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1 SOMMAIRE Le cyberjournalisme, un nouveau champ journalistique - - - - - 2 Définition du cyberjournalisme et du cyberjournaliste - - - - - 6 La spécificité du métier cyberjournalistique - - - - - - 9 Conclusion - - - - - - - - - - 14

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SOMMAIRE

► Le cyberjournalisme, un nouveau champ journalistique - - - - - 2

► Définition du cyberjournalisme et du cyberjournaliste - - - - - 6

► La spécificité du métier cyberjournalistique - - - - - - 9

► Conclusion - - - - - - - - - - 14

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LE CYBERJOURNALISME, UN NOUVEAU CHAMP JOURNALISTIQUE

Depuis quelque temps, on parle de plus en plus du cyberjournalisme par rapport au journalisme

« traditionnel ». Mais qu’est–ce qu’on entend par « cyberjournalisme » ? On n’a pas trouvé de

définitions de ‘cyberjournalisme’ sur la Wikipédia1 ni même sur plusieurs dictionnaires (et non plus en

recherchant sur des sources anglophones avec les mots « cyberjournalism » ou « cyberjournalist » ni

même sur des autres hispanophones avec les mots « ciberperiodismo » ou « ciberperiodista »). Alors il

s’agit d’une reconnaissance qui encore lui manque au phénomène du cyberjournalisme, même si ce sont

un mot et une réalité assez communes dans les cercles académiques et professionnels du journalisme et

aussi dans une grand part du public en général (par exemple, la recherche sur Google de

« cyberjournalisme » en français donne 21 800 références). Ainsi, et d’habitude, on dit que le

cyberjournalisme c’est le journalisme fait et présenté parmi l’Internet, et par conséquence, et

évidemment, le cyberjournaliste c’est le journaliste qui fait du journalisme parmi l’Internet.

Mais il y a aussi des différentes conceptions sur le signifié du cyberjournalisme, car on peut penser

qu’il ne s’agit que d’un complément qui ne modifie essentiellement le journalisme traditionnel ou, par

contre, penser qu’il s’agit d’une vraie évolution dans le champ journalistique, ou même d’une

révolution qui peut arriver à construire un journalisme différent à celui traditionnel. Ainsi, dans un

premier moment de cette évolution technologique, les médias traditionnels ne faisaient que reproduire

ses contenus préalablement publiés sur le format traditionnel. Mais à partir du début d’une production

exprès de contenus pour le nouveau format, une production qui essaie de profiter des nouvelles

capacités du numérique, on parle de « Journalisme 2.0 »2 (et voire de « Journalisme 3.0 » dehors la

culture francophone3). Sur le cyberjournalisme comme vraie évolution du journalisme traditionnel, il

faudrait aussi parler du « phénomène blog ».

1 Wikipédia française. L’encyclopédie libre. Disponible en ligne sur http://fr.wikipedia.org 2 Même si ce n’est pas une expression aussi connue que « cyberjournalisme », la recherche sur Google de « Journalisme 2.0 » offre 496 résultats en français. 3 La recherche de « journalisme 3.0 » en français sur Google ne donne qu’un résultat, tandis qu’en espagnol elle offre 70 800 références. Dans la culture journalistique en espagnol, on parle de « Journalisme 3.0 » (Periodismo 3.0) pour se référer à une nouvelle façon du journalisme, caractérisée par la « socialisation » de l’information, c’est–à–dire, pour une nouvelle structure informative–communicative dans laquelle des médias alternatifs et les citoyens, merci à les nouvelles technologies de l’information, seront capables de démocratiser l’agenda communicative et l’élaboration des informations. Plus d’information, en espagnol, disponible en ligne sur http://periodistas21.blogspot.com/2005/07/el-desafo-del-periodismo-30.html et sur http://www.escolar.net/wiki/index.php/Periodismo_3.0%2C_la_socializaci%C3%B3n_de_la_informaci%C3%B3n

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Disponible en ligne sur http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=net&resultat_id=266

Et pour vérifier la réalité du cyberjournalisme en général comme un phénomène de plus en plus

croissant, en laissant de côté pour l’instant la discussion sur le degré d’évolution du cyberjournalisme

face au journalisme traditionnel, il ne faut que regarder les statistiques des audiences de l’Internet.

