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LE PÈRE CASTOR PARMI NOUS par Isabelle Nières-Chevrel Quelle est aujourd'hui la présence des livres que Paul Faucher édita pendant plus de 30 ans, ces livres du Père Castor qui sont dans toutes les mémoires ? Isabelle Nières-Chevrel rappelle en quoi consista le caractère novateur du projet éditorial qui leur donna naissance et souligne les paradoxes de Vhéritage qu'ils constituent, entre actualité et patrimoine. E ntre 1931 - date de la création des Albums du Père Castor - et 1966, l'éditeur Paul Faucher a publié près de 300 titres pour jeunes enfants'. On trouve à son catalogue des albums de découpages et de bricolage, des planches et des jeux éducatifs, des imagiers, quelques livres d'initiation aux mathématiques, des documentaires portant sur le monde animal et sur différents groupes humains, des contes et un nombre important de fictions inédites. Ces livres ont constitué le socle de la culture enfantine française dans les années qui ont suivi la guerre. Grâce aux réseaux conjoints des bibliothèques, des écoles et des familles, tous les petits Français ont été peu ou prou « élevés » au Père Castor. Dans son (excel- lent) Guide de lectures, de quatre à quinze ans, Natha Caputo retient 64 titres de fiction pour les tranches d'âge de 4 à 8 ans - ce qui n'est pas loin de la totalité des fictions publiées par Paul Faucher -, les huit volumes de la collection « Le Roman des Bêtes » et les sept de la collection « Les Enfants de la Terre » publiés alors, qu'elle conseille pour les enfants entre 7 et 10 ans 2 . On constate une forte présence dans les mémoires. Le catalogue Père Castor-Flam- marion de 1998 peut légitimement parler des « histoires qui ont bercé notre enfance » en évoquant les titres de Michka, Roule Galette, Marlaguette et Boucle d'or. Parmi ses lec- tures d'enfance, Jacqueline Held se souvient des albums du « Roman des Bêtes » et du Beau chardon d'Ali Boron^. Philippe Dumas dit sa fascination pour la carte dans Froux le lièvre et Christian Lacroix pour la couver- ture en patchwork de Michka*. Michel Gay dessina une carte postale pour les 70 ans de l'Heure Joyeuse qu'il dit être « un hommage à Rojankovsky, au Petit tigre, au Petit Trap- peur, à Bibi Fricotin, etc. », tandis que Mireille Vautier combina pour la sienne La Grande panthère noire de Paul François et N°186 AVRIL 1999/63

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Page 1: LE PÈRE CASTOR PARMI NOUScnlj.bnf.fr/sites/default/files/revues_document_joint/... · 2017-11-27 · Le Joueur de flûte de Hamelin, ill. Samivel, Flammarion, 1942 (Albums du Père

LE PÈRE CASTORPARMI NOUS

par Isabelle Nières-Chevrel

Quelle est aujourd'hui la présence des livresque Paul Faucher édita pendant plus de 30 ans,

ces livres du Père Castor qui sont dans toutesles mémoires ? Isabelle Nières-Chevrel rappelleen quoi consista le caractère novateur du projetéditorial qui leur donna naissance et souligne

les paradoxes de Vhéritage qu'ils constituent,entre actualité et patrimoine.

E ntre 1931 - date de la création desAlbums du Père Castor - et 1966,

l'éditeur Paul Faucher a publié près de 300titres pour jeunes enfants'. On trouve à soncatalogue des albums de découpages et debricolage, des planches et des jeux éducatifs,des imagiers, quelques livres d'initiation auxmathématiques, des documentaires portantsur le monde animal et sur différentsgroupes humains, des contes et un nombreimportant de fictions inédites.Ces livres ont constitué le socle de la cultureenfantine française dans les années qui ontsuivi la guerre. Grâce aux réseaux conjointsdes bibliothèques, des écoles et des familles,tous les petits Français ont été peu ou prou« élevés » au Père Castor. Dans son (excel-lent) Guide de lectures, de quatre à quinzeans, Natha Caputo retient 64 titres de fictionpour les tranches d'âge de 4 à 8 ans - ce quin'est pas loin de la totalité des fictionspubliées par Paul Faucher -, les huit volumes

