LE MOUVEMENTDES ANIMAUX

suivi de

LA LOCOMOTIONDES ANIMAUX

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dossierTRAITÉ DU CIEL, édition bilingue

© Flammarion, Paris, 2013.ISBN : 978-2-0812-6422-9

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ARISTOTE

LE MOUVEMENTDES ANIMAUX

suivi de

LA LOCOMOTIONDES ANIMAUX

Introduction, traduction, notes, bibliographieet index des notions

parPierre-Marie MOREL

Index des traités biologiques d’Aristotepar

Pierre PELLEGRIN

Traduction publiée avec le concours du Centre national du livre

GF Flammarion

ABRÉVIATIONS

DA De l’âmeDC Du cielEE Éthique à EudèmeEN Éthique à NicomaqueGA De la génération des animauxGC De la génération et de la corruptionHA Histoire des animauxIA La Locomotion des animaux (De incessu

animalium)MA Le Mouvement des animauxMagn. Mor. Grande moraleMét. MétaphysiqueMétéor. MétéorologiquesPA Les Parties des animauxPhys. PhysiquePol. PolitiquePN Petits traités d’histoire naturelle (Parva

naturalia)De Sens. De la sensation et des sensiblesDe Mem. De la mémoire et de la réminiscenceDe Som. Du sommeil et de la veilleDe Ins. Des rêvesDe Div. De la divination dans le sommeilDe Long. De la longévité et de la vie brèveDe Juv. De la jeunesse et de la vieillesseDe Resp. De la respirationDe Vit. De la vie et de la mortRhét. RhétoriqueSec. an. Seconds analytiquesTop. Topiques

INTRODUCTION

Parmi toutes les beautés et les curiosités que la naturedonne à voir, la diversité du monde vivant est sans nuldoute l’une des plus étonnantes. Aristote a cherché, plusqu’aucun autre philosophe, à rendre compte de cette fas-cinante prolifération des espèces et de leur variété. Lesnombreuses œuvres qu’il a consacrées aux animaux, etqui constituent ce qu’on appelle aujourd’hui son « corpusbiologique », le montrent clairement. Encore faut-ils’entendre sur la nature de l’intérêt scientifique qui s’ymanifeste. À l’image de la diversité même qu’elles se pro-posent d’étudier, ces œuvres sont apparues longtempscomme des traités descriptifs et énumératifs, dont le prin-cipal mérite serait d’avoir ouvert et inspiré l’histoire dela classification des vivants, jusqu’aux naturalistes duXVIIIe siècle. Cette vision positive est désormais considé-rée comme dépassée, parce que l’on est plus attentifaujourd’hui aux particularités du projet d’Aristote, maisil y a toujours un risque quand on relit ces textes : celuide ne pas voir ce dont ils parlent exactement et de man-quer la démarche philosophique qui les anime. Le philo-sophe spéculatif impatient aura d’ailleurs bien du mal àdiscerner les enjeux des deux opuscules que nous présen-tons ici : Le Mouvement des animaux et La Locomotiondes animaux. L’esprit de système y occupera trop peu deplace à son goût, il y verra un objet – le déplacementanimal – qu’il tiendra pour anecdotique. Il restera demarbre devant les particularités respectives du crabe etde la langouste, qu’Aristote évoque à la fin du secondopuscule. Quant au naturaliste d’aujourd’hui, il pourrait

INTRODUCTION8

hâtivement croire que cette zoologie caduque ne trouvesa place que dans un cabinet des curiosités préscien-tifiques.

Aristote déclare pour sa part, dans un passage fameuxdes Parties des animaux 1, qu’il n’y a rien de négligeabledans la nature. Il ne faut pas mépriser, par exemple, lesanimaux que l’on juge habituellement répugnants. Cen’est pas que la diversité des espèces soit en elle-mêmesacrée ou qu’elle rende chaque être vivant digne d’un res-pect quasi religieux : il en va ainsi parce que les causes,dans la nature, se manifestent partout, jusque dans lesplus petites choses. Ce qui révèle la beauté du monde,c’est la connaissance des causes qui le rendent intelligible.