Sur le dernier rapport de Médiamétrie4, publié en mai 2006, on lit qu’ « En mars 2006, 26 783 000

Français âgés de 11 ans et plus se sont connectés à Internet au cours du dernier mois, soit 51,3% de la

population âgée de 11 ans et plus », et aussi que « Plus de la moitié des foyers français (50,6%) sont

désormais équipés d’un micro-ordinateur. Au 1er trimestre 2006, plus de 9,9 millions de foyers ont

accès à Internet ce qui représente près de 4 foyers sur 10 (38,8%) ». Selon cette étude, sur la totalité de

l’Internet, les sites les plus visités par les français, par ordre, sont Google, Wanadoo, Free, MSN,

Microsoft et Yahoo!, tous lesquels sont des portails qui incluent aussi comme part de son offre des

informations journalistiques d’actualité, même si la plupart de ces–ci sont des informations d’agence,

sans une réélaboration propre. Mais si l’on fait attention sur les chiffres des sites correspondants aux

médias audiovisuels sur la même étude, on voit qu’elles sont en proportion encore plus importantes :

Parmi ces chiffres, on voit clairement que les audiences des médias audiovisuels présents sur

l’Internet sont déjà très importants, et n’importe quel média qui va recevoir plus de 100 millions de

visites (comme le group Skyrock) pendant un mois (et même celui qui va recevoir un peu moins de 2

millions comme RFI) doit prendre sérieusement la production des contenus pour ce format–là.

Et de la même façon, si l’on fait attention aux chiffres de l’OJD concernant l’audience de tous les

editors web, cette impression se confirme :

4 Médiamétrie. Mesure d’audience Télévision, Radio, Cinéma, Internet, études médias audiovisuels. Disponible en ligne sur http://www.mediametrie.fr

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On voit aussi que les journaux et revues traditionnels doivent déjà bien élaborer son produit pour

publier à l’Internet, car plus de 20 millions de visites mensuels (Le Monde), presque 7 millions

(Libération) ou un peu plus de 6 millions (Le Nouvel observateur) révèlent une audience très important.

C’est–à–dire, et pour conclure cette petite introduction, l’Internet a représenté une évolution

importante pour les médias et aussi pour la façon traditionnelle de faire du journalisme, puisque –même

si l’on pense qu’elle n’a pas signifié un changement essential– c’est indéniable qu’elle a crée une

nouvelle dimension médiatique où il existe déjà tout un nouveau marché de la communication et de

l’information avec des audiences millionnaires. Et cela a dû créer une nouvelle façon de faire du

journalisme : celle qu’on appelle le cyberjournalisme ; qui au même temps doit avoir besoin d’un

nouveau type de journaliste : celui qui l’on va appeler le cyberjournaliste, qui en plus devrait savoir

Source : chiffres de l’OJD correspondants au mois d’avril 2006. Disponible en ligne sur http://www.ojd.com/fr/adhchif/adhe_list.php?mode=chif&cat=1784

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produire de l’information selon les nouvelles capacités et contraintes qu’impose le nouveau format :

celui numérique de l’Internet.

Les questions qui nous restent alors pour répondre sont celles relatives à la spécificité du

cyberjournalisme et au degré d’évolution qu’il représente face au journalisme traditionnel ; et par

rapport à cela, celles concernant à la spécificité du métier du cyberjournaliste et s’il représente vraiment

un nouveau métier ou il n’est qu’un complément au métier traditionnel du journaliste.

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DEFINITION DU CYBERJOURNALISME ET DU CYBERJOURNALISTE

Le changement indéniable du champ journalistique qu’on vient de montrer se réfère aux nouvelles

technologies comme un nouveau format de publication des informations et aussi comme des nouveaux

outils pour l’élaboration de ces informations. Et surtout on parle du réseau de réseaux, de l’Internet.

Ainsi, pour généraliser (même si l’on va aussi simplifier) le cyberjournalisme c’est le journalisme

réalisé parmi l’Internet, et le cyberjournaliste c’est le journaliste qui produit de l’information pour

l’Internet. Mais alors, quelle est la spécificité du cyberjournalisme par rapport au journalisme

traditionnel ? et surtout, nous permet–elle parler d’une vraie révolution dans le métier journalistique ou

il ne s’agit que d’un changement pas si important ?

