l’argumentation - uca

25
Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4 L’Argumentation « Toute parole est nécessairement argumentative. C’est un résultat concret de l’énoncé en situation. Tout énoncé vise à agir sur son destinataire, sur autrui, et à transformer son système de pensée. Tout énoncé oblige ou incite autrui à croire, à voir, à faire, autrement. » Plantin (1990) Objectifs : -Comprendre le fonctionnement linguistique et discursif du discours argumentatif. -Réussir un commentaire composé en argumentation. Qu’est ce qu’argumenter ? Argumentation Oswald Ducrot (1976) écrit que « tout énoncé est nécessairement argumentatif, il se définit moins par son sens immédiat que par ses implications.». càd que tout acte de langage vise d’une manière ou d’une autre à créer une impression. Au- delà du dire, il y aura toujours du faire (Ausin, 1955, How to do things with words ). La parole est considérée ici comme un mode d’action, un vrai acte illocutoire qui transforme des choses « ensemble des actes qui s’accomplissent immédiatement et spécifiquement par l’exercice de la parole ». Michel Charolles définit l’argumentation comme suit : « chaque fois qu’un agent (individuel ou collectif) produit un comportement destiné à modifier ou Linguistique, énonciative/ pragmatique/rhétorique Figures argumentatives, modalitisation, arguments, exemples, q rhétoriques. Convaincre/persuader

Upload: others

Post on 20-Oct-2021

10 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

L’Argumentation

« Toute parole est nécessairement argumentative. C’est un

résultat concret de l’énoncé en situation. Tout énoncé vise à agir sur son destinataire, sur autrui, et à transformer son

système de pensée. Tout énoncé oblige ou incite autrui à croire, à voir, à faire, autrement. » Plantin (1990)

Objectifs :

-Comprendre le fonctionnement linguistique et discursif du discours argumentatif.

-Réussir un commentaire composé en argumentation.

Qu’est ce qu’argumenter ?

Argumentation

Oswald Ducrot (1976) écrit que « tout énoncé est nécessairement argumentatif, il se définit moins par son sens immédiat que par ses implications.». càd que tout acte de langage vise d’une manière ou d’une autre à créer une impression. Au-delà du dire, il y aura toujours du faire (Ausin, 1955, How to do things with words ). La parole est considérée ici comme un mode d’action, un vrai acte illocutoire qui transforme des choses « ensemble des actes qui s’accomplissent immédiatement et spécifiquement par l’exercice de la parole ».

Michel Charolles définit l’argumentation comme suit : « chaque fois qu’un agent (individuel ou collectif) produit un comportement destiné à modifier ou

Linguistique, énonciative/ pragmatique/rhétorique

Figures argumentatives, modalitisation, arguments, exemples, q rhétoriques.

Convaincre/persuader

Page 2: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

renforcer les dispositions d’un sujet (ou d’un ensemble de sujets) à l’égard d’une thèse ».

Les mêmes objectifs du discours argumentatif reviennent ainsi :

- Provocation de l’adhésion de la cible (en le poussant à modifier sa thèse),

-Renforcement de l’adhésion de la cible,

L’argumentation est un raisonnement langagier qui prend la forme de discours écrit ou oral destiné à convaincre un interlocuteur de la validité de sa thèse, à provoquer ou renforcer l’adhésion, à l’amener à modifier son point de vue etc. Exemple : discours politique, textes journalistiques, articles scientifiques, débats, etc. Argumenter voudrait dire choisir une stratégie afin d’agir sur son interlocuteur connu ou éventuel de manière explicite ou implicite. En effet, des fois la distinction entre un discours qui a pour objectif de transmettre une opinion et celui qui veut influencer et faire changer un point de vue reste difficile.

Page 3: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

AMOSSY R (2000 :25) affirme que : « la simple transmission d’un point de vue sur les choses, qui n’entend pas expressément modifier les positions de l’allocutaire, ne se confond pas avec l’entreprise de persuasion soutenue par une intention consciente et offrant des stratégies programmées à cet effet. »

Autrement dit, afin de convaincre l’auditoire, il faut employer différents moyens linguistiques et discursifs (arguments, raisonnements etc.) et l’argumentateur doit amorcer un ensemble d’éléments qui constitue les représentations sociales, les croyances admises par une société, bref, l’opinion public. Ainsi, l’argumentateur apporte des preuves, construit des raisonnements qui soutiennent ses propos et l’aident à convaincre un interlocuteur supposé ou réel : ce sont des arguments.

L’argumentation se distingue ainsi par trois caractéristiques :

Elle fait intervenir plusieurs instances : celle qui la produit, celle qui la reçoit et, éventuellement, un public ou des témoins ;

C’est une démarche qui cherche à exercer une influence sur l’autre ; Elle procède par des preuves, des justifications rationnelles et n’impose

pas par la force. Elle a donc des rapports avec le raisonnement et la logique.