de la collection « Le Roman des Bêtes » et lessept de la collection « Les Enfants de laTerre » publiés alors, qu'elle conseille pourles enfants entre 7 et 10 ans2.On constate une forte présence dans lesmémoires. Le catalogue Père Castor-Flam-marion de 1998 peut légitimement parler des« histoires qui ont bercé notre enfance » enévoquant les titres de Michka, Roule Galette,Marlaguette et Boucle d'or. Parmi ses lec-tures d'enfance, Jacqueline Held se souvientdes albums du « Roman des Bêtes » et duBeau chardon d'Ali Boron^. Philippe Dumasdit sa fascination pour la carte dans Frouxle lièvre et Christian Lacroix pour la couver-ture en patchwork de Michka*. Michel Gaydessina une carte postale pour les 70 ans del'Heure Joyeuse qu'il dit être « un hommageà Rojankovsky, au Petit tigre, au Petit Trap-peur, à Bibi Fricotin, etc. », tandis queMireille Vautier combina pour la sienne LaGrande panthère noire de Paul François et

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Le Joueur de flûte de Hamelin, ill. Samivel, Flammarion,

1942 (Albums du Père Castor)

Sambo le petit noir de Hélène Banneman5.Le premier texte que Jean Claverie illustraest Le Joueur de flûte de Hamelin (Bau-mann, 1977). Il m'a dit que ce livre étaitpour lui une dette et un hommage à la courbenoire des rats qui s'avance dans le bleud'une des nuits de son enfance. Cette nuit,c'est celle que Samivel imagina en 1942 pourson Joueur de flûte.

Cette présence dans nos mémoires fut évi-demment favorisée par la pérennité de lastructure d'édition et par la politique patri-moniale menée par François Faucher, lors-qu'il prit la suite de son père en 1967. Maisd'autres maisons ont, elles aussi, une vraielongévité et l'on ne retrouve pourtant à leurcatalogue quasiment rien de leur fondsancien d'albums. Chez Gallimard, Le PetitPrince est toujours là, mais il est impossibled'y trouver les Contes du Chat Perché dansleurs illustrations originales. Samivel estmieux servi par les éditions Delagrave. Com-bien de temps et combien d'éditeurs a-t-ilfallu pour que L'Histoire de Babar le petitéléphant retrouve la beauté de son formatd'origine ? La situation est bien différenteavec les albums du Père Castor. En 1998, ontrouve encore au catalogue 57 titres des

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« Premières » et des « Secondes lectures » dePaul Faucher, 6 des 8 titres du « Roman desBêtes » et 2 des 7 albums des « Enfants de laTerre » publiés du vivant de Paul Faucher.Mais publiés comment, mais édités sous quelleforme ? Si j'emploie le terme de titre et nond'album, c'est qu'il y a une différence entreune réédition à l'identique de Michka illustréepar Rojankovsky et le Michka i llustré pa rGérard Franquin « d'après Rojankovsky ».De même rééditer Marlaguette sous formed'album dans son format légèrement oblongce n'est pas la même chose que de rééditer letitre dans un petit livre de format vertical,accompagné d'une cassette audio.Lorsqu'elles n 'ont pas purement et simple-ment sombré corps et b i ens , les maisonsd'édi t ion qui publient essentiellement desalbums se trouvent confrontées un jour oul 'autre - et de manière beaucoup plus aiguëque celles qui publ ient des romans - à laconservation de leur fonds : effacer du cata-logue ou maintenir au catalogue ? rééditer àl ' ident ique ou réédi ter dans un « nouvelhabillage » ?

Les Albums du Père Castor ont occupé uneposition dominante sur le marché entre 1945et 1965. Ils ne furent sans doute jamais réel-lement inquiétés par la concurrence desalbums de Walt Disney ou par les collectionsplus populaires du « Petit livre d'or » et du« Petit Uvre d'argent ». Ils furent bousculésen revanche par la « révolution » de l'albumpour enfants des années soixante-dix, qui fitbrusquement « vieillir » pour partie lesthèmes, pour partie l'esthétique de leursouvrages. Vingt ans plus tard, l'environne-ment culturel des jeunes lecteurs a une foisencore radicalement changé. Que faire destextes ? Les proposer sous forme de cassettesaudio ? Que faire des images ? En faire descassettes vidéo ? On voit qu'il n'est pas sanspéril de traverser le siècle !Quel est pour nous aujourd'hui l'héritage dePaul Faucher ? Qu'a-t-il encore à nous

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dire ? Comment ses albums sont-ils éditésaujourd'hui ? Comment se fait le compromisentre patrimoine et marché du livre ?

