l'art égyptien

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    PAR

    EnOIJARD NAV I LLE

    . . . . .

    ERNEST LERO,UX, ftDITEUHP1\RIS

    28, rue Bonaparte arIa)" ..1908

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    L 'ART I tGYPTIEN

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    Rxl!'ait de Ia Bibl[Qtheqw~ de I>ldr;ar! 'sdJtio71du MI/see Guimet; t, XXX , 1 90 8.

    L 'ART EGYPTIENPAR

    EnOUARD NAV I L L E

    PARISERNEST LEROUX, ftDITEUR

    28 , rue Bonaparte (V I a )1 9 0 8

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    L 'A R T EGYPTIENPAIl

    EnOUARD N A VILLE

    On a beaueoup ecrit sur l',art egyptiea:t.Cet art a eu des admirateurs passionnes,d'autres au contrair-e 61tev,esa 1'e001e de l 'artgrec, rout juge avec nne severite qui roe parattaussi injuste qu'exagel'ee .. 1 1 faut, me semble-t-il, pour apprecler sainement sa valeur, pourl'estimer avec ,equite et sans parti pris, se placersur Ie terrain {)1] iiI est neet OIl Il s'est developpe[usqu'au niveau qu'tl a atteart, sans jamais Iedepasser.Noll'S sommes i.d en face d'un ranreau de Incivilisation chamite, Ia premiere en date, Ia plus

    ancienne, non seulement dans 1e nord de l'Arri~que, mais peut-etre meme en 'M.l3sopotamie. C'estcette civilisation que nous voudrions considerer

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    CONFERENCES .A .U MUS~E GUHt IET

    pendant que lq'U>eS 1 r tS ' tan ib s. N ou s v ou drio ns luidemander si elle a su creer un art qui Iui sortpropre, et ee qu'i] est Ce qu'ede pourra nousmontrer, ce sera certainement un preduit depremiere main. A vant l'art

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    4 CONFER); lNOES AU i \IUSEE GUl llETtout ce que nnus a Iaisse l'ancienne Egypte,une chose frappe d'emblee : c'est qu'elle n'aconnn 1 art qu'au premier- degre, l'art ({liln'est qu'un auxiliafre de I'utile, ou Ie beau n'estqu'un attribut exterieur- et materiel, et n'a passon but en lui-meme.Le beau, en Egyp'lle, 1116 sera [amais que lesuperflu, I'accessoire qui est le resultat d'un sen-

    timent instjnctif, mais dont 'On pourrait fo-rtbien se passer et qu'IOPJ. ne recherche pas pourlui-meme, Sans donte.on ne Ie reje'Lte .pas ahso-Inment, IO n fait souvent une place au beau, maisc'est tOUj'OlH'S Ia seconde. Nulle part, on nele voit ,obejr a ses peopres lois, at surtout Iesimposer it I'artiste ; bien au oontralre, il est tou-[ours Ie serviteur qui 'devra s'incliner devant 1areligion.Le sens du beau est quelque chose d'instinc-

    til auquel I'homme msme souvent Ie plus d e -grade, obeit d'une maniere inoonsciente. Le sau-vage qui pelnt son fetiche des oouleurs les plusardentes et Ies 'plus ertardes, qui Ie couvre deplumes ou de verro,tmiie, ou qui lui fait unehouche rO U des dents demesuremcnt zrandes~~ Ice sauvage-Ia eprouve 1e besom d'embellh- sonidols, c'est SOUJS cette apparence-la qu'elle lui

    5plaira, qu'elle fera sur lui I'impressioa de quel-que chose de beau. Le meme sentiment lui Ieraexig.er de sa compagne qu'elle se tatoue, ouqu'eUe se disnende Ia.Isvre en y Introduisant ungros morceau de bois, A sa vue, ilresseutira lUlplaislr analogue a celui que nons eprouvonsen regardant la VCllU!Sde M!i.loau une madonede Raphael, C'est dire que ce sens, ou plutotce hesoin du beau, qui est inne chez I'homme,doit passer par une education comme I'homme[ui-meme, il doitse soumettre a certaines lois{ecolUlUes vrades, ildoit renoncer aux tatonne-rnents et auxerreurs de I'entance ; ildolt grandiret progresser, On I 'a vu souvent changer de voie,Peut- il s'engager sur une vole fausse qui le fasseretrograder ? Je touche ici it une question bru-Iante, a Iaquelle je me garderai de repondre.Je ne ferad pas aux Egyptiens I'isijure de les

    rnettre sur Ie meme ran,g que Ie sauvage, quoiqueIes figurines tatouees que ThOUS t rouvons dansles sepultures des primitifs nous montreat qu'ilsont eu des debuts analogues. L'art egyptien a euses moments de splendeur ; aujourd'hui encore,par un grand nombre de ses amv res , it excitenotre admiration meritee. MailS, je Ie repete,alors meme qu'il a atteint son apogee, iln'est

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    6 CONFERENCF.S AU 1I1USKE GUlMET[amais rndependant.; it a toujours un but uti-Iitair-e, c'est de I'embellissement,C'est que les facultesesthenques de l'Egyp-

    tien ne sont pas arrivees it Leur eutier develop-pement. Il sait it l'occasion reconnaltre Ie beaudans Ia nature, H sait meme fort bien I'imiter,mais it en reste la. 11 ne transports pas la re-cherche du beau dans Ie monde intellectuel, ilignore Je but eleve que l'art doit avoir, it estincapable de deponiller ce qu'il volt de ce quis'y trouve d'imparfait, en un mot, ilne connaUpas l'ideal. II n'a pas devant les yeux ce typeparfait qu'il essayera toujours mieux d'atteindre ;et comme 1'Iid.e.a.1 est Ia condition absolumentnecessaire, du progres, 'On peut dire que le pro-gres n'existe pas pour lui; ilne sent P;3S l'obli-gation imperieuse de se deharrasser de certainsprecedes de l'.enfanee, qui font un contraste vio-lent avec l'ha..l:1.hlete et le savotr, qu'il montrerad'autre part.Voyez par exemple I'habitude qui regnera sans

    Interruption AUCUllJe depuis Ies premiers temps[usqu'a l'empire remain, la maniere de repre-senter un personnage debout ell peinture 0'0en bas-relief. La tete est absolument de profil,on ne voit [amais qu'un mil, et cet ceil est tou-