Le texte argumentatif comporte, de manière implicite ou explicite :

o la thèse refusée (ou réfutée), celle que l’on cherche à dépasser ou à infirmer ;

o La thèse soutenue (ou proposée, ou défendue), celle que l’on cherche à défendre ; elle répond à la question : que veut démontrer l’auteur dans son texte ?

Thèse refusée Parcours argumentatif Thèse soutenue.

Page 4: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4 NB. - L’ordre des deux thèses dans le texte peut être inversé.

- L’une des thèses peut rester implicite : le texte argumentatif peut développer son raisonnement sans tenir compte de la thèse opposée ; mais il peut aussi se construire comme une réponse organisée qui réfute le point de vue adverse.

Page 5: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Chapitre 1.

L’énonciation & L’appareil formel de l’énonciation chez Benveniste

1. L’énonciation :

L’énonciation est l’action qui consiste à produire un message écrit ou oral. L’émetteur transmet un énoncé à un destinataire, dans un lieu et à une époque donnés, dans une certaine disposition d’esprit et avec une intention déterminée. Les textes argumentatifs entre autres s’appuient sur le dynamisme de l’énonciation.

Dans tout énoncé argumentatif qui repose sur une relation entre un destinateur et un destinataire, on peut relever certain nombre d’indices qui révèlent la présence du destinateur, sa disposition d’esprit et son intention.

1.1 Les indices de la situation d’énonciation : Les pronoms : les indices personnels sont constitués par l’ensemble

des pronoms « je, tu, vous… », des adjectifs et des pronoms possessifs « mon, le tien, etc.», qui renseignent sur l’identité des interlocuteurs et sur les relations qu’ils entretiennent.

Les indicateurs spatio-temporels : ils sont constitués par des adverbes et des compléments de temps et de lieu « ici, demain, etc. », le temps et l’aspect accompli ou non accompli.

1.2 Les indices du sentiment et du jugement : Les marques de l’émotion : l’expression des sentiments du locuteur se

repère à travers les termes affectifs, à connotation positives ou négatives. L’émotion peut se traduire aussi grâce aux types de phrases « Ah, exclamation etc. »

Les marques de valeur à travers les verbes évaluatifs du jugement : le locuteur peut exprimer un jugement péjoratif ou mélioratif.

Page 6: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Les termes modalisateurs : le locuteur exprime son degré d’adhésion au contenu de son énoncé. Il emploie pour cela des termes modalisateurs qui marquent le doute ou la certitude. Il peur s’agir de verbes (douter, sembler, croire, assure etc.), d’adverbes ou de locutions adverbiales (certainement, peut-être, sans doute etc.), de l’emploi du conditionnel (il aurait travaillé chez X) etc.

1.3 Les discours rapportés :

Dans le cadre d’un discours, l’émetteur s’efface pour rapporter les paroles d’autres personnes, ou celle des autres. Il peut le faire au discours direct, au discours indirect ou au discours indirect libre.

a) Le discours direct :

Il reproduit les paroles telles qu’elles ont été prononcées par le locuteur. Il donne une forme de vivacité et d’authenticité au récit. Il permet de caractériser la personne qui parle à travers ses propos. On trouve les marques du discours (ponctuation, pronoms, temps etc.), mais aussi différents niveaux de langage, et notamment les tournures caractéristiques de l’oral ou du langage familier.

b) Le discours indirect :

Il rapporte des propos en les introduisant par un verbe de parole suivi d’une proposition subordonnée. Les marques du discours direct sont effacées (changement de temps, de personnes, etc.) L’émetteur reformule les propos qui ont été tenus. Le discours indirect permet une mise à distance par rapport au moment de l’énonciation. Il atténue ainsi la spontanéité et l’authenticité du discours direct.

1. D.D : il me dit : « c’est pour toi, tiens, je te la donne ». 2. D.I : il me dit que c’était pour moi et qu’il me la donnait ».

La deuxième phrase est au discours indirect : les signes de ponctuation ont été enlevés, le verbe introducteur est suivi d’une proposition subordonnée, le pronom « toi » de la première phrase passe à la première personne. Les

Page 7: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

adverbes de lieu et de temps change, on passe par exemple de « demain au lendemain ».

Exercice1 :

1. En lisant ce début de nouvelle, quelles hypothèses pouvez-vous émettre sur l’identité de l’émetteur et du récepteur ? A travers quels indices ces derniers apparaissent-ils ?