Paul Faucher est à ma connaissance le pre-mier éditeur français à s'être spécialisé dansle livre pour jeunes enfants. Il vient à l'édi-tion avec un projet éditorial fort. Ses pers-pectives ne sont pas d'abord marchandes,même si toute utopie qui veut s'inscrire dansle réel doit se donner les moyens de sa réus-site. Paul Faucher se veut éditeur-concep-teur, ce qui le conduit à favoriser le travailen équipe et ce qui l'amènera commed'autres à se faire à l'occasion écrivain6. Ilest guidé par deux idées-forces : l'enfant estun individu à part entière (et non pas « unmineur ») ; l'enfant est essentiellement unsujet en position d'acquisition à l'intérieurde sa propre culture.

Quelles furent les novations apportées par lePère Castor dans le domaine de la fictionpour enfants ? Quelles en sont peut-être leslimites ? C'est à ces deux questions que jevoudrais tenter de répondre en regroupantmes remarques autour de quatre points.

La conception de l'enfance et du rapport àl'enfant que s'est forgée Paul Faucher semanifeste par un rejet initial, celui de

l'inusable thématique des « vilains défauts »et du triste idéal des « enfants sages commeune image »'. On peut remarquer quel'enfant est destinataire, mais non pas héros,des albums publiés dans les premièresannées. L'enfant personnage affleure toutd'abord à travers des substituts d'humanitécomme la marguerite (1935) du conte deBéatrice Appia ou Perlette, goutte d'eau deMarie Colmont (1936). Il ne fait son entréepleine et entière qu'avec Cigalou en 1939. Ilrestera un personnage relativement peu uti-lisé - si l'on excepte bien sûr la collection« Enfants de la Terre » -, infiniment moinsque l'animal par exemple. Il est peu présentau niveau des titres, et jamais l'éditeur n'aété tenté d'éditer une série construite autourd'un héros enfant récurrent. L'enfant estrarement présenté dans un cadre familial.Lorsqu'il l'est, la famille n'apparaît nicomme le lieu des conflits ni comme un lieuoù s'énonce la Loi. Paul Faucher préfèreassurer la transmission des valeurs parl'univers du conte et par le détour du mondeanimal. La famille est un cadre implicite,nécessaire au bon équilibre de l'enfant maiselle n'est perçue ni comme un lieu de domi-nation ni comme un lieu de détresse.Ses enfants et ses héros anthropomorphes- Perlette, Cigalou, Michka, Ali Boron - sont

Pauvre roitelet !Il eut si peur qu

volant i! emmêlait ses aiet que ce fut miracle s'ilne tomba pas. II se blottitsous un buisson et se tintdésormais tranquille.

— Tradcridéra, tiakla !

Michka illustre par F. Rojankovsky, Flammarion, 1941

(Albums du Père Castor)Michka illustré par G. Franquin

d'après Rojankovsky, Père Castor-Flammarion, 1991

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imaginés en situation d'autonomie et de quête.Comme l'enfant-lecteur, l'enfant-héros esttourné vers le monde plutôt que vers lui-même. Il est mis en scène dans son besoind'expériences, mais aussi dans son développe-ment cognitif et sensoriel. Les titres des pre-mières années sont largement des invites auxsavoir-faire, ceux du coloriage, du découpageet du montage. Puis ce sera la collection « LeRoman des Bêtes » qui réinvente le livre docu-mentaire. Par l'individualisation du héros etl'adoption du point de vue animal, les albumscréent une implication affective du lecteur quin'existait pas dans le documentaire tradition-nel. On sait la justesse de l'intuition de PaulFaucher et le succès de ces huit albums.Paul Faucher enfin a voulu que cet enfantqu'il initie au monde de la nature soit aussiun enfant introduit au monde des hommes.La collection « Enfants de la Terre » mani-feste la volonté d'ouvrir l'enfant à la diversi-té et à la cohérence de diverses cultures. Ilfaut que l 'enfant comme tout hommeapprenne à ne pas faire de son monde lamesure du monde. Mais Paul Faucher évite-ra toujours soigneusement de faire endosserpar les enfants les problèmes qui relèvent dela responsabilité des adultes. Aucun embriga-dement bien sûr, aucune allusion non plus àl'actualité politique ou sociale. Et l'on saitqu'elle fut riche de 1930 à 1960 ! On nepourrait pas forcément dire la même chosed'une partie des albums publiés en Francedans les années soixante-dix.

