le balcon comme seuil et dispositif environnemental

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HAL Id: dumas-01802992 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01802992 Submitted on 30 May 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entiïŹc research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinĂ©e au dĂ©pĂŽt et Ă  la diïŹ€usion de documents scientiïŹques de niveau recherche, publiĂ©s ou non, Ă©manant des Ă©tablissements d’enseignement et de recherche français ou Ă©trangers, des laboratoires publics ou privĂ©s. Copyright Le balcon comme seuil et dispositif environnemental Cyril Nedelec To cite this version: Cyril Nedelec. Le balcon comme seuil et dispositif environnemental. Architecture, amĂ©nagement de l’espace. 2016. dumas-01802992

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Submitted on 30 May 2018

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Le balcon comme seuil et dispositif environnementalCyril Nedelec

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Mémoire de séminaire : conditions de consultation

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Le balcon comme seuil

et

dispositif environnemental

Cyril Nedelec

Ecole Nationale SupĂ©rieure d’Architecture de Toulouse Environnement, paysage, architecture

Directeur d’études : Patrick PĂ©rez mai 2016

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Sommaire

Préambule .................................................................................................................. 5

Présentation du mémoire .......................................................................................... 7 Localisation de la ZAC de Borderouge dans la métropole de Toulouse ...................... 7 Localisation des éléments analysés dans la ZAC de Borderouge ................................ 8 Légende ............................................................................................................................... 9

Introduction .............................................................................................................. 11 DĂ©finitions ......................................................................................................................... 14

I. L’interface entre la sphĂšre privĂ©e et la sphĂšre publique .................................. 17 Sur le balcon : la relation au corps ................................................................................. 19 Filtrage des vues et intimitĂ© ............................................................................................ 20

FICHES 1-4 ............................................................................................................... 23

II. Son statut d’externalitĂ© ....................................................................................... 33 Franchissement du seuil .................................................................................................. 35 Le balcon comme piĂšce supplĂ©mentaire ....................................................................... 36 Le balcon comme agrĂ©ment ........................................................................................... 38 Le balcon au Rez-de-ChaussĂ©e ...................................................................................... 41

FICHES 5-8 ............................................................................................................... 43

III. Les balcons et le paysage ................................................................................. 53 Dialogue dans l’urbanitĂ© .................................................................................................. 55 La façade habitĂ©e ............................................................................................................. 56 Jeu architectural et formel .............................................................................................. 57 Influence urbanistique ..................................................................................................... 57

FICHES 9-13 ............................................................................................................. 61

Conclusion ................................................................................................................ 73

Bibliographie ............................................................................................................ 77

Table des illustrations ............................................................................................. 79

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Préambule

« 
C’est en Italie que l’on trouve les premiers exemples de balcon au dĂ©but du XVIe siĂšcle avant sa diffusion progressive dans toute l’Europe. MĂȘme si les prĂ©mices du balcon parisien apparaissent un peu plus tĂŽt sous Henri IV (1553-1610), il faut attendre les annĂ©es 1620 pour voir les allĂšges s’abaisser et les fenĂȘtres s’ouvrir dessus en saillie
 » (N.Mevel, 2014, p. 16). « 
L’évolution technique de la ferronnerie aide certains immeubles Ă  s’en doter Ă  travers l’encorbellement et les ancrages mĂ©talliques. Dans le temps, le balcon progresse, s’agrandit et se systĂ©matise notamment grĂące au dĂ©veloppement du bĂ©ton armé  » (N.Mevel, 2014, p. 16). Comme l’architecture, il est le reflet d’une sociĂ©tĂ© qui change, avec ses besoins, ses technologies, ses rĂ©alisations. Le balcon, qui Ă©tait une exclusivitĂ© des demeures bourgeoises et expression de richesse, se dĂ©mocratise. Il trouve sa place dans les habitations collectives plus modestes, jusqu’au grands ensembles oĂč la proximitĂ© des occupants et la densification conduisent Ă  repenser le balcon avec ces nouveaux paramĂštres. Se posent donc, les questions quant au rapport entre les sphĂšres privĂ©es et publiques, entre l’élĂ©vation et la rue, entre voisins. Les façades se complexifient et avec elles, le jeu de l’ornementation et des garde-corps. « 
Aujourd’hui, volontiers usitĂ© dans tous types de programmes, bureaux, Ă©quipements, logements, il est aussi un enjeu vis-Ă -vis des problĂ©matiques thermiques, de la mise en Ɠuvre et de l’accessibilitĂ©. Rupteur de pont thermique, dalle encastrĂ©e ou rapportĂ©e ou suspendue, seuil, garde-corps, rives, Ă©vacuations des eaux pluviales, consĂ©quences sur l’ensoleillement... sont autant de sujets qui animent la conception des balcons contemporains... » (N.Mevel, 2014, p. 16) L’objectif de ce travail, est d’étudier l’évolution du balcon et analyser ses formes et ses utilisations dans notre Ă©poque. Toulouse, mĂ©tropole en constante expansion, est un riche bassin d’échantillons d’architecture oĂč l’on peut observer l’expression des formes assumĂ©es par ce dispositif aux multiples facettes. Un site a retenu mon attention : c’est la ZAC1 de Borderouge, au nord de la ville. Son caractĂšre un peu expĂ©rimental, par sa densitĂ© et sa polymorphologie, donne plusieurs directions d’étude, en commençant par son urbanisme trĂšs rĂ©cent (la ZAC a moins de 10 ans et est en cours d'achĂšvement). A diffĂ©rence d’un grand ensemble, pensĂ© par un unique urbaniste et architecte, la ZAC et ses macro lots offrent une pluralitĂ© d’expressions architecturales. Son Ă©chelle est Ă  l’image d’un grand village, c’est pourquoi il est facile de le parcourir rapidement en obtenant un riche Ă©chantillon de l’architecture contemporaine. J'ai pu observer le soin apportĂ© aux balcons, loggias et terrasses. Nombreux sont les architectes qui ont fait l’effort de dessiner des dispositifs inventifs et parfois innovants. PrĂ©sentation de la ZAC :

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Le quartier Borderouge a conservĂ© de son passĂ© maraĂźcher un patrimoine naturel que le projet urbain veille Ă  mettre en valeur. Ainsi les parcelles du quartier sont reliĂ©es entre elles par des sentiers qui composent un rĂ©seau de chemins paysagers dĂ©diĂ© aux modes de dĂ©placement doux (piĂ©tons et cycles). SituĂ©s en cƓur ou en bordure d'Ăźlot, des jardins de proximitĂ© agrĂ©mentent le quartier et apportent Ă  ses habitants autant de lieux de promenade et de dĂ©tente. Au cƓur du parc de la Maourine, jouxtant les jardins thĂ©matiques et l'Ă©tang naturel, les Jardins du MusĂ©um offrent un coin de nature en ville et un jardin d'exposition : les Potagers du Monde. Le projet du quartier Borderouge veille Ă  ce que les habitants bĂ©nĂ©ficient de nombreux commerces et services de proximitĂ©, le plus souvent situĂ©s en rez-de-chaussĂ©e des immeubles d'habitation et de bureaux. A terme, Borderouge bĂ©nĂ©ficiera aussi de plusieurs enseignes de restauration articulĂ©es autour de vastes espaces piĂ©tons ouverts et paysagers, ainsi que des jardins de proximitĂ©.Un quartier Ă  vivre pour les familles, c'est aussi un quartier oĂč chacun trouve rĂ©ponse Ă  ses besoins.En ce sens, le projet urbain comprend notamment la crĂ©ation d'une crĂšche de 60 berceaux, d'un groupe scolaire flambant neuf, de terrains de sports, d'un cinĂ©ma de quartier
 tout ceci s'ajoutant aux Ă©quipements existants. Ce qui sĂ©duit au premier regard le visiteur de Borderouge est peut-ĂȘtre son aspect novateur, son architecture audacieuse, ses choix rĂ©solument contemporains et toujours respectueux d'un urbanisme Ă  taille humaine. Une identitĂ© moderne qui ne s'arrĂȘte pas aux façades puisque l'ensemble du bĂąti du projet urbain est construit en haute qualitĂ© environnementale (HQE). D'oĂč aussi, pour les habitants et utilisateurs, des Ă©conomies Ă©nergĂ©tiques non nĂ©gligeables. DĂšs 2014 l'ouverture du MĂ©tronum, salle publique dĂ©diĂ©e aux musiques actuelles, confirmera le rayonnement de Borderouge Ă  l'Ă©chelle de la MĂ©tropole.

F. 1 Plan de la ZAC et des éléments structurants qui la composent, autres que les logements.(Source

WEB, www.toulouse-metropole.fr)

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PrĂ©sentation du mĂ©moire Borderouge est un vĂ©ritable laboratoire et je m’en suis servi comme lieu de recherche. Le mĂ©moire se prĂ©sente sous la forme de fiches, qui recensent un large Ă©chantillon de dispositifs (balcons, loggias, seuil).Les fiches sont composĂ©es d’une partie thĂ©orique et de photographies commentĂ©es. Ces fiches sont numĂ©rotĂ©es et localisĂ©es sur le plan de la ZAC prĂ©sentĂ© en Fig. 3. Elles sont prĂ©cĂ©dĂ©es par un travail de rĂ©flexion.

Localisation de la ZAC de Borderouge dans la métropole de Toulouse

F. 2 Localisation de la ZAC de Borderouge (Source WEB, www.geoportail.gouv.fr)

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Localisation des éléments analysés dans la ZAC de Borderouge

F. 3 Plan de la ZAC de Borderouge (Source WEB, www.toulouse-metropole.fr)

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LĂ©gende

Fiche No1 .................................................................................................................. 24 48-50-52, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse ......................................... 24 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse .................................................... 24

Fiche No2 .................................................................................................................. 26 65, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse .................................................... 26

Fiche No3 ................................................................................................................... 28 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 28 6, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 28

Fiche No4 ................................................................................................................... 30 8, Rue Sainte Nathalie, 31200 Tlse .................................................................................. 30

Fiche N°5 ................................................................................................................... 44 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 44

Fiche N°6 ................................................................................................................... 46 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 46 5, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 46

Fiche No7 ................................................................................................................... 48 3, Rue Bertran, 31200 Tlse ............................................................................................... 48

Fiche No8 ................................................................................................................... 50 4, Rue Sainte Nathalie, 31200 Tlse .................................................................................. 50

Fiche No 9 .................................................................................................................. 62 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse .................................................... 62

Fiche No 10 ............................................................................................................... 64 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse .................................................... 64

Fiche N° 11 ................................................................................................................ 66 5, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 66

Fiche No 12 ................................................................................................................ 68 31, Boulevard André Netwiller, 31200 Tlse .................................................................... 68

Fiche No 13 ................................................................................................................ 70 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse ..................................................................................... 70 4, Rue Assia Ly, 31200 Tlse ............................................................................................. 70

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Introduction « 
Le balcon est d’abord un topos (aux deux sens du terme : de lieu et de thĂšme rĂ©current) de la littĂ©rature amoureuse, romanesque. Espace privilĂ©giĂ© mais ambiguĂ«, il rapproche les amants tout en les maintenant Ă  distance, il rend possible tout Ă  la fois les hommages respectueux de l’amant en conquĂȘte, et la satisfaction clandestine du dĂ©sir charnel. Le balcon est aussi un espace soumis Ă  un rĂ©gime de visibilitĂ© trĂšs particulier dans la mesure oĂč un personnage peut s’y mettre en scĂšne, construire une image qui, du sol, passera pour la rĂ©alitĂ© mais aussi parce qu’on peut, du balcon, voir sans ĂȘtre vu. On y est, pour tout dire Ă  la fois acteur et spectateur » (A.Marie, Le balcon ou la reprĂ©sentation pĂ©rvertie, Doctorant, universitĂ© Paris X Nanterre, source WEB).

F. 4 Gravure de la scÚne du balcon, Deveria et Boulanger, Roméo et Juliette, W. Shakespeare.(Source : BNF, Estampes et photographie, Dc 178d Rés. Tome II).