2. Résumez la situation d’énonciation en une phrase.

Vous me demandez, frère, si j’ai aimé ; oui. C’est une histoire singulière et terrible, et, quoique j’aie soixante-dix ans, j’ose à peine remuer la cendre de ce souvenir. Je ne veux rien vous refuser, mais je ne ferai pas à une âme moins éprouvée un pareil récit. Ce sont des événements si étranges, que je ne puis croire qu’ils me soient arrivés. J’ai été pendant plus de trois ans le jouet d’une illusion singulière et diabolique. »

Théophile Gautier, La morte amoureuse, 1836.

Exercice 2

1. Quelle est la situation d’énonciation mise en place dans ce dialogue philosophique ? Pourquoi peut-on dire qu’elle est originale ?

2. Quelle est la thèse défendue par le docteur Bissei ? Repérez les arguments qu’il apporte.

3. Reformulez l’argumentation du docteur Bissei au discours direct.

Moi : -Mais permettez, docteur, que je change un peu la thèse, en supposant un malade dont les crimes soient de notoriété publique. On vous appelle ; vous accourez, vous ouvrez les rideaux, et vous reconnaissez Cartouche ou Nivet. Guérirez-vous Cartouche ou Nivet ?

Le docteur Bissei, après un moment d’incertitude, répondit ferme qu’il le guérirait, qu’il oublierait le nom du malade, pour ne s’occuper que du caractère de la maladie, que c’était la seule chose qu’il fût permis de connaitre, que s’il faisait un pas au-delà, bientôt il ne saurait plus où s’arrêter,

Page 8: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

que ce serait abandonner la vie des hommes à la merci de l’ignorance , des passion, du préjugé si l’ordonnance devrait être précédée de l’examen de la vie et des mœurs du malade.

Denis Diderot, Entretien d’un père avec ses enfants, 1771

La volonté de convaincre s’inscrit dans une situation où l’on cherche à modifier l’opinion du destinataire. Pour cela, le texte argumentatif s’appuie d’abord sur la construction et l’organisation du discours et sur l’enchaînement logique des idées et la force des arguments. La thèse, les arguments et les exemples s’enchaînent de manière logique. Des termes marquent la relation qui unit entre elles les étapes de l’argumentation : la cause, la conséquence, l’opposition, l’hypothèse ou encore la simple addition. Ces liens logiques facilitent la compréhension des arguments de l’émetteur et soulignent l’enchaînement des idées.

1.4 Les modalités de la phrase :

La maitrise de la phrase permet de distribuer les mots, de varier la syntaxe, d’accélérer ou de ralentir le rythme du discours selon les règles de la grammaire. On a quatre modalités de la phrase :

La modalité déclarative : elle présente l’énoncé comme certain. « Ce qui n’est pas clair n’est pas français » (Rivarol)

La modalité interrogative : l’énoncé prend la forme d’une question et s’achève sur une interrogation.

La modalité impérative : elle appelle à faire ou a modifier une situation.

La modalité exclamative : elle cherche à partager un sentiment, une émotion.

2. L’appareil formel de l’énonciation chez Benveniste

Benveniste (1974, PLG) regroupe dans ce qu’il appelle énonciation « l’acte même, les situations où il se réalise, les instruments de l’accomplissement, l’acte

Page 9: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

individuel par lequel on utilise la langue ». Il explique qu’ « avant l’énonciation, la langue n’est que la possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours de discours, qui émane d’un locuteur, forme sonore qui atteint un auditeur et qui suscite une autre énonciation en retour ».

Ainsi apparait clairement la différence entre le langage comme système de signes et le langage comme activité appropriée par l’individu. Benveniste énumère trois opérations au moment de l’énonciation :

Le locuteur s’approprie l’appareil formel de l’énonciation et s’identifie lui-même comme locuteur par des indices spécifiques,

Il reconnait à partir de son identification l’autre comme allocutaire, L’énonciation est généralement associée à un certain rapport au

monde auquel elle réfère.

En s’appropriant la langue lors d’un acte individuel (argumentation par exemple), le locuteur émet des indices spécifiques qui l’identifient en tant que tel. C’est cet « ensemble de signes qui n’ont aucun contenu en dehors de l’énonciation produite » qui donnent vie au discours.

Appartient à cette catégorie les pronoms « je, tu » et leurs variantes, les adjectifs et les pronoms démonstratifs, les indices temporels, les types de phrases etc. C’est ce que Benveniste appelle l’appareil formel de l’énonciation et qui ne sont autres que les différents indices formels qui ont pour fonction de mettre le locuteur en relation permanente avec son énonciation. Benveniste place le sujet parlant au cœur de l’activité énonciative. Bien qu’il ait utilisé le terme « déictique » uniquement dans le cas des marqueurs spatio-temporels, leur usage s’est élargi aux pronoms de discours, aux possessifs etc. Le locuteur parait particulièrement privilégié dans cette approche, il constitue ainsi le centre d’intérêt de l’analyse énonciative, vient en second plan l’allocutaire, le contexte (outils renseignant sur le sujet parlant) etc.

