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LE MALADE IMAGINAIRE MOLIÈRE COLLECTION PARCOURS D’UNE ŒUVRE SOUS LA DIRECTION DE MICHEL LAURIN CHENELIÈRE ÉDUCATION Complément pédagogique Luc Bouvier © Copyright Rocque French, 2007-2013. All rights reserved.

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LE MALADEIMAGINAIREMOLIÈRE

COLLECTIONPARCOURS D’UNE ŒUVRESOUS LA DIRECTION DE MICHEL LAURIN

CHENELIÈRE ÉDUCATION

Complément pédagogiqueLuc Bouvier

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Le Malade imaginaire Complément pédagogique Étude de l’œuvre Par Luc Bouvier, professeur au cégep de l’Outaouais Collection « Parcours d’une œuvre » Sous la direction de Michel Laurin © 2008, 2002 Groupe Beauchemin, Éditeur Ltée Coordination: Johanne O’Grady Correction d’épreuves : Christine Langevin

Tous droits réservés.

Toute reproduction, en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’Éditeur.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Tableau de la couverture : Le Malade imaginaire. Œuvre d’Honoré Daumier, peintre et sculpteur français (1808-1879).

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AUTRE PROLOGUE1 Le théâtre représente une forêt. L’ouverture du théâtre se fait par un bruit agréable d’instruments. Ensuite une Bergère vient se plaindre tendrement de ce qu’elle ne trouve aucun remède pour soulager les peines qu’elle endure. Plusieurs Faunes2 et Æpigans3, assemblés pour des fêtes et des jeux qui leur sont particuliers, rencontrent la Bergère. Ils écoutent ses plaintes et formenun spectacle très divertissan

t t.

PLAINTE DE LA BERGÈRE

Votre plus haut savoir n’est que pure chimère, Vains et peu sages médecins ; Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latins La douleur qui me désespère : Votre plus haut savoir n’est que pure chimère. Hélas ! je n’ose découvrir Mon amoureux martyre Au berger pour qui je soupire, Et qui seul peut me secourir. Ne prétendez pas le finir, Ignorants médecins, vous ne sauriez le faire : Votre plus haut savoir n’est que pure chimère. Ces remèdes peu sûrs dont le simple vulgaire4 Croit que vous connaissez l’admirable vertu, Pour les maux que je sens n’ont rien de salutaire ; Et tout votre caquet5 ne peut être reçu. Que d’un Malade imaginaire. Votre plus haut savoir n’est que pure chimère, Vains et peu sages médecins ; Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latins La douleur qui me désespère ; Votre plus haut savoir n’est que pure chimère. Le théâtre change et représente une chambre.

1Après la mort de Molière, Lully continue à vouloir monopoliser tout spectacle avec musique et chants. Le 30 avril 1673, il obtient une nouvelle ordonnance qui défend aux comédiens d’avoir plus de deux chanteurs et six violons. Le prologue original du Malade imaginaire, de toute façon très onéreux, devient impossible à jouer. Un nouveau prologue est donc écrit avec deux chanteurs seulement, sur une musique de Charpentier. Il sera joué pour la première fois le 4 mai 1674. 2Faunes : divinités champêtres, mi-hommes, mi-chèvres, chez les Romains. 3Æpigans : créatures mythiques à tête humaine et à corps de chèvre ou de bouc. 4Simple vulgaire : foule naïve. 5Caquet : bavardage.

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N.B. – Les vers du prologue, des divertissements et de l’opéra impromptu sont décalés vers la droite en fonction de leur longueur. C’est ce qui explique que leur disposition semble parfois aléatoire. Pourtant, elle ne l’est pas. 12 _______________________________ 11 _____________________________ 10 ___________________________ 9 __________________________ 8 ________________________ 7 ______________________ 6 ____________________ 5 __________________ 4 ________________ 3 ______________ 2 ____________

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LE MALADE IMAGINAIRE

Complément pédagogique

QUESTIONS SUR L’OEUVRE

PROLOGUE, ACTE I ET PREMIER INTERMÈDE Prologue 1. Que vise le prologue ? Le prologue vise à louanger Louis XIV, de retour de Hollande après la victoire de Maestricht, et devant lequel Molière souhaitait représenter la pièce. 2. Relevez les allusions à l’actualité de 1673. « LOUIS [XIV] est de retour » (l. 35), « Il quitte les armes, / Faute d’ennemis » (l. 39-40) : allusion à l’arrêt, qui va s’avérer temporaire, de la guerre de Hollande. 3. Relevez les propos où Molière se fait particulièrement courtisan. En fait, tout le prologue l’est : la nouvelle du retour du roi est présentée comme exceptionnelle (l. 28-47); Louis XIV est digne d’être le sujet d’un concours de chant (l. 50-76) ; Tircis, dans son premier chant (l. 80-87), souligne la force invincible du roi ; Dorilas, dans son premier chant (l. 90-95), affirme que le roi sème la terreur parmi ses ennemis; selon Tircis, dans son deuxième chant (l. 97-103), le roi est supérieur aux héros du passé ; selon Dorilas, dans son deuxième chant (l. 105-110), il ne sera pas oublié dans l’avenir ; Pan fait ressortir la grandeur de Louis XIV (l. 113-130). 4. Que raconte le prologue ? A-t-il un lien avec l’intrigue du Malade imaginaire ? Flore organise un concours de chant pour souligner le retour victorieux de Louis XIV. Les bergers Tircis et Dorilas obtiennent ex æquo le premier prix et, en conséquence, l’amour des bergères Daphné et Climène dont ils sont amoureux. Le lien avec l’intrigue de la pièce est inexistant, si ce n’est le thème de l’amour victorieux. ACTE I, SCÈNES 2, 3 ET 4 Compréhension 1. Retracez les deux parties de la scène 2 et donnez-leur un titre. Partie I (l. 213-245, jusqu’à « ôte-moi ceci ») : La querelle entre Argan et Toinette. Partie II (l. 245-260) : L’opposition de Toinette à la médecine.

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Action et personnages 1. Sur le plan de l’action, quel élément important est annoncé à la scène 2 ? Le spectateur apprend qu’Argan a « quelque chose » (l. 259) à dire à sa fille. 2. Sur le plan de l’action, expliquez l’utilité de la sortie d’Argan à la scène 3. Sa sortie permet à Toinette et à Angélique de se retrouver seules et ainsi de présenter, à la scène 4, un élément de l’intrigue : l’amour qu’Angélique porte à Cléante. 3. Décrivez la relation Argan-Toinette telle qu’elle apparaît à la scène 2. Argan traite brutalement Toinette et l’injurie allègrement, d’autant que la servante n’est guère impressionnée par les ordres et la colère de l’hypocondriaque. Elle est en effet à peine polie avec lui : « On y va » (l. 213). Elle est, en fait, la servante de Béline, ce qui lui confère une certaine impunité face à Argan, impunité qu’elle utilise largement. 4. Décrivez la relation Toinette-Angélique telle qu’elle apparaît à la scène 4. La relation entre Toinette et Angélique est presque une relation mère-fille. Toinette écoute avec affection, teintée d’un peu d’ironie, Angélique lui confier filialement, si ce n’est lui ressasser, son amour pour Cléante. Comique 1. Quel procédé du comique de situation la didascalie « faisant semblant de s’être cogné la tête » (sc. 2, l. 215) implique-t-elle ? Il s’agit du pantin à ficelle : Toinette tente de manipuler Argan. 2. Dans la première partie de la scène 2, quel procédé du comique de situation est employé ? Quelle caractéristique stylistique en accentue le rythme ? Il s’agit du diable à ressort. La colère d’Argan tente de repousser la supposée douleur de Toinette, le diable. La répétition de « Ha ! » (l. 220, 22, 224, 226, 236, 238 et 243) en accentue le rythme. 3. Relevez deux répliques dans les scènes 2 et 3 qui font appel à l’ambiguïté du comique de mot. Expliquez-en le jeu de mots. « […] je ne me mêle point de ces affaires-là » (sc. 2, l. 249) et « Monsieur Fleurant nous donne des affaires » (sc. 3, l. 266-267). Dans les deux cas, le mot « affaires » a deux sens : « choses », d’une part, et « excréments », d’autre part. 4. Pour les scènes 2 et 3, relevez deux éléments qui font ressortir l’hypocondrie d’Argan. De quel comique relèvent-ils ? À la scène 2, Argan se préoccupe tout particulièrement de ses lavements (l. 245-246). À la scène 3, conséquence des lavements, Argan doit sans attendre aller aux toilettes (l. 264-265). Ces deux éléments relèvent du comique de caractère.

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5. Expliquez le fonctionnement du diable à ressort de la scène 4 et montrez qu’il se clôt sur une inversion. Le discours d’Angélique sur Cléante repousse les acquiescements de Toinette, le diable (l. 288, 290, 293, 297, 300, 302, 304, 307, 309, 312, 315 et 319). À la fin, il y a inversion puisque, à l’interrogation d’Angélique sur la solidité de l’amour de Cléante, Toinette remplace son acquiescement par une dubitation, si ce n’est une dénégation. 6. Pourquoi, pendant la discussion entre Toinette et Angélique, Molière insère-t-il peu d’éléments comiques ? Étant donné que le spectateur doit prendre le parti des jeunes amoureux face à Argan, l’hypocondriaque, Molière ne veut pas rendre ridicule Angélique. Il souhaite que le spectateur sympathise avec elle, s’y identifie. ACTE I, SCÈNES 6 ET 7 Compréhension 1. Au XVIIe siècle, comment la France est-elle organisée sur le plan juridique ? Au XVIIe siècle, au centre et au nord, la France est régie par le droit coutumier, c’est-à-dire les traditions orales, et chaque région a sa coutume; au sud, le droit romain ou droit écrit est en usage. 2. Quels sont les trois moyens suggérés par le notaire pour contourner la loi ? Premier moyen : Argand lègue ses biens à un ami intime de Béline (Monsieur Bonnefoy ?). À la mort d’Argan, l’ami remet l’argent à la jeune femme (l. 632-635). Deuxième moyen : Argan émet des reconnaissances de dettes. À sa mort, ses créanciers recouvrent l’argent et le remettent à Béline, à qui ils ont signé une déclaration les y obligeant (l. 635-639). Troisième moyen : de son vivant, Argan remet à Béline le maximum d’argent liquide et de « billets au porteur », donc payables à la personne qui les détient (l. 639-641). Action et personnages 1. À la scène 6, quelle réplique de Toinette permet de situer temporellement l’action ? « Et celui-ci pour vous garder du serein » (l. 576), de l’humidité du soir. 2. Ces deux scènes font-elles avancer l’action ? Justifiez. Les deux scènes ne font guère avancer l’action. Elles montrent Béline cherchant à accaparer la fortune de son mari. Mais cette tentative n’est qu’accessoirement liée au choix d’Angélique, soit Cléante, Thomas Diafoirus ou le couvent.

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3. Relevez les termes qu’utilise Béline lorsqu’elle s’adresse à son mari. À partir de ce relevé, comment qualifieriez-vous leur relation ? Qui porte le masque ? « mon pauvre mari » (l. 522) ; « mon petit fils » (l. 524) ; « Mon ami » (l. 526, 528, 563, 590, 596, 645 et 671) ; « pauvre petit mari » (l. 528) ; « mon fils » (l. 532, 545 et 643) ; « mon cœur » (l. 539); « mon petit ami » (l. 585) ; « Pauvre petit fils » (l. 587 et 676). Béline se conduit plus en mère qu’en épouse auprès d’Argan, d’où la fréquente utilisation de « petit » et de « fils » dans les dénominations. C’est Béline qui porte le masque, cachant son intérêt derrière l’apparence d’une « mère » tendrement attentionnée. 4. Quel ressort dramatique interne fait agir Béline ? Argan ? Le comportement de Béline s’explique par le fait qu’elle cherche à mettre la main sur l’argent d’Argan. Sa cupidité la fait agir. Quant à Argan, il réagit au fait que Béline se montre pour lui une infirmière attentionnée, alors que le reste de son entourage se refuse à prendre son hypocondrie en considération. 5. Qu’est-ce qui explique l’impunité de Toinette face à Argan ? Montrez que Toinette, à la scène 6, s’amuse à mettre et à ôter le masque. L’impunité de Toinette vient de ce que Béline la croit son alliée et se refuse à la chasser, malgré les demandes d’Argan (l. 544-549). Ce dernier, qui tient à l’affectueuse attention de sa deuxième femme, n’ose pas, quant à lui, s’en débarrasser sans l’assentiment de Béline. C’est Toinette qui porte le masque pour Béline. Ses réponses à sa maîtresse contredisent ce qui s’est réellement passé, et enragent Argan. Elle l’enlève donc en présence du malade imaginaire. Comique 1. Quel procédé du comique de situation se retrouve dans l’ensemble des deux scènes ? Il s’agit du pantin à ficelle. Béline, avec l’aide relative de Toinette dans la scène 6 et celle de Monsieur Bonnefoy dans la scène 7, manipule son mari Argan. Cette manipulation est d’autant plus facile que Béline est jeune et belle. 2. À la scène 6, quelles répliques de Toinette sont particulièrement ironiques ? « Moi, Madame, hélas ! Je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu’à complaire à Monsieur en toutes choses » (l. 552-554) ; « […] je lui ai répondu que je trouvais le parti avantageux pour elle ; mais que je croyais qu’il ferait mieux de la mettre dans un couvent » (l. 557-559) ; « Et celui-ci pour vous garder du serein » (l. 576). Pour la dernière, le geste « lui mettant rudement un oreiller sur la tête » (l. 575) en montre clairement l’ironie. 3. À quel procédé du comique de situation le geste de Toinette donnant un coup d’oreiller à Argan renvoie-t-il ? Il y a inversion, puisque la servante a un comportement fort éloigné de ce qui devrait être.

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4. Pourquoi le nom du notaire fait-il rire (note 1, p. 10) ? Précisez le procédé comique utilisé. Bonnefoy fait rire parce que le notaire est plutôt de mauvaise foi. Le nom est ici ironique, puisqu’il a été donné au notaire par antiphrase. 5. À la scène 6, le comique de caractère est le fait d’Argan, tandis qu’à la scène 7, il est surtout le fait de Béline. Montrez-le. Relevez les répliques les plus caractéristiques. À la scène 6, c’est l’hypocondrie d’Argan qui ressort : « Et a eu l’effronterie de me dire que je ne suis point malade » (l. 536) ; « Ah ! mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi ! » (l. 569-570) ; « et il faudra plus de huit médecines, et de douze lavements, pour réparer tout ceci » (l. 583-584). À la scène 7, c’est la cupidité de Béline : « Ah ! combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? » (l. 665-666) ; « Ah ! de combien sont les deux billets ? » (l. 668-669). Toutes les répliques de Béline, parce qu’elles sont ironiques, font ressortir sa cupidité. À noter que la naïveté d’Argan l’empêche de percevoir cette ironie, ce qui n’est pas le cas du spectateur. 6. Dans la scène 7, sur quoi la satire porte-t-elle ? Quels en sont les principaux traits ? La satire porte essentiellement sur les notaires. Ce sont des hypocrites (l. 619-628), des spécialistes de la malversation (l. 632-641). ACTE I, SCÈNE 8 ET PREMIER INTERMÈDE Compréhension 1. Pourquoi Argan a-t-il quitté sa chambre ? Qu’est-ce qui y justifie la présence de Toinette et d’Angélique ? Accompagné de Béline et du notaire Bonnefoy, Argan s’est dirigé vers le petit cabinet attenant afin de finaliser son testament. Toinette peut s’y trouver pour remplir une quelconque tâche liée à son travail de servante. Quant à Angélique, atterrée, rien de plus normal qu’elle vienne la rejoindre afin d’obtenir de l’aide pour contrer son père en ce qui a trait à son mariage. 2. Comment le premier intermède est-il annoncé ? Toinette dit qu’elle utilisera les services du vieux usurier Polichinelle pour avertir Cléante de ce qui se trame (l. 693-697). 3. Retracez les deux parties de l’intermède et titrez-les. Partie I (l. 700-806) : La tentative infructueuse de Polichinelle de chanter la sérénade. Partie II (l. 807-913) : La bataille avec les archers.