Pour prolonger le propos d’Aristote, disons que sontempérament philosophique et scientifique se révèle pré-cisément dans cette volonté-là : ne pas se contenter dedécrire la diversité pour elle-même, mais y rechercher desexplications, qui permettront aux enquêtes sur le vivantde rapporter la multiplicité empiriquement constatée àun nombre limité de principes généraux. Cette exigenceest formulée dès le chapitre 2 de La Locomotion desanimaux :

Pour commencer l’examen, procédons comme nous avonssouvent l’habitude de le faire dans notre travail de natura-liste, en considérant la manière dont les choses se passentdans toutes les opérations de la nature 2.

Ramener le divers à l’unité de ses raisons et à des prin-cipes communs, sans le dissoudre pour autant dans lagénéralité des concepts, telle est donc la tâche ques’assignent nos deux traités à propos du mouvementanimal. Ne pas se satisfaire d’un catalogue des particula-rités, ne pas les perdre non plus dans l’abstraction, maissaisir leurs principes explicatifs au travers des « opéra-tions de la nature ». On verra peut-être quelque naïveté

1. PA, I, 5, 645a4-23.2. IA, 2, 704b12-15.

INTRODUCTION 9

dans l’évocation aristotélicienne de ces « opérations »(erga) ou fonctions générales : La Locomotion des ani-maux recourt à une terminologie fortement finaliste,répétant que « la nature ne fait rien en vain » et qu’ellecherche toujours à réaliser le meilleur. Il n’en reste pasmoins que ce finalisme même, outre qu’il mérite d’êtremieux compris qu’il ne l’a souvent été – nous y revien-drons –, permet de dessiner une théorie générale del’organisation des mouvements animaux. Aristote, àl’aide de l’idée de finalité, rend compte de ces dernierspar des principes clairs et systématiquement rapportésaux faits empiriquement constatés. Parmi ceux-ci : quetout mouvement animal exige un point d’appui immo-bile, que la poussée et la traction sont les éléments debase et les conditions de tous les mouvements dans lemonde sublunaire, ou encore que les mouvements d’unmême animal doivent s’équilibrer selon les six directionsque constituent l’avant et l’arrière, le haut et le bas, lagauche et la droite. Éclairer les faits par les fins qui lesjustifient revient à subordonner la nomenclature à l’étio-logie, la classification à la recherche des causes : il y a làun enjeu clair pour la méthodologie scientifique et pourla philosophie elle-même. En d’autres termes, et commeLa Locomotion des animaux va le montrer, la préémi-nence de l’explication téléologique n’est pas seulementconforme à la nature des choses : c’est aussi une décisionépistémologique majeure.

Pourquoi, cependant, s’intéresser chez l’animal à sonmouvement ? La première raison relève du projet natura-liste lui-même : l’entreprise globale de classification desanimaux – qu’elle classe des espèces ou plutôt des partieset des fonctions 1 –, entreprise qui implique tous les trai-tés biologiques d’Aristote et notamment l’Histoire desanimaux et Les Parties des animaux, impose que l’on dis-tingue les animaux en fonction des mouvements qu’ilsaccomplissent (la marche, le vol, la nage) et que l’on

1. Comme l’a montré Pellegrin [1982].

INTRODUCTION10

rende compte des principes généraux qui sont à l’œuvredans ces divers modes de locomotion, ou ce qu’onappelle aujourd’hui la biomécanique animale. Cela sup-pose également que l’on traite, comme le fait en partieLe Mouvement des animaux, des mouvements internes ouorganiques qui préparent et permettent les mouvementslocaux. Du strict point de vue de l’enquête sur le vivant,nos deux traités sont donc nécessaires.

Il y a toutefois une autre raison, qui ouvre un champbeaucoup plus large. Nous sommes des animaux et, bienque nous possédions une faculté rationnelle qu’en touterigueur les autres animaux n’ont pas, les causes de nosmouvements ne sont pas fondamentalement différentes decelles des mouvements animaux en général. Du reste, Aris-tote entend son projet d’étude du mouvement animal enun sens suffisamment large pour y inclure ce type d’activitétrès particulier que nous appelons « action » (en grec :praxis). Bien que l’on puisse donc parler de praxis à proposde l’activité animale ou du simple fonctionnement d’unorgane, cette notion touche aussi un domaine spécifi-quement humain, celui des motivations et des relationsmorales. Ainsi, Le Mouvement des animaux ne se contentepas de définir les conditions nécessaires à tout mouvementanimal quel qu’il soit : il traite également des conditionsphysiques, physiologiques et proprement mentales de lapratique humaine. C’est d’ailleurs ce qui a valu à ce traitéune bonne partie de sa fortune dans la philosophiecontemporaine de l’esprit : en montrant jusqu’à quel pointla conduite humaine peut être expliquée en termes de cau-salité (physique et mentale) 1, ou encore en suggérant quel’intention impliquée dans l’action est plus déterminanteque l’intention pure, dans la définition de l’agent et de laconduite 2.

