le gleau florent

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d’ordre : 40831 ÉCOLE DES MINES DE DOUAI UNIVERSITÉ LILLE 1 SCIENCES ET TECHNOLOGIES THÈSE présentée en vue d’obtenir le grade de DOCTEUR en Spécialité : Optique et Laser, Physicochimie, Atmosphère par Florent LE GLÉAU DOCTORAT DÉLIVRÉ CONJOINTEMENT PAR L’ÉCOLE DES MINES DE DOUAI ET L’UNIVERSITÉ LILLE 1 Étude d'un dispositif de traitement de fumées issues de l’incinération de déchets industriels spéciaux Soutenue le 25 Juin 2012 devant le jury d’examen : Président Laurent GASNOT, Professeur, PC2A, Lille Rapporteur Laurence LE COQ, Professeure, GEPEA, École des Mines de Nantes Rapporteur Gwénaëlle TROUVÉ, Professeure, LGRE, Mulhouse Examinateur Mazen AL HADDAD, Docteur, Leroux et Lotz Technologies, Eybens Examinateur Sébastien CAILLAT, Maître-assistant, DEI, École des Mines de Douai Examinatrice Esperanza PERDRIX, Maître-assistante, DCE, École des Mines de Douai Directeur de thèse Jean-François PAUWELS, Professeur, PC2A, Lille Laboratoires d’accueil : les Départements Chimie et Environnement et Énergétique Industrielle de l’École des Mines de Douai et le laboratoire de PhysicoChimie des Processus de Combustion et de l'Atmosphère (PC2A) de l'Université Lille 1 École Doctorale SMRE 104 (Lille I, Artois, ULCO, Chimie Lille)

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  • N dordre : 40831

    COLE DES MINES DE DOUAI

    UNIVERSIT LILLE 1 SCIENCES ET TECHNOLOGIES

    THSE

    prsente en vue

    dobtenir le grade de

    DOCTEUR

    en

    Spcialit : Optique et Laser, Physicochimie, Atmosphre

    par

    Florent LE GLAU

    DOCTORAT DLIVR CONJOINTEMENT

    PAR LCOLE DES MINES DE DOUAI ET LUNIVERSIT LILLE 1

    tude d'un dispositif de traitement de fumes issues de

    lincinration de dchets industriels spciaux

    Soutenue le 25 Juin 2012 devant le jury dexamen :

    Prsident Laurent GASNOT, Professeur, PC2A, Lille

    Rapporteur Laurence LE COQ, Professeure, GEPEA, cole des Mines de Nantes

    Rapporteur Gwnalle TROUV, Professeure, LGRE, Mulhouse

    Examinateur Mazen AL HADDAD, Docteur, Leroux et Lotz Technologies, Eybens

    Examinateur Sbastien CAILLAT, Matre-assistant, DEI, cole des Mines de Douai

    Examinatrice Esperanza PERDRIX, Matre-assistante, DCE, cole des Mines de Douai

    Directeur de thse Jean-Franois PAUWELS, Professeur, PC2A, Lille

    Laboratoires daccueil : les Dpartements Chimie et Environnement et nergtique

    Industrielle de lcole des Mines de Douai et le laboratoire de PhysicoChimie des Processus

    de Combustion et de l'Atmosphre (PC2A) de l'Universit Lille 1

    cole Doctorale SMRE 104 (Lille I, Artois, ULCO, Chimie Lille)

  • 0

  • ii

    Remerciements

    Je remercie Jean-Claude Galloo, ancien directeur du Dpartement Chimie et Environnement

    de l'cole des Mines de Douai, Patrice Coddeville, son successeur, Jean-Luc Harion, directeur

    du Dpartement nergtique Industrielle de l'cole des Mines de Douai et Jean-Franois

    Pauwels, directeur du PC2A de l'universit de Lille 1 de m'avoir accueilli au sein de leur

    laboratoires.

    Je remercie galement le Ministre de l'Industrie pour le financement de ma thse et le

    programme de recherche IRENI pour le soutien financier. Je remercie galement la socit

    Maguin pour son soutien logistique, notamment lors des campagnes de mesures.

    J'adresse tous mes remerciements Jean-Franois Pauwels pour avoir dirig mes travaux de

    thse. J'exprime toute ma reconnaissance mes trois encadrants de thse qui m'ont soutenu

    tout au long de ces trois annes (et un peu plus) de thse. Merci donc Sbastien Caillat,

    Laurent Gasnot et Esperanza Perdrix pour leur patience, leurs nombreux conseils et leurs

    encouragements.

    Un grand merci Jos Diez (Maguin) pour son aide lors des prlvements de solides sur

    l'incinrateur, Damien Betrancourt pour son aide concernant l'ensemble des analyses

    physiques (DRX, Fluo X, MEB) et Bruno Malet pour son soutien pour les analyses par ICP-

    OES et Chromatographie ionique.

    Je tiens remercier Thierry Lonardis pour son expertise et ses nombreux conseils qui m'ont

    permis de raliser mon montage au laboratoire. Merci Daniel Lardillier pour ses conseils et

    son aide sur l'utilisation de la chromatographie ionique, merci aussi pour le caf du matin

    pendant mes deux premires annes.

    Merci lensemble du dpartement CE, et en particulier Laurent Alleman et Paul Gravejat

    pour leurs aides et leurs conseils.

    Je remercie l'ensemble du groupe combustion du dpartement EI et en particulier Thomas, Lat

    Grand, Peter et Tudor pour leur bonne humeur et leur soutien.

    Je tiens galement remercier les doctorants de DCE, tout d'abord ceux qui m'ont support

    successivement dans leur bureau, l'tage : Mokhtar (les premiers moments l'cole), Julien

    (le temps d'un post-doc), Guillaume (jusqu' ce que le bureau change de couleur). Puis au rez-

    de-chausse, Marius (grce qui la Roumanie n'a plus de secret pour moi ou presque),

    Nourredine (presque parti), Zaher (et ses geles magiques ). Merci Marie (et ses bons

    petits plats du midi !), Aude et Tristan (et les runions Esprance du Vendredi soir), Kvin (et

    le p'tit caf de l'aprm) enfin un grand merci Vincent (l'autre Brestois !)

    Et merci tous les autres : Giovani, Jrmy, Jolle, Trin, Alodie, Anas, Olivier, Stphanie,

    Warda, Fred, Hichem, Nabil, Saliou.

  • iii

    galement une pense pour les collocs rue du faubourg de Bthune (Romain, Thomas et

    Thomas) pour les jeudis cin et autres

    Je remercie toutes celles et ceux qui m'ont aid ou soutenu pendant ma thse et que j'aurais

    oubli de citer.

    Et enfin, pour leur soutien sans faille en toute circonstance, un grand merci mes parents,

    La, Gautier et Lucie (et Simon!).

  • i

    TABLE DES MATIRES

    ABRVIATIONS .............................................................................................................. vii

    FORMULES CHIMIQUES DES ESPCES MINRALES .......................................... viii

    INTRODUCTION ................................................................................................................1

    CHAPITRE 1 : GNRATION ET TRAITEMENT DES FUMES

    D'INCINRATION DE DCHETS INDUSTRIELS .........................................................5

    1 L'incinration des dchets industriels ...............................................................................8

    1.1 Les dchets ...............................................................................................................8

    1.1.1 Les dchets industriels banals .............................................................................9

    1.1.2 Les dchets industriels spciaux ....................................................................... 10

    1.1.3 Les dchets d'animaux ...................................................................................... 11

    1.1.4 Les boues de station d'puration ....................................................................... 13

    1.2 Les installations industrielles d'incinration ............................................................. 14

    1.3 Mcanismes de formation des principaux polluants gazeux ..................................... 16

    1.3.1 Les gaz acides .................................................................................................. 16

    1.3.2 Les oxydes d'azote............................................................................................ 17

    1.3.3 Les composs organiques ................................................................................. 20

    1.4 Composition et origines de la phase particulaire ...................................................... 21

    1.4.1 Composition majoritaire des cendres volantes .................................................. 22

    1.4.2 Les mtaux dans les particules solides .............................................................. 24

    1.4.3 Les suies .......................................................................................................... 25

    1.5 Cas particuliers : l'incinration des farines animales et des boues de STEP .............. 25

    1.5.1 Incinration des farines..................................................................................... 25

    1.5.2 Incinration des boues de STEP........................................................................ 30

    2 Les systmes de traitement des fumes .......................................................................... 32

    2.1 Traitement des gaz acides par le carbonate de sodium ............................................. 34

    2.1.1 Le Carbonate de sodium : Na2CO3 .................................................................... 34

    2.1.2 Mise en uvre du traitement par le bicarbonate de sodium ............................... 35

    2.1.3 Ractions chimiques mises en jeu ..................................................................... 37

    2.1.4 tude de la ractivit de Na2CO3 en laboratoire ................................................ 37

    2.1.5 Avantages et inconvnients de l'utilisation du bicarbonate de sodium par rapport

    d'autres adsorbants solides ...................................................................................... 39

    2.1.6 Rle des cendres volantes ................................................................................. 41

    2.2 Traitement des oxydes d'azote par SCR ................................................................... 41

    2.2.1 Principe de dcomposition de l'ure .................................................................. 41

    2.2.2 Catalyseurs utiliss pour la rduction slective des oxydes d'azote .................... 43

    Conclusions du chapitre 1 et plan de travail ...................................................................... 45

    Rfrences du chapitre 1 ................................................................................................... 47

  • ii

    CHAPITRE 2 : MATRIELS ET MTHODES D'CHANTILLONNAGE ET

    D'ANALYSE SUR SITE ET EN LABORATOIRE .......................................................... 59

    1 chantillonnage et analyse sur site industriel ................................................................. 62

    1.1 Analyse in-situ des gaz ............................................................................................ 62

    1.1.1 Conditionnement des gaz.................................................................................. 62

    1.1.2 L'analyseur multi-gaz Horiba PG-250 ............................................................... 64

    1.1.3 Caractrisation des mesures par Horiba PG-250 ............................................... 67

    1.2 Prlvement de solides sur site industriel ................................................................ 68

    1.2.1 Prlvement des solides en vrac........................................................................ 69

    1.2.2 Prlvement isocintique des poussires ........................................................... 69

    1.3 Prlvement de l'eau et HCl dans les fumes ........................................................... 72

    2 chantillonnage et analyses en laboratoire ..................................................................... 74

