legislatives gabonaises (sept.-oct. 90)

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Unique essai sur le sujet réalisé en son temps par Maurice Ndoume Nzé (1954-1992).

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ISBN: 2-9505434-0-5

Transcodage et mise en page par EDI (Etude et Documentation Internationales)

29, rue Descartes, 75005 ParisTél.: (1) 43 29 55 20

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Reprographie - Copie-Service Zara77, rue du Cardinal Lemoine

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En vente:

Librairie L’Harmathan et Présence Africaine: 20 FF (1000 CFA)

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Élections législatives gabonaises

INTRODUCTION

L'année 90 aura été un tournant de l'histoire de l’Afrique

noire. Deux défis, distincts et liés, sont à relever par les africains. Le

premier est la construction d'un état de droit par l'application des principes universels de la démocratie dans la vie nationale. Le deuxième est la recherche d’une meilleure voie de développement économique et sociale à l’aide de l'outil démocratique.

Le Gabon, comme plusieurs pays d’Afrique noire connait ainsi de nouvelles expériences de vie sociale et politique marquées du sceau du pluralisme idéologique et politique.

Les dernières élections législatives de Septembre-Octobre 90 constituent en cela un spectre complexe de réflexion sociale qui nécessite un déchiffrage approfondi.

Ce petit essai, qui vise par ailleurs à secouer les torpeurs d’antan, tentera en quelques tableaux et commentaires de commencer le décryptage de ces élections législatives, véritable miroir de la société gabonaise.

Mon vœu est que d’autres essais plus argumentés soient produits avec évidemment comme objectif d’apporter quelques réponses fussent-elles partielles sur les multiples difficultés d’interprétation de notre spectre social et politique gabonais. En d'autres

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termes, que tous ensemble, nous puissions contribuer à la levée des obstacles qui se dressent sur notre longue marche vers la démocratie et un développement homogène et durable de la société gabonaise.

Je présente mes excuses au lecteur dès maintenant pour les erreurs éventuels qu'il trouverait dans les tableaux chiffrés, bien que nos sources soient celles du journal l’Union, l’organe de presse de l'État.

Toute la presse nationale, indépendante et étatique a été unanime pour reconnaître après le 16 Septembre que l’organisation de ces élections législatives n’a pas été un modèle du genre. L'impossibilité d’accéder aux listes électorales, la non communication du nombre de votants et d'abstentions après deux mois d'annonce des résultats globaux, sont des preuves irréfutables de l’existence de zones d’ombre contraires à la glasnost (transparence) souhaitée et expliquent donc la présence quasi-inévitable d’erreur.

En outre certains recours entraîneront probablement quelques corrections sur les résultats électoraux.

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A.- DÊGRÉ D’EXPRESSION PLURALISTE AU GABON

Ce paramètre est un indice de mesure qualitative de la vie

démocratique sur le territoire national. Plus le nombre de candidats en compétition démocratique est élevé dans un lieu géographique donné, plus grandes sont les libertés d’association et d’expression dans ce lieu.

A.1. Degré d’expression pluraliste par province

5,1 (5)

4,5 (5)

2,5 (3)

3,1 (3)

5,6 (6)

3,8 (4)

6,4 (6)

1,9 (2)

6,7 (7)

17

13

10

9

10

17

9

17

18

87

59

25

28

56

65

58

32

120

Woleu Ntem

Ogooué-Maritime

Ogooué-Lolo

Ogooué-Ivindo

Nyanga

Ngounié

Moyen-Ogooué

Haut-Ogooué

Estuaire

Degré de pluralisme

Nombre de sièges

Nombre de candidatsProvince

Tableau 1. Degré d’expression pluraliste dans chaque province

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Élections législatives gabonaises

Remarque

N.B. : Pour faciliter la compréhension, nous avons mis entre parenthèse le chiffre arrondi qui donne ainsi le nombre de candidats en compétition pour un siège. Ce tableau a été établi sut la base des listes de candidats parues dans le n° spécial du journal l'Union du 13 Septembre. Aux 520 candidats annoncés d' autres se sont ajoutés. Le problème se complique encore plus après l’annulation partielle du scrutin du 16 Septembre. Malgré donc certaines erreurs inévitables en- tre le scrutin du 13 Septembre et celui du 21 Octobre les moyennes calculées pour chaque province varient peu.