Après avoir dressé un « état des lieux » dansson Catalogue anticipé, Paul Faucher choisitde rompre avec le répertoire déjà constituéde la littérature pour enfants, sans doutepour ne pas courir le risque de retomberdans les ornières de la tradition. Qu'il nereprenne aucun titre de roman semble allerde soi puisque son projet éditorial s'adresseà de jeunes enfants. On ne trouvera au cata-logue aucune adaptation ni des Malheurs de

Sophie ni d'Alice au pays des merveilles.C'est ce qui fait apparaître d'autant plusincongrue une adaptation de Robinson Cru-soé en 1947, qui s'explique sans doute par laforce du mythe imaginé par Daniel Defoe.On y retrouve en revanche entre quinze etvingt titres du répertoire traditionnel descontes. Mais comme l'enfant-personnage, leconte n'est pas présent dans les titres despremières années. Ici encore il y a un chemi-nement de la réflexion de Paul Faucher. Leconte dans la réécriture lettrée n'entre aucatalogue qu'en 1937 et 1939 avec La Petitesirène d'Andersen et Ce que fait le vieux estbienfait. On peut estimer que ce sont les dif-ficultés de la création intellectuelle qui expli-quent que Paul Faucher se soit tourné dansles années de guerre vers le fonds tradition-nel français. Il édite en 1942 et 1943 Cen-drillon, Les Musiciens de la ville de Brème,Le Joueur de flûte de Hamelin, L'Histoiredu chien de Brisquet dans un charmant petitformat (imposé par les restrictions depapier). Suivront après la guerre, trois nou-velles empruntées à Alphonse Daudet, La

Histoire du chien de Brisquet, ill. F. Rojankovsky,

Flammarion, 1942 (Les Petits Castors)

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'Uc, «t voilà qt : Baba Yag»

£Ilf!court à sa maison, fait sortir ses trois tof»uamena; et le» feemfr boivent toute l'eau irivièrtî, jusqu'à !a dernière goutte ; t*t BaiYaga reprefMÏ sa course.

Baba Yaga, ill. N. Parain, Flammarion, 1932

Chèvre de Monsieur Seguin, Le Secret demaître Cornille et Les Emotions d'un per-dreau rouge. Puis de loin en loin, jusqu'à samort, il publiera encore quelques contesvenus de la culture lettrée, La Belle et laBête de Mme Leprince de Beaumont, Moitiéde poulet de Jean Macé, Le Chat Botté et LaBelle au bois dormant de Perrault, Le Vilainpetit canard d'Andersen.Ici encore Paul Faucher va innover. Il innoveen contournant la tradition de la réécriturelettrée pour puiser plus directement auxsources folkloriques. Ce sont tout d'abord sesillustrateurs russes qui lui apportent deuxcontes « inconnus » en France ou, à tout lemoins, non encore inclus dans le répertoireclassique : Baba Yaga qui paraît dès 1932 et leConte du petit poisson d'or l'année suivante.C'est ensuite, au lendemain de la guerre,Jean-Michel Guilcher qui puise directementdans les collectes des folkloristes bretons pourraconter aux enfants Bernique, Le Violonenchanté et Les Deux bossus^.

Le conte traditionnel et les fictions inspiréespar les formes du conte (narration courte etstructurée, dialogues et écriture oralisée)telles que nous les retrouvons dans Michka oudans Noix de Coco et son ami9 par exemple,sont les vecteurs essentiels de la transmissiondes valeurs pour Paul Faucher. Il peut s'agirde la solidarité comme dans Les Bons amis,de l'échange et du don comme dans Noix deCoco et son ami, voire du don de soi commedans Michka. La tradition populaire luidonne tout ce qu'il lui faut de contes surl'aveuglement et les pièges de la vanité. RoséCelli lui écrit Le Conte du petit poisson d'or,Samivel Merlin Merlot et Natha CaputoRoule Galette. Nul besoin d'un narrateur-évaluateur pour dégager la « morale » deRoule Galette ou du Beau Chardon d'AliBoron ; la structure narrative y suffit bien.Paul Faucher trouve enfin dans la traditionpopulaire tout ce qu'il peut souhaiter de maliceet de rire, qu'il s'agisse du fabliau du vilainmire ou du conte facétieux des deux bossus.

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Que les adultes se révèlent être « bêtes », quele petit malin triomphe du puissant, que lecupide soit puni par sa propre parole, il y alà tout pour plaire à un jeune lecteur.

