à être partie pre-nante dans de tels projets, à condition que soientprises un certain nombre de mesures, par exemplesur la sécurisation de leur statut d’occupation, lesbaux et le niveau de contribution de chaque opéra-teur.

4.1.5 Un domaine clé: l’information et la formation des gestionnaires urbains

Il est apparu aussi urgent de développer l’informationet la formation des techniciens et des élus des villes

d’Afrique subsaharienne et de leur fournir des com-paraisons concernant le fonctionnement des mar-chés dans d’autres continents. C’est l’une des préoc-cupations majeures exprimées par les gestionnairesurbains et les praticiens présents au séminaire.

4.2 La gestion urbaine et les SADA: une gestion de proximité ouverte aux préoccupations des acteurs

Une gestion urbaine trop centralisée, trop bureaucra-tique, sans consultation avec les populations concer-nées, trop longue, inadaptée au contexte actuel, inca-pable d’accompagner le développement de la villeréelle car plus préoccupée par la réalisation d’uneville idéale, telles sont les principales critiques quisont adressées le plus souvent aujourd’hui à la plani-fication urbaine.

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4.2.1Le problème de l’approvisionnement de la ville permet de renouveler l’approche de la planification urbaine

Pour M. Coquery, «La prise en compte des pro-blèmes liés à l’approvisionnement et à la distributiondes produits alimentaires offre l’occasion de renouve-ler les méthodes et les pratiques de la planificationurbaine. C’est aussi l’occasion de renouveler laquestion des pouvoirs et surtout de leur mise enoeuvre dans un contexte de décentralisation».

Comme il le souligne, une gestion urbaine ouverteaux préoccupations d’approvisionnement et de distri-bution des produits alimentaires, pour atteindrequelque efficacité, doit être conduite au niveau de lacollectivité locale: Ceci pose, d’une part, la questiondes pouvoirs municipaux face aux pouvoirs d’Etatgarants du cadre local d’ensemble, d’autre part, lacapacité d’aménagement et de planification des auto-rités locales.

Les pouvoirs publics restent le moteur d’unedémarche de planification urbaine. Or, on constateque le déficit de sensibilisation/information sur lasécurité alimentaire et sur les consommateursurbains est notable, notamment au sein des adminis-trations et parmi les techniciens de l’urbanisme.Leurs priorités ne concernent pas l’approvisionne-ment et la distribution alimentaires des habitants de laville.

Il paraît alors indispensable d’engager une informa-tion et une sensibilisation des administrations et destechniciens sur la question des SADA et de soulignerleurs enjeux en rapport avec le développementurbain et sa maîtrise.

4.2.2Des champs d’intervention privilégiés pour une gestion de proximité

Les collectivités locales ont pour leur part un champd’action privilégié en matière de planification urbaine:créer des équipements marchands et réserver desespaces aux diverses activités des opérateurs desSADA. Mais quelle est leur capacité d’aménagementet de planification? Une chose est d’affecter un espa-ce à une fonction, autre chose est le contrôle et lagarantie de l’usage des sols. Par quels moyenscontrôler et maintenir l’affectation d’un espace à unefonction déterminée lorsqu’elle a été décidée, notam-ment pour une activité commerciale de distribution?«La seule réponse est donc bien une démarche par-ticipative impliquant acteurs et habitants dans la for-

mulation d’une affectation de l’usage des sols, etdans la responsabilisation acceptée des acteurs pourle contrôle et le maintien de l’espace ainsi affecté».

La prise en compte des zones d’activités maraî-chères intra et périurbaine apparaît aussi comme undes champs d’intervention décisifs des collectivitéslocales en relation avec les SADA. Comment les inté-grer à des processus, planifiés ou non, d’extension etde restructuration urbaine? Peuvent-elles être défen-dues au nom de certaines logiques d’aménagement(difficultés d’assainissement ou non constructibilitéde zones de bas fonds)? A tout le moins, une négo-ciation s’impose avec les détenteurs coutumiers desdroits fonciers sur ces espaces agricoles.

