le pilotage par la valeur de la performance
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Le pilotage par la valeur de la performanceorganisationnelle : Exemple dâapplication Ă un cabinet
dâExpertise-comptableMichel Pendaries, StĂ©phane Pendaries
To cite this version:Michel Pendaries, StĂ©phane Pendaries. Le pilotage par la valeur de la performance organisationnelle :Exemple dâapplication Ă un cabinet dâExpertise-comptable. ComptabilitĂ©s et innovation, May 2012,Grenoble, France. pp.cd-rom. ïżœhal-00690941ïżœ
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Le pilotage par la valeur de la performance
organisationnelle : Exemple dâapplication Ă un
cabinet dâExpertise-comptable
The value based management control of the
organizational performance: Study and
implementation in an audit and chartered
accounting company
Michel PENDARIES* et Stéphane PENDARIES**
* Enseignant chercheur Ă Euromed-Management Toulon, Cret-Log, Aix-Marseille
Université, 13625 Aix-en-Provence, France, [email protected]
** Expert-comptable mémorialiste, 75008 Paris, [email protected]
Résumé :
Le pilotage de la performance
organisationnelle dâun cabinet dâExpertise-
comptable est aujourdâhui une prĂ©occupation
majeure de lâOrdre des Expert-comptables.
Certaines associations dâExpert-comptables
prĂŽnent une approche aussi bien interne,
organisationnelle, quâexterne, vis-Ă -vis des
clients, basée sur la valeur. Face aux limites des
méthodes de contrÎle traditionnelles fondées sur
des logiques de coût, nous proposons une
mĂ©thode originale de pilotage de lâorganisation
dâun cabinet, basĂ©e sur une logique de valeur.
Mots clĂ©s : Pilotage, Cabinet dâExpertise-
comptable, Pilotage par la valeur, ContrĂŽle,
Ressources
Abstract :
The management control of the organizational
performance of an audit and chartered accounting
company is still a major preoccupation of the
French chartered accountants association. Some
professional associations recommend a value
based approach concerning as well the internal
organization management as the relationship with
clients. Faced with the limits of the methods
based on a logic of cost, we propose a new
method of management control of an audit and
chartered accounting organization, based on a
logic of value.
Key words: Management control, Accounting
organization, Value based management,
Resources, Chartered accountant
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Introduction
Cette recherche applicative est issue dâun travail de mĂ©moire dâExpertise-comptable. Le
stage dâexpertise comptable comme terrain de recherche, sâest articulĂ© autour de deux
expériences professionnelles différentes dans deux cabinets. Ces deux expériences ont permis
de constater que les deux cabinets avaient des méthodes de pilotage de la performance
organisationnelle relativement identiques, fondées sur une approche par les coûts.
Le principal associĂ© du deuxiĂšme cabinet avait nĂ©anmoins pour objectif dâoptimiser la
performance globale du cabinet par une amélioration du systÚme du pilotage financier. Il
souhaitait mettre en place un systĂšme de pilotage, et pas simplement un systĂšme de contrĂŽle,
qui dynamiserait lâensemble de lâorganisation et qui permettrait de mieux vendre les missions
sans dĂ©tĂ©riorer les marges. Il Ă©tait parti du constat que le cabinet Ă©tait obligĂ© dâavoir une
structure organisationnelle flexible (gestion de planning, arbitrage, gestion des hommes,
etc.âŠ) pour mener Ă bien les missions mais que ce dernier Ă©tait dotĂ© Ă contrario de ressources
se caractérisant principalement par des charges fixes. AprÚs plusieurs entretiens, et devant
lâinefficacitĂ© et lâinefficience des mĂ©thodes utilisĂ©es, la dĂ©cision de traiter cette dualitĂ© a Ă©tĂ©
prise avec la mise en Ćuvre dâune mĂ©thode de pilotage par la valeur, dĂ©veloppĂ©e dans
certaines entreprises industrielles gérées par affaires, et facilitant la création de valeur ajoutée.
Cette nouvelle approche de pilotage par la valeur permet dâoptimiser les charges fixes du
cabinet et dâassocier la flexibilitĂ© des emplois avec des ressources stables. A ce jour, la mise
en place de ce systÚme de pilotage a été initiée au sein du cabinet.
Lâobjectif de cette communication est de montrer que pour piloter lâorganisation et les
activités, il est possible de substituer une méthodologie basée sur des logiques de coût, trÚs
largement rependues dans les cabinets dâexpertise-comptable, par une mĂ©thodologie basĂ©e sur
une logique de valeur.
Dans une premiĂšre partie, nous formulons un constat pour Ă©noncer ensuite la
problématique de cette communication. Puis, dans une deuxiÚme partie, nous abordons le
cadre thĂ©orique et conceptuel mobilisĂ© ainsi quâune analyse critique des diverses mĂ©thodes de
pilotage de la performance, basées sur des logiques de coût, observées dans les cabinets
dâexpertise-comptable. Enfin, dans une troisiĂšme partie, nous dĂ©veloppons la mĂ©thode de la
valeur ajoutée horaire et son application au sein du cabinet.
1. Le pilotage de la performance organisationnelle dâun cabinet
dâExpertise-comptable
1.1. Un constat
LâExpert-comptable est le principal partenaire-conseil des entreprises. Lâoffre de valeur de
lâExpert-comptable, se dĂ©finit comme la capacitĂ© Ă satisfaire un conseil ou un service pour le
client. Cette offre de valeur Ă©volue en permanence et devient de plus en plus complexe.
LâExpert-comptable doit ĂȘtre en mesure dâexercer au mieux son art auprĂšs de ses clients tout
en veillant à la bonne conduite du cabinet. Sa performance en termes de création de valeur
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doit ĂȘtre Ă la fois externe (satisfaction du client) et interne (organisationnelle). Le pilotage de
la performance économique repose donc sur la capacité du cabinet à créer de la valeur c'est-à -
dire Ă piloter le rapport : Satisfaction des besoins / Utilisations des ressources et des
compétences.
Chaque cabinet doit développer son propre business model avec une typologie de missions
en adéquation avec les points de valeur ajoutée que peut faire valoir le cabinet auprÚs de sa
clientÚle. On entend par point de valeur ajoutée, les éléments jugés par le client comme
apporteur de satisfaction.
Le pilotage consiste essentiellement pour le cabinet à décliner et à concrétiser la stratégie
et le "business Model" Ă tous les niveaux opĂ©rationnels de lâorganisation. Pour mettre en
action son business model, un cabinet doit donc veiller au bon déroulement de ses activités
avec un suivi et un contrÎle de leurs profitabilités (ex-post), mais surtout grùce à un systÚme
de pilotage (ex-ante).
Un cabinet est une organisation dont la performance économique et la compétitivité sont
basées sur ses ressources et ses compétences. Cela pose le problÚme de la mesure de cette
performance et de ses critĂšres dâĂ©valuation. Ainsi, une Ă©valuation en terme dâeffectivitĂ©
(capacitĂ© Ă satisfaire les clients), dâefficacitĂ© (capacitĂ© Ă atteindre un objectif) et dâefficience
(capacité à utiliser au mieux les ressources)1 des activités du cabinet paraßt indispensable afin
dâamĂ©liorer sa performance Ă©conomique et financiĂšre globale. Cela met lâaccent sur les types
dâindicateurs que lâon met en Ćuvre et leurs finalitĂ©s : indicateurs de contrĂŽle et indicateurs de
pilotage.
La profitabilitĂ© globale dâun cabinet se mesure par le rĂ©sultat net global et sa rentabilitĂ© par
le niveau de distribution de ses bénéfices par rapport au capital investi.
Actuellement, lâindicateur Ă la fois de contrĂŽle de la profitabilitĂ© et de pilotage, rencontrĂ©
dans la majorité des cabinets est la marge (avec ses variantes : marge sur coût variable, marge
brute ou marge sur coûts directs, ou bien encore la marge nette c'est-à -dire le résultat). Le
choix de lâindicateur dans les cabinets dĂ©coule souvent dâune mise en Ă©quivalence entre le
temps de traitement (donc le coĂ»t) et lâinformation produite (avec les degrĂ©s dâimperfection
inhérente à chaque méthode).
1.2. Les problématiques soulevées
Le pilotage des cabinets dâexpertise comptable par les coĂ»ts entraĂźne une double
problématique.
- Les cabinets dâexpertise comptable associent de maniĂšre uniforme les ressources et les
compĂ©tences du cabinet Ă des coĂ»ts. Or un coĂ»t est lâexpression monĂ©taire de la
consommation de ressources. Il nâest donc pas systĂ©matiquement gĂ©nĂ©rateur de valeur. Il
est paradoxal de considérer les ressources et les compétences uniquement comme un coût
pour évaluer la profitabilité et de ne pas les évaluer comme un générateur de valeur
1 ModĂšle 3E de la sphĂšre de lâentreprenariat
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ajoutĂ©e bien quâelles soient mises en valeur auprĂšs de la clientĂšle. Il serait plus pertinent
pour lâExpert-comptable, en terme de comptabilitĂ© de gestion, de considĂ©rer les ressources
et les compétences de son cabinet comme des postes de valeur ajoutée à vendre à ses
clients.