A.2 - Commentaires.

A.2. a Niveau d’expression pluraliste dans chaque province.

• On remarque dans la quasi-totalité des provinces que trois candidats au moins entrent en compétition pour l’obtention d'un siège; avec des moyennes de 7 et 6 candidats pour un siège dans les provinces de l'Estuaire et du Moyen-Ogooué. Il faut signaler que le record d'expression pluraliste a été battu dans la compétition pour le 2ème siège dans le 3ème arrondissement (Akébé Plaine...) de la capitale, Libreville avec 14 candidats. Notons que la moyenne nationale d'expression pluraliste étant de 4 candidats pour un siège au scrutin du 13 Septembre, 3 provinces sont en dessous de cette moyenne nationale d’expression pluraliste :

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le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Lolo et L'Ogooué-Ivindo (tableau 1). Cette moyenne nationale monte à 6 candidats pour un siège au scrutin du 21 Octobre (380 candidats divisé par les 62 sièges à pourvoir). A.2.b - A propos du découpage électoral.

*Ce tableau révèle des non-sens sur le découpage électoral effectué à l’occasion de cette consultation électorale. L’indice de population qui doit constituer le critère de répartition des sièges a été mis de côté. Un des non-sens les plus flagrants est celui d'attribuer à peu près le même nombre de sièges aux provinces de l'Estuaire (Libreville), du Woleu-Ntem (Oyem) de la Ngounié Mouila) et du Haut-Ogooué (Franceville). Toutes les sources démographiques, malgré leur disparité s’accordent au moins à reconnaître que l’exode rural a entraîné ces dernières années, une concentration humaine incontrôlée dans nos grandes capitales africaines. Ainsi Libreville regroupe près du tiers de la population du Gabon. Environ 300 000 âmes vivent dans la capitale si l'on considère le chiffre d'un million d’habitants.

Il est donc anormal que les 4 provinces précitées aient quasiment le même nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Cette anomalie démontre encore une fois que la rationalité n’a pas prévalu dans ce découpage électoral.

Il faut Vraiment souhaiter que ce facteur démographique soit mieux apprécié dans l’avenir proche de notre pays, non pas tant pour des considérations électorales, mais pour l'objectif du développement national.

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L'aspect persuasif du degré d'expression pluraliste, qui a

permis de mesurer la volonté indéniable des partis politiques de jouer le jeu démocratique sur tout le territoire national, ne permet pas d' évaluer quantitativement leurs efforts respectifs. Le score de chaque parti dans chacune des provinces du Gabon nous permettra de mieux mesurer leur degré d'implantation réel, leur représentativité nationale.

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B. - REPRÉSENTATIVITÉ NATIONALE DES PARTIS

B1. Score national de chaque parti dans les provinces

1201713109101791718Sièges

1000010000UD

1000001000CRP

4000002200USG

6200004000APSG

7600000100MOR

1 8080041104PGP

1 9711310105MRB

6 42496494179PDG

TotalWNOMOLO INYNGMOHOEST

Tableau 2. Score des élus de chaque parti dans les neuf provinces du Gabon.EST: Estuaire; HO: Haut-Ogooué; MO: Moyen-Ogooué; NG: Ngounié; NY: Nyanga; OI: Ogooué-Ivindo;OL: Ogooué-Lolo; OM: Ogooué-Maritime; WN: Woleu-Ntem.

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B.2. Commentaires

B.2.a. Remarques

Ce tableau ne donne pas une photographie tout à fait exacte

des partis à cause du boycott du 3ème tour de scrutin, du 28 Octobre par le MORENA des Bûcherons (MRB). Ce boycott a favorisé plusieurs partis. Par exemple, il est vraisemblable que les 2 respon- sables du MRB, le Père Mba Abessolo et son lieutenant Mba Jules, avec plus de 49 % de voix chacun auraient certainement gagné contre leurs concurrents respectifs du PDG et du PGP, qui finalement l'ont remporté par défaut. Quelques projections après le premier tour du 21 Octobre donnaient une bonne trentaine de sièges au parti des Bûcherons.

*Les nombreuses irrégularités dénoncées lors de cette consul- tation peuvent également remettre en cause la valeur de ce tableau des résultats.

