le rôle de la pensée selon krishnamurti, par ram linssen

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  • 7/29/2019 Le rle de la pense selon Krishnamurti, par Ram Linssen

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    Le rle de la pense selon Krishnamurti

    L enseignement de K rishnamurti assigne la pense un rle et

    une place trs diffrents de ceux que lui ont confrs les disciplinestraditionnelles. Il est difficile de faire admettre que lactivit mentalene constitue pas le sommet de la vie spirituelle et que la pense, decoordinatrice qu elle tait, doit intervenir titre second et driv

    devant une facult qui la dpasse.

    Pour une civilisation comme la ntre, qui a difi la pense

    depuis plusieurs sicles, cette position fait scandale.

    E st-ce dire que K rishnamurti condamne purement et simple

    ment lactivit mentale? E videmment non. Mais il assigne la pensela juste place qu elle doit occuper dans la hirarchie complexe des

    fonctions psychiques.L enseignement de Krishnamurti est en lui-mme trs simple.

    Mais si les vrits ternelles sont simples en elles-mmes, i l est diffi

    cile den discourir. De plus, les vrits simples et profondes contiennent toujours leur part de paradoxe. E lles sont foncirement supra-

    rationnelles ou supra-logiques.

    L e simple fait que durant trente minutes je me suis propos devous faire penser, afin de vous faire entrevoir 1impuissance et 1inu

    tilit de la pense devant les problmes transcendantaux, est un para

    doxe.

    L a mission suprme de la pense est de se dmontrer elle-

    mme le bien-fond de son silence et la ncessit de son dpassementpar la V I E . L a mission suprme de la logique est de se dmontrer elle-mme la fragilit, les limitations et la rigidit mcanique de son

    processus oprationnel.

    L es No-platoniciens, P lotin en Grce, les Vdantins de lI ndeantique, et les grands matres du B oudhisme Thibtain ont abond

    dans le mme sens.

    L tude de l uvre kr ishnamurtienne nous rvle cependant uneprofondeur et une prcision sans prcdents lgard du rle de la

    pense.

    Il ne suffit pas, en effet, daffirmer que la pense est une entrave

    la libration spir ituelle de l homme. 11 est ncessaire de dfinir son

    origine, les mobiles profonds qui prsident son existence, sa structure et son fonctionnement.

    En un mot, il est indispensable que nous sachions POU RQU OI

    nous pensons, COM M E N T nous pensons et CE que nous pensons.

    Car dans la mesure o nous navons pas saisi clairement lesprocessus qui commandent nos penses, nos motions et nos actes,nous sommes irresponsables.

    L a connaissance de nous-mmes, laquelle nous invite K rishnamurti, na dautre but que de nous faire accder cette pleine respon

    sabilit.

    L e problme du monde est le problme de l individu, nous dit-il ,et parce que nous sommes individuellement dans la confusion, parce

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    que nous sommes gostes, avides, sans amour et sans gnrosit, la

    guerre existe.L humanit a perdu une certaine norme dexistence. E n dpit

    de son progrs technique et de ses raffinements superficiels, lhommemoderne reste souvent un barbare, et le monde moderne prend souvent lallure dun monde de fous.

    K rishnamurti nous invite retrouver la norme perdue dunrythme de vie simple, naturel, spontan, vcu dans la plnitude de

    lintelligence et de lamour, rsultant de la dlivrance du souci desoi-mme.

    Mais avant den arr iver l, il faut que stablisse en nous-mmes

    une clart et une transparence, dont nous sommes loigns. K rishnamurti nous prend tels que nous sommes, avec nos passions, nos aspirations, nos limites. Mais comme la plupart des psychologues, il

    insiste sur le rle capital" de l inconscient.Il compare notre activit psychologique un iceberg. Si nous

    observons un iceberg flottant la surface des eaux, nous napercevons

    quune faible partie de sa masse totale. L a plus importante part setrouve masque nos yeux par la surface de locan. De mme, lapartie de nous-mmes que nous voyons avec clart, ne constitue quun

    infime fragment de notre moi total. A utrement dit, le conscientnoccupe quune place infiniment rduite dans le vaste secteur de nos

    activits psychologiques.