- Une analyse de la profitabilitĂ© post opĂ©ratoire nâa jamais Ă©tĂ© un outil de pilotage Ă part
entiĂšre. Les indicateurs basĂ©s sur des coĂ»ts ne peuvent pas ĂȘtre de vĂ©ritables outils de
décision car ils sont essentiellement basés sur des faits passés. Il y a ici un paradoxe car
les entreprises utilisent en fait des indicateurs de contrĂŽle pour piloter leurs organisations
au lieu dâutiliser des indicateurs de pilotage, plus prospectifs. Lâanalyse du passĂ© nous
permet de comprendre le prĂ©sent mais ne permet pas de dĂ©finir lâavenir. Les erreurs
passées ne seront pas forcement les erreurs futures, surtout dans un environnement
concurrentiel et changeant.
Comment lâExpert-comptable peut-il piloter la performance Ă©conomique et financiĂšre de
son cabinet en considérant ses ressources et ses compétences comme des postes de valeur
ajoutée et pas seulement comme des postes de coûts ?
Une réponse possible :
Pourquoi ne pas sâinspirer de mĂ©thodes de pilotage dĂ©veloppĂ©es avec succĂšs dans certaines
entreprises industrielles gĂ©rĂ©es par affaires puisquâun cabinet a les mĂȘmes fondements
organisationnels (Une gestion par mission ou par dossier) et les mĂȘmes prĂ©occupations
lorsquâil sâagit de chercher les moyens dâaccroĂźtre sa performance organisationnelle.
Pour répondre à cette double problématique et étudier la validité de cette réponse, nous
décrivons dans la partie suivante les fondements conceptuels et théoriques sur lesquels cette
étude repose. Puis, nous présentons une analyse critique des différentes méthodes de pilotage
rencontrĂ©es dans les cabinets dâexpertise-comptable.
2. Cadre thĂ©orique et conceptuel de lâĂ©tude
2.1. Les fondements théoriques et conceptuels
Dans cette partie nous précisons les concepts mobilisés dans notre étude, comme le
pilotage, la performance organisationnelle ainsi que la création de valeur.
2.1.1. Du contrĂŽle au pilotage
Selon Merchant (1998), « quatre conditions sont nécessaires pour assurer un contrÎle de
résultat efficace: la connaissance des résultats désirés, la contrÎlabilité des résultats désirés,
la mesurabilité des résultats contrÎlés et les objectifs de performance ». Nous retenons le
critÚre de mesurabilité car la fonction ContrÎle de gestion, fondée sur la mesure, se distingue
de la fonction Pilotage qui est perçu comme un systÚme basé sur la responsabilité, la
reprĂ©sentation et lâinterprĂ©tation des acteurs de lâorganisation. Ce que confirme Meyssonnier
(1999), « le contrĂŽle de gestion est fondĂ© sur la mesure et il ne peut quâĂȘtre analytique. Le
principe fondateur de lâactivitĂ© de pilotage repose sur la modĂ©lisation financiĂšre de
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lâentreprise et de la comparaison entre la valeur perçue par le client (qui a un prix) et la
consommation de ressources de lâentreprise (qui a un coĂ»t). ⊠Les nouvelles pratiques
(benchmarking, coût cible, reengineering, comptabilité par activités, etc.) comme les plus
anciennes (analyse de la valeur, budget base zéro, recherche des coûts cachés, etc.) sont
fondĂ©es sur le chiffrage. Lâavenir du ContrĂŽle de gestion nâest donc pas dans lâabandon de la
mesure mais dans son application à des champs différents (temps, qualité, etc.) ».
Dans la littĂ©rature, le courant constructiviste relĂšve lâimportance du rĂŽle des acteurs de
lâorganisation dans les interprĂ©tations et les reprĂ©sentations quâils font des indicateurs de
mesure. Lorino (1995) nous dit que câest en basculant dâun paradigme de la mesure Ă un
paradigme de lâinterprĂ©tation que lâon passe du contrĂŽle au pilotage. Quand les systĂšmes de
contrĂŽle limitent et contraignent, les systĂšmes de pilotage dĂ©veloppent lâautonomie des
acteurs de lâorganisation, et favorisent davantage lâaction plutĂŽt que la coordination de la
décision (Besson, 1998 ; Pariente, 1998).
2.1.2. La valeur et la création de valeur
Concernant le concept polymorphe de valeur, nous ne cherchons pas Ă arbitrer parmi les
nombreuses définitions données dans la littérature. Nous nous référons à la définition donnée
par la norme Afnor du Management par la valeur. « Le concept de valeur repose sur la
relation entre la satisfaction de nombreux besoins différents et les ressources utilisées pour y
parvenir. Moins on utilise de ressources ou plus la satisfaction des besoins est grande, et plus
la valeur est importante ».
Puisque notre Ă©tude sâappuie sur les leviers de crĂ©ation de valeur qui sont utilisĂ©s dans la
construction dâune mission. Il nous est apparu pertinent de distinguer les trois approches de la
création de valeur dans la littérature.
Sur la crĂ©ation de valeur, la littĂ©rature nous propose trois approches : lâapproche
actionnariale (Berle et Means, 1932 ; Jensen et Meckling, 1976 ; Fama, 1980 ; Fama et
Jensen, 1983), lâapproche partenariale (Blair ; 1995 ; Charreaux et DesbriĂšre, 1998) et plus
rĂ©cemment lâapproche cognitive (Wirtz, 2006 ; Charreaux ; Teece, 2007). Les deux premiĂšres
se focalisent sur la façon de rĂ©partir la valeur crĂ©Ă©e afin de limiter les conflits dâintĂ©rĂȘt alors
que la derniĂšre sâinterroge sur la façon dont la valeur est crĂ©Ă©e afin de la maximiser
(rationalité stratégique et opérationnelle).
Dans lâapproche cognitive, la crĂ©ation de valeur provient de diffĂ©rents leviers cognitifs tels
que les connaissances, lâinnovation et lâapprentissage organisationnel permettant Ă
lâentreprise de se positionner autrement sur le marchĂ©. Dans les deux premiĂšres approches, les
opportunités de création de valeur sont considérées comme données, la source de création de
valeur est la « mise Ă disposition dâune ressource financiĂšre relativement indiffĂ©renciĂ©e pour
saisir des opportunitĂ©s donnĂ©es de maniĂšre exogĂšne sous le regard vigilent dâune
gouvernance disciplinaire » (Wirtz, 2006). La rationalitĂ© est financiĂšre. Dans lâapproche
cognitive, lâentreprise crĂ©atrice de valeur est celle qui se positionne autrement sur le marchĂ©
grĂące Ă sa base de connaissances (approche resource-base-view/approche knowledge-base-
view). La rationalité est essentiellement stratégique et opérationnelle. Toutefois, selon Wirtz,
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la création de valeur par la cognition met également en avant des sources de destruction de
valeur : des coûts de mentoring (pour rapprocher les structures cognitives des dirigeants de
celles des parties prenantes), des coĂ»ts de conviction (pour faire comprendre lâintĂ©rĂȘt dâun
projet commun) et des coĂ»ts cognitifs rĂ©siduels (part dâincomprĂ©hension mutuelle qui
subsiste).
Pour ces raisons et parmi les diverses approches théoriques de la firme : une série de
couple produit-marché (Ansoff, 1965), un ensemble de fonctions comme la R&D, la
conception, la fabrication, etc. (Snow et Hrebiniak, 1980), un ensemble dâactivitĂ©s liĂ©es Ă une
chaĂźne de valeur (Porter, 1996), nous retenons pour un cabinet dâexpertise comptable plus
particuliĂšrement celle qui considĂšre la firme comme un ensemble de ressources et de
compétences clés (Penrose 1959-1995, Grant 1991), comme source de création de valeur par
lâorganisation. Nous dĂ©veloppons les raisons de cette approche dans lâexplication des
fondements thĂ©oriques de la mĂ©thode de pilotage par la valeur quâest la valeur ajoutĂ©e horaire
(partie 3).
2.1.3. La performance organisationnelle
De nombreux auteurs (Kaplan et Norton, 1998 ; Malo et Mathé, 2000 ; Mavrinac et
Siesfeld, 1998 ; Paturel, 2007) se sont intĂ©ressĂ©s aux systĂšmes dâĂ©valuation de la performance
des organisations. Dans la sphÚre de la stratégie, Martinet et Reynaud (2004) proposent une
dĂ©finition tridimensionnelle de la performance globale de lâentreprise : la performance sociale
(Ă©galitĂ© de traitement, respect des droits de lâhomme, bonnes conditions de travail, etc.), la
performance économique (part de marché, profitabilité, rentabilité, etc.) et la performance
environnementale (diminution de la pollution, sécurité des installations, sécurité des produits,
utilisation de ressources renouvelables, etc.). Chacune de ces dimensions est évaluée par des
indicateurs sociaux, Ă©conomiques et environnementaux.
La performance organisationnelle et la performance technologique et dâinnovation des
produits constituent le socle de la performance globale Ă piloter dans les organisations.
Compte tenu de notre champ dâĂ©tude, les cabinets dâexpertise comptable, nous nous
intĂ©ressons quâĂ la performance organisationnelle en tant quâorganisation par mission (projet).
Comme lâaffirme certains auteurs comme Lorino (1995) et Fernandez (2003), le pilotage de la
performance globale ne se fait ni par une démarche par le haut (top down) ni par une
dĂ©marche par le bas (bottom up) mais par lâĂ©change entre groupes et Ă lâintĂ©rieur dâun groupe
et par les interactions entre les acteurs de lâorganisation. De plus, si nous postulons que
lâoptimum global nâest pas la somme dâoptima individuels, il nâest donc pas utile de mesurer
les différentes performances individuelles concourant à la performance globale. Pour ces
raisons, le systĂšme de pilotage que nous proposons de mettre en Ćuvre (partie 3) a pour
objectif prioritaire de performer globalement la valeur créée. Mais il doit pouvoir également
faciliter une Ă©valuation objective de certaines performances individuelles.