Toutefois, il nous a semblé pourtant nécessaire de mener cette étude de comportement électoral en laissant le soin aux lecteurs d’apporter les rectifications qui s’imposent.

B.2.b. Score de chaque parti politique.

*Le Parti démocratique gabonais, le PDG, et ses 22 ans d’hégémonie sociale et politique, garde une implantation nationale indéniable avec ses 64 élus; notamment dans la partie Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué, Ogooué-Lolo et Ogooué-Ivindo) où le PDG obtient plus de la moitié de ses sièges dans ces 3 provinces (33 sur 64).

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Cette répartition géographique des élus du PDG entraîne un sérieux déséquilibre de son implantation nationale avec un déficit global dans l'ensemble Ouest du Gabon et notamment dans la zone maritime du Gabon. (voir carte en annexe).

Les irrégularités dénoncées ici et là par la presse nationale ou le Comité de suivi des Actes de la Conférence nationale suffisent-elles pour expliquer l'hégémonie géographique du PDG dans le Sud-Est? Quelles sont les parts respectives de la contrainte, ou de l'adhésion dans ce comportement électoral?

*Le MORENA des Bûcherons se retrouve finalement à l'Assemblée nationale avec 19 députés, 1e PDG lui ayant ravi un élu après les élections. Toutefois le faible score de ce parti est la conséquence de l'appel surprenant au boycott de son leaderssimo, le Père Paul Mba Abesssolo. Malgré l’onde de choc que ce boycott a provoqué dans le parti, son implantation nationale est évidente puisque ce dernier obtient, malgré tout, des élus dans toutes les provinces, à l’exception du Haut-Ogooué et de Ngounié.

*Le Parti gabonais du progrès, le PGP, asseoit confortablement son assise dans l’Ogooué-Maritime avec 8 sièges sur les 13. Il réussi de bons scores également dans la Nyanga (4 élus) et dans l'Estuaire (4 élus). Mais son implantation nationale reste incomplète.

* Le Mouvement de redressement national, le MORENA dit fondamental ou originel fait un bon score dans la seule province du Woleu-Ntem avec 6 é1us sur les 7 au total. Les multiples scissions qu’a connu ce mouvement, qui pourtant a été le premier à poser ouverte-

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ment la revendication du multipartisme en 1981 sur le sol national lui valent le déficit électoral actuel.

* L’Association pour le socialisme au Gabon, l’APSG, et ses 4 élus dans la Ngounié et ses 2 élus dans le Woleu-Ntem, souffre également d'un grave handicap électoral national.

*L’Union socialiste gabonaise, l’UDSG, marque quelques points dans 2 provinces avec 2 élus dans 1e Moyen-Ogooué et 2 élus dans la Ngounié.

*Le Cercle pour le renouveau et le progrès (CRP) et l’Union démocratique (UD) entrent dans l'assemblée nationale avec chacun un député.

B.2.c. Présence et implantation réelle des partis.

Il est évident que le nombre d’élus à lui seul, ne donne pas une idée précise de la. représentativité d’un parti ou de sort degré d'implantation réel. Les dirigeants politiques gabonais ont fait preuve de maturité par leur volonté de présenter des candidats de leur parti sur tout le territoire. Mais le tableau(3) bien que qualitatif, donne des indications plus fiables sur la représentativité (ou le degré réel d'implantation) na-tionale des partis politiques. Au nombre d’élus, ce tableau(3) tient compte aussi du nombre de ballottages c’est-à-dire. du nombre de fois où un parti vient en 2ème position après le 1er tour de scrutin. La lecture des pourcentages recueillis par les partis politiques montre en effet que les 2

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premiers partis oui se retrouvent en compétition au 2e tour sont dominants dans la circonscription électorale concernée.

000000**00USG

*0000***000APSG

***0*000*0*MOR

*****0******0***PGP

****************MRB

***********************PDG

WNOMOLO INYNGMOHOEST

Tableau 3. Degré d’implantation réel des partis politiques.(***) bonne implantation;(**) moyenne implantation;(*) faible implantation;(0) implantation quasi-nulle.