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Action et personnages 1. Dans la scène 8, quelle indication Toinette fournit-elle en ce qui concerne le temps de l’action ? Elle précise qu’« aujourd’hui il est trop tard » pour rejoindre Polichinelle, donc qu’elle l’avertira « demain, de grand matin » (l. 696). L’action se passe donc en soirée. 2. Sur le plan de l’action, montrez l’importance de la scène 8. La scène est importante, puisqu’elle justifie l’arrivée de Cléante à la scène 1 de l’acte II. 3. Comment le premier intermède est-il lié à l’action du Malade imaginaire ? D’une part, le personnage mis en scène dans la pièce, Polichinelle, joue un rôle, minime bien sûr, mais un rôle quand même : il sert de messager au service de Toinette. Il justifie l’arrivée de Cléante au début du deuxième acte. D’autre part, les amours de Polichinelle, comme ceux d’Angélique, sont contrariés. Il n’en reste pas moins que le lien est ténu entre la pièce et l’intermède. Comique 1. En quoi pourraient consister les comiques de geste et de forme dans le premier intermède ? Plusieurs possibilités s’offrent. Pour le comique de forme, les costumes de Polichinelle et des archers, de même que leur voix, peuvent faire rire. Pour le comique de geste, le metteur en scène a tout le loisir de rendre mécanique les séances de croquignoles et de coups de bâton. 2. Dans la première partie de l’intermède, situez et expliquez le procédé du diable à ressort. Les violons repoussent toutes les tentatives de chanter de Polichinelle, le diable (l. 777-797). 3. À quel procédé comique la réplique de Polichinelle sur « la mode de parler en musique » (l. 808-809) renvoie-t-elle ? Cette pointe de satire vise l’opéra et Lully qui étaient en passe de détrôner la comédie-ballet et Molière dans l’estime de Louis XIV. 4. Dans la deuxième partie de l’intermède, délimitez et expliquez deux diables à ressort. Un premier diable à ressort (l. 847-869) met aux prises les implorations de Polichinelle qui repoussent les refus des archers, le diable. Un deuxième diable à ressort, physique celui-là, marque les séances de croquignoles (l. 890-891) et de coups de bâton (l. 900-902). Dans l’un et l’autre cas, le diable, Polichinelle, est respectivement repoussé par les croquignoles et les coups de bâton.

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5. Situez et décrivez l’inversion du comique de situation dans la seconde partie de l’intermède. Dans un premier temps (l. 807-837), Polichinelle se moque des archers à sa recherche. Dans un second temps (l. 838-842), Polichinelle se fait prendre. Il s’agit de l’inversion interne, l’arroseur arrosé. ACTE II ACTE II, SCÈNES 1, 2, 3 ET 4 Compréhension 1. Comment Cléante a-t-il été mis au courant du mariage projeté entre Angélique et Thomas Diafoirus ? À la demande de Toinette, le vieil usurier Polichinelle, son « amant », a averti Cléante « de grand matin » (voir acte I, sc. 8, l. 693-697), donc le matin même. 2. Comment Cléante s’arrange-t-il pour parler à Angélique malgré l’étroite surveillance dont elle est l’objet ? Cléante se fait passer pour un « ami de son maître de musique » (sc. 1, l. 929). 3. Quels renseignements la première scène fournit-elle quant à l’éducation d’Angélique ? Étroitement surveillée, elle sort peu, et ses relations sont limitées. Elle reçoit une éducation bourgeoise : les leçons de musique. 4. Pourquoi le mariage entre Angélique et Thomas Diafoirus se fera-t-il dans « quatre jours » (scène 4, l. 1012; voir acte I, scène 5) ? Thomas Diafoirus sera reçu médecin dans trois jours (acte I, sc. 5, l. 381). Le lendemain donc, il se mariera. Action et personnages 1. Entre la fin du premier intermède et le début de l’acte II, combien de temps s’est-il écoulé ? En présumant que l’aventure de Polichinelle a lieu dans la soirée — il offre la sérénade à Toinette — et que Cléante arrive chez Argan en quelque part dans l’avant-midi ou l’après-midi (?), il s’est écoulé un peu plus d’une nuit. 2. En quoi la première scène est-elle une scène d’exposition ? Il s’agit en quelque sorte d’une scène d’exposition, puisque le spectateur apprend les circonstances de la rencontre entre Angélique et Cléante (l. 921-927).

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3. À la scène 2, Cléante est-il judicieux dans ses remarques à Argan ? Pourquoi ? Non, Cléante ne prend pas en considération l’hypocondrie d’Argan. Pensant bien faire, il souligne à deux reprises la bonne santé du malade imaginaire (l. 953-954 et 957-958). 4. Quelle remarque de Toinette montre qu’Argan est bel et bien un malade imaginaire ? « Il marche, dort, mange, et boit tout comme les autres ; mais cela n’empêche pas qu’il ne soit fort malade » (sc. 2, l. 963-964). 5. Qu’y a-t-il de commun entre les scènes 1 et 3 ? Qu’y a-t-il de différent ? La surprise des personnages est identique : l’une pour Toinette, l’autre pour Angélique. Ce qui change, c’est l’intensité de la surprise. Toinette se remet presque immédiatement, tandis qu’Angélique en reste tout interdite — il faut dire qu’elle est sous le regard de son père. 6. En quoi l’interruption de Cléante par Toinette, à la fin de la scène 3, est-elle une bonne chose ? Entraîné par sa passion, Cléante est à deux doigts d’avouer son amour devant Argan. 7. Comment Angélique et Cléante apparaissent-ils ? Quel est le ressort dramatique interne qui les fait agir ? Cléante fait preuve d’audace puisqu’il prend la place du maître de musique. Mais il est également maladroit quand il ne prend pas en compte l’hypocondrie d’Argan (voir réponse à la question 3) ou encore quand il se laisse entraîner par sa passion (voir réponse à la question 6). Quant à Angélique, derrière l’image d’une jeune fille douce et sage, elle sait rapidement dissimuler. Leur amour respectif les fait agir. 8. Dans ces scènes, qui porte le masque ? Pourquoi ? Cléante porte le masque, puisqu’il veut rencontrer sa dulcinée à l’insu du père. Comique 1. En vous aidant de la réponse à la question 9, expliquez le procédé comique qui chapeaute les scènes 1 et 3. Il s’agit de la répétition du comique de situation. Et Toinette et Angélique réagissent de la même façon à la vue de Cléante. 2. Au début de la scène 2, en quoi le comique de geste pourrait-il consister ? Dans sa marche en long ou en large (?) à l’intérieur de sa chambre, Argan a une démarche peu naturelle, assez mécanique. 3. Décrivez le pantin à ficelle de la scène 2. Argan est manipulé par Toinette lorsque cette dernière feint de parler (l. 941-946).

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4. Dans la scène 2, relevez les répliques ironiques de Toinette. Ce sont ses commentaires sur la maladie d’Argan : (l. 951-952, 955-956, 959-961 et 963-964). 5. Relevez les moments de la scène 2 où le comique de caractère ressort plus particulièrement. Au début de la scène 2, lorsqu’Argan déambule, va et vient, son hypocondrie ressort d’autant qu’il s’interroge s’il doit aller de long ou de large. Toujours au début de la scène 2, il s’insurge contre le volume de la voix de Toinette qui lui a « ébranl[é] tout le cerveau » (l. 937-938). Lorsque Toinette s’insurge contre les remarques de Cléante, qui nie la mauvaise santé de l’hypocondriaque, Argan acquiesce avec beaucoup de satisfaction (l. 962, 965). Il y a également les remarques de Cléante sur la bonne santé d’Argan. 6. Expliquez l’interférence du comique de situation de la scène 3. Le rêve d’Angélique est interprété différemment par Argan et par Cléante. Pour le père, il ne s’agit que d’un rêve à saveur prémonitoire; pour Cléante, c’est un appel au secours. 7. Il y a effet boule de neige lorsqu’une conséquence est inattendue. Dans ces quatre scènes, ce procédé du comique de situation est présent à deux reprises. Montrez-le. L’intention première de Cléante était de profiter de la leçon de musique pour parler seul à seule avec Angélique et connaître « ses résolutions sur ce mariage fatal » (acte II, sc. 1, l. 919-920). Mais, conséquence imprévue, Argan décide que la leçon aura lieu en sa présence, au grand dam de Toinette qui cherche à l’en détourner (acte. II, sc. 2, l. 972-973, 975-976, 978-979). L’autre conséquence inattendue est l’arrivée des Diafoirus qui va mettre en présence les deux prétendants à la main d’Angélique. Toinette annonce leur arrivée à la scène 4. 8. Pourquoi utiliser le nom Diafoirus pour désigner des médecins est-il comique (note 1, p. 10) ? Quel procédé du comique de mot est ici en jeu ? Le nom Diafoirus désigne à la fois le médecin, mais renvoie également au vieux mot français foire, qui signifie diarrhée (ambiguïté du comique de mot). Quant à l’utilisation du préfixe grec dia (« à travers ») et de la terminaison latine us, elle se veut une satire du pédantisme des médecins du XVIIe siècle. 9. Expliquez en quoi consistent les comiques de mot suivants : a) « Ma foi, Monsieur [...] charmée de lui » (scène 4, l. 1000-1005) ; Toinette ironise : ce n’est pas « le garçon le mieux fait du monde » ni « le plus spirituel ». Angélique n’en sera pas « charmée » et Toinette ne se « dédi[t] » pas. b) « Que vous serez bien engendré ! » (scène 4. l. 1003) ; Il y a ambiguïté entre les sens « pourvu d’un bon gendre » (vous aurez un beau gendre) et « donner la vie » (vous aurez une belle descendance). c) « Allons, qu’on se range, les voici » (scène 4, l. 1019). Il s’agit d’une transposition sur la valeur puisque, normalement, l’expression est employée pour marquer l’entrée de personnes importantes, les nobles en somme.

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ACTE II, SCÈNE 6 Compréhension 1. Divisez la scène en trois parties et titrez-les. Partie I (l. 1291-1345) : Angélique refuse d’épouser Thomas Diafoirus. Partie II (l. 1346-1400) : Angélique s’attaque à Béline. Partie III (l. 1401-1431) : Argan consulte. 2. Dans cette scène, qu’apprend-on sur le mariage au XVIIe siècle ? La conception qu’en a Argan est-elle la même que celle d’Angélique ? Justifiez. Le père décide du conjoint de ses enfants. Argan a choisi Thomas Diafoirus et demande à sa fille de lui donner la main en signe d’engagement (l. 1305-1306). Angélique, elle, laisse à entendre qu’il y a une certaine évolution des mœurs à l’époque de Molière. À Thomas Diafoirus qui lui signale que les anciens utilisaient la force pour s’approprier leur femme, elle lui réplique : « Les anciens, Monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant. Les grimaces ne sont point nécessaires dans notre siècle; et quand un mariage nous plaît, nous savons fort bien y aller, sans qu’on nous y traîne » (l. 1332-1335). Angélique souligne également que certaines se marient pour se libérer de la contrainte parentale (l. 1369-1371), d’autres, dont Béline, pour s’enrichir aux dépens de leur futur mari (l. 1371-1375). Pour Angélique, avant de se marier, il faut « cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite » (l. 1311). Pour le père, cette inclination viendra en cours de mariage (l. 1317-1318). Pour Angélique, le « mariage est une chaîne où l’on ne doit jamais soumettre un cœur par force » (l. 1320-1321). Le père, au contraire, dit à sa fille : « Écoute, il n’y a point de milieu à cela : choisis d’épouser dans quatre jours, ou Monsieur, ou un couvent » (l. 1391-1392). 3. Décrivez les étapes de la consultation qui clôt la scène. Le médecin observe et interprète les symptômes : le pouls d’Argan est « duriuscule », « repoussant » et « un peu caprisant » (l. 1403-1414). Il émet ensuite un diagnostic : c’est la « rate », le « parenchyme splénique » (l. 1415-1421). Il prescrit finalement une médication : Argan doit manger « force rôti » (l. 1422-1426). Action et personnages 1. Quelle réplique de Béline laisse entrevoir qu’elle se doute de la raison qui pousse Angélique à refuser d’épouser Thomas Diafoirus ? « Elle a peut-être quelque inclination en tête » (l. 1346). 2. Quel objectif Béline poursuit-elle ? Son objectif est toujours le même : mettre la main sur l’héritage d’Argan. En laissant entendre qu’Angélique aime quelqu’un en secret, elle veut inciter le père à mettre sa fille dans un couvent.

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3. Montrez l’importance de cette scène sur le plan de l’action. La scène marque l’opposition entre les divers camps. Face à Angélique, qui aime Cléante, se dresse son père qui veut lui faire épouser Thomas Diafoirus — lequel cherche à profiter de la situation — et sa belle-mère qui fait tout pour amener Argan à placer sa fille dans un couvent. 4. La réaction d’Angélique diffère-t-elle de celle qu’elle avait eue à l’annonce du projet de son père (acte I, scène 5) ? Justifiez. Oui, lors de l’annonce, elle reste sans voix. Ici, elle dit non à son père en refusant de donner la main à son futur époux, et elle se bat pied à pied contre Thomas Diafoirus pour l’un, contre sa belle-mère pour l’autre. 5. Angélique s’oppose tour à tour à Thomas Diafoirus et à Béline. Quels arguments avance-t-elle ? Comment chacun les conte-t-il ? 1 - Le conflit Angélique-Thomas Diafoirus Argument 1 : accepter une personne que l’on contraint n’est pas d’un honnête homme

(l. 1319-1322). Réplique : accepter une personne des mains de son père est d’un honnête homme (l.

1323-1325). Argument 2 : en amour, utiliser la violence est un mauvais moyen (l. 1326-1327). Réplique : les anciens le faisaient (l. 1328-1331). Argument 3 : si Thomas Diafoirus l’aime, il doit lui obéir (l. 1335-1336). Réplique : sauf si cette obéissance met son amour en péril (l. 1337-1338). Argument 4 : la soumission aux volontés de l’être aimé est la plus grande marque

d’amour (l. 1330-1340). Réplique : sauf si cette soumission empêche de posséder l’être aimé (l. 1341-1342). 2 - Le conflit Béline-Angélique Argument 1 : Angélique a une inclination en tête (l. 1346). Réplique : si c’est le cas, celle-ci est honnête (l. 1347-1348). Argument 2 : Béline mettrait Angélique au couvent (l. 1350-1351). Réplique : Argan ne lui obéira peut-être pas (l. 1352-1354). Argument 3 : Angélique refuse d’obéir à son père (l. 1355-1357). Réplique : l’obéissance a des bornes (l. 1358-1359). Argument 4 : Angélique veut choisir son mari (l. 1360-1361). Réplique : elle espère que son père lui offrira un mari qui lui plaise (l. 1362-1364). Argument 5 : (Angélique attaque) elle souhaite, elle, se marier pour aimer son mari (l.

1366-1376). Réplique : rien.

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6. Thomas Diafoirus se comporte-t-il différemment par rapport à la scène précédente ? Justifiez. Qu’est-ce qui le fait agir ? À la scène précédente, il agissait comme un petit garçon encore accroché aux basques de son père. Il réagit bien différemment dans cette scène, revendiquant haut et fort le droit de s’approprier Angélique puisqu’Argan la lui donne (voir la réponse à la question précédente). La concupiscence le fait agir, si l’on se fie à l’allusion aux anciens qui forçaient leurs futures femmes (l. 1328-1331). Comique 1. Au début de la scène, en quoi le comique de geste pourrait-il consister ? Quel personnage en serait le responsable ? Thomas Diafoirus pourrait répéter à plusieurs reprises la seule phrase de son compliment dont il se rappelle, un peu comme un vieux disque usé. 2. De quel procédé du comique de mot les répliques de Toinette relèvent-elles ? Donnez-en deux exemples et expliquez-les. « Ah ! Madame, vous avez bien perdu de n’avoir point été au second père, à la statue de Memnon, et à la fleur nommée héliotrope » (l. 1303-1304). Toinette ironise : elle ne trouve pas réellement que Béline a manqué quelque chose. Il y a aussi ambiguïté, si la phrase est également interprétée dans le sens de « perdu une bonne occasion de rire ». « Vous avez beau raisonner : Monsieur est frais émoulu du collège, et il vous donnera toujours votre reste » (l. 1343-1344). Toinette n’est pas d’accord avec cette supposée supériorité des collégiens. 3. Retracez la réplique ironique d’Angélique durant sa dispute avec Béline. « Je sais, Madame, [...] les bontés que vous avez pour moi » (l. 1352-1353). Angélique ne pense pas que Béline a des « bontés » pour sa belle-fille. 4. De quel procédé du comique de mot les reproches de Thomas Diafoirus à sa future belle-mère relèvent-ils ? Les reproches (l. 1299-1300) sont une transposition sur la valeur. Normalement, un futur gendre n’émet pas de tels reproches envers sa belle-mère, du moins lors de la première rencontre. 5. À quel procédé du comique de mot renvoie la réplique de Toinette : « Pourquoi tant résister, et refuser la gloire d’être attachée au corps de la Faculté ? » (l. 1344-1345) ? Il y a ambiguïté puisque le mot « corps » renvoie, d’une part, à la corporation des médecins, mais aussi au corps de Thomas Diafoirus. 6. À quel procédé comique renvoie la réplique d’Argan : « Ouais ! je joue ici un plaisant personnage » (l. 1349) ? Expliquez-le. Il s’agit d’une interférence du comique de situation : la réflexion renvoie à Argan, le personnage, qui dans la scène joue un plaisant personnage (énoncé) et à Molière, l’acteur, qui dans la pièce joue le rôle d’un plaisant personnage (énonciation).