Ayant choisi de centrer son travail d'éditeursur les livres pour jeunes enfants, Paul Fau-cher est immédiatement confronté à la ques-tion centrale que posent les albums, celle dela mise en rapport du texte et de l'imagedans l'espace du livre.Son refus initial est celui du « Livred'Étrennes », celui du beau livre d'enfantsqu'offrent les grandes personnes à l'occasiondes fêtes et anniversaires. Il ne s'agit jamaispour lui de séduire esthétiquement l'adultepar-dessus l'épaule de l'enfant. Il fait deslivres pour enfants, légers, maniables, paschers, des livres qui n'intimident pas, deslivres que l'enfant pourra aisément s'appro-prier. Faire appel à des artistes contemporainsparticipe de cette rupture. La réflexion sur lesformats, le renouvellement du graphisme etdes gammes chromatiques - qu'on imagine cequ'a dû être le choc devant l'album de Baba

Yaga illustré par Nathalie Parain ! - tranchentaussi bien avec le spectaculaire des grandslivres d'Arthur Rackham et de Job qu'avecles miroirs narcissiques tendus au lecteur parAndré Pécoud, Manon Yessel ou Marie-Made-leine Franc-Nohain.Paul Faucher esquisse des recherches sur lelivre comme objet. L'exemple le plus remar-quable est celui des panoramas imaginés àpartir de 1937 par Alexandra Exter. Maisl'essentiel de sa réflexion se situe plus auniveau de la page qu'au niveau du livre. Lesformats légèrement oblongs qui sont une deses trouvailles permettent d'aérer le pavétypographique, soit en réduisant la surfacede celui-ci par une illustration en margeextérieure, soit en favorisant l'insertiond'ire-texte proches parfois des vignettesromantiques : une feuille morte, une lettrinerouge, deux pommes dans Quipic lehérisson. On ne peut qu'admirer la richessed'invention de Rojankovsky pour la collec-tion du « Roman des Bêtes », jusqu'à cechien (p. 24) qui semble suivre la trace deFroux dans les lignes du texte.

Froux le lièvre, ill. Rojan, Flammarion, 1935 (Albums du Père Castor ; Le Roman des Bêtes)

Les oreilles de Froux sont aplaties sur son dos. Il court comme levent. Derrière lui, il entendla respiration rauque d'ungrand chien de chasse.

Ce chien-làreconnaît les

// . pistes secrètes

es. Il n'a qu'à Vy " /' r™des lièvres.mettre son museau àterre. Il poursuit Froux en aboyant férocement. Froux fait un bond àgauche, puis un bond à droite. Le chien, dérouté, reste un peu en arrière.

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<

qu'elle disparaît dans .la forêt.Elle roule, tille roule dans le sentier,

^

^ :

Attrape-moi si lu peux !Et eïlfi ?o sauve si vile, si vite

Pages 11 (recto) et 12 (verso) de Rouie Galette, ill. P. Belvès, Flammarion, 1950 (Albums (lu Père Castor)

Paul Faucher et ses illustrateurs ont parfaite-ment compris comment la distribution desillustrations contribuait à la lisibilité del'album. Dans Noix de Coco et son ami,Nathalie Parain découpe le texte de MarieCohnont en autant de couples de pages qu'il ya de séquences narratives. La structure durécit est prise en charge par l'espace, par letexte et par l'image. Rojankovsky construitMichka par rapport à l'axe de symétrie de ladouble page centrale : l'image initiale de lapetite fille riche vient s'opposer terme à termeà l'image finale du petit garçon pauvre. Lapratique de l'auto-citation se fonde sur unappel à la mémoire du lecteur. L'enfant estinvité à évaluer par lui-même le trajet deMichka. Implicite textuel et implicite icono-graphique se conjuguent ici. Dans RouleGalette, Pierre Belvès tire parti du rôle decache que peut remplir toute page de droitepar rapport à la double page suivante : lejeune lecteur découvre le lapin, le loup, l'ourset le renard en même temps que la galette. Iltente d'autre part d'utiliser conjointement ladiscontinuité des feuillets en rejetant à chaquefois la dernière ligne de la « petite chanson »sur la page suivante et leur continuité en fai-sant courir le chemin serpentant d'une pagesur l'autre. Mais il n'a pas été assez subtil

pour imaginer que le chemin reprenne sur lapage de gauche à l'exacte hauteur où il s'étaitinterrompu sur la page de droite précédente.

Paul Faucher ne me semble pas avoir pousséla réflexion sur la cohabitation du texte et del'image aussi loin que son contemporain Jeande Brunhoff. Peut-être parce qu'il vient àl'image par une réflexion pédagogique sur lacommunication avec l'enfant alors que Jeande Brunhoff y vient en artiste, à partir de saformation de peintre. Dans les albums duPère Castor, l'image est toujours subordon-née au texte. C'est toujours le narratif quifonde l'album^", et ce n'est jamais un élé-ment visuel (lecture de formes, chromatisme,rapports d'échelle). Il est significatif quedans les 300 albums, on ne trouve à l'œuvreque trois auteurs-illustrateurs : BéatriceAppia (un titre), Samivel (deux titres) etAlhertine Deletaille (douze titres). Peut-êtreles couples écrivains-illustrateurs étaient-ilsalors dominants dans le monde de l'album.Cette situation me semble néanmoins indica-tive d'une démarche éditoriale dans laquellePaul Faucher privilégie la réflexion collectiveet non l'unité de la création artistique.