    A insi que lexprime lminent psychologue suisse J ung, le

    conscient nest quun rejeton tardif de linconscient .K rishnamurti nous enseigne que la pleine connaissance de nous

    mmes ne peut tre ralise que par la descente progressive et totale

    de notre inconscient dans le conscient. Il rejoint en cela les donnes

    de la psychologie moderne.

    Nous portons dans les couches multiples de notre inconscient

    des secteurs inexplors constituant de vritables gupiers. D autressecteurs refouls se grossisent chaque instant et exercent sur notre

    existence entire une influence considrable et dautant plus dange

    reuse que totalement insouponne.

    K rishnamurti souhaite que chacun de nous fasse de son tre uneentit harmonieuse, cohrente, responsable. 11 insiste sur lquilibre

    entre la raison et lamour.L a position krishnamurtienne diffre cependant de celle de la

    majorit des psychologues actuels. Tandis que la plupart de ceux-ci

    considrent le moi , la pense et lgosme comme des fins ensoi , K rishnamurti considre le moi , la pense et l gosme

    comme des moments provisoires, comme des bornes jalonnant une

    route sans fin.

    11 est cependant ncessaire que le moi se connaisse pleine

    ment avant daccder sa dlivrance. U ne semence arrache prma

    turment ne peut germer.

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    Nous diviserons lvolution psychologique de lhomme en trois

    phases :

    1 U ne phase de naissance o sbauche le moi ;

    2 Une phase de maturit o saffirme le moi ;

    3 Une phase de libration.

    A u cours de la premire phase, la conscience de soi nat peine.Chez les primitifs, linitiative et le sens critique font dfaut. Nous

    retrouvons actuellement encore des individualits naissantes de cetordre dans les mouvements dits de masse ou subsiste l espri t de

    troupeau, limitation, lobissance aveugle aux mots dordre.A u cours de la seconde phase, le moi saffi rme. 11 prend

    conscience de lui-mme et ne se laisse plus aussi facilement enrgi

    menter par des mots dordre, que ceux-ci soient grossiers et barbares

    comme ceux des domaines militaires ou politiques, ou que ces motsdordre soient subtils, comme ceux que tentent dimposer les dogma

    tismes de lesprit.Dans la phase daffirmation, le jugement individuel sveil le. L e

    sens critique et la soif dautonomie progressive rpugnent sincliner

    devant le fait accompli des conventions et des thories aussi respectables fussent-elles considres. D imitateur quil tait, l homme devient crateur. L a stricte dpendance dans laquelle il se trouvait

    lgard des contraintes du milieu ambiant subit une mtamorphosecomplte.

    L a pesanteur des traditions millnaires, des routines et des prjugs lui semble insupportable. T elle est la priode rvolutionnaire de

    lindividualisme avec tout ce quelle comporte la fois de crateuret de destructeur.

    C est la transposition dans le domaine de lesprit des lois quiprsident lhistoire des rgnes de la matire. Dans la mesure o la

    vie sinstalle dans la matire, elle introduit des comportements nou

    veaux, sopposant radicalement ceux de la matire brute. L asubstance des tres vivants subit une rgradation de lnergie soppo

    sant nettement aux principes de Carnot. L a croissance des plantes,

    par exemple, seffectue contrairement aux lois de la pesanteur.

    Nous pourrions dire quavec la phase de maturit du moi ,

    l espri t imitateur des individuali ts naissantes subit une transformation analogue. 11 ne suit plus la voie de la moindre rsistance, sort

    progressivement de son inertie et ne sincline plus devant les rythmesde lhabitude.

    11 tend saffranchir des courants de pense de la norme, nonparce quil rige la contradiction en systme, mais parce quil est

    dsireux de scruter profondment la vrit des choses.

    C est cette attitude que K rishnamurti nous invitait, i l y aquelque vingt ans, lorsquil nous demandait de douter de tout, y

    compris de lui-mme.