La seule vraie spécificité (si l’on continue avec la généralité et son inévitable simplicité) c’est la

publication parmi l’Internet, car le fait d’utiliser l’Internet et les nouvelles technologies pour

l’élaboration des textes est aussi possible si l’on ne va publier ces textes que sur le format traditionnel

du papier ou de l’audiovisuel. Et alors, la vraie innovation ce sont toutes les nouvelles possibilités

qu’elle offre la publication numérique parmi l’Internet : le multimédia, l’hypertexte, l’interactivité, une

immédiate et continue mise à jour des contenus…

Même si au début ce n’était pas comme cela, si l’on visite aujourd’hui les sites web des médias

traditionnels, TF1 (http://www.tf1.fr), France2 (http://www.france2.fr), Le Monde

(http://www.lemonde.fr), Le Figaro (http://www.lefigaro.fr), France Info

(http://www.radiofrance.fr/chaines/france-info)... on voit toujours le même schème : une page web

divisée en « fenêtres » qui offrent information multimédia, soit–elle textuelle, graphique ou

audiovisuelle. C’est–à–dire, les formats traditionnels se sont fondus sur l’Internet en un même format

multimédia : les télévisions offrent maintenant beaucoup de texte, les radios offrent des images et aussi

du texte et les journaux incluent aussi de l’information audiovisuel. Et il s’agit d’informations

hypertextuelles, toujours liées entre elles et permettant au visiteur de « surfer » presque à volonté et de

se construire son propre parcours informatif. En plus, ce sont des informations qui de plus en plus

permettent aux internautes de réagir et d’inclure directement sur le site web ses opinions ou d’ajouter

plus d’information ou parfois même d’être eux qui commencent la nouvelle en informant, directement

ou indirectement (on peut penser aux blogs), au média de quelque événement important. Et celle–là

qu’on vient de décrire c’est la spécificité du cyberjournalisme face au journalisme traditionnel : un

nouveau format multimédia, hypertextuel et interactif. Si l’on la considère une simple évolution ou une

vraie révolution, c’est un autre débat, même si l’on pense, nous, que ce changement est assez plus

important qu’une simple évolution.

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Et dans cette situation, quels sont la définition et le rôle du nouveau journaliste, celui qu’on peut

appeler le cyberjournaliste ? Représente–il, lui, une simple évolution ou plutôt toute une révolution dans

le métier journalistique ?

Alors, comme on l’a déjà dit, le cyberjournaliste est le journaliste qui produit de l’information pour

le nouveau format de l’Internet. Il peut être un journaliste « traditionnel » qui, de plus, doit adapter ses

textes au nouveau format (pour les convertir, en fait, en hypertextes) ou qui directement doit les rédiger

selon les caractéristiques du format multimédia et hypertextuel. Son avènement a eu lieu de peu en peu,

premièrement comme le rédacteur qui devait « verser » les contenus traditionnels dans l’Internet, et

progressivement comme le rédacteur qui élabore exprès des contenus spécifiques et adaptés aux

nouvelles capacités et contraintes de ce format–là. Et c’est alors, lorsqu’il existe déjà dans la pratique,

qu’on commence à le définir et à se demander sur la spécificité et le rôle de son métier. Les définitions

qu’on trouve du cyberjournaliste (ou du rédacteur(trice) web, ou journaliste en ligne, ou… parce qu’il y

a des différentes façons d’appeler une même réalité) répondent en général à celle qu’on vient de

décrire :

« Comme un journaliste classique, le journaliste en ligne qu'on appelle cyberjournaliste ou encore

rédacteur en ligne, constitue un médiateur entre les sources d'information et le public. Mais travaillant

en temps réel, il doit en plus faire preuve d'une réactivité permanente, pour actualiser le plus

rapidement possible les informations contenues sur le site »5. « Le travail du rédacteur ou journaliste

web n’est pas radicalement différent de son collègue de la presse écrite. Seule l’écriture n’est pas tout à

fait la même […]. Sans oublier tous les compléments d’information que le rédacteur peut mettre à la

disposition du lecteur, tels les liens hypertexte et les forums de discussion. Devant la multiplication des

sites, des gens polyvalents, capables de manier l’info sous toutes les formes, sont très recherchés sur

l’internet »6. « Le journaliste online traite l'information recueillie sous forme d'articles destinés à