4.2.3La concertation participative et les principes d’aménagement: le souci de l’intérêt général

La question des partenariats est au coeur de la pro-blématique du renouvellement des méthodes et del’objet de la planification.

Cependant, aucune des interventions des collectivi-tés locales ne peut se concevoir dans le seul intérêtdes usagers (pour les marchés par exemple) ou despropriétaires quand il s’agit de problèmes fonciers.Elles doivent pouvoir se référer à des principesd’aménagement visibles et tenables économique-ment et socialement, car menés avec le souci dubénéfice de la collectivité toute entière.

Pour M. Coquery, la démarche de concertation parti-cipative à l’échelle des collectivités décentralisées nepeut faire l’économie d’instances d’arbitrage ni de laréférence à l’Etat de droit. Il convient alors de réflé-chir à des mécanismes décentralisés d’arbitragedans le cadre de l’Etat de droit.

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5Le débat sur le rôle de l’Etatet les politiques

Le débat sur les politiques a été permanent dans lecadre du séminaire: politiques spécifiques (ou secto-rielles) propres à chaque composante des SADA,enfin politiques et programmes généraux de dévelop-pement des SADA. En toile de fond de la réflexion surles politiques appliquées aux systèmes d’approvi-sionnement et de distribution alimentaires des villesen Afrique, une question essentielle revient de façonrécurrente: c’est celle du rôle de l’Etat dans uncontexte de libéralisation économique mis en placepar les plans d’ajustement structurel.

L’approche de la dimension urbaine des politiqueséconomiques développée par M. Padilla dans unevision globale et prospective (politiques d’approvi-sionnement pour l’an 2020) élargit le débat sur le rôlede l’Etat en soulevant deux interrogations de fond:quels sont les choix fondamentaux auxquels les Etatssont confrontés pour assurer la sécurité alimentairedes villes sur le long terme? Peut-on dissocier ceschoix du projet de société sur lequel les Etats devrontbâtir leur développement?

5.1Le rôle de l’Etat dans les SADA

Si l’on s’accorde sur ce que l’Etat devrait être - unrégulateur des forces du marché au bénéfice de lacollectivité toute entière, un médiateur entre lesgroupes de pressions, un facilitateur, enfin le garantdes règles qui s’imposent à tous - force est deconstater que les politiques de libéralisation n’ont pasété accompagnées de la mise en place d’un nouveaucadre juridique cohérent, nécessaire au développe-ment général des sociétés africaines.

Les besoins fondamentaux en matière de réglemen-tation et de cadre législatif pour améliorer les sys-tèmes d’approvisionnement et de distribution sesituent à plusieurs niveaux. On distinguera ci-aprèsles points principaux abordés par le séminaire8.

5.1.1 Organiser le cadre d’une concurrence réelle

Le développement et l’amélioration des systèmesd’approvisionnement et de distribution alimentairesne peuvent se faire sans que soient clarifiées lesrègles du jeu entre les divers acteurs. Cela impliquede mettre en place un cadre réglementaire et législa-tif qui favorise la transparence en précisant les droitset devoirs de chacun des acteurs, et surtout en lesgarantissant.

Le retrait de l’Etat de ses champs d’intervention éco-nomiques classiques a conduit très souvent au déve-loppement de pratiques monopolistiques et de collu-sion entre les opérateurs privés. C’est une situationfréquente dans le secteur de l’importation des den-rées alimentaires de base. Il apparaît alors nécessai-re de renforcer les services de concurrence qui exis-tent dans tous les pays africains et surtout d’orienterleurs actions dans une perspective plus dynamiquearticulant secteur de l’importation et commercialiationdes produits vivriers de base.