Relus aujourd'hui, les albums du Père Castorpeuvent nous donner le sentiment d'un uni-

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vers un peu vieillot, rural et idéalisé. Un petitparfum qui rappellerait celui de Jour de fête,le film de Jacques Tati. On y met en scène desenfants - ou des substituts d'enfants - dansdes espaces naturels ouverts : la rivière, lacampagne, la montagne, la forêt. On trouvedes panoramas du fleuve, de la côte, de lamontagne, mais il faut attendre 1956 et 1957pour que paraissent un Panorama de la foireet un Panorama de la gare. Le monde urbainest peu présent... mais on doit se souvenirque la France fut un pays largement ruraljusqu'aux années soixante. Il ne faut pasperdre de vue par ailleurs que l'espace ruralpeut n'être qu'un espace mental, un espacede « nulle part », comme dans Quand Couli-coco dort où un hypothétique pays d'Amé-rique latine n'est là que pour dénuder lecorps de l'enfant qui dort dans la chaleur del'été ; une sensualité heureuse, un accordavec l'univers auquel il était impossible dedonner le cadre d'un quelconque « Martine

en vacances ».

Paul Faucher s'est beaucoup interrogé sur laconnivence de l'animal et l'enfant. Les ani-maux - et d'abord ceux dont l'enfant peutavoir expérience - sont très présents dans sesalbums documentaires, et l'on sait les mer-veilles que produisirent le talent d'Hélène

«Pfm- ?•- • : . ? : •

La Vache orange, ill. L. Butel, Flammarion, 1961

(Allmms (lu Père Castor)

Guertik, les talents conjugués de Lida et deRojankovsky. L'animal est également trèsprésent dans la fiction, où il est volontierspréféré au personnage de l'enfant. Mais PaulFaucher connaît trop bien les ambiguïtésd'une assimilation animal-enfant, pour ne pasprendre ses distances et réaffirmer les fron-tières. Dans un univers de fantaisie, c'estMarlaguette qui tente de faire boire le loup àla tasse ; dans Le Cheval bleu, c'est la vacheorange qui a bien du mal à enfiler la robe deMadame Leblanc et dans La Vache orange,c'est le renard qui prend la température de lavache avec un biberon.L'ouverture de Roule Galette est là commepour nous confirmer dans notre impression :nous sommes décidément dans un univers bienconservateur avec un homme assis à lire sonjournal et une épouse affairée à la cuisine.Mais nous savons aussi que c'est un couple de« petits vieux » et qu'il s'agit justement dupassé. La jeunesse est du côté de Marlaguette.Marlaguette est une réécriture du Petit Cha-peron rouge et Gerda nous le signifie claire-ment par la couleur qu'elle donne à la jupe dela fillette. Elle est issue de Delphine et Mari-nette, mais elle inaugure beaucoup plus nette-ment cette lignée de petites filles pleines desang-froid qui n'ont plus peur des loups, quiles gouverneraient même à l'occasion, et quela production contemporaine nous a rendufamilières. Elle est aussi l'ancêtre de Zéralda,l'héroïne de Tomi Ungerer. Elle tente de civili-ser le loup et de le faire passer du cru au cuit.Mais jusqu'où peut-on contrarier la naturedes ogres et jusqu'où peut-on contrarier lanature des loups ? Marlaguette comprend quela censure est une violence et que chacun esten droit d'accéder à la vérité de son être.

Paul Faucher est à sa manière un hommedes Lumières. C'est un intellectuel qui penseque le réel a du sens, qu'il peut se déchiffreret se comprendre. Il s'est construit l'imaged'un enfant tourné vers l'extérieur et il éla-bore pour cet enfant des livres qui donnent

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ce réel à lire. Pour lui ni les sens ni le langagene sont des outils trompeurs. On ne trouvedans ses albums ni jeux de mots ni équi-voques du texte ou de l'image. Pour lui unacte d'intelligence est toujours une avancéede l'esprit. Avec le récit circulaire de LaGrande panthère noire, nous sommes à lalimite de l'univers civilisateur que PaulFaucher offre aux enfants. Les fins circu-laires et les fins déceptives d'aujourd'hui nesont pas pour lui.