    2.1. Prtraitements ........................................................................................................ 74

    2.2 Analyse immdiate .................................................................................................. 75

    2.3 Analyse semi-quantitative par fluorescence X ......................................................... 75

    2.3.1 Principe gnral de la fluorescence X ............................................................... 75

    2.3.2 Dispositif exprimental .................................................................................... 76

    2.4 Analyse par spectromtrie d'mission atomique de plasma couplage inductif ........ 78

    2.4.1 Principe de l'ICP-OES ...................................................................................... 78

    2.4.2 Dispositif exprimental .................................................................................... 78

    2.5 Analyse par Chromatographie Ionique .................................................................... 80

    2.5.1 Principe de la chromatographie ionique ............................................................ 80

    2.5.2 Dispositif exprimental .................................................................................... 81

    2.6 Analyse cristallographique par diffraction des rayons X .......................................... 83

    2.6.1 Principe de la diffraction des rayons X ............................................................. 83

    2.6.2 Dispositif exprimental .................................................................................... 83

    2.7 Imagerie par microscope lectronique balayage et analyse lmentaire par

    spectroscopie de rayon X dispersion d'nergie ............................................................ 84

    2.7.1 Principe de la Microscopie Electronique Balayage ......................................... 84

    2.7.2 Dispositif exprimental .................................................................................... 85

    2.8 Analyse morphologique de particules ...................................................................... 87

    2.8.1 Mesure par granulomtrie laser ........................................................................ 87

    2.8.2 Analyse BET (Brunauer, Emmett, Teller) ......................................................... 87

    Conclusion sur les mthodes d'analyses utilises ........................................................... 88

    Rfrence du chapitre 2 .................................................................................................... 89

    CHAPITRE 3 : CARACTRISATION D'UN INCINRATEUR DE DCHETS

    INDUSTRIELS SPCIAUX ET DE SON SYSTME DE TRAITEMENT DE FUMES

    ............................................................................................................................................. 93

    1 Prsentation de l'incinrateur de dchets industriels spciaux ......................................... 97

    1.1 Originalit du systme de traitement des fumes ..................................................... 99

    1.2 Droulement de la campagne de mesures .............................................................. 102

    1.3 Caractrisation des combustibles incinrs et des fumes gnres ........................ 104

  • iii

    1.3.1 Les combustibles ............................................................................................ 104

    1.3.2 Espces gazeuses dans les fumes en sortie de chaudire ................................ 105

    1.4 Efficacit du traitement des fumes ....................................................................... 114

    1.4.1 Teneurs en O2 et CO2 en sortie des deux filtres ............................................... 115

    1.4.2 Calcul des rendements d'abattement partir des concentrations mesures ....... 119

    1.5 tude des dchets ultimes gnrs par la co-incinration de FVO et de boues de

    STEP .......................................................................................................................... 123

    1.5.1 tude de la composition des REFIDIS : cendres volantes et rsidus sodiques du

    traitement des gaz acides ......................................................................................... 124

    1.5.2 Voies de valorisation possibles des dchets ultimes ........................................ 129

    2 Bilan de matire sur les lments quantifis ................................................................. 130

    2.1 Dfinition du systme ........................................................................................... 130

    2.2 Estimation des dbits d'entres et de sorties ........................................................... 132

    2.3 Rsultats et cohrence du bilan de matire ............................................................ 135

    2.4 Bilan sur la production de dchets ultimes ............................................................. 139

    Conclusion de l'tude de l'incinrateur industriel ............................................................. 140

    Rfrences ...................................................................................................................... 141

    Chapitre 4 : Exprimentation en laboratoire de l'adsorption - raction des gaz sur le

    gteau de filtration ........................................................................................................... 145

    1 Matriels et mthodes .................................................................................................. 151

    1.1 Montage de laboratoire.......................................................................................... 151

    1.2 Description des tests d'adsorption de gaz dans un racteur en lit fixe ..................... 155

    1.2.1 Diffrents types de milieux ractionnels tudis ............................................. 155

    1.2.2 Dcomposition du bicarbonate de sodium....................................................... 157

    1.2.3 Protocole d'analyse ......................................................................................... 158

    2 Caractrisation de la mesure des gaz ............................................................................ 159

    2.1 Temps de rponse ................................................................................................. 159

    2.2 Identification des interfrences de mesure ............................................................. 161

    2.2.1 Erreurs de mesure dues au conditionneur de gaz pour des fumes humides ne

    contenant pas d'ammoniac ....................................................................................... 162

    2.2.2 Erreur de mesures due au conditionneur de gaz pour des fumes humides

    contenant de l'ammoniac ......................................................................................... 165

    2.2.3 Conclusion sur les risques d'erreurs induits ..................................................... 167

    3 Adsorption des gaz ...................................................................................................... 169

    3.1 Exemple de rsultats dun test dadsorption de gaz ................................................ 169

    3.2 Extrapolation des courbes de perce ...................................................................... 171

    3.3 Effets de la quantit d'adsorbant et de la temprature sur l'adsorption de SO2 par

    Na2CO3 pour des gaz secs ........................................................................................... 172

    3.3.1 Rsultats des tests d'adsorption ....................................................................... 172

    3.3.2 Discussion de l'effet de la temprature sur l'adsorption de SO2 par Na2CO3 en

    condition de gaz secs............................................................................................... 174

    3.3.3 Calcul d'incertitude sur les quantits de SO2 adsorbe .................................... 175

  • iv

    3.4 Adsorption des NOx sur Na2CO3 300 C en conditions de gaz secs .................... 176

    3.5 Effet de l'humidit sur l'adsorption de NO2, SO2 et NO2/SO2 sur Na2CO3 300 C178

    3.5.1 Rsultats des tests d'adsorption en conditions de gaz humides ........................ 178

    3.5.2 Discussion sur l'effet de l'humidit sur le pigeage de SO2 par Na2CO3 .......... 180

    3.6 Conclusion de l'tude sur l'adsorption des gaz ....................................................... 183

    4 Modlisation de l'adsorption de SO2 sur Na2CO3.......................................................... 184

    4.1 Modle de chimie-transport ................................................................................... 184

    4.1.1 Modle de transfert......................................................................................... 184

    4.1.2 Cintique de la raction .................................................................................. 186

    4.2 Modle du grain cur rtrcissant ...................................................................... 186

    4.2.1 Modle gnral ............................................................................................... 186

    4.2.2 Cas o l'tape limitante de la cintique est la diffusion interne ........................ 189

    4.3 Rsultats du modle de chimie transport................................................................ 190

    4.3.1 Paramtres du modle .................................................................................... 190

    4.3.2 Rsultats du modle pour des gaz secs ............................................................ 190

    4.3.3 Rsultats du modle pour des gaz humides ..................................................... 192

    4.4 Rsultats du modle du grain cur rtrcissant ................................................... 193

    4.4.1 Rsolution du modle ..................................................................................... 193

    4.4.2 Rsultats du modle pour des gaz secs ............................................................ 194

    4.4.3 Rsultats du modle pour des gaz humides ..................................................... 196

    4.5 Comparaison des deux modles ............................................................................. 197

    Conclusion chapitre 4 ..................................................................................................... 198

    Rfrences du chapitre 4 ................................................................................................. 201

    CONCLUSION ................................................................................................................. 205

    LISTE DES FIGURES ..................................................................................................... 211

    LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................. 215

    Annexes ............................................................................................................................. 219

  • v

  • vi

  • vii

    ABRVIATIONS

    ATG Analyse ThermoGravimtrique

    BET Brunauer, Emmett, Tellet (analyse de surface spcifique)

    BREF Best available techniques REFerence document (document de rfrence

    europen sur les meilleures techniques disponibles)

    CID Charge Injection Device (Dtecteur Injection de Charge)

    COV Composs Organiques Volatils

    DeNOx Systme de traitement des oxydes d'azotes par rduction

    DIB Dchets Industriels Banals

    DIS Dchets Industriels Spciaux

    DRX Diffraction des Rayon X

    EPA Environmental Protection Agency

    ESB Encphalopathie Spongiforme Bovine

    EST Encphalopathie Spongiforme Transmissible

    FC Filtre constitu de bougies en Cramique

    FCC Filtre constitu de bougies en Cramique Catalytique

    FVO Farines de Viandes et d'Os

    HAP Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques

    ICP-OES Inductively Coupled Plasma Optical Emission Spectrometry

    INSEE Institut National de la Statistique et tudes conomiques

    LD Limite de Dtection

    LQ Limite de Quantification

    MBM Meat and Bone Meal

    MCSC Mchefers et Cendres Sous Chaudire

    MEB Microscope lectronique Balayage

    NDIR NonDispersive InfraRed

    NIST National Institute of Standards and Technology

    p.a.f. Perte au feu

    PAT Protines Animales Transformes

    PCDD/F PolyChloroDibenzo Dioxines/Furanes

    PCI Pouvoir Calorifique Infrieur

    REFIDI(S) Rsidus de FIltration des Dchets Industriels (Spciaux)

    REFIOM Rsidus dpuration des Fumes d'Incinration dOrdures Mnagres

    SCR Selective Catalytic Reduction : rduction catalytique des NOx

    SDE Spectroscopie Dispersion d'nergie

    SNCR Selective Non Catalytic Reduction : rduction non catalytique des NOx

    STEP STation d'Puration

  • viii

    FORMULES CHIMIQUES DES ESPCES MINRALES

    Nom Espce minrale Formule chimique

    Bicarbonate de sodium NaHCO3

    Carbonate de calcium Calcite CaCO3

    Carbonate de sodium Na2CO3

    Chaux (vive) CaO

    Chaux (teinte) Ca(OH)2

    Chlorure de sodium NaCl

    Diphosphate de calcium Whitlockite Ca3(PO4)2

    Fluorure de sodium NaF

    Magnsie MgO

    Oxyde de silicium Quartz SiO2

    Sulfate de sodium Na2SO4

    Sulfite de sodium Na2SO3

    Triphosphate de calcium Hydroxylapatite Ca5(PO4)3(OH)

    Trona Na3(CO3)(HCO3).2H2O

  • ix

  • x

  • 1

    INTRODUCTION

  • 2

  • 3

    Introduction

    Les Dchets Industriels Spciaux (DIS) peuvent prsenter des caractristiques physico-

    chimiques trs diverses et gnrer, par combustion, des fumes de composition spcifique, en

    fonction des lments chimiques prsents, des tempratures de combustion atteintes et des

    mcanismes de combustion mis en jeu, notamment. Le caractre dangereux de ce type de

    dchet requiert en outre des procds de combustion et de traitement des fumes

    particulirement efficaces. Bien que les fumes gnres ne soient pas systmatiquement

    aussi dangereuses que les combustibles incinrs, ce type dinstallation doit comporter un

    systme de traitement des fumes performant, permettant de respecter les exigences de la

    rglementation en termes d'missions.

