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  • HAL Id: hal-00600630https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00600630

    Submitted on 15 Jun 2011

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    Le wolofStphane Robert

    To cite this version:Stphane Robert. Le wolof. Emilio Bonvini, Jolle Busuttil & Alain Peyraube. Dictionnaire deslangues, Quadrige/P.U.F., pp.23-30, 2011, Dicos Poche.

    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00600630https://hal.archives-ouvertes.fr

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    Stphane ROBERT, 2011 (remis 2002). In Emilio Bonvini, Jolle Busuttil & Alain Peyraube (sous la dir.). Dictionnaire des Langues. Paris : Quadrige/ P.U.F , 23-30. (Version non corrige).

    Le wolof

    Le wolof est parl par huit dix millions de locuteurs, principalement au Sngal. Comme la plupart des langues du groupe atlantique, le wolof est une langue classes nominales et alternances consonantiques du radical. Lincidence morphosyntaxique des classes y est cependant moindre. De manire caractristique, cette langue exprime la focalisation laide de conjugaisons et possde un riche systme de drivation verbale. Enfin, le wolof fait un usage remarquable dun triplet de suffixes spatiaux dans diffrentes fonctions grammaticales.

    1. Contexte historique et culturel

    A. Histoire de la langue et des populations Le wolof est une langue de la famille Niger-Congo, appartenant au groupe

    atlantique. Il est class dans la branche nord de ce groupe, avec le serer et le peul. Parl principalement au Sngal, mais galement en Gambie et en Mauritanie, le wolof a le statut de langue nationale dans ces trois pays. On estime en gnral la population wolof trois millions environ (40% de la population du Sngal, selon le recensement de 1986). Mais si lon compte lensemble des locuteurs de premire ou deuxime langue dans ces trois pays, ainsi que les communauts wolophones tablies dans divers continents, on atteint un total de huit dix millions de locuteurs.

    Historiquement, la socit wolof est une socit hirarchise selon le systme

    des castes et qui a connu une organisation en diffrents royaumes dont lconomie tait au dpart essentiellement agricole. Lislamisation (94% de la population du Sngal), qui a commenc partir du onzime sicle dans certaines rgions, a t acclre par la colonisation. Lconomie coloniale arachidire a, en outre, t le point de dpart dune grande activit commerciale des populations wolof. Langue de communication, le wolof est dsormais aussi la langue des marchs, des cours dcole et des grandes villes.

    B. Ecriture et documents

    Le wolof est une langue tradition orale. Lislamisation a constitu le premier

    contact avec une civilisation tradition crite et les premires tentatives dcriture du wolof se sont faites en caractres arabes. Le wolofal est encore utilis, notamment pour la posie religieuse islamique. Nanmoins, au Sngal, le wolof bnficie depuis 1971 d'une orthographe officielle (utilise ici) qui est base sur lalphabet latin, avec quelques conventions commodes car elles ne ncessitent aucun caractre spcial (cf. 2.B.). Outre les traductions commentes du Coran, les premiers crits en wolof ou sur le wolof remontent au dix-huitime sicle et sont loeuvre de missionnaires ou dadministrateurs coloniaux. Mais lessentiel du patrimoine wolof est constitu par la littrature orale, prserve la fois par la transmission populaire et par les griots (chanteurs de louange traditionnels), et qui

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    prsente des genres trs diversifis : contes, rcits piques, cosmogonies et mythes de fondation, gnalogies, chants de louanges, posie religieuse, mais aussi discours satiriques, pomes danser (taasu), histoires drles, devinettes, comptines, proverbes... En outre, depuis les annes soixante-dix, lapparition des radios libres et la diffusion de la tlvision et de la presse crite ont permis le dveloppement de genres nouveaux fournissant des attestations dautres registres de langue : journaux ou revues, discours politiques, feuilletons et dramatiques de tlvision, dbats tlviss, pices de thtre en wolof. Enfin, ces documents sajoute dsormais une littrature crite marque, elle aussi, par le dveloppement de genres nouveaux : thtre, posie et surtout nouvelles.