    L'ART EG)'PfJ'IEN 7j'oUl'Sde face; le torse est anssi de face, mais Iesjambes sont de p;rollil. Chacune des parties ducorps pourra etre execntee d'une maniere admi-rable; mads on conviendra que I'ensemble estblzarre, qu'il y a Ut des fautes centre I'anato-mie qui sont absolument revottantes. Nousne songeons pas a les discuter, it cause du grandnomhre de 1,epie;sffilta1iolllSe cette nature, atparce que nous nous semmes faits it I'ideequ'une peinture egyptienne ne peut pas etreeoncue autrement,Transportons-nous. lllJlli.ntenant en Grece et

    examfnons Ja peinture des vases; sans doutedans Ies plusanciens, nous trouvons des inoor-rections de ce genre, par exemple l'ceil de facea un corps de pro-fN; mais r-egardons l'ceuvredes grands artistes ~otlers, des Enphronios oudes Douris ; dans ces belles scenes en rouge, q uii-appellent Ipe:ut-etre Ies grands p.e.intre;5de l'epo-que, Hs ont laisse bien loin derriere eux cesprecedes de I'enfance, et its eonsidereraientcomme indigne d'eux d'y avail' recours, C'estque chacun d'eux a.son rLdeal et, pour y par-venir ilfaut des .eff{lrts perseverants, ils obeis-sent chaeun a la loi du progres.11 y a un ideal qui .a surtout manque aux

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    8 CONFERBNCES AU MU!:H;;EGUIMETEgyptians, et dont I'absence ,s'est. fait sentir avecIe plus de force dans l'art tout entier, c'est celuide Ja figure hUmaiue. Ils n'ont jamais admisque dans Ia nature, ce qu'11y ,a de plus parfait,ce qui doit Ie mieux realiser Ia beaute e'est, .I'homme; Russi, n"ont-i]S pas donne a leurs tlieuxIa figure humaine. Quelques-uns peuvent l'avoir,mais pas toujours , ce n'est pas une conditionnecessaire de l'etre divin ; Ies dieux egyptiansne sont pas neC~air-emeut anthropomol-phes.Il UI()US semble qu'a nde~ de divinite doivetoujours etre assoetee ceUe de beauts parfaite,Nous pro-Ions de beaute dime eomme de ee qu'Ily a de plus exquis. Onpourralt, ilest vrai, trou-v.er ~a et lacette expression dans les inscrip;-t ions egyptiennes. V'oiei par -ex,emple nn conte ouI'on nous nmTeque Ie heros poursurv] par sonfrere s'enfult au vatton de l'Acacia; les dieux,qutout pitie de lui, lui font une eompagne, dontH est dit qu'eUe etait belle en ses membres plusque toute femme qui ~t en Ia terre entier.ecar tous Ies dieux etaient en ~Ue _. Je erots quec'est Ia maniere metapll'or. ique de dire que touten elle etait divino A.iru;j, chez eette femme Iaperfection de beaute est bien mise en r:eLatlonavec sa nature divine et, cepeillda,nt,u.ne dees&e

    L'A.RT EGYPT'IEN 9ne sera. pas neoessairement Ia plus belle des:femmes de Ia terre, elle pourra etre unanimal,au eUe pourra avoir un corps de femme et unetete de Iionne, 'de serpent, m~mel de grenouille,II estcla~r qn'il manque Iii Ie premier e l e -

    ment de la beaute, I'harmorue, I'eurhythmiecornme I'appelaient les Groos. Ou placer l'idealdans une figure qui est Ia negation de ce qu'onvolt dans Ia nature, qui est un assemblageetrangc de morceaux d'homrne et d'animal dontle choix a eM diete par des considerations qu in'ont rien a faireav:ee I'esthetique? A cet egard,I'art egyptjen atait I 'esclave de In religion. L'ar-l iste .etait 1ie par des 1'016 absolument inflexibles,qui etaient Ia raison d'etre de son ceuvre, S'Ilavait ose y contrevenir, s'ils'etalt emanctpe jus-qu'a moditier Tapparenee qui lui 6tait prescrite,on ,a _ laisser de c o t e \uue partie des attributs con-sideres eomme divins,son ceuvre etait de nnllevaleur, 'BUe devenait qne:lquechose de ba-nal, dont personne n'avait besoinet quepersonne n'anr-adt souge a acquerir. S'il VQU-lait moulter son talent, c'etait dans I'exeeution,dans l'habilete de sa main, dans Ia nettete et Iahardiesse de son trai], et dans Ia eorreetton deson clseau; mais quant it I'id:ee qui I'avait

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    10 CONFERENCES AU l\lUS~E C;U[MBT ('AUT EGYPTIEN 11dirige dans son oeuvre, a Mimagi:mition, a l'e1e~merrt createur qui, naissant dans son esp-rit, de-vait se refl@ter dans son Itrnvail, iln'en avait pa! ;Hlui etail merne deteudu d'en avotr, la regIe 'reli-gieuse le lui interdlsart, let elle ne s'est jamaisreUichee de sa ragldite, du moins 'tant queI'Egypte n'a pas eM S'OUiS I'influence de I'etranger,Phidias, quand Il voulait representer- Jupiter,

    allait deman'derc;ons~l au vieux poete 'dont,probablement, il repetait les vel'S 'des sonenfance. Su;ivant une anecdote connue, Uaim~ita citer ces vers : A oes mots, lie f ils d e Kron'osabaisse ses lU'Oil'S soureils; sa ehevelure di-vine s'agita sur sa Mite im'm()rheUe, e t Ie vasteOlympe trembla. Suivant -d'autres, l 'homme Ieplus nralheureux !OubUfliitous f s . - e s manx a la vuede Ia statue, tant I'artiste y avait mis de Jumiereel de gl'-aee. Sans doute I'impression queIe dieu pr,od~t sur le spectateur etai-t intense,Chez A'Uleua , I'artiste avait su voiler Ie caractereguerrier de Ia deesse pour lui donner- Ia graoe P1l:-diquede Ia jeune fille ;ilavait varie ses attributsetses ornements de maniere it faire si bienv'aloir Ia personne, qu'on disait que c'etait labeaute meme, C'est que)comme dit Ciceron, cequi Ie guidaIt o'etait UlIl ideal de beanie qui re~

    sidait dans son esprit, C' ,etait Ia 10 i supreme quidirigeait sa main 1. Changez cette 10i, ecartezcaUe pensee creatrice, renencez a voir dans Iaforme hnmame Ie type de beauts Ie plus acheveque nouspresente Ia nature, en revanche, sou-msttsz-vous aux prescrli.pJ'iQUSinflexibles de Iareligion egypti-ellil1e, OOoute.znne tradition im-muable que les pretres conservent depuis desmilliers d'annees, et vous mettrezalors a Athenanne tete de chouette, Au Parthenon, cet assem-blage nous re"()lr~'6et nousi parait monstrueux;sur Ies bords du NH,on necoucoit pas d'autreart que celui-la,Pour Ie seulpteur ou le pe4ntre -6gyptio6n, I'art

    esta:vant tout UIll 1ang age. n be cherche pas t a l 1 : tit. etreadmire qu'a etre cornpris ; ilne demanderien a I'intelligence au a la fantaisie du speeta-teur, II faut que 'oolui..ai. saisisse aupremier coupd'cerl ce qu'il a voulu dire; et meme l'artistesecroira oblige de Ie lui expliquer. Si c'est unestatue, il trouveea toujours moyen, sur Ie dos,sur Ia base ou ailleurs; de mettre unnom, En peinture, iiI est infiniment rare

