le yéty 104 / mars-juin 2015

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Scène locale Mars. 2015 Juin. 2015 L’actualité des musiques amplifiées du 4.9 www.lechabada.com 2024 Z COMME SPECTATEUR Crédit photo: Vincent Fribault:

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L'actualité des musiques actuelles du 49

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Page 1: Le Yéty 104 / Mars-juin 2015

Scène locale

Mars. 2015Juin. 2015

L’actualité des musiques amplifiées du 4.9 www.lechabada.com

2024

z commespectateur

Crédit photo: Vincent Fribault

:

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Formations

Tarifs, infos et inscrip.www.trempo.com02 40 46 66 33

• Le booking : les stratégies de recherche de dates >>> du 24 au 25 mars 2015 - 2j / 12h 255€ • Stage international de fanfare et de brass-band à la Nouvelle-Orléans (USA)>>> du 30 mars au 10 avril 2015 - 12 j / 86h2200€ (Prise en charge AFDAS:1750€)

• Créer sa page Facebook profession-nelle>>> Le 9 Avril 2015 - 1j / 6h 90€

• Gérer la balance d’un groupe >>> du 13 au 15 avril 2015 - 3j / 21h 260€

• Stage international de musiques électroniques à Berlin (Allemagne)>>> du 1er au 10 juin 2015 - 10j / 70h1670€ (Prise en charge AFDAS:1370€)

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Stages / AteliersMasterclasses

A l’heure où nous im-primons ce Yéty, la date du On Stage de rentrée n’était pas encore calée, mais vous pouvez bien

sûr d’ores et déjà postuler en envoyant vos démos + bios à l’attention du pro-grammateur: Stéphane Martin / On Stage, c/o Le Chabada, 56 bd du Doyenné, 49100 Angers.

Date limite du dépot des candidatures:Lundi 15 Juin 2015

Les studios Tostaky Situés à l’arrière du Chabada, les Studios Tostaky sont un équipement entièrement dédié aux répéti-tions scéniques (filages) et à l’accompagnement des pratiques musicales (stages, ateliers, interventions d’accompagnement artistique...).Tarifs (pour groupes locaux)> 30€ la journée pour une répétition en condition scène sans le système façade > 50€ la journée pour une répétition en «configura-tion complète»

Pour tout renseignement : [email protected]

Locaux de répétition La Cerclère à 800 mètres du Chabada, la Cerclère regroupe 7 locaux de répétition ouverts tous les jours de 14h à 22h (sauf le lundi de 16h à 22h) et de 14h à 20h les WE et jours fériés.Tarifs> Local équipé (=sono, amplis, batterie) : 6€ / h >> forfait 25h : 140€ > Local semi-équipé (sono, avec ou sans batte-rie) : 4€ / h >> forfait 25h : 90€> Local au mois (formule sans sono) : 80€ > Local pro accès 24/24 (situé au Chabada) : 160€ / mois>>> + Adhésion annuelle à l’association (obligatoire) : 8€ (par an et par musicien)

Pour tout renseignement : [email protected]

Sauf indication contraire, tous les stages et ateliers ont lieu aux studios Tostaky (situés à l’arrière du bâtiment du Chabada).

• BizneSS AcAdemy

Rencontres professionnelles equipe espoir chabada Angers 2015

> Master-classes, ateliers, conférences, speed meeting autour du management et du développement de groupes et artistes avec de nombreux professionnels nationaux.Lundi 15 et mardi 16 juin 2015, Le Chabada

Horaires et programme en cours d’élaboration. Les détails seront disponibles mi-avril sur www.lechabada.com , rubrique : Accompagnement > Agenda des stages et ateliers > Bizness Aca-demy.

Destiné prioritairement aux groupes soutenus dans le cadre de l’Equipe Espoir Chabada Angers 2015, cet événement sera éga-lement ouvert, dans la limite des places restantes, à l’ensemble des groupes et développeurs d’artistes angevins.

N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour réserver vos pla-ces : [email protected]

Vous retrouverez bien sûr à la rentrée 2015 nos désormais classiques ateliers de M.A.O. Initiation, M.A.O. Perfectionnement, Réglage Batterie, etc.

Consultez www.lechabada.com (rubrique agenda > stages et ateliers) pour plus de détails. Les inscriptions se prennent à la billetterie du Chabada, ouverte du lundi au vendredi, de 10h à 12h et de 14h à 18h.