5.1.2Encourager la contractualisation

Des formes nouvelles d’échanges sont en train de sedévelopper en relation avec l’organisation croissantedes divers groupements professionnels, les besoinsdes marchés urbains et ceux à l’export, et la deman-de des industries locales de transformation agro-ali-mentaire. Pour répondre à cette demande, on assis-te dans de nombreux pays africains au développe-ment privé de la production sous contrat. Il est néces-saire de donner un cadre légal clair à ces transac-tions afin de stabiliser et sécuriser les relations entreles opérateurs. Il faut aussi mentionner dans cechamp d’intervention les modalités nouvellesd’échanges directs qui sont appelées à se dévelop-per entre associations de consommateurs et produc-teurs. Elles aussi nécessitent de pouvoir se situerdans un cadre contractuel précis.

5.1.3Assurer la protection juridique des acteurs

La protection juridique de ses citoyens est au coeurdu rôle de l’Etat de droit. Mettre en place une régle-mentation apte à favoriser le jeu de la concurrenceentre acteurs économiques signifie nécessairementporter une attention particulière au cadre et aux pro-cédures qui permettent à ces acteurs de défendreleurs droits.

Dans cette perspective, on rappellera que la protec-tion du consommateur apparaît bien comme l’un deschamps nouveaux d’intervention de l’Etat en Afriquequ’il convient de mettre en place en priorité. Lanécessité de faire face à une dure compétition et decréer les conditions d’une concurrence loyale sur lemarché intérieur pour ne pas pénaliser la productionlocale, dans le contexte de la libéralisation queconnaissent les pays africains, fait apparaître sansdétour l’urgence d’un cadre légal assurant la maîtrisede la qualité des produits, locaux et importés, vendussur le marché national.

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5.1.4Le rôle clé de l’information

Un des facteurs essentiels à la régulation des mar-chés et à la concurrence est l’information de l’en-semble des acteurs. Les systèmes d’information surla chaîne alimentaire ont été différemment dévelop-pés selon les pays durant ces dernières années. Lesdonnées qu’ils rassemblent offrent, certes, des élé-ments de connaissance sur les systèmes d’approvi-sionnement et de distribution. Mais, en définitive,sont-ils utiles aux acteurs directement concernés?Leur collecte et leur utilisation par les pouvoirspublics sont perçues, à juste titre, par les acteurs desSADA comme l’occasion de mettre en place un nou-veau contrôle de leurs activités et non comme uneaide à la prise de décision. Il convient alors de déve-lopper l’information sous toutes ses formes, sur lesmouvements des marchés ruraux comme urbains etd’orienter ces informations vers les utilisateurs directs- consommateurs, producteurs et commerçants -,enfin faire sortir l’information du cadre étroit des pro-grammes d’aide d’urgence dans lequel la conceptiondes systèmes actuels semble encore trop souventconfinée.

5.1.5Elaborer une législation qui tienne compte des réalités actuelles

Il ne s’agit pas «d’informaliser la norme», maisd’adapter les réglementations en les simplifiant afinde les rendre plus efficaces. Il s’agit notamment defavoriser, à partir du secteur informel, l’évolution decertains de ses acteurs les plus dynamiques vers desformes plus modernes d’entreprise. Les exemples decette nouvelle catégorie d’entrepreneurs, dans toutesles villes africaines, militent pour un environnementlégal plus cohérent, plus transparent et qui surtouts’applique de la même façon pour tous, la complexi-té et l’inadaptation de la réglementation actuelle per-mettant difficilement cette évolution.

Il convient alors d’appuyer la mise en place descadres juridiques nécessaires aux différents niveaux(administration centrale et collectivités locales), derenforcer les compétences de ces services dans l’éla-boration des réglementations et l’harmonisation desréglementations existantes dans la sous-région: c’estun domaine prioritaire.

5.2La sécurité alimentaire, le développement des SADAet les politiques économiques: quel projet de société?