    Q I dis-u'une figure reste anonyme. uerque1. Collignon,. Hill. de [a. seulptur crecqrlfJ, I,_p o 53.

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    1 2 CONFEUENCES AU l\1USE'Ji:'GUJl\tET L'ART EGYPT lEN 13tincts et clairs que scient ses attri huts , il yaura toujours une legen.cJ.,equi nO\IS renseigneexactement sur son nom,saresidenee,ce q'u'elledit ou fait; et meme cette Ugende fait partie dutableau Iui-merne, Un Egyptian n'admet pas unoscene dans laquelle une figure n'est pas accom-pagnee du texte qui la eoncerne, II est vraique I'Inserdption "etant cornposae, non pas de,s-ignes'Sans signfflcation par eux-memes, fels queIes notres, mais d'hiel"ogly:phes, e'est-a-dire derepresentations d'objets divers appartenant atau'S Ies regnes, ou tenant it Ia vie de l'homme,cette dnscription est aussi un produit artistiquetel que lecon~oli.t l 'Egyptien, et a pour lui unevaleur ,e'gale it cello de Ia if iigure qu'eIle aCCODl-pagne.Si nne figure peinte 'au sculptee est destinee

    avant tout a elre 'Com plv. i: se , a donner une ideeclaire de sa nature, de sa personnaltte et du rolequ'elJe jane, ons'expltque les J.l1correcti'0~ quenous avons sigualees et qui paraissent heurtersi violemment les Jois de In nature. Persorrnene se trom:p-ad.t sur co qu'avait voulu dire I'ar-tiste, c'e;tait Ia I'essentiel, Pourquoi alors changerde pr ocede, puisqu'on avait toujours fait ainsi 9Qu~Ue .raison de renoneer' a un mode de faire

    qu'on avait herite desperesdepuis dessieclest011 a appele cela des conventions. mais s'il ya eu des conventions, si, oomme nous I'avous vu,ily a eu des prescriptions religieuses auxquellesiln'etait pas possible de cantreveni r) ce n'estpas la-dessus,. a man avis, qu'elles portaie.ntCe n'est pas Ia religion qui prescrivait.Iersqu'oarvoulait representer un homme de prolfl agissantde ses deux mains ensemble, de couper I'unedes epaules et de In nrettre du meme eOte queI'aufre, Non, c'&taiit'un moyen eIemootair.e de sefain comprendre, et cela suffisait, A quai bonfaire mieux? Pourquoi .revenir it Ia nature pouria copier plus exactemerrt? N'avait-on pas tou-[ours fait ainsi ? Et si eela avzit suffi aux pereset aux ancstres, quel motif pouvait-il bien yavoir d'abandonner ee Pl'Oe~deell fantin, doutpersonne ne s'tHait [amals plaint? Ce qu'ou ap-pelle kI Ia corrveation n'est qu'un trait de I'en-Iance qui a subsiste, le besoin de progres ne sefait pas sentir parce que I'ideal manque,Si.chez les Egyptiens ee qlii a fait defaut c'estla pensee, on ne sanrait leur refuser une grande

    hahilete technique: Us ont su admirahlementfaire usage des materiaux qu'ils avaient a Ienrdisposition, et vainere Ies difficultes que ces

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    14 CONF~fI"NCF.S Au \\fUSEE GUlMETmaterfaux leur opposaient Nons admirons en-core aujourd'hnj la Ifacilite et la perfection aveclesquelles als travaillalent des pierres extreme-ment dures, Commeart ont-dls pu exeeuter Ieshieroglyphes si fins qu'ils nous ont Iaisses et'il ,qu 1 S out graves dans Ie granit ou lie basalte?Tandis que chez Ies Grecs et Ies Remains nousne voyons apparaftre Ies pierres tres dures tellesque Ie porphyre, qu'a l',ept()qne de Ia decaderu;e,en Egypte, c'est deja it une epoque tres ancienm,it celle des pyramides, que .l1 'OUS trouvolu,: des sta-tues en diorite en granltuolr ou meme en basalte.Si I'on cherche a queI but repoadait le choixde materiaux d'un travafl aussi penible, je croisqu'Il est ,ruse a trouver, iiI fallait que I'ceuvredurat tres }on,gtemps, que, 5 i possible, eUe ru tHernel.le, et, a cet egal'ld, H faut oonvenir queles artistes ont bien reu.ssi, lils ont hien attaintle but qu'ils se prop-osaient.-L' idee qui Ies a iliriges dans Ie choix de cespier-res si resistantas, .c.'etait Ie besom. de durerCe senlirnent Ies fascinalt, iletait it la base deIa conception qu'lls se faisaient de Ia vie futureet meme de 1a vie m'e.sente Pour eux 1 't . ., a . per-sonnalite Jmmaine Jl'6tait pas une unite. Ellese composajt de.divers elements; c'est d'abcrd Ie