Page 10: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Page 11: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Chapitre 2.

Argumentation rhétorique VS Argumentation linguistique :

Les sens de l’argumentation diffère d’une discipline à une autre et selon l’optique de recherche proposée. Ainsi, le sens rhétorique insiste sur le côté persuasif alors que du côté linguistique, c’est l’enchainement des énoncés afin d’aboutir à une conclusion). Ducrot explique : « l’argumentation rhétorique (est) l’activité verbale faisant croire quelque chose à quelqu’un (…) Le deuxième terme à définir est l’expression argumentation linguistique … j’appellerai ainsi les segments de discours constitués par l’enchainement de deux propositions A et C, reliées implicitement ou explicitement par un connecteur de type de donc, alors, par conséquent…J’appellerai A l’argument et C la conclusion. Cette définition peut être étendue aux enchainements reliant, non pas deux propositions syntaxiques, mais deux suites de propositions, par exemple deux paragraphes d’un article. Les grammairiens et linguistes interprètent généralement ces enchainements « A donc C » en disant que A est présente comme justifiant C, comme rendant C vrai, valide, ou au moins plus acceptable qu’il n’était avant son enchainement à A. ». En passant de la AL à l’AR, on passe des motifs rationnels à d’autres motifs qui le sont moins. Ainsi afin de justifier une conclusion, il est important de l’étayer avec une proposition A antérieure et acceptable. Le rapport en « donc » met à l’évidence cette cohérence déductive.

Ceci dit, afin de convaincre l’auditoire, il faut employer différents moyens linguistiques et discursifs (arguments, raisonnements etc.) et l’argumentateur doit amorcer un ensemble d’éléments qui constitue les représentations sociales, les croyances admises par une société, bref, l’opinion public.

On ne peut traiter l’argumentation sans faire appel à la rhétorique et la communication. La rhétorique se définit comme l’art de bien dire en usant des figures de style. Dans la tradition ancienne Aristote nomme les trois preuves majeures : ethos (image de soi), pathos (sentiments qu’on cherche à créer), logos (argument au sens logique). A prendre en considération aussi les éléments du

Page 12: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

discours tels la modalisation, c'est-à-dire les moyens utilisés pour argumenter (attitude et présence de l’énonciateur, modalisateurs logiques, évaluatives, appréciatives etc.).

On définit la rhétorique dans la tradition aristotélicienne comme suit :

- un discours écrit ou oral intrinsèque au processus de la communication où l’émetteur s’investit par rapport à son récepteur.

- Un discours raisonnable destiné à agir sur l’autre (logos en grec : parler et raisonner).

- Un discours cohérent et structuré usant de procédés et stratégies argumentatives afin d’impacter son interlocuteur.

La nouvelle rhétorique considère à la fois le locuteur et l’interlocuteur. Dans le Traité (1958), Pereleman insiste sur la manière dont les notions se modifient et s’organisent, l’histoire de ces transformations, la relation entre les deux et l’influence mutuelle dans le discours plus que le raisonnement logique. Il importe selon lui d’étudier les schèmes de pensée et les articulations choisies selon les contextes. Ce sont ces types de liaisons qui font la différence. Il écrit : « dans les domaines où il s’agit d’établir ce qui est préférable, ce qui est acceptable et raisonnable, les raisonnements ne sont ni des déductions formellement correctes, ni des inductions allant du particulier au général, mais des argumentations de toute espèce, visant à gagner l’assentiment des esprits aux thèses qu’on présente à leur assentiment » (P :9 /10).

En communication ou même en pragmatique, l’argumentation peut se présenter explicitement directement comme elle peut être déduite cad implicite. Ducrot (1984 :21) distingue entre le posé, le présupposé et le sous-entendu : « le sous-entendu revendique d’être absent de l’énoncé lui-même , et de n’apparaitre que lorsqu’un auditeur réfléchit après coup sur cet énoncé .le présupposé au contraire ,et à plus forte raison le posé , se donnent comme des apports propres de l’énoncé (même si ,dans le cas du présupposé , cet apport veut n’être qu’un rappel d’une connaissance passée).ils se présentent comme choisis en même temps que l’énoncé , et engagent par la suite la responsabilité de celui qui a choisi l’énoncé , (même si , dans le cas du présupposé , le locuteur essaie de

Page 13: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

faire partager cette responsabilité par l’auditeur en déguisant ce qu’il dit sous (l’apparence d’une croyance commune). » sous-entendu est le non-dit, absent de l’énoncé. Ducrot explique que « les présupposés sont des types particuliers de contenus inscrits dans les énoncés. Les présupposés ont les caractéristiques suivantes :(1) ils correspondent à des réalités supposées déjà connues du destinataire (évidences partagées ou faits particuliers relevant de ses savoirs préalables), et constituent une sorte de soubassement sur lequel viennent s’échafauder les posés (lesquels sont au contraire censés correspondre à des informations nouvelles) ».