1. Voir Davidson [1993] qui, il est vrai, s’intéresse indirectement auMA, à propos du syllogisme pratique tel qu’il est présenté dans l’EN.

2. Voir Anscombe [1958]. On verra en effet, à propos de l’analysedu syllogisme pratique en MA, 7, qu’Aristote ne s’intéresse pas à l’écartqui pourrait séparer l’intention pure de l’action, mais à l’action elle-même, en tant qu’elle résulte de propriétés et d’opérations mentalesparticulières.

INTRODUCTION 11

C’est donc à un double passage que nous invitent lesdeux traités que l’on va lire : passage de la diversité desmouvements à leurs principes communs, et passage dumouvement animal à l’action humaine.

LA QUESTION DU MOUVEMENT ANIMAL

Présentation et contenu des deux traités

Synopsis du Mouvement des animaux

1. Objet du traité et principe du point d’appui interneIl s’agit d’étudier la cause commune des différents

types de mouvements animaux. L’animal est le principedes autres mouvements, mais il doit posséder une partieau repos, comme le montre l’exemple de l’articulation.Cette partie est, en ce sens, un principe de mouvement.

2. Principe du point d’appui externePour se mouvoir, l’animal a besoin non seulement d’un

principe immobile interne, mais aussi, hors de lui, d’unesurface suffisamment résistante pour qu’il puisse prendreappui sur elle. Il est donc nécessaire que le point d’appuiexterne soit autre chose que l’animal lui-même et qu’iln’en soit pas une partie. Ce principe est illustré parl’exemple du bateau, qui demeure immobile tant que l’onprend uniquement appui sur l’une de ses parties.

3. Mouvement animal et mouvement célesteLe ciel et l’univers dans son ensemble doivent, pour se

mouvoir, être en rapport avec un principe immobileexterne. La terre, bien qu’elle soit immobile, ne peut doncservir de point d’appui pour une éventuelle forcemotrice interne.

4. Mouvement animal et mouvement céleste (suite)Le principe de l’extériorité et de l’immobilité du point

d’appui semble s’appliquer à la fois à l’univers et à

INTRODUCTION12

l’animal, les corps inanimés n’étant mus quant à eux quesi un être animé les met en mouvement. Cependant, leprincipe immobile du mouvement de l’univers ne sauraitêtre à l’intérieur de lui et il doit être, non pas relative-ment, mais absolument immobile.

5. Le mouvement local et les autres typesde mouvement

L’animal possède-t-il en lui-même un principe immo-bile de tous ses mouvements et pas seulement du mouve-ment local ? Il faut distinguer deux cas : celui desorganismes achevés ou complets et celui des organismesincomplets. Dans le premier cas, parce que le mouvementlocal est premier par rapport aux autres changements,et parce qu’il suppose un principe immobile, les autreschangements supposent également un principe immobileà l’intérieur de l’animal. Dans le second cas, les change-ments des premières périodes de croissance dépendentd’autres agents et la situation est équivoque. Dans tousles cas, le changement substantiel – la génération del’animal – dépend d’un agent, et donc d’un principeexterne, car l’animal ne préexiste pas à lui-même.

6. Mouvement local et intention de mouvementL’animal est mû par son âme et cela en vue d’une fin.

Ce mouvement s’effectue sous l’effet conjoint de deuxfacultés : le désir et une faculté cognitive (pensée, imagi-nation ou sensation). Cette conjonction est la décision(proairesis), c’est-à-dire le choix d’un bien pratique priscomme fin. Ce bien est le moteur extérieur et la fin del’activité animale. Il constitue ainsi la limite de cette der-nière et le mouvement animal se distingue sur ce pointdu mouvement illimité des êtres divins. Le mouvementlocal de l’animal est donc la conséquence d’un désir pré-paré par une opération cognitive.