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2.2. Les méthodes de pilotage de la performance rencontrées dans les cabinets
2.2.1. Les approches traditionnelles par les coûts (coût horaire, coût complet, coût
partiel, etcâŠ)
Le contrĂŽle de la profitabilitĂ© passe par le suivi des temps passĂ©s par dossier. Lâobjectif du
cabinet est dâamĂ©liorer le couple efficience et efficacitĂ© sur les dossiers afin de vendre le
maximum dâheures. Le systĂšme de pilotage par les coĂ»ts horaires (ou taux horaires) peut
entraĂźner le cabinet Ă vendre des heures Ă faible marge et risque de remettre en cause son
objectif de profitabilitĂ© globale. Lâindicateur de mesure de la profitabilitĂ© est alors la marge
(avec ses variantes marge s/coût variable, marge brute ou marge s/ coûts directs, ou bien
encore la marge nette c'est-à -dire le résultat).
Les charges dâun cabinet sont majoritairement constituĂ©es de charges fixes avec une
proportion importante de charges de personnel. Les charges variables sont peu importantes
(papiers, Ă©nergie, sous-traitance, etcâŠ). Lâimportance du coĂ»t fixe que reprĂ©sente la masse
salariale explique lâattention particuliĂšre portĂ©e, dans la quasi-totalitĂ© des cabinets, au suivi
des heures des collaborateurs. La gestion et lâanalyse des heures des collaborateurs deviennent
la préoccupation principale du responsable du cabinet du fait de la proportion importante de
ces frais de personnel par rapport au chiffre dâaffaires. Dans ce cas, la mesure de la
performance se fonde donc sur des méthodes de coût partiel (Par exemple : Marge sur coûts
directs). Ce type de mĂ©thode est assez simple Ă mettre en Ćuvre car une grande partie de la
masse salariale est imputable aux missions en prenant comme clef de rĂ©partition : lâheure ou
la journĂ©e consacrĂ©e aux missions. Par contre, le niveau dâinformation sur la profitabilitĂ©
(marge contributive) nâest que partiel et ne permet pas une optimisation de lâindication sur : le
comment la performance Ă©conomique se constitue ? Lâapproche par les coĂ»ts complets (coĂ»ts
processuels) permet dâobtenir cette information. Mais, cette approche nĂ©cessite de dĂ©finir un
plus grand nombre de clefs de rĂ©partition des charges indirectes. Ces clefs doivent ĂȘtre
homogĂšnes au niveau des centres dâanalyse (ou centre de responsabilitĂ©) et pertinentes par
rapport aux activitĂ©s mesurĂ©es. Elle est par consĂ©quent plus difficile Ă mettre en Ćuvre et plus
consommatrice de temps de traitement de lâinformation de gestion mais surtout plus imprĂ©cise
du fait du caractÚre arbitraire des clefs de répartition utilisées.
Les limites de lâapproche du pilotage de la performance organisationnelle par les
coûts sont multiples :
- Ce mode de pilotage est basé sur des faits passés. Une analyse de la profitabilité post
opĂ©ratoire nâa jamais Ă©tĂ© un outil de pilotage Ă part entiĂšre. Lâanalyse du passĂ© nous
permet de comprendre le prĂ©sent mais ne permet pas de dĂ©finir lâavenir. Les erreurs
passées ne seront pas forcement les erreurs futures surtout dans un environnement
concurrentiel et changeant.
- Un coĂ»t engagĂ© nâest pas forcement gĂ©nĂ©rateur de valeur. Il nâest seulement que
lâexpression dâune consommation de ressources ou de compĂ©tences.
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- La fixation du prix de vente de la mission Ă partir dâune marge ou dâun taux horaire nâa
plus vraiment de sens puisque le cabinet est le plus souvent confronté à des prix de
marché dans ses activités.
- Lâanalyse de la profitabilitĂ© se fait par la marge et le respect des budgets. Cette analyse
des temps passĂ©s par dossier sâeffectue dans un souci de mesurer leur rentabilitĂ© mais on
constate que lâobjectivitĂ© dans lâaffectation des heures effectuĂ©es est soumise Ă lâarbitrage
de chaque collaborateur dans la saisie des temps du cabinet. En effet et pour différentes
raisons, on assiste la plupart du temps à des phénomÚnes de lissage des temps sur une
journĂ©e, de report dâun dossier sur lâautre, etc. Cette attitude, propre Ă la nature humaine,
se comprend par le fait que la performance dâun collaborateur se juge Ă partir de la
performance de chaque dossier dont il a la responsabilité et pas sur sa performance
globale. De ce fait, lâanalyse de la rentabilitĂ© repose donc sur une variable technique qui
ne prendra jamais en compte la réalité objective recherchée (un collaborateur cherchera
toujours à ce que sa rentabilité soit en adéquation avec les objectifs qui lui ont été fixés).
Cette analyse des temps collaborateurs ramenĂ© au budget ou Ă la tĂąche nâa pas dâinfluence
sur la profitabilité du cabinet en termes de marge et de résultat à périmÚtre client constant.
Le salaire du collaborateur est en effet le mĂȘme quâil passe plus ou moins dâheures sur une
mission ou sur une tĂąche. Lâanalyse du temps passĂ© par un collaborateur sur une mission
ou une tĂąche nâa dâintĂ©rĂȘt que dans la renĂ©gociation de budget (donc une approche
commerciale), dans lâĂ©valuation annuelle du collaborateur (Promotion, Augmentation de
salaires, Primes potentielles, etc.) et dans la nĂ©gociation Ă©ventuelle dâune facturation
complémentaire avec le client. Le dépassement de budget correspond en fait au coût
dâopportunitĂ© que subit le cabinet en ne pouvant pas facturer les heures dĂ©passĂ©es sur une
mĂȘme mission ou sur un autre travail. Il est Ă noter quâil y aura quasi-systĂ©matiquement
des Ă©carts et que lâexpĂ©rience montre que la prĂ©vision budgĂ©taire parfaite nâexiste pas
(surtout dans un environnement normé et déontologique).
Lâanalyse de la profitabilitĂ© par lâanalyse des Ă©carts budgĂ©taires est un systĂšme viciĂ©. Les
différents entretiens menés et la pratique que nous avons pu observer dans les deux cabinets
oĂč le stage dâexpertise comptable a Ă©tĂ© effectuĂ©, montrent que :
- Les Ă©carts de temps rĂ©sultant dâun dĂ©passement horaire par rapport au budget (mali) sont
systĂ©matiquement renĂ©gociĂ©s avec le client pour faire lâobjet dâune facturation
complĂ©mentaire Ă la fin des travaux ou dâune renĂ©gociation de budget Ă la hausse sur les
années suivantes.
- Les Ă©carts de temps rĂ©sultant dâune production horaire infĂ©rieure par rapport au budget
(boni) sont systĂ©matiquement absorbĂ©s par le cabinet et ne font pas lâobjet dâavoir pour le
client.
Cette diffĂ©rence de traitement dans lâanalyse des temps passĂ©s par rapport Ă un budget
montre un systĂšme dâanalyse de la profitabilitĂ© incohĂ©rent. On pourrait retenir comme
postulat dans un systÚme de pilotage, que les malis soient systématiquement renégociés
(facturation complĂ©mentaire, etcâŠ) et que les bonis soient absorbĂ©s par le cabinet. Ce
principe est majoritairement retenu dans les cabinets, mais entraĂźne souvent des tensions avec
les clients sur les négociations de factures complémentaires ou de rattrapage de budget. On
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constate donc que le systÚme de pilotage par les coûts avec une analyse budgétaire est
malheureusement destructeur de valeur. Il pourrait entraĂźner lâinsatisfaction du client Ă cause
dâun Ă©lĂ©ment exogĂšne et malgrĂ© un travail de qualitĂ© effectuĂ©.
2.2.2. Les approches récentes
La méthode ABC/M
Le principe de lâapplication de la mĂ©thode ABC (Activity Based Costing) dans un cabinet
dâexpertise comptable est de dĂ©couper les ressources du cabinet en activitĂ© (saisi comptable,
Ă©laboration dâun dossier de travail, dĂ©claration de TVA, etcâŠ) et de dĂ©finir des inducteurs
dâactivitĂ©s appropriĂ©s Ă chaque activitĂ© (une ligne de saisi, une dĂ©claration TVA, une heure de
rĂ©vision, etc.). LâExpert-comptable peut ainsi Ă©valuer les coĂ»ts et analyser sa profitabilitĂ© pour
chaque activitĂ© du cabinet. Sartre (2009) sây est employĂ©.
Les principales difficultĂ©s dâune comptabilitĂ© de gestion par une approche ABC sont :
- La complexitĂ© du modĂšle : le dĂ©coupage des ressources en activitĂ© nâest pas simple car il
peut se révéler tentaculaire avec des activités et des sous activités. Il faut ici réfléchir
exactement au découpage adéquat au regard de la précision des coûts par activités que
lâon souhaite obtenir. Cette phase dâidentification des activitĂ©s dâun cabinet est un
investissement pour le cabinet et peut se révéler longue et difficile à mettre en place pour
un cabinet de petite ou de moyenne taille. La prĂ©sence dâun logiciel de gestion des temps
peut aider mais le dĂ©coupage analytique des tĂąches dans le logiciel peut ne pas ĂȘtre la
répartition par activité souhaité.