Mesurons d’abord les composantes d’un balcon « ordinaire » et ce qui dessine ses limites physiques. En rĂ©alitĂ© le balcon a plusieurs limites, le seuil, le ou les garde-corps, le possible plancher du balcon qui est au-dessus, et souvent un Ă©lĂ©ment de sĂ©paration.

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Ici, il s’agit de comprendre si le balcon dans son intĂ©gralitĂ© est un seuil du paysage et donc une limite. Si le balcon est un Ă©lĂ©ment qui se franchit, dans le vocabulaire spatial architectural, alors on peut dire qu’il est une limite. Mais le balcon ne se franchit pas physiquement car il est suspendu au dessus du vide. Le balcon face au vide est « franchissable » par la vue, et cela comporte quelques nuances : la profondeur et le champ visuel sont variables avec le paysage perçu depuis le balcon, par consĂ©quent nos sens subissent une sollicitation variable avec ces paramĂštres. Cette notion de franchissement nous autorise Ă  considĂ©rer le balcon dans son intĂ©gralitĂ© comme une limite, c’est Ă  dire comme un seuil entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur.

Cette frontiĂšre est une Ă©paisseur, et selon ses dimensions, son usage diffĂšre. Egalement, selon son orientation et l’environnement dans lequel il existe, le balcon a un aspect qualitatif mesurable. Avant sa dĂ©mocratisation, le balcon Ă©tait une limite sociale entre classes sociales. Le tableau de Edouard Manet ci-aprĂšs Ă©voque l’ostentation et une rupture avec le monde rĂ©el (classe moyenne majoritaire). Ce balcon se tient en tant qu’objet inaccessible, il est d’une autre dimension, celle du mystique. Il renvoie Ă  celui qui veut l’aborder, un sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© face Ă  cette armure qui protĂšge un corps et un esprit si dĂ©sirĂ© par le contemplateur.

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F. 5 E. Manet, Le balcon, 1868-1869, Huile sur toile, H. 170 ; L. 124,5 cm ; (Source : Musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt)

F. 6 Extrait de l’ouvrage d’ Ernst Neufert, Les Ă©lĂ©ments des projets de construction, 7e Ă©dition ( Edition Dunod, 18 novembre 1996, p.230).

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Multiples sont les messages que l’on peut renvoyer par le balcon, suivant sa conception et la maniĂšre dont l’habitant le vit, critĂšres d’ailleurs Ă©troitement liĂ©s. Comme illustrĂ© par l’intĂ©ressant extrait de l’ouvrage « Les Ă©lĂ©ments des projets de construction» (E. Neufert, 1996, p. 230) qui fournit en une page les bases mĂ©thodologiques pour la conception du balcon, il se dessine selon des dimensions prĂ©cises, en tenant compte de l’exposition au vent, au soleil, et toutes influences climatiques. Il est un espace de vie qui demande Ă  ĂȘtre sĂ©curisĂ©, contre les accidents domestiques (ex. protection des enfants) et les actes malveillants provenant de l’extĂ©rieur. Mais sa conception est aussi dĂ©terminĂ©e par son caractĂšre sociologique, Ă  travers la bonne protection contre les regards et les bruits, la prĂ©servation de son intimitĂ© et du confort de vie influençant la bonne entente avec ses voisins. Le balcon est Ă©galement un indicateur gĂ©ographique du bĂątiment. Il exprime, Ă  l’image de l’homme et de sa tenue vestimentaire (bonnet, casquette, Ă©charpe, etc.), sa posture face au climat ambiant. Sa conception dĂ©termine souvent son usage, un balcon attenant une chambre n’étant pas vĂ©cu comme un balcon attenant une salle Ă  manger. Il peut constituer un espace de vie ou de rangement, en fonction de l’amĂ©nagement choisi mais peut ne pas ĂȘtre exploitĂ© si trop exposĂ© aux intempĂ©ries, aux bruits, aux regards (ex. balcon dĂ©calĂ© en vertical). Cette Ă©dition est surprenante de bon sens, et avec les raisonnements que donne ce recueil, on se projette facilement dans des projets contemporains avec la conviction que l’on n’invente rien.

DĂ©finitions (Source : PEROUSE DE MONCLOS Jean-Marie, Architecture: Description et vocabulaire mĂ©thodique, Editions du patrimoine Centre des monuments nationaux, 1972.) Balcon n.m. Etroite plate-forme Ă  garde-corps, en surplomb devant une ou plusieurs baies. Ne pas confondre le balcon, qui est le complĂ©ment d’une baie, avec la coursiĂšre en surplomb, qui est une circulation, et avec la tribune dĂ©couverte, qui forme une vĂ©ritable piĂšce. Voir balcon de thĂ©Ăątre, balconnet. L’acceptation de ce mot est ici volontairement restreinte : dans l’usage, on appelle quelquefois balcon des ouvrages qui ne sont pas en surplomb ou qui ne sont pas placĂ©s devant une baie (FĂ©libien D’Aviler, Roland Le Virloys, Chabat). Logette n.f. Ouvrage carrĂ© ou rectangulaire, contenant une petite piĂšce : il peut ĂȘtre isolĂ© ou en saillie sur un bĂątiment, Ă  l’étage, en surplomb. Premier emploi connu, XIII siĂšcle. Loggia n.f. PiĂšce Ă  l’étage ouverte sur l’extĂ©rieur : ses baies n’ont pas de menuiserie. Ne pas confondre la loggia avec la tribune qui s’ouvre sur l’intĂ©rieur ; avec le balcon et la terrasse qui ne sont pas couverts ; avec l’oriel qui est fermĂ©.

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Oriel n.m. Ouvrage Ă  claire-voie et formant avant-corps sur la hauteur d’un ou plusieurs Ă©tages, renfermant de petites piĂšces. L’oriel est gĂ©nĂ©ralement en surplomb : il n’est nĂ©cessaire de le prĂ©ciser que pour opposer l’oriel en surplomb Ă  l’oriel montant de fond. Oriel Ă  trois Ă©tages, oriel d’angle, sur l’angle, sur-le-pan. Pas-de-porte n.m. Sol d’une porte, formĂ© par une, deux ou trois marches comprises dans l’embrasure, Ă  l’exception de la marche infĂ©rieure (ou unique) qui dĂ©borde en avant du nu du mur. Ne pas confondre le pas-de-porte avec le perron qui est entiĂšrement construit devant la porte. Seuil n.m. Sol d’une porte. Le seuil surĂ©levĂ© est une marche entiĂšrement comprise dans l’embrasure de la porte. VĂ©randa n.f. PiĂšce ou galerie en rez-de-chaussĂ©e, entiĂšrement vitrĂ©e.

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I. L’interface entre la sphĂšre privĂ©e et la sphĂšre publique

Le balcon comme espace de seuil.

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Avant de savoir si le balcon prĂ©sente les caractĂ©ristiques physiques ou/et sensitives liĂ©es au seuil, il me paraĂźt primordial de rappeler ce qu’est le seuil. Le seuil est associĂ© Ă  la baie, la baie Ă©tant le dispositif permettant de passer d’un espace Ă  un autre ; la baie peut ĂȘtre dotĂ©e d'une porte, d'une fenĂȘtre, d'un rideau
 Il n’a pas de rĂ©elle interprĂ©tation physique du seuil en occident. Celui-ci se matĂ©rialise simplement par un changement de matiĂšre, de niveau, ou les deux. Mais le seuil a une facultĂ© sensorielle liĂ©e Ă  son ambivalence : le franchissement et la sĂ©paration. Le balcon est un Ă©lĂ©ment qui ne s’observe jamais dans son entitĂ© seule, il n’existe que par son lien transversal liant l'intĂ©rieur Ă  l'extĂ©rieur.

Sur le balcon : la relation au corps Le balcon possĂšde plusieurs postures face Ă  la rue mais il est surtout lĂ  pour nous reconnecter avec l’espace extĂ©rieur. Selon sa forme, son orientation, sa profondeur, et son garde-corps. Celui-ci tient un rĂŽle majeur, implicitement liĂ© Ă  cette relation avec le corps, c’est le dernier rempart avec l’espace public. Seul le vide nous fait prendre conscience de son importance ; j’aimerais Ă  ce sujet Ă©voquer une expĂ©rience personnelle. J’ai vĂ©cu un moment oĂč le garde-corps d’un balcon, par sa composition, provoqua chez moi un sentiment de vertige. C’était au douziĂšme Ă©tage d’une tour d’habitation Ă  Toulouse. Ce garde-corps en verre, malgrĂ© son efficacitĂ© Ă©vidente, m'incita tout de mĂȘme Ă  la mĂ©fiance. Lorsque l’on se trouve au douziĂšme Ă©tage, soit Ă  environ 36m du sol, la vue est trĂšs dĂ©gagĂ©e et ça impressionne. Certes, le privilĂšge du panorama demande un certain temps d’adaptation pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciĂ©. Le garde-corps translucide haut d’un mĂštre me sĂ©pare du vide. Au dĂ©but, le corps rĂ©agit, je recule, je ne m’appuie pas dessus. Ensuite, je m’adapte. Mais tout le monde ne rĂ©agit pas de la sorte. A cĂŽtĂ© de moi quelqu’un Ă©tait beaucoup moins Ă  son aise, tandis que d’autre n’avait pas relevĂ© l’impact comportemental du garde-corps. Cette expĂ©rience montre que sur un balcon, la relation du corps Ă  son environnement diffĂšre selon la personne et aussi selon le dispositif de protection.

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F. 7 Plusieurs clichés depuis le balcon au garde-corps en verre.

Filtrage des vues et intimitĂ© En pĂ©riode nocturne, nous, habitants, sommes plus vulnĂ©rables aux vues des passants ou des voisins. La lumiĂšre intĂ©rieure met en scĂšne un moment de la journĂ©e propice Ă  la dĂ©contraction, oĂč l’intimitĂ© est de mise. Mais cette notion est culturelle. Par exemple, Ă  Copenhague2, il n’y a pas de rideaux aux fenĂȘtres, en centre ville. La nuit tombĂ©e, c’est encore plus flagrant de constater l’indiffĂ©rence des gens Ă  votre mode de vie. Pourtant la piĂšce Ă©tant normalement Ă©clairĂ©e, vous ĂȘtes littĂ©ralement mis en lumiĂšre. Vous seriez immĂ©diatement repĂ©rĂ© Ă  observer directement Ă  travers la fenĂȘtre du voisin. Personne ne se cache, donc personne ne regarde : culturelle ou historique (un hĂ©ritage du protestantisme puritain : on ne doit pas se cacher et on doit vivre Ă  la vue de tous), cette approche est propre au Danemark est s’étend Ă  quelques pays scandinaves. En France, en revanche, l’intimitĂ© est une notion Ă  prendre en compte quand on conçoit un bĂątiment d’habitation. Les pĂ©riodes nocturnes influent moins dans la conception et ne sont pas distinguĂ©es de la pĂ©riode diurne, car l’intimitĂ© est assurĂ©e par rideaux et volets. Elle se rĂ©sume au vis Ă  vis, simplement. Mais pourrait-on inclure dans la conception architecturale, un dispositif extĂ©rieur prenant aussi en compte le filtrage des vues, pendant la nuit. La question de l’intimitĂ© touche les habitants au sein de leur sphĂšre privative, mais elle s’étend Ă©galement en dehors du chez-soi pour se dĂ©finir dans un rapport Ă  l’autre, le voisin, en vue d’ĂȘtre partagĂ©e avec lui. L’intimitĂ© n’est pas purement subjective, elle se dĂ©finit par rapport Ă  l’autre, aux autres. C’est pourquoi la construction du chez-soi se fait aussi en dehors du logement. Habiter n’est pas seulement ĂȘtre enfermĂ© Ă  l’intĂ©rieur de son logement, habiter passe par la construction d’un univers intime pour Soi, univers intime qui peut ĂȘtre extĂ©rieur au logement : le sentiment d’ĂȘtre chez-soi est d’abord vĂ©cu dans l’espace du logement mais peut s’étendre hors des murs.

