lebel int d - jeunesse en mission montréal | jeunesse en mission … · 2020. 4. 23. ·...

Imago DeiDevenir pleinement humain

Pierre LeBel

Lebel int D 10/30/06 10:40 AM Page 1

Imago DeiDevenir pleinement humain

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Pierre LeBel

« Je changerai devant eux les ténèbres en lumière. » (És. 42.16)


Éditeur et diffuseur : Les Éditions La Clairière © 2006215, rue CaronQuébec (Québec) G1K [email protected]

Imago Deï – Devenir pleinement humain par Pierre LeBel, 1952 –

Tous droits réservés. Aucune portion de cette publication ne peut être reproduitesous aucune forme, sauf de brefs extraits dans des revues, sans permission préa-lable de l’éditeur.

Infographie : Richard Ouellette, infographiste [email protected] Page couverture : Discarding The Frame de Mark Tansey, 1993. © MarkTansey, 1993, courtoisie de la Gagosian Gallery, New York. Traduction des citations : Nicolas Roy et Bernard Tremblay (chapitre 1).Révision : Evelyne Hébrard et Carole Tapin.Impression : Imprimerie AGMV Marquis, Montmagny, Québec, Canada.

Imprimé sur papier Enviro blanc 100% recyclé.Sauf mention contraire, les citations bibliques sont extraites de la Bible,version La Colombe, Société Biblique Française, © 1978.

Dépôt légal : 3e trimestre 2006Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque nationale du CanadaISBN-10 : 2-921840-68-5ISBN-13 : 978-2-921840-68-2Imprimé au Canada


Préface

L’origine de ce livre remonte à 1980 lorsque je préparaisun cours sur le rejet et l’acceptation de soi. À la mêmeépoque, je lisais le livre de la Genèse et voilà que j’ai dé-

couvert des éléments clés pour ce cours qui commençaient à prendreforme en mon esprit. C’est à l’été 1985 que la pensée est née en moique cette réflexion, ce cours, que j’avais continué à donner et à appro-fondir, devait un jour être publié.

Bien que de nombreuses années soient passées, la conviction depublier, elle, est demeurée. Et, avec ces années, le sujet et le contenudu cours se sont élargis et approfondis. J’espère que ces années d’at-tente auront permis à la substance de ce livre de devenir encore plusagréable et riche, pour l’âme et l’esprit de ceux et celles qui me liront.

Plusieurs de ma génération n’ont jamais considéré au-delà desformes extérieures les dessous, les fondements et les raisons descroyances et des pratiques de la spiritualité chrétienne. C’est pour euxque j’écris ce livre, qui se veut en quelques sorte une vulgarisation dela foi, une approche qui, je l’espère, leur sera plus accessible et quileur donnera des éléments de réponse.

Je remercie en particulier Pierre Gilbert, professeur de théologie,qui a lu et commenté mes textes chapitre par chapitre et qui m’a, àmaintes reprises, encouragé avec les phrases suivantes : «Écris ce quetu veux dire» et «Pourquoi ne pas dire ce que tu veux dire?», uneexhortation que j’espère avoir satisfaite.

Merci à Evelyne Hébrard pour les longues heures passées à corri-ger mes textes. Merci à Nicolas Roy pour la traduction de plusieurscitations. Je remercie également Carole Tapin pour la révision finaledu livre. Je n’aurais jamais pu terminer ce projet sans vous. Merci dem’avoir aidé à m’exprimer.


Puisque ce livre était à l’origine un cours, vous trouverez desquestions à la fin de chaque chapitre que vous pouvez utiliser pourfaire le point sur vos propres pensées. Ces questions peuvent aussiêtre utiles à ceux et celles qui veulent discuter du contenu en groupe.

— Pierre LeBel

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Introduction

En 1990, le Musée des beaux-arts de Montréal a présenté unerétrospective du célèbre artiste américain, Mark Tansey1.Par ses oeuvres, Tansey, que je trouve à la fois cocasse et

perspicace, nous amène, selon moi, à réfléchir sur les enjeux deschangements philosophiques et culturels majeurs qui se produisent ànotre époque, en particulier ceux liés à la transition de la modernité àla postmodernité. Je vois dans plusieurs de ses tableaux la précarité etl’incertitude, et même le vertige associé à ces changements2.

Dans un tableau de 1993, Discarding The Frame (Rejeter le cadre),je peux y lire le danger pour les êtres humains de rejeter d’emblée lescadres du passé. Dans ce tableau, nous y voyons deux hommes qui setrouvent à l’intérieur d’une caverne et qui jettent un grand cadre dansun trou profond, là où il serait impossible de le récupérer. Il s’agit d’unvieux cadre représentant une tout autre époque. Le cadre, venant de quit-ter leurs mains, est suspendu en l’air. Il est mis en évidence, illuminépar la lumière du jour, qui pénètre l’entrée de la caverne, et par sonombre qui apparaît sur le mur de granit de l’autre côté du précipice.La séquence rapide des images que nous propose le tableau : les deuxhommes à l’intérieur de la caverne, le cadre qui quitte leurs mains, ce quisemble être une chute d’eau et, pour terminer, le reflet des hommes (bienmalgré eux) à l’intérieur du cadre sur le mur, saisit et nous surprend.À l’origine et dans les faits, les hommes et le cadre sont distinctementséparés. Mais, à cause de l’angle de la lumière, l’ombre des hommeshabite l’ombre du cadre.