Pour tout renseignement supplémentaire :[email protected] 02 41 96 13 48

Le yeTy Scène localeL’actualité des musiques amplifiées du 4.9

Une publication du Chabada / Contact : 02 41 34 93 [email protected] / Rédac chef : Kalcha / Rédaction de ce numéro : Kalcha / Mise en page : Jeff / lostpaper.org

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InterviewRencontre

-Les 5 Gentlemen - Si tu reviens chez moi (Riviera, 1966)

J’ai commencé à m’intéresser à la musique française des années 60 parce que je faisais le DJ à droite à gauche et que je m’étais ren-du compte que c’étaient souvent des morceaux fédérateurs, qui réussissaient à faire danser des gens très différents. J’ai donc creusé un peu la question des yéyé, puis je suis très vite tombé sur des trucs plus obscurs qui n’avaient eu aucun succès à l’époque, mais qui groovaient à mort. Ce morceau des 5 Gentlemen en est un exemple parfait. J’ai le 45-t et je le passe quasiment à chaque fois ! Les parties d’orgue sont géniales, et le chant un peu

criard fonctionne super bien. On n’est pas si loin de ce que fait Katerine aujourd’hui. Au début de 2024, je comptais chanter comme ça, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas si simple, et que je n’étais pas super à l’aise dans ce registre. J’ai donc dû opter pour un chant plus planant.

-Messieurs Richard de Bordeaux & Daniel Beretta - La Drogue (Barclay, 1970)

Pour le coup, je pense que je suis déjà beaucoup plus proche de ce duo pour le chant aujourd’hui, même si mes textes sont beaucoup moins psychédéliques. (rires) C’est un des morceaux les plus connus dans ce type de pop

2024Il n ’y a pas si longtemps, Le Yéty avait rencontré Thibaut Kret au sujet de Bud McMuffin, son

excellent projet old blues. Depuis, le bonhomme a créé deux autres groupes : l ’un de calypso, Blind

Bud & the Loire Valley Claypsos, et l ’autre de psych-pop 60s chantée en français, 2024.

Les premiers morceaux de 2024 postés sur son site Internet sont suffisamment prometteurs

et ambitieux pour justifier sa présence à l ’affiche d ’une soirée estampillée ‘‘Autour de Levitation’’

(voir programme). Mais comme le projet est encore jeune, nous avons demandé à Thibaut de

nous faire découvrir quelques perles méconnues de pop 60s à la française qui ont inspiré son

nouveau groupe... Retrouvez l ’intégralité de cet entretien sur www.lechabada.com

vouLez-vous dAnser

Avec MoI ce soIr?

Crédit photo: Vincent Fribault

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60s à la française car il passe parfois sur Radio Nova et qu’il a déjà été compilé par le label Born Bad Records. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai dû le découvrir. Quand j’ai commencé 2024, j’avais tendance à noyer mon chant dans le mix, à l’anglo-saxonne, mais on m’a reproché de ne pas pouvoir écouter les textes. J’essaie donc depuis de trouver l’équilibre idéal pour que le texte soit com-préhensible (et un minimum sensé), mais que ça ne devienne pas de la chanson française classique non plus. Pour la petite histoire, Daniel Beretta est aujourd’hui la voix fran-çaise d’Arnold Schwarzenegger... (rires)

-Michèle Mercier - «Six-Huit» (Disc’AZ, 1969)

Ce morceau, je l’ai découvert via Internet car je ne possède malheureusement pas le 45-t qui est très rare et donc très cher (comme souvent les 45-t dans ce genre-là). C’est le seul 45-t qu’a enregistré Michèle Mercier, la torride «Marquise des Anges». J’ai dû tomber dessus en cherchant des choses sur Guy Skornik, qui a composé cette face B (la face A est signée Gainsbourg). Skornic a sorti des trucs totalement illuminés dans les 70s. J’ai d’abord croisé son nom sur des pochettes complètement loufoques, puis j’ai peu à peu découvert ses travaux des 60s, dont cet ex-cellent titre. Ce morceau a été l’un de ceux qui m’ont donné envie de lancer 2024, même si aujourd’hui je me suis un peu éloigné de ce type de son. Ce titre a même été le point de départ de mon morceau «A la dérive», même s’il a beaucoup évolué par la suite, et qu’on entend sans doute plus vraiment aujourd’hui ce dont je me suis inspiré au début.

-Erick Saint-Laurent - Le temps d’y penser (Barclay, 1966)

C’est hallucinant de constater que tous ces morceaux qui ont fait des bides commerciaux à l’époque étaient tout de même signés sur des labels importants qui leur donnaient les moyens d’aller enregistrer dans de très bons studios, avec des arrangeurs halluci-nants comme Goraguer, Colombier, Vannier ou Legrand, et des orchestres... Du coup, les chansons ont des couleurs très chaudes, avec des cuivres et toute sorte d’instruments in-croyables. Ca devait être le rêve de pouvoir enregistrer dans de telles conditions. Ca me donne en tout cas l’envie d’essayer des arrangements différents de ce qu’on entend habituellement dans la pop ou le rock, à savoir l’éternelle combinaison guitare-basse-batterie.