    L a phase de maturit du moi , phase critique par excellence,

    ainsi que nous venons de le voir est suivie de la phase de libration

    du moi .

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    Cette tape est en ralit celle quont parcouru tous les grands

    prcurseurs du rgne de l esprit. E ncore faut-il di re que rgne delesprit, ici, ne signifie aucunement rgne de la pense.

    A u sommet de la maturit du moi , lme mcontente se

    trouve sursature de tout. E lle a obscurment conscience de limpassedans laquelle elle se trouve. E lle peroit avec un certain curement

    le caractre triqu de son moi . C est la nause sartr ienne : sortede vision nette et soudaine de labsurdit de lexistence personnelle.

    E ncore faut-il dire que si le dnouement du dram Sartr ien sef

    fectue dans un

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    L activi t mentale incessante donne au moi une impression de

    dure trs nette.

    Cette notion de dure est par ailleurs voisine de celle dune

    continuit parfaite de la conscience.

    L orsque nous nous pensons distraitement, nous avons de notrevie intrieure une impression continue. 11 semble que nous glissions

    uniformment dans la dure, en venant dun pass et passant par le

    prsent qui nous ouvre la porte de lavenir.

    Cette impression de continuit est illusoire. L es psychologuesindous nous enseignent quil existe entre les penses des vides inter-

    stitiels, dont nous navons pas conscience, tellement ils sont courts etrapidement cachs notre attention.

    Ces moments de silence mental sont dsigns par K rishnamurti

    comme tant l tat dintervalle .

    Dans cet tat, il ny a plus de conscience individuelle, plus detemps, plus de sparativit : lhomme peroit lunit essentielle delU nivers. 11 la peroit et il l est la fois, au cours dune indicible

    communion. L a dualit du spectacle et du spectateur cesse totalement.Mais cessons demployer ce langage dangereux, car les mots sont ici

    impuissants dcrire un tat dtre qui dpasse la pense, et chaqueaffirmation dans ce domaine est un pige bourr de paradoxes irritant

    la logique qui snerve !

    N e parlons donc plus de lexprience krishnamurtienne pour

    linstant, mais examinons plutt les facteurs qui nous empchent de

    la raliser.Pourquoi navons-nous pas conscience des vides interstitiels qui

    se situent entre les penses? Pourquoi cet tat dintervalle est-il jalousement masqu nos yeux par quelque puissance aussi mystrieuse

    quirrsistible ?

    Cette force, nous l avons dj nomme : cest l instinct de con

    servation. E lle sait parfaitement que si nous devions tre un seulinstant, face face avec ltat dintervalle, lillusion de notre continuit individuelle serait dmasque et les jours du rgne du moi seraient compts. L e rle essentiel de lactivit mentale consiste

    nous cacher minutieusement ltat dintervalle et les richesses quipeuvent sy rvler nous sont de ce fait rendues inaccessibles. L evieil homme , dont parlent les anciennes critures, symbolise cetteforce obscure dun instinct de conservation millnaire, masquant

    nos yeux de faon constante les issues possibles hors de la prison du

    (( moi .

    L e dpoui llement du vieil homme consiste en laffranchisse

    ment de la magie quexerce sur nous linstinct de conservation du moi . C est laffranchissement pur et simple de la peur, de la peur

    de se perdre et de toutes les peurs.

    Nous voici en demeure de rpondre la premire question :Pourquoi pensons-nous ? Nous pensons parce que nous avons inconsciemment peur de nous perdre, peur de ne pas durer, et par la

    pense, le sentiment de continuit nous donne la scurit.

    Examinons maintenant comment nous pensons.