    Parmi les principaux polluants gnrs par l'incinration, les particules reprsentent un risque

    pour la sant humaine. En effet, en fonction de leur taille, elles peuvent pntrer plus ou

    moins profondment dans l'appareil respiratoire et avoir des effets physiques (irritation) voire

    toxiques en fonction de leur composition. Les composs gazeux peuvent galement

    reprsenter un risque pour la sant et l'environnement. C'est notamment le cas des gaz acides,

    tels que le dioxyde de soufre (SO2) en prsence de vapeur d'eau et le chlorure d'hydrogne

    (HCl), ou des oxydes d'azote (NOx) qui sont en grande partie responsables des phnomnes

    de pluies acides. Les NOx peuvent galement entrainer la formation d'ozone troposphrique

    ou darosols secondaires. Les missions atmosphriques de ces polluants par des installations

    industrielles sont rglementes aux niveaux national et europen. Un certain nombre de

    techniques ont donc t dveloppes afin de limiter ces missions de manire efficace.

    Ce travail de thse porte sur la caractrisation du traitement des fumes dune installation

    industrielle de co-incinration de farines animales, dorigine porcine, et de boues dune

    station dpuration (STEP), traitant les eaux dun abattoir et dune usine de transformation de

    produits porcins. Cet incinrateur de DIS, ddi majoritairement au traitement de farines

    animales, est unique en France. Son systme de traitement des fumes, modifi en 2008,

    comporte un module de filtration catalytique, de conception rcente, sur lequel peu

    dexprience a t ce jour capitalise. Des travaux antrieurs ont tudi les caractristiques

    des rsidus ultimes solides, gnrs par cet incinrateur, en vue de dfinir des voies de

    valorisation possibles. Cependant aucune des ces tudes na port sur la caractrisation des

    performances du systme de traitement des fumes, en particulier dans sa configuration

    actuelle.

    Les objectifs de ce travail ont t :

    de caractriser par des mesures sur site la distribution massique des 12 principaux

    lments chimiques constitutifs des combustibles (C, H, O, N, S, Cl, Na, K, Ca, P, Fe

    et Si) entre les diffrents flux gazeux et solides du systme et den dduire les

    spcificits ventuelles des fumes et des rsidus solides, issus de la co-incinration de

    farines animales et de boues de STEP industrielle.

  • 4

    de comparer sur site lefficacit de deux systmes de traitement des gaz acides et des

    oxydes dazote (NOx), mis en uvre en parallle aprs l'injection de bicarbonate de

    sodium servant la neutralisation des gaz acides :

    - lun compos dune filtration sur bougies en cramique, puis dune rduction

    slective catalytique (SCR) des NOx par lure dans un racteur SCR;

    - lautre combinant la filtration et la SCR dans un mme filtre catalytique, constitu

    de bougies en cramique imprgnes de catalyseur.

    de modliser la phase dadsorption de SO2 sur le carbonate de sodium solide, issu de

    la dcomposition thermique in situ du bicarbonate de sodium, dans des conditions de

    temprature et de composition en gaz variables et reprsentatives des conditions

    industrielles, partir dun nouveau dispositif exprimental de laboratoire permettant

    un coulement des gaz travers un lit fixe de particules solides.

    Ce mmoire de thse est divis en quatre chapitres :

    Le premier chapitre est une prsentation de la gnration et du traitement des fumes issues de

    l'incinration de dchets industriels spciaux. Les mcanismes de formation des principaux

    polluants gnrs par le processus d'incinration et leurs diffrents systmes de traitement y

    sont prsents ainsi que la lgislation encadrant leurs missions atmosphriques par des

    incinrateurs.

    Le deuxime chapitre recense les diffrentes techniques d'analyses, physiques et chimiques,

    utilises pendant ce travail de thse. Ces diffrentes mthodes ont t utilises lors des

    campagnes de mesures sur l'incinrateur industriel tudi ou lors dexprimentations au

    laboratoire.

    Le troisime chapitre est consacr la caractrisation des flux de l'incinrateur industriel de

    dchets spciaux. Dans un premier temps, une description dtaille de l'installation a t

    effectue ; les performances de son systme de traitement des fumes ont t values. Dans

    un second temps, la composition des dchets ultimes a t tudie afin de proposer des voies

    de valorisation supplmentaires. Finalement, les flux de matire ont t quantifis, en se

    basant sur le bilan de matire de l'installation.

    Le quatrime chapitre correspond l'tude de la raction de SO2 gazeux avec Na2CO3 solide,

    ralise sur un nouveau dispositif exprimental de laboratoire. Ce banc nous a permis de

    caractriser diffrentes sources d'incertitudes des mesures de SO2 et de NOx. Ensuite, des

    expriences d'adsorption de SO2 sur Na2CO3 ont t effectues pour diffrentes tempratures

    et compositions de gaz. Enfin, cette raction a t modlise au moyen de deux approches

    distinctes, d'une part avec un modle de chimie-transport et d'autre part avec un modle de

    grain cur rtrcissant .

  • 5

    CHAPITRE 1 : GNRATION ET

    TRAITEMENT DES FUMES

    D'INCINRATION DE DCHETS

    INDUSTRIELS

  • 6

  • 7

    CHAPITRE 1 : GNRATION ET TRAITEMENT DES FUMES

    D'INCINRATION DE DCHETS INDUSTRIELS .........................................................5

    1 L'incinration des dchets industriels ...............................................................................8

    1.1 Les dchets ...............................................................................................................8

    1.2 Les installations industrielles d'incinration ............................................................. 14

    1.3 Mcanismes de formation des principaux polluants gazeux ..................................... 16

    1.4 Composition et origines de la phase particulaire ...................................................... 21

    1.5 Cas particuliers: l'incinration des farines animales et des boues de STEP ............... 25

    2 Les systmes de traitement des fumes .......................................................................... 32

    2.1 Traitement des gaz acides par le carbonate de sodium ............................................. 34

    2.2 Traitement des oxydes d'azote par SCR ................................................................... 41

    Conclusions du chapitre 1 et plan de travail ...................................................................... 45

    Rfrences du chapitre 1 ................................................................................................... 47

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    8

    Ce premier chapitre prsente une tude bibliographique sur la gnration et le traitement des

    fumes issues de l'incinration de dchets industriels spciaux. En effet, il existe diffrentes

    voies de traitement des dchets industriels spciaux, notamment l'incinration. Les fumes

    dincinration peuvent contenir des polluants et prsenter un danger pour la sant et

    l'environnement. Les missions de polluants doivent donc tre limites et sont rglementes

    par plusieurs directives et arrts. Afin de respecter les valeurs limites d'mission, diffrentes

    mthodes de traitement ciblant chaque polluant sont dveloppes et mises en uvre.

    Nous avons tudi, pendant cette thse, le fonctionnement dun incinrateur de farines

    animales et de boues de station d'puration en mlange, constitu d'un four rotatif et d'un

    systme de traitement combin des gaz acides et des oxydes d'azote, respectivement par

    neutralisation au bicarbonate de sodium et par rduction catalytique lure.

    Nous prsenterons dans un premier temps l'incinration des dchets industriels en particulier

    par four rotatif, les missions que cela gnre notamment lors de la combustion des farines

    animales et des boues de station dpuration, ainsi que les lgislations et rglementations qui

    encadrent son fonctionnement. La seconde partie du chapitre dressera un bilan des traitements

    des gaz acides par voie sche et notamment par le carbonate de sodium solide (Na2CO3), puis

    prsentera le traitement des oxydes d'azotes (NOx), en particulier par rduction catalytique

    (Selective Catalytique Reduction, SCR). Enfin, nous conclurons en rsumant les fondements

    de ltude et en dtaillant le plan de travail.

    1 L'incinration des dchets industriels

    Malgr les efforts engags pour diminuer la quantit de dchets produits, que ce soit la

    source ou par des systmes de tri permettant une revalorisation de la matire, l'incinration est

    la seule valorisation possible d'une partie des dchets gnrs par les activits industrielles. Ce

    choix peut tre justifi par des motifs sanitaires (exemple des dchets dactivits de soin

    risques infectieux), par des critres technico-conomiques lies un pouvoir calorifique lev

    (exemple des huiles noires ou des pneumatiques usags) ou par des raisons environnementales

    afin de diminuer le volume et la masse des dchets ultimes placs en centre denfouissement

    technique (cest--dire in fine de rduire les cots de transport et de stockage).

    1.1 Les dchets

    Selon le Code de l'Environnement (Art. L541-1-1), un dchet est dfini comme tant toute

    substance ou tout objet, ou plus gnralement tout bien meuble, dont le dtenteur se dfait ou

    dont il a l'intention ou l'obligation de se dfaire . Derrire cette dfinition trs gnrale se

    trouvent des dchets trs varis, rpartis suivant diffrentes classifications qui se superposent,

    en fonction notamment de leur provenance, de leur dangerosit et du type de risque qu'ils

    reprsentent (Dcret no 2002-540 relatif la classification des dchets).

    Selon leur provenance, on distingue donc les dchets :

    des mnages ;

    des collectivits locales ;

    des industries.