-Régis Barly - Faux Beatnik (Odeon, 1966)

Là aussi, ce titre a des arrangements gé-niaux ! C’est super funky dès l’intro. Un peu comme les Gottamou, le premier projet de Nino Ferrer avec Bernard Estardy aux claviers. Ce titre de Régis Barly est une réaction au morceau d’Antoine, «Les Elucubrations». Avant ce titre, Antoine avait enregistré d’autres chansons plus rhythm’n’blues comme Nino Fer-rer ou Barly. Puis il s’est mis à la vague hippie parce que c’était sans doute plus ven-deur. Et ça nous a énervé Barly qui lui fait

donc un procès en authenticité et l’accuse d’opportunisme, exactement comme le font par exemple les rappeurs aujourd’hui. Je rêve de trouver ce 45-t ! (rires)

-Jérémy Gavroche - La corde est préparée (Vogue, 1967)

Là, on est dans l’entre-deux. Ce titre est davantage ancrée dans ce qu’on connaît de la chanson française traditionnelle, dite « à texte ». Le texte est assez sombre, et le chant sonne un peu vieillot. En revanche, l’instrumental derrière est mortel ! Du coup, ça me laisse penser que notre défi à nous, la nouvelle génération qui veut chanter en fran-çais sur des titres pop, c’est de trouver la bonne façon de poser notre voix, de trouver la place équilibrée dans le mix, pour que ça ne soit plus considérée comme de la chanson fran-çaise. Le défi est de taille...

-Serge Gainsbourg - Psychastenie (Philips, 1968)

Potentiellement, c’est le titre que les gens sont le plus susceptibles de posséder, puisqu’il était en face B du « Requiem Pour Un Con ». Pourtant, c’est un morceau de Gains-bourg que très peu de gens connaissent. C’est un instrumental complètement psyché, arrangé par Michel Colombier, avec du sitar et un son de basse mortel. Le mix des instruments est complètement dingue. C’est vraiment quelque chose qui m’intéresse de plus en plus, que je veux creuser dans 2024.

-Anthony-Cédric Vuagniaux - La Cougar (Plombage Records, 2013)

En fait, il commence à y avoir une bonne scène pop française très inspirée par les 60s avec des groupes comme Aquaserge, Forever Pavot ou Dorian Pimpernel. Certains groupes accentuent davantage sur les titres instrumentaux, dans l’esprit des arrangement de Colombier, Vannier et les autres justement. Les Anglais appelle ça du freakbeat. Je découvre peu à peu tous ces groupes, je me sens moins seul ! (rires) Anthony-Cédric Vuagniaux est suisse. Il a un studio plein à craquer d’instruments et d’en-registreurs des 60s, et il sort des trucs qui sonnent comme des musiques de films ou des mu-siques d’illustration sonore des 70s. Je suis d’ailleurs en train de découvrir tout ce pan de la musique française. C’est fou de penser qu’il y a des gens qui sont persuadés qu’on n’a jamais rien produit de bon en France !!

2024 jouera en première partie de Wand au Chabada dans le cadre de «Autour de Levitation» le jeudi 21 Mai 2015. Thibaut assurera l’after-show derrière les platines du Do-nald’s Pub avec une sélection 100% psych-pop 60s chantée en français.

www.2024theband.com

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InterviewRencontre

Votre premier disque est sorti il y a déjà un petit moment. Peux-tu nous le présenter et nous expliquer comment se profile le prochain ?

«Mockba 80», le premier opus, est à la croisée de deux répertoires et donc de deux périodes du groupe. Le premier répertoire est celui avec lequel on a démarré en trio en 2009. Ce sont des emprunts aux groupes Masada de John Zorn, Pachora de Jim Black, à Bojan Zulfikarpasic... Le second correspond à la mue en quartet avec l’arrivée de Philippe Rak au vibraphone, on est

en 2011. Un répertoire constitué de composi-tions, moins ancré dans les esthétiques Europe de l’Est-bassin méditerranéen, mais avec une quête identitaire plus personnelle. Le prochain suivra dans cette même veine avec des directions plus affirmées, une équipe récemment renouvelée avec l’arrivée de Stéphane Decolly à la basse et j’espère quelques invités. Une partie de ce nouveau répertoire existe déjà et on le joue depuis peu sur scène, la pâte sonore est en train de prendre...

z comme

Depuis quelques années, le jazz fait un retour en force dans les musiques actuelles grâce au travail de certains

groupes issus du hip hop, de l ’electro ou du post-rock qui sont allés piocher dans le jazz cosmique de Sun

ra ou Alice coltrane pour nourrir leurs propres compositions, mais aussi grâce à de jeunes musiciens de

jazz aux oreilles résolument ouvertes sur l ’extérieur. Z Comme fait partie de cette génération qui refuse

que sa musique reste coincée dans le passé. Rencontre avec Julien Behar, saxophoniste du groupe.Retrouvez cet entretien sur www.lechabada.com

one Two free!

Crédit photo: Cécile Le Couviour

Page 7: Le Yéty 104 / Mars-juin 2015

Vous faîtes également beaucoup d’interventions pédagogiques. Est-ce difficile de sensibiliser les plus jeunes à cette musique ?