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7. En vous aidant de la théorie sur le comique de caractère, expliquez pourquoi les discussions entre Angélique et Thomas Diafoirus de même qu’entre Angélique et Béline ne sont pas entièrement comiques. Si les deux discussions ne sont pas totalement comiques, c’est tout simplement parce que le défaut d’Argan n’est pas totalement isolé, alors qu’il doit l’être pour qu’il y ait comique. Les conséquences de son hypocondrie, désastreuses pour Angélique, apparaissent clairement : ou sa fille épouse Thomas Diafoirus ou elle entre au couvent. 8. Où le comique de caractère ressort-il particulièrement ? Au moment où les Diafoirus s’apprêtent à partir, Argan ne peut s’empêcher de leur demander de bien vouloir l’ausculter (l. 1402). 9. Montrez que la séquence de consultation est drôle à cause des procédés du diable à ressort et du pantin à ficelle. Pantin à ficelle : les Diafoirus manipulent Argan qui accepte sans coup férir leurs explications vaseuses, tout spécialement en ce qui concerne leur tentative de justifier que leur diagnostic et leur traitement soient différents de ceux de Monsieur Purgon. Diable à ressort : le diable, les approbations de Monsieur Diafoirus (l. 1408, 1410, 1412, 1414 et 1417), est repoussé par l’analyse des symptômes et le diagnostic de Thomas Diafoirus. 10. Relevez les principaux traits de satire de la médecine et des médecins dans la séquence de consultation. La satire porte sur leur ignorance (différences en ce qui a trait au diagnostic et au traitement, explications vaseuses pour les justifier), d’une part, et sur leur pédantisme (utilisation du latin, de mots savants), d’autre part. ACTE II, SCÈNES 7, 8, 9 ET SECOND INTERMÈDE Compréhension 1. Quelle réplique de la scène 6 justifie l’arrivée inopinée de Béline à la scène 7 ? Béline avait averti qu’elle devait aller en ville : « Je suis fâchée de vous quitter, mon fils, mais j’ai une affaire en ville, dont je ne puis me dispenser. Je reviendrai bientôt » (sc. 6, l. 1394-1395). Après s’être préparée, elle vient saluer et avertir Argan qu’elle sort. 2. Selon Béralde, à quoi le théâtre peut-il servir ? Selon Béralde, le théâtre a une vertu thérapeutique : il « [dissipe le] chagrin » et « [rend] l’âme mieux disposée » (l. 1558-1559). Il vaut « bien une ordonnance de Monsieur Purgon » (l. 1561-1562). 3. Quel est le thème du second intermède ? Le thème est l’amour associé à la jeunesse.

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4. À la scène 9, Béralde apparaît pour la première fois. Comment le spectateur sait-il de qui il s’agit ? Dès le début de la scène, Béralde et Argan s’appellent mutuellement « mon frère » (l. 1541, 1543, 1549 et 1551) et Béralde utilise « ma nièce » (l. 1550) pour désigner Angélique. Action et personnages 1. Comment les scènes 7 et 8 font-elles avancer l’action ? À la fin de ces deux scènes, en quoi le suspense consiste-t-il ? La scène permet de faire avancer l’action puisque les amours de Cléante et d’Angélique, jusque-là inconnues d’Argan, lui sont dévoilées. Quelles mesures Argan va-t-il prendre pour mettre sa fille Angélique à sa raison ? 2. Pourquoi Béline dénonce-t-elle Angélique ? Béline cherche à brouiller le père et la fille dans l’espoir qu’Argan mette Angélique dans un couvent. La belle-mère pourra ainsi s’approprier plus facilement l’héritage de son mari. 3. À la demande de son père, quel rôle Louison joue-t-elle ? À la demande d’Argan, Louison espionne sa sœur (« Ne vous ai-je pas recommandé de me venir dire d’abord tout ce que vous voyez ? », l. 1458-1459; « prenez bien garde à tout », l. 1536-1537). 4. Dans la scène 8, quels ressorts dramatiques internes font agir Argan ? Comment apparaît-il ? Dans cette scène, le comportement du père est ambigu. D’une part, de par son autorité de père, premier ressort dramatique interne, il force Louison à lui révéler le secret d’Angélique. Le père apparaît alors plutôt odieux. D’autre part, un deuxième ressort dramatique interne, l’affection qu’il porte à sa petite fille et qui transparaît dans la connivence qui s’établit entre les deux, le rend plutôt sympathique. 5. Pour Goethe, la scène 8 est « le symbole de la connaissance parfaite des planches ». Un auteur moyen aurait simplement fait raconter l’histoire par Louison, tandis que Molière lui fait avouer progressivement les faits. Retracez les quatre étapes de cet aveu. Toujours selon Goethe, « la petite Louison affecte de ne pas comprendre son père » (l. 1441-1457) ; « elle nie qu’elle sache quelque chose (l. 1458-1468) ; « menacée de verges, elle tombe et fait la morte » (l. 1469-1488) ; « au moment où son père s’abandonne au désespoir, elle se relève de son évanouissement simulé avec un air qui respire à la fois la ruse et la gaieté et se décide à faire, peu à peu, des aveux complets » (l. 1489-1539). Johann Wolfgang von Goethe, Entretiens avec Eckermann, 1821, trad. franç. de J. Chuzeville, Gallimard.

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6. Montrez que, dans la scène 8, les deux personnages portent tour à tour le masque. Obtiennent-ils le même succès ? Dans un premier temps, Louison contrefait la morte et, dans un second temps, Argan feint de croire que sa fille est réellement morte. Argan obtient le résultat escompté : faire avouer Louison et connaître le secret de sa fille Angélique. Louison réussit à éviter les verges, mais pas à garder le secret de sa sœur. 7. Quelle est la double utilité de la scène 9 ? Elle sert, d’une part, à justifier l’arrivée de Béralde : il vient en appui aux amours de Cléante et Angélique. D’autre part, elle permet d’insérer le second intermède dans l’action. 8. Le second intermède est-il réellement lié à l’action ? Le second intermède est lié à l’action en ce sens que le divertissement est présenté au malade imaginaire et à Béralde. Il est donc joué au moment même de l’action dans la chambre d’Argan. Mais, en aucune façon, le second intermède ne fait avancer l’action, il ne sert qu’à divertir. Quant au thème, l’amour, comme celui du prologue, il renvoie assez lâchement à l’intrigue. 9. Expliquez en quoi le second intermède est du théâtre dans le théâtre. Il s’agit du théâtre dans du théâtre, puisque des comédiens, une troupe de bohémiens, présentent un spectacle de chansons et de danses à Argan et à Béralde, personnages du Malade imaginaire. Comique 1. Situez avec précision et décrivez les deux mécanismes du diable à ressort de la scène 8. Dans le premier (l. 1443-1469), les interrogations d’Argan repoussent les réticences et dénégations de Louison, le diable. Dans le deuxième (l. 1503-1535), les interrogations d’Argan, le diable, sont repoussées par les aveux de Louison. 2. Montrez que, dans la scène 8, il y a un double pantin à ficelle et dites quel est le procédé du comique de situation qu’il entraîne. Dans un premier temps, Louison contrefait la morte pour amadouer son père, le pantin à ficelle (l. 1487-1488). Dans un second temps, Argan feint de croire à la mort de sa fille (l. 1489-1492), qui devient alors le pantin à ficelle. Il s’agit de l’inversion puisque le pantin s’inverse : le manipulé, Argan, devient le manipulateur et la manipulatrice, Louison, devient la manipulée. Il s’agit d’une inversion interne : est pris qui croyait prendre. 3. Quand l’hypocondrie d’Argan ressort-elle particulièrement ? Quel comique est en jeu ? L’hypocondrie d’Argan ressort tout particulièrement à la scène 9, quand le malade imaginaire commente l’état « déplorable » de sa santé (l. 1544-1548). Il s’agit du comique de caractère.

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ACTE III ACTE III, SCÈNES 1 ET 2 Compréhension 1. Que commente Béralde en entrée de la scène 1 (l. 1633-1634) ? Béralde souligne la valeur « thérapeutique » du ballet. En effet, il avait conclu l’acte II en affirmant que le divertissement « vaudra bien une ordonnance de Monsieur Purgon » (acte II, sc. 9, l. 1561-1562). 2. Pourquoi Argan doit-il sortir à la scène 1 ? Argan doit aller aux toilettes, conséquence normale des laxatifs prescrits par Monsieur Purgon. Action et personnages 1. Sur le plan de l’action, à quoi la sortie d’Argan à la scène 1 sert-elle ? À quoi sert la scène 2 ? À la fin de la scène 2, en quoi le suspense consiste-t-il ? La sortie d’Argan permet le conciliabule entre Toinette et Béralde en faveur d’Angélique. La scène 2 permet de relancer l’action, puisque le spectateur y apprend que Toinette prépare un stratagème pour sauver le mariage d’Angélique. Le suspense est double. D’une part, quel tour Toinette envisage-t-elle de jouer à Argan ? D’autre part, ce tour permettra-t-il à Angélique et Cléante de se marier ? Comique 1. Montrez que les deux répliques de Toinette de la scène 1 (l. 1635, 1638-1639) sont ironiques. Toinette ne croit pas qu’une prise de casse soit délicieuse (l. 1635) ni qu’Argan ait besoin de sa canne (« bâton ») pour marcher (l. 1638-1639). 2. Comment, dans la scène 1, le comique de caractère ressort-il ? Le simple fait qu’Argan doive sortir pour aller aux toilettes (l. 1627) rappelle qu’il est sous médication, et le fait qu’il ait oublié sa canne (l. 1638-1639), que sa maladie est imaginaire. 3. À la scène 1, à quel niveau la répétition du comique de situation se situe-t-elle ? Il y a répétition puisque cette scène est la répétition de la scène 3 de l’acte I : alors qu’Argan doit entreprendre une conversation avec Angélique, des besoins pressants l’obligent à sortir temporairement. Cela permet à Angélique et Toinette de se mettre d’accord.

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4. Quel procédé comique la scène 2 annonce-t-elle ? Elle annonce un pantin à ficelle (comique de situation), puisque Toinette avertit Béralde qu’elle a « résolu de jouer un tour » (l. 1648) à Argan. Il y a aussi inversion puisque la servante va jouer le maître. ACTE III, SCÈNES 4, 5 ET 6 Compréhension 1. Pourquoi la seringue que tient Monsieur Fleurant est-elle si grosse ? Il s’agit d’une seringue à lavement. La seringue pour inoculer un médicament sera inventée au XIXe siècle. 2. Quel champ lexical Monsieur Purgon privilégie-t-il lorsqu’il parle du refus d’Argan de prendre sa « médecine » ? Lorsqu’il parle de la « médecine » elle-même ? Comment Monsieur Purgon apparaît-il ? Il associe le refus de prendre le traitement à un crime : « hardiesse bien grande » (l. 1872); « étrange rébellion » (l. 1872-1873) ; « action exorbitante » (l. 1885); « attentat énorme contre la médecine » (l. 1887); « crime de lèse-Faculté, qui ne se peut assez punir » (l. 1889-1890); « soustrait de l’obéissance que l’on doit à son médecin » (l. 1913-1914) ; « rebelle aux remèdes » (l. 1916-1917). Sa « médecine », elle, est le médicament par excellence : « pris plaisir à composer moi-même » (l. 1875-1876) ; « Inventé et formé dans toutes les règles de l’art » (l. 1878) ; « faire dans des entrailles un effet merveilleux » (l. 1880-1881). Monsieur Purgon a une très haute opinion de la médecine et des médecins, donc de lui-même. Action et personnages 1. Sur le plan de l’action, à quoi ces scènes servent-elles ? Les scènes 4, 5 et 6 laissent à entendre la fin du projet de mariage entre Thomas Diafoirus et Angélique. 2. Pourquoi, à la scène 5, Toinette prend-elle le parti de Monsieur Purgon ? Pourquoi Béralde reste-t-il silencieux ? Une raison commune explique leur comportement différent. Tous deux sont satisfaits de la tournure des événements. Une brouille entre Argan et son médecin aura en effet une heureuse répercussion sur les projets de mariage d’Angélique. Le second ne voit donc pas l’utilité d’intervenir, tandis que la première en profite pour exercer son ironie et attiser la colère de Monsieur Purgon, et ainsi s’assurer que la brouille est définitive. 3. Quel est le ressort dramatique interne qui fait agir Monsieur Purgon ? Argan ? Monsieur Purgon se laisse entraîner par la haute opinion qu’il a de la médecine et des médecins, donc de lui-même, tandis que l’affaissement moral d’Argan devant les

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anathèmes de son médecin s’explique par son hypocondrie qui en fait un jouet entre les mains du médecin. Comique 1. Dans la scène 4, quelle réplique de Béralde est particulièrement drôle ? Précisez de quelle transposition du comique de mot il s’agit. Il s’agit de l’humour : « on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des visages » (l. 1849-1850). 2. Montrez comment fonctionne le diable à ressort de la scène 5 et relevez les caractéristiques stylistiques qui en accentuent le rythme. Quand Monsieur Purgon tance vertement Argan, qui a remis à plus tard un lavement, chaque cri de détresse du malade imaginaire (l. 1871-1938), le diable, est ignoré du médecin ulcéré. À la fin du diable à ressort, la répétition de « Monsieur Purgon » et la rime en « ie » des répliques du médecin en accentuent le rythme. 3. De quel procédé comique les répliques de Toinette de la scène 5 relèvent-elles ? Toinette ironise (transposition, comique de mot). Elle feint de croire que Monsieur Purgon a raison pour mieux arriver à ses fins : libérer Argan de son médecin traitant. 4. Dans la scène 5, en quoi le comique de geste pourrait-il consister ? Les gestes de Monsieur Purgon pourraient prendre une allure grandiloquente et être répétitifs. 5. Quel procédé du comique de situation se retrouve dans l’ensemble des trois scènes ? Justifiez. Il s’agit du pantin à ficelle. Argan est une véritable marionnette entre les mains de la médecine et des médecins. 6. À partir des champs lexicaux qu’emploie Monsieur Purgon pour qualifier le refus d’Argan et la « médecine » prescrite, dites quelle transposition est utilisée. Il s’agit d’une transposition sur la valeur. Le refus d’Argan devient quasiment « un crime contre l’humanité » et sa médecine devient « la perfection » en matière de médicament. 7. Dans les trois scènes, relevez les répliques où l’hypocondrie d’Argan ressort particulièrement. Quel comique est alors en jeu ? À la scène 4, Argan interrompt la conversation pour son lavement (l. 1840), a peur des conséquences que la remise du traitement va entraîner (l. 1855) et ne sait quoi répondre à la demande de son frère qui veut savoir de quelle maladie il souffre (l. 1866-1867). Aux scènes 5 et 6, la panique d’Argan fait ressortir son hypocondrie (ensemble des répliques d’Argan, peut-être tout spécialement l. 1943). Il s’agit du comique de caractère.

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ACTE III, SCÈNES 7, 8 ET 9 Action et personnages 1. À quoi les scènes 7, 8 et 9 servent-elles sur le plan de l’action ? Les trois scènes servent à rendre crédible aux yeux d’Argan le personnage du médecin, d’autant qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à Toinette. 2. Comment Toinette tente-t-elle de camoufler l’invraisemblance de la similitude ? À la scène 7, elle reconnaît elle-même l’invraisemblance de la similitude : « mais il me ressemble comme deux gouttes d’eau, et si je n’étais sûre que ma mère était honnête femme, je dirais que ce serait quelque petit frère qu’elle m’aurait donné depuis le trépas de mon père » (l. 1969-1972). Aux scènes 8 et 9, elle entre et sort très rapidement pour faire croire au double personnage. La didascalie du début de la scène 9 le confirme : « TOINETTE quitte son habit de médecin si promptement qu’il est difficile de croire que ce soit elle qui a paru en médecin » (l. 1992-1993). 3. Montrez, à l’aide de répliques, qu’Argan a de sérieux doutes quant à l’identité du médecin. « Par ma foi ! voilà Toinette elle-même » (sc. 8, l. 1983-1984); « Eh ! ne diriez-vous pas que c’est effectivement Toinette ? » (sc. 8, l. 1987) ; « Si je ne les voyais tous deux, je croirais que ce n’est qu’un » (sc. 9, l. 2001) ; « et j’aurais juré que c’est la même personne » (sc. 9, l. 2005-2006). 4. Comment Béralde aide-t-il Toinette au cours de ces scènes ? Béralde aide Toinette en justifiant, jusqu’à un certain point, la ressemblance entre Toinette et le supposé médecin (sc. 8, l. 1988-1900 et sc. 9, l. 2002-2004). Comique 1. Quel comique de situation est à la base des scènes 7 à 9 ? Il s’agit du procédé du pantin à ficelle. Toinette, aidée par Béralde, manipule Argan. 2. Expliquez l’ambiguïté du comique de mot dans les répliques suivantes : a) « Un médecin de la médecine » (scène 7, l. 1967); La formulation est tautologique, mais elle peut aussi signifier un médecin qui soigne la médecine, laquelle en a bien besoin à l’époque. b) « j’ai sur le cœur toutes ces maladies-là » (scène 7, l. 1978). Il y a jeu sur le sens propre et le sens figuré d’ » avoir sur le cœur » : avoir physiquement sur le cœur, être malade, et moralement, être mal dans sa peau. 3. Trouvez, dans la scène 7, une réplique d’Argan qui relève du comique de caractère.