étoffer le contenu du site. Il adapte son écriture au support multimédia et est souvent amené à fournir

sons et images. De plus en plus, on lui demande des compétences de webmaster. »7.Ou aussi une

dernière, « Comme un journaliste classique, le cyberjournaliste est un médiateur entre les sources

d'information et le public. Mais, travaillant en temps réel, il doit faire preuve d'une grande réactivité et

5 Définition donnée par la Cyber Base de Montpellier. Disponible en ligne sur http://www.cyberbase-montpellier.com/Referencement/Contenu/Cyberjournaliste.htm. 6 Par Nadoz.org. Le site regional d’information sur les formations et les métiers. Disponible en ligne sur http://www.nadoz.org/2_Metiers/Metier.asp?Param=Rech%3D3%26GFEId%3D%26InteretId%3D%26MetierLettre%3D%26MetierId%3D%26rubrique%3D2%26ID%3D490. 7 Par L’École Multimedia. Disponible en ligne sur http://www.ecole-multimedia.com/fiches/fiche_metier_16.html.

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s'adapter au format du support. Une connaissance du Net et de ses outils est quasi indispensable, car

traduire les textes en langage HTML revient souvent aux rédacteurs »8.

Par conséquence, la définition du cyberjournaliste est assez claire et généralement partagée. Pourtant

elle reste encore la question de sa spécificité comme métier par rapport à celui du journaliste classique.

Est–ce qu’il existe déjà le métier du cyberjournaliste séparé du journaliste traditionnel ? On croit qu’il

n’y a encore une réponse absolue, parce que les frontières entre l’un et l’autre sont assez floues. Le

journaliste « traditionnel » qui pense aussi à la version numérique qu’on va faire de son information,

n’est–il pas en train d’agir comme un cyberjournaliste ? Et tout cyberjournaliste qui ne fait que

travailler en ligne, n’est il toujours en agissant aussi comme un journaliste « traditionnel » lorsque,

essentiellement, il rassemble des donnés et produit un texte informatif ? Alors, on peut dire qu’il y a des

journalistes qui, selon les circonstances et les moments, agissent plutôt comme journalistes traditionnels

ou comme cyberjournalistes, mais aussi qu’il y a des journalistes auxquels, en raison de son travail

habituel comme producteurs d’information en ligne, on peut généralement appeler cyberjournalistes,

même s’ils aussi, parfois, n’agissent que comme journalistes traditionnels.

8 Par Le Money Mag. Disponible en ligne sur http://www.lemoneymag.fr/Kalideo/Site/Application/Fiche_Pratique/s_FichePratique/0,1729,3-4525-0-4567-4575-4572-FIC,00.html.

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LA SPECIFICITE DU METIER CYBERJOURNALISTIQUE

Une fois décrite la floue frontière qui sépare les deux métiers celui « traditionnel » et celui « cyber »,

on peut pourtant enquêter sur les conditions de travail particulières du cyberjournaliste face au

journaliste traditionnel, et surtout essayer de voir si–t–elles existent séparément de celles du journaliste

« pas cyber ».

À niveau légal, il n’y a pas de différent code qui soit en vigueur pour le travail du cyberjournaliste

face au celui du journaliste traditionnel. Pour tous les deux elle est toujours en vigueur comme base la

loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse9, avec toutes ses modifications et additions postérieures.

Il n’existe pas sur le texte (ni même sur les dernières additions) aucune référence à des expressions

comme ‘Internet’, ‘multimédia’, ‘hypertexte’, ‘numérique’ et non plus à des autres comme

‘cyberjournalisme’ ni ‘cyberjournaliste’. Donc les conditions de travail qui dépendent de la loi sont à

priori les mêmes pour le journaliste classique et pour le nouveau cyberjournaliste, car pour la loi tous

les deux sont la même chose. Pourtant dans la pratique elles, les conditions de travail, peuvent être

facilement plus dures pour le journalisme « en ligne », compte rendu des nouvelles contraintes de la

version « cyber » du journalisme, qui oblige à une plus grande élaboration des textes pour sa publication

sur un format multimédia, hypertextuel et interactif, outre que l’obligation d’une constante mise à jour

d’une grand part des informations en ligne.