Non, à partir du moment où ils sont en contact direct (visuel et auditif) avec les musiciens, ils sont plus à même de saisir l’interaction, l’essence de ce qui se passe. Qu’ils soient eux-mêmes musiciens ou simples spectateurs, la musique est avant tout une émotion, un moment intense et profond, alors on joue de la musique, ni plus ni moins ! Ensuite on peut aborder des notions plus fines...

La génération des musiciens de jazz d’aujourd’hui a grandi en écoutant du rap, de l’electro, du rock. Ca change forcément la manière d’écrire/jouer la musique. Quelles ont été tes influences extérieures au jazz ? Est-ce facile de conjuguer ces influences à l’improvi-sation inhérente au jazz ?

Adolescent, les influences ou écoutes frénétiques (!) furent très diverses. On pourrait étaler tout ça entre Bérurier Noir, Ludwig Van 88, The Beatles, Bob Marley & The Wailers, Public Enemy, Run DMC et la scène rap française, George Clin-ton, Fishbone, Red Hot Chilli Peppers, Urban Dance Squad et la scène musique improvisée euro-péenne... Cette curiosité m’a énormément ouvert les oreilles et cela continue aujourd’hui... Pour ce qui est de conjuguer tout cela à un langage d’improvisateur, je ne me pose pas la question en fait, la synthèse est naturelle. C’est avant tout la forme que l’on va donner à l’ensemble et comment on va naviguer dedans qui m’intéresse. À partir de là, tout est prétexte à l’improvisation !

J’ai aussi eu l’impression que votre musique pourrait plaire aux fans de post-rock façon Tor-toise. C’est une scène que vous avez écoutée ?

Personnellement, pas beaucoup, ou plutôt sur le tard. C’est Philippe (le vibraphoniste du grou-pe) qui m’en a parlé. Il connaissait depuis pas mal de temps et trouvait qu’on avait des points communs. Du coup je me suis fait une petite cure de Tortoise accélérée et effectivement, le vibraphone et également l’aspect répétitif de notre musique peuventt l’apparenter de près ou de loin à du post-rock…

Je trouve assez révélateur que beaucoup de jeu-nes formations de jazz choisissent un nom comme un groupe de rock, plutôt que sous la forme Julien Behar Quartet par exemple. Le collectif est plus important que par le passé dans le jazz (même si la tendance existe depuis un moment avec Head Hunters, Weather Report, etc.) ?

En ce qui concerne Z Comme, c’est un groupe, c’est indéniable. Même si j’amène pas mal de matière à jouer, le travail est collectif, dans les arrangements, les propositions, certai-

nes compositions... Ça ne peut pas fonctionner autrement ! La musique que l’on joue a besoin d’être partagée, malaxée et éprouvée ensemble comme une pâte...

Le jazz est souvent vu comme une musique conser-vatrice depuis le milieu du rock (qui peut être tout aussi conservateur parfois). À juste titre ou pas ? Comment est perçu Z Comme dans le mi-lieu du jazz ?

Si on consacre sa vie au Be Bop, forcement on est dans un certain conservatisme (et c’est aussi oublier que le Be Bop à l’époque a été lui-même rejeté par les conservateurs qui lui préféraient le style New-Orleans). Il est dif-ficile de parler de jazz, ou de rock d’ailleurs, comme d’une esthétique figée, fermée, tout cela est pluriel et extrêmement varié. Le jazz ne cesse de grandir, d’évoluer et, comme à ses débuts, il brasse, métisse, explore... En ce qui concerne Z Comme, c’est plutôt borderline ! A cheval sur plusieurs fronts, donc perçu comme un mélange de genres.

Il va y avoir 3 concerts de jazz sur ce trimes-tre au Chabada : BadBadNotGood, GoGo Penguin et Z Comme. La preuve que le jazz a bien sa place parmi les musiques actuelles ? Que penses-tu de ces deux groupes ? En quoi innovent-ils d’après toi ?

Et oui, le jazz y a toute sa place ! Les fron-tières explosent et c’est ça qui est bon ! Les BadBadNotGood sont clairement dans un propos groovy, hip hop dans l’énergie. Ça joue tendu et compact, ça danse. Les GoGo Penguin penchent un peu plus pop british, forcement, et electro. Ça sonne plus acoustique également, ce qui les rapproche un peu plus du jazz. Mais toujours cette préoccupation du groove, de la danse. Un point partout ! C’est ce rapport à la danse qui les unit et c’est en ça qu’ils innovent, ou reviennent aux racines de cette musique, pour mieux la transcender.

Si tu devais conseiller trois disques de jazz à des gens qui n’en écoutent pas vraiment ?

«Shack-Man» de Medeski Martin & Wood pour la danse ; «A Turtle’s Dream» d’Abbey Lincoln pour la voix, cette présence, l’émotion ; «Bojan Z Quartet» de Bojan Z pour le mariage du jazz et de l’Europe centrale. Et j’en rajoute un qua-trième, «We da man» de Ambitronix, pour la fo-lie ! C’est un duo clavier-batterie avec Benoit Delbecq et Steve Argüelles. Bonnes écoutes !