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« J’ai bien peur que vous ne soyez cause de quelque malheur » (l. 1976). ACTE III, SCÈNES 11, 12, 13, 14 ET TROISIÈME INTERMÈDE Compréhension 1. Qu’est-ce que le latin macaronique ? Donnez-en des exemples. Le latin macaronique est une parodie de latin, composée de mots français (pour certains, on a ajouté une terminaison latine) et de mots latins connus grâce aux cérémonies religieuses, en latin à l’époque. Les mots « parlat », « manget », « bibat », « seignet » et « tuat » (l. 2503-2505) sont de fausses traductions latines de « parle », « mange », « boive », « saigne » et « tue ». Ils imitent le latin grâce à leur terminaison. Parfois les mots français sont utilisés tels quels : « De non jamais te servire / De remediis aucunis / Quam de ceux seulement » (2448-2450). Souvent, les mots latins sont tirés de textes de la religion catholique : « in secula » (l. 2490). 2. Comment la médecine et les médecins sont-ils présentés dans la scène 14 et le troisième intermède ? Les médecins sont ignorants : « Bon, étudier ! Vous êtes assez savant ; et il y en a beaucoup parmi eux qui ne sont pas plus habiles que vous » (l. 2269-2270) ; « En recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela, et vous serez après plus habile que vous ne voudrez » (l. 2273-2274) ; voir aussi les lignes 2277-2278 et 2279-2280 ; le bachelier répond par des tautologies (l. 2369-2376); le traitement est toujours le même, quelle que soit la maladie (l. 2389-2391). Ils sont cupides : leur président leur souhaite « honneur et argent » (l. 2323), souligne que la médecine les « Fait vivre à gogo » (l. 2334). Ils sont suffisants et pédants : l’utilisation du latin ; selon leur président, « Par toute la terre, nous voyons / La grande vogue où nous sommes, / Et combien les grands et les petits / Sont de nous entichés. / Le monde entier, courant après nos remèdes, / Nous regarde comme des dieux; / Et à nos ordonnances / Nous voyons soumis princes et rois » (l. 2336-2343) ; le discours de remerciement prétentieux du bachelier (l. 2467-2490). Ils privilégient le respect des règles à la santé du malade : le premier serment (l. 2438-2440) ; « De ne jamais te servir / D’autres remèdes / Que ceux seulement de la docte Faculté, / Le malade dût-il en crever, / Et mourir de son mal » (l. 2448-2452). Le respect des anciens passe avant tout : « D’être, dans toutes / Les consultations, / De l’avis des anciens, / Qu’il soit bon / Ou mauvais » (l. 2442-2446). Action et personnages 1. Quelle réplique d’Argan, à la scène 11, prouve qu’il n’a plus aucun doute sur l’identité du médecin ? « Voyez un peu, à l’âge de quatre-vingt-dix ans ! » (l. 2124).

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2. Quelle nouvelle maladresse Béralde commet-il à la scène 11 ? Comment Toinette le sauve-t-elle ? Comme à la scène 3, Béralde laisse entendre que Béline, la jeune femme d’Argan, est responsable de la décision de mettre Angélique au couvent : « Vous voulez faire plaisir à quelqu’un » (l. 2137). Bien évidemment, Argan se fâche. Toinette le sauve, d’une part, en encensant Béline (l. 2145-2146) et approuvant Argan dans son énumération des qualités de cette dernière (l. 2149, 2151 et 2153). D’autre part, elle propose à Argan de faire découvrir à Béralde la bonté de Béline (l. 2153-2155). 3. Pourquoi Argan accepte-t-il de contrefaire le mort ? Pourquoi Béralde doit-il se cacher avant l’arrivée de Béline ? Argan accepte de contrefaire le mort parce qu’il croit, comme le lui affirme Toinette, qu’il s’agit de confondre son frère. Devant Béralde, Béline n’aurait pas jeté le masque. 4. Montrez que ces quatre scènes sont des scènes de dénouement. Elles constituent un dénouement puisqu’elles marquent la fin des conflits; les fils de l’action, de l’intrigue s’y dénouent. À la scène 11, Toinette convainc Argan de contrefaire le mort. En conséquence, à la scène 12, la vraie nature de Béline est dévoilée, et lui échappe donc la fortune d’Argan. À la scène 13, le même subterfuge confirme l’amour filial d’Angélique. Elle reprend donc son ascendant auprès de son père. À la dernière scène, le mariage d’Angélique est assuré, et l’hypocondrie d’Argan est circonscrite puisqu’il deviendra médecin et se soignera lui-même. 5. Quand Argan apparaît-il comme un bon père de famille ? À la scène 14, Argan reconnaît l’affection de sa fille : « Va, tu es mon vrai sang, ma véritable fille, et je suis ravi d’avoir vu ton bon naturel » (l. 2242-2243). 6. Dans ces scènes, quels personnages portent le masque ? Quel personnage le laisse tomber ? Argan et Toinette, pour les besoins du subterfuge, portent le masque. Béline, dont la vraie nature apparaît, le laisse tomber. 7. Le troisième intermède est-il lié à l’action ? Montrez que le spectateur assiste à du théâtre dans le théâtre. Le troisième intermède est lié à l’action puisqu’il s’agit de la cérémonie par laquelle Argan est reçu médecin. C’est à cette unique condition qu’il a accepté que sa fille épouse Cléante. Il s’agit de théâtre dans le théâtre, puisque des personnages de la pièce, en l’occurrence Cléante, Angélique, Argan, Toinette et Béralde, jouent dans le spectacle auquel participe la troupe de bohémiens, la cérémonie de réception d’un médecin. Seul Argan ne sait pas qu’il s’agit d’un spectacle et croit qu’il s’agit d’une réelle cérémonie.

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Comique 1. Relevez quelques répliques ironiques de Toinette à la scène 11. Relevez une réplique humoristique à la scène 12. Toutes les répliques où elle soutient que Béline est une femme admirable sont ironiques (sc. 11, l. 2145-2147, 2149, 2151, 2153-2154, 2158-2159 et 2161-2162). « Le pauvre défunt est trépassé » (sc. 12, l. 2404) : le mort est mort. 2. Quel procédé du comique de situation structure les quatre dernières scènes ? Justifiez. Le procédé du pantin à ficelle structure doublement l’ensemble des quatre scènes. Pour l’un, Argan est manipulé par Toinette et Béralde; il accepte de contrefaire le mort, et croit qu’il devient médecin. Pour l’autre, Toinette et Béralde, par l’entremise du « mort » Argan, manipulent et Béline et Angélique. 3. Expliquez la répétition du comique de situation dans ces scènes. Argan contrefait deux fois le mort : une fois pour Béline, une fois pour Angélique. 4. À la scène 14, quand le comique de caractère ressort-il particulièrement ? Donnez la réplique exacte. « Qu’il se fasse médecin, je consens au mariage. Oui, faites-vous médecin, je vous donne ma fille » (l. 2255-2256). 5. En quoi les comiques de geste et de forme pourraient-ils consister dans le troisième intermède ? Pour le comique de forme, il y a les costumes et les voix, celle du président par exemple qui pourrait être caractéristique. Quant au comique de geste, il est facile d’imaginer les divers intervenants au cours de la cérémonie faisant des gestes grandiloquents à répétition. 6. Dans la scène 14 et le troisième intermède, relevez les principaux traits de satire de la médecine et des médecins. Voir la réponse à la question 2 sous « Compréhension ». 7. Relevez tout ce qui permet de parodier la cérémonie de réception d’un médecin. La parodie vient de ce que le bachelier soit Argan ; de ce que la cérémonie soit en partie dansée et chantée ; des costumes ; de l’utilisation du latin macaronique ; du détournement du discours officiel du président (l. 2315-2343) qui, normalement, est un hommage à la science ainsi qu’à la vertu et au désintéressement de la corporation des médecins ; du détournement de l’examen du bachelier, dont les réponses sont tautologiques (l. 2371-2376) et le traitement suggéré toujours le même, quel que soit le diagnostic (l. 2389-2391); du détournement des trois serments (voir aussi la réponse à la question 2 sous « Compréhension »).

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EXTRAIT 1 (p. 20-22)

ACTE I, SCÈNE 1 Compréhension 1. Retracez les deux parties du monologue de départ et titrez-les. Partie I (l. 154-202, jusqu’à « ordre à cela ») : Les comptes d’Argan. Partie II (l. 202-212) : L’appel d’Argan. 2. Dans la première partie, quand le malade imaginaire se parle-t-il ? Quand lit-il la facture de son apothicaire ? Quand dialogue-t-il avec Monsieur Fleurant ? 1 = Argan se parle. 2 = Argan dialogue avec Monsieur Fleurant. 3 = Argan lit la facture de son apothicaire. 1= Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Trois et deux font cinq. 3= « Plus, du vingt-quatrième, un petit clystère insinuatif, préparatif, et rémollient, pour amollir, humecter, et rafraîchir les entrailles de Monsieur. » 1= Ce qui me plaît de Monsieur Fleurant, mon apothicaire, c’est que ses parties sont toujours fort civiles : 3= « les entrailles de Monsieur, trente sols ». 2= Oui, mais, Monsieur Fleurant, ce n’est pas tout que d’être civil, il faut être aussi raisonnable, et ne pas écorcher les malades. Trente sols un lavement : Je suis votre serviteur, je vous l’ai déjà dit. Vous ne me les avez mis dans les autres parties qu’à vingt sols, et vingt sols en langage d’apothicaire, c’est-à-dire dix sols; les voilà, dix sols. 3= « Plus, dudit jour, un bon clystère détersif, composé avec catholicon double, rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l’ordonnance, pour balayer, laver, et nettoyer le bas-ventre de Monsieur, trente sols. » 2= Avec votre permission, dix sols. 3= « Plus, dudit jour, le soir, un julep hépatique, soporatif, et somnifère, composé pour faire dormir Monsieur, trente-cinq sols. » 1 = Je ne me plains pas de celui-là, car il me fit bien dormir. Dix, quinze, seize et dix-sept sols, six deniers. 3= « Plus, du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative et corroborative, composée de casse récente avec séné levantin, et autres, suivant l’ordonnance de Monsieur Purgon, pour expulser et évacuer la bile de Monsieur, quatre livres. » 2= Ah ! Monsieur Fleurant, c’est se moquer; il faut vivre avec les malades. Monsieur Purgon ne vous a pas ordonné de mettre quatre francs. Mettez, mettez trois livres, s’il vous plaît. 1= Vingt et trente sols. 3= « Plus, dudit jour, une potion anodine et astringente, pour faire reposer Monsieur, trente sols. » 2= Bon, dix et quinze sols. 3= « Plus, du vingt-sixième, un clystère carminatif, pour chasser les vents de Monsieur, trente sols. » 2= Dix sols, Monsieur Fleurant. 3= « Plus, le clystère de Monsieur réitéré le soir, comme dessus, trente sols. » 2= Monsieur Fleurant, dix sols. 3= « Plus, du vingt-septième, une bonne médecine composée pour hâter d’aller, et chasser dehors les mauvaises humeurs de Monsieur, trois livres. » 2= Bon, vingt et trente sols : je suis bien aise que vous soyez raisonnable. 3= « Plus, du vingt-huitième, une prise de petit-lait clarifié, et dulcoré, pour adoucir, lénifier, tempérer, et rafraîchir le sang de Monsieur, vingt sols. » 2= Bon, dix sols. 3= « Plus, une potion cordiale et préservative, composée avec douze grains de bézoard, sirops de limon et grenade, et autres, suivant l’ordonnance,

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cinq livres. » 2= Ah ! Monsieur Fleurant, tout doux, s’il vous plaît ; si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade : contentez-vous de quatre francs. 1= Vingt et quarante sols. Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Soixante et trois livres, quatre sols, six deniers. Si bien donc que de ce mois j’ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit médecines; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements; et l’autre mois il y avait douze médecines, et vingt lavements. Je ne m’étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l’autre. Je le dirai à Monsieur Purgon, afin qu’il mette ordre à cela. 3. Quels champs lexicaux sont privilégiés dans la première partie ? Lequel, dans la seconde ? Dans la première partie, il y a le champ lexical de la médecine et celui de l’argent, tandis que dans la seconde, l’injure est privilégiée. 4. Quel mois de l’année la facture qu’examine Argan couvre-t-elle ? Pourquoi pouvons-nous dire que la pièce commence en plein milieu d’une scène ? Le mois de février, puisqu’elle s’arrête au vingt-huitième jour (l. 188). Quand la scène commence, Argan en est rendu au 24 février dans ses calculs du mois. 5. Faites la liste des médicaments et des traitements prescrits à Argan. Lesquels sont privilégiés ? Quel traitement, fort utilisé à l’époque, est absent de cette liste ? Il y a quatre clystères (lavements), deux médecines laxatives, une potion somnifère, une calmante et une cordiale, et une prise de petit-lait. Les clystères et les potions diverses sont privilégiés. La saignée est absente. Rappelons que le premier enfant de Molière meurt à trois mois après avoir été saigné. 6. À combien la facture monte-t-elle ? En sachant que la facture du médecin devait être tout aussi importante, à combien les frais médicaux d’Argan s’élèvent-ils annuellement ? Sachant qu’un domestique gagnait annuellement 100 livres et une servante, 20 livres, comment les spectateurs de 1673 percevaient-ils Argan ? La facture mensuelle monte à 63 livres, 4 sols et 6 deniers (l. 196-197), soit approximativement 800 livres annuellement. Argan dépense donc 1600 livres en frais médicaux par année. Pour les spectateurs de l’époque, Argan est un riche bourgeois qui gaspille son argent en frais de santé inutiles puisqu’il est un malade imaginaire. Son hypocondrie est proportionnelle à la somme investie, laquelle est énorme pour l’époque (approximativement 8000 $ actuels). 7. En analysant les descriptions qui accompagnent chacun des médicaments et traitements, trouvez les caractéristiques du « style apothicaire ». Pourquoi Argan soutient-il que les factures de Monsieur Fleurant « sont toujours fort civiles » (l. 160-161) ? Le « style apothicaire » consiste à utiliser les répétitions verbeuses. Par exemple, il ajoute à « clystère détersif » (l. 167), qui signifie « qui nettoie », la répétition « balayer, laver, et nettoyer le bas-ventre » (l. 168-169). De la même façon, le « julep hépatique » est

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« soporatif », « somnifère » et « composé pour faire dormir » (l. 170-171). Certains euphémismes servent à camoufler des réalités peu attrayantes : « un petit clystère insinuatif, préparatif, et rémollient, pour amollir, humecter, et rafraîchir les entrailles de Monsieur » (l. 157-159). Les descriptions pédantes sont une autre caractéristique du « style apothicaire » : « une potion cordiale et préservative, composée avec douze grains de bézoard, sirops de limon et grenade, et autres, suivant l’ordonnance » (l. 191-193). Les parties d’apothicaire de Monsieur Fleurant sont fort civiles, tout simplement parce qu’elles décrivent certaines réalités sans les désigner nommément (euphémismes). Action et personnages 1. Quand et où l’action se déroule-t-elle ? L’action se déroule, au mois de mars — Argan vérifie la facture du mois de février — à Paris, dans une chambre, celle d’Argan, d’une maison bourgeoise. 2. Expliquez en quoi cette scène est et n’est pas une scène d’exposition. Normalement, une scène d’exposition renseigne le spectateur sur l’objet de l’action, sur les principaux personnages, sur le temps et le lieu. Cette scène présente le personnage principal, le malade imaginaire, fait référence à son médecin, Monsieur Purgon, et à son apothicaire, Monsieur Fleurant. Elle fournit quelques données spatiotemporelles (voir la réponse à la question précédente). Mais le spectateur n’apprend rien concernant l’intrigue, élément essentiel, ni sur les autres personnages. 3. En quoi le fait que la pièce s’appelle Le Malade imaginaire jette-t-il un éclairage particulier sur cette première scène ? En sachant au départ qu’Argan est un malade imaginaire, les spectateurs perçoivent dès le début de la scène l’inutilité des médicaments dont Argan fait une si grande consommation. 4. Précisez les trois traits de caractère d’Argan qui ressortent particulièrement dans cette scène. Pour chacun, donnez une illustration. L’hypocondrie d’Argan ressort tout particulièrement, en proportion du nombre de traitements et médicaments consommés et de la somme d’argent investie. En parallèle, une certaine avarice transparaît, puisque son hypocondrie ne lui fait pas oublier d’éplucher attentivement la facture de son apothicaire. Dans la seconde partie du monologue, son caractère colérique ressort, souligné par la série d’injures dont il gratifie Toinette qui, à ses yeux, n’obtempère pas assez rapidement. 5. À cause du titre de la pièce, dès le départ, le spectateur sait qu’il s’agit d’un malade imaginaire. Montrez que le comportement d’Argan durant le monologue confirme ce qu’annonce le titre. D’une part, Argan fait ses comptes de façon très lucide et serrée; d’autre part, il est particulièrement vigoureux lorsqu’il se met en colère devant la lenteur de Toinette qui ne répond pas à ses appels. S’il était vraiment malade, il se comporterait différemment dans l’un et l’autre cas.