Tansey semble vouloir dire que, bien que les cadres dans notre viepuissent nous sembler dépassés ou superflus, tels des structures quin’ont plus rien à voir avec notre vie, il n’en est pas forcément ainsi.Nous pensons pouvoir assez facilement rejeter les cadres du passé (les


contraintes culturelles, philosophiques, politiques, morales ou religieu-ses), mais la réalité est telle qu’une partie de notre identité, du moins,y est toujours intimement associée, voire liée, ce qui s’avère un motplus juste. Il y a ici une mise en garde. Rejeter les cadres du passé n’estpeut-être pas aussi simple que nous le croyons. Serait-il possible que lescadres que nous pensons rejeter nous encadrent toujours, possible-ment sur des plans plus subtils et profonds de notre vie? Nousconnaissons le dicton: il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Onpourrait aussi dire : il ne faut jamais jeter le cadre sans d’abord avoirbien regardé l’image qu’il contient.

Dans ce livre, j’explore les diverses visions du monde qui sontproposées à l’individu contemporain ainsi que le sens que celles-cidonnent à sa vie. Je m’attarde en particulier au thème de l’image deDieu dans le récit de la Genèse ainsi que dans la vie du Christ. Cefaisant, je m’efforce de dépoussiérer un vieux cadre depuis longtempsabandonné. Qui sait ? Peut-être que l’image que j’en peindrai, prendraun sens nouveau pour plusieurs. Au-delà de la définition du cadre, jecherche surtout à préserver l’intégrité d’une image : celle de notrehumanité. Comme point de départ, la Genèse nous propose le textesuivant :

Au commencement…Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa.GENÈSE 1.1, 27

Ce passage est unique parmi tous les textes de l’Antiquité et ilnous raconte la création de la race humaine. Aucun autre ne lui est com-parable. Il est particulier au récit de la Genèse, qui résume en six joursla création du ciel et de la terre. Ce verset du sixième jour, étonnammentcourt, composé de quelques mots seulement, a su provoquer, éveiller,nourrir et soutenir la pensée, l’âme et l’esprit des êtres humains depuisplus de 3500 ans.

Il en ressort trois particularités: nous avons été créés par Dieu (sansque le texte nous dise comment), il nous a créés homme et femme et,

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les êtres humains que nous sommes devenus reflètent Dieu. Le textecherche à nous transmettre une valeur qui nous est propre. Nous som-mes porteurs de la grandeur de l’image divine.

Quel pourrait donc être l’objectif de la vraie spiritualité? Serait-ilde nous permettre de découvrir et de vivre pleinement notre humanité,de l’accepter et de l’aimer ainsi que celle de notre prochain? Le textesuggère aussi qu’il n’y a pas de plus grande humanité que celle qui estspirituelle, qui cherche à refléter son Créateur, parce qu’elle trouve enlui la source de son identité.

Mais, voilà que l’on fait face à un problème: celui du cadre rejeté.Ce texte nous vient d’une tradition judéo-chrétienne, que nous avons,du moins en Occident, en grande partie refusée. Peut-on revenir enarrière?

Bien qu’il soit rare d’aller dans un atelier uniquement pour voirdes cadres, nous savons que les cadres sont importants et doivent êtrebien choisis pour mieux contenir et mettre les tableaux en valeur. Ilexiste donc des commerces, des boutiques spécialisées, qui ne fabri-quent et ne vendent que des cadres. Règle générale, nous choisissonsun cadre seulement après avoir terminé ou sélectionné une peinture.J’inverse ici l’ordre et vous invite, dans le premier chapitre, à faire le tourd’une galerie de cadres avant de vous rendre à l’atelier de l’artiste. Cechapitre peut donc paraître un peu théorique puisque nous n’avons pasencore considéré l’œuvre qui doit être encadrée. Qu’importe, nousvoulons dans un premier temps soulever un certain nombre de ques-tions, telles que :

• Quelles sortes de cadres nous sont proposées? • Quelles sont les options qui nous sont offertes ? • Quel cadre ou vision du monde contient le mieux notre identité

en tant qu’êtres humains? • Quel cadre ou vision du monde est le plus conforme à la réalité ? • Lequel nous offre le meilleur avenir en tant que société?

Dans les autres chapitres, je m’intéresse plus spécifiquement àl’œuvre principale du Créateur dans la création : les êtres humains. Ledésir du Créateur consiste toujours à préserver et, surtout, à libérer et

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à mettre en valeur l’intégrité de son image, reproduite chez les êtreshumains. C’est le but ultime de toute discipline spirituelle.

1. Du 13 juillet au 16 septembre 1990.2. Vous trouverez dans notre bibliographie plusieurs sites Internet qui exposent les

tableaux de Mark Tansey.

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TABLE DES MATIÈRES

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Premier chapitre : LA QUÊTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Deuxième chapitre : L’IMAGE DE DIEU . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Troisième chapitre : LA RUSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

Quatrième chapitre : L’IMAGE BRISÉE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

Cinquième chapitre : LE REJET DE SOI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

Sixième chapitre : L’HOMME DIEU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

Septième chapitre : LA MÉDIATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

Huitième chapitre : L’IMAGE RESTAURÉE . . . . . . . . . . . . . . . 167

Neuvième chapitre : L’IMAGE CONSOLIDÉE . . . . . . . . . . . . . 183

Dixième chapitre : PROTECTION ET PARTAGE DE L’IMAGE 213

Le livre de la Genèse 1-3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239

Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245


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