    L'ART EGYPTIEN 15c-orps, puis Ie double, un second exemplaire ducorps, en nne matiere moins dense que la ma-tiere corporelle, une projection de I'Individu,Ie reprodnisant trait pour trail Pendant la vie,le support du double c'etait Ie corps Iui-meme ,le corps embaume cessait de I'etre ; Ie doublese separait de lui et devait prendre pour supportIes statues, les portra.iJts, qu'on mettait dans lestombes et qui rappelaient parfaitement Ie defunt,Apres Ia mort, Ie double se retirait dans Ie tom-beau, iiI pouvait entrer let sorttr et iletait l'objetd'un culte. Il s'appuyait sur Ies statues du mortqu'on rnettait dans Ia'tombe, et, pour mienx assu-rer son existence, 'O n m ultip iiait ce s statues.Quand meme, apres Ia moot, Ies deux elementsS8 separent, Ia v.iiede l'un depend de celle del'autre. Le corps aura-t-il peri, aura-t-il e t e de -truit par la CDI"J"1Upt i 'OU,C"el I l es t fait du double, etde Iii vient I'hahitude de Ia memificati on , eettepreoccupation intense de conserver Ie corps in-tad, . a l'abri soilt des violations, soit surtout dela dissolution naturelle, Et le double qui, avecl'ame, represente I'element immateriel, s'il p e -rissait, si so n support etart brise, la personnalitedisparaissait avec lui. En general , quand on parledu double, IO n Ie nomJ:1?e Ie double vivant. Or,

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    16 CONFERENOES AU MUSEE GUIMETpour que cette vie pitt persister, it fallaitIes statues sur Iesquelles ils'appuyait, qui etaientsa restdence, pussent restster au temps, et c'it mon sens ce qui a motive I'usage de mateciauxaussi solides que ceux que nous rencontronsdans beaucoup de statues ires anciennes,Ce n est pas la pierre seulement qu'ils excel-laient a travailler, c'est anssi Ie metal . On se

    demande comment Ia metallurgie a pmleh~ enEgypte, 51 1'00 pease que ce pays est de-nne detoute espece de mines, et que, sauf un peu d'orqu'on reeueille entre le Nil et la mer Houge,011 ne connalt de depet d'aucun metal. Nean-molns , ce qui a 'ete produit en fait d'orfe-vrerie ctonne Ies orfevres de ~10S [ours, n ya la des precedes qui sont perdus, et des objetsell 'or par exemple, qu'on ue ponrrait que dif-fici lement irep' l"oduire de notre temps. Mais 1'01'-fevrerie est r:angee d'habitude dans ce qu'onnomme l'art industriel.Si nous regardons it la sculpture, l1'OUS trou-

    vons deja dans I'Anoien Empire Ia grande statueen metal, et, chose curieuse, faite au repousse,avec de petites parties fondues (fig, 1). Le Nou-vel Empire a produit d'innombrables statuettes,surtout de divinites. en bronze fondu, En revan-

    J:ART EGYPTlEl'I 17che la statue humaime de grandeur naturelleen metal, celle que Ies Grecs aimaient et qu'ilsout produite {ill foule d e s que se sont tondeesIes ecoles de sculpture, celle-la n existe pas enEgypte, Cependant c'estl'Egyp;te qui a enseiguenux Gl'{!CS ales faire carIes auteurs grecs nonsdisent que Rhoicos etTheodcre de Sanros qui,'dans Ie premier quart dusixieme siecle oillt coule Iehronze 6 1 : Iondu des sta-tues, avaient e : t c a Nau-cratis.L'idee de duree dont

    nous par-lions i1 y a uninstant est celle qui a ins-p i r e Ie premier des antssur lequel nOliS voulons Fig. 1. - Pepi I cl 80n fils,'t l' hit vr- dvna stie,nous arre er: arc 1 .ec- Stutues failes au TeraU,.e.ture, et nous oonsidere-rons d'abord le genre d'edifice dont IlOUSavons conserve le plUIS grand nembrs, Ietemple. Des centaines d'inscriptions nous ap-prennent que tel roi a construit un tern-

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    18 CONli'EB ENCES AU r.fIJ SE.E GUlhfETple a Horus, Amon on Phtah, au qu'ill'a repal'e, o'Uq'U.'il a re:fairt en pierre cequi alait en briques et qui tornbait ea mines,SJUlS dante, dl nous dira a I'occasion commentil I 'a decore, il parlera des nornbreuses colonnesqu'il y a fait criger, des portes en bois d'acaciaavec des ornements de bronze qui separent lassalles, -des statues qu'H y a fait dresser, de 1'01'et de I'argent et meme des pierres prooieuses.qu'Il 1 : : 1 , prodigues anx dlvmttes, mais ee qu'ilmanquera rnr-ement de nous dire, c'est qu'Ila faU fai.re oette construetion en bonne pierre degr.anit ou de caleaire ..pour qu'elle dure eterne'I-lement, . e ' t 100 dieux pour Ie r-emercier, de luidire, que tan:tqu;e le del existera, sesaOtDS;trllc-tions existeront aussi.La eonstruction esrcertalnement le cOte de

    Ia civilisation que Ies Egyptiens ont pousse leplus loon. C'est lit qu:'a certains sgards Us entdepasse Ies autres nations de J'antiquite. C'estaussice it quoi Ils donnaient eux-memes Ie plusde prix. Mais dans cetart le plus materiel de tous,tel qu'il est pratique par les Seti ou Ies Ramses, Iebeau proprement dit, ilcedesir de plaire par l'har-monie et par Ies iproporti'ODs n'existe pas encore,le constructeur ,obat a un autre sentiment. II

    J:ART EGYPTIEN 19cl1ercihe;a ,etonner par Ia .grdeutr, par I'immen-sUe, par legigautesque, et iIfaut cenvenir quel 'architeC'~e a parfaitemau:t l'eUissi . a prodttir:csur le speotateur un etonnement qui approchede la stupeur ..Vous .avez tousentendu parter deIa ramense salle hypostyle du temple d'Amon aThebes, ce qu'oa iRppeUe Karnak, eette foretde 134 gigantesques oolonnes qui ,podaient Ieplafond, Iequel n'avait pas moinsl de 23 metresdans sa partie centrale, Get immense espaeecouvert, de plus d'un demi-heetare, n'est pas Iesanctuail'e,c'est 1a qu'evoIuaient) a certains[ours de fete,. les processions portant Ie dieu ouses emblemes, Pour Itlecnil'ie I'impresslea queressent celui iqui entre pour Ia premiere fQisdans cette ruine graudiose, je Iaisse In parole aI'aimahle Ampere: Je penet: re dans Ia grandesalle. Le spectacle que j'.ai sons Ies yeux snrpassetout ce que j ' . a J . vu su r la i beTre . Non, M i . . Wilkin-son n'a pas exagere en disant 'que c'est la plusvaste et Ia plus splendide rume des temps an-ciens et mbderl1ies... Pour ChampoIlion , dontrime naturellement .onverte au sentiment dugrand, savait anssi bien I'admirer que la com-prendre, 'on voit qu'i l ' fut .etouidi et comme fou-droye a l'aspect de cette merveille' du passe. En