- Les difficultés de mise à jour du modÚle : Certaines activités du cabinet sont récurrentes
(saisi comptable, rĂ©vision des comptes, etcâŠ) car elles font parties du cĆur du mĂ©tier
dâExpert-comptable mais les cabinets dĂ©veloppent beaucoup dâautres activitĂ©s ponctuelles
ou rĂ©currentes, connexes ou non aux mĂ©tiers de bases de lâexpert-comptable mais hors
nomenclature ABC. Câest justement une des forces de la profession de pouvoir rĂ©pondre
aux nombreuses demandes des clients grĂące Ă la pluridisciplinaritĂ© du mĂ©tier dâexpert-
comptable. La mise à jour du modÚle passe alors par une refonte du découpage des
ressources pour déterminer la répartition des temps entre toutes les activités.
- Les erreurs dans lâĂ©valuation des coĂ»ts : LâABC repose sur le principe de la dĂ©composition
des opĂ©rations de lâorganisation en activitĂ©s les plus fines possibles pour analyser les
coĂ»ts. Plus le dĂ©coupage est fin et plus le risque dâerreur dâimputation analytique
(mauvaise imputation comptable) ou de mesure, (pourcentage estimé au départ sur les
temps affectĂ©s Ă une activitĂ©) est grand. Il en est de mĂȘme de lâemploi dâun inducteur pas
suffisamment pertinent, dâune sous-utilisation des capacitĂ©s productives, etc.
- Les principaux reproches faits Ă lâapproche par les coĂ»ts (lâanalyse est faite sur des faits
passĂ©s, lâeffet de la temporalitĂ©, un coĂ»t nâest pas gĂ©nĂ©rateur de valeur, etcâŠ) sont aussi
applicables à la méthode ABC.
![Page 11: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/11.jpg)
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- LâĂ©valuation du coĂ»t de la sous-activitĂ© nâest pas mise en Ă©vidence du fait du mode de
découpage des activités. La répartition du temps se fait par activité sur une base de 100%
dâoccupation.
Sous lâinfluence conjointe de deux facteurs (Ă©clatement des rĂ©seaux et maturitĂ© atteinte de
la mĂ©thode ABC), trois des chefs de file de lâABC originel (Kaplan, Brimson et Johnson) se
lancent dans une stratégie de différenciation qui aboutit à la création de trois méthodes
dérivées dont la méthode Time-driven ABC.
La méthode TDABC (Time-driven ABC)
La mĂ©thode TDABC apparaĂźt comme une des rĂ©ponses aux faiblesses de lâABC et permet
de pallier les limites dâune grande majoritĂ© des techniques dâĂ©valuation de coĂ»ts complets.
Cette mĂ©thode a aussi lâintĂ©rĂȘt dâĂȘtre dĂ©veloppĂ© par Kaplan et Anderson (2004) initiateurs de
la méthode ABC. La méthode TDABC reprend les grands principes de la méthode ABC avec
le dĂ©coupage par activitĂ©, mais lâinducteur dâactivitĂ© choisi est systĂ©matiquement basĂ© sur le
temps. Le dĂ©coupage ne se fait pas plus en termes de pourcentage dâoccupation en temps mais
par nombre dâinducteurs. Il est dĂ©fini un temps par inducteur dâactivitĂ© en introduisant une
pondĂ©ration sur le temps global dâoccupation. Il est dĂ©fini ensuite un coĂ»t unitaire de
production de lâinducteur de lâactivitĂ© qui est le rapport entre le coĂ»t de lâinducteur et le temps
en minute de lâinducteur. Chaque activitĂ© est modĂ©lisĂ©e ensuite sous forme dâĂ©quation de
temps qui permet de dĂ©terminer « le nombre dâunitĂ©s de capacitĂ© consommĂ©es par un objet de
coĂ»ts » (De la Villarmois et Levant, 2007). Le coĂ»t dâune activitĂ© est exprimĂ© sous forme
dâune Ă©quation qui est la somme algĂ©brique des coĂ»ts des inducteurs (coĂ»t unitaire dâun
inducteur multipliĂ© par la consommation de celui-ci par lâactivitĂ©) nĂ©cessaires Ă la production
de lâactivitĂ©.
La mise en place de la mĂ©thode TDABC dans un cabinet dâexpertise comptable est
soutenue par Sartre (2009) dans son mémoire : « Application de la méthode TDABC à un
cabinet dâexpertise comptable ». Il dĂ©fend dans son Ă©crit lâapplication de la mĂ©thode TDABC
dans un cabinet dâexpertise comptable en mettant notamment en avant la flexibilitĂ© de la
méthode et les avantages concurrentiels que procure cette approche de pilotage : « Une fois
mise en place, elle devient pour la société un avantage concurrentiel et un outil de
flexibilité⊠». Il souligne que lâapplication de la mĂ©thode TDABC trouve tout son sens dans
un cabinet dâexpertise comptable. Cette mĂ©thode repose sur le seul inducteur dâactivitĂ© qui est
le temps, outil de mesure privilégié des cabinets.
Sartre avance trois avantages importants pour promouvoir la méthode :
- Cette mĂ©thode propose un rapport coĂ»t dâexploitation sur efficacitĂ© du pilotage assez
faible par rapport aux mĂ©thodes traditionnelles. Lâutilisation de temps comme inducteur
nâest pas Ă©tranger Ă cette facilitĂ© de mise en place et dâexploitation dans un cabinet.
- La modélisation des coûts des processus à travers les équations de temps permet une
rationalisation des coûts et donc une optimisation de la facturation clients.
- Cette forme de modélisation définit donc des coûts standards de processus. Cela permet au
cabinet de mettre en évidence une capacité de production par processus et donc une
![Page 12: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/12.jpg)
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capacité des ressources globales du cabinet. La consommation des processus en minutes
comparé aux coûts standards des processus permet une évaluation de la sur ou sous-
activité.
Il conclut quâune fois la mise en place de la mĂ©thode effectuĂ©e, «elle permet au dirigeant
de se munir dâun panel de donnĂ©es nĂ©cessaires que ce soit pour Ă©tablir sa stratĂ©gie, ou bien
pour manager ses équipes et bien entendu pour développer sa rentabilité ». Les avantages
avancés par Sartre répondent partiellement aux attentes des Expert-comptables notamment en
matiÚre de pilotage de ses ressources par la mise en évidence de la sur ou sous activité.
En revanche, on peut regretter lâabsence dans son mĂ©moire de limites dans lâutilisation de
la mĂ©thode au sein dâun cabinet, comme par exemple les problĂ©matiques dâallocations des
temps au processus standard, lâapplication de coefficients permettant de dĂ©finir le temps de
travail disponible, etc⊠car en effet cette mĂ©thode fait lâobjet de certaines critiques.
La littérature retient trois limites principales dans la méthode de TDABC :
- LâĂ©valuation de la sous-activitĂ© :
LâĂ©valuation de la sous-activitĂ© dĂ©pend en majoritĂ© du coefficient de pondĂ©ration introduit
par Kaplan et Anderson dans leur modÚle pour définir le temps de travail disponible. Ce
coefficient est de 80% à 85% sur la capacité totale productive pour prendre en compte (les
temps de poses, les temps de dĂ©placement, etcâŠ) alors que ces chiffres avancĂ©s sont peu ou
pas justifiés par un modÚle.
La mesure de la sous-activité dans la méthode TDABC reflÚte en fait des temps de
gaspillage ou lĂ©gaux inhĂ©rents Ă la marche dâune entitĂ©. Câest le principe mĂȘme de
lâintroduction de coefficient. Il est donc difficile de se focaliser sur la sous-activitĂ© qui ne
reflĂ©tera donc pas le coĂ»t dâopportunitĂ© rĂ©el du manque dâemploi.
- Un modÚle fondé sur les temps :
Lâutilisation de lâunique inducteur temps pose problĂšme dans la conception mĂȘme de la
mĂ©thode. La volte-face faite par Kaplan et Anderson en retenant lâinducteur temps semble
vouloir dire, pour de la Villarmois et Levant (op.cit.), que le capital humain est un aspect
prépondérant dans le processus de création de valeur. « En fait, avec le TDABC, Kaplan et
Anderson semblent vouloir mieux prendre en compte la problématique des services dans le
calcul des coĂ»ts, activitĂ©s dans lesquelles le travail manuel, ou intellectuel de lâhomme reste
prĂ©pondĂ©rant ». Lâintroduction dâinducteurs diffĂ©rents ou non par activitĂ© dans la mĂ©thode
ABC a pour but de représenter au mieux le processus de création de valeur.
- Les difficultés de mesure des temps :
Kaplan et Anderson (op.cit.) critiquent la mĂ©thode ABC dans les sens oĂč lâestimation des
temps allouĂ©s en pourcentage par activitĂ© nâest jamais exacte et que le dĂ©coupage ne peut faire
100%. Or, ils proposent dans ce modÚle de définir les temps unitaires par activité. Les études
montrent, que ce soit par entretien ou au moyen dâinformatique, des Ă©carts importants entre
les temps allouĂ©s Ă une activitĂ© et la rĂ©alitĂ©. LâexpĂ©rience montre que lâexĂ©cution dâune tĂąche
identique peut prendre plus de temps Ă cause de facteurs exogĂšnes (relation client) ou
![Page 13: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/13.jpg)
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endogĂšnes (motivation de lâemployĂ©) Ă lâorganisation. Ces diffĂ©rences de temps de traitement
montrent donc, quâil est difficile de dĂ©finir un coĂ»t unitaire horaire par activitĂ©.