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L’habitant est capable de transformer le lieu pour se l’approprier en utilisant son potentiel sensoriel, spatial, social afin de s’inventer son confort, son intimitĂ©, sa culture domestique et pour communiquer avec l’environnement humain. Si l’intimitĂ© est un besoin Ă  la fois universel et individuel, comment peut-on la concilier dans le contexte de l’Habitat Individuel Dense qui autorise une libertĂ© mesurĂ©e? Les constructions du chez-soi se jouent au-delĂ  du dĂ©coupage public/privĂ©. La relation intime avec le lieu se manifeste quel que soit le type d’habitat, mais elle est accentuĂ©e dans l’Habitat Individuel Dense. Dans ce type d’habitat, la densitĂ© spatiale impose une gestion des rapports Ă  l’autre et une nĂ©gociation forcĂ©e des limites. Dans ce contexte, il est possible d’identifier et de dĂ©crire des Ă©lĂ©ments morphologiques et sociaux qui favorisent ou non le surgissement de l’intimitĂ©. On peut ainsi supposer que dans les zones d’Habitat Individuel Dense, les processus de construction de l’intimitĂ© se traduisent par des configurations appropriables qui modĂšlent le chez-soi et Ă©chappent au dĂ©coupage classique privĂ©/public. Ainsi, les habitants fabriquent eux-mĂȘmes leurs dispositifs quand l’intimitĂ© n’est pas suffisamment intĂ©grĂ©e par le concepteur. Parfois, afin d’anticiper les dĂ©rives esthĂ©tiques il arrive de voir des garde-corps en verre opalescent (Fig. 8) sur de nombreuses opĂ©rations de logements. Cette solution complaisante accommodant le promoteur et l’habitant rĂ©vĂšle une faiblesse architecturale, pouvant s’apparenter Ă  la mise en place d’un Ă©lĂ©ment rapportĂ© (l’architecture se doit d’ĂȘtre pensĂ©e dans la globalitĂ©).

F. 8 Garde-corps en verre opalescent. (Source : web, constructeur aluminium).

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FICHES 1-4

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Fiche No1

48-50-52, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse La relation au corps

Comme Ă©voquĂ© dans la section prĂ©cĂ©dente, une rĂ©flexion est menĂ©e sur le rĂŽle du balcon en relation avec le corps. Le balcon nous reconnecte avec l’espace extĂ©rieur par sa morphologie : cela dĂ©pend de sa forme, son orientation, sa profondeur, et son garde-corps. En particulier, ce dernier constitue un Ă©lĂ©ment majeur car il reprĂ©sente la limite physique de franchissement entre le corps et l’espace public. La sensibilitĂ© de l’usager n’est pas un facteur pris en compte lors de la conception du balcon, mais reste toutefois un Ă©lĂ©ment distinctif pouvant nuancer un choix lors d’une acquisition par le futur habitant. La protection peut ĂȘtre trĂšs lĂ©gĂšre (masse et aspect visuel) mais efficace et l’utilisateur est rassurĂ© par rapport Ă  la hauteur et la sensation de vide Contre exemple, avec une autre approche plus protectrice. Le corps est en contact avec l’extĂ©rieur sans vraiment ĂȘtre exposĂ©. Ce dispositif propose un compromis entre la fenĂȘtre et le balcon en s’affranchissant du prolongement de l’habitat vers l’extĂ©rieur pour donner Ă  l’utilisateur un sentiment d’appartenance au paysage.

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Le garde corps est constituĂ© d’un barreaudage Ă  Ă©lĂ©ments rĂ©pĂ©titifs et fins. Cette mise en Ɠuvre ajourĂ©e allĂšge le dispositif. De plus prĂšs, les fers plats sont rythmĂ©s par leurs inclinaisons Ă  deux positions, la lumiĂšre est rĂ©flĂ©chie diffĂ©remment.

Sur cette façade les percements sont dessinĂ©s toute hauteur et rappellent les meurtriĂšres de forteresse, d’oĂč la similitude dans la protection vis-Ă -vis du monde extĂ©rieur. Cependant, cette Ă©criture dĂ©tournĂ©e du percement associĂ©e Ă  son caractĂšre alĂ©atoire questionne sur la composition contemporaine.

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Fiche No2 65, Avenue Maurice BourgÚs-Maunoury, 31200 Tlse Filtrage des vues et intimité

Dans la ZAC de Borderouge, et en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, l’appropriation des balcons passe souvent par une installation qui protĂšge du regard, l’espace intime derriĂšre le garde-corps3. Aussi je m’interroge sur la conception du balcon et la compatibilitĂ© avec notre culture française trĂšs pudique avec son rapport au voisinage. On pourrait dĂ©cliner cette question de pudeur autour de plusieurs dispositifs architecturaux qui sont les rideaux, les volets, les persiennes, etc. A diffĂ©rents degrĂ©s, ils prĂ©servent notre intimitĂ© si dĂ©sirĂ©e. Ces dispositifs sont, Ă  la base, conçus pour fournir une protection contre la surchauffe de l’habitat et ne sont donc pas pleinement appropriĂ©s comme filtre visuel. Par consĂ©quent les balcons peuvent bĂ©nĂ©ficier de telles protections uniquement lorsqu’ils sont orientĂ©s sud et sud-ouest. LĂ  oĂč le balcon est mal orientĂ© (donc sans protection) l’habitant tente souvent de s’isoler des vues par des moyens de fortune, ce qui pose la question du concept mĂȘme du balcon et de sa compatibilitĂ© Ă  la culture de notre Pays. En effet, ces protections solaires qui font office de protections visuelle mais pas de maniĂšre exhaustive, mettent en Ă©vidence une incomprĂ©hension de la notion d’intimitĂ© dans l’habitat contemporain et des prĂ©occupations des usagers.

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Protections visuelles improvisĂ©es.Les images ci-dessus montrent ce que j’appelle un « balcon-tunning » (en rĂ©fĂ©rence au « tunning » des voitures) ou l’art de personnaliser son balcon, avec plus ou moins de finesse.

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Fiche No3 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse 6, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse Filtrage des vues et intimité

On découvre des systÚmes de protections ingénieux sur certaines façades, en contrexemple de la fiche précédente. Ces systÚmes peuvent se révéler constitutifs de la façade, aboutis et surprenants.

Dans l’inventaire des protections solaires, la plupart sont amovibles puisqu’elles s’adaptent Ă  la course du soleil. Et cette possibilitĂ© devrait ĂȘtre un atout dans la maĂźtrise de son intimitĂ©. Comme une sorte d’auto-gĂ©rance de son humeur et de son ressenti par rapport Ă  l’environnement extĂ©rieur. Je dĂ©cide de m’ouvrir aux autres, ou je dĂ©cide de prĂ©server mon intimitĂ©. Dans la temporalitĂ© d’une journĂ©e, les façades vibrent aux rythmes des humeurs de ses occupants. Ces systĂšmes amovibles assortissent les façades d’un aspect dynamique esthĂ©tiquement intĂ©ressant.

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Le dispositif de cette photo est un exemple de comment certains architectes dĂ©tournent le volet roulant et son esthĂ©tique discutable. Ils les rĂ©interprĂštent en conservant le cĂŽtĂ© fonctionnel (fermeture graduelle ou faisant le noir total) et en dĂ©portant ceux-ci vers « l’extĂ©rieur ».

Cette façade est revĂȘtue de panneaux mĂ©talliques qui pivotent Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents. Ils offrent donc aux habitants la possibilitĂ© de disposer de leur intimitĂ© et de leur exposition au soleil. D’un cĂŽtĂ© ces actions sont de l’ordre du contrĂŽle (gestion depuis le balcon) et de l’autre, ces actions offrent aux regards extĂ©rieurs une façade dynamique et alĂ©atoire dont le dessin global Ă©volue sans la maĂźtrise de ses habitants. Les panneaux sont trĂšs finement perforĂ©s, complĂštements fermĂ©s, ils filtrent lĂ©gĂšrement la lumiĂšre et permettent de voir Ă  l’extĂ©rieur sans ĂȘtre vu. Leurs couleurs oscillent alĂ©atoirement entre l’argentĂ©e et le bordeaux en passant par le bronze. Les nez de dalle blancs marquent bien les niveaux et contrastent en rigueur ce que le fondu colorĂ© des panneaux apparaĂźt comme dĂ©sordonnĂ©. Le garde corps opalescent (systĂšme Ă©voquĂ© F. 8) passe en second plan et ne pollue pas la lecture gĂ©nĂ©rale de la façade.

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Fiche No4 8, Rue Sainte Nathalie, 31200 Tlse Filtrage des vues et intimité

L’architecture est le prolongement de soi. Le balcon est un espace sensoriel extĂ©rieur au mĂȘme titre que la piĂšce intĂ©rieure qui le jouxte. C’est parce qu’il est en contact avec l’extĂ©rieur qu’il est confortable Ă  vivre. Pour sentir l’air, les rayons du soleil sur la peau, la barriĂšre physique ne devrait pas ĂȘtre totalement Ă©tanche, de plus l’étanchĂ©itĂ© annihile tout confort visuel. Le balcon se doit de conserver cette ambivalence intĂ©rieur/extĂ©rieur, tout comme le systĂšme qui fait sa sĂ©paration. C’est Ă  dire que le filtre est synonyme de nuance, par opposition il n’est pas qu’ouvert ou que fermĂ©. Un balcon complĂ©tement fermĂ© serait alors plongĂ© dans le noir. Par consĂ©quent, le filtrage des vues est remis en question dĂšs lors que le systĂšme s’apparente Ă  un systĂšme binaire (ouvert/fermĂ©), l’intimitĂ© qui en dĂ©pend n’est plus assurĂ©e, sinon au sacrifice du confort sensoriel que procure le balcon. Ces mĂȘmes systĂšmes s’avĂšrent parfois anecdotiques. L’enjeu plastique de la façade et de son dispositif en fait oublier l’usage, et cela se joue aussi sur des dĂ©tails. Dans le cas d’une Ă©criture verticale du filtre visuel l’écartement entre ses Ă©lĂ©ments est dĂ©terminant. Quelques centimĂštres de trop et le systĂšme n’est plus un filtre visuel, il devient ornement. L’erreur de discernement se rĂ©vĂšlerait coĂ»teuse et inutile.

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Dans ce cas de figure, l’architecte a sĂ»rement souhaitĂ© assurer la protection solaire avec un dispositif d’ordre domestique tel que les rideaux. En effet, le geste est intĂ©ressant mais se rĂ©vĂšle ĂȘtre une mauvaise surprise, probablement par manque de moyens financiers. Dans la rĂ©alitĂ©, ces rideaux extĂ©rieurs en PVC perdent vite leur aspect immaculĂ© dĂ» Ă  leur exposition aux intempĂ©ries. AchevĂ© en 2012, ce dispositif n’est manifestement pas pĂ©renne.

Ci-contre, les balcons sont dotĂ©s de tasseaux en bois posĂ©s Ă  la vertical. Ils ont un espacement alĂ©atoire et on imagine l’effet intĂ©ressant des ombres portĂ©es sur la façade. Ces tasseaux posĂ©s sur des nez de dalle de diffĂ©rentes profondeurs forment des plis dans l’enveloppe de bois.

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II. Son statut d’externalitĂ©

Le balcon de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur

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Lors du franchissement du seuil, celui de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur ou inversement, nous, ĂȘtres humains dotĂ©s de capacitĂ©s cognitives, sommes soumis Ă  un Ă©tat. Par exemple, je sors de chez moi pour me rendre au travail: l’action d’ouvrir la porte et de franchir ce seuil, procure une certaine sensation. C’est en quelque sorte une ponctuation dans le temps. Maintenant, on transpose cette facultĂ© sensorielle au seuil du balcon, puis nous dĂ©riverons vers la question posĂ©e dans le titre de ce chapitre.