Z Comme jouera en apéro-concert au Chabada le mardi 17 Mars 2015.

zcommemusic.blogspot.fr

Crédit photo: Cécile Le Couviour

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InterviewRencontre

Quand as-tu commencé à faire des beats ?

Ca fait déjà un bail en fait. J’ai commencé par bidouiller des sons tout seul de mon côté. Ca ne ressemblait pas à grand chose au départ. (rires) Puis vers 2007 ou 2008 on a monté un duo avec mon pote du collège, Hugo. On s’est appelé Hugo / PieR tout simplement. Lui est au micro, et moi aux machines. Depuis la fin 2013, on s’est rebaptisé Remington quand on a sorti notre deuxième maxi. On enregistre très bien-tôt le prochain. Sur scène, il y a un second rappeur pour épauler Hugo, qui s’appelle

Bentham. A côté, j’ai continué à développer un projet en solo qui s’appelle donc Spectateur. C’est sans doute un peu plus electro que ce que je fais avec Remington, car j’ai plus de place sur les instrumentaux vu qu’il n’y a pas de MC. Je peux donc ajouter des choses plus mélodiques. Mais j’ai beaucoup de mal à définir vraiment la musique que je fais.

spectateurLes aléas des agendas de bouclage nous ont trop souvent fait manquer les sorties du jeune

et discret producteur/beatmaker angevin Pierre Morel a.k.a spectateur. nous le surveillons

pourtant depuis le début, persuadés que nous tenons là un futur grand nom des musiques

électroniques à Angers ou ailleurs. Alors qu ’il est omniprésent en ce début d ’année 2015 (il

est au casting de trois disques chroniqués en fin de ce Yéty), l ‘occasion était trop belle de

conjurer le sort et de lui poser enfin quelques questions sur son travail d ’homme de

l ’ombre. Retrouvez cet entretien sur www.lechabada.com

sAMPLeur eT

sAns reProche

Crédit photo: Jaw

Page 9: Le Yéty 104 / Mars-juin 2015

Tu viens de sortir ton quatrième maxi sous le nom de Spectateur ?

Oui, et celui-ci, j’en suis assez content. Les autres, je n’entendais que les défauts lorsque je les réécoutais. J’ai par exemple raccourci la longueur habituelle de mes morceaux, pour éviter les passages qui tournent un peu à vide ou les intros de 2mn qui ne servent à rien. (rires) Là, j’entends encore bien évidemment quelques défauts, mais je trouve que j’arrive enfin à vraiment composer ce que j’ai dans la tête. J’ai donc cherché une petite structure pour pouvoir le sortir dans de meilleures conditions, vu que je suis nul en promo...

Tu as aussi signé la plupart des instrumen-taux du premier album solo d’Equanim (l’un des MCs de Nouvel R) et ceux du premier EP de Bentham ?

Oui, j’étais super content que ça se passe aussi bien avec David (alias Equanim). Il est l’une des tout premières personnes à qui j’ai proposé mes productions. J’étais donc déjà super fier qu’il en choisisse une pour poser dessus. Puis, de fil en aiguille, il m’en a pris d’autres. Et au final, je signe cinq des sept titres de son album. Les deux autres sont signés Koni, le beatmaker de Nouvel R, et Jaw, avec qui je forme par ailleurs le duo de beatmakers L’Horlogerie. Et j’ai donc effecti-vement produit les instrus du premier maxi de Bentham, qui accompagne Remington sur scène, comme je te le disais.

Quand tu composes, tu sais déjà à l’avance si ça sera un morceau pour ton solo, pour Reming-ton ou pour un autre rappeur ?

Non, rien n’est jamais vraiment réfléchi dans ce que je fais. Je fonctionne beaucoup à l’instinct. Et comme je produis beaucoup, j’ai des tas d’instrus qui s’accumulent dans mon ordinateur. C’est au fur et à mesure que j’avance dans le morceau que je visualise ce que je pourrai en faire, ou à qui il profitera le mieux. Tous mes morceaux sont construits à base de samples. Parfois, je rajoute un peu de synthés dessus pour donner un peu de corps, mais la grosse partie de mon travail se résume à trouver des samples et à en tirer le maximum. C’est à dire que je passe mes nuits à écouter des tonnes de musique dans des tas de genres différents et soudain un petit truc dans tel ou tel morceau me touche : une partie de batterie, une ligne de basse, une guitare, une flûte, etc. Je l’échantillonne, je le dissèque, je le reconstruis, j’essaie de le pousser au maximum de ses possibilités, et suivant ce que donne le morceau, je vois s’il reste de la place pour une voix ou non. Ensui-te, à force de travailler avec Hugo, je sais aussi quels types de tempo ou d’ambiances il apprécie, donc je distribue aussi les beats en

fonction de ces critères. Après, il m’arrive aussi de proposer tel ou tel beat aux rappeurs de mon entourage parce que je me dis que ça collerait bien à leur univers. J’avoue aussi que parfois il m’arrive de trouver le morceau tellement bien que je préfère le garder pour mon solo ! Les autres vont me tomber dessus quand ils vont lire ça ! (rires)

Quels sont les artistes qui t’ont donné envie de composer des instrumentaux à partir de sam-ples ?