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    20 CONFERENCBS Al] 1'>1USi,E GUIi'ilE'l'eUel, void ce qu'eerlvait Ie fondateur de l'egyp-tologie : La m'apparut toute la magnificencepharaonique, tout 00 que Ies hemmesont ima-gine et execute de !plus grand, Tout ce que.j'avaisvtl a Thebes, tout IC e que j'avais admire avecenthousiasme sur Ia rive gauche, me parut mi-serable en comparaison des conceptions gigan-tesques dont j'etais entoure .. Je me garderai biende vouloir rien decrire, c~ ou mes expressionsne vaudraient que la millieme partie de oequ"on doit dire, en parlant de tels objets, oubien, si fen tracais une faible esquisse onprendrait .pour un enthousiaste, peut-etre rnemepour un r o n . JVoila done I'Impression que produisit sur

    notre rnaltre, sur Champollion, Ia vue de1'1 grande salle d'Amon, Ce n'est plus deI'admiration, c'est un enthousiasme qui ne seconnart plus C it qui ne mesure p , 1W 3 ses expres-sions, c'est nne sorte d'ivresse, II est vrai que Iepremier, depuis pres de deux mille ans-, 'i1 pou-vait comprendre Ie langage des vlsnx artistes,ilIisait les noms 'de ces dieux quiapparaissalentde toutes parts, et partout aussi ilvoyait gravesIes noms desrois qui avaient concuet fait. exe-cuter cette merveill.e, Il etait seula pouvoir

    L 'A.UT EGYPTJEN .21sentir ce qu'ila .eprouve, et, depuis Ia derniereproeessiouqui lS'elait promenee elllreces co-lounes, je crois que Ies dieux du temple qui leregardaient n'avaient [amais re~u d'hommageplus sl!llc:e,re et plus vibr,a:n'l Lepsius, qui ypassa vingt ans apres, voit tout cela d'un ceilplus calme et plus tranquille et cependant iIest impossible, nons dit-il, de depeindre l'im-pression. de saisissement (den tibel 'wilt igendenEindruck) que ehacun veprouve lorsque; pourla premiere fms, iIpE:netr~ dans ce1Jt:eforet decolonnes, au milieu de toutes res grandes figuresde dieux -et de roisqui apparaissent de tauscotes, peintes osur Ies colonnes. Voila. bienl'impression que les Pharaons cherehaient aproduire quand Ils elevalentces constructions gl-gantesques, ce n'est pas l'admiration raisonnee,c'est l'etonnement, Ia stupeur devant quelquechose qui vous ecrase par sa masse et ses di-mensions. C"etait comme Ie symbele de leurpuissance sons Ie poids let devant la grandeur delaquelle tout devait fl6chir.Best certain que Ia grandeur, des proportions

    dep ass ant de beaucoup oelles de la nature,etaierrt pour e'UXI'un des caraeteres deIabeante,parce que eette hauteur e.tait consideree

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    comme un .atb:ibutdlvin et oomms l'emblemede In puissance dominatrice. Dans Ies bas-reliefs, les rois sont toujours representes bcoup plus grands que leur (fl];t,ourage, Ilstout A fait d is p -l 'O p o di ol D.W s a v ec Ies cha r shautdesquels fls percent de leurs neches Iesennemts qu'ilscombattent Ce ne sont pas seu-lement les rois eornme Hamses II, C6UX quivoulu eblouir- par leur fasts et leurs foli~d'abord leurs sujets, puis Ia pos-terite, qui semontrsnt avec cette taille gigan:tesque. C'esttradition qui r'emonte aux monuments Ies plusanciens. Le:roi est pae nature un etre divin, i1doit done etre pilus grand que Ies humams surlesquels ilregne. Avant Ramses II, plusteursses predecesseurs lui avaient dOlllle e e t esemple,Celui qui fU't un heros pour les Greas, MemnoD,Ie plus beau des mor-tels, Ie fils de I'Aurore, quifut I'une des victimes de Ia terrible lanced'Aehille, celul quenons aP{Pelons Amenophis III,:s'&tait fait faire deux statues colossajes, a l'enjlxeed'un temple, do< .n t i l ne reste plus den. Seules,Ies deux strutues Surgnssent enoo,re cOte a cote dumilieu de 10. plaine de; Thebes. L'lUl'eauu'efoistHai! fame use ; au Iever du Jour, Ie .fils appeI:aitsa mere. Elle est muetts aujourd'hut.

    23Je n'insiste pas davantage sur cecaractere de

    ['archltecture ~gy!l>ti~e) caractere qui n'est passo . pl 'opri .ete ,exclusive, pmisque Ia sculpture Iereyet fl~mme.alt. Je citerai e.11OO1',en seulcas Q U . les deux arts se rencon:tr-el),.~,etqui estRussi connu que Ia salle de .Kamak, ee sont lasqmltrecoloss-es d'Ibsamboul, Plus d'un Vloya-geur.a dOOlit I 'Impressionsaisissente qu'ont pr-o-duite sur hLi cas figures immohiles et impas-sihles qui gardent l " E ' l r J . , t r e e du sanctuaire, Je lerepete, aux y:eux de l'E gypti en, l'Idee de la divi-nite, surtotu, eelle de Ia puissance 'divinesa traduit par legigautlesque,. les proportionsqui depassent la nature. Le beau est 1'e111-place par le colossal, ce caractere Lui paraltrefleter mieux Ia divinite que In perfection dansI'apparenoe, .mi.-euxqu'une foOrmehUlD:.aine ex-quise, que l'imagination de l'artlste pouvait seuleeoncevoir. Si chez l'Egypltiell.1 le colossal esllesigne d'un dlh'eloppem'ellt .artis,tiq1l'~encore ina-cheve et impru-fait, ches le Grec c'est tout leoontraire. Partout on iiln'etait pas eommandepar Ies conditionsnrchitectnrales ou par Ia na-1111'e de la figllre it reprres.enter, le gigantesqueest nn stgne certain de decadence. 'Le 0010s'5Iede Rhodes u'a [amais e t e considereoomme un