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Comique 1. Dans son monologue, Argan nomme son médecin et son apothicaire. Pourquoi le spectateur rit-il en entendant leur nom (note 1, p. 10) ? Précisez le procédé du comique de mot utilisé. Il y a ambiguïté (comique de mot). Purgon et Fleurant renvoient aux noms des personnages et, pour le premier, au verbe purger, « vider » et conséquemment aux nombreux lavements prescrits et, pour le second, au verbe fleurer, « répandre une odeur », et au rôle de l’apothicaire qui, à l’époque, consiste à sentir les déjections des malades. 2. Le comique de caractère naît d’un défaut poussé à l’extrême. Quelle remarque d’Argan fait particulièrement ressortir son hypocondrie ? « Si bien donc que de ce mois j’ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit médecines; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements; et l’autre mois il y avait douze médecines, et vingt lavements. Je ne m’étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l’autre. Je le dirai à Monsieur Purgon, afin qu’il mette ordre à cela » (l. 197-202). Comme si l’efficacité des soins était fonction du nombre de médecines prescrites. 3. Quels autres comportements ou réflexions d’Argan relèvent du comique de caractère ? Le nombre important de médicaments et traitements qu’il consomme relève du comique de caractère, tout comme sa réflexion : « si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade » (l. 194-195). Deux comportements contradictoires font également ressortir son hypocondrie : la minutie qu’il met à éplucher la facture de son apothicaire et la vigueur de sa colère devant la lenteur de Toinette. 4. À quelle transposition du comique de mot l’utilisation du « style apothicaire » renvoie-t-elle ? Il s’agit de la parodie (voir la réponse à la question 7 sous « Compréhension »). 5. Dans la deuxième partie du monologue, en quoi le comique de geste et le comique de forme pourraient-ils consister ? Pour le comique de forme, il faut s’imaginer un Argan au bord de l’apoplexie, les yeux exorbités, etc. Quant au comique de geste, il vient des gestes à répétition qu’Argan fait avec la cloche et que soulignent les « drelin ». 6. À quel comique respectif renvoie chacun des éléments suivants : a) la tablette et les jetons, l’équivalent actuel d’une caisse enregistreuse ; Le comique de caractère ressort du fait que la tablette et les jetons montrent à quel point Argan investit dans les frais médicaux. b) la grosse cloche ? Parce qu’elle fait partie du costume, la grosse cloche relève du comique de forme. À noter que certains metteurs en scène font l’inverse, avec le même résultat. Ils préfèrent une très petite cloche (voir l’illustration de la page 24).

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7. Dans chaque partie du monologue, il y a un diable à ressort implicite, dont le diable est évoqué, mais n’est pas directement présent sur scène. Décrivez-les. Pour chacun, le diable est implicite. Dans le premier, il est représenté par le coût de chaque médicament ou traitement de la facture de Monsieur Purgon et, dans le second, par le refus de Toinette de répondre. Dans l’un et l’autre cas, Argan les repousse. Analyse littéraire 1. Analysez le monologue d’Argan : structure, caractéristiques stylistiques et lexicales, action et personnages, comique. Éléments de réponse 1. Structure, caractéristiques stylistiques et lexicales

1.1 Structure de la scène (q. 1 sous « Compréhension ») 1.2 Caractéristiques stylistiques (q. 2 et 7 sous « Compréhension ») 1.3 Caractéristiques lexicales (q. 3 sous « Compréhension »)

2. Action et personnages 2.1 Une scène d’exposition particulière (q. 4 sous « Compréhension » ; q. 1 et 2

sous « Action et personnages ») 2.2 Le personnage d’Argan (q. 4 sous « Action et personnages ») 2.3 Un malade imaginaire (q. 5 et 6 sous « Compréhension » ; q. 3 et 5 sous

« Action et personnages ») 3. Comique

3.1 Comiques de forme et de geste (q. 5 et 6 sous « Comique ») 3.2 Comique de situation (q. 7 sous « Comique ») 3.3 Comique de mot (q. 7 sous « Compréhension » ; q. 1 et 4 sous « Comique ») 3.4 Comique de caractère (q. 5 sous « Action et personnages » ; q. 2, 3 et 6 sous

« Comique »)

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EXTRAIT 2 (p. 30-38)

ACTE I, SCÈNE 5 Compréhension 1. Divisez la scène en deux parties et titrez-les. Pour chaque partie, précisez l’interlocutrice d’Argan. Partie I (l. 334-400) : Quiproquo sur l’identité du futur mari. Angélique est l’interlocutrice. Partie II (l. 401-420) : Opposition de Toinette au mariage planifié par Argan. Toinette est l’interlocutrice. 2. Que révèle cette scène de la situation familiale d’Angélique ? La scène révèle qu’Angélique a une belle-mère qui souhaite se débarrasser d’elle en la faisant religieuse, et que son père a l’intention de lui faire épouser un médecin. 3. Que nous apprend cette scène du mariage au XVIIe siècle ? À l’époque, le père a tous les droits sur son enfant. Ainsi, en toute légalité et impunité, Argan choisit son futur gendre, Thomas Diafoirus (l. 393-397). Il peut même enfermer sa fille dans un couvent, s’il le désire (l. 460). Au XVIIe siècle, le mariage est une question monétaire, le désir des enfants y étant bien secondaire. À cet égard, l’hypocondrie d’Argan lui fait accepter un mariage en deçà de sa condition de riche bourgeois. Toinette s’insurge : « Quoi ? Monsieur, [...] avec tout le bien que vous avez, vous voudriez marier votre fille avec un médecin ? » (l. 401-403). La richesse d’Argan lui permettrait normalement de doter sa fille de façon à la marier à un noble. La dot, cette somme d’argent que fournit traditionnellement le père de la future mariée au futur époux, permet de choisir un mari en fonction de son statut social. Argan cherche donc à justifier sa décision en faisant ressortir les avantages monétaires que représente Thomas Diafoirus : enfant unique, il va hériter de son père et de son oncle, M. Purgon, qui n’a pas d’enfant (l. 438-442). Action et personnages 1. Justifiez l’importance de cette scène sur le plan de l’action. S’agit-il d’une scène d’exposition ? Pourquoi ? Il s’agit d’une scène d’exposition, qui tire son importance, sur le plan de l’action, du fait que les trois volets de l’intrigue sont pour la première fois établis : Angélique a le choix entre Cléante qu’elle aime, Thomas Diafoirus, le gendre préféré du père, et le couvent, que Béline aimerait bien voir se concrétiser.

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2. Quel élément de la scène précédente fait croire à Angélique qu’il s’agit de Cléante dont parle Argan ? Dans la scène précédente, Toinette avait souligné que Cléante avait écrit à Angélique qu’il avait l’intention de la faire demander en mariage (sc. 4, l. 327-330). En fait, ce n’est qu’à la scène 3 de l’acte III que Béralde parrainera cette demande. 3. À partir du moment où elle avoue à son père qu’elle pensait à un autre homme que Thomas Diafoirus (l. 399-400), Angélique reste silencieuse jusqu’à ce que son père lui demande de l’aide (l. 515). Qu’est-ce qui explique ce silence prolongé ? Elle est littéralement et doublement assommée par la nouvelle; il faut rappeler la toute-puissance paternelle au XVIIe siècle. Non seulement son père veut la marier à un homme qu’elle n’aime pas, mais, en plus, elle lui a involontairement avoué qu’elle a noué à son insu une relation avec un jeune homme. 4. Quels sont les arguments d’Argan en faveur du mariage et ceux de Toinette contre le projet ? Pour chaque argument, donnez une réplique caractéristique. Argument 1 d’Argan : Thomas Diafoirus est un bon parti (l. 393-398). Réplique de Toinette : Argan peut mieux marier sa fille (l. 401-403) [voir aussi la réponse à la question 3 sous « Compréhension »]. Argument 2 d’Argan : Argan a besoin d’un médecin (l. 409-413). Réplique de Toinette : Argan n’est pas malade (l. 414-416). Argument 3 de Toinette : Angélique, elle, n’est pas malade (l. 421-423). Réplique d’Argan : Angélique doit épouser un mari utile à son père (l. 424-425). Argument 4 d’Argan : Angélique doit lui obéir (l. 470-471). Réplique de Toinette : elle ne le fera pas (l. 518). 5. Comment le père apparaît-il dans cette scène ? Quels ressorts dramatiques le font agir ? Son hypocondrie le rend égoïste. Ainsi, il choisit le mari de sa fille en fonction de ses besoins de santé à lui. Devant l’opposition de Toinette, il se met en colère. Il oublie alors sa maladie et fait preuve d’autorité, laquelle est peut-être une simple façade comme le laisse entendre Toinette (l. 490). 6. Comment Toinette se comporte-t-elle par rapport à Argan ? Par rapport à Angélique ? L’affection que porte Toinette à Angélique ressort du simple fait qu’elle la défend face à un père autoritaire. S’établit entre elles une quasi-relation mère-fille. Comme dans la scène 2, Toinette conteste à Argan son droit de maître. Elle se place sur un pied d’égalité avec lui, et va même jusqu’à prendre sa place. « Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit », soutient-elle (l. 518).

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Comique 1. Quel procédé du comique de situation structure la première partie de la scène ? Pourquoi ? L’interférence du comique de situation structure la première partie de la scène (l. 334-400). Comme le dit elle-même Angélique : « C’est, mon père, que je connais que vous avez parlé d’une personne, et que j’ai entendu une autre » (l. 399-400). Pour Angélique, le parti dont parle Argan est Cléante, tandis que pour son père il s’agit de Thomas Diafoirus. 2. De quel procédé du comique de situation l’aveu d’Angélique relève-t-il ? Il s’agit de l’effet boule de neige ; l’aveu est une conséquence imprévue. 3. Montrez que dans les deux parties de la scène le procédé du diable à ressort est utilisé. Pour celui de la deuxième partie, retracez ce qui en accentue le rythme. (l. 365-382) Le diable, l’enthousiasme amoureux d’Angélique, ressort chaque fois qu’Argan ajoute une qualité supplémentaire au portrait qu’il trace de son futur gendre. (l. 449-488) Le diable, la colère d’Argan, est systématiquement repoussé par l’opposition de Toinette. Les répétitions (« Non », l. 452, 457, 467, 469, 472 « elle ne le fera pas », l. 457, 459) et les reprises en écho (l. 450, 451, 453 ; 454, 455-456; 459, 460 ; 461, 462 ; 463, 464 ; 465, 466 ; 467, 468 ; 474, 475 ; 478, 479 ; 480, 481) en accentuent le rythme. 4. Pourquoi la réplique de Toinette (l. 435-437), celle d’Argan où il annonce le mariage (l. 393-398) et celle où il explique les liens de parenté entre les médecins (l. 438-442) sont-elles comiques (note 1, p. 10) ? Précisez le procédé comique utilisé. Il y a ambiguïté (comique de mot). Les trois noms Purgon, Fleurant et Diafoirus désignent chacun des personnes et, respectivement, « purger », « fleurer » (sentir) et « diarrhée ». 5. De quel comique relève le fait qu’Argan souhaite marier sa fille à un médecin « afin de [s]’appuyer de bons secours contre [s]a maladie, d’avoir dans [s]a famille les sources des remèdes qui [lui] sont nécessaires, et d’être à même des consultations et des ordonnances » (l. 410-413) ? Pourquoi ? Y a-t-il d’autres répliques qui font rire pour des raisons semblables ? Lesquelles ? Il s’agit du comique de caractère, puisque son hypocondrie est ici poussée à l’extrême. 6. Pour qu’il y ait comique de caractère, le défaut poussé à l’extrême doit être isolé d’un autre sentiment. Comment Molière s’y prend-il pour que l’hypocondrie d’Argan n’entre pas en conflit avec l’amour paternel ? À partir du moment où elle a avoué à son père qu’elle pensait à un autre homme que Thomas Diafoirus (l. 399-400), Angélique reste silencieuse jusqu’à ce que son père lui demande de l’aide (l. 515). 7. À quel procédé du comique de mot renvoie la réplique de Toinette : « Hé bien ! oui, Monsieur, vous êtes malade, n’ayons point de querelle là-dessus; oui, vous êtes fort malade, j’en demeure d’accord, et plus malade que vous ne pensez : voilà qui est fait » (l. 419-421) ?

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Deux réponses possibles. Toinette ironise, puisqu’elle ne le croit pas vraiment malade. Toinette joue sur l’ambiguïté de « malade » : Argan n’est pas malade physiquement, mais mentalement. 8. À quelle transposition du comique de mot renvoie chacune des répliques suivantes : a) « La bonne bête a ses raisons » (l. 349) ; Toinette ironise. À ses yeux, Béline n’est pas « peu intelligente et bonne de nature », c’est-à-dire « bonne bête ». b) « Il faut qu’il ait tué bien des gens, pour s’être fait si riche » (l. 443) ; Toinette fait un peu d’humour aux dépens de Monsieur Purgon. c) « […] elle n’est point faite pour être madame Diafoirus » (l. 448) ? Il s’agit d’une transposition sur la valeur. En associant « madame » et « Diafoirus » (diarrhée), elle dévalorise le mariage d’Angélique. 9. Montrez que le dialogue entre Toinette et Argan est en partie structuré sur des inversions du comique de mot. L’inversion consiste à retourner une phrase tout en lui gardant un sens.

TOINETTE : Vous-même. ARGAN : Moi ? TOINETTE : Oui, vous n’aurez pas ce cœur-là. ARGAN : Je l’aurai. TOINETTE : Vous vous moquez. ARGAN : Je ne me moque point. TOINETTE : La tendresse paternelle vous prendra. ARGAN : Elle ne me prendra point.

(acte I, sc. 5, l. 474-481) 10. Expliquez en quoi consiste l’inversion externe du comique de situation dans la seconde partie de la scène. Relevez quelques répliques qui l’illustrent particulièrement. Il y a inversion puisque Toinette devient le maître : « Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien (l. 497) ; « Non, je ne consentirai jamais à ce mariage » (l. 510) ; « Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit » (l. 518) ; aussi les lignes 512 et 514. 11. Décrivez les diables à ressort, l’un physique, l’autre psychologique, de la fin de la scène (l. 500-520). Pour le diable à ressort physique, Toinette, le diable, est poursuivie (repoussée) par Argan (voir les didascalies l. 502, 503, 505-506, 507). Pour le diable à ressort psychologique, l’opposition systématique de Toinette repousse la colère d’Argan, le diable. 12. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant tout particulièrement en compte l’autorité paternelle.