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    Nous pourrions employer ici limage suggestive de la structure

    de la matire.L image premire dun fragment de marbre poli nous donne une

    impression de continuit, dimmobilit, de solidit. 11 nen nest rien.L es atomes constitutifs de ce marbre sont spars entre eux par desespaces, qui sont, toutes proportions gardes, aussi considrables que

    ceux existant entre les toiles. L apparente continuit de la matireest donc illusoire. De plus, les lectrons effectuent chaque seconde

    des mil liards de tours autour des noyaux atomiques. L immobili tapparente de la matire est tout aussi mensongre. Si nous voulonsnous rendre compte de la nature exacte des corpuscules atomiques,nous dcouvrons avec tonnement quils ne sont plus solides, mais

    revtent laspect fluide et surprenant de tourbil lons de force , de

    zones dinfluences, de paquets dondes.

    L univers entier se rsume finalement ntre quun immense

    ocan dnergie.

    Cette nergie-une , qui na pas de proprits particulires, sematrialise en grains rsultant du mouvement de sa propre puissance,et acquire par lignieux artifice des dispositions lectroniques, des

    proprits et des formes particulires.

    Ainsi que l exprimait le professeur L eroy, lunivers est unimmense difice dtages vibratoires . E difice trange, form par des

    mouvements relativement lents, reposant sur des mouvements de plus

    en plus rapides.

    L a continuit et l immobilit apparentes dun fragment de mar

    bre rsultent uniquement dune superposition extraordinairement com

    plexe et rapide de mouvements dnergie essentiellemnt discontinus.Retenons une fois pour toutes que les processus responsables de

    lapparente continuit de la matire sont les mmes que ceux conf-

    rant lapparente continuit de lesprit.

    L impression de continuit de la vie psychique rsulte dunesuccession trs rapide de moments discontinus.

    Succession de quoi, demanderont certains ?Succession des penses meublant l difice mental. Penses qui

    naissent et qui meurent, mais entre lesquelles existent dimpercep

    tibles intervalles.

    K rishnamurti souhaite que nous prenions clairement conscience,en nous-mmes, et par nous-mmes, du processus responsable de lapparente continuit de la vie psychique. 11nous sera donn de constater

    par exprience directe, le pourquoi et le comment de nos pensesconformment aux indications qui prcdent.

    Il nous faudrait r pondre maintenant la question Quest-ce

    que la pense ?A cette question K rishnamurti rpondai t : L a pense est une

    raction de la mmoire devant les faits du prsent . Qutes-vous,nous demande-t-il, sinon que des paquets de mmoire ?

    L e complexe conscient et inconscient de l homme est une vasteplage o saccumulent les dchets apports par les vagues mentales

    qui dferlent sans cesse. Ces vagues mentales que nous croyons trele sommet de la vie intrieure, ne forment en ralit que dimpercep

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    tibles rides la surface dun ocan insondable. N ommez cet ocan,

    comme celui de l Etre Pur, ou de linfinitude divine ou de la V I E .Peu importent les termes.

    Toujours est-il que les hommes passent ct de la V I E , quoi

    que la V ie soit en eux.

    L e problme crucial pour K rishnmurti est le suivant :Ou nous subirons lenvotement de notre pass en restant sous

    la domination de notre moi et de linconscient collecti f, ou nous

    briserons le rve de notre existence limite pour plonger dans locan

    de la VI E et nous abreuver son infinitude de force, de beaut etdamour.

    En chacun de nous saffrontent les deux aspects de lU nivers :

    D une part, le pass- avec ses mmoires, ses habitudes et sesaspects statiques et conservateurs, dautre part un Prsent E ternel,

    toujours renouvel, de nature dynamique.D une part, un monde matriel multiforme o rgnent le temps,

    la causalit, la naissance, la mort et la sparativit, dautre part une

    Plnitude de V ie sans forme, affranchie du Temps et de lEspace orgne lUnit.

    D une part, l gosme humain fort de ses penses .acquises ou

    hrites et surtout le vaste inconscient collectif et, dautre part, laV I E sans cesse renouvele dune nergie spontane, infinie, ternelle.

    Sil est un mot qui est insparable de la pense de K rishnmurti,

    et sans lequel tout expos qui le concerne serait incomplet, cest le

    mot (( spontanit .

    K rishnmurti a un respect infini de la condi tion de spontanitde lETRE.