Comme une donnée intéressante, on peut citer l’Avant–projet de loi 2003 portant Code de la

communication de Madagascar10, qui déjà parlait explicitement de l’Internet et du cyberjournalisme, et

qui considérait au cyberjournaliste comme un des professionnels de la communication : « Sont pris dans

le corps des métiers de la communication médiatisée, sans que la liste soit exhaustive, le journaliste, le

reporter d'images, le rédacteur, le réalisateur, le cinéaste, le vidéaste, le publiciste, l'animateur, le

"cyberjournaliste", le correspondant de presse, le caméraman ».

Plus proche et dans la pratique, les conditions de travail des cyberjournalistes en France sont

d’habitude très similaires à celles des journalistes classiques, avec le plus d’un métier parfois plus

pressé (en raison de la contrainte de publication immédiate), plus continu (en raison de la mise à jour

9 Dont le texte complet est disponible en ligne sur http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PCEAA.htm merci à Légifrance, le service public de la diffusion du droit. 10 Disponible en ligne sur l’Union de la presse francophone : http://www.presse-francophone.org/UIJPLF/uijplf_deonMadagascarcode.htm.

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constante) et dont l’élaboration des produits informatifs peut exiger plus de travail (du fait du caractère

multimédia, hypertextuel et interactif des textes cyberjournalistiques).

On peut quand même rappeler la crise de laquelle on parle depuis longtemps sur les conditions de

travail du monde du journalisme en général. Ainsi, à niveau de travail on parle d’une grande et

croissante précarité (qui ne touche pas seulement le journalisme mais aussi beaucoup des autres

métiers), et à niveau du produit journalistique on parle d’une crise de vente de la presse traditionnelle

(un peu réfrénée par le « succès » des journaux gratuits) et surtout d’une crise de crédibilité du

journalisme informatif actuel (sur n’importe quel format). Cette–ci est due aux croissants intérêts

politiques et économiques qui lient les principaux médias aux grands groups économiques et politiques,

et aussi à la forte dépendance qu’ils ont les journalistes par rapport aux sources informatives

institutionnelles et officielles et même aux grandes agences de presse. Ces sont les raisons d’une

croissante uniformité dans les informations des différents médias et de la faiblesse et progressive

disparition d’un vrai journalisme d’enquête et qu’il soit indépendante et critique avec les grands

pouvoirs publiques et privés. Il faudra alors attendre à ce journalisme–là qu’on a appelé « journalisme

3.0 » pour voir s’il est vraiment possible de faire un journalisme différent, multidirectionnel, engagé,

indépendant et critique. Et justement le cyberjournaliste a un important rôle à jouer dans cet avenir,

mais on parlera de cela dans la ‘Conclusion’.

En retournant aux conditions pratiques de travail, en ce qui concerne aux salaires, le cyberjournaliste

se trouve à un niveau similaire que le journaliste traditionnel, ou dans des certains cas avec des salaires

mineurs, car elle peut encore exister une image du cyberjournaliste comme quelqu’un qui n’est pas un

vrai journaliste parce qu’il ne travaille pas dans les médias traditionnels, qui dans cet image « à

l’ancien » sont toujours les seuls vrais médias. Heureusement, on pense que c’est une image qui est de

moins en moins présente dans le monde du journalisme et dans l’avis du public en général.

Ainsi, l’Ecole multimédia11 dit sur son fiche du métier cyberjournalistique qu’ « Un journaliste

online gagne entre 24 000 Euros et 40 000 Euros par an. Sa rémunération dépend du média pour lequel

il travaille et de sa notoriété personnelle ». Le site de Money Mag, moins optimiste (peut–être parce

qu’il n’est pas une école qui justement offre des cours de cyberjournalisme), dit que « Côté salaires,

tout dépend de l'employeur, du statut et de l'expérience du webrédacteur. Il peut travailler pour le site

d'un groupe de presse, d'un fournisseur d'accès, d'un portail, d'une institution publique, etc. Il peut être

pigiste (payé entre 45 € et 75 € environ le feuillet) ou cyberjournaliste permanent. Dans ce cas, les

débutants touchent entre le SMIC et 18 000 € par an, tandis que les plus aguerris peuvent prétendre à 11 Disponible en ligne sur http://www.ecole-multimedia.com/fiches/fiche_metier_16.html.