Franchissement du seuil Lorsque un individu est confrontĂ© Ă  choisir son habitat, il est indĂ©niable que la prĂ©sence d’un espace extĂ©rieur (balcon, loggia, terrasse) constitue un avantage par rapport Ă  un logement qui n’en propose pas. On se sent naturellement attirĂ© par l’offre d’un espace extĂ©rieur privĂ©, quelle qu’en soit la dimension, car mĂȘme si on n’en jouira pas toute l’annĂ©e, on est conscient du potentiel que ce dispositif contient. C’est le privilĂšge d’un passage exclusif vers le monde extĂ©rieur, sans sortir de chez soi. « 
tirĂ© de « pas », « passus » en latin, « passage » dĂ©signe le dĂ©placement, l’acte de se dĂ©placer. Une marche vers ailleurs (Ă  cĂŽtĂ©, lĂ  bas, plus loin, plus haut
), une enjambĂ©e, un cheminement, un processus de transformation en train de s’opĂ©rer, et non dĂ©jĂ  effectuĂ© ; en mĂȘme temps que le lieu oĂč s’effectue ce processus, sa trace ou son support, que ce soit au sens morphologique, spatial, gĂ©ographique ou bien mĂ©taphorique
 » (M. de la SoudiĂšre, 2000, p. 5) Le passage du sĂ©jour au balcon doit se faire le plus naturellement possible, la matĂ©rialitĂ© participe Ă  la lecture de l’espace et peut renforcer la fluiditĂ© de la dĂ©ambulation. Aussi on parle de franchissement dĂšs lors que la fluiditĂ© est perturbĂ©e par une diffĂ©rence de hauteur entre le balcon et le sĂ©jour, celle-ci matĂ©rialisĂ©e par le seuil. « 
rĂ©flĂ©chir sur les franchissements, c’est questionner les passages dans leur matĂ©rialité  » (M. de la SoudiĂšre, 2000, p. 16.) « 
s’il y a rite de passage, c’est qu’il y a sĂ©paration, franchissement d’une limite
 » (P. Bonnin, 2000, p.68-69.) L’univers extĂ©rieur s’ouvre plus naturellement Ă  nous quand le seuil s’efface sous nos pieds. C’est alors que le paysage s’invite Ă  l’intĂ©rieur devenant le prolongement naturel de l’habitat. Le sentiment d’appartenance Ă  cet univers extĂ©rieur fait de la piĂšce un espace qualitatif. Ce sentiment ne dĂ©pend pas uniquement du seuil, mais aussi du garde-corps: si celui-ci est translucide, ou largement ajourĂ©, le rapprochement avec le milieu extĂ©rieur est significatif. Egalement, la lumiĂšre joue un rĂŽle dans la transition de l'intĂ©rieur vers l'extĂ©rieur, elle dĂ©pend notamment de la conception du balcon. Le balcon se conjugue avec quelques critĂšres importants dans le jeu d’ombre et de lumiĂšre : la matĂ©rialitĂ© de la sous-face, la profondeur mĂȘme du balcon, le systĂšme

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occultant ou encore le dessin du garde-corps. C’est ce contraste de lumiĂšre qui accentuera la nuance de dĂ©limitation des espaces.

F. 9 Coupe sur les interactions entre intérieur, seuil et extérieur.

Le balcon comme piĂšce supplĂ©mentaire Le balcon, en tant que Ă©lĂ©ment franchissable ne serait-ce-que visuellement, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une limite, un seuil, entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, entre lesmurs et le paysage, entre les sphĂšres publique et privĂ©e. Il devient une Ă©paisseur qui est le prolongement de l’habitat. Ce prolongement est donc habitĂ©. Il est Ă  la fois un espace intime et exposĂ©, il est le reflet de l’espace domestique intĂ©rieur. Son utilisation est Ă©troitement liĂ©e aux besoins de l’usager, la maniĂšre de le vivre pouvant ĂȘtre choisie ou subie. En effet, sa physionomie peut dĂ©couler d’une carence d’espace secondaire de l’habitat, ou d’un souhait d’une extension agrĂ©able du chez soi. Dans son livre « A travers les murs », Jean-Charles Depaule Ă©voque l’épaisseur, la façade au Caire (Egypte) : « 
piĂšce supplĂ©mentaire, annexe ou dĂ©barras, exutoire ou prolongement, il est rare que le balcon ou la loggia soit seulement un lieu oĂč on jouit pour lui-mĂȘme (l’air, les vues
) presque toujours ils est aussi un palliatif, une rĂ©ponse, Ă  des multiples manques
 » (JC. Depaule, 1985, p.223). La maniĂšre de vivre cette piĂšce supplĂ©mentaire influence son amĂ©nagement, qui est Ă©galement Ă  l’image du goĂ»t, des moyens, de la culture de son utilisateur. Dans le quartier de Barceloneta Ă  Barcelone (F. 10) utiliser le balcon comme Ă©tendoir fait partie du folklore du quartier et cette pratique n’est en rien perçue comme une pollution visuelle. En revanche, la mĂȘme pratique dans un environnement de ZAC rĂ©cente provoque un contraste qui peut dĂ©ranger les regards, Ă  tel point que cela peut faire l’objet d’interdiction.

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F. 10 Barceloneta (Barcelone, Espagne)

L’amĂ©nagement du balcon comme dĂ©barras, par exemple, peut avoir un impact visuel. Il suffirait d’un dispositif intĂ©grĂ© (pouvant aussi avoir une fonction sĂ©parative) pour corriger cet impact et amĂ©liorer l’habitat.

F. 11 Volume débarras imaginé. Dispositif léger intégré.

Les illustrations ci-dessous tirĂ©es volontairement d’un magazine de dĂ©coration tout publique sont trĂšs parlantes. Elles reprĂ©sentent l’imaginaire collectif de l’amĂ©nagement idĂ©al du balcon. Grande est la tentation de comparer ces photos avec l’image de synthĂšse froide et aseptisĂ©e de la fiche N°5. Ici il ne s’agit pas de porter un jugement sur ces amĂ©nagements, mais d’exprimer le dĂ©calage entre ce qu’est la « vraie vie » et la projection d’un architecte qui, depuis son bureau tente, d’imaginer les ambiances des balcons qu’il projette de construire.

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F. 12 Capture d’écran d’un article sur l’amĂ©nagement de balcon, www.marieclairemaison.com

Le balcon comme agrĂ©ment Sous la forme individuelle et sous l’angle vĂ©gĂ©tal, c’est ainsi que le balcon est perçu comme agrĂ©ment. Introduire la dimension vĂ©gĂ©tale dans un espace suspendu est un dĂ©fi architectural. Un dĂ©fi qui se rĂ©vĂšle souvent onĂ©reux, dĂ» Ă  la complexitĂ© technique de rĂ©alisation. Cette rĂ©sidence de 110 logements construite en 2010 Ă  Milan, est un exemple dans la maitrise globale d’une posture, celle de faire d’un balcon un vĂ©ritable jardin.

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F. 13 Coupe détaillée : façade balcon et serre. Milan, Italie. Architecte OBR

« 
Brouiller les limites entre intĂ©rieur et extĂ©rieur, faire corps avec le paysage : voilĂ  des poncifs bien connus de l’architecture. Et quand il s’agit de les appliquer au logement collectif, le rĂ©sultat est rarement Ă  la hauteur
 » (M. Quinton, 2014, p.87).

F. 14 SchĂ©ma d’étude des interfaces intĂ©rieur/extĂ©rieur. Milan, Italie. Architecte OBR

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F. 15 Vue depuis la serre. Milan, Italie. Architecte OBR

Le balcon peut aussi prendre une dimension collective et/ou devenir une coursive pour un usage diffĂ©rent mais tout aussi riche pour l’habitat. « Retour fin 2011, Ă  Grenoble, lieu de l’expĂ©rimentation environnementale marquĂ© par un prĂ©cĂ©dent projet dans la ZAC de Bonne: le « Coming Out ». Autre challenge cette fois-ci, la hauteur – avec la mĂȘme envie de pousser plus loin l’expĂ©rimentation des performances Ă©nergĂ©tiques. Pour tenter de clore dĂ©finitivement la question des ponts thermiques, il fallait supprimer les balcons. DĂšs lors, comment offrir aux habitants la relation Ă  l’extĂ©rieur qu’ils attendent lĂ©gitimement d’un logement dans cette ville si froide l’hiver mais si chaude l’étĂ© ? Accessoirement, comment casser la distinction Ă©tages nobles /Ă©tages infĂ©rieurs ? Pour rĂ©soudre cette double Ă©quation, Ă©cologique et sociale, il nous a paru nĂ©cessaire de dĂ©solidariser la fonction « balcon » de la fonction « habitation » et d’empiler les balcons sur plusieurs niveaux sur le toit. C’est le green cloud4. Ces espaces de 35 m2, apporteront une piĂšce de plus en plein ciel, desservie par ascenseur, dotĂ©e d’une cuisine d’étĂ© et de commoditĂ©s sanitaires. Lorsque la chaleur de l'Ă©tĂ© devient Ă©touffante, ces balcons permettront aux habitants de respirer et de dialoguer d'Ă©gal Ă  Ă©gal avec la chaine de Belledonne. Le green cloud est ainsi un nouvel espace qui Ă©chappe Ă  l’ordinaire et qui sera vendu en tant que lot indĂ©pendant comme une sorte de rĂ©sidence secondaire. En-dessous, chaque appartement sera traversant, les sĂ©jours seront positionnĂ©s aux angles et dotĂ©s d’ouvrants toute hauteur. La proposition s’étend aussi aux cƓurs d’ülot qui contiennent chacun leur « Folie », un petit chalet alpin qui abrite un programme « alternatif » (BBQ, cuisine collective d’étĂ©, appartement pour les amis etc.). Cet essaimage participe Ă  insuffler une contextualitĂ© et un paysage propre Ă  un territoire urbain pourtant en devenir. » (E. François, 2015, p. 54).

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F. 16 Illustration Le cloud, Architecte: E. François

Le balcon au Rez-de-ChaussĂ©e La question du balcon au RdC est dĂ©licate quand il s’agit de construire dans un milieu urbanisĂ©. Elle soulĂšve des problĂšmes rĂ©currents avec des rĂ©ponses d’ordre usuelles: les commerces. Les Rez-de-Ville sont des espaces d’échange, mais ne sont pas habitĂ©s. L’enjeu est moindre dans des groupements de logements dit « sĂ©curisĂ©s » type rĂ©sidence, dans ce cas le rez-de-chaussĂ©e est habitĂ©. D’ailleurs, on parle souvent de « Rez-de-jardin ». Il est aussi moins exposĂ© qu’un niveau habitĂ© en contact avec la chaussĂ©e. En ville, les balcons existent Ă  partir du premier niveau car les logements sont en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, dĂ©collĂ©s de la chaussĂ©e. Les commerces, entrĂ©es de parking et autres dispositifs, sont les seuls contacts directs avec le piĂ©ton. En revanche les logements en bande des milieux pĂ©riurbains proposent des jardins, car le but de ces typologies est de densifier tout en intĂ©grant la dimension domestique de la maison pavillonnaire bordĂ©e de son jardin. Quelle est la caractĂ©ristique de ces rez-de-chaussĂ©e dans la Z.A.C de Borderouge ? Quels sont les enjeux en termes de connexion avec le trottoir, premier Ă©lĂ©ment de l’espace public ? Le P.L.U5 rĂšglemente ces Z.A.C. Il dessine les limites ; les aires sĂ©paratives, le recul par rapport Ă  la rue
 Par rapport Ă  la rue, nous y sommes. Ci-dessous, l’extrait du P.L.U de la ville de Toulouse concernant la zone UA4 de Borderouge et les dispositions spĂ©cifiques: « ARTICLE 6 (UA4) - IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS PAR RAPPORT AUX VOIES ET EMPRISES PUBLIQUES ET VOIES PRIVEES Rappel : Les « dispositions gĂ©nĂ©rales » et les « dispositions communes » s’appliquent.