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Commentaires

En regroupant les bonnes (3 étoiles) et moyennes (2 étoiles) implantations de chaque parti, on obtient ainsi une mesure qualitative de son degré d’implantation nationale réel. À l’inverse et on considérera qu’un parti faiblement représentatif (1 étoile), ou d'implantation quasi- nulle (0 étoile) n'est pas réellement implanté.

- Ainsi le PDG a une implantation réelle dans les 9 provinces. - Le MRB n’est réellement implanté que dans 5 provinces,

dont le Woleu-Ntem l'Estuaire et le Moyen-Ogooué, l’Ogooué-Ivindo et l’Ogooué-Maritime. Dans cette dernière même si le MRB n'obtient qu'un élu il arrive plusieurs fois en 2ème position.

- Le PGP réussit à s’implanter solidement dans 4 provinces dont l'Ogooué-Maritime, l’Estuaire, la Nyanga et le Moyen-Ogooué.

- Le MORENA fondamental ne s’implante sérieusement que dans la seule province du Woleu-Ntem.

- L'APSG s'implante correctement dans la Ngounié. -L’USG s’implante moyennement dans le Moyen-Ogooué et

la Ngounié mais n'a pas de véritable point d’ancrage électoral. Grâce à ce tableau modulé, les poids électoraux de chaque parti sur l’ensemble du territoire apparaissent plus clairement.

Ces tableaux (2) et (3) rnontrent donc avec netteté que 3 partis se détachent grâce à leur représentativité nationale et le nombre de leurs

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élus: le PDG, les Bûcherons, et le PGP. Toutefois de par son implantation incomplète, le PGP ne peut prétendre à des ambitions nationales qu’en comptant sur ses alliés du FUAPO que sont le MORENA fondamental et l'APSG.

C. - DE LA CLASSIFICATION PDG/OPPOSITION.

Certains analystes ont rapidement conclu que le PDG gagnait d'une courte tête ces élections législatives avec 64 élus face à l'opposition qui fait un score honorable avec 56 élus. En pourcentage le PDG et ses alliés indépendants obtiennent 53%. des sièges, alors que l'opposition enregistre 47 % des sièges. Une question se pose néanmoins dans cette manière de voir. Ces deux forces politiques constituent-elles des forces politiques unies? et sont-elles vraiment en opposition?

Un regard attentif du paysage politique permet de constater que ni le PDG, encore moins l’Opposition sont des forces unies actuellement. la classification PDG/Opposition est loin d’être rigoureuse.

Le PDG, malgré une certaine discipline, est gangrené par des divisions entre la première génération fondatrice du PDG en 1968 et celle qui pousse à la relève que l'on appelle communément les rénovateurs. L'appel à une nouvelle race de technocrates, à l’image du premier ministre Oyé Mba, pour insuffler un souffle nouveau dans ce parti (et dans l’économie gabonaise) rend paradoxalement l'analyse des rapports de force à l'intérieur du PDG plus complexe.

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En ajoutant à cette complexité les départs et les silences de certains responsables de la première heure, ce parti au pouvoir traverse bien une zone de turbulence. Il faudra s’attendre en tout cas à de belles empoignades dans les mois à venir, sauf si le fondateur du PDG, le Président de la République, arrive à discipliner son beau monde, comme il l'a si bien fait au plus fort de la crise du PDG en mai 90, tout en n’étant plus président-fondateur. Toutefois ce rôle influent du Président de la République sur le PDG, l’absence du nouveau secrétaire-général dans la dernière compétition électorale, et les multiples divisions signalées précédemment rendent floue la question du n°1 de ce parti dans la vie politique compétitive actuelle.

• L'Opposition, lancée dans la bataille électorale de manière précipitée n'échappe pas à cette foire d’empoigne. Les multipIes scissions ici et là (MORENA, USG, APSG, MRB) et les bagarres de chapelles donnent une image bien chaotique des perspctives des uns et des autres à court terme. Même le regroupement non organisé appelé FUAPO malgré ses moments d'union ponctuels présente des fragilités évidentes.