    Tout son enseignement sefforce de nous librer de nos rsis

    tances psychologiques, de nos tensions, de nos cristallisations, de nosdogmes afin que stablissent en nous une dtente intrieure profond

    ment naturelle, une transparence, une souplesse qui permettront la

    spontanit de l E TRE de rvler en nous lenchantement de Sesrythmes.

    Quoique K rishnmurti soppose aux exposs dualistes, nouspourrions pour la clart de lide insister sur diffrentes antinomiesfondamentales.

    L a pense dune part nest que calcul, intrt, analyse et fonction du pass.

    L a V ie ou lE TRE , dautre part, est pure spontanit; jaill isse

    ment, cration et activit gratuite.

    D une part, la pense qui est un devenir dans le temps et aspire crer la dure; dautre part, l ETRE , oppos au devenir, l Eternit

    au del du temps, l ternit que K rishnmurti dsigne sans dure.

    En conclusion de ce qui prcde, K rishnmurti nous demande si, laide de la pense qui nest quun rsultat du pass ne se rfrantquau pass, il est possible dapprocher l ETRE , qui nest le rsultat

    de rien, et qui se renouvelant chaque instant ne se rfre rien.

    Il est parfaitement clair que si la pense peut raliser des

    miracles dans la technique, elle est incapable de nous faire accder TETRE.

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    Ainsi que l exprimait B ergson : L intelligence qui nest quunemanation de la V I E , ne peut embrasser le mouvement volutif qui

    la dpos en cours de route.

    Quelles sont pour K rishnamurti les consquences des limitations

    de la pense?

    L orsquun homme a profondment compris et senti l inutil it de

    sa pense l gard des problmes du R el, cette comprhensionmme entrane une immobilisation progressive de lactivit mentale.C est cet tat de vide crateur que succde lexprience dune plni

    tude dont rien ne peut tre dit.

    Pour rsumer, nous dirons que lhomme ordinaire est entirement

    possd par ses penses et ses dsirs.

    L homme libr au lieu dtre possd par ses penses, possdeses penses. E lles sont devenues pour lui un instrument qui peut tre

    merveilleusement adapt des fins mcaniques, automatiques et tech

    niques, mais non spirituelles.

    L homme libr, nous dit K rishnamurti, est le plus pratique qui

    soit, car il discerne la ralit profonde des tres et des choses. De plus,

    il vit chaque instant, profondment centr sur le Prsent, libr des

    prjugs du pass. U ne telle attitude confre une objectivi t exceptionnelle. J ointe la souplesse dune dtente de plus en plus-totale,

    elle donne ceux qui l adopte une rapidit de rflexe, une profondeur

    de pense et une intuition que ne peuvent donner aucune des colesdites dentranement spcialis .

    L oin dapporter une dshumanisation de l humain, lenseigne

    ment de K rishnamurti permet de raliser son accomplissement int

    gral.

    Accompli ssement intgral, car dans lexprience K rishnamur-

    tienne se ralisent les plus hauts sommets de lintelligence par les vues

    de synthse et lactivit originale et cratrice dune vie intrieure selibrant chaque instant des fardeaux du pass.

    Accompli ssement intgral de l homme surtout dans la P lnitude de lAmour.

    Car le propre de l Amour nest-il pas la spontanit, la gratuit,le don de soi et l absence du souci de soi-mme. C est cette plnitude de V ie que K rishnamurti nous invite. Nous pouvons la raliser,

    l o nous sommes. Au milieu du monde et de son cortge de souffrances, il nous est possible de devenir un foyer de comprhension et

    dAmour.

    Maintenant, nous dit K rishnamurti, nos esprits sont remplis etnos curs sont vides. Clarifions nos esprits et remplissons nos curs.

    Nous retrouverons une richesse que le monde semble avoir perdue :la J OIE de V I V R E , car tout tre qui saccompli t pleinement selon les

    plus hautes possibil its de sa nature, saccompl it dans la J OIE .

    C est cette J OIE PROF ON DE , mergeant au del des peines et

    des plaisirs, que je vous souhaite tous, de tout cur, de raliser unjour.Ram LINSSEN.