I. La construction de l’argumentation

Le discours argumentatif cherche soit à démontrer la validité de la thèse défendue, soit à s’opposer à une thèse réfutée. Les éléments de base sont :

Thème : le sujet, la thématique

Thèse défendue : opinion, point de vue que l’émetteur, l’auteur ou l’énonciateur défend. Une prise de position tranchée ou nuancée.

Thèse réfutée : thèse de l’adversaire que l’auteur essaye de contrecarrer.

Argument : preuve, raison, idées abstraites

Exemple : illustration.

1. L’affirmation et le développement de la thèse :

Le raisonnement développe la thèse de l’auteur tout en réfutant, de manière explicite ou non, une thèse réfutée ou une opinion jugée fausse.

Thèse défendue et thèse réfutée : la défense de la thèse structure l’ensemble de l’argumentation développée par l’auteur. Il peut également s’employer à réfuter, c'est-à-dire à rejeter une thèse à laquelle il s’oppose, en montrant son caractère erroné.

Thèse explicite et thèse implicite : la thèse défendue est affirmée explicitement au début ou à la fin du raisonnement. Lorsque ce n’est pas le cas, le destinataire peut la déduire de l’ensemble du raisonnement.

Page 14: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

2. Les types d’arguments et les exemples

Pour valider ou réfuter une thèse, le locuteur apporte des arguments ou des contre-arguments. Les exemples permettent de passer d’une vision abstraite à une vision concrète du problème posé.

2.1Les arguments logiques :

Ce sont des arguments qui s’inspirent des méthodes scientifiques, et cherchent à convaincre par le biais du raisonnement. Ce recours aux faits se fait à travers l’explication d’un fait précis, un témoignage. L’induction : Raisonnement qui consiste à partir des faits particuliers pour

conclure sur une idée générale.

Exemple : « Regardez les gens courir affairés, dans les rues. Ils ne regardent ni à droite, ni à gauche, l’air préoccupé, les yeux fixés à terre, comme des chiens. Ils foncent tout droit, mais toujours sans regarder devant eux, car ils font le trajet, connu à l’avance, machinalement. Dans toutes les grandes villes du monde, c’est pareil. L’homme moderne, universel, c’est l’homme pressé. »

Eugène Ionesco, Notes et contre-notes.

→ Cette démarche est en vigueur dans les sciences expérimentales, qui induisent des vérités générales (abstraites) sur la base d’expériences particulières (faits, témoignages, observations, etc.)

La déduction : Raisonnement où l’on part d’une idée générale ou d’une hypothèse pour justifier une conclusion particulière.

Exemple : « La limite à la liberté de l’individu est l’atteinte à la liberté d’autrui. Nul ne doit parler à son voisin pendant le spectacle. »

Page 15: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

→ C’est la démarche en vigueur dans le raisonnement mathématique : à partir de postulats, d’axiomes, de propositions admises (qu’on n’a pas à démontrer), on déduit des conséquences particulières.

Le syllogisme constitue un cas particulier de déduction : il s’agit d’un raisonnement déductif rigoureux, qui fonde une conclusion sur deux propositions données comme vraies.

Un syllogisme est constitué de :

- une prémisse majeure qui affirme une évidence difficile à mettre en question ; - une prémisse mineure qui renforce et complète le bien-fondé de la majeure ; - la conclusion qui est une déduction inévitable des affirmations précédentes.

Exemple : Tous les hommes sont mortels (argument 1 : une vérité générale incontestable). (Majeure) Or, Socrate est un homme (argument 2 : une évidence admise par tout le monde). (Mineure) Donc, Socrate est mortel (une conclusion particulière déduite de 1 et 2). (Conclusion)

2.2 Les arguments d’autorité : Il s’agit d’appuyer l’idée soutenue en citant une personnalité qui fait autorité, un proverbe, une pratique consacrée par la tradition, ou encore en faisant référence à un ouvrage célèbre, un auteur, un spécialiste reconnu, etc. Dans ce cas, l’assertion ne passe pas par la démonstration. Exemple : « Socrate remarquait déjà qu’un père, si éminent qu’il soit, ne sait pas bien instruire ses propres enfants. J’en ai vu l’exemple en une grand-mère

Page 16: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4 fort instruite, qui n’arriva jamais à enseigner à sa petite-fille le calcul et l’orthographe. Ce paradoxe irrite […] »

2.3 Les exemples à valeurs d’arguments : Pour défendre une idée, une opinion, une vérité d’ordre intellectuel, etc., l’argumentateur peut l’illustrer par une donnée concrète plus facile à saisir ; il recourt alors à un fait connu, une histoire vraie, une image qui frappe l’imagination et qui sert d’exemple. Cela permet de rattacher l’idée au réel. Ces exemples facilitent la compréhension des idées en confrontant celles-ci à la réalité. Lorsque l’exemple éclaire une idée générale par un cas particulier, il a une fonction illustrative. Lorsqu’une idée est déduite de l’exemple proposé, cet exemple a une fonction démonstrative.