Parler de cette opposition comme une force politique parait bien aventureux. L'activité parlementaire va rapidement permettre de mesurer le degré de coordination de cette opposition. La constitution d'une structure de coordination parlementaire, réunissant des partis de sensibilités diverses de toute l’opposition peut être un bon test. Les élections municipales, prévues cette année 91, seront également un test de mesure de la maturité atteinte par cette opposition après les quelques

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mois de vie électorale accélérée qu'elle vient de connaître; Les mois à venir permettront de voir plus clair dans l’inévitable délimitation des forces des forces politiques en compétition.

D. — DES HOMMES.

Dans la lutte contre L’arbitraire, les systèmes démocratiques pluripartites mscrivent des règles de compétition non seulement entre les partis, mais également entre des hommes (femmes y comprises) avec comme objectif (sportif d’ailleurs) “que le meilleur gagne”. Le suffrage populaire est donc un recours à cette qualification des meilleurs et à une déqualification des moins bons sujets ou des médiocres. Pour que cette compétition demeure saine, des règles strie tes de mesure et de transparence sociale doivent être respectées par les compétiteurs.

En reprenant donc l’examen de l’évolution politique de ces derniers mois, le Gabon politique peut être divisé en 3 grandes forces politiques: le PDG, les Bûcherons et le PGP, qui peuvent prétendre à des ambitions nationales.

Il serait tentant alors de classer idéologiquement ces 3 forces politiques représentatives, PDG Bûcherons, PGP (ou FUAPO), respectivement de droite, centre et gauche, selon une classification occidentale. Mais ceci n’est que conjectures et mérite des analyses plus

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approfondies. L’emprunt de cette classification idéologique occidentale étant d'ailleurs peu conforme à nos réalités sociologiques et historiques.

Partant de cette lecture du paysage politique “reconstitué”, la logique oblige à admettre l'omniprésence de 3 personnalités influentes de ces 3 forces politiques, à savoir : - le Président Bongo qui quelque soit l'ambiguïté de cette position, parait demeurer le maître à bord du PDG, malgré la poussée des multiples rénovateurs; le Père Mba Abessolo, président des Bûcherons, qui ma1gré son itinéraire sinueux et son imprévisibilité, conserve une certaine popularité, notamment en milieu rural, grâce à son long passé d'opposant en France. - Maître Agondjo président du PGP, qui vient de réaliser un bon parcours électoral personnel dans la capitale économique, Port-Gentil. Ces 3 personnalités politiques, représentantes des 3 plus grandes forces politiques actuelles deviennent incontournables pour la suite des événements.

Néanmoins, il est bon de signaler que ce positionnement qui ressort à la lumière de cette lecture objective du paysage politique actuel n’exclut point l'existence de nombreux outsiders politiques de d’une grande capacité.

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ENSEIGNEMENTS ET RÉFLEXIONS.

a) Ces élections ont permis de mesurer le chemin parcouru par notre jeune démocratie. Le Gabon et l’Afrique en général sont ainsi en phase avec le mouvement mondial exigeant plus de liberté, de démocratie et de justice sociale.

b) Les résultats de ces quelques mois ct l’apprentissage démocratique sont donc globalement positifs. La multiplicité des Journaux politiques la Clé (proche du MRB), la Relance du PDG, Misamu du MORENA fondamental, le Progressiste du PGP, le Combat de l'APSG... et des journaux satiriques, La Griffe, L’Oeil, le Scorpion... démontrent le grand besoin de s’exprimer autrement qu’avaient les Gabonaises et les Gabonais.

c) Certains, au moment de la Conférence nationale, avaient ironisé sur l’expérience démocratique gabonaise devant le grand nombre de partis politiques qui s’y étaient spontanément présentés sur la scène politique, suggérant même que la limitation du nombre se fasse de manière dictatoriale. La compétition démocratique a donné une réponse valable sur cette question puisque le paysage pluripartite s’est bien éclaici en 6 mois. Des 75 associations politiques enregistrées en Mars 90 sont représentées à l'Assemblée nationale. Et comme nous l’avons montré dans les lignes précédentes, 3 grandes forces politiques émergent aujourd’hui au Gabon avec 3 fortes personnalités.

d) L’instauration de la démocratie a permis l'émergence de nouvelles valeurs sociales autre que l'argent. C'est ainsi que plusieurs personnes ont été élues sur la base de leur valeur morale, intellectuelles. Des règles simples et rationnelles auraient d' ailleurs fait en sorte que l'on ne se lance pas durant la campagne électorale dans une distribution contestable de l’argent de l’État en ces temps de crise économique et sociale.