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    24 CONPdRENCES AU MosiE GUIMETdes chefs-d'oeuvre de ,l'art grec;ct quant auxdeux Dioscures de Ia place d_,eMonte Cavallo,,a , Rome, en d.e-pit des (I1()IOS de Praxitele et dePhidias imserits sur Labase, 0).1.11.e peufguereIes considerer comme des ceuvres de premierordre,L'architecture et Ia sculpture se treneontrentde nouveau dans les tombesjsof! celles de I 'An-

    cien Emp-ire, qui representent 'line constructionextedeure..) qu'on appelle Ie mastaba,une sortede pyramide tronquee qtl!i. contient une ou plu-sieurs chambres, t S ' O i r t celles qui sont d'nne epo-que : p lu :s r ecem. , te et qui s eoomposen t de cham-bres creusees dans :Le rocher) prMMees d'nnvestibule a oolonnes. De meme que, Ie templeest Ia 'demeure de Ia ,djvinftt\ Ia tombe 5'appellerala maison eternefle . En general, les tombesde l'Ancien Empire sent couvertes de scenesrepresentant Ia vJe de taus Ies jour's, Ie martmenant 'line vile niche ret opulerrte au milieu dese s nombreus vassaux ou iSB rW :oourS qui. tra-vaillent pour lUi, non seulement a l'~griculture,.mais aussi a taus les metiers COMUS alors, Toutcela n'est nnllement w portrait de la vie que Iedefunt .a meaee dans le passe, cela n'a pointnon plus un but decoratif comme l'anraient des

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    ta.pisseries qu'on aeenoehe aUK murs, c'est del'art magique, e'estce qu'on a nommela magierepresentative. C.es tableaux pl 'ovie:nnent d'uneidee f.:ort it'epa.ndue dans l'anti.quite, c'est queIn repT'esen;tabi,()nd'une chose est un moyencertain de Ia raire nattre, Nons avans done ieiun exemple frappant de ce but d'u;tilite qu'aen presque toujolll"s l 'art egyptien. On n'a ppintcherche a fai~e au defU.illll: U 1 1 > C tornbe magnifique,011:11e I'a Ploj:n:toenee a p~aisir-, on n'a po in tdecrit Ia richesse et ia PlomPle de sa vie passee,NOll , tout ce qu'on lVlOi,tSua ces lIltll: Il: i

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    26 CONFERENCES AU .~LUSEE GUlMET

    et d'etre bien compris. Des figures fort bell~qtun!aunrienteu qu'un hUlt decoratif all d"or~nement n'auraient eu aueune utilite et n'auraieutpoint ~uf:h au d ef un t . . 1 1 fallait que chacun futrepresenteavec son .empl{ll sJSC!ia1et avec sesoccnpations .:iei, Ies pecheurs tirant le filet; la,Ie bergergardant le s vaches; 1f t le surveillantde Ia ~a&se.--cour donnant . i I . manger a une ole;plliis tous Ies industriels, meme Ies souffleurs deverre ou les sculpteurs faisant une statue; Iestroupeaux l~e devaient pas manquer avec leSldifferentes espeees d'animaux qui les CQm-posaieut, que ce fussenf des behes a cernes oudes oiseaux, m.~~ le chiffre de ehacune desespeces yr~t dndiqt1le, c',6tait le moyen d'enfilia nartre W1 ausstgrand nombre ..II est clair.que dans Ies ouvrages de ce.the nature, la re-cherche du beau n'avait .qu'une place tres seoon-daire; ce ,n'6tait pas pour cela qu'on faisaitappel a I'artiste. L'exactitude d3LUS ee catalogue&tait chose bien plus importante; aussi l'on eom-prend aisement que ces :iin.correcttons, qu'on ap-pelle Iaussement des conventions, abondent;elles sa rencontrenta chaque pas; pen importe,on oomprenait suffisamment cequ,e I'artisteavai! voulu dire, d'aille:ursjs'il voulait faire

    L'ART EGYPTIEN 27tnlellx, i1 Ie pou vait (fig. 2) 1. Ces bas-i-eli efs,dont les tomhes de l'Anden Empire nons ontconserve un grand nomhre, ilifferellt comme

    Fig.P. - Bns-re fief s, Allc;.cn E",p;,c.travail. 11 y en a de plus ou moins bon, suivantles epeques et suivant Ies Iocalites. OJl peut, 9aet U t, discerner legofrt qu'avait l'eoole de tellevine de province, maisce n'est P,as comme eeuvred'art qu'ils nons son;tu tiles en :premiere ligna,'I. Lea animnux nour-r is n rt. if ic ioUemeo t soo t de s hy1mes, do.o tII I "illlldo Mait coo"iden!c eomme un mets de choix, 00 .reznar-

    qucra dUD. le~ deux regiatl'ea superieu rs Ies bra~ des hommesqui tiennent JC.5 nnimaux.

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    28c'est cemme un tableau de la civilisation aepoques reculees, NOllS y apprenonsetaient les oceupatlons des hommes de ce 'et quelles ItHaient les industries auxquelles ilsllvraient, A cet egard, Us nous sont tresmais I 'art prowement dit u'y joue qu'un renesecondaire,Dans Iestembes, nous trouvons aussi, Iapture; elle y a meme pjI'is un tees grand deve-loppement, lei encore, elle n'est pas unment; eUe a llIU but biJQll plus important :est .le support du double; elle est done :Q:eCe..liSaira In vie d ' l : 1 defunt dans I'autre monde, elleassure l'existeace au sein de eette felicite

    U11 tresgrand nombre de statues.car 'On Ies mulliipliait.it plaisir' dans Latombe, 11 Y en a de to utes grandeurs . iseaucouosoat de In taille naturelle du d6funt. On yune intention tres marquee de faire un l..nl'tr!l.itune recherche evideute de la ressemblance,dans certaines limites (fig. 3). Puisque-cetteest la demeure, Ia residence de son doubleque c'est SOllS eette apparenoe qu'il doitdans l'autre monde, on se gardera bien derepresenter eomme unvieillard courbe p'al'! 1

    L'.A.RT EGYPTIEN 2 .9et par les illfirmites.. Quand rn~me il se fell-cHern peut-stre dans ses Inscriptions d'avou- euune Iongueet heureuse vieillesse, ou Ie montreraa 13 posterite comme un homane dans la force

    Itig.3 ..- Le I'r~~l'e Hanefer. A.I'lcienEm:phe.de l'age et , qui salt, meme eomme un bon vivantqui jouit de Ia vie. On lui Iera une physionomierappel ant ce qu'il ,etait dans sa [eunesse , ilaurale terse typique de l'Egyptien bien portant, desepaules carrees, Ies muscles peatoraux i r e s