Exemple : « l’éducation fait l’objet d’un large consensus parmi la communauté internationale. Il est désormais admis que sa diffusion contribue au développement ; Les exemples abondent : au Ghana, 52 % des femmes sans instruction croient que la maladie est causée par les esprits contre 31 % des femmes qui ont fréquenté l’école primaire. Au Brésil, les mères n’ayant jamais été à l’école ont en moyenne 6,5 enfants, contre 2,5 pour celles qui ont suivi une scolarité secondaire. »

Le Monde du 31 août 1995.

À l’inverse de l’argument qui a une portée générale, l’exemple expose toujours un cas particulier ; il vient illustrer une thèse ou souligner la pertinence d’un argument à travers un cas concret.

Dans certains cas, l’exemple n’est plus une simple illustration qui vient soutenir l’argumentation logique ; il sert de fondement à un enseignement général ou à une conclusion, et remplace ainsi la démonstration ; l’exemple acquiert alors une valeur d’argument.

Exemple : dans les fables, les récits constituent autant d’exemples-arguments qui fondent les moralités, enseignement général.

Page 17: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4 NB. - Un exemple ne peut, à lui seul, justifier une thèse, à moins qu’il ait valeur d’argument. - Le contre-exemple est un cas particulier qui vient contredire une idée générale.

3. Modes de raisonnements :

Dans nos stratégies, on peut faire appel à des modes de raisonnement différents, selon les besoins de la situation et l’effet escompté.

1- Le raisonnement par analogie : Fondé sur des comparaisons, ce type de raisonnement met l’objet du discours en rapport avec une réalité plus concrète ou plus connue.

Exemple : « La première chose que je déplore chez vous, poissons, est que vous vous mangiez les uns les autres. Grand scandale que celui-là, mais encore aggravé par les circonstances : c’est que non seulement vous vous mangez les uns les autres, mais les grands mangent les petits […] Les hommes, par leurs basses et perverses convoitises, se rendent semblables aux poissons qui se dévorent entre eux. C’est là une chose contraire non seulement à la raison, mais encore à la nature […]

António Vieira, Sermon de saint Antoine aux poissons.

→ L’auteur établit une analogie entre les hommes et les poissons pour prêcher la tempérance et la justice.

2- Le raisonnement par opposition : Il consiste à mettre une thèse en valeur en lui opposant une situation contraire, qui lui est généralement contradictoire.

Exemple : Les bêtes n’ont point les suprêmes avantages que nous nous avons ; elles en ont que nous n’avons pas. Elles n’ont point nos espérances, mais elles n’ont point nos craintes ; elles subissent comme nous la mort, mais c’est sans la connaître. »

Page 18: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre I, Chap. 1

3- Le raisonnement par élimination : C’est une démarche qui commence par envisager plusieurs solutions pour résoudre une question, procède à leur discussion avant d’en privilégier une seule comme étant la solution satisfaisante. Ce mode de raisonnement suppose que l’argumentateur fait le tour d’une question, au moins en apparence.

4- Le raisonnement concessif : Ce mode de raisonnement commence par accorder, provisoirement et souvent partiellement, quelque crédit à la thèse opposée avant de la contrer par le biais d’un renversement argumentatif. Une fois l’étape concessive dépassée, le locuteur procède à la défense de sa thèse de manière plus libre et plus abondante.

Exemple : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le fera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »

Albert Camus, Essais, Ed. Gallimard

Page 19: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Chapitre 3.

Les procédés de la persuasion

L’émetteur manifeste sa conviction par sa présence dans son discours. Il crée ainsi un lien avec le destinataire de l’argumentation.

L’implication se fait à travers les pronoms, en effet, l’émetteur établit une relation étroite avec son récepteur, pour l’amener à partager sa conviction. Il s’implique et implique son destinataire dans le discours au moyen des pronoms personnels. Les pronoms de la première personne : l’émetteur s’implique dans

l’énoncé à travers la première personne (« je », « me », « moi », etc.) cette présence traduit une volonté de convaincre. La première personne du pluriel (« nous », « nos ») inclut avec lui le destinataire de l’argumentation.