Les critiques concernant lâĂ©valuation de la sous activitĂ© et les difficultĂ©s de mesure des
temps nous semblent fondĂ©es. En revanche, lâintroduction du seul inducteur temps dans la
méthode TDABC nous semble une réelle avancée au contraire de la position littéraire. La
capacitĂ© productive globale dâune organisation ne peut que se concevoir que par une capacitĂ©
globale horaire de lâorganisation, que ce soit des machines ou du capital humain. Par exemple,
une organisation industrielle ne vend pas X ou Y quantités, mais vend en réalité Z ou W
temps dâactivitĂ© de son organisation. Lâexemple avec une organisation de prestation de
service comme un cabinet dâexpertise comptable est dâautant plus flagrant. Le cabinet cherche
à vendre des heures de son organisation car le capital humain représente la part la plus
importante de ses ressources.
La méthode U.V.A
La mĂ©thode UVA (Zaya et ali, 1999) est lâĂ©volution logique de la mĂ©thode GP (Perrin,
1962) au regard de lâĂ©volution des entreprises dans le temps. La proportion des charges fixes
dans le coût global des produits a fortement augmenté depuis les années 50. La méthode
repose sur le fait que tous les services sont générateurs de valeur ajoutée dans la conception
dâun produit. Elle est donc dĂ©veloppĂ©e au niveau de lâensemble des processus, production et
hors production, contrairement à la méthode GP qui est seulement cantonnée au niveau des
processus de production. La méthode reprend le postulat des constantes occultes de Perrin et
introduit une unité de base dite « unité de valeur ajoutée (UVA)» en remplacement de la
constante GP. LâUVA rĂ©unit Ă©galement comme le GP un ensemble dâopĂ©rations mais Ă©tend
son pĂ©rimĂštre aux opĂ©rations hors productions. Lâindice de poste exposĂ© dans la mĂ©thode GP
devient donc lâindice UVA. La mĂ©thode UVA simplifie le systĂšme de gestion en ramenant
lâentreprise multi produits/multi-activitĂ©s Ă une entreprise mono-produit/mono-activitĂ©. On
retrouve ici la philosophie de Perrin. Lâobjectif principal de celle-ci est dâanalyser la
rentabilitĂ© des ventes afin dâaugmenter les ventes bĂ©nĂ©ficiaires, rĂ©duire les ventes dĂ©ficitaires
et éliminer les ventes « hémorragiques » du portefeuille clients. Cette analyse est faite en
élaborant une courbe de rentabilité des ventes obtenue en classant de maniÚre orthonormée sur
un axe (lâabscisse), le chiffre dâaffaires cumulĂ© des ventes de la pĂ©riode, en partant de celle
qui a le rĂ©sultat le plus faible jusquâĂ celle qui a le rĂ©sultat le plus fort, et sur lâautre axe
(lâordonnĂ©e) le pourcentage de rĂ©sultat des ventes. Cette mĂ©thode est en ce sens davantage un
outil de pilotage du portefeuille commercial. La méthode UVA permet comme la méthode GP
dâanalyser la performance de lâorganisation ou du poste en comparant la consommation des
UVA Ă la production dâUVA. Elle permet Ă©galement de valoriser le coĂ»t des postes UVA de
production et hors production et donc dâĂ©valuer le coĂ»t des ventes (production, administratif,
vente, etcâŠ).
Cette mĂ©thode nâest pas sans limites :
Câest une avancĂ©e majeure dans les mĂ©thodes de pilotage car elle sâaffranchit du calcul des
coĂ»ts pour Ă©valuer sa performance. On voit toutefois que la mĂ©thode en sâappuyant sur la
comptabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de lâentreprise ne sâaffranchit pas totalement de lâapproche par les coĂ»ts
![Page 14: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/14.jpg)
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car le calcul des indices UVA passe par un calcul de coĂ»t des ressources : coĂ»t de lâarticle de
base et coĂ»t de lâensemble des postes UVA. On peut ajouter que le recoupement avec un
systĂšme monĂ©taire est toutefois possible en calculant un coĂ»t de revient. Lâutilisation alors de
la terminologie « valeur ajoutée » est ici galvaudée. La méthode utilise le terme valeur ajoutée
bien quâil ne sâagit pas dâune valeur crĂ©Ă©e pour le client mais simplement une mesure de
consommation de ressources. La remise en cause de lâinvariance du postulat des « constantes
occultes » est Ă©galement relative. Il est difficile dâimaginer une rupture radicale dans la
rĂ©partition du prix des ressources Ă court terme liĂ©e Ă lâinnovation technologique,
mĂ©thodologique, etc. et « les efforts de production » de valeur ajoutĂ©e. LâexpĂ©rience montre
que lâamĂ©lioration permanente des processus de production est beaucoup plus linĂ©aire
(incrémentale) dans le temps. La difficulté et le délai de mise à jour des indices UVA sont
donc relatifs à la fréquence des ruptures technologiques et organisationnelles à court et moyen
terme. Cette frĂ©quence est faible dans les cabinets dâexpertise comptable.
La mise en place de la méthode UVA comme outil de pilotage du cabinet est soutenue par
Gramond (2003) dans son mĂ©moire dâexpertise comptable : « La mĂ©thode des unitĂ©s de valeur
ajoutĂ©e : outil dâoptimisation de la rentabilitĂ© du cabinet Ă taille humaine ». Il explique que
lâexploitation de la mĂ©thode UVA au sein dâun cabinet permet une connaissance prĂ©cise du
coût des missions et elle est un outil de management pour le cabinet. Il avance que « si un
systĂšme de gestion classique bĂąti autour dâune simple gestion des heures ne permet pas de
calculer prĂ©cisĂ©ment le rĂ©sultat de chaque mission, lâapport principal de la mĂ©thode UVA
rĂ©side dans la possibilitĂ© de connaĂźtre cette information. DĂšs lors, le rĂ©sultat dâexploitation
du cabinet sâanalyse comme la somme des bĂ©nĂ©fices liĂ©s Ă certaines missions, et de pertes
liĂ©es Ă dâautres ».
IntĂ©rĂȘt de la mĂ©thode pour la gestion du cabinet :
Selon lâauteur, la mĂ©thode UVA permet une analyse des ressources par type de mission
(prĂ©sentation, rĂ©vision, etcâŠ), par client ou par collaborateur. Pour ce faire, il propose
notamment deux tableaux de suivi : Un tableau de synthÚse des UVA consommées par
rapport UVA thĂ©orique et un observatoire de lâactivitĂ© du cabinet par lâintermĂ©diaire dâun
tableau de suivi des UVA consommées (ressources) par rapport aux UVA produites
(missions). Il ressort ensuite un taux dâUVA produites en pourcentage et un taux
dâimproductivitĂ© en pourcentage.
Gramond articule son analyse de la rentabilité autour de la création des courbes de
rentabilitĂ© quâil dĂ©cline suivant les analyses de performance quâil souhaite obtenir (par
mission, par client, pour lâensemble du cabinet, etcâŠ). Par exemple, la courbe de rentabilitĂ©
dâun collaborateur mentionnera en abscisse le Chiffre dâaffaires (CA) cumulĂ© du portefeuille
et en ordonnée le résultat en pourcentage du CA de celui-ci.
Selon lâauteur, cette mĂ©thode de pilotage permet Ă lâExpert-comptable de faire les
arbitrages décisionnels dans la stratégie globale du cabinet, par exemple :
- Abandonner une mission parce quâelle nâest pas profitable. Effectivement, nous pensons
quâun client peut par exemple dĂ©passer les seuils et avoir une obligation de consolider ses
comptes. La consolidation peut ne pas ĂȘtre un savoir-faire rĂ©current pour le cabinet
![Page 15: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/15.jpg)
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(absence de logiciel, etcâŠ). LâExpert-comptable devra arbitrer entre investir dans des
ressources pour Ă©tablir la consolidation et la rendre profitable. Le fait dâabandonner cette
mission risque la perte du client ou au mieux voir si le manque de profitabilité de la
consolidation est compensé par les autres missions du client (comptes annuels,
déclarations fiscales et sociales) ;
- DĂ©velopper un nouveau savoir-faire. Effectivement, nous pensons quâun client peut
demander un travail spĂ©cifique et se rĂ©vĂ©ler ĂȘtre un vrai savoir-faire pour le cabinet. Par
exemple, un confrĂšre Ă©tranger peut nous demander de produire une mission pour ses soins
en France dans une activitĂ© trĂšs prĂ©cise qui nâest pas du tout dans lâactivitĂ© traditionnelle
du cabinet. Dans le cas présent, il avait été demandé au cabinet de faire un audit
contractuel sur les frais de distribution dâune cĂ©lĂšbre sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©. Les rĂ©sultats de cette
mission se sont avĂ©rĂ©s concluant et un rĂ©el savoir-faire sâest dĂ©veloppĂ© autour de cette
problématique.
- Capitaliser sur les atouts du cabinet. Nous pensons en effet, que lâanalyse de la rentabilitĂ©
dâun client peut mettre en Ă©vidence un savoir-faire du cabinet ou dâune ressource de celui-
ci. Lâexemple de la consolidation peut ĂȘtre repris en ce sens.