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En présentant un père hypocondriaque et incapable d’asseoir son autorité, Molière dévalorise l’autorité paternelle. Il favorise donc, par voie de conséquence, la liberté des jeunes en amour. Analyse littéraire 1. Après avoir situé cette scène, montrez que Molière y engage résolument l’action, tout en réussissant à faire amplement rire le spectateur. Éléments de réponse 1. Situation de la scène

1.1 Structure de la scène (q. 1 sous « Compréhension ») 1.2 Le thème : le mariage au XVIIe siècle (q. 3 sous « Compréhension ») 1.3 Châtier les mœurs en riant (q. 12 sous « Comique »)

2. L’action s’engage 2.1 Une scène d’exposition (q. 2 sous « Compréhension » ; q. 1 sous « Action et personnages ») 2.2 Le comportement d’Angélique (q. 2 et 3 sous « Action et personnages ») 2.3 La querelle Toinette-Argan (q. 4, 5 et 6 sous « Action et personnages »)

3. La scène fait rire

3.1 Comique de situation (q. 1, 2, 3, 10 et 11 sous « Comique ») 3.2 Comique de mot (q. 4, 7, 8 et 9 sous « Comique ») 3.3 Comique de caractère (q. 5 et 6 sous « Comique »)

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EXTRAIT 3 (p. 67-80)

ACTE II, SCÈNE 5 Compréhension 1. Délimitez les deux parties de la scène et titrez-les. Partie I (l. 1020-1168) : La présentation du gendre prétendu, Thomas Diafoirus. Partie II (l. 1169-1290) : La déclaration d’amour d’Angélique et Cléante, par opéra impromptu interposé. 2. Relevez les images que, dans son compliment, Thomas Diafoirus associe à Angélique et à lui-même. Il se compare tour à tour à la statue de Memnon, à la fleur nommée héliotrope, à une boussole, à une offrande, et associe Angélique au soleil, au pôle magnétique et à un autel. 3. En vous aidant des notes en bas de page, dites en quoi les deux compliments de Thomas Diafoirus sont pédants. La tirade qu’il adresse à son futur beau-père est inspirée de Cicéron. Le terme « dores-en-avant » est vieilli et il l’articule de façon pédante. Le compliment amoureux qu’il adresse à Angélique est farci de lieux communs. Il y accumule les « images disparates et livresques ». 4. Par l’intermédiaire des Diafoirus, que Molière reproche-t-il à la médecine de son temps ? Dans cette scène, Molière s’attaque à la formation inadéquate des médecins. Pour devenir médecin, il suffit d’avoir de la mémoire — Thomas Diafoirus récite ses compliments de mémoire — et de savoir argumenter — il est passé maître en la matière, selon son père (l. 1123-1130). Cette formation explique leur ignorance. Molière s’en prend également à leur respect outrancier des anciens et leur refus aveugle des idées nouvelles. Ainsi, Thomas Diafoirus « s’attache aveuglément aux opinions de[s] anciens » (l. 1132) et rejette toute idée nouvelle, dont la théorie de la circulation du sang (l. 1133-1135). Molière leur reproche leur obsession des règles : « On n’est obligé qu’à traiter les gens dans les formes » (l. 1169-1170). Il s’en prend à leur cupidité que souligne Toinette parlant des médecins de la cour : « vous n’y êtes que pour recevoir vos pensions, et leur ordonner des remèdes; c’est à eux à guérir s’ils peuvent » (l. 1167-1168). Quant à leur pédantisme et à leur suffisance, ils ressortent des présents que Thomas Diafoirus offrent à Angélique : sa thèse et assister à la dissection d’une femme. 5. À partir de l’exemple qu’en fournit l’opéra impromptu, retracez les principales caractéristiques de la pastorale : lieu, personnages, sentiments, vocabulaire. Le genre pastoral est d’inspiration champêtre comme l’églogue du prologue du début et l’opéra impromptu. Le sujet en est les amours de bergers et de bergères. Ici, Tircis prend la défense de Philis qu’un « brutal » (l. 1194) insulte. Berger et bergère deviennent

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instantanément amoureux l’un de l’autre. Mais leur amour est contrecarré par un père qui veut marier sa fille à un autre. Les sentiments qui prédominent sont l’amour bien évidemment, mais aussi la haine du rival. Le champ lexical est essentiellement celui de l’amour. Action et personnages 1. Cette scène est-elle importante sur le plan de l’action ? Justifiez. La scène est importante sur le plan de l’action puisqu’elle présente le conflit dans toute son ampleur. Dans la première partie de la scène, la présentation de Thomas Diafoirus concrétise le futur mariage, tandis que, dans la deuxième, Angélique et Cléante s’avouent leur amour. 2. Dans la tirade de Monsieur Diafoirus (l. 1105-1135), relevez tout ce qui montre la bêtise de Thomas Diafoirus. « Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns » (l. 1108-1109) ; « Lorsqu’il était petit, il n’a jamais été ce qu’on appelle mièvre et éveillé » (l. 1111-1112) ; « On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire, et il avait neuf ans, qu’il ne connaissait pas encore ses lettres » (l. 1114-1115) ; « cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d’imagination » (l. 1119) ; « Lorsque je l’envoyai au collège, il trouva de la peine » (l. 1120-1121) ; « il ne s’y passe point d’acte où il n’aille argumenter à outrance pour la proposition contraire » (l. 1127-1128) ; « ne démord jamais de son opinion » (l. 1129) ; « c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle » (1132-1134). 3. Décrivez la relation entre Diafoirus père et Diafoirus fils. Relevez les répliques les plus caractéristiques. Même s’il est normalement âgé de 28 ans, Thomas Diafoirus se conduit comme un petit garçon avec son père : il lui obéit (« Allons, Thomas, avancez. Faites vos compliments », l. 1053), il vérifie auprès de lui sur ce qu’il convient de faire (« N’est-ce pas par le père qu’il convient de commencer ? », l. 1055-1056; « Baiserai-je ? », l. 1072 ; « Attendrai-je, mon père, qu’elle soit venue ? », l. 1079) et cherche son approbation (« Cela a-t-il bien été, mon père ? », l. 1069). 4. Comparez la réaction d’Angélique lors de l’annonce de son mariage par son père (acte I, scène 5) à son comportement dans cette scène. Lors de l’annonce de son mariage par son père (acte I, sc. 5), Angélique reste coite. Dans cette scène, au contraire, elle agit. Elle reste de marbre devant le compliment de Thomas Diafoirus, elle refuse la thèse, ce « meuble inutile » (l. 1140), que lui offre Thomas Diafoirus, et avoue son amour à Cléante par opéra impromptu interposé. 5. Qui porte le masque ? Pourquoi ? En quoi cette scène est-elle du théâtre dans le théâtre ? Trois personnes portent le masque : Toinette, qui feint d’encenser Thomas Diafoirus, et Angélique et Cléante, qui s’avouent leur amour derrière les masques de Philis et de Tircis.

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Tous trois cachent à Argan l’amour des deux jeunes gens. Cette scène est du théâtre dans le théâtre, puisque le temps de l’opéra impromptu, Angélique et Cléante, personnages de la pièce, deviennent comédiens et jouent devant un public formé des autres personnages présents, Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan et Toinette. Même Argan se fait critique de l’expression (l. 1276-1247) et du contenu (l. 1277-1278, 1280-1282). Comique 1. Comment fonctionne le diable à ressort en début de scène ? En fait, il y a deux diables à ressort qui se repoussent mutuellement. Les amabilités d’Argan, l’un des diables, sont repoussées par celles de Monsieur Diafoirus, l’autre diable. 2. Expliquez l’effet boule de neige. Que Thomas Diafoirus se retrouve aux côtés de Cléante est une conséquence imprévue. 3. Dans la première partie de la scène, expliquez le pantin à ficelle et retracez deux répliques qui le font particulièrement ressortir. Thomas Diafoirus est un pantin entre les mains de son père ; pour les répliques, voir la réponse à la question 3 sous « Action et personnages ». 4. Précisez les moments où le défaut poussé à l’extrême d’Argan ressort particulièrement. En font ressortir l’hypocondrie la première réplique par laquelle Argan se justifie de garder son bonnet (l. 1020-1022); les salutations, alors qu’il explique par sa maladie son incapacité à se rendre chez les Diafoirus (l. 1032, 1034, 1036, 1038, 1040, 1042, 1044, 1047, 1049, 1051); son émerveillement devant le benêt Thomas Diafoirus, simplement parce que ce dernier est médecin (l. 1102-1104). 5. De quel comique l’erreur sur la personne que commet Thomas Diafoirus relève-t-elle ? L’erreur sur la personne relève de l’interférence du comique de situation. Il y a quiproquo : Thomas Diafoirus prend Angélique pour sa future belle-mère. 6. Répartissez les répliques de Toinette selon qu’elles sont ironiques, humoristiques ou satiriques. Précisez à quoi Molière s’attaque par leur entremise. « Vivent les collèges, d’où l’on sort si habile homme ! » (l. 1068) : ironie, les collèges. « Voilà ce que c’est que d’étudier, on apprend à dire de belles choses » (l. 1094-1095) : ironie, les collèges. « Assurément. Ce sera quelque chose d’admirable s’il fait d’aussi belles cures qu’il fait de beaux discours » (l. 1099-1100) : ironie, les médecins. « Donnez, donnez, elle est toujours bonne à prendre pour l’image ; cela servira à parer notre chambre » (l. 1142-1143) : humour, le pédantisme des médecins. « Le divertissement sera agréable. Il y en a qui donnent la comédie à leurs maîtresses ; mais donner une dissection est quelque chose de plus galant » (l. 1147-1149) : ironie et satire, les dissections devant public à la mode à l’époque.

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« Cela est plaisant, [...] c’est à eux à guérir s’ils peuvent » (l. 1165-1168) : satire, la cupidité des médecins. 7. Par quel procédé comique Molière s’attaque-t-il à la mode des dissections devant public ? Molière utilise la satire et l’ironie. 8. Retracez la réplique ironique de Cléante. « Que Monsieur fait merveilles, et que s’il est aussi bon médecin qu’il est bon orateur, il y aura plaisir à être de ses malades » (l. 1097-1098). À noter qu’il y a ambiguïté en début de réplique. Pour Argan, Thomas Diafoirus « fait merveilles » comme orateur et médecin, tandis que pour Cléante, il « fait merveilles », puisque, par sa prestation, il se dévalorise lui-même aux yeux d’Angélique. 9. Lorsque Thomas Diafoirus récite ses compliments, en quoi les comiques de forme et de geste pourraient-ils consister ? L’habillement de Thomas Diafoirus et sa voix, nasillarde par exemple, relèveraient du comique de forme. Quant au comique de geste, il tiendrait dans le ton recto tono, sans intonation, de Thomas Diafoirus et dans ses gestes répétitifs qui accompagneraient la récitation, mais sans lien avec elle. 10. Pourquoi le discours amoureux de Thomas Diafoirus est-il risible ? Précisez le procédé comique utilisé. Le discours amoureux est risible parce qu’il n’est pas de bon aloi. Sur le plan de l’expression, le côté appris par cœur et le ton recto tono le rendent insipide. Sur le plan du contenu, voir la réponse à la question 3 sous « Compréhension », les deux derniers éléments. Il y a parodie ou transposition sur la valeur. 11. Comparez-le à celui qu’adresse Cléante à Angélique par opéra impromptu interposé. Quel procédé du comique de situation cette comparaison fait-elle apparaître ? La comparaison des deux déclarations amoureuses fait ressortir une répétition, puisqu’Angélique en reçoit successivement, et l’inversion, puisqu’elles sont diamétralement opposées, ridicule pour la première et enflammée pour la seconde. La réaction d’Angélique à ces déclarations est aussi fort différente : opposition silencieuse à la première et acquiescement enthousiaste à la seconde. 12. En quoi le discours de Monsieur Diafoirus sur son fils (l. 1105-1135) est-il involontairement ironique ? Il y a ironie lorsque quelqu’un dit le contraire de ce qu’il pense. Monsieur Diafoirus, alors qu’il veut prouver l’intelligence de son fils, en fait ressortir la bêtise (voir la réponse à la question 2 sous « Action et personnages »). Il dit donc involontairement le contraire de ce qu’il pense.

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13. Montrez, grâce à cette même tirade, que Molière fait la satire de la médecine. Il y a satire puisque Molière relève un certain nombre de défauts de la médecine (voir la réponse à la question 4 sous « Compréhension »). 14. Expliquez le jeu de mots avec « circulateurs » (l. 1137). De quel procédé comique relève-t-il ? L’ambiguïté (comique de mot) vient de ce que « circulateurs » a le sens de « partisans de la théorie de la circulation du sang », d’une part, et de « charlatans », du latin circulator, d’autre part. 15. Une tradition scénique veut qu’au moment où Argan demande d’avancer des sièges, on apporte une chaise haute pour Thomas Diafoirus. De quel comique le fait relève-t-il ? Il s’agit du comique de forme, puisque cette chaise l’ » habille » de façon ridicule. 16. Montrez que, durant l’opéra impromptu, il y a à la fois pantin à ficelle et interférence du comique de situation. D’une part, il y a interférence du comique de situation. Pour les uns, soit Argan, Monsieur Diafoirus et Thomas Diafoirus, l’opéra impromptu renvoie à l’histoire fictive du berger Tircis et de la bergère Philis. Pour les autres, c’est-à-dire Angélique, Cléante et Toinette, et tout spécialement les spectateurs, l’opéra impromptu décrit la situation de Cléante et d’Angélique. Au vu et au su de tous, ils se déclarent donc leur amour et tous deux en profitent même pour stigmatiser le rival de Cléante, Thomas Diafoirus, qui, dans l’opéra, est qualifié d’ « indigne » (l. 1230) et de « ridicule » (l. 1232). D’autre part, il y a pantin à ficelle, puisqu’Argan est manifestement une marionnette entre les mains des deux amoureux. 17. Molière parodie légèrement le genre pastoral. Comment y parvient-il ? La parodie vient de la comparaison entre la situation de Cléante et Angélique et celle de Tircis et Philis. Étant donné que la seconde reprend la première, on sent bien qu’on « allonge la sauce ». Mais cette parodie est très légère par rapport au goût de l’époque. 18. Relevez tout ce qui rend parodique la présentation officielle du futur gendre à sa promise. Plusieurs éléments rendent burlesque la présentation officielle du futur mari : le fait que Thomas Diafoirus reste accroché aux basques de son père (voir les réponses aux questions 3 sous « Action et personnages » et 3 sous « Comique ») ; l’erreur sur la personne de Thomas Diafoirus (voir la réponse à la question 5 sous « Comique ») ; le discours amoureux de Thomas Diafoirus, surtout quand on le compare à celui de Cléante (voir les réponses aux questions 2 et 3 sous « Compréhension »; 10 et 11 sous « Comique ») ; les présents qu’il offre à Angélique, sa thèse et une invitation à une dissection (voir la réponse à la question 7 sous « Comique ») ; l’ironie de Toinette et de Cléante à ses dépens (voir les réponses aux questions 6 et 8 sous « Comique ») ; le discours de Monsieur Diafoirus qui, involontairement, trace un portrait décapant de son fils (voir les réponses aux questions 2 sous « Action et personnages » ; 12 sous « Comique »); l’utilisation d’une chaise haute (voir la réponse à la question 15 sous « Comique ») ; le fait qu’en présence de Thomas

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Diafoirus, l’autre amoureux d’Angélique se déclare (voir la réponse à la question 16 sous « Comique »). 19. En quoi est particulièrement comique la réplique d’Argan « Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir toutes ces sottises-là sans rien dire » (l. 1277-1278) ? Quel procédé comique est utilisé ? La réplique est comique parce qu’elle souligne l’interférence du comique de situation. Dans sa réplique, le « sot père » est celui de la bergère, mais pour les spectateurs, ce sot père, c’est Argan. 20. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant tout particulièrement en compte l’autorité paternelle. En présentant un père hypocondriaque et naïf, Molière dévalorise l’autorité paternelle. Il favorise, par voie de conséquence, la liberté des jeunes en amour. Analyse littéraire 1. Montrez que Molière, dans cette scène, obéit aux deux finalités du classicisme : plaire, faire rire, puisqu’il s’agit d’une comédie, mais aussi instruire. Éléments de réponse 1. Situation de la scène 1.1 Structure de la scène (q. 1 sous « Compréhension ») 1.2 Importance de cette scène (q. 1 sous « Action et personnages ») 1.3 Personnages (q. 3, 4 et 5 sous « Action et personnages ») 2. Première finalité du classicisme : plaire, c’est-à-dire faire rire puisqu’il s’agit d’une comédie 2.1 Comiques de forme et de geste (q. 9 et 15 sous « Comique ») 2.2 Comique de situation (q. 1, 2, 3, 5, 11, 16 et 19 sous « Comique ») 2.3 Comique de mot (q. 2 sous « Action et personnages »; q. 6, 7, 8, 10, 12,

13, 14, 17 et 18 sous « Comique ») 2.4 Comique de caractère (q. 4 sous « Comique ») 3. Deuxième finalité du classicisme : instruire

3.1 Molière s’attaque à la médecine et aux médecins (q. 4 sous « Compréhension »; q. 6 et 13 sous « Comique »)

3.2 Il dévalorise l’autorité parentale 3.2.1 en ridiculisant le gendre prétendu (q. 2 et 3 sous

« Compréhension »; q. 2 sous « Action et personnages »; q. 10, 12 et 18 sous « Comique »)

3.2.2 en présentant un père hypocondriaque (q. 4 sous « Comique ») et naïf (q. 16, 19 et 20 sous « Comique »)