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Toute construction doit ĂȘtre implantĂ©e Ă  l'alignement : - des voies, - de la limite d'emplacement rĂ©servĂ©, - de la limite de recul par rapport aux infrastructures routiĂšres ou liĂ©e Ă  l’amendement Dupont dĂ©finie aux documents graphiques du rĂšglement. » Il nous renvoie aux dispositions communes: « ARTICLE 6 – IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS PAR RAPPORT AUX VOIES ET EMPRISES PUBLIQUES 6.1 - Les «dispositions communes» et les dispositions spĂ©cifiques Ă  chaque zone sont applicables, en ce qu'elles n'ont rien de diffĂ©rent par rapport aux dispositions indiquĂ©es sur les documents graphiques du rĂšglement. 6.2 - Des implantations diffĂ©rentes de celles dĂ©finies dans les dispositions spĂ©cifiques Ă  chaque zone : 6.2.1 - Sont exigĂ©es, le long de certains axes de circulation, conformĂ©ment aux dispositions mentionnĂ©es aux documents graphiques du rĂšglement. 6.2.2 - Peuvent ĂȘtre exigĂ©es pour tenir compte de la prĂ©sence d'arbres de qualitĂ©. 6.2.3 - Sont admises ou exigĂ©es pour tenir compte : - soit de l'implantation d'une construction dans le prolongement d'une construction immĂ©diatement voisine dĂ©jĂ  existante. -soit de l’implantation d’une sĂ©quence urbaine de qualitĂ© Ă  proximitĂ© existante ou projetĂ©e. 6.2.4 - Sont admises dans les ensembles de constructions et dans les lotissements si le rĂšglement particulier du lotissement le prĂ©voit. 6.2.5 - Sont admises pour les locaux et installations techniques destinĂ©es Ă  recevoir les divers Ă©quipements nĂ©cessaires au fonctionnement des rĂ©seaux, notamment de vidĂ©ocommunication, de distribution d'Ă©nergie et de distribution postale pour permettre le libre accĂšs Ă  ces locaux. 6.2.6 - Sont admises, conformĂ©ment Ă  l’implantation initiale du bĂątiment, pour la reconstruction aprĂšs sinistre ou dans le cadre d’un immeuble menaçant ruine, des « bĂątiments Ă  conserver » ou des « façades ou Ă©lĂ©ments architecturaux Ă  conserver », mentionnĂ©s aux documents graphiques du rĂšglement. 6.2.7 - Sont admises dans la marge de recul dĂ©finie par l’article 6 pour assurer l’isolation thermique par l’extĂ©rieur des constructions existantes. » En rĂšgle gĂ©nĂ©rale les constructions s’aligneront donc sur la voie. Les sous articles font Ă©tats d’exception liĂ©s Ă  l’environnement proche existant et ne concernent donc pas la Z.A.C. La volontĂ© est clairement de se calquer sur un urbanisme de centre ville avec ses logiques d’alignement du bĂąti. On peut conclure que les dispositifs tels que les balcons et les loggias ne concernent que les cƓurs d’ilots. Mais on ne parlera plus de terrasse, si elle donne directement sur un jardin.

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Fiche N°5 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse Franchissement du seuil

Croquis N°1 Croquis N°2 Croquis N°3 Croquis N°1 : Expression de la fluiditĂ© de passage par la limite du seuil effacĂ©e. La baie ouverte, le sol du balcon se confond avec celui de l’intĂ©rieur, agrandit la piĂšce intĂ©rieure, cette sensation est exacerbĂ©e lorsque la mĂȘme matiĂšre recouvre les sols. Le seuil n’étant pas matĂ©rialisĂ©, le franchissement n’est ici pas ressenti. Ainsi, l’usager n’a pas l’impression de changer de piĂšce, car intĂ©rieur et extĂ©rieur se mĂ©langent. Croquis N°2 : Le prolongement du sol avec changement de matiĂšre constitue une rupture visuelle tout en conservant une fluiditĂ© de passage. L’utilisateur est ici conscient de son passage vers l’extĂ©rieur, mais la limite constituĂ©e par le seuil reste lĂ©gĂšre et son franchissement naturel. Croquis N°3 : Cette configuration montre une matĂ©rialisation du seuil importante, par un changement de matiĂšre et une diffĂ©rence de hauteur (marche). Le franchissement est fortement ressenti, la perception de passage vers une autre piĂšce est nette. Ici le seuil peut ĂȘtre perçu comme obstacle, qui devient un vrai souci de franchissement pour les personnes Ă  mobilitĂ© rĂ©duite.

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Sur cette image de synthĂšse on observe un changement de matiĂšre et une rupture due au seuil de la baie vitrĂ©e. Il est techniquement difficile de rĂ©aliser un passage vers l’extĂ©rieur avec une continuitĂ© de sol, mais ici le seuil reste discret. Les baies Ă©tant trĂšs larges et toute hauteur, la qualitĂ© spatiale qui s’en dĂ©gage est trĂšs satisfaisante.

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Fiche N°6 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse 5, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse Le balcon comme piÚce supplémentaire

Selon ses dimensions, son orientation, son alignement, son exposition aux regards, ses usagers
le balcon peut ĂȘtre vĂ©cu comme piĂšce supplĂ©mentaire. Par son amĂ©nagement, l’usager s’approprie de ce dispositif. Si le balcon n’est pas pensĂ© comme une vĂ©ritable piĂšce Ă  vivre, il peut se rĂ©duire Ă  un dĂ©barras en crĂ©ant un problĂšme d’image pour les habitants, jusqu’à dĂ©valoriser un quartier. Cette dĂ©rive esthĂ©tique peut naĂźtre d’une mauvaise gestion de l’habitat ou bien d’une mauvaise conception de celui-ci. Les piĂšces secondaires (telles que cellier, buanderie, cave, etc.) sont inexistantes ou sous dimensionnĂ©es, ce qui pousse l’habitant Ă  en crĂ©er des nouvelles en se servant de la seule surface disponible : le balcon. Le sous dimensionnement gĂ©nĂ©ralisĂ© des logements collectifs est dĂ», en partie, Ă  la loi sur l’accessibilitĂ© PMR qui engendre une redistribution des surfaces des piĂšces tout en conservant la mĂȘme surface globale liĂ©e au systĂšme de promotion immobiliĂšre. Le mĂȘme besoin peut Ă©galement naĂźtre d’une prĂ©caritĂ© en termes de sĂ©curitĂ© dans le quartier, et parfois dans la rĂ©sidence mĂȘme, qui oblige les habitants Ă  convertir le balcon en local vĂ©lo, poussette, etc
C’est lĂ  que le rĂŽle de l’architecte devient primordiale, pour tenter d’éviter ces inesthĂ©tiques en intĂ©grant des systĂšmes simples de stockage et rangement dans la conception du balcon. Le balcon peut se transformer en espace qualitatif qui confĂšre une vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e au logement. C’est le cas du balcon amĂ©nagĂ© en tant que salon d’étĂ©, salle Ă  manger, jardin suspendu. A contrario, dans ce cas il contribue Ă  valoriser la façade, mais aussi le quartier grĂące Ă  l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie qu’il apporte Ă  ses habitants.

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Ces trois photos ont en commun de reprĂ©senter la diversitĂ© d’occupation des balcon, soit par entreposage de vĂ©los, soit par la crĂ©ation de petits salons d’étĂ© ou jardin intime. Cela montre que les habitants d’un mĂȘme immeuble peuvent avoir des besoins diffĂ©rents, et des façons d’y rĂ©pondre bien personnalisĂ©es.

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Fiche No7 3, Rue Bertran, 31200 Tlse Le balcon comme agrément.

Il y a le prolongement de l’habitat, qui Ă  l’extĂ©rieur, est en mesure d’apporter un atout non nĂ©gligeable Ă  l’ambiance d’un logement collectif ou semi-collectif. Mais, le vĂ©gĂ©tal est le grand oubliĂ© de nos balcons. Le vĂ©gĂ©tal fait partie de la conception globale mais ne monte pas plus haut que le Rez-de-chaussĂ©e. Alors, des architectes prolongent encore ces balcons avec des petites surfaces plantĂ©es. Comme un dispositif tĂ©lescopique, les plantations parachĂšvent ce prolongement extĂ©rieur. « Nous avons eu rĂ©cemment le temps de la double peau, puis celui de la faille chromatique, nous voici dans l’ùre de la batavia verticale, plus prĂ©cisĂ©ment dans celui de l’arbre alibi, non plus considĂ©rĂ© comme un Ă©lĂ©ment vivant et sauvage mais comme un ornement citadin, qui devient au mieux du mobilier urbain
 » (M. Poitevin, 2016, Article sur l’appel Ă  projet controversĂ© RĂ©inventer Paris, source web : l’Architecture d’Aujourd’hui).

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Les façades en bois de ces logements reçoivent des balcons intĂ©grants des jardiniĂšres. Les garde-corps sont des caillebotis mĂ©talliques et s’harmonisent avec l’aspect « naturel » du parement bois des façades. En revanche, si les matĂ©riaux s’harmonisent bien, je pense que les trois Ă©lĂ©ments jardiniĂšre/dalle du balcon/façade se projettent assez maladroitement, c’est-Ă -dire qu’ils ont l’air d’élĂ©ments rapportĂ©s, la jardiniĂšre apparaĂźt comme un balcon dans le balcon. Je me pose aussi la question des jardiniĂšres placĂ©es de l’autre cĂŽtĂ© du garde-corps. Appartiennent-elles Ă  l’espace privĂ© ? Cela semble ĂȘtre le cas et mĂȘme si les jardiniĂšres sont plantĂ©es d’espĂšces vĂ©gĂ©tales autonomes en entretien, pourquoi ne sont-elles pas placĂ©es Ă  l’intĂ©rieur du balcon ? L’idĂ©e de vĂ©gĂ©taliser les balcons est louable, mais me semble inaboutie dans le sens oĂč l’élĂ©ment vĂ©gĂ©tal est inaccessible par l’habitant et devient un Ă©lĂ©ment purement dĂ©coratif.

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Fiche No8 4, Rue Sainte Nathalie, 31200 Tlse Le balcon au Rez-de-Chaussée

F. 17 Croquis des rapports en RdC, avec et sans recul Ă  la voirie.

Dans les zones trĂšs urbanisĂ©es le Rez-de-chaussĂ©e est d’ habitude le lieu privilĂ©giĂ© des commerces. Si l’espace urbain n’est pas considĂ©rĂ© comme lieu de passage important, le Rez-de-chaussĂ©e devient alors moins exposĂ© et peut accueillir des logements. MalgrĂ© tout l’éloignement horizontal est nul, le balcon et le trottoir se jouxtent. Pour pallier ce manque d’intimitĂ©, des dispositifs qui sont plus de l’ordre du bricolage (ouverture dans les panneaux ajourĂ©s) remplacent un manque de rĂ©alisme de la part du concepteur. Parfois, dans le mĂȘme objectif de s’éloigner de la rue, le Rez-de-ChaussĂ©e est simplement surĂ©levĂ© par un soubassement de faible hauteur qui reste insuffisant Ă  garantir une sĂ©paration entre la vie privĂ©e et publique. Cela produit Ă©galement un sentiment d’insĂ©curitĂ© chez l’habitant qui peut se sentir trop exposĂ© aux dangers et aux actes malveillants.

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Sur cette photo, le Rez-de-ChaussĂ©e est dĂ©collĂ© du sol par un soubassement d’environ 1m. Du point de vu intrusif, ce dispositif semble lĂ©ger. D’autant plus que le garde-corps facilite l’escalade. La seule sĂ©paration de la terrasse du trottoir est cette surĂ©lĂ©vation assortie du garde-corps. Il est certain que le rideau jouera un rĂŽle psychologique chez l’habitant, il devrait rester le plus souvent tirĂ© pour ne pas attirer les regards malveillants.

La photo montre une loggia jouxtant directement l’espace public. Les persiennes sont toutes fermĂ©es. On remarque que 5 lames ont Ă©tĂ© enlevĂ©es afin de rester en contact avec l’extĂ©rieur, je suppose. Le manque de comprĂ©hension de l’implantation du bĂątiment est flagrant. J’ai moi-mĂȘme Ă©tais surpris par ce dispositif.