    B

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    30forts. Quant aux jamha'helles son,t tQU~[ours negligees, meme ~ le s plus belles sta-tues; c'etait quelque chose d'indifferent dansla caracteristique du personnage, On volt doneque I'artiste n'a pas songe un instant a fairedu detunt un ephebe rernarquahle par Ia beautsde ses proportions et Ia vlgueur de ses membres,11s'est attache a In partie superieure de Ia per-sonne, a ce qui pouvalt Ia faire reconnaitre etet Ia distingner , Ie resse lui importe pen.'La statue est-elle en JIlerre calaa1re, elle n'est

    [amais Independante, AtIes membres nssontpasdetaches. Je .erols ,qu'i l y o a HI. une question desolidite, II faut de toute nec~ite que cettestatuedure. Je suppose que c'est la raison pour laquelleIes bras sont allonges Ie l ' O i J . l g du corps; lesmains tiennent quelque chose, nous ne savonspas quoi, cela me paraJ:t motlver Ia feI~meturedu poing, Ain.si, ce qu'on appellerait Icl Ia con-vention provient, a . moo sens, de Iamatiere dontest faite Ia statue; le ealoatre dolt rester+enmasse et ne PI W etre f.oui:Ue trop pI'ofon;(L SIlly avait Ht1 comrne on I'a souvent dit, une pres-cripti.on rituelle ou r.eligieus~ oDj ne oompren-drait pas pourquoi el1e n'existerait pas tQut ausslbien pour les statues en 'boils. Vioyez la fameuse

    31statue appeiee Ie sheikh~el-beled (fig.. 4). C'est 1 < 1statue d'un double comme les sutres, non seule-ment elle n'a pas d'appui, mais ses membressont detaches et il vienta notre reneontre

    Fig. ~. - Uesbe.ikh-eJ-beJed. Ancien Empire.tenant son baton, Je i T L e doute pas qu'iI ne flit tresrsssemblant, I' artiste a done du eU -e satisfait deson eeuvre; e'est toutce qu'on, lui demandait ..II y.a de ces statues, oomme par exemple lescribe du Louvrej -qu] sont remarquables par

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    32 CONFERENCES Al l' l\ lUSEE GUIl '

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    oONniatEr"CES AU ilJUSElr -; (. ,UIMET

    magasiu de [ouets de Nurernberg L'art en esttotalement absent) . e e t ,qu'il y a loin de lit auxfigurines de Tanagra, qui sont Ie coM amusantqe l'artgreel

    J;'ig. 6 .- Soldl l~Son bois.M.ais revenons a la sculpture veritable, aux

    statues de rore. Lesrois etaleut des etres divlns,iIs se ~,oW1aiellt pour 100fils on les filles d' Am-on011 de telle autre divinite) et ils recevaient unculte meme pendant teur vie, II n'est pas rarede voir un roi I'aisant des offrandes a sa proprepe.l'S'on.ne,on se placant Ci

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    3f) corn:ERENCES AU i'iWS8E GUUIET

    arrtver qu'on se trouve en face d'une sel~e destatues arclutecturales servant d'ornement a laconstruction; elles sent d'un type sl ttnHormeet si banal, qu'on ne pourrait Ies rattacher it uneepoque que par Ie styleo, mails Ie uom ne faitpas def9u:t, et tela suffit pour donner it Ia sta-tue toute sa valeur, toute SOIl effieacite rna-gique.Les poses dans lesquelles on trouve les 1'015

    all Ies reines ne sont Plas: 'h'es varlees, La teteet la partie superieure du corps s1lnt sOignees;Ie bas du corps et Ies [amhes Gout souvent tresnegliges., 100 membres me sont passurtout dans Ia pierre dur-e, On volt que sou-vent I'artiste s'est npplique ; sa technique, sur-tout dans des materianx d'un travail aussidifficile, est digne d'admira:tkm;roais i1 estclair que la recherche du beau ne l'amill em ent preoccupe; ce n'etaJi:t pas ce qu'onlui demandalt ; meme Ies rois ne songeaientpas a avoir une pareille exigeace ; UsIaient peut-etre que 1a pierre fi'lt bienvai1lee, cela Ieur suffisait,Voici Ie 1'01 Chefren (fig. 7), 1 ' 1 1 l 1 1 e des plusanciennes statues royales que nons possedions,Nous 'admirons In tete,. Ie hau] du corps et aussi

    37l 'aisance avec: laquelle I'artiste a su tirer partid'une pierre aussi dure que le diori-te, M:aisautant Ia 'tete est -vivante, antant Ie has du corpsest inerte et meme neglo ige.Cette inegalite est bien plus choquante encore

    Fig. I.- [.e 10; CherI'en. n" dynnstic.dans la statue d'Amenemha III, recemment tron-vee it Karnak (fig. 8). Sans doute, Ie roi devaitetre ires ressemblant, car n n'est 'pas 'flatte.L'axpression de la phy&ionoml,e est frappante, et

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    38 CONF! ':nENCES AU i 'l IUS.~ ': I ~ GU IMETcependant I'artlste qui avait su rendre cette fi-

    F ig :. 8 . - A _ !n ';'n em h u 1 11 .gure n'hesite pas a lui donner des braaet des[ambes detestables, La tete de Thothmes III (fig.

    Fjg. f l. - ' reLe de ThoLhruh lIT..et Ia statue de son fils Amoo.ophis II (fig. 10),

    38sont parmi. Ies plus belles ceuvres que nous aitIaiss-coola XVIIIIl dynastic. Mais eomme ron sentbien qu'il n'y a la qu'une habilete touts techni-que et quece qui fait dsfaut, c'est la penseelAins] que les rois, lesgrands officiers, les

    fonctiolll1aires, les pre-Ires et les pretresses

    Fig-. 10AmellQphis 11 . Fi~. 11Scnnef' ll ' e t sa femme Sel la .aimaient a offrir aux dieux leur statue. Leurbut, en te faisant , ctait tout semblable, Us vou-laient s'assurer l'exlstence dansce mende etdans I'autre ; ils voulaient aussi que lorsqu'onlirait la formuile A ' l ' l' J 1 s Iaisaient graver sur, Iabase ou memle sur telle partie du COl"Q>S l'effe'fmagtque de la you. fit surgir Ies of!randes et Iesvictu aIlles, dont le catalogue Bej trouvait dans 10.f:ormule. C'est toujours l'art utilitaire qui a prQ-duit Ies innomhrahles statues des grands per-sonnages qnl nons ant e te co:n;servees.