3.3 Il s’en prend à certaines modes : dissection publique (q. 7 sous « Comique »), pastorale (q. 17 sous « Comique »)

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EXTRAIT 4 (p. 98-105)

ACTE III, SCÈNE 3 Compréhension 1. Divisez la scène en cinq parties et titrez-les. Partie I (l. 1653-1661) : Préambule. Partie II (l. 1662-1691) : Le mariage d’Angélique. Partie III (l. 1692-1795 jusqu’à « lui plaît ») : Le procès de la médecine. Partie IV (l. 1795-1829) : Le procès de Molière. Partie V (l. 1830-1837) : Retour au mariage d’Angélique. 2. Relevez le champ lexical de la parenté. Qui en fait le plus grand usage ? Dans quelle partie de la scène ? Pourquoi ? « mon frère » (l. 1653, 1662, 1665, 1673, 1678, 1680, 1682, 1684, 1685, 1687, 1695, 1696, 1703, 1708, 1710, 1719, 1721, 1726, 1732, 1736, 1757, 1759, 1766, 1768, 1793, 1827, 1830) ; « enfants » (l. 1663, 1676, 1755); « fille » et « filles » (l. 1663, 1668, 1678, 1682, 1832, 1836) ; « petite » (l. 1663, 1689) ; « famille » (l. 1665, 1674, 1688) ; « femme » (l. 1667, 1755) ; « fils » (l. 1679) ; « gendre » (l. 1680, 1833) ; « mari » (l. 1865). Béralde en fait le plus grand usage, tout spécialement dans la partie II, Le mariage d’Angélique (l. 1662-1691), et dans la partie V, Retour au mariage d’Angélique (l. 1830-1837). Cela s’explique par le thème développé : le mariage d’Angélique. 3. Relevez le champ lexical de la fausseté associée à la médecine et aux médecins. « plaisante momerie » (l. 1716) ; « pompeux galimatias » (l. 1733-1734) ; « spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » (l. 1734-1735) ; « l’erreur populaire » (l. 1743-1744) ; « pures idées, dont nous aimons à nous repaître » (l. 1768-1769) ; « de belles imaginations, que nous venons à croire, parce qu’elles nous flattent et qu’il serait à souhaiter qu’elles fussent véritables » (l. 1769-1771); « le roman de la médecine » (l. 1779) ; « Mais quand vous en venez à la vérité et à l’expérience, vous ne trouvez rien de tout cela, et il en est comme de ces beaux songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus » (l. 1779-1782) ; « Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes que vos grands médecins » (l. 1786-1787) ; « l’erreur » (l. 1796). 4. Décrivez le portrait de la médecine et des médecins que trace Béralde. Pour Béralde, la médecine n’est que fausseté : « une des plus grandes folies qui soit parmi les hommes » (l. 1714-1715), une « plaisante momerie » (l. 1716) [voir aussi la réponse à la question précédente]. Elle rend malade, quand elle ne tue pas : « Une grande marque que vous vous portez bien [...] vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre » (l. 1698-1702) ; « il soutient que cela [avoir recours aux remèdes] n’est permis qu’aux gens vigoureux et robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec la maladie » (l. 1823-1825).

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Béralde souligne l’ignorance des médecins et leur pédantisme : « Ils savent la plupart de fort belles humanités, savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir et les diviser; mais, pour ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point du tout » (l. 1726-1729) [voir aussi l. 1732-1735, 1786-1789], leur suffisance, leur conservatisme, leur respect outrancier des règles [voir réponse à la question 6 ci-dessus], leur cupidité, puisque certains profitent du fait que les gens croient en la médecine (l. 1743-1745). 5. Relevez les arguments qu’utilise Argan pour contrer l’opinion de Béralde. Sa situation personnelle de malade : « c’est cela qui me conserve » (l. 1703). L’opinion universelle : « une chose établie par tout le monde, et que tous les siècles ont révérée » (l. 1712-1713). On a recours aux médecins (l. 1736-1738). Les médecins s’en servent pour eux-mêmes (l. 1741-1742). La médecine peut aider la nature (l. 1766-1767). 6. Comment Béralde perçoit-il Monsieur Purgon ? Pour Béralde, Monsieur Purgon est un médecin qui croit à la médecine, à « l’erreur populaire » (l. 1743-1744) donc. Très imbu de son statut de médecin (« c’est un homme tout médecin, depuis la tête jusqu’aux pieds », l. 1746), il agit, pour paraphraser Béralde, avec de forts préjugés, une suffisance, un manque d’intelligence et de bon sens, et prescrit à tort et à travers des purgations et des saignées (l. 1750-1752). Son conservatisme lui fait refuser tous les progrès de la médecine : c’est « un homme qui croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques » (l. 1746-1748). 7. Que reproche Argan à Molière ? Comment Béralde prend-il la défense de l’auteur du Malade imaginaire ? Argan reproche à Molière « d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins » (l. 1799-1800), « de se mêler de contrôler la médecine », « de se moquer des consultations et des ordonnances, de s’attaquer au corps des médecins » (l. 1803-1805). Béralde affirme que ce n’est pas aux médecins que Molière s’attaque, mais au « ridicule de la médecine » (l. 1801-1802) et que si l’on met des rois et des princes sur scène, on peut y mettre aussi des médecins (l. 1808-1810). Action et personnages 1. Quel trait de caractère d’Argan explique l’entrée en matière de Béralde ? Il s’agit de son caractère colérique. 2. Quel est l’objectif de Béralde ? Est-il habile ? Relevez au moins trois erreurs qu’il commet. Béralde veut empêcher qu’Argan marie sa fille Angélique au médecin Thomas Diafoirus. Béralde ne fait guère preuve de doigté. Le préambule, par lequel il souhaite éviter la colère d’Argan, souligne le côté colérique de ce dernier et suscite son impatience (erreur 1). Ses propos sur Béline (erreur 2), sur la maladie de son frère (erreur 3), sur la médecine

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et les médecins (erreur 4), sur Molière (erreur 5), parce qu’ils prennent le contre-pied des opinions du malade imaginaire, ne peuvent que mettre Argan en colère. 3. En quoi l’action est-elle ralentie dans cette scène ? À l’origine, la scène devait permettre à Béralde de convaincre Argan de surseoir à son projet de mariage entre Angélique et Thomas Diafoirus. Rapidement, la conversation bifurque, d’une part, vers le procès de la médecine (l. 1692-1795) et, d’autre part, vers le procès de Molière (l. 1795-1829), deux sujets qui ne sont pas directement liés à l’action et qui prennent, à eux deux, 74 % de la scène. 4. Montrez qu’un même ressort dramatique interne fait agir Argan durant toute la discussion avec son frère, quel que soit le sujet abordé. Argan agit toujours en fonction de son hypocondrie : s’il refuse d’entendre parler du mariage entre Angélique et Cléante, c’est que son hypocondrie lui fait voir une alliance avec les Diafoirus comme étant la seule avantageuse ; s’il défend Béline, c’est qu’elle feint d’être pour lui une infirmière attentionnée; s’il défend la médecine, c’est qu’elle feint de le croire malade; s’il attaque Molière, c’est que ce dernier critique la médecine et les médecins auxquels son hypocondrie le rend très attaché. Comique 1. En début de scène, quel comique de situation est présent ? Expliquez-le. Il s’agit d’une inversion du comique de situation. Dans un premier temps, Argan, à la demande de Béralde, promet de ne pas s’emporter (l. 1655, 1658, 1661), mais il se met en colère dès que commence la discussion sur le mariage d’Angélique (l. 1665-1666). 2. Lors de la discussion sur le mariage d’Angélique, retracez trois inversions du comique de mot. Les lignes 1662 à 1666, 1678 à 1681, 1682 à 1684 et 1685 à 1688. 3. De quel procédé comique le ton de Béralde relève-t-il quand il parle de Béline ? Illustrez-le. Béralde ironise sur le compte de la femme de son frère : il affirme que c’est par « esprit de charité » qu’elle souhaite voir ses deux belles-filles devenir « deux bonnes religieuses » (l. 1669-1670). Il ajoute : « c’est une femme qui a les meilleures intentions du monde pour votre famille, et qui est détachée de toute sorte d’intérêt; qui a pour vous une tendresse merveilleuse, et qui montre pour vos enfants une affection et une bonté qui n’est pas concevable : cela est certain » (l. 1673-1677). 4. À quel procédé du comique de mot renvoie la réplique « je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins » (l. 1799-1800) ? Expliquez-le. Il y a ambiguïté puisque « jouer » signifie à la fois « représenter sur scène » et « se moquer ».

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5. En vous rappelant que Molière est l’auteur du Malade imaginaire et que, lors de la création, il jouait le rôle d’Argan, expliquez pourquoi le procès de Molière (l. 1793-1829) est comique. Précisez le procédé utilisé. Le procès est comique parce qu’il est ironique, puisque l’auteur de la pièce, donc des paroles d’Argan, est Molière, lui-même. C’était encore plus évident en 1673, puisque Molière jouait le rôle d’Argan. Pour les spectateurs, Molière-auteur ne pensait pas réellement ce que disait Molière-acteur. 6. Quelle transposition est à la base du discours sur la médecine et les médecins ? Il s’agit de la satire. Molière critique les vices et les ridicules de la médecine et des médecins. 7. Pourquoi tout n’est-il pas comique dans les propos sur la médecine ? Donnez-en deux exemples. Tout n’est pas comique, parce que Molière, par l’intermédiaire de Béralde, donne son opinion sur le sujet : les lignes 1710 à 1711, 1714 à 1718, 1721 à 1724 et 1761 à 1765. 8. Relevez quelques pointes d’humour. « Mais le mari qu’elle doit prendre doit-il être, mon frère, ou pour elle, ou pour vous ? » (l. 1685-1686); « Par cette raison-là, si votre petite était grande, vous lui donneriez en mariage un apothicaire ? » (l. 1689-1690) ; « Si vous n’y prenez garde, il prendra tant de soin de vous qu’il vous enverra en l’autre monde » (l. 1706-1707). 9. Montrez qu’Argan, selon Béralde, est doublement un pantin à ficelle. Argan est manipulé par Béline (« Votre femme ne manque pas de vous conseiller de vous défaire ainsi de vos deux filles », l. 1667-1668) et par les médecins (« Est-il possible que vous serez toujours embéguiné de vos apothicaires et de vos médecins », l. 1692-1693). 10. Relevez les moments où le comique de caractère ressort tout particulièrement. Relèvent du comique de caractère le moment où Argan prend au sérieux la pointe d’humour de Béralde qui lui demande s’il a l’intention de marier sa fille à un apothicaire (l. 1689-1690) et sa colère contre Molière (l. 1795-1829). 11. Pouvons-nous dire que, dans cette scène, Molière met en application la devise Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant » ? Justifiez en prenant tout particulièrement en compte l’autorité paternelle. En présentant un père hypocondriaque — il se laisse manipuler par les médecins — et naïf — il est une marionnette aux mains de Béline —, Molière dévalorise l’autorité paternelle. Il favorise, par voie de conséquence, la liberté des jeunes en amour. Analyse littéraire 1. Analysez cette scène : action et personnages, portrait de la médecine et des médecins, comique. Éléments de réponse 1. L’action et les personnages

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1.1 La structure de la scène (q. 1 sous « Compréhension ») 1.2 Une action ralentie par la maladresse de Béralde (q. 2 sous « Compréhension »;

q. 2 et 3 sous « Action et personnages ») 1.3 Le personnage d’Argan (q. 1 et 4 sous « Action et personnages » ; q. 11 sous

« Comique ») 2. Le portrait de la médecine et des médecins (voir aussi p. 171-172)

2.1 La médecine selon Béralde-Molière (q. 3, 4, 5 et 7 sous « Compréhension ») 2.2 Les médecins selon Béralde-Molière (q. 3, 4, 5, 6 et 7 sous

« Compréhension ») 2.3 Ne rien faire : seule façon de guérir (q. 7 sous « Comique »)

3. Le comique 3.1 Le comique de situation (q. 1 et 9 sous « Comique ») 3.2 Le comique de mot (q. 2, 3, 4, 5, 6 et 8 sous « Comique ») 3.3 Le comique de caractère (q. 10 sous « Comique »)

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EXTRAIT 5 (p. 115-120)

ACTE III, SCÈNE 10 Compréhension 1. Quand Toinette a-t-elle annoncé le tour qu’elle joue à Argan ? Toinette a averti Béralde au début de l’acte III (sc. 2, l. 1647-1648). 2. Quel est l’âge de Toinette ? Toinette a « vingt-six ou vingt-sept ans » (l. 2015-2016), puisqu’Argan donne au médecin, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Toinette, l’âge de celle-ci. 3. Quels sont les trois diagnostics de l’état d’Argan ? À qui en incombe la paternité respective ? Un diagnostic vous semble-t-il plus juste que les autres ? Pour Monsieur Purgon, Argan souffre du foie; pour les Diafoirus, c’est de la rate ; pour Toinette-médecin, des poumons. Les trois se valent. Argan est hypocondriaque, il ne souffre ni du foie, ni de la rate, ni des poumons. Action et personnages 1. Comment Toinette tente-t-elle de camoufler l’invraisemblance de la similitude entre elle et le médecin ? Quelle réplique montre qu’Argan s’y laisse prendre ? Toinette incite Argan à l’interroger sur son âge (l. 2013-2014) afin de lui permettre de marquer une différence entre elle, 26-27 ans, et le médecin qui en compte 90. « Par ma foi ! voilà un beau jeune vieillard pour quatre-vingt-dix ans » (l. 2021-2022). 2. Quelle caractéristique d’Argan fait en sorte qu’il peut croire à la réalité de Toinette-médecin ? Son hypocondrie le rend d’une naïveté incommensurable devant tout ce qui touche à la médecine et aux médecins. 3. Quel objectif Toinette poursuit-elle dans cette scène (voir acte III, scène 2) ? Comment s’y prend-elle ? Définissez-en les différentes étapes. Toinette veut dégoûter Argan non seulement de Monsieur Purgon, en critiquant la conduite de ce dernier (acte III, sc. 2, l. 1644-1647), mais également de la médecine. D’abord Toinette vante son art (l. 2023-2039). Puis elle dénigre Monsieur Purgon (l. 2040-2090), entre autres en imposant un diagnostic et un traitement différents. Finalement, elle lui fait peur en lui suggérant de sacrifier un œil et un bras (l. 2091-2106).

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4. La scène fait-elle avancer l’action ? Justifiez. La scène ne fait pas vraiment avancer l’action puisque, de toute façon, Monsieur Purgon avait déjà rompu toute relation avec Argan (acte III, sc. 5). Encore une fois, Molière vise à faire rire aux dépens de l’hypocondriaque Argan. 5. Comparez la consultation d’Argan faite par Toinette à celle donnée par les Diafoirus (acte II, scène 6, l. 1402-1431). Le médecin observe et interprète les symptômes : le pouls d’Argan est, selon Thomas Diafoirus, « duriuscule », « repoussant » et « un peu caprisant » (l. 1403-1414), et « impertinent » (l. 2042), selon Toinette-médecin. Il émet un diagnostic : selon Thomas Diafoirus, c’est la « rate », le « parenchyme splénique » (l. 1415-1421) et le « poumon » (l. 2048), selon Toinette-médecin. Il prescrit une médication : Argan doit manger « force rôti » (l. 1421-1426) selon Monsieur Diafoirus, tandis que Toinette-médecin lui ordonne un régime-santé (l. 2084-2088). Les deux consultations se ressemblent quant à la procédure, mais les diagnostics et les traitements diffèrent. 6. Quel traitement Toinette-médecin prescrit-elle à Argan ? Dans quel but ? Est-il différent de ceux prescrits par ses prédécesseurs ? Elle lui prescrit un régime-santé : « vin pur », « bon gros bœuf », « bon gros porc », « bon fromage de Hollande », « gruau », « riz », « marrons », « oublies » (l. 2084-2087). L’objectif est de le garder en santé, donc de lui donner un régime qui ne l’affaiblit pas. Monsieur Purgon lui prescrit un régime moins attrayant : « potage », « volaille », « veau », « bouillons », « œufs frais », « le soir de petits pruneaux pour lâcher le ventre », « vin fort trempé » (l. 2071-2083). Ce régime risque d’affaiblir le malade, mais il est aussi éloigné des goûts d’Argan, lesquels sont bien connus de Toinette qui les a fort probablement pris en considération dans son traitement. Rappelons également que, lors de la précédente consultation (acte II, sc. 6), Monsieur Diafoirus préconisait « force rôti » (l. 1422) et Monsieur Purgon, « que du bouilli » (l. 1423). 7. Par l’intermédiaire du comportement de Toinette-médecin, que reproche Molière à la médecine et aux médecins de son temps ? Les reproches sont-ils les mêmes dans les deux scènes de consultation ? Justifiez. Molière reproche aux médecins leur ignorance qu’illustrent les contradictions en ce qui concerne le diagnostic et le traitement ou encore le traitement draconien que suggère Toinette-médecin à la fin de la consultation : sacrifier un œil et un bras; leur suffisance que fait ressortir le discours louangeur d’elle-même de Toinette-médecin en début de scène (l. 2023-2039). Oui (voir la réponse à la question 10 sous « Comique » de la scène 6 de l’acte II). 8. Qui porte le masque dans cette scène ? Est-ce du théâtre dans le théâtre ? Toinette porte le masque. Il y a théâtre dans le théâtre puisque Toinette, personnage du Malade imaginaire, joue un rôle de médecin.