Quand il meurt en 1966, cet homme de rai-son sera passé à côté du vaste territoire del'intériorité enfantine (à moins qu'il n'aitplus vraisemblablement refoulé ou occultécelui-ci), ce vaste territoire que MauriceSendak vient magistralement d'ouvrir troisans plus tôt aux Etats-Unis avec Where thewild things are. Avec Maurice Sendak, lerégime nocturne succède au régime diurne,et des voyages peuvent s'accomplir désor-mais à l 'intérieur de soi-même. Dans lesannées suivantes, nous voyons paraître lesalbums d'Harlin Quist et de François Ruy-Vidal, puis ceux de Christian Bruel. Nousentrons dans le temps de l'inquiétude enfan-tine. Rétrospectivement l'image de l'enfanceque nous a léguée Paul Faucher nous semblelisse et un peu trop sage.En se situant dans la continuité de l'œuvre dePaul Faucher, les éditions du Père Castorvont passer à côté de la révolution de l'albumpour enfants des années soixante-dix. Cetterévolution est à la fois thématique et gra-phique, et l'une ne va pas sans l'autre. Ellemet en avant une nouvelle image de l'enfance,une nouvelle image des rapports de l'enfantau réel. Elle invente de nouvelles mises enpages, inaugure des gammes chromatiques etdes partis pris graphiques totalement étran-gers à l'illusion réaliste. La vigueur, la violen-ce, la provocation parfois des albums de cesannées foisonnantes ne pouvaient que fairevieillir la production des albums du Père Cas-tor, au risque de nous faire oublier que Paul

La Grande panthère noire, ill. L. Butai, Flammarion, 1968

(Albums (lu Père Castor)

Faucher avait encore des choses à nous diresur le respect dû aux enfants.

J'ai dit au début de mon article l'abondancerelative des titres encore disponibles. Mais leproblème est le suivant : sous quelle forme ?Si l'on s'en tient aux seuls livres et qu'onlaisse de côté les disques et les cassettes, laquestion épineuse est celle du destin desimages. L'éditeur peut se sentir pris dansune contradiction entre la conservation dupatrimoine et les attentes du marché.La survie des images ne se pose pas exacte-ment de la même manière selon que nousnous trouvons devant des contes, devant desfictions originales dues à un couple auteur-illustrateur ou devant un ouvrage qui relèved'un seul artiste, signataire des images et dutexte. Le conte est un texte autonome, exté-rieur et antérieur au livre. Les illustrationssont fréquentes, mais elles ne sont pas néces-saires à 1 'intelligibilité du récit. Rojankovskysait qu'il s'inscrit dans une lignée d'illustra-teurs lorsqu'il illustre Cendrillon, l'Histoiredu chien de Brisquet ou Les Musiciens de laville de BrêmeM Lorsque Marie Colmont

N°186 AVRIL 1999/ 71

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Conte du petit poisson d'or,

ill. I. Bilibine, Flammarion, 1943

(Albums <lu Père Castor ; Les Petits Castors)

écrit pour Paul Faucher, elle sait que sontexte sera illustré et que des complémentaritésentre le texte et l'image vont surgir. Mais lelien est infiniment plus fort lorsque nousavons affaire à des auteurs-illustrateurs. Lelien paraît alors insécable. Ni Paul ni Fran-çois Faucher ne toucheront aux albums deBéatrice Appia ou de Samivel. (Peut-être n'enont-ils d'ailleurs pas le droit). Il n'en va pasde même en ce qui concerne les contes et lesfictions « en duo ».

Si l'on examine le catalogue 98 du Père Cas-tor-Flammarion, on trouve 22 titres dus àPaul Faucher dans la série des Premièreslectures : 17 sont réédités selon l'édition ori-ginale et 5 selon un second jeu d'illustrationscommandées par Paul Faucher12. Dans LesSecondes lectures, sur les 33 titres publiéspar Paul Faucher, 15 sont réédités selonl'édition originale, 14 selon le second jeud'illustrations voulues par Paul Faucher et 4dans un jeu d'illustrations postérieur à lamort de l'éditeur.