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    9

    Les dchets industriels sont galement classs selon leur dangerosit :

    les dchets industriels inertes (ex : gravats, briques), qui se prsentent sous forme solide et

    sont inertes physiquement, chimiquement et biologiquement. Ils sont rglementairement

    dfinis par la directive no 1999/31/CE relative la mise en centre denfouillissement

    technique (CET) de dchets et par la dcision no 2003/33/CE qui tablit des critres et des

    procdures dadmission des dchets dans les dcharges, uniquement par rapport cette

    filire dlimination.

    les dchets industriels banals (DIB), assimilables des dchets mnagers : dchets

    demballages, chutes et rebuts de fabrication des activits manufacturires (Figure 1.1).

    les dchets industriels spciaux (DIS) ou dangereux : dchets susceptibles de causer des

    nuisances, ncessitant un traitement particulier (directive no 91/689/CEE).

    On retrouve ces dfinitions pour le classement des dcharges, en trois types :

    Classe I : destin au DIS,

    Classe II : pour les DIB et assimils,

    Classe III : pour les dchets inertes.

    1.1.1 Les dchets industriels banals

    La production nationale de DIB des entreprises industrielles et commerciales de plus de 10

    salaris tait estime 21,7 millions de tonnes en 2004, dont 4,9 millions d'emballages

    (Ademe, 2004). Grce une plus faible production de dchets et un meilleur tri, la quantit

    de DIB gnrs en France en 2008 a t rduite 16,9 millions de tonnes selon l'Institut

    National de Statistique et tudes conomique (INSEE). La majorit (71 %) des DIB est

    recycle et la matire valorise (Figure 1.2). Mais la part de dchets valorise est ingale en

    fonction du type de dchet, le recyclage concernant principalement les dchets mtalliques, le

    bois, les papiers et les boues. La valorisation nergtique et l'incinration sans valorisation

    nergtique reprsentent environ 20 % de la masse et concernent principalement le bois, les

    boues et les mlanges de dchets banals.

    2008

    14,9 %13,8 %

    27,3 %

    3,2 %

    2,1 %

    38,1 %

    0,6 %

    0,2 %

    Bois

    Mlange

    Papiers-cartons

    Mtaux

    Plastiques

    Verre

    Textiles

    Caoutchouc

    Figure 1.1 Principaux dchets industriels banals en France (INSEE, 2008)

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    10

    55.7%

    15.3%

    4.5%

    10.7%

    5.8%6.8% 0.3%

    0.9%

    Recyclage, valorisation matire, pandage

    Valorisation nergtique

    Incinration sans valorisation nergtique

    Mise en dcharge

    Centre de tri ou dchterie

    Station d'puration

    Compostage

    Mthanisation

    Figure 1.2 Destination des dchets non dangereux en France (INSEE, 2008)

    1.1.2 Les dchets industriels spciaux

    La totalit des dchets dangereux (mnagers et industriels) reprsentait environ 3 % de la

    masse totale de dchets gnre en Europe en 2006 (Kloek et Blumenthal, 2009). Le rapport

    valuation de la production nationale des dchets des entreprises en 2004 de l'Ademe

    rapporte que les entreprises industrielles et de commerce de plus de dix salaris produisent

    environ 3,6 millions de tonnes de Dchets Industriels Spciaux (DIS) par an en France. Les

    deux principaux secteurs gnrateurs de dchets dangereux sont la chimie/le raffinage et la

    mtallurgie/le travail des mtaux (Figure 1.3). Les secteurs de la chimie et du raffinage

    gnrent principalement des dpts et rsidus chimiques, des solvants et des boues. La

    mtallurgie produit dimportantes quantits de rsidus doprations thermiques, de dchets

    minraux et de dchets salins, acides et bases.

    En dehors de ces deux secteurs, il est noter que les industries agricoles et alimentaires, ainsi

    que celles du papier, du carton, de ldition et de limprimerie gnrent principalement des

    boues.

    4 %

    9 %

    39 %

    11 %

    3 %3 %

    31 %

    Chimie, raffinage

    Mtallurgie et travail des mtaux

    Fabrication de matriels de transport

    Industries agricoles et alimentaires

    Papier, carton, dition et imprimerie

    Equipements lectriques et lectroniques

    Autres

    Figure 1.3 Origines des Dchets Industriels Spciaux (DIS) en France (Ademe, 2004)

    Les principaux modes dlimination des dchets dangereux sont lincinration (39 % des

    tonnages dont 64 % avec valorisation nergtique) et la valorisation matire (26 % des

    tonnages). On observe tout de mme que 13 % des dchets dangereux sont stocks en

    dcharge de classe I (spcifique aux dchets industriels spciaux)(Figure 1.4), essentiellement

    sous la forme de boues, de rsidus doprations thermiques et de dchets minraux (Figure

    1.5).

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    11

    14 %

    13 %

    26 %

    25 %

    6 %

    7 %9 %

    Valorisation matireValorisation nergtiqueIncinrationDchargeTriNon renseignPhysico-chimique

    Figure 1.4 Destination des DIS en France (Ademe, 2004)

    36

    153

    157

    105

    122

    54

    208

    96

    80

    197

    62

    162

    88

    285

    49

    21

    22

    81

    76

    1

    133

    90

    21

    206

    28

    55

    26

    24

    60

    34

    32

    27

    17

    40

    94

    40

    9

    145

    26

    23

    64

    14

    14

    208

    6 6

    7

    5

    16

    15

    0 100 200 300 400 500 600 700 800

    Huile

    sDch

    ets m

    inrau

    x

    Rsid

    us d'

    opra

    tions

    therm

    iques

    Solva

    nts

    Dch

    ets sa

    lins,

    acide

    s et b

    ases

    Dch

    ets de

    prp

    arati

    on ch

    imiqu

    e

    Boue

    s

    Dp

    ts et

    rsidu

    s chim

    iques

    Masse de dchets traits en milliers de tonnes par an

    Valorisation matire Valorisation nergtique Incinration Dcharge Tri Non renseign Physico-chimique Autre mode

    Figure 1.5 Destinations des DIS en fonction de leur nature en France (Ademe, 2004)

    1.1.3 Les dchets d'animaux

    Plusieurs types de dchets spciaux font l'objet de lgislations particulires. C'est le cas des

    dchets d'animaux qui prsentent un risque biologique particulier. Leur gestion est

    rglemente par la directive no 90/667/CEE du 27 novembre 1990. Elle dfinie les rgles

    sanitaires relatives l'limination et la transformation de dchets d'animaux, leur mise sur

    le march et la protection contre les agents pathognes des aliments d'origine animale pour

    animaux.

    Le rglement Europen 1774/2002, en vigueur depuis 1er

    mai 2003, divise les sous-produits

    d'animaux en trois catgories :

    Catgorie 1 : toutes parties du corps d'un animal suspect d'tre infect par une

    Encphalopathie Spongiforme Transmissible (EST) ou pour lequel une EST a t

    confirme, les animaux autres que les animaux d'levages, les mlanges de matires

    contenant des matires de catgorie 1 ;

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    12

    Catgorie 2 : Lisier et contenu de l'appareil digestif, toutes les matires d'origines animales

    recueillies lors du traitement des eaux rsiduaires des abattoirs, les produits d'origine

    animale contenant des rsidus de mdicaments vtrinaires ;

    Catgories 3 : Les parties d'animaux abattus qui sont propres la consommation humaine,

    les parties d'animaux dclares impropres la consommation humaine mais exemptes de

    signe de maladies transmissibles ou issues de carcasses propres la consommation

    humaine. Elles ont t rebaptises Protines Animales Transformes (PAT).

    Lappellation farines animales recouvre une partie de ces sous-produits aprs leur

    transformation (INRS, 2001) : Les Farines de Viandes et dOs (FVO, Meat and Bone Meal

    (MBM) en anglais), les farines de volailles, les farines de poissons, les farines de plumes, les

    farines de sang. Dans la suite de ce document le terme FVO dsigne des farines animales

    produites partir de dchets d'abattoirs, et se compose des parties non commercialisables des

    carcasses d'animaux (graisses, os, restes de chair).

    En France en 2010, 250 074 tonnes de farines animales de catgorie 1 et 2 ont t produites

    (SIFCO, 2010). La majorit (81,9 %) est valorise en incinration en France, 9,5 % sont

    incinres hors de France et 8,6 % sont utilises comme engrais. Lincinration correspond

    donc au traitement appliqu 91,4 % de la masse des farines animales.

    1.1.3.1 Le procd de transformation des farines animales

    Il existe diffrentes mthodes de transformation des farines animales, cependant, suite

    l'pidmie de la maladie de Creutzfeldt-Jacob, une procdure a t dfinie par la Commission

    Europenne pour assurer la neutralisation du prion (protine ayant des proprits

    infectieuses) responsable de la transmission de la maladie (Dcision du conseil 99/534/CE,

    1999). Cette mthode consiste broyer la matire premire (les parties non

    commercialisables des carcasses) un diamtre infrieur 50 mm, puis cuire les farines

    animales une temprature suprieure 133 C, plus de 3 bars (en autoclave), pendant un

    temps suprieur 20 min.

    1.1.3.2 La valorisation nergtique des farines animales

    Les FVO taient largement utilises dans lalimentation danimaux dlevage avant que ces

    pratiques ne soient interdites ds lors que leur responsabilit dans la transmission de

    l'encphalopathie spongiforme bovine (ESB) a t tablie. Ainsi, jusqu'en 2000, une

    distinction tait faite entre les farines dites haut risque qui taient incinres et celles

    bas risque utilises dans l'alimentation animale (INRS, 2001). Depuis 2001, toutes les

    farines animales doivent tre incinres pour des raisons sanitaires (Dcision du conseil

    2000/766/CE, 2000).

    L'incinration offre le double avantage de traiter les risques biologiques potentiels et de

    permettre une valorisation nergtique, puisque les farines animales prsentent un Pouvoir

    Calorifique Infrieur (PCI) relativement lev : de lordre de 14,50 MJ/kg 30,0 MJ/kg sur

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    13

    sec (Senneca, 2008 ; Skodras et al., 2007 ; Conesa et al., 2003), c'est--dire quivalent voire

    suprieur celui du bois.