Mme Padilla rappelle que l’histoire des politiques ali-mentaires publiques mises en oeuvre au cours deces trente dernières années au nom de la sécurité ali-mentaire des populations apporte un premier éclaira-ge sur l’évolution de ce concept et de ses modalitésd’application: planification alimentaire jusqu’à la findes années 1960, sécurité alimentaire autocentréedes années 1970 (période pendant laquelle lerecours systématique à l’aide alimentaire et aux sub-ventions des prix de produits alimentaires importésont conduit à une politique inefficace du point de vuedu secteur agro-alimentaire, inéquitable et coûteuse),et libéralisation des économies à partir des années1980 qui a entraîné un changement complet de pers-pective.

5.2.1La question alimentaire n’est plus aujourd’hui une priorité des Etats

La conception qui prédomine est celle d’un ajuste-ment automatique de l’offre et de la demande ali-mentaires, en particulier urbaines, par le seul jeu dumarché libéré des contraintes diverses qui entra-vaient son développement. En agissant sur lesvariables structurelles de l’économie globale qui com-mandent l’économie alimentaire, on peut par consé-quent s’abstenir de mettre en oeuvre des politiquesspécifiques de sécurité alimentaire.

Dans la période actuelle, comme aucune politiqued’achat n’est prévue dans les plans d’ajustementstructurel, le seul moyen de garantir une alimentationsuffisante à tous est d’offrir des produits à prix rai-sonnables par la rationalisation de la chaîne alimen-taire. C’est bien là l’enjeu majeur de toutes les poli-tiques à engager pour améliorer l’efficacité desSADA. Pour autant, est-ce suffisant?

«Espérer que spontanément, par le seul jeu desforces du marché et des acteurs, on puisse atteindrela sécurité alimentaire relève de l’utopie. Il n’existepas de main invisible mais des intérêts contradic-toires».

Pour M. Padilla, des politiques compensatoires sontd’autant plus fondées que les mesures d’équilibrestructurel des économies conduisent à un appauvris-sement des populations.

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«Les conséquences de l’insécurité alimentaire decourt terme et de moyen terme sur le développementhumain justifient des mesures compensatoires auxplus défavorisés».

5.2.2Quelles sont les perspectives futures pour la sécurité alimentaire des villesà l’an 2020?

La gestion de l’urgence de court terme reste la pré-occupation majeure des gouvernements, souligne M.Padilla, qui constate que parmi les diverses voies dela sécurité alimentaire, aucun choix mûrement réflé-chi et délibéré n’a été fait. Or, aucune stratégie sur lelong terme ne peut être mise en place sans un projetde société cohérent: développer les systèmes d’ap-provisionnement et de distribution alimentaires desvilles suppose alors la résolution de dilemmes fonda-mentaux auxquels l’Etat doit faire face. Ces dilemmesportent essentiellement sur quatre points:

• la sécurité alimentaire et l’équité, ou «l’économis-me» et la réduction drastique des dépenses del’Etat;

• le contrôle du secteur privé ou la libéralisation tota-le;

• la stabilisation des marchés ou la liberté des prix;

• l’efficacité commerciale et de distribution immédiateou le développement du marché sur le long terme.

M. Padilla s’interroge finalement: les pays africainsmanifesteront-ils leur volonté politique de placer aucoeur de leurs choix cet objectif essentiel à la péren-nité de leur société: la sécurité alimentaire de leurspopulations?

6Conclusions

L’ensemble des débats sur les systèmes d’approvi-sionnement et de distribution alimentaires des villesen Afrique a reflété le caractère pluridisciplinaire duséminaire grâce auquel ont surgi une série de ques-tions et d’axes de réflexion constituant pour la plupartde nouvelles pistes de recherches et orientations deprogrammes d’actions pour l’amélioration du fonc-tionnement et de l’efficacité des SADA.