72 / LA REVLE DES LIVRES POUR ENFANTS

Cet examen rapide permet quelques remar-ques. Pau l Faucher a, de son vivant , faitréillustrer une vingtaine de titres. On ne peutpas dire que l'initiative ait toujours été heu-reuse. Fallait-il vraiment priver les enfantsdes illustrations de Bilibine pour Le Conte dupetit poisson d'or ? Fallait-il vraiment les pri-ver des Musiciens de la ville de Brème dansl'illustration de Rojankovsky ? Depuis 1996,les titres du « Roman des Bêtes » avec les illus-trations de Rojankovsky ont disparu du cata-logue. Aujourd'hui n'y figure plus que le seulMichka sur les 24 titres illustrés par Rojan-kovsky entre 1933 et 1943. Est-ce là un sortbien légitime pour celui qui fut l'illustrateur leplus en harmonie avec le monde de Paul Fau-cher? Comment les Français sauront-ils qu'ilsont un tel patrimoine si on ne le leur donnepas à voir ? François Faucher a suivi son pèredans cette politique de réillustration pour ,selon son expression, donner « une nouvellechance » aux textes. Aux auteurs et à leurstextes peut-être, mais aux illustrateurs ?Qu'est-ce que l'art et l'édition pour enfantsont gagné quand, aux illustrations de NathalieParain pour Baba Yaga, on a préféré en 1974celles de Christian Broutin ? Plusieurs d'entrenous ont été choqués lorsque les Albums duPère Castor ont publié en 1991 un Michkaillustré par Gérard Franquin « d'aprèsRojankovsky ». Nous avons été choqués peut-être parce que ne succède pas qui veut à unartiste tel que Rojankovsky, mais surtoutparce que nous valorisons les images de notreenfance, celles que notre mémoire a fixées « àjamais ». Pour nous, il n'y a qu'un Michkacomme il n'y a qu'un Babar.

Pour les enfants, la chose est plus indiffé-rente : leur approche n'est pas entravée parle passé. Il n'y a pour eux que le critère del'émotion et du plaisir dans le présent de leurculture. Pour un adulte, seule vaut la réédi-tion à l'identique. Significative me semble lasituation présente qui fait cohabiter au cata-logue de l'éditeur le Michka de Rojankovsky

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et celui de Franquin, le Baba Yaga de Natha-

lie Parain et celui de Christian Broutin.

Nous nous trouvons en cette fin de siècle au

moment où l'héritage de Paul Faucher bas-

vient de rééditer Bonjour-Bonsoir. Nous

redécouvrons les livres perdus, nous les

redécouvrons parce qu'ils étaient perdus.

Paul Faucher quitte sur la pointe des pieds

l'actualité de l'enfance et il entre dans le

cule. L'association des Amis du Père Castor patrimoine de la culture adulte.

NOTES

1. 320 publications selon le relevé de la plaquette À l'enseigne du Père Castor (Flammarion, 1982), dont ilfaut soustraire une vingtaine de titres réédités avec un nouvel illustrateur.2. L'École et la Nation, 1967. On y notera une critique sévère de La Laide qui devient jolie (p. 46)3. Jacqueline Held : «Quelques rencontres de mon enfance », Nous Voulons Lire !, n°100, octobre 1993, p. 129.4. La Maison des Trois Ours - hommage à Rojankovsky, Editions Les Trois Ourses, 1998, pp. 26-29 et 30-32.5. Paul François est le nom de plume de Paul Faucher. L'album paraît après sa mort, en 1968, avec desillustrations de Lucile Butel.6. On peut se souvenir de Pierre Blanchard dans la première moitié du XIX'' siècle et de Jules Hetzel(P-J Stahl) dans la seconde. Plus près de nous, pensons à François Ruy-Vidal, à Christian Bruel, àOlivier Douzou.7. On peut rappeler la série de sept volumes de « L'Arc-en-ciel des vilains défauts » publiés par HenriLaurens (Ferdinand le gourmand, Bernard l'avare, Mathieu l'envieux, etc.).8. Il serait intéressant de confronter sur ce point les pratiques d'adaptation de Jean-Michel Guilcher àcelles plus anciennes de Maurice Bouchor et de la collection des « Contes et Légendes » publiée par Nathan.9. Retitré par la suite Noix de Coco cherche un ami.10. Remarque qu'il faut nuancer pour La Grande panthère noire qui paraît deux ans après la mort dePaul Faucher.11. Citons pour Cendrilhn les noms de Gustave Doré, Adrien Marie, Georges Delaw, Arthur Rackham.L'illustration fondatrice du conte de Nodier est celle de Tony Johannot, et on ne peut s'empêcherd'avoir en mémoire les illustrations de Hans Fischer pour Les Musiciens de la ville de Brème.12. Les Trois petits cochons ('49 et '58), La Vache orange ('43 et '61), Le Cheval bleu ('43 et '63) Poulerousse ('49 et '56), Le Singe et l'hirondelle ('49 et '62).

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