    Ainsi, depuis quelques annes, plusieurs voies d'incinration ont t tudies :

    Four grille : Il en existe plusieurs en Europe comme l'incinrateur EPR Glanford limited

    au Royaume Uni (Glanford, 2012) qui incinre des FVO seules ou deux en Lituanie qui

    font de la co-combustion de FVO avec du fioul ou des matires grasses rcupre lors de

    l'abattage (Denafas et al., 2004). Mais le four grille ne semble pas tre la mthode la plus

    adapte ce genre de combustible relativement poudreux et gras, car il offre peu

    d'agitation et ne permet pas une bonne pntration de l'air dans le combustible.

    Lit fluidis : le brassage qui a lieu dans ce type de foyer permet d'obtenir de bons rsultats

    de co-combustion avec du charbon (Fryda et al., 2007 et Gulyurtlu et al., 2005) ou de la

    tourbe (Cummins et al., 2006 et Mc Donnell et al., 2010).

    Four tournant : il offre un bon brassage du combustible et permet des temps de

    combustion relativement longs ; il est donc adapt aux combustibles poudreux et gras.

    C'est le cas en cimenterie qui utilise les FVO comme combustible (Conesa et al., 2003 ;

    Kntee et al., 2004 ; Infociments, 2002). En France, ce sont d'ailleurs les cimentiers qui

    incinrent la quasi-totalit des FVO. C'est galement le type de four utilis sur

    l'installation industrielle tudie. Elle est, notre connaissance, la seule ddie

    l'incinration de FVO en France actuellement.

    Une autre voie de valorisation nergtique est la mthanisation : des tests de mthanisation

    ont galement t raliss sur les farines animales. Cependant, il semble qu'il y ait des

    difficults de solubilisation, ncessaire la mthanisation (Wu et al., 2009).

    1.1.4 Les boues de station d'puration

    1.1.4.1 Origine des boues de station d'puration

    Les boues de stations d'puration (STEP) sont issues de la sdimentation de la matire en

    suspension prsente dans les eaux uses. La Figure 1.6 montre un exemple simplifi de station

    d'puration par traitement biologique. Elles sont riches en matires organiques et peuvent

    reprsenter un risque de contamination biologique. En France, le traitement des eaux uses

    gnre lquivalent de 50 grammes de matire sche par jour et par habitant, sous forme de

    boues, soit environ 1 million de tonnes par an. Entre 55 % et 60 % dentre elles sont pandues

    en agriculture (les boues ont un pouvoir fertilisant, du fait de leur composition riche en azote,

    phosphore et matire organique), tandis que 20 % 25 % sont mises en dcharge et 15 %

    20 % sont incinres (Dudkowski, 2000).

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    14

    Figure 1.6 Schma classique d'une station d'puration biologique (ADEME)

    Afin de limiter les risques toxiques, les boues de STEP peuvent tre stabilises par diffrents

    traitements : digestion arobie ou anarobie, traitement la chaux ou traitement thermique.

    Ces traitements vont avoir des effets sur la composition des boues et sur la spciation des

    lments, notamment les mtaux lourds (Fuentes et al., 2004).

    1.1.4.2 Valorisation des boues de STEP

    tant donnes les quantits produites travers le monde, de nombreuses voies de valorisation

    de ces rsidus ont t tudies, notamment comme engrais : les boues de STEP peuvent tre

    utilises comme source d'azote et de phosphore (Oliver et al., 2005). Cependant leur teneur en

    mtaux lourds est souvent un frein cet emploi.

    Les autres voies de valorisation consistent gnralement les utiliser comme combustibles,

    par exemple sous forme de pellet (Lee et Bae, 2009). En effet, les boues de STEP ont un PCI

    relativement lev de 18 23,9 MJ/kg sur masse sche (Leckner et al., 2004 ; Murakami et al,

    2009 et Cusid et Soriano, 2011). Ainsi les boues de STEP peuvent tre utilises en

    cimenterie (Tay et al., 2000), voire tre utilises pour la fabrication de briques en cramique

    (Cusid et Soriano, 2011).

    1.2 Les installations industrielles d'incinration

    Une installation d'incinration-type est constitue successivement d'un four, dans lequel a lieu

    la combustion des dchets (solides, liquides ou gazeux), dune zone de post-combustion o

    sont oxyds les gaz dvolatiliss, dune chaudire pour la rcupration d'nergie contenue

    dans les fumes et enfin dun systme de traitement des fumes avant leur mission en

    chemine (Figure 1.7). La Figure 1.8 montre un exemple d'incinrateur de dchets solides

    dans un four tournant avec son systme de traitement des fumes.

    Figure 1.7 Schma simplifi d'un incinrateur et de son systme de traitement des fumes

    L'incinration industrielle de combustibles solides produit des rsidus de combustion solides

    appels mchefers et cendres sous foyer. Les mchefers sont des composs granulaires

    incombustibles, de taille trs variable comprise entre quelques centaines de micromtres et

    Chaudire Traitement des

    fumes

    Rsidus de

    traitement

    Post-

    combustion Four

    Mchefers

    Fumes mises

    en chemine

    Cendres sous

    chaudire

    Combustible

    Dgrillage Dessablage Dgraissage

    Boues

    Eau

    traite

    Prtraitement

    Eau

    use

    Traitement

    biologique

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    15

    quelques centimtres, et dont la masse reprsente moins de 0,5 % du combustible pour des

    bois presque 50 % pour des boues de station dpuration des eaux (STEP) (Tableau 1.1). En

    fonction de leur composition chimique et de leurs proprits physiques, ces mchefers

    peuvent tre valoriss en tant que matriau inerte (remblais routier par exemple) ou placs en

    centre de stockage de dchets ultimes (Circulaire DPPR/SEI/BPSIED no 94-IV-1, remplac

    par l'arrt du 18/11/2011 partir du 01/07/2012).

    Figure 1.8 Schma d'un incinrateur four tournant avec un systme de traitement des gaz par voie sche

    avec filtration sur mdia filtrant (Gambier, 2008)

    Tableau 1.1 Taux de cendre de diffrents types de combustibles (%massique).

    Combustible Taux de cendres

    (% massique) Rfrences

    Biomasse 0,3 - 57,8 IEA Task 32, 2012

    Charbon 6,2 - 17 Skodras et al., 2007 ; Gulyurtlu et al., 2005 ; Leckner et al., 2004

    Farines animales 10,4 - 28,7 Skodras et al., 2007 ; Senneca, 2008 ; Conesa, 2003

    Boues de STEP sches 37,6 - 47,9 Snger et al., 2001 ; Adegoroy et al., 2004

    Mchefers

    (% massique)

    Ordures mnagres 25 - 30 Mnard, 2003

    la sortie de la chaudire, les fumes contiennent de nombreux polluants pouvant reprsenter

    un risque sanitaire ou environnemental. Un systme de traitement de fumes est donc

    ncessaire. Ce traitement peut comprendre un procd de dpoussirage mcanique des

    fumes tel quun multicyclone, un lectrofiltre ou un filtre manches, qui vise sparer les

    cendres volantes du flux gazeux. Il peut aussi ncessiter la mise en uvre de ractifs (acide,

    base, rducteur, adsorbant, agglomrant), gnrant ainsi de nouveaux rsidus, solides ou

    liquides (en fonction du procd), appels rsidus dpuration des fumes dincinration de

    dchets industriels Spciaux (REFIDIS), qui pourront galement tre valoriss ou placs en

    centre de stockage en fonction de leurs proprits physiques et chimiques.

    Four tournant

    Post-combustion

    Chaudire

    Traitement des

    fumes Combustibles Brleur

    Air de

    combustion

    Ventilateur

    d'extraction

    Injection de ractifs

    Chemine

    Brleur

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    16

    1.3 Mcanismes de formation des principaux polluants gazeux

    La combustion de solides se fait en plusieurs tapes. Aprs le schage, sous l'effet de la

    chaleur, le solide va subir diffrents processus parmi lesquels on peut distinguer :

    - la deshydratation ;

    - la dvolatilisation : une partie du solide passe sous forme gazeuse. Ce sont

    gnralement des gaz lgers tel que CO, H2, CH4 Ce processus peut concerner

    jusqu' 70 % de la masse initiale de combustible pour le charbon et 95 % pour la

    biomasse (Di Nola, 2007) ;

    - la combustion du tar (ou goudron) : ce sont des hydrocarbures plus lourds, qui

    s'vaporent plus haute temprature ;

    - la combustion du char (ou carbonisat) : c'est la portion de matires organiques

    non volatiles du compos, sa combustion se fait l'tat solide.

    Cette combustion globale gnre des cendres majoritairement minrales, ainsi que des gaz de

    combustion. On regroupe sous l'appellation fume , l'ensemble des gaz et des poussires en

    suspension la sortie du four. Ces fumes sont principalement composes :

    - de constituant de l'air : N2, O2

    - de gaz de combustion classiques : CO2, H2O ;

    - de polluants gazeux qui peuvent tre fonction de la composition du combustible :

    CO, NO, NO2, SO2, HCl, HF, mtaux volatils, HAP

    - de particules : suies, combustible imbrl, cendres volantes, particules issues de la

    condensation homogne ou htrogne despces volatiles ou semi-volatiles

    (PCDD/F).

    Les paragraphes suivants dtaillent les mcanismes de formation de ces diffrents polluants.

    Les cas de l'incinration de farines animales et de boues de STEP sont dtaills au 1.5.1.

    1.3.1 Les gaz acides

    Les principaux gaz acides prsents dans les gaz de combustion sont les SOx, HCl et dans une

    moindre mesure HF. Les quantits mises dpendent de la composition en soufre, chlore et

    fluor du combustible.

    Les oxydes de soufre se composent de dioxyde de soufre (SO2) et trioxyde de soufre (SO3).

    SO2 provient de loxydation du soufre initialement prsent dans le combustible par loxygne

    de lair lors de la combustion selon la raction R. 1.01 (Bicocchi et al., 2009).

    S + O2 SO2 (R. 1.01)

    Si l'excs d'air est suffisant, une oxydation de SO2 en SO3 a lieu (R. 1.02) entre 300 et 500 C

    (Guide ASTEE, 2003).