7. La spontanéité du mouvement local intentionnelL’animal est le principe de ses actions grâce à la coopéra-

tion du désir et des opérations cognitives. Il faut toutefois se

INTRODUCTION 13

demander par quel processus ou selon quelles modalitésl’action s’accomplit effectivement. Ce processus – quiinclut la pensée pratique proprement humaine – s’appa-rente aux syllogismes portant sur des objets théoriques,mais il en diffère par le fait que sa conclusion est uneaction (et non pas une proposition). Du point de vuephysiologique, le processus qui conduit à l’action estapparenté au mouvement des automates, mais il en dif-fère dans la mesure où les mouvements internes du vivantne sont pas intégralement réductibles au mouvementlocal, parce qu’ils découlent de modifications qua-litatives.

8. Conditions physiologiques et mentalesdu mouvement local

Le principe externe du mouvement est l’objet de désirou de crainte, mais celui-ci ne meut l’animal que parl’intermédiaire de modifications physiologiques quis’accompagnent de variations thermiques. Or, parce quela relation motrice ainsi définie implique un rapport entreun agent et un patient, elle a l’immédiateté que supposece rapport : l’agir et le pâtir, dans un même sujet, sontsimultanés. Par ailleurs, comme l’a montré le chapitre 1,aucun mouvement autonome n’est possible si le mobilene possède pas au moins un principe interne, qui soit lepoint de départ fixe de son mouvement. Le modèle de cetype de principe est l’articulation.

9. Organisation morphologique et mouvement localLa morphologie animale permet de distinguer un côté

droit et un côté gauche. Or, puisque les deux côtéspeuvent se mouvoir simultanément, aucun des deux nepeut constituer le principe immobile interne nécessaireau mouvement. Le principe est donc au centre, point quidélimite les deux côtés. Le même argument vaut pour lehaut et le bas et pour la colonne vertébrale. Le cœur ouson analogue, parce qu’il occupe une position centraledans l’organisme, et parce qu’il est le siège principal de

INTRODUCTION14

la faculté sensible, est précisément le principe et le pointde départ des affections qui se produisent sous l’effet dela sensation. Sa position médiane relie les extrémitésopposées et lui permet de mouvoir les deux côtés simul-tanément. L’âme, bien qu’elle soit distincte de l’organe« cœur », se situe en lui, au moins en un certain sens. Elleest le véritable moteur immobile interne de l’animal.

10. Organisation morphologique et mouvement local(suite) : le rôle du cœur et du souffle connaturel

La fonction désirante est à la fois motrice et mue. Lesouffle connaturel (sumphuton pneuma), qui a son originedans le cœur, est le corps simple qui, sur le plan propre-ment physiologique, possède cette caractéristique. Parcequ’il peut, par sa nature propre, s’accroître et se compri-mer, il permet la poussée et la traction, qui sont les deuxconditions élémentaires du mouvement local. Ainsi, parl’intermédiaire du cœur, l’âme peut exercer sa puissancemotrice sur l’ensemble du corps.

11. Mouvements volontaires, involontaires,non volontaires

Les chapitres précédents ont été principalement consa-crés aux mouvements volontaires (hekousia). On étudiemaintenant les mouvements involontaires (akousia),c’est-à-dire non ordonnés par l’intellect et résultant d’uneréaction immédiate à une apparition, et les mouvementsnon volontaires (ouch’hekousia), c’est-à-dire indépen-dants de toute représentation et de toute décision. Leprincipe physiologique général de ces mouvements n’estpas différent de celui des mouvements volontaires : ils’agit toujours des effets thermiques des modificationsqualitatives. Ainsi, bien qu’ils ne soient pas intentionnel-lement provoqués, ces mouvements s’accomplissent tou-jours par l’intermédiaire de l’organe central de larégulation thermique, à savoir le cœur. Ce chapitre clôtl’étude des mouvements animaux.

INTRODUCTION 15

Synopsis de La Locomotion des animaux

1. Introduction du traitéLes questions à poser à propos de la locomotion ani-

male. Les différences entre les animaux concernent prin-cipalement le nombre de points d’appui et de contactavec le sol ou le milieu du déplacement et la manièredont s’articulent et se fléchissent les parties impliquéesdans le mouvement local.