La mĂ©thode est sĂ©duisante, mais on peut regretter quâelle ne sâaffranchisse pas dâune
mĂ©thode classique par les coĂ»ts comme nous le verrons par la suite. De plus, lâargument
avancé par Gramond qui consiste à dire que cette méthode est plus précise que les autres
mĂ©thodes car elle prend lâensemble des coĂ»ts, est discutable. En effet, une approche par les
coĂ»ts complets classiques imputĂ©s Ă chaque mission ou lâutilisation dâune mĂ©thode ABC
donnera sensiblement les mĂȘmes rĂ©sultats par mission, par client, etc.
En revanche, il faut davantage retenir le concept dâUVA avec le cabinet comme une
organisation productrice dâUVA. Cette notion est vraiment novatrice car elle est permet de
sâaffranchir de lâapproche par les coĂ»ts et de constituer un outil de pilotage des ressources du
cabinet. Malheureusement, on peut regretter dans la mĂ©thode proposĂ©e par lâauteur, le passage
obligé par le calcul des coûts pour mettre en évidence les performances du cabinet.
IdĂ©alement, et afin dâĂ©viter les lourdeurs et les incertitudes des systĂšmes de pilotage fondĂ©s
sur des logiques de coĂ»ts, nous pensons quâil faut dĂ©velopper un systĂšme de pilotage de la
performance des ressources du cabinet basé sur une méthodologie permettant de mesurer la
performance des ressources par lâanalyse de leurs productions (valeur) sans passer par un
calcul de leurs consommations (coĂ»ts). Câest ce que nous proposons dans la partie suivante.
3. La méthode de la Valeur ajoutée horaire (VA horaire)
3.1. Les fondements théoriques de la méthode
LâExpert-comptable associĂ© dâun cabinet est tout autant un dirigeant dâentreprise que le
principal conseil de ses clients. Il doit à la fois répondre à la mission que ces derniers lui
confient et gĂ©rer une organisation de façon effective (satisfaire ses clients et dâautres parties
prenantes externes ou internes du cabinet), efficace (atteindre un niveau de profit cible) et
![Page 16: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/16.jpg)
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efficiente (utiliser au mieux les ressources et les compétences du cabinet) Ces trois
dimensions de la performance organisationnelle sont étroitement liées à la réussite de la
mission chez un client et passent par une bonne gestion des ressources et des compétences du
cabinet.
Les ressources du cabinet se traduisent majoritairement par des charges fixes. De ce fait, le
seul moyen dâamĂ©liorer la profitabilitĂ© est de mieux vendre (faire valoir) les ressources du
cabinet Ă ses clients. Ceci nâapparaĂźt possible quâen passant dâun systĂšme de pilotage par les
coûts à un systÚme de pilotage par la valeur.
Penrose (1959, 1995) explique que lâentreprise est dotĂ©e dâun capital cognitif sur lequel
lâorganisation pourra sâappuyer pour dĂ©velopper des stratĂ©gies et Ă©voluer. Lâentreprise est,
pour elle, beaucoup plus complexe, décentralisée, participative et apprenante que dans sa
définition usuelle. Ce capital cognitif est basé sur les ressources (humaines) et les
compĂ©tences (matĂ©rielles) de lâorganisation qui sont porteuses de savoirs et de compĂ©tences
clefs. Lâorganisation est apprenante et cette connaissance qui en ressort contribue Ă la
croissance et au développement des entreprises. Penrose assimile donc les ressources et les
compĂ©tences dâune entreprise aux services que cette derniĂšre peut en retirer. Elles sont en fait
« un gisement de services potentiels qui peuvent ĂȘtre, en majeure partie, dĂ©finis
indĂ©pendamment de leur usage, les services ne peuvent ĂȘtre dĂ©finis de cette maniĂšre, (âŠ) le
mot service implique une fonction, une activité ». Autrement dit, la performance de
lâorganisation nâaura de sens que par la meilleure adĂ©quation des services fournis par les
ressources et les compétences. Koenig (2002) ajoute que « les compétences clés sont devenues
des Ă©lĂ©ments dâun avantage concurrentiel de la firme dans leurs capacitĂ©s Ă gĂ©rer la
connaissance spĂ©cifique ». Les avantages concurrentiels que retire lâorganisation dĂ©pendent
des compĂ©tences clefs de lâorganisation. Mais, lâaccumulation de compĂ©tences ne garantit en
rien des avantages concurrentiels futurs. La performance organisationnelle dépendra
beaucoup plus de la capacitĂ© Ă mettre en Ćuvre les ressources et les compĂ©tences de
lâorganisation. Lorino (1995) appuie cette analyse en exposant que « la source de
connaissances se trouve dans les processus, dans les mécanismes de coordination et non dans
les seules ressources ». On comprend donc que la performance de lâorganisation dĂ©pend du
pilotage des processus résultant des interactions entre les ressources et les compétences.
Nous prendrons comme postulat quâune organisation est dotĂ©e dâun capital cognitif basĂ©
sur ses ressources et ses compĂ©tences qui doivent ĂȘtre pilotĂ©es pour atteindre des objectifs
partagés. On parle alors de pilotage organisationnel.
3.2. La méthode de la VA Horaire
La mĂ©thode de la VA horaire (Pendaries, 2011) repose sur une approche de lâexploitation
par la Valeur AjoutĂ©e Brute (VAB) crĂ©Ă©e et produite (VAB = CA â CD)2 par lâorganisation et
2 Chiffre dâaffaires HT (CA) moins les achats directement affectables Ă la prestation de conseil ou de service
(CD), autrement dit la valeur ajoutée acquise auprÚs de prestataires externes au cabinet (Ex : sous-traitance
dâexpertise, Traitement informatique, etc.).
![Page 17: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/17.jpg)
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non plus par une approche par les coĂ»ts. Le principe nâest plus de savoir : Combien me coĂ»te
une heure vendue ? Mais combien cette heure vendue rapporte-t-elle de VAB au cabinet ?
Le cabinet doit donc définir sa VA horaire, à partir de la VAB à produire déterminée par
son compte de rĂ©sultat prĂ©visionnel, en la divisant par le nombre dâheures vendables totales
du cabinet sur un exercice. Le concept de « lâheure vendable » est expliquĂ© plus loin. Les
heures qui seront vendues seront donc valorisées à cette valeur ajoutée horaire car, chaque
heure vendue est donc génératrice de VAB. Théoriquement, sur un exercice les heures
vendues doivent correspondre aux heures vendables. Mais en fin dâexercice, sâil reste des
heures non vendues, on met en Ă©vidence un taux de productivitĂ© organisationnelle infĂ©rieur Ă
100 % (Heures vendues/Heures vendables) Ă©valuant ainsi la performance globale
organisationnelle du cabinet.
Cette méthode nécessite donc de définir au préalable tous les « postes de travail3 » de
lâorganisation gĂ©nĂ©rateurs de valeur ajoutĂ©e lorsquâils effectuent une opĂ©ration Ă valeur
ajoutée. Un poste de travail ne correspondra pas uniquement et obligatoirement à un salarié du
cabinet (expert-comptable associĂ©, expert-comptable stagiaire, collaborateur, etc.âŠ). Il
regroupe les ressources humaines mises en Ćuvre ainsi que toutes les autres ressources
nécessaires à la réalisation des opérations productrices de valeur ajoutée effectuées par le
poste de travail (Collaborateurs, Equipements4, MÚtres carré de bureau et fournitures
consommĂ©es) homogĂšnes sur le plan de la valeur crĂ©Ă©e. Pour cette raison, nous lâappellerons
« ßlot de valeur ». à chaque ßlot de valeur sont donc rattachés des coûts et des heures
vendables.
3.2.1. Le concept de lâheure vendable
Il sâappuie sur le postulat suivant : Une entreprise ne vend pas des produits ou des services
à ses clients mais des heures de son organisation cristallisées dans les produits livrés et les
services rendus. Les heures vendables représentent les heures annuelles que le cabinet peut
vendre de chaque Ăźlot de valeur car un client nâachĂšte que des heures quâil considĂšre comme
une valeur ajoutée aux siennes. Il faut donc retirer de chaque ßlot de valeur les temps « non
vendables au client » comme, les heures de formations, les temps de congés payés, les heures
de développement commercial, les temps de préparation de dossier hors norme, les temps de
déplacement, etc. Il faudra aussi déduire des temps liés au slack5 organisationnel. Par
exemple, si lâorganisation comptable est composĂ©e davantage de professionnels aguerris que
de comptables débutants, le slack sera moins important que dans la situation inverse, car un
3 Expression utilisée par les organisations industrielles.
4 Lâutilisation du rĂ©seau informatique nâest pas la mĂȘme dâun poste de travail Ă lâautre. Un opĂ©rateur de saisi
ne peut pas travailler si le rĂ©seau ne fonctionne pas alors que lâExpert-comptable associĂ© le peut. La valeur
ajoutĂ©e du rĂ©seau informatique nâest donc pas la mĂȘme pour lâExpert-comptable associĂ© que pour lâopĂ©rateur de
saisi. Il faudra donc affecter plus de dotation aux amortissements du rĂ©seau informatique sur lâopĂ©rateur de saisi
que sur lâExpert-comptable associĂ©. La dotation aux amortissements est une dotation Ă©conomique car calculĂ©e
sur sa valeur de remplacement et la durĂ©e dâutilisation Ă©conomique de lâĂ©quipement. 5 Le slack : est la diffĂ©rence entre le potentiel de valeur de lâentreprise et la valeur qui est effectivement
obtenue. Ce diffĂ©rentiel provient de la difficultĂ© qui existe Ă contrĂŽler et Ă gĂ©rer lâutilisation qui est faites des
activitĂ©s, des ressources et des compĂ©tences de lâentreprise. (Voir les travaux de H. Bouquin, Professeur Ă
LâUniversitĂ© de Paris IX - Dauphine et Directeur du CREFIGE).