    SO2 + 1/2 O2 SO3 (R. 1.02)

    Lors de la combustion de biomasse telle que le bois, le chlore contenu dans le combustible est

    libr en grande quantit (environ 85 %) 500 C, et presque entirement (>95 %) 700 C.

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    17

    La majorit du chlore tant sous forme de sels de mtaux alcalins, il ragit avec la matire

    organique suivant les ractions R. 1.03 et R. 1.04 (Tillman et al. 2009).

    R-COOH + KCl(s) R-COOK(s) + HCl(g) (R. 1.03)

    R-COOH + NaCl(s) R-COONa(s) + HCl(g) (R. 1.04)

    Les proportions relatives entre Cl2 et HCl sont rgies par l'quilibre de Deacon (R. 1.05).

    2Cl2 + 2H2O 4HCl + O2 (R. 1.05)

    La raction R. 1.05 tant endothermique l'lvation de la temprature oriente donc l'quation

    vers la formation de HCl.

    Une partie du chlore et du soufre reste sous forme de sels dans les mchefers et les cendres

    volantes, notamment base de Na et K. En prsence de mtaux alcalins, il y a une

    interdpendance entre le SO2 et le HCl selon les ractions R. 1.06 et R. 1.07 (Boonsongsup,

    1997 ; Lisa et al., 1999 ; Tillman et al. 2009).

    2KCl(s,l) + SO2(g) +1/2O2(g) + H2O(g) K2SO4(s,l) + 2HCl(g) (R. 1.06)

    2NaCl(s,l) + SO2(g) +1/2O2(g) + H2O(g) Na2SO4(s,l) + 2HCl(g) (R. 1.07)

    De plus le SO2 peut galement jouer le rle de rducteur dans la raction de Deacon (Tillman

    et al., 2009) tel que dans la raction R. 1.08.

    Cl2 + H2O +SO2 2HCl + SO3 (R. 1.08)

    Les plupart des systmes de captation du chlore sont bass sur la ractivit de HCl (voir

    2.1), il est donc important pour l'efficacit des traitements que le chlore soit sous forme de

    HCl. Cet quilibre peut-tre contrl par l'humidit des fumes par exemple.

    1.3.2 Les oxydes d'azote

    Dans l'ensemble de ce document le terme NOx fait rfrence l'ensemble des oxydes d'azote

    mesurs par l'analyseur Horiba PG-250 (Cf. chapitre 2), c'est--dire ceux convertis en NO par

    le catalyseur Horiba en charbon actif recouvert de molybdne. Dans les gaz de combustion, il

    s'agit essentiellement de NO et NO2.

    Cependant d'autres espces azotes minoritaires telles que N2O5, HONO2, ou de l'azote

    organique peuvent en partie ragir la surface du catalyseur et former du NO, ils sont alors

    compts comme NOx par l'analyseur (Grosjean et Harrison, 1985 ; Winer et al., 1974).

    Les NOx sont produits lors de toute combustion l'air et on peut distinguer trois principaux

    mcanismes de formation (Di Nola, 2007) :

    le NO-Combustible qui correspond loxydation de lazote prsent dans la matrice du

    combustible ;

    le NO-Prcoce qui est li aux ractions entre les radicaux CHi (i = 0, 1, 2 ou 3)

    produits dans la zone ractionnelle de la flamme et lazote molculaire de lair ;

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    18

    le NO-Thermique qui correspond l'oxydation du N2 de lair haute temprature (T >

    1800 K).

    La contribution de chacun de ces mcanismes dpend principalement du combustible et de la

    temprature de combustion. La Figure 1.9 prsente l'influence de la temprature sur les

    mcanismes de formation des NOx pour un combustible donn.

    Figure 1.9 Reprsentation de l'influence thorique de la temprature sur la

    formation de NOx pour une combustion de biomasse (Di Nola, 2007)

    NO-combustible

    Les mcanismes de formation du NO-combustible (Figure 1.10) comprennent une premire

    tape de pyrolyse pendant laquelle l'azote prsent dans le combustible (Nx) va former de

    l'acide cyanhydrique (Fenimore et Jones, 1961). Cet acide ragit avec l'oxygne radicalaire

    prsent dans la flamme et forme NCO, qui son tour, ragit avec des radicaux H et forme NH

    et NH2. Ces radicaux NHi ragissent avec les radicaux oxygns (O, OH) pour former du NO,

    une partie ragit galement avec le NO pour former N2. Dans le cas de combustibles azots

    solides (par exemple de la biomasse) et des tempratures infrieures 1600 C, c'est le NO-

    combustible qui reprsente la majorit du NO gnr.

    Figure 1.10 Mcanisme du NO-combustible (Fenimore et Jones, 1961)

    NO-Prcoce

    Jusqu' rcemment, la voie de formation du NO-prcoce que l'on trouvait dans la littrature

    tait celle propose par Fenimore en 1971, avec une formation de HCN par raction de CH

    Nx HCN

    Pyrolyse

    NCO + O

    + H + O, OH

    + NO

    NHi

    NO

    + N

    N2

    NOx thermique

    NOx combustible

    NOx prcoce

    Temprature en C

    C

    on

    cen

    tra

    tio

    n e

    n N

    Ox (

    mg

    /m3)

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    19

    avec N2 puis une oxydation de HCN comme dans le cas de la formation du NO-combustible

    (R. 1.09). Plus rcemment, des travaux ont montr que la formation de HCN tait

    thermodynamiquement impossible (Moskaleva et Lin, 2000 ; Moskaleva et al., 2000 ; Miller

    et al., 2005). Une nouvelle voie ractionnelle avec NCN comme intermdiaire au lieu de HCN

    a alors t propose (R. 1.10), et NCN a pu tre mesure dans une flamme de laboratoire

    justifiant cette nouvelle raction dinitiation (Lamoureux et al., 2008). La Figure 1.11

    prsente le schma ractionnel menant la fois la formation de NO prcoce partir de N2

    (Lamoureux et al., 2010) et N2 combustible partir de Ni (Di Nola, 2007).

    CH + N2 HCN + N (R. 1.09)

    CH + N2 NCN + H (R. 1.10)

    Ni

    CHi + N2

    HCN NCO NH N N2

    HOCN HNCO

    NH2

    NH3+H

    +H2

    +H

    +OH

    +O

    +H2+H

    CN

    HCON NO H2CN

    +H

    +CH3

    +OH, +O2

    +NO+H +H+O

    +CH, +CH2

    +CH2, +HCCO

    +H2

    +OH, +O2

    +OH

    +M

    +OH, +H

    NCN

    +OH, +H

    O2

    O +C

    Figure 1.11 Schma ractionnel de la formation de NO combustible et prcoce

    (Di Nola, 2007 et Lamoureux et al., 2010)

    NO-thermique

    Le NO-thermique ne se forme en quantit significative qu haute temprature (>1800 K) et a

    essentiellement lieu dans les gaz brls (Mahmoudi et al., 2010). En effet, la raction

    (R. 1.11) demande une grande quantit dnergie pour rompre la triple liaison de l'azote

    molculaire. Le mcanisme suivant a t propos par Zeldovich (1946) et complt par

    Fenimore (1971).

    N2 + O NO + N (R. 1.11)

    N + O2 NO + O (R. 1.12)

    N + OH NO + H (R. 1.13)

    La combinaison de (R. 11) et (R. 12) donne la raction (R. 14).

    N2 + O2 2NO (R. 1.14)

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    20

    Ractivit de NO

    Le NO form par ces diffrents mcanismes peut galement ragir dans les fumes. La

    raction de dcomposition de NO (R. 1.15), c'est--dire linverse de la raction R. 1.14, ne se

    produit pas spontanment car la cintique est trop lente. (Busca et al., 2005, Leblanc et al.,

    1999).

    NO N2+ O2 (R. 1.15)

    Lorsque les fumes refroidissent, le NO ragit avec loxygne pour former NO2 (R. 1.16)

    (Leblanc et al., 1999).

    NO + O2 NO2 (R. 1.16)

    En se basant sur les travaux de Leblanc et al. (1999) il est possible de calculer les proportions

    thoriques en NO ( NOy ) et NO2 ( 2NOy ) la sortie de la zone de post-combustion en fonction

    de la teneur en oxygne dans les fumes selon les quations Eq. 1.01 et Eq. 1.02.

    1

    1

    2NO 1 O2 2

    y 1 K .x

    (Eq. 1.01)

    et

    NO NO2y 1 y (Eq. 1.02)

    avec NOi

    NOiNO NO2

    xy

    x x

    (i = 1 ou 2)

    xj : Fraction molaire de lespce j,

    K1 : Constante thermodynamique d'quilibre de la raction R. 16, 13990

    8

    1 1,2.10 .T K

    K T e

    Ainsi, si on considre une temprature de fumes de 850 C et un taux d'oxygne de 11 %

    (valeur d'O2 utilise pour la normalisation des concentrations dans les incinrateurs de

    dchets) on obtient une proportion yNO2 infrieure 2 %.

    1.3.3 Les composs organiques

    Les hydrocarbures aromatiques polycycliques

    Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont issus d'une combustion incomplte

    des molcules carbones. Des composs organiques volatils de faible masse (actylne,

    propylne), en ragissant entre eux, forment des premiers cycles benzniques. Ces

    benznes ragissent entre eux et avec des composs organiques lgers pour former des

    molcules plus lourdes. Les molcules sont considres comme HAP partir du moment o

    elles possdent au moins deux cycles aromatiques.

    La formation du premier cycle benznique se fait principalement par la raction de deux

    radicaux propargyles (C3H3) et par la raction d'espces en C4Hx avec de l'actylne

    (Bauschlicher et Ricca, 2000).