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environ 38 000 € annuels ». Par rapport à ces chiffres–là, on peut faire attention à la grille de salaires

d’un journaliste d’un quotidien parisien, selon la dernière étude du Syndicat national des journalistes

(SNJ)12, de novembre 2005, qui dit qu’elle oscille dès 20 000 € d’un stagiaire de première année aux

presque 60 000 € annuels d’un rédacteur en chef. Chiffres qui sont, comme on voit, toujours plus

grandes que celles qu’on a montré pour les cyberjournalistes. Malheureusement, le SNJ n’inclut sur son

site web aucune référence aux « cyberjournalistes ».

Pour finir avec la spécificité du cyberjournaliste face au journaliste classique, il faut aussi voir si le

métier du cyberjournaliste compte déjà avec une formation particulière différente de celle du journaliste

traditionnel et aussi si–t–elle existe déjà une bibliographie spécifique sur le métier du cyberjournaliste.

Sur la formation, on constate qu’il n’existe pas une formation totalement spécifique et séparée de

celle du journaliste dans le sens traditionnel, comme c’est normal car un « cyberjournaliste » est

toujours aussi un « journaliste ». Mais par contre il y a déjà plusieurs options pour se spécialiser dans le

journalisme « cyber » parmi des cours de spécialisation, masters et des autres compléments de

formation qui sont bien spécifiques du métier propre du cyberjournalisme, soit dans les écoles de

journalisme « officielles » soit dans des autres centres d’enseignement13.

En revanche, on peut facilement voir qu’il existe déjà une très longe bibliographie particulière sur le

cyberjournalisme. En commençant justement par l’Internet, où l’on peut trouver sur Google14 presque

32 000 références pour la recherche sur « cyberjournalisme OR cyberjournaliste ». Mais aussi dans les

livres, car on peut par exemple trouver dans la bibliothèque de l’Université Paris 8 plusieurs ouvres qui

traitent de ce sujet :

Journalisme et technologies nouvelles : les mutations obligées / Centre de recherche de l'Ecole

Supérieure de Journalisme de Lille (1998)

COURRIER, Serge, Internet pour les journalistes [Texte imprimé] / Serge Courrier (2004)

CRAIG, Richard, Online journalism [Texte imprimé] : reporting, writing and editing for new

media / Richard Craig (2004)

FOGEL, Jean-François, Une presse sans Gutenberg [Texte imprimé] / Jean-François Fogel, Bruno

Patino (2005)

12 Disponible en ligne sur http://www.snj.fr/article.php3?id_article=76. 13 On peut voir une très complète liste de tous ceux–ci sur le portail Cyberjournalisme.net, disponible en ligne sur http://www.cyberjournalisme.net/ressources_journalistiques/formation.html. 14 http://www.google.fr/search?hl=fr&q=cyberjournalisme+OR+cyberjournaliste&btnG=Recherche+Google&meta=.

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QUINN, Stephen, Convergent journalism [Texte imprimé] : the fundamentals of multimedia

reporting / Stephen Quinn (2005)

RINGOOT, Roselyne, dir., Le journalisme en invention [Texte imprimé] : nouvelles pratiques,

nouveaux acteurs / sous la direction de Roselyne Ringoot et Jean-Michel Utard (2005)

Le cyberjournalisme est, alors, une discipline qui est de plus en plus en train de se construire sa

propre spécificité parmi une formation particulière comme plus de celle du journaliste classique, et

aussi à travers d’une croissant bibliographie numérique et en papier sur toutes les questions qui

concernent à la nouvelle réalité journalistique que le cyberjournalisme représente.