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III. Les balcons et le paysage

Le balcon de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur

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Dialogue dans l’urbanitĂ© « ConsĂ©quence de l’urbanisation. Comme dans les villes d’Europe du sud ou d’Afrique, c’est parfois le trottoir qui est une annexe de la maison. On parle aussi de formes d’occupation dĂ©finitive ou Ă©phĂ©mĂšre de l’espace public (pieds d’immeubles, terrain vagues, dents creuses et vides de toutes espĂšces) qui sont autant de marques d’appropriation non programmĂ©e, formes de rĂ©sistance, donc de privatisation de l’espace. » (M. Segaud, 2010, p. 69). C’est cette rencontre des deux mondes, celui de l’intimitĂ© et celui de la vie publique, en prenant en compte le contexte, fondamental dans cette histoire de rencontre. Il faut imaginer une ville oĂč il n’y aurait que des cours intĂ©rieures et une ville oĂč les balcons seraient les vecteurs d’une communication silencieuse
 Alors pourquoi une cour, pourquoi des coursives et/ou pourquoi des balcons ? Le balcon est un entre-deux qui se cherche une identitĂ© dans l’habitat contemporain. Il n’est plus un objet inerte ; je pense qu’il mute et participe Ă  « l’architecture ». On va dĂ©limiter pour s’approprier, mais s’approprier quoi ? Un extĂ©rieur ? Un ordre ? Un dĂ©sordre ? On communique ou pas sur ce que laisserait voir l’intĂ©rieur d’un logement Ă  travers son balcon. SĂ©parer l’ordre du dĂ©sordre. « La symbolique qui rend compte entre le devant et le derriĂšre du logement renvoie Ă  l’opposition entre ce qui est montrable socialement et ce qui doit ĂȘtre cachĂ©, ce qui relĂšve d’une convention culturelle. » (C. Moley, 2006, p. 142-143). « 
L’appropriation revĂȘt ainsi un double aspect : celui de compĂ©tence, c’est Ă  dire la capacitĂ© de chacun Ă  dĂ©velopper des pratiques d’appropriation et de performances, c’est-Ă -dire les pratiques effectives. Mettre de fleurs Ă  son balcon implique des pratique d’entretien (arrosage) mais signifie aussi que cette action esthĂ©tique ( de dĂ©coration) qualifie un lieu montrĂ© « aux gens qui passent ».Ainsi on peut mettre ( ou ne pas mettre) des fleurs Ă  son balcon et dans l’un comme dans l’autre cas, si la possibilitĂ© matĂ©rielle autorise cette pratique, elle implique Ă  la fois une capacitĂ© gĂ©nĂ©rale et la possibilitĂ© de ne pas le faire (tout le monde en effet ne met pas des fleurs Ă  son balcon)
 » (M. Segaud, 2010, p. 69). « Pour l’immeuble de rapport, sa relation Ă  la rue repose essentiellement, dans les dĂ©cennies au tournant du XXe siĂšcle, sur la rĂšgle de l’alignement, sans qu’un tel contact direct, en l’absence de tout espace intercalaire, traduise un manque d’articulation privĂ©/public. Cette articulation est en fait rĂ©alisĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de l’appartement » (C. Moley, 2006, p. 142-143). Dans le chapitre « Prolongements individuels » du livre, Christian Moley fait rĂ©fĂ©rence Ă  un ouvrage de Chombart de Lauwe6 : Famille et Habitation qui interroge les architectes contemporains sur les tendances actuelles, on est en 1960 et la cellule comme habitation n’évolue pas (C. Moley, 2006, p. 142-143).

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Le Corbusier7, parle de prolongements du logis
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Pingusson8, affirmait dĂ©jĂ  dans la revue L’architecture d’aujourd’hui en 1935 que le problĂšme du logement bon marchĂ© ne doit pas ĂȘtre traitĂ© en soi, dans ses limites Ă©troites, mais par rapport Ă  la citĂ© entiĂšre. Nous devons Ă©galement prĂ©voir des espaces de transitions entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, comme un prolongement du foyer (balcons, terrasses). Ces besoins psychologiques sont trĂšs importants aprĂšs les besoins fonctionnels. Pingusson rĂ©capitule ses principes d’organisation du logement en trois parties (vie en commun, vie intime, service) par un schĂ©ma fonctionnel montrant les liaisons entre les trois zones et celle de chacune d’elles avec l’extĂ©rieur. Il y a une quatriĂšme zone, qu’on ne voudrait pas secondaire, la zone de transition entre intĂ©rieur et extĂ©rieur-petit jardin, balcon, loggia, terrasse, assurant le lien avec la nature ( ciel, arbres, air, vent, vie vĂ©gĂ©tale)
 » (C. Moley, 2006, p. 142-143). La question primordiale que soulĂšve constamment le logement social est celle de la surface imposĂ©e trop restreinte. L’augmenter sans implication sur la surface habitable servant de base de calcul du loyer conduit alors le plus souvent Ă  lui chercher des prolongements non comptĂ©s dans celle-ci. La terrasse, le balcon, la loggia, le cellier, le palier externe formant seuil d’entrĂ©e, seront les plus Ă©voquĂ©s dans ce sens.

La façade habitĂ©e La façade habitĂ©e est en rĂ©alitĂ© une façade qui possĂšde une Ă©paisseur. Cette Ă©paisseur est le prolongement de l’habitat intĂ©rieur vers l’habitat extĂ©rieur. Vivre dehors tout en restant chez soi, profiter de la vue, du climat tout en jouissant d’une intimitĂ©, qui est relative Ă  la conception de cette Ă©paisseur. La question du balcon est complexe quand celui-ci interfĂšre avec d’autres espaces extĂ©rieurs, plus ou moins riches. Et les rĂ©ponses sont multiples, ce qui donnera lieu Ă  des interprĂ©tations diverses et variĂ©es, ce sont ces rĂ©ponses qui dessineront en partie les façades. Les façades d’un Ăźlot regardent la rue, l’espace public, et les façades Ă  l’intĂ©rieur, se regardent entre elles. Le balcon donc, aussi profond et/ou large soit-il, propose une piĂšce de plus. Il peut ĂȘtre nĂ©anmoins dĂ©pourvu de dalle supĂ©rieure et il est alors plus exposĂ©. Son utilisation se restreint donc Ă  des bonnes conditions extĂ©rieures. Il est parfois linĂ©aire et court le long des façades, se succĂšde verticalement et se ferme avec toute sorte de systĂšmes, il devient alors la façade. Les balcons et les terrasses sont rarement toutes occupĂ©es en mĂȘme temps, sauf si un Ă©vĂ©nement poussait les gens Ă  sortir et Ă  observer la mĂȘme chose. Notre mode de vie occidental, liĂ© au climat tempĂ©rĂ© toulousain, donne des variations d’occupation de l’extĂ©rieur, tant au niveau des horaires, du temps passĂ© et de l’activitĂ©.

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J’en reviens Ă  la question de l’impact visuel. Une vision surrĂ©aliste, me laisse imaginer des façades habitĂ©es ; c’est Ă  dire que tous les habitants du mĂȘme logement se retrouveraient Ă  l’extĂ©rieur pour une raison inconnue. Et maintenant, j’imagine aussi la scĂšne avec des passants dans la rue. Ces passants se sentiraient forcĂ©ment observĂ©s. La situation est volontairement onirique, mais elle a pour but de questionner le paysage que ces façades constituent (habitĂ©es, non habitĂ©es), et le ressenti en tant qu’ĂȘtre humain. Imaginons maintenant le cas inverse, oĂč ces mĂȘmes espaces extĂ©rieurs ne seraient que le reflet d’un rejet de l’environnement (celui d’une ZAC naissante et pleine de promesses) et les seuls habitants de ces balcons seraient les feuilles mortes et les insectes. Cette image n’est pas rĂ©confortante, les espaces urbains vides sont redoutables. Personne sur les balcons, personnes dans les rues, personne ne se sent observĂ©, personne n’observe personne. Ville morte. Les balcons ne seraient pas au service du paysage. Leur morphologie donne-t-elle une image de la ville plus « accueillante »? On remarque que dans le centre historique de Toulouse, les façades sont dĂ©pourvues de balcons. Une des rares rues oĂč les balcons, aussi discrets soient-ils, occupent gĂ©nĂ©reusement les façades, c’est la rue de Metz. Et ils ne sont pas pour autant gages de façades habitĂ©es. Dues aussi Ă  la grande hauteur des immeubles et de la rue trĂšs frĂ©quentĂ©e par les voitures, l’austĂ©ritĂ© est perceptible. C’est clairement un lieu de passage. Et c’est incompatible avec la contemplation qui donnerait vie Ă  ces balcons. Ils sont limitĂ©s en profondeur pour de multiples raisons. Ce sont parfois mĂȘme des bureaux qui occupent ces bĂątiments. L’histoire des villes et les codifications urbaines offrent peu de libertĂ© quant au renouveau et on en comprend les raisons. Ces balcons ne sont pas moins ou plus utilisĂ©s, mais diffĂ©rents car Ă©troits. Ils sont autant de promontoires urbains dĂ©diĂ©s Ă  des activitĂ©s restreintes.

Jeu architectural et formel Revenons Ă  nos balcons, ceux qui rendent la vie plus agrĂ©able aux occupants de ces logements et qui dessinent le paysage par les façades. En architecture, on compose avec hiĂ©rarchisation sauf si vous appartenez au courant du dĂ©constructivisme et que fragmenter l’architecture est pour vous une façon de concevoir. La question de l’habitat est trĂšs complexe. Il y a plĂ©thore de supports aidant Ă  la conception. La connaissance propre et l’expĂ©rience enrichissent une posture qui se dĂ©veloppe avec le temps. Nous dessinons des plans, des coupes, nous nous efforçons d’apprĂ©hender les grandes comme les petites Ă©chelles. Et dans ces efforts, nous rentrons dans des rĂŽles, nous nous mettons Ă  la place du futur usager du lieu.

Influence urbanistique Le balcon est fabriquĂ© par rapport Ă  son environnement, un espace construit et non construit selon des rĂšgles d’urbanisme et en fonction de la sensibilitĂ© des architectes.

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Dans le quartier de Borderouge, la forme urbaine adoptĂ©e a directement influencĂ© le bĂąti et les diffĂ©rences entre les parties sud et nord de ce quartier sont Ă©videntes. Le balcon est le reflet de l’architecture choisie : lĂ  oĂč l’architecture se ressemble, comme dans la partie sud, les balcons ne se dĂ©marquent pas franchement les uns des autres. Lorsque la diversitĂ© architecturale est plus prononcĂ©e, comme dans la partie nord, les balcons s’autorisent des formes plus Ă©clectiques. Dans la partie Sud, le dĂ©veloppement se fait par rapport Ă  un axe viaire (avenue Maurice Bourges-Maunoury). Ce dĂ©veloppement sur la longueur crĂ©e des grosses frontalitĂ©s, accentuĂ©es par la large avenue qui les sĂ©pare. Le maillage urbain est large, avec une architecture qui joue le jeu du front bĂąti ayant beaucoup de recul par rapport Ă  la voie. Ce maillage crĂ©e une rupture franche entre les deux cĂŽtĂ©s de l’axe. Le refus de prise de risque quant Ă  la densification mĂšne Ă  des façades monotones, oĂč les balcons n'embellissent pas toujours le paysage. Dans le cas de Borderouge Sud, ils les desservent. On peut observer que cette mĂȘme configuration est adoptĂ©e Ă©galement dans la partie Ă  l’est du quartier. Du cĂŽtĂ© Nord le dĂ©veloppement se fait sous forme d’une polaritĂ©, celle du mĂ©tro. Le maillage urbain est plus dense par rapport au sud, ce qui donne vie Ă  une architecture en Ăźlots, petits et hauts. L’architecture est bien plus audacieuse que dans la partie sud.