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Comique 1. Quel procédé du comique de situation est à la base de cette scène ? Toinette, avec l’aide de Béralde, manipule Argan (pantin à ficelle, comique de situation). 2. En comparant cette scène avec la scène 6 de l’acte III, expliquez le procédé comique en jeu. Il s’agit de la répétition du comique de situation. La scène de la consultation est répétée avec des circonstances à peu près identiques. 3. Situez avec précision le diable à ressort et expliquez-en le fonctionnement. Qu’est-ce qui en accentue le rythme ? (l. 2048-2084) La suffisance de Toinette-médecin, le diable, est repoussé par les réponses d’Argan. Les répétitions de « Le poumon » (l. 2053, 2055, 2057, 2059, 2062, 2064, 2066, 2069), de « Oui, Monsieur » (l. 2063, 2065, 2068) et de « Ignorant » (l. 2072, 2074, 2076, 2078, 2080, 2082, 2084) en accentuent le rythme. 4. De quel procédé comique les deux répliques de Béralde à la fin de la scène (l. 2114 et 2116) relèvent-elles ? Béralde est ironique. 5. En quoi les comiques de forme et de geste consistent-ils dans cette scène ? Le comique de forme vient essentiellement du costume de Toinette. Quant au comique de geste, il est facile de s’imaginer Toinette-médecin gesticulant à qui mieux mieux, à tort et à raison. 6. Peut-on parler de parodie pour cette scène ? De satire ? Justifiez. Il y a satire puisque, par l’entremise de cette scène, Molière s’attaque à la médecine de son temps (voir la réponse à la question 17 sous « Action et personnages »). Il y a également parodie. La scène imite en effet d’une façon moqueuse et burlesque une consultation : le costume de Toinette-médecin, son ton suffisant quand elle parle de son talent, ses suggestions d’amputation. 7. Comment le comique de caractère ressort-il dans cette scène ? Le comique de caractère ressort du fait qu’Argan est si entiché de médecine et de médecins qu’il gobe tout. Il faut que Toinette-médecin lui suggère de sacrifier un bras et un œil avant qu’il décide de ne pas obtempérer. Analyse littéraire 1. Analysez la scène de consultation (action, personnages, comique) et comparez-la à la consultation d’Argan donnée par les Diafoirus (acte II, scène 6, l. 1401-1431). Éléments de réponse N.B. – La comparaison peut être faite à chaque idée secondaire plutôt qu’à la fin de chaque idée principale.

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1. L’action

1.1 Une scène de consultation (q. 3 sous « Compréhension » ; q. 5 et 6 sous « Action et personnages »)

1.2 Une scène qui ne fait guère avancer l’action (q. 4 sous « Action et personnages »)

1.3 Une scène qui s’attaque à la médecine et aux médecins (q. 7 sous « Action et personnages »)

1.4 Comparaison avec la consultation donnée par les Diafoirus : pour 1.1 (acte II, sc. 6, q. 3 sous « Compréhension ») ; pour 1.2 (la consultation par les Diafoirus) ; pour 1.3 (acte II, sc.6, q. 10 sous « Comique »)

2. Les personnages 2.1 Le personnage de Toinette-médecin (q. 1 et 2 sous « Compréhension »; q. 1, 3

et 8 sous « Action et personnages ») 2.2 Le personnage d’Argan (q. 2 sous « Action et personnages ») 2.3 Comparaison avec la consultation donnée par les Diafoirus : pour 2.1

(les Diafoirus jouent ce rôle); pour 2.2 (acte II, sc. 6, q. 8 sous « Comique ») 3. Le comique

3.1 Le comique de forme et de geste (q. 5 sous « Comique ») 3.2 Le comique de situation (q. 1, 2 et 3 sous « Comique ») 3.3 Le comique de mot (q. 6 sous « Comique ») 3.4 Le comique de caractère (q. 7 sous « Comique ») 3.5 Comparaison avec la consultation donnée par les Diafoirus (acte II, sc. 6) :

la même satire (q. 10 sous « Comique »), le même comique de caractère (q. 8 sous « Comique »), le même pantin à ficelle (q. 9 sous « Comique »)

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QUESTIONS DE SYNTHÈSE

1. Analysez Le Malade imaginaire de Molière : action, lieu, temps, personnages, thèmes. Éléments de réponse 1. La règle des trois unités 1.1 L’unité d’action (voir p. 161-165) 1.2 L’unité de lieu (voir p. 165) 1.3 L’unité de temps (voir p. 165) 2. Les personnages 2.1 Argan et la gent médicale (voir p. 167-168) 2.2 Les partisans de l’amour et du bon sens (voir p. 169-171) 2.3 Les partisans de l’argent (voir p. 169) 3. Les thèmes 3.1 La médecine (voir p. 171-172) 3.2 L’amour et l’argent (voir p. 172-173) 3.3 Le masque et le théâtre dans le théâtre (voir p. 174-175) 2. Faites un tableau des différents procédés comiques utilisés dans Le Malade imaginaire de Molière et illustrez-les. Éléments de réponse N.B. – Toutes les questions énumérées ci-dessous se trouvent sous les sections « Comique ». 1. Les comiques de forme et de geste

1.1 Le comique de forme (acte I, sc. 1, q. 5 et 6 ; int. I, q. 1 ; acte II, sc. 5, q. 9* et 15 ; acte III, sc. 10, q. 5* ; int. III, q. 5)

1.2 Le comique de geste (acte I, sc. 1, q. 5; int. I, q. 1 ; acte II, sc. 2, q. 2; acte II, sc. 5, q. 9* ; acte II, sc. 6, q. 1 ; acte III, sc. 7, q. 9 ; acte III, sc. 10, q. 5 ; int. III, q. 5)

2. Le comique de situation 2.1 Le diable à ressort (acte I, sc. 1, q. 7; acte I, sc. 2, q. 2* ; acte I, sc. 4, q. 5 ;

acte I, sc. 5, q. 3 et 11* ; int. I, q. 2 et 4 ; acte II, sc. 5, q. 1 ; acte II, sc. 6, q. 9 ; acte II, sc. 8, q. 1 ; acte III, sc. 5, q. 2*; acte III, sc. 10, q. 3)

2.2 Le pantin à ficelle (acte I, sc. 2, q. 1 ; acte I, sc. 6 et 7, q. 1* ; acte II, sc. 2, q. 3 ; acte II, sc. 5, q. 3 et 16 ; acte II, sc. 6, q. 9 ; acte II, sc. 8, q. 2 ; acte III, sc. 2, q. 4 ; acte III, sc. 3, q. 9 ; acte III, sc. 4, 5 et 6, q. 5 ; acte III, sc. 7, 8 et 9, q.1 ; acte III, sc. 10, q. 1* ; acte III, sc. 11, 12, 13 et 14, q. 2)

2.3 L’effet boule de neige (acte I, sc. 5, q. 2 ; acte II, sc. 1, 2, 3 et 4, q. 7* ; acte II, sc. 5, q. 2)

2.4 La répétition (acte II, sc. 1 et 3, q. 1 ; acte II, sc. 5, q. 11 ; acte III, sc. 1, q. 3* ; acte III, sc. 10, q. 2* ; acte III, sc. 12 et 13, q. 3*)

2.5 L’inversion

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2.5.1 L’arroseur arrosé (acte I, sc. 4, q. 5 ; int. I, q. 5 ; acte II, sc. 5, q. 11 ; acte II, sc. 8, q. 2 ; acte III, sc. 3, q. 1)

2.5.2 Le monde renversé (acte I, sc. 5, q. 10* ; acte I, sc. 6, q. 3) 2.6 L’interférence (acte I, sc. 5, q. 1 ; acte II, sc. 3, q. 6* ; acte II, sc. 5, q. 5*, 16*

et 19 ; acte II, sc. 6, q. 6*) 3. Le comique de mot

3.1 L’inversion (acte I, sc. 5, q. 9* ; acte III, sc. 3, q. 2) 3.2 L’ambiguïté (acte I, sc. 1, q. 1* ; acte I, sc. 2 et 3, q. 3 ; acte I, sc. 5, q. 4* et 7 ;

acte II, sc. 4, q. 8 ; acte II, sc. 4, q. 9 ; acte II, sc. 5, q. 14 ; acte II, sc. 6, q. 2 et 5* ; acte III, sc. 3, q. 4 ; acte III, sc. 7, q. 2*)

3.3 La transposition 3.3.1 Sur la valeur (acte I, sc. 5, q. 8; acte II, sc. 4, q. 9* ; acte II, sc. 5, q. 10 ; acte II, sc. 6, q. 4 ; acte III, sc. 5, q. 6) 3.3.2 La parodie (acte I, sc. 1, q. 4 ; acte II, sc. 5, q. 10, 17 et 18 ; acte III,

sc. 10, q. 6* ; int. III, q. 7) 3.3.3 L’ironie (acte I, sc. 5, q. 7 et 8 ; acte I, sc. 6, q. 2 ; acte I, sc. 7, q. 4 ;

acte II, sc. 2, q. 4 ; acte II, sc. 4, q. 9 ; acte II, sc. 5, q. 6, 7, 8 et 12 ; acte II, sc. 6, q. 2 et 3 ; acte III, sc. 1, q. 1 ; acte III, sc. 3, q. 3 et 5 ; acte III, sc. 5, q. 3* ; acte III, sc. 10, q. 4 ; acte III, sc. 11, q. 1)

3.3.4 L’humour (acte I, sc. 5, q. 8 ; acte II, sc. 5, q. 6 ; acte III, sc. 3, q. 8 ; acte III, sc. 4, q. 1* ; acte III, sc. 12, q. 1)

3.3.5 La satire (acte I, sc. 7, q. 6; int. I, q. 3 ; acte II, sc. 4, q. 8; acte II, sc. 5, q. 6, 7 et 13 ; acte II, sc. 6, q. 10 ; acte III, sc. 3, q. 6* ; acte III, sc. 10, q. 6 ; acte III, sc. 14 et int. III, q. 6)

4. Le comique de caractère (acte I, sc. 1, q. 2, 3 et 6; acte I, sc. 2 et 3, q. 4 ; acte I, sc. 5, q. 5* et 6 ; acte I, sc. 6 et 7, q. 5 ; acte II, sc. 2, q. 5 ; acte II, sc. 5, q. 4* ; acte II, sc. 6, q. 7 et 8 ; acte II, sc. 8, q. 3 ; acte III, sc. 1, q. 2 ; acte III, sc. 3, q. 10 ; acte III, sc. 4, 5 et 6, q. 7 ; acte III, sc. 7, q. 3 ; acte III, sc. 10, q. 7 ; acte III, sc. 14, q. 4) 3. Molière défendait la devise Castignare mores ridendo, soit « Châtier les mœurs en riant ». S’applique-t-elle au Malade imaginaire ? Éléments de réponse (voir la satire et le comique de caractère à la question de synthèse 2 ; acte I, sc. 5, q. 12 sous « Comique » ; acte II, sc. 5, q. 3 sous « Comique » ; acte III, sc. 3, q. 11 sous « Comique ») 1- L’hypocondrie ridiculisée 2- La médecine et les médecins satirisés 3- L’autorité parentale bafouée 4. Illustrez l’importance du thème du masque et du théâtre dans le théâtre dans Le Malade imaginaire de Molière. N.B. – Toutes les questions énumérées ci-dessous se trouvent sous les sections « Action et personnages ». Éléments de réponse (Le masque : acte I, sc. 6 et 7, q. 3 et 5 ; acte II, sc. 1, 2, 3 et 4, q. 8 ; acte II, sc. 5, q. 5 ; acte II, sc. 8, q. 6 ; acte III, sc. 10, q. 8 ; acte III, sc. 11, 12, 13 et 14, q. 6/Le théâtre dans le théâtre : acte II, sc. 5, q. 5 ; int. II, q. 9 ; acte III, sc. 10, q. 8 ; int. III, q. 7)

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1- Son omniprésence 2- Il assure le rire 3- Son absence est responsable du drame 4- Il est à la base des divertissements 5. Que nous apprend Le Malade imaginaire sur la médecine et les médecins au XVIIe siècle ? Éléments de réponse (p. 151-155 et 171-172; acte I, sc. 1, q. 5, 6 et 7 sous « Compréhension », q. 4 sous « Comique » ; acte II, sc. 5, q. 4 sous « Compréhension », q. 2 sous « Action et personnages », q. 6, 7, 12, 13 et 14 sous « Comique » ; acte II, sc. 6, q. 3 sous « Compréhension », q. 10 sous « Comique » ; acte III, sc. 3, q. 3, 4, 5, 6 et 7 sous « Compréhension », q. 6 et 7 sous « Comique » ; acte III, sc. 4, 5 et 6, q. 1 et 2 sous « Compréhension », q. 6 sous « Comique » ; acte III, sc. 10, q. 3 sous « Compréhension », q. 5, 6 et 7 sous « Action et personnages », q. 6 sous « Comique » ; acte III, sc. 14 et int. III, q. 1 et 2 sous « Compréhension », q. 6 et 7 sous « Comique ») 1- La médecine et les médecins au XVIIe siècle 2- Les défauts de la médecine et des médecins selon Molière 3- Ne rien faire : seule façon de guérir 6. En quoi la pièce Le Malade imaginaire est-elle une comédie d’intrigue, de mœurs et de caractère ? Éléments de réponse 1. Une comédie d’intrigue

1.1 Définition (voir « Lexique du théâtre », p. 235) 1.2 Coups de théâtre, quiproquos (acte I, sc. 5 ; acte II, sc. 1 à 5 ; acte II, sc. 7 et 8;

acte III, sc. 5 ; acte III, sc. 11 à 14) 1.3 Déguisements et théâtre dans le théâtre (acte II, sc. 5, q. 5 sous « Action et

personnages » ; int. II, q. 9 sous « Action et personnages » ; acte III, sc. 10, q. 8 sous « Action et personnages » ; int. III, q. 7 sous « Action et personnages » ; aussi acte III, sc. 11, 12, 13 et 14)

2. Une comédie de mœurs 2.1 Définition (voir « Lexique du théâtre », p. 217) 2.2. Satire de la médecine et des médecins (acte II, sc. 4, q. 8 sous « Comique » ;

acte II, sc. 5, q. 6, 7 et 13 sous « Comique » ; acte II, sc. 6, q. 10 sous « Comique » ; acte III, sc. 3, q. 6* sous « Comique » ; acte III, sc. 10, q. 6 sous « Comique » ; acte III, sc. 14 et int. III, q. 6 sous « Comique »)

2.3. Dévalorisation de l’autorité parentale (acte I, sc. 5, q. 12 sous « Comique » ; acte II, sc. 5, q. 3 sous « Comique » ; acte III, sc. 3, q. 11 sous « Comique »)

3. Une comédie de caractère 3.1 Définition (voir « Lexique du théâtre », p. 217) 3.2 Peinture de l’hypocondrie (acte I, sc. 1, q. 2, 3 et 6 sous « Comique » ; acte I,

sc. 2 et 3, q. 4 sous « Comique » ; acte I, sc. 5, q. 5* et 6 sous « Comique » ; acte I, sc. 6 et 7, q. 5 sous « Comique » ; acte II, sc. 2, q. 5 sous « Comique » ; acte II, sc. 5, q. 4* sous « Comique » ; acte II, sc. 6, q. 7 et 8 sous « Comique »; acte II, sc. 8, q. 3 sous « Comique » ; acte III, sc. 1, q. 2 sous « Comique » ; acte III, sc. 3, q. 10 sous « Comique » ; acte III, sc. 4, 5 et 6,

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q. 7 sous « Comique » ; acte III, sc. 7, q. 3 sous « Comique » ; acte III, sc. 10, q. 7 sous « Comique » ; acte III, sc. 14, q. 4 sous « Comique » ; voir aussi p. 7 et 167-168)

7. Quelle scène vous semble la plus drôle ? Justifiez votre choix. Réponse libre (pour les données, voir la réponse à la question de synthèse 2) 1- Les comiques de forme et de geste 2- Le comique de situation 3- Le comique de mot 4- Le comique de caractère

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