Finalement, je n’ai pas tellement écouté les classiques hip hop du sampling comme DJ Premier ou Pete Rock, etc. Je suis passé directement à la génération suivante, avec les artistes des labels Anticon ou Stones Throw. Je suis très fan de gens comme Madlib, J-Dilla, Oh No, Flying Lotus... Plus récem-ment, j’ai carrément accroché sur le travail d’Adrian Younge. J’ai aussi pas mal écouté les trucs electro qui sortaient sur les labels Warp ou Ninja Tune. Un type comme Amon Tobin, par exemple, a beaucoup tourné chez moi à une époque.

Est-ce que tu arrives à écouter de la musique sans forcément essayer d’y chercher un sam-ple ?

Oui, bien sûr. Je n’aime pas tel ou tel dis-que juste parce que je peux y trouver de la matière à sampler. De même, je n’écoute pas le travail des autres artistes qui travaillent à partir de samples pour le décrypter et com-prendre comment ils ont réussi à faire tel ou tel truc. Du moins, ce n’est pas ma motivation première. Après, je peux parfois l’écouter avec cette idée en arrière-pensée. Mais des types comme Madlib ou J-Dilla sont tellement en avance sur leur temps que même lorsque tu connais le morceau original qu’ils ont samplé, tu ne comprends pas toujours comment ils en sont arrivés au résultat final sur leur mor-ceau. Parce qu’ils y ajoutent des effets, les ralentissent, les accélèrent, les triturent, ils ne les découpent pas comme le commun des mortels l’aurait fait naturellement. Du coup, ils créent des mini-décalage dans le tempo, ce qui crée ce groove si particulier, très jazz. Moi, ce que je recherche avant tout dans la musique, quelle qu’elle soit, c’est qu’elle m’évoque des images mentales. Si je vois des choses dans ma tête quand j’écoute un disque, c’est gagné.

Quels sont tes projets à court terme ?

Je vais travailler avec un autre rappeur sur Angers, Cerbère. Je l’accompagnerai également sur scène. Et je dois faire des beats pour un rappeur américain de San Diego qui s’appelle Jeremiah Bonds et qui a un pur flow !

soundcloud.com/spectateur

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Sorties de disques

On avait croisé l’an dernier le nom de Bentham sur la compilation «Cool Sessions Ouest» de Jimmy Jay, avec son très bon «Tempête dans un verre d’eau». Le jeune MC surmotivé lâche aujourd’hui un premier maxi tout aussi prometteur pour l’avenir du rap angevin. Sur des instrumentaux vraiment classes de Spectateur, Bentham montre qu’il porte autant de soin à ses textes qu’à son flow. Sur ce dernier point, on sent pourtant que Bentham peut encore progresser pour proposer des choses un peu moins linéaires, mais comme on pense parfois à Gérard Baste des Svinkels sur certains titres (notamment «600 Dollars Chaus-sures»), vous comprendrez que le niveau de base est déjà plutôt élevé. La fin de l’EP («Papilles Amères», «Xibalba») laisse d’ailleurs entre-voir les directions que Bentham pourrait creuser à l’avenir, avec des morceaux plus développés -un seul titre dépasse les trois minutes ici- et un flow plus varié. Ajoutez à cela une manière de fonctionner très Do It Yourself inspiré du milieu punk/hardcore (Bentham croise souvent le chemin des Wank For Peace), et vous admettrez que ce projet inspire la sympathie. Notez ce nom, vous allez en réentendre parler, c’est certain.

benthamb265:153, In Laudatione(Autoproduit)

bentham1.bandcamp.com

Il faut croire qu’entre Nouvel R et Les Frères Casquette, David Lorphelin aka Equanim (anciennement Geni-K) avait encore des trucs qui lui pesaient sur la patate. Et dans ces cas-là, quand on est un bon rappeur, on pose ses états d’âme sur des morceaux. Servi à merveille par la jeune garde (Spec-tateur et Jaw de L’Horlogerie), Equa-nim sort tout ce qui le débecte dans la société actuelle (cynisme politique, individualisme, intolérance, bêtise humaine...), tantôt de manière humo-ristique («Tout se casse la gueule»), tantôt de manière plus désabusée («Ne comptez pas sur moi», «Lais-se-moi être triste», «Y aurait plus le droit»). On ne pourra pas dire qu’on est surpris de la qualité des textes du bonhomme vu qu’on suit son travail depuis ses débuts dans Les 4 vérités., mais on continue d’admirer après toutes ces années son sens de la méta-phore ou de la formule qui vise juste. Bien entendu, les potes de toujours ne sont jamais bien loin: Koni et Sseca de Nouvel R viennent pousser la rime, ainsi que la relève avec Cerbère et Lowschool. On espère en tout cas qu’on entendra un jour les énormis-simes «Enchaînements d’idées» ou «Mon Premier Mot» sur scène (avec Nouvel R?). On regrettera donc juste que ce disque n’existe qu’en digital. Pour le moment?