F. 18 Plan général de Borderouge, place nord, Architecte: Chavannes & associés

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L’influence de l’urbanisme sur l’architecture est Ă©vidente lorsque l’on observe cette partie du quartier. L’architecture en Ăźlot est ici le choix privilĂ©giĂ©, consĂ©quence d’une voirie qui ne favorise pas la circulation piĂ©tonne, et confine la vie de quartier aux courts internes. C’est ainsi que les façades externes deviennent plus austĂšres, tandis que l’intĂ©rieur des Ăźlots se peuple de balcons et espaces verts. Il en dĂ©coule que les dispositifs choisis pour agrĂ©menter les façades externes et internes ont des caractĂ©ristiques extrĂȘmement diffĂ©rentes. Ces premiĂšres se dotent d’ouvertures protĂ©gĂ©es, par rapport aux bruits et aux regards et confĂšrent une esthĂ©tique sĂ©vĂšre aux bĂątiments. On retrouve parfois des tentatives de dĂ©dramatisation par une touche de couleur ou l’utilisation de formes originales par l’architecte, visant Ă  mitiger une telle austĂ©ritĂ©. A l’intĂ©rieur, la prĂ©sence des balcons sur court amĂšne une dimension de convivialitĂ©, favorise l’échange et la communication des habitants, la court devient ainsi une sorte de « piazza ».

F. 19 Plan d’urbanisme en Ăźlots, Ă  gauche court intĂ©rieur, Ă  droite balcon sur rue.

Il est donc important d’apporter une attention particuliĂšre Ă  la conception des ouvertures, et notamment des balcons, car si cette configuration a de tels atouts elle souffre aussi d’inconvĂ©nients, comme le vis-Ă -vis et l’exposition de la vie privĂ©e. Le choix des protections et des amĂ©nagements du balcon sera donc une directe consĂ©quence de cette architecture, et donc, par transition, du modĂšle urbanistique utilisĂ© dans ce quartier. Les Ăźlots ont des identitĂ©s fortes, des typologies d’habitat mixte et proposent une richesse volumĂ©trique. Les dispositifs tels que les balcons, loggias, terrasses et coursives y sont largement reprĂ©sentĂ©s. Les orientations ne sont pas toujours optimales mais la recherche qui tend Ă  donner une qualitĂ© de vie Ă  l’extĂ©rieur est indĂ©niable. Ceci m’amĂšne Ă  penser qu’effectivement dans ce cas d’urbanisme liĂ© Ă  ce type d’architecture de logements, oui, les balcons servent le paysage.

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F. 20 Images satellites: Ă  gauche, prise en 2002, Ă  droite, prise en 2013 (Source Google Earth)

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Fiche No 9 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse Dialogue dans l’urbanitĂ©

Le balcon peut donner une identitĂ© Ă  un Ă©difice qui se perd au milieu d’une collection disparate d’objets Ă  habiter. En mĂȘme temps, une haute densitĂ© de logements crĂ©e le besoin de se distinguer en termes d’architecture, ce qui explique le rĂŽle du balcon comme Ă©lĂ©ment caractĂ©risant d’une façade. La ZAC est intrinsĂšquement une extension de la ville, et par ce phĂ©nomĂšne d’extension, une façon de se dĂ©placer qui passe essentiellement par la voiture. La densitĂ© des logements induit un mode de dĂ©placement qui est dĂ©favorable Ă  l’échange et qui crĂ©e une rupture entre passant et habitant. Les trottoirs sont moins frĂ©quentĂ©s, l’observateur sur son balcon, est moins occupĂ© Ă  regarder les passants. Et le passant, lui, se sentira plus observĂ©, puisqu’il est seul. C’est un sentiment d’anonymat qui disparaĂźt soudainement. La densitĂ© amĂšne Ă©galement un dimensionnement de la voirie important, par consĂ©quent Ă©loigne les fronts bĂątis : le sentiment de convivialitĂ© crĂ©Ă© par le balcon se perd face Ă  autant de distance. L’apprĂ©ciation du paysage urbain dit « accueillant » dans cette ZAC dĂ©pend tant des facteurs architecturaux que programmatiques (concertations, mise en place d’un morceau de ville).

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La photo ci-dessus montre une façade d’un bĂątiment d’habitation de huit Ă©tages. Pourtant, tout porte Ă  croire Ă  un bĂątiment de bureaux, cela mĂȘme quand un panneau de 3x8m indique : « ici appartements du 2 au 5 piĂšces + commerces » Mon regard d’apprenti-architecte fait le lien entre ouvertures (percements) et usages. Cette Ă©lĂ©vation brouille ma perception habituelle de la façade d’habitation. La composition de celle-ci, lorsqu’elle atteint une grande hauteur, est gĂ©nĂ©ralement divisĂ©e dans la verticalitĂ© afin de limiter l’impact visuel. On retrouve habituellement une partie soubassement qui fait le lien avec le sol, une partie composĂ©e des Ă©tages courants plus ou moins semblables entre eux et un attique ou couronnement qui complĂšte le bĂąti, celui-ci fait le lien avec le ciel. Ce bĂątiment est monolithique, malgrĂ© un futur soubassement qui accueillera des commerces. Le jeu de teinte sur la façade crĂ©e un flou visuel intĂ©ressant.

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Fiche N° 10 61, Avenue Maurice BourgĂšs-Maunoury, 31200 Tlse Dialogue dans l’urbanitĂ©

Comme Ă©voquĂ©, la question du balcon est complexe quand celui-ci interfĂšre avec d’autres espaces extĂ©rieurs, plus ou moins riches. Les rĂ©ponses sont multiples, ce qui donne lieu Ă  des interprĂ©tations diverses et variĂ©es qui dessinent les façades. Comme dans une recherche de dĂ©fense et refuge, les façades intĂ©rieures d’un Ăźlot se regardent entre elles, dos Ă  une urbanitĂ© incertaine. A l’extĂ©rieur, elles regardent la rue, l’espace public, mais avec plus de dĂ©tachement.

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Dans la photo ci-dessus, la façade intĂ©rieure du mĂȘme bĂątiment de la fiche prĂ©cĂ©dente. Elle dialogue avec une autre façade du mĂȘme type. Les deux sont largement creusĂ©es par des loggias. Je remarque que les deux façades compensent de leur rigueur par diffĂ©rents moyens. Pour l’une, cĂŽtĂ© jardin, des loggias froides (matĂ©rialitĂ© et rĂ©gularitĂ©) avec un amĂ©nagement paysager. Pour l’autre, cĂŽtĂ© rue, un manque d’ouverture sur le paysage avec un jeu de couleurs et de percements alĂ©atoires. De par son implantation, la composition des façades, ce bĂątiment est distinctement introverti.

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Fiche N° 11 5, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse La façade habitée.

La rĂ©flexion sur la façade habitĂ©e nous amĂšne Ă  identifier une Ă©paisseur qui lui confĂšre un caractĂšre de prolongement de l’habitat intĂ©rieur vers l’habitat extĂ©rieur. Ce prolongement nous permet de vivre dehors tout en restant chez soi, profiter de la vue, du climat tout en jouissant d’une intimitĂ©, de maniĂšre proportionnelle Ă  la conception de cette Ă©paisseur. Les protections solaires donnent une Ă©paisseur plus importante Ă  la façade habitĂ©e et permettent une utilisation plus intimiste et donc plus rĂ©guliĂšre et naturelle. Ainsi le balcon, aussi profond et/ou large soit-il, propose une piĂšce de plus en contact avec le monde extĂ©rieur. La rigueur de composition d’une façade avec balcon filant seul (sans protection solaire) ne propose donc pas la mĂȘme façon de le vivre.

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La photo ci-dessus montre comment une superposition rĂ©guliĂšre de balcons filants le long d’une façade, lui confĂšre une Ă©paisseur. D’ailleurs, il n’y a que ce point de vue qui l’exprime. Sur son balcon, l’habitant ne se reprĂ©sente pas dans cette multiplicitĂ©. Du point de vue de l’esthĂ©tique, cette Ă©lĂ©vation est assez sĂ©vĂšre Ă  mon goĂ»t.

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Fiche No 12 31, Boulevard André Netwiller, 31200 Tlse Jeu architectural et formel

Le jeu architectural et formel est l’identitĂ© visuelle du bĂątiment. Il y a la « base » :

‱ la sĂ©paration, comme expression rudimentaire de la construction du logis ‱ l’ouverture, comme traduction du besoin primaire de lumiĂšre ‱ le prolongement, comme agrĂ©ment du logis.

Les « systĂšmes » loggia et balcon sont les expressions des agrĂ©ments de l’habitat, l’un est creusĂ©, l’autre est projetĂ© vers l’extĂ©rieur. L’un peut vivre seul, l’autre a besoin de dispositifs dĂ©diĂ©s pour exister (protections, garde corps, sĂ©paratifs
). L’existence d’un systĂšme tel que le balcon entraĂźne donc ce que j'appelle des « obligations », qui ne doivent pas faire le jeu d’élĂ©ments rapportĂ©s mais ĂȘtre pensĂ©s dans la globalitĂ© du projet. Dans la recherche d’une architecture Ă  la fois soucieuse de ses habitants et de l’image qu’elle renvoie, le « jeu » constitue l’élĂ©ment permettant de prendre en compte les besoins et prĂ©occupations des habitants ainsi que le souhait d’harmonie du bĂątiment et la poĂ©sie du lieu investi.

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F. 21 Composition d'une façade selon quatre critÚres.

Lors de mon repĂ©rage dans le quartier de Borderouge, j’ai observĂ© la diversitĂ© d’architecture des logements et un incroyable Ă©chantillon de balcons. Ce bĂątiment est un exemple de dispositif presque parfait, car il reprend les avantages de la loggia en termes d’intimitĂ© et celui de l’externalitĂ© du balcon projetĂ©.

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Fiche No 13 3, Rue Louise Weiss, 31200 Tlse 4, Rue Assia Ly, 31200 Tlse Influence urbanistique

Borderouge est trĂšs clairement marquĂ© par deux pĂ©riodes: L’une, Borderouge Sud, oĂč l’objet architectural s’est esthĂ©tiquement essoufflĂ© par la rĂ©pĂ©tition. Cette pĂ©riode correspond au dĂ©but de la construction de la ZAC en 1998. Et la seconde, Borderouge Nord, oĂč la diversitĂ© des logements est synonyme de dynamisme. La construction dĂ©buta en 2007. La partie Sud a principalement Ă©tĂ© conçue le long de l’axe l’avenue BourgĂšs-Maunoury, (urbaniste : Jean-Pierre Hegoburu) avec des hauteurs ne dĂ©passant pas le R+4. Ce quartier de Toulouse Ă©tait autrefois composĂ© de quelques maraĂźchers et de mĂ©tairies. Le patrimoine est reprĂ©sentĂ© par le chĂąteau de Lanusse, du XVIIe siĂšcle. Des amĂ©nagements paysagers sont rĂ©alisĂ©s. Ainsi des petits jardins Ă  thĂšme sont accessibles par des cheminements piĂ©tonniers. A l’intĂ©rieur de la Z.A.C., le parc de la Maourine a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© en parc public et en zone de sensibilisation Ă  l’écologie et Ă  l’environnement, gĂ©rĂ© par le Museum d’histoire naturelle de Toulouse. Dans la partie Nord, la plus rĂ©cente, c’est une urbanisation encore plus dense qui fait surface. Elle est motivĂ©e par un Ă©quipement culturel fort (Le MĂ©tronom), l’envie de donner une vraie centralitĂ© (carrĂ© de la Marouine), et est desservie par le mĂ©tro (station Borderouge). Le tissu pavillonnaire existant s’est transformĂ© avec la nouvelle politique de la ville : la densification. Toulouse Ă©tant la mĂ©tropole de France la plus Ă©talĂ©e, quarante kilomĂštres du Nord au Sud et trente kilomĂštres d’Est en Ouest, le tissu pavillonnaire recule derriĂšre les opĂ©rations de logement de grande ampleur.