![Page 18: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/18.jpg)
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personnel expert sera Ă priori, Ă mĂȘme de mieux gĂ©rer les activitĂ©s et les ressources du
cabinet.
Il est Ă©vident que le nombre dâheures vendables dâun Expert-comptable associĂ© du cabinet
nâest pas le mĂȘme que celui dâun opĂ©rateur de saisi. Celui-ci a des temps de dĂ©veloppement et
de relation clientĂšle que lâopĂ©rateur de saisi nâa pas ou peu.
Lâheure dâun Expert-comptable associĂ© ne gĂ©nĂšre pas la mĂȘme valeur ajoutĂ©e sur les
dossiers quâun opĂ©rateur de saisi. Cependant, le postulat de Perrin (1962), dit des constantes
occultes6, sur lequel repose la méthode met en évidence que « les efforts de production sont
dans des rapports constants dans le temps ». Il permet ainsi de déterminer un indice de
pondĂ©ration, stable dans le temps et par Ăźlot de valeur, afin de rendre lâheure vendable de
mĂȘme poids, en termes de production de valeur ajoutĂ©e, comme dans notre exemple entre
lâheure de lâExpert-comptable associĂ© et lâheure de lâopĂ©rateur de saisi. Il en est de mĂȘme par
construction dâun Ăźlot de valeur Ă lâautre. Lâheure de VAB est donc une heure pondĂ©rĂ©e.
Lâheure de VAB dâun Ăźlot Ă lâautre ayant le mĂȘme poids, elles peuvent donc sâadditionner.
3.2.2. Comment se détermine cet indice de pondération ?
Lâindice de pondĂ©ration par Ăźlot de valeur, que nous nommerons indice de valeur ajoutĂ©e,
reprĂ©sente le rapport entre le coĂ»t horaire dâun Ăźlot de valeur (coĂ»t total de lâexercice de lâĂźlot
de valeur divisĂ© par les heures vendables sur lâexercice de lâĂźlot de valeur) et le coĂ»t horaire
moyen pondĂ©rĂ© de lâensemble des Ăźlots de valeur du cabinet (coĂ»t total de lâensemble des Ăźlots
de valeur divisĂ© par les heures vendables totales sur lâexercice du cabinet). Par exemple, si
lâindice de pondĂ©ration applicable Ă lâheure de lâĂźlot n°1 est Ă©gal Ă 1 et si celui de lâheure de
lâĂźlot n°2 est Ă©gal Ă 2, cela signifie que lâheure de lâĂźlot n°1 « vaut » deux fois plus cher que
celle de lâĂźlot n°2.
Ainsi grùce à cet indice de pondération, une mission chez un client du cabinet va
correspondre Ă un ensemble dâheures vendues ayant le mĂȘme poids en termes de production
de valeur ajoutĂ©e. Le pilotage des activitĂ©s du cabinet revient Ă vendre le maximum dâheures
vendables Ă une VA horaire fixĂ©e pour lâexercice Ă venir par le ou les responsables du cabinet.
Le prix de vente dâune mission du cabinet se rĂ©sume donc Ă la somme des coĂ»ts
directement affectables Ă la mission (DĂ©placements, Fournitures, Sous-traitance, etc.) auquel
sâajoute un nombre dâheures de VAB vendues multipliĂ© par la VA horaire du cabinet prĂ©vu
sur lâexercice comptable.
3.2.3. Exemple dâapplication au sein du cabinet dâexpertise M
Par soucis de confidentialité, nous avons modifié les informations financiÚres tout en
préservant une cohérence entre les éléments financiers et non financiers utilisés dans nos
calculs. Les calculs ont été également arrondis pour une meilleure clarté des informations
présentées.
6 « Quels que soient les prix unitaires, les efforts de production, dégagés par les diverses opérations
Ă©lĂ©mentaires thĂ©oriques de travail dâune usine, sont entre eux dans des rapports constants dans le temps »
![Page 19: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/19.jpg)
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Présentation du cabinet M :
Le cabinet M est un cabinet dâexpertise-comptable situĂ© en rĂ©gion parisienne, exerçant
plusieurs activitĂ©s comme : lâexpertise-comptable, lâaudit et le conseil aux entreprises. Câest
un cabinet dâune quinzaine de personnes en Ă©quivalent temps plein car il emploie des Expert
comptables stagiaires et du personnel administratif Ă temps partiel.
Calcul de la VAB du cabinet M :
Nous sommes partis du Compte de rĂ©sultat budgĂ©tĂ© de lâannĂ©e 2011-2012, car lâexercice
ne correspond pas Ă lâannĂ©e civile. AprĂšs avoir enlevĂ© du chiffre dâaffaires HT les charges
correspondantes aux achats dâĂ©tudes et de prestations sous-traitĂ©es, la VAB annuelle sâĂ©lĂšve Ă
1 200 KâŹ.
Identification des Ăźlots de valeur :
Cinq Ăźlots de valeur ont Ă©tĂ© retenus : la comptabilitĂ©, lâaudit, le social, le fiscal et le
juridique. La comptabilitĂ© va de la tenue des comptes jusquâĂ la consolidation des comptes.
Lâaudit regroupe les activitĂ©s de Commissariat aux comptes. Du fait de la spĂ©cificitĂ© de
lâorganisation du cabinet (diffĂ©rente dâun cabinet Ă lâautre), nous avons observĂ© que les tĂąches
au sein de chacun de ces ßlots sont assez homogÚnes en termes de valeur ajoutée créée et
produite.
Calcul des heures vendables pondérées (HVA) et imputation des charges annuelles par ßlot de
valeur (en âŹ) :
Ălot de valeur
Coût total Heures
vendables
Coût de
lâheure
vendable
Indice de
valeur
ajoutée
Heures
vendables
pondérées
Ălot 1 ComptabilitĂ© 470 000 6340 74,1 74/79 = 0,94 5960
Ălot 2 Audit 265 000 2260 117,3 117/79 = 1,49 3370
Ălot 3 Social 130 000 2010 64,7 65/79 = 0,82 1650
Ălot 4 Fiscal 150 000 2390 62,8 63/79 = 0,80 1910
Ălot 5 Juridique 95 000 1100 86,4 86/79 = 1,10 1210
Total Ăźlots 1 110 000 14100 78,7 14100
Tableau n°1 : Heures vendables et indices de valeur
Les coĂ»ts annuels des Ăźlots de valeur correspondent Ă lâensemble des ressources quâils
consomment : le personnel, les locaux, les assurances, les systĂšmes informatiques, la
documentation, etc.
Les heures vendables (ou à vendre) ont été calculées à partir des heures payées aux quelles
il a été déduit les heures : de congés et de RTT, de formation individuelle et collective, de
dĂ©marche commerciale, dâadministration et de planning pour obtenir les heures vendables
potentielles par Ăźlot de valeur. Puis, aprĂšs une analyse fine des ressources par Ăźlot de valeur, il
a Ă©tĂ© dĂ©duit un nombre dâheures de slack spĂ©cifiques Ă chaque Ăźlot.
Calcul de la Valeur Ajoutée horaire (VA horaire) du cabinet M :
Cette VA horaire est Ă©gale pour lâexercice budgĂ©tĂ© Ă 1 200 000 ⏠divisĂ©s par 14100 heures
vendables, soit 85 ⏠de lâheure. On peut ainsi utiliser les rĂ©sultats obtenus pour dĂ©finir une
grille tarifaire conseillée (tableau ci-aprÚs).
![Page 20: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/20.jpg)
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Ălot de valeur
Prix de vente HT
conseillĂ© de lâheure
Ălot 1 ComptabilitĂ© 85 x 0,94 = 80 âŹ
Ălot 2 Audit 85 x 1,49 = 127 âŹ
Ălot 3 Social 85 x 0,82 = 70 âŹ
Ălot 4 Fiscal 85 x 0,80 = 68 âŹ
Ălot 5 Juridique 85 x 1,10 = 94 âŹ
Tableau n°2 : Prix de vente conseillĂ© de lâheure
Cette grille peut servir de base à un benchmark des prix pratiqués par la profession sur la
région.