Les pronoms de la deuxième personne : l’émetteur emploie la deuxième personne (« tu », « vous », « vos ») pour que le destinataire ait le sentiment qu’il est directement concerné.

Le pronom « on » : il sert à inclure le destinataire dans l’énoncé. Mais, « on » peut désigner des fois, les partisans de la thèse adverse : il s’oppose alors aux pronoms de la première personne. Les marques de l’opinion sont parmi les procédés de persuasion, ainsi

l’émetteur exprime son opinion et la fait partager au destinataire en employant les modalisateurs de certitude et le lexique évaluatif ou affectif.

Les termes modalisateurs : ils montrent le degré de conviction affiché par l’émetteur, pour défendre, nuancer ou réfuter une thèse ou un argument. Il peut s’agir d’adverbes (peut-être), de verbes (sembler), de locutions (sans aucun doute) ou de l’emploi du conditionnel pour indiquer le doute.

Page 20: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Les termes évaluatifs et affectifs : l’émetteur utilise un lexique évaluatif

qui exprime un jugement (« bien », « mal ») et un lexique affectif qui traduit ses sentiments (« aimer, haïr »). L’emploi de termes péjoratifs ou mélioratifs souligne cette subjectivité du discours par la dévalorisation ou la valorisation. Les adresses au destinataire: en interpellant directement son

destinataire, l’émetteur l’inclut dans la stratégie argumentative mise en place.

L’exclamation. L’exclamation traduit une émotion que

l’émetteur veut faire partager au destinataire. « Jeunesse, jeunesse ! sois toujours avec la justice. » (Zola)

La question oratoire. La fausse question, ou question oratoire, fournit implicitement la réponse attendue. Elle conduit le destinataire à partager une démarche argumentative. « Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? Avons-nous pillé ton vaisseau ? » (Diderot)

L’apostrophe : l’émetteur interpelle le destinataire pour le faire réagir. L’apostrophe peut prendre la force d’un conseil pressant. « Riches, portez le fardeau du pauvre ; soulagez sa nécessité ; aidez-le à soutenir les afflictions sous le poids desquelles il gémit ». (Bousset)

Page 21: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Exercices d’application :

1. Quelle est la thèse réfutée par l’auteur dans le texte suivant ? 2. Reformulez en une phrase la thèse défendue.

« Depuis quelques années, on fait beaucoup de reproches aux scientifiques. On les accuse d’être sans cœur et sans conscience, de ne pas s’intéresser au reste de l’humanité ; et même d’être des individus dangereux qui n’hésitent pas à découvrir des moyens de destruction et de coercition1 terribles et à s’en servir. C’est leur faire beaucoup d’honneur. La proportion d’imbéciles et de malfaisants est une constante qu’on retrouve dans tous les échantillons d’une population, chez les scientifiques comme chez les agents d’assurances, chez les écrivains comme chez les paysans, chez les prêtres comme chez les hommes politiques. Et malgré le Dr Frankenstein 2 et le docteur Folamour, les catastrophes de l’histoire sont moins le fait des scientifiques que des prêtres et des hommes politiques.

François JACOB, Le jeu des possibles, Ed. Fayard, 1981

1. Coercition : pouvoir de contraindre quelqu’un. 2. Dr Frankenstein : héros du roman de M. Shelley qui crée un monstre. 3. Dr Folamour : héros du film de S.Kubrick, qui crée une bombe.

Exercice 2

« J’admire certes le grand peuple américain ; mais ce peuple, par bien des aspects de son génie, n’est plus étranger qu’aucun autre. Je ne l’ai jamais visité. A quoi bon ? Lui ? il a fait beaucoup plus que nous visiter ; il nous a transformés. Le rythme de notre vie quotidienne est accordé au sien. Sa musique orchestre nos journées par des millions de disques. Des milliers de films, sur tous les écrans de Paris et de la province, nous imposent en toute matière son idée : un certain type de femme stéréotypé, la star interchangeable mais par-dessus tout me culte. L’idolâtrie de la technique, de toutes les techniques inventées par l’homme et auxquelles l’homme s’asservit, la folie de la vitesse, ce tournis qui affecte tous les moutons de l’Occident, une trépidation à laquelle

Page 22: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

aucun de nous n’échappe : une démesure en toutes choses, qui est la chose la moins conforme du monde à notre génie.

« On ne comprend rien à la civilisation moderne, écrivait Georges Bernanos en 1945, si on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure… » Oui, contre tout ce qui aura du prix pour les êtres de ma race : une vie recueillie dans une maison ancienne où ont vécu avant nous ceux dont nous sommes issus et que nous avons aimés.