equanImenchaînements d’idées(Autoproduit)

equanim.bandcamp.com

Il y a des obsessions dont on ne se débarrasse jamais. Depuis le début des années 90 et le groupe Caline Georgette (puis Akeikoi), les trois frères Livenais creusent inlassable-ment le sillon d’un afro-rock, qui se veut une synthèse de leurs influen-ces anglo-saxonnes et de leur amour pour la musique mandingue d’Afri-que de l’Ouest. Kunbe est donc né au printemps 2012 au Mali et réunit les Livenais + trois musiciens ma-liens, dont l’actuel chanteur du my-thique Super Rail Band de Bamako, Mountaga Diabaté. Enregistré entre Angers et Bamako, ce premier EP 5-titres est pourtant finalement plus posé que ce que le projet pourrait laisser espérer sur le papier. Le titre du disque annonce d’ailleurs plutôt bien la couleur: on évolue effective-ment en plein groove mandingue, relativement traditionnel donc, même si le très bon «Furu» entame le disque sur les chapeaux de roue et que «Fôli» ondule comme un blues tamashek. On suppose que l’énergie rock prend surtout sa revanche sur scène où le gang Livenais s’est tou-jours montré plus qu’à son aise. Vous pourrez le vérifier par vous-mêmes en première partie de Ibibio Sound Machine le 27 Mars prochain.

kunbebamako Groove (Autoproduit)

kunbe.bandcamp.com

Page 11: Le Yéty 104 / Mars-juin 2015

Après un premier album remarqué en 2013 chez Ego Twister qui l’a installé dans une position d’outsi-der crédible de la scène post-punk française, San Carol confirme l’essai avec un très bon second disque, am-bitieux et maîtrisé de bout en bout. Les synthés 80s de «La Main Invisi-ble» ont laissé le champ à un groupe plus rock, plus organique, à l’image de ce que San Carol joue sur scène. Cet «Humain Trop Humain» est donc plus hargneux, plus rugueux. Maxime Dobosz, le cerveau de San Carol, n’a pas perdu sons sens du songwriting pour autant et signe quelques hits potentiels («Cosmi-cia», «Oxyon 777», «Venture», «Le Graal Ardent»...) et se permet même de surprendre en poussant sa voix vers des cimes insoupçonnées («Harmonie Holistique», «Le Royaume de Dieu»). Mais le mo-ment de bravoure de cet album s’ap-pelle «L’oeil s’ouvre» avec ses onze minutes d’ascension abrupte vers un orgasme final complètement addic-tif. Les fans de Battles, Holy Fuck ou Marvin devraient y retrouver leurs petits. Si le premier disque de San Carol naviguait en pleine new wave, ce nouvel effort sent donc davantage le krautrock à la mords-moi le Neu! et ses superpositions de grooves motorik qu’on conseillera autant aux fans de Battles qu’à ceux de Nine Inch Nails. La classe!

san caroLhumain trop humain(Ruralfaune / Wild Valley)

sancarol.bandcamp.com

C’est le troisième disque chroniqué dans cette double-page qu’orches-tre le jeune beatmaker Pierre Morel aka Spectateur (cf. son interview en tournant la page de gauche). C’est dire si le bonhomme est productif en ce moment. On l’a donc vu ter-riblement efficace avec des beats hip hop (cf. Equanim, Bentham), mais son projet solo nous démontre qu’il peut également aller beaucoup plus loin dans l’abstraction. Ce quatrième maxi explore ainsi en cinq titres les chemins de traverse déjà défrichés par J-Dilla, Flying Lotus, Dimlite et quelques autres. Spectateur n’a abso-lument pas à rougir face à ces illustres aînés. À la croisée d’un certain hip hop instrumental, de l’electronica et du jazz cosmique, son «Tiphareth» surprend par sa maturité, son sens mélodique évident et la richesse de ses ambiances («Empathie» et sa plongée en Asie, «Curves» et ses faux-airs de post-rock, «Infini» et sa ritournelle folk, l’orgue du magni-fique «Tiphareth»). C’est le genre de disque à écouter au casque pour découvrir la foultitude de détails qui se planquent derrière la rythmique qui claque. Les vieux qui ont été bi-beronnés aux disques de DJ Krush dans les années 90s devraient donc y trouver leur bonheur autant que les jeunes geeks fans des sorties du label Brainfeeder.