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F. 22 Rond point liaisonnant Borderouge Sud et Nord

La photo ci-dessus illustre la complexitĂ© morphologique d’un bĂątiment d’habitation. Elle dĂ©montre que Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme Ăźlot la monotonie est rompue grĂące Ă  la crĂ©ativitĂ© de l’architecte, les volumes et les matiĂšres s’entremĂȘlent en confĂ©rant une richesse visuelle qui interpelle le spectateur et crĂ©e un dialogue dans l’urbanitĂ©.

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Conclusion Le dessein de ce mĂ©moire fut de dĂ©cortiquer un dispositif : le balcon. Tout au long de cet exercice, j’ai voulu porter plusieurs regards sur celui-ci, l’observer en tant qu’objet aussi bien que lieu de vie, comprendre sa fabrication et Ă©tudier l’interaction avec l’environnement intĂ©rieur (l’habitat) et l’environnement extĂ©rieur (le paysage). J’ai essayĂ© de dĂ©celer ses multiples facettes ainsi que ses dĂ©clinaisons, et d’en saisir les diffĂ©rences par rapport aux composantes qui le construisent. J’ai voulu mettre en relation des formes, des matiĂšres, des dimensions avec des ressentis d’ordre cognitif et sensitif. Pour ce faire, j’ai confrontĂ© la thĂ©orie avec la rĂ©alitĂ© de notre monde occidental, en m’appuyant sur une opĂ©ration d’urbanisme et de logement rĂ©cemment achevĂ©e Ă  Toulouse : la Z.A.C de Borderouge. J’ai ainsi dĂ©composĂ© l’étude de ce dispositif en trois parties : Partie I. Le balcon comme espace de seuil, afin d’explorer l’interface entre la sphĂšre privĂ©e et la sphĂšre publique. Ce regard sur le balcon en tant que limite physique et sensorielle entre intĂ©rieur et extĂ©rieur s’est focalisĂ© sur la relation au corps de l’habitant. La question des formes qu’il peut assumer a Ă©tĂ© abordĂ©e, en rĂ©vĂ©lant un lien Ă©troit avec la question de l’intimitĂ© et du filtrage des vues.

Partie II. Le balcon de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur, et son statut d’externalitĂ©. La reprĂ©sentation du seuil force Ă  la curiositĂ©, et son rĂŽle dans la systĂ©matisation du balcon aussi. Ceci m’a conduit Ă  observer les limites physiques et visuelles, les franchissements, leur concrĂ©tisation et les ressentis provoquĂ©s par ces diffĂ©rents choix architecturaux chez l’usager. J’ai ainsi Ă©tudiĂ© les multiples formes d’utilisation du balcon que j’ai pu observer, que ce soit comme piĂšce supplĂ©mentaire ou comme agrĂ©ment, par rapport Ă  son usager et son positionnement. Partie III. Le balcon de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur, pour comprendre la relation entre le balcon et le paysage. Je me suis posĂ© la question du message transmis par le balcon, qui devient un dispositif « aimable » dans la ville lorsqu’il est bien vĂ©cu et constitue ainsi un dialogue positif dans l’urbanitĂ©. La façade habitĂ©e, ou pas, en est un tĂ©moin. J’ai observĂ© le jeu architectural et formel comme indice d’une Ă©poque selon l’aspect innovant et crĂ©atif de ses bĂątiments. Enfin, j’ai Ă©tudiĂ© l’influence urbanistique sur l’architecture de la zone observĂ©e, jusqu’à son impact sur la conception du balcon. J’ai abordĂ© ce sujet pour me constituer une connaissance sur un domaine peu reprĂ©sentĂ© dans la recherche. Tout au long de mes recherches, j’ai appris que le balcon se dĂ©clinait sous plusieurs aspects, mais ce sont essentiellement les composantes ingrates tels que les systĂšmes aidant Ă  son bon fonctionnement (les sĂ©parations, les garde-corps, les protections) qui complĂštent sa posture, celle d’offrir « l’extĂ©rieur » Ă  celui qui vit Ă  l’intĂ©rieur. J’entends par « bon fonctionnement » les caractĂ©ristiques telles que les vis-Ă -vis (l’intimitĂ©), la sĂ©curitĂ© (la construction dans les rĂšgles de l’art) et les questions liĂ©es au climat. Je crois qu’en

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France, la bonne cohabitation dans des logements collectifs est compliquĂ©e. Sans ĂȘtre trop pessimiste, j’ai parfois des doutes sur la volontĂ© de la nature humaine Ă  se tourner vers les autres. On ne choisit que trĂšs rarement ses voisins, et l’endroit oĂč nous vivons ne laisse paraĂźtre que de maigres indices sur ceux-lĂ . Le bon fonctionnement est donc fortement liĂ© Ă  cet aspect humain et culturel, qui n’est visiblement pas systĂ©matiquement pris en compte dans la conception du balcon. Il est vrai que, en tant qu’architecte, le mĂ©tier voudrait que l’on dessine bien les choses, que l’on prenne le temps pour le faire et avec un coĂ»t de rĂ©alisation toujours au plus bas. Le balcon peut-ĂȘtre trĂšs onĂ©reux ou pas, bien ou mal pensĂ©, mais c’est gĂ©nĂ©ralement le coĂ»t qui dicte la façon de procĂ©der. J’ai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par l’inspiration de certains architectes et j’ai tentĂ© d’imaginer le dialogue et l’effort de persuasion tenu par le maĂźtre d’Ɠuvre vis-Ă -vis du maĂźtre d’ouvrage par rapport Ă  la conception atypique du balcon proposĂ©e. Ce mĂ©moire, par la maniĂšre d’aborder thĂ©orie et Ă©tude des cas, permet de tirer parti d’une analyse faite sur le terrain. Il est important de capitaliser cette expĂ©rience car, s’il y a des choix de conception discutables, il faut Ă©viter de les reproduire. L’architecte doit tenir son rĂŽle dans le dessin de ces espaces. Car autrement, quelqu’un d’autre le fera Ă  sa place, et le rĂ©sultat n’est pas toujours Ă  la hauteur. Obligeons nous Ă  rĂ©sister Ă  la facilitĂ©, celle qui contente tout le monde. N’arrĂȘtons pas d’innover et de toujours traduire ce que reprĂ©sentent ces dispositifs : favoriser le contact avec l’extĂ©rieur car nous sommes nĂ©s avec ce dĂ©sir. Dans 99% des cas, les architectes ne dessinent pas pour des architectes. Il est nĂ©cessaire d’écouter sans imposer notre vision, afin de fournir une vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e dans la conception de l’habitat, celle attendue d’un architecte.

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Bibliographie

1. NEUFERT Ernst, Les éléments des projets de construction, 7e édition, Editions Dunod, Paris, 18 Novembre 1996

2. PEROUSE DE MONCLOS Jean-Marie, Architecture: Description et vocabulaire méthodique, Editions du patrimoine Centre des monuments nationaux, Paris, 1972

3. Revue COMMUNICATIONS, n° spécial Seuil, passages, EHESS, Paris, 2000 a. BONNIN Philippe, Dispositifs et rituels du seuil. b. DE LA SOUDIERE Martin, Le paradigme du passage.

4. DEPAULE Jean-Charles, ARNAUD Jean-Luc, A travers le mur, Editions du centre Georges-Pompidou, Paris, 1985

5. QUINTON Marise, Article « Logement MilanoFiori», Revue d’architecture EXE, Balcons & Coursives N°18, Editions A vivre, Novembre/DĂ©cembre/Janvier 2014-2015, p87

6. MOLEY Christian, Les abords du chez-soi, en quĂȘte d’espaces intermĂ©diaires, Editions de la Villette, Paris, 2006

7. PERE-CHRISTIN Evelyne, Le mur, un itinéraire architectural, Editions Alternatives, Paris, 2001

8. SEGAUD Marion, Anthropologie de l'espace, Editions Armand Colin, Paris, 2010

9. FRANCOIS Edouard, Article sur la socialisation de la hauteur, Revue AMC N°240, Editions Le Moniteur, Mars 2015, p54

10. MEVEL NadĂšge, PrĂ©ambule sur le balcon et la coursive, Revue d’architecture EXE, Balcons & Coursives N°18, Editions A vivre, Novembre/DĂ©cembre/Janvier 2014-2015, p16

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Table des illustrations F. 1 Plan de la ZAC et des éléments structurants qui la composent, autres que les

logements.(Source WEB, www.toulouse-metropole.fr) ........................................ 6 F. 2 Localisation de la ZAC de Borderouge (Source WEB, www.geoportail.gouv.fr) .. 7 F. 3 Plan de la ZAC de Borderouge (Source WEB, www.toulouse-metropole.fr) ........ 8 F. 4 Gravure de la scÚne du balcon, Deveria et Boulanger, Roméo et Juliette, W.

Shakespeare.(Source : BNF, Estampes et photographie, Dc 178d RĂ©s. Tome II). ............................................................................................................................ 11

F. 5 E. Manet, Le balcon, 1868-1869, Huile sur toile, H. 170 ; L. 124,5 cm ; (Source : Musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt) .............................. 13

F. 6 Extrait de l’ouvrage d’ Ernst Neufert, Les Ă©lĂ©ments des projets de construction, 7e Ă©dition ( Edition Dunod, 18 novembre 1996, p.230). ...................................... 13

F. 7 Plusieurs clichĂ©s depuis le balcon au garde-corps en verre. ............................. 20 F. 8 Garde-corps en verre opalescent. (Source : web, constructeur aluminium). ..... 21 F. 9 Coupe sur les interactions entre intĂ©rieur, seuil et extĂ©rieur. ............................. 36 F. 10 Barceloneta (Barcelone, Espagne) ................................................................... 37 F. 11 Volume dĂ©barras imaginĂ©. Dispositif lĂ©ger intĂ©grĂ©. .......................................... 37 F. 12 Capture d’écran d’un article sur l’amĂ©nagement de balcon,

www.marieclairemaison.com ............................................................................. 38 F. 13 Coupe dĂ©taillĂ©e : façade balcon et serre. Milan, Italie. Architecte OBR ........... 39 F. 14 SchĂ©ma d’étude des interfaces intĂ©rieur/extĂ©rieur. Milan, Italie. Architecte OBR

............................................................................................................................ 39 F. 15 Vue depuis la serre. Milan, Italie. Architecte OBR ............................................ 40 F. 16 Illustration Le cloud, Architecte: E. François .................................................... 41 F. 17 Croquis des rapports en RdC, avec et sans recul Ă  la voirie. .......................... 50 F. 18 Plan gĂ©nĂ©ral de Borderouge, place nord, Architecte: Chavannes & associĂ©s . 58 F. 19 Plan d’urbanisme en Ăźlots, Ă  gauche court intĂ©rieur, Ă  droite balcon sur rue. .. 59 F. 20 Images satellites: Ă  gauche, prise en 2002, Ă  droite, prise en 2013 (Source

Google Earth) ...................................................................................................... 60 F. 21 Composition d'une façade selon quatre critÚres. ............................................. 69 F. 22 Rond point liaisonnant Borderouge Sud et Nord ............................................. 71

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Ce mĂ©moire prĂ©sente une vision sous trois angles du balcon dans son environnement. Chaque regard est analysĂ© selon une posture thĂ©orique s’appuyant sur le cas d’un environnement prĂ©cis : la Z.A.C de Borderouge Ă  Toulouse. ProposĂ© sous la forme de 13 fiches illustrĂ©es et commentĂ©es, cet ouvrage explore Ă  travers diffĂ©rentes Ă©chelles, la dimension sensorielle du franchissement d’un seuil, celui du balcon, et aussi sa perception en tant qu’objet dans l’urbanitĂ©. Sa composition systĂ©matique lui confĂšre une manipulation confortable et stimule la curiositĂ© du lecteur. This master's thesis shows the balcony and its surrounding by three perspectives. Each perspective is analysed following a theoretical position built on a specific context: the urban/housing development area of Borderouge in Toulouse. Proposed as 13 illustrated commented slides, this work explores in different scales, the sensorial dimension of a threshold crossing, the balcony one, as well as its perception as an object in the urbanity. Its systematic structure gives a confortable handling and incites the reader’s curiosity.

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