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    21

    Les dioxines et furanes

    Les dioxines et furanes se forment partir dhydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)

    et de dichlore (Cl2). Les dioxines comptent 75 congnres de la famille des

    polychlorodibenzo-dioxine (PCDD), et les furanes comptent 135 congnres de la famille des

    polychlorodibenzo-furane (PCDF). (Figure 1.12)

    Figure 1.12 Structure molculaire des polychloro dibenzo-dioxines (a) et furanes (b) (Stanmore, 2004)

    Tableau 1.2 Facteur d'quivalent toxique (FET) pour des PCDD/F (Van den Berg, 2006)

    Compos FET Compos FET

    2,3,7,8-TCDD 1 2,3,7,8-TCDF 0,1

    1,2,3,7,8-PeCDD 1 1,2,3,7,8-PeCDF 0,03

    1,2,3,4,7,8-HxCDD 0,1 2,3,4,7,8-PeCDF 0,3

    1,2,3,6,7,8-HxCDD 0,1 1,2,3,4,7,8-HxCDF 0,1

    1,2,3,7,8,9-HxCDD 0,1 1,2,3,6,7,8-HxCDF 0,1

    1,2,3,4,6,7,8-HpCDD 0,01 1,2,3,7,8,9-HxCDF 0,1

    OCDD 0,0003 2,3,4,6,7,8-HxCDF 0,1

    1,2,3,4,6,7,8-HpCDF 0,01

    1,2,3,4,7,8,9-HpCDF 0,01

    OCDF 0,0003

    Le contrle des missions de dioxines et furanes consiste doser un certain nombre de ces

    congnres et d'en faire une moyenne pondre en fonction de leur quivalent toxique :

    c'est une valeur reprsentative de la toxicit relative de chaque congnre par rapport au plus

    toxique (le 2,3,7,8-TCDD) dont la valeur est fixe 1. Une liste de 17 molcules a t tablie

    et est gnralement utilise pour le dosage des dioxines et furanes. Les valeurs de leur

    quivalent toxique sont indiques dans le Tableau 1.2.

    1.4 Composition et origines de la phase particulaire

    La composition en particules solides prsentes dans les fumes depuis le foyer jusqu' la

    chemine volue, notamment du fait de la diminution de temprature, et des ventuelles

    injections de ractifs pour le traitement des gaz.

    Les cendres de foyer se distinguent des mchefers essentiellement par leur taille plus petite

    (infrieure la centaine de micromtres) qui leur confre un caractre pulvrulent. La

    proportion de cendres de foyer par rapport aux mchefers dpend des points de fusion des

    matriaux en prsence et de leurs proportions dans le combustible : les constituants fusibles (

    point de fusion infrieur la temprature du foyer) auront tendance agglomrer les

    x = 0 4, y = 0 4, x + y 1 x = 0 4, y = 0 4, x + y 1

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    22

    particules et donc favoriser les mchefers. Les deux rsidus de combustion, cendres de foyer

    et mchefers, sont gnralement rcuprs au mme endroit, en mlange.

    En sortie de foyer (aprs la combustion et la post-combustion), les fumes constitues de gaz

    de combustion, de l'air de combustion en excs et de phases particulaires plus ou moins

    condenses, traversent des changeurs thermiques, communment dnomms chaudire .

    Dans cette zone, la temprature des fumes diminue et favorise la production dautres rsidus

    dincinration : les cendres sous chaudire. Celles-ci se dposent sur les parois des changeurs

    thermiques sous leffet de linertie (par impaction) ou du gradient thermique local (par

    thermophorse). Dans ce cas, leur composition chimique sapparente celle des cendres

    volantes , fraction des rsidus de combustion entrans physiquement par la phase gazeuse,

    correspondant en partie la fraction la plus fine des cendres sous foyer. Mais les cendres sous

    chaudire peuvent aussi se former directement la surface des changeurs par condensation

    despces semi-volatiles ou par raction chimique despces gazeuses. Dans ce cas, leur

    composition chimique diffre notablement des mchefers et cendres sous foyer, et se

    caractrise par davantage despces mtalliques, alcalines, halognes et soufres.

    Les poussires prsentes dans les fumes (ou cendres volantes) en sortie de la chaudire sont

    donc htrognes ; elles se composent de suies, de combustible imbrl, de rsidus de

    combustion (cendres) la surface desquelles des espces volatiles vont venir se fixer mais

    aussi de particules issues de la condensation homogne despces volatiles.

    1.4.1 Composition majoritaire des cendres volantes

    La quantit et la composition de ces cendres volantes dpend principalement de la nature du

    combustible. Le Tableau 1.3 prsente des exemples de composition chimique de cendres

    volantes en lments majeurs pour diffrents types de combustibles.

    On observe que les cendres issues des charbons sont principalement composes d'alumino-

    silicates alors que celles de farines animales contiennent majoritairement du calcium et du

    phosphore. Les boues de stations d'puration ont des compositions de cendres volantes trs

    variables.

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    23

    Ta

    ble

    au

    1.3

    Com

    po

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    , 2010

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    15

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    ,6

    6,1

    0,2

    41,8

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    0,0

    6

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    5

    41,7

    42,1

    11,6

    0,3

    26,7

    K2O

    0 -

    3

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    4

    0 -

    4

    2,4

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    0,0

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    3,1

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    2O

    0 -

    4

    0 -

    2

    0 -

    6

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    ,8

    1,1

    1

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    0,0

    1

    6,8

    SO

    3

    0 -

    4

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    2

    0 -

    10

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    - 0

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    1

    12

    ,4

    Mg

    O

    0 -

    5

    1 -

    5

    3 -

    10

    1,7

    - 2

    ,0

    1,1

    3

    2,4

    0,0

    2

    23

    ,4

    Ca

    O

    1 -

    12

    5 -

    30

    15

    - 4

    0

    2 -

    10

    55

    ,6

    43

    ,0

    14

    ,8

    1,1

    40

    ,1

    Fe 2

    O3

    10

    - 4

    0

    4 -

    10

    4 -

    15

    7 -

    15

    0,0

    1

    9,2

    2,1

    30

    Al 2

    O3

    5 -

    35

    20

    - 3

    0

    10

    - 2

    5

    24

    - 2

    8

    14

    ,2

    4,4

    34

    ,2

    SiO

    2

    20 -

    60

    40 -

    60

    15 -

    45

    42 -

    55

    36,1

    14,4

    65

    % m

    ass

    iqu

    e

    Bit

    um

    ineu

    x

    Sous-

    bit

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    Moyen

    ne

    Min

    Max

    Co

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    on

    FV

    O

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    de

    ST

    EP

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    24

    1.4.2 Les mtaux dans les particules solides

    Les mtaux dans les particules solides proviennent principalement du combustible. Une partie

    peut provenir de l'enceinte de combustion mais dans des conditions normales d'abrasion elles

    sont ngligeables. titre d'exemple, la Figure 1.13 reprsente l'incinrateur d'ordures

    mnagres tudi par Mnard (2003). L'installation est compose d'un four grilles puis de

    son systme de traitement des fumes : un lectrofiltre et une tour de lavage.

    Figure 1.13 Schma de l'incinrateur d'ordures mnagres de Strasbourg et les rsidus solides et liquides

    tudis par Mnard (2003)

    Selon leur volatilit, les mtaux initialement prsents dans le combustible peuvent se

    retrouver dans les mchefers, dans les cendres volantes et/ou dans les boues de lavages. Le

    Tableau 1.4 reprsente la rpartition massique de mtaux diffrents points cls d'une unit

    d'incinration d'ordures mnagres et de son systme de traitement des fumes (Mnard,

    2003).

    Tableau 1.4 Rpartition (en % massique) des mtaux lourds entre les rejets solides d'UIOM

    (Mnard, 2003)

    Mchefers CV (C + EF) BL EG

    Hg 2 - 5 % 10 - 13 % 70 - 80 % < 10%

    Cd 10 - 12 % 80 - 85 % 3 % 2,5 %

    As 45 - 60 % 35 % < 1 % < 1 %

    Pb 60 - 65 % 30 - 35 % < 1 % < 1 %

    Zn 70 % 30 % < 1 % < 1 %

    Cr > 90 % 5 - 6 % < 1 % < 1 %

    Cu > 90 % 5 - 7 % < 1 % < 1 %

    Ni > 90 % 5 % < 1 % < 1 %

    CV : cendres volantes, C : chaudire, EF : lectrofiltre, BL : boues de lavage, EG : missions gazeuses

    Mchefers

    Cendres

    volantes

    Boues de

    lavage

    Four grille lectrofiltres

    Tour de

    lavage

    Chemine

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    25

    Ainsi, le mercure (qui a une temprature d'bullition de 356,6 C) se vaporise trs facilement

    au cours de lincinration et, transport dans les fumes, ne se condense quen sortie de

    chaudire. Plus des trois quarts du mercure se retrouvent ainsi dans les Rsidus dpuration

    des Fumes d'Incinration dOrdures Mnagres (REFIOM). Par contre certains mtaux plus

    rfractaires (Cu, Cr, Ni) restent essentiellement pigs dans les mchefers (> 90 %)

    (Mnard, 2003).

    1.4.3 Les suies

    Les particules de suies se forment partir des HAP qui ragissent entre eux pour former des

    molcules de plus en plus grandes jusqu' la formation de particules (Richter et Howard,

    2000). C'est particules croissent ensuite par addition de molcules organiques qui ragissent

    leur surface, puis par un processus physique de coagulation de ces particules entre elles

    (Figure 1.14).

    Coagulation

    Combustible et oxydant

    (prmlang)

    50 nm

    0,5 nm

    Zone molculaire

    Zone particulaire

    Tem

    ps

    de

    ra

    ctio

    n

    Formation de particule

    Croissance en surface

    et coagulation

    Figure 1.14 Formation de particules de suies dans une flamme (Mauss, 1994)

    1.5 Cas particuliers : l'incinration des farines animales et des

    boues de STEP

    1.5.1 Incinration des farines

    1.5.1.1 La composition des farines animales

    Les farines animales sont des composs organiques, donc principalement constitues de

    carbone, hydrogne, oxygne, azote et soufre. Mais elles contiennent galement des quantits

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    26

    importantes de matires minrales apportes par les os. Le Tableau 1.5 prsente les

    compositions en lments majeurs (C, H, O, N et S) trouves dans la littrature. En ce qui

    concerne les lments mineurs, les quantits en lments varient dune source lautre

    (Tableau 1.6). Cependant, on retrouve certains lments en proportions importantes: le

    calcium (de 2 % 11 %), le phosphore (de 2,5 % 7 %), le sodium (de lordre de 1 %), le

    chlore et le potassium (de 0,2 % 1,3 %) et galement des mtaux (fer, aluminium et zinc) de

    lordre de quelques dizaines de ppm.