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e) Plusieurs exigences seront encore nécessaires pour consolider notre jeune et fragile démocratie. Glasnost (transparence politiquc), respect de la différence, l’acceptation consciente des règles de la compétition démocratique et en particulier la règle de l’alternance entre les hommes comme en idées ... sont autant d'épreuves que les démocrates gabonais devront assumer pour la construction d’un état de droit au Gabon et d’une société réellement démocratique.

Un regard plus attentif et plus profond sur la marche de cette jeune démocratie doit nous amener à nc pas se contenter de projections manichéennes, de copies, ou d’emprunts extérieurs à nos réalités sociologiques. L'existence de constantes démocratiques universelIes ne doit pas biffer nos spécificités sociologiques gabonaises. Les énergies intellectuel1es doivent être stimulées vers cette nouvelle voie de construction de notre société de l'an 2000, à l'aide de l’outil démocra- tique.

g) L'expérience démocratique pluripartite d'aujourd’hui, qui n’est pas la première au Gabon devrait s’enrichir des premières expériences des années 60 de l’indépendance nationale. La génération des 50-70 ans qui a connu ces expériences de vie politique pluraliste est ici interpellée. Il serait dommage de reproduire les mêmes fautes,

h) La défense et la recherche de petits intérêts politiques, ma- tériels, égoïstes, au regard des défis actuels du développement de notre société gabonaise, constituent un cancer social que notre courageuse démocratie doit réduire. L'avenir de la nation, des générations motrices de l'an 2000, de nos enfants, en dépend.

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i) De même les clivages partisans ou les bagarres de leadership politique, ne doivent pas éclipser le bon sens, la raison ou l’intérêt national. Des démonstrations plus convaincantes sur nos capacités à relever les défis actuels sont attendues par la communauté mondiale.

j) Cette mise en garde est d'autant plus nécessaire que la consultation électorale il démontré que le fait tribal, ethnique, ou provincial reste encore présent dans les attitudes et les comportements. La manière perfide dont certains intellectuels et politiques usent de cette donnée historique mérite qu’on s’y arrête.

Il doit y avoir aucun complexe à aborder ce problème, qui du reste est mondial. Les dérives du fait tribal ou ethnique, que l'on appelle communément le tribalisme procèdent de mal historique et universel qu'est la non-acceptation et le non-respect de la différence sociale, raciale et ethnique, et qui se pose dans la construction de toute nation quelque soit la latitude géographique. Les conflits ethniques du Libéria et ceux que l’URSS a connu en Azerbaïdjan, l'année 90 procèdent bien de cette intolérance qui mine le monde entier.

Il n'est pas inutile de rappeler que d’autres formes d'exclusion sociale, par la religion ou par le phénomène de l'immigration, sont des problèmes qui menacent périodiquement la cohésion sociale des pays comme la France après 200 ans de construction démocratique.

Ces exemples d’actualité doivent donc nous convaincre de la nécessité d '’intégrer ce fait ethno-pro-provincial dans notre route vers

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la démocratie et le développement du Gabon, avec comme message immédiat: l’acceptation et le respect de la différence, le refus de l’exclusion d’autrui. Une règle de la démocratie, simple à énoncer, mais qui semble difficile à appliquer dans notre monde.

Fait à Paris, le 1er janvier 1991.

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Annexes

1. Listes des élus par parti et province

2. Abréviations et sigles

3. Carte électorale

4. Découpage électoral

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Élections législatives gabonaises

PDG MRB PGP MOR APSG U S B

EstuaireLasséni-Duboze Essono Ndong Loembé néant néant néantYeyet Delphine Obiang - Joseph

Ekomié AnguiléAssélé J.-Boniface DésiréChambrier-Rahandi Nkoghe-Mba Obiang -Ntoutoume-Emane NdongBiyoghe-Mba Paul Obame - Mouelle -Nkoghe Adrien Abessolo MandoungouEyeghe-Ekomie Eya-OtsagheOye-Mba