Exemple de valorisation (prix) :
Mission de Commissariat aux comptes (CAC1) Ălot 2 Audit
Plan de mission et programme de travail 5
ContrĂŽle interne 16
Inventaire 16
Comptes sociaux 32
Annexes 6
Vérifications spécifiques 4
Fin de mission 4
Total heures vendues 83
Indice de valeur ajoutée 1,49
Total heures vendues pondérées 124
VA horaire en ⏠85 âŹ
Prix HT de la mission 10 540 âŹ
Tableau n°3 : Chiffrage dâune mission de CAC
Dossier dâexpertise-comptable (EC1) Ălot 1 Ălot 3 Ălot 4 Ălot 5
Plan de mission et programme de travail 5
Mise à jour de la comptabilité 96
Etablissement du dossier de travail 16
Production des Ă©tats financiers et de la plaquette 8
Etablissement des bulletins de paie 60
Etablissement des charges sociales trimestrielles 16
DADSU 4
Etablissement des déclarations de TVA 24
Etablissement des dĂ©clarations de taxes (CFE, FC, âŠ) 16
ImpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (Acompte, solde, âŠ) 6
Etablissement de la liasse fiscale
Rédaction du juridique et préparation AG 0
Total des heures vendues 125 80 46 0
Indice de valeur ajoutée 0,94 0,82 0,80 1,10
Total des heures vendues pondérées 118 66 37 0
VA horaire en ⏠85 85 85 85
Sous-traitance en ⏠1000
Prix HT de la mission = 19 795 ⏠10030 5610 3145 1000
Tableau n°4 : Chiffrage dâun dossier dâexpertise comptable
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Analyse de la performance globale du cabinet M et par Ăźlot de valeur :
1. Sur ces bases, si le cabinet vend la totalité des heures vendables à une VA horaire de 85
âŹ, lâobjectif de rĂ©sultat global (profitabilitĂ©) sera assurĂ©. Dans lâhypothĂšse oĂč la totalitĂ© des
heures Ă vendre nâest pas vendue, on constate un taux de productivitĂ©, en termes de
production de valeur, inférieur à 1. Ce qui évalue la performance globale du cabinet et
explique le manque Ă gagner en termes de rĂ©sultat puisquâun Ă©cart de 1000 heures, par
exemple, équivaut à une perte de résultat de 85 000 ⏠(85 ⏠x 1000).
2. On peut aussi établir un compte de résultat par ßlot de valeur pour évaluer la
performance Ă©conomique de chacun. A titre dâexemple, si lâĂźlot de valeur n°1 ComptabilitĂ© a
vendu les 5960 heures vendables pondérées prévues alors sa marge contributive au résultat du
cabinet est de 36 600 ⏠(5960 x 85 ⏠= 506 600 ⏠de VAB totale diminuée des coûts annuels
de lâĂźlot, soit 470 000 âŹ).
3. La performance Ă©conomique peut ĂȘtre Ă©galement Ă©valuĂ©e globalement par collaborateur
dans sa capacitĂ© Ă produire un certain nombre dâheures de valeur ajoutĂ©e sur lâannĂ©e dâun ou
plusieurs ßlots de valeur. La mobilisation de plusieurs ßlots dépend de la transversalité dans les
interventions du collaborateur. Celui-ci peut avoir, par exemple, un objectif de 1000 heures de
production de valeur Ă rĂ©aliser sur lâannĂ©e et ne comptabiliser que 900 heures. Cette
diffĂ©rence peut mettre en Ă©vidence des heures non rĂ©alisĂ©es par baisse de lâactivitĂ© au sein du
cabinet (Ex : perte dâun mandat de commissariat aux comptes), donc non imputable Ă la
responsabilitĂ© du collaborateur ou bien par des dysfonctionnements dans lâexĂ©cution de
certaines missions du fait du collaborateur et dans ce cas la responsabilitĂ© de celui-ci peut ĂȘtre
totalement engagĂ©e. Une discussion objective peut sâinstaurer.
4. On peut aussi établir un compte de résultat par mission ou client. La performance
économique évaluée est significative puisque le systÚme de pilotage élimine les effets pervers
de lissage entre les missions. Il suffit de comptabiliser les heures de valeur ajoutée pondérées
produites sur chaque mission et de les valoriser Ă la VA horaire du cabinet pour obtenir la
VAB produite par la mission et de la comparer à celle calculée, en prenant comme base le
chiffre dâaffaires de la mission facturĂ©e diminuĂ© des achats de prestations sous-traitĂ©es. On
peut également évaluer une marge « contributive » au résultat global du cabinet en valorisant
les heures vendues à une contribution horaire de 6,30 ⏠(Dans notre exemple : la VA horaire
de 85 ⏠moins le coĂ»t horaire moyen de 78,70 âŹ). Par construction du systĂšme, cette
contribution horaire est la mĂȘme quels que soient les Ăźlots de valeur concernĂ©s.
3.2.4. IntĂ©rĂȘt et limites de cette mĂ©thode pour un cabinet dâExpertise-comptable
Les avantages de cette méthode pour un cabinet sont multiples :
- Permettre de connaßtre le résultat du cabinet par ßlot de valeur et mesurer ainsi la
performance en termes dâefficacitĂ© (Respect du profit cible) par maillon de lâorganisation.
- Constituer un outil dâanalyse de la profitabilitĂ© et de pilotage pour le cabinet. Optimiser
les heures vendables de lâorganisation et les heures vendues par une meilleure gestion du
mix des missions du cabinet.
![Page 22: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/22.jpg)
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- Mesurer lâefficience dâun Ăźlot de valeur en analysant les heures vendues et produites par
rapport aux heures qui Ă©taient Ă vendre en fonction du slack nĂ©gociĂ© en dĂ©but dâexercice.
- Le prix de vente dâune mission est de plus en plus dĂ©fini par le marchĂ©. Cette mĂ©thode
permet de définir non pas un « coût cible » en fonction du prix du marché mais une
« valeur ajoutĂ©e cible » dĂ©clinĂ©e en nombre dâheures de VAB Ă vendre par mission.
- La performance Ă©conomique dâun Ăźlot de valeur en termes de profitabilitĂ© (Contribution au
rĂ©sultat global) est mesurĂ©e par la diffĂ©rence entre la VAB produite de lâĂźlot sur lâexercice
(Egale Ă la somme des heures de VAB produite par lâĂźlot de valeur multipliĂ©e par la VA
horaire sur lâensemble des missions sur lequel lâĂźlot est intervenu sur lâexercice) et son
coût total annuel. Ainsi, chaque ßlot de valeur contribue au résultat global du cabinet. De
ce fait, si dans un ßlot de valeur le temps passé sur une mission est supérieur aux heures
vendues au client, ce dépassement sera compensé par un boni sur une autre mission. Le ou
les collaborateurs dâun Ăźlot de valeur nâont plus comme objectif que celui dâune
production globale dâheures de VA horaire sur lâexercice, toutes missions confondues, et
celui de sa contribution au résultat global du cabinet. Cela évite le travail inutile
dâaffectation des heures sur les dossiers ou les missions, avec un « effet » de lissage,
puisque personne nâa intĂ©rĂȘt Ă le faire. Bien au contraire, on pourra faire ressortir plus
aisément les missions « déficitaires » afin de les analyser en toute objectivité (Erreurs,
pertes de temps, sous estimation de la valeur facturée, etc.).
- Cette méthode introduit une phase de négociation avec les collaborateurs du cabinet lors
de lâĂ©laboration du plan prĂ©visionnel des heures Ă vendre par Ăźlot de valeur pour dĂ©finir le
niveau de slack organisationnel « acceptable » par Ăźlot pour lâexercice budgĂ©tĂ© Ă venir.
Les limites de cette mĂ©thode pour un cabinet sont Ă aborder sous lâangle culturel (le
management par la valeur et lâapproche global de la performance) et au degrĂ© analytique des
outils de gestion utilisés.
Câest cette mĂ©thode de pilotage organisation-activitĂ©s des cabinets dâexpertise-comptable
que nous proposons comme alternative aux méthodes utilisées dans le pilotage de la
performance organisationnelle.
Conclusion
Notre approche par la valeur, nâexclut nullement une utilisation des informations sur les
coûts du cabinet. Le contrÎle des coûts, se fait sur les charges de la comptabilité générale
ventilées par ßlot de valeur. En effet, les dépenses du cabinet sont en grande partie des charges
fixes, si lâon fait abstraction des charges variables constituĂ©es par les achats de prestations
externes, non financĂ©es par la VAB du cabinet. Ainsi, le contrĂŽle de ces charges ressort dâun
contrÎle budgétaire classique. Pour schématiser, toutes prestations comptables et de conseils
facturés au client se résument, en théorie, pour une partie à la valeur ajoutée « produite » par
le cabinet, et pour une autre partie à la valeur ajoutée « achetée » à des prestataires externes au
cabinet. Selon le principe de la méthode, la valeur ajoutée « achetée » est revendue au client,
strictement Ă sa valeur dâachat. Car, nous partons du postulat que la profitabilitĂ© du cabinet ne
![Page 23: Le pilotage par la valeur de la performance](https://reader033.vdocuments.net/reader033/viewer/2022042421/6261181d0f491114884d7ead/html5/thumbnails/23.jpg)
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doit se faire que sur la valeur quâil crĂ©e et quâil produit et pas sur les prestations quâil achĂšte,
comme câest le cas, par exemple, dans une activitĂ© de nĂ©goce oĂč le service rendu se rĂ©munĂšre
sur la marge prise sur le service lié à la revente. Dans une organisation de services comme un
cabinet dâexpertise-comptable, la performance doit ĂȘtre recherchĂ©e au sein mĂȘme de
lâorganisation : sa structure (ressources et compĂ©tences) et ses processus. Lâobjectif principal
dâun systĂšme de pilotage de la performance organisationnelle doit ĂȘtre lâoptimisation du
rapport Satisfaction/Ressources. Nous sommes conscients du manque de recul Ă ce jour sur le
systĂšme de pilotage mis en place. Un bilan plus pertinent doit ĂȘtre fait aprĂšs une ou deux
annĂ©es de pratique supplĂ©mentaires et un dĂ©ploiement sur dâautres cabinets du rĂ©seau.
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