6.1Des outils et une méthodologie pour l’étude des SADA

Une approche systémique et interdisciplinaire visantl’appréhension de la complexité des systèmes ali-mentaires dans leurs multiples dimensions en inté-grant les différentes démarches disciplinaires (agro-économie, sociologie, nutrition, géographie, corpusjuridique) a été élaborée dans le cadre du program-me SADA (M. Aragrande). En outre, un travail trèsimportant d’organisation et de définition d’outilsméthodologiques a été réalisé dans le cadre de larédaction d’un Guide méthodologique. Ce Guide, entant qu’outil de travail, s’adresse aux chercheurs, pro-fessionnels, institutions engagés dans l’étude desSADA. Cette démarche interdisciplinaire a trouvé unepremière application dans l’étude des SADA d eDakar par une équipe multidisciplinaire de cher-cheurs. Comme le souligne M. Aragrande, touteapproche systémique soulève la question des limites,des «frontières» dans lesquelles circonscrire l’analy-se des relations entre acteurs qui sont décisives dansune perspective dynamique pour l’évolution et latransformation du système. La délimitation du champet la hiérarchisation des relations entre acteurs qu’ils’agit de privilégier sont d’autant plus importantesque les études de SADAengagées par la FAO enten-dent déboucher sur la mise au point de programmesde développement.

Dans ce sens, il conviendra, pour les études futures,de lier plus étroitement les choix méthodologiques(champs, hiérarchisation) aux utilisateurs finals de cetype d’étude (collectivités locales, centres de santé,services centraux de la planification urbaine, gestion-naires de marchés de gros, etc.) et à leurs préoccu-pations.

6.2L’efficacité des SADA

L’objectif poursuivi est celui de l’amélioration de l’effi-cacité des SADA des villes, entendue comme leurcapacité d’assurer un approvisionnement alimentaire

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en quantité et en qualité, à un prix accessible à toutesles catégories de la population urbaine, et cela defaçon durable. Il est alors nécessaire de définir lesinstruments et les mesures de cette efficacité. On asouligné les nombreux éléments (législatifs, régle-mentaires, organisationnels, infrastructurels,sociaux, etc.) qui rentrent en jeu dans le fonctionne-ment des SADAet qui tous concourent à leur plus oumoins grande efficacité. Il reste qu’au final, l’en-semble de ces paramètres s’expriment en prix, coûtset marges. Il apparaît alors plus que jamais importantde développer les études sur les coûts et les margesdes agents et sur la formation des prix à tous lesniveaux de la chaîne alimentaire. Il faudrait aussiapprofondir l’analyse des coûts et marges de la dis-tribution en milieu urbain, examiner notamment defaçon plus systématique comment un changement del’environnement est intégré par les agents du point devue économique. Par exemple, dans le cas des mar-chés, quels sont les coûts économiques de l’exercicede l’activité dans les conditions actuelles, quels sontles impacts alors d’un réaménagement d’un marché,comment les agents les répercutent-ils sur leursmarges, à l’amont et à l’aval? Ce type d’étude per-mettrait très concrètement aux collectivités locales demieux évaluer les avantages et les inconvénients dechacune de leurs interventions dans le secteur desmarchés. Par ailleurs, il semble aussi décisif d’amé-liorer les systèmes de collecte et de diffusion des prix,de les rendre plus opérationnels et de les orientervers leurs utilisateurs directs, les acteurs des SADA.

6.3 Le financement des services d’intermédiation

La contrainte de capital reste majeure pour tous lesacteurs économiques des services d’intermédiation.Les crédits bancaires au secteur commercial se limi-tent généralement aux plus grands opérateurs del’importation des denrées alimentaires. Commentdévelopper des outils financiers pour le secteur de lacommercialisation des produits vivriers (commer-çants comme transporteurs)? Comment y intéresserle secteur privé bancaire? Cela suppose d’imaginerdes solutions au problème clé des garanties quisoient adaptées aux contraintes des marchés vivriers(instabilité, risque, fluctuations). Des tentatives inté-ressantes de crédit basé sur le nantissement desstocks ont été mises en place dans certains pays.Elles restent trop souvent expérimentales, liées à desprojets et ne concernent principalement que le sec-teur céréalier (ce qui est non négligeable dans lespays sahéliens). La contractualisation qui est en trainde se développer devrait être l’occasion de nouvellespropositions sur le plan des outils de financement.Les marchés de gros, en favorisant une meilleureconnaissance des opérateurs et une plus grande