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    40 CONFERENCES A.U N.USEE GUIMETSennefer et sa femme Sena (fig. 11), qui se sont

    fait representer assis, avec leur' fille entre leursgenouK, ont certainement , e t e lun oouple heureuxUs etaient attaches fun it I 'autre, car ils setiennent enlaces. Ils etaient riches, l'embofipoint

    r "lg. 12. - Ameuophis, fils de-HurLdu marl en est Ia preuve. Evidemment, II n'etaitpas astreint it UrI rude Iabeur, sous un soleilardent, Les fjgures S ! O O J t n.uMressantes; nous pou-vons parfaitemeat nons tmaginer ce qu'etait ce

    L'ART EGYPTIEN 41menage. Les doubles de leurs ami'S devaient faci-lement Ies reconnaitre dans l'autre monde.C'etait 10.l 'essentiel, Sena u'a pas demande a l'ar-tiste de la faire belle; elle ne rerroncerait pas vo-lontiers it sa grande bouche et au nez aplati quiIa surmonteAmenophis, fils de Hapi (fig. 12),est une statue'd'un genre tres rare. C'est un vieillard deja quel-

    que pen decrepit II 1 ' 3 . soin de nous dire dans soninscription : ~ J'ai atteint 80 ans etant grandfavori du r'oi, et j'atteindrai 110 ans, C'est lameilleure garantie qu'il puisse avoir, d'arriver acet age avanee,Un mot, en . f.inissant, SW Ies statues de dieux,

    Ainsi que nous Ie disions.velles ne sont pas an-thropenrorphes, ou du moins, celles qui outla forme humaine pure sont I'exception, II y ena souvent de remarquahles par la correctiondu ciseauet par une execution irreprochable,mais dans ce domaine, plus que partout ailleurs,I'asservissement it la religion s'est Iait sentir avectoute sa rigueur ; I'ohligation d'assembler deselements qui. [urent entre eUK ne permettaitpas au sens artistique de se developper, Tellestatue d'Isis (fig. 13) nous montre que les Egyp-tiens auraient pu aller beau coup plus loin, s'ils"

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    42 CONFERENCES AU UUSEE GU1!11E'rn'avaient e t c arretes par- des lois religieuseset par Ia necessite absolue de se plier a certainstypes, dent Il n'etaiot pas permis de s'ecarter,On s'etonne cependant qu'un artiste egyptianait pu consacrer taut de peine, depenser tant

    Fig. 13. - his. Epoquc So1te. Fig. 1(".- Decsse Thoueri s ,d'habilete a Iaire un etr,e d'une laideur aussirevoltante clue la de-esse Thoueris (fig. 14). Cer-tainement, en la voyant, nous avons Ia preuveIa.plus eclatante que) pour eux, lebeau n'existaitpas dans les conditions de la divinrte, Il etaitheaucoup plus necessaire que les attributs deIa deesse tussent corrects, que rien ne manquata ce qui 6taitOOll costume cliiSlti.ntctif,a sa coiffureau aux ornements qui lui etaient propres, A cetegard, il est interessant de oomparer deux fi-gures de la deesse Bathol' en forme de vache, quitoutes deux sont considerees oomme des chefs-

    43d'reuvre de 1 art egyprt ien (fig 15). L'une est enbasal te , elle est de la fin de I'epoque phai-ao-nique ; le modele du corps est certainement re-marquable, surtout considerant Ia durete de Ia

    Fi g. 15. - DQU~Hnu,ors Qn r"rlf lc de vachc .pierre (fig. 16). Ce qu'il importait c'etait demontrer que c'etait Ia deesse et qu'elle cou-vrait de sa rprotection Ie pretre Psammetique,dont Ia figure se dresse sons le mufle, Aussi,I'artiste ne s'est pas preoccupe de certaines in-corrections choquantes, La vache est sculpteedans une dalle epaisse, et comme on n'a pas

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    4 _ 4 CONFERENCES AU 1\ 1 EE GUJ}rETdetache les membres, on lui a fait quatrejambes de chaque cote; Ia tete n'est pas si bientravaillee que le corps, l'ceil est trop grand; maisrlen ne manque aux msigues ; entre les cernes,

    :FIg. 16. - IInlbol' en fcrmc de rnchc.le disque lunaire, les plumes et I'urasus. 11n'y a pas a s'y meprendre, c'est Hathor, L'autre,au contraire {fig. 17), c'est l'animal vivant telqu'on Ie rencontre au bord des canaux; 1 3 : en-core, I i . l a faUn deux figur-es, l'une sons Ie mufleet I'autre sucant Ie Iait de sa nourrice. Enoutre, pour indiquer qu'elle va se promener versle fleuve, des plantes aquatiques se dressentcentre Ies epaules. Otez a cette vache Ie disque etles plumes qu'elle porte sur la tete, 1es plantes,les deux figures,et VQUS aurez un animal d'unebeaute admirable qui, comme la vache du sculp-teur grec Myron, aurait pu etre l'un des plns

    L 'ART EGYPTIEN 45beaux titres de gloire de son auteur, at lui valoirIes Iouanges de la postente; mais, ce ne seraplus Bathol'. Ce sera une vache anonyme, quel-conque, propre seulement a servir d'ornementet , par consequent , inuti le , ret qu'aucun Egyptien

    Fig. 17. - La vaehe de Deir e l-babar i,ne songerait a faire executer. L'art cultive pourIui-meme et n'obeissant qu'a ses propres leisest une conception etrangere a I'esprit des an-ciens Egyptiens.Nous nons demandions, en regardant la langue

    chaine artistique, qui, partant des figurines gros-

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    46 CONFER.EN CE}S AUlIlUS t::S GO l1I[E}Tsieres de l'age de pierre, va [usqu'a l'Athenade Phidiaset l'Hermes de Praxitele, o u l'Egyptes'tHaitarrHee. Je ne sais si j'ai reussi a Iairecornprendre ee qui, pour moi, results d'unelongue familiariteavec son ceuvre. L'Egypte enest restse 1 :1 .o u l'art est encore I'auxilian-e delI'utile ou I'esclave de la religten; o u ilnj'a pascette existence propre et indepsndante qui luivient de fa pensee. L'ideal dans I'art, c'est laun tresor dont I 'Hellene a enrich] I'esprit hu-main. Le jour OU it a eompris que Ie beaudevait etrecuHive pour Iui-meaie, it a fait Ullpas decisif, et ila Iaisse bien Ioin derriere luil'Orient et l'Egypte, QU, eependant, son enfanceavait a te chercher ses premieres leeons.

    CHALON-SUR-SAONE, IMPIUMERIE E.. BERTRAND

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