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CONCLUSION

La conclusion qu’on a après ce travail c’est que le cyberjournalisme c’est bien déjà un nouveau

métier, mais qui reste encore très lié à celui du journaliste dit « traditionnel », car comme on a déjà dit,

un cyberjournaliste est toujours un journaliste. À niveau de la culture « Internet », de la formation et de

la bibliographie, on constate déjà l’existence de la spécialisation dans le journalisme « cyber », même si

peut–être il reste encore un rôle étrange pour certains secteurs du grand publique, qui peuvent encore

penser que un « cyberjournaliste » c’est « quelque chose » de moins qu’un « journaliste » tout court qui

travaille dans un média « traditionnel ». On voit aussi que ce manque de reconnaissance peut exister

aussi à niveau des salaires, qui selon les références qu’on a trouvé peuvent encore être mineurs à ceux

des journalistes « classiques ». Pour finir, on a vu que les principales différences entre le

cyberjournaliste et le journaliste traditionnel sont celles liées à la réalisation de son produit informatif,

car les textes « cyber » sont plus complexes et peuvent demander plus de travail que ceux

« traditionnels », en raison de ses caractéristiques spécifiques de multimédia, d’hypertextualité,

d’interactivité et de continue mise à jour.

Par rapport à la crise de crédibilité du journalisme qu’on a parlé plus avant, on peut aussi ajouter que

peut–être c’est justement le cyberjournalisme qui a un rôle très importante à jouer pour y aller vers une

nouvelle façon de faire journalisme qui surpasse le model classique. Les nouvelles capacités qu’elle

permettent l’écriture multimédia et l’Internet offrent des grandes possibilités aux cyberjournalistes pour

faire un journalisme multidirectionnel et plus interactif, où le public a, lui, aussi un rôle actif à jouer, et

non seulement celui de récepteur passif qui n’a pas de voix. Ainsi, ce serait un journalisme où les

informations circulent dans de plusieurs sens et où les « grandes » sources officielles ne sont pas les

seules à « construire » la réalité sociale et médiatique. Il y a déjà des expériences dans ce sens, comme

la place de plus en plus important que les médias présents sur l’Internet accordent à la participation du

public (comme les possibilités de réagir aux informations, de créer des blogs, de publier des photos…) ;

mais aussi des autres plus intrépides comme AgoraVox15, un journal en ligne qui permet aux internautes

de devenir des vrais rédacteurs. Par contre, ici on entre déjà dans un nouveau débat où les frontières

entre journaliste, cyberjournaliste et public sont encore plus floues, et cela annonce une nouvelle

conceptualisation du métier journalistique et cyberjournalistique. Mais cela sera déjà une autre question.

15 AgoraVox, le média citoyen. Disponible en ligne sur http://www.agoravox.fr/.

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Enfin, on a pensé de conclure ce dossier avec cela qu’elle dit l’École multimédia16 sur le profil du

cyberjournaliste, car il s’agit d’un regard très lucide su cette nouvelle figure :

« Comme son confrère de la presse traditionnelle, le cyberjournaliste est chargé, sous la tutelle du

responsable éditorial, de produire du contenu. Mais, sauf à travailler sur des sites d'informations «

pures », il est souvent confronté à un dilemme : le contenu a-t-il seulement un caractère informatif ou

s'intègre-t-il dans la stratégie marketing du produit multimédia ? La ligne séparant les deux domaines

est encore plus restreinte sur le Web. S'il veut prétendre à ce statut, le journaliste online, doit consacrer

l’essentiel de son travail à l'information. Il participe à l'élaboration de la ligne éditoriale et gère un

réseau de collaborateurs externes (pigistes, auteurs–concepteurs) tout en rédigeant lui-même ses

articles. Il peut être responsable d'une rubrique spécifique. Mais si le fond de son travail - recueillir

l'information et la traiter, vérifier ses sources, ne change pas, sur la forme, il n'écrit plus ses articles de

manière linéaire, mais joue avec les liens hypertextes, raccourcit les textes et les illustre de photos

d'infographies, d'animations, pour améliorer les conditions de lecture. Il utilise différents médias pour

attirer le regard du lecteur. De plus, le contenu d'un site doit être renouvelé quotidiennement et les

journalistes privilégient le traitement rapide de l'information plutôt que les dossiers de fond. Enfin, le

journaliste online abandonne l'investigation et recueille les informations de leur bureau ».

16 Disponible en ligne sur http://www.ecole-multimedia.com/fiches/fiche_metier_16.html.