transparence de leurs transactions, permettraient demettre en place de nouvelles modalités de finance-ment du commerce de gros. Mais ces équipementssont encore rares. La recherche des outils de finan-cement pour la commercialisation des produitsvivriers est l’un des chantiers majeurs à engagerdans les études futures.

6.4Le processus d’innovation des produits alimentaires

Les SADA sont les vecteurs de processus d’innova-tion permanents. L’analyse des modes d’approvision-nement des consommateurs et de l’évolution de leursstyles alimentaires met en évidence combien lesagents de l’approvisionnement et de la distributionont su innover pour fournir aux citadins les produitsqui convenaient à leur désir de diversification alimen-taire et à leur mode de vie. Il est important de pous-ser plus avant la recherche sur les procédés qui peu-vent être mis à la disposition des acteurs du com-merce et de la transformation alimentaire en milieuurbain. Il faut lier la connaissance des consomma-teurs urbains aux besoins d’innovations technolo-giques dans la transformation alimentaire. Mais latransformation alimentaire n’est pas le seul secteur àconsidérer. D’autres champs d’intervention doiventêtre étudiés: le besoin d’innovation est grand aussi enmatière de conservation et de conditionnement desproduits. Il faut imaginer des moyens simples, repro-ductibles qui permettent d’abaisser les coûts de cer-tains facteurs de la chaîne de commercialisation.Enfin, l’attention aux procédés technologiques ne doitpas occulter la question fondamentale du processusd’innovation: son apprentissage, les conditions qui enfavorisent l’appropriation, la manière dont le milieusocial favorise ou, au contraire, freine sa diffusion sui-vant ses besoins.

6.5 L’agriculture périurbaineet les filières maraîchères

L’agriculture périurbaine joue un rôle fondamentaldans l’économie urbaine d’un triple point de vue: lasécurisation de l’approvisionnement des citadins, enmettant à leur disposition une grande diversité deproduits dont les qualités nutritionnelles sont détermi-nantes pour l’amélioration de la consommation, l’em-ploi par les multiples activités qu’elle génère, enfin laprotection de l’environnement. En dépit de son impor-tance, elle reste relativement méconnue, particulière-ment des pouvoirs publics9. Elle se trouve aujourd’huidirectement menacée par l’extension de la ville.Comment la défendre? Il convient certes de sensibili-ser les pouvoirs publics à son importance et d’espé-rer que des mesures de protection foncière, dont on

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connaît les difficultés concrètes d’application, puis-sent être prises à son endroit. Il convient surtout d’as-surer sa valorisation, ce qui apparaît comme l’unedes plus sûres conditions à son maintien et à sondéveloppement:

• en définissant les mesures propres à lever lescontraintes qui l’entravent (accès à l’eau, auxintrants, au foncier);

• en réfléchissant aux systèmes de financementnécessaires à ce secteur;

• en multipliant les études de cas comparatives pourmieux identifier les facteurs de régression, de stabi-lisation et de développement des agricultures péri-urbaines, les diverses études existantes ayant sou-ligné en effet la grande diversité des dynamiquesd’évolution d’une ville à l’autre.

En ce qui concerne les filières maraîchères, cesétudes mettent toutes en évidence la forte complé-mentarité entre production des zones rurales (parfoistrès éloignées) et celle des zones périurbaines eturbaines pour l’approvisionnement des villes.Comment renforcer cette complémentarité, commentlier mesures spécifiques pour le périurbain et cellesnécessaires aux producteurs des zones rurales, com-ment organiser la concertation entre acteurs de cesfilières? Tels sont certains des axes de réflexion àapprofondir.