    C. Les variations dialectales

    Si l'on excepte le parler lbou, utilis dans la presqu'le du Cap-Vert et avec

    lequel linter-comprhension est difficile, le wolof est peu diffrenci dans les diverses rgions o il est prsent et l'on ne peut gure parler de dialectes, tout au plus de parlers prsentant quelques variations phontiques ou morpho-phonologiques, portant essentiellement sur le vocalisme et certaines formes de la flexion verbale ; ces variations nentravent pas lintercomprhension. On rattache traditionnellement lextension de ces variantes aux anciens royaumes wolof. En fait, la diffrenciation rside dsormais moins dans une diversit gographique que dans l'opposition entre villes et campagnes. Sous l'effet des brassages de population, le wolof de Dakar semble en volution rapide, avec notamment de nombreux emprunts et une tendance simplifier le systme des classes. Dans le lexique, on relve ainsi divers emprunts qui attestent de contacts de nature varie (colonisation, changes commerciaux, religion) : outre les autres langues vernaculaires, il sagit principalement de langues europennes (portugais, anglais et surtout franais) ou du berbre et de larabe.

    2. Phontique, phonologie et processus morpho-phonologiques

    Si le systme phontique du wolof est bien tabli, son interprtation phonologique est plus controverse pour ce qui est des consonnes, du fait de linterfrence de processus morpho-phonologiques, tels que le systme de drivation par alternance consonantique du radical.

    A. Structure de la racine

    Parmi les divers schmas attests, la structure canonique du radical en wolof

    semble tre de type CVC pour les nombreux monosyllabes et CVCV(C) pour les dissyllabes. La voyelle et la consonne finale dune syllabe peuvent tre longues mais les deux ne peuvent pas ltre en mme temps1. Les groupements de consonnes lintrieur du radical sont rares et signalent souvent une suture morphologique. Les quelques radicaux de type VC(VC) prsentent gnralement

    1 Devant consonne longue, une voyelle longue connat une ralisation abrge. Dans la mesure o il nexiste pas de paire minimale pour ces cas, la convention orthographique maintient la transcription dune voyelle brve.

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    une attaque glottale ou une variante avec penthse (ilif [ ilif] [yilif] avoir sous ses ordres ).

    B. Phonmes2 vocaliques

    On a deux sries de voyelles, les brves ayant un rendement nettement

    suprieur aux longues :

    voyelles brves voyelles longues i u ii uu e o ee oo a aa

    () On notera que le a prsente une certaine instabilit hors accent, o il est

    gnralement ralis [], et que le aa long ([a :]) connat une ralisation dite maximale (abrge et plus ouverte) devant consonne double, note .

    C. Consonnes et alternances consonantiques

    On peut opposer diffrentes sries qui sont corrles dans certains processus

    morpho-phonologiques : dun ct, des consonnes faibles correspondant des phonmes simples et, de lautre, des consonnes fortes , correspondant une srie de prnasalises et une srie de gmines dont la distribution est restreinte.

    Consonnes simples (ou faibles)

    1. p t c k (q ) ( ) 2. b d j g 3. m n 4. f r3 s x 5. w l y

    Cette srie peut apparatre en toute position, avec diverses restrictions pour les

    occlusives, lintervocalique et en finale (voir infra). Certains auteurs comptent galement parmi les phonmes consonantiques, le stop glottal qui apparat systmatiquement (et uniquement) devant une initiale vocalique. En revanche, le statut phonmatique de locclusive uvulaire nest pas contest, mais celle-ci est range tantt dans les phonmes simples, tantt avec les gmines dont elle partage, outre une articulation forte, certains traits fonctionnels : contrairement toutes les autres consonnes simples, elle napparat jamais linitiale et fonctionne, en outre, comme le degr fort de x dans les alternances.

    2 La notation utilise correspond lorthographe officielle du wolof dont les conventions sont simples : redoublement pour noter les voyelles longues (aa pour [a:]) ; accent aigu pour noter les voyelles fermes ( pour [e] par opposition e pour []) ; utilisation de x pour noter la fricative uvulaire, de pour la nasale palatale et de pour la vlaire. On a maintenu toutefois les deux accents pour noter une voyelle longue ferme : pour /e :/, au lieu de e dans lorthographe officielle. 3 /r/ est ralis sonore et vibrant.

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    Dune manire gnrale, les occlusives sont les seuls phonmes connatre une

    opposition de sonorit ( lexception de q) ; elles prsentent, de plus, des ralisations particulires en finale o les sonores sont ralises sourdes et imploses, ainsi quune distribution restreinte : p, c, k (ainsi que d) ne semblent pas attestes en position mdiane et finale de radical, o apparaissent, en revanche, des gmines, pp, cc, kk (et dd).

    Consonnes fortes Gmines Prnasalises

    1. pp tt cc kk (q)q (mp) (nt) (nc) (nk) (nq)4 2. bb dd jj gg mb nd nj ng 3. mm nn 4. 5. ww ll yy

    Les co