spectateurtiphareth(TFTC Records)

spectateur.bandcamp.com

Thylacine est sorti de l’ombre de sa chambre d’étudiant il y a tout juste un peu plus de deux ans, mais ses premiers tubes qui fleuraient alors encore bon le trip hop («No Mic Stand», «Foch») paraissent déjà dater d’une autre vie. Non pas qu’ils ne sonnent plus aussi bien aujourd’hui, mais le jeune pro-ducteur angevin semble vouloir tracer sa route à vitesse grand V sans jamais se retourner. Chaque nouvel EP (son quatrième en deux ans!) creuse donc le fossé avec son prédécesseur, s’éloignant même de plus en plus des musiques électroniques telles que les danseurs l’entendent généralement, pour se di-riger vers des expérimentations répéti-tives de motifs rythmiques à la Philip Glass ou Steve Reich. Même le mor-ceau «Closing», qui accueille à nou-veau la chanteuse californienne Dylan Nichols (désormais simplement rebap-tisée Dyllan), traite la voix comme tout autre élément sonore percussif, sans jamais chercher à créer une mélodie fa-cile. A en croire sa fulgurante ascension (il a rempli la grande salle du Chabada de 900 personnes pour sa carte blanche en Janvier dernier), Thylacine réussit le pari dingue de rencontrer toujours plus de succès au fur et à mesure qu’il com-plexifie sa musique et qu’il s’éloigne des formats pop. Vivement la suite!

thyLacIneexil(Intuitive Records)

thylacine.bandcamp.com

Page 12: Le Yéty 104 / Mars-juin 2015

« Ça faisait trois ans qu’on avait l’idée d’organiser un concert au Boléro. On était même dégoutés quand on a appris que Peter Von Poehl allait y jouer avant nous (rires). Le lieu est idéal dans sa situation géo-graphique, et en terme de jauge. Et les gens ne sont pas habitués à le voir sous cet angle. Le bâtiment est très beau avec son style rococo. On n’y fait jamais trop gaffe quand on y va un peu éméché à 3h00 du mat’... On a donc organisé ce concert pour présenter notre tout nouveau répertoire juste avant d’aller l’en-registrer à Baltimore dans le studio de J. Robbins. C’était aussi notre premier concert sur Angers avec Matt, notre nouveau batteur. C’était également une façon de renflouer les caisses du groupe qui nous convenait mieux qu’un truc sur kisskissbanbank par exemple, et c’était un bon test pour valider nos choix sur les nouveaux morceaux. Même si ça nous collait une petite pression au cas où les gens n’auraient pas vraiment accroché. (rires) Mais ça n’a pas du tout été le cas. C’était plein à craquer, on devait être plus de 200 personnes bien collées-serrées dans la salle. Pure ambiance! Et les retours que les gens nous ont faits nous ont rassurés et gonflés à bloc pour le départ pour Baltimore. Plus terre-à-terre, c’était assez drôle d’arriver dans le Boléro un sa-medi après-midi et de se dire qu’à 20h00 tout devait être prêt pour un concert de rock. On avait emprunté la sono et les lumières au réseau de copains et on a passé six heures à transformer LE dancing d’Angers en club de rock’n’roll. Et il fallait bien sûr que la prin-cesse ait retrouvé ses atours avant minuit vu que les clients habituels arrivaient pour danser comme à l’habitude. Un super moment! »

(Etienne Belin, guitariste)

« Nous sommes partis le 16 Janvier, dans un contexte un peu particulier puisque les attentats à Charlie Hebdo et de l’épicerie casher s’étaient dé-roulés peu de jours auparavant. On était donc en pleine polémique «Qui est Charlie? Qui n’est pas Charlie?». Et nous n’avions pas du tout envie de rentrer là-dedans, de nous retrouver à l’étranger les représentants ou les symboles de quelque chose qui est fatalement plus compliqué qu’une position binaire. Nous étions invités par l’Alliance Française, et quand nous sommes arrivés on nous a expliqué qu’il était préférable d’annuler toutes les rencontres promo du séjour, pour justement éviter d’avoir à prendre la parole sur un sujet qui pouvait prêter à confusion. Nous avions plusieurs émissions de TV ou de radio de prévues qui n’ont donc pas eu lieu. Nous devions être présents cinq jours au départ, et il était trop tard pour changer les billets d’avion. Nous avons donc fait six heures de vol, et sommes restés cinq jours sur place pour ne jouer finalement qu’un seul concert au Théâtre du Musée National. Du coup, quand on est montés sur scène, on a senti une sorte de libération. On se sentait un peu comme des lions en cage. Au final, ça a été un très bon concert. La salle était pleine, environ 400 per-sonnes, essentiellement des locaux, alors que nous jouions là-bas pour la première fois. On a aussi eu la chance d’assister à une cérémonie traditionnelle dans un quartier pas du tout touristique. Une dame est alors venue nous voir pour nous accueillir, et nous dire qu’elle voulait qu’on sache que sa religion ne cautionnait en rien ces attentats. »

(Nicolas «Kham» Meslien, contrebasse)

> QUi ? daria> Où ? Le bOLerO, angers> QUand ? 17 janvier 2015

> QUi ? LO’jO> Où ? kOWeiT CiTY> QUand ? 19 janvier 2015

Crédit photo: Paul Besnard

Crédit photo: S Faisan