6.6Le transport intra-urbain

Les études sur le transport des marchandises se sontattachées jusqu’à aujourd’hui exclusivement à l’ana-lyse du transport d’approvisionnement (le camionna-ge des zones rurales aux zones urbaines). Or, l’ex-tension considérable de villes millionnaires devraitconduire à s’interroger aussi sur le rôle du transportintra-urbain dans la redistribution alimentaire. Eneffet, entre les zones de déchargement (les «mar-chés de gros») et les différents lieux de distribution, ily a un long parcours pour les produits alimentaires.Dans toutes les villes en Afrique, on constate que sesont développés des modes spécifiques de transportqui assurent la redistribution des produits alimen-taires intermarchés et l’approvisionnement de tout lesecteur informel marchand. Les études sur ce sujetsont encore extrêmement rares10. Quels sont lescoûts du transport intra-urbain dans les prix finauxdes produits alimentaires? Quelles sont lescontraintes qui pèsent sur les opérateurs de ce trans-port? Comment améliorer les services qu’ils rendent,comment peuvent-ils mieux être pris en compte parles pouvoirs publics (lieux de stationnement, fiscalité,etc.) dans le cadre d’une stratégie globale d’approvi-

sionnement et de distribution de la ville? Ce sont desquestions qui devraient être étudiées par les pro-grammes futurs.

6.7 La création et la modernisation des équipements marchands et des marchés: une priorité pour l’amélioration du fonctionnementdes SADA

On a souligné les carences en matière d’équipe-ments marchands - marchés de détail et surtout mar-chés de gros - dans les villes africaines. L’amélio-ration des SADAdes villes demande une interventionsoutenue des pouvoirs publics (collectivités locales etEtat) dans le domaine de la création et de la moder-nisation des marchés de détail et la création de mar-chés de gros. Les programmes futurs d’études et derecherches devraient considérer comme une prioritél’analyse des besoins d’équipements marchandsurbains des collectivités locales, la définition et l’ap-pui aux systèmes de gestion à mettre en place, lessolutions de partenariat à trouver pour en assurer lefinancement et l’organisation.

Assurer la sécurité alimentaire des habitants desvilles en Afrique, tel est le défi des années à venirpour les systèmes d’approvisionnement et de distri-bution alimentaires. Comme nous y invite S. Snrech,il convient de garder sur la question de l’alimentation«une vision plus stratégique et moins morale desenjeux alimentaires et de leur place dans le proces-sus de développement. La division du travail entreurbains et ruraux est une étape essentielle du pro-cessus de développement et c’est un des phéno-mènes les plus significatifs de la période actuelle enAfrique. Il faut se garder d’une vision trop rigide outrop uniforme des évolutions, et de la recherche desolutions miracles. La diversité reste la premièrerègle et la souplesse et l’adaptabilité doivent être lesclefs de l’intervention, au service des protagonistesde l’approvisionnement alimentaire des zonesurbaines».

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Liste des notes en bas de page

1. Les noms mentionnés, soit dans le corps dutexte, soit entre parenthèses, renvoient auxauteurs des communications ou des ouvragescités. Voir la bibliographie.

2. Ce type de déficit a été expérimenté historique-ment par tous les pays qui ont connu une crois-sance urbaine rapide (relativement à la croissan-ce séculaire) lors de la Révolution industrielle«Dynamique de l’urbanisation de l’Afrique au suddu Sahara dans les pays du champ de laCoopération française», Groupe de travail«Mécanismes et logiques de l’urbanisation»,Ministère de la Coopération-ISTED, 1996.

3. Cf. op. cit «Dynamique de l’urbanisation del’Afrique au sud du Sahara dans les pays duchamp de la Coopération française», Groupe detravail «Mécanismes et logiques de l’urbanisa-tion», Ministère de la coopération/ISTED, 1996.