1. Quelle est la thèse défendue par l’auteur dans le texte suivant ?

2. Repérez les arguments et les illustrations apportés à l’appui de sa thèse.

3. Indiquez quels sont les types d’arguments utilisés.

François Mauriac, in Dernier Bloc-notes, 1968-1970, Ed. Flammarion, 1971

Exercice 3

Quoi ! Vivrons-nous toujours dans cet esclavage de déguiser tous nos pensées ? Faudra-t-il louer, faudra-t-il approuver sans cesse ? Portera-t-on la tyrannie jusque sur nos pensées ? Qui est ce qui est en droit d’exiger de nous cette espèce d’idolâtrie ? Certes l’homme est bien faible de rendre de pareils hommages, et bien injuste de les exiger.

Montesquieu, Eloge de la sincérité, 1721.

1. A travers quels pronoms l’émetteur s’implique-t-il dans l’énoncé ? A qui ces pronoms renvoient-ils également ?

2. Étudiez la valeur de l’emploi du pronom « on » dans le texte.

Page 23: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Chapitre IV.

Comment Préparer un commentaire en argumentation

Avant de rédiger, il faut mettre au point un plan détaillé qui rendra la rédaction plus rapide et plus cohérente. Pour cela, on peut :

Dégager les idées directrices et l’explication de chaque paragraphe et enrichir chaque paragraphe par des citations tirées du texte.

1ère étape : comprendre le texte ou le sujet.

Analyser l’axe d’étude : Le sujet formule parfois l’axe qui doit orienter le commentaire. Cet axe se rattache de façon plus au moins explicite à une ou plusieurs parties traitées dans le cours. Il faut donc se rappeler ces notions pour analyser correctement la question. Si le sujet demande d’analyser la valeur argumentative du texte à commenter, il faut repérer les types d’arguments et déterminer comment ils justifient la thèse proposée.

Etudier la formulation du sujet : La consigne précise d’abord sur quels éléments du corpus porte le commentaire. Elle suggère des orientations de méthode. L’étude des procédés : les expressions « montrer comment » ou « analyser par quels procédés » invitent à ne pas séparer l’étude des procédés des effets de sens qu’ils mettent en œuvre. Dans une analyse précise du texte, l’examinateur invite l’étudiant à observer le style et la construction afin de faire une analyse argumentative.

2ème étape : Etudier le texte.

La réponse doit s’appuyer sur une analyse précise du texte en fonction d’un axe d’étude parfois clairement proposé dans le sujet. On étudie ainsi :

Page 24: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

-la syntaxe ; longueur, construction de phrases (simples, complexes, coordonnées etc.) et modalités (déclaratives, interrogatives, impératives ou exclamatives) des phrases.

-Le lexique : niveau de langue (familier, courant, soutenu)

- L’énonciation : repérer les adverbes, pronoms, temps des verbes qui désignent ou dissimulent, opposent ou réunissent l’énonciateur et les destinataires.

-les types d’arguments.

3ème étape : Construire le plan du commentaire.

Le plan comporte deux ou trois parties qui comportent chacune deux ou trois paragraphes. L’idée directrice de chaque partie doit mettre en valeur deux ou trois paragraphes.

Page 25: L’Argumentation - UCA

Faculté de Langue Arabe Fatima Ez-zahra BENKHALLOUQ Cours : Argumentation Filière : Langue Arabe et Langues Vivantes Semestre : 4

Bibliographie :

Amossy R ., 2000 , L’argumentation dans le discours . Discours politique, littérature d’idée, fiction, Paris, Nathan Université. Amossy R., 2010, L’argumentation dans le discours, Paris : Armand Colin. Analysis, Evaluation, Presentation, Londres : Routledge. Anscombre J. C. et Ducrot O., 1983, L’argumentation dans la langue, Bruxelles : Mardaga. Ducrot O., 1984, Le dire et le dit, Paris, Minuit. Ducrot, O., 1973, Le structuralisme en linguistique. Publié dans l’ouvrage collectif Qu’est-ce que le structuralisme?, Paris, Seuil, 1968, puis publié dans la collection Points, nº44, Paris. Ducrot, O., 1972, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage (co-auteur : T. Todorov), Paris, Seuil. Ducrot, O., 1983, L’argumentation dans la langue (co-auteur : J. C. Anscombre), Bruxelles, Mardaga. Maingueneau D., 1981, L’énonciation en linguistique française, Hachette, Paris.

Maingueneau D., 2002, Analyser les textes de communication, Nathan, Paris.

Moeschler J., 1985, Argumentation et conversation, Paris : Hatier. Plantin C., 1996, L’argumentation, Paris : Seuil. Van Eemeren F. et Grootendorst R., 1992, Argumentation, Communication and Fallacies: A Pragma-Dialectical Perspective, Hillsdale : Erlbaum.