Haut-OgoouéOngouori Georges Kami Jules Akeeyi J.-Marie Bongue-Boma Paul Myboto Zacharie Nembe Sidoine Marat-Abyla Luc néant néant néant néant néant Ombouma Fabien Ayatsou Antoine Ngondjiga ludovicToungui Paul Okenkali Luc Odounga Faustin Koupangoye Jérôme AIi Ben Bongo Ankambi Julien Andjembé Léonard

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Élections législatives gabonaises

PDG MRB PGP MOR APSG USB

Moyen-OgoouéNtoughé Hilaire Mefane Charles Akoghé-Mba Mpaningani Etoughé néant Mba Serge Moussounda-Mickala OssamanéMbékouet J.-Marie NgouniéDigombé Lazare néant Mboumba néant Saulnérond Ondo Diangatébé Frédéric Minguongue Amotombi Ngoye-Malombi Mbou- Nzengué

YembiMoulengui-Mouele Mapangou-Pendi-Bouyiki Mucani Mondjo-Boussiengui Mpira Ismaël Kwaou Théodore néant néantBomba Théophile NyangaPambou-Mbourou Borobo-Epimbia Ngaka Safu Kombila Ibinga-NzienguiZiengui Patrice Moundounga Mavoungou Louembet Fidèle néant néant

Manfoumbi Antoine

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Élections législatives gabonaises

PDG MRB PGP MOR APSG USB

Ogooué-IvindoMongockodji Pépin Nkouegne

Henri Dounga Justin Nto-Nze Mindombi Jean Obame Anguere Mbomo Marc Zembi Marcel néant néant néant néant néantKakou Mayaza .

Ogooué-Lolo Magnaga Fidèle Kouma J.-B.Nzouba-Ndama Lissenguet P.-Marie néant néant néant néantIndoumou Barnabé Moussavou Paulette Mouvagha- Tchioba Guedet-Manzela Moukandja Félix Kouamba Jacques

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Élections législatives gabonaises

PDG MRB PGP MOR APSG USB

Ogooué-MaritimeOugouligendé Bourdès Malonda Agondjo

Pierre-LouisMahothès-Magouindi Ambourouet

M. AndréBoussoughou Pierre MboyiErnest néant néant néantMackagat Armand Gambo Pierre

Pambo RaphaëlMackayat HubertZizat MarcFaessel Augustine

Woleu NtemEdzo-Medzo Angoué-Mba Ondo Bonjean Mengome

AntoineOndo Méthogo Obame Nguéma Edou Abessolo Zeng P.C.

Essima-Osse Ehya-ObiangNze Aron néant Bilonga BasileObiang Mba Oyono Aba’aEkabane-Obame Nguéma OndoMengue-Oye

______________________________________________________________________________________

N.B.: Le CRP obtient 1 élu, Mme Maganga, dans la NgouniéL’UD obtient aussi 1 élu Mr. Pambo Dieudonné,

dans la Nyanga.

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Élections législatives gabonaises

ABREVIATIONS ET SIGLES

Partis politiques

PDG Parti démocratique gabonaisMRB Mouvement de redressement national (MORENA,

tendance des Bûcherons)MOR Mouvement de redressement national (MORENA,

tendance originelle ou fondamentale)PGP Parti gabonais du progrèsAPSG Association pour le socialisme au GabonUSG Union socialiste gabonaiseCRP Cercle pour le renouveau et le progrèsU D Union pour la démocratie et le développementFUAPO Front uni des associations politiques de l’opposi-

tion regroupant le PGP, l’APSG, le MORENAfondamental.

Provinces gabonaises.

EST EstuaireHO Haut-OgoouéMO Moyen-OgoouéNG NgouniéN Y NyangaOI Ogooué-IvindoOL Ogooué-LoloOM Ogooué-MaritimeWN Woleu Ntem

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Achevé d’imprimerle 18 janvier 1991

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Plus d’efforts, de rigueur, de pragmatisme, de créativité et d’humilité sont aujourd’hui des préalables de conduite personnelle et collective pour relever les grands défis actuels de nos pays africains. Tel est le message que ces lignes de connaissance et de réflexion sur les élections législatives pluralistes du Gabon entendent lancer, notamment auprès des générations de l’an 2000.

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Maurice NDOUME NZÉ, 37 ANS, maître-Assistantà l’Université des Sciences et Techniques de

Masuku (Franceville) Gabon.