4. Cf. Groupe de travail 2.4: «Les femmes et le com-merce alimentaire en Afrique».

5. Cf. Groupe de travail 2.7: «La qualité alimentairedans les SADA».

6. Cf. Groupe de travail 1.2: «La distribution alimen-taire moderne en Afrique».

7. Présentation du marché de gros de poissons deDakar par M. S. Diop, Directeur du marché degros, au Groupe de travail 1.2 «La distribution ali-mentaire moderne en Afrique».

8. Concernant la question du rôle de l’Etat dans lesSADA, on se réfèrera notamment aux conlusionsdes Groupes de travail suivants: - 2.3 «Les politiques et les programmes de déve-

loppement des SADA»; - 2.6 «Le cadre législatif et réglementaire du

développement des SADA en Afrique»; - 1.4 «L’Etat, les collectivités locales et le déve-

loppement des SADA en Afrique»; - 1.3 «L’organisation des SADA dans les zones

rurales».

9. Cf. Groupe de travail 1.6: «L’agriculture périurbai-ne et les SADA en Afrique».

10. Cf. Groupe de travail 2.5: «Le transport alimentai-re en Afrique».

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Liste des communications au Séminaire sous-régional FAO-ISRA

AC/01-97F Snrech, Serge Croissance démographique et développement urbain: impact sur l'offre et lademande alimentaires. Bilan et perspectives à long terme en Afrique del'ouest

AC/02-97 Dia, Ibrahima Le consommateur urbain africain et les SADA

AC/03-97F/ Wilhelm, Laurence Les circuits d'approvisionnement alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar

AC/04-97F Terpend, Noëlle Les contraintes des SADAdes zones urbaines d'Afrique.et Kouyaté, Kalil Le point de vue des acteurs des SADA

AC/05-97F Tollens, Eric Les marchés de gros dans les villes africaines: diagnostic, avantages et éléments d'étude et de développement

AC/06-97F Aguié, A. G. Le marché de gros de Bouaké: une expérience pour l'Afrique

AC/07-97F Seck, A. P. et al. L’approvisionnement et la distribution alimentaires de Dakar: étude de cas

AC/08-97F Seck, A. P. et al. L’approvisionnement et la distribution alimentaires de Dakar: programmes-cadre de développement

AC/09-97F Coquery, Michel La planification urbaine et la distribution alimentaire en Afrique

AC/10-97F Gnammon, A. Les collectivités locales et les SADA en Afrique de l'ouest

AC/11-97F Aragrande, M. Les approches disciplinaires de l'analyse des SADA

AC/12-97F Aragrande, M. Guide à l'analyse des SADA

AC/13-97F Padilla, Martine La sécurité alimentaire des villes africaines: le rôle des SADA

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Groupes de travail du Séminaire sous-régional FAO-ISRA

Session 1: 15 avril 1997

Groupe 1.1: Le consommateur urbain africain et les SADA

Groupe 1.2: La distribution alimentaire moderne en Afrique

Groupe 1.3: L’organisation des SADA dans les zones rurales

Groupe 1.4: Etat, collectivités locales et développement des SADA en Afrique

Groupe 1.5: Le secteur informel du commerce alimentaire en Afrique

Groupe 1.6: L’agriculture périurbaine et les SADA en Afrique

Session 2: 16 avril 1997

Groupe 2.1: La méthodologie d’analyse des SADA

Groupe 2.2: La planification urbaine de la distribution alimentaire en Afrique

Groupe 2.3: Les politiques et les programmes de développement des SADA

Groupe 2.4: Les femmes et le commerce alimentaire en Afrique

Groupe 2.5: Le transport alimentaire en Afrique

Groupe 2.6: Le cadre législatif et réglementaire du développement des SADA en Afrique

Groupe 2.7: La qualité alimentaire dans les SADA

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