    Des travaux prcdents raliss sur les rsidus solides de lincinrateur tudi ont montr que

    les mchefers et cendres volantes taient majoritairement composes d'hydroxyapatite

    (Ca5(PO4)3OH) et de whitlockite (Ca3(PO4)2) (Coutand et al., 2008 ; Cyr et al., 2006).

    L'hydroxyapatite est le constituant inorganique majeur des os, c'est pourquoi on le retrouve

    dans les farines, et que les concentrations en Ca et P sont aussi leves.

    Tableau 1.5 Composition massique (en %) en C, H, O, N et S de FVO de diffrentes provenances

    FVO C H O N S

    Senneca, 2008 43,40 6,40 nd 9,20 0,40

    Conesa, 2003 40,40 6,40 11,90 7,80 0,50

    Fryda et al., 2007 55,70 8,03 18,58 7,15 0,05

    Skodras et al., 2007 55,67 8,03 29,1 7,15 0,05

    Gulyurtlu et al., 2005 35,3 4,9 nd 8,4 0,5

    Tableau 1.6 Composition massique (en %) en Ca, P, Na, Cl, K, Mg, Fe, Al de FVO

    de diffrentes provenances

    FVO Ca P Na Cl K Mg Fe Al

    Min et max de 17

    fournisseurs

    (Garcia et al., 2008)

    6,2 - 14,8 3,0 - 6,6 0,58 - 1,78 0,39 - 1,75 0,32 - 0,90 0,18 - 0,59 0,03 - 0,11 0,01 - 0,06

    Senneca, 2008 1,98 6,00 1,14 0,30 0,39 0,18 0,014 0,006

    Gulyurtlu et al. 2005 10,60 6,40 0,55 0,26 0,26 0,25 0,030

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    27

    prsent provient des os et se trouve associ au phosphore, sous forme dhydroxyapatite

    (Ca5(PO4)3OH), qui est un compos thermochimiquement stable et donc peut ractif.

    Cependant Gulyurtlu et al. (2005), dans leur tude sur la co-combustion du charbon et des

    farines animales, obtiennent au contraire une diminution du SO2 en prsence de farines, quils

    attribuent en partie laction de lhydroxyapatite. Cette structure cristalline aurait, haute

    temprature (leurs tests sont raliss 780 C), la capacit de fixer le soufre sous forme de

    sulfates la place des phosphates, ainsi que de fixer des lments halogns la place des

    groupements hydroxyle, en formant des composs de formule gnrale : (Ca, Mg)5(PO4, SO4,

    CO3, SiO4)3(OH, F, Cl, Br). Cependant cette explication nest base que sur ltude en milieu

    aqueux de Ma et al. (1994).

    Lacide chlorhydrique :

    Les farines animales peuvent contenir de 0,25 % plus de 0,80 % en masse de chlore,

    provenant notamment des fluides biologiques riches en NaCl. La prsence de chlore peut

    induire la production de divers polluants atmosphriques, tels que lacide chlorhydrique, le

    dichlore, les dioxines et furanes ou les particules chlores.

    Des tests de co-combustion avec du charbon (contenant moins de Cl que les FVO) ont montr

    qu'une grande partie du chlore se retrouve dans la phase particulaire (Gulyurtlu et al., 2005).

    Des concentration en HCl ont t mesures en sortie de four de l'ordre de 40 mg/Nm3, que ce

    soit lors de combustion en four grille (Denafas et al., 2004) ou en lit fluidis (Cummins

    et al., 2006). Elles sont donc relativement faibles notamment compares celle de SO2. En

    effet, les farines contiennent des quantits importantes de chlore, mais majoritairement sous

    forme de sel, donc peu propices la formation d'HCl.

    Les oxydes d'azote (NOx) :

    Ltude de Fryda et al. (2007) sur la co-combustion des farines animales avec du charbon en

    lit fluidis montre une augmentation des taux dmission de NOx avec l'augmentation de la

    part de FVO dans le mlange. Ils l'attribuent aux fortes teneurs en azote des farines.

    Gulyurtlu et al. (2005), par contre, constatent une diminution du taux dmission des NOx de

    25 % lors de la co-combustion de charbon (80 %) et de farines animales (20 %) alors quelles

    contiennent cinq fois plus dazote. Ils attribuent cette diminution au fait que l'azote est en

    grande partie sous forme rduite dans les farines, et quil est libr sous forme dammoniac

    NH3, permettant ainsi une diminution des NOx par rduction non catalytique (SNCR). Pour

    des mlanges contenant encore plus de FVO (50 et 100 %), les taux d'missions en NOx

    augmentent et sont plus importants que pour le charbon seul.

    Les particules :

    Gulyurtlu et al. (2005) ont observ, lors de la co-combustion de FVO et de charbon,

    lmission trs importante de particules submicromtriques (< 1 m) en prsence de teneurs

    importantes (50 % et 100 %) en FVO (Figure 1.15). Ils relvent des taux en chlorures 50 fois

    plus importants dans les particules mises par la combustion des farines animales que dans

    celles mises par la combustion du charbon.

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    28

    La mme observation est tablie par Lopes et al. (2009) qui remarquent, en outre, une

    corrlation entre la production de particules submicroniques et la somme des teneurs en

    mtaux alcalins et en chlore (Figure 1.16) : plus cette somme est leve (cas des farines), plus

    la taille des particules mises diminue.

    100 % FVO 50 % FVO

    20 % FVO 0 % FVO

    Fr

    qu

    ence

    (%

    )

    Fr

    qu

    ence

    (%

    )

    Fr

    qu

    ence

    (%

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    Fr

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    ence

    (%

    )

    100 % FVO 50 % FVO

    20 % FVO 0 % FVO

    Fr

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    (%

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    Fr

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    (%

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    (%

    )

    Fr

    qu

    ence

    (%

    )

    Figure 1.15 Rpartition des particules mises lors de la combustion de FVO et de charbon en fonction de

    leur taille. (Gulyurtlu et al., 2005)

    K + Na + Cl (% dans le combustible)

    100% CCI 100% FVO

    Figure 1.16 Corrlation entre le diamtre mdian des particules mises et la somme des teneurs en

    potassium, sodium et chlore dans les combustibles (CCI : charbon colombien) (Lopes et al., 2009)

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    29

    Les dioxines et furanes :

    Daprs Conesa et al. (2005), lincinration de farines animales gnrerait moins de dioxines

    et de furanes que lincinration dautres combustibles comme les boues de station dpuration.

    Ceci sexpliquerait en partie par le fait que la majorit du chlore contenu dans les FVO l'est

    sous forme de chlorure de sodium, NaCl, provenant notamment des fluides biologiques. Or

    Addink et al. (1998) ont montr que les chlorures navaient quune trs faible capacit

    former des dioxines et furanes. Samaras et al. (2000) ont galement montr que les peptides

    contenus dans la viande conduisent la formation dure et dammoniac qui inhibent la

    formation de dioxines. Nanmoins, plus rcemment, lors de tests effectus sur un pilote en lit

    fluidis, Lopes et al. (2009) ont observ une mission plus leve de dioxines et furanes lors

    de la combustion de farines animales seules par rapport la co-combustion de farines et de

    charbon en mlange. Ils attribuent ce phnomne la formation de catalyseurs mtalliques

    dposs sur des particules fines, tous deux forms base de chlorures de mtaux, lors de la

    combustion des farines seules :

    dune part, formation de chlorures de mtaux alcalins, sodium et potassium, qui

    favorisent la gnration de particules submicroniques (< 1m), grande surface

    spcifique ;

    dautre part, la formation de chlorures de mtaux tels que le chlorure de cuivre,

    CuCl2, qui se dposeraient la surface des particules submicroniques et

    catalyseraient la formation de dioxines et furanes.

    Ces processus seraient inhibs par la prsence de soufre dans le charbon, les sulfates entrant

    en comptition avec les chlorures. Le soufre est aussi connu pour inhiber par lquilibre de

    Deacon (cf. 1.3.1) la formation de dichlore, Cl2, qui est un agent de chloration efficace pour

    la formation de dioxines et furanes (Van Caneghem et al., 2012)

    Impacts sur les installations

    Encrassement de l'installation :

    La combustion de farines animales semble produire plus de rsidus solides (mchefers,

    cendres sous chaudire et rsidus de filtration) que la combustion de charbon ; ceci est

    mettre en relation avec sa composition plus riche en matire minrale (Gulyurtlu et al., 2005 ;

    Senneca, 2008). Dans une tude sur la co-combustion de farines animales et de charbon,

    Senneca (2008) rapporte que la prsence de quantits relativement importantes de matire

    minrale dans les farines entrane un comportement particulier lors de la combustion. En effet,

    les ractions et transformations physiques de cette matire limitent la combustion et

    diminuent la ractivit du char lors de la combustion. Ceci entranerait une formation de

    cendres volantes contenant des quantits dimbrls plus importantes quand la proportion de

    FVO augmente.

    Empoisonnement des catalyseurs :

    Les farines animales contiennent d'importantes quantits de phosphore, la majorit tant sous

    forme d'hydroxyapatite (Ca5(PO4)3OH) et de whitlockite (Ca3(PO4)2), mais une partie peut

  • Chapitre 1 : Gnration et traitement des fumes d'incinration de dchets industriels

    30

    tre sous forme organique. Or le phosphore organique est peu stable : il est libr vers 500 C

    et forme des oxydes de phosphore (P4O10), des phosphates de calcium et de l'acide

    phosphorique (H3PO4).

    Les farines contiennent galement de grandes quantits de mtaux alcalins, qui sont en grande

    partie sous forme de sels, comme NaCl, KCl, Na2SO4, K2SO4, et qui contribuent la

    formation de particules submicroniques dans les cendres volantes.

    Beck et al. (2004) ont identifi diffrents mcanismes, physiques ou chimiques, de

    dsactivation des catalyseurs partir des composs phosphors :

    Obturation des pores par de fine