2. Principes méthodologiques et explicatifsde la recherche

3. Les points d’appuis externes et internes nécessaires àla locomotion

4-5. Théorie des directionsSix axes ou directions sont nécessaires au mouvement

local (haut/bas ; avant/arrière ; droite/gauche). Ces direc-tions permettent de distinguer mais aussi de rapporterà un même cadre de schématisation les différents typesd’animaux : bipèdes, quadrupèdes, polypodes et apodes.L’homme est l’animal le plus conforme à la nature.

6. Rapport entre les six directions et le centrede l’organisme

Il y a un principe commun à toutes les parties, qui estaussi le principe moteur de l’animal.

7. Distinction entre animaux sanguins et animaux nonsanguins

Les animaux sanguins ont au plus quatre pointsd’appui. Ils forment un tout continu. Les polypodes et lesanimaux non sanguins sont composés de parties potentiel-lement viables à l’état séparé. Les animaux sanguins quin’ont pas de membres distincts, comme les serpents, semeuvent d’une manière analogue aux quadrupèdes.

INTRODUCTION16

8. Distinction entre animaux sanguins et animaux nonsanguins (suite)

Pourquoi les serpents n’ont pas de pattes. Principe deparité et d’équilibre entre les pattes des animaux.

9. Théorie des flexionsLa flexion est nécessaire à tous les types de locomotion

(marche, nage, vol). Description du mécanisme de laflexion sous ses différentes formes.

10. Locomotion des oiseauxRôles respectifs des ailes, des pattes et de la queue.

Comparaison avec d’autres animaux.

11. La locomotion chez l’hommeCaractérisation de l’homme par la station droite. Com-

paraison entre la bipédie de l’homme et la bipédie impar-faite des oiseaux.

12. La locomotion chez l’homme et les quadrupèdesApplication à l’homme de la théorie des flexions. Com-

paraison avec les quadrupèdes.

13. Théorie des flexions (suite)Représentation schématique de la flexion et distribu-

tion des genres d’animaux selon les types de flexion. Uneparticularité relative de l’homme.

14. Théorie des flexions (suite)Les membres des quadrupèdes se meuvent en diago-

nale. Particularité du crabe.

15. La locomotion des oiseauxComparaison avec les quadrupèdes et les bipèdes.

Morphologies respectives des membres locomoteurs chezles oiseaux et chez les quadrupèdes ovipares.

INTRODUCTION 17

16. La locomotion des animaux non sanguinsMorphologie, position et nombre des pattes. Particula-

rités du crabe.

17. Modes de locomotion en milieu aquatiqueComparaison entre langoustes, crabes et poissons

ayant la forme de la plie. La nage des oiseaux.

18. Morphologie des oiseauxPourquoi ils ont des pieds. Comparaison entre oiseaux

et poissons, ailes et nageoires.

19. Les testacésMouvement particulier des testacés. Particularités du

crabe. Conclusion du traité.

Le texte du Mouvement des animaux occupe les pages698a1-704b3 de l’édition Bekker de l’Académie de Berlin,l’édition de référence des œuvres d’Aristote, entre LesParties des animaux (639a1-697b30) et La Locomotion desanimaux (704a4-714b23). Pour nos deux traités, nous dis-posons d’un seul commentaire antérieur à l’époquemoderne, celui du Byzantin Michel d’Éphèse 1. Le traitéLa Locomotion des animaux est probablement antérieur auMouvement des animaux 2, qui s’y réfère dès les premièreslignes. En outre, il montre beaucoup de proximité avec LesParties des animaux 3, dont il est souvent considéré commeun appendice 4. Sa conclusion présente du reste l’enquête

1. Voir Preus [1981] qui en donne une traduction en anglais avecnotes.

2. Voir Preus [1981], p. 67 ; p. 147. On propose généralement, pourle MA, une datation tardive. Il aurait été rédigé selon Nussbaum [1985]vers la fin du second séjour d’Aristote à Athènes, c’est-à-dire dans lesdernières années précédant sa mort en 322 avant notre ère.

3. Voir Preus [1981], p. 147.4. Gotthelf [1985b], p. 28, présente explicitement le IA comme un

appendice aux livres II-IV des PA.

INTRODUCTION18

sur les parties des animaux comme terminée et annonce letraité De l’âme. Les dernières lignes du Mouvement desanimaux sont également très instructives si l’on veutcomprendre l’organisation des traités biologiques. Ellesentendent mettre un point final aux enquêtes sur les par-ties des animaux, sur l’âme, la sensation, le sommeil, lamémoire et le mouvement animal considéré en général.On reconnaît là sans difficulté Les Parties des animaux(incluant peut-être La Locomotion des animaux), Del’âme, et un ensemble contenant la première partie desPetits traités d’histoire naturelle 1, puis Le Mouvement desanimaux. Bien que le texte ne le dise pas, il n’est pasimpossible que Le Mouvement des animaux ait été situéavant la deuxième partie des Petits traités d’histoire natu-relle, à un certain moment de l’histoire du texte (dutemps d’Aristote ou après lui). L’énumération s’achèvepar une annonce de De la génération des animaux. Onobtient donc l’ordre suivant : Les Parties des animaux,La Locomotion des animaux, De l’âme, première partiedes Petits traités d’histoire naturelle, Le Mouvement desanimaux, deuxième partie des Petits traités d’histoirenaturelle (qui ne figure pas explicitement dans l’énuméra-tion d’Aristote, mais dont on suppose qu’elle se trouve-rait là), De la génération des animaux.

Un tel ordre est nécessairement hypothétique, et celapour plusieurs raisons. Les références croisées, nom-breuses dans le corpus aristotélicien, ne sont sans doutepas toutes authentiques et elles ne sont pas parfaitementcohérentes entre elles. Par ailleurs, il n’est pas certain quele livre I des Parties des animaux ait originellementappartenu à l’ensemble traitant des parties des animaux,ou que les livres II à IV aient été rédigés aussitôt aprèslui. Enfin, la série est probablement plus programmatique

1. Soit : De Sens. ; De Mem. ; De Som. Sous ce dernier traité, il fautsans doute placer De Ins. et De Div. La deuxième partie des PNcontient : De Long. ; De Juv. ; De Resp. ; De Vit.

INTRODUCTION 19

que chronologique : elle indique un ordre de traitementdes questions, ce qui ne veut pas dire qu’Aristote aitrédigé les traités selon cet ordre même. Si la plus grandeprudence est donc de mise, on retiendra malgré tout deuxpoints essentiels à la compréhension de nos traités. Enpremier lieu, ils correspondent l’un et l’autre à deuxmanières d’envisager le mouvement animal, et leur lec-ture montrera qu’ils renvoient étroitement l’un à l’autrepar leur contenu. Le Mouvement des animaux considèred’un point de vue général ou « commun » la diversité desmodes de locomotion et confirme en grande partie lesprincipes transversaux à l’œuvre dans la marche, le volou la nage, principes que La Locomotion des animauxavait déjà mis au jour. En second lieu, ils se situent àl’articulation des œuvres zoologiques et des traités ditsde « psychologie », si l’on entend par cette expressionl’enquête – principalement menée dans le traité De l’âmeet dans les Petits traités d’histoire naturelle – qui portesur l’âme et sur les propriétés ou fonctions communes àl’âme et au corps. Ce n’est sans doute pas par hasardque Le Mouvement des animaux rappelle que le premiermoteur interne de l’animal, c’est son âme 1.

Le traité De l’âme montre du reste que l’âme n’est passeulement un principe moteur. En comprenant l’âmecomme la forme du corps, et celui-ci comme la matièrede celle-là, Aristote discerne dans le composé vivant lastructure ontologique et physique qui est commune àtoutes les réalités sensibles 2. Ainsi, la forme de la hachen’est pas une partie corporelle de la hache ni sa configu-ration extérieure ou sa silhouette : elle est la règle d’agen-cement, ou la raison organisatrice, de ses partiesmatérielles (le manche, la lame), règle dont le principeest la fonction finale de l’outil (couper). Semblablement,

1. MA, 9, 703a2 ; 10, 703a29.2. C’est ce qu’il est convenu d’appeler « l’hylémorphisme » aristotéli-

cien. Voir notamment, en ce qui concerne le rapport entre l’âme et lecorps : DA, II, 1, 412a3-28 ; PA, I, 1, 640a10-642b4.

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N° d’édition : L.01EHPN000482.N